Octobre/Novembre 2017

Page 1

PR POS Numéro 100 - Octobre/Novembre 2017

numéro

cent OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

1


Edité par l’association Propos, association de Loi 1901 domiciliée au Local 208 B, 47 Avenue de la Forêt-Noire, 67 000 Strasbourg proposscpo.fr - contact@proposscpo.fr Présidente - Directrice de la publication : Eva Moysan Secrétaire de rédaction : Laure Solé Trésorière : Nolwenn Giry-Fouquet Mise en Page : Dorian Le Sénéchal Gestion Web : Daoud Jost-Serhir Communication : Victoria Volat & Émile Formery Relations : Florian Martinez & Lise Fortmann Event : Charles Guimier Caricatures : Léo Hoerter Imprimé par IL LMS REPROGRAPHIE, 20 Avenue de Paris - Immeuble RHONE, 94811 Villejuif Paru en Novembre 2017 Dépôt Légal, Novembre 2017 ISSN : 2557-793X © Association Propos 2017. Tous droits réservés.

2

PR POS


édito

100 ! Eva Moysan C’est une petite fierté pour la rédac

Comme toujours, nous laissons la

de signer ce centième numéro de

parole à tous ceux qui le souhaitent.

Propos. Né en 1991, le journal n’a cessé

Ainsi, après un choix cornélien car nos

d’évoluer. Les multiples exemplaires

contributeurs sont de qualité supérieure,

présents dans le local 208b sont là

nous avons sélectionné de très bons

pour nous le rappeler. Et nous pouvons

articles pour la rubrique Tribunes Libres.

apprécier le chemin parcouru en 26 ans. Il y a eu du bon et du moins bon

Nous n’avons pas oublié de couvrir la

pendant toutes ces années, mais on

vie de l’IEP. Nous revenons notamment

retiendra surtout la bande de sciences

sur le WEI, événement majeur de

pistes présents derrière chaque numéro,

l’intégration des 1A. On le sait, Propos

mettant du cœur à l’ouvrage.

et sa délicieuse Lettre à Elise ont été particulièrement appréciés pendant

ÉDITO

Propos, c’est et ce fut beaucoup de choses. On peut y découvrir des interviews de véritables célébrités, des

ce weekend. Si une légère nostalgie te prend à l'évocation des mots "boue", "chalet", "Lorraine" ou encore "bingo",

rubriques qui tiennent la longueur

nous t'invitons à te replonger dans cette

comme Weill A Ce Que Tu Dis, Tribunes

parenthèse mosellane à partir de la page

Libres ou encore El Mundo. D’autres

12.

sont tombées en désuétude ou ont été définitivement écartées comme

La rédaction a également mené une

Propoésie, « Lu, Vu et Entendu » ou

enquête sur les rattrapages, ce qui

encore Sciences Potins. Mais Propos

les a menés jusqu’au sommet du 47

c’est aussi des dessins, des caricatures

Avenue de la Forêt Noire : le bureau de

ou encore des articles écrits par des

M. Eckert. Pour une interview, il ne

étudiants devenus tes profs. Ce journal

faut pas s’y méprendre. Par ailleurs,

reflète la vie de l’IEP depuis l’année de

attendant le site internet dédié, nous

la chute de l'URSS, c’est dire qu’il en

publions également trois témoignages

a vu de toutes les couleurs. Enfin, ses

de troisième année à l’étranger.

couleurs principales furent longtemps le blanc et le noir, jusqu’à l’an de grâce

Enfin, nous avons couvert des sujets

2016 : l’année de la couleur et des huit

divers, comme d’accoutumée, pour

numéros annuels.

répondre à vos goûts variés. S’il te semble qu’un sujet n’est pas traité ou

Cent fois donc, le journal s’est réinventé.

qu’il ne l'est pas comme tu voudrais

Pour vous permettre de découvrir ce

qu’il le soit, n’hésite pas à tremper

passé plus ou moins obscur, nous vous

ta plume dans ton encrier et à nous

proposons une rétrospective, avec

faire parvenir tes meilleures créations

notamment de superbes couvertures

artistiques et journalistiques.

et un florilège croustillant de WACQTD. En exclusivité, vous pourrez découvrir

A bientôt dans Propos !

l'interview d'un professeur d'économie, qui, non content d'avoir donné son nom à une rubrique phare du journal, a aussi passé de longues heures en 208b dans les années 90.

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

3


SOMMAIRE

4

PR POS


NUMÉRO 100 OCT / NOV 2017

f /ProposScPo l @propos_scpo mag.proposscpo.fr

A LA UNE Dossier Numéro 100 p. 6 Dossier WEI 2017 p. 12 ACTUALITÉ Loi Fiano : L'Italie face à ses vieux démons p. 22 TRIBUNES LIBRES Appel à la création d'une micronation strasbourgeoise p. 26 Cambodge année zéro p. 33 EL MUNDO Kiev p. 36 SPORT Le sport, reflet du sentiment national ? p. 46

MAIS AUSSI Trump et l'UNESCO p. 20, Présentation d'Oenopo p. 24, Nombrilisme ou amnésisme p. 29, Réflexion sur les rattrapages p. 30, Hong Kong p. 40, Tonino Benacquista p. 42, Les ultras p. 44, Le FCB et l'indépendence catalane p. 48, Des chants pour le Krit p. 49, Weill à ce que tu dis p. 50 OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

5


c magnific

6

PR POS


Dossier Numéro 100

cent

Il y a 99 numéros naissait en ces murs Propos, le journal de Sciences Po Strasbourg. Le journal n'a pas toujours été semblable à celui que vous tenez dans les mains. À l'occasion du centième numéro, la rédaction a le plaisir de vous faire voyager dans le temps en plongeant dans les archives de Propos. Interview exclusive, unes, citations insolites, retrouvez au fil des prochaines pages les éléments les plus représentatifs de l'esprit "Propos" : celui d'un journal écrit par des étudiants enclins au partage et à la découverte, d'une association forte de son histoire et des rédacteurs l'ayant enrichie.

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

7


numéro 100

26 ans, 100 numéros : La rétrospective Nolwenn Giry-Fouquet

Propos c’est 26 ans d’existence, 100 numéros papier, des hors-séries, un site internet, une chaîne Youtube mais avant toute chose, c’est l’un des journaux les plus en vogue des IEP de France - sans prétention ! Né en 1991, Propos est la deuxième plus ancienne association de l’IEP après le BDE. Du fait de son ancienneté, elle constitue le reflet de la vie de l’IEP, si ce n’est la vitrine de son quotidien et de ses évolutions. A travers ses archives, il est aussi possible de découvrir les changements de moeurs que la société a connu ces 26 dernières années. Propos a en effet vécu des temps forts tels que le 11 septembre 2001, le Printemps Arabe, la construction européenne, les différentes élections présidentielles, le retour de Star Wars dans les années 2000, et tant d’autres ! A l’occasion du centième numéro, nous avons donc décidé de nous plonger dans les archives de notre cher journal étudiant, en se penchant tant sur le fond que sur la forme des anciens numéros. Voici « l’esprit Propos » que nous retrouvons au fil des cent dernières éditions. Globalement, on observe que le ton et le contenu restent sensiblement les mêmes. On a gardé les mêmes rubriques : Actualités, Vie de l’IEP, Tribunes libres, El Mundo, Weill A Ce Que Tu Dis (auparavant Le Bêtisier) et j’en passe. Là-dessus, Propos reste un journal où tout étudiant et même enseignant à l’IEP a la possibilité de s’exprimer. Seule différence notable : la suppression de la rubrique Sciences Potin il y a 2 ans, une rubrique regorgeant de ragots sur les étudiants de l’IEP ayant suscité d’innombrables indignations et de houleux débats. Pour le bien de la vie étudiante et la

8

crédibilité du journal, Sciences Potin n’est heureusement plus. Et Propos ne s’en porte que mieux! Si l’on remarque une certaine constance dans le fond, on ne peut passer à côté du changement visuel de Propos depuis 1991. En témoignent ces quelques couvertures : Jusqu’en 2016, Propos a gardé plus ou moins la même maquette. Auparavant, c’était un journal imprimé sur papier couleur A4 et l’impression se faisait en noir et blanc. C’est seulement l’année dernière que l’association a pu imprimer son premier numéro en couleur grâce au partenariat des familles - j’ai nommé LCL (vous l’aurez deviné avec le logo en couv). Grande révolution graphique pour le journal, c’est peut-être la rentrée 2017-2018 qui marque le grand tournant visuel avec la naissance de notre sacro-sainte charte graphique tant chérie (la fierté <3), un tout nouveau site internet (--> mag.proposscpo.fr), et enfin la création de Propos TV. Vous l’aurez compris, Propos souhaite toujours et encore pouvoir s’améliorer et continuer la montée en gamme du journal, tant sur l’identité graphique que sur les articles de fond.

époque où le Stroh faisait la une de Propos! (cf. numéro du Krit 2005)" Mais Propos, c’est aussi des articles de fond ayant largement couvert l’actualité marquante du dernier quart de siècle. On y retrouve des dossiers spécial Europe au moment du vote sur la Constitution de 2005, un dossier sur la commémoration du 60è anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, ou encore des interviews travaillées, notamment celles de René Rémond, Jacques Chirac, Edith Cresson, Robert Badinter, Jacques Lang, PPDA, et tout dernièrement Anne Sinclair. En bref, l’esprit Propos c’est avant tout un esprit d’ouverture et de rigueur : permettre à tous les étudiants - toutes promos confondues et étudiants internationaux compris - d’écrire sur le sujet de leur choix, de partager leur réflexion, de s’engager, de faire rire, de faire vivre, de s’investir dans un article, un poème, un plaidoyer, un témoignage, un dessin... Au final, Propos a suivi et suit toujours son but premier : celui de faire vivre l’IEP et de mettre en avant les particularités de chacun à travers l’écriture.

Nous pouvons retrouver, après une fouille de long en large de nos archives, que nos estimés prédécesseurs se sont, eux aussi, donnés à coeur joie dans le journal. Dès le 3è numéro, on était déjà en train de parler des dettes du BDE : “Achète ta carte pour remplir les dettes abyssales du BDE”. Car oui, Propos a beaucoup servi de support pour la com’ des autres asso! On retrouve aussi en 1991 les bandes dessinées de ce cher L. Weill, d’un humour ravageur! Et cette douce

PR POS


numéro 100

Bande Dessinée, L. Weill, 1991 l j

l Numéro 5, Décembre 1991

k Numéro 47, Mai 2005

k Numéro 1, Nov / Déc 1991 k Numéro 92, Novembre 2016 m Numéro 69, Décembre 2011

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

9


numéro 100

Weill À Ce Que Tu Dis

Depuis près de 25 ans, nous pouvons retrouver au fil des Propos le meilleur des citations des professeurs de l'IEP. Dérapages, blagounettes et réflexion insolite, rien n'échappe aux élèves sciences pistes qui collectent soigneusement la crème de la crème des mini-marres strasbourgeoises. A l'occasion du centième numéro, la rédaction a décidé de ressortir les meilleures des catchphrases retranscrites durant les 99 derniers numéros. L’inégalable Laurent Weill, fournisseur de vannes depuis 1992. "La pauvreté, je vousparle ici d'un sujet qui vous intéressera peut-être un jour". (53) "Prague est une ville attachante à tous les niveaux. Je ne parlais pas que de la cuisine bien-sûr ! Le paquet de cigarettes à environ 2€. Le litre de vodka ne doit pas en être loin non plus". (fév. 2011) "L'ISF c'est un impôt Robin des Bois" "Personne ne fait un service militaire à 8 ans sauf peut-être en Erythrée" "Imaginez que vous êtes le président du BDE, vous voyez-peut-être pas ce que c'est, ils ne font pas grand chose" "On envisagera concrètement ce qu'est la faillite quand je ferai venir un grec, il nous expliquera" Le clin d’œil de Monsieur EBER à son ami de toujours : "Au second semestre vous ferez de la religion en macroéconomie". M. ZIMMER, le prétendant. "Dés qu'un peuple se libère, il n'aspire qu'à avoir une constitution. Il n'aspire pas à avoir une vodka-orange ou à aller en boîte, non! Quoique, une constitution rédigée à la vodka-orange ça pourrait-

10

être bien..." "Avant d'être un pépé pervers, Valéry Giscard d'Estaing a été président". "Il y a 69 représentants au Bundesrat... Quel beau chiffre 69!" Le moment JLC, ou le point Godwin de la Forêt Noire.

a reconceptualisé l'ensemble de la pensée occidentale". "Je crois que j'ai vu une affiche des jeunesses communistes à l'entrée de l'amphithéâtre... Ça existe encore ou c'est une blague de Propos? (notre réputation nous précède?) (68) Mme DELANNAY

"Vous savez ce que c'est un perroquet? Du pastis avec de la menthe. Et une tomate ? La même avec de la grenadine. Mais vous ne savez plus rien aujourd'hui, c'est tout une culture qui se perd!" (59)

"Monsieur Eckert et moi-même avons décidé de pratiquer un certain échangisme" (Ah!)

"Il faut savoir se prostituer intellectuellement de temps en temps, croyez-moi... Comment croyez-vous que j'ai eu mon agrégation?!"

"Y en a parfois qui ont une troisième jambe très développée" (2016)

"Agressez-moi, je suis là pour ça" (61) (des penchants masochistes inavoués?)

"Je laisse exceptionnellement mon portable allumé. J'ai laissé ma fille à l'école sans savoir si elle a la gastro, il se peut que je doive partir en urgence pour la chercher. Donc, votre matinée dépend du rectum de ma fille, ce qui est totalement propre." (62)

En parlant d'une fille de la classe : "vous êtes le symbole même de la féminité : en retard avec élégance" (61) "Vous êtes victimes d'un vide culturel digne de la cité du Neuhof" (61)

Mme AQUATIAS

Mme JOUANNEAU

M. KOVAR

"Pourquoi les Athéniens pouvaient participer à la délibération politique? Parce que, excusez-moi de l'expression, ils n'avaient rien d'autre à foutre"! (74)

"Je suis psychorigide. Psychorigide ça veut dire vieux con". (2000)

"Je n'ai jamais vu le cheval obéir à ma tante : il était sexiste ce cheval! Châtré pourtant, mais sexiste à mort." (nov. 2009)

"Le Stroh, c'est une bière locale?"(TD Pol éco, 55) (peut-être aurait-il dû demander à JLC qui a prouvé sa culture en matière de boisson cristallisée)

"Entre le nationalisme et et le patriotisme, il y a la même différence qu'entre l'Amour et l'Amour passionné". (nov. 2009) M. VALHAS

M. VIGNERON

M. JOHANSON "Le Royaume-Uni pensait qu'Hitler était un végétarien sympathique".(55)

"Je pense que depuis Einstein, il n'y a pas eu de révolution philsophique plus aboutie que Jean-Claude Van Damme : il

PR POS


numéro 100

Le Divan de Propos

Laurent Weill

Émile Formery et Charles Guimier

Professeur de macroéconomie et de politiques économiques, ancien élève de l'IEP, Laurent Weill a appris à se faire connaître pour ses punchlines violentes, jusqu'à donner son nom à l'une de vos rubriques préférées, le Weill A Ce Que Tu Dis. Bienvenue chez vous. Commençons par une question simple, qui est le meilleur professeur d’économie de l’IEP ? Confucius a dit que quand une question est bien posée, elle contient sa propre réponse. Voilà. Vous êtes la star d’une de nos rubriques, WACQTD depuis le numéro 52 de 2006. Vous clashiez déjà M.Eber. Aimez-vous la célébrité ? La célébrité me cherche. Pourquoi tant de haine entre vous ? On est des bons copains et on adore faire du ping-pong, sachant que c’est plus lui qui fait ping et moi qui fait pong, parce que je passe après lui en première année, donc je peux me moquer de lui à chaque cours et il ne peut pas me répondre. Comme toute personne un peu lâche, j’aime bien attaquer les gens qui ne peuvent pas me répondre. En plus, à chaque fois que je sors une vanne sur lui en cours, mon plus grand plaisir c’est d’aller le voir dans son bureau et de lui raconter la vanne. Et bien sûr de la lui expliquer. « 1936 en Allemagne, on peut dire que le gouvernement n’est pas très humanitaire. » Honnêtement, les WACQTD, c’est des punchlines déjà travaillées ? Ca dépend lesquelles. Non, non, pas toutes. Celle-là par exemple je ne m’en

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

rappelais pas.

fallait que j’arrête de faire ça.

