PAGES ROMANDES - Portraits

Page 1

No 4 septembre 2007

Portraits


Sommaire

Impressum Pages romandes Revue d’information sur le handicap mental et la pédagogie spécialisée, éditée par la Fondation Pages romandes, Institution de l’Espérance, 1163 Etoy

Dossier: Portraits

Conseil de Fondation Président : Charles-Edouard Bagnoud Rédactrice et directrice de revue Secrétariat, réception des annonces et abonnements Marie-Paule Zufferey Avenue Général-Guisan 19 CH - 3960 Sierre Tél. +41 (0)79 342 32 38 Fax +41 (0)27 456 37 75 E-mail: mpzu@netplus.ch www.pagesromandes.ch

2 Marie sourire Portrait de Marie Raaflaub, Jura Eliane Jubin

Comité de rédaction Membres: Marie-Christine Ukelo-Mbolo Merga, Olivier Salamin, Valérie Melloul, Eliane Jubin Marquis, Laurie Josserand, Marie-Paule Zufferey Responsable de publication: Charles-Edouard Bagnoud

4 Quand l’utopie se fait Espérance Auguste Buchet, fondateur d’institution Marie-Paule Zufferey

Parution: 5 numéros par an Mi-février, mi-avril, mi-juin, mi-septembre, début décembre Tirage minimal: 800 exemplaires Abonnement annuel Suisse AVS, étudiants Abonnement de soutien Etranger

Fr. Fr. Fr. Euros

45.-38.-70.-35.--

Publicité et annonces - Tarifs 1 page Fr. 800.-1/2 page Fr. 500.-1/4 page Fr. 250.-1/8 page Fr. 125.-1/16 page Fr. 50.-Tarifs spéciaux pour plusieurs parutions Les demandes d’emploi provenant des étudiants des écoles sociales romandes sont gratuites Délai d’insertion 2 semaines avant parution Compte bancaire Banque cantonale du Valais, 1951 Sion En faveur de K0845.81.47 Pages romandes Compte 19-81-6 Abonnement pour la France: faire parvenir vos coordonnées et votre règlement par chèque bancaire à Jean-François Deschamps 108, rue Ire Armée F - 68800 Thann Graphisme Claude Darbellay, www.saprim.ch Mise en page Marie-Paule Zufferey Impression Espace Grafic, Fondation Eben-Hézer, 1000 Lausanne 12 Crédits photographiques et illustrations Fotolia, Photo-club «Vallée de la Sorne», Fabien Hecquet, Eliane Jubin Marquis, Olivier Salamin, Didier Liautaud, Eddy Blandenier, Institution de l’Espérance, Etoy

3 Editorial Marie-Paule Zufferey

6 De la musique et des couleurs constellation Blandenier, Savagnier La Olivier Salamin et Marie-Paule Zufferey

9 Du plaisir intellectuel à l’émotion partagée André Baechler et le projet Handi The Cat Olivier Salamin 11 Avant de déplacer les montagnes Fernand Ballestraz, homme de transports Olivier Salamin 12 Vieillir ensemble sur un air de musique Claude-Alain et Denise Fromaigeat Laurie Josserand 14 Des bulles d’oxygène pour revenir à soi et rencontrer les autres Marie-Christine Ukelo Mbolo Merga 17 Dépasser le discours sur l’égalité Georges Rais, Jura Noémie Pala 19 Accompagner les personnes en situation de handicap: ACERISH2, projet européen Norbert Genoud 22 En bref

Photos de couverture: Didier Liautaud

N.d.l.r.: Les articles signés n’engagent que leurs auteurs. La présentation, les titres et les intertitres sont de la rédaction. La reproduction des textes parus dans Pages romandes est souhaitée, sous réserve de la mention de leur source. ©Pages romandes

23 Sélection Loïc Diacon 24 Séminaires, colloques et formations


Marie sourire

Portrait de Marie Raaflaub

Interview réalisée par Eliane Jubin Marquis

«Dès le matin il faut penser à des trucs bien et ensuite c’est facile, tu as envie de sourire!» Marie a choisi mon bureau comme lieu de rencontre, «ça fait adulte» dit-elle. Elle arrive le visage plein de lumière, les yeux brillants. Un large sourire atteste de son plaisir à répondre à mon invitation. Un cartable sous le bras, Marie s’installe d’abord avec assurance à la petite table puis d’un bond se relève, s’excusant de ne pas en avoir demandé l’autorisation. Le ton est donné, Marie est une jeune femme décidée, légèrement fonceuse mais qui compose avec le bon usage. «J’ai toujours le sourire et c’est cela qui doit être dit de moi» s’exclame Marie en ouverture d’interview. «Tout le monde le dit et moi j’aime être comme ça» précise-t-elle. Sa recette? «Si j’ai peur, si j’ai des soucis, eh bien c’est simple, je n’y pense pas!». Pour bien attester que cela fonctionne, elle précise: «Je me suis fais opérer de la cataracte, il y a 2 ans et j’ai parfois un peu peur que ça recommence... Eh bien, je ne veux tellement pas y penser que je ne peux même pas m’en souvenir!». Avoir le statut d’adulte est important pour Marie, elle y reviendra plusieurs fois durant notre échange. «Je pense être une personne exceptionnelle» dit-elle «Sinon tu ne ferais pas mon portrait! On dit que j’ai une triso-

mie; je ne sais pas ce que c’est, mais je sais que je fais des trucs plus compliqués que d’autres, tout le monde ne sait pas cuisiner... Je chante aussi! Je suis adulte parce que j’ai 23 ans, mais cela ne suffit pas, il faut aussi sortir de chez soi. Si tu as 30 ans et que tu ne sors jamais, eh bien, tu n’es pas adulte!» Marie ouvre son cartable et montre des textes manuscrits créés à l’atelier d’écriture. Elle présente des photos qui attestent de sa participation au congrès AIRHM à Lausanne en 2006, sa rencontre avec le ministre jurassien de la santé et du social, à qui elle a parlé des cours de formation continue qu’elle fréquente assidûment. Avec fierté, elle sort ce qui semble être son trésor: le programme du spectacle Stars d’un instant. Elle est parfaitement consciente que lorsqu’elle entame sur scène sa version de la chanson «Le Sud» de Chimène Badi, le public a de la peine à contenir son émotion. Le regard que pose Marie sur la vieillesse est rempli de sagesse. «A 98 ans je serai vieille, pas à 30. Lorsque je serai vieille, je serai toute différente, je n’aurai plus de défauts. Ce sera difficile de les enlever, mais j’ai encore du temps. Mes défauts: compter de l’argent quand il y en a trop. Je ne suis pas naturelle quand on me prend en photo et j’ai, oh là là, très très peur des araignées...»

Le plus grand bonheur de ta vie? Difficile j’en ai plein! Je rêve d’être tante, peut-être même marraine. C’est aussi d’être là maintenant avec toi, de répondre aux questions. Cela me fait tellement plaisir de chanter et danser, être sur scène. Je suis soulagée et heureuse quand les gens applaudissent, j’ai envie de leur dire merci d’être là. S’ils n’applaudissent pas, c’est dommage, mais ce n’est jamais arrivé. Ce que tu aimes le moins? Bonne question…ouuh... là, je trouve pas, enfin peut-être aller à la cave. (Marie mime des araignées qui grimpent). L’hiver, on met une tortue dans la cave, mais elle ne les mange pas. Dommage. Côté cœur? Je n’ai pas de petit ami. En ce moment! Il y a plein de mecs qui me plaisent, je ne suis pas prête pour être amoureuse. De toute façon c’est les mecs qui font le premier pas. Ton plat préféré? Tu me demandes quelque chose d’intéressant… Les lasagnes. Je suis, (oh oui!) gourmande, mais je dois faire attention! Un voyage préféré? L’Italie, j’aime bien l’italien... Grazie mille…. Per favore Ton chanteur préféré? Il y en a plein, tu dis un garçon ou une fille? Bon, moi je dis Chimène Badi. La politique? Oh! Ça veut dire quoi la politique? moi je ne sais pas! ©Photo-Club «Vallée de la Sorne»


Soleils L’adolescente nous apporte chaque fois un dessin; oeuvre gauche et magique d’handicapée mentale; ces petits personnages sincères et maladroits, tissée de gribouillis et d’azur, ces soleils dilatés comme son cœur et ces orchestres de couleurs. Elle nous l’apporte comme le saint sacrement: la feuille en tremble d’émotion. Embrassades et joie. On fait fanfare et on fait exposition. C’est sa victoire. Elle en a rêvé toute la semaine. Ces dessins sont incandescents de couleurs; ils vous éclaboussent de pollens à vous rendre ivre. Broderie de mimosas. Scories du feu qui rougeoient au coin de la page pour l’embraser tout entière quand on aura tourné la tête. Il est des dessins aussi ardents que des allumettes. Opulences de ces oeuvres naïves, redondance des symboles, grande aventure de ces gestes que l’handicapée a inscrits sur le papier tremblamt. L’adolescente est voûtée par le destin, hirsute et timide, dans un carcan de préjugés et de blessures. Mais elle est aussi une de ces fleurs sauvages au bord des talus qu’on fait semblant de ne pas voir par fausse décence mais qui nous lance ses corolles à pleins rayons. Petite procelaine où se bousculent la tendresse, l’affection, les frustrations et les crises. Poupée de porcelaine aux cheveux raides: et si on écoutait ta main et ton pinceau?

Edito

La vie et rien d’autre Marie-Paule Zufferey, rédactrice

Il y a portrait et portrait. De la fiche signalétique au curriculum vitæ amélioré, en passant par le genre «rubrique nécrologique», sorte d’hagiographie truffée d’adjectifs aussi élogieux qu’hyperboliques, les modèles à ne pas imiter dans le genre sont aussi nombreux que variés. Ces types de portraits, figés dans leur improbable éternité, me font penser à ces anciennes photographies, couleur sépia, que nous avons tous, un jour ou l’autre, dénichées au fond d’un vieux tiroir. Comme celles de ces couples d’antan, le jour de leur mariage. Elle est assise. Lui est debout à l’arrière-plan, une main posée sur l’épaule droite de l’épouse. La composition du tableau n’est pas anodine; elle fixe déjà les hiérarchies. Ils regardent le vide, droit devant eux; ne sourient pas, ou si peu. Pas de faille dans cette ordonnance; rien ne transparaît de leurs possibles incertitudes ni de leurs probables fragilités. Ces deux êtres-là ont l’air d’avoir été soustraits, l’espace d’un cliché, au monde sensible environnant. Il arrive qu’on ait rajouté un peu de rose sur les joues des personnages, mais la vie elle, est restée hors du champ de l’objectif. Tout l’intérêt d’un portrait réside pourtant dans sa capacité à relayer la vie, à prolonger le mouvement.

