Décembre 2017

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PR POS Numéro 101 - Décembre 2017

Décembre

La démocratie, on en parle ?

DÉCEMBRE 2017

Porte-avions et géopolitique

Juste sélection en Master ?

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Edité par l’association Propos, association de Loi 1901 domiciliée au Local 208 B, 47 Avenue de la Forêt-Noire, 67 000 Strasbourg proposscpo.fr - contact@proposscpo.fr Présidente - Directrice de la publication : Eva Moysan Secrétaire de rédaction : Laure Solé Trésorière : Nolwenn Giry-Fouquet Mise en Page : Dorian Le Sénéchal Gestion Web : Daoud Jost-Serhir Communication : Victoria Volat & Émile Formery Relations : Florian Martinez & Lise Fortmann Event : Charles Guimier Caricatures : Léo Hoerter Imprimé par Imprimerie DALI (Université de Strasbourg), 29 rue du Maréchal Juin, BP 80010, 67084 Strasbourg cedex, France Paru en Décembre 2017, Seconde édition Dépôt Légal, Décembre 2017 ISSN : 2557-793X © Association Propos 2017. Tous droits réservés.

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édito

All I want for christmas is Propos Eva Moysan Chaque année, c’est la même chose : la

D’autre part, nous voulons attirer votre

vie s’accélère à Strasbourg à partir du

attention sur le projet d’un étudiant de

mois de novembre. Entre les multiples

4A, Maxime Morlet. Il aimerait lancer

conférences du Forum mondial de la

une rubrique traitant de relations

démocratie et les centaines de rendez-

internationales (à entendre dans un sens

vous du marché de Noël, on ne sait plus

large) au sein de Propos. Nous soutenons

où donner de la tête. Heureusement,

totalement son initiative. Cette rubrique

Propos est là pour t’aider à y voir plus

sera collaborative, comme toutes celles

clair.

du magazine. Dès lors, nous attendons

ÉDITO

avec impatience tes articles sur le sujet, En dépit de l’attrait des effluves de vin

que tu sois un éminent spécialiste ou

chaud, c’est d’abord la thématique de la

un novice passionné. Nous espérons

démocratie qui a retenu notre attention.

collaborer avec des étudiants de toutes

Certes, le sujet a été maintes et maintes

les promos et nous sommes ravis de

fois débattu. Certains le qualifieront

nous ouvrir plus largement aux 4A.

même de «bateau». Néanmoins, cette métaphore fluviale est un peu insultante

Nous n’avons pas oublié la culture avec

pour ceux qui se battent pour elle.

un grand K. Du cinéma, de la musique

N’oublions pas qu’elle est menacée

et de la littérature sont au programme

en Europe. Contre cette tendance à la

pour combler vos yeux et vos oreilles.

prendre pour acquise, nous voulons

Enfin, la rubrique Divertissement vient

réfléchir. Ainsi, nous avons recueilli des

clore ce numéro 101. A l’approche des

avis de spécialistes et d’étudiants sur la

partiels et d’autres réjouissances notées,

question.

on a le droit de se détendre un peu en

Par ailleurs, en cette période de fêtes,

mois. Et on peut même s’accorder le

nous voulons vous faire rêver. Bon,

temps de lire Propos d’un bout à l’autre.

découvrant les Weill à tes Propos du

Propos ne vous emmènera pas déguster des mannele et des bretzels place Broglie. Cependant, on part en stop jusqu’en Bavière, avant de prendre un porteavions pour faire un tour del mundo. D’ailleurs, n’oublie pas de compléter ce voyage par la visite du site elmundo. proposscpo.fr. Au fil de ces pérégrinations, il y aura de belles rencontres. Des professeurs, des étudiants en 5A ou encore un ancien Premier ministre ont accepté de répondre à nos questions. Nous ne pouvons qu’encenser et remercier nos Respo’ Relations sans qui tout cela ne serait pas possible.

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SOMMAIRE

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NUMÉRO 101 DÉCEMBRE 2017

f /ProposScPo l @propos_scpo mag.proposscpo.fr

A LA UNE La démocratie on en parle ? p. 6 ACTUALITÉ Le porte-avions, symbole de la puissance internationale p. 20 VIE DE L’IEP Retour sur le Munich Express p. 22 Jean-Claude Juncker en terrain conquis ? p. 26 EL MUNDO Nuremberg p. 32 KULTURE On t’oublie pas, On t’remplace p. 38 120 battements par minute, boulversante fresque des années SIDA p.36 MAIS AUSSI L’économie chinoise est-elle au bord du gouffre ? p.16, Quels visages pour l’opposition russe p.18, Zoom sur la sélection en master p.24, Utrecht p.30, George Orwell, hommage a la catalogne p.34, Pierre-Hugues Herbert, patron du tennis alsacien p.42, Une coupe du monde rétro p.44, Les poules du krit p.46, Les chants du Krit p.47, Weill à ton propos p.48, Dis moi quelle série tu reegardes, je te dirais qui tu es p.50 DÉCEMBRE 2017

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FLORENCE démocratie

Suite à l’organisation du Forum Mondial de la Démocratie, nous avons fait le choix de nous approcher des problématiques soulevées autour du respect des valeurs démocratiques et des droits de l’Homme au sein de l’Europe. Florence Benoît-Rohmer, professeur de droit à l’Université de Strasbourg et présidente honoraire de l’Université Robert Schumann, a accepté de les aborder avec nous.

Émile Formery et Lise Fortmann

E.F : Bonjour Madame Benoît-Rohmer, merci de bien vouloir répondre à nos questions. Selon vous, peut-on concevoir aujourd’hui une démocratie qui ne se fonde pas sur le respect des droits de l’Homme ? F.B-R : Il est vrai qu’un certain nombre d’Etats de l’Union européenne estime qu’un Etat peut être démocratique sans forcément être libéral. Il s’agit là d’une nouvelle doctrine « anti valeurs européennes », théorisée par le Président hongrois Viktor Orban dans son discours sur l’« illibéralisme », doctrine qui se situe à l’opposé des valeurs européennes.

supprimer les libertés fondamentales, mais de les reconnaître en fonction de l’intérêt de la Nation, seule juge du bien commun. Discours provocateur car il va à l’encontre des valeurs sur lesquelles l’Union européenne est fondée et qui sont la dignité humaine, la démocratie, la liberté, l’Etat de droit, l’égalité et la protection des droits de l’Homme. Une démocratie ne peut pas se concevoir sans protection des droits de l’Homme. Les droits de l’Homme sont universels, ils doivent être les mêmes pour tous, ce sont des droits qui ne peuvent pas être conférés par l’Etat aux individus, et qui ne peuvent faire l’objet de restrictions dans l’intérêt économique d’une nation.

Pour le président Orban, la démocratie parlementaire à l’occidentale a fait preuve de son inefficacité alors que des régimes comme la Chine, l’Inde, la Turquie, Singapour ou la Russie conjugueraient efficacité et stabilité. Pour Orban, une démocratie n’a pas forcément besoin d’être libérale. Mieux, les sociétés qui sont fondées sur le libéralisme ne sont plus éventuellement capables de soutenir la concurrence mondiale.

L.F : La montée en puissance des nationalismes européens (montée en puissance des partis d’extrême droite en Autriche, en Allemagne, le parti Droit et Justice au pouvoir en Pologne...) remet-elle en cause l’attractivité du modèle européen d’ouverture et de respect des valeurs démocratiques ?

La solution pour Orban se trouverait dans une autocratie élective fondée sur la volonté de la nation qui ne saurait être soumise aux restrictions qu’impose l’Etat de droit. Il ne s’agit pas de

F.B-R : Les valeurs sur lesquelles l’Union européenne est fondée sont en crise. L’Union européenne connaît une « polycrise », une crise économique dont elle a du mal à sortir, une crise

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migratoire sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale qui pose problème au regard des droits fondamentaux et des réactions qu’elle provoque au sein des Etats membres, ou plutôt de la faiblesse des réactions des Etats en la matière, et une crise liée à un terrorisme importé mais dont les acteurs sont souvent des nationaux. Cette crise politique a engendré la montée en Europe du populisme et du nationalisme et des partis d’extrême droite (en France également…) - dénoncée également par le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe - caractérisée par un nouvel autoritarisme et par un rejet de l’Europe à qui l’on attribue tous les maux. On assiste en même temps à une montée de l‘anti islamisme. Du coup, les peuples se réfugient dans le cadre national. Nationalisme et populisme deviennent des réactions naturelles face à des structures européennes qui sont trop loin et d’où proviennent soidisant tous les maux… L’Union doit se montrer intransigeante sur ses valeurs qui fondent l’identité européenne, valeurs encore réaffirmées lors de l’élaboration du traité de Lisbonne et que nous partageons avec le Conseil de l’Europe. En adhérant à l’Union européenne, les nouveaux Etats se sont engagées à les respecter. Il a

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démocratie

Le Conseil de l’Europe me semble plus adapté que l’Union pour protéger les minorités nationales.

même été mis en place un mécanisme permettant de sanctionner les Etats membres de l’Union européenne qui viendraient à violer de telles valeurs, un mécanisme prévu à l’article 7 du TUE. Il reste à savoir si ce mécanisme est efficace…. E.F : Le Parlement européen a décidé de recommander l’activation de l’article 7.1 en ce qui concerne la Pologne, à la suite notamment de débordements nationalistes et racistes dans des manifestations à Varsovie il y a quelques jours, mais surtout de la mise en place des lois qui rapprochent les médias et la justice du pouvoir central. Le gouvernement polonais a-t-il raison d’invoquer le fait que les recommandations européennes et les sanctions, destinées pourtant à protéger les droits de l’Homme en Pologne, bafouent la démocratie ? F.B-R : L’Etat de droit reste fragile dans les nouveaux Etats-membres. Les principaux problèmes dans ce domaine sont liés au non-respect de la séparation des pouvoirs et à l’abus de la majorité parlementaire pour réviser des dispositions constitutionnelles ou législatives dans un sens qui pose problème au regard de l’indépendance du juge, mais aussi plus largement au regard des libertés publiques. L’Etat de droit et le bon fonctionnement des démocraties dépendent des systèmes judiciaires indépendants et efficaces qui garantissent à tous l’accès à la justice, sans ingérence de l’exécutif. La crise en Pologne concernant l’indépendance des juridictions n’est toujours pas réglée. La situation hongroise reste préoccupante. L’impression qui domine est que ces Etats acceptent les bénéfices de l’appartenance à celle-ci tout en en refusant les contraintes. L’on comprend l’impatience du Parlement européen à vouloir activer l’article 7 afin de soutenir l’action de la Commission et de son vice-président Timmermans, qui tente depuis des mois d’établir un dialogue avec le parti Droit et Justice (PiS) au pouvoir.

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On n’y est toutefois pas encore. D’abord parce que le Parlement européen n’a pas encore voté la proposition d’activation par le conseil de l’article 7 à l’encontre de la Pologne : il n’a fait que demander à sa commission LIBE (libertés civiles, justice et affaires intérieures) d’élaborer une proposition en ce sens qu’il devra encore voter par la suite. Le Parlement européen avait fait la même chose pour la Hongrie en mai 2017 et la proposition n’est toujours pas adoptée ; ça fait beaucoup de procrastination de la part du Parlement européen….. Et ensuite parce que l’activation de l’article 7§1 nécessite au Conseil de l’Union une majorité des quatre cinquièmes des pays, soit 22 Etats. Or, il n’est pas assuré à ce stade qu’une telle majorité puisse être réunie au sein du Conseil… Même si l’article 7§1 était activé par le Conseil sur proposition de la Commission ou du Parlement européen, il ne s’agirait pour le Conseil que de faire des recommandations. La procédure de sanction, elle, exige elle l’unanimité des Etats membres, ce qui paraît en l’occurrence impossible à obtenir. L’article 7 est donc inefficace. Je pense que la seule sanction possible c’est de toucher les Etats membres au porte-monnaie, c’est la sanction financière, par exemple une réduction de l’accès aux fonds structurels européens. L.F : Vous avez également travaillé sur les minorités en Europe. L’UE en fait-elle assez, avec par exemple l’existence du comité européen des régions ?

Charte et encore cet article est bien peu protecteur et protège davantage la diversité linguistique et culturelle au sein de l’Union que les minorités nationales. Il n’empêche que la libre circulation des personnes entre les Etats membres a certainement dû faciliter la vie des minorités nationales. Le Conseil de l’Europe me semble plus adapté que l’Union pour protéger les minorités nationales.

E.F : La crise en Catalogne aujourd’hui a remis cette question au centre de l’actualité et a donné lieu à des situations qui peuvent pour le moins questionner le rapport au respect des droits de l’Homme du gouvernement espagnol (violences policières, emprisonnement de dirigeants politiques et d’élus..). Le rôle de protection des valeurs démocratiques des institutions européennes montret-il ses limites dans ce cas précis ? F.B-R : Il s’agit essentiellement d’un problème interne à l’Espagne et si j’ai bien compris, l‘Union n’entend pas intervenir et s’ingérer dans les affaires internes espagnoles. Et pour une bonne raison, l’unité de l’Etat espagnol est une question qui relève de la seule souveraineté nationale de l’Espagne. Une autre raison tient à la nécessité de ne pas ouvrir la boîte de pandore des revendications régionales et régionalistes qui ne manqueraient pas de ressurgir. L’Union européenne ne peut que souhaiter que s’établisse un dialogue entre les Catalans et le gouvernement espagnol et que cessent les violences policières. Mais elle ne peut en aucun cas faire plus…

Je ne suis pas sure que l’Union européenne soit la mieux placée pour traiter de la question des minorités nationales. D’ailleurs la Convention en charge de rédiger la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne n’a pas réussi à se mettre d’accord sur un article qui protègerait les minorités nationales. Le seul article qui concerne les minorités est l’article 22 de la

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démocratie

BERNARD

CAZENEUVE 10

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démocratie A l'occasion de la venue de Bernard Cazeneuve à la Librairie Kléber, le 24 novembre dernier, Propos a réussi à obtenir une interview avec l'ultime Premier ministre de l'ère "Hollande. Révélations sur les coulisses du quinquennat, balance entre mesures sécuritaires anti-terroristes et prévention des libertés démocratiques : retrouvez ici les confessions du plus loyal des socialistes.

Laure Solé : “Un livre en forme de chronique d’un monde englouti” c’est le titre de l’article presque dithyrambique à propos de votre ouvrage dans le journal Le Monde. Vous décrivez tantôt peiné, parfois amusé, la vie à l’Elysée, presque comme une vie de cour, faite de petites guerres d’égo, de tromperies et de dilemmes cornéliens.. Tout d’abord, pourquoi avoir décidé de vous lancer dans l’écriture de ce livre ? Bernard Cazeneuve : Je pensais qu’il était de nécessaire que l’écriture de cette période ne soit pas seulement le fait de ceux qui auraient la tentation de la critiquer, et aussi pour ceux qui avaient vécu cette période dans l’exercice de l’Etat et qui l’avaient vécu sincèrement je devais une part de vérité.

Laure Solé L.S : La droiture et la loyauté semblent être deux des traits vous caractérisant le plus. Pour vous citer « ceux qui restaient aux côtés de François Hollande à ce moment-là, savaient puisqu’il avait décidé de ne pas se présenter à l’élection présidentielle, qu’en restant avec lui jusqu’au bout dans la loyauté, ils se condamnaient ». Peu seraient capable de faire preuve d’une telle fidélité. Sauriez-vous nous exprimer ce qui vous a convaincu de rester jusqu’au bout, et ce malgré les diverses désertions opportunistes? B.C : Monsieur le Président de la République m’avait nommé, je me devais d’accomplir mon parcours ministériel, nous avons gouverné ensemble dans un climat de grande confiance et je lui devais cette amitié jusqu’au bout: il y’a énormément d’opportunisme et de carriérisme, j’ai une haine profonde pour la déloyauté: Il est très rare de voir l’opportunisme érigé en vertu. Ce n’est pas pour rien que les Français se retirent et se désintéressent de la chose publique. Il y’a constamment de la poussière sous le tapis, et il est nécessaire de reconstituer la gauche autour de principes et de valeurs claires pour les nouvelles générations.