« Le rêve de beaucoup et le mien, c’est de ne jamais devenir directeur de l’IEP ? » Vous confirmez ?

Et l’IEP de manière générale ?

C’est vrai j'ai dit ça en 2006. En tout cas, mon rêve à l’époque, et pour l’instant encore, c’est de ne pas devenir directeur de l’IEP. On a cherché dans les archives et on a vu que vous aviez écrit dans les premiers numéros de Propos. J’ai toujours eu un principe quand j’écrivais dans Propos à l’époque où j’étais étudiant : ne jamais écrire un article sérieux. Et me moquer de ceux qui en écrivaient. On se faisait pas mal d’ennemis, mais c’était super. La rédaction de Propos à l’époque, c’était comment ? Propos a été créé en 1991, quand j’entrais en deuxième année et un des deux fondateurs était un bon copain à moi, Benjamin Quenelle. Il est devenu le correspondant des Echos à Moscou, si vous lisez les Echos. Mais vous ne voulez peut-être pas faire EcoFi, vous ne voulez peut-être pas travailler plus tard. Quand je lui amenais des trucs, il était plus ou moins d’accord, il se rendait compte que j’attaquais nommément les personnes. Il trouvait quand même que sur un plan d’éthique journalistique, c’était moyen. L’année suivante, une autre rédaction est arrivée, avec une vision plus ouverte au remplissage du magazine. En 1992/93, par contre, tous mes trucs passaient. Ça y allait de plus en plus, nommément. Quand j’ai arrêté d’être étudiant ici, j’ai encore fait des articles sous pseudonymes, puis j’ai arrêté de collaborer à Propos. Je me suis dit qu’une fois que je suis de l’autre côté,

Rien. Regardez, votre bureau est toujours aussi vétuste. Les étudiants sont toujours à peu près les mêmes, un tiers de Parisiens qui se demande ce qu’il fait chez ces ploucs de province, des gens toujours issus des mêmes milieux sociaux qui veulent plus de mixité sociale mais qui cherchent à un endroit où il n’y en a pas trop. Comme vous le savez, le bâtiment n’a pas encore changé, on déménage en 2040. Sérieusement, ce qui a un petit peu changé, probablement c’est l’internationalisation, maintenant vous faites tous une année de vacances à l’étranger. Vous apprenez des langues étrangères et l’alcoolisme. En fait, Sciences Po change assez peu. « Propos, le seul journal dont le rapport qualité/prix n’a pas bougé depuis 10 ans. » Propos n°57. Vous êtes toujours d’accord ? Toujours 1€ ? Bah voilà.

11


# WE(I) ARE PO STRASBO

12

PR POS


Dossier WEI 2017 Le week-end d’intégration vient ponctuer un mois et demi de réjouissances visant à faire découvrir aux nouveaux arrivants l’esprit de la ville et de notre école. Petite nostalgie pour tous les vieux 2A qui ont vécu leur dernière intégration ... ?

E SCIENCES OURG

Ce WEI, ce fut avant tout le vôtre, nous avons donc cherché à recueillir vos avis au travers d’un questionnaire. Vous pourrez retrouver les réponses les plus drôles de vos camarades – et peut-être même les vôtres ! - au sein d’un article florilège. Dans un souci d’égocentrisme revendiqué, nous vous livrons également notre vision du WEI, mais cela dans le but de vous rappeler les moments inoubliables en notre compagnie… Nous pouvons féliciter et remercier le BDE qui a su organiser et coordonner cette période riche en évènements. Nous aimerions également souligner la coopération et la solidarité entre les associations, et ce depuis le début de l’année, qui garantissent une vie associative de qualité. Enfin, nous n’oublierons pas l’enthousiasme frénétique des 1A en tout temps et en tous lieux (même sous un chapiteau sous la pluie en Lorraine, c’est dire !).

i Merci à Martin Parnin pour les images de ce dossier

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

13


wei

Le journal de maître Capello Le Week-End d'Intégration Charles Guimier

Vendredi 20 octobre 18h00 : Sur la place Arnold, l’atmosphère est calme et détendue. Sans ces quelques zigotos bruyants armés de leurs mégaphones, les passants auraient pu croire à un rassemblement de joueurs de bridge. Mais soudainement les premières notes de « la lettre à Elise » retentissent, toutes droit sorties de l’imposant mégaphone de Propos, arrachant les jeunes sciences pistes à leur somnolence apparente. Leur réaction est immédiate. Ils sont mélomanes, cela se lit dans leurs regards. 18h05 : Un membre du BDS se fait remarquer dans l’assemblée. Ce n’est que le début d’une histoire riche en péripéties (cf infra). 18h15 : Les étudiants investissent

14

les trois bus. Le trajet sera riche en émotions. Dans le bus 1, quelques danses du Limousin. Dans le bus 2, beaucoup de danses du Limousin et des esprits traumatisés (cf supra). Dans le bus 3, Propos et le BDA mettent l’ambiance comme jaja. 19h30 : Arrivée à Langatte (57400). Remise des clés des chalets et du plan du camping. 19h45 : Après être sortis du sentier principal, avoir marché dans la boue et sauté par-dessus un fossé, les membres de Propos s’installent dans leur tanière.

domicile, Propos vous souhaite bonne chance au Munich Express. 21h15 : Repas tiré du sac et cervoise à 58 centimes le litre. Un régal. Quelques chants nous réchauffent le corps. 22h : La piste de danse est ouverte, le WEI commence officiellement. La température monte sous le chapiteau, contrastant avec les 9 degrés environnants. Valse, polka, mazurka, quadrille, menuet, paso doble, tango... la liesse atteint son comble.

20h15 : Le chalet Propos sirote un diabolo menthe sur sa terrasse. On repère déjà autour de nous des champions en matière d’orientation. Pour ceux qui ont mis plus de troisquarts d’heure pour trouver leur

PR POS


wei

l Un dossier sponsorisé par

Samedi 21 octobre 2h : C’est le début d’une longue soirée pour les membres du BDE qui vont devoir s’occuper seuls des personnes alcoolisées. Car oui, à 2h le DJ et la Croix-Rouge vont se coucher. Bonne nuit ? Que nenni ! 2h01 : After composé de chants improvisés et de ventriglisse. Stop. Sortons de cette monotonie des récits de week-end d’intégration pour faire un tour du côté de la « Night’s watch », ces braves êtres qui ont payé le même prix que nous pour rester sobres et veiller à l’ordre et à la sécurité publics (engagez-vous au BDE qu’ils disaient !). Une de leurs nombreuses missions : protéger le lac des « Marcheurs [Gris] ». Au poste de garde, la bise nocturne rafraîchit leurs moustaches. Car oui, la nuit est [froide], elle est

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

sauva-age, la nuit est belle pour ses otages… belle grâce à ses étoiles filantes, particulièrement visibles dans le ciel immaculé de Langatte, préservé de toute pollution lumineuse environnante.

est légèrement troublé. Mais malgré les apparences, les techniques et stratagèmes utilisés pour entrer dans les chalets ont montré l’ingéniosité et la ruse des 2A. Et oui les gars, on n’est pas à Sciences Po pour rien !

3h : Tour de repérage dans les chalets. Les « première année » sont bien installés, prêts à aller se coucher. Deux chalets retiennent notre attention : le chalet « fuite d’eau » qui à défaut de pouvoir se doucher passera une nuit paisible et le chalet 21, dit le « bungalow du sale ». Refuser d’ouvrir son gîte à des pèlerins est un comportement risqué.

5h45 : Les « réveilleurs » sont satisfaits mais gardent un goût amer en bouche : ils n’ont point réussi à pénétrer dans le bungalow 21. Ce ne sera que partie remise. Tout le monde se souhaite une bonne nuit et va se coucher. Tout le monde ? Non ! Un chalet peuplé d’irréductibles dormeurs résiste encore et toujours aux tambourinements de leur collègue. Et la vie n’est pas facile pour Charles Q qui attend patiemment une demi-heure avant de voir la porte s’ouvrir. Merci à SBB pour les tambours et à Emile F. pour la porte. Merci aux autres membres de Propos d’être restés bien au chaud sous leur couverture !

5h : C’est la nuit. Tout le village s’endort. Les loups-garous se réveillent. Branle-bas de combat. Le BDS, SBB et associés se réunissent. La folle matinée peut commencer. Le sommeil des 1A

15


wei Zzzzzzzzz Entre 10h et 12h30 : Brunch fait de céréales, fruits, thé vert et pâtes à la sauce tomate Panzani®. Comme c’est healthy ! 14h : Olympiades des associations, toutes les installations sont en place. 14h01 : Un invité surprise fait irruption pour le bonheur de tous : la pluie, battante. Les associatifs font face à l’urgence et improvisent brillamment. Des élans de solidarité humaine permettent l’installation rapide d’un beer pong et le déplacement des activités. Contre toute attente c’est un succès. 16h : Les giboulées d’octobre s'apaisent. Les activités reprennent en plein air. j

Dimanche 22 octobre 4h : Après un match de rugby haletant entre Nicolas M. et Arthur L., une excellente nouvelle arrive par pigeon voyageur. Le bungalow 21 est ouvert. Les témoignages manquent mais on raconte que des parquets auraient été retournés. Vérification faite, il n'en était rien. La mission réussie, chacun retrouve son lit. 9h : Réveil (gym)tonique du BDE. Toutouyoutou, toutouyoutou… Nettoyage de chalets avant le brunch dominical. On entend dire que certains bungalows cherchèrent longtemps leur table extérieure ou leur microondes. C’est impressionnant comme les week-ends d’intégration sont la porte ouverte à des légendes fallacieuses. N’y accordez aucun crédit !

16

Passe à dix et lancer d’éponges colorées entres autres mais surtout relais de la cervoise. On a rarement vu épreuve plus prenante. On se souviendra du phénoménal dernier passage de témoin de l’équipe des « Pommes de Terre » entraînée par Théo R. qui nous fera vivre un moment magique. Mais quel slalom entre les plaquages ! J’en suis encore tout ému. Même à cinq contre un ils n’ont pas pu l’arrêter. Théo R., la Strohteam rugby t’accueille à bras ouverts. 19h30 : Repas « cinq étoiles » du chef. Saucisses, frites, salade. La qualité du service et de la nourriture sont à féliciter, la quantité restant le seul point noir. Les chants s’enchaînent.

d’applaudissements mérités. 23h : Concours pour l’élection de Miss et Mister Bizuth. 9 candidates et 8 candidats. Il ne pourra en rester que deux. L'édition 2017 est marquée par le caractère bien moins trash que les années précédentes. Un exemple vaut mieux qu’un long discours : la demi-finale masculine consistait en un concours de blagues. On espère que les élections de Miss et Mister Bizuth seront à l’avenir de la même veine. Ellipse narrative. o

21h : Le dancefloor rouvre ses portes. Le show des pompoms est exécuté avec maîtrise et récompensé par un tonnerre

12h : Dernier remuage de séants avant le départ. 14h30 : Les bus quittent Langatte silencieusement. La fatigue se ressent, la nostalgie sans doute aussi. 16h15 : Dur retour à Strasbourg. Les chemins de ces personnes qui se sont côtoyées pendant deux jours se séparent. Un dernier élan de solidarité voit le jour entre associatifs mais ne masque pas la dure réalité : le WEI, c’est fini.

Merci au BDE pour l’organisation réussie de ce week-end mémorable. Merci aux associatifs de l’avoir animé avec brio (avec qui ?). Merci à tous les participants d’avoir joué le jeu, vous nous avez bien amusés et on espère que vous vous êtes bien amusés aussi !

PS : Il semblerait qu’il manque des teeshirts Man vs Wei pour les associatifs <3

PR POS


wei

Le Questionnaire du WEI Laure Solé

C’était le 20, 21, 22 octobre. C’était en Moselle. C’était dans un camping du trésor public. C’était à Langatte. Ce n’était pas une balade de santé. Rétrospective participative sur le WEI, en avant toute! Déjà, aux noms que s’attribuaient les chalets, le week-end s’annonçait surprenant sur de nombreux aspects. Le Bungalope des pompoms, le Politchalet de Propos, Le bungalow du Sale (2e édition), le chalet en ….Y!, l’empire austroh-tchoin, la maison du bonheur “parce qu'on a accueilli les gens qui ont un peu abusé sur la cristalline, qui ne retrouvaient plus leur chalet” nous explique avec délicatesse Olivia. Léo L. déclare que le seul endroit où il a pu dormir se trouve être la table de pique-nique de l’étang. Julie L. était bien malgré elle assignée au chalet PLS. Luc B. ne nous a pas donné le nom de son chalet, il a cependant écrit “le chalet sans table (merci Laplane)”.

“ON A FOUTU LE BORDEL TU CONNAIS” nous dit Théo L. Une rugbywomen, sensible aux rimes de comptoir chères à Propos a répondu “Tout à fait. Je suis toute cassée, si bien que je ne puis descendre les escaliers, encore pire que les entraînements d'Aymeric Botté, quand on fait du fractionné” Julien B. quant à lui fait de la délation “Théo L. m'a pété l'épaule cet abruti. Sinon on a bien bu de la cristalline. Mais pas autant que Pierro G. Dans tous les cas, je suis moins fatigué je pense que les côtes de ce bon con de Arthur L. “ Les meilleurs souvenirs? Beaucoup n’ont su s’arrêter sur un seul d’entre eux. Bastien C. nous a bien fait rire: “Se faire réveiller sur l'air de "Maréchal nous voilà", le BDE aussi a fait travailler nos zygomatiques. Léo L. a aimé “Les potatoes macCain et draguer des zoulettes au bar” Julie

L. “Les chants, la bonne humeur <3 et racketter les cautions avec des flingues de airsoft”... Il semble que le BDE se soit inventé une double vie, le temps d’un questionnaire... Cependant, il semble réellement que les frites aient fait l’unanimité, que ce soit le samedi soir, ou le dimanche matin. Mathis L. est très content d’avoir détruit “sans vergogne” le chalet 21. Il apparaît que le tour des chalets à 5h du matin, mené par SBB, suivi de près par le BDS, les Pompoms ainsi que Propos fut un vrai moment d’amusement du côté associatif comme celui des premières années. Daoud J., de son côté, ressentait un bonheur extrême lorsqu’il utilisait le mégaphone de Propos pour passer l’affreuse Lettre à Elise avant chaque repas.