C’est cette conviction qui a amené le comité de rédaction à vous proposer un dossier en forme de galerie de personnages. Ces pages d’automne s’égrènent dès lors comme une suite de rencontres. Les hommes et les femmes qui ont accepté de jalonner notre tour de Romandie, ont en commun d’appartenir au monde du handicap ou de lui avoir manifesté, au cours de leur parcours personnel ou professionnel, un intérêt particulier. Projets, création de concepts, recherche, réalisations concrètes se déclinent au gré d’itinéraires existentiels qui n’ont à aucun moment la prétention de s’ériger en modèles. Les mots disent ce qu’ils peuvent; les gestes et les situations en suggèrent d’autres; le reste est palpitation qu’il faut saisir entre les lignes, dans les instantanés de ces vies racontées. Au fond, le but de cette visite guidée, aux étapes arbitraires, n’est autre que de permettre le partage d’expériences et le prolongement d’un certain souffle créatif. Celuilà même qui pousse certains êtres à refuser que les choses de l’humain soient écrites une fois pour toutes; à inventer des temps où les rôles et les destins des uns et des autres ne seront pas définitivement figés sur papier jauni, comme sur des clichés venus d’autrefois...

Claude Luezior est le nom de plume de Claude-André Dessibourg, neurologue et chargé de cours à l’Université de Fribourg. Durant l’année 2006, Claude-André Dessibourg a apporté sa collaboration à Pages romandes, en assurant la rubrique «Les cahiers d’un clinicien». Il est également l’auteur de nombreux autres ouvrages, scientifiques et littéraires. 1

Impatiences, recueil de témoignages de Claude Luezior1, Buchet-Castel 1995


Quand l’utopie se fait Espérance Auguste Buchet, fondateur de l’Espérance, Etoy Marie-Paule Zufferey, rédactrice

Le choix d’Auguste Buchet, un homme venu du 19e siècle, pour représenter le canton de Vaud dans une galerie de portraits romands peut surprendre. Cette convocation du passé dans un dossier d’aujourd’hui est à comprendre comme un clin d’œil au fondateur de l’Espérance, à Etoy. Cette institution est en effet la première structure romande à avoir été spécialement créée pour accueillir des enfants souffrant notamment de retards intellectuels. Elle est aussi, depuis quelques années, le siège de la fondation Pages romandes… Auguste Buchet naît à Etoy le 20 février 1845. «Dès son jeune âge, il est un être à part; on dirait aujourd’hui un marginal. Né d’une famille paysanne de 5 enfants, il suit l’école du village, supporte mal un enseignement rigide, mais pour plaire à sa mère, se contraint à être un élève attentif». Dans une biographie écrite par le pasteur Raccaud en 1921, Auguste Buchet est décrit comme un enfant très vivant, aimant s’amuser et amuser les autres. A 18 ans, il est requis par le Conseil municipal d’Etoy pour y instruire l’une des deux classes d’enfants de l’école communale. Parallèlement à ses activités d’enseignant, il fonde dans son village, une Ecole du dimanche et une société de chant. Puis il part pour Genève, où durant 4 ans, il seconde le directeur de l’institut des sourds-muets. En 1872, année de la fondation de l’Espérance, Auguste Buchet épouse Blanche Vaucher, qui décède trois ans plus tard, après lui avoir donné deux fils, Victor (qui ne vivra pas) et Paul. Il se remarie en 1883 avec Sophie Goetz, avec laquelle il aura également deux enfants: Blanche et Gustave (qui deviendra un peintre connu). Auguste Buchet meurt à l’âge de 43 ans, le 9 décembre 1888.

Le 1er mai 1872, s’ouvrait à Etoy, la toute première structure romande accueillant des enfants avec un handicap mental. Jusque-là, ces derniers n’avaient d’autre choix que de rester à la charge de leur famille ou d’être abandonnés dans des institutions psychiatriques. Cette maison d’un nouveau type est la concrétisation d’un rêve, celui d’Auguste Buchet, natif de la commune, alors âgé de 27 ans. «J’ai l’idée de fonder, avec l’aide de Dieu, une institution pour les idiots de Suisse française», écrivait-il dans son journal, en 1870. Les conditions dans lesquelles a lieu l’accueil des 5 premiers résidents de ce qui s’appellera plus tard l’Espérance n’ont rien de banal. Chargée de l’éducation des pensionnaires, Charlotte Buchet, la sœur d’Auguste n’a que 16 ans. Une jeune femme est engagée pour s’occuper de la cuisine; et si le fondateur lui-même «met la main à tout, avec un entrain infatigable, il ne possède en propre que 800 francs. Cette somme doit lui permettre tout à la fois d’aménager un logement pour 10 à 12 personnes, d’acheter le mobilier, la literie, et d’assurer les provisions…». Ces données de départ, pour minimales qu’elles nous paraissent, n’entament nullement l’ardeur de cet homme qui a fait des trois vertus théologales – la foi, l’espérance et la charité – ses principes de vie. Militant de la confiance en Dieu et de la compassion envers les déshérités, il ira jusqu’à refuser l’aide de l’Etat: «L’Etat! Je ne peux guère accepter son concours, ayant pour principe de marcher par la foi en Dieu qui est capable d’incliner les cœurs des riches en faveur de ces pauvres enfants». Auguste Buchet a 16 ans lorsqu’il prend connaissance d’un rapport de John Bost, un Genevois devenu pasteur en France et responsable des

Asiles de la Force (Dordogne). C’est dans cette lecture d’adolescent qu’il faut chercher les prémices de son œuvre. L’expérience professionnelle, il l’acquiert à l’Institut genevois des sourds-muets, où il travaille durant 4 ans. Quant à l’approche pédagogique, étant donné qu’à cette époque, les théories éducatives et du développement en sont encore à leurs balbutiements, Auguste Buchet se forge, à la lumière de ses pratiques, ses propres convictions. «A chacun, il faut un régime particulier pour le connaître et diriger ses faibles facultés vers un but éducatif et pratique. Si notre élève vit couché, asseyons-le; s’il est assis, mettons-le debout; s’il ne mange pas seul, tenons ses doigts pendant le repas; s’il ne regarde pas ni ne parle, encourageons-le par le regard et la parole; de cette manière, nous réveillerons sa volonté, son esprit et son cœur». Ce court extrait contient à lui seul les esquisses de bien des principes éducatifs dont la modernité est indéniable: enseignement différencié, objectifs, projets individualisés, prise en compte de la globalité de la personne, etc. Depuis sa création, l’œuvre d’Auguste Buchet n’a cessé de se développer. Après «Le Sapin», bien d’autres maisons ont été construites à Etoy et dans les alentours, dans le but d’accueillir au fur et à mesure, non seulement des enfants avec un handicap, mais aussi des adultes. Lors de son ouverture, l’Espérance comptait 5 résidents; en 1922, ils sont au nombre de à 155 et en 1997, on en signale 235. En créant, au 19e siècle, cette structure pour la prise en charge des personnes handicapées mentales en Suisse romande, Auguste Buchet a indéniablement fait œuvre de pionnier. 135 ans plus tard, le modèle institutionnel doit faire face à un questionnement de plus en plus pointu, que ce soit en termes de financement ou d’approche socio-éducative. Des concepts alternatifs de prise en charge commencent à se dessiner ici et là. Qui inventera et quoi, qui sera retenu comme une œuvre d’avant-garde, par les rédacteurs de Pages romandes, dans 135 ans? Cet article a été écrit sur la base des informations contenues dans les deux ouvrages suivants : «Auguste Buchet, fondateur de l’Espérance», Buchet-Ramuz Berthe, 1971 «L’Espérance 1872-1997», Claude Mellot.


De l’Espérance d’hier à celle de demain… Questions à Charles-Edouard Bagnoud, directeur de l’Espérance, Etoy La création d’une structure de prise en charge pour les personnes handicapées a été, pour Auguste Buchet, un acte de foi. Vous sentez-vous héritier de cette posture? Comment se traduitelle aujourd’hui dans la vie de l’institution?

Il serait difficile de renier un héritage tel que celui légué par Auguste Buchet, tant ce pédagogue a fait preuve d’avant-gardisme et d’humanisme dans l’approche du handicap. Dans ce sens, en tant que dépositaire de son œuvre, à titre de lointain successeur, je ne peux ressentir que des sentiments très forts où se mêlent humilité, reconnaissance, fierté et responsabilité. Cependant, mes motivations à poursuivre sa mission trouvent leur inspiration et leur source dans d’autres domaines que celui de la foi. A un niveau général, nous ne renions pas cet héritage chrétien qui, en termes culturels, inspire la vie institutionnelle comme il inspire d’ailleurs la société occidentale dans son ensemble. Toutefois, nous nous définissons et nous nous positionnons clairement comme une institution laïque, respectueuse de toutes les croyances et nous référant à la Déclaration des droits de l’homme, à la Déclaration des droits du déficient mental et, par conséquent, aux préceptes de l’Humanisme. La très grande majorité de nos résidents étant de confession chrétienne, ils peuvent béné-

ficier librement du concours d’aumôniers. Ces derniers jouent un rôle important, particulièrement lors du cheminement vers la mort. Notre site d’Etoy étant conçu sur le modèle d’un village, il possède naturellement sa chapelle. A l’époque de la création de cette institution, la recherche dans le domaine du handicap en était à ses balbutiements. Tout en s’appuyant sur les premières publications en la matière, Auguste Buchet a également mené ses propres réflexions concernant la prise en charge des personnes handicapées. Aujourd’hui, qui décide (et sur quelles bases) des grandes orientations pédagogiques de l’institution?

