Numéro 92 - Novembre 2016

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Novembre 2016 - NumĂŠro 92 http://www.sciencespropos.com


Novembre 2016

International Société

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Présidentielles

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Les débats Les candidats

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Tribunes Libres

Introduction

Sommaire Éditorial

Actualités

Sommaire

Opinions Expression Réactions

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Le dossier du mois

Trump, 45ème Président américain

BBC Earth Index

39

Planète sport Strohteam life

40 42

2

Culture

32 36

Documentaire Cinéma Séries

43 44 45

Divertissement

El Mundo

Europe Amérique

Zoom sur ...

Adieux à Obama L’élection de Donald Trump Conséquences et perspectives

Sport

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WACQTD Piposcope Divers du mois

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Propos n°92

Éditorial

Make Propos Great Again Propos est un vieux journal, d’un vieux pays, sur un vieux continent. Depuis décembre 1990, Propos est présent pour vous informer sur la vie étudiante, l’actualité culturelle, et évidemment sur la vie politique française et internationale. Depuis 25 ans, des dizaines d’évènements historiques majeurs ont été vécus et décrits dans ces pages par les étudiants de Sciences Po Strasbourg.

Après ce résultat qui augure comme un bouleversement politique majeur, il ne restait plus qu’à revenir sur tout cela. Sur ce qui ne devait être qu’une blague mais qui est devenu bien plus. Hasard du calendrier, c’est pour ce numéro finalement très spécial que Propos - qui fait tout son maximum pour intégrer le plus de monde dans la vie associative, cc Adrien - avait décidé de laisser une large place à une dizaine de rédacteurs de première année. Ils ont eu un sacré baptême du feu, pour nous livrer à chaud leurs ressentis, leurs déceptions, leurs colères, etc. Ils ont été surmotivés pour vous fournir un contenu de qualité et dans les temps impartis. Alors lisez bien.

En 1991, l’URSS s’écroulait. Propos était déjà là pour interviewer des acteurs politiques et retracer cet évènement qui annonçait la fin du XXème siècle. Quelques années plus tard, en 2001, le numéro d’octobre relatait inévitablement l’effondrement des tours du World Trade Center et la stupeur mondiale. En novembre 2015, le journal revenait sur les attentats qui endeuillaient la France. Et Propos était évidemment là pour l’investiture de Clinton à la présidence des Etats-Unis…en 1993 (ce sacré Bill).

Pour finir, que ce résultat vous déplaise ou non, il doit en tout cas nous rappeler que l’engagement dans la vie politique se joue tout le temps et à tous les niveaux. Qu’on soutienne ardemment un candidat ou qu’on soit en faveur de l’abstentionnisme, l’essentiel reste de participer à la vie citoyenne, pour toujours défendre ses idées, toujours affirmer ses valeurs et faire valoir ses droits.

Il était prévu de longue date de faire ce numéro spécial « Élections Américaines ». Parce que le président des États-Unis, c’est un peu le président de tous les citoyens du monde et qu’on ne pouvait pas passer à côté d’un tel évènement. Encore moins à l’heure qu’il est. Notre couverture était prête, nos articles étaient déjà plus ou moins rédigés dans un certain sens. Il ne restait plus qu’à confirmer le tout. Mais, comme dans probablement toutes les rédactions de France et du monde, nous avons eu un petit changement de programme au dernier moment… Il était 4h du matin quand l’équipe de Propos - toujours sur l’actu - a vu en direct la Floride passer aux mains des républicains. Ce basculement annonçait que la soirée n’allait pas se finir tout à fait comme prévu.

L’Acc’Rauch PS : Je vous demanderai d’avoir une petite pensée pour Mme Witkowski, californienne d’origine et professeur d’anglais à l’IEP qui devait fêter les résultats de l’élection en compagnie des Américains de Strasbourg. Elle est arrivée avec une bien triste mine au cours de 8h…

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Novembre 2016

Actualités - International

Les actualités International

- Le CETA : des réticences fondées ? - Russie-Turquie : « Je t’aime, moi non plus »

Société

- La fête et la terreur : récit d’un 13 Novembre en Erasmus

Le CETA : des réticences fondées ? Par Léna Vidberg

Si la crise démocratique mêlée àla crise migratoire affaiblit grandement l'Union Européenne, son poids économique et commercial n'est plus àprouver. Pourtant, l’Europe cherche encore à asseoir sa puissance économique au détriment de questions probablement plus urgentes. Néanmoins, il faut rappeler que l’UE – ou plutôt ses Etats-membres – s'est enlisée dans une crise de la dette sans précédent suite à la crise des subprimes de 2007. Les défis sont, depuis, multiples et les enjeux non négligeables, l'Europe

doit garder son rang de grande puissance économique pour assurer sa propre légitimité. C’est bel et bien par l’économie que l’Europe a su se construire, ce qui fait de cet élément un pilier fondamental pour l’union, aujourd’hui fragile. En réponse, depuis 2009 l’UE tente d'élargir ses débouchés commerciaux afin d'améliorer sa conjoncture économique et son rayonnement dans le monde. En effet, l'Union des 28 négocie des traités de libre-échange avec certaines grandes puissances

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économiques telles que les Etats-Unis et le Canada. Si le TAFTA ou TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership) reste un échec en raison de nombreuses réticences (françaises notamment), le CETA quant àlui progresse. Le « Comprehensive Economic and Trade Agreement » repose sur le même modèle que le TAFTA, il ne concerne cependant pas les ÉtatsUnis mais le Canada. L'accord a ainsi étésignéofficiellement le 30 octobre 2016 entre les 28 Etatsmembres de l'Union Européenne et le Canada.


Propos n°92 Mais alors en quoi consiste le CETA ? L'accord commercial entre l'Europe et le Canada vise globalement à faciliter les échanges commerciaux en supprimant les barrières tarifaires et non-tarifaires. De cette manière, les tarifs douaniers disparaîtront à 99% et les réglementations seront assouplies ou accordées entre les deux partenaires économiques. Quels en sont ses avantages ? Véritable accord de libreéchange, le CETA permet l’ouverture mutuelle des marchés européens et canadiens. Cette mesure est, de fait, une opportunitééconomique aussi bien pour l'Union Européenne et ses Etatsmembres que pour le Canada. En effet, des entreprises européennes pourront, par exemple, s'implanter au Canada à moindre coût et ainsi pénétrer le marché canadien ; c’est ce qu’envisage la société française Véolia notamment. Parallèlement le Canada aura la possibilité d'exporter plus facilement en Europe grâce à des quotas revalorisés, particulièrement en matière agro-alimentaire. Selon une étude de la Commission européenne, le CETA « devrait accroître de 25% les échanges commerciaux UE-Canada et entraînerait une augmentation du PIB de l'UE de 12 milliards d'euros par an. » Les critiques Le CETA, au même titre que le TAFTA, est vivement critiqué. Néanmoins, si la France y est favorable, la Wallonie (province de Belgique) et la Roumanie semblent plus réticentes, au même titre que de nombreuses ONG. L’eurodéputé français

Actualités - International

Yannick Jadot (qui vient de remporter la primaire d’EELV) a interpellé le Président de la Commission Européenne, Jean Claude Junker ainsi que le Président du Conseil. Pour illustrer, le Canada pourra ainsi exporter jusqu’à 45 860 tonnes de bœuf (contre 4 162 aujourd’hui). En échange, l’Europe aura la possibilité d’exporter sans droit de douane près de 18 500 tonnes de fromage (contre 13 472 aujourd’hui). En conséquence, le traité favoriserait la création d'emplois et la compétitivité de l'UE tout en étant favorable aux consommateurs par des baisses de prix européen Donald Tusk, lors d’une session parlementaire à Strasbourg le 26 octobre dernier. Il souligne que le CETA pourrait engendrer une concurrence déloyale qui nuirait aux éleveurs européens : « Qu’est-ce que vous direz aux éleveurs européens quand ils seront détruits par l’élevage intensif, bourré aux antibiotiques, maltraitant les animaux du Canada. » Il est vrai que les pratiques agricoles diffèrent entre le Canada et l’Europe. Néanmoins, l’Union Européenne est restée très ferme sur le sujet des OGM et des hormones, étant autorisés au Canada. De cette manière, le CETA interdit toute importation en Europe de bœuf ou de porc ayant subi un traitement aux hormones ou ayant été génétiquement modifié. L’agriculture canadienne est ainsi incitée à s’aligner sur les normes

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européennes. Il est alors important de relativiser ce point en soulignant que la réglementation européenne sera maintenue et respectée. Sur un tout autre sujet, Yannick Jadot ajoute une virulente critique sur l’un des points les plus contestés de l’accord concernant le règlement des différends entre une multinationale et un Etat : « Qu’est-ce que vous direz aux citoyens quand la Commission fera enfin son boulot [...] et que Bayer et Monsanto feront condamner l’Europe pour les mesures prises. » Il faut savoir que la multinationale Bayer, spécialisée dans le domaine chimique et pharmaceutique, a récemment rachetéla société américaine Monsanto, qui elle, est leader des biotechnologies agricoles (OGM). Ce rachat inquiète fortement les autorités européennes quant àune possible situation de monopole. La sociétépossède en effet près d’un quart du marché mondial des pesticides. En conséquence, la firme accroît considérablement son influence, ce qui peut nuire directement aux Etats notamment lorsque le débat sur l’environnement et le traitement des animaux est engagé. Car en effet, pour revenir au CETA, une firme pourra désormais porter plainte contre un Etat quand celui-ci adopte une politique publique contraire aux intérêts de l’entreprise multinationale. De quoi avoir quelques réticences. Avec ses avantages et ses inconvénients, le CETA divise mais semble moins controverséque le TAFTA. Reste alors aux 28 Etats-membres de ratifier (ou pas) l’accord dans leur parlement respectif avant qu’il ne puisse être officiellement adopté.


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Actualités - International

Russie-Turquie : « Je t’aime, moi non plus » Par Von Schtemler

Le 24 novembre 2015 un Soukhoïrusse (SU-24) est abattu par deux avions de chasse F-16 turcs. L’un des pilotes, puis un des militaires dépêchés pour l’extradition, perdent la vie lors de cette journée. La Russie enregistre ainsi ses premières victimes militaires depuis le début de son intervention en Syrie. Le résultat ne se fait pas attendre : la fracture diplomatique est violente et immédiate. L’entreprise Gazprom (le géant russe du gaz) annonce la fin du projet Turkish Stream, un gazoduc qui aurait dû relier la Russie à l’Europe en passant par la Mer Noire et la Thrace turque. Au même moment le régime des visas est restauréentre les deux pays et les touristes russes ne peuvent plus se rendre en Turquie. Moscou et Ankara voient leurs relations se dégrader dans tous les domaines, politiques, militaires, économiques et même sportifs. Alors que tout laissait donc croire que l’année 2016 serait celle du divorce entre Poutine et Erdogan, l’imprévu s’est produit. Au fil de l’année Russie et Turquie ont entamé un rapprochement qui s’est conclu en beauté avec le retour du Turkish Stream en octobre. Comment expliquer un tel retournement de

situation dans un contexte international tendu pour les deux pays ? Quelles réalisations concrètes ressortiront de ce réchauffement des relations entre Moscou et Ankara? Assiste-t-on { l’«orientalisation» définitive de la Turquie? Autant de questions que pose ce surprenant retournement géopolitique. Fin 2015 et début 2016 les relations entre les deux pays se dégradent sans cesse, Moscou accusant Ankara de soutenir Daech. Cependant un tournant majeur survient en juillet 2016 : le coup d’Etat manquéen Turquie. C’est l’occasion d’un rapprochement entre Russie et Turquie d’autant plus prononcé que les médias russes et iraniens affirment que c’est Poutine qui a prévenu Erdogan d’un coup d’Etat imminent. En août le président Turc se rend à SaintPétersbourg, oùil déclare vouloir atteindre une « nouvelle étape » dans ses relations avec le président russe. C’est le 10 octobre que la réconciliation semble actée, avec la signature de l’accord sur le tracé du Turkish Stream. Ce rapprochement brusque et imprévu s’explique par une nouvelle orientation de la politique turque. Il y a d’abord la situation

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conjoncturelle, marquée par le coup d’Etat de juillet. S’il s’agit sans doute d’une petite victoire pour Erdogan, qui a pu épurer son pays de certains opposants, cela a une forte implication vis-àvis de ses relations avec l’Union Européenne. Celle-ci voit d’un mauvais œil les évènements qui bouleversent la Turquie et qui semblent définitivement la détourner de son adhésion { l’Union Européenne (Erdogan a ainsi récemment annoncéque le retour de la peine de mort serait « pour bientôt »). Mais il faut aussi noter un mouvement plus structurel, qualifié d’«orientalisation» de la Turquie. Celle-ci s’explique entre autre par la politique d’Erdogan, anti-kémaliste et proche des Frères Musulmans. On pourra citer également l’obsession du président turc pour Fethullah Gülen, aujourd’hui réfugié aux Etats-Unis et dont le président turc réclame l’arrestation (il l’accuse d’avoir organisé le coup d’Etat de juillet). Les Etats-Unis refusant bien sûr catégoriquement, Erdogan a développé une hostilité considérable à leur égard. Si bien que le rapprochement avec la Russie s’est opéré logiquement. A cette hostilité commune contre les Etats-Unis s’ajoute un attrait naturel d’Erdogan pour l’Asie. En 2013 déjà le premier ministre Erdogan avait déclaré qu’il préférerait intégrer l’OCS (« Organisation de la coopération de Shangai » qui rassemble entre autres Russie, Chine, Inde, Pakistan, Kazakhstan) àl’Union Européenne. La fructueuse coopération qui s’annonce avec la Russie devrait conforter Erdogan dans cet élan vers le monde eurasiatique. L’élément central de la


Propos n°92 réconciliation se trouve dans le secteur énergétique. Il y a bien sûr le retour du Turkish Stream, d’une importance capitale car il permet àla Russie de contourner une nouvelle fois l’Ukraine (alors que le South Stream n’avait pas abouti) tout en mettant { mal les projets concurrents comme l’oléoduc Nabucco, aujourd’hui abandonné. Un autre élément essentiel est la rencontre entre les présidents Poutine, Erdogan et Aliyev (président de l’Azerbaïdjan) au forum de l’OPEP { Istanbul àla mi-octobre. Si cette rencontre illustre à nouveau le rapprochement entre Turquie et Russie, la présence de l’Azerbaïdjan est lourde de sens. Le projet Nabucco évoqué plus haut devait en effet acheminer les ressources gazières depuis le territoire de l’Azerbaïdjan. Un axe MoscouBakou-Ankara enterre encore un peu plus la possibilitéd’un projet européen comme l’était le Nabucco. Il faut également noter une importance annonce dans le domaine du nucléaire puisque le projet du Akkuyu Nuclear Power Plant, pour la création de la première centrale nucléaire turque par l’entreprise russe Rosatom, a étérelancé. Les deux pays ne souhaitent pas pour autant limiter leurs coopérations au domaine énergétique. Nihat Zeybekci, le ministre turc de l’économie, espère par exemple une augmentation des échanges jusqu’{ une valeur de 100 milliards de dollars dans les années à venir alors qu’elle était descendu à12 milliards dans les huit premiers mois de 2016. Le ministre a également annoncéqu’un accord de libre-échange entre les deux pays était envisagé. Erdogan a quant à lui personnellement déclaréque la « dédolarisation » était en marche. La « dédolarisa-

Actualités - International

tion » est l’objectif assumé des BRICS de ne plus commercer en dollar mais en monnaies nationales afin de réduire la puissance de la monnaie américaine. Un objectif qui s’est concrétisé avec la création de la NDB (nouvelle banque de développement) voulue comme une alternative au FMI. La déclaration d’Erdogan { ce sujet illustre une fois de plus son attrait pour l’Orient, où se trouvent les trois principaux membres des BRICS.

“En 2013 déjàle premier ministre Erdogan avait déclaréqu’il préférerait intégrer l’OCS plutôt que l’Union Européenne” Militairement, Erdogan a accumulé les provocations contre l’OTAN et les Etats-Unis. Il a ainsi proposé { la Russie d’utiliser la base de l’OTAN d’Incirlik. Il a également soumis l’idée d’une possible vente de S-400 russes (système anti-aérien) { la Turquie. Venant d’un pays de l’OTAN, ces provocations sont extrêmement graves. Pour l’instant la Russie a eu l’intelligence de refuser, évitant ainsi de créer une trop forte tension avec l’Europe. Pour ce qui est de la politique étrangère, si des accords tacites semblent avoir été trouvés sur Bachar Al-Assad et l’Irak, elle reste la pierre d’achoppement entre Moscou et Ankara (cela s’est vu avec le conflit du Haut-Karabagh). Cela nous rappelle que la Turquie reste pour la Russie un alliéfragile et toujours rattaché { l’occident. Surtout, certains des alliés de Moscou entretiennent de mauvaises relations avec la Turquie. Ainsi l’Iran et l’Irak ont refusé de se rendre { Istanbul

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pour le sommet de l’OPEP pour protester contre l’action de la Turquie dans la région de Mossoul. Quel prix sera prêt { payer Moscou pour se rapprocher d’Ankara ? Pour conclure il faut rappeler que le rejet de l’occident par la Turquie ne sera ni immédiat ni évident. Le rapprochement de la Russie et la Turquie est pour le moment tactique et deux raisons en particulier viennent tempérer les visées orientales d’Erdogan. D’abord, la Turquie reste membre de l’OTAN et profite donc (pour l’instant) de l’aide militaire des Etats-Unis et de l’Alliance. Tourner le dos { de tels alliés est une décision grave, que le président Turc ne semble pas prêt à prendre tout de suite malgréses provocations à répétition. La deuxième raison est d’ordre économique : l’Union Européenne est le principal destinataire des exportations turques (l’Allemagne reçoit à elle seul prêt de 10% des exportations turques). La Turquie et la Russie sont deux puissances majeures au carrefour des mondes européens et asiatiques. Leur relation est par conséquent essentielle dans l’élaboration d’une alliance eurasiatique d’Istanbul { Shanghai qui pourrait être àterme la plus puissante de la planète. Cela sonne pour l’instant comme une utopie. Mais peut-être qu’avec la réconciliation entre la Turquie et la Russie, cette utopie a fait un pas de plus vers la réalité.


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Actualités - Société

La fête et la terreur : récit d’un 13 novembre en Erasmus Par Théo Hudelist

Le 13 novembre 2015, en bon étudiant erasmus en Irlande du Nord, à Belfast, j’écumais la ville de pub en pub avec des camarades venant du monde entier. Une communauté estudiantine de passages dans le cadre d’un Mun et d’autres amis de tous les jours. Je crois que c’est vers 22h30, heure local, que je reçois les premiers messages : « gars, t’as vu ce qui se passe à Paris ? », « Putain, fusillade à Paris !!! », « Dude, did you see the news in Paris ? WTF !!! ». Je m’éclipse, j’appelle ma mère qui vit dans le XIX, elle me raconte ce qu’elle voit à la télé, ma sœur est à la maison. Tout va bien pour eux. En raccrochant, je vois des jeunes qui boivent des bières, qui rigolent, qui refont le monde… Dois-je les informer ?