Clément D. s’est trouvé inconforté par ses colocataires du week-end: “J'étais avec des mecs étranges qui ne buvaient pas et qui dégageaient une odeur surprenante de leurs extrémités pédestres (Samuel B. pour ne pas le nommer)” A la question “Est-ce que t'es tout cassé(e)? Est-ce que dans ta gorge c'est du verre pilé, et dans tout slip c'est du pruneau râpé?” les réponses étaient unanimes, quelques-uns faisaient les héros, bien entendu, comme Mathis L. “Sur une échelle de 1 à post-krit je me situe aux alentours de 6“ ou Brustostyle “je suis pas une merguez moi”, certains mêmes, semblaient en faire un peu trop

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

17


wei Ce WEI fut-il celui de la séduction et des déclarations dithyrambiques, des duos acrobatiques ? Morgane s’insurge: “le wei c'est pas fait pour ça vraiment” (pourtant, le bingo de Propos s’est trouvé deux gagnants tout à fait compétitifs dans le domaine). Antoine D. affirme s’être attiré les faveurs de Charles G. en faisant des trucs sur son oreiller. Laurane B. est très déçue “Charlotte Vecchio m'a dit qu'elle aimait pas les femmes“. Caroline B. nous parle de son amour de lycée, on comprend Caroline, rester fidèle, c’est 0.5 points au bingo de la chope. Félix B. affirme avoir voulu attirer l’attention de Rémi, en se mettant dans des états terribles pour le forcer à s'occuper de lui. Ta marraine aussi s’est occupée de toi Féfé, celle-ci est très vexée que tu lui aies préféré Rémi, elle va uploader la vidéo de toi qui chante du Oasis sur la plage sur tous les réseaux. Le BDE ronchonne un peu, Anne J. nous dit “Le BDE chope pas au WEI... sauf Antoine M.”, Grégoire B. nous dit “Je n'ai malheureusement pas réussi à séduire mon lit ce WEI”... Force et honneur Grégoire. Les petites fiertés personnelles du WEI? “Ne pas avoir cassé mon 2ème

18

genou” nous répond Romane B., “Avoir fracassé le bungalow 21 au kilomètre du stroh” nous dit ce challenger de Simon D. Beaucoup se félicitent de ne pas avoir bu trop de cristalline, de ne pas avoir fini dans le “chalet PLS” ou “chalet du sheitan”. Mathis L. s’applaudit: “Cristalline et détermination m'ont permis de me remettre le coude que je m'étais moi même déboîté la veille. Un tuto arrive bientôt sur le web”. Christophe K. gonfle le torse: “je suis fier d’avoir réussi à lancer une chenille dans la soirée”, nous voyons où les Lorrains placent leur orgueil… Le BDE semble se satisfaire de victoires plus terre-à-terre: Sam B. “y’a pas eu de morts”, Sacha R. “Je suis fier d’avoir su cuire 400 saucisses en 3 ou 4 heures”.. Félix B .nous laisse sur une déclaration des plus intrigantes..: “j’ai aimé surprendre RimK par procuration”.

Gare à toi Sacha ! Et la cristalline, on finit par aimer ça, la cristalline? “C'est encore mieux quand c'est pas pour ta gueule” nous dit abruptement Sam B. Mister Wei, fort de sa première victoire, se met aux tutos “Blague à part, j'ai été très surpris au moment où j'en ai pris au goulot. C'est clairement meilleur. À essayer !”. Paul D. désespère “J'ai eu beau chercher des notes fleuries, des senteurs particulières, c'est toujours un vrai tord-boyaux qui t'arrache la gorge au passage.” Cet article ne peut se finir sans une petite dédicace à la star du Wei, Théo L., cité à des nombreuses reprises et quasiment à toutes les questions.

Les moments de débandades gênantes étaient-ils au rendez-vous ? Bien sûr que oui, au point que par égard pour nos chers camarades, nous tairons le gros des affaires (les li-mou-sins, les li-mou-sins). Par ailleurs il semble, selon Sacha R., que notre mégaphone fringuant n’ait pas fait l’unanimité, il s’est même permis de sous-entendre qu’il représentait par sa petite taille, la virilité des hommes de l’association !..

PR POS


wei

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

19


international

UNESCO Le nouveau coup :de force de Donald Trump

INTERNATIONAL

ACTUALITÉ

Daoud Jost-Serhir

Le 12 octobre, le Département d’État américain a décidé de se retirer de l’Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), l’accusant d’un biais « anti-Israël ». Il s’agit du troisième retrait d’une organisation ou d’un traité international depuis le début de la présidence de Donald Trump. Cette doctrine du retrait n’est pas forcément surprenante pour un Président prônant l’isolationnisme et le retour au dogme de « l’America First » quoiqu’il en coûte. Toutefois, ici ce n’est pas la défense des intérêts nationaux qui est mise en évidence, mais ceux de l’allié israélien, si capital dans la politique intérieure et extérieure des États-Unis. Quelles sont alors les vraies raisons du retrait américain de l’UNESCO ? Le retrait, arme américaine historique contre l’UNESCO Les dissensions entre Washington et l’UNESCO ne datent pas d’hier. En 1984, le Président Ronald Reagan décida lui aussi de se retirer de l’organisation, citant le penchant « communiste » de cette dernière et sa trop grande proximité avec l’Union soviétique et ses alliés. La mauvaise gestion de l’organisation et la critique de l’État hébreu, les deux raisons avancées officiellement en 2017, furent également mentionnées. Le désengagement de l’administration Trump est paradoxalement dans l’exacte continuité des décisions prises par Barack Obama vis-à-vis de l’UNESCO. En effet, en 2011, lorsque le département d’État avait déjà décidé de suspendre ses contributions financières en application de lois votées par le Congrès américain en 1990 et 1994. Ces lois imposent la suspension de toutes contributions à des organisations

20

internationales donnant le statut d’État membre à l’Organisation de libération palestinienne. Cette suspension creusa un trou dans le budget de l'organisation onusienne, alors que les ÉtatsUnis comptent parmi les plus gros contributeurs financiers de l'UNESCO. En effet, en six ans, Washington a accumulé plus de 550 millions de dollars d'arriéré vis-à-vis de l'UNESCO, les privant ainsi de leur droit de vote. Leur départ de celle-ci n'était donc plus qu'une formalité. Un trop grand soutien à la cause palestinienne ? Au-delà des problématiques de financement, on peut se demander si le « biais anti-Israël » avancé par le secrétariat d'État est une réalité au sein des décisions de l'UNESCO. Dans une région palestinienne où les histoires et patrimoines culturels des trois grands monothéismes coexistent, le risque d'instrumentaliser les recherches culturelles ou archéologiques est grand. Le contrôle des sites archéologiques permet en effet de contrôler le récit historique, chose cruciale sur des territoires où la légitimité des deux acteurs israélien et palestinien est fortement contestée. Par exemple, la région d'Hébron a été classée par l'UNESCO sur la liste des zones protégées du patrimoine mondial. Cette décision a été dénoncée par l'État hébreu, parlant de falsification de l'Histoire. L'ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Nikki Haley, avait alors affirmé que cette décision « discrédite encore plus une agence onusienne déjà hautement discutable ».

PR POS


international

« Israël est une puissance occupante » Au-delà de la résolution d'Hébron, l'UNESCO a frappé fort l'année dernière en votant une résolution extrêmement controversée sur la ville de Jérusalem, notamment sur sa partie est. Cette proposition de la part de sept pays musulmans concerne l'annexion de fait de la partie est de Jérusalem. Cette annexion n'étant pas reconnue par l'ONU, la résolution appelle Israël à cesser ses « abus ». Le sujet est sensible, car il concerne l'esplanade des Mosquées, lieu saint de l'islam qui est également un lieu sacré du judaïsme, le mont du Temple. Ces décisions de l'UNESCO visant à défendre les intérêts culturels des Palestiniens sont interprétées par le Premier ministre Benjamin Netanyahu comme une falsification de l'Histoire : « Dire qu'Israël n'a pas de liens avec le

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

mont du Temple, c'est comme dire que les Chinois n'ont pas de liens avec la muraille de Chine ». Une décision symbolique qui marque une rupture Ce double retrait israélo-américain est certes loin d'être une surprise, mais il va forcément influencer l'avenir des politiques culturelles et scientifiques au Moyen-Orient. De plus, le retrait américain va parachever la réduction nécessaire du budget de l'UNESCO, impactant bien évidemment ses moyens d'action dans ses missions de promotion culturelle, scientifique et éducative. De plus, même si les ÉtatsUnis prévoient de garder une place d'observateur au sein de l'organisation onusienne, il est difficile d'organiser une politique internationale crédible sans la participation active d'une

puissance mondiale comme les ÉtatsUnis. Une fois encore, Donald Trump prouve que le multilatéralisme n'est intéressant pour lui que lorsqu'il sert les intérêts de son pays ou de ses alliés. Toutefois, mettre à mal le dialogue culturel entre les peuples, notamment dans le cas israélo-palestinien, est dangereux et risque de généraliser l'escalade des tensions dans des régions où culture et politique sont intimement liées.

Donald Trump et Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche l

21


international

Loi Fiano : L’Italie face à ses vieux démons. Loris Schaeffer

« Une connerie ». C’est comme ça qu’Alessandro Di Battista, député du Mouvement Cinq Etoiles, a qualifié la très controversée loi Fiano. Il faut dire que toute allusion au passé fasciste soulève de grosses controverses dans un pays qui n’est pas réputé pour son calme et sa prise de recul. Même si la loi en question souhaite réprimer la « propagande fasciste ». Il faut avant toute chose se plonger dans le contexte. L’Italie est sans doute le dernier pays d’Europe occidentale où des bières estampillées « Sieg Heil » et des bustes du Duce sont vendues dans la connaissance et l’indifférence de tous. Quand en France il est interdit de tenir des propos négationnistes, en Italie, vous pourrez trouver des drapeaux de la République de Salò au beau milieu des marchés provinciaux. Si Pétain est enterré au fin fond de l’île d’Yeu, Mussolini, lui, repose dans un mausolée, dans son village natal de Predappio. Des milliers de fascistes, en chemises noires, viennent lui rendre hommage, faisant d’ailleurs le bonheur du magasin local de « souvenirs » qui vend des éditions originales de Mein Kampf, des teeshirts « Dux Mea Lux » , des briquets avec un aigle fasciste sur fond de « o con noi o contra

22

di noi » (comprenez « ou avec nous ou contre nous »). Tout un programme. Le but de la loi Fiano est simple : interdire toute propagande fasciste, surtout sur Internet. Le projet de loi parle "d"images", de "contenus propres" au fascisme et au nazisme, "d'idéologies afférentes" et de l’usage public de leurs

" Il faut également rappeler que « tonton Mussolini », comme on l’entend parfois en Italie, est de plus en plus réhabilité par la droite italienne. " "symboles et gestuelles". Elle propose d'alourdir d’un tiers les sanctions lorsque cette « propagande » a lieu sur le web. La Chambre des députés a voté pour (par 261 députés contre 122 et avec 15 abstentions) mais ce projet a tellement déchaîné les passions qu’il pourrait ne pas être validé par le Sénat. Pourquoi ? L’opposition est hétéroclite, tant par son prisme politique que par ses raisons. Beaucoup voient dans cette loi un projet inutile, vague, incomplet voire antidémocratique. Les arguments sont multiples et certains pertinents: il n’y a pas de danger fasciste en Italie nécessitant une telle interdiction. Il vaut mieux expliquer qu’interdire. Pourquoi appréhender plus sévèrement la propagande sur internet qu’ailleurs ? Pourquoi ne pas plutôt interdire la

vente d’objets se référant directement au fascisme que s’opposer à la consultation d’articles fascistes présentant un intérêt historique ? Enfin, où est la limite entre répression du fascisme et répression de la liberté d’expression ? L’extrême-droite rejette en bloc cette loi, cela n’étonnera sans doute personne. La droite classique également, arguant que les lois Scelba (1952) et Mancino (1993) suffisent déjà dans la mesure où elles condamnent le racisme et interdisent la renaissance d’un parti totalitaire. Mais il faut également rappeler que « tonton Mussolini », comme on l’entend parfois en Italie, est de plus en plus réhabilité par la droite italienne ; en 2013, Berlusconi avait déclaré qu’à l’exception des lois racistes et antisémites, Mussolini "a fait beaucoup de choses bonnes" et que l’Italie "n’a pas la même responsabilité que l’Allemagne". Il faut dire que l’extrême-droite a beaucoup travaillé sur l’image du Duce et a remis en avant la construction des autoroutes et la lutte contre la mafia plutôt que la répression ou la guerre ; bis repetita placent . Enfin, dans la famille « Anti Loi Fiano », je demande également le petits-fils, le jeune mais très populaire parti Movimento Cinque Stelle"

PR POS


international

l Des bouteilles de vin à la mémoire de Mussolini vendues dans sa ville natale, Predappio

De son coté, le Partito Democratico (centre-gauche), au pouvoir et à l’origine du projet se défend de limiter la liberté d’expression. Emmanuele Fiano, l’auteur du projet, soutenu par le Président du Conseil Paolo Gentiloni, a rétorqué que c’est bien « le fascisme qui est liberticide et non une loi limitant l’apologie du fascisme ». La gauche et l’extrême-gauche affirment que l’heure est venue d’en finir avec ce culte du ventennio (la double décennie fasciste de l’Italie : 1922-1943). O tempora o mores, l’Italie devrait ainsi faire son mea culpa.

migratoires ou de droit du sol (la loi a été repoussée après plus de 40 000 amendements de l’opposition et une forte contestation). Dans une période de crise, de tensions sociales et de progression des velléités autonomistes du Nord, une partie croissante de la classe politique et de l’opinion publique italienne se réfère de plus en plus au Duce, à la grandeur de l’Italie fasciste et à l’ordre qui y régnait. La plage de Punta Canna de Chioggia, réservée aux fascistes et aux adeptes du régime, revendique l’héritage de cette période sur une pancarte à l’entrée de la plage: "dans un pays dévasté par des voleurs institutionnalisés et mal éduqués, ici vous trouvez les règles qui manquent : ordre, propreté, discipline, sévérité".

En réalité, ce projet a secoué une Italie déjà fracturée face aux questions

Non, vraiment, l’Italie n’en pas encore fini avec ses vieux démons.

eurosceptique, qui affirme que cette loi limite la liberté d’expression et qu‘elle accroît la surveillance des Italiens.

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

23


oenopo

La nomination de l'association d’œnologie a été réalisée au cours du mois de septembre. N'ayant pu bénéficier de sa tribune dans le numéro précédent, Œnopo revient, plus motivé que jamais, pour se présenter aux élèves de l'IEP.