Statutairement, il appartient au directeur de définir l’orientation pédagogique de l’Institution, dans le cadre fixé par le but de la Fondation et les options du Conseil de fondation. Ainsi, notre socle théorique est aujourd’hui bâti sur 3 axes principaux: • Un concept général de pensée, d’action et de communication: l’approche systémique. • Un concept d’intervention: l’approche globale de la personne. • Un concept d’accompagnement: la valorisation des rôles sociaux. Ce sont les besoins des personnes handicapées mentales, sur la base des connaissances issues des sciences humaines, qui nous ont fait opter pour ces 3 piliers référentiels. Ces derniers ont pour objectif de nous aider à mettre en œuvre les actions et les stratégies les plus pertinentes pour remplir notre mission. Connaissant l’importance de la formation

«L’Espérance, cette démarche à la limite de l’absurde, qui consiste à croire, à vouloir, à penser qu’il est encore et toujours possible de faire un pas malgré tous les obstacles, toutes les fatalités, tous les échecs… Qu’il y a encore, et malgré tout, un lendemain à vivre, qu’il y a toujours une issue, une porte dans ce monde clos » Dr. Philippe Gabbaï, neuropsychiatre

continue pour nos collaborateurs-trices et la nécessité de se tenir informés des évolutions liées au handicap mental, nous avons créé un département chargé, notamment, de gérer la formation de notre personnel et d’effectuer, à l’interne ou en collaboration avec les centres de formation, de la recherche. Il y a 135 ans, créer une institution de ce type, c’était faire acte de pionnier. Comment perpétuez-vous l’esprit d’innovation de votre fondateur? Quels sont vos projets pour l’avenir?

L’esprit d’innovation, mais surtout la concrétisation des projets qui en sont issus, ne peuvent être que la résultante d’un travail d’équipe. Dans ce sens, le fait de diriger une institution de grande importance me permet de rester relativement éloigné des aspects purement opérationnels et de pouvoir ainsi consacrer du temps à la réflexion, notamment en ce qui concerne les visions et les perspectives d’avenir pour l’Espérance. Nous travaillons donc, avec mon équipe de direction, sur un programme d’orientation à moyen et long terme, que ce soit au niveau pédagogique, structurel ou financier. Nos projets les plus importants pour l’avenir sont la création d’un lieu d’hébergement (internat scolaire et relève des parents) pour des enfants et adolescents en situation de polyhandicap, la mise sur pied d’un service permanent d’animation socioculturelle et la restructuration de l’accompagnement de jour, en fonction des nouveaux besoins liés au vieillissement de nos résidents et aux problèmes psychiques que certains rencontrent. Nous avons également un certain nombre de projets liés aux évolutions que la mise en œuvre de la RPT va générer mais il est encore trop tôt pour les évoquer plus précisément.

L’Espérance aujourd’hui...

Les premières maisons de l’Espérance

Population accueillie: personnes avec un handicap mental moyen à sévère. Troubles associés. Dès le début de la scolarité et jusqu’en fin de vie. - 270 résidents, dont 215 internes; - 235 postes occupés par 350 personnes; - 17 bâtiments répartis sur 11 hectares; concept du «village» (site d’Etoy); - 1 foyer et 3 structures d’appartements dans les villes environnantes; - 20 ateliers sur le site d’Etoy et 2 en ville de Morges; - environ 30 millions de budget annuel.


De la musique et des couleurs La constellation Blandenier à Savagnier Olivier Salamin et Marie-Paule Zufferey

On ne rencontre pas Eddy Blandenier, on est accueilli dans la «constellation Blandenier» de Savagnier. Comme à la maison, on est reçu par une famille en mouvement: Pauline la cadette, qui effectue sa formation d’éducatrice à Lausanne; son frère Jérôme, qui passe pour le café. Accompagné de son épouse colombienne, il amène Luisa, leur fille âgée de deux ans, pour l’après-midi. Henriette est aux fourneaux; elle mijote un repas au fumet prometteur, auquel nous serons conviés en toute simplicité. Pour dresser son portrait, Eddy a aussi choisi d’inviter Magali Lehmann Meyrat, sa proche collaboratrice. S’il est aujourd’hui «Colporteur’ Couleurs», Eddy Blandenier a aussi été dessinateur en génie civil, éducateur musical, animateur socioculturel, clown et formateur en travail social… Midi, un jour pluvieux de juillet. Nous sommes devant les «Ateliers Sylvagnins», où nous avons rendez-vous avec un colporteur pas comme les autres. La maison de la rue du Four 5, à Savagnier, est pleine de charme et affiche avec sérénité ses nombreuses années d’existence campagnarde. Il n’y a pas de sonnerie. Pour alerter ses habitants, il faut ouvrir la porte et s’engager dans le couloir. C’est là que nous croisons Eddy Blandenier. Il arrive d’une entrée située de l’autre côté de la bâtisse. Une bouteille de Côtes-du Rhône à la main, il nous invite à le suivre en haut de l’étroit escalier en bois qui débouche sur une cuisine à l’ancienne où officient Henriette, son épouse et Pauline, sa fille. Deux poignées de mains plus tard, nous voilà invités à partager le repas en train de mijoter sur le feu et dont les arômes flattent déjà délicieusement nos papilles. Magali nous rejoint autour de la grande table familiale.

Visite guidée En guise d’entrée en matière, nous avons droit aux honneurs de la maison. Cette vieille ferme neuchâteloise a été acquise par la famille Blandenier, il y a quelque 30 ans. Aujourd’hui, des espaces ont été aménagés dans la grange attenante, afin d’accueillir expositions, séminaires et autres rencontres de formation. En ce moment, c’est Catherine Louis, illustratrice de livres pour enfants, qui est l’invitée de ce lieu magique. Magnifiquement organisée, dans un esprit à la fois didactique et ludique, cette exposition, qui vit ses derniers jours, aura permis aux

élèves de plus de 75 classes d’expérimenter des techniques d’écriture et de dessin. Un très joli succès.

La métaphore de l’axe du pot L’atelier de poterie d’Henriette Blandenier se trouve au sous-sol, dans l’ancienne écurie. Eddy parle avec enthousiasme des travaux de son épouse. En plus de ses propres productions, Henriette donne des cours de travail de la terre à des adultes et reçoit des enfants. Ici encore, il s’agit d’un lieu de rencontre. Avec les autres. Avec soi-même. «Les personnes qui viennent ici doivent se concentrer; ne plus penser qu’à maintenir l’axe du pot, lorsqu’ils tournent de la terre, sinon celle-ci s’effondre et retombe sur ellemême. Cet axe, nous explique Eddy, c’est celui du clown aussi, celui de l’être humain au plus proche de son essence». Cette image reviendra plus tard, lorsque nous évoquerons avec lui son concept de «clown en institution».

La musique comme fil rouge La vie professionnelle d’Eddy Blandenier n’est pas un long fleuve tranquille: dessinateur en génie civil, animateur socioculturel, éducateur musical, clown en institution, formateur en travail social (EESP, Lausanne) et aujourd’hui, Colporteur’Couleurs… Ce parcours atypique est traversé par une passion qu’il a reçue de son père: la musique. Eddy est une sorte d’homme-orchestre au grand cœur. Il joue de toutes sortes

d’instruments, notamment de l’accordéon, de l’euphonium… «De la clarinette aussi. Avec elle, on peut jouer de tout; on peut jouer très doux. C’est l’instrument idéal pour improviser dans le regard de l’autre». Cet après-midi-là, dans la chaleur de l’antre des Blandenier, alors que la pluie engrisaille encore la campagne alentour, nous avons droit à un concert improvisé. Taragot pour lui, chant spontané¹ pour Henriette qui s’accompagne également d’une shrutibox sans âge. Moment mythique, presque hors du temps. Nul doute qu’avec de tels arguments poétiques, il soit possible d’atteindre des contrées intérieures intouchées, parce qu’intouchables par la parole. C’est le credo d’Eddy Blandenier: «Quand les gens ne peuvent plus entendre des mots, la musique passe encore».

D’un Auguste à l’autre Lorsqu’on demande à Eddy Blandenier ce qui l’a amené à choisir ses métiers dans le domaine social, il a un sourire qui vient d’aussi loin que le souvenir qu’il évoque. «Cela remonte à mon enfance. Mon grandoncle, Georges Vuilleumier, directeur de l’Espérance à Etoy, invitait mon père, qui était pianiste, à venir jouer dans l’institution vaudoise (voir portrait d’Auguste Buchet, p. 4). C’était un moment de fête pour les résidents: «Y’a M’sieur Raoul qui est là!». Ils venaient tous me dire bonjour. Je n’avais guère plus de 4 ou 5 ans, mais je suis resté très touché par ces images. Disons que je suis passé d’un public de fous à… fou de public…» Né de parents engagés, Eddy va côtoyer très vite les problèmes de certains jeunes et de ce fait, orienter résolument son parcours professionnel vers les métiers du social… Il développe des ateliers de peinture pour enfants selon les préceptes d’Arnaud Stern. Pris dans l’histoire des débuts de la civilisation des loisirs, il surfe sur la vague, devient animateur et y ajoute ses compétences musicales. S’appuyant sur la méthode Willems, puis celle de Madame Orff, il s’attache à trouver des modalités d’approche de la


Habiter un clown, est-ce une technique qui s’apprend?

Racontez-nous cette histoire de clown…

Vous ne jouez pas d’autres clowns dans votre répertoire?

E.B.: L’histoire des clowns réfère à trois clowns principaux: le clown blanc, Monsieur Loyal et l’Auguste. Le clown blanc exprime la verticalité, la beauté et la séduction. Monsieur Loyal est celui qui cadre les activités du cirque. Quant à l’Auguste, c’est un clown rouge, un clodo, quelqu’un de posé dans son bassin. Eh bien, habiter un clown, c’est d’abord une histoire de corps, c’est une posture, un centre de gravité… Dans le clown relationnel, nous habitons l’Auguste (Eddy Blandenier se lève, replie légèrement ses jambes et s’assied dans son bassin). Nous baissons notre centre de gravité et nous descendons dans notre ventre, comme les bébés qui marchent (nous donnons soudain à Eddy Blandenier quelques années de moins…). Ce n’est pas une infantilisation, c’est une rencontre de l’enfant qui est en chacun de nous.

Eddy Blandenier

musique pour les enfants et pour les personnes handicapées. Mais la crise horlogère renvoie le luxe des camps de musique au placard et Eddy doit reprendre une activité plus «institutionnelle». Durant 9 ans, il va s’occuper de la formation des moniteurs de camps au sein du Mouvement de la Jeunesse Suisse Romande (MJSR). Puis il devient formateur à l’Ecole d’études sociales et pédagogiques de Lausanne (EESP), où il enseignera durant 14 ans. Actuellement Eddy Blandenier travaille à mi-temps pour l’Association neuchâteloise de services bénévoles. Lors d’un voyage d’études en Belgique avec ses collègues de l’EESP, Eddy Blandenier flashe sur une affiche qui présente un concept qui le séduit immédiatement, celui du «clown relationnel». Il retourne en Belgique, se forme et importe cette formation en Suisse. L’idée est de développer les compétences relationnelles des accompagnants.