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Parlons démocratie... L.S : Vous avez mis en place l’état d’urgence, prononcé par le chef du gouvernement, le 14 novembre 2015, cette mesure, et surtout sa prolongation a été tantôt condamnée tantôt saluée par l’opinion publique. Pour beaucoup, celle-ci était tout à fait liberticide mais nécessaire. On entend régulièrement que le président Macron a aboli l’état d’urgence pour mieux “le constitutionnaliser”, vous connaissez bien le sujet, qu'en pensez-vous ? B.C : Ce n’est pas vraiment ça: il a mis dans la loi ordinaire, une grande partie des mesures de l’état d’urgence, je pense que nous sommes confrontés à un problème très grave de menace terroriste, donc la République se protège contre les risques de violence qui se présentent à elle et elle ne peut pas se protéger si elle ne prend pas des mesures législatives qui permettent de prévenir les attaques terroristes plutôt que d’avoir pire, donc, je soutiens cette mesure et je pense qu’elle est raisonnable. L.S : Lorsque vous avez été ministre de l’Intérieur, sous le gouvernement de Manuel Valls, vous avez introduit un amendement permettant à l’autorité administrative d’exiger des moteurs de recherche de déférencer des sites, sans intervention du juge. Ce genre de mesure revient, normalement, au législatif, s’agissant de libertés fondamentales, considérez-vous que vous avez fait cela pour préserver la démocratie ? Si oui, comment défendez-vous une telle thèse? B.C : Cette mesure a été votée par le Parlement, non ? C’est une mesure législative donc, non ? Cette mesure est tout à fait sous le contrôle du juge, non ? Le juge administratif aurait pu être saisi à n’importe quel moment. Cette mesure était nécessaire, sinon je ne l’aurais pas faite, les décisions sont trop souvent contestées, il y’a trop de débats inutiles, on théorise trop les conflits, c’est du vacarme inutile.

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Populisme en Europe de l’Est : Chassez le tyran et il revient au galop. Loris Schaeffer A l'Ouest de l'Europe, nous craignions viscéralement la montée des populismes, qui ont amené bien plus d'une fois l'Union à la panique au cours des dernières élections législatives. Pourtant, de l'autre coté du continent, les extrêmes tiennent le pouvoir cycliquement impossible de s'en défaire.

Strasbourg, 10 novembre 2017. Le Forum Mondial de la Démocratie, organisé par le Conseil de l’Europe, s’achève. Son thème : le populisme. L’Histoire prend parfois des tournures ironiques. Trois semaines plus tôt, le Parti tchèque « Liberté et Démocratie direct » était plébiscité par plus de 530 000 électeurs lors des législatives organisées les 20 et 21 octobre. Son principal thème de campagne : « en finir avec la racaille ». Créé en 2013, le SPD (qui n’a aucun rapport avec son homonyme allemand) est dirigé par l’homme politique le plus étonnant d’Europe. De mère tchèque et de père japonais, Tomio Okamura, député et président de la quatrième force politique du pays, a d’abord été éboueur puis vendeur de pop-corn à Tokyo. Revenu en Tchéquie, il fait fortune dans le tourisme, devenant le troisième député le plus riche du pays. Mais si son parcours personnel est marqué par des zones d’ombres, son programme politique est on ne peut plus clair. Entre la volonté de « trouver une solution finale à la question rom », de lutter contre l’immigration et l’islam qui mettraient en danger l’identité culturelle national, Tomio ‘’le Trump tchèque’’ propose de nationaliser la radio, la télévision et mettre en place une démocratie directe. Il affirme entretenir des affinités idéologiques avec « Donald » ou encore le Front National, omettant peut-être d’avoir des renseignements concrets sur la réalité de son pays. Car en Tchéquie, il n’y a que deux mosquées, à peine quinze-mille musulmans pour dix millions d’habitants et douze pauvres réfugiés. Mais avec 22 députés sur 200 sièges, gageons qu’il faudra compter sur lui pour les années à venir. Lui ? Non, eux.

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Du 9 novembre 1989 au 10 novembre 2017, il n’y a qu’un pas. Longtemps, on a cru l’avoir franchi. La chute du mur, les révolutions de velours, la démocratisation, l’intégration européenne, tout cela semblait porter les germes d’un nouveau printemps des peuples qui s’implanterait sur l’ancien glacis soviétique. Mais Marcel Gauchet n’a pas écrit Le Désenchantement du monde pour rien. A l’heure actuelle, la démocratie libérale est peut-être une parenthèse déjà refermée pour nombre de ces pays. De la Hongrie à la Pologne, de Prague à Bratislava, le phénomène s’étend aussi à la Croatie, à la Serbie, à la Roumanie. On dirait presque un mauvais poème de Prévert…Car le constat est délicat : si en Europe de l’ouest les populistes ont la cote, chez nos voisins de l’Est, ils sont au pouvoir. Et ce n’est pas une première, loin de là : Orbàn était élu président pour la première fois en 1998, les nationalistes polonais prenaient déjà la main en 2005. A tel point que Joëlle Kuntz, journaliste au Temps, se demande si l’ « autoritarisme (n’) est (pas) le destin de l’Europe de l’Est ». Le phrasé peut paraître choquant mais il n’en reste pas moins validé par l’histoire. Et cela explique en grande partie les tendances autoritaires de nombreux pays encore marqués par le joug soviétique. Kuntz nous rappelle que ces Etats sont très récents et qu’ils ont été pendant mille ans distribués et repris par les grands empires au gré des guerres, des occupations, des massacres. L’Europe de l’Est reste marquée par les politiques racistes du Troisième Reich et par les négations culturelles de l’URSS. Ces pays « n’ont pas la confiance des sociétés épargnées ».

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démocratie

Mécaniquement, l’opacité de l’Union Européenne, le libéralisme sauvage qui a suivi la fin de l'économie planifiée, la crise des migrants, ont été perçu comme des défis supplémentaires qu’il fallait relever. Une question de vie ou de mort, presque, pour des peuples dont l’ADN repose sur leur historique soumission aux puissances étrangères. C’est en effet après l’intégration européenne de 2004 que les nationalistes ont commencé à s’imposer dans le champ politique. De toute façon, les conditions sine qua non d’une démocratie viable et durable n’étaient pas encore réunies : les nouvelles démocraties, libérales et non plus populaires, ont imité nos modèles, sans toutefois les adapter à leurs particularités culturelles et historiques ; cette imitation a conduit à la situation actuelle : une réelle fatigue

Višegrad d’endosser le rôle de porteparole des peuples d’Europe ? Quand les peuples du rideau de fer ont-ils ressenti le besoin d’élever de nouveaux murs ? Peut être le jour où nous avons débattu sur la cuisson des frites alors que l’Europe orientale était confrontée à une crise sociale sans précédent. Que celui qui n’a jamais pêché lui jette la première pierre… critiquer le populisme quand on laisse pourrir le fruit de ses récoltes est déjà une forme de populisme, une façon de se donner une conscience morale, une légitimité pour condamner. Maintenant, ne devenons pas les avocats du diable. Qui sème le vent récolte la tempête ? Pas si simple, ne nous hâtons pas en conclusions lapidaires, ne dédouanons pas les peuples de leurs responsabilités. Après avoir connu successivement le tyrannisme, l’autoritarisme et le totalitarisme, les pays cités ci-dessus semblent disposés à laisser leur chance à des Tomio Okamura. Les peuples n’ont pas de mémoire disait Hegel.

démocratique. Ils ont pris nos systèmes politiques, croyant bien faire, on leur a imposé nos systèmes économiques, peut être un peu moins de bonne foi, et nous avons laissé la machine se mettre en route, sans comprendre que la fin de l’histoire est une aberration et que transition ne signifiait pas appropriation. Se sont rappelés à nos bons souvenirs les exemples que la mise en place d’une démocratie n’est ni définitive ni irréversible. Alors oui, l’État de droit dans l’Est de l’Europe est en danger. Le « tsunami » migratoire a fait éclater les dernières digues. De plus en plus de responsables affirment urbi et orbi que nous assistons à une invasion pure et simple, que seules des politiques radicales peuvent stopper. Mais il faut également se poser les questions qui fâchent ; quand a t-on laissé le populisme devenir une option crédible ? Quand a t-on permis au groupe de

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démocratie

LA CONCENTRATION DES JOURNAUX A MAUVAISE PRESSE

Léo Hoerter

L'association Propos a décidé de diversifier ses activités en lançant la chaîne Propos TV, et héberge sur son site internet les émissions du Club Radio du Bureau des Arts. Voici un cas typique de concentration des médias. A l'échelle d'un établissement comme l'IEP, ce regroupement des activités d'information rend le service plus efficace. A l'échelle d'un État, cet argument suffit-il à justifier les concentrations des médias ?

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En démocratie, les médias ont une place tout à fait particulière. Ils sont souvent vus, dans la logique de la séparation des pouvoirs, comme une sorte de quatrième pouvoir. Il est vrai qu’aux États-Unis, où actuellement le Congrès et la Présidence, mais aussi la Cour suprême, sont aux mains d’un même parti politique, la présence de médias majoritairement proches de l’opposition se fait fortement ressentir. En démocratie, il est important d’avoir une pluralité de médias comme il est important d’avoir une pluralité de partis politiques. Un parti unique est indésirable, et il en va de même pour la presse, les deux confrontant d’une certaine façon des idées différentes dans la société. Et les partis politiques sont eux-mêmes en interaction avec les médias.

Le capital social-démocrate Une bonne illustration de cette relation particulière entre parti politique et médias est probablement fournie par le cas du Parti social-démocrate d’Allemagne (Sozialdemokratische Partei Deutschlands, SPD). La Société allemande de presse et d’édition (Deutsche Druck- und Verlagsgesellschaft mbH, DDVG) n’a a priori rien d’un groupe partisan ; pourtant, il ne faut pas s’y tromper : cette holding est en fait détenue à 99 % par la SPD. À travers la DDVG, la SPD a des prises de participations dans plusieurs dizaines de journaux régionaux, dont elle est parfois même l’actionnaire majoritaire. Par exemple elle détient 58% du journal Neue Westfälische en Rhénanie. Cette situation de parti-holding génère des situations pour le moins paradoxales. Bizarrerie peut-être réservée aux grands groupes, la SPD détient des parts dans des journaux se faisant de

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la concurrence car opérant dans les mêmes régions. L’un des meilleurs exemples est sans doute celui de la ville de Dresde, une ville deux fois plus grande que Strasbourg et qui sert de terrain d’affrontement à deux groupes de médias : le groupe de médias Madsack édite le journal Dresdner Neueste Nachrichten, tandis que le Dresdner Druck- und Verlagshaus (DDV) édite le journal Sächsische Zeitung. La SPD a en fait des parts dans ces deux groupes à la fois. Par ailleurs, avoir des activités économiques en même temps que des activités politiques peut également s’avérer contradictoire. Par exemple, avant l’introduction du revenu minimal en Allemagne, le 1er janvier 2017, la SPD se positionnait en tant que parti politique pour un revenu minimal à 8,50€ de l’heure, mais en tant qu’employeur elle rémunérait certains ses salariés les moins qualifiés à un montant inférieur, ce que naturellement ne manquaient pas de noter à la fois des journaux rivaux et des partis politiques concurrents. Les journaux plus démocrates que socialistes J’ai donc examiné une série de numéros de la Sächsische Zeitung pour y rechercher l’influence de la SPD, qui détient ce journal à 40 %. Le cas du journal Bayernkurierkurier de la CSU mis à part, la SPD est le seul parti politique en Allemagne à détenir des parts dans des journaux. Le fait qu’un parti politique possède des médias pose le problème de la neutralité de la presse. En effet, un parti peut facilement se faire de la promotion déguisée. J’ai donc examiné une série de numéros de la Sächsische Zeitung pour y rechercher

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l’influence de la SPD, qui détient ce journal à 40 % (les 60 % restants appartiennent à Gruner + Jahr, éditeur en Allemagne de titres de Prisma Presse comme der Stern ou Capital). Or, il semble que ce journal ne favorise pas la SPD dans la mesure où il a vendu des emplacements publicitaires au parti rival des conservateurs de la CDU. Par ailleurs, suite à une critique faite par un lecteur concernant ces publicités, dans un numéro de cet été, un journaliste a assuré que « la Sächsische Zeitung n’est pas un journal partisan, c’est pourquoi elle […] se concentrera sur ses devoirs : informer, analyser et évaluer de manière indépendante » (traduction de l’auteur). En outre, deux fois par mois, avec la distribution de la Sächsische Zeitung se fait celle du journal Sachsenbrief, qui se désigne comme « le journal politique pour la Saxe », et est en fait une revue éditée par la CDU. La seule limite que pose ce journal dans la promotion de partis politiques est qu’ils ne soient pas de tendance « rechtsradikal », c’està-dire d’extrême droite (le parti visé est de toute évidence l’Alternative pour l’Allemagne, ou AfD, très influent en Saxe). En conséquence, il semble que la Sächsische Zeitung ne met pas particulièrement en avant sa « maison mère » le Parti social-démocrate. Ce journal répond donc davantage aux normes de la démocratie qu’aux dogmes du socialisme, en d’autres termes il fait preuve d’impartialité.

du mouvement gaulliste, et bien sûr l’Humanité, longtemps proclamé « organe central du Parti communiste » ; toutefois ces journaux étaient ouvertement des journaux partisans. Ce phénomène des journaux partisans tend à régresser, comme en témoignent la suppression de la mention de journal du Parti communiste ou la fin de la parution de la Lettre en 1997. Cette tendance est visible aussi dans le cas également de la SPD. En effet, parce que la détention de parts de journaux régionaux était peut-être surtout destinée à renflouer les caisses du parti, et que la presse rapporte de moins en moins, la SPD vend progressivement ses prises de participation. Cela garantit une impartialité relativement plus élevée, mais pas pour autant une information libre dans la mesure où ce sont d’autres grands groupes de médias qui rachètent ces parts, poursuivant ainsi la longue concentration des médias aux mains du secteur économique. Pour un certain temps encore, le Parti social-démocrate d’Allemagne est engagé dans la presse, mais aussi dans d’autres secteurs de l’économie. En effet, ce parti possède notamment des parts dans des offices de tourisme ! Cela est possible car celles-ci sont parfois privées. L’objectif serait-il de rediriger les touristes vers le bureau local du parti ?

Appel à la déconcentration du pouvoir médiatique A dire vrai, le phénomène des partis politiques propriétaires de journaux n’a rien de récent. De nombreux cas existaient, comme la Lettre de la Nation

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international

L’économie chinoise est-elle

INTERNATIONAL

ACTUALITÉ

Antoine Billy

Dernièrement, le gouverneur de la banque centrale chinoise, Zhou Xiaochuan, a exprimé sa vive inquiétude vis-à-vis de la santé de l’économie de son pays et a insisté sur la nécessité d’engager des réformes profondes. En effet, si tout semblait sourire à ce pays émergent destiné à retrouver sa place de première puissance économique mondiale, aujourd’hui plusieurs experts tirent la sonnette d’alarme. Une addiction inquiétante à la dette L’endettement total du pays (dettes publique et privée) atteint 257% du PIB chinois. En soi, si ce niveau peut paraître astronomique, ce n’est pas ce chiffre qui est préoccupant. En effet, la dette totale de la France s’élève à 296% du PIB par exemple. Ce qui est préoccupant c’est surtout son évolution. En 2006, la dette totale de la Chine n’atteignait que 143% de son PIB. Cette dette a donc explosé en une décennie et aujourd’hui la Chine est le pays où la dette augmente le plus. La raison est que l’économie chinoise est structurellement gourmande au crédit mais qu’avec le ralentissement de l’économie chinoise, elle n’a pas réussi à réduire cette addiction. Par conséquent, les agences de notation ont plusieurs fois sanctionné la Chine en abaissant sa notation. L’économie chinoise n’arrive pas à effectuer un basculement de son économie vers un modèle davantage fondé sur sa consommation intérieure. En effet, le pays reste trop dépendant de ses exportations qui ont probablement atteint leur potentiel maximal. De surcroît, les ménages ne consomment pas assez, provoquant une surabondance d’épargne - obligeant

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la Chine à placer une partie de son épargne à l’étranger et notamment aux Etats-Unis. Conséquence : la croissance a chuté de 10% à 6,7%. Notons cependant que certains estiment que ce chiffre serait encore bien plus faible. Le “Shadow banking”, facteur de risque Mais au-delà de l’évolution de cette dette totale, c’est la dette des entreprises qui pose un grave problème. Elle atteint 166% de son PIB et là, le niveau est particulièrement anormal. La moyenne mondiale est à 91% du PIB. Or, cette dette d’entreprise est majoritairement le fait des entreprises publiques, ce qui expose l’Etat chinois qui est en apparence peu endetté (seulement 46% du PIB). En outre, en passant notamment par le « Shadow banking » la dette particulièrement opaque des régions semble considérable. En effet, afin d’atteindre les objectifs de croissance gouvernementaux, ces régions n’ont pas hésité à emprunter au-delà du raisonnable pour stimuler leur économie. Néanmoins, tous ces emprunts n’étaient pas efficaces sur le plan économique. L’économie chinoise s’est donc développée à marche forcée sans tenir compte des réalités économiques. Pour exemple, entre 2011 et 2013, la Chine a coulé plus de ciment que les Etats-Unis durant tout le 20ème siècle ! Le pays se retrouve donc aujourd’hui avec des cités fantômes et des autoroutes sans voitures. Ce modèle a atteint ses limites. PetroChina, restera dans l’histoire comme la première entreprise a avoir atteint la capitalisation boursière de 1 trillion de $. De plus, le marché boursier chinois

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au bord du gouffre ?