ASSOCIATIONS

VIE DE L'IEP

Oenopo

Salut les fines bouches ! Après 1 an de sobriété, Oenopo est de retour pour te ravir le palais. Si toi aussi tu en as marre de ce pote qui ramène toujours sa bouteille achetée pour 1,50 euros dans un magasin discount allemand dont nous tairons le nom, si toi aussi tu souhaites parler pinard avec tonton Roger et papy Gérard lors des repas de famille, si toi aussi tu veux faire le/la connaisseur/se au restaurant avec ton/ta crush,... Alors, cette association est faite pour toi ! Que tu sois plutôt Chenin que Cabernet Sauvignon, Blanc d’Alsace que Rosé de Provence, Diego et son équipe te feront découvrir ce qui rendrait jaloux Bacchus et Dionysos réunis. Après avoir retrouvé les bouteilles de la 1ère dégustation vides, on te réserve encore plein d’occasions de t’extasier les papilles. Cette année, le programme d’Oenopo sera encore plus chargé que ce verre de trop que tu as bu à 4h du matin lors de ta dernière soirée, avec : Des dégustations, afin de te faire découvrir ce qui se fait de mieux œnologiquement parlant, ou pour

24

pouvoir réviser tes gammes (différents thèmes, accords mets/vins…). Des soirées, parce que le vin n’est pas là seulement lors de ces repas de famille où tonton Roger exprime ouvertement ses positions extrémistes. La traditionnelle Cuvée de Noël car un Noël sans vin c’est comme Sciences Po Strasbourg sans Sébastien Bour (oups too late…). Notre KRIT à nous, la route des vins, où l’on t’emmènera, car boire ou conduire il faut choisir mais aussi parce que selon Laurent Weill, les producteurs locaux ont besoin d’un coup de pouce. Enfin Oenopo c’est aussi, cette année, de la biérologie afin de te faire oublier la 8.6 infecte que tu as bu lors du dernier match de la Strohteam. Si toi aussi, tu te lèches déjà les babines à la vue de ce programme, alors n’hésite pas à rejoindre Diego et sa team en prenant ta carte de membre, et tu rêveras peut être de grands crus alsaciens imprononçables, et ce toutes les nuits. A très vite pour la prochaine régalade, In vino veritas, in Diego we trust. Les apôtres de Diego pour cette année 2017/2018 sont : Luc Biedermann : Président Salomé Gil : Vice-présidente Noé Lostetter : Trésorier Benjamin Amar : Secrétaire Alix Richier : Pôle Events Laurane Batany & Mathis Laurier : Pôle com'

PR POS


Tu veux apprendre à troller comme Zemmour ? Réunion de rédaction #2 : La Polémique Mi-novembre

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

25


TRIBUNES LIBRES

tribunes libres

Appel à la création d’une

C’est la nation des utopistes et des ambitieux : la micronation. Plutôt que de critiquer l’État, pourquoi ne pas créer le sien ? Sciencepistes ; futurs diplomates, rhéteurs et rêveurs, voici le moyen de se créer un État…à la carte ! Si vous vous rendez dans le Saugeais, val franc-comtois à proximité de la Suisse, il serait bien possible qu'un policier emblasonné d'un drapeau à bandes verticales noire, rouge, jaune vous arrête en vous annonçant : « Police micronationale. Bienvenue en République du Saugeais ! » Et évidemment, à ce moment-là, on ne peut que se demander : ces aimables Franc-Comtois ont-ils profité des remous en Catalogne pour proclamer eux-mêmes leur indépendance vis-àvis de la France ? En vérité, si l'on ne parle pas de la sécession de la République du Saugeais, c'est tout simplement qu'elle a eu lieu il y a... tout juste 70 ans ! En France, c'est l'une des plus célèbres micronations, mais il y en a bien d'autres ! Pourquoi ne pas créer une micronation à Strasbourg ? Le printemps des micronations Les étudiants de l'IEP ont dans de nombreuses disciplines étudié comment définir un État. Force est de constater que ce n'est pas une chose aisée ! En droit constitutionnel, comme on le voit en première année du Diplôme dans les écrits du juriste Carré de Malberg, l’État est défini par trois paramètres nécessaires : il doit comporter un territoire propre, une population permanente et une organisation qui concentre les pouvoirs d'édicter des règles et de contraindre

26

cette population sur le territoire propre, cette organisation étant généralement formalisée au travers d'une constitution. À partir de cette définition de l’État, tout le monde peut créer le sien ! Prenez votre appartement : vous y habitez en permanence, il a une surface délimitée, et un système de gouvernement, il est vrai bien peu complexe puisque vous êtes le seul administrateur du territoire. Faire d'un appartement une micronation, c'est d'ailleurs ce qu'a fait, pour ne citer qu'un exemple, l'ado américain Robert Ben Madison dans les années 1970… Naturellement, si vous déclarez l'indépendance d'un territoire par rapport à la France, celle-ci va être fort irritée : l'idéal serait donc de trouver un territoire qui n'appartient encore à personne. C'est ce qu'a fait en 1967, il y a 50 ans, le Britannique Roy Bates. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Royaume-Uni a construit des plateformes militaires au large de l'embouchure de la Tamise, pour défendre celle-ci d'une invasion par les troupes allemandes. Or, après la guerre ces plateformes ont été abandonnées. Un jour, Roy Bates apprend qu'elles se trouvent dans les eaux internationales. Ni une, ni deux, Bates s'installe sur l'une d'elles et déclare la création d'un nouvel État, aujourd'hui l'une des plus célèbres micronations au monde : la Principauté de Sealand. Une autre tentative qui mérite ici d'être citée est celle de Michael Oliver. Ce milliardaire américain, magnat de l'immobilier -un profil dont il faut parfois se méfier !- rêvait de créer une république libertarienne dans le Pacifique. Voilà qu'en 1972 il trouve l'endroit idéal : un récif juste en-dessous du niveau de la mer, au Sud des Îles Tonga. Il se fait

PR POS


tribunes libres

micronation strasbourgeoise Léo Hoerter

À quand une micronation strasbourgeoise ? Illustration LH l

livrer du sable d'Australie, qu'il fait déverser sur ces récifs…une île est créée : la République de Minerva peut être proclamée. Les micronations unies Jusqu'ici, la création d'une micronation semble être une chose aisée. Mais, la définition constitutionnaliste de l’État, en relations internationales, n'a visiblement pas été jugée suffisante

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

lors de la Conférence pan-américaine de 1933, à Montevideo. Lors de cette conférence a été définie une Convention des Droits et Devoirs des États, où est ajouté le critère de la capacité de l’État à entrer en relations avec les autres États. Cette Convention de Montevideo, si elle n'a été ratifiée que par les États-Unis, le Pérou et la Bolivie, est devenue une référence mondiale car on considère que son contenu fait partie du droit coutumier. Et c'est là que ça coince…

En effet, les micronations ne sont jamais, et c'est bien là la différence avec les microétats, reconnues souveraines par les États déjà existants. En revanche, les micronations se reconnaissent entre elles, ce qui conduit à une superposition de deux communautés internationales parallèles : celle, d'une part, des États « traditionnels », qui se retrouvent pour la plupart au sein des Nations unies ; et, d'autre part, les micronations, qui se retrouvent également, tous les

27


tribunes libres deux ans, lors d’une sorte d’assemblée des « micronations unies » : à la MicroCon. La dernière MicroCon en date a été organisée par la Ruritanie, aux États-Unis près d'Atlanta, en juin dernier. Y ont pris part des autorités micronationales du monde entier, dont l'actuelle présidente de la République du Saugeais ! La micronation au crible de la science politique Enfin, il est intéressant de se pencher sur des critères de science politique à appliquer à ces micronations : la fiscalité propre et la détention d'un pouvoir de contrainte exclusif. La fiscalité est naturellement importante : c'est qu'il faut bien un revenu pour pouvoir se payer le voyage à la prochaine MicroCon, en 2019 à Toronto ! Et lorsque la population permanente

Faire d’un appartement une micronation, c’est ce qu'a fait l’ado américain Robert Ben Madison dans les années 1970 de la micronation n'est composée parfois que d’une demi-douzaine de citoyens, comme c'est le cas au Sealand, les microlevées d'impôt génèrent… des microrevenus ! Alors, ils faut trouver d'autres ressources, en utilisant les compétences régaliennes de tout État : battre la monnaie, émettre des timbres, autant de moyens de régaler les collectionneurs tout en

apportant de l'argent dans les caisses de la micronation. En allant plus loin, certains microtrésors sont renfloués par des ventes de passeports et même des titres de noblesse : vous pouvez pour la modique somme de 30 livres sterling devenir Baron du Sealand ! S'agissant du monopole de la force, il y a des inconvénients. L’État souverain doit être capable de pourvoir luimême à sa sécurité, ce qui n'est pas toujours facile. Prenons la République de Minerva dans le Pacifique : suite à la proclamation de son indépendance, les États riverains se sont rassemblés et se sont accordés sur la légitimité des revendications des Îles Tonga sur le territoire minervien. Quatre mois plus tard, Tonga lance une expédition militaire et, sous le regard bienveillant de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, Minerva est annexée. Il n'en va pas de même pour Sealand. En 1978, le Premier ministre sealandien, un Allemand répondant au nom d'Achenbach, fait un coup d’État à l'aide de sbires venus du continent. Le prince Bates est destitué et son fils Michael -l'actuel souverain- est pris en otage. Roy parvient à l'aide de ses propres mercenaires à reprendre le contrôle de la Principauté et retient à son tour les putschistes en captivité. Le Royaume-Uni refusant d'intervenir, l'Allemagne envoie un diplomate de l'ambassade de Londres au Sealand pour négocier la libération des prisonniers. Ceux-ci, de retour sur le continent, créent un gouvernement sealandien en exil, tandis que le prince Roy considère ces négociations comme une reconnaissance de facto par l'Allemagne de l'indépendance du Sealand.

Au XXIème siècle, les critères de l’État cités jusqu'ici sont devenus à leur tour insuffisants. Aujourd'hui, un élément est indispensable pour tout État qui se respecte : les médias ! Ce n'est pas le rédac' chef de Propos qui me contredira… Entrer en relation avec les autres États c'est une chose, communiquer avec les citoyens c'est encore plus important ! Pourquoi ce paramètre est-il plus important en 2017 que lors de la création du Saugeais il y a 70 ans ? La réponse est simple : internet ! Occuper un territoire géographique est important, mais occuper un territoire numérique l’est encore plus, et certaines micronations existent uniquement à travers leur site web. Créer une micronation à Strasbourg ? Voilà un projet ambitieux et intéressant. Strasbourg possède déjà sa propre monnaie, le Stück… A quand la Micronation « démocratique et populaire » strasbourgeoise ?

Nouvelles perspectives

PUBLICITÉ Menu Propos sur présentation de la carte d'abonnement : 6.40 la pizza avec la boisson le midi 28

Pizza Marc'Ol 9 Rue Vauban PR POS


tribunes libres

Nombrilisme ou amnésisme? Jean Gab

112. C’est la différence de malheureuses victimes entre les attentats du 13 novembre 2015, du 22 mars 2016 à Bruxelles et du 14 juillet 2016 réunis et le seul attentat du 14 octobre dernier à Mogadiscio (capitale somalienne). L’attentats à l’explosif s’ajoute à la longue liste de massacres à travers le monde. Mais cette fois-ci pas de « Pray for Mogadiscio », ni de minute de silence, ni de couleurs somaliennes sur les bâtiments occidentaux. Où est donc passé le prétendu universalisme solidaire contre la barbarie terroriste scandé lors des manifestations parisiennes ? Tant d’attentats ne nous ont-ils pas suffit à comprendre le traumatisme que cela représente ? Avons nous oublié les traumatismes vécus ? Où est donc passé le prétendu universalisme solidaire contre la barbarie terroriste scandé lors des manifestations parisiennes ? D’aucuns pourrait arguer que ce silence abasourdissant viendrait de l’effet « mort au kilomètre » et que ce qui se passe loin captive moins. Les chiffres avancés en début d’article défont cet argument. D’autres diront que la Somalie étant un pays très instable au même titre qu’une bonne partie de l’Afrique, rien d’étonnant à ce qu’un attentat arrive. Pourtant c’est le premier frappant la Somalie et quand bien même cela ne serait pas le cas, cela serait manquer de respect aux victimes. Mais ce dernier argument tient tout de même une part de l’explication. Il reflète en réalité un désintérêt et une

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

caricaturalisation qu’il ne faut pas hésiter d’appeler paternaliste. En effet la Somalie connaissait depuis peu une certaine accalmie appelée « Printemps somalien » bien éloigné des printemps arabes au résultat décevant. Notre perception de l’Afrique subsaharienne et surtout de la corne africaine nous pousserait donc à une normalisation de l’horreur.

Pourquoi paternalisme ? Car de manifestation massive de solidarité avec un pays touché par un attentat, l’Occident n’en a eu que pour… l’Occident lui-même. Qui se souvient d’une manifestation pour Moscou en 2010 ou pour Gwoza en 2014 (600 morts causés par un attentat commis par Boko Haram) ?

un acte de pudeur mais de mutisme habitué face à l’ignoble, soit – et cela semble préférable – adapter notre regard à la hauteur des valeurs que nous prétendons soutenir et soutenir réellement le monde entier contre une horreur dont l’Occident est en partie responsable.

k L'attentat de Mogadiscio, 358 victimes.

Notre perception de l’Afrique subsaharienne et surtout de la corne africaine nous pousserait donc à une normalisation de l’horreur. Ainsi, le silence que l’on donne à entendre aux Somaliens est une bien piètre représentation des valeurs dont se targue la France et les « héritiers des Lumières » et deux choix s’offrent à nous. Continuer dans notre silence mais ne pas exiger autre chose des autres nations ce qui ne serait pas

29


tribunes libres

Réflexions sur les rattrapages à Sciences Po Strasbourg Eva Moysan et Florian Martinez

Au terme d’un interminable été culpabilisateur, te revoilà sur les bancs de l’amphi 324 afin de récupérer les quelques points manquants à ta moyenne. En raison d’un calendrier tardif, l’étudiant défaillant est contraint d’attendre la fin du mois d’août, à quelques jours seulement de la rentrée, avant d’être fixé sur son sort. Devrat-il, oui ou non, quitter définitivement l’IEP ? Du fait des nombreuses polémiques ayant suivi la deuxième session des examens de 2017, la rédaction de Propos a cherché à comprendre l’esprit du calendrier. Mais pourquoi donc les rattrapages se déroulent-ils si tardivement, alors même que tous les autres départements universitaires ont fixé les leurs à la fin du mois de juin ? DE FAUSSES "VACANCES" D’ÉTÉ. De toutes les conséquences de devoir passer les épreuves de rattrapages en août, le regret de ne pas pouvoir profiter de ses vacances est sans doute la première réaction à laquelle l’étudiant rattrapant est confronté. Après réflexion, chacun de nous peut comprendre qu’il existe mille et une autres raisons de remettre en cause ce choix de calendrier. Devoir réviser trois mois durant implique l’impossibilité de travailler pendant l’été. Comment bien préparer ses rattrapages avec un emploi, même à mi-temps, alors que la crainte d’un redoublement ou d’une exclusion est omniprésente ? Qu’il s’agisse d’un job d’été ou d’un stage (activité hautement recommandée par l’administration et la direction), les rattrapages annihilent tout espoir de pouvoir travailler dans de bonnes conditions. Rappelons qu’il est

30

très difficile de trouver des employeurs acceptant d’embaucher pour une autre période que celle allant du 1er juillet au 31 août. Ne pas travailler constitue aussi une perte de revenus pour les étudiants les plus modestes. Cela peut être également problématique dans le sens où certains d’entre nous économisent afin de partir en troisième année. En prenant en compte l’hypothèse d’un retour parmi les siens entre la fin des rattrapages et le début de la nouvelle année scolaire, les rattrapages ajoutent un trajet entre Strasbourg et le domicile familial. Cela est extrêmement coûteux pour les étudiants qui habitent loin. Pour certains, il sera même impossible de rentrer voir leur famille entre le 20 août et la fin octobre, une lourde frustration après un été passé derrière son bureau.

l’administration est soucieuse de garantir une véritable deuxième chance aux défaillants, ce que permettent les rattrapages en août-septembre. Le directeur pense qu’il est inutile de programmer les examens de seconde session seulement deux semaines après la proclamation des résultats. Monsieur Eckert, qui nous parle également en sa qualité d’enseignant, explique que cette situation ne permettrait pas de véritablement travailler et de rattraper le retard qui a pu être accumulé au fil de l’année. Il souligne d’autre part que tous les moyens sont mis en œuvre afin de terminer les épreuves du deuxième semestre avant le mois de juin. Ainsi, tous les étudiants disposent de trois mois pour faire des stages ou pour travailler. Nous pouvons donc en déduire que les rattrapants peuvent disposer des mois de juin et juillet avant de se consacrer aux rattrapages en août. Monsieur Eckert nous a dit clairement qu’il ne liait pas la question des stages à partir du mois de juin aux rattrapages, que ce sont pour lui deux questions différentes. Cependant, selon nous il est difficilement justifiable de séparer les rattrapages, qui occupent toute la période estivale, de la question des jobs d’été et des stages.