Il suffit parfois de peu de chose pour voir revivre des personnes que nous rencontrons d’abord dans un repli avancé… Il y a aussi cet autre souvenir: un matin, toujours au Foyer Handicap, alors que les résidents attendaient le repas de midi, l’un d’eux a dit: «On fait un colloque!» et chacun a repris des épisodes de la vie de l’institution, singeant les éducateurs pour parler de tel ou tel résident et cet épisode a été un véritable exutoire pour chacun. Dans le jeu et l’exagération, on se réapproprie sa vie… Qui avez-vous formé à cette approche?

Le clown relationnel

E.B: Nous n’avons jamais voulu créer une nouvelle spécialisation ou faire du clown une relation thérapeutique, nous avons plutôt voulu offrir un cadeau, un moment, une ouverture pour gérer un paquet d’émotions retenues. Nous l’avons donc d’abord voulu pour les professionnels qui accompagnent, afin qu’ils puissent donner cette ouverture nouvelle à leur approche relationnelle du patient. Les patients se livrent au clown, peu importe que les secrets soient vrais faux, nous les prenons. M.L.M.: Quand nous avons travaillé à Foyer Handicap, c’était plus difficile, il s’agissait d’une autre souffrance, d’une souffrance qui ne se dit pas avec les mots, mais malgré tout, nous avons eu des expériences inouïes... E.B.: Aujourd’hui, au plan romand, c’est l’Association Auguste qui a pris le relais…

Selon Christian Moffart, le concepteur liégeois, les fondements du clown relationnel sont les suivants: 1. Psycho-corporel: position physique, disponibilité corporelle; 2. Relationnel: importance du regard et du toucher; 3. Ludique: le jeu, l’humour, le plaisir de la découverte; 4 Symbolique: avec le nez rouge, comme masque qui cache et qui révèle, on entre dans l’imaginaire, la dimension de l’archaïque.

Vous vous êtes alors tournés vers l’idée du «Colporteur’ Couleurs»? E.B.: Nous avons voulu élargir le profil du clown relationnel à la gérontopsychiatrie. Nous avions pris conscience que les ressources des personnes âgées étaient à chercher du côté de la sensorialité.

Eddy Blandenier: Le clown relationnel est un personnage qui évolue sans artifice de spectacle et sans projet pré-établi, mais c’est bien sûr un personnage habité, par les émotions et par le vécu de son occupant. Ce n’est pas quelqu’un qui cherche à faire rire, c’est quelqu’un de disponible. Pour mettre en place ce concept, que nous avons intitulé «clown en institution», nous nous sommes appuyés sur les bases décrites par Christian Moffart (voir encadré ci-dessous), auxquelles nous avons ajouté une 5e dimension: la temporalité. C’est souvent dans cet espace intemporel de la disponibilité que les choses se passent…

Disons qu’il y a suffisamment de clowns blancs dans les institutions…

Quel type de réaction un clown peut-il susciter?

Magali Lehmann Meyrat²: Je me souviens d’une résidente de Foyer Handicap. Elle nous a montré un accordéon dans son armoire, comme si elle voulait en jouer (ce qui ne lui était plus possible). Cette envie de jouer, nous l’avons saisie en l’assistant, pour lui permettre de faire quelques notes d’un morceau improvisé à «trois voix».


A partir d’un projet avec l’Association Alzheimer Suisse, nous avons posé un certain nombre d’hypothèses: 1. des couleurs vives comme support de travail; 2. un objet, vecteur de la rencontre; 3. un intervenant relationnel; 4. une intervention courte; 5. … et individuelle. Habillés en jardiniers - deux personnages symboliques qui font pousser les fleurs - nous arrivons avec nos valises de couleurs et nous allons vers la création collective de jardins extraordinaires. Vos hypothèses se sont-elles vérifiées? E.B.: L’effet couleur est indéniable et les objets utilisés sont tout à fait pertinents. Seules les deux dernières propositions ne se sont pas vérifiées et c’est plutôt de l’ordre des bonnes surprises. Nous avons en effet expérimenté qu’il était tout à fait possible de travailler en collectif, puisqu’une dynamique de groupe semble s’installer à chaque fois et que les participants sont capables de participer à des séances qui durent jusqu’à 1 heure et demie! Vos objets sont-ils identifiés? M.L.M.: Ce sont des objets neutres et non figuratifs: coussins, foulards, écharpes, etc. Lorsqu’au début de nos activités nous avons pris des oursons de couleur, chacun les voulait, mais il y avait ensuite un repli et plus rien. Cela nous a d’abord étonnés, puis nous a confortés dans le choix de tissus de couleurs. Nez rouge, musique, couleurs… Autant de supports que Blandenier et Cie ont patiemment apprivoisés au cours des années, pour en faire des outils relationnels aujourd’hui clairement définis. Outils dont le secret d’utilisation et de réussite repose sur le respect des rythmes individuels. «Nous prenons toujours le temps nécessaire. Avec un enfant IMC, il a fallu près de 6 mois pour

Les Colporteurs’Couleurs sont des personnages facilement identifiables par leur habillement hautement coloré, apparenté à celui d’un jardinier un jour de fête: tablier vert, chemise, jupe ou pantalon bigarrés, sabots et chapeau de paille. L’intervenant «Colporteur’Couleurs» est au centre du dispositif. Il fait le lien entre les personnes et les objets. Il donne le cadre et guide le processus. Avec son habit de jardinier, il peut entrer dans un rôle qui le distingue de celui de soignant... ... Le Colporteur’Couleurs arrive sans projet défini préalablement. Il n’a pas la prétention de réussir une démonstration qui le mettraitr en valeur personnellement. Il doit rester humble et accepter les limites qui sont dictées par la maladie et le grand âge. ... L’animation est au service du résidant et non l’inverse. Le résidant doit toujours rester le sujet, le centre de la démarche, et non devenir objet d’animation. C’est en respectant ce principe éthique que des dérapages vers des formes d’infantilisation seront évités. Extraits du dépliant de présentation du concept «Colporteur’Couleurs»

établir un contact, mais ensuite quelle richesse dans l’échange!» C’est Magali qui nous livre cette réflexion, à propos d’une intervention-clown à Foyer Handicap. Un mot qui servira de conclusion à ce voyage au sein de l’univers Blandenier, où nous avons tutoyé durant tout un après-midi, dans un oubli absolu du temps, une sorte de poésie universelle et apaisante. Et si la disponibilité offerte par ces deux personnages - clown et colporteur’couleurs - était la réponse la plus pertinente que nous puissions donner aux nombreux problèmes de communication et d’enfermement développés par notre société? ¹Henriette Blandenier propose une initiation au chant spontané répartie sur 4 samedis après-midi (renseignements et inscriptions: +41 32 853 43 66). ²Magali Lehmann Meyrat a découvert le monde des personnes âgées à l’âge de 17 ans. Elle est aujourd’hui animatrice, soignante, clowne et colporteur’couleurs.

Colporteur’ Couleurs Conception du programme: Eddy Blandenier Réalisation: ARC EN JEU, Eddy Blandenier, Magali Lehmann, Corinne Neuenschwander Des séances d’information à l’intention du personnel, sont organisées gratuitement dans tout établissement qui en fait la demande. Le programme comprend une description de la démarche, le visionnement d’une vidée de 20 minutes, la présentation du matériel, une discussion ouverte. Durée de l’intervention: 1 h 30 Des présentations «en situation» sous la forme de visites de Colporteurs’ Couleurs sont envisageables. Une sensibilisation au concept Colporteur’ Couleurs est proposée sous la forme d’une journée de formation. Une formation complète à la pratique du Colporteur’Couleurs est organisée par ARC EN JEU: elle comprend 4 sessions de 2 jours et un accompagnement en institution pour les premières rencontres avec les résidents. Pour tous renseignements: Association ARC EN JEU, rue du Four 5, 2065 Savagnier Tél. +41 32 853 43 66 - 032 724 06 41 Arc.en.jeu@bluewin.ch – www.colporteur-couleurs.ch – www.ateliers-sylvagnins.ch


Du plaisir intellectuel à l’émotion partagée André Baechler, initiateur du projet Handi The Cat

Interview réalisée par Olivier Salamin, psychothérapeute FSP, directeur Asa-Valais

Dire d’André Baechler que c’est un grand personnage serait un peu facile pour décrire cet homme mince et élancé qui avoisine les 2 mètres. Pourtant, ce n’est pas sa taille qui impressionne… Il s’agirait plutôt de cette forme de calme à la fois réfléchi et décidé qui le caractérise. Une fois que vous aurez partagé une franche poignée de main avec lui, sachez que vous avez déjà un pied dans ses projets et que ce pied, il vaut mieux l’avoir marin... Jeune retraité d’une carrière d’animateur pédagogique à la Castalie à Monthey, André Baechler s’est très vite fait remarquer pour son inventivité et son savoir-faire. Fondateur d’Alphalogic, il a développé plusieurs logiciels d’enseignement spécialisé, mais sa passion, il ne vous le cachera pas longtemps, c’est la voile! Initiateur à l’Asa-Valais d’un cours très structuré qui permet à des personnes handicapées mentales de se former aux techniques de la voile, André Baechler entraînera son groupe en septembre dans une régate d’une semaine en Méditerranée. Les plus sportifs rejoindront un club régate qui disputera la part belle aux autres voiliers sur le Léman, les plus «relaxes» rejoindront un club plaisance pour des sorties en week-ends. Plus récemment, André Baechler a permis à l’Asa-Valais de faire l’acquisition d’un catamaran adapté: Handi The Cat. Le bateau permet aux personnes polyhandicapées ou qui disposent d’une mobilité très réduite d’accéder à une activité voile sur le Léman. Vous avez mis votre vie au service des personnes handicapées, diriez-vous que c’est une vocation? Il n’y a guère de hasard dans le choix d’une profession et chacun a un chemin de vie à parcourir. Cela me semble vrai pour tout être humain, quelle que soit son activité et en particulier sa profession. Il reste après la mise à l’œuvre, jour après jour en équilibrant ses choix, ses priorités, ce qui est loin d’être simple. Tant que j’ai du plaisir à faire ce que je fais et que l’élan créatif est toujours présent, c’est que je suis sur le bon chemin. Quelles sont les gratifications personnelles que vous avez tirées de vos activités professionnelles? Depuis le début de ma carrière, le plaisir intellectuel de chercher et de trouver des solutions à des problèmes pédagogiques et techniques m’a toujours stimulé. Mettre en place des moyens d’évaluation, qui rendent compte du chemin positif parcouru et des erreurs commises même lorsque l’évolution est minime et très lente, a un côté grisant, peut-être davantage que si tout est facile et correspond à ce que l’on pouvait prévoir. Depuis plusieurs années, j’accède à une nouvelle dimension plus émotionnelle et plus spirituelle et là non plus, ce n’est pas du hasard si cela m’arrive grâce au contact avec les personnes polyhandicapées qui m’invitent à regarder au-delà des apparences, ce qui ébranle mes convictions d’homme «normal».

