Livret d'artiste - Les petits papiers - RESO

Page 1

RESO

LES PETITS PAPIERS



RESO

LES PETITS PAPIERS




l’A rtiste dans son atelier Jardin Rouge, Marrakech - 2019


Il y a des rencontres qui on le sait resteront fidèles… Cédric Lascours a.k.a Reso découvre le Maroc en 2014. Invité par la Fondation Montresso , Reso est un hôte régulier de la résidence artistique Jardin Rouge à Marrakech. Sa dernière série Les Petits Papiers s’inscrit dans la continuité du travail de recherche sur la matière débuté il y a cinq ans. Enfant de la street-culture, Cédric Lascours a.k.a Reso arpente les villes et sa ville de Toulouse dès les années 90. Artiste emblématique du Wild Style, il fait de sa pratique artistique un mode de vie et passe de la rue à l’atelier sans contradiction. Après nous avoir délivré des traces de vie urbaine sur d’imposantes toiles de jute, l’artiste nous présente ses précieux Talismans. L’essence de ses œuvres ne relève plus du dehors mais révèle de proches objets magiques. Fasciné par le papier et les liens intimes que les hommes entretiennent avec cette matière depuis 2000 ans, Reso nous offre cette Cosa Mentale supportant nos mémoires.


Changement d’échelle, l’artiste fixe dans le temps et l’espace une certaine beauté du monde. Les lettres ne sont plus visibles, il émane de ses petits papiers un univers de signes, de rythmes répétitifs, de vibrations colorées. On devine dans le souffle de ses œuvres, un secret, qu’il nous laisse interpréter. Malgré une ère de plus en plus virtuelle, Reso offre sa vision du sensible. Métamorphose de la matière, la peinture de Reso dialogue avec le visible et le perceptible. Elle donne l’illusion d’une vérité tout autre. En trompant le regardeur, l’artiste joue un jeu, un jeu subtil… Il nous pousse à subir la tentation de remplacer le sens de la vue par celui du toucher. Par l’artefact du matériau, ses œuvres bouleversent notre réalité. Sans abandonner ses références à la lettre, Cédric Lascours a.k.a Reso poursuit sa quête intuitive du mouvement, de la progression du geste. Il décrit dans ses œuvres la trajectoire d’une vie enrichie d’expériences humaines et artistiques représentant l’homme au-delà de l’artiste.


Atelier Jardin Rouge, Marrakech - 2019


The Artist in her studio Jardin Rouge, Marrakesh - 2019


There are encounters that we know will remain faithful... Cédric Lascours a.k.a Reso discovered Morocco in 2014. Invited by the Montresso  Art Foundation, Reso is a regular guest at the Jardin Rouge artistic residency in Marrakech. His latest series Les Petits Papiers is a continuation of his research on the matter that began five years ago at Jardin Rouge. A child of street culture, Cédric Lascours a.k.a Reso has been stridden across cities and his city, Toulouse, since the 1990s. As an emblematic Wild Style artist, he makes his artistic practice a way of life and goes from the street to the studio without contradiction. After having unveiled traces of urban life on imposing burlap fabrics, the artist presents his precious Talismans. The essence of his works no longer comes from outside but reveals close magical objects. Fascinated by paper and the intimate links that men have had with this material for 2000 years, Reso offers us this Cosa Mentale that holds our memories.


By changing the scale, the artist sets a certain beauty of the world in time and space. The letters are no longer visible, a universe of signs, repetitive rhythms and colourful vibrations emanates from his small papers. The energie of his works lets appear a secret he lets us interpret. Despite an increasingly virtual era, Reso offers his vision of the sensitive world. Reso’s painting is a metamorphosis of matter, a dialogue with the visible and the perceptible. It gives the illusion of a completely different truth. By deceiving the viewer, the artist plays a game, a subtle game... He pushes us to undergo the temptation to replace the sense of sight by that of touch. Through the material, his works disrupt our reality. Without abandoning his references to the letter, Cédric Lascours a.k.a Reso continues his intuitive quest for movement, for the progression of the gesture. In his works, he describes the trajectory of a life enriched by human and artistic experiences representing man beyond the artist.