La raison justifiant ce calendrier est principalement pédagogique

Face à la fatigue, à la culpabilité et à l’interminable angoisse d’une fausse pause estivale, quelles pourraient être les raisons valables justifiant cet agenda ? LES RATTRAPAGES EN AOÛT, UNE MOTIVATION PÉDAGOGIQUE ? Afin de mieux comprendre les raisons propres à l’administration motivant ce choix de calendrier, nous avons été reçus par Monsieur le Directeur qui a bien voulu répondre à nos questions. Selon lui, la raison justifiant ce calendrier est principalement pédagogique. L’ensemble de

De mon point de vue, l’essentiel est d'offrir aux étudiants une réelle seconde session d'examens. - Gabriel Eckert

PR POS


tribunes libres

Cependant, il est important de souligner que si les étudiants ont la chance de travailler ou de faire un stage pendant les mois de juin et de juillet, ils ne disposent ainsi que d’à peine trois semaines pour leurs révisions. Nous ne pouvons pas qualifier de sereines de telles conditions de travail, d’autant plus que la fatigue se fait nécessairement ressentir après un job ou un stage de deux mois. QUELLE RÉORIENTATION POSSIBLE A LA MI-SEPTEMBRE ? D’après les témoignages que nous avons reçus, l’autre problème posé par le calendrier est lié à la réorientation. En effet, les résultats de la seconde session sont communiqués début septembre. Les étudiants défaillants n'ayant pas réussi leur deuxième session sont alors plongés dans l'incertitude totale quant à leur avenir universitaire. Le redoublement n’étant pas de droit en première année, aucune garantie ne leur ait laissée sur une éventuelle seconde première année. Cette année, plusieurs étudiants ont été exclus au terme de la commission se tenant à la mi-septembre. Ceux-ci se sont retrouvés sans affectation à cette date. Concernant les étudiants décrochant un redoublement, ils ont un temps très court pour décider s’ils veulent rester à l’IEP une année de plus ou non : nous pouvons imaginer qu’il est très difficile de prendre une telle décision de manière détendue à quelques heures seulement de la reprise des cours. Dans les deux situations, la réflexion et le recul nécessaire pour faire un choix si lourd en conséquence pour son avenir est totalement inexistant. Le règlement du jury prévoit que le

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

redoublement n'est pas de droit et il y a lieu d'appliquer le règlement, comme le jury l'a décidé. J'approuve cette décision, même si il faut le faire avec humanité, tact et mesure : c'est pour cela que nous prenons toujours en compte toutes les informations apportées par les élèves amenés à passer devant la commission. Nous acceptons de revenir sur cette décision lorsque, bien que tardivement, des éléments nouveaux nous sont communiqués. A ce propos, Monsieur le Directeur explique tout d’abord que la plateforme APB n’était pas clôturée à cette date et donc qu’il est possible de se réorienter : l'administration veille tout particulièrement à rendre ses décisions avant la date butoir. Or, les résultats de la commission ont été rendus le 22 septembre et la saisie des vœux pour la procédure complémentaire se voyait clôturée le 25 septembre. D’autre part, le directeur attire notre attention sur le fait que les étudiants ont conscience d’être sur la sellette depuis la mi-juin : il serait de notre devoir de préparer une voie de secours plus tôt dans l’année. Toutefois, il semble nécessaire de passer par la procédure complémentaire, ce qui limite les chances de l’étudiant d’obtenir la formation universitaire de son choix.

Les étudiants ayant été renvoyés cette année ont pu retrouver une formation. Cependant, il a fallu accepter de se réorienter vers des formations privées pour certains d'entre eux, les formations publiques n'ayant pas voulu les accepter. Pour un autre, il s’est vu refuser l’inscription dans plusieurs universités avant de réussir à obtenir une place, grâce à l’aide d’un proche qui a pu appuyer sa candidature. On voit donc que retrouver une formation est extrêmement difficile à cette période de l’année. Du fait de la longueur de la procédure de réorientation, les anciens sciences pistes ont pris du retard dans leurs nouvelles études et ont été contraints de passer un temps très important à reprendre un mois complet de cours manqués.

On voit donc que retrouver une formation est extrêmement difficile à cette période de l’année. On observe une tendance des élèves à ne pas suffisamment travailler en première année : cela explique le nombre croissant d'étudiants devant aller aux rattrapages. Cela préoccupe beaucoup les enseignants. A propos de l'exclusion, Monsieur Gabriel Eckert rappelle que cette possibilité d’exclusion est un moyen de pression sur les élèves de première

31


tribunes libres année. En effet, il note une tendance à “glandibuler” et un excès de confiance après avoir réussi un concours sélectif et difficile. Selon lui, la prise en compte de ce risque conduirait les étudiants à travailler tout au long de l'année. Le directeur pense également à la réputation de l’IEP et à la valeur du diplôme, qui ne doivent être mis à mal par des élèves trop sûrs de leurs qualités. Si cette logique est compréhensible, on peut douter de son efficacité de part le nombre d’étudiants aux rattrapages chaque année : une quarantaine de première année pour environ cent quatre-vingt étudiants. Dans cette optique, Monsieur Eckert a dit qu’il menait une réflexion sur le modèle des cours proposés par les professeurs, notamment sur la manière de faire. Selon lui, le format de l’amphithéâtre appelle à des évolutions. Sur ce point, nous ne pouvons que le rejoindre. UNE RÉFLEXION À MENER SUR LE MODÈLE DES RATTRAPAGES? Si les représentants étudiants et les représentants du corps enseignant le souhaitent, j'organiserai une large consultation sur cette question de manière à obtenir un consensus. Le système actuel des rattrapages interroge : si les justifications de la part de la Direction de l'Institut sont compréhensibles, elles n'éclipsent pas les problèmes posés par le calendrier. Afin de susciter une réflexion sur un changement de pratique, il nous a semblé important de mener une rapide consultation avec les étudiants des autres Instituts d'Études Politiques afin de comparer les méthodes strasbourgeoises et celles des autres villes de France. Il nous est

32

apparu que les autres IEP organisent systématiquement leurs rattrapages de première année au mois de juin, jamais en août et septembre. S'il est vrai que, comme l’a dit Monsieur Eckert, ce n’est pas parce que l’on est seuls que l’on a tort, il nous semblait important de souligner cette différence afin de nourrir le débat. Contrairement à ce qui a pu être avancé par Monsieur le Directeur, la position des principaux syndicats étudiants n’est plus en accord total avec celle de l’organisation des rattrapages en août. Nous n’avons pu obtenir une réponse dans les temps de tous les syndicats, ainsi nous citerons uniquement la position de l’UNI et de l’UNEF. Le premier nous a indiqué s’opposer aux dates actuelles et préférer les rattrapages en juin : ils soulignent notamment le manque de cohérence avec les calendriers des rattrapages des autres départements de l’Université de Strasbourg. Quant à l’UNEF, leur position est plus nuancée. Ils ne militent ni pour l’une ou l’autre des dates, mais comprennent les avantages et inconvénients de chaque agenda : à l’heure actuelle, la réflexion reste ouverte sur le sujet.

principal de cet article est de réfléchir conjointement au meilleur système possible pour les épreuves de deuxième session. Nous avons essayé de mener une enquête à notre échelle afin de susciter des interrogations. Nous pouvons pointer les défauts actuels dans le but d'une évolution même si nous sommes tout à fait conscient qu'il n'existe pas d'agenda et de fonctionnement parfait. Si nous ne nous revendiquons pas représentants étudiants, nous pensons qu’il est nécessaire d’amener des éléments pour une consultation des étudiants et du corps professoral. Nous tenons à remercier Monsieur Eckert pour sa réactivité à nous recevoir. Nous voulons remercier également les étudiants qui ont bien voulu nous livrer leur témoignage, ainsi que les syndicats étudiants.

Même position du côté du corps professoral qui, toujours selon les informations de la Direction, semble regretter de devoir concéder du temps à la correction des rattrapages en pleine préparation de la rentrée universitaire. Il faut noter ici que Propos n’a pas eu de retours concrets de la part des syndicats de professeurs. Par bien des égards, la position de l’UNEF est proche de celle de Monsieur Eckert. En effet, il n’est pas fermé à un débat sur le sujet. Aussi l’objectif

PR POS


tribunes libres

Cambodge, année

zéro Floriane Dambrine

Français de naissance, Père François Ponchaud a acquis la nationalité khmère après 52 années passées dans le pays. Au cours d’un projet solidaire au Cambodge, j’ai croisé son chemin avec mes amis scouts. Personnalité éminente des relations franco-cambodgiennes, c’est une rencontre riche que je vous partage pour une meilleure compréhension de ce pays encore méconnu. Si Rossellini tourne Allemagne Année zéro pour illustrer la destruction de la capitale allemande suite à la Seconde Guerre mondiale, Père Ponchaud fuyant les khmers rouges en 1975 l’imitera en écrivant « Cambodge année zéro ». Discussions poignantes et hétéroclites autour de la politique, de l’histoire et de la culture cambodgienne. C’est dans un quartier cossu de Phnom Penh que Père Ponchaud nous reçoit. Accrochée au mur, une photo de lui à l’Élysée entouré de l’ancien président Jacques Chirac et du premier ministre cambodgien Hun Sen. La monarchie cambdogienne Hun Sen est toujours en exercice, 32 ans après son arrivée. Ce seul chiffre suffit pour comprendre que le Cambodge présente une réalité démocratique contestable. Comme au RoyaumeUni, le Cambodge est une monarchie constitutionnelle qui ne laisse au roi Sihanouk que des fonctions purement symboliques. Mais si le premier ministre gouverne, Hun Sen outrepasse très largement les compétences de son homologue britannique. Élu en 1985, Hun Sen s’accroche : « il ne quittera le pouvoir qu’à sa mort » nous assure Père Ponchaud. Mais si l’on en croit les rumeurs, du haut de ses 64 ans, Hun

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

Sen est malade, ses coups d’éclats publics se font rares. Un cancer de l’intestin dit-on. Si sa succession s’annonce passionnante, l’avenir guère plus brillant. L’opposition s’amenuise au fur et à mesure que les futures élections de juillet 2018 approchent, les fils d’Hun Sen occupent déjà des postes hauts placés dans l’armée. La famille d’Hun Sen se marie et se reproduit dans un véritable vase clos. Ses fils ont en effet épousé les filles du chef de police du royaume…Une dynastie en construction qui ne préfigure rien de bon. On compte au Cambodge une vingtaine de prisonniers politiques et d’assassinats douteux à l’instar de la disparition du politologue Kem Ley en juillet 2016. Luttant contre la corruption, il venait de commenter le rapport de l’ONG Global Witness selon lequel 21 membres de la famille d’Hun Sen possédaient des parts dans plus de 100 entreprises du pays pour une valeur de 180 millions d’euros. Une pacotille. L’histoire continue inlassablement de s’écrire puisque depuis le 3 septembre dernier une vingtaine de radios ont l’interdiction de diffuser certains programmes étrangers. Un pays "contaminé et rongé" Les mots de Père Ponchaud sont crus : le Cambodge est contaminé, rongé, de l’intérieur mais aussi par l’extérieur. Son fléau : la corruption généralisée. Selon l’indice de perception de la corruption de L’ONG Transparency International, le Cambodge se poste à la 156e place parmi 175 pays. Le Cambodge est vendu aux

Vietnamiens, aux Thaïlandais, aux Coréens mais surtout aux Chinois, premiers investisseurs du pays. Ils possèdent désormais toutes les richesses ; des mines d’opalines aux forêts en passant par les littoraux, qui pourraient développer durablement le Cambodge. Dans la même lignée, les paysans souffrent : si les vieillards et les enfants restent au village, on ne voit que très peu peu de jeunes adultes. Ils préfèrent partir travailler dans des pays limitrophes tels que la Corée et le Vietnam en quête de meilleure salaire. Le riz a perdu deux fois sa valeur depuis 2016. À qui la faute ? Sûrement au gouvernement qui peine à gérer ses frontières raisonnablement ; la corruption fait donc la part belle aux importations vietnamiennes. Le prix du grain cambodgien ne lui permet donc plus de rester compétitif sur le marché mondial. « Leur cas est désespéré » nous souffle Père Ponchaud. L’abstention de notre interlocuteur aux dernières élections cambodgiennes est un cas de conscience morale : « s’il est facile de choisir entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen », personne au sein du spectre politique khmer ne se distingue plus qu’un autre. L’idée de voter pour le « moins mauvais » des candidats ne l’enchante pas. Néanmoins si sur la démocratie, Père Ponchaud est catégorique, il n’hésite cependant pas à féliciter Hun Sen pour quelques-unes de ses réalisations. Le Cambodge s’élève que ce soit par les buildings de la capitale ou son PIB. Sa croissance tourne autour de 8% par an. Phnom Penh est frénétique : elle ne cesse de s’étendre, sûrement trop vite

33


tribunes libres

pour Père Ponchaud. Un lac y a même été asséché pour un projet immobilier de grande envergure. Coïncidence, le projet est soutenu par le sénateur Lao Meng Khin, du Parti du peuple cambodgien, celui, tiens donc, du premier ministre. Ces constructions ont entraîné des dommages écologiques et des expropriations dramatiques : c’est ainsi que Tep Vanny est devenue un symbole de lutte pour le droit de la Terre. Fille de paysans, elle réagira à cet accaparement plus bruyamment que les autres. Accusée d’avoir fomenté une attaque contre les forces de l’ordre, elle passera les 30 prochains mois dans une geôle cambodgienne. Une politique forcément marquée par son histoire Hun Sen se maintient notamment en jouant sur sa position de libérateur face à l’effroyable et tristement célèbre machine khmère rouge. En effet, c’est dans cette belle Phnom Penh que ses habitants ont d’abord célébré la venue des Khmers rouges : arrivés doucement dans la capitale, ils représentent à l’origine une bouffée d’oxygène vis-à-vis du pouvoir en

34

place, autoritaire et corrompu. Glissant sur la vague communiste des années 70-80, ils prennent définitivement le pouvoir le 17 avril 1975. Prétextant des bombardements américains, ils expulsent les citadins en les réinstallant dans des zones rurales. C’est devant une capitale fantomatique que Père Ponchaud sera bouleversé. C’est le roi Sihanouk, alors affaibli, qui a vu dans cette force un appui nécessaire tandis que son trône venait d’être usurpé par le général Lol Nong. Leur idéologie ? Construire une société agraire et égalitaire dans laquelle chacun est au service de l’Angkar (organisation en Khmer) dirigée par le Pol Pot. L’Angkar prend une place prépondérante : chacun doit s’y adonner complètement pour poursuivre un modèle bien loin du capitalisme diabolisé des pays occidentaux. Père Ponchaud nous décrit d’immenses cimetières de voitures aux sorties des villes : ce haut symbole de la société de consommation n’a plus lieu d’être. La population est employée à réaliser des grands travaux au sein de coopératives agricoles et notamment un réseau de digues et de canaux améliorant les rendements des rizières. Un concept louable en soi mais un manque cruel de pain et de liberté. En quatre années, le Cambodge

est devenu une gigantesque galère dans laquelle environ 2 millions d’hommes ont péri en esclaves, soit un quart de la population. Et même si l’asservissement prend fin en 1979 avec l’arrivée des Vietnamiens, alors asphyxiés par les bombardements incessants de leurs frontières, il est désormais trop tard pour effacer le mot génocide des livres d’histoire. Si les citadins sont expulsés, les intellectuels ainsi que les membres de l’ancienne administration seront persécutés. Les rouges ont alors une stratégie : ils prétexteront des besoins inhérents à la poursuite de leur projet pour inscrire toute l’intelligentsia cambodgienne sur des registres. Cette simple inscription scellera rapidement leur sort. Étudiants, médecins, avocats, professeurs… En conséquence le Cambodge peine à reconstituer un socle intellectuel aussi riche qu’avant l’ère des Khmers rouges. Père Ponchaud fait partie du dernier convoi étranger à partir du Cambodge en 1975. C’est par des témoignages d’amis restés ou de réfugiés fuyant à Paris qu’il écrira très rapidement « Cambodge année zéro ». A vif, ce témoignage servira à motiver les voisins du Cambodge pour intervenir afin de destituer l’effroyable machine de Pol Pot. Ce seront les Vietnamiens qui s’en chargeront en avril 1979 mais comme

PR POS


tribunes libres l’histoire a toujours deux faces, ils en profiteront pour voler pendant une dizaine d’années supplémentaires le pouvoir aux Cambodgiens.

peut citer le haut-dignitaire Te Pauk qui a longtemps fait partie du toutPhnom Penh après s’être rallié au gouvernement d’Hun Sen.

« Un procès burlesque » selon Père Ponchaud.

Mais si la partie a un prix, elle n’en reste pas moins nécessaire car elle permet un travail de mémoire en ouvrant les discussions autour de cet épineux sujet entre les jeunes et anciennes générations. Il a d’ailleurs été difficile de communiquer avec les locaux sur les « évènements » tels qu’ils les qualifient : Khmers rouges ou victimes, les anciens doivent certainement garder des blessures mal cicatrisées quelques 37 années après les faits.

La justice peine à être rendue. Le procès des anciens Khmers rouges s’est ouvert en 2003, bien après les faits. Composé à la fois d’une cour cambodgienne mais aussi de juges internationaux sous la houlette des Nations Unies, le tribunal est régulièrement critiqué. Un point fait mouche : son indépendance politique. Le trajet vers la case prison est lent, voire quasiment impraticable. Certains anciens dignitaires ont abusé de leurs cartes chances : ils sont soit décédés avant la fin de leur procès à l’instar de Pol Pot ou ont bénéficié de largesses politiques. En exemple, on

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

inlassablement. Des chaleureux Khmers et des richesses historiques époustouflantes tels que les fameux temples d’Angkor, qu’il convient de voir pour croire, rendent quelques lettres de noblesse au « pays du sourire ».

Malgré ce triste tableau, le Cambodge n’en reste pas moins un pays magnifique : des tuktuks endiablés de Phnom Penh aux couchers de soleil sur les rizières, nos yeux se perdent

35


el mundo

UKRAINE

EL MUNDO

Institut des Relations Internationa Kiev - Ukraine (2016)

PREPARER LE DEPART

avec le centre-ville, bagages...)

Quel mode de transport conseillezvous ? Quelle compagnie ? Pour quel prix ?

L’aéroport où l’on atterrit est l’aéroport international de Kiev, Borispol (le deuxième aéroport étant pour des vols nationaux ou avec les pays frontaliers), et Borispol est situé bien à l’écart de la ville : il faut donc obligatoirement prendre le taxi et faire très attention à ce que le chauffeur n’essaie pas de vous extorquer. S’il vous demande plus de 350 grivnas, il faut refuser, surtout que la plupart des taxis de l’aéroport ne sont pas des taxis certifiés.

Avion, par Luftansa avec un prix allant de 200 à 300 euros. Quand faut-il s'occuper du visa (si besoin est)? Le plus tôt possible, après les derniers partiels de 2A (courant du mois de mai). Des vaccins sont-ils nécessaires ? Si oui, lesquels ? Personnellement, j’ai été vacciné contre la rage, la typhoïde, l’hépatite A, la méningite et l’encéphalite à tiques, mais mon compatriote de Sciences Po n’a fait aucun vaccin et se porte très bien : à vous de voir … Y a-t-il un programme d'intégration ? Très léger : on nous a présenté quelques volontaires qui voulaient bien nous intégrer mais ils sont vraiment très accueillants ! Quelles recommandations pouvezvous faire en ce qui concerne l'arrivée ? (quelle gare ou aéroport, liaisons

36

Quel logement choisir pour les premières nuits ? Combien cela coûtet-il ? Je logeais à l’hôtel Ibis boulevard Taras Schevchenko, très pratique puisque pas très loin de l’université où il faut faire ses premières démarches. Les prix sont consultables sur Internet sans aucun problème en fonction de ce que vous voulez. VIE PRATIQUE Banque et coût de la vie Conseillez-vous d'ouvrir un compte en banque sur place ? Pas forcément, vous pouvez retirer

PR POS


el mundo

ales de l’Université Taras Shevchenko, Gautier Tochon

de gros montants en une fois, proportionnellement au coût de la vie qui est très bas. Quel était votre budget mensuel ? Entre 3000 et 4000 grivnas (dans la centaine d’euros). Aviez-vous des revenus (bourses, job étudiants...) ? Bourse Boussole et Bourse Erasmus +. Existe-il des tarifs réduits ou offres spéciales pour les étudiants ? (transport, culture, restaurants, carte de réduction) Pas vraiment, mais se déplacer ou se restaurer ou même visiter n’est vraiment pas cher à Kiev : on mange pour 3 euros, le ticket de métro coûte 14 centimes d’euros et le taxi pour rentrer sera en moyenne aux alentours de 4 euros. Santé Avez-vous adhéré à une complémentaire santé en France ou sur place ? J’ai celle de mon père Arpège Prévoyance.

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

Y a-t-il une clinique ou un médecin sur le campus ? Si non, comment se soigner ? Il faut absolument éviter les hôpitaux publics qui sont déplorables (à l’institut, où il y a une population plutôt riche, ils ne vont jamais dans le public) : allez à l’hôpital américain ou dans une clinique privée en cas de besoin. S’il faut une adresse précise il faut se renseigner auprès d’un de ses camarades de l’institut. Alimentation Existe-t-il un RU ? Si oui, à quel prix ? Où manger bon marché ? Oui, on y mange pour 1 euro ou moins … Tout est bon marché à Kiev concernant la nourriture : dans un bon restaurant, il n’est pas rare d’en avoir pour 30 euros … à cinq personnes. Des spécialités locales à ne pas manquer ? Tout est à essayer ! Nourriture : varenikyes (équivalent des pelmenis russes, sorte de raviolis que l’on mange avec des oignons revenus dans du beurre et de la cmetana, la

crème locale, ils peuvent aussi se manger au dessert avec des cerises dedans), les kholoubtsis (rouleaux de chou à la viande), le poulet à la Kiev, le Salo (lard vraiment très gras), le borsch bien évidemment (soupe de betteraves connue aussi des Russes même si cela vient d’Ukraine à l’origine), le koulisch (la soupe du Cosaque avec flocons d’avoine et lardons), beaucoup de saucisses et de crêpes dans les rues … On peut aussi citer la nourriture géorgienne très en vogue à Kiev avec les kahtchapouris (pain au fromage géorgien très calorique) ou les khinkalis (raviolis géorgiens) … Il y a de quoi faire ! Boissons : Usvar (boisson aux fruits fermentés), beaucoup de thés glacés surtout en été, la limonade géorgienne, pas mal de cidre et de bière pour les amateurs (le vin ukrainien ce n’est pas

37


el mundo

trop le top), et enfin le seul que je ne peux conseiller qu’aux plus courageux : le kvas, sorte de coca-cola d’orge un peu … particulier. Transport Comment se déplacer en ville ? A quel prix ?

Personnellement j’ai un appartement : si vous parlez russe vous pouvez aller en agence ou sur Internet, dans mon cas c’est une amie ukrainienne qui était à Sciences Po l’an dernier qui m’a aidé. S’il faut des contacts pour les nonrussophones je peux toujours aider. Quel budget pour votre logement ?

14 centimes (4 grivnas) le ticket de métro, 100 grivnas (environ 4 euros) le taxi pour rentrer chez vous si vous habitez dans Kiev (ce qui semble le plus logique)

400 euros + les charges (soit environ 11 000 grivnas par mois), le logement sera la partie la plus chère : cependant pour 400 euros c’est un 50m² que vous aurez, et non pas 20 comme en France

Une précision cependant : le métro est vraiment très profond, ce qui est un peu déconcertant au début.

L'organisme d'accueil fournit-il une aide efficace pour la recherche de logement ? Existe-t-il un équivalent des APL ? Si oui, où s'adresser pour en bénéficier ?

Logement Quel type de logement conseillezvous ? (campus, résidence, foyer, coloc, studio...) et comment le trouver (agence, site internet) ? Evitez ABSOLUMENT la résidence pour étudiants internationaux si on vous la propose : c’est complètement insalubre. Etant donné qu’on était les premiers, normalement après nos complaintes on vous fournira celle près de l’institut sur laquelle je ne peux me prononcer étant donné que je n’ai pas vu les chambres …

38

N’attendez aucune aide de l’administration concernant le logement (sauf si, comme dit précédemment, il sera proposé suite à nos plaintes d’aller dans la résidence à côté de l’institut et non pas celle des étudiants internationaux à 1h dudit institut…). Quelles sont les modalités habituelles de location, les garanties exigées ? (garants, caution, durée de bail, assurance...)

Le propriétaire demandera généralement de louer pour 10 mois, pour ce qui est des questions d’assurance c’est toujours un peu obscur : tous les propriétaires ne sont pas toujours totalement en règle ici, mais c’est la norme. Le prix des charges (eau, électricité, internet) est-il élevé ? Une trentaine/quarantaine d’euros en fonction de la période de l’année. FORMALITÉS DIVERSES A-t-on besoin d'un visa, d'une carte d'identité ou de séjour ? Si oui, comment l'obtenir ? Le visa est à obtenir à l’ambassade d’Ukraine à Paris, il faudra faire les démarches renseignées sur leur site et aller déposer tout ce qu’il faut là-bas en personne, après quoi le visa peut être renvoyé par la poste et constitue un titre de séjour temporaire puisqu’ensuite il faudra faire la carte de séjour (ou posvidtka) pour laquelle l’administration vous expliquera les démarches (très honnêtement c’était tellement le bazar de ce côté-là que je ne me souviens même plus des étapes)

PR POS


el mundo Mes connaissances sont encore assez lacunaires mais il faut évidemment voir tout le centre de Kiev avec la place Maidan, khreschyatik, le monastère Saint-Michel, le quartier du Podel, les Laures de Kiev, la statue de la Mère Patrie et j’en passe … Concernant les autres villes il faut voir à mon avis Lviv et Odessa (je pense que c’est indispensable, plus de précisions plus tard), les plus courageux iront à Dnipropetrovsk ou même Tchernobyl … Quels sont les pays alentours que vous conseillez de découvrir ? A voir encore, mais on me somme d’aller en Géorgie (et ça a effectivement l’air magnifique) mais aussi la Pologne, l’Azerbaïdjan ou l’Arménie et pour les plus curieux la Moldavie et la Biélorussie. Quel moyen de transport recommandez-vous pour voyager ? Des bons plans ? L’avion est bon marché (150 euros pour aller à Tbilissi en Géorgie) et le train de même : vous avez carte blanche. Est-il facile de rejoindre les activités type sport, musique etc. au sein de l'université ? Y a-t-il d'autres formalités à effectuer ? (inscription au consulat...) C’est toujours mieux en effet de s’inscrire sur la liste consulaire des Français de l’étranger (on peut le faire sur Internet sur le site du service public ou à l’ambassade de France à Kiev, située non loin du boulevard Schevchenko). UNIVERSITÉ Premiers contacts A l'arrivée, qui faut-il rencontrer ? Où et quand? Normalement ce sera l’administration de l’université boulevard Taras Schevchenko qui fera votre carte étudiant pour circuler dans les locaux et qui vous expliquera les démarches à suivre. La vie à l'université Comment se passent les relations avec les étudiants locaux ? Avec les étudiants étrangers ? Très bien : tout le monde est vraiment très accueillant … Le personnel administratif et les étudiants locaux sont-ils disponibles ?

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

… Sauf dans l’administration où globalement votre sort les intéresse peu, mais nous avons pu compter sur une jeune fille très sympathique de l’administration qui répondait à nos questions. Les études Comment s'inscrit-on aux cours ? Une fois que vous aurez choisi Kiev, vous choisirez le master en anglais que vous voudrez effectuer. Avez-vous des cours à recommander ou à déconseiller ? Non pas dans l’absolu : les cours sont très intéressants. Est-il possible de bénéficier de cours de langue avant le début des cours ? Sous quelles conditions (prix, recrutement...) Vous aurez des cours d’ukrainien à la fac de langues boulevard Taras Schevchenko. LOISIRS

Non vous êtes un peu dans le noir complet : il faudra se renseigner sauf si des progrès sont faits l’an prochain. Autre conseils, suggestions, remarques ? Ne surtout pas se poser la question de la guerre en Ukraine : en effet, même si la situation peut encore mal tourner, Kiev est une ville très calme, sans incidents ni incivilités. Malgré une pauvreté assez palpable à certains endroits on trouve des quartiers très bien entretenus et le plus grand danger viendra surtout de la neige qui arrivera courant mois de novembre : Kiev est vraiment une ville très sympa à découvrir et très inhabituelle ! Evidemment, le mieux reste de parler russe (ou ukrainien) mais les jeunes de l’institut parlent très bien anglais et si l’envie d’apprendre vous démange vous pouvez parfaitement sauter sur l’occasion même si cela occasionnera quelques difficultés pour vous faire comprendre au début, d’où la nécessité d’avoir des contacts !

Que recommandez-vous de visiter dans la ville et le pays d'accueil ?

39


el mundo

Hong Kong Baptist University (2016)

PREPARER LE DEPART Quel mode de transport conseillezvous ? Quelle compagnie ? Pour quel prix ?

HONG-KONG

EL MUNDO

Laurène Assailly

Avion, regarder les comparateurs en s’y prenant à l’avance. Des vaccins sont-ils nécessaires ? Si oui, lesquels ? Pas pour HK, mais pour voyager dans certains pays autour, encéphalite japonaise, rage et hépatites sont conseillés. J’ai préféré les faire, ça fait un petit budget pour les non remboursés, mais les maladies tropicales, très peu pour moi ! Combien de temps avant la rentrée ou le début du stage conseillez-vous d'arriver sur place ? Suivre les indications de l’université pour la disponibilité de la chambre sur le campus. Toute fin Août. Quelles recommandations pouvezvous faire en ce qui concerne l'arrivée ? (quelle gare ou aéroport, liaisons avec le centre-ville, bagages...) Prendre surtout des vêtements d’été. Quel logement choisir pour les premières nuits ? Combien cela coûtet-il ? Demander une chambre sur le campus. On paye au semestre, et ça revient en gros à 200 €/ mois, mais à voir selon le taux de change. Quels objets indispensables faut-il avoir dans sa valise ?

40

Un adaptateur électrique, de l’anti moustique (bien vénèr). VIE PRATIQUE Banque et coût de la vie Conseillez-vous d'ouvrir un compte en banque sur place ? Non. Prenez juste une carte bancaire internationale. Quel était votre budget mensuel ? En gros comme à Strabourg pour la vie courante + selon les envies de voyage. Aviez-vous des revenus (bourses, job étudiants...) ? Le visa étudiant ne permet pas de travailler. Existe-il des tarifs réduits ou offres spéciales pour les étudiants ? (transport, culture, restaurants, carte de réduction) Demander « l’octopus card » étudiant pour les transports. Très économique. Santé Avez-vous adhéré à une complémentaire santé en France ou sur place ? Oui, April assurance en France. Y a-t-il une clinique ou un médecin sur le campus ? Si non, comment se soigner ? Oui, mais je n’ai jamais eu besoin de consulter, donc je ne sais pas comment on y est soigné.

PR POS


el mundo Alimentation Existe-t-il un RU ? Si oui, à quel prix ? Où manger bon marché ? Oui, pas super bon mais ça dépanne. Il y a pas mal de petits restos bons marchés, quand on explore. Des spécialités locales à ne pas manquer ? Les Dim Sun, la street food en général, les fruits de mer si vous aimez ça !

assurance santé. UNIVERSITÉ

Le bureau qui gère les étudiants étrangers est efficace en général, et très sympa.

Premiers contacts

Les études

A l'arrivée, qui faut-il rencontrer ? Où et quand?

Comment s'inscrit-on aux cours ?

On vient vous chercher à l’aéroport, il y a des étudiants locaux pour vous guider un peu. Puis suivre la prérentrée.

Transport

Avez-vous participé à une semaine ou une journée d'intégration ? Un programme de parrainage ?

Comment se déplacer en ville ? A quel prix ?

Il y a un système de parrainage facultatif et un semblant d’intégration.

Métro et bus avec l’octopos card. Les taxis sont moins chers qu’en France, en cas de retour tard dans la nuit.