Une passion comme celle de la voile peut-elle se résumer en quelques mots? La voile est pour moi une activité de sport et de loisirs qui peut s’adapter à mes états d’âme. Si je recherche le calme, il me suffit de sortir du port et de laisser filer le bateau pour que le stress disparaisse en quelques minutes. Si je cherche le défi, je m’affronte à d’autres concurrents dans un monde où tout est fluctuant et relatif, avec des règles à la fois complexes et interprétables. En mer, et notamment en navigation côtière, il faut tenir compte du vent, des marées, des courants, des dangers de la côte, des signalisations. Lancer Handi The Cat en inscrivant le catamaran au Bol d’Or Mirabaud 2007 c’était un peu fou non? Oui, si on analyse après coup tout ce qui a dû être fait pour y parvenir depuis la mise au point du bateau et de ses adaptations jusqu’ à l’organisation concrète de notre participation à cette grande régate: inscription et jauge du bateau, organiser les changements d’équipage au milieu du lac, contacter les sociétés de sauvetage, s’assurer des relations avec les médias, synchroniser les communications entre tous les intervenants, … Si on se lance dans un tel projet, c’est que l’on a comme une envie irrésistible au départ qui ne fait que s’intensifier chaque fois qu’on y pense et que les premières grandes lignes sont tracées. Après, c’est au jour le jour qu’il faut avancer en sachant qu’on peut compter sur des amis et des personnes de confiance qui feront le maximum pour que le pari fou se réalise. J’ai vécu trois mois de préparation intense où j’ai dû faire l’expérience du lâcher-prise et où «miraculeusement» tout a fonctionné comme il le fallait et quand il le fallait. C’est stimulant, mais cela ne doit pas pour autant devenir une drogue! Alors je reprends un rythme un peu plus cool.


Faire de la voile, ce n’est pas rien! Qu’est-ce qui vous fait dire que le sourire d’un participant n’est pas celui qu’on retrouve parfois comme réponse à un stress intense? Depuis bien de années je me suis aperçu que le fait de partager ses passions a le gros avantage de renforcer son propre plaisir et celui des personnes en relation. L’activité voile est une belle occasion de le prouver et ceci quel que soit le niveau d’autonomie. Je constate des demandes claires de participer aux manœuvres en tenant la barre, en tirant sur un cordage. Pour d’autres, davantage contraints dans leur corps ou leur psychisme, on peut relever une détente significative, des sourires, une attention particulière au passage d’une vague ou lorsque le moteur s’arrête par exemple, voire une manifestation claire d’opposition au moment de l’arrêt de l’activité. En se concertant entre les membres d’équipage, nous arrivons aux mêmes constatations. Ce n’est donc pas que notre rêve, de plaisir et de faire plaisir! Ne nous cachez rien, vous avez déjà 5 ou 6 nouveaux projets sous la manche? Oh! Doucement! Je tiens en premier lieu à assurer le fonctionnement des projets autour de la voile mis en place avec l’aide de l’AsaValais en collaboration avec d’autres organismes, en lançant chaque année si possible une petite aventure. Je vais aussi profiter de ma retraite anticipée pour aborder des activités que je n’ai guère pu explorer durant mon engagement professionnel, notamment la communication facilitée avec des personnes privées de parole. Je me suis formé dans cette approche qui nous pose bien des questions et qui, à mon avis, nous ouvre à une large compréhension de la personne humaine.

Ci-dessus: le catamaran Handi The Cat à Genève (Photo Fabien Hecquet) En haut, à gauche: transfert sur le bateau d’une personne en fauteuil En haut, à droite: participants au Bol d’Or Mirabaud 2007 Les photos qui illustrent cet article sont de Didier Liautaud

Références Alphalogic est un centre de compétence qui a pour but de promouvoir la création et l’application d’outils informatisés au service des personnes handicapées mentales et polyhandicapées, en particulier dans les domaines de l’éveil sensori-moteur, de la communication et de l’autonomie dans la vie quotidienne. Sur son site http://alphalogic.sourceforge.net de nombreux logiciels sont libres d’accès. On y trouve notamment «A moi les paquets!» logiciel d’aide à l’apprentissage de la lecture ou encore «La poule aux œufs d’or» pour l’approche du nombre. L’Asa-Valais est une association qui apporte une aide aux personnes handicapées mentales, en leur proposant une offre de formation continue, de séjours et de loisirs. Handi The Cat est un catamaran équipé de quatre sièges coques et d’un bras de levage qui permet à des personnes en chaises roulantes d’être transférées sur le bateau. Celles qui ne pourraient pas quitter leur fauteuil peuvent également participer puisqu’il est possible de sangler deux chaises roulantes à l’arrière du bateau. Vous pouvez dès à présent réserver des sorties sur le Léman au +41 27 322 17 67 ou via le site Internet www.asavalais.ch

10


Avant de déplacer des montagnes… Fernand Ballestraz, un homme de transports Olivier Salamin, psychothérapeute FSP, directeur Asa-Valais

Foin de grands discours chez Fernand Ballestraz. Des décisions ou, mieux encore, des réponses concrètes aux problèmes du quotidien! Jeune éducateur diplômé, Fernand Ballestraz postule, après une première expérience professionnelle, auprès d’adolescents en rupture, comme enseignant en activités créatrices manuelles. Cette activité lui laissera, comme il dit: «le champ libre pour de nombreux projets d’animations culturelles et sociales dans la région sierroise...» Pourtant, après 19 ans d’enseignement, et pour la première fois de sa carrière, il punit un élève, puis un second la même journée. Il s’interroge, prend une année sabbatique et décide finalement de tourner une page... Fernand Ballestraz ouvre alors un atelier de réparation de moyens auxiliaires. La demande est énorme, le rendement lucratif. Mais là n’est pas la question; tout l’argent est investi dans la création de l’Association Handicap Services. De cette Association découleront bien d’autres projets, dont une école qui a été construite au Burkina Faso et Transport Handicap qui mobilise aujourd’hui 130 chauffeurs bénévoles pour plus de 760’000 km de déplacements de personnes à mobilité réduite en Valais à ce jour... Fernand Ballestraz, vous aviez 3 enfants et vous en avez adopté 6 autres, dont certains en situation de handicap. C’est un choix pour le moins crucial? Le choix d’avoir un enfant est toujours en partie égoïste... Lorsque nous avons voulu un quatrième enfant, nous nous sommes dit avec mon épouse Elisabeth que nous pourrions offrir une famille à un enfant qui n’en avait pas. Nous avons alors réalisé qu’il y avait une liste d’attente, que 50 familles attendaient un enfant suisse à adopter et nous n’avons pas voulu gonfler les rangs… Divali Adoption Service à Genève proposait d’offrir des familles à des enfants handicapés et non d’offrir un enfant à une famille. La démarche nous a plu, et après une discussion avec nos propres enfants, nous en avons accueilli un, trois mois plus tard,

puis 5 autres au fil des années... Créer Handicap Service, c’était un concept, un défi, ou un choix de vie? C’est surtout une réponse concrète aux problèmes sur lesquels nous avons buté avec nos enfants. Nous étions mal desservis et avons rapidement rencontré des difficultés avec les moyens auxiliaires de nos enfants handicapés. Pour réparer un fauteuil, il fallait quasiment se rendre à Bâle! Je me souviens aussi des 16 sorties du mercredi après-midi pour les thérapies, les courses, le sport et les loisirs…Avec mes amis Christian Ballestraz et Alain Perruchoud, nous avons d’abord ouvert un atelier de réparation. Nous avons ensuite investi l’argent gagné dans l’Association Handicap Services pour éviter de faire du business sur le dos des personnes handicapées et mener à bien d’autres projets, notamment des actions de sensibilisation dans les écoles. Enfin, nos deux véhicules familiaux étaient adaptés, mais ils ne suffisaient plus à satisfaire les besoins en mobilité de nos enfants. Et nous avions dans l’idée que, grandissant, ils allaient avoir envie de ne pas toujours dépendre de leurs parents. A la sortie d’une discothèque, on préfère ne pas avoir ses parents dans les pattes... Tout en restant dans une approche pragmatique, vous vous dites donc qu’il faut faciliter la mobilité des personnes en situation de handicap? En 2003, l’Association Handicap Services a créé Transport Handicap et elle a en effet vendu le secteur des moyens auxiliaires à Helios Handicap pour se consacrer pleinement à cette nouvelle activité. Nous avons alors reçu nos trois premiers véhicules de l’Association Emera qui assurait alors des déplacements dans la mesure de ses moyens. Une nouvelle fois, la demande n’a cessé d’augmenter. En quatre années d’existence, nous avons triplé le nombre de nos véhicules et celui des kilomètres parcourus. Le bénévolat joue un rôle considérable dans le bon fonctionnement de Transport Handicap. La participation des bénévoles, je l’avais imaginée 5 ans plus tôt. Aujourd’hui, ce n’est pas moins de 130 chauffeurs béné-

voles qui œuvrent dans l’Association. Nous avons un lien très fort avec cette équipe. Ils fournissent un travail de qualité et sont souvent les confidents des personnes qu’ils déplacent. Nous avons aussi tenu à leur donner les rênes de l’Association. Les bénévoles sont membres de l’Association et prennent les décisions à l’assemblée générale; sept d’entre eux composent également le comité de l’Association. Transport Handicap c’est aussi un effort constant pour trouver des fonds… Nous sommes très soutenus car nous trouvons en effet CHF 250’000.- par année. Les premières années du lancement de l’Association, j’ai beaucoup travaillé avec la presse pour faire connaître notre action. Un article sur l’Association passait tous les quinze jours dans un média régional ou local et je dois dire que les journalistes ont bien joué le jeu. Hormis celui qui m’a demandé mon signe astrologique et qui a ensuite écrit que j’étais fan d’astrologie… Et vous êtes de quel signe? Disons de celui qui est convaincu qu’une plus grande mobilité permet d’acquérir un statut social à part entière… Participer à nouveau alors que ce n’était plus imaginable, voilà le bol d’air que Transport Handicap peut donner. On vous suppose, à suivre rapidement votre trajectoire, que vous ne manquez pas d’autres projets? Transport Handicap a de l’avenir, mais c’est vrai que j’aimerais par exemple favoriser les échanges linguistiques entre personnes handicapées et leur permettre ainsi de voyager… Transport Handicap L’activité de l’Association a pour objectif de favoriser l’intégration des personnes à mobilité réduite dans un environnement social, culturel et familial. Association Transport Handicap, rue de la Piscine 10, CP 4027, CH-1950 Sion 4 Tél. 027 323 9000 – www.transporthandicap.ch CCP 17-366110-2 Témoignage: Ballestraz, Elisabeth. 1991. Ils prendront racine, Fully, éditions Art et Foi.