The Artist in her studio Jardin Rouge, Marrakesh - 2019



Petits Papiers 34 - 2019 Aérosol sur métal 56 x 56 cm (2)


Petits Papiers 25 - 2019 Aérosol sur métal 130 x 64 cm



Petits Papiers 27 - 2019 Aérosol sur métal 78 x 185 cm




Petits Papiers 33 - 2019 Aérosol sur métal 74 x 62 cm


Petits Papiers 28 - 2019 Aérosol sur métal 64 x 180 cm




Petits Papiers 22 - 2019 Aérosol sur métal 140 x 68 cm / 92 x 86 cm


Petits Papiers 22 - 2019 Aérosol sur métal Polyptique à 5

de gauche à droite ; 86 x 60 cm 73 x 170 cm 72 x 155 cm 73 x 35 cm 69 x 70 cm



série Behind the Doors Alentours de Marrakech - 2019


Street culture.

je continue de faire vivre ces tissus. Au contact des artisans de la région, je me suis ensuite naturellement ouvert à de nouvelles perspectives, à de nouveaux supports, notamment le métal.

Cela fait près de 5 ans que tu es régulièrement en résidence artistique à Jardin Rouge, quelle est la genèse de cette collaboration avec la Fondation Montresso ?

A travers la série Behind the Doors tu rendais déjà hommage aux empreintes urbaines tout en opérant une réflexion sur la mémoire, de quelle mémoire s’agit-il exactement?

Tout a commencé par le biais d’autres artistes. Une visite, une première rencontre a très vite débouché sur une résidence test, durant laquelle j’ai eu la possibilité de travailler sur d’autres médiums que la toile. Lorsque l’on se balade à Marrakech, on entrevoit par la force des choses, une ambiance, un autre état d’esprit, de nouvelles couleurs et cette luminosité...c’est de là que notre réflexion a débuté avec l’équipe. On découvre à Jardin Rouge une approche de l’art différente de celle que l’on connaît du graffiti. J’ai pu y trouver l’essence de mon travail : la matière. Avec l’utilisation de cartons dans un premier temps, puis j’ai déniché ces toiles de jute qui servent au transport. Il s’agit d’un produit de la société qui est en permanence recyclé et qui porte les empreintes de son passé. J’ai donc décidé d’y poser à mon tour mon empreinte. Le graffiti, mon graffiti en tout cas, consiste à laisser une trace dans la société. Je laisse mon empreinte sur les murs et maintenant sur ces objets marqués par le temps. J’ai longuement travaillé la matière, je l’ai cousue, brûlée même,

Avec ma précédente série, Behind the Doors, je me suis particulièrement intéressé aux portes de la ville. Lorsque l’on parle des portes de Marrakech, on pense tout de suite aux portes de la cité, mais il y a également celles des villages alentours. Celles-ci sont faites de métal recyclé, et surgissent d’une construction souvent en terre. Je me suis dit qu’il s’agissait des vraies portes de Marrakech ; dès qu’elles s’ouvrent, les couleurs et la vie abondent. C’est cette rencontre avec ces petits villages, dont les portes sont façonnées d’une manière ou d’une autre selon les moyens, qui a initié ce travail. Ce sont des œuvres d’art à part entière. Elles se suffisent à ellesmêmes. J’ai donc voulu en faire partie, il s’agissait de mêler mes terrains de jeu à la mémoire du lieu. L’idée n’est pas de choquer contrairement à ce qu’on peut penser du graffiti en général, mais de surprendre à travers une démarche inclusive. Au Maroc, il s’agit pour moi d’adapter une pratique contemporaine revendicative à la culture locale.

Ton parcours en deux mots?


Les Petits Papiers amorce une nouvelle direction, qu’implique ce nouveau support de transmission? Le papier évoque le travail de recherche, les erreurs qui nous aident à avancer et à trouver parfois notre chemin. Avant d’arriver où j’en suis, j’ai froissé beaucoup de petits papiers que j’ai retrouvés pour en lire le précieux contenu. Cette série reste dans la continuité de mon travail, elle est liée aux rues de Marrakech qui sont jonchées de palissades de chantier, de plaques de revêtement faites de tôles recyclées. Une fois rafistolées, elles paraissent très légères, comme du papier. J’ai donc travaillé le métal, je l’ai froissé, piétiné, battu pour reproduire cet effet. La tôle autrefois utilisée pour cloisonner se soumet alors aux marques du temps.

et donc d’aboutir à cette interprétation de mon graffiti. Je ne viens pas poser toute mon histoire, seulement un fragment. L’enjeu est de trouver celui qui fait passer de l’émotion. Mais il n’y a pas que les lignes, il y a également les couleurs. La couleur joue un rôle très important dans mon travail. Elle s’adapte à mon environnement. Il y a au Maroc une lumière particulière et un intérêt très subtil pour la couleur, elle est présente mais toujours accompagnée. Elle est rythmée par une certaine douceur, celle de la terre. J’aime ces contrastes, cette simplicité.