La vie à l'université

Logement Quel type de logement conseillezvous ? (campus, résidence, foyer, coloc, studio...) et comment le trouver (agence, site internet) ? Campus, à demander lors de l’inscription. Attention, cependant, c’est une chambre à partager, le défaut de cette destination.

Existe-t-il des associations étudiantes ? Il y en a une quinzaine : sports, rando… Ils font leur propagande en début de semestre. Comment peut-on les rejoindre ? Il y a une « semaine des assos » où ils ont des stands sur le campus.

Quel budget pour votre logement ?

Comment se passent les relations avec les étudiants locaux ? Avec les étudiants étrangers ?

En gros 1000€ par semestre, (ou 230€/ mois), ça peut varier selon le taux de change, bien entendu. BEAUCOUP plus cher si on veut habiter ailleurs que sur le campus.

Les gens sont assez ouverts. Très facile de parler avec les étrangers, comme eux non plus ne connaissent personne. Avec les locaux, il faut souvent faire le premier pas.

FORMALITÉS DIVERSES

Le personnel administratif et les étudiants locaux sont-ils disponibles ?

A-t-on besoin d'un visa, d'une carte d'identité ou de séjour ? Si oui, comment l'obtenir ? Visa étudiant demandé par l’université et envoyé chez vous. Une carte d’identité à demander sur place. L’université explique les démarches lors de la pré-rentrée. Y a-t-il d'autres formalités à effectuer ? (inscription au consulat...) Pas obligatoire, mais une inscription au consulat ne coute rien et peut servir en cas de crise. Penser à souscrire à une

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

On fait des demandes avant le début des semestres. Puis il y a 1 semaine de « add & drop » pour affiner (et se faire un emploi du temps cool) Avez-vous des cours à recommander ou à déconseiller ? Je déconseille le cours economic developpement, avec Dr. Mo Pak Hung, le prof étant particulièrement désagréable. Sous quel format se présentent les examens ? Souvent en 2h, des exercices pour les matières qui s’y prêtent, sinon questions de cours ou essay. Est-il possible de bénéficier de cours de langue avant le début des cours ? Sous quelles conditions (prix, recrutement...) L’anglais suffit largement, mais il est possible de choisir des cours de cantonais. LOISIRS Que recommandez-vous de visiter dans la ville et le pays d'accueil ? Aller faire un tour dans les îles autour, dans les villages de pêcheurs. Prendre le ferry pour Macao… Quels sont les pays alentours que vous conseillez de découvrir ? Les possibilités ne manquent pas ! J’ai fait Chine, Vietnam, Taïwan et Japon. Tous valent le coup ! Si j’avais eu plus de temps, la Birmanie et le Cambodge avaient l’air vraiment top aussi. Quel moyen de transport recommandez-vous pour voyager ? Des bons plans ? L’avion en général. Le train pour le sud de la Chine.

41


kulture

La Commedia des Ratés, par Tonino Benacquista

LITTÉRATURE

KULTURE

Laure Solé

C’est tout à fait fortuitement que cet ouvrage est tombé entre mes mains. Bon roman policier des années 90, il n’avait, dans mon esprit, pas marqué l’Histoire et n’était pas destiné à rester dans les bibliothèques éternellement. C’est d’ailleurs dans celle de mon papa que j’ai trouvé mon exemplaire, et non dans une librairie. Pourtant, en 1991, ce polar gagne le Grand Prix de la Littérature Policière de France. Je serais très gauche si je tentais d’expliquer en quoi la narration très simple de l’auteur, qui se fond dans le personnage principal, a quelque chose d’incroyablement intime. Pourtant celui-ci, tout à fait pudique, désinvolte, bougon comme le sont tous ces hommes qui ne savent se départir de leur solidité typiquement masculine, m’a profondément touchée. Peut-être estce l’analyse aigrie mais authentique, de la vie d’un banlieusard italien en France qui m’a séduite en premier: “Tu fais de la peine, banlieue. Tu n’as rien pour toi. Tes yeux regardent Paris et ton cul la campagne. Tu ne seras jamais rien qu’un compromis. T’es comme le chiendent. Mais ce que je te reproche le plus c’est que tu pues le travail. Tu ne connais que le matin et tu déclares le couvre-feu à la sortie des usines. On se repère à tes cheminées. Je n’ai jamais entendu personne te regretter, tu n’as pas eu le temps de t’imaginer un bienêtre. Tu n’es pas vieille mais tu n’as pas de patience, il t’en faut toujours plus, et plus gros, t’as toute la place pour les maxi et les super. La seule chose qui bouge chez toi, c’est la folie des architectes. [...] Ils se régalent, chez toi c’est la bacchanale, l’orgie, le ténia.”

immigrés et les enfants d’immigrés dans leur construction personnelle. La honte du personnage principal de voir ses parents continuer à vivre à l’italienne dans leur quartier italien, à Paris, comme des hommes de Cro-Magnon qui s’acharneraient à faire un feu de camp au milieu d’un salon anglais amorce une réflexion profonde sur le rapport de chacun à la culture. Dans cet ouvrage, cela passe beaucoup par le rapport à la nourriture, la cuisine italienne, la vraie, des tortellinis aux tagliatelles. La précision avec laquelle Tonino Benacquista décrit cet univers trahit son enfance à Vitry sur Seine, très proche de

" Le retour aux sources [...] permet à l'auteur d'aborder les souffrances et les dilemmes auxquels font face les immigrés et [leurs enfants] dans leur construction personnelle. " celle de son personnage. Bien entendu, c’est un polar, il y’a une intrigue angoissante, des courses poursuites, des mystères, des culs-de sac, des menteurs, une jolie figurante attachante mais pas trop non plus, quelques coups de poings, des dialogues en langue de bois, des sauvetages in extremis et des plans rocambolesques. Mais ça, je vous laisse le découvrir, je ne tiens pas à dénaturer la magie de l’œuvre.

“Les Napolitains ne connaissent qu’une version très expurgée du code de la Le retour aux sources, aux origines, route, elle se résume à une règle d’or: est aussi un objet fondamental de “ne t’arrête jamais de rouler, des fois l’ouvrage, il permet à l’auteur d’aborder, qu’on te vole tes pneus”.” sans hypocrisie, les souffrances et les dilemmes auxquels font face les

42

PR POS


j Boutique : 20 rue des Frères, 67000 Strasbourg j Kiosque : Gare de Strasbourg Hall Sud OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

PUBLICITÉ 43


sport

"Un seul amour..." Qu'est-ce qu'un ultra ?

SPORT

Daoud Jost-Serhir et Émile Formery

« Jeunesse à part, aventure, amitié. » En quelques mots, voilà comment est décrit le mouvement ultra par Lucas*, un étudiant de l’IEP, membre historique d’un groupe ultra. Léonard, quant à lui supporter Strasbourgeois et membre des Ultra Boys 90 parle d’ « engagement indéfectible pour le club, la quête de la meilleure ambiance et le partage de la même passion au sein d’une grande famille. » Alors que le mouvement ultra souffre d’une mauvaise image, nous vous proposons deux témoignages de supporters habitués des parcages de tous les stades de France. Cette image négative, véhiculée généralement par les médias, assimile ces milliers de supporters affluant dans les différents stades de France à la violence, l’alcool, l’extrémisme politique et le hooliganisme. Ultras ou hooligans ? Ce dernier phénomène est à distinguer du mouvement ultra. Léonard nous explique : « Les vrais ultras ne peuvent pas être considérés comme de mauvaises personnes qui veulent tout casser et user de la violence à tout bout de champ. » L’amalgame entre les ultras et les hooligans est fait trop fréquemment. Lucas rajoute que des groupes comme les Strohligans associant le terme de hooligan avec le supporterisme contribuent à véhiculer cette image erronée de supporters dont la principale passion est la violence. L’ultra vient au stade pour supporter son équipe, mettre l’ambiance à l’aide de chants, tifos, fumigènes… Si la violence est parfois présente, notamment entre groupes rivaux, elle n’est pas cautionnée envers les supporters dits « lambdas ». Il poursuit sur les clichés politiques : « La plupart des groupes sont apolitiques

44

en France, mais il est vrai que c’était un peu plus affirmé à droite dans les années 1990. » Toutefois, il existe encore des groupes très affirmés politiquement, à l’extrême droite comme à l’extrême gauche. Par exemple, les travées du stade Saint-Symphorien de Metz sont la scène de véritables conflits politiques entre la Horda Frénétik, à sensibilité antifasciste et la Gruppa Metz, plus connue pour ses positions nationalistes ou identitaires. En ce qui concerne l’abus d’alcool avant ou après le match, Lucas précise : « En effet, ça boit pas mal et les groupes ne s’en cachent pas. Mais honnêtement, ce n’est pas pire qu’une soirée étudiante, au contraire. » À l’inverse, aspect méconnu, nombre de groupes en France s’engagent pour des associations à but caritatif. Par exemple, à l’approche de Noël, le groupe des Red Tigers, supporters du Racing Club de Lens organise une collecte de jouets pour les enfants d’un centre hospitalier pendant les matchs. D’autre part, les Ultras Marines des Girondins de Bordeaux organisent depuis de nombreuses années des collectes de matériels de cuisine et participent à des distributions de repas avec les Restos du Cœur. Ce genre d’initiatives est monnaie courante au sein du foot français et européen. Les groupes ultras ne servent pas qu’à mettre l’ambiance dans les enceintes footballistiques, mais également à créer un vrai tissu social, une vraie « famille », autour d’une passion commune. « Plus tard, j’y serai aussi » Cette passion pour un club vient selon Lucas tout d’abord d’une passion pour le sport, pour un club puis en dernier lieu de la volonté de participer à l’ambiance d’un stade. Ensuite, l’intégration au groupe est progressive et les déplacements à l’autre bout de

PR POS


sport la France en plein milieu de la semaine deviennent de véritables péripéties entre amis, motivés à suivre leur club coûte que coûte. L’esprit ultra fait le reste. Poser sa bâche en parcage visiteur, « sticker » la ville adverse (poser un maximum d’autocollants à divers endroits de la ville) ou chanter devant des groupes adverses afin de représenter son groupe, son club, sa ville et sa région partout dans le pays. Mais ce mode de vie ne se pratique pas sans sacrifice. Par exemple, organiser la mise en place d’une grande bâche – que l’on appelle tifo – dans une tribune d’un stade peut mobiliser plusieurs dizaines de personnes sur deux ou trois mois. Participer à la vie d’un groupe d’ultras est en plus coûteux financièrement, et peut approcher 1500 ou 2000€ à l’année, pour ce qui comprend l’abonnement au stade du club, les déplacements et les dépenses externes. Généralement, nous décrit Lucas, on retrouve dans les groupes ultras des jeunes et une grande majorité d’hommes. Mais pour Léonard, malgré tout : « dans le kop (la tribune où l’on trouve les groupes de supporters n.d.l.r) on retrouve des personnes de tout âge, de tout genre, de toute origine ». Au-delà des déplacements, Léonard nous explique que sa motivation vient d’une envie de participer à une ambiance que l’on admire de loin en venant en stade en tant que « lambda ». Il souhaitait « passer ce cap et découvrir cette ambiance magique du kop, ce petit plus. […] Après bien sûr le fait que des personnes que tu ne connais même pas rigolent avec toi, te sautent dans les bras, etc. a aussi beaucoup contribué à ce que j’aime ce monde. » Strasbourg, un exemple à l’échelle nationale À Strasbourg, le principal groupe d’ultras s’appelle les Ultra Boys. Fondé en 1990, le groupe historiquement plutôt à droite se veut aujourd’hui apolitique. Les UB90 correspondent exactement à ce qu'est le mouvement ultra : chants, déplacement, animations. Le hooliganisme ou le militantisme politique ne font pas partie de leurs activités : les banderoles et les chants ne sont destinés qu’à supporter l’équipe, voire à protester contre la direction du club ou la ligue. Mais à l’échelle nationale, le véritable problème des ultras en France est le suivant selon Lucas : « Il n’y a pas de rapport verbal entre les ultras et les autorités ». Les seuls rapports existants sont conflictuels. Par rapport au voisin allemand, où le dialogue est généralisé, la France semble en retard. Naturellement, l’image des ultras en

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

Allemagne est donc différente de l’idée que l’on s’en fait dans l’Hexagone. En mai 2016, en collaboration avec l’Association Nationale des Supporters, une loi a été promulguée instaurant les référents-supporters. L’objectif est qu’un individu fasse la liaison entre les groupes de supporters et les clubs. Malgré la loi, seules Lyon et Strasbourg appliquent ce système. Encore une fois, Strasbourg fait figure de bon élève : « les relations entre les groupes de supporters et le club ici sont devenues vraiment bonnes ». Les Ultra Boys strasbourgeois constituent un groupe important à l’échelle nationale avec 560 membres répertoriés. Mais des groupes ultras peuvent être plus petits, avec parfois une cinquantaine de membres, mais un noyau toujours actif et conséquent. Dans tous les cas, « être ultra c’est vraiment faire partie d’une famille ». Peu importe leur taille, les groupes sont des associations soumises au cadre légal, avec un bureau, un président, un trésorier, etc. En tant qu’associations, ces groupes ont aussi besoin de financements. Dans la majorité des cas, il s’agit d’un autofinancement, avec la vente de gadgets (des écharpes, des stickers, etc.) et des cartes de membres. Rares sont les cas où les groupes sont subventionnés, puisque les groupes perdent alors leur indépendance et de fait, leur légitimité, sans laquelle ils peuvent difficilement exister. Certains groupes marseillais ont par exemple été soupçonnés de connivence très poussée avec la direction des clubs. L’exemple parisien, avenir du mouvement ultra ? En 2010, le Paris Saint-Germain a

lancé le plan Leproux, du nom du président du club à l’époque. L’objectif était de radier du stade tous les ultras afin de mettre un terme à la violence qui existait entre les deux principaux groupes de supporters des tribunes Auteuil et Boulogne. Les affrontements avaient causé deux morts. L’idée était aussi d’améliorer l’image du club, but qui s’est pérennisé avec l’arrivée des investisseurs qataris en 2011. En Espagne, le Real Madrid a décidé en 2013 de bannir les Ultra Sur, à tendance violente et nationaliste de la même façon. La crainte de certains est de voir d’autres grands clubs généraliser ce modèle et bannir les ultras afin d’éviter de ternir l’image du club. Lucas insiste pourtant : « Les clubs sont quand même contents d’avoir des ultras. » Naturellement, sans groupes ultras, les ambiances des stades peuvent sembler aseptisées et ternes. C’est ainsi qu’à Paris, depuis 2016, un groupe ultra a été accepté : le Collectif Ultras Paris. Mais parmi les groupes ultras, il est fortement critiqué. Certains lui reprochent sa tendance commerciale ; d’autres son formalisme par rapport aux règles fixées par le club. De manière générale, le supporterisme dans le monde du football passe encore beaucoup par les groupes ultras. Malgré une image négative renvoyée dans les médias et seulement à moitié justifiée, les groupes ultras contribuent à la ferveur dans de nombreux stades. Imaginer un football dans des stades sans ultras, c’est imaginer un football sans ferveur ni âme. L’avenir de ces groupes passe nécessairement par le développement du dialogue avec les autorités compétentes afin d’éviter la disparition ou la marginalisation de ces groupes qui font vivre les stades français. * Le prénom a été modifié.

45


sport

Le sport, reflet du Félix Buhler

Septembre 2017, aux Etats-Unis. Le Star Spangled Banner s’apprête à être joué dans les stades de NFL, le championnat de football américain. Au moment où l'hymne résonne, plusieurs joueurs, de plusieurs franchises, s'agenouillent, la main sur le cœur. Le sport est un instrument politique, ça n'est pas nouveau. Mais pour le président Trump, s'agenouiller pendant l'hymne national est une offense qui justifie de demander le renvoi de ces "fils de p***". Le geste en question, qui est devenu un signe de contestation maintes fois répété, n'était pourtant pas destiné à critiquer la nation : devant les millions de téléspectateurs que la NFL rassemble à chaque rencontre, ces joueurs voulaient protester contre les violences faites aux noirs aux EtatsUnis. Mais pour Trump, c'en est trop : un sportif ne doit pas "manquer de respect à sa nation".

question de la n°1 française, Caroline Garcia - ont refusé de concourir pour leur pays. S'en sont suivis des critiques, certains soulignant l'honneur que représente le fait de jouer pour son pays, alors que Garcia mettait en avant le fait qu'elle préférait se reposer pour se concentrer sur sa saison individuelle et ainsi "représenter son pays toute

Ce sont pourtant deux simples équipes de sport, et non tout un pays contre un autre (comme le laissent à penser les unes de magazines sportifs : "La France étrille la Suisse", "un déculottée pour la France" ou "l'Angleterre à terre"). Un des seuls ayant bien compris que le divertissement n'était pas une affaire de nation est le cyclisme sur route: ce sport individuel se dispute la plupart du temps par équipes. MAIS, aucune des courses ayant la label "UCI World Tour", c'est-à-dire le label permettant à la course de compter pour le classement international, n'est une course par nation. Seul les Jeux Olympiques se disputent avec le maillot national sur le dos.

La pression autour des équipes nationales Pourquoi le sport, supposé être divertissant pour les spectateurs et une passion/profession pour les joueurs, est-il si souvent mêlé à des histoires de respect, ou de représentation, de la nation ? Prenez le tennis, un sport individuel qui se transforme en sport d'équipe au moment des Fed Cup et Coupe Davis (tournois entre nations respectivement pour les femmes et pour les hommes) : en février 2017, la Fédération Française de Tennis (FFT) a modifié ses règlements pour rendre la sélection dans l'équipe nationale obligatoire. Et pour cause, parmi les meilleurs joueurs de tennis français, beaucoup - en ce moment il est surtout

46

entouré les joueurs de l'équipe de France de football. Certains d'entre eux n'avaient alors pas chanté la Marseillaise : est-on contraints d'afficher une ferveur nationale et de chanter son hymne national très fort et très faux lorsque micros et caméras sont braqués sur nous ? Le sport est le milieu où l'on entend le plus résonner les hymnes : pourquoi ce besoin d'entonner un chant patriotique à l'aube d'une rencontre sportive, (théoriquement) divertissante et transpirante ?

l'année". Résultat : ses coéquipières en bleu ont, simultanément, tweeté "LOL" ! Que de violence ! Certes, jouer pour son pays représente un rêve pour nombre de futurs Roger Federer, Lionel Messi ou Mark Nichols. Mais est-ce une obligation de vouloir représenter sa nation ? De même, souvenez-vous de toute l'ébullition médiatique qui avait

Ainsi, le sport est souvent mis en avant comme étant un étendard de la nation. Tout Français, même désintéressé du football, sait que notre équipe nationale a remporté la coupe du monde sur ses terres en 1998. Pour une nation, avec son équipe sportive nationale c'est déjà avoir son indépendance. Par exemple au Royaume-Uni, chacune des 4 régions (Irlande du Nord, Ecosse, Pays-de-Galles et Angleterre) a sa propre équipe de football reconnue par la Fédération Internationale. Mais le

PR POS


sport

Comité Olympique, lui, ne reconnaît pas ces 4 régions, mais seulement l'Etat du Royaume-Uni. Ainsi, dans le cas des sports collectifs comme le football, le Royaume-Uni a aligné aux Jeux Olympiques des équipes composées seulement d'Anglais : les autres régions refusant de participer à la compétition sous le drapeau du Royaume-Uni. Ce sentiment national, d'autres équipes n'ont pas de scrupules à ne pas en tenir compte. Par exemple, l'équipe de handball du Qatar a terminé finaliste de la coupe du monde 2015 organisée chez elle, c'est-à-dire deux ans après une politique de naturalisation des joueurs non sélectionnés dans leur pays d'origine. Ces joueurs ont ainsi une opportunité de disputer des grands tournois, malgré le fait que leur fierté de représenter la nation qatarie ne doit pas être sur-développée (mais ils sont

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

assurément très heureux d'encaisser les énormes chèques de la fédération qatarie, comme quoi, contre toute attente, l'argent peut corrompre le sport). Enfin, le sport étant une vitrine médiatique, nous avons déjà assisté à des événements sans rapport avec ledit sport. Le 14 octobre 2014, 40ème minute du match Serbie-Albanie : un drone survole le stade, traînant un drapeau. C'est celui de la "grande Albanie" : une volonté d'Etat qui réunirait les peuples albanais de toute la région: Albanie, Grèce, Monténégro, Kosovo, Macédoine et, donc, Serbie. Les esprits s'échauffent et on parle alors de véritable incident diplomatique. Le président serbe était présent, des "tuez les Albanais" ont été entonnés. Bref, le grand jeu des nations a également sa place dans le sport.

47


sport

L’indépendance de la Catalogne et le paradoxe du FC Barcelone

Émile Formery

De tous les sujets concernés par la possibilité de la création d’un nouvel Etat indépendant en Catalogne (chômage, coupes budgétaires, adhésion ou non à l’Union Européenne), un de ceux qui est le plus souvent évoqué en Espagne ces dernières semaines est l’avenir du FC Barcelone. Alors que ce vendredi 27 octobre, le Parlement catalan a annoncé son indépendance, il existe un véritable paradoxe quant à cette question qui concerne le futur du football espagnol. Le FC Barcelone, plus qu’un club de football Si mès que un club (« plus qu’un club » en catalan) est le slogan officiel du Barça, il est difficile de contredire l’affirmation dans les faits. Avec un chiffre d’affaires annuel supérieur à 500 millions d’euros, le club a la dimension d’une compagnie multinationale. Son poids économique dans la région est naturellement prépondérant, ce qui lui octroie une influence politique majeure. De plus, son influence est loin d’être seulement économique. Chaque semaine le Camp Nou accueille cent mille spectateurs pour les matchs à domicile du club catalan. Les affiches contre le Real Madrid, rival historique, réunissent en moyenne plus de 400 millions de téléspectateurs à travers le monde. En Catalogne, pour sept millions d’habitants, le record est de 4 millions de téléspectateurs. Autant de chiffres qui démontrent l'intérêt porté par le peuple catalan au club de Barcelone. A travers le monde, le club agit comme le porte-étendard de la Catalogne. Une direction majoritairement proindépendance

48

Le 20 septembre dernier, le club publiait un communiqué pour soutenir l’idée d’un référendum sur l’auto-détermination de la Catalogne. Traditionnellement, les dirigeants du Barça sont effectivement en faveur de l’indépendance. Sous l’ère franquiste (1939-1975), période durant laquelle le particularisme catalan était mis à mal, c’est au Camp Nou que l’on voyait fleurir le plus librement les drapeaux identitaires. Ainsi, le FC Barcelone n’a jamais laissé subsister le doute sur sa volonté de supporter le particularisme catalan. Cependant, sur la question de l’indépendance en tant que telle, le club est resté publiquement neutre. Il affirme vouloir respecter la volonté de la majorité du peuple catalan. L’ancien président, Juan Laporta était farouchement et ouvertement en faveur de l’indépendance, tandis que le nouveau, Josep Maria Bartomeu, favorise la neutralité sur cette question : « Nous avons toujours parlé de sport et nous ne faisons pas campagne. » Malgré tout, le 1er octobre, jour du référendum contesté, le match contre le club de Las Palmas s’est déroulé à huis-clos, c’està-dire dans un stade vide. La décision était celle du club, pour éviter aux autorités locales de devoir surveiller un lieu supplémentaire dans une ville déjà sujette à de nombreuses tensions. Un enjeu sportif et économique important Si le club tente finalement de rester neutre malgré sa tradition, il s’agit aussi d’un calcul politique. Le fonctionnement du FC Barcelone est celui des socios, très répandu en Espagne : il n’y a pas de grands

actionnaires au capital du club, mais des milliers d’inscrits qui disposent tous d’un droit de vote égal pour élire le président du club. Ainsi, froisser la majorité des socios risquerait de compromettre les chances du président Bartomeu d’être réélu. Mais la pérennité sportive du Barça serait en péril si un Etat catalan venait à voir le jour, et les dirigeants du Barça le savent. Le club serait exclu du championnat espagnol dès la saison prochaine. Certaines rumeurs évoquaient la possibilité pour le FC Barcelone d’intégrer le championnat français voire anglais, mais cette perspective a vite été écartée. Ainsi, un championnat catalan verrait le jour, mais éloignerait le FC Barcelone de tout opposant de haut niveau potentiel et surtout de son rival éternel, le Real Madrid. La baisse de la compétitivité de ses adversaires entraînerait probablement une baisse des revenus liés aux droits télévisés et à terme, une chute de tous les revenus de marketing. En somme, l’équilibre financier du club serait complètement remis en cause. Aujourd’hui présentée comme un modèle de gestion sportive et financière, l’institution barcelonaise risquerait de disparaître de l’élite du football européen. Les ressources économiques étant la clé d’une réussite sportive et de l’exportation de l’image du club à l’international, cet enchaînement de conséquences serait très négatif pour le club. C’est pourquoi le FC Barcelone, très influent en Catalogne et renommé partout le monde ne peut actuellement user de son statut ni pour soutenir l’indépendance, ni pour s’opposer aux événements actuels.

PR POS


sport

Les Chants Émile Formery et Charles Guimier

Le chant du virage

Toujours là

Bombom stand

Peuple, uni, fidèle

Ecoute chanter les supporters

Mini mini Màma het a Bombom-

Nous chantons en cœur

strasbourgeois

stànd

Pour nos couleurs

Et sens vibrer ce coeur qui ne bat

A Bombomstànd, a Bombomstànd.

C'est notre combat

que pour toi

Car oui, nous sommes

Ecoute chanter les supporters

Mine mine Pàppe het a Kochläffel ìn

Les Strasbourgeois

strasbourgeois

dr Hànd

Qui se-ront tou-jours là (TOUJO-

Un schlaujt min'ra Màma uff d'r

Le virage reprend

URS LA)

Bombomstànd. (X2)

Avec ferveur

ALLEZ ALLEZ ALLEZ STROHTEAM

Ce chant du cœur

ALLEZ ALLEZ ALLEZ STROHTEAM

Un i wett, un i wett, un i wett mìt

C'est notre fierté

ALLEZ ALLEZ ALLEZ STROHTEAM

dìr,

Car oui, nous sommes

ALLEZ LES STRAS-BOUR-GEOIS

In Strossburi gìbt's kei Jumpfra meh

Les Strasbourgeois

STRAS (stras) - BOUR (bour) -

Un i wett, un i wett, un i wett mìt

GEOIS (geois)

dìr,

La la la la la...

In Strossburi gìbt's kei Jumpfra meh Bawela, Bawela, jetzt geht's los !

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

49


DIVERTISSEMENT

divertissement

Weill À Ce Que Tu Dis

Deux mois d'amphis donnent de la matière pour remplir les colonnes du Weill A Ce Que Tu Dis.

que tuer son propre fils? Non. Quoique des fois il y a des fessées qui peuvent mal finir"

Au programme ce mois-ci : nostalgie algérienne, plan à trois et charcuterie alsacienne. Petit bonus inédit : Propos a récolté pour vous les pépites des invités extérieurs! Peut-être un jour notre très cher Laurent se verra voler la vedette par le talentueux JeanClaude, un Luxembourgeois au verbe dithyrambique et à la punchline fine.

Michel Fabréguet, HIPM (2A)

Pipos et nouveau 2A, Propos appelle à la solidarité iepienne et voudrait solliciter ton attention. Nous savons que tu ne rates aucun cours : n'oublie pas de noter dans un coin les perles oratoires débitées par nos professeurs et de les envoyer à Carlos Propos, ton gringo preferito.

Anne-France Delannay, E.G.E (2A) « Quand j’ai mis les pieds pour la première fois dans un supermarché alsacien j’ai été frappée par la taille du rayon charcuterie. Deux rayons complets consacrés rien qu’aux saucisses, où suis-je ? » (#balancetonporc) Laurent Weill, Politiques économiques (2A)

Jean-Louis Clément, Histoire de la Ve (2A) :

"J'ai beau être économiste, je partage mon abonnement internet avec ma famille" (Laurent Weill économiste de gauche?)

En parlant d'un cours sur la guerre d'Algérie "Bon, on va finir la guerre d'Algérie. A défaut de la gagner.." (Nostalgie quand tu me prends...)

"Prenons une économie ouverte, c’està-dire pas la Corée du Nord. Quoique la Corée du Nord commence à exporter, en tout cas des missiles."

Frédérique Berrod, Droit de l'Union Européenne (2A) :

"La bonne nouvelle quand on est mort, c’est qu’on ne paie plus d’impôts." (Perspicace)

"Je pense que le couple à trois est plus stable mais c'est un avis personnel" (Si quelqu'un a des témoignages, Propos est ouvert !) Jean-Philippe Heurtin, Sociologie de l'Etat (2A) "La question de la taille n'a pas beaucoup d'importance" "Est-ce que la fessée c'est plus violent

50

"On cherche un islam laïc mais c'est jouer sur les mots"

"Le taux de suicide le plus haut d'Europe est en Lituanie. Refléchisez avant de partir à Vilnius ou prenez seulement le billet aller..." (Cf. l'interview de Weil pour une définition de la troisième année à l'étranger) Weill présente un billet de 100 000 trillions de dollars zimbabwais de 2008 (inflation de 231 millions de %) . Un élève lui demande ce qu'on pouvait

PR POS


divertissement

Benjamin Chevalier Prix "coup de coeur de la rédaction"

Jean-Claude Juncker Prix "Espoir"

Jean-Louis Clément Prix de la "Longévité"

acheter avec à l'époque. Et Weill de lui répondre "la question est naïve, cela dépend de l'heure de la journée !" Florent Pouponneau (Pol Internationale) : "Small is beautiful", ce qui peut paraître compliqué pour les demoiselles ici présentes" "Le président Obama, prix Nobel de la paix, est celui qui a eu le plus recours aux drones" "On veut gagner la confiance des populations qu'on bombarde" "Ils ne s'intéressent pas aux idées ou à l'absence d'idées de Donald Trump" Alexandre Bibert, TD Histoire (2A) "Pour la problématique, essayez de vous mettre dans la posture de l'historien, pas dans celle de l'étudiant un peu crotteux"

personnes si elles veulent payer un impôt, il risque d'y avoir des déconvenues, on aura 60M de Florent Pagny..."

LE WAQCTD des invités :

"Alors en fait Norbert Elias prend Freud et il le retourne. Enfin pas sexuellement..." (Des élèves à l'esprit mal tourné ou un professeur ?)

"Les Britanniques disent qu'ils veulent rester de bons amis. Les bons comptes font les bons amis. Donc nous leur présenterons les bons comptes"

Entendu avant le WEI dans le local de Propos :

"Je ne connais pas de militariste luxembourgeois. L'armée luxembourgeoise c'est 771 soldats, ministre de la Défense inclus"

"Le consentement ? Des fois tu peux jouer sur le "Je ne sais pas" " (#prix JLC catégorie espoir)

Jean-Claude Juncker, en conférence organisée par Sciences Po Forum :

"Je ne suis pas en charge de la libido de l'Europe. Personnellement, j'ai donné tout mon lait" Rapahël Glucksmann, en conférence organisée par Sciences Po Forum : "Marine Le Pen, pendant le débat de l'entre-deux tours, c'était un peu comme un pervers qui ouvre son manteau devant un enfant pour lui montrer ses testicules."

Benjamin Chevalier, TD Science Po (2A)," "N'oubliez jamais que dans Bourdieu il y a "Dieu" (parole de fanboy) "On va pas demander à 60M de

OCTOBRE / NOVEMBRE 2017

51


52

PR POS


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.