11


Vieillir ensemble, sur un air de musique

Portraits fraternels: Denise et Claude-Alain Fromaigeat, Genève Laurie Josserand, Insieme Genève

Claude-Alain et Denise sont frère et soeur; elle est responsable de lui, qui vit avec un handicap mental. Ils n’habitent pas ensemble mais cheminent de concert vers ce que l’on nomme le troisième âge. Toutefois, la fraternelle et joyeuse complicité qui les lie n’empêche pas certaines questions de surgir avec acuité, comme celle, récurrente depuis quelques années, de la prise en charge des populations handicapées vieillissantes...

Parfois, quand on entend une chanson comme «Les Vieux» de Brel, on réalise que ce dernier a perçu avec une formidable acuité les craintes, les joies, les rythmes de vie de nos seniors… Toutefois, on a du mal à percevoir la notion de vieillesse chez nos retraités handicapés; on parvient quelquefois à estimer, par leur verbe d’antan, le chemin qu’ils ont parcouru; on hume alors comme un parfum d’éternité… Lorsqu’on rencontre Claude-Alain et Denise Fromaigeat, la notion de vieillesse ou de retraite n’apparaît pas tout de suite. On est surpris par l’étincelle de vie et de complicité qui brille dans leurs yeux, comme deux «frangin-frangine» à l’aube de leur vie; comme si le feu d’un ancien volcan qu’on croyait trop vieux rejaillissait (Ne me quitte pas, J.Brel) pour nous dire que tout n’est pas fini, que tout n’est pas perdu, que la vie est encore devant soi… Tous deux sont pourtant bel et bien retraités. L’un est pensionnaire dans un établissement spécialisé tandis que l’autre vit seule, tout en gardant une chambrette pour le premier; chambrette investie un week-end sur deux par l’intéressé... Par établissement spécialisé, on entend lieu de vie de caractère familial, destiné aux personnes mentalement handicapées. Claude-Alain a travaillé pendant près de quarante ans à l’atelier polyvalent, pratiquement sans aucun jour d’absence. Aujourd’hui, le voilà retraité! Ce qui devait être quelques jours de convalescence après un malaise, s’est transformé en cessation d’activité, car le médecin lui a interdit de retourner au travail! Alors même qu’il refusait de reconnaître des signes de fatigue, il y a trois ou quatre ans, il semble aujourd’hui avoir parfaitement intégré le fait de ne plus avoir d’activité professionnelle. Ce qui était autrefois réservé aux vacances et week-ends est désormais quasi quotidien: d’abord il a un petit temps de lecture au tearoom du village, à l’heure du café. Il prend le temps, après le repas de midi, pour débarrasser la table et la nettoyer, porter les poubelles à la déchetterie du village, à son rythme, très tranquillement. Quand il fait cela, il n’oublie jamais d’observer ce que font les autres autour de lui, de leur adresser éventuellement la parole tout en restant très concentré. L’après-

12

midi, Claude-Alain s’installe dans sa chambre pour «bouquiner», c’est-à-dire qu’il passe en revue sa pile d’«Illustrés», tournant lentement les pages, observant ici et là plus longuement une photo, lisant un titre au passage, selon un rythme immuable depuis des années… Grâce à cette lecture instructive, nous sommes tenus informés de la mort de Mitterrand, de celles de de Gaulle ou du pape ou de la victoire de Servette contre Lugano. Précisons que ClaudeAlain ne se sépare pas des anciens numéros! Denise, confrontée de plain-pied au réel, est aujourd’hui face à un double défi à transcender: l’âge comme expression d’une limite et le handicap comme expression d’une autre limite. Pas question d’abdiquer et de parquer son frère handicapé vieillissant: ce n’est pas parce que Claude-Alain est senior qu’il n’a plus de curiosité et ce n’est pas à cause de son âge que les buts dans l’acquisition d’autonomie, de compétences sont atteints. Elle est alors face à une double question: celle du passeur et celle du lien. Avec toute son expérience de militante sensibilisée aux problématiques du social, de l’équité, Denise ne peut se résoudre à considérer la figure du handicap comme celle de la vie absente, évidée, expulsée d’elle-même (cf. Emmanuel Hirsch). Il lui est impossible d’abandonner Claude-Alain à un état de simple survivant: l’âge d’or, c’est quand on dort… (L’âge idiot, J.Brel). Elle regrette alors qu’aucune activité n’ait été mise en place, ou même à la rigueur un aménagement de son temps de travail. Elle est dans l’attente d’une proposition d’atelier destiné aux aînés par exemple, où il serait possible pour son frère de se réaliser relationnellement, d’être membre à part entière de la communauté ou, comme ce vocable est toujours plus à la mode, de se sentir intégré. Parce que depuis que Claude-Alain est retraité, c’est comme s’il avait été plongé du jour au lendemain dans la vieillesse et non dans la retraite… Elle sait bien que l’absence d’activité accélère le vieillissement chez chacun d’entre nous et à plus forte raison chez les personnes trisomiques, qui n’ont pas les capacités de se créer elles-mêmes de nouvelles occupations, de nouveaux centres d’intérêt et dont la résistance au changement


Fotolia

Quel projet construire pour les populations avec un handicap mental entrant dans l’âge senior?

du tout concerné par la vieillesse! Par ailleurs, comment se sentir âgé avec sa sœur, à déambuler dans tout Genève, à distribuer les tracts pour le parti, à participer aux réunions de féministes dans son «stamm» à Carouge, à se taquiner l’un l’autre comme à l’époque de la guerre des boutons… Leur relation est finalement exceptionnelle car l’asymétrie y est partiellement gommée, elle ne se résume pas à la dialectique de la personne aidée et de la personne aidante, incarnée par l’éducateur; asymétrie qui tend à augmenter, vu l’âge de Claude-Alain. Avec Denise, il partage une relation fraternelle à l’état brut (avec toutefois un caractère asymétrique ponctuel), perceptible dans leurs échanges de regards tant stimulants, qui donnent sens et vie à l’autre. Le handicap est accepté, il tend à devenir possibilité d’aller avec l’autre, de mettre le pas de l’un dans celui de l’autre, de découvrir sa proximité et d’avancer dans l’âge ensemble, comme à l’heure de l’enfance où vieillir, c’était atteindre l’heure du déjeuner (L’enfance, J. Brel)… Et Denise de rêver aux belles années qu’elle a envie de passer avec Claude-Alain, et de croire que le temps est aboli lorsqu’il lui annonce fièrement que Mitterrand est mort...

Fotolia

est très élevée. Il serait donc difficile désormais pour Claude-Alain d’entrer dans une nouvelle logique autre que celle de la retraite: d’abord on lui dit de se reposer et ensuite on le forcerait à reprendre une nouvelle activité. Un tel bouleversement demanderait tout un travail éducatif de préparation, d’autant plus nécessaire que les facultés mentales sont réduites. Car le questionnement de Denise quant à la retraite de son frère outrepasse leur cas personnel: quel projet construire pour les populations vivant avec un handicap mental entrant dans l’âge senior? Leur prise en considération dans les institutions se fera-t-elle aussi longuement attendre que les prémices d’intégration mis en place dans le système scolaire? Néanmoins ce glissement de retraite à vieillesse, Claude-Alain ne le perçoit nullement comme sa sœur: pour lui la retraite est synonyme de grandes vacances après son malaise dans le bus, de farniente, de «bouquiner avec la chaise», bref d’être assis et de lire ses journaux. Et quand Denise le taquine lors de balades, alors qu’il marche lentement, très lentement: «Dis, tu marches comme un vieux!», Claude Alain de rire sous cape et d’accélérer le pas en la regardant d’un air complice et de finir par un «Dis pas de bêtises!»… ou un peu énervé de rétorquer par un «Mais non je ne suis pas vieux!». La notion de vieillesse, pour lui, est synonyme de maladie, de perte d’autonomie ou de capacités physiques: les vieux ne bougent plus, leurs gestes ont trop de rides, leur monde est trop petit, du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit (Les Vieux, J. Brel). On comprend alors aisément qu’il ne se sente pas

13


Des bulles d’oxygène pour revenir à soi et rencontrer les autres…

Anne Chassot, directrice, Centre de formation continue pour adultes avec handicap, Fribourg Marie-Christine Ukelo, formatrice, HEF-TS, Givisiez