Le travail de lettrage disparaît pour dévoiler une œuvre plus sensible, peut-être plus intime aussi? Il s’agit d’épurer le lettrage à l’aide de quelques lignes identifiables. C’est complètement illisible, je disparais. C’est une autre étape. J’ai commencé le graffiti avec un style très prononcé, très engagé aussi, avec de grandes lignes acérées, c’est ce qu’on appelle le “Wild style”. Ce nouveau parti pris est peut-être un signe de maturité… beaucoup d’artistes sont passés par là, aller à l’essentiel. Les différentes rencontres humaines, les échanges m’ont permis d’envisager de nouvelles techniques

Alentours de Marrakech 2019




série Behind the Doors, Alentours de Marrakech, 2019


Behind the Doors series, Surroundings Marrakesh - 2019


Your journey in two words?

Street culture. For the past five years you have been a regular resident at Jardin Rouge, what is the origin of this collaboration with the Montresso  Art Foundation? It all started thanks to other artists. A visit, a first meeting very quickly led to a trial residency during which I had the opportunity to work on media other than canvas. When we walk around Marrakesh, we detect an atmosphere, another state of mind, new colours, and this luminosity... that’s where our reflection began with the team. At Jardin Rouge, we discover an approach to art that is different from the one we know, from graffiti. I was able to find the essence of my work: the matter. With the use of cardboard boxes at first, then I found these burlap sacks that are used for transport purposes. It is a product of the society that is constantly recycled and that bears the imprints of its past, so I decided to make my own imprint on it. Graffiti, or at least my graffiti, is about leaving a mark on society. I leave my signature on the walls and now on these objects marked by time. I have worked on the material for a long time, I have sewn it, even burned it, I try to keep these fabrics alive. In contact with the craftsmen of the region, I then naturally opened myself to new perspectives, to new media, especially metal.

Through the series Behind the Doors you were already paying tribute to urban footprints and memory, what memory is it about exactly? With my previous series, Behind the Doors, I was particularly interested in the doors of the city. When we talk about the doors of Marrakech, we immediately think of the gates of the city, but there are also those of the surrounding rural villages. These are made of recycled metal, and emerge from a construction often made of clay. I have realized that these were the real doors of Marrakesh: as soon as they open, colours and life abound. It is the discovery of these small villages that initiated this work, which doors are shaped in one way or another according to the means. They are works of art in their own right. So, I wanted to be part of it, it was about mixing my playgrounds with the memory of the place. The idea is not to shock contrary to what one might think of graffiti in general but to surprise through an inclusive approach. In Morocco, it is about adapting a contemporary practice that was originally based on revendication to local culture.


You take with Les Petits Papiers a new direction, what does this new medium involve? Paper evokes the research work, the mistakes that help us move forward and sometimes find our way. Before I got to where I am, I crumpled up many little papers that I found to read their precious content. This series remains in the continuity of my work, it is linked to the streets of Marrakesh which are littered with construction palisades, coating plates made of reclaimed sheet metal. Once patched up, they look very light, like paper. So, I worked on the metal, I crumpled it, trampled it, beat it to reproduce this effect. The sheet metal once used to partition submits to the marks of time.

The challenge is to find the one that conveys emotion. However, it’s not just about the lines, the colours also matter. Colour plays a very important role in my work. It adapts to my environment. There is a particular light in Morocco and a very subtle interest in colour. Colour is always punctuated by some softness, that of the earth. I like these contrasts, this simplicity.

The lettering disappears to reveal a more sensitive, perhaps a more intimate work as well? It is about narrowing the lettering through a few identifiable lines. It’s completely unreadable, I disappear. It’s another step. I started graffiti with a very pronounced style, more committed, with sharp lines, this is called the “Wild style”. This new choice is perhaps a sign of maturity... many artists have been there, have stripped back to the essentials. The different human encounters and exchanges allowed me to consider new techniques and thus to find this interpretation of my graffiti. I don’t tell my whole story, just a piece.

Surroundings Marrakesh 2019




Petits Papiers 30 - 2019 Aérosol sur métal 90 x 80 cm


Petits Papiers 32 - 2019 Aérosol sur métal 67 x 75 cm



Petits Papiers 24 - 2019 Aérosol sur métal 125 x 50 cm




Petits Papiers 31 - 2019 Aérosol sur métal 96 x 60 cm


Petits Papiers 23 - 2019 Aérosol sur métal 91 x 65 cm



Petits Papiers 23 - 2019 Aérosol sur métal 62 x 192 cm



Petits Papiers 36 - 2019 Aérosol sur métal 78,5 x 52 cm (5)




Enfant de la Street culture, Cédric Lascours aka RESO a grandi à Toulouse. Lui, l’autodidacte est venu par ricochet à la peinture. Passionné de Skateboard, il fréquente assidument, dans les années 90, des lieux dans la ville Rose comme : le Mini Racing, la manufacture des Tabacs, et, c’est là qu’il rencontre le milieu graffiti. Finalement, ces deux pratiques « subversives » deviennent complémentaires pour Cédric Lascours, il commence ses premiers tags… Artiste ouvert, il estime nécessaire dans sa pratique le partage et les rencontres, il sera membre de nombreux « Crew » comme USA, 219, VMD, et, est aujourd’hui très actif avec le collectif LCF. A l’instar du hip‐hop qui a transformé la culture populaire du monde entier, le graffiti devient un mode de vie pour RESO.

A child of street culture, Cédric Lascours, aka RESO, grew up in Toulouse. In the Pink City of the 90’s, the skateboard lover and self-taught artist started hanging out in places like the Mini Racing or the Tobacco Manufacture only to end up stumbling across the graffiti world. Eventually he interconnected these two “subversive” disciplines and went ahead with his first tags… With an open mind he considered essential to meet and share with fellow artists and joined several crews such as USA, 219, VMD… He is still currently very active within the LCF collective. In the same way hip‐hop transformed pop culture all over the world, graffiti turned out to be a new way of life for RESO.


2019 KillerFest, Barranquilla, Colombie Le Mur Oberkampf, Paris, France Zoo Art Show, Lyon, France Spray Can, la piscine Molitor, Paris, France Peintures Fraîches, Lyon, France Bereshit Project, Naples, Italie Lumières sur le quai, Mouvements, Quai des savoirs Toulouse, France 2018 Néo Muralis, Tel Aviv, Israël From the bridge, Musée du pont du Gard, Nîmes France Mister freeze, Toulouse, France Reso & Mondé ”Dualité”, Galerie Loft du 34, Paris, France 2017 Open Summer Jam 2017, Toulouse, France Dualité, Galerie BD, Toulouse, France Urban Art Biennale, Völklingen, Allemagne Festival de fresques murales, Lombez, France Semana del Arte Urbano, Centro colombo Americano, Bogota, Colombie 2016 ArtyPopart Artist, Paris, France Hotel des Beaux Arts, Toulouse, France Musée de l’affiche, Toulouse France Ligne Urbaine, Cox Gallery, Bordeaux, France Mister Freeze, Toulouse, France Watermark, IDroom, Genève, Suisse Fondation Bemberg, Toulouse, France

2015 Terrain de JE, Jardin Rouge, Marrakech, Maroc Mister Freeze, Lost and Found, Toulouse, France Urban Art à la Villette, Galerie Wallworks, Paris, France French Graffiti meets Swedish Gallery, Stockholm, Suède Estivales, Montana Gallery, Montpellier, France 2014 Red Light District, Jardin Rouge, Marrakech, Maroc Le cercle fermé, Montana Gallery, Montpellier, France Mister Freeze, Day n Night, Toulouse, France Solo show, Galerie Ingres, Toulouse, France 2013 TAG au grand Palais, Paris, France Mister Freeze, Toulouse, France Solo show, Galerie Ingres, Toulouse, France 2012 Group Show, White Wall, Centre d’art contemporain, Beyrouth, Liban Les incurables, Chantier Laennec, Paris, France Salon St’art, Strasbourg, France 2011 Group Show, Galerie Cheloudiakoff, Belfort, France 2009 TAG au Grand Palais, Paris, France 2006 Retour de Chine, Musée des Abattoirs, Toulouse, France



Reso - Les Petits Papiers, Décembre 2019 Salle des Casques, Jardin Rouge Marrakech, Maroc



www.montresso.com Facebook : montressoartfoundation Instagram : montressoartfoundation Vimeo : jardinrougemontresso Crédits Photographiques : Cyril Boixel/Montresso. Conception graphique : Hafid Lhachmi Dépôt légal n° 2019MO5557 - ISBN - 978-9954-9707-9-9 Imprimeur : Direct Print

info@montresso.com +212 (0)5 29 80 15 92




Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.