Dire, qu’une part de mon monde c’est écroulé ? J’ai parlé, je suis passé de bras en bras, devenant une peluche géante que l’on câline, recevant la générosité des autres. Omar, un ami égyptien, me dis que ces « assholes » font se faire détruire par notre communauté internationale, unie. En rentrant chez moi, je fonds en larme, frappé par l’absurdité de la mort. Pensant à la vie qui s’achève brutalement, dans un Paris où j’ai grandi. Je griffonne quelques mots sur un des feuilles, je construis un lieu de mémoire éphémère dans la cuisine, un drapeau tricolore avec un poppies gisant (souvenir britannique de la grande guerre). Le lendemain, La Belgique, que je représentais, pu demander une minute de silence ; suspendre les questions fictives de

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la faim dans le monde, de la prolifération des armes nucléaires et la question du travail des enfants…. Dans ce « jeu » diplomatique, la réalité avait rattrapé des jeunes ; nous étions droits, silencieux et les yeux embués… Après une longue minute, les delegates se sont assis, les Français sont restés debout et l’hymne a retenti, comme un défi : « Allons enfants de la patrie… » Spontanément, un rassemblement fut organisé place de l’Hôtel de Ville. Ce dernier était éclairé de bleu, de blanc et de rouge ; French flag pour un soir. Il n’y avait que des jeunes, allumant des bougies, dessinant des pancartes. Des jeunes qui n’étaient pour la plupart pas Français : Italiens, Espagnols, Libanais, Tchèques, Allemands, Irlandais, Anglais, Chinois… Je n’étais pas


Propos n°92 seul, Paris n’était pas seul. Ce qui m’a marqué, ce fut cette solidarité des Nord-Irlandais, victime durant plusieurs décennies de « Troubles ». Les attentats, les fusillades et la suspension de certaines libertés, l’Ulster l’a connu dans ce conflit interne entre républicains et loy-

Actualités -

alistes. La mort frappait au hasard dans les rues de Belfast. Dans la détresse, face à la mort absurde, le monde c’est révolté offrant toute sa générosité, offrant l’amour et la compassion dont nous avons besoin pour nous relever, afin de vivre dans un Carpe Diem permanent.

Le 13 Novembre : La fête est maîtresse à Belfast, Belle, colorée, vivante et faste. J’y trouve des rires et la danse Folle, et j’en oublie ton absence… Puis un message. On ne veut pas y croire, On ne veut pas le voir. C’est un carnage. Les couleurs tournent, hypnotisantes, Avec la liqueur enivrante Qui coule dans mon gosier, Un trou noir sans mon adoré… Et l’écran brille. Oh Paris, tu as peur, Belle, tu souffres et tu pleurs… Oui, toi ma ville. On rit encore, ici, au loin. Inconscient et entre copains. Paname, je me souviens de toi ! France, tu vivras toujours en moi ! Je pleure, brisé, La tête dans les mains. Je t’attendrai demain, Peuple opprimé, Toi, Liberté Toi, Fraternité Toi, Egalité Toi France aimée…

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Présidentielles - Les débats

Les présidentielles Les débats

- L’abstention volontaire ou la fin d’un confortable consensus

Les candidats

- “Je serai au second tour de l’élection de la primaire”

L’abstentionnisme volontaire ou la fin d’un confortable consensus Par Teil

"Il n'est pas vrai que l'on assiste à une irrésistible progression de l'abstention. Il y aurait plutôt lieu de voir l'indice d'une admirable constance civique dans le nombre élevé d'électeurs qui persistent à se mobiliser pour choisir entre les représentants équivalents d'une oligarchie d'état qui a étalé autant de preuves de sa médiocrité, quand ce n'est pas de sa corruption." Jacques Rancière, dans La haine de la démocratie ne mâche pas ses mots. Empreint de cynisme, on peut y déceler une double accusation. Dans un premier temps la dorénavant habituelle critique d’un système oligarchique intangible, puis, plus subtilement celle des citoyens votants, s’obstinant avec candeur à aller aux urnes. Il est indéniable que la démocratie représentative s’est développée parallèlement à une toute nouvelle sphère d’oligarques, ne s’arrogeant plus le pouvoir par la naissance mais par l’habileté à séduire et satis-

faire les foules (« La fin des notables » ainsi Halévy nomme-t-il le processus). Cette habileté est bien entendu facilitée, si ce n’est aménagée par la catégorie sociale et économique d’où sont issus nos chers oligarques. Ainsi viennent à s’épanouir sur nos écrans et dans nos journaux nos ex-énarques et sciencespistes préférés, optant pour s’auto-

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qualifier de méritocrates ou technocrates en fonction de leurs familles politiques respectives et du public auquel ils désirent s’adresser. Ce discours presque réchauffé de néomarxiste atterré n’a rien de nouveau pour tout lecteur averti, ni celui de la critique du vote comme d’un nonchoix. En 1968 déjà on taguait sur les murs de la Paris « Elections, piège à cons !». Pourtant ces deux afflictions restent en place, font même figure d’autorité. Il s’agirait peut-être alors d’une construction de pensée qui nous impose l’immobilisme ? Après tout c’est dès l’enfance que nous est offerte l’image merveilleuse de la société démocratique comme apogée du libre arbitre et de la citoyenneté. Citoyenneté dont toi, homme/femme libre de France tu fais usage par ton pouvoir et devoir suprême de citoyen : le sacro-saint vote. Le vote merveilleux qui porte en lui la patriotique victoire de la République


Propos n°92 sur les régimes autoritaires monarchistes, qui sous-entend par son existence même l’égalité des êtres : la possibilité de voter c’est indissociable de la possibilité d’être élu. Existe alors en toi cette certitude qui entretient ta flamme de démocrate authentique. Tu votes car tu n’as pas le temps de t’occuper des affaires de l’Etat, et tu n’en as pas non plus les qualifications, ni même l’envie, tu votes car tu délègues, c’est bien à cela que sert la représentativité. Tu participes activement, à ton échelle. C’est précisément là que naît alors le discours que nous nommerons pour aujourd’hui, du « lâche abstentionniste », ce discours qui décrète que tout être qui ne vote pas n’a pas à discuter des affaires de l’Etat, que l’homme abstentionniste n’est qu’un fainéant qui préfère le barbecue du dimanche à l’isoloir. C’est en soupirant que les français constatent le taux d’abstentionnisme au 20h après chaque élection, en rageant « c’est à cause de crétins pareils que le FN est en hausse ! ». Pourtant l’abstention peut être un choix tout à fait responsable, peut-être même bien plus que celui de voter. Eclairons cette idée : quand tu votes, tu votes rarement pour le candidat qui te satisfait dans son entièreté, mais plutôt celui qui te déplaît le moins, l’IEP est une école de partisans mais le choix du scrutin pour beaucoup, n’en est jamais réellement un. Qui plus est le beau pays qu’est la France ne porte en son sein aucun texte de loi se rapprochant de la procédure d’impeachment ou de référendum par initiative populaire. Une fois un mandat mis en place, il est intangible. Additionnons cette donnée à celle d’une sphère oligarchique fermée, d’êtres humains briguant le pouvoir pour des raisons sans nul

Présidentielles - Les débats

doute moins bienveillantes que le bonheur de leurs concitoyens (allez, osons) et mettons en conséquence à cela, par exemple et à tout hasard, la proposition de la loi Khomri. « Flagrant » est le terme adéquat pour décrire la vague protestataire que cette proposition de loi a déclenchée l’an passé. Face aux premières répressions violentes et sans merci Nuit debout vit le jour. Se voulant comme le lieu non-discriminant des remises en question du système actuel, le mouvement fut estimé par beaucoup. Il s’agissait d’une inédite initiative populaire, pacifiste, prônant l’écoute de l’autre et le construire ensemble. Cependant elle s’est épuisée avec le temps, de par les répressions d’une part, mais aussi de par son incapacité à changer quoi que ce soit dans les faits. De surcroît, le projet de loi est passé, de la manière la plus antidémocratique possible : par l’usage de l’article 49.3, et ce après avoir essuyé des rejets successifs. Les exemples d’abus de pouvoir, car c’est ainsi qu’ils doivent être nommés, sont omniprésents dans cette société qu’est la nôtre : du maintien de l’état d’urgence à la circulaire du ministre de la justice du 20 septembre (Exigeant une justice expéditive, les violences policières seront désormais traitées directement par la police ellemême, qui sera chargée d'enquêter sur ses propres agissements. L’IGPN (police des polices) n’interviendra plus qu’en cas de décès. De même l’intégralité des manifestations portant sur la loi Khomri sont interdites.) Est-il vraiment nécessaire d’expliquer l’absurdité du vote, que ce soit pour un candidat ou un autre dans une telle société ? Sans même avoir à se pencher sur les pitreries démagogues de nos politiques, leurs démêlés

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avec la justice, leur mainmise sur les différentes sphères de la structure sociale (la dégringolade de la France comme démocratie sous le mandat électif de Nicolas Sarkozy de par son obsession du contrôle médiatique en est un flagrant exemple –selon The Economic Group) : le vote apparaît alors comme une petite liberté dérisoire. Cependant le Français moyen aime à choisir la main qui l’abat, plutôt que regarder dans les yeux son bourreau. Ceux qui ont les yeux mi-clos défendront ardemment le vote blanc comme alternative au vote commun, cependant celui-ci continue d’encourager ce système aberrant. D’une part il suppose que le malaise se situe dans la proposition des candidats et non dans le système lui-même, d’autre part, de par son existence même il entretient l’illusion d’une possible alternative, alors même que ceux-ci ne sont pas comptabilisés et que rien n’est envisagé en cas de vote massif. En définitive, si on renversait l’intitulé des reproches fait aux abstentionnistes volontaires pour se porter sur les votants : C’est peut-être eux, c’est peut-être toi, qui est responsable de ce système nauséabond. Par ton bulletin dans l’urne ne cautionnes-tu pas ce système, n’en justifies-tu pas les acteurs et leurs actions ? L’abstention ce n’est pas forcément le désintérêt : c’est aussi et surtout le refus. Peut-être est-il temps pour toi de trouver les mille et une autres façons d’être acteur de ta vie et de ta société, de quitter le confort du vote pour prendre tes propres décisions.


Novembre 2016

Présidentielles - Les candidats

« Je serai au second tour de l’élection de la primaire ! » Par Arnaud Dubuisson

À 13 jours du premier tour de l’élection de la primaire de la droite et du centre, François Fillon organisait une soirée meeting/débat ce 7 novembre 2016 à Strasbourg. Travail, rigueur, honnêteté et dignité sont autant de valeurs qui furent exprimées au commencement du meeting. Avant d’en parler plus en profondeur, parlons des Etats-Unis d’Amérique. François Fillon considère fort paradoxale la situation d’un pays dans lequel il y a coexistence entre de brillants chercheurs en sciences juridiques, économiques et sociales ; des intellectuel(le)s de renom, utiles pour le monde entier et une élection présidentielle qui ressemble particulièrement à un « combat de guerriers » qui ont une « vision » de « court terme » à l’extrême. Le candidat Fillon s’est prononcé après la victoire de Donald Trump. Il souhaite respecter le choix des américains assurant que le président Trump doit être désormais jugé sur ses actes et non plus sur ses propos afin d’une part, d’oublier la campagne haineuse qui l’a opposé à Hillary Clinton et d’autre part, être efficace sur le plan des affaires étrangères. Le meeting – Le moment des idées. François Fillon est le candidat de la « transformation profonde ». Il fait le diagnostic d’un problème moral dans notre pays. Il considère comme anormal un pays dans lequel un président peut livrer des secrets défense à des journalistes ou un pays dans lequel on se présente tout en étant « poursuivi par la justice », mettant ainsi hors du jeu ses deux principaux concurrents

Alain Juppé, dont la probité fut remise en cause, et Nicolas Sarkozy, mis en examen. Dans une première partie, Fillon nous dévoile sa vision de l'État « idéal ». Il fait le constat d’une agriculture française dans laquelle il y a plus de fonctionnaires que d’agriculteurs. Il fait le même constat en ce qui concerne la fonction publique hospitalière, il révèle un nombre grandissant d’administrateurs de la santé tandis que les médecins se font de plus en plus rares. François Fillon veut être le président qui souhaite libérer la France de la bureaucratie. L’idée est simple : François Fillon souhaite être le président qui créera à la fois un climat de confiance et qui instaurera une distance entre la bureaucratie et les professionnels les plus brillants du pays. En effet, dans un système où les Français en sont arrivés à dire qu’ils aimeraient « que l’Etat arrête » de les « emmerder » (François Fillon faisant référence à l’une des phrases les plus entendus depuis 4 ans de campagne), Fillon souhaite qu’une fois les règles imposées, l’Etat ne soit plus perçu comme un contrôleur mais un soutien de poids. Autrement dit, il souhaite instaurer une relation similaire à

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celle que deux individus pourraient avoir, une relation basée sur la confiance. Si la confiance existe et perdure, la distance n’est pas un problème et peut naturellement s’installer durablement sans que les mots « emmerdeur » et « Etat » ne soient employés dans la même phrase. Au contraire, l’Etat sera perçu comme un véritable soutien, comme un véritable pilier d’aide avec lequel nous cohabitons aisément et qui nous incite à réussir davantage pour renforcer cette relation améliorée, de confiance et de distance, tout en assurant un climat de réussite et renforçant les bienfaits d’une telle relation apaisée et apaisante. Le candidat s’est également longuement prononcé sur l’école. Il veut mettre fin globalement à une situation d’échec scolaire de masse en France où « 2.000.000 de personnes entre 16 et 25 ans n’ayant ni diplôme, ni formation, ni emploi et condamné à vivre avec le RSA jusqu’à la fin de leurs jours » se retrouvent en difficultés. Fillon souhaite ainsi lancer une grande filière de l’apprentissage professionnelle. Dans une deuxième partie du meeting, François Fillon a insisté sur la question de la sécurité. « Quand la police commence à descendre dans la rue, c’est


n°90 Propos n°92 vraiment que l’Etat va mal ». Fillon souhaite en finir avec un système où les policiers auraient plus peur que les délinquants. Il souhaite libérer les 20.000 policiers français contraints à des tâches administratives. Fillon souhaite une réduction de 100 milliards de dépenses publiques sur 5 ans mais n’oublie pas les domaines régaliens. 12 milliards d’euros seraient, en effet, destinés à renforcer la sécurité dans le pays avec la mise en place de 16.000 places de prisons supplémentaires, davantage de magistrats, entre autres. Pour terminer sur la notion de sécurité, Fillon souhaite mettre fin au totalitarisme islamique, en estimant qu’il s’agit de l’une des plus grandes menaces mondiales du XXIème siècle. La France doit pouvoir s’allier avec la Russie et « tous ceux qui sont en mesure d’éviter ce danger mondial ». Pour ce qui est de la situation en France, il considère qu’il faut mettre un terme à « la montée de l’intégrisme musulman ». Le « problème de cohabitation entre les règles religieuses et la République française » doit, selon Fillon, pouvoir se régler par l’imposition d’un strict contrôle des prêcheurs et lieux de culte musulmans en France tout en vérifiant l’absence de « financement étranger ».

L’heure des questions – la phase d’approfondissement des idées. Voici, en quelques formules concrètes et clés, les différentes idées défendues par le candidat François Fillon qui affirme, après une question posée sur son potentiel vote au second tour de l’élection de la primaire

Présidentielles - LesSommaire candidats

entre Juppé et Sarkozy, qu’il sera « au second tour de l’élection de la primaire ». L’Union Européenne doit, selon Fillon, cesser de s’élargir et, au contraire, se reconcentrer sur les Etats fondateurs pour redonner un sens au projet européen. Un meilleur leadership doit être retrouvé en Europe. Le couple franco-allemand doit être nettement renforcé. Le candidat Fillon souhaite freiner les initiatives de la Commission européenne en ce qui concerne les procédures qui ne relèvent pas du bon sens. François Fillon prend l’exemple de l’enquête de la Commission, lancée après la fusion des entreprises au sein d’Airbus, pour contrôler si une situation de potentiel monopole pouvait remettre en cause le principe de concurrence en Europe. Lorsque l’Europe est leader en ce qui concerne le lancement de satellites, « on s’en fout de la concurrence sur ce sujet » selon Fillon, dans un secteur lui-même concurrentiel avec les Etats-Unis, « furieux d’avoir perdu leur place de leader » et la Chine qui arrive en force. Toujours en Europe, Fillon souhaite instaurer un gouvernement économique de la zone euro où les chefs d’Etat et chefs de gouvernement se réuniraient tous les mois (Objectif : l’euro doit devenir une véritable monnaie internationale). Un référendum serait prévu si Fillon devenait président de la Vème république, il souhaite inscrire dans la Constitution l’égalité de tous les régimes sociaux (l’Objectif du référendum étant de rendre le processus irréversible). Dans le même référendum, Fillon souhaite questionner les français sur la baisse du nombre de parlementaires.

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Avis personnel sur la soirée : On sent véritablement un homme qui connaît ses dossiers. François Fillon occupe la scène en se déplaçant de gauche à droite afin de rendre plus vivante sa prestation pleine de rigueur. Cet aspect de sérieux se renforce encore davantage dans la dernière partie de la soirée liée aux questions du public. François Fillon a pu répondre à une dizaine de questions tout en s’assurant de rendre toujours vivantes les réponses par un aspect qui m’a paru étonnant de sa part, quelques pointes d’humour. A plusieurs reprises, l’homme a fait rire son auditoire en parlant du comportement de François Hollande en tant que Président de la République, entre autres. Sous l’apparence sereine et très sérieuse d’un homme qui a toujours été loyal dans sa vie politique et constant dans ses positions durant cette campagne, on sent un homme énergique et déterminé. Quand François Fillon annonce avec certitude qu’il sera au second tour de l’élection des primaires, on a envie de le croire. La campagne de Fillon semble connaître une dynamique qui peut bouleverser le duo JuppéSarkozy. Dans tous les cas, Fillon fait beaucoup pour donner davantage de sa personne et on le ressent. Soirée plutôt réussie pour Fillon. En ce qui concerne sa position dans l’élection de la primaire à droite, longtemps perçu comme 4ème puis 3ème avant de connaître une dynamique de bouleversement du duo JuppéSarkozy, Fillon semble, à mes yeux, être le seul capable de créer la surprise au second tour. A vérifier ! N’oubliez jamais que l’élection appartient à ceux qui votent. Bon vote !


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Tribunes Libres - Opinions

Tribunes libres Opinions

- Penser l’humanitédu monstre : des Nazis àDaech

Expression - J. Rifkin ou le Zorro de l’écologie Réactions

- « Ah bon, il y a une radio à l’IEP ?! »

Penser l’humanité du monstre : des Nazis à Daech Par Grégoire Kieffer

Chaque guerre renferme assez de monstruosités pour parvenir, infatigablement, à déclencher chez les hommes des sentiments dangereux. La société, mise en face des pires atrocités, jette l’anathème sur des comportements qu’elle ne peut s’expliquer : l’ennemi, le renégat, est exclu de l’humanité, ses actes ne sont pas conformes à l’idée que l’humanité se fait d’elle-même. À défaut de comprendre, on condamne, on absolutise les passions en ne cherchant pas à comprendre ce qui les détermine. Pourtant, toute passion, y compris la plus monstrueuse, relève de l’humanité. Le problème avec les Nazis ce n’est pas leur inhumanité, mais justement leur humanité, constate Romain Gary dans Les Cerfs-volants. De même Hannah Arendt, présente au procès d’Eichmann à Jérusalem, parlera alors de « banalitédu mal », tant l’orchestrateur de la mécanique nazie, dédaigneux et presque tranquille dans son costume impeccable, garde l’allure d’un fonctionnaire ordinaire, inconsistant, qui envoie des gens à la mort. Il ne s’agit pas là, bien sûr, d’innocenter un criminel, mais

plutôt de ne pas le déshumaniser. Certains ainsi se font une certaine idée de l’humanité. Le principe de l’exception humaine dans le cycle naturel présente l’Homme comme le seul être vivant doté d’un libre arbitre, et donc responsable de ses actes. Mais l’homme n’est pas un empire dans un empire, et de même que l’exception humaine est une aberration, l’exception d’inhumanitén’existe pas : toute action humaine doit faire l’objet d’une compréhension avant d’être soumise àun jugement. Notre époque, placée sous le signe de la violence, est malheureusement aussi celle de l’exacerbation des passions. Chaque drame, chaque attentat produit son flot de discours politiques et journalistiques, jouant sur le compassionnel, la tristesse, la peur et la haine, dans le but de marquer les esprits. En glissant sur la vague de l’émotion et de l’incompréhension, les dirigeants, qui ont d’abord déshumanisé l’ennemi, cherchent ensuite des boucs émissaires. Au lieu de trouver une solution, on offre un coupable àl’opinion publique, on cède àla démagogie.

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Face au terrorisme et à l’insécurité, nombre d’acteurs publics soufflent sur les braises encore chaudes de la xénophobie et encouragent les pulsions au détriment d’une réflexion. Les dirigeants mènent aujourd’hui des politiques de court terme, esclaves des sondages et de l’opinion publique. La répression et les mesures exceptionnelles ne font que maquiller le problème et ne remplacent pas un travail nécessaire de compréhension, qui certes prendrait du temps mais serait un investissement pour l’avenir. Comprendre pour mieux agir. À la manière de Spinoza qui considère les actions et les appétits humains « comme s’il était question de lignes, de surfaces, et de solides », il serait donc plus courageux de géométriser les passions. En pensant par-delà le Bien et le Mal, on n’absolutise aucune passion et on ne s’enferme pas dans son incompréhension. Chercher à comprendre ce qui pousse l’homme à commettre certaines actions, c’est déjà se rendre compte de l’impuissance de sa volonté, et permet ensuite de mieux guérir.


Propos n°92

Tribunes Libres - Expression

J. Rifkin ou le Zorro de l’écologie Par Léa Geoffroy

Vous aimez tout ce qui est gratuit, vous vous sentez l’âme d’un écolo et vous voulez lutter contre les inégalités, alors J. Rifkin va vite devenir votre nouveau prophète. Sa théorie part de constats très simples : la mondialisation, la stagnation de la croissance, le chômage de masse et le réchauffement climatique (qui va entraîner une raréfaction des ressources et donc la montée de leurs prix) provoquent des inégalités et des tensions aussi bien sociales qu’internationales... Face à un système pervers qui paraît bloqué, Rifkin observe le développement d’une économie du partage et en déduit la naissance d’un nouveau modèle économique qui serait l’hybridation de notre économie de marché tant décrié, et d’une nouvelle forme de production émancipée de la transaction monétaire. Ainsi, il en conclut que le capitalisme ne va pas s’effondrer du fait de ses contradictions comme le prophétisait Marx, mais à cause de la course à la réduction des coûts de production. En effet, son nouveau modèle économique est basé sur un coût marginal nul, d’où le titre de sa bible : le coût marginal zéro. C’est-à-dire que le perfectionnement des nouvelles technologies est tel que le coût de production d’une unité supplémentaire est égal ou presque à zéro. C’est, par exemple, ce qui se passe pour la diffusion d’une musique : elle coûte à créer mais la diffuser est gratuite. Qu’est-ce que cela signifie ? Tout simplement que l’abondance devient la règle et que la rareté disparaissait, les lois de l’offre et de la demande ne s’appliquent plus : que l’on produise pour un ou pour mille, cela ne coûte pas plus cher. Or, il ne compte pas limiter

ce constat aux seuls biens immatériels tels que la musique, les films ou les connaissances. Selon lui, cela peut aussi s’étendre aux biens physiques grâce aux imprimantes 3D qui vont progressivement se démocratiser, tout comme l’ordinateur dont le prix initialement très élevé est maintenant accessible à un grand nombre. La possession d’une de ces machines va transformer chacun de nous en « prosommateur », c’est-à-dire producteur et consommateur, par le biais de « software » (partage de connaissances) et avec comme matière première des produits recyclés, donc gratuits. Et si cela vous semble être de la science-fiction, le mouvement est pourtant lancé : B. Obama veut l’installation d’une de ces imprimantes 3D dans chaque école primaire américaine et la Chine vient de créer une dizaine de maisons au moyen de ces machines pour un coût unitaire de 4000$ seulement! Le but est aussi d’appliquer cette logique à l’énergie, renouvelable évidemment, par le biais d’un « internet de l’énergie » où chacun produirait son électricité (grâce au vent ou au soleil) et en partageant le surplus. Mais Rifkin est un écolo, il n’est pas question pour lui d’une croissance infinie qui épuiserait nos ressources. Comment concilier abondance et croissance limitée, voire même décroissance? Simple : grâce au partage! La « troisième Révolution Industrielle » repose donc pour lui sur un changement beaucoup plus substantiel : la modification de notre rapport à la propriété. En effet, si pour les générations précédentes, posséder, une voiture par exemple, était un but en soi, aujourd’hui nous nous

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satisfaisons beaucoup plus facilement de la simple possibilité de nous déplacer, d’où le développement d’applications comme blablacar. Or chaque voiture partagée rend inutile la production de quinze autres! L’impact écologique de cette nouvelle mentalité ne peut donc être nié. Cette habitude du partage devient de plus en plus naturelle et se diffuse assez facilement car elle permet aux usagers de faire des économies. Les manifestations de ce nouveau mode de consommation sont nombreuses, on partage aujourd’hui sa maison (RBnB), ses vêtements (Vinted) et même tous les objets qui nous sont devenus inutiles (LeBonCoin). L’avenir de la mondialisation, c’est posséder grâce au partage. Le but est d’atteindre l’utilisation optimale d’un objet et dans cette optique l’obsolescence programmée devient absurde (si elle ne l’était pas déjà) puisque les consommateurs sont avant tous les producteurs. Ce Zorro à l’Américaine critique ainsi les économies basées sur le pétrole qui n’ont plus de potentiel de croissance du fait de la raréfaction prévue de l’or noir. Pour lui, tenter de relancer les structures de cette ancienne économie est une erreur et il prône ainsi la transition énergétique la plus rapide possible. Il conçoit par conséquent que ce changement culturel sera plus facile dans les pays en développement où les infrastructures de communication, de transport et d’énergie sont encore à construire. Par exemple, la Chine a déjà investi près de quatre-vingt millions dans la création d’un internet de l’énergie propre et participatif. Si l’optimisme d’une


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Tribunes Libres - Réactions

révolution écologique sans grands efforts est rapidement contagieux, la troisième Révolution Industrielle pose un certain nombre de questions dont les réponses, si le mouvement que Rifkin décrit se poursuit, vont influencer le monde de demain. Déjà, le nouveau modèle économique qu’il décrit repose sur une redéfinition du travail et donc sur un besoin de réflexion sur l’attribution d’un salaire dans un monde où il n’y a plus de salariés, ou que ceux-ci représentent une part mineure de la population. Il amène aussi à se poser des questions sur l’organi-

sation de cette économie du partage afin qu’elle ne devienne pas, ainsi qu’Uber tend à le faire, « l’économie du partage des restes », c’est-à-dire de l’extrême richesse des uns et de l’asservissement des autres. Enfin, plus importante encore est la problématique de la conservation de nos libertés qui peut être gravement menacée par le renforcement de monopoles comme Google ou Facebook. Leur suprématie sur les réseaux internet peut ruiner toute cette belle prophétie. En effet, si la neutralité d’internet, c’est-à-dire la libre circulation de toutes les informa-

tions et connaissances, qu’elles soient gratuites ou non, est remise en cause, cela pourrait conduire à un internet à deux vitesses où les biens commerciaux disposeraient d’une « voie VIP » pour accéder à nos écrans alors même que ceux qui sont partagés gratuitement seraient relayés au second plan. Rifkin se fait donc le prophète d’une théorie nouvelle et optimiste qui allie la prise de conscience de l’urgence écologique et la difficulté pour nos sociétés développées d’envisager la fin de la croissance et plus encore la décroissance…

« Ah bon, il y a une radio à l’IEP ?! » Par Grégoire et Estelle

Après avoir entendu pour la énième fois cette petite exclamation, je me suis décidé à écrire un petit article, que dis-je, une tribune, pour faire connaître aux derniers Candide le prodigieux Club Radio de l’IEP. Membre de la grande famille du BDA pour la 3ème année consécutive, la radio existe maintenant depuis quelques années. Prêt à devenir le club le plus couru de l’Unistra, nous vous avons concocté, non pas un, non pas deux, mais bien trois programmes, qui sont garantis de ravir vos oreilles attentives! Nous commencerons par vous parler de notre doyenne, Ce que le jour doit à la Nuit diffusée en direct de 20h à 21h sur Radio Bienvenue Strasbourg (91.9 FM) : chaque semaine, toi, pipo émoustillé, 2A passionné, 4A en recherche de sensations fortes, 5A disponible, Erasmus hardi, et même 6A nostalgique, tu peux te porter volontaire pour y participer ! Sur un thème proposé par les participants (donc tout à fait ouvert) s’enchaînent chronique, pauses musicales et

débats enflammés. Tout y passe : politique, économie, gastronomie, sport, musique et j’en passe. Bref, si tu veux tenter l’expérience radiophonique pour la première fois, tu sonnes à la bonne porte ! Notre cadette, « WunderParlement » est un projet plus sérieux en collaboration avec Radio Mulhouse et RBS. Elle est enregistrée depuis le Parlement Européen avec une équipe de journalistes professionnels qui rendent accessible à tous les débats qui ont lieu à Strasbourg. Le travail fourni est donc directement lié aux décisions que nos députés européens prennent dans les magnifiques locaux strasbourgeois. Actualité, débats, politique, diplomatie et autres législations sur la taille légale de la pêche des coques bivalves d’eau douce en Lettonie sont au programme! Enfin, la petite dernière, toute neuve de septembre, c’est Le K par K !! Cette émission préparée avec le Pôle K et enregistrée à « La Kulture » veut mettre en avant le spectre très

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large du paysage culturel strasbourgeois. Si toi aussi tu as envie de participer à l’interview d’un artiste qui fait l’actu, de défendre ton point de vue dans la critique d’un spectacle vu avec le Pôle K ou de présenter un artiste électro qui s’est produit à la Kulture, tu peux nous rejoindre lors des enregistrements depuis la Kulture ! Monté par nos petites mains, le tout est diffusée sur RBS (toujours!) chaque premier vendredi du mois. Bref, comme tu le constates, cher iepien, il y en a pour tous les goûts au club radio : pour les journalistes en herbe, pour les passionnés et même pour tous les autres ; pour ceux qui veulent juste l’écouter, ceux qui veulent l’essayer « pour voir », ceux qui veulent juste venir parler d’un sujet précis ou ceux qui veulent y revenir pour la douzième fois. Si jamais l’envie de participer te gratouille, viens nous voir au local BDA (nous y campons désormais jour et nuit) ou sur notre page Facebook Radio Sciences Po Strasbourg – RBS 91.9 FM. A très vite !!


Propos n°92

Trump, 45ème Président américain

Le dossier du mois

Trump, 45ème Président américain Page 18 Page 22 Page 28

Adieux à Obama L’élection de Donald Trump Conséquences et perspectives

Le verdict est tombé tard dans la nuit du 8 au 9 novembre : le milliardaire Donald Trump, contre toute attente, devient le 45ème Président des États-Unis d’Amérique. Déjouant tous les pronostics, il bat facilement Hillary Clinton, qui obtient 6,5 millions de voix de moins que Barack Obama en 2012. Comment expliquer un tel séisme politique ? Dans ce dossier, Propos revient à sa manière sur un évènement historique.

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Trump, 45ème Président américain

Barack Obama, la fin d’une ère Par Victoria Volat

Barack Obama restera ancré dans les mémoires. Le 44° président des États-Unis d'Amérique est et restera le premier Afro-Américain à prendre la Maison Blanche, il a véritablement cherché à redorer le blason de l'Amérique après les années Bush. D'après Charles Philippe David (professeur de Sciences politiques au Québec) il est le Président le plus intelligent et le plus ouvert au débat que l'Amérique ait connu depuis T.Roosevelt. Prix Nobel de la paix en 2009, il bouscule la politique étrangère des États-Unis en revenant sur les "erreurs du passé". Contrairement à ses prédécesseurs, il sait vanter la puissance de son pays, mais reconnaît également les fautes qui ont été commises. Il propose une nouvelle alternative que les bombes et la terreur au monde musulman et soumet l'idée d'une entente cordiale basée sur "le respect mutuel". Il combat sur tous les fronts cette image d'une Amérique ayant un recours systématique à la force. Il ne prétend pas vouloir éradiquer tout usage de la violence, mais préconise au contraire une réflexion préalable et surtout un dialogue. En effet, "larguer une bombe dans le seul but de prouver au monde qu'on en est capable, est la pire des manières pour montrer sa force". Le Président de la "première des démocraties du monde" se montre particulièrement doué en la matière. Il négocie l'arrêt du projet nucléaire en Iran, et permet de normaliser les relations économiques et diplomatiques de Téhéran avec la communauté internationale. Il renoue avec l'île

de Cuba en décembre 2015. L'île, qui connaît une crise générationnelle, voit naître le désir de sa dernière génération (n'ayant pas connu la révolution castriste de 1959) de s'ouvrir sur le monde. 54 ans après la création de l'embargo, Obama rétablit les relations entre la Havane et Washington : "somos todos Americanos". Malgré cette progressive ouverture diplomatique, il continue la guerre contre le terrorisme que G.W. Bush avait déclarée. Un an avant les présidentielles de 2012 il annonce la mort d'un des plus grands ennemis des États-Unis : Ben Laden. Dans les villes américaines, la nouvelle est sur tous les écrans. Le président commente alors "justice est faite". Répondre au sang par le sang attise les critiques des Démocrates qui lui reprochent de prêcher les vertus du dialogue seulement en théorie. Dans les faits, il lui est

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plus facile d'éradiquer le mal à la racine ("carpetbomb ISIS" pour les fans de T.Cruz) que de faire venir un interprète Arabe pour "convertir" Ben Laden à la culture occidentale. Néanmoins, B.Obama ne s'est pas toujours montré irréprochable. L'affaire Snowden vient considérablement entacher la réputation du Président des États-Unis. En 2013 l'ex-employé de la NSA dévoile aux yeux du monde l'existence de "Prism" un programme de surveillance qui permet de consulter les messages d'internautes du monde entier, mais aussi d'espionner des chefs d’État, à l'instar d'Angela Merkel dont le téléphone a été mis sur écoute. En 2011, une autre affaire explose : l'affaire des "câbles diplomatiques". On découvre que les USA savent que les financements des groupes


Propos n°92 extrémistes (Al-Qaïda entre autres) sont des donateurs Saoudiens. Par ailleurs, certaines des promesses phares de B.Obama en matière de politique étrangère se sont avérées être des échecs : le retrait des troupes en Afghanistan en 2008, est suivi d'un désir soudain de renforcer les effectifs sur le sol afghan en 2009. Son projet de fermeture de la prison de Guantanamo sur le sol cubain (parce que le non respect des droits de l'Homme ça fait tâche quand même) s'est soldé par un refus du Congrès, une question existentielle ("où place t-on tous ces prisonniers?"), et un président mobilisé sur un autre front : la politique intérieure. En effet, B.Obama a dû s'atteler à un taux de chômage touchant 7,6% des actifs américains. Au plus fort de la crise en 2008, alors que les USA connaissent une année de récession, Obama annonce un plan de relance de 787 milliards de dollars dont 500 milliards d'investissements publics. Ce geste va à l'encontre de l'éthique libérale des USA où, jusqu'à présent, aucune intervention de l’État dans l'économie n'était tolérée. En 2015, le Président est vu en "homme providentiel" : les ÉtatsUnis retrouvent leur situation de quasi-plein emploi. B.Obama affirme sa vision des USA où une place est réservée à chacun peu importe sa provenance sociale. C'est dans cette même lancée que la politique de l'Obamacare est proposée en 2010 et permet à la population de souscrire à une assurance santé universelle non obligatoire pour les catégories sociales ne pouvant prétendre au soin privé. Aujourd'hui 32 millions d'Américains ont pu accéder aux soins grâce à cette

Trump, 45ème Président américain

réforme. Il parait important de préciser que pour ceux qui avaient déjà souscrit à une assurance maladie privée, le seul changement serait une meilleure protection contre les abus que les compagnies peuvent générer. Pour les plus âgés, un système de cotisation est mis en place. Enfin, le dernier grand combat d'Obama qui s'avère être l'un des plus compliqués : la réduction de la circulation des armes sur le territoire national. Une quinzaine de tueries ont eu lieu sous les deux mandats Obama. Il demande alors une action législative sur le sujet et propose en 2013 un plan de protection des enfants et des communautés. Il requiert une licence spéciale qui autorise les commerces à la vente d'armes à feu (12% des Américains portant une arme à feu ont acheté leur arme dans une épicerie ou un commerce non spécialisé). Il préconise que les vendeurs puissent avoir accès à certaines informations concernant l'acheteur (antécédents médicaux, troubles mentaux). Cette mesure pose un certains nombre de problèmes : qu'en sera t-il du secret médical par exemple ? Obama précise aussi qu'il faudrait que le Congrès durcisse la loi vis-à-vis de l'accès aux armes de « destruction massive » : les massacres à Virginia Tech, Tucson, Aurora, Oak Creek et Newtown ont été causés avec des armes à feu contenant plus de dix cartouches de munitions. Ces armes avaient été interdites en 1994, et depuis 2004 elles sont de nouveau accessibles pour n'importe qui. Il souhaite également donner plus de moyens aux forces de l'ordre avec des outils plus performants,

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et à la justice pour condamner plus fermement ces actes de barbarie. Cette peur de menaces sur le sol des États-Unis se ressent également dans la politique d'immigration de B.Obama qui renforce le contrôle aux frontières afin d'appréhender plus efficacement les menaces pour les USA. En revanche les frontières sont inexistantes pour quiconque compte s'installer avec un bon curriculum vitae. Ce que tout le monde connaissait déjà, B.Obama le renforce, en permettant aux jeunes entrepreneurs étrangers, et aux étudiants les plus prometteurs (provenant particulièrement des filières scientifiques) de pénétrer le sol américain avec le moins de contraintes possibles. Une aide financière est proposée, une procédure d'obtention de visa est simplifiée. Le système éducatif Américain restera un cheval de bataille pour M.Obama en ayant pour projet d'aider les classes moyennes à financer les études supérieures de leurs enfants, en maintenant des frais de scolarité abordables. En effet, une nouvelle bulle spéculative se crée autour des étudiants et de ce système de bourses non remboursables, et pourrait bien mettre à mal encore une fois l'économie des USA. Nul doute que l'élection de Donald Trump soit une grande remise en question des deux mandats de B.Obama. Il ne fait aucun doute non plus, qu'il conservera ce titre de président intellectuel, qui sait choisir ces mots, un excellent orateur qui a prouvé que son élection n'était pas un exercice de discrimination positive, ni une opportunité de "réconciliation raciale pour pas cher".


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Trump, 45ème Président américain

Hommage à l’homme Par Martine

Depuis des mois, l’Amérique n’avait d’yeux que pour l’élection qui allait déterminer son futur président, au point d’oublier celui qui s’apprête à s’en aller définitivement au bout de huit ans de bons et loyaux services. Au vu des deux candidats qui se sont affrontés depuis quelques mois et de la personnalité du personnage, ce sera, à mon avis, une bien belle perte. Très rares sont les Présidents à avoir suscité une telle nostalgie avant leur départ. Que ce soit aux États-Unis, où il a quitté le pouvoir avec près de

55% d’opinion favorable (du jamais vu depuis Reagan), mais également dans le reste du monde, son départ a provoqué un pincement au coeur à des dizaines de millions de personnes. Certes il faut préciser d’emblée que la politique ne se résume pas à un charisme, à une certaine classe. Je ne cherche en aucun cas à faire l'apologie du charisme ou quoique ce soit, mais il faut malgré tout souligner qu'en voyant la morosité, et parfois le ridicule des candidats qui se sont âprement battus pour être élus, que sa décontraction, son naturel en toutes circonstances et son élé-

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gance manquera, et je ne suis sûrement pas le seul à le penser. Quand il lâche son micro après son discours, quand il danse aussi bien que tous les candidats de Danse avec les stars réunis, quand il répond à ses différents adversaires politiques, ou tout simplement quand il parle, il dégageait quelque chose de simple, d'efficace. Tant dans sa complicité et son humilité avec son personnel à la Maison Blanche, mais aussi avec ses différents visiteurs, il a su rester luimême, comme s’il n‘était pas rongé comme d’autres par le fin plaisir de se retrouver aux plus hautes strates de la société poli-


Propos n°92 tique. Certes, la politique se concrétise avant tout par des actes mais le franc-parler de ce cher Barack a quelque chose d'unique et de rare de nos jours. Barack Obama, c’était aussi l’image du mari parfait, du père idéal. Même dans ce domaine, le fait d’être Président ne semblait avoir absolument rien changé dans sa vie tant il donnait une image simple et remarquable de sa vie de famille. On se souviendra notamment de ces moments touchants avec sa femme qui contrasteront sans doute avec toute la superficialité qui ressort du nouveau couple présidentiel, ce qui faisait dire à la politologue Nicole Bacharan : “Les grands moments des mandats de Barack Obama sont partagés avec sa femme, notamment quand on les voit chanter, danser, l'un avec l'autre. Ce n'est pas politique au sens strict mais c'est signifiant socialement et historiquement”. Contrairement à certains de ses prédécesseurs, il ne semblait pas vouloir s’afficher uniquement comme un Président modèle. Même dans sa vie de famille, il a toujours semblé vouloir témoigner d’une certaine

Trump, 45ème Président américain

exemplarité, celle qu’il a toujours affiché en politique. Car, quoiqu’on en dise, il n’a jamais commis un seul faux-pas en dehors du champ politique. Jamais un scandale n’a fait trembler ses huit années de présidence. Alors que Donald Trump et Hillary Clinton se sont mutuellement faits des amabilités en dénonçant tous les excès passés de l’autre, B.Obama est resté hermétique à toute affaire de corruption, à tout scandale sexuel. En ce qui concerne le bilan purement politique, il me semble difficile de dresser le bilan de huit années, d'autant plus que je ne suis sûrement pas le mieux placé pour juger moi-même l'efficacité de l'ensemble de son action politique, ne serait-ce parce que je ne suis pas Américain et que ce genre de jugement demande un recul que personne ne peut avoir à l'heure actuelle. Néanmoins, certains éléments prépondérants ressortent de ces huit années autour du Bureau Ovale qui seront détaillés dans l’article suivant (continue à lire du coup) . Quoiqu'on en dise également, Barack Obama était également un politicien avec des valeurs, ce

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qui constitue un pedigree de plus en plus rare en politique aujourd'hui. Contre vents et marées, il a toujours mis en cause la trop grande liberté du marché des armes aux États-Unis, liberté qui a encore provoqué des tueries devenues presque si banales malgré l'émoi produit par chaque massacre. Il s'est également toujours montré tolérant envers toutes les religions, ce qui paraît de plus en plus difficile à faire pour bon nombre d'hommes politiques. Il n'a pas hésité à reconnaître l'apport que pouvaient apporter les migrants au pays, dans une logique d'ouverture et non de fermeture, dans une logique d'humanité et non de froideur, tout en sachant poser des limites à l'immigration aux États-Unis quand il le fallait. Bref, on peut ne pas aimer le personnage, son attitude, sa politique éventuellement mais on peut lui laisser, pour la postérité, cette image positive qu'il a toujours donnée de lui et de l'Amérique : on le regrettera. Mais, si ça se trouve, Michelle sera candidate dans quelques années, il paraît que c'est à la mode.


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Trump, 45ème Président américain

Fin de parcours pour Hillary Par Grégoire Kieffer

Mais que s’est-il passé ? Le 9 novembre 2016, peu après 8h00 (heure de Paris), Donald Trump remporte la Pennsylvanie, provoquant un séisme politique planétaire : un milliardaire xénophobe de 70 ans, sans aucune expérience politique, est assuré de devenir le 45ème président des Etats-Unis, en battant facilement Hillary Clinton. Comment une ancienne première Dame, chef de la diplomatie américaine de 2009 à 2013, a-t-elle pu recueillir 6,5 millions de voix de moins que Barack Obama en 2012 ? Lorsqu’un milliardaire xénophobe, sans programme clair, et qui divise son camp réussit à devancer une femme d’expérience et connaissant ses dossiers sur le bout des ongles, il est légitime de se poser question. Dès les primaires démocrates, Hillary Clinton divise et ne

parvient pas à rassembler. Bernie Sanders crée la surprise en recueillant un nombre inattendu de soutiens, notamment de la part des jeunes électeurs. Déjà on reproche à l’ancienne première dame son manque de proximité avec le peuple américain. Sa froideur, sa distance et ses déboires judiciaires (l’affaire des e-mails la poursuivra jusqu’au bout), portent atteinte à sa crédibilité. Les sondages d’ailleurs sont formels : les Américains, y compris dans le camp démocrate, ne lui font pas confiance. Plus surprenant, la candidate démocrate n’a pas réussi à rassembler les votes des jeunes et des minorités (noire et hispanique) derrière elle, pourtant largement acquis à Obama en 2008 et 2012. Même le vote des femmes fait défaut à la Mme Clinton, alors qu’elle avait

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compté sur l’enthousiasme que sa candidature -historique- aurait pu susciter auprès de la gente féminine. Tandis que Trump se place en pourfendeur du système politique et se veut le candidat du renouveau, Clinton incarne l’establishment et sa candidature (elle le dit elle-même en proposant des mesures réalistes et dans la lignée de la politique Obama) se heurte dès le début de la campagne aux volontés de changement auxquelles aspirent des millions d’électeurs. Et si Trump avait mieux saisi les attentes du peuple américain que sa rivale ? Tout porte à croire, en tout cas, qu’après cette défaite d’autant plus brutale qu’inattendue, les portes de la Maison Blanche se referment définitivement sur les Clinton.


Propos n°92

Trump, 45ème Président américain

Qu’en est-il des autres candidats ? Le problème du bipartisme Par Antoine Couillaud

Durant la totalité de la campagne, de la nuit électorale à après les résultats, nous n'avons pas ou trop peu entendu parler des autres candidats. Le choix n'était pas binaire contrairement à l'impression générale. Le système américain est faussement bipartite. Mais pourquoi le restet-il ? Il y avait d'autres choix. Ces élections nous ont révélé un problème de représentation avec une côte de popularité très faible pour les deux candidats les plus « importants ». Trois principales alternatives se présentaient à nous : Gary Johnson incarnait le parti Libertarian, Jill Stein était à la tête des Green et Evan McMullin était indépendant. Passons rapidement en revu les programmes de ces trois prétendants. Il n'est jamais trop tard pour s'en informer. - Gary Johnson est ultra libéral. Il est notamment favorable à l'ouverture des frontières, à la réduction de l'intervention du gouvernement fédéral, à la légalisation du cannabis, à une réduction de l'intervention militaire à l'étranger et à la baisse des impôts. Tout cela inscrit dans une politique de restriction des dépenses. - Jill Stein est favorable à 100% en faveur énergies renouvelables pour 2030 et veut réduire les dépenses militaires, faire un système de santé et de l'éducation comme étant un droit, donc accentuer ce qui a déjà été fait avec l’Obamacare - Evan McMullin est un conservateur mormon qui est opposé au mariage gay et à l'a-

vortement. Mais la liste serait bien trop longue pour évoquer tous les autres candidats. Oui, il y en avait vraiment beaucoup. Même si dans certains États cela était restreint, l'État du Colorado offrait la possibilité de choisir entre 22 candidats ! Pourquoi s'obstiner à voter entre seulement deux candidats, qui sont plus qu’impopulaires alors que d'autres offrent de réelles alternatives ? Comme l'a dit Jill Stein « Les électeurs sont intimidés afin de voter pour les candidats les plus désagréables et les moins fiables dans l’histoire des campagnes présidentielles » Intimidés par qui ? Par les médias. Ils ont un rôle important dans la création d'opinion. Malgré une hausse générale de la méfiance envers ceux-ci par les américains (selon Gallups, en 2016, 32% des américains ont confiance dans les médias de masse face à 55% en 1999), il est certain qu'ils influencent. Comme ils ne parlent que de deux candidats, il est logique que la population américaine ait l'impression qu'il n'y ait que Clinton ou Trump et se mettent donc à voter que pour eux. Si le vote et l'intention sont monopolisés par les deux grands partis, cela étouffe les plus petits qui n'ont pas une « publicité » égale, d’autant que leurs moyens financiers sont beaucoup plus faibles. Mais continuer à se focaliser sur les deux grands partis rend impossible une réelle course à la présidence pour les plus petits. L'aboutissement à une conséquence encore plus malsaine envers ces derniers est

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bien présente. Le fait est d'être considéré comme des « spoilers ». Cela veut dire que les candidats qui votent pour ces partis peuvent permettre de faire élire un candidat non désiré en cas de résultats serrés. Ce risque est devenu réalité dans notamment dans l'un des Swing States, le New Hampshire. Gary Johnson a remporté environ 25.000 voix alors que Clinton en manquait seulement 4.000 pour gagner l'État. Obama avait lui-même dit dans une émission de radio en septembre « Si vous ne votez pas, c'est un vote pour Trump. Si vous votez pour un candidat des petits partis qui n'a aucune chance de gagner, c'est un vote pour Trump » suite à des sondages qui montraient que les votes pour les Verts et pour les Libertariens étaient des voies en moins pour Clinton. Faut-il donc arrêter de voter pour les petits partis parce que cela ferait faiblir l'un des deux grands ? Je ne le crois pas. Le bipartisme est un réel soucis aux États-Unis, « forçant » les électeurs à voter pour deux candidats qu'ils ne veulent pas. Même si le risque peut être déplaisant, il faut continuer à le prendre, quitte à avoir une période de transition difficile. Détruire le bipartisme et faire élever les plus petits partis pourrait permettre d'avoir une meilleure représentation des volontés de la population. Cela permettrait d'éviter d'avoir seulement le choix entre un « protofasciste » et une « reine de la corruption » comme a pu le dire Jill Stein.


Novembre 2016

Trump, 45ème Président américain

Trump’s America Par Alannah Collonny

This week, rather than electing one of the most qualified candidates in American history, America elected a reality TV star with zero political experience. Rather than electing the first-ever female president, we chose a misogynist who has bragged about sexually assaulting women. We’ve chosen a man whose entire campaign was based on racist, sexist, and xenophobic ideas. Trump’s victory has been rephrased and reworded in countless ways, and each seems more shocking than the last. After Trump’s victory, the first thing that came to many Americans’ minds (after, perhaps, some incoherent internal screaming), was h ow did we not see th is coming? Almost every poll had predicted a democratic win. In fact, at every step along Trump’s rise to the presidency, from when he announced his campaign, to when he won the Republican nomination, up until the night of November 8th, the liberal media assured the American public that Hillary’s victory was practically inevitable. We remained confident under the assumption that Trump would not win because such an inexperienced demagogue simply c o uld not possibly be President. Progressives were lulled into a sense of complacency and did not fight as hard as they evidently needed to. The America that the media had portrayed was indeed vastly different from the reality, and this vast underrepresentation of Trump supporters sends a powerful message about the divi-

sive state of our nation. I, a student in Washington DC, do not personally know any Trump supporters. I am so isolated in my liberal bubble that I have never knowingly met a single person who voted for our Presidentelect. For many Americans like me, this election has demonstrated just how little we know our own country. And because many liberals do not truly know these Trump supporters, it is easy to hate them, to write them off as close-minded bigots. Yet this would be a dangerous path to take for multiple reasons. First, indiscriminate hatred was one of the most deplorable aspects of the Trump campaign, and it would be a true shame to follow this lead. Furthermore, the racist, sexist and xenophobic rhetoric of Donald Trump does not prove the inherent malice of his supporters. Although these oppressive beliefs play an undeniably crucial role in Trump’s election, other aspects played a more important role in the minds of some supporters. For many workingclass white Americans, Trump’s campaign was above all an antiestablishment campaign. Under great economic stress, these Americans feel as though the Establishment has failed them. They are suffering. They are angry and searching for someone to blame. Fueled by anger, Trump’s campaign provided countless sources of blame, whether it was Obama, Hillary, immigrants or any of Trump’s other targets, and his supporters happily adopted this narrative as

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an explanation for their hardships. As a candidate, Trump represented the antithesis of this establishment that had failed them so badly, a revolt against political norms. The more scandals he committed and the more offense he caused, the better he served as their vengeful insult to the American Establishment. We can no longer afford to write off Trump supporters as ignorant bigots. This was not a careless or ignorant choice; this was a statement, a message of protest from White Middle America. Yet in sending this message to the elites of Washington, Trump supporters have also sent a much more powerful message to marginalized groups in America. Their votes have told black Americans, Latino/as, immigrants, Muslims, women, and LGBTQ individuals that their lives are not valued in American society. This is a triumph of racism, sexism, homophobia, nativism, and hate. It is the triumph of the fundamentally unconstitutional belief that we are not, in fact, all equal. So although we must strive to recognize and ease the very real suffering of many Trump supporters who so desperately seeked change, their passive or active support of Trump’s bigoted platform can not be accepted nor justified. Now more than ever, we are called to fiercely defend the rights and freedoms of all marginalized communities. The voices of many will be silenced throughout the coming years, and it is urgent that we listen to, and make heard, the voices outside of Trump’s America.


Propos n°92

Trump, 45ème Président américain

Vu d'Amérique – Lendemain sombre pour la jeunesse Par Jean (3A)

Les résultats des derniers sondages laissaient présager une bonne dose de suspens pour la soirée électorale du 8 novembre ; mais dominait la conviction diffuse que la victoire d'Hillary Clinton ne faisait aucun doute. Malgré l'ingérence du FBI et le retour de l'affaire des emails qui avaient grignoté un peu de sa marge dans les sondages. Après tout même les pessimistes du blog d'analyse de données FiveThirtyEight lui donnaient 75% de chances de remporter le scrutin présidentiel. L'ambiance était bon enfant : l'inévitable pizza gratuite était de sortie pour ravitailler le public, chacun essayait de trouver un endroit pour s'installer confortablement en attendant les premiers résultats déterminants, et les premières projections favorables à Hillary faisaient la joie d'une foule de plus en plus nombreuse. Annoncée devant en Caroline du Nord et en Floride, la victoire semblait même déjà assurée car Donald Trump ne pouvait mathématiquement se permettre de perdre ses swing states (États dont la couleur politique change entre les différentes élections présidentielles). Il était 21h heure de la côte Est, à peu près le moment où les bureaux de votes commençaient à fermer dans la région des Grands Lacs, et en particulier dans la Rust Belt (ceinture d'anciens États industriels qui connaissent de lourdes

difficultés de reconversion socioéconomique - Pennsylvanie, Michigan, Ohio, Wisconsin, Iowa). A 23h45 tout était fini. Hillary avait perdu de peu la Floride ; plus largement la Caroline du Nord, l'Ohio, l'Iowa ; et se trouvait en mauvaise posture dans le Michigan, le Wisconsin, la Pennsylvanie et le New Hampshire. La géographie nous suggérait très fortement que bientôt ses espoirs de victoire allaient s'évanouir. Le modèle électoral du New York Times annonçait Trump gagnant à plus de 80%. La violence du retournement de situation en l'espace de deux heures avait laissé la foule hébétée ; pourtant elle continuait de se réjouir bruyamment de la victoire démocrate dans l'Oregon et l'État de Washington. Mais les mines se faisaient sombres à mesure que l'impossible devenait l'inéluctable. Ici les premières larmes, là les premiers

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câlins collectifs pour se consoler du tournant terrible que s'apprêtait à prendre le pays. Les premiers cris de triomphe des rares supporteurs de Trump dans l'assistance également, vite éteints par les regards de dépit d'une foule en pleine dérive dépressive. Vers 00h30, le décompte des voix ne laissait plus guère d'espoir pour la Pennsylvanie et le Wisconsin : ces trente grands électeurs que chaque minute rapprochait de Donald Trump allaient coûter l'élection de la première femme à la présidence des États-Unis. Les spectateurs impuissants se dispersaient par grappes en murmurant, déjà inquiets pour l'avenir de leur pays ; les plus courageux continuaient de suivre en direct le désastre annoncé, attendant un certain réconfort d'un discours qui créerait une solidarité commune face à l'adversité de la défaite. Il ne vint pas. La tradition dans la capitale fédérale est de se rendre sur le


Novembre 2016

Trump, 45ème Président américain

parvis de la Maison Blanche à l'approche de l'annonce des résultats pour fêter la victoire de son candidat. La fracture idéologique profonde engendrée par la violence de la campagne et la surprise des résultats ont transformé cet exercice : il était devenu l'exutoire de la frustration d'une foule essentiellement jeune et multiethnique qui refuse de se reconnaître dans le résultat de cette élection. La colère instillait sur place une tension électrique, et le contentement bruyant et bravache des rares supporteurs de Trump présents a fini par créer des incidents. Un blessé léger et une intervention de la police qui en disent long sur le travail de réconciliation partisane à entreprendre. La matinée du 9 novembre 2016 restera probablement comme l'une des plus tristes dans la mémoire de nombreux étudiants. En une nuit le triomphe d'un homme et de l'inconnu idéologique ultraconservateur qu'il représente ont assombri pour quatre ans les perspectives d'avenir de ces jeunes. Comment s'assurer que, comme il en a le pouvoir, le nouveau président ne va pas engager le pays dans un spectaculaire bond en arrière sur la marche du progrès pour les droits sociaux ? On peut toujours arguer qu'il n'est pas aussi conservateur qu'il a voulu le faire croire, donc le risque peut s'en trouver réduit : mais son entourage, son vice-président en tête, ainsi qu'une frange radicale de son électorat poussent dans ce sens, et il aura besoin de leur soutien pour gouverner. Au point de sacrifier l'IVG ou le mariage homosexuel pour réaliser l'une de ses lubies ? Qui oserait le croire d'un homme qui pense qu'apposer son nom sur une activité commerciale suffit à son

succès ? La victoire de Donald Trump et plus largement le triomphe républicain sont une nouvelle insulte à la jeunesse des pays occidentaux. Après le Brexit. Les peurs d'une classe blanche, conservatrice et âgée nourrissent les pires décisions pour l'avenir. Les élites politiques ne sauraient comprendre ces coups de tonnerre successifs parce qu'elles tirent profit de la mondialisation et n'intègrent pas le déclassement subjectif perçu par les « gens du peuple ». Qu'elles laissent la place à la jeunesse ! Elle comprend ce sentiment, elle qui vit avec l'épée de Damoclès du chômage dans chacun de ses choix, jusqu'au plus fondamental pour son avenir : ne pas poursuivre des études, c'est se mettre en danger pour l'avenir ; mais en poursuivre est loin d'être une immunité pour autant. Le déclassement pour la jeunesse, c'est devoir s'appuyer bien trop longtemps sur la solidarité collective car elle ne peut pas se permettre d'être indépendante dans les termes où les générations précédentes ont pu le faire. Qu'on ne dise plus que la jeunesse est éloignée du peuple et que son idéalisme lui cache les vrais problèmes : elle a peur elle aussi, et ses problèmes elle les vit car la jeunesse, c'est aussi le peuple. Hier soir à la Maison Blanche, c'est certes une partie de la jeunesse éduquée qui manifestait : mais elle ne le faisait pas parce que la défaite d'Hillary Clinton leur ôtait une réforme des universités qui aurait réduit le coût astronomique des études. Ils savaient ô combien ils auraient apprécié de voir alléger cette pression qui pèse sur leurs épaules. Mais non, ils avaient

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des préoccupations beaucoup plus triviales, beaucoup plus idéalistes diraient les critiques. Ils étaient, sont et seront inquiets pour les quatre ans à venir pour les droits sociaux des minorités, la planète, les droits de la femme... Autant de sujets où Donald Trump représente un recul insupportable pour une génération plus libérale, plus ouverte sur le monde. Pourtant c'est le conservatisme réactionnaire qui prétend s'imposer. On ne peut blâmer l'électorat qui a porté le futur président, qui vit sous la peur diffuse du changement qui amènerait le déclassement social. Mais on peut reprocher aux élites politiques de lui faire croire que le recul de valeurs de tolérance et de vivre-ensemble ramènera un âge d'or depuis longtemps passé de mode. La jeunesse a compris, malgré ses peurs, que de ces valeurs « libérales » émergera la solidarité qui est la réponse aux grands défis que l'humanité affrontera avant la fin du siècle. Dès lors, pourquoi continue-t-on d'exploiter l'incompréhension terrifiée d'une partie de la population qui ne demanderait qu'à assurer un futur durable à ses enfants ? Il est absolument honteux que la division poussée à son paroxysme soit encore perçue comme le meilleur moyen de gagner une élection. Cette élection a marqué le triomphe idéologique de la rupture : mais pas une rupture pour un monde meilleur, une rupture qui fait honte à la jeunesse et qui fera honte aux générations futures. Que pourrons-nous leur répondre ? « Ce matin-là, ceux qui croyaient vraiment dans un avenir meilleur pour leur pays ont pleuré. Et au premier rang, la jeunesse. »


Propos n°92

Trump, 45ème Président américain

Top 20 des raisons de se réjouir de la victoire de Trump Par Schintou

1. Elle renforce Jean-Frédéric Poisson et c’est rigolo. Suite à la victoire de l’outsider américain, ce Tweet montre la détermination décuplée de Monsieur Poisson pour remporter la présidence française.

2. Elle décomplexe les Hommes portant du maquillage. Cet homme est orange. 3. Elle décomplexe les Hommes portant des perruques. Non Donald, tu ne fais pas illusion. 4. Elle relance l’économie mexicaine. Le Mexique va devoir construire un mur de 3200 km de long, ils vont pouvoir se mettre au travail. 5. Il a fait du catch On disait que Obama est le Président le plus cool de l’histoire des États-Unis, il avait pas fait de catch, c’était pas le plus cool. Le plus cool c’est Trump. Ps : il a aussi joué dans des pornos et possède une marque de vodka. Ce mec est génial ! 6. Les États-Unis deviennent le Tonton gros et raciste du repas de famille mondial. Une population obèse qui fait des blagues racistes et qui attrape les femmes par la chatte. Aux repas de famille on en rigole ! 7. Clinton n’est pas élue. On peut penser que les américains ne veulent pas d’une ex

première dame à la présidence ; ils ne voteront donc JAMAIS pour Melania Trump. 8. Le Tafta ne passera probablement pas. Trump, pro-isolationniste va probablement couper les négociations. Honnêtement, on n’est pas contre ! 9. On va arrêter de parler des affaires sexuelles de Morandini pour parler des siennes.

Le taux de participation a été de 54%. 46% de la population des États-Unis doit maintenant se taire et assumer (ou partir en révolution, je sais pas). 16. Elle le discrédite.

Profiter d’un système que t’aimes pas c’est pas très Charlie Donald.

10. Il a 70 ans. L’espérance de vie de l’homme américain est de 77 ans ; compte tenu de sa vie de débauche on peut largement la réduire à 71 ans. Avec un peu de chances il fera même pas l’investiture.

17. Elle nous autorise à le tuer (c’est lui qui l’a dit).

11. Son prénom est Donald. Couin couin.

18. Avec Poutine ils vont faire un couple de supers vilains dont on va pouvoir se moquer comme de la Team Rocket. (Miaouss c’est Kim Jong Un)

12. On ne découvrira pas en cours de mandat que le président des États-Unis n’a pas payé ses impôts, est un obsédé sexuel et un raciste. On le sait déjà. 13. Il n’a aucune expérience. Avec un peu de chance des gens avisés vont lui dire qu’il peut rester assis à mater Netflix dans le bureau ovale pendant que des gens compétents feront le taf. 14. Elle nous ouvre 4 folles années de caricatures. Entre les dérapages diplomatiques, les insultes (qu’il maîtrise à merveille) et son attitude globale, on va bien rigoler. 15. Elle nous prévient.

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Il devrait moins tweeter.

19. On s’en fout. Après tout on ne pouvait avoir aucune influence sur cette élection et elle risque de ne pas changer énormément notre réalité. Ton bonheur passe par ton jugement, soit stoïcien et bats toi en les couilles. 20. Clinton a gagné en fait. Aujourd’hui 09.11.2016 à 17h43 Clinton a plus de voix que Trump. La démocratie américaine est juste toute nulle, on peut la siffler et lui cracher dessus en disant pendant 4 ans que Clinton est Présidente.


Novembre 2016

Trump, 45ème Président américain

Brexit, USA, 2017 : quand les médias démobilisent Par Blandine Camus

Juin 2016, le Brexit tombe. Nous, devant nos télés et smartphones aussi. Après une inexistante campagne mettant en avant une inexistante victoire, c'est l'incompréhension et la déception. Des semaines de sondages assénés pour in fine se planter. Des centaines de jeunes et moins jeunes convaincus d'avance que la Grande Bretagne demeurerait dans l'Union et ne se sont pas mobilisés, faute de motivation. Update : nuit du 8 au 9 novembre on s'est encore trumpé– pour reprendre la mauvaise blague qui pullule sur nos timelines et nos télés. Deux élections, deux pièges à cons pour ceux qui, trompés par l'aveuglement des médias et des sondages, n'ont pas pris la peine d'aller voter. Deux victoires portées par certains partis et candidats aux idées sécuritaires nauséabondes, pendant qu'ici les nausées abondent. Cet article n'a pas pour vocation de prendre un parti pris pour tel ou tel candidat, la guerre entre ce nabot minable et ce cancre làne m'intéressant guère. Il a juste pour vocation de rappeler qu'une élection se joue dans les urnes et seulement dans les

urnes. Ni BFM ni Itélé ne peuvent nous dire d'avance que « c'est plié». On est en Novembre, tous les candidat-e-s ne sont pas encore déclaré-e-s pourtant les sondages nous annoncent déjà le Président Juppé. Et nous, tous, on gobe cette information sans la remettre en question du coup, on entend sans écouter les autres opinions. Primaires écolo, primaire de gauche on se focalise surtout sur les primaires de droite. NKM, Le Maire, Copé, Sarkozy, Poisson, Fillon et Juppé. Surtout Juppé. Juppé dans les sondages, Juppé dans les médias, Juppé à la radio. JPP. Tout juste candidat déjà désigné Président ou l'apogée d'une mascarade médiatique qui me fait tiquer. On envoie valser les votants qui doivent voter pour exprimer leur voix en leur montrant LA voie de la véritépolitique dans un vacarme médiatique. Mais tous sont concernés : on fait croire aux électeurs de droite qu'il a déjà gagné et aux électeurs de gauche qu'il faut aller voter pour le désigner, au risque d'en démobiliser certains et de mobiliser les mauvais. La manipulation des médias fait croire aux électeurs de gauche qu'ils doivent se déplacer pour aller voter à des élections par

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lesquels ils ne sont pas directement concernés – car la gauche aurait déjà perdu - tout en montrant aux militants de droite que le candidat est déjà quasiment élu. Jeunes de gauche, de droite, du centre et écolos avant de vous avouer vaincus par Ifop et Ipsos, souvenez-vous qu'une élection se joue jusqu'à20 heure et qu'avant ce moment, si vous y croyez, il faut laisser place aux débats et aux idéaux-logies. Ne nous « trumpons » pas, malgré un contexte politique abject, 2017 n'est pas joué et c'est le moment pour toutes celles et ceux qui défendent des idées de les faire valoir dans les centres, les quartiers et les campagnes, sur les réseaux sociaux et les marchés pour qu'au moins les citoyens aillent voter et que (peut-être) une énième gueule de bois politique soit évitée. La politique doit se jouer sur le terrain, pas dans les médias Dans le mot Élysée, il y a « élisez ».


Propos n°92

Trump, 45ème Président américain

On n’est pas si mal en France Par L’acc’Rauch

Toute la campagne américaine, des primaires des partis aux débats télévisés, a permis de remettre les choses en perspective vis-à-vis de la France. À tout ceux qui dédaignent la politique française, certes, parfois elle est contestable, parfois elle est détestable, mais elle est le plus souvent appréciable. Rarement les Américains ont pu profiter d’un réel débat de fond sur l’ensemble de la campagne présidentielle. Un débat où ils auraient pu comparer les idées politiques, les convictions économiques, les perspectives internationales. Non pas de manière superficielle, comme en expliquant brillamment vouloir construire un mur ou interdire à tous les musulmans de rentrer sur le territoire américain, mais de manière profonde, avec de vrais arguments et non pas une pluie d’insultes et de menaces. La totalité de la campagne américaine n’a rien offert d’autre que le spectacle d’une politique superficielle, à qui aboierait plus fort que l’autre. Les individus se sont écharpés, se sont fusillés, se sont injuriés mais n’ont jamais avancé d’idée fiable, de chiffre précis, de mesure concrète. À partir de ce constat,

certes nous pouvons toujours trouver que parfois N. Sarkozy s’emballe devant ses supporters ; que M. Le Pen est outrageante ; que E. Macron devrait un peu lâcher twitter et arrêter de marcher pour courir. Que parfois, passer des semaines à débattre sur le Mariage pour Tous ou le Burkini fait plus de mal à la politique qu’autre chose. Mais tout ça reste à la marge. On ne peut pas retirer à tous les politiques Français le fait qu’ils offrent un réel contenu, des programmes, des propositions. La plupart d’entre eux a écrit des livres, décryptant la situation comme ils la perçoivent, les solutions qu’ils veulent apporter (on t’a vu BLM et tes 1000 pages). En pleine campagne des primaires côté Républicains, les débats télévisés offrent un contenu de fond. Évidemment, parfois ils dérapent. Mais personne ne dit jamais qu’il mettra l’autre en prison s’il est élu. Personne ne vient dire à A. Juppé qu’il est au seuil de la mort lorsqu’il tousse.

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Alors assurément, nous sommes sur cette pente glissante. Paraît-il que les Français font toujours tout comme les Américains, mais avec quelques années de retard. Espérons cette fois que la prophétie se trompe, et qu’on maintienne en France ce qui n’est peut-être pas un haut niveau de débat, mais au moins un débat sur des idées, pas un débat sur des insultes. Espérons que jamais la France ne sombre dans cette politique hideuse. Espérons que ce résultat remette les pendules à l’heure de tous les prétendants aux plus hauts postes de l’État. Qu’ils n’en deviennent pas pires, en se disant que tout est possible, mais qu’ils en sortent grandis dans l’idée qu’ils doivent nous offrir un débat de qualité ; qu’ils se doivent et qu’ils nous doivent d’être irréprochables.


Novembre 2016

Trump, 45ème Président américain

Trump : un changement diplomatique Par Le Maq

Donald Trump a promis, durant toute la campagne, de rompre avec la ligne diplomatique tenue par les États-Unis durant l’ère d’Obama. Parfois ignorant, souvent populiste, Trump a fait des promesses aussi variées que faire payer les alliés historiques des États-Unis, dont la défense dépend actuellement des financements américains, faire payer le Mexique pour bâtir un nouveau mur sur la frontière au sud du pays. Tout ceci dans le but de « rendre sa grandeur à l’Amérique ». Trump a fait le constat d’une Amérique affaiblie, où le monde entier se moque du pays. Il insiste fortement sur la nécessité de se faire respecter par les autres pays : ainsi, la diplomatie entend se faire avec une puissance militaire renforcée : augmentation des effectifs humains comme matériels sont prévus.

Trump a également affirmé que les alliés historiques des États-Unis devraient payer pour la protection qui leur est offerte par Washington. Ainsi, l’Arabie Saoudite aurait le choix entre mettre la main au portefeuille, ou, comme l’a lui-même suggéré Trump, s’équiper de la bombe nucléaire pour assurer sa propre défense. Cette politique de fermeté a toute les chances de provoquer de nouvelles tensions plutôt que d’en résoudre. Pire, on pourrait croire à un saut dans le passé : courses à l’armement, autoritarisme, chantages et menaces contre des pays plus faibles ou des institutions internationales. Il faut s’inquiéter de Trump, qui est tout sauf rationnel, tout sauf diplomate, et tout sauf calme.

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Géographiquement, quelle politique Trump prévoit-il de mettre en place ? En Amérique : Tensions quasi certaines avec le Mexique. Bizarrement, se faire traiter de violeur et de dealer ne doit pas plaire au peuple mexicain. Les promesses de construire un mur pour protéger le pays de l’arrivée de migrants venus du Mexique, mur pour lequel le gouvernement mexicain devrait payer, laissent imaginer de nouvelles tensions entre les deux pays. mise à mal des traités de libre échange : l’ALÉNA est fortement critiqué par Trump, qui promet de revenir dessus. le Cuban Adjustment Act, permettant aux citoyens cubains de demander la nationalité américaine s’ils se trouvent aux État-Unis, serait supprimé.


Propos n°92 aucune proposition claire concernant l’Amérique du Sud n’a pour l’instant été formulée En Europe : la remise en cause des accords internationaux de défense : l’OTAN est en effet dans la ligne de mire du 45° Président. Il semble néanmoins peu probable qu’il y ait une remise en question totale de l’accord : il serait plus probable que les États-Unis n’accordent plus un soutien inconditionnel à leurs alliés historiques du traité de l’Atlantique Nord. Ceci risque de laisser du champ à la Russie, particulièrement en Europe de l’Est. le rapprochement avec la Russie : Trump semble être un admirateur de Poutine. Ne s’étant encore jamais rencontrés, on ne peut encore savoir comment seront les rapports entre les deux hommes. -

Trump, 45ème Président américain

En Asie : remise en question de l’accord trans-pacifique fin de la protection militaire auprès de la Corée du Sud et du Japon contraindre la Chine à réévaluer sa monnaie afin de lutter contre les coûts de production plus faibles dans les pays asiatiques. Au Moyen-Orient : détruire l’ÉI : superbe idée, mais il n’a jamais précisé comment durcir sa politique contre l’Iraq, l’Iran, l’Arabie Saoudite, ou encore la Libye. Ses idées ? Il aurait fallu prendre le pétrole de ces pays lorsque les soldats américains s’y sont rendus. Il ne faut pas les laisser contrôler leurs frontières, les Américains étant au-dessus des lois. Il a affirmé, suite à l’arraisonnement d’un navire américain par la marine iranienne, que s’il avait été Président, les Iraniens seraient « sous l’eau » après cet acte.

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En Afrique : Il ne doit pas vraiment savoir où c’est, ou alors il ne s’en soucie pas. Ils sont plutôt chanceux au final. Enfin, concernant un accord encore non ratifié : celui de décembre 2015 sur le climat. Trump est quelqu'un qu’on pourrait qualifier de climato-secptique, sans exagération possible. Il a promis de revenir dessus, et ne semble pas spécialement se soucier des enjeux environnementaux. Le « dialogue » sur ce sujet risque, au bas mot, d’être compliqué. Bienvenue donc dans un nouveau monde parsemé d’incertitudes. En effet, malgré toutes ses déclarations chocs, il reste compliqué d’affirmer si oui ou non il pourra mettre en place son ‘programme’. Quoi qu’il en soit, avoir une telle personnalité à la Maison Blanche risque de perturber le jeu des relations internationales. Et les trublions sont rarement de bonne augure : dernier exemple en date, janvier 1933.


Novembre 2016

El Mundo - Europe

El Mundo Europe

- Grenade, Espagne - Istanbul, Turquie

Amérique - Québec City, Canada

Universidad de Granada Grenade, Espagne

CV DE LA DESTINATION

Ville : - Grenade - 250 000 habitants - capitale de province

Université : - 60000 étudiants

3 mots pour décrire ta destination ?

“Granada enamora”

Ton avis sur les cours et ton université ? L'université est super, les facs de droit et de sciences po sont biens et au centre dans un quartier étudiant. Les cours sont en général pas trop difficiles, mais évitez les cours de 1A car on apprend (très) peu et ils donnent carrément des devoirs. Combien d'heures de cours par semaine ? Pour valider 60ECTS il faut choisir 5 cours de 4h hebdo chacun : ça fait 20h avec ou sans contrôle d'assistance en fonction des profs.

L’UNIVERSITÉ

Les examens ont-ils été difficiles ? Franchement, non. Pas tous les profs permettent l'utilisation d'un dictionnaire mais la langue n'est généralement pas un problème. Les contenus sont abordables mais il faut bien sûr se préparer. Je ne recommande pas les "tipotest" (QCM) en Psychologie sociale par exemple, mais il y en a qui aiment. L'université intègre-t-elle bien les étudiants étrangers ? Oui, le bureau des RI avec sa directrice Suzanna est super utile et très serviable,

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surtout pas trop carré. Sinon il y a énormément d'Erasmus dans la ville, il y a de nombreuses organisations spécialisées mais au final c'est un peu à chacun aussi de chercher à s'intégrer. Quelles ont été les sorties et activités proposées au sein de ton université ? Semaine d'intégration et soirées.


Propos n°92 Tourisme : as-tu eu le temps et l'argent pour visiter ? Oui, Grenade et l'Espagne ne sont pas trop chers. Voyages en bus sur alsa.es ou avec les groupes Erasmus. J'ai voyagé en Andalousie et au Maroc.

Le logement : plutôt coloc, campus, solo, chez l'habitant ? Avantages et inconvénients ? Colocation avec des Espagnols vivement recommandé. Chambres entre 150 et 250€ /mois. Quel est le coût de la vie ? Pas cher. 2€ la bière avec Tapa gratuite, 1,20€ le café, 170€ mon loyer, 300€ pour les courses si vous ne mangez pas que pâtes au pesto tous les jours, enfin entrée en

El Mundo - Europe

VIE SOCIALE

La langue a-t-elle été une barrière ? Non, mais j'ai vécu avec des Espagnols en colocation et ça facilite beaucoup les choses. On apprend plus vite et on fait plus facilement des rencontres avec d'autres Espagnols

VIE PRATIQUE

boîte parfois gratuite, parfois 3,50 ou 5€ avec consommation. Voyages en blablacar très développés et pas chers, bref vous vivez pendant un mois avec le budget d'une semaine à Londres, et vous vivez bien! Des conseils pour les plus jeunes pipos ? Vols avec Ryanair entre Karlsruhe/Baden-Baden et Málaga. Allez danser au Booga Club et tapear chez Poe.

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Les rencontres : plutôt Erasmus ou plutôt locaux ? On fait facilement et souvent la connaissance d'autres Erasmus et je me suis fait de bons amis. Mais j'ai vécu avec des Espagnols qui sont devenus des amis aussi.

Envie de t'exprimer sur un point en particulier ? Préparez-vous à des horaires bien espagnols. Ruben.


Novembre 2016

El Mundo - Europe

Yeditepe University Istanbul, Turquie

CV DE LA DESTINATION

Ville : - Istanbul - 14 millions d’habitants - 1ère ville du pays

Université : - 17000 étudiants - non classée

3 mots pour décrire ta destination ?

“Intense”

Ton avis sur les cours et ton université ? L'université Yeditepe propose des cours très intéressants et surtout accepte facilement que les étudiants internationaux élargissent leur emploi du temps endehors des cours du département d'origine. Les professeurs sont aussi bien Turcs qu'étrangers (malheureusement les profs internationaux sont en baisse d'effectifs depuis les évènements politiques récents). Certains cours proposés en Anglais sont en fait dispensés en Turc selon les effectifs. Mais il est cependant possible de trouver son bonheur, et de condenser son emploi du temps sur 3 jours si on le souhaite. Il n'y a aucun cours "obligatoire" donc c'est vraiment à la carte. Combien d'heures de cours par semaine ? Une vingtaine. Les examens ont-ils été difficiles ? Dans le département de sociologie où j'étais les examens étaient très, très abordables. Le système scolaire Turc ne formant pas du tout les élèves à rédiger de dissertations, le simple fait

“Suprenant”

“Magnifique”

L’UNIVERSITÉ

d'écrire correctement en Anglais et de maîtriser la méthode assure d'avoir la moyenne. Les sujets d'examens sont par ailleurs la plupart du temps tirés d'une liste diffusée à l'avance donc aucune surprise, on sait quoi réviser et tout se base sur un corpus de textes lu et analysé en classe qui sont parfois même consultables durant l'examen. Rien à voir avec les examens à l'IEP. Les examens du département de sciences politique demandent souvent plus d'efforts mais là encore un minimum de travail régulier suffit. L'assiduité et la participation en classe représentent entre 10 et 30% de la note selon les professeurs donc le plus gros effort est en fait d'aller en cours. Il est de plus et selon les professeurs parfois possible de faire une présentation supplémentaire pour gonfler sa moyenne ou compenser une éventuelle débâcle aux examens de mi-semestre. L'université intègre-t-elle bien les étudiants étrangers ? Très bien, elle en accueille beaucoup et dispose d'un groupe d'organisateurs qui s'arrange pour inclure tout le monde aux évènements. De

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plus, la ville d'Istanbul comporte des milliers d'Erasmus et par conséquent des groupes et pages facebook qui organisent aussi des sorties, soirées et voyages à plus grande échelle. C'est donc très très facile d'élargir son cercle et de rencontrer des gens d'autres universités, qu'ils soient étrangers ou Turcs. Les étudiants stambouliotes fréquentent beaucoup les cercles Erasmus pour pratiquer l'Anglais et rencontrer du monde, ils sont pour la plupart extrêmement ouverts, sociables et accueillants. Vu la taille de la ville ils sont aussi des atouts de taille pour découvrir les meilleurs spots. Quelles ont été les sorties et activités proposées au sein de ton université ? Billard, bière-pong, soirées, dîners, visites de la ville, week-ends et voyages en Turquie, fabrication de refuges pour les oiseaux et les chiens & chats collectifs (on pourrait dire "errants" mais comme ils sont tous très sociables et en bonne santé, nourris et soignés, le terme "collectif" me plaît plus), un peu de tout.


Propos n°92

Tourisme : as-tu eu le temps et l'argent pour visiter ? Oui, bien sûr! Voyager en Turquie est très facile et bon marché en bus, et les voyages organisés pour Erasmus sont relativement peu chers. Même les billets d'avion vers les pays d'Europe et du Moyen-Orient ont été bien moins chers que ce à quoi je m'attendais. En revanche il n'y a pas ou presque pas de vacances scolaires au courant de l'année, d'où l'intérêt de bien faire son emploi du temps. Avec un W-E de 3 ou 4 jours et quelques séchages de cours on peut aller partout! La langue a-t-elle été une barrière ? Les étudiants parlent un anglais largement meilleur que la plupart des Français, ainsi que les gens qui travaillent dans les endroits touristiques. Mais au

El Mundo - Europe

VIE SOCIALE

quotidien il est difficile de se débrouiller sans parler un minimum de Turc : les chauffeurs de bus/taxi, les serveurs, les commerçants etc. ne parlent souvent aucune langue étrangère. Le pire restant les administrations, d'où l'intérêt d'avoir des amis turcs sous la main. Les rencontres : plutôt Erasmus ou plutôt locaux ? Les deux! Comme précisé auparavant, les Turcs viendront facilement vers vous et sont des amis de qualité. Vivre avec un(e) ou plusieurs Turcs est aussi une très bonne idée, d'une part parce que beaucoup de choses de la vie quotidienne nécessitent de parler Turc (commandes d'eau potable/de gaz, relations avec le voisinage et les propriétaires, appeler un réparateur ou un plombier etc.) et d'autre part parce que ça permet

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plus facilement de découvrir le quartier, de se faire des amis, de savoir où sortir etc. Les bons plans à domicile. Pour ce qui est des Erasmus, les Allemands (et les Européens en général) sont sur-représentés (du coup j'ai aussi eu l'occasion de pratiquer l'Allemand :) ), mais il est possible de rencontrer des gens du monde entier, d'Australie comme de Syrie, du Canada comme du Venezuela . Mes groupes d'amis étaient tous constitués d'un beau panachage. Cependant certains font le choix de rester par nationalité, ce qui vu le nombre d'étudiants étrangers est facile mais n'a selon moi aucun sens. J'ai donc évité les Français le plus possible, se retrouver à parler français en soirée fait qu'il est très difficile à d'autres de se joindre à la conversation mais attire plus de Français, c'est un cercle vicieux dont je ne voulais pas me retrouver prisonnière.


Novembre 2016

El Mundo - Amérique

Le logement : plutôt coloc, campus, solo, chez l'habitant ? Avantages et inconvénients ? En ce qui concerne Yeditepe, il faut éviter à tout prix de vivre sur le campus. C'est loin de tout, mal desservi de nuit et freine la vie sociale plus que cela ne la facilite. Habiter en solo n'est pas top non plus, vu la taille de la ville il n'est pas impossible que tes potes les plus proches habitent à 20 min en transports en commun et c'est la solitude et la déprime assurée. Mon 2e coloc l'avait fait et n'en pouvait plus au bout de 3 semaines, donc il a emménagé avec mon coloc Turc et moi. La coloc c'est le mieux, avec plusieurs nationalités c'est encore mieux, mais à 3 où 4 c'est possible de s'offrir un appart vraiment cool et ça apporte beaucoup. Ne pas avoir besoin d'affronter la ville pour avoir une vie sociale, ça change la vie. Quel est le coût de la vie ? À peu près équivalent à Strasbourg, mais ça dépend vraiment du mode de vie. le logement peut aller de 100 à 800 voire plus €/mois, selon le quartier et la qualité, avec une moyenne de 300€ pour vivre en coloc dans un chouette appart. Les produits frais (fruits-légumesoeufs) sont très bon marché, mais pour le reste il est généralement moins cher de manger dehors que de cuisiner, d'autant que vu la taille de la ville (encore une fois) rentrer chez soi pour cuisiner revient à perdre beaucoup de temps. Dans les kebab /marmaris /échoppes en tout genre on peut manger plus qu'à sa faim pour 2 à 4 euros, se faire plaisir dans de chouettes restaurants pour 5 à 20 € ou manger des trucs simples pour 1€ (Pilav, çorba, cigköfte rpz). Le petit déjeuner traditionnel est en fait un brunch mais qui

VIE PRATIQUE

coûte entre 3 et 10€ et nourrit pour des heures. Il est servi en général jusqu'à midi-13h en semaine et 16-17h le week-end. c'est le bonheur complet et très, très bien servi. Les coûts de transport ont une incidence budgétaire qui varie énormément selon le lieu de vie : métro, bus, tram, funiculaire, metrobus, marmaray et ferry coûtent peu cher car sont accessibles avec la carte étudiante donnant lieu à un tarif préférentiel (aux alentours de 0.40€ le trajet) mais il est presque impossible de l'utiliser sur la rive asiatique principalement desservie par des minibus et taxis collectifs (dolmus), entre 0.80 et 1.20€ le trajet. Si vous bougez beaucoup et/ou de nuit (dolmus ou taxi obligatoires) les transports finissent par coûter cher mais c'est un mal nécessaire pour profiter un maximum de la ville. Vivant dans un quartier un peu excentré sur la rive asiatique, j'ai je pense dépensé entre 1.20€ (aller-retour pour la fac ou pour le centre-ville de Kadiköy (rive asiatique)) et 5€ par jour (soirée rive européenne et retour nocturne en dolmus). L'alcool est excessivement cher depuis que l'AKP est au pouvoir et a augmenté les taxes. Compter, en supermarché, environ 3-4€ le litre de bière, `7€ pour un vin buvable (il est possible d'en trouver à 4€ mais à moins d'être adepte de villageoise depuis des années votre corps vous remerciera d'éviter). Dans les bars, 5€ minimum le verre de vin, entre 2€ (bars rares, à découvrir) et 5€ (bars hype un peu) la pinte, 10€ ou plus les cocktails. C'est triste mais c'est comme ça, on s'habitue à se contenter de peu (et de bière). Et on apprend à boire du thé quand on veut se poser en terrasse, le çay coûte en général moins d'1€ et

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devient addictif et désinhibant aussi à force. Sinon la culture est très abordable (beaucoup de musées gratuits avec le pass musées), environ 3,20€ la séance de cinéma pour les étudiants, la plupart des soirées même de qualité sont gratuites. Seules certaines boîtes/salles de concert sont payantes mais pour entre 10 et 30€ on accède aux meilleur des artistes locaux ou internationaux (surtout des DJ allemands voire berlinois voire du Berghain). Des conseils pour les plus jeunes pipos ? Allez à Istanbul le plus vite possible (si c'est encore possible), avant que l'AKP ne finisse de ruiner l'ambiance. Envie de t'exprimer sur un point en particulier ? Je (et tous mes amis restés en Turquie) redoute qu'au vu de ce qui se passe en matière de politique et de terrorisme les gens arrêtent d'aller à Istanbul. Mais ce qui fait l'âme de la ville c'est sa multiculturalité, son dynamisme, sa vie nocturne, culturelle et artistique, et renoncer à cela ferait le jeu de ceux qui veulent nous faire peur. Istanbul aka meilleure ville du monde a besoin de soutien pour rester elle-même et elle a toujours tellement à offrir qu'y renoncer par peur du danger est extrêmement dommage et dommageable. Je ne cherche pas à pousser à l'inconscience bien sûr, il y a des endroits à éviter et des précautions à prendre, suivez les recommandations du ministère et du consulat mais ne vous empêchez pas de venir si la ville vous attire. Si l'IEP vous la propose encore c'est que la destination est sûre, et si un jour elle ne l'est plus tout sera fait pour que vous puissiez partir.


Propos n°92

El Mundo - Amérique

Université Laval Québec City, Canada

CV DE LA DESTINATION

Ville : - Québec - 520 000 habitants - capitale de province

Université : - 50000 étudiants - Shangai Rank. : 201 - 300 - Times Ranking : 201 - 250

3 mots pour décrire ta destination ?

“Authentique”

Ton avis sur les cours et ton université ? Les cours sont vraiment rafraîchissants, pour la plupart, dans leur manière d'être enseignés : on y apprend des choses plutôt nouvelles (le système politique canadien/québécois) ou on y voit les choses sous un autre angle (la place du Canada dans le système mondial). Les professeurs sont très sympas, hypra-disponibles, et le tutoiement est même de rigueur pour quelques cours. Le travail personnel y est peut être plus important qu'à l'IEP, mais le fait d'avoir peu d'heures de cours permet de se pencher vraiment sur un sujet sans empiéter sur le temps de travail d'un autre. L'Université Laval est un campus gigantesque (elle fait la taille de Monaco) et très vert (il n'est pas

“Naturel”

L’UNIVERSITÉ

rare de voir des marmottes se balader entre les bâtiments), aux bâtiments plus ou moins modernes mais toujours bien plus appréciables que nos éternels amphis, la vie y est agréable et le campus est vivant. Combien d'heures de cours par semaine ? Maximum 15 heures de cours en amphi par semaine, pour peu que tu n'aies pas choisi de cours "à distance" qui eux se font uniquement à la maison, via Internet. Les examens ont-ils été difficiles ? Les examens finaux pèsent moins que dans notre IEP (contrôle continu) et sont généralement simples dans leurs formats (QCM, mini-dissert),

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“Poutine”

même si les matières sont denses. L'université intègre-t-elle bien les étudiants étrangers ? Sans problème, un programme de partenariats existe, et le Bureau de la Vie Étudiante s'occupe d'organiser un grand nombre d'activités au début de l'année (en vrac, visite du campus, conférence sur "Survivre à l'hiver", randonnées, ...) Quelles ont été les sorties et activités proposées au sein de ton université ? Forcément, pour une université de cette taille, les associations présentes à Laval sont extrêmement diverses dans leurs activités : voyages (NY, Toronto, chutes du Niagara), balades en nature, chiens de traîneaux, matchs de hockey, de football canadien, mais aussi théâtre, MUNs, brassage de bière, impro, ... Mention spéciale au Pavillon d'Éducation Physique et des Sports (PEPS), complexe immense et moderne proposant des équipements sportifs (beaucoup d'entre eux sont gratuits d'accès) et des cours de n'importe quel sport.


Novembre 2016

El Mundo - Amérique

Tourisme : as-tu eu le temps et l'argent pour visiter ? Oui ! Bien sûr, il faut économiser un peu, mais dépendamment de tes moyens (temps et argent), il est possible de prendre 5-6 jours pour partir n'importe où en Amérique du Nord. Le Québec est déjà très vaste à visiter, riche de culture et de paysages, mais les possibilités en dehors sont quasi-infinies (Montréal, Ontario, Massachusetts, New York, certains d'entre nous sont partis en Louisiane, à Vancouver ou au Mexique). Les

Le logement : plutôt coloc, campus, solo, chez l'habitant ? Avantages et inconvénients ? Le logement à Québec n'est vraiment pas cher comparé à Strasbourg, mais c'est toujours un bon plan de se mettre en coloc pour s'ouvrir l'esprit. Prendre une colocation proche du campus (voire une chambre seul sur le campus) est un quasi-impératif si tu es plutôt du genre à te réveiller en retard, parce que je te garantis que lorsqu'il fait -30°C dehors, c'est pas le fun d'attendre le bus ! Quel est le coût de la vie ? Peut être un peu moins cher qu'en Alsace, mais le fait de rajouter des voyages compense. Des conseils pour les plus jeunes pipos ? Comme tout le monde, n'hésitez vraiment pas à vous chauffer pour faire des activités, sortir, rencontrer des gens : c'est ce qui rendra vos 3A inoubliables (et vous fera soupirer comme les vieux cons que vous serez devenus en rentrant à Strasbourg). Et surtout, pour les voyages : rendez-vous compte que la 3A, c'est potentiellement la seule année de votre vie où vous connaîtrez autant de person-

VIE SOCIALE

voyages les plus économiques se font en bus, alors attends-toi à passer quelques nuits sur un siège pas très confortable pour te réveiller à Toronto ou à Boston le lendemain matin. L'avion n'est pas extrêmement cher si tu arrives à choisir sa date correctement, quitte à manquer quelques cours. La langue a-t-elle été une barrière ? Sans trop de suspens, non. Il faut juste s'accoutumer à quelques expressions québé-

VIE PRATIQUE

nes réparties partout dans le monde prêtes à vous héberger gratuitement. Alors si je ne vous ai pas convaincus par l'argument émotif, j'espère au moins que vous prendrez en compte l'argument financier ;) Envie de t'exprimer sur un point en particulier ? Naturellement, jeune 2A que tu es, je t'attends sur la principale interrogation qui fait que, toute excellente qu'elle soit, l'Université Laval est généralement une destination "accessible" même en n'ayant pas un classement terrible : oui, à l'Université Laval comme au Québec, on parle le français. Les cours sont donnés en français, par des professeurs francophones, et tu rends tes devoirs en français. Mais la comparaison, déjà bancale, avec la France s'arrête là. Bien sûr, si ton objectif de 3A est de passer du niveau "Brian is in the kitchen" à la capacité de surpasser le débit d'Eminem, je ne peux que te déconseiller d'étudier à Québec. Je dois cela dit souligner le fait qu'on ne parle pas français de la même façon au Québec qu'en France (m'en soient témoins les longs moments d'incompréhension du début d'année) : expressions, vocabu-

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coises. Québec est sans doute une des villes les plus francophones d'Amérique. Les rencontres : plutôt Erasmus ou plutôt locaux ? Difficile à dire ! Naturellement, et vu le fait qu'il y a beaucoup de francophones non-québécois sur le campus, j'aurais tendance à dire que j'ai plutôt rencontré des étrangers, mais c'est en participant à la vie du campus (via les associations) que j'ai rencontré mes amis et amies québécois. Donc les deux.

laire, mots anglicisés, accents divers... Tout est dépaysant pour peu que l'on fasse l'effort de s'étonner un peu. J'étais, en partant, doté d'un niveau plutôt correct en anglais, et je suis forcé d'admettre qu'il n'a pas du tout diminué, et que j'ai même progressé : si vraiment tu veux parler anglais, t'améliorer en langues, il y a un nombre incroyable d'opportunités à saisir. Rencontrer des étudiants étrangers, voyager en plein cœur des EtatsUnis, faire du pouce en Ontario, passer la frontière pour aller voir des matchs de basket, participer à des associations (notamment de MUNs, qui utilisent l'anglais), prendre des cours de langues, ... Le bilinguisme qui fait la fierté de nos partenariats à Ottawa et à Toronto est aussi présent à Québec, pour peu qu'on le cherche un peu. Le Québec, c'est une histoire unique, un patrimoine quasi-anachronique en Amérique du Nord, une sacrée claque naturelle, et ben d'autres choses qui t'procurent le fun. Alors si tu as envie de savoir ce qu'on met vraiment dans la poutine, de comprendre ce que l'on entend par "Crisse de tabarnak" ou que tu as simplement des questions, tire-toé une bûche pis on va jaser ! Hugo Salek.


Propos n°92

Zoom sur ... BBC Earth Index

Zoom sur... BBC Earth Index - La nature : ce trésor invisible

La nature : ce trésor invisible Par Thomas Schoen

Il y a beaucoup de débats sur la question de donner une valeur monétaire ou non à quelque chose qui peut sembler ne pas en avoir, comme la nature. Dans tous les cas certains se sont déjà attelé à cette tâche ardue, notamment la BBC avec le EARTH INDEX. Malgré d'importantes limites -reconnues par la BBC elle-même- liées à un raisonnement en terme d'apport purement financier cette démarche à au moins le mérite, de faire rendre compte, même aux individus les plus terre-à-terre qui soit, que la nature outre nous offrir de jolis paysages, a une utilité toute pragmatique et économique. Les calculs sont basés sur des études faites antérieurement par divers scientifiques. Par exemples le plancton -aka « la pompe à carbone »- qui consomme de grandes quantités des CO2, permet d'éviter un effet de serre (encore) plus important , ou les abeilles qui font partie des acteurs majeurs de la pollinisation, sont nécessaires à la reproduction des plantes. Ou encore l'eau qui... enfin bref vous aurez compris.

Quelques exemples : - l'eau fraiche: $78 480 milliards - les arbres : $16 200 milliards - le plancton :$222 milliards - les abeilles et autres pollinisateurs : $170 milliards - le Yellowstone National Park :

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$543.7 millions - un saumon sauvage : $81 Donc pensez à faire un petit tour sur ce site éclairant et fun.


Novembre 2016

Sport - Planète sport

Tout le sport Planète sport

- Les Bleus : le miroir de la société ou l'instrumentalisation par le politique ?

Strohteam life - Début du championnat universitaire

Les Bleus : le miroir de la société ou l'instrumentalisation par le politique ? Par Martine

À la fin de l'été est paru un documentaire intitulé « Les Bleus, une autre histoire de France (1996-2016) ». A défaut de vouloir refaire l'histoire au prisme des exploits sportifs français, il a néanmoins su montrer l'instrumentalisation qui a toujours été faite de l'Équipe de France dans le domaine politique et amène à s'interroger sur ce qui cloche aujourd'hui dans notre société même. De cette période ressort évidemment la Coupe du Monde 1998, le fameux mythe du Black Blanc Beur lancé par la classe politique. Considéré comme un facteur d'intégration grâce au football, ce mythe a été un signe d'unité quand tout allait bien, un signe de fracture sociale profonde lors des années qui ont suivi ces scènes de liesse nationale. Tout le monde a vu ce mythe comme une bienfaisance, un moyen de montrer qu'il était possible de réunir à long-terme toute la société autour de valeurs qui dépasseraient les différences de couleur, de religion. Du jour au

lendemain, on est cependant passé de la diversité heureuse à la diversité divisée avec comme point d'orgue la présidentielle de 2002. Ce qui marque dans tous les cas, c'est le lien qui semble unir les problèmes sociétaux et les problèmes internes à l’Équipe de France, comme si celle-ci était le reflet, le miroir, voire le responsable de tous les maux que la société peut connaître. « Une Équipe de France qui gagne c'est Black Blanc Beur, une Équipe de France qui perd c'est les racailles des quartiers ». Cette déclaration pour le moins direct de Eric Cantona a une part de vrai en ce qu'on a souvent pointé du doigt les joueurs de l’Équipe de France lors des émeutes de 2005 en banlieues, comme si les joueurs étaient finalement ce symbole d'une jeunesse violente. Bizarrement, en 2006, quand la France arrivait en finale, les joueurs étaient redevenus spontanément les modèles de tout un pays, les héros, bref tout ce que vous voulez. In-

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versement en 2010, ils étaient redevenus des « caïds immatures » selon les propres mots de Roselyne Bachelot, alors ministre des Sports, et le comportement des Bleus à la Coupe du Monde s'était transformé en affaire d'État. Encore aujourd'hui, quand Benzema déclarait dernièrement que Didier Deschamps avait « cédé à une partie raciste de la France », il remettait au goût du jour ce parallèle sans cesse établi entre la société et l'EDF d'une part, l'EDF et la classe politique d'autre part dans un contexte d'affirmation du FN sur la scène politique. Dans l'affaire Benzema, celui à avoir eu la parole la plus juste fût peut-être Omar Sy : « Mais peut-être qu'il (Benzema) a raison. Pourquoi aujourd'hui Benzema devrait en faire plus pour montrer qu'il est français que Griezmann ? ». Les questions qui relèvent d'un point de vue purement sportif sont toujours interprétées de manière à ce qu'elles soient rattachées aux questions d'actualité, au point de faire de l'EDF le marqueur des distensions sociales aussi bien que la figure rassembleuse,


Propos n°92

aussi bien autour du drame des attentats dernièrement que lors de l'Euro, forme de parenthèse enchantée qui retombe aussi vite que la compétition se termine. La question de la proximité entre la classe politique et l'EDF est également abordée. Si François Hollande insiste bien dans le documentaire sur le fait que le foot et la politique sont deux concepts étanches, ça n'a pas vraiment été le cas dans la réalité. Du mythe Black Blanc Beur, déjà évoqué plus haut, in-

Sport - Planète sport

strumentalisé par la classe politique aux déclarations récentes de François Hollande dans l'ouvrage Un Président ne devrait pas dire ça à propos de la mauvaise image véhiculée par les joueurs français, sans oublier en 2001 le fiasco du match FranceAlgérie voulu par Marie-George Buffet, jamais l’Équipe de France n'est apparue pleinement indépendante des trames politiques . Au point d'en faire un instrument des politiques ? Peutêtre pas, mais l'importance de l'EDF pour les Français dépasse aujourd'hui très largement le

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cadre sportif. C'est peut-être là que l'Euro pourrait faire figure d'exception à toutes les logiques évoquées. En l'espace d'un mois, des millions de français sont descendus dans les rues pour braver la peur des attentats, pour se rassembler sans aucune arrière-pensée. Et c'est ça qui fait l'insouciance et la beauté du sport à mon goût : un plaisir furtif, une passion commune, un moment d'unité nationale qui réapprend à un pays à vivre ensemble.


Novembre 2016

Sport - Strohteam life

Début du championnat universitaire Par Une Moule

Le championnat universitaire a enfin débuté, et il commence sur les chapeaux de roue. La Strohteam Rugby masculine, fidèle à sa réputation, a littéralement humilié l’Engees lors d’un match amical (62-0). Leur second match contre l’INSA se révéla être full of tensions, très physique, et tournant finalement à la bagarre générale. Mais la Strohteam gagne dans les règles(25-0!) face à des avants adverses pour le moins...turbulents. Comme quoi l’EM se révèle autant être un parfait partenaire que l’INSA (enfin ses rugbymens) des gros c*******. Malheureusement, ni Strohligans, ni SBB et ni Pompoms ne furent présents à l’évènement, sans doute à cause du traditionnel « il-fait-froid-c’estloin ». A quand une délocalisation de Hautepierre dans le centre de Strasbourg ? En espérant que vous êtes TOUS allés voir le 1er match des StringBoxs à Rotonde, au moins elles ont pensé à vous. La Strohteam Basket féminine a également joué son premier match contre l’Université : malgré la présence des Strohligans, ainsi qu’une motivation sans faille, l’équipe de l’IEP s’est inclinée à -8. Ce n’est que partie remise. Les Strohligans ont également rendu visite à la Strohteam Volley féminine, qui s’impose largement face à Médecine 3 : 21-5 ; 21-8. Les Kaiserines ne manquent pas au rendez-vous et gagnent 4 à 2 face à Engees. Du sale en perspective. La Strohteam Handball F fait sa grande rentrée (les meilleures <3) avec une équipe plus que motivée, et gagne son premier match contre Engees 16 à 10. Sans doute grâce aux foot-

ings quotidien organisés par notre Marie R. Du sale en perspective. Le 2 novembre, Schoepflin a tremblé. Ce sont plus de 70 Strasbourgeois survoltés, SBB, Strohligans et Pompoms, toutes promos confondues qui ont débarqué au match de la Strohteam Hand masculin contre la fac de Droit. Effrayée par la vague Bleu et Blanche, l’équipe adverse a défailli et n’a pas osé se présenter au match. Heureusement, un match amical contre de gentils futurs médecins a permis aux supporters de montrer de quoi ils étaient capables. Les vingt minutes furent beaucoup trop courtes. Le score ? Il paraît que la Strohteam Sucré-Salé a gagné, mais était-ce si important face à la liesse générale ? L’esprit Krit était là, et c’est pour cela que Strasbourg a brillé lors de son passage à Toulouse. La fin du match (dont personne ne savait vraiment le score) fut traditionnellement célébrée au Brasseur puis au Terminal pour les plus téméraires. Le 16 novembre : rebelote. C’est lors d’un match de la Strohteam Volley M contre de futurs dentistes que la flamme bleue fut portée haut et fort par les supporters. Félicitations aux 1ères années qui étaient encore une fois très nombreux, la relève

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est là. Mention spéciale à Jillian G. pour ses magnifiques services qui en ont fait littéralement tomber plus d’un. Le match se conclut sur une victoire très propre 2 sets à 0, ainsi qu’une défaite de l’EM. C’est à l’IEP qu’on chante le plus fort. Malgré tout cet engouement, un point d’inquiétude reste à émettre. Le championnat universitaire débute alors même que les entraînements sont rarissimes pour des problèmes de salles disponibles… Un CSU dans la tourmente ? Lobbying ? Complot de l’EM ? Il est avéré que l’IEP de Strasbourg n’a jamais brillé par ses exploits sportifs au Krit (8e au classement en 2016...). Plusieurs raisons : contrairement à d’autres IEP (Grenoble, Lille, Lyon, Bordeaux…) le sport n’est pas obligatoire. Ajoutez les 35h de cours hebdomadaires tandis que les autres IEP en ont une vingtaine. Bref, il serait dommage qu’un manque d’entraînements nous défavorise encore plus, même si les premiers résultats du championnat sont plus qu’encourageants. Le sport, c’est quand même la base du Krit. Mais rien ne nous empêche de gagner le prix de l’ambiance, qui, je le rappelle, était à portée de main l’an dernier (le seum est encore palpable). Alors CHAUFFEZ-VOUS, car cette année, du Rhône jaillira le Stroh.


Propos n°92

Culture - Documentaire

Culture Documentaire - Where to invade next ? Cinéma - Doctor Strange Séries

- Le Bureau des Légendes, l’espionnage à la française

Where to invade Next ? Par Léo Perron

Un documentaire sur les raisons de préférer une 3A en Erasmus plutôt qu'à Georgetown. Michael Moore revient après une absence de 7 ans et il frappe là où ça fait du bien. Pour son nouveau documentaire, le réalisateur vient envahir des pays qui font mieux que la première puissance mondiale (les États-Unis s'il est besoin de le rappeler). M.Moore présente au long du film des alternatives plus efficaces que les solutions trouvées outre-Atlantique à des grandes questions de société comme la nourriture, l'éducation, les prisons, le droit de femmes, la drogue … Il prend même le contre-pied du french-bashing qui semble tant séduire, même jusque sur les plateaux télé parisiens. Tout en ironie naïve et en stéréotypes bien utilisés (les Français nourrissent mieux leurs enfants et les éduquent mieux à faire le sexe de type coïtal), le documentaire est une dose d'op-

timisme sur les modèles sociaux du welfare. Un optimisme à double tranchant cependant, puisque le film paraît assez manichéen en ce sens où M.

Moore a comme parti pris de ne pas montrer ce qui ne va pas dans les pays qu'il « envahit » et par opposition, il ne montre que ce qui ne va pas aux États-Unis.

Where to invade next ? Par Michael Moore, 2016, 2h

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Novembre 2016

Culture - Cinéma

Doctor Strange Par Gigi Abrams

Steven Strange, brillant et arrogant neurochirurgien, perd l’usage de ses mains après à un accident de voiture. Il s’envole vers le Népal pour guérir et se retrouve finalement à apprendre les arts mystiques auprès de l’Ancien. Il deviendra un sorcier protégeant le monde des menaces occultes. Les films Marvel commencent à tourner en rond dernièrement après leurs débuts triomphants : réalisations sans âme, scénarios trop classiques, films peu matures ; les arguments ne manquent pas pour critiquer la franchise qui explose le box-office. Doctor Strange sort après deux films Marvel moyennement convaincants : Ant-Man, film sympathique, mais dont on ne comprend pas vraiment les tenants et les aboutissants dans le tout où il s’inscrit ; et Captain America Civil War, bon film, mais énorme pétard mouillé puisqu’il ne change presque rien dans cet univers. Dans ce contexte, Doctor Strange sera-t-il le fossoyeur ou le sauveur du Marvel Cinematic Universe ? Le défaut majeur, et prévisible, de Doctor Strange c’est son scénario trop lambda. La trame scénaristique pour forger le mythe du héros marchait très bien avec Iron Man ou Thor, mais plus maintenant. À aucun moment le scénario n’arrive vraiment à nous surprendre, une fois situés les personnages et les grandes lignes de cet univers mystique on sait comment le film va se finir et les différents drames qui vont se produire. Il y a aussi quelques in-

cohérences scénaristiques plus ou moins grosses qui vont vous faire hausser les sourcils, mais dont on passera outre. Certains personnages manquent carrément d’écriture : le méchant Kaeicilius n’est pas bien écrit ; c’est à peine si l’on voit toute l’étendue de ses pouvoirs, ce qui est assez frustrant. Mis à part Strange, Palmer (d’une certaine manière), l’Ancien et Karl Mordo, tous les autres personnages souffrent de défauts d’écriture qui les rendent creux, et surtout on n’arrive jamais à cerner l’étendue de leur puissance, alors qu’ils ont l’air sacrément cool. Mention spéciale à l’humour qui marche bien au début avant de devenir totalement lourd à la fin. Ce qui nous donnait de l’espoir pour le MCU en voyant les trailers de Doctor Strange, c’était son côté visuel très psychédélique. Tous ces moments qui consistent à déformer la réalité telle que nous la connaissons pour aboutir à des formes géométriques d’une complexité inouïe, ou ces scènes qui nous emmènent dans des lieux totalement psychédéliques (on croirait qu’ils ont été conçus sous LSD) sont le meilleur aspect du film. Cela tranche radicalement avec tout ce qui nous était proposé sur le plan visuel dans le MCU, et non seulement cela fait un bien fou, mais c’est une totale réussite sur le plan visuel. On peut aussi citer le jeu d’acteur qui est relativement bon, Benedict Cumberbatch en tête, mais les autres seconds rôles sont aussi convaincants. La réalisation est cependant plutôt classique le reste du temps et il se trouve 80 % des scènes psychédéliques

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présentes dans le film sont spoilées par les trailers. Sacré marketing. Loin de couler le MCU ou de lui redonner un nouveau souffle, Doctor Strange se contente de lui donner du sursis. On peut certes saluer la prise de risque du studio de proposer un nouveau héros radicalement différent de ce qui se faisait jusqu’alors, mais même si l’on passe un bon moment devant ce film, on ne peut s’empêcher de penser à l’avenir du MCU dans les prochains films. Cet univers a vraiment besoin d’un renouvellement majeur, à tous les niveaux. Il y a fort à parier qu’en continuant de suivre ce modèle rentable, Marvel va à un moment donné se planter, cela pourra être avec le prochain film ou dans cinq ans. Quand on voit que le prochain Avengers 3 prévoit de contenir pas moins d’une soixantaine de superhéros, on est en droit d’être légèrement en sueur pour le futur.

Les points positifs - Enfin un nouveau superhéros in-

téressant dans le MCU. - Les acteurs, Benedict Cumberbatch en tête. - Les scènes psychédéliques, un pur plaisir visuel (surtout la première). - On passe un bon moment. - Quelqus moments drôles.

Les points négatifs

- L’humour devient vite lourd. - Le scénario beaucoup trop classique et sans saveur. - Le manque d’écriture de certains personnages, méchants en tête. - Le fait que le film n’augure rien de bon pour le MCU.


Propos n°92

Culture - Séries

Le Bureau des Légendes, l’espionnage à la française Par Von Schtemler

Éric Rochant connaît bien le monde du renseignement. En 1994, avec son film Les Patriotes, le réalisateur avait livré une vision réaliste des services secrets en plongeant dans l’univers passionnant du Mossad. Avec Le Bureau des légendes, il s’intéresse de nouveau au « deuxième plus vieux métier du monde » 1 à travers un autre service de renseignement : la DGSE. La série, diffusée sur Canal+, a rencontré un franc succès depuis son arrivée sur les écrans en 2015, aussi bien en France qu’à l’étranger. Une série française de bonne facture et qui s’exporte à l’étranger, que demander de plus ? Le Bureau des légendes est un département très particulier de la Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE). Il supervise les « clandestins », ces agents français en immersion dans des pays étrangers et qui vivent « sous légende », c’est-àdire avec une identité fabriquée de toute pièce. Les « clandés » ont pour mission de cibler les personnes qui seraient de potentielles sources de renseignement pour la DGSE. Leurs missions peuvent durer plusieurs années et se font souvent dans des pays à haut risque. Guillaume Debailly (Mathieu Kassovitz) est un clandestin qui revient d’une mission de six ans à Damas. Agent exceptionnel qui impressionne ses supérieurs comme ses pairs, il ne semble toutefois pas avoir complètement abandonné sa légende et son identité fictive… Au même moment, un clandestin en mission en Algérie disparaît. L’intrigue du Bureau des Légendes se veut réaliste, dans la lignée des Patriotes, qui s’inspirait de nombreux faits réels.

Pour créer sa série, Éric Rochant a fait jouer ses contacts et a pu s’entendre avec la DGSE. Les services français ont entretenu une collaboration très étroite avec le réalisateur, afin que sa série s’approche le plus près possible de la réalité. Fait remarquable, la DGSE a ouvert ses portes à l’équipe de la série, boulevard Mortier. Si pour des raisons évidentes de confidentialité, aucune photo n’a été prise, les décorateurs ont réalisé de nombreux croquis pour reproduire avec le plus de fidélité pos-

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sible les bureaux, les salles de crise et le « grenier » qui accueille le Bureau. Le réalisme des lieux s’accompagne bien sûr d’une ambiance très crédible. Après avoir vu la série, de nombreux membres de la DGSE l’ont commentée, en reconnaissant qu’elle savait coller au plus près de leurs quotidiens. Tension en salle de crise, luttes intestines et histoires de cœurs entre agents : autant d’éléments que les membres interrogés reconnaissent réalistes. De même, les agents confient


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Culture - Séries

que de nombreux personnages de la série leur rappellent des collègues : le personnage d’Henri Duflot (Jean-Pierre Darroussin), le directeur du Bureau des légendes, a particulièrement fait mouche. Pour aller plus loin dans le réalisme et grâce aux témoignages d’agents, Eric Rochant dévoile également certaine des techniques de la DGSE : l’utilisation des sas pour éviter les filatures, l’épreuve du restaurant (où un agent doit obtenir les coordonnées d’un inconnu en cinq minutes), les techniques de manipulation pour retourner un individu et en faire une source, etc. Enfin si le récit convainc autant, cela tient aussi au fait que la série s’inscrit continuellement dans le réel, avec des références au conflit en Syrie, à l’État islamique ou aux négociations entre Bachar Al-Assad et l’opposition. Pour les besoins de la série, certains éléments se sont bien sûr éloignés de la réalité. Ainsi la durée des missions n’excéderait pas quelques mois, jamais elles ne pourraient durer six ans. Certains éléments techniques semblent très exagérés,

notamment le « nuage téléphonique » et ses patterns. On volontiers ces excusera quelques éléments souvent utilisés pour soutenir le rythme de la série et qui ne heurtent jamais le spectateur par un manque de réalisme trop flagrant. Eric Rochant, du fait du souci qu’il a accordé à l’authenticité du récit, considère la série comme un « anti-Homeland ». M. Kassovitz l’explique parfaitement bien : « Dans le monde dans lequel on vit, on n’a plus envie qu’on nous raconte des trucs qui n’existent pas, on a besoin de savoir comment ça fonctionne vraiment. Comment les gens font des conneries parce qu’ils sont humains, qu’ils ont des problèmes personnels, qu’ils font des erreurs de jugement. La fiche de Coulibaly il a bien fallu qu’un mec la laisse passer. Et ce mec-là il a dû rentrer à la maison le soir, retourner au boulot le lendemain… La réalité dépasse toujours la fiction. » Vous êtes donc prévenus, pas d’action débordante ni de rafales d’armes lourdes dans cette série. Une seule scène présente l’intervention du SA (Service Action) de la DGSE et ici pas de déluge de feu

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: l’action se fait dans un silence pesant et se termine en quelques secondes. La série est donc l’œuvre de fiction sur écran qui retranscrit sans doute le mieux la réalité du monde du renseignement français (après OSS117 bien sûr). En ce sens, elle est particulièrement intéressante pour quiconque souhaiterait travailler plus tard dans ce domaine. Pour autant, la série ne s’arrête pas là : ce réalisme sert surtout un récit convaincant, haletant et humain, où chaque personnage a ses failles et où personne n’est « le gentil ». Le Bureau des Légendes, avant d’être une série sur l’espionnage est une série sur les espions, qui s’attache aux individualités imparfaites de ses personnages. C’est sans doute cela qui la distingue tant des autres séries ayant le même thème, comme Homeland ou 24 h chrono. Et puis une bonne série française, ce serait dommage de manquer ça. Von Schtemler 1 : Expression de Vladimir Volkoff qui expliquait que l’espionnage était né pour indiquer où l’on pouvait trouver le « plus vieux métier du monde ».


Propos n°92

Divertissement - WACQTD

Divertissement WACQTD - Novembre : l’école des punchlines Piposcope - Novembre, l’horoscope de Victoria Divers du mois

- Quizz : À quel point vais-je foirer mon semestre ? - YORO : You Only Raclette Once

Weill à ce que tu dis Par Von Schtemler

L’élection de Donald Trump montre bien que le peuple américain aime une chose : la punchline. Vous vous souvenez surement de son « You’d be in jail » face àHillary Clinton. Mais si cela vous a choqué, impressionné, interloqué, dites-vous que de telles phrases sont prononcés bien plus près de chez vous et bien plus souvent que vous ne le pensez. Pour vous et grâce àvous, Propos rassemble une nouvelle fois les punchlines des profs de l’IEP.

Nicolas Ebert, Microéconomie (1A) « Cela reste en off, mais les journalistes économiques français ne parlent pas anglais et ne connaissent pas l'économie ». Christine Aquatias, Allemand (1A) « Y en a parfois qui ont une troisième jambe très développée » (Celle-làil fallait oser)

Vincent Goulet, Communication Politique (2A) « Un candidat doit se présenter comme Français, pas trop proche des frontières. Un Alsacien n’est pas tout àfait Français, il est encore un peu Allemand sur les bords. » Florent Pouponneau, Politique internationale (2A) « On parle des ONG et ensuite on fera les groupes terroristes pour que ce soit un peu fun » Laurent Weil, Politiques économiques (2A) « En économie y a toujours pire que nous, Dieu a inventéles Grecs pour ça » « SI vous êtes célibataires et que vous n’avez pas d’amis, vous êtes un foyer fiscal àvous tout seul »

« Si vous avez compris la flat tax de 19%, vous pouvez être conseiller fiscal en Slovaquie » « Vous avez peut-être entendu parler de François Bayrou, homme politique né en 1952 et mort en 2012. »

Maria Kordeva, TD Droit Administratif (4A) « Tu me rends une copie de 10/11 pages, fais pas ça... Je sais pas, t’as pas écrit la théorie pure du droit... » « L’annonce du plan ça me gave » Sylvain Schirmann, Problématique historique de la construction européenne (4A) « On est tous frère chez les communistes, mais certains le sont plus que d’autres » « Je parle de George bush père, car oui je n’aimerais pas donner trop d’intelligence au second » PS : Propos compte sur vous pour nous faire parvenir les citations pour le prochain numéro ! La cuvée de novembre n’était pas très fournie !

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Divertissement - Piposcope

Piposcope de Novembre Par Victoria Volat

21 mars - 19 avril BÉLIER Le moins que l'on puisse dire c'est que l'influence de Mercure ne vous réussit pas. Vous n'avez pas le moral en ce mois de novembre, et ça se voit. Ceci dit se plaindre est une chose, être écouté c'est mieux. Trouvez des gens qui peuvent et veulent (surtout) vous écouter : des amis par exemple ? 20 avril au 20 mai TAUREAU Vous êtes particulièrement nerveux. Le temps, les cours, attacher votre vélo tout vous agace. Les gens qui vous entourent vous irritent, mais vous prenez sur vous. C'est plus facile que de dire ce que l'on pense. Après tout "le silence est d'or, la parole est d'argent" et comme dirait notre voisin Allemand U. Wickert "l'honnêteté, c'est pour les imbéciles". On vous en veut pas. 21 mai au 20 juin GÉMEAUX Vous aurez une envie et une ambition débordante. Vous croyez en vous et en vos projets, mais Uranus en a décidé autrement. Quoi que vous prévoyez, quoi que vous vouliez, cela va s'avérer être un véritable fiasco. Vous apprenez à vos dépends qu'il ne suffit pas de persévérer mais qu'il faut aussi être doué. C'est dur la vie. 21 juin au 23 juillet CANCER Votre impression mentale émerge du Soi transpersonnel, galvanisant les niveaux inférieurs du soi transcendant en des initiatives dynamiques qui répondent aux impulsions adjacentes de votre enveloppe corporelle. Votre rayon individuel selon une astrologie purement ésotérique permet un courant de lumière

favorisant une communication purifiée. Merci.

barbeuc/piscine c'est quand même mieux (à bon entendeur).

LION

CAPRICORNE 22 déc. - 19 janv. Bonne nouvelle ! Le mois de novembre va être le mois des occasions et de la libération. Mais pas pour vous. Votre conjoint ou vos amis seront intraitables et bien déterminés à mettre les points sur les "i". Si vous êtes en couple : préparez couvertures, Propos et chocolats, la fin est proche.

24 juillet au 23 août

Mars est la planète du désir. On aurait pu vous dire si vous êtes en couple de faire attention aux infidélités ou, si vous ne l'êtes pas, de ne pas vous faire une réputation de coureur de jupons. Mais cela ne servirait à rien, côté coeur tout vous échappe tout le temps. 24 août - 22 sept. VIERGE Ce mois de novembre vous apporte de la force et de la détermination. Vous vous mettez véritablement au travail, enfin. Néanmoins, "réussir" n'implique pas forcément devenir chiant. Et comme personne n'ose vous le dire : c'est Propos qui s'y colle.

BALANCE 23 sept. - 22 oct. Il commence à faire froid, mais cela ne justifie pas tout. Novembre c'est le mois ou jamais, faites vous une nouvelle garde robe et arrêtez de vous laisser aller. Selon un proverbe indien "Sois toujours bien habillé, même pour mendier". On ne vous demande pas d'aller jusqu'à faire la manche, mais simplement de penser aux autres. Est-ce trop vous demander ? 23 oct. - 21 nov. SCORPION 22 nov. - 21 déc. SAGITAIRE C'était, c'est ou ce sera votre anniversaire. Non seulement, vous avez connu la majorité après les 99% de vos amis, mais en plus c'est le mois avant Noël (on tire un trait sur les cadeaux), et tout le monde s'en fiche. C'est vrai, qui veut sortir pour fêter un anniversaire alors qu'il fait -19°? Les

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20 janv. - 19 fév. VERSEAU Vénus vous donne une envie d'aller vers l'autre, et de séduire. Mais vous manquez de tact auprès de votre âme soeur et cela vous joue des tours. Vous êtes beaucoup trop impatient(e), et vous vous emballez pour un rien. On vous dit souvent que pour séduire il faut être "soi même", Propos se permet de vous dire que dans votre cas cela n'est pas suffisant. Comme dirait l'autre "le changement c'est maintenant". 20 fév. - 20 mars POISSON Ne vous noyez pas dans un verre d'eau (bon on vous l'accorde, elle était facile). Le mois de novembre est pour vous le mois de tous les défis. Il faut vous remettre au sport! Cessez de vous trouver des excuses, sinon un jour petit poisson deviendra grosse baleine.


Propos n°92

Quizz

Quizz : À quel point vais-je foirer mon semestre ? Par Le Maq

VIE SOCIALE : La dernière fois que je suis sorti(e), c’était ? A = hier soir, bien sûr B = il y a moins d’une semaine C = au dernier nouvel an, on est allé voir un feu d’artifice avec mamie

VIE SCOLAIRE : Sais-tu exactement quand tu as cours ? A = non, c’est pour ça que j’ai grillé mes 5 absences B = je connais à peu près mon emploi du temps de TD C = bien sûr, sur le bout des ongles, j’ai tellement peur de manquer un CM de M. Clément !

La dernière fois que tu étais sobre, c’était ? A = je ne m’en souviens pas B = quand j’ai dû passer mon exposé d’histoire C = toujours car je suis mineur, je ne connais pas les effets de l’alcool (JOYEUSE MAJORITÉ JOLLY)

Pour l’instant, ton travail est … A = plutôt inexistant B = plutôt fait à l’arrache, pour sauver les meubles C = précis et efficace, Georgetown ça se mérite

La dernière fois que tu as chopé, c’était ? A = hier soir, évidemment B = au WEI, merci Y.M. C = une fois j’ai chopé des poux Ton lieu préféré à Strasbourg, c’est ? A = les Charps, temple sciencepiste B = le Brasseur, une belle institution culturelle C = la bibliothèque de l’IEP, ma seconde maison

La découverte de tes premières notes, c’était… A = « C’est la merde, mais ça se rattrape » B = « Ça passe juste juste mais c’est chaud ma gueule » C = « Mettre seulement 18 à cette oeuvre d’art, c’est insultant »

VIE ASSOCIATIVE : Connais-tu bien les associations de l’IEP ? A = oui, par coeur, tous les sigles, toutes les couleurs de polos B = oui, certaines plus que d’autres mais globalement je les connais toutes C = oui, il y a ScPo Forum qui fait venir Sarko et tout et comme je l’adore c’est la meilleure asso <3 Le reste ? Inutile, juste bon pour les bobos Parisiens avec leurs paniers en osier tout plein de saletés biologiques. Penses-tu que les soirées organisées par les associations sont… ? A = une occasion de sortir avec toute la promo B = un prétexte pour se vider la tête en cours de semaine C = un lieu de débauche rempli de jeunes bien stupides qui ruinent leur avenir Dans les autres promos, tu connais … A = tout le monde, c’est évident B = les personnes essentielles C = Nicolas Eber et Laurent Weill, promo 93.

Résultats : si tu as un maximum de ... -A : Bravo champion. Tu es clairement (trop ?) intégré, il est plus que temps de dessaouler maintenant. Sérieusement, pense à ce magnifique été que tu mets en péril ! Allez, réserve-toi un soir par semaine pour bien bosser, au fond, si tu gères bien tes TD, et que tu révises un chouilla en avance pour les partiels, tout ira bien dans le meilleur des mondes. - B : L’équilibre. Bravo à toi, ne lâche rien et tu pourras partir faire du poney en Arkansas dès le mois de juin dans le plus grand des calmes. Bon élève, tu vas de temps à autre rencontrer les gens en amphi. Bon fêtard, les hauts lieux de la nuit strasbourgeoise n’ont plus de secrets pour toi. Bisous partout. - C : Lâche du lest ! C’est Strasbourg ici, pas Paris. Le poste rêvé de ministre où il faudra être trop sérieux c’est pour plus tard. En attendant, profite un peu de ta jeunesse : les responsabilités arrivent bien trop vite pour ne pas se lâcher tant que tu le peux encore. Sinon bravo pour Georgetown, cool pour toi.

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Divertissement - Recette

You Only Raclette Once Par Hadrien Thérond

Tu y penses depuis la rentrée ? Sa bonne odeur de fromage fondu te manque terriblement. Elle est maintenant dans toutes les bouches et les pensées. Tu l’auras je pense deviné, aujourd’hui on va parler de la raclette. Tout d’abord pour bien commencer, définissons les termes de notre sujet. La raclette c’est avant tout une fondue au fromage, d'origine valaisanne, préparée en présentant à la flamme d'un feu de bois ou au rayonnement d'un gril électrique, un gros morceau de fromage dont on racle la partie ramollie au fur et à mesure qu'elle commence à fondre, et que l'on consomme avec des pommes de terre bouillies et des cornichons. Avoue-le rien qu’en lisant la définition tu en as l’eau à la bouche. Mais la raclette en plus d’être un plat, qui est, disons-le franchement, vachement gras mais aussi extrêmement bon, c’est également et surtout un évènement, un moment de partage et de rencontres entre amis. Quoi de plus naturel, alors qu’il commence à faire froid dehors, que de se retrouver au chaud autour d’une bonne raclette entre amis, à t’en remplir la panse jusqu’à ne plus pouvoir bouger tellement tu as abusé du fromage et des pommes de terre. La raclette en France aujourd’hui, c’est devenu la norme et pourtant on distingue quelques différences fondamentales dans la pratique des amoureux du fromage fondu. Certains préfèrent le fromage sans croûte tandis que d’autres puristes optent pour le fromage avec la croûte, qui

donne par ailleurs ce petit goût croustillant. D’autres opteront pour un appareil suisse plutôt qu’un appareil à raclette familial. Perso je me positionne en faveur de l’appareil familial, qui est, n’ayons pas peur de le dire, beaucoup plus chaleureux que l’appareil suisse. Une raclette c’est un plat qui se partage les gars, faut pas déconner là dessus. Tandis que certains aimeront trouver sur leur table d’appétissantes tranches de rosette achetées avec amour, certaines mauvaises langues diront je cite « de la rosette ?! pourquoi pas du salami tant que vous y êtes ! ». Une partie des amoureux de la raclette opteront pour du vin blanc tandis que d’autres défendront corps et âme le vin rouge. Personnellement, tant qu’il y a à boire et que c’est du bon vin, je ne me plains pas. Enfin, le débat fait encore et toujours rage entre les partisans de la coupelle carrée et de la coupelle ovale (« poêlon » pour les puristes). De mes recherches ultra poussées pour t’écrire cet article, il ne ressort qu’un point de convergence entre tous les amoureux de la raclette : la salade est à proscrire !

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Clairement c’est pas le moment de penser à ta diète pendant une raclette, d’ailleurs tu n’aurais jamais accepté l’invitation raclette de Jean-Pierre si tu tenais à ta ligne alors fais pas celui qui mange healthy pendant une raclette, t’es dans le même bateau que tout le monde mamène. Mais t’inquiète tu débuteras un régime à base de légumes bio le mois prochain… à moins que non puisque bientôt c’est les fêtes, puis après il va faire froid donc tu vas te faire d’autres raclettes… bref t’es dans la merde pour avoir le corps de Ryan Gosling/Emily Ratajkowski cet été sur la plage… Mais ne perds pas espoir, jeune amoureux de la raclette, car j’ai pour toi la solution pour arrêter de culpabiliser après chaque raclette. Tends tes oreilles et retiens bien ces sages paroles qu’un roi de la raclette (40 ans de bouteilles le type excusez du peu) a un jour prononcé entre deux pommes de terres : « Vis chaque raclette comme si c’était la dernière ! ». La vie est courte et l’hiver vient, donc ne perds pas de temps, attrape ton poêlon et fonce, tes potes n’attendent plus que toi !


Propos n°92

Remerciements

Un remerciement tout particulier à la banque LCL rue Vauban qui continue à nous imprimer. Merci au club radio qui nous offre une belle présentation. Merci également à ceux qui nous ont envoyé leurs unes : désolé à ceux qui ont anticipé une victoire d’Hillary, et bravo à toi Constantin ! Merci à ceux qui ont écrit pour Propos ! Léna, Léa, Victoria, Antoine, Hadrien, Laure, Blandine, Paul, Léo, Théo, Arnaud Merci aux 4A pour leurs superbes témoignages : le mois prochain, les 3A se livreront à vous dans un numéro spécial Merci à Alannah, qui a accepté d’écrire pour nous en anglais ! Enfin merci à vous, lecteurs, on espère que ça vous plaira. Et n’oubliez pas, écrivez dans Propos ! 51


Même si tu n’as pas eu la couverture, on te laisse la quatrième cher Antoine. Bravo à toi !


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