Je cours vers mon rendez-vous de 17h00. C’est hier que j’ai eu Anne Chassot au téléphone. Je lui ai parlé de ce numéro de «Pages Romandes» que vous avez entre vos mains, dans lequel il s’agit de présenter une mosaïque de portraits de personnes engagées dans le monde du handicap mental, dans les différents cantons romands. Elle accepte rapidement, tout en précisant que ce n’est pas d’elle qu’elle souhaite parler, mais bien des enseignants, des étudiants et des partenaires qui contribuent à l’existence du Centre de formation continue pour adultes handicapés. Au téléphone, elle a compris d’emblée que «Madame votre serviteur» était «courte» dans les délais; elle s’est montrée immédiatement disponible. Je cours donc… Anne m’accueille avec une poignée de main chaleureuse, un café, dans un bureau impeccablement rangé, mais néanmoins chaleureux, ouvert sur le monde avec une multitude d’affiches qui invitent à aller voir et se voir ailleurs. À bâtons rompus, nous nous lançons immédiatement dans l’interview… Qui prendra rapidement les contours d’un échange en toute simplicité. Ce printemps, le Centre de formation continue pour adultes handicapés de Fribourg a fêté ses 20 ans d’existence. Il faut préciser le contexte favorable sous-jacent à la création du Centre. En 1983, Pro Infirmis suisse lance un projet pilote de formation continue pour adultes à Zürich. D’emblée, une étude de cette expérience est effectuée, qui se révèle positive à tous les niveaux. Cette année-là, la campagne de recherche de fonds annuels de Pro Infirmis suisse est dévolue à la formation continue des personnes handicapées en Suisse. Le premier Centre de formation continue pour adultes handicapés voit le jour dans le canton de Zurich. Cécile Savoy donne vie au Centre de formation continue au printemps 87, avec 3 ou 4 cours. En automne 91, Anne Chassot reprend le flambeau… Aujourd’hui, 20 ans plus tard, 42 cours sont proposés sur une durée de deux semestres et 60 enseignants sont mobilisés sur des temps partiels. Les cours sont fréquentés par 300 étudiants en moyenne par année. Le 1er support juridique du Centre a été Pro Infirmis Fribourg. Au 1e janvier 91, le Centre est devenu une fondation. Bien que ce projet ait été au départ soutenu sur le plan suisse, chaque Centre de formation continue présente des particularités, qui sont liées aux contextes culturels, légaux, juridiques et politiques dans lesquels les Centres sont implantés. Fribourg présente trois particularités: - Le bilinguisme: en effet, le canton étant bilingue, les cours sont dispensés en alle-

14

mand et en français. De plus, certains cours sont même donnés dans les deux langues. - Sur le plan légal, il existe la loi du 20 mai 19861, garantissant le déficit d’exploitation des institutions spécialisées2. Dans d’autres cantons, ce financement n’existe pas sous cette forme. - La collaboration avec un Centre ordinaire de formation continue, l’Ecole-Club Migros de Fribourg, qui permet une mobilité pour des chaises roulantes dans l’ensemble de son bâtiment, a permis une ouverture sur de nouvelles possibilités. Questions d’avenir: la loi du 20 mai 86 sera-t-elle remise en question? Comme le Centre est régi sous le couvert de l’article 74 de la LAI3, il ne devrait en principe pas être concerné par les répartitions qui seront mises en place dans le cadre de la nouvelle péréquation financière. Depuis l’an 2000, le Centre de Fribourg a signé un contrat avec Pro Infirmis suisse pour ce qui est de la négociation des mandats de prestations avec l’AI (durée de 3 ans).

Un travail de partenariat; une toile tissée par et pour des liens solides et durables au fil des années Anne Chassot tient beaucoup à ce partenariat avec les institutions, les professionnels du terrain et l’entourage direct de l’étudiant. Il s’agit d’être en lien, tout en gardant chacun son indépendance. Il ne s’agit pas d’un partenariat au niveau du discours, mais bien d’un lien qui s’est construit dans le temps, qui permet aujourd’hui que les

interlocuteurs se connaissent, connaissent les besoins des uns et des autres. Durant toutes ces années et encore aujourd’hui, Anne Chassot s’est attelée à faire passer le message de la nécessité de la formation continue des personnes handicapées, afin qu’elles puissent développer les compétences leur permettant d’accroître leur autonomie. Elle s’est octroyé les moyens de donner une forme à ce fil rouge qui soit en cohérence avec ses valeurs. Ainsi, les cours sont toujours donnés à l’extérieur des institutions spécialisées, dans des lieux publics. Elle trouve important que les cours, ces bulles d’oxygène, puissent être un réel espace pour l’étudiant, lui permettant de vivre des moments en dehors de sa quotidienneté institutionnelle, «à l’abri» des regards «spécialisés» sur son comportement et ses attitudes. Comme dit Anne Chassot: «Une bulle, c’est transparent, elle émet autour d’elle. Quand on est à l’intérieur de celle-ci, on ne perd pas le contact avec l’extérieur, mais c’est un temps où l’on est complètement dans cet espace-là. C’est une heure qui doit être un temps privilégié pour eux, en dehors des soucis quotidiens, qui peut leur permettre de faire le vide pour sortir plus léger». Le partenariat se légitime aussi par la nécessité d’expliciter régulièrement le sens des actions et des valeurs y relatives, afin que les différents partenaires puissent faire leur choix en toute connaissance de cause. Anne Chassot tient fortement au partenariat, qui permet la connaissance et la reconnaissance des limites de chacun et situe l’offre du Centre de formation en complémentarité avec les offres institutionnelles: «Il s’agit d’autre chose!»

Des bulles, des bulles, encore des bulles…

Anne Chassot, en tant que directrice à 85% et pour des raisons structurelles, est omniprésente… Son cahier des charges en effet stipule la gestion et l’organisation des cours, le suivi pédagogique des enseignants. Elle est partout, tout en ayant la capacité de se voir comme une des pièces d’un rouage où chacun met sa pièce à l’édifice pour que


cela fonctionne. «Ne jamais se prendre la tête, car on n’est jamais qu’une pièce du puzzle». Elle se considère plutôt comme un point de ralliement. Ainsi, elle visite une fois par année l’ensemble des cours (il y en a 42), organise deux soirées par année pour que les enseignants se rencontrent et échangent autour de leurs expériences. Les cours ayant lieu essentiellement le soir, c’est après sa 1re journée, qu’Anne Chassot poursuit son travail sur le terrain, à la rencontre des étudiants et des enseignants. Engagement total, qui la mobilise énormément, mais qui la ressource également, tant elle s’estime chanceuse du parcours professionnel qu’elle a pu faire. L’engagement est total, elle le dit; en même temps, c’est en parlant de cet engagement, de la rencontre avec les personnes que ces yeux brillent, qu’on sent qu’elle se réchauffe et se ressource à ce soleil: «Cet investissement, c’est aussi mon moteur. Je suis passionnée par ce que je fais».

Un parcours en alternance…

Lorsque je demande à Anne Chassot d’évoquer le parcours qui l’emmène vers le Centre, je sens qu’on ne va pas faire long sur le sujet… J’ai envie de savoir néanmoins, quel est le déclic, le point de départ, ou le chemin, qui fait souvent sens après-coup, qui la conduit à la tête du Centre, mais surtout qui la mobilise au quotidien dans son travail. Elle a fait son école normale, le brevet d’enseignement primaire, secteur dans lequel elle a enseigné ensuite quelques années. D’emblée, elle perçoit chez elle une «attirance», un intérêt pour les enfants en difficulté. Ce souci d’offrir un accompagnement adapté à ces enfants va la conduire à poursuivre des études dans le champ de l’enseignement spécialisé, afin d’apporter

une aide plus spécifique aux enfants en difficulté. Après les études à l’institut de pédagogie curative (IPC), elle enseigne durant 11 ans dans les classes spéciales. Enfin, se profile pour elle une opportunité au Secrétariat Suisse de Pédagogie Curative4 à Lucerne, en tant que déléguée romande. Ce lieu, elle le considère comme une riche étape dans son parcours, autant au niveau personnel que professionnel, comme une possibilité de prendre du recul par rapport au terrain, de faire de la formation continue professionnelle, puis de revenir ensuite sur le terrain avec une vision très enrichie globalement par rapport au monde du handicap: approches diversifiées, politique sociale, etc.

La rencontre avec la personne adulte présentant un handicap…

Un défi pour Anne, à ses débuts à la tête du Centre de formation continue: la rencontre avec la personne adulte handicapée mentale. Un constat: «Ce sont des personnes comme tout le monde, avec les mêmes émotions, les mêmes sentiments, mais une façon différente de les gérer en raison de leur particularité…» Il ne s’agit pas là d’un regard naïf sur les personnes niant toute forme de handicap, mais bien d’un regard empli d’humanité, sur des personnes vivant une réalité particulière. Anne précise sa pensée: «La connaissance du handicap est importante, non pas pour enfermer la personne et la stigmatiser, mais pour que les professionnels puissent adapter leur encadrement à la personne et à ses besoins». La rencontre avec ces personnes si différentes et si semblables à la fois est un véritable bonheur émergeant aussi dans le cadre de la formation continue. L’espace de liberté qui est proposé, est une véritable bulle d’oxy-

Le canton de Fribourg et le Centre de Formation Continue Mis sur pied par Pro Infirmis en été 1987, le Centre de Formation Continue pour adultes handicapés mentaux du canton de Fribourg devient la Fondation pour la formation Continue pour personnes handicapées mentaux du canton Fribourg devient la Fondation pour des personnes handicapées adultes en 1990. Elle est reconnue par l’Etat de Fribourg en décembre de cette même année. La Fondation reçoit le prix 1997 fribourgeois d’encouragement à la formation des adultes.

gène tant pour les étudiants que pour les différents partenaires du projet. Cet espace de liberté, nécessite un certain nombre de contraintes, afin que chacun puisse profiter pleinement de cet espace. Ainsi, pour être engagés, les enseignants doivent répondre aux critères suivants: être spécialistes de la branche enseignée, posséder des formations et/ou de l’expérience de la formation si possible aux adultes et avoir des connaissances, formations et/ou expériences dans le monde du handicap. D’autre part, il faut que l’étudiant soit en mesure de s’intégrer à la vie d’un groupe. Anne Chassot est en questionnement depuis des années par rapport aux personnes qui présentent des handicaps très importants: «Qu’est-ce qui pourrait leur être offert en groupe, compte tenu des besoins d’accompagnement individualisé liés à leur handicap?» L’acceptation des limites de ce que peut réellement offrir le Centre de formation permet d’éviter la naissance d’illusions et de déceptions aux différents partenaires; mais Anne Chassot tient cependant à préciser: «La porte est toujours ouverte pour essayer». C’est ce cadre qui permet cet espace de liberté. Un minimum d’information passe de l’intérieur de la bulle vers l’extérieur et réciproquement. Les informations qui permettent d’assurer la sécurité de la personne et du groupe sur un plan physique et psychologique peuvent être échangées et discutées. L’étudiant arrive en quelque sorte vierge de tout regard spécialisé le définissant, lui permettant peut-être de se voir différemment dans le regard des autres et de lui donner ainsi des conditions et des possibilités d’apprendre.

Simplement la vie…

Nous abordons la question des étudiants, qui sont souvent des fidèles du Centre. Quand je demande à Anne Chassot si elle constate des évolutions chez les étudiants, d’emblée elle tient à soulever un élément important: les personnes qui s’inscrivent aux cours aujourd’hui en tant qu’adultes, sont des personnes qui ont eu tout un parcours auparavant, suivi par des inter-

15


venants, des parents qui leur ont permis de développer des compétences et devenir ce qu’ils sont devenus aujourd’hui. Elle rend hommage à ces éducateurs et ces parents pour ces immenses investissements. C’est une constante durant l’entretien avec mon interlocutrice du jour… Mettre en perspective le présent, avec son passé, et son devenir… Reconnaître le travail de chacune et de chacun. Pour revenir à la question, oui, bien sûr, elle a eu la joie de constater des évolutions chez les personnes. Elle remarque aussi que les étudiants amènent plein de choses aux enseignants, ainsi qu’à elle-même… Finalement, tout le monde met sa pièce à l’édifice, afin que la bulle fasse son plein d’oxygène. Une anecdote qu’Anne Chassot raconte volontiers: chaque année, un certain nombre de cours varient, d’autres s’arrêtent, de nouveaux émergent afin de motiver les étudiants à découvrir d’autres choses. Il se trouve, qu’une année, un groupe d’étudiants n’étant pas d’accord avec la suppression d’un cours, s’est organisé pour faire circuler une pétition pour que ce cours se poursuive. Les étudiants n’étaient pas tous dans la même institution… Elle parle aussi des contacts qui ont lieu entre les étudiants… La formation de couloir dans laquelle les rencontres se prolongent au-delà du contenu du cours. Ainsi des petites histoires s’installent, des amitiés naissent. Toute une vie engendrée par la formation continue. «Une bulle d’oxygène, c’est une bulle de vie, profitons de tout ce qu’elle nous offre». Depuis toujours, Anne Chassot insiste pour que l’éventuel futur étudiant prenne lui-même contact avec le Centre de formation continue pour s’inscrire à un cours. Cette démarche est en adéquation avec ce qui est visé par le Centre: un acte d’autonomie, lors duquel l’étudiant est acteur au maximum de ses possibilités. De façon générale, elle constate avec plaisir que le regard porté sur la personne handicapée a progressivement évolué au fil des années. Déjà au niveau du discours, l’accent est mis sur les potentialités de la personne handicapée, et non plus uniquement sur les difficultés liées à leur handicap. Bel héritage de Feuerstein entre autres…

Le Centre de Formation Continue Pour qui ? - Pour toute personne handicapée mentale de plus de 18 ans. Pourquoi ? - Pour continuer à apprendre; - Pour maintenir et développer les connaissances acquises à l’école et poursuivre un développement personnel et culturel; - Pour continuer une formation pratique en vue de devenir plus indépendant dans la vie quotidienne; - Pour rencontrer d’autres personnes. Où ? - À Fribourg: cours en français et bilingue français-allemand; - À Bulle, Romont, Estavayer-le-lac et Châtel-St-Denis: en français; - À Tavel et Morat: en allemand; - Dans différents lieux de formation mais en dehors des institutions. Comment ? - 1 programme par année scolaire; - 43 cours de 1 à 3 heures par semaine selon les thèmes; - 1 ou 2 enseignants par cours appliquant une pédagogie spécialisée; - 5 à 10 participants par cours; - Les lieux de cours sont accessibles aux personnes se déplaçant en fauteuil roulant. Organisation -Les participants s’inscrivent une fois par année, en automne, pour un ou plusieurs cours; - Chaque participant reçoit au plus tard une semaine avant le début du cours, une lettre du Centre de formation continue avec les renseignements utiles pour le cours choisi. Le Centre offre cette année 6 cours organisés en collaboration avec l’Ecole-Club Migros. Centre de Formation Continue pour adultes handicapés Rue de Locarno 3 1700 Fribourg Tél. 026 322 65 66 Fax 026 3341 76 66 E-mail : cfcfribourg@bluewin.ch

Des rêves … En toute simplicité

Quand on parle du futur, Anne fait forcément le lien avec le présent: «Que la reconnaissance qui existe aujourd’hui continue. Que le Centre, avec sa ligne, qui est quelque chose de simple, puisse poursuivre, car il correspond vraiment à un besoin. Que l’engagement des différents partenaires perdure». La pérennité du projet du Centre est aussi liée au regard que l’on porte sur cette structure et ce qu’elle implique. Ces bulles d’oxygène qu’offre le Centre de formation continue aux étudiants peuvent en faire émerger une quantité d’autres. En guise de rappel: l’oxygène, c’est la vie… Je sors de mon rendez-vous avec Anne Chassot. Le temps semble s’être arrêté. Je crois bien l’avoir vécue de l’intérieur, cette bulle; comme un espace qui ouvre, qui permet de découvrir, en toute simplicité. Trois appels en absence sur mon natel, je suis en retard... Je reprends ma course.

16

Loi du 20 mai 1986 d’aide aux institutions spécialisées pour personnes handicapées ou inadaptées Loi du 20 mai 1986, art. 7, Contribution des pouvoirs publics 3 Art. 74: Associations d’aide aux invalides et centre de formation de personnel spécialisé L’assurance alloue aux associations centrales de l’aide privée aux invalides et aux organismes formant des spécialistes de la réadaptation professionnelle des subventions pour l’exercice des activités suivantes, en particulier:183 a. Conseiller et aider les invalides; b. Conseiller les proches d’invalides; c. Favoriser et développer l’habileté des invalides en organisant des cours spéciaux à leur intention. d. Former et perfectionner le personnel enseignant et spécialisé dans l’assistance, la formation et la réadaptation professionnelle des invalides. 4 Aujourd’hui nommé Centre Suisse de Pédagogie Spécialisée 1 2


Dépasser le discours sur l’égalité Portrait de Georges Rais, Delémont

Noémie Pala, étudiante en travail social HEF-TS

«Rien ne se crée sans une équipe, des collaborations multiples et une volonté politique, en suivant un principe de permanence d’action, conduite avec des personnes en situation de handicap». Tels sont les propos de Georges Rais, militant actif auprès des personnes en situation de handicap. Intéressé dès ses débuts professionnels à la prise de décision des personnes handicapées, il co-écrivit avec Jean Hoffmeyer un livre sur ce thème (voir encadré ci-dessous). Passionné par l’idée de donner à la personne des moyens d’autodétermination, d’autonomie, d’indépendance et de décision, il s’intéresse à promouvoir chez la personne handicapée, la capacité réelle de diriger sa vie. Le principe d’égalité se traduit pour lui par l’autodétermination et par les moyens qui permettent à la personne en situation de handicap de prendre en main sa destinée.

Georges Rais est né en 1939 à Delémont. Marié et père de trois enfants, il entreprend une formation d’instituteur, puis d’enseignant spécialisé. Par la suite, il suivra une formation de superviseur en travail social et obtiendra sa licence en pédagogie curative à l’Université de Fribourg. Son parcours professionnel débute dans l’enseignement primaire. A 29 ans, il devient directeur du Foyer jurassien d’éducation à Delémont (actuellement Fondation Pérène) qui accueille des enfants en situation de handicap mental. Il effectuera ses dernières années professionnelles en tant qu’adjoint au chef du Service de l’enseignement de la République et Canton du Jura. Georges Rais mène en parallèle plusieurs activités politiques. Il sera notamment député libéral-radical au Parlement jurassien et co-président de l’Assemblée interju-

rassienne. D’autres mandats ayant trait à la pédagogie lui seront également confiés sur le plan romand et fédéral. Tout au long de sa carrière professionnelle, et encore actuellement, il rédige plusieurs ouvrages et articles en lien avec le handicap. Actuellement, supervisions, mandats, appuis techniques auprès de directions d’institutions jurassiennes, suivis de mémoires d’étudiants, jalonnent la retraite de Georges Rais. Ces activités lui permettent d’être en phase avec les exigences des écoles sociales notamment, mais cela l’oblige également à lire, à s’intéresser et à être d’une certaine manière au front de l’innovation pédagogique. Après plus de 40 ans d’expérience, le but de sa relation avec les personnes en situation de handicap est de contribuer à la mise en place de moyens pour qu’elles puissent participer effectivement à la prise de décision en des lieux qui les concernent.

La prise de décision

Jean Hoffmeyer, Georges Rais, Editions Delval, Cousset, 1990 Chaque jour, la plupart des individus prennent un certain nombre de décisions, le plus souvent inconscientes, qui déterminent leurs actions. En fait, chaque acte de la vie quotidienne est le résultat d’une décision. Généralement mini-décisions qui n’engagent qu’une partie de l’être, mais aussi parfois grandes décisions, qui orientent d’une façon décisive la vie professionnelle, sociale ou affective. La faculté de prendre des décisions est-elle innée? Peut-on, dans un cadre institutionnel, créer les conditions d’apprentissage favorisant la prise de décision individuelle et collective? Les enfants en situation de handicap mental ont-ils des moyens intellectuels suffisants pour prendre des décisions conscientes et anticiper sur leurs résultats? Le problème pour nous est moins de savoir si les enfants en situation de handicap qui nous sont confiés sont capables de prendre des décisions, que de définir une stratégie permettant de les aider à agir sur leur environnement d’une manière consciente. Il nous a paru nécessaire, au premier abord, de définir le plus précisément possible ce qu’est une prise de décision, et quels en sont les mécanismes. Notre travail passe donc par une longue incursion dans les domaines de l’économie et de la politique, là où la décision a fait l’objet des études les plus avancées, pour des raisons évidentes d’efficacité, pour ses répercussions directes sur le développement de l’entreprise industrielle ou politique.

Nous avons également cherché à savoir si les théories de la décision établies par ces milieux ont marqué de leur influence la pédagogie actuelle. Il nous a fallu également trouver un champ d’action qui nous permette de mettre en pratique les théories apprises. En général, le cadre institutionnel dans lequel s’inscrit toute action pédagogique est une salle de classe. Les situations pédagogiques sont le plus souvent des simulations de la réalité. Les enfants en situation de handicap mental, à personnalité souvent fragile, ont plus que d’autres des difficultés de positionnement par rapport au réel. Un travail constant doit donc être fait par rapport à la différence entre la réalité et la représentation. Le cadre de travail idéal devrait donc être un lieu d’apprentissage qui se confonde le mieux possible avec la pratique d’une situation réelle, