n° 107 - Novembre 2018

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OCTOBRE 2018

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L'INSTANT POÉTIQUE Les cloches les cloches muettes drapées d’un voile lunaire semé sur l’entièreté des étoiles noirs ô milliards damnés les mots s’étiolent sur l’obscure toile au dehors les cris semblent disparaître dans les abysses du néant les chiens roupillent ou meurent peu importe terr’rien thanatos le nuisible c’est moi le traître

Auteur anonyme

Présidente & Directrice de la publication : Camille Larminay Vice-Présidente & Secrétaire de la rédaction : Léonie Fraulob Trésorier : Julien Pairot Maquettiste / mise en page : Océane Maurin Respos Communication : Rémi Fischer et Timothé Giordana Respo Relations : Lucie Coatleven Respo Site : Théo Renou Vice Président en charge du Pôle TV: Paul de Noray Pôle TV : Axellle Heyert, Hugues Foulon, Leila Bröchin Edité par l’association Propos, association de Loi 1901 domiciliée au Local 208 B, 47 Avenue de la Forêt-Noire, 67 000 Strasbourg proposscpo.fr - contact@proposscpo.fr Imprimé par IL LMS REPROGRAPHIE, 20 Avenue de Paris - Immeuble RHONE, 94811 Villejuif Paru en novembre 2018 Dépôt Légal, novembre 2018 ISSN : 2557-793X © Association Propos 2018. Tous droits réservés.

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ÉDITO Pour un numéro sonnant et trébuchant par Axelle Heyert

Ce mois-ci, Propos place l’argent au cœur de ses réflexions ! Alors non, chers lecteurs, ce n’est ni un sujet ‘’boring’’, ‘’has been’’ ou encore ‘’conventional’’… ni un sujet cliché abordé par des enfants de PCS+, étudiants bobos à Sciences Po. Non, l’argent est un sujet qui mérite d’être évoqué pour les nombreuses polémiques et controverses qu’il soulève. La rédaction de Propos va donc essayer dans ce numéro de rendre le sujet aussi intéressant que le Krit sera bleu et blanc. L’argent, nous l’utilisons chaque jour et pour tout. Plus qu’un simple moyen d’acquérir, il devient l’élément qui rythme nos vies et détermine ce que l’on peut ou ne pas faire. L’argent guide donc aussi nos humeurs et nos désirs. C’est également un moyen de faire le bien ou au contraire de heurter ou blesser. L’argent a lui-même une histoire, un passé qui suscite le questionnement. Il peut définir les statuts sociaux, c’est-à-dire une partie de notre

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identité : il s’immisce jusque dans ce qui nous construit. Bref : dans nos sociétés capitalistes, où nos vies et celles des autres sont réglées par l’argent, celuici constitue un enjeu de taille dans la mesure où il régule nos libertés, nos relations et notre personnalité. Vous l’aurez compris, l’argent touche à tous les domaines d’action. C’est pourquoi, dans ce numéro, Propos vous suggère de concilier le thème de l’argent avec la culture, les actualités, le sport, le féminisme, l’écologie… La corruption et les débats sur l’utilité de l’argent liquide seront notamment mis en avant, ainsi que la rentabilité de l’écologie dans la rubrique Planète. On parlera du rapport entre l’argent et les artistes dans la rubrique Culture, en particulier dans les articles de Léa Freling, de Paul Gelis et de Sawsane Djazouli. Les enjeux de l’argent en matière de féminisme seront abordés à travers la gratuité des produits

hygiéniques par Margot Philippe et l’indépendance financière des femmes par Laure DonganBoulanger. Clément Aubry, lui, nous parlera de la rémunération, juste ou injuste, des grands sportifs. Enfin, si le dossier thématique du mois ne vous a toujours pas convaincus, Propos a tout prévu ! Dans le dossier hors thème, Louise Hervieux s’intéressera aux femmes victimes de violences conjugales, et la guerre du Donbass sera traitée par Victor Nagy, à partir du film de Sergeï Loznitsa. Tous à vos Propos !

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S MMAIRE MONEY MONEY MONEY

ACTUALITÉ L'argent liquide, voué à s'évaporer ? par Edouard Volatier

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Argentine : la seule façon d'économiser … par Louise Hervieux

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PLANÈTE L’écologie peut-elle être rentable ? par Suzie Bernard-Meneguz

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CULTURE L’art pour l’art-gent, par Léa Freling

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Sérénades monétaires, par Sawsane Djazouli

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Le refus du capitalisme dans les années 1970 à travers un hit planétaire : "Money", de Pink Floyd, par Paul Gelis

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TRIBUNES LIBRES Corruption dans la Ve République, par Pierre Bothorel FÉMINISME La gratuité des produits hygiéniques : un grand pas pour le confort des femmes en Ecosse, par Margot Philippe Le collectif copines vous explique l'indépendance financière des femmes, par Laure Dongan-Boulanger

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SPORT Les sportifs gagnent-ils assez d’argent ? par Clément Aubry

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NUMÉRO 107 NOVEMBRE 2018

CULTURE

SI TU SORS, JE SORS

DIVERTISSEMENT

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f /ProposScPo l @propos_scpo mag.proposscpo.fr

Donbass, le portrait d'une guerre, un film de Sergeï Loznitsa, par Victor Nagy

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Ces femmes que la société ne sait pas protéger, par Louise Hervieux

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La strasbourgeoise, un vif succès marqueur de l'engouement des françaises pour les courses féminine, par Mathilde Tanguy

Le WEI comme si vous y étiez, par Léonie Fraulob et Camille

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Larminay

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Dossier

L'argent liquide, voué à s'évaporer ? par Edouard Volatier La « petite monnaie », les « pièces jaunes », « le liquide » des termes qui peut-être ne seront plus utilisés d’ici plusieurs dizaines d’années. Selon un rapport de la Banque Centrale Européenne, 68 % des achats réalisés en France se font par l’intermédiaire du paiement en espèces. Bien que le chiffre paraisse élevé, le doute plane quant au devenir de l’argent liquide qui comprend la monnaie fiduciaire, scripturale et métallique.

ACTUALITÉ

La Suède : précurseur de la monnaie numérique

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D’ici à 2030, en Suède, il ne sera plus possible d’acheter sa baguette de pain avec de la petite monnaie. D’après le groupe Insight Intelligence, le pays scandinave observe une baisse de l’utilisation de la monnaie de 25 % depuis 2010. Friands de nouvelles technologies, 36 % des Suédois reconnaissent utiliser l’argent liquide seulement 2 ou 3 fois dans l’année. La couronne suédoise laisse place à Swish, une application créée en 2012 au plus de 6,5 millions de fidèles, qui permet de payer grâce à son smartphone, outil devenu quasiment indispensable dans les sociétés contemporaines. Bien que la disparition ne soit pas totale et immédiate, la Banque Centrale Suédoise réfléchit à la création d’une e-couronne afin de dématérialiser les opérations de paiement, enterrant en même temps les pièces traditionnelles.

Les Français attachés aux liquidités Du point de vue français, la situation n’est pas aussi avancée. Selon une enquête réalisée en 2016 pour la BCE, 68 % des achats en magasins sur de petites sommes sont effectués en liquide. La France fait mauvaise figure pour les puristes de la monnaie traditionnelle. Les Allemands payent à 80 % leurs achats en liquide et les Espagnols, grands champions, à 86 %. Pourtant, l'abandon progressif du liquide est conseillé par le comité d’experts chargé par le gouvernement de réfléchir à des pistes de baisse de la dépense publique. Ainsi, la

disparition des pièces de 1 et 2 centimes est préconisée. Un des arguments avancés par ce comité est le prix de fabrication de la pièce de 1 centime qui est supérieur (1,2 centime) au prix affiché. Le rapport CAP 22 affirme que ces mesures permettraient de faire des économies et de lutter contre la fraude fiscale. Paradoxalement à ces rapports, la BCE indique que la demande en billets a augmenté de 7 à 10% entre 2016 et 2017. Ces chiffres ne risquent pas de baisser avec l’arrivée récente du cash back, offrant la possibilité aux français de retirer de l’argent liquide aux caisses des supermarchés.

S'adapter ou disparaître Cette tendance à la dématérialisation de la monnaie et au poids croissant du numérique dans les opérations de paiement s’observe avant tout dans les pays développés. La population et les différents domaines qui structurent et dynamisent ces pays se trouvent dans l’obligation d’une adaptation efficace et parfois originale. En Angleterre par exemple, l’Eglise Christ Church East Greenwich s’est dotée d’un lecteur de carte sans contact pour recevoir les offrandes des fidèles. Cette évolution est à mettre en parallèle des déclarations du gouvernement qui interdit aux commerçants de faire payer des frais aux clients qui utilisent le paiement par carte. Même les musiciens de rue semblent passer le cap comme Charlotte Campbell à Londres qui a investi dans un lecteur carte. Le

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hasard fait à merveille les choses puisque c’est une entreprise suédoise qui gère ces paiements, iZettle. Le musicien branche l’appareil à son smartphone et l’opération s’effectue. Le Maire de Londres Sadiq Khan encourage la démocratisation de ces appareils pour promouvoir les talents de rue londoniens. L’association Busk in London accompagne les intéressés dans leur

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démarche afin d’acquérir le matériel nécessaire, la gratuité n’étant pas encore garantie.

Finalement, que doiton en conclure ? De prime abord, les liquidités sont encore perçues aujourd’hui comme un aspect essentiel de l’économie, au point que certaines personnes n’ont pas de carte bancaire, comme les retraités par exemple.Sans l’argent liquide, il ne serait plus possible de laisser ce fameux « pourboire » au serveur ou tout simplement à l’artiste de rue qui n’aura pas eu la possibilité de se procurer les commodités nécessaires. La confiance dans ce type de paiement est très forte et de ce fait, il n’est pas envisageable pour certains de voir disparaître cette représentation physique de l’argent. De plus, l’argent liquide garantit l’anonymat et la vie privée, ce qui nous permet de ne pas être tracé en permanence. Enfin, le paiement par carte a tendance

à faire oublier à l’utilisateur que son compte bancaire n’est pas un puits sans fond, lui faisant courir le risque du découvert tant redouté. Cependant, la dématérialisation permettrait un contrôle plus strict des fraudes, tel que le paiement au black, l'évasion fiscale, le trafic illicite... La sécurité en serait renforcée par le fait qu’il est possible de bloquer sa carte, les banques étant en permanence obligées de développer leur cyber-sécurité. Plus besoin de porter dans ses poches les pièces qui pèsent lourd et les billets qui s’envolent. Il faut ajouter à cela le fait que la fabrication a un coût financier et écologique: le papier ainsi que les métaux rares sont indispensables à la fabrication de la monnaie. Enfin, dans un monde ou l’interconnexion liée au numérique et au transport n’arrête pas son développement, il n’y a plus besoin de changer sa monnaie lorsque l’on va dans un pays étranger. La solution n’est pas écrite, elle est dépendante de l’évolution des mœurs et des techniques. L’argent, s’il venait à disparaître, a encore de beaux jours devant lui.

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Dossier

Hyperinflation en Argentine

« La seule façon d'économiser de l'argent, c'est d'économiser en dollars ou en euros. » par Louise Hervieux Forte inflation, baisse du pouvoir d’achat, dégradation des services publics, c’est une grave crise économique qui s’abat sur l’Argentine. Crise qui s’est fortement accentuée ces derniers mois : entre janvier et août 2018, le Pesos perdait la moitié de sa valeur. Alors qu’en 2000, les deux monnaies avaient un rapport équivalent, un dollar vaut aujourd’hui 37,50 pesos. Nous sommes allés à la rencontre d’un jeune travailleur, Nelson Fermín Trilles, pour tenter de comprendre les répercutions que peut avoir cette crise sur le quotidien des Argentins. Venant de San Fernando, province de Buenos Aires, il a effectué des études supérieures dans l'optique d'un emploi en tant que technicien en sécurité et en hygiène. Il a par la suite travaillé pendant six ans chez McDonald avant de devenir coordinateur de service dans la restauration. Il travaille aujourd’hui avec les animaux et promenant des chiens.

L.H : Bonjour Nelson. Le pesos n’a fait que chuter depuis janvier 2018. Quelles ont été les répercutions en Argentine ? Nelson Fermín Trilles : « La méga dévaluation que subit aujourd'hui

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le pays est la principale raison de l'évolution des prix, des services publics et de la diminution des salaires. Les gens protestent, le pays proteste contre le gouvernement. C’est la quatrième grève générale sous ce gouvernement. »

L.H : Peux-tu nous parler du pouvoir d’achat en Argentine ? Certains produits ont-ils été davantage touchés par l’inflation ? N.T : « Les gens achètent moins de nourriture avec la même quantité d’argent. Ceci est dû à deux facteurs déterminants, l'inflation et l'indexation du pesos sur le dollar. Le problème est qu'aujourd'hui un paquet de nouilles peut coûter $22. Demain, s'il y a une hausse du dollar, peut valoir par exemple $25. Les prix augmentent de jour en jour en fonction de la valeur du dollar. Le

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Dossier gouvernement de Mauricio Macri suggère que pour compenser l'augmentation du dollar, les gens devraient payer une prime supplémentaire sur la facture de gaz pour les mois d'avril et mai pour compesser l'effet de l'inflation. C’est incompréhensible de payer un supplément pour une facture datant de 6 mois. Les derniers aliments qui ont le plus souffert des augmentations sont tous ceux qui proviennent du blé, comme les nouilles ou la farine. Ce sont des matières premières fondamentales pour la production du pain. Et ces augmentations sont générées parce que le gouvernement a imposé une augmentation des retenues sur les bénéfices agricoles. On retient quatre pesos pour chaque dollar exporté à un agriculteur qui vend du blé à l’extérieur. Dans le cas du soja, il aura à faire une part de 18

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%. »

L.H : La hausse du dollar a-t-elle eu une implication sur le marché de l’emploi ?

L.H : Les Argentins sont-ils contraints à économiser de l’argent dans une monnaie autre que le pesos ?

N.T : « Oui, étant donné qu'il y a beaucoup de PME qui ont été fermées à cause de la hausse du dollar. Dans certains cas, ces PME doivent importer des matières premières payées en dollars. Et cela conduit à la fermeture de certaines usines ou tout simplement à des licenciements de travailleurs du fait de l’incapacité à payer leurs salaires. »

N.T : « Oui, la seule façon d'économiser de l'argent, c'est d'économiser en dollars ou en euros. En pesos, vous ne pouvez pas épargner parce que si vous le faites, vous finirez par dévaluer votre épargne. »

L.H : Et au niveau politique ? Y-a-t-il eu un changement ? Un tournant de la rigueur ?

N.T : « La réalité, c'est que de nombreux travaux sont produits et qu’ils sont prévus pour l'année prochaine, étant donné qu'il s'agit d'une année d'élections. En fait, le pire n'est pas encore arrivé: c'est toujours au mois de décembre avec le début de l'été. Alors seulement, on saura si les augmentations répétées des services publics ont servi à éviter des coupures de courant inopportunes ou s’ils ont seulement augmenté les tarifs pour que les entrepreneurs gagnent plus d'argent. Un autre problème est l'augmentation des prix des moyens de transport: le tarif augmente presque tous les mois. »

N.T : « Si nous comparons au gouvernement précédent, celui de Cristina Fernández de Kirchner, nous constatons un changement total. En fait, c'était le slogan de la campagne : CHANGEONS. Je peux dire aujourd'hui que ce gouvernement, puisqu'il est au pouvoir, n'a fait que rendre les entrepreneurs plus riches et la classe moyenne plus pauvre. Face à cette dernière crise économique, le gouvernement a inversé la tendance et supprimé des subventions pour les retraités et les femmes enceintes, en leur donnant une prime de 1500 $ pour qu’ils ne souffrent plus des augmentations. Cette prime peut vraiment être considérée comme une aide mais, dans de nombreux cas, elle est insuffisante. Insuffisante étant donné que le dernier indice de pauvreté en Argentine indique qu'il y a 28% de pauvres... »

L.H : Les services publics ont-ils été affectés par la crise économique ces derniers mois ?

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Dossier

L’écologie peut-elle être rentable ?

PLANÈTE

par Suzie Bernard-Meneguz

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Aujourd’hui, deux crises majeures semblent être au cœur des préoccupations : la crise économique et la crise écologique. Dans les médias, les discours politiques et même les dîner de famille, on oppose souvent les deux. L’activité économique est accusé de détruire la planète et les revendications écologiques sont fustigées car elles feraient obstacle à la croissance. Cependant, pouvons-nous réussir à concilier les deux et à trouver une solution commune à ces deux crises ? La mode est à l’écologie et les producteurs commencent à le comprendre et à en profiter. Les restaurants végétariens se multiplient, les rayons bio se font de plus en plus nombreux dans les supermarchés, etc. En ce sens, il paraît intéressant de se lancer dans un commerce tourné vers l’écologie, qui pourrait se révéler très rentable. Pour tenter de rentabiliser l’écologie ou "d’écologiser" la croissance à plus grande échelle, le concept

de croissance verte a été créé. Le site de l’OCDE la définit comme le fait de “promouvoir la croissance économique et le développement tout en veillant à ce que les actifs naturels continuent de fournir les ressources et services environnementaux dont dépend notre bienêtre.” Les deux prix Nobel 2018 d’économie ont d’ailleurs été décernés à deux américains précurseurs de cette croissance. Pourtant, continuer à produire tout en veillant à respecter l’écologie, cela paraît être une idée utopiste. En effet, début août, les ressources naturelles que la planète peut produire en un an avait déjà été consommées. Or, l’économie dépend directement de ces ressources, c’est-à-dire d'un capital naturel. Les entreprises sont directement dépendantes de ce capital, qu’il est indispensable de préserver. Alors comment convaincre les entreprises de se convertir à la croissance verte ? Premièrement en leur montrant que celle-ci n’est pas forcément incompatible avec leur

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chiffre d’affaire. Bob Willard a notamment étudié la rentabilité du développement durable pour les entreprises et a constaté que les entreprises pouvaient en tirer bénéfice. Par exemple, une entreprise peut gagner beaucoup à économiser l’énergie et à limiter ses déchets, puisque cela revient à limiter ses dépenses. En outre, les académistes Stuart Hart et Mark Milstein ont démontré qu’avoir une démarche en faveur du développement durable et plus précisément de l’écologie permettait aux entreprises de faire du profit : ce nouvel objectif permet de stimuler l’innovation et ainsi d’augmenter les valeurs. D’autre part, une démarche écologique peut améliorer la réputation d’une entreprise et réussira à rassembler des partenaires. Elle pourra également avoir une influence sur le marché puisque les entreprises créeront de la concurrence avec les autres entreprises, ce qui les poussera donc elles aussi, à adopter une démarche écologique. Il faut

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aussi rappeler aux entreprises que le plupart du commerce est lié à l'écologie et qu'il est dans leur intérêt de préserver l'environnement

Une économie écologique

situation de plus en plus courante pour les entreprises. Les deux sont étroitement liées. Pour une protection de l’environnement dans le cadre du développement durable, il vaut mieux que l’économie devienne écologique et pour se faire, que l’écologie devienne rentable.

Concilier l’écologie avec l’économie n’est donc pas impossible, ni même risqué et pourrait d'ailleurs être une

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"L’art pour l’art"-gent

CULTURE

par Léa Freling

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Coup de tonnerre chez Sotheby’s : samedi 6 octobre quelques minutes seulement après avoir trouvé un acquéreur, « Girl with Baloon », célèbre œuvre du graffeur britannique Banksy, vendue pour 1,04 million de livres, s’autodétruit en pleine salle des enchères. « We just got « Banksy-ed » », a réagi Alex Branczik, responsable de la maison d'enchères, visiblement peu étonné par cette mascarade. Pourtant, le doute et le scepticisme s’emparent du monde de l’Art. Compte tenu de la carrière militante du peintre, l’hypothèse d’une simple performance artistique paraît peu plausible. En 2017, après la vente de trois de ses tableaux, Banksy avait relayé sur les réseaux sociaux une caricature moquant la commercialisation de ses propres œuvres. Si cette vente a pris les contours d’une performance artistique, ne serait-ce pas, au final, pour mieux saborder la logique mercantile de tels évènements ? Art rime certes avec dollars, mais cette marchandisation du génie créatif soulève de nombreuses questions. Toutes les semaines, le marché de l’Art contemporain fait les gros titres de la presse : cotes qui s’affolent, ventesrecord … Depuis quelques années, on ne peut que constater l’incroyable amélioration des indicateurs de stabilité et de performance du marché, amélioration lui permettant désormais de rivaliser avec d’autres marchés boursiers sur le long terme. Aujourd’hui, au niveau mondial, le volume des transactions qu’il génère est estimé à près de 50 milliards d’euros. L’Art est incontestablement devenu un véritable business. En

son sein, est véhiculée l’idée selon laquelle chaque œuvre d’art est une opportunité de réalisation de gains importants. C’est donc un secteur qui offre de belles perspectives pour fructifier son patrimoine et le diversifier. Certains établissements bancaires haut de gamme l’ont bien compris et se dotent de départements spécialisés dans la gestion de patrimoine « artistique ». Pour autant, les œuvres d’art sont encore loin d’être de nouvelles valeurs refuges. Le marché de l’Art est surmonté d’une bulle spéculative où les plus-values se désagrègent aussi rapidement qu’elles se constituent. Cette incertitude permanente conditionne le comportement des acquéreurs qui cherchent alors à sécuriser leurs investissements en se basant sur des critères parfois arbitraires. La jeunesse de l’artiste est l’un d’eux. La sociologue Séverine Marguin explicite cette sélection et fixe à 40 ans la « date de péremption » d’un artiste sur le marché. Le sort des œuvres d’art et de leurs géniteurs repose donc sur quelques coups de marteaux engendrés par une poignée d’acheteurs en quête de profit. Une logique « perverse » finit par contaminer les artistes et la production artistique en elle-même. En effet, si la disqualification par le critère de la « beauté » est un obstacle que sait surmonter l’artiste chevronné, la dure « loi du marché » est une contrainte à laquelle il est beaucoup plus difficile de se soustraire. Il n’est pas juste question d’incompréhension ou de rejet esthétique, comme c’est le cas face à des profanes, l’artiste doit désormais transformer son génie, parfois le renier, pour répondre aux logiques

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Pour aller plus loin : Séverine Marguin (2013) « Les temporalités de la réussite : le moment charnière des quarante ans chez les artistes d’art contemporain» Sociologies David GALENSON (2000) « The Careers of Modern Artists. Evidence from Auctions of Contemporary Art » Journal of Cultural Economics, vol.24 Raymonde MOULIN (1992) L’artiste, l’institution et le marché, Flammarion

« rationnelles » de gain d’argent dont il devient victime. S’il veut prendre part aux hautes sphères du marché, il doit procurer le sensationnalisme qu’attendent tous les acquéreurs ; car si son œuvre suscite du désintérêt par son manque de rentabilité, son travail ne pourra être reconnu. Progressivement, un divorce s’opère entre la création et son essence. En 1911, Emile Durkheim écrivait : « Il existe des types différents de valeurs. Autre chose est la valeur économique, autre chose les valeurs morales, religieuses, esthétiques, spéculatives. Les tentatives si souvent faites en vue de réduire les unes aux autres les idées de bien, de beau, de vrai et d'utile sont toujours restées vaines ». Il semblerait pourtant que le marché de l’Art remette cette

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assertion en cause ; la valeur économique d’une œuvre éclipsant de plus en plus sa valeur réelle. Or aucun prix ne peut véritablement traduire la valeur intrinsèque d’une œuvre d’art. Aucune transaction économique ne peut pleinement se substituer à la satisfaction que procure la Contemplation. Contrairement à l’objet technique, l’Art ne répond à aucun intérêt pratique immédiat. Mais c’est là qu’il revêt toute sa richesse : l’Art est à lui-même sa propre fin. C’est, comme le disait Nietzsche, « un moyen illusoire mais nécessaire pour rendre la vie supportable ». En dépit autodestruction, d’une semaine

de

son moins après cet

évènement, la maison Sotheby’s a confirmé la vente de la toile. Cette dernière a même été renommée « Love is in the Bin ». Devenant une œuvre incontournable de l’Histoire de l’art, sa valeur s’en trouverait doublée. Si l'effet anti-spéculatif que l’on prête à ce trucage semble avoir échoué, la conclusion de cet achat met à minima en lumière l’absurdité d’un tel marché.

« un moyen illusoire mais nécessaire pour rendre la vie supportable ». Nietzsche

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Dossier

Sérénades monétaires Par Sawsane Djazouli

« Money, money, money »

Vous l'avez forcément déjà entendu ! Ce fameux « Money, money, money » susurré par un obscur groupe suédois à l'orée des eightees, période riche en tubes et en tendances vestimentaires que d'aucuns qualifieraient de douteuses. Si la plupart des hits du top 50 relate alors les mésaventures amoureuses malheureuses des uns et les nuits endiablées sur le dancefloor des autres, certains s'éloignent des sentiers battus et rebattus en abordant des thèmes plus triviaux, comme l'argent. Loin de se contenter de la simple répétition d'onomatopées sur des airs entraînants, certaines chansons offrent une véritable base de réflexion sur la question monétaire. “Money”m'intéressait particulièrement. Je me souviens m'être dit, ‘Bien nous y voilà, je dois maintenant décider si je suis réellement un socialiste ou non. […] Je suis devenu un capitaliste. Vous devez l'accepter.

Descente dans l'imaginaire de Picsou Avec « Money », Pink Floyd – pièce incontournable de la collection de vinyles de vos parents – nous offre une escapade musicale de moins de 6 minutes. Commençant comme un rêve sous acide de Picsou, vous assénant à coup de caisse enregistreuse, de pièces semblant tomber du ciel par milliers et de tickets se déchirant sur un rythme de guitare, la chanson se démarque d'ores et déjà par sa construction. Si cette avalanche « d'oseille » se fait moins pressante au fur et à mesure du morceau, elle revient de façon lancinante en arrière plan, comme pour rappeler la cupidité des hommes prêts à tout pour obtenir le moindre biffeton.

Construction digne d'un montage financier Autre détail notable : les morceaux figurant dans le haut panier des charts sont usuellement écrits en 4/4 – c'est à dire, en 4 noires par mesure d'après le jargon des musiciens, rythme de fait plus instinctif et facile à composer. « Money » repose quant à elle sur un rythme en 7/4, ou « rythme

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asymétrique », plus inhabituel, déstabilisant même, à l'image de la thématique abordée. Alors que le répertoire du groupe pourrait se résumer de façon assez schématique à la recherche du sens de la vie, des peurs et de la paranoïa qui nous guettent, ici, c'est le capitalisme qui bénéficie d'une vitrine d'exposition. A ce propos, dans une interview accordée en 1993 au magazine Observer, à l'occasion du 20e anniversaire de l'album « Dark Side of the Moon », Roger Waters déclare ceci :

C'est d'ailleurs non sans une pointe d'ironie que la fortune est abordée dans les paroles depuis devenues cultes : caviar, jet, achat d'une équipe de football, tous les clichés les plus nauséabonds étroitement associés à la richesse y passent. Plus ironique encore : la chanson figure sur l'album le plus vendu des Pink Floyd, et sans même avoir fait de mathématiques appliquées, il est facile d'imaginer que près de 50 millions d'albums vendus rapportent un sacré paquet de « money ».

"je dois maintenant décider si je suis réellement un socialiste ou non. […] Je suis devenu un capitaliste. Vous devez l'accepter"

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Grillz en or Mais puisque la musique ne se résume pas seulement à ceux qui se font les chantres du bon goût, il convient de faire un plongeon dans les tréfonds des playlists Skyrock. Bienvenue sur la planète MC. De notre trouble-fête d'aéroport préféré Booba, à ceux comme Nekfeu qui partage l'affiche avec la plus internationale des actrices françaises – et récemment l'une des plus controversées, Catherine Deneuve, pas un n'échappe à « l'appel du cash ». L'argent avant même d'être l'un des sujets de prédilection de nos poètes du XXIe siècle, est avant tout un objet d'ostentation. Clips où figurent Ferraris, champagne coulant à flot et bijoux clinquants font l'objet d'un catalogue plus que fourni. L'argent, c'est avant tout une marque de réussite, la récompense obtenue à l'issue d'un travail de longue haleine pour voir se dessiner un horizon autrement plus large que celui de la réalité dont on est issu. Néanmoins, il serait bien trop facile de se contenter d'une liste exhaustive de ceux vantant leur patrimoine se chiffrant en millions dans un vocabulaire aussi fleuri qu'inventif.

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Quand Stanley Milgram rencontre le

capitalisme

Lomepal, roi de l'égotrip parisien, au point même qu'il possède non pas un, mais deux alter ego, incarne de façon on ne peut plus littérale l'ambivalence qui caractérise nos rapports à la société de consommation. Dans « Pal pal », un clip coloré à l'ambiance kubrickienne, se rejoue la célèbre expérience de Milgram avec l'ajout d'une variable : celle d'une liasse de billets. Cette fameuse expérience vise à déterminer jusqu'où l'obéissance humaine peut être poussée, et ce même au détriment de l'un de ses contemporains – et accessoirement de sa morale. Il s'agit d'administrer des chocs électriques d'intensité croissante à une personne tiers sous une autorité nommément désignée.

Dans le clip, l'expérience prend la forme d'un jeu télévisé, sorte de Roue de la Fortune de l'extrême, où un binôme d'ingénus voit ses gains augmenter à mesure que l'un d'eux se destine à une mort lente et certaine. Plutôt que de proposer un énième ersatz de la célèbre expérimentation, Lomepal entend dénoncer les travers de la société capitaliste, poussant l'individu à désirer toujours plus que ce qu'il possède, alors même que son entreprise est vouée à l'échec. Société incarnée par un public robotisé, aseptisé, applaudissant comme s'il s'agissait d'un réflexe nerveux et à la recherche désespérée de la moindre distraction, aussi perverse soitelle. Pourtant, malgré son apparente inimitié envers le capitalisme, la conclusion apportée par le morceau s'interdit toute vision simpliste et dichotomique, lorsque le rappeur déclare : « Peut-être que la richesse, ça rend pas heureux, mais crois-moi la pauvreté, c'est un fleuve de douleurs ». Comme l'a fait Roger Waters avant lui, Lomepal renonce à une utopie où « l'argent ne [ferait] pas le bonheur », lui préférant somme toute, le pragmatisme.

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Dossier

Le refus du capitalisme dans les années 1970 à travers un hit planétaire : "Money", de Pink Floyd, par Paul Gelis

Pour les novices, ce titre de 1973 ne vous dit peut être rien. Pourtant, il vous semblera avoir déjà entendu l'intro mythique:

un bruit de caisse enregistreuse en boucle.

Petite contextualisation En 1972, le groupe Pink Floyd enregistre son huitième album et surement le plus abouti : The Dark side of the Moon. L'album marque un tournant artistique du groupe anglais qui se tourne peu à peu vers le rock progressif. Il évoque des sujets propre à l'ère du temps tels que le travail, la guerre et surtout l'argent. Le titre "Money" sort en single et popularise le groupe partout dans le monde. L'album sera le plus vendu de tous les temps derrière "Thriller" de Michael Jackson et "Back in Black" d'ACDC.

Analyse musicale Le titre commence donc sur un son de caisse enregistreuse. Elle s'ouvre ensuite à la basse et la batterie, piliers de la chanson, qui suivent un rythme en 7/8 assez inhabituel dans le rock. Ce rythme donne au titre un air de

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nonchalance et d'ironie que l'on retrouve ensuite dans les paroles. Le son distordu et raisonnant de la guitare ajoute une dimension psychédélique notamment durant le solo qui tient une place conséquente sur les 6 minutes du titre. Ce mélange instrumental crée alors l'atmosphère particulière et critique pouvant accueillir les paroles.

Les paroles Les paroles suivent de fait les revendications du rock de l'époque qui seront ensuite portées par le mouvement punk. La longueur de celles-ci est finalement assez courte pour la chanson mais elles sont d'autant plus remarquables puisque faciles à retenir et à repérer. Trois couplet composent le titre commençant tous sur le mot "Money" suivit d'une petite phrase qui vient le compléter : "get away", "get back" et "it's a crime".

Si l'on s'attache aux paroles en elles-mêmes, celles-ci nous préconisent en premier lieu de faire de l'argent sans scrupule et ne penser qu'à ça. On voit alors que le refus du capitalisme dans les années 70 est très similaire à celui d'aujourd'hui. En effet la critique générale à l'encontre des multimillionnaires aujourd'hui tourne toujours autour des mêmes objets de luxe comme le caviar, les belles voitures, hôtels 4 étoiles et équipes de football (les riches magnats du sport de l'époque n'étaient pas encore de riches émirs mais la critique est toujours la même puisque posséder une équipe de foot n'est pas à proprement parler utile, ce n'est que pur matérialisme, une autre facette du capitalisme moderne et de la société de consommation). Le second couplet aborde l'hypocrisie des plus riches, comme quoi ils font leurs affaires pour le bien commun: " do

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Dossier goody good bullshit". Encore ici, cette critique est très actuelle et peut faire penser aux attaques à l'encontre des grands PDG de multinationales qui exploitent dans leurs usines délocalisées des ouvriers sous payés, au seul motif qu'ils leur "donnent" un travail dans un monde où celui-ci se fait de plus en plus rare.

encore dans les Trente Glorieuses (même si on attribue ce terme plutôt à l'économie française) et donc que le marché du travail est toujours ouvert à l'embauche. Les paroles sont donc, dans une perspective diachronique, inscrites dans la continuité des

Le dernier couplet aborde les conséquences plus générales de l'argent dans notre société : "money, it's a crime", "money so they say, it's the root of all evil today". On voit ici une critique donc presque communiste ou anarchiste de refus du capitalisme. Pourtant il réside encore dans ce couplet une critique ironique et réelle du monde du travail avec la question du salaire et de l'augmentation.

Critique de fond Si les Floyd prétendent porter un message de refus et presque de rébellion, il est important de souligner que d'un point de vue historique, le choc pétrolier et la crise qui s'ensuivit n'a pas encore eu lieu et la chanson parait alors que l'économie américaine se situe

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années hippies sans le message de paix et d'amour (peace and love) de Woodstock. La partie instrumentale est quant à elle en rupture avec les sonorités planantes des 60's en prenant un rythme différent et anodin (venant plus du jazz dont on retrouve ici des paternes classiques). Toutefois, les Floyd reprennent le flambeau

psychédélique dans les albums suivant notamment avec The Dark Side of the moon. Ce titre lança comme nous l'avons vu le navire Floyd (comme Waters aimait dire) littéralement sur la Lune. Si plusieurs critiques sont possibles, Money reste et restera une pépite de l'histoire du rock. Pour les férus de ce genre musical, nous vous conseillons d'écouter, si ce n'est déjà fait, l'album entier pour le bien de vos oreilles et de votre culture. Rick Wright, le claviériste, nous indique qu'une des grandes sources d'inspiration de l'album fut Miles Davis, le célèbre trompettiste, et tout particulièrement l'album "Kind of Blue". Pour apprécier et comprendre la touche Pink Floyd, il faut écouter tout genre de musique, partant du jazz, passant par le rock progressif et psychédélique, les grands classiques (groupes qui émergent à l'époque comme Led Zeppelin) et finissant par la techno (une grande partie du genre est directement inspirée des 70's). Nous n'avons qu'une chose à dire: tous à vos casques !

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L'argent dans la corruption politique : vivons-nous dans un rĂŠgime digne d'House of Cards ?

TRIBUNES LIBRES

Par Pierre Bothorel

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« He chose money over power, in this town a mistake nearly everyone makes. Money is the McMansion in Sarasota that starts falling apart after 10 years. Power is the old stone building that stands for centuries. I cannot respect someone who does not see the difference. ».

Frank Underwood

Le politicien acharné de la fameuse série méprise l’Homme qui se tourne vers l’argent plutôt que vers le pouvoir, tout en sachant parfaitement utiliser à des fins personnelles cette envie irrésistible des meilleures têtes pensantes du pays. L’argent est le fondement même de notre société de consommation, et les politiques l’ont compris. Acheter des renseignements pour faire éclater des scandales, taire d’autres pour se protéger : la corruption ou la pression presque illégale exercée par certains au sein de notre République mérite d’être rappelée et soulignée. La politique est un domaine où l’argent joue un rôle central. Certaines de ces grandes femmes, certains de ces grands hommes, davantage intéressé.es comme le couple Underwood par des murs solides sur lesquels bâtir leurs empires plutôt que par une villa d’apparat, se sont servi de cet argent pour d’abord arriver au pouvoir puis ensuite tenter de s’y maintenir. C’est donc l’histoire de la corruption pécuniaire présidentielle au sein de la Ve République qui nous intéresse.

Vivons-nous en France dans un régime digne d’House of Cards ? OCTOBRE 2018

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Le premier exemple venant à l’esprit pourrait être le président Sarkozy. Les très sérieux doutes sur le probable financement illégal de sa campagne par le régime de Kadafi frappent l’opinion publique dès avril 2012. Les informations sont alors publiées par le journal Médiapart pendant l’entre deux tours. Si l’ancien chef de l’Etat déclare avec une assurance à toute épreuve lors du débat de la présidentielle suivante « Quelle indignité monsieur Pujadas, nous sommes sur le service public » alors qu'il est interrogé sur ses affaires de corruption en cours, les Français ne sont pas aveugles pour autant. Le dossier judiciaire avance, les preuves s’accumulent. Le document délivré par Moussa Koussa, ex-chef des renseignements libyens, dénonce un financement illégal de 50 millions d’euros pour la campagne de 2007. Une coquette somme dont la justice française n’a

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toujours pas conclu à ce jour s'il s’agissait d’un faux, et ce, après le dépôt de plainte de l’ancien président. Ziad Takieddine le porteur de valises, Choukri Ghanem l’ancien ministre du pétrole libyen et enfin Alexandre Djouhri pourraient tous prouver la véracité des financements. Cependant, Choukri Ghanem ne pourra pas être entendu par les enquêteurs : son corps est retrouvé dans le Danube le 29 avril 2012 en plein battement de la campagne française, alors que sa mort est décrite comme « hautement suspecte » par les services secrets américains. Quant à Alexandre Djouhri, celui qui a tout d’abord séduit Jacques Chirac pour ensuite se mettre au service de Nicolas Sarkozy, une de ses récentes écoutes téléphoniques paraît troublante et jette de nouveau l’opprobre sur la sincérité de l’ancien chef de l’Etat. C’est sa communication

avec Alain Marsaud, ancien député LR, qui déclare en 2015 au financier libyen si redouté par le président : « Personne ne veut que tu rentres en France, ils ont trop peur que tu parles. ». Entre possible meurtre, rallonges grasses sous les coulisses et prouesses d’avocats, la politique française sarkozyste pourrait être mise en relation avec celle d’un certain Frank Underwood, adepte de solutions « underground » pour le moins efficaces. C’est d’ailleurs du fait du poids des affaires et de la politique du « casse toi pauv' con » que le candidat est évincé par un président « normal » en 2012. Par ailleurs, il est bien plus compliqué d’impliquer le prédécesseur d’Emmanuel Macron avec quelques formes de corruption politique pécuniaire, même s’il est certain que ses ministres, eux, sont particulièrement critiquables. Jérôme Cahuzac et sa

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superbe déclaration les yeux dans les yeux à l’Assemblée font preuve de haute volée, mais l’affaire n’implique pas directement le président. Revenons plutôt aux loups de la politique, à un homme qui a

seulement possible de l'évincer aujourd'hui ? Rien n’est moins sûr. La démission fracassante de Nicolas Hulot à la rentrée exacerbe le pouvoir des lobbies et l’exaspération d’un ministre dévoué à sa tâche. En effet,

Tusk, mais la pression exercée par ce dernier a tout de même réussi à évincer un homme politique qui croyait profondément en la nécessité de son action.

connu de Gaulle, dont Pompidou fut le mentor, et dont Mitterrand fut le rival et président : revenons à Jacques Chirac, l’homme au scandale de la Mairie de Paris. Une affaire avoisinant les 30 millions de francs détournés aux bénéfices du RPR. Le Parquet condamne alors « Le meilleur d’entre nous », Alain Juppé, à 18 mois de prison avec sursis et Jacques Chirac à 2 ans également. « Détournement de fonds publics », « abus de confiance », « prise illégale d’intérêt » … Belle France du parti gaulliste, celle de l’homme souriant qui boit d’la bière et mange de la choucroute, celle qui serre les mains de ses agriculteurs et tape le cul des vaches au fameux salon parisien.

les lobbies ont une influence véritable sur les politiques du gouvernement et cela date d'avant l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée. Ainsi, à l’Assemblée nationale, ils sont 153 professionnels de l’influence en 2009, et à Bruxelles ils sont environs 30 000, soit en moyenne 40 par député européen selon le journal L’Express. Journal de gauche ou de droite, peu importe : l’information fournie par ce dernier nous permet de faire un parallèle certain avec le système américain.

donc bien présente. A l’heure de la révolution numérique les infos fusent, les buzzs explosent, l’indignation éclate et la rage bouillonne lors des scandales. L’opinion publique actuelle ne supporterait plus une fraude aussi explicite que celle de Jacques Chirac. Les dessous des cartes sont bien gardés, bien cachés, mais la presse détient un pouvoir grandissant que la communication présidentielle ne peut éteindre. Car la corruption politique aura toujours comme ennemi le reporter. Que ce soit le Washington Herald de Tom Hammerschmidt, Le Canard enchaîné ou bien encore le Mediapart d’Edwy Plenel, le journaliste continuera d’enquêter et de faire la critique du pouvoir. La bonne santé républicaine de la France d’aujourd’hui, tout comme celle de chaque pays, en dépendent grandement.

L’argent dans la corruption politique est donc un sujet de démocratie qui se doit d’être traité. Les faits historiques doivent être rappelés afin de tenter d’évincer cette dernière du paysage politique. Est-ce

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Bien que nos régimes diffèrent, nous nous rapprochons dangereusement d’un House of Cards à la française, historiquement et actuellement parlant. Est-ce que les politiques utilisent à la manière des Underwood ces lobbies, ces « hommes d’affaires » pour asseoir et maintenir leurs pouvoirs ? Je vous accorde que Thierry Coste n’a pas la stature d’un Raymond

La corruption en politique est

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La gratuité des produits hygiéniques : un grand pas pour le confort des femmes en Ecosse par Margot Philippe

FÉMINISME

« Les protections périodiques seront gratuites pour toutes dans les écoles, les collèges et les universités » C’est ce qu’a déclaré le 24 août dernier Nicola Sturgeon, Première ministre d’Ecosse. Son pays mettra ainsi à disposition d’ici août 2019 des produits périodiques pour les élèves et étudiantes. C'est la première fois dans le monde qu'un pays se mobilise pour fournir ce type de produits aux femmes, écolières, lycéennes ou étudiantes vivant sur son territoire. Pour financer ce grand projet, qui devrait toucher environ 400 000 femmes, un fond d'environ 5,8 millions d’euros a été créé.

« Il est tout à fait inacceptable que des femmes ou des filles n’aient pas accès aux produits périodiques en Ecosse en raison de difficultés financières ». Ces propos d’Angela Constance, ancienne Secrétaire d’Etat à l’Egalité, visent un problème présent en Ecosse et ailleurs : la précarité menstruelle. Une

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écossaise sur cnq a en effet des difficultés à payer des produits périodiques tous les mois. Aujourd’hui dans le monde, plus de 500 millions de femmes et de filles n’ont pas les moyens matériels de gérer dignement leurs règles. Cette initiative permettra donc à des milliers de filles de ne plus manquer les cours à cause de leurs règles, et pourrait peut être faire des émules en Europe et dans le monde entier.

Les règles : un budget à part entière Une étude britannique menée

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auprès de 2134 femmes entre 18 et 45 ans au cycle régulier a permis d'évaluer le coût total des règles dans la vie d'une femme. En prenant une moyenne mensuelle de 56,25€ (comportant les achats de serviettes et tampons mais aussi d'anti-douleurs et de pilules régulatrices non remboursées, ou encore le paiement de consultations médicales pour les ordonnances), on a pu obtenir un total annuel de 675 euros. Si l’on prend en compte le fait qu’une femme a ses règles environ 450 fois dans sa vie, cela donne un total d'environ 23 500 euros sur toute une vie. Toutes les femmes ne se reconnaitront peut-être pas dans ces chiffres, mais là encore il s’agit

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d’une moyenne. En France, la dernière mesure concernant le coût de ces produits date de 2016. En disant enfin « oui » à la baisse de la « taxe tampon », l'Assemblée nationale avait finalement reconnu les tampons et les serviettes comme des produits de première nécessité. En effet, ils étaient jusque là catégorisés comme des « produits de luxe » et étaient porteur d’une taxe de 20%. Même si une mutuelle étudiante propose depuis peu de rembourser 25 € de produits hygiéniques par an, la France - et le reste du monde - ont encore beaucoup de progrès à faire concernant ces dépenses qui pèsent

tout de même sur la moitié de la population mondiale. L’Écosse, pays pionnier en matière d’accessibilité aux protections périodiques, apparaît ainsi comme un exemple à suivre pour les autres gouvernements.

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Dossier

Le collectif copines vous explique... l'indépendance financière des femmes, par Laure Dongan-Boulanger Il n'est pas rare d'entendre que le féminisme n'est plus utile, car l'égalité hommefemme a été atteinte. La France, « pays des droits de l'Homme », se pose aussi comme pays des droits de la femme et de l'égalité acquise des sexes. Nous sommes pourtant bien loin du compte, et il n'y a sûrement rien de mieux que l'histoire de l'indépendance financière des femmes pour le prouver. Longtemps, ces dernières ont été considérées comme des mineures, à la charge et sous le contrôle des hommes de leurs familles ; sous Napoléon, les femmes mariées étaient même considérées comme « incapables majeures ». Aussi, l'acquisition d'une plus grande indépendance

La première date marquante dans la lutte vers une plus grande indépendance financière est 1791, lorsque les femmes obtiennent le droit d'héritage. Mais cette première victoire est à nuancer. Seules les femmes célibataires ou veuves peuvent disposer de leurs biens. Ceux-ci ne leur appartiennent plus une fois mariées. La seconde avancée importante a lieu avec une loi de 1881 qui autorise les femmes mariées à ouvrir un compte d'épargne sans l'autorisation de leur mari. Mais pour y mettre quel argent ? Les quelques biens qu'elles ont? Leurs salaires? Alors que leur présence sur le marché du travail demeure encore faible ou du moins non reconnue, et qu'il existe encore la notion de « salaire féminin » ? Et d'ailleurs, ce salaire, elles n'en obtiennent la libre disposition qu'en 1907. C'est la Première Guerre mondiale qui marque un tournant important vers l'indépendance financière et une reconnaissance du travail féminin et de la place des femmes

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dans la société. Les hommes au front, c'est aux femmes de faire tourner le ménage, en plus de participer activement à l'effort de guerre. Les femmes prouvent, en s'attaquant à cette double tâche, leur capacité à effectuer le même travail que les hommes et à gérer l'argent du ménage. Il faut cependant attendre l'aube du second conflit mondial pour que les femmes obtiennent, en 1938, le droit de gérer leurs propres biens. Après l'obtention du droit de vote en 1944, en 1946, la notion de salaire féminin n'existe plus, « à travail égal, salaire égal »… Du moins en théorie. Enfin, les années 1960 parachèvent la lutte pour l'indépendance financière avec deux lois. Le 13 juillet 1965, toutes les femmes sont autorisées à ouvrir un compte et à travailler sans l'autorisation de leur mari. Avant 1965, ce droit était réservé aux femmes célibataires ou veuves, et aux femmes mariées ayant signé un contrat de mariage les autorisant, ironiquement, à ouvrir un compte et à travailler

1791

lutte POUR une plus grande indépendance financière

1881

autorise les femmes mariées à ouvrir un compte d'épargne sans l'autorisation de leur mari

1938

le droit de gérer leurs propres biens

1944

l'obtention du droit de vote

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Dossier

sans l'autorisation préalable de leur époux. En 1967, finalement, les femmes peuvent entrer dans la Bourse de Paris et spéculer.

L'égalité n'existe en réalité toujours pas Cet historique révèle une égalité durement acquise. Ce que la situation actuelle révèle, c'est que cette égalité n'existe en réalité toujours pas. Il ne semble pas possible de parler d'indépendance financière quand on sait que les femmes gagnent entre 18% et 26% de moins que leurs homologues masculins, et qu'en terme de retraites cet écart peut-être de 55%. Les femmes sont donc moins à même de vivre correctement sans le soutien financier d'un homme qui gagne plus. De plus, les statistiques révèlent qu'à moins que la

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femme ait un salaire plus élevé, les couples hétérosexuels ont tendance à avoir un compte joint. Ces derniers représentent, pour certains chercheurs, une manière de concilier le rôle masculin de pourvoyeur principal des revenus avec l'idéologie d'égalité en facilitant l'accès des femmes aux ressources monétaires de leur conjoint. De ce point de vue, la femme, certes plus indépendante, ne l'est pas entièrement. Enfin, il est bon de noter que le salaire des femmes demeure le plus souvent alloué aux achats alimentaires

et du quotidien, tandis que c'est celui de leur conjoint qui finance les investissements. Dans une société encore patriarcale et hétéronormée, il nous reste donc un long chemin à parcourir.

les femmes gagnent entre 18% et 26% de moins que leurs homologues masculins

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Les sportifs gagnent-ils assez d’argent ? par Clément Aubry La question posée de la sorte va, sans doute, en faire bondir certains. Mais à toujours poser cette fameuse question « Les sportifs gagnent-ils trop d'argent ? », cela ne vous a-t-il jamais frappé l'esprit que la question pouvait être renversée ?

SPORT

Des situations disparates

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Certains sports dominent aujourd'hui le paysage du sport, sur le sol français comme dans le monde. Le football en est le symbole quasi-exclusif en Europe, comme peuvent l'être le basket-ball ou le football américain aux États-Unis. Néanmoins, parler d'argent dans le sport en prenant uniquement ces sports comme référence occulte la réalité de nombreux sportifs qui, au quotidien, sont tiraillés entre la pratique de leur sport, dans l'optique d'obtenir des résultats probants, et la nécessité pour eux de travailler à côté pour subvenir à leurs besoins. Le revenu mensuel moyen d'un sportif de haut niveau en France s'élève certes à 4378€ bruts par mois mais il cache néanmoins de grandes disparités selon les disciplines et ne dit rien du rythme de vie quotidien des sportifs, ainsi que de leur santé mentale. Par exemple, si les 50 sportifs français les mieux payés se partagent près de 430 millions d'euros selon des chiffres publiés par L'Équipe, la plupart des athlètes français ne sont

pas logés à la même enseigne. Ainsi, Jean-Pierre Karaquillo, directeur du centre d'économie et du droit du sport de Limoges (CDES), affirme dans les Échos que le « 3e ou 4e perchiste français aujourd'hui vit avec 900 euros par mois ». De même, près de 40 % des sportifs français présents aux Jeux de Rio en 2016 vivaient sous le seuil de pauvreté. Plus loin de nous, en 2012, un rapport du Sénat indiquait qu'entre 2500 et 3000 sportifs de haut niveau percevaient moins de 1300€ bruts par mois, très loin des 73.000€ mensuels pour un joueur de Ligue 1 en moyenne en 2018. Pour ces sportifs, la quête de subventions, de la part des collectivités ou du ministère des Sports, sont essentielles pour leur développement et leur maintien au haut niveau. Car, contrairement à d'autres nations, les sportifs français sont, le plus souvent, nonrémunérés par leur fédération et ne peuvent se consacrer exclusivement à la pratique de leur sport. Un handicap qui pourrait se ressentir davantage en termes de résultats dans les années à venir si rien n'est fait.

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Repenser le modèle sportif français Ces questions de rémunération des sportifs, en particulier en France, font l'objet d'âpres discussions au moment où, dans l'optique des JO de 2024, Laura Flessel fixait un objectif de 80 médailles l'an dernier. Un objectif qui apparaît caduque aujourd'hui, alors que le budget du ministère des Sports a diminué de 30 millions d'euros (450 millions d'euros). Une annonce qui fait bondir le milieu du sport, représenté en premières lignes par les athlètes, symboles de ce numéro d'équilibriste quotidien entre travail et entraînements. « J’ai peur pour l’avenir du sport français. J’ai toujours eu l’impression qu’on voulait des grands sportifs mais qu’on ne s’en donnait pas les moyens » déclarait récemment Kévin Mayer

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sur France Inter à l'instar d'un porte-parole des « moins aisés » du milieu sportif français. Cette inquiétude partagée est issue de la menace de suppression de 1600 postes de CTS (conseillers techniques sportifs), expression assez large qui regroupe les éducateurs sportifs, les

Directeurs techniques nationaux (DTN), et des entraîneurs. Car ces suppressions auraient des retombées forcément négatives sur la plupart des fédérations sportives, qui ne pourront pas s'acquitter des salaires de ces

« équivalents temps plein ». C'est donc l'accompagnement des sportifs de haut niveau qui est menacé, mais également l'ouverture du sport à tous ainsi que la formation des sportifs de demain. Autrement dit, c'est la démocratie du sport, la possibilité de s'élever dans la société par le biais de ses capacités physiques, intellectuelles et tactiques, qui sont mises en danger. Aujourd'hui, le choix des économies semble primer sur l'objectif de performance. La grande impulsion donnée par la nomination de Paris à l'organisation des JO de 2024 est donc bien retombée. Les succès de sportifs tels que Teddy Riner, Kevin Mayer ou Martin Fourcade ne sont que les arbres qui cachent la forêt. Et la forêt peine à voir la lumière émerger en son sein. Du moins, si les choses restent en l'état.

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Donbass, le portrait d'une guerre, un film de Sergeï Loznitsa par Victor Nagy Dans une petite ville de l'est de l'Ukraine, au cœur du Donbass, un prisonnier loyaliste est emmené par un soldat séparatiste. Le drapeau ukrainien ironiquement noué autour du cou, il porte sur la poitrine une pancarte "Volontaire du bataillon punitif". Les soldats l’emmènent à un arrêt de bus, au centre de la ville, à la vue de tous. Les deux hommes, le prisonnier et le geôlier, se ressemblent : même accoutrement militaire rafistolé, même expression triste et digne. Tous deux ont la cinquantaine, et une barbe blanche. Bien trop vieux pour être soldats. ils s'évitent du regard. Les minutes passent, puis la foule commence à s'intéresser à eux. L'humiliation commence. Des jeunes d'abords, qui se prennent en photo avec le prisonnier. Des mères de famille ensuite, qui viennent reprocher leurs morts au soldat ukrainien. On l'accuse d'être un mercenaire, un traître, un assassin, un tueur d'enfant. On le frappe, on le roue de coups. Le geôlier n'intervient pas, reste impassible, le regard triste dans le vague. Un milicien de passage frappe le prisonnier d'un,

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de deux coups de crosse. On veut le mettre à mort. Le geôlier finit par intervenir, et la foule l'insulte, remet en question sa loyauté. Devant le déchaînement de violence, il décide de mettre fin au calvaire du prisonnier. Il emmène son ennemi si semblable, à demi conscient, loin de la hargne d'une foule blessée,

sentiment d’impuissance, témoins impotents d’un drame qui se déroule en Ukraine, aux marges de l’Europe, si proche de nous. Tout est proche de nous dans ce film : chacun des personnages est profondément humain, et le spectateur ressent tout de front, leurs émotions, la haine, la guerre. La peur et la honte du prisonnier, mais aussi sa fierté. La froide compassion du geôlier séparatiste pour cet homme qui est à la fois son semblable et son ennemi. La haine d’une foule qui trouve enfin un exutoire à la haine qu’elle subit jour après jour. Le spectateur peut s’identifier à chacune de ces figures, toutes victimes d’une guerre incomprise.

L’omniprésence de la guerre, l’impotence du témoin qui veut rendre coup pour coup à la guerre. Comme toutes les scènes du film de Sergeï Loznista, celle-ci s’étire dans le temps, au-delà du supportable. L’absence de musique et la caméra à l’épaule renforce encore l’immersion du spectateur, qui a l’impression de faire partie de la foule. Nous sommes assaillis par un

Cette guerre, vous n’en apprendrez rien en regardant ce film. Comme chacun des personnages, vous n’y comprendrez rien. Réduite à une vision si manichéenne qu’elle en est risible : « les fascistes contre les braves » disent les soldats qui tuent et qui meurent. La guerre est là, c’est tout. A vous de vous battre, de survivre, de faire le choix entre opportunisme et fierté, entre colère

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et résignation. Et de toutes façons, peu importe. Comme tous les personnages, vous n’y pouvez rien.

supplice de la scène. Mais même lorsque le plan change enfin, la guerre reste là. Elle est toujours là.

Le réalisateur ukrainien aurait pu prendre le parti de diaboliser l’Etat de Nouvelle-Russie, fondé dans le Donbass, une région ukrainienne. Il aurait pu encenser l’armée et les volontaires ukrainiens. Il aurait pu choisir de montrer des soldats russes sans drapeau massacrer des populations civiles innocentes. Il n’en a rien fait. Si la présence de la Russie n’est jamais évoquée directement, elle est palpable dans de nombreuses scènes. Les horreurs de la guerre ne sont qu’à peine montrées. Sergei Lozntisa ne filme que les survivants. C’est ce qui fait la force de ce film. Il y dénonce la Guerre, la guerre en Ukraine, bien-sûr, mais aussi la guerre en général. C’est, dans ce film, une entité permanente, omniprésente et omnisciente. C’est aussi une évidence : la phrase anodine d’un soldat séparatiste à un journaliste allemand reste longtemps dans la tête : « Qu’est-ce qu’on fait ici ? On fait la guerre, bien-sûr. »

Si le parti pris pro-ukrainien de l’auteur est évident, la réalisation, elle, est neutre. Droite et fière. Tout est fait pour que le spectateur s’identifie à chacun des acteurs. Et ça fonctionne extrêmement bien. Dans la salle de cinéma, on frissonne quand le vent souffle en Ukraine, on plisse le nez quand l’odeur de renfermé et de moisissures des abris anti-bombes n’est plus supportable. On va serrer le poing quand un honnête citoyen va se faire confisquer sa voiture par l’armée, puis rire (un peu crispé) avec cette même armée de l’incompréhension de l’homme, qui pense du début à la fin qu’il lui suffira de signer un papier pour récupérer sa jeep. Donbass est un film terrible, qui maîtrise à la perfection tous les codes du cinéma, au point qu’on

l’oublie, qu’on se sent là-bas, à endurer jour après jour la guerre. Sergei Loznitsa c’est fait en grande partie reconnaître grâce à des documentaires (Maïdan,(…)), et cette ouverture se retrouve dans le réalisation et les partis pris, à l’échelle la plus micro. Le film n’analyse pas. Il n’explique pas. Il n’interprète pas. D’un drame géopolitique, un vaste sujet à dissertation, Sergeï Loznitsa ne montre que les émotions. C’est un film qui sort le spectateur de sa zone de confort, qui abolit la frontière entre spectateur et témoin. C’est un film qui pousse les émotions si loin qu’elles en deviennent insupportables, tout en restant profondément humain. C’est un film à voir, non pas pour comprendre, mais pour ressentir. Le prisonnier loyaliste ukrainien doit affronter la haine de ceux pour qui il se bat, une scène terrible et profondément humaine.

Une réalisation épurée, au service de l’émotion brute Succession de scène sans lien directs entre elles, le film dresse des portraits immersifs du Donbass, de sa population, de ses enjeux, mais surtout de sa lutte pour la survie. Déroutant au début, à cause de l’utilisation permanente de la caméra à l’épaule, en plans fixes ou en plans séquences. Déroutant à cause de l’absence de musique, de procédés de réalisation, de montage, d’étalonnage ou de tout autre élément qui permettrait au spectateur de rentrer dans sa zone de confort, de se dire « c’est juste un film ». Déstabilisant, lorsque les plans durent et durent encore. On en vient à espérer que le réalisateur coupe l’image, qu’il mette fin au

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Ces femmes que la société par Louise Hervieux ne sait pas protéger « Sauvons celles qui sont encore vivantes » « Sauvons celles qui sont encore vivantes », c’est sous ce titre que Muriel Robin et 87 autres personnalités lancent un cri de révolte face à ce « silence assourdissant ». « Monsieur le Président, agissons pour que ces femmes ne meurent plus dans l’indifférence totale, pour que nous n’ayons plus honte de ces cadavres. » écrit-elle dans cette tribune. C’est une peur quotidienne, des bleus, des coups que subissent ces femmes. Moins visibles, ce sont également des mots, ceux qui vous transpercent de part et d’autre. Ceux qui vous détruisent. Les chiffres sont accablants : on estime qu’en moyenne 225 000 femmes seraient victimes de violences chaque année au sein de leurs foyers. En 2016, ce sont 123 femmes qui ont été tuées par leurs conjoints ou ex-conjoints en France. « Les chiffres ne baissent pas » en 2017 a déclaré Marlène Schiappa lors de son intervention sur RTL, le 1er octobre dernier. Elle annonçait également une série de mesures comprenant une campagne en direction des témoins, la création d’une plate-forme de localisation des hébergements d’urgence et de signalement en ligne des violences sexistes et sexuelles. Elle promet également l’engagement des premiers contrats locaux et une subvention de 120 000 euros à destination de la fédération nationale "Solidarité Femme" pour qu’aucun appel au 3919 ne reste sans réponse. Une

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évolution

juridique

est

également nécessaire. La législation française, dans sa définition de la légitime défense, ne semble pas tenir compte des femmes qui sont victimes de violences conjugales. Selon le Code pénal, n’est pas responsable pénalement une personne qui « devant une atteinte injustifiée envers elle-même ou autrui effectue un acte commandé par la nécessité de la légitime défense d'elle-même ou d'autrui ». Toutefois, le Code pénal ajoute le principe « d’immédiateté » : la victime devant réagir de suite. Cela faisant totalement abstraction de ces femmes qui ne se trouvent que très rarement dans la possibilité de réagir immédiatement face à un conjoint violent. Il serait temps, de prendre exemple sur la législation canadienne en créant « une légitime défense différée », qui permettrait à une femme, dans un contexte de violence conjugale, d’être acquittée si la riposte n’est pas simultanée aux coups. En état de légitime défense, ces femmes le sont en permanence ! « Pourquoi être restée ? », « Pourquoi ne pas avoir porté plainte ? » a-t-on entendu lors du déroulement du procès de Jacqueline Sauvage. Le téléfilm L’emprise, retrace la vie d’une femme battue et torturée durant ses dix-sept années de mariage. Plus les secondes de ce film passent, plus les réponses à ces questions nous semblent limpides. Nous découvrons le quotidien horrifiant d’Alexandra Lange et nous comprenons les emprises

dont les femmes battues sont les victimes : ces emprises physiques, financières, psychologiques et sentimentales. Mère de quatre enfants, elle tente de fuir. Toutefois dépendante de son époux alcoolique, elle finit par revenir. Son enfer se poursuit jusqu’au jour où, au fond d’elle, elle le sait, elle ne survivra plus. Elle décide d’agir, avant que ces violences ne lui soient fatales. « Je sais que mon histoire sera vue par des millions de gens, je veux qu’ils sachent, et qu’ils comprennent le terrible calvaire des femmes victimes de violences, l’emprise dont elles sont prisonnières et la mort à laquelle est condamnée une femme tous les trois jours en France. J’ai aussi voulu dénoncer le silence de tous ceux qui savent et qui se taisent, j’espère qu’après avoir vu ce que j’ai pu endurer, ils ne se tairont plus, plus jamais ! », Alexandra Lange.

« Je sais que mon histoire sera vue par des millions de gens, je veux qu’ils sachent, et qu’ils comprennent le terrible calvaire des femmes victimes de violences, l’emprise dont elles sont prisonnières et la mort à laquelle est condamnée une femme tous les trois jours en France. J’ai aussi voulu dénoncer le silence de tous ceux qui savent et qui se taisent, j’espère qu’après avoir vu ce que j’ai pu endurer, ils ne se tairont plus, plus jamais ! » PR POS


L'Emprise, de Claude-Michel Rome, 2015

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La strasbourgeoise, un vif succès marqueur de l’engouement des françaises pour les courses féminines par Mathilde Tanguy Il y a 51 ans à Boston, Kathrine Switzer était la première femme à courir un marathon bien qu’un organisateur de la course ait tenté de l’en empêcher en lui arrachant son maillot. Les femmes ne sont alors pas autorisées à concourir sous prétexte de leur « nature fragile ». Suite à cet exploit, Madame Switzer militera pour accorder une place aux femmes dans les compétitions sportives. En 1974, elle remporte le marathon (mixte) de Boston et obtient l’organisation d’un marathon féminin aux Jeux Olympiques de 1984. En 2016, la victorieuse marathonienne (ayant lutté pour milité pour un droit de courir) parraine La Parisienne, l’une des plus grandes courses féminines française.

Le changement de paradigme est bluffant : l’engouement des femmes pour ce type de course contraste fortement avec le combat mené par quelques rares sportives dans les années 1960. Le dimanche 7 octobre, une vague rose foulera le sol strasbourgeois pour effectuer un beau et pittoresque parcours de 5 kilomètres reliant la Petite France à la Krutenau. Depuis 2010, l’association des courses de Strasbourg Europe (ASCE) et l’Office des Sports de Strasbourg en partenariat avec Lilly organisent la Strasbourgeoise, une course à pied réservée à la gente féminine. Destinée à sensibiliser les participantes et

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les supporters aux nécessaires recherches sur le cancer du sein, elle s’inscrit dans l’actuel fleurissement des courses féminines à travers la France. La Bordelaise, la Grégorienne à Rennes et la Marseillaise rassemblent quelques milliers de coureuses tandis que la Parisienne, en partenariat avec l’association Odysséa, est la course au 2ème plus gros chiffre d’affaire derrière le marathon de Paris et regroupait 35 000 coureuses cette année.

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Pourquoi courez-vous les filles ? La Strasbourgeoise est un marqueur local de l’ampleur croissante prise récemment par les courses féminines en France. Effet de mode, importance portée à la santé, convivialité, aspect caritatif les raisons de ce succès abondent.

Une ambiance conviviale La convivialité et le partage sont préférés à l’esprit de compétition lors de ces rendez-vous féminins, ce qui explique en partie la participation croissante à ces évènements. Certaines courent pour le chronomètre, d’autres trottinent lentement mais toutes y trouvent leur compte. Vêtues de tee-shirt identiques, souvent roses, des femmes de tous âges (mises à part les plus jeunes, ce qui écarte les filles nées après 2004 pour la Strasbourgeoise) et de tous les milieux sociaux se

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retrouvent. Certaines portent même des déguisements ajoutant un côté ludique à la course. Ainsi, les inscrites peuvent solliciter des connaissances (de diverses sphères sociales) pour les accompagner, que cela soit des membres de la famille, des amies, des collègues de travail, etc. Les parcours d’environ 5-6 km sont accessibles à toutes, entraînées ou non, mais prêtes à consacrer une demi-journée de leur semaine pour une bonne cause. Un groupe de marcheuses part généralement après les coureuses afin de ne pas exclure celles qui ne souhaitent pas courir. La Strasbourgeoise prévoit ainsi un parcours pour la course à pied partant de la route de Vienne et un autre pour la marche partant du centre commercial Rivetoile. Le programme 2018 de l’évènement strasbourgeois comprend également plusieurs rassemblements tout au long du mois d’octobre, dit « rose » car consacré aux actions contre le

cancer du sein permettant aux coureuses de faire des rencontres avant la course afin de courir entourées de connaissances préalables mais aussi d’amies nouvellement rencontrées. Une sortie au plus grand Bike Park Indoor européen « Stride Strasbourg », une marche féminine franco-allemande reliant Strasbourg à Kehl ou encore un tour en canoë réuniront ainsi les participantes volontaires en amont de la course. Le weekend du 7 octobre, un « village » sera installé sur la place Kléber, contribuant à l’atmosphère chaleureuse et festive de la rencontre : de nombreux stands, des démonstrations de zumba, de gym suédoise, des échauffements collectifs et un espace bien être sont prévus.

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Divertissement

Le soutien d’une cause et la réalité économique des courses féminines Les coureuses se rassemblent dans la bonne humeur certes, mais aussi car cela « en vaut la peine ». Chacune de ses courses a également une réalité économique et initie des actions et des dons pour le soutien d’une bonne cause. Depuis la création de la Strasbourgeoise, 285 000 € ont ainsi été reversés pour la Lutte contre le cancer du sein. Solidarité et bonnes actions sont les mots d’ordre de ces évènements. Que cela soit le soutien des enfants malades par le biais d’associations tel MakeA-Wish (pour la Bordelaise) ou la lutte contre le cancer du sein par la promotion du dépistage organisé, chaque course a sa raison d’être. La Strasbourgeoise, comme l’indique son site officiel, soutient la lutte contre le cancer du sein grâce, notamment, aux frais d’inscription à la course s’élevant à 12€ dont 5€ sont reversés à la lutte contre le cancer du sein tandis que les 7€ restant couvrent des frais divers comme la TVA, les assurances ou le ravitaillement. Des frais de communication à la sécurisation du parcours, de la sonorisation du village aux frais de reprographie, les coûts d’organisation de l’évènement sont élevés. Outre l’aspect caritatif des courses féminines, leur réalité économique comprend donc également (par ces importants coûts d’organisation couverts par les frais d’inscription), les ressources de divers partenaires et sponsors et expliquant la présence nécessaire de nombreuses bénévoles. La Strasbourgeoise

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est ainsi sponsorisée par Sport 2000, la Caisse d’Epargne, Groupamama, New Balance etc. et appelle aux volontaires pour rejoindre son équipe de bénévoles.

« Girls only » D’aucuns critiques pointeront le caractère discriminant des courses féminines, à la fois pour les hommes qui ne peuvent souvent pas y participer mais aussi pour les femmes qui ne se voient réserver que de petites distances (ces dernières seraientelles incapables de courir 10 kilomètres ?). Si la gente masculine n’est souvent pas autorisée à s’y inscrire, le plus risible est peut-être d’autoriser les hommes déguisés en femmes à y participer, rameutant bons nombres de messieurs portant rouge à lèvres, tutus roses et ailes de fée pour l’occasion.

finalité ne serait donc pas la course en elle-même mais la pratique régulière d’une activité physique à partir d’une première expérience de la course à pied. Le running étant peu coûteux et accessible à tous, l’effet de groupe, le fait de ne courir que parmi des femmes sans jugement masculin ainsi que les entraînements préalables à la course inciteront sûrement bien des femmes à franchir le pas et à courir régulièrement par la suite. Pour les coureuses (et marcheuses) pas encore convaincues par ces arguments, elles pourront profiter de courses caritatives mixtes, comme la Course des Héros, évènement organisé à Paris, Bordeaux et Lyon pour l’année 2019. Peut-être que le développement de tels courses les mèneront… en Alsace ?

En réponse à ces critiques, nous pouvons évidemment évoquer l’ambiance bon-enfant pardonnant ces accoutrements comiques, mais surtout souligner que, bien souvent, seul le public féminin est concerné par les causes soutenues. Pour beaucoup de femmes, l’aspect caritatif peut prendre le dessus sur le caractère a priori discriminant de ces courses (sachant que toutes les autres courses organisées sont mixtes). Par ailleurs, la promotion du sport féminin est aussi un des objectifs poursuivis. Toutes les femmes ne prennent pas le temps de pratiquer une activité sportive (tous les hommes non plus pourriez-vous remarquer), mais ces courses peuvent encourager un public féminin non initié au sport à franchir le pas. En ce sens, la

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associations

Le WEI comme si vous y étiez par Léonie Fraulob et Camille Larminay Propos a infiltré – très discrètement - le week-end d’intégration des 1A et nouveaux 2A. Alors oui, merci le BDE merci, mais surtout merci à vous : le questionnaire post-WEI était tout à fait croustillant. On livre donc un petit compte rendu heure par heure pas piqué des hannetons, annoté de vos réponses à nos questions insidieuses. Enjoy le recap, et notez : toute ressemblance avec des individus existants ou ayant existés est totalement revendiquée.

18h30 : Sur le parvis de l’Eglise saint Maurice résonnent les premières notes de « Ramenez la coupe à la maison », première fois d’une très TRÈS longue série. Les sacs de couchage s’entassent, les optimistes pensent vraiment en faire usage. 19h : Le Bus 2 sacré bus de l’ambiance, rien à redire, c’est un fait objectif. 21h : Les associatifs découvrent avec effroi que leurs bungalows ne disposent pas d’eau courante. Coup dur pour les PomPoms, mais Oenopo reste debout : de toute façon, ils ne sont pas là pour boire de l’eau. 22h30 : Pedro n’a toujours pas remis de t-shirt, c’est peine perdue, il l’abandonne pour tout

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le week-end. 23h30 : Tout le monde va se coucher pour une bonne nuit de sommeil réparateur, en tout bien tout honneur. Surtout dans le chalet PLS.

11h : Ca brainstorme sec entre les associatifs, personne n’ayant réfléchi à une activité en amont. Les cerveaux sont malgré la nuit réparatrice quelque peu lents. Pendant ce temps, le BDE dresse la liste des 1A tombés au combat dans la nuit. 15h : SBB gagne haut la main la palme de l’activité la plus fun, merci Siegfried on t’aime. La rédaction ne soutient pas du tout ce choix, mais le vote populaire,

c’est la voix du peuple après tout. Deuxième activité préférée selon vous : celle de Sciences Po Consulting. 20h : Le couscous est servi, le nombre de blagues sur les saucisses dépasse l’entendement. On est beaufs ou on ne l’est pas, après tout. 20h30 : Le meilleur d’entre nous arrive au WEI sous les yeux ébahis : l’entrée sous le chapiteau de l’homme de toutes les soirées, j’ai nommé Théo R., est sacré meilleur moment du WEI selon les questionnaires des 2A. Théo, tu sais à quoi t’en tenir pour le Krit. 22h : Le show Pompom bat son plein. Bravo les filles, la 8ème place est (enfin) derrière vous.

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23h30 : Le vigile se fait passer un savon par le BDE après avoir dansé avec l’intégralité des filles présentes. Il passe un mauvais quart d’heure mais le jeu en valait la chandelle : vous lui faites remporter la palme du meilleur danseur. 00h : Angela a perdu de sa superbe, le chalet PLS garde des séquelles. 1h : Le BDE fait mine de boire à la bouteille sous vos applaudissements. Que nenni, ils restent à l’eau, tout ceci n’est qu’un immense complot. #Proposlanceurdalerte. 2h : Un anonyme conseille les futurs listeux gagnants : « Il faut arrêter de mettre un fossé dans le noir comme obstacle entre la *cristalline* et les chalets. Tout le monde est tombé, sérieux. »

11h : Le malaise autour de l’élection de Miss et Mister WEI s’amplifie, c’est un mauvais moment à passer. N’oubliez pas d’aller sur le Moodle. 11H30 : « La caution va sauter » élu meilleur chant du WEI 2018. 12h : Un « je trompe pas ma meuf je te colle juste » retentit parmi les 1A. Un sacré charo remporte le prix de la meilleure punchline. Bel état d’esprit, c’est comme ça qu’on vous aime.

Conclusion Merci à tous pour ce WEI, vous étiez chauds, et on veut vous voir dans le même état au Krit. Merci également d’avoir balancé tous vos potes dans les questionnaires. Si certaines informations restent confidentielles pour éviter les démêlés juridiques, la rédaction n’en a pas moins beaucoup ri.

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