La bourse de Shangaï, dont l’indice a chuté de plus de 30% de sa valeur en moins de trois semaines en 2015. j

est totalement instable. Le monde en a fait l’expérience entre juin et août 2015 à la bourse de Shanghai. Après avoir gagné 150% entre juin 2014 et juin 2015, la bulle éclata avec une décrue impressionnante de 40% des cours, ruinant les petits épargnants chinois et faisant trembler la terre entière. L’une des plus grandes entreprises chinoises, PetroChina, restera dans l’histoire comme la première entreprise a avoir atteint la capitalisation boursière de 1 trillion de $ en 2007. Mais la même année la bulle éclata et aujourd’hui l’entreprise ne vaut plus « que » 200 milliards $. Soit une perte de 800 milliards $, record absolu dans l’histoire boursière. Cette perte colossale représente plus que la valeur actuelle du marché boursier italien, et Bloomberg a calculé que si on disposait de cette somme en billets de 100 $, on pourrait faire 31 fois le tour de la Terre en les alignant ! La Chine dispose de solides atouts Néanmoins, la Chine peut compter sur de solides atouts qui méritent d’être rappelés. Tout d’abord , le pays dispose d’un potentiel de croissance élevé. Le pays consacre désormais 2,1% de son PIB à la recherche et au développement, ce qui est élevé pour un pays en développement. A l’inverse d’il y a quelques années, la Chine ne se contente plus de copier ou de fabriquer des biens technologiques pour le compte de multinationales étrangères, elle développe aujourd’hui une solide industrie technologique qui vient fortement concurrencer le reste du monde. Ensuite, il faut préciser que la dette

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totale chinoise, qui paraît si effrayante, est principalement détenue par des banques chinoises. Cela ne la rend pas dépendante du reste du monde. D’ailleurs bien au contraire, la Chine fait figure de créancier vis-à-vis du reste du monde avec une position extérieure nette largement positive de 1800 mds $. Ce qui fait d’elle le deuxième créancier mondial derrière le Japon (3067 mds $) mais juste devant l’Allemagne (1797 mds $). A titre de comparaison, la France est débitrice vis-à-vis du reste du monde de 351 mds $ et les EtatsUnis de 8110 mds $ ! D’ailleurs, la Chine a toutes les raisons de rester un créancier de premier choix dans le monde du fait de l’excédent régulier de sa balance de paiement qui lui assure une entrée régulière de devises. L’excédent a en effet atteint 196 mds $ en 2016 (2ème excédent au monde derrière l’Allemagne et ses 287 mds $). De plus, la Chine peut compter sur les plus grandes réserves de change au monde avec 3010 mds $ en réserve. A noter cependant que ces réserves ont décliné de 833 mds $ entre 2014 et 2016 pour faire face à la sortie massive de capitaux qui accompagna la panique boursière.

Ainsi, aujourd’hui le nouveau grand timonier, Xi Jinping est confronté à un défi sans précédent depuis l’ouverture du pays au «socialisme de marché» de Deng Xiaoping. En effet, le pays doit effectuer un virage délicat vers une économie davantage autocentrée et impérativement assainir son système financier en régulant notamment le «shadow banking». En cas de crise majeure, inutile de préciser que les conséquences mondiales seraient considérables étant donné que la Chine contribue à 1/3 de la croissance mondiale et représente presque 15% du PIB nominal mondial. Le pays est la première puissance commerciale du monde, ainsi que premier client et fournisseur d’un grand nombre de pays. En outre, étant le deuxième créancier mondial, le retrait de ses fonds placés à l’étranger pourrait gravement fragiliser le système financier mondial. Nous assisterions à une montée conséquente des taux d’intérêt fragilisant les pays ayant un important déficit public comme les Etats-Unis. Le monde entier serait alors touché.

Avec 196mds de dollar d’excédent régulier de sa balance de paiement, la Chine a toutes les raisons de rester un créancier de premier choix dans le monde.

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QUELS VISAGES POUR L’OPPOSITION RUSSE ?

Daoud Jost-Serhir

Le 7 octobre dernier, entre 2 000 et 8 000 personnes se sont réunies à Saint-Pétersbourg, pour « célébrer » l’anniversaire du président Vladimir Poutine en demandant la libération de l’opposant anti-corruption Alexeï Navalny et l’enregistrement de sa candidature aux élections présidentielles de 2018. Navalny est l’opposant le plus en vue du président Poutine et de son parti, Russie Unie, ces dernières années. En effet, il était déjà présent aux manifestations contestant les résultats des élections législatives de 2011 au côté de Boris Nemtsov, figureclé de l’opposition libérale et assassiné en 2015. Navalny s’est affirmé lors des élections municipales de Moscou en 2013 où il fut opposé au maire sortant nommé par le président de l’époque, Dimitri Medvedev. Il perdit ce scrutin, mais afficha un score plutôt élevé en dépit du musellement de l’opposition

par les médias de masse. Toutefois, il contesta ce résultat et réussit à mobiliser des manifestants pour demander l’organisation d’un second tour. Même s’il n’a pas obtenu cela, ni conquis la mairie de Moscou, ce coup d’éclat a permis à Navalny d’apparaitre aujourd’hui comme le seul opposant sérieux au duo Poutine-Medvedev qui s’accroche au pouvoir depuis plus d’une dizaine d’années. La corruption comme cheval de bataille Fondateur de l’ONG « Fondation anticorruption » (FBK), Alexeï Navalny axe sa communication politique sur la critique du parti au pouvoir qu’il considère comme le « parti des escrocs et des voleurs ». Pour mettre à mal l’image de Russie Unie et dénoncer un système politique russe corrompu, le FBK de Navalny a divulgué des

affaires concernant plusieurs dizaines de proches du pouvoir, oligarques, haut-fonctionnaires et hommes politiques. Parmi les réseaux de corruption dévoilés, le plus fameux est relié au Premier ministre Dimitri Medvedev. Ce dernier a été accusé par Navalny de posséder villas de luxe, propriétés agricoles, yachts et appartements, financés par des fonds opaques provenant de fondationsécrans financées par de grandes fortunes et industries russes. Ces révélations, publiées sous la forme d’un documentaire s’intitulant Ne l’appelez pas Dimon (diminutif familier de Dimitri, NDLR), totalisent plus de 25 millions de vues sur YouTube. Alors que Medvedev avait passé son mandat présidentiel à parler de « respect de la loi » et de « lutte contre la corruption », ces révélations ont affaibli sa place de n°2 dans l’exécutif russe. Elles ont également été à l’origine de manifestations le 26 mars dans plus de 100 villes en Russie, réunissant des dizaines de milliers de personnes, souvent jeunes n’ayant connu que le régime de Vladimir Poutine. Le pouvoir a réagi à ces rassemblements illégaux en interpellant plusieurs centaines de personnes, dont Navalny. Lorsqu’il n’est pas en prison, Alexeï Navalny arpente les différentes villes et provinces de Russie pour défendre sa candidature à l’élection présidentielle de mars 2018. Toutefois, celle-ci a très peu de chances d’être validée par l’administration au regard de ses problèmes antérieurs avec la justice. Face au « navalnocentrisme », le reste de l’opposition s’organise En juin dernier, la Commission

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électorale russe a une nouvelle fois confirmé que Navalny ne pourrait pas participer à l’élection présidentielle de 2018 en raison d’une condamnation pour détournement de fonds. En effet, il a été reconnu coupable d’avoir détourné 400 000€ au détriment d’une société d’exploitation forestière. La Cour européenne des Droits de l’Homme condamne la Russie à une amende car elle juge le procès inéquitable. La Cour Suprême de Russie annule le procès en conséquence. Toutefois, le nouveau jugement rendu début 2017 est plus clément, mais disqualifie Alexeï Navalny : 5 ans de prisons avec sursis. En conséquence de cette incapacité à se présenter en son nom propre, le reste de l’opposition libérale ne compte pas sur l’hypothétique stature providentielle de Navalny. En effet, en plus des opposants politiques traditionnels au Kremlin se partageant les miettes des résultats électoraux depuis 15 ans, de nouvelles figures se lancent face à Vladimir Poutine. Ksenia Sobtchak, ancienne vedette de téléréalité puis journaliste, figure de la jeunesse dorée post-URSS, a déclaré sa candidature en octobre dernier. Elle est entrée dans l’opposition à la suite des fraudes électorales aux législatives de 2011, provoquant ainsi son éviction de la télévision d’État. Elle se distingue des autres figures de l’opposition par sa proximité familiale avec le président Poutine. En effet, le père de Ksenia, Anatoli Sobtchak fut maire de SaintPétersbourg et mentor politique de Vladimir Poutine, le prenant sous son aile lors de ses débuts en politique.

même figure depuis les années 90), le parti libéral-démocrate (défendant des positions assimilées en Occident à l’extrême droite), ou Russie Juste (parti social-démocrate, ayant été jusqu’à soutenir l’élection de Medvedev en 2008). Lorsque ces partis vont dans le sens du pouvoir, ces derniers connaissent des succès électoraux : à la suite du soutien de Medvedev, Russie Juste peut se targuer d’avoir élu plus de 30 députés. D’autres partis mineurs souhaitent s’extraire de ce système et prendre le contrepied de cette opposition molle. Iabloko par exemple est un parti socialdémocrate, proche des mouvements européens comme l’ALDE (Alliance des libéraux et des démocrates pour l’Europe), dont nombre de figures d’oppositions sont issues. Navalny en était membre jusque dans les années 2000, où il s’est fait exclure pour sa participation aux « Marches russes », des manifestations annuelles nationalistes.

qui veulent renouveler l’opposition russe comme Dmitri Goudkov qui a réussi à faire élire 150 conseillers municipaux issus de l’opposition « non systémique » en rassemblant les petits partis. Goudkov, contrairement à Navalny et Sobtchak, ne souhaite pas se présenter en 2018, sachant déjà qu’il a peu de chances d’être élu face au président sortant, dont la mainmise semble déjà assurée pour 2018. En effet, que cela soit pour Navalny, Sobtchak ou Goudkov, le combat pour une opposition libre au sein d’un système démocratique semble long et difficile. En effet, en quinze ans, le système politique, administratif ou judiciaire s’est transformé au profit d’un microcosme sous l’influence de Vladimir Poutine où la corruption règne. Toutefois, l’opposition est patiente et aperçoit déjà les limites de système actuel. Comme le dit Dmitri Goudkov : « Tout a l’air fantastique, attirant, luxueux. Mais en réalité [le régime] se dirige déjà vers l’iceberg ».

Dans les rangs des 30 députés qui ont représenté Russie Juste entre 2011 et 2016, on trouve malgré tout des figures

i Alexeï Navalny et Ksenia Sobtchak. L’opposant Alexeï Navalny arrêté lors des élections municipales à Moscou de juillet 2013 l

Si Sobtchak assure qu’elle ne se présentera pas si Navalny obtient le droit de participer aux présidentielles, le blogueur reste critique vis-à-vis de sa candidature. Il précise dans une de ses vidéos YouTube : « Leur idée est simple, ils ont besoin d’une caricature de candidat libéral. Ils me traitent de criminel et mettent en avant Ksenia Sobtchak ». Le piège de l’opposition systémique Ces figures de l’opposition souhaitent se distinguer le plus possible de l’opposition dite « systémique », composée de partis peu dangereux pour le Kremlin et donnant l’impression du pluripartisme en Russie. On peut citer le parti communiste (1er parti d’opposition si l’on se base sur les résultats électoraux, dirigé par la

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Le porte-avions, symbole de la puissance internationale

L'outil de guerre qu'est le porte-avion présente un intérêt sous-estimé dans l'avenir du contrôle des mers. Essayons de comprendre la portée de cette pièce maîtresse de la marine dans l'actualité internationale et géopolitique.

Maxime Morlet

Le porte-avions : depuis son rôle dans les batailles de la Seconde Guerre mondiale, il est devenu la pièce maîtresse d’une marine prétendant au contrôle des mers. Plus encore, il est l’instrument de tout Etat qui revendique le statut de puissance internationale, correspondant à la capacité d’influencer les décisions et les actes des autres nations du globe au nom d’intérêts. Par la nature même du porte-avions, c’est-à-dire d’une base navale et aérienne mobile indépendante des volontés étrangères, il devient alors un outil militaire et diplomatique qui permet de faire pression sur d’autres Etats, de contrer des hégémonies navales étrangères, d’étendre la capacité d’action militaire, de soutenir des opérations terrestres, ou encore de donner la capacité à une armée « d’entrée en premier » (concept militaire

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défini comme étant la capacité de « projeter des éléments sur un théâtre sans pouvoir y être accueilli par une force amie ou alliée » dans le but d’« assurer dans de bonnes conditions la mise en place d’une force supérieure »[1]). L’actualité donne de nombreux exemples de cette utilisation du porteavions, et des volontés de certains Etats d’en acquérir : les frappes aériennes françaises et russes au Proche et MoyenOrient avec les porte-avions Charles de Gaulle et Amiral Kouznetsov en 2015 et 2016 ; l’utilisation de la 7ème flotte américaine pour faire pression sur la Corée du Nord en avril 2017 ; l’acquisition par la Grande-Bretagne d’un porte-avion en 2017 et d’un autre prévu pour 2018 ; les programmes de construction de porte-avions lancés par la Russie, la Chine, et l’Inde ; … La volonté des puissances émergentes de

posséder ce navire de guerre est en lien avec l’ambition de maîtriser les mers et d’affirmer leur statut de puissance internationale. En réalité, au vu de ces quelques exemples, le porte-avions met en lumière deux éléments importants qui contribuent à la définition du statut de puissance internationale : la projection de force et la projection de puissance. La notion de projection de force ou l’essence militaire du porte-avions La projection de force correspond à l’envoi de troupes sur un théâtre d’opérations extérieur. C’est donc la fonction militaire du porte-avions qui est mise en avant, car il permet de soutenir les opérations grâce à un appui aérien et maritime. Son utilisation

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international i Le porte-avions Charles de Gaulle avant son grand carénage

pour les préserver. Mais en réalité, face à la nature du terrorisme, aucun territoire ne peut être totalement sûr et en sécurité. Pour autant, cet établissement de la ligne de front permet de fixer l’ennemi, c’est-à-dire de focaliser son attention et de mobiliser la plus grande partie de ses ressources. Le porte-avions en tant qu’instrument de la politique : la projection de puissance

contribue alors à la profondeur stratégique d’un Etat : le porte-avions est employé pour frapper des cibles éloignées de l’Etat, pour contenir la « ligne de front » loin des centres névralgiques du territoire national que sont les zones industrielles et économiques, les lieux de concentration de populations (comme les villes), ou encore les sites de production militaire. La profondeur stratégique est telle une « marge » dans laquelle les éléments militaires peuvent manœuvrer sans être sur le sol sacré du national. La lutte contre Daech par les Américains, les Russes, et les Français illustre ce concept dans la mesure où les porte-avions ont été envoyés sur les rivages du Proche et Moyen-Orient pour combattre Daech et soutenir l’avancée des troupes kurdes et irakiennes. Ils ont donc établi une ligne de front loin des territoires nationaux

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Quant à la projection de puissance, c’est l’utilisation du porte-avions comme « arme politico-diplomatique ». Elle est, en quelque sorte, la poursuite de la diplomatie par d’autres moyens, comme l’illustrait Henry Kissinger, secrétaire d’Etat américain de 1973 à 1977, en expliquant que « le porte-avions, c’est 100 000 tonnes de diplomatie » ; une manière de négocier qui correspond bien à certains dirigeants actuels. Le porte-avion, en tant qu’instrument de la projection de puissance, peut être considéré comme une arme de dissuasion, un moyen de pression : c’est dans ce but que Trump a envoyé la 7ème flotte près de la Corée pour faire pression sur le dictateur nord-coréen, mais également sur une Chine aux ambitions hégémoniques, et enfin pour rassurer les alliés américains. Ainsi les concepts de projection de force et de projection de puissance sont liés et se combinent la plupart du temps. Ils méritent à eux-seuls une analyse approfondie et détaillée, tant les enjeux de puissance sont nombreux et importants à travers eux. Ces concepts contribuent à la définition de la puissance car ils permettent à Etat d’avoir un grand rayon d’action à l’international. Le porte-avions devient donc un enjeu de puissance en soi : c’est un instrument d’un redoutable potentiel aux mains des ambitieux de ce monde. Tout programme de construction de porte-avions implique une réflexion sur le statut de puissance internationale, et la Chine en est un parfait exemple. La Chine, une puissance thalassocratique mondiale en devenir La Chine n’est plus une simple puissance régionale, car aujourd’hui, ces ambitions sont mondiales. Le développement de sa marine s’inscrit dans une stratégie de contrôle de ses voies maritimes d’approvisionnement énergétique. Ce “ basculement thalassocratique “ est clairement revendiqué dans ses

différents Livres Blancs depuis 2000, et celui de 2015 mentionne précisément l’importance accordée aux enjeux maritimes. Ainsi, dans cette politique de développement et de modernisation de sa marine, elle cherche à se doter d’une « force de dissuasion océanique » par l’acquisition de quatre porteavions : elle en possède déjà le Liaoning, le second a été mis à l’eau en 2017 et devrait être opérationnel pour 2019, et les deux derniers devraient être acquis avant 2050 selon les ambitions chinoises. Cette date de 2050 correspond au troisième objectif de la marine chinoise, théorisé par l’amiral Liu Huaqing en 1982 : il s’agit pour la Chine de disposer d’une marine capable d’intervenir dans le monde. Or par « intervenir dans le monde » il faut entendre « être capable de projeter ses forces et sa puissance dans le monde ». Les ambitions de la Chine ne sont pas dissimulées, mais affirmées et revendiquées en toute sincérité. Le porte-avions, un enjeu d’avenir de la puissance internationale Le porte-avions, symbole de la puissance internationale, est un enjeu pour tout Etat qui souhaite s’affirmer sur la scène mondiale. Il donne un rayon et une capacité d’action non négligeables pour tout prétendant à la puissance internationale. C’est pourquoi ce n’est pas un hasard si les Etats chinois, russe et indien cherchent tant à rattraper leur retard par rapport aux Etats-Unis. Et quand est-il de la France et de son mythique Charles de Gaulle qui a connu deux millénaires ? Nombreuses sont les critiques de ce vétéran, qui n’a plus besoin de prouver sa valeur tant ses faits d’armes sont considérables. Le débat d’un deuxième porte-avions en France fait couler beaucoup d’encre dans les milieux politiques et militaires, signe de réflexion sur la puissance maritime française et le statut de puissance de la France dans le monde. C’est Alfred Mahan qui montrait, dans son ouvrage The Influence of Sea Power upon History (1660-1783) publié en 1890, que la maîtrise des mers par la puissance maritime était la condition pour dominer le monde. Il n’est pas donc pas futile de dire que le XXIème siècle est le témoin d’une course à la suprématie maritime mondiale. Qui en sortira vainqueur ? Mais surtout, qui en sortira perdant ?

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Retour sur le Munich Express

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Émile Formery

Nouveauté du BDE version 2017, ce projet de Stop and Go reliant Strasbourg à la capitale de la bière était à la fois original, ambitieux, intriguant voire même risqué. Les règles étaient simples : une journée, que du stop, pas de transport payant. Premier objectif atteint : tout le monde a fini par rejoindre Munich. Bilan : positif, à en croire les avis des participants. Chacun son rythme Pour aller de Strasbourg à Munich en passant par la route, il faut environ 4h. Les bêta-testeurs du BDE, Nathan et Bérengère, avaient mis 6h. Les vainqueurs de la course, Mathilde et Paul, ont été un tout petit peu plus rapides. A 7h18, Bérengère donnait le top départ depuis l’Eglise devant l’IEP, et à 13h, les plus rapides profitaient déjà de la culture locale au McDonald’s de la Marienplatz. Mais certains auront été plus longs, beaucoup plus longs. Faire du stop « demande beaucoup de patience et de persévérance ! On a très vite envie d’abandonner, on se lasse mais au final on continue car on a vraiment envie d’avancer » témoigne Léna V. Claire L. (on pleure encore la disparition de son téléphone) se plaint de « crampes au bras » ; et oui, tenir des pancartes c’est difficile, même quand on a gagné le Krit. Enfin, Bastian

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N. semble avoir appris à être patient en attendant au bord de la route : « On comprend désormais ce que ressentent les prostituées. » Par ailleurs, tout le monde n’a pas pu prendre le chemin le plus direct. Certains groupes ont connu une dizaine de véhicules différents. Mais il y a pires mésaventures. Pierre T. a gardé un souvenir amer (et on le comprend) d’avoir été « déposé dans la forêt ». On retiendra aussi Mélanie B., humoriste de l’année : « Kehl arnaque… ». Plusieurs binômes ont eu la chance de passer leur aprèsmidi à l’aéroport de Stuttgart, à deux doigts de tout lâcher et craquer pour un week-end à Barcelone. Axelle R. a même eu le temps d’improviser une visite de Stuttgart, mais elle a été déçue : « pour l’instant, la majeure partie de la ville est en travaux… ». Et Théo G. conclut en connaissance de cause : « Google Maps devient ton meilleur ami ». Des rencontres assez originales Faire du stop, c’est avant tout des rencontres. Alice B. a pu échanger avec un conducteur un peu curieux sur les règles fixées par le BDE : « Si je m’arrête en forêt et que je vous viole, est-ce que je risque quelque chose ? » Les sujets de discussion sont parfois originaux et Léna V. et Théo T., ont eu droit à un « What do you think about Poutine ? », sujet de conversation toujours passionnant et ouvert avec un Russe. Quant à Pierre T., il vénère le conducteur italien qui l’a fait sortir de sa forêt : « Je vais me faire des portraits de lui chez moi ». Iris M. et Christophe K. se sont fait « prendre en stop par un Blablacar ». Il y en a qui ont de la chance. D’autres en ont moins, et certains moments ont été peu sympathiques. Pour Rémi F., le doigt d’honneur d’un conducteur « après 2 heures et demi d’attente » était compliqué à encaisser. Théo T. a lui « passé une heure dans le coffre d’une Polo avec un conducteur russe qui roulait à 180

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». Et oui, les vitesses sur les autoroutes sont illimitées en Allemagne, et pour ceux qui n’ont pas l’habitude, ça peut surprendre. Certains ont pris la compétition très au sérieux, installant une belle rivalité parmi les participants. Ainsi, Iris M. garde une rancœur envers les « équipes qui viennent faire du stop à trois mètres de nous alors qu’on est arrivés avant ». Hugo R. le confesse sans honte : « On s’est battus à coups de fausses annonces et de mythos ». Munich, capitale de la bière De Munich, les participants semblent effectivement avoir retenu ce qu’ils ont ingurgité plus que ce qu’ils ont vu. Ainsi, quand on demande à Alice B. ce qu’elle a retenu de Munich, on obtient cette réponse : « Allez demander à Dandoy et ses 8 litres de bière en une soirée ». Délation, quand tu nous tiens… Théo G. fait le même constat : « La bière en Bavière, je ne pourrai en dire que du bien. » Certains ont choisi de retenir d’autres choses. Parce que quand même, tout le monde n’est pas alcoolique à l’IEP. Pour Axelle R., Munich « donnerait presque envie de passer sa 3A en Allemagne… presque. » Iris M. a retenu « une ville jolie et sympa à visiter avec des parcs immenses pour se poser tranquille ». Quant à Claire L., elle semble avoir « passé plus de temps à se perdre dans le métro qu’à visiter la ville ». Mais pour tous, le séjour est resté positif, et tout le monde est prêt à repartir pour une autre aventure. Alice B. pose toutefois des limites « plus de stop en Allemagne avec des voitures qui roulent à 210 km/h ». Thibaud B. semble ne pas avoir évacué le traumatisme : « Pas si Stuttgart est sur le chemin. » De son côté, Bastian N. a surtout « hâte de refaire des pancartes », et il n’est sûrement pas le seul quand on voit la créativité de tous les binômes dans ce domaine décisif. Beaucoup sont très enthousiastes, comme Nicolas C. : « Une expérience inoubliable ! Oui, oui et encore oui ! [pour repartir] ». Et même dans le fameux binôme malchanceux arrivé à 23h (ils conserveront leur anonymat), on peut entendre « je repartirai volontiers ». Si ça, c’est pas une belle mentalité.

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SÉLECTION EN MASTER Eva Mosan

Peu d’étudiants de première et deuxième année savent qu’une sélection est mise en place entre la quatrième et cinquième année. Pourtant, c’est un sujet brûlant pour les étudiants en M2. C’est d’ailleurs une discussion avec plusieurs d’entre eux qui a motivé cet article. Il est vrai que les réformes en cours vont modifier la situation actuelle. Néanmoins, partir de celle-ci permet de mettre en lumière un certain nombre d’interrogations vis-à-vis du processus de sélection en master.

en cinquième année ont du mal à saisir à quoi les prérequis correspondent. D’autant plus que certains se sont vus refuser leur entrée en cinquième année à Sciences Po Strasbourg pour « manque de prérequis européen » après une 4A Etudes Européenne et Internationales à… Sciences Po Strasbourg ! Les stages semblent être tout autant – voire plus – valorisés que les notes obtenues, selon les étudiants

d’autres IEP, ou encore à l’Université de Strasbourg. En effet, ces deux dernières options, ajoutées à celle de choisir un master à l’IEP de Strasbourg sont les seules qui s’offrent à l’étudiant de quatrième année pour valider son Diplôme. S’il décide par exemple de faire un master dans une Fac à Lyon, il ne validera pas son diplôme de Sciences Po Strasbourg.

Une sélection contestée A l’IEP, les étudiants en quatrième année doivent candidater à la fin de l’année pour une liste de master de leur choix. Ils font donc des vœux comme les 2A pour leur 3A. Jusqu’à présent, les étudiants devaient adresser leur dossier de candidature aux directeurs de master. Ceux-ci recevaient à la fois ceux des étudiants du diplôme, des étudiants des autres IEP ainsi que des étudiants du M1 (qui arrivent à l’IEP de Strasbourg en quatrième année). En principe, la sélection est interdite entre la première et seconde année de master (sauf quelques exceptions mentionnées par décret). Néanmoins, les directeurs de master ont le droit de vérifier la compatibilité entre la formation suivie en M1 et le master 2 demandé. Le but est d’éviter que des étudiants en Lettres se retrouvent dans un master 2 Génie industriel. Cela s’opère par le biais “prérequis”, une notion vaste. Cette forme de sélection paraît logique. Dans les faits, cela est plus compliqué. Les étudiants en quatrième et même

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en 5A. D’autre part, on note que dans la plupart des masters il y a environ un tiers d’étudiants du diplôme, un tiers d’anciens M1 et un tiers d’étudiants venus d’autres IEP. Beaucoup de places étant prises par d’autres étudiants, une part de ceux du diplôme n’obtiennent pas le master qu’ils souhaitaient ou sont forcés de partir en mutualisation dans

Il est regrettable de ne pas avoir la possibilité de faire un Master 2 dans n’importe quelle école ou faculté. Ce choix de liberté a d’ailleurs été fait par plusieurs IEP dont celui d’Aix. Repenser le Master 2 ? Plusieurs étudiants de cinquième année, contactés dans le cadre de cet article, ont exprimé leur volonté de «

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repenser le M2 ». Ils souhaiteraient avoir la possibilité de faire le M2 de leur choix, et de ne pas être obligés de se restreindre aux IEP et à l’Université de Strasbourg. Une mesure dans ce sens permettrait d’avoir moins de demande sur chaque master de l’IEP notamment. Ainsi, chacun aurait la possibilité de se diriger vers le master de son choix, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. En effet, certains d’entre eux disent avoir accepté une formation par défaut et n’en sont pas ravis. Néanmoins, il faut reconnaitre que nombre d’étudiants partis en mutualisation ou ayant accepté un vœu en traînant les talons sont au final satisfaits de leur master. On ne peut généraliser un mécontentement vis-à-vis de la formation délivrée en

“ Conscients d’une possible discrimination, les membres du Conseil d’Administration ont mis en place un dispositif provisoire “

cinquième année. Par ailleurs, si l’étudiant est refusé par tous les masters à l’issue de la procédure de sélection, il y a une commission de réaffectation qui le positionnera dans l’un des masters de ses vœux. Cependant, n’ayant pas été accepté par le directeur du master, il ne sera pas diplômé du M2, seulement de Sciences Po Strasbourg. Pourtant,

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il devra valider son année et obtenir ses crédits de la même façon que les étudiants avec lui dans le master. Quelles évolutions à prévoir ? Les 5A soulignent par ailleurs le manque d’information au sujet de la sélection et de ses conditions. Les changements récents et à venir ne facilitent pas le partage d’information entre les promotions. La dernière réforme déplace la sélection du passage de la licence au master, en université. Cependant, l’IEP ne reconnaissant pas le grade de licence ou de master 1 à ses étudiants, de telles réformes, qui sont adressées aux universités, doivent être adaptées au cas particulier de Sciences Po. Par exemple, les étudiants en M1 auront désormais leur place de droit dans un M2, ce qui n’est pas le cas des étudiants de 4A. Conscients d’une possible discrimination, les membres du Conseil d’Administration ont mis en place un « dispositif provisoire » le temps de mettre en place la mastérisation de la quatrième année du diplôme. Celui-ci permet plus ou moins

de faire disparaitre l’inégalité avec les étudiants à l’université. A la lecture des procès-verbaux du Conseil d’Administration, nous constatons que les débats autour de ce thème sont récurrents. Ils ne sont pas tous clos. Une réflexion large doit effectivement être menée et elle doit garantir les meilleures conditions de réussite aux étudiants.

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vie de l’IEP

JEAN-CLAUDE JUNCKER EN TERRAIN CONQUIS?

Florian Martinez

En témoigne la vitesse fulgurante avec laquelle les places se sont arrachées (deux cent sièges en un peu moins de deux minutes), la venue exceptionnelle de Président de la Commission Européenne Jean-Claude Juncker à Sciences Po Strasbourg a suscité un vif enthousiasme chez les étudiants du 47 rue de la Forêt-Noire. Le 23 octobre dernier, dans le cadre d’une conférence organisée par Sciences Po Forum, plus de deux-cent sciences pistes sont montés en amphi 324 pour écouter le sermon du Luxembourgeois à propos de la situation de l’Union Européenne. Une sorte de deuxième sommet sur l’état de l’Union Européenne, prononcé plus d’un mois après le premier devant un par terre d’euro-enthousiaste.

Sur un fond de crise politique un peu partout en Europe, Jean-Claude Juncker s’est adonné à la tâche ardue de défendre le futur de l’Union. Au cours de son exposé d’un peu plus de 45 minutes, le Président de la Commission a pu aborder de nombreuses questions épineuses. Autant de sujets tel que la fiscalité, l’emploi, la politique commerciale ou encore la place de l’UE dans les relations internationales. L’objectif de sa venue était simple : défendre le bilan de sa mandature et assurer son implication personnelle dans les manœuvres de “réenchantement de l’Europe”. Si le projet est noble, la tactique, quant à elle, paraît simplette. Comme le souligne Rue89 Strasbourg, la conférence de Jean-Claude Juncker reste un plaidoyer en faveur d’une cause déjà défendue par son public. Le Président de la Commission a rappelé lui-même l’attachement de l’Institut aux questions liées à l’Union. “Je vous aime non pas parce que vous pourriez être un instrument de propagande pour l’Europe, mais parce que vous réfléchissez aux sujets européens d’importance”, déclarait-il en introduction de son propos. En venant parler à l’Université de Strasbourg, dont il fut doctorant, Jean-Claude

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Juncker était ainsi assuré de pouvoir convaincre. Un éloquent discours sur l’état de l’Union. Le tableau de l’Europe dressé par le Président de la Commission se voulait rassurant. Loin d’être idyllique, celuici avait vocation à donner de la substance au futur européen, de l’espoir aux étudiants prétendant y participer. De la large gamme de sujet abordés (une grosse demie-douzaine en mois d’une heure), aucun ne laissait présager un sombre avenir. Pourtant, l’actualité mettait à mal la dialectique de Jean-Claude Juncker, et ce malgré la bienveillance de l’IEP à l’égard de l’Union. Comment défendre les négociations entre l’Union et le Canada sur le CETA en plein débat sur le glyphosate? Comment assurer la cohésion des membres de l’Union alors que des velléités indépendantistes soufflent de toute part du continent?

L’épreuve demandait une adresse digne d’un funambule. Les sujets étaient épineux mais la manière de l’aborder était parfaite. Quelque soit l’assentiment que l’on porte à l’Union, nous devons reconnaître les qualités oratoires du conférencier “hors-pair” invité

“Je vous aime non pas parce que vous pourriez être un instrument de propagande pour l’Europe, mais parce que vous réfléchissez aux sujets européens d’importance.” par Sciences Po Forum. La subtilité des mots et la finesse des tournures de phrases employées par Monsieur Juncker lui auront permis de tenir tout du long son auditoire en haleine. Les rires furent réguliers et francs, les anecdotes luxembourgeoises et bruxelloises railleuses. La rubrique Weil A Ce Que Tu Dis de Propos se souviendra de quelques diatribes acerbes et de certaines boutades

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Vie de l’IEP

légères. Aussi, un amusement certain était perceptible à la sortie de la conférence, comme si l’humour avait réussi à esquiver les difficultés et les polémiques.

internationaux : un des axes majeurs de la conférence cherchait à rappeler que “l’Europe et la Commission ne sont pas des machines à la botte du grand capital”. Une affirmation dont

En dépit des désaccords et des critiques des étudiants, l’impression rendue par la conférence donnait envie de croire en un présent transparent et un avenir prometteur. En ce sens, elle fut un succès.

Les étudiants se sont retrouvés face à un mur dont la réponse a été un déroulement de l’agenda de la Commission.

Des réactions bien loin d’être unanimes. Seulement, il n’est pas certain que nous puissions assimilé cette victoire sur la forme à une victoire sur le fond. Certes, le talent oratoire du Président de la Commission lui a valu des salves d’applaudissements et des éclats de rire. Pourtant, en dépit de l’européisme des étudiants, beaucoup gardait en eux d’acerbes critiques qu’ils n’ont pas manqué d’adresser à Jean-Claude Juncker à la fin de sa conférence. Si nous réfléchissions “aux sujets européens d’importance”, nous sommes loin d’approuver toutes les décisions politiques bruxelloises initiées par la Commission de M. Juncker. De ce fait, certains auront perçu des airs de mauvaise foi dans la défense des axes politiques défendu. Les interrogations et les doutes portés à l’égard de la politique actuelle ne furent pas été effacés à l’issu de la conférence. Politique sociale, politique fiscale, négociations des traités commerciaux

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beaucoup contestait la sincérité avant même qu’elle ne soit prononcer. En effet, l’image technocratique et déconnectée de l’Union vis à vis du citoyen ne date pas d’hier. Moins d’un mois après la conférence, d’autres actualités comme les Paradise Papers n’auront que aggravé cette

réputation. Aussi, nous ne pouvons que rire en se remémorant la déclaration du Président de la Commission, personnellement impliqué en tant qu’ancien Premier ministre et

ministre des Finances du Luxembourg dans les révélations du Consortium International de Journalistes d’Investigation. Ainsi, bien avant le début de la conférence, des élèves prévoyaient d’interroger le Président de la Commission sur des sujets houleux. Interrogations d’abord sur la confiance vouée des citoyens européens à l’égard de Bruxelles, dont la force paraît bien amochée avec la montée de l’extrêmedroite anti-UE en Allemagne ou en Autriche. Interpellation également à l’égard de son Livre Blanc sur l’avenir de l’Union Européenne, dont certains groupes politiques comme le Progressive

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vie de l’IEP

Caucus le jugent comme une “déception sévère”. Remarque réprobatrice encore à propos du CETA ou encore, sujet cristallisant peut être le plus d’animosité en amphi 324 ce jour-là. Face à toutes ses critiques, Jean-Claude Juncker aura réussi à sauver la face de sa mandature grâce à sa rhétorique persuasive : plus que ses arguments, c’est le style qui lui permit de détourner les accusations portées. Les étudiants se sont retrouvés face à un mur dont la réponse a été un déroulement de l’agenda de la Commission. Une stratégie formatée et particulièrement bien maîtrisée qui rompit l’objectif du plaidoyer en faveur d’une Europe prometteuse. A l’exception de quelques personnes approuvant l’homme avant sa visite à l’IEP, une majorité d’entre nous sera reparti avec autant de déception que le débat sur le fond était inexistant. Le discours d’une élite délaissant les sceptiques. Finalement, la plus grosse déception de la conférence n’aura peut-être pas été ce décalage entre la maîtrise de la forme et l’esquive du fond. En faisant abstraction des questions abordées au

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terme du discours, nous retrouvons le tableau de l’Europe optimiste esquissé et défendu par le Président de la Commission. La visibilité des institutions européennes et la légitimité de son action étaient, en ce sens, admirablement rehaussé. Pourtant, nous pouvons interroger la pertinence même de l’objectif de promotion de l’Union à l’IEP.

l’utilité des institutions européennes aurait été bien mieux atteint auprès des autres départements de l’Université de Strasbourg. Si le futur de l’Union semble sur la bonne voie, la proximité des élites avec l’ensemble des citoyens européens a encore besoin de parcourir du chemin.

Quand bien même la venue de Monsieur Jean-Claude Juncker reste un honneur pour l’école, n’aurait-il pas été plus judicieux de dérouler le bilan provisoire de son action à quelques rues de la Fôret-Noire? Pourquoi venir faire une conférence devant une majorité d’européistes quand, de l’autre coté de l’Université de nombreux étudiants restent plus que sceptiques? Pourquoi avoir fuit le débat et la critique de sciences pistes bien au fait des enjeux européens alors que le public restait sensiblement bienveillant? Avec des modules de cours articulés autour de l’économie de la Zone Euro du droit communautaire, de la citoyenneté européenne et de l’histoire des relations des pays la composant, les étudiants n’avaient peut-être pas besoin de se voir rappeler la place de l’Union dans notre vie quotidienne. Une telle promotion de l’avenir et de

k Jean-Claude Juncker, aux cotés du Directeur de l’IEP de Strasbourg Gabriel Eckert.

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international

j Boutique : 20 rue des Frères, 67000 Strasbourg j Kiosque : Gare de Strasbourg Hall Sud DÉCEMBRE 2017

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Université d’Utrecht Pays-Bas (2016)

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Armand Sommet

PREPARER LE DEPART Quel mode de transport conseillezvous ? Quelle compagnie ? Pour quel prix ? Quelles recommandations pouvez-vous faire en ce qui concerne l’arrivée ? (quelle gare ou aéroport, liaisons avec le centre-ville, bagages...) Du fait de la proximité des Pays- Bas de la France, un trajet en voiture est largement jouable. Sinon veillez à ne pas laisser votre voiture dans le pays, sous peine de devoir payer la taxe sur les véhicules. Un autre moyen de venir, c’est l’avion, via l’aéroport d’Amsterdam Schiphol, qui à l’avantage d’avoir une gare en son sein, permettant d’arriver à la gare centrale d’Utrecht en environ 30 minutes. A partir de la, un important réseau de bus, vous permettra d’arriver près de votre logement. VIE PRATIQUE Banque et coût de la vie Quel était votre budget mensuel ? Environ 200- 300 euros en dépenses courantes sans compter le loyer mensuel qui s’élevait à 470 euros. De quelle bourse peut-on bénéficier ? - Bourse Erasmus : oui - Bourse Boussole : oui - Autre boussole :

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Quelles sont les modalités habituelles de location, les garanties exigées ? (garants, caution, durée de bail, assurance...) Quel budget pour votre logement ? Le prix des charges (eau, électricité, internet) est-il élevé ? Les Pays- Bas sont un pays relativement petit pour une population assez importante ( 17 M ha), de ce fait il y a une véritable crise du logement, avec des loyers élevés. Néanmoins et heureusement, l’Université est partenaire avec un organisme de logement étudiant appelé SSH, implanté dans toute la ville pour des loyers compris entre 400 et 600 euros par mois charges toute comprise. Une caution et le versement du loyer correspondant au premier mois (septembre) et dernier mois ( Juin) sera demandé lors de la réservation. Concernant le processus de réservation, l’université vous dira quand les réservations sont ouvertes et sur quel site allez. Veillez juste à ne pas trop attendre, car tout part très vite ! FORMALITÉS DIVERSES A-t-on besoin d’un visa ou d’une carte de séjour ? Si oui, comment l’obtenir ? Pour quel prix ? Non, vive l’espace Schengen ! Une carte d’identité valable est suffisante. UNIVERSITÉ

Logement

Les études

Quel type de logement conseillezvous ? (campus, résidence, foyer, coloc, studio...) et quand et comment le trouver (agence, site internet) ?

Est-il possible de bénéficier de cours de langue avant le début des cours ? Sous quelles conditions (prix, recrutement...)

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el mundo

L’anglais étant une langue largement parlée et maitrisée aux Pays- Bas, il n’est pas du tout nécessaire d’apprendre le néerlandais tant pour les cours que pour la vie courante. Honnêtement, on se croirait parfois en Grande Bretagne. Il est néanmoins possible de prendre des cours de langue en option, via la plateforme de choix des cours OSIRIS, y compris le néerlandais. Il faudra compter 150 euros pour cette dernière.

Avec quel département est le partenariat ? Peut-on prendre des cours en dehors du département d’accueil ? Dans quelle proportion ? En quelle langue les cours sont ils dispensés ?

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TOUS les départements sont accessibles, sauf l’école de Droit, proposant des cours en grande majorité en anglais. Possibilité de prendre des cours dans au maximum 2 facultés différentes. Votre faculté de rattachement dépendra de vos choix de cours. LOISIRS Quelle est l’ambiance, l’atmosphère dans la ville/le pays ? Un pays paisible et harmonieux, ou il est également possible de bien s’amuser le weekend, et en soirée.

Retrouvez le témoignage complet sur elmundo.proposscpo.fr

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Université de Nuremberg Allemagne (2016) Clémentine Fux

PREPARER LE DEPART Quel mode de transport conseillezvous ? Quelle compagnie ? Pour quel prix ? Quelles recommandations pouvez-vous faire en ce qui concerne l’arrivée ? (quelle gare ou aéroport, liaisons avec le centre-ville, bagages...) Depuis Strasbourg, je conseille le covoiturage, via Blablacar : c’est l’option la moins chère (une vingtaine d’euros pour un aller) et étonnamment la plus rapide (environ 3 heures et demi de voiture). La deuxième option est le train, qui est légèrement plus long et quand même au moins deux fois plus cher mais peut être plus arrangeant au niveau des horaires et des dates. Enfin, si vous venez de plus loin, il faut savoir qu’il y a également un petit aéroport à Nuremberg. VIE PRATIQUE Banque et coût de la vie Quel était votre budget mensuel ? Je payais mon loyer à hauteur de 450 euros, et il me restait environ 400 euros pour sortir et faire les courses grâce aux bourses. Logement Quel type de logement conseillezvous ? (campus, résidence, foyer, coloc, studio...) et quand et comment le trouver (agence, site internet) ? Quelles sont les modalités habituelles de location, les garanties exigées ? (garants, caution, durée de bail, assurance...) Tout dépend de ce que vous recherchez

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exactement. Je recommande trois options : 1. Si votre critère est le prix, je vous conseille de faire une demande au Studentenwerk (l’équivalent du CROUS allemand), les procédures vous seront indiquées par mail avant votre arrivée à l’université. Les loyers sont vraiment très peu chers (environ 200 euros), et il s’agit de résidences étudiantes soit en chambre seul ou en colocation. L’ambiance est vraiment super agréable, vous pourrez vous sociabiliser avec de nombreux erasmus ; ces résidences disposent souvent d’un bar ouvert une fois par semaine et d’une salle commune pour faire la fête. Le seul problème c’est que les demandes sont très élevées par rapport au nombre de places.

placer dans une colocation avec des gens que vous ne connaissez pas encore. Vous les découvrirez alors lors de votre emménagement. L’avantage est que les immeubles sont en plein centre-ville, que les appartements sont rénovés à neuf avec de grandes cuisines ultra équipées, et salle-debain et que le loyer varie en fonction de la taille de votre chambre, et comprend toutes les charges telles qu’internet eau, électricité et chauffage. En ce qui concerne les

2. Ensuite, toujours avec le critère du prix, il existe d’autres résidences étudiantes qui sont également de vrais repères d’erasmus, par lesquelles il ne faut pas passer par la procédure du Studentenwerk mais directement par l’agence de l’immeuble. JE fais là référence à la résidence Allersbergerstrasse qui a été construire et ouverte très récemment (en 2016), les appartements sont donc neufs et encore à prix très bas. 3. Enfin, si votre but est de rencontrer des allemands, vous pouvez opter pour la colocation et essayer de trouver un logement vous-même. Le site « wggesucht » vous permettra de faire des recherches. Vous pouvez également opter pour l’option que j’ai choisi en allant sur le site « wg-nuernberg » qui est une agence qui propose de vous

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modalités exigées, il existe deux particularités notables en Allemagne : 1. Il vous faudra payer tous les trimestres une redevance pour la télé et la radio (même si vous n’en possédez pas). Un courrier vous sera envoyé, et il faut payer une facture par logement, donc si vous êtes en colocation, les frais sont divisés (et vous pourrez gentiment demander à vos colocataires de s’en occuper). Néanmoins, beaucoup de personnes et notamment des erasmus qui ne restent qu’un an décident de ne pas payer et reçoivent des quantités astronomiques de lettres de relance sans que rien ne se passe. Personnellement je ne tenterai pas ! 2. Il est de coutume en Allemagne de repeindre ses murs avant de déménager et de quitter son logement, mais si vous êtes dans une résidence ou que vous êtes passés par une agence, on vous proposera de le faire pour vous pour une somme modique. Quel budget pour votre logement ? Le prix des charges (eau,

électricité, internet) est-il élevé ? Les loyers sont en général beaucoup plus abordables qu’à Strasbourg. Je payais environ 450 euros par mois pour une chambre de 23m2 dans une colocation de cinq personnes. L’appartement comportait deux salles-de-bain, et une grande cuisine entièrement équipée (deux frigos, grand four, lave-vaisselle, et disposait d’un accès à des machines à laver sur le palier. It se situait en plein centre-ville, littéralement à une minute de la rue principale commerçante. De plus toutes les charges étaient inclues dans le loyer, y compris internet et l’électricité ! UNIVERSITÉ

La plupart des cours sont en Allemand mais il est tout à fait possible de ne choisir que des cours en Anglais (le choix sera néanmoins plus limité). LOISIRS Quelle est l’ambiance, l’atmosphère dans la ville/le pays ?

Les études Est-il possible de bénéficier de cours de langue avant le début des cours ? Sous quelles conditions (prix, recrutement...) Oui, avant chaque semestre il est possible de participer à un stage intensif d’allemand pour une somme de 315 euros. Il vous suffira de vous inscrire en ligne avant le début du semestre (là encore un mail vous sera envoyé). Ensuite, on vous fait passer un test de placement pour connaître votre niveau et le but est de vous faire progresser d’un demi niveau en deux. Je recommande fortement ce stage qui a été très efficace et bénéfique pour ma part ! Avec quel département est le partenariat ? Peut-on prendre des cours en dehors du département d’accueil ? Dans quelle proportion ? En quelle langue les cours sont ils dispensés ? Le partenariat est avec le département Wiso (économie et sciences sociales) qui se situe à Nuremberg. Un large choix de cours vous est proposé en macroéconomie, microéconomie, management, mais aussi quelques cours de relations internationales et de communication (toujours dans une optique économique). Le campus est divisé entre le campus central d’Erlangen (qui est une ville à 15 minutes en train de Nuremberg) et

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Nuremberg, mais le partenariat n’est que valable qu’avec le département de sciences économiques et sociales de Nuremberg. Néanmoins il faudrait demander confirmation pour savoir s’il est possible ou non de prendre des cours à Erlangen dans les autres départements. Tous les cours dispensés à Nuremberg entrent normalement dans les 75% en lien avec les cours à Sciences Po, sauf les cours de langue.

Nuremberg est une ville très agréable à vivre, dans un style médiéval avec des pavés, un château et des douves qui font le pourtour de la ville. Même s’il y a plus d’habitants qu’à Strasbourg (un peu plus de 500 000), l’effet grande ville ne se ressent pas. Le centre-ville est assez petit, mais les quartiers résidentiels s’étalent plutôt. La vie nocturne est animée, de nombreux bars et boîtes (souvent gratuites !) seront à votre disposition. De plus au niveau culturel, il existe un large choix de musées, comme le musée d’Art moderne, le musée Dürer, le Musée national germanique et le Doku-Zentrum. La ville est toujours animée quelle que soit la période de l’année, toutes les semaines une autre fête a lieu dans l’enceinte de la ville où vous pourrez déguster des Schnitzel et autres Curry Wurst ainsi que boire des litres de bière. Le petit plus de la ville c’est également son grand parc situé en plein centre ville, agréable en été pour aller courir ou même se baigner dans le lac. Enfin, le Land dans lequel se situe la ville, la Bavière est tout à fait magnifique ! La vie à Nuremberg ne se résume pas à cette ville, mais il est possible de faire des visites en périphérie tous les week-end : je recommande notamment Bamberg, Würzburg, le Brombachsee en été, et bien sûr Munich ou encore la Frankische Schweiz pour ceux qui aiment se promener dans la nature.

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kulture

George Orwell, Hommage à la Catalogne

KULTURE

Félix Buhler

En février 1936, en Espagne, des élections générales ont lieu. Le front populaire arrive en tête du scrutin. L’’Espagne est alors une jeune démocratie (la seconde République est proclamée en 1931) qui sort de 7 ans de dictature sous Primo de Rivera. Ainsi, en juillet 1936, l’armée emmenée par Franco se soulève et procède à un coup d’Etat. Mais contrairement à celui de Primo de Rivera, Franco fait face à une très forte résistance, et une guerre civile sévit de juillet 1936 à avril 1939 opposant les nationalistes et Franco aux Républicains, soutenus par les communistes et les anarchistes. Voilà pour le contexte. Venons-en au livre : Orwell a pris part à cette guerre en s’engageant au sein des milices du POUM (organisation marxiste) dès décembre 1936. Il a alors 33 ans, et s’est déjà forgé un petit lectorat en publiant Dans la dèche à Paris et à Londres en 1933 et Une histoire Birmane en 1935. Le témoignage d’une pérode fondatrice pour Orwell Cet ouvrage est écrit à chaud : moins d’un an après son retour d’Espagne, en 1938, et cela se sent au fil du texte et des vives émotions partagées par l’auteur; émotions qui traduisent aussi le fort impact que cette guerre, a eu sur lui. En effet, une grande partie du livre témoigne de la vie rudimentaire des tranchées, et de l’ennui qui l’accompagne. “D’un point de vue personnel – du point de vue de ma propre évolution – ces trois ou quatre premiers mois passés sur le front furent moins inutiles que je ne le crus alors. Ils formèrent dans ma vie une sorte de d’interrègne,

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entièrement différent de tout ce qui avait précédé et peut-être de tout ce qui est à venir, et ils m’ont appris des choses que je n’aurais pu apprendre d’aucune autre manière.” Ainsi, les premiers chapitres sont avant tout un témoignage : “Puissé-je vous avoir fait comprendre l’atmosphère de ce temps ! J’espère y être parvenu, un peu, dans les premiers chapitres de ce livre”. De ce récit de son expérience, on comprend très vite que cette période a été fondatrice dans la suite de l’œuvre d’Orwell : l’écrivain arrive en Espagne, (“le pays qui avait le plus hanté mon imagination”), dans le but de combattre le fascisme. Mais, dès son retrait du front, il est confronté à l’autre ennemi des républicains : leurs divisions. En effet, Orwell fait le récit des rivalités entre socialistes, communistes et anarchistes (le POUM était apparenté à une milice anarchiste), notamment pendant les troubles de mai 1937. La répression menée par les communistes est alors annonciatrice, pour Orwell, de ses deux plus grandes œuvres : la critique du communisme dans La Ferme des animaux, et le totalitarisme accompagné de propagande et autre déformation de la réalité dans 1984. Un intérêt historique Orwell vient en Espagne en sa qualité de journaliste, et c’est peut-être pour cela que son Hommage à la Catalogne est avant tout un récit de ce qu’il y vécut. Cette histoire espagnole, dont je n’avais qu’une connaissance lacunaire, est contée tout au long du livre mais aussi et surtout à la fin, au sein des deux Appendices que l’auteur a accolé au texte, dont les titres sont fidèles à leur contenu “Les dissensions entre les

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k George Orwell (© Granta)

partis politiques” et “Ce que furent les troubles de Mai à Barcelone”. En cela, cette lecture est profondément éclairante.

k L’édition orginale de l’Ouvrage chez Secker and Warburg (Londres)

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Mais l’autre aspect historique de ce texte, et peut-être celui qui m’a le plus marqué, c’est le portrait de la vie en Catalogne à cette époque que dépeint Orwell : Barcelone était en plein processus révolutionnaire “C’était bien la première fois de ma vie que je me trouvais dans une ville où la classe ouvrière avait pris le dessus”. Le sentiment d’Orwell était le même en arrivant sur le front : “On s’était efforcé de réaliser dans les milices une sorte d’ébauche, pouvant provisoirement fonctionner, de société sans classes”, “Cette communauté où personne ne poursuivait un but intéressé, où il y avait pénurie de tout, mais nul privilège et où personne ne léchait les bottes à quelqu’un, était comme une anticipation sommaire qui permettait d’imaginer à quoi

pourraient ressembler les premiers temps du socialisme. Et, au lieu d’être désillusionné, j’étais profondément attiré”. L’auteur, certes partial, présente ainsi l’expérience presque unique en Europe de l’avènement du socialisme. Ainsi, il m’est apparu que ce livre revêt des intérêts multiples. A l’heure des événements de Catalogne, j’ai été pris de l’envie de le lire, et je n’ai pas été déçu.

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kulture

120 BATTEMENTS PAR MINUTE

bouleversante fresque des années SIDA

Valentine Pierre

« Nous vivons le SIDA comme une guerre, une guerre invisible aux yeux des autres. Pourtant nos amis meurent et nous ne voulons pas mourir. »

Début des années 1990, le SIDA tue depuis plus de 10 ans dans l’indifférence générale. Face à ce fléau s’attaquant aux plus fragiles de la société (homosexuels, prostituées, prisonniers, toxicos…) Act Up-Paris, un groupe d’activistes luttant contre le SIDA, s’engage face au mépris des groupes pharmaceutiques, de l’opinion publique et du gouvernement. Parmi ces militants, Nathan (Arnaud Valois), nouvelle recrue séronégative, va progressivement tomber amoureux de Sean (Nahuel Pérez Biscayart), jeune séropositif révolté. Le spectateur va suivre Nathan, dans cette course perdue d’avance contre la mort et va autant souffrir que lui. Au cœur du militantisme 120 battements par minute, c’est d’abord des militants, des actions, des paroles, de la politique. Robin Campillo, le réalisateur, s’est inspiré de sa propre expérience en tant qu’ancien militant d’Act Up, pour nous dévoiler l’intérieur des coulisses. Il plonge le spectateur dans l’univers quotidien d’Act Up dès la scène d’ouverture avec une intervention spectaculaire lors d’un colloque de l’Agence française de lutte contre le sida. Les militants sont tapis dans l’ombre, ils attendent. Au coup de départ, tout s’emballe, ils entrent en scène et scandent leurs slogans provocateurs, entrecoupés de coups de sifflets. L’action est vive et inattendue : elle prend aux tripes.

le discours y est clair et didactique ; les répliques s’enchaînent, se bousculent dans un ordre parfaitement maîtrisé, permettant à chaque militant de prendre position. Certes, le discours pourrait parfois apparaître un peu trop pédagogique mais Campillo a su alterner au juste moment avec des actions plus spectaculaires contre les labos ou dans les lycées par exemple. Le film impressionne par la finesse de sa structure maîtrisant un équilibre entre débats parfois houleux et actions coupde-poing. Du militant à l’individu malade 120 battements par minute, c’est aussi la vie d’hommes et de femmes condamnés à mourir. Le film n’est pas seulement une fresque documentée,

l’intime, par touches successives, éclot progressivement. Trois militants se détachent du collectif, Sean, Nathan et Thibault, personnage inspiré par Didier Lestrade, président et co-fondateur d’Act Up-Paris. De la rencontre à Act Up naît une histoire d’amour entre Sean et Nathan. Par ce récit intimiste, Campillo montre les personnages non plus comme des militants mais comme des individus malades, poussés par l’urgence à s’aimer. Se chevauchent la lutte des militants décidés à mobiliser les politiques et l’opinion publique sur la question du SIDA et la lutte des deux amants face à la maladie. Cette histoire d’amour permet d’apercevoir un autre

Puis, le rythme est cassé par une immersion dans le processus démocratique de prise de décision des actions grâce à des scènes de débats filmées avec brio tant le spectateur croirait être à la place d’une nouvelle recrue. La parole a pris la place du geste,

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point de vue sur la maladie. Cependant, on n’est jamais dans le pathos notamment grâce à l’interprétation juste et sincère des acteurs. Le film ne tombe ni dans la fiction pure, ni dans la dramatisation gratuite. L’histoire intime ne prend pas le pas sur la fresque historique, au contraire, elle n’évolue que grâce à elle. Les personnages ne vivent pas en dehors du cadre de la maladie. Par exemple, lorsque Nathan demande à Sean ce qu’il fait dans la vie, Sean répond simplement : « Moi, dans la vie, j’suis séropo. Voilà à quoi ça se résume ». Les deux récits sont entremêlés mais le SIDA reste toujours le personnage principal. Campillo ne tombe pas dans le piège de faire une fresque historique prétexte à une histoire plus dramatique, qui se résumerait

à l’amour entre deux amants dont l’un est condamné à mourir. L’urgence de vivre 120 battements par minute, c’est surtout un cœur qui bat. Mais un cœur qui bat trop vite ; un cœur enragé, révolté mais aussi déréglé. Il y a urgence pour prévenir, alerter mais aussi pour aimer, vivre et baiser. Ces jeunes ont soif de vie et donnent leurs dernières forces dans ce combat pour sensibiliser l’opinion. La mort les rend vivants. Campillo, certes, raconte la douleur mais aussi le plaisir, l’amour, le sexe. Les scènes de boîte, très

nombreuses, sont comme une échappatoire pour les individus. La génération sacrifiée, décidée à en profiter jusqu’au bout, danse sur de la house music : une musique à la fois joyeuse et angoissante comme « SmallTown Boy » de Bronski Beat, l’hymne de cette époque. Entre documentaire et fiction, rires et larmes, discours didactiques et actions musclées, Campillo a su trouver un équilibre. Il nous livre un film dense, dynamique et bien rythmé qui, à défaut de la Palme, remporta le Grand Prix du Jury au Festival de Cannes. Jamais moralisateur, Campillo nous donne seulement à voir cette époque. 120 battements par minute est un témoignage et surtout, un hommage à cette génération trop jeune pour mourir.

i Ignorance = fear, silence = death, Keith Harring. De nombreuses oeuvres de l’artiste font référence au SIDA.

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ON T’OUBLIE PAS, ON T’REMPLACE (PNL)

Laure Solé

Le Ministère A.M.E.R j

J’ai grandi avec le rap français, le oldie, celui de mes grands frères, et, malgré le fait que, m’affirmant, c’est plutôt le rock et le métal qui m’ont passionnée, je suis toujours restée très proche de la culture hip-hop. Par mes vieux copains, comme par le milieu militant, j’aime le rap même si je ne suis pas de ces puristes intrigants qui savent citer toutes les pistes d’Or noir, dans l’ordre, en moins de quelques secondes. Avant d’amener le plus finement possible je l’espère, les raisons qui me poussent à aborder le hip-hop français dans notre vénérable journal, je vais essayer de résumer rapidement, de quoi et comment le hip hop français a émergé, et vers quoi (cela n’implique que moi) il se dirige : Tout commence outre-mer, chez nos braves voisins ricains : Le hip-hop fait ses débuts aux US dans les ghettos des seventies. Il fédère rapidement autour de lui un engouement incroyable, certes marginal quant aux catégories sociales se rendant aux “bloc party” organisées autour de la musique, mais il s’est tout de même agi d’un véritable “boom culturel” rassemblant danseurs, grapheurs, DJ, MC... La France sera très vite la deuxième nation du rap, avec l’apparition des radios libres, le rap US est radiodiffusé dès 84, et ne tarde pas à poser ses grosses baskets sur les écrans de la télévision nationale. A la fin des années 80, les premiers rappeurs français débarquent: on entend alors les premiers freestyles de NTM, Assassin, Solaar en direct dans l’émission Deenastyle sur Radio Nova. C’est la première génération de rappeurs français. C’est au début des années 90 cependant qu’apparaît clairement l’idée de “rap conscient”: les textes sont à la fois revendicatifs et poétiques.

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La France ne se calque pas sur les EtatsUnis, qui donne alors dans le gangsta rap, et produit un rap positif, léger et funky (MC Solaar, IAM, Alliance Ethnik, Ménélik, Réciprok, Doc Gyneco). Cependant le rap hardcore n’est pas mort, loin de là, dans l’underground, NTM, Assassin ou le Ministère AMER témoignent de la dure réalité des milieux ghettoïsés avec des textes très crus et placés, politiquement. “Y’a qu’ici que dans des églises des CRS peuvent faire des perquis’, preuve que chez nous on se décivilise” (NTM). Au demeurant, “l’affaire NTM” (prison, amende, 6 mois d’interdiction d’exercer en France pour propos haineux envers la police...) fait scandale. Des labels sont montés, des crews se forment ( le Secteur Ä, le Côté Obscur ou Time Bomb : Arsenik, Hamed Daye, Fonky Family, 3ème œil, KDD, Oxmo Puccino, Lunatic, Expression Direkt, La Brigade)… Parallèlement le rap business s’implante durablement en France. La radio Skyrock devient la radio rap en France et va énormément participer

à la promotion des nouveaux groupes, sans aucun rapport avec la triste radio commerciale et abétissante que celle-ci est devenue : si nous devions la qualifier dans son contenu à l’époque, le mot “intellectuel” n’aurait pas été de trop: comme toute radio spécialisée elle creusait, réfléchissait, remettait en question le monde, selon les codes de la musique urbaine. Le rap se divise donc doucement, entre la musique plutôt commerciale, et celle, plus underground, des “MC véner” qui continuent de cracher les vicissitudes de la vie de quartier sur des instrus atypiques. Cette séparation, involontaire, peut être illustrée par Stomy Bugsy qui est passé d’un rap particulièrement hardcore à un rap très commercial. Il ne faut pas oublier que les MC ne sont pas forcément indépendants financièrement et que les maisons de disques poussent parfois les artistes à produire du contenu moins qualitatif. C’est vers cela que j’oriente tout mon propos. La musique hip-hop s’ancre

NTM, Assassin ou le Ministère AMER témoignent de la dure réalité des milieux ghettoïsés avec des textes très crus et placés, politiquement PR POS


kulture

durablement dans le paysage musical français et commence à se démocratiser: ce ne sont plus des artistes issus d’un certain milieu qui s’adressent à des jeunes de ce même milieu. Les hautes sphères entament donc une croisade contre cette musique dite de “dégénérés”: boycott drastique de la musique urbaine, on interdit de plus en plus les concerts, les clips sont censurés. En 1999 apparaît la nouvelle école: Pit Baccardi, Freeman, La Brigade, 3ème œil, Bisso na Bisso, Saïan Supa Crew, le 113 et le crew la Mafia k-1 fry. Le 113 rafle deux victoires de la musique, sans perdre de son authenticité. En 2000, il devient beaucoup moins compliqué de “percer” dans le rap. Les labels sont lancés. Une véritable émulation entraîne les artistes à produire toujours plus, de manière plus qualitative. En 2002, la carte du rap français est durablement dessinée: les crews sont stables, les artistes sont connus, les sous-genres tout à fait délimités. Evidemment les instrus

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s’adaptent à leur temps: plus d’électronique, les tempos s’accélèrent. J’arrive enfin à la période qui m’intéresse, la naissance du gangsta rap en France: Les textes deviennent obscènes et portent moins de messages. Les MC se font la pseudo-guerre dans leurs dépendances à Miami. Le thème de la criminalité reprend soudainement du galon, dans une forme différente. Le grand public tourne alors le dos à cette musique dont il ne comprend plus les codes, la violence affichée ainsi que la haine proclamée contre tout et souvent rien. Désormais, les rappeurs s’expriment à la première personne (l’école Time Bomb est passée par là) et clament à tour de rime leurs petits faits d’armes, pourtant loin de faire d’eux des Michael Corleone. Dans le même temps, l’authenticité, idée-force du rap français de la décennie précédente, tombe en désuétude. Le pera à la sauce dirty l’a poussé dans la tombe à grand coup de pecs huilés. La référence imagée aux

films de mafia existe encore, preuve en est avec le titre de Demi Portion: Demi Parrain, et surtout avec les albums de Seth Gueko et AlKpote, contenant sans doute les meilleurs lyrics sur le sujet. Pour ce qui est du “Duc” et de ses suiveurs (Booba et compagnie), seuls quelques esprits trop imaginatifs n’ont pas saisi qu’il s’agissait seulement de nouveaux riches capables de scénariser leurs propres fantasmes. Le rap a pris de l’âge et, en prenant quelques rides, il a choisi de mettre de côté ses aspects les plus hip-hop, au profit d’une attitude plus street. Dans cette nouvelle donne, les rappeurs commerciaux n’ont plus de scrupules à faire du rap divertissant (puisque cela vend) leur aspect représentatif: Niska, Ridsa ou MHD pour ne citer qu’eux. Le rap à textes pour le grand public fait son retour au tournant des années 2010, OrelSan, dans le crew les Casseurs Flowteurs, Nekfeu, Vald, Bigflo et Oli… Chacun dans leur univers, tous disques d’or. Le rap engagé, presque militant séduit une autre frange de la population: Hugo TSR, Mc Pounz, Georgio, Lomepal… Le rap dénonçant

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kulture les horreurs du ghetto semble avoir glissé vers quelque chose de nouveau: tantôt gangster, tantôt festif, parfois dangereusement sexiste, ou engagé en faveur de politiques sociales.. Ce qui me semble notable en bonne réactionnaire du rap que je suis c’est que les figures du hip-hop “mainstream” sont toutes issues d’un milieu social qui n’a plus rien de marginal: OrelSan est fils de professeur, BigFlo et Oli viennent d’une petite banlieue pavillonnaire toulousaine.. Il semble que l’on entre dans une ère de musique urbaine particulièrement “système”: si le rap gangster, encore issu des quartiers, reproduit comme un bon élève les atrocités du capitalisme et du patricarcat “l’argent les fait oublier, je les baise sur les planches à billet” (B2O), que le hip-hop le plus écouté représente les petits tracas de monsieur tout le monde dans sa petite classe moyenne “être un homme ça prend du temps comme prendre un verre en boîte” (Nekfeu), que le rap militant n’est écouté que dans les ZAD et les apéritifs dînatoires des étudiants en sociologie en mal d’émotions fortes… Le rap ne perd-il pas sa force d’impact? Même Kery James, considéré comme le banlieusard qui réfléchit et qui inspire le respect de chez Ardisson au plateau d’Urban Hit ordonne à ses auditeurs

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d’aller voter et de “ne pas brûler les voitures mais en construire, puis en vendre”. Alors quoi ? Peut-être le hip-hop, c’est comme le rock, cela va passer de mélodie contestataire à une catégorie sur Spotify. Après tout on arrache les graffitis des murs pour les mettre dans les musées. Ce qui me gêne le plus profondément, c’est probablement le sentiment que l’on vole la rue, à la rue. Mais qui suisje pour en parler? Je n’en viens pas moi-même, de cette rue. “Je me méfie de tout et ne sous-estime rien, même le pire des pouilleux a un ange gardien.” IAM, un bon son brut pour les truands.

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L’IMPORTANT, C’EST DE PARTICIPER.

NOUVEL ALBUM DISPONIBLE CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX ET VOTRE LIBRAIRE DÉCEMBRE 2017

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sport

Pierre-Hugues Herbert, patron du tennis alsacien

SPORT

Jérôme Flury

La France se prépare à recevoir la Belgique en finale de la coupe Davis du 24 au 26 novembre. Parmi les joueurs sélectionnés par Yannick Noah pour tenter de décrocher ce trophée, nous retrouvons Pierre Hugues Herbert, auteur d’une belle saison. Ce joueur est né à quelques kilomètres d’ici alors il est plus que temps de s’intéresser à lui ! PHM, P2H, Made in Alsace L’Alsace est plus que jamais une terre de tennis. La région a connu Paulo, Paul-Henri Mathieu, né et licencié à Strasbourg qui a décroché 4 titres et atteint la 12e place mondiale en 2008. Mais PHM a définitivement pris sa retraite cette année après une belle carrière. L’Alsace ne se retrouve pas pour autant privée de grand tennisman puisque depuis quelques années déjà, un autre sportif émerge. PHM a en effet laissé place à P2H, PierreHugues Herbert, natif de Schiltigheim et spécialiste de double. Schiltigheim ! Celui qui participe aux masters de fin d’année regroupant les meilleurs joueurs de double est donc un pur produit du coin. Et c’est une « graine de champion » qui a éclos tôt. Ainsi en 2004, à seulement 13 ans, il fait déjà l’objet d’un reportage… sur France3 Alsace évidemment ! On y apprend que Pierre-Hugues… n’avait pas trop le choix puisque ses deux parents jouent et enseignent le tennis. Son père avoue les espoirs qu’il a placés en lui : « On n’écarte pas l’idée qu’il puisse devenir un champion. Mais je crois qu’il ne faut pas trop rêver non plus ». Au final, le rêve s’est réalisé ! P2H a donc commencé à taper la balle jaune dans la région et a rapidement progressé. Scolarisé à Kehl, il profitait des après-midis libres (ah le système

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allemand !) pour multiplier les entraînements. Petit à petit, ses titres de champion d’Alsace junior le conduisent à obtenir une reconnaissance au Tennis Club de Strasbourg. On peut suivre son évolution année après année au travers des différents entretiens passés. On le retrouve ainsi aux internationaux de Strasbourg trois ans plus tard. Ou encore en 2009, participant à l’Open de France junior (Roland Garros). En route vers la gloire!

La première fois que vous avez touché une raquette de tennis dans votre vie ? – Dès que j’ai su marcher Pierre-Hugues Herbert, un champion du double Le tennis a beau être un sport individuel, il se pratique aussi en équipe. Au travers de la coupe Davis évoquée en introduction et qui oppose les équipes nationales, mais aussi avec l’épreuve du double. Passé professionnel en 2010, Pierre-Hugues remporte son premier titre en double à l’Open d’Orléans. Le début d’une belle histoire puisqu’en quelques années grâce à sa bonne entente avec Nicolas Mahut, autre joueur français, les belles performances se sont succédé. Leur association a permis aux deux joueurs d’entrevoir de nouveaux

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k George Orwell (© Granta)

Pierre-Hugues Herbert n Crédit photo: Yonex

sommets. Ainsi, victoires et titres se sont enchaînés, au point de conduire les deux compères aux meilleures places mondiales. De plus, ils ont réussi à décrocher deux titres majeurs, l’US Open (2015) et Wimbledon (2016) ! Ils ont ainsi rejoint de belle manière le cercle fermé des Français vainqueurs d’un tournoi du grand chelem. Au total ce sont 5 finales perdues et 11 titres en double pour l’Alsacien. Des résultats convaincants qui ont fait de la doublette Mahut-Herbert, le double titulaire de la sélection française. Et qui ont surtout permis à P2H d’atteindre la 2è place mondiale en juillet 2016 !

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Des performances encourageantes Pierre-Hugues Herbert a aujourd’hui 26 ans et a encore le temps de compléter sa collection de titres. A côté du double, l’Alsacien a également poursuivi sa carrière en simple et vient de réaliser une bonne saison. Il a notamment battu Feliciano Lopez (31e ATP) et Dominic Thiem (8e ATP). C’est d’ailleurs la première fois de sa carrière qu’il élimine un membre du Top 10 mondial. Pour la première fois également il remporte un match à Roland-Garros atteint son meilleur classement en devenant le 68e mondial. Mais il n’est pas épargné par les blessures et enchaîne aussi quelques contre-

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performances dont des éliminations précoces dans plusieurs tournois. Malgré tout, il remporte les Masters 1000 de Rome, Montréal et ceux de Cincinnati toujours avec Nicolas Mahut. Les deux joueurs finissent dans les meilleures paires de l’année et sont donc qualifiés, pour la troisième fois d’affilée, pour les masters de fin de saison1. Pierre-Hugues Herbert mérite ainsi votre intérêt non seulement parce qu’il vient de nos terres mais aussi parce qu’il a du talent. Son collègue du double, l’Angevin Nicolas Mahut est sans doute plutôt sur la fin de sa carrière. Mais P2H a lui encore de belles années devant lui, de quoi embellir ce début de carrière intéressant.

1 Au cours de la rédaction de cet article, j’apprends que Pierre-Hugues Herbert, blessé, est contraint à l’abandon durant ces masters. Lui et Nicolas Mahut sont par conséquents incertains pour la grande finale de Coupe Davis. Quoi qu’il en soit, cela ne remet pas en question la présentation réalisée ici de la carrière du tennisman alsacien.

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sport

Une coupe du monde ? Jérôme Flury

Le mondial de football qui se déroulera en Russie l’été prochain est déjà très attendu par les fans. Nous connaissons enfin la totalité des participants et certains sont de vieilles connaissances. D’autre part, des éléments comme le ballon ou les maillots officiels commencent à être dévoilés. Or, Adidas semble avoir décidé de renouer avec des éléments vintages. Alors, la coupe du monde 2018 va-t-elle être une coupe ‘rétro’ ? Côté rétro niveau participation : des pays de retour après une longue absence Un premier constat peut déjà être dressé en regardant la liste des participants : cette coupe du monde ne ressemblera pas tout à fait aux dernières. Ainsi, quelques sélections font un retour plus ou moins

inattendu dans cette compétition intercontinentale, sans parler des néophytes. On garde (presque) les même en Europe et en Amérique du Sud En Europe, la logique a été plutôt respectée et les « gros » seront là. A commencer par les éternels allemands, champions en titre qui arrivent en position de favori, mais également l’Espagne, l’Angleterre, le Portugal, la Belgique ou la France. Seule l’Italie aura donc échoué à revenir, puisqu’ils sont tombés face aux Suédois en barrages. D’autres habitués comme la Suisse ou la Croatie seront également de la partie. Certaines sélections font leur retour à commencer par la Pologne, qualifiée sans trembler, et qui avait manqué les deux derniers mondiaux comme la Suède. Danois et Serbes, sont tout

deux de retour après avoir manqué le mondial brésilien. Enfin la surprise est de nouveau islandaise puisque ce petit pays va disputer sa première coupe du monde après un bel euro 2016. En Amérique du Sud, si pendant un temps le doute persistait sur la capacité des Argentins à se qualifier, les équipes ayant décroché leur billet étaient les plus attendues. Argentine, Brésil, Colombie et Uruguay seront de la partie. La première grande surprise est venue du Pérou qui a pris la place de barragiste au dépens du Chili. Après 36 ans sans coupe du monde (!), les Péruviens ont décroché leur qualification ce 16 novembre face à la Nouvelle-Zélande. Des résultats plus surprenants sur les autres continents. Les résultats étaient moins attendus ailleurs, comme en témoigne le cas du Panama qui disputera son premier mondial. Qualifié surprise dans la zone Amérique du Nord, centrale et Caraïbes, ils privent notamment les États-Unis d’une place au mondial. En Asie, la machine à remonter le temps a été plus active. L’Arabie Saoudite, toujours présente en coupe du monde entre 1994 et 2006 retrouve ainsi la compétition reine l’an prochain. L’Iran enchaine une deuxième qualification de suite, et essayera de remporter au moins un match comme en 1998 en France. Enfin c’est en Afrique que les belles histoires ont été les plus nombreuses. La Tunisie est de retour après 12 ans d’absence. Le Sénégal n’avait participé qu’une fois à la coupe du monde il y a 16 ans. Mais le Maroc sera aussi là après 20 ans sans mondial, et enfin il faut souligner le retour de l’Egypte

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qui n’avait pas participé à la coupe du monde depuis 28 ans… Seul le Nigeria enchaîne un deuxième mondial de suite ! Un retour au rétro visible aussi sur les maillots Certains qualifiés évoquent ainsi des souvenirs aux fans de foot, et ce ne sont pas les nouveaux maillots révélés par Adidas qui vont atténuer ce côté « rétro ». L’équipementier allemand a ainsi décidé de jouer sur le vintage pour créer les nouvelles tenues des qualifiés au prochain mondial. Regardez les tuniques qu’arboreront Colombiens, Espagnols, Japonais, Mexicains, Argentins, Russes, Belges et les champions allemands. Ces maillots font la part belle aux designs anciens, le maillot espagnol reprenant les motifs de leur ancien maillot de 1994, les Allemands retrouvant les rayures présentes en 1990, les Colombiens, les bandes qu’ils arboraient en 1990, etc.

C’est aussi un véritable pari. En effet, si leurs anciens modèles de baskets (on pense notamment aux Stan Smith) sont aujourd’hui des must-have, il est difficile d’annoncer quel sera le succès de ces maillots. Adidas n’est pas le seul équipementier et Puma et Nike notamment s’apprêtent à révéler leurs réalisations. Pour la dernière entreprise citée, qui est celle s’occupant du maillot des bleus, il semble que le choix se soit porté sur des motifs au contraire assez modernes. Adidas a donc lancé une opération marketing, ballon et maillots ont été pensés dans le même objectif. Nous verrons bien si le succès sera finalement au rendez-vous ! En attendant, quel est votre avis sur ces maillots rétro ?

Adidas ne s’est pas arrêté là puisqu’ils sont également les fournisseurs des ballons officiels du mondial. La firme n’a pas hésité ici aussi à recycler un ancien modèle. Directement inspiré des ballons des coupes du monde 1970 et 1974, le Telstar prône un retour au noir et blanc après deux mondiaux colorés au Brésil et en Afrique du Sud. Un retour au rétro bien marketing Ce qu’a bien compris Adidas c’est que la coupe du monde est bien plus qu’une compétition de football. C’est l’événement le plus médiatisé qui soit. Le plus suivi également au niveau planétaire et ce choix de designs vintage ne va pas passer inaperçu. Depuis 2015, la marque a déjà réédité des maillots portés par les joueurs de Manchester United dans les années 1990. Réaliser ici, pour de nombreuses sélections nationales, des maillots rétro est un choix marketing bien pensé.

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sport

Das Kriterium Charles Guimier Le thème du Kritérium inter-iep qui se tiendra les 23, 24 et 25 mars prochains a été annoncé. Mesdames et messieurs, voici venu "Le temps des Krithédrales"... et celui de l'annonce des poules. Au programme : des matchs pas gagnés d'avance, nos danseuses 4ème dans l'ordre de passage et nos pompoms 9ème. Chaussez vos crampons, chauffez vos voix et enfilez vos tutus car le Krit c'est demain !

Basket Volley Rugby Hand Foot Badminton Tennis Pétanque

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Paris Lyon Aix Paris Paris Lille Paris Lyon Bordeaux Toulouse Saint-Germain Paris Lyon

Aix Aix Paris Bordeaux Toulouse Bordeaux Lyon Grenoble Lyon Bordeaux Paris Lille Lille

Bordeaux Rennes Lille Grenoble Grenoble Rennes Saint-Germain Saint-Germain Toulouse Rennes Toulouse Lyon Rennes

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sport

Les Chants Charles Guimier

L'armée de l'IEP

Ô mamamamamama

Tous Alsaciens

Remplacer Strasbourg par Sciences Po hors Krit

Ô mamamamamama (capo)

Oh tous Alsaciens

Ô mamamamamama (kop) (x2)

Pour la Strohteam

Dans tous les stades on est allés, C'est nous l'armée de l'IEP. Et pour Strasbourg il faut chanter : Allez Strohteam allez allez !

Sais-tu, pourquoi, mon cœur bat bleu et blanc ? J'ai vu jouer la Strohteam, j'ai vu gagner la Strohteam, C'est, pourquoi, mon cœur bat bleu et blanc.

Il faut chanter Fiers de notre Alsace elle sera toujours dans nos cœurs On ne lâchera rien on se battra pour nos couleurs (x∞)

Ô mamamamamama, Ô mamamamamama.

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DIVERTISSEMENT

divertisement

Weill À Tes Propos

Quatre petites semaines ont suffit à Carlos pour recueillir les plus savoureux des petits écarts prononcés au 47 avenue de la Forêt-Noire. La récolte fut fructueuse, mais nous pouvons encore faire mieux! Le prochain numéro sortira à la mifévrier. Un peu plus de deux-mois complets d’attentes : tout un marché de Noël, un nouvel an arrosé, une semaine européenne pleine de discours. Autant d’occasions de relever les pépites du prochain Weil A Tes Propos. Cher 1A, 2A et 4A, Carlos attend avec impatience tes témoignages! “Question commentaire remarque ?” Alors bientôt dans Propos! Entendu dans l’ensemble SaintGeorges : Science Politique, Karim Ferkith (1A) “Les féministes qui ont mis un bulletin dans l’urne sans l’autorisation, ça revient à introduire de force un objet dans un orifice qui n’est pas adapté”. Histoire des Grandes Puissances, JeanLouis Clément (1A) “Vous avez fait la fête hier soir mademoiselle : vous baillez ! Et en plus vous ne mettez pas la main devant votre bouche. J’admire vos amygdales de style néogothique.” Droit Constitutionnel, Florence BenoîtRohmer (1A) “Moins il y a d’élèves, mieux je me porte” (merci!) “Vous savez cela ne sert à rien de draguer

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en amphi, ça ne marche pas! Ça y est il est tout rouge !” En parlant de Nicolas Sarkozy : “Il vaut mieux emprunte run ami politique qu’à Khadafi” Méthodologie des Sciences Sociales, Juan Jose Torreiro (1A) Un lapsus révélateur entendu en amphithéâtre : Claude Lévi-Strauss devient “Claude Lévi-STROH” #lekritc’estdemain TD de Droit, Louis de Fournoux La Chaze (1A) A propos de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat : “On crie sur le Conseil d’Etat mais il ne fait qu’appliquer la loi, une loi de bouffeur de curés certes mais la loi tout de même”. TD d’Economie, Marine André (1A) “Si vous en avez marre des Q, vous pouvez les remplacer par des X” Politiques économiques, Laurent Weil (2A) A propos de la dette : “Certains appellent ça du foutage de gueule, d’autres appellent ça restructuration”. Sociologie de l’Etat, Jean-Philippe Heurtin (2A) “Le viol collectif des femmes à leur puberté : on a peut-être vu mieux mais c’est ainsi”. “Aaaaaah il me manque la fin du cours, on va donc s’arrêter ici. Vous savez, il y a des jours avec et des jours sans...”

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divertissement

Florence Benoît-Rohmer Prix "clash du mois"

La champion’s league des républicains Prix "hors les Murs”

Benjamin Chevalier Prix de la "joke of the Month"

Droit de l’Union Européenne, Frédérique Berrod (2A)

Chargé de TD de Science Politique, Benjamin Chevalier (2A)

A propos des étudiants frigorifiés “Vous êtes moins bien traités que des poules pondeuses!” (cf. la directive 1999/74/ CE)

“On retrouve chez Garrigou des idées de Bourdieu. Les deux étaient copains : ils ont fait les soirées BDS ensemble.” (et la BBD?)

Gestion de l’entreprise, Anne-France Delannay (2A)

“Vous êtes stressés par la 3A? Vous savez que la Belgique c’est bien aussi hein ?”

“Cette étude de marketing a été réalisée sur 25 personnes. Et là, Monsieur Torreiro se retourne dans sa tombe parce que 25, c’est moins que 30, et donc la loi normale de s’applique pas”

“Est-ce que vous savez comment sauver un économiste de la noyade ?... Non ? Tant mieux !”

“N’hésitez pas à aller réconforter Monsieur Martella : la petite rivière de larmes en bas, c’est lui.”

“Ah c’est lui Enrico Letta? Il est plutôt beau gosse, je regrette pas d’être venu!”

TD de Droit, Alejo Fernandez (2A) “Le droit, c’est un peu comme Whatsapp, il faut l’actualiser” TD d’Histoire, Delphine Froment (2A) “Une fois je débattais avec des amis, j’ai voulu vérifier une info sur Wikipédia et voyant que j’avais tort j’ai modifié l’information pour avoir raison”

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Entendu chez Propos :

Entendu hors des murs : Nadine Morano, avant le meeting de Laurent Wauquiez “Vous êtes de Sciences Po ? Mais vous savez que nous recherchons des stagiaires sachant bien écrire à nos permanences du Parlement européen ?” (avis à l’UNI, en cas de défaite aux élections vous saurez où vous tournez)

“Laurent Wauquiez, c’est la Champions League” (ratatatata!) Bernard Cazeneuve, en conférence à la Librairie Kléber “Ca n’est pas Macron qui a créé la division des socialistes, c’est la division des socialistes qui a créé Macron” “Le jour où Macron a été nommé ministre, il m’a demandé conseil. Je lui ai dit de toujours se rappeler qui l’avait nommé, de ne pas se griser avec les médias, et de ne jamais mettre sa propre personne entre l’Etat et les français. L’Etat est tout et nous ne sommes rien. Vous saurez apprécié la portée de mes conseils...” Alors que le concert d’ouverture du marché de Noël rugit sur la place Kléber : “J’ai expliqué au président de la République que la social-démocratie ne correspondait à ce que nous mettions en place. Et Julien Clerc derrière moi semble approuver!” “Je suis un homme de gauche et j’ai dit au Président Hollande qu’il gouvernait au centre-droit”. Voilà”

un militant LR introduisant le meeting de Laurent Wauquiez :

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Quizz divertissement

Dis-moi quelle série tu regardes, je te dirai qui tu es ! Théo Richard Salut à toi brillant-e lecteur et lectrice de Propos ! Avec les vacances qui approchent, quoi de mieux pour commencer une série ? (…les partiels ?... rhooo ça va hein !). Je me propose donc de vous guider à travers la jungle des séries grâce à ce petit quiz pas piqué des hannetons. Je jure solennellement que mes intentions sont mauv…euh qu’il n’y aura pas de spoils ! Attention, ce test n’a aucune prétention exhaustive ou de valeur culturelle. Si vous êtes intéressé-e-s par une analyse de la culture, je ne saurais que vous recommander d’aller voir du côté de la sociologie de la culture et des biens culturels. Aah, on me fait signe dans l’oreillette que j’ai dépassé mon temps de parole sérieuse. Bon… Alors le but du jeu est de déterminer ton profil viewer ( on est dans une start-up nation oui ou non ? ) et un ou deux grands thèmes (si tes scores lettres sont proches) qui te correspondent . Bien sûr, chacun-e sait que tu es unique et que tu ne rentres dans aucune case, moi le premier ! Sur ce, c’est parti :

Tu as : 1) Un peu de temps libre 3)… euh tu n’as pas mon temps okay ? C) Tu es à Sciences Po (prends-le comme tu veux !) D) Beaucoup de temps libre Tu regardes : 1) En VF (si si ça existe encore x) 2) En VO (excuse-nous !) 3) En VOSTENG (« oui mais comme ça je révise mon anglais ») 4) En VOSTFR (c’est correct rien à dire) Tu regardes plus : 1) Des séries US (America, fuck yeah ! ) 2) Des séries scandinaves car il faut être ouvert sur l’Europe ( Skoll !) 3) Des séries FR (La French Touch !) B) Des séries british du type BBC (« Viens voir le docteur… ») Tu es plus dans : 2) La prise de tête 4) La réflexion A) L’action B) L’inaction Tu apprécies : 1) Le deus ex machina ou le retournement de situation 2) La chute du quatrième mur (quand la caméra s’adresse directement au spectateur) B) La manipulation du spectateur

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D) Les cliffhangers récurrents (mais si tu sais, ces éléments de suspens à la fin de l’épisode du genre : "en fait untel n'est pas mort !") Vis-à-vis de GOT (Game Of Thrones) , tu es : 2) Déçu-e par les dernières saisons parce que tu as lu les livres (#Puriste) 3) En train de rattraper ton retard en évitant les spoils (dédicace à Anna A.) 4) C’est quoi GOT ? Un syndicat ? D) A jour et tu spoiles à tout va (tes chances d’intégrations tendent donc vers 0) En tant que héros, tu t’identifierais plus à: 1) Green Arrow (sponsorisé par le BDI) A) Bruce Wayne (''because I’m Batman !'' ) B) Daredevil (l’aveugle toujours entouré de très belles personnes) C) The Flash (le rêve de tout le monde avant les partiels) En tant qu’héroïne, tu t’identifierais plus à : 3) Felicity Jones aka Overwatch (la hackeuse qui se cache en chacun-e d’entre nous) A) Black Canary (qui ne se laisse pas mettre en cage) B) Jessica Jones (dont la descente d’alcool m’en rappelle certain-e-s)

C) Supergirl (qui est plus abordable que son ''most famous cousin'') Tes thèmes favoris (je parle en série, commence pas à me raconter ta vie ) sont : 1) L’espionnage, la Justice, la Police… 2) La (science)politique A) La science B) Le surnaturel, l’étrange… Tu préfères des acteurs ou des actrices : 1) Lisses et proprets 2) Avec des ''gueules'' inoubliables 3) Stéréotypé-e-s B) Complexes Tu attends d’une série qu’elle traite : 1) De sujets simples 2) Des sujets de société ou plus ancrés dans le réel C) Vas-y prend pas la tête c’est juste une série wesh (le ''wesh'' est à mettre au crédit de Louise L) D) De suspens Tu regardes une série : 1) En famille 4) Avec ton copain ou ta copine C) Entre potes D) Seul-e ou avec ton chat

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divertissement Tu as tendance à : 1) T’attacher aux personnages 2) Être véner et tu lis des théories et des critiques sur Reddit ou sur Allociné ( ''Avec Michel le spécialiste technique de l’émission/ Bonjours Michel ! '') A) Être bon public B) Te focaliser plus sur l’histoire, le fond et la cohérence Tu regardes tes séries : 1) En regardant la télé 4) En DVD B) Est-ce que je veux vraiment savoir ? D) En Squattant un abo Netflix de tes potes ou de ta famille Quand tu commences une série, tu es plus du genre : 1) Irrégulier 2) Régulier (1 épisode par jour ou par semaine) 3) Tu ne finis jamais réellement une série (Shame on you !) D) Binge watching, c'est à dire regarder beaucoup d'épisodes en très peu de temps (YOLO)

Série :

L’astuce série qui te correspond le plus c’est : 2) Se procurer des épisodes en « multi » et changer la version et les sous-titres (merci Gautier M <3) 3) Obtenir ce que tu veux en menaçant de spoiler tes potes (toi tu veux vraiment pas t’intégrer hein ?) 4) Squatter un abo streaming des potos ou de la famille (la base) D) Regarder un épisode pendant que tu manges pour gagner du temps (Prépa quand tu nous tiens…) Un-e prof t’a déjà conseillé-e de regarder : 2) Vikings (askip y’a une référence à Eisenstein, mais je cherche toujours…) 3) Un Dos Tres ou Turkish für Anfanger (LV2 quand tu nous tiens…) 4) GOT (pour illustrer un cours de sociologie de l’Etat) D) Breaking Bad (pour motiver les élèves en TP)

[A] Thème classique

US/Fr/GB/Autre

[B] Thème sortant des sentiers battus

Arrow Gotham The Black List House of Cards

Orange Is The New Black Borgen Versailles

{2} Team deutsche Qualität {3} Team dilettante/ éclectique

Mister Robot Broadchurch Hannibal The Bridge True detective Homeland The Hundred Unforgettable Blindspot

Utopia The Slap Top of the Lake In Treatment Pitch The Handmaid’s Tail Misfits Deutschland 83 Black Butler Les revenants Breaking Bad Vikings How I Met Your Mother Ab Fab

DÉCEMBRE 2017

GOT Doctor Who Sherlock Batman la série animée (1990ies )

{1} Team grand public : série connue et facile d’accès ; sujet traditionnel (policier, superhéros, sitcom …) ou pas prise de tête. Néanmoins exigence un scénario qui tient la route du suspens et un peu d’humour, avec des épisodes en VF ou en VO qu’on peut se procurer facilement ou rapidement. {2} Team deutsche Qualität (ou réflexion qualitative) : Recherche de la qualité plus que la quantité ; série courte, en VO, sujet sérieux ou inhabituel voire un peu creepy mais pourquoi pas humoristique. A tendance à suivre peu de séries, mais à fond. {3} Team dilettante éclectique : Pioche un peu partout. Ne finis pas forcément une série, Goût consensuel en série c’est à dire qui “aime de tout”, pas de sujet prédéfini. Une certaine ouverture d’esprit. {4} Team Vous n’avez pas les bases : l’objectif est de voir les grands classiques voire tu découvres le concept de série.

{1} Team grand public

{4} Team vous n’avez pas les bases

Ton profil :

[C] Humour The Big Bang Theory The Flash 21 Jump Street Legends of Tomorrow Superior Donuts Hero Corp La théorie des Balls 10% Rick and Morty Raising Hope Lucifer Killjoys South Park Supergirl Malcolm H Bref, Bloqués, Serge le mytho Ma famille d’abord

[D] Binge-watching Super-Héros Marvel sur Netflix Quantico Better call Saul Le visiteur du futur Stranger Things Real Human Skam Narcos Downton Abbey Person of Interest Unreal Kaamelott The Walking Dead Skins Friends 51


www.citeasen.fr x Sam Pierpoint

www.noel.strasbourg.eu

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PR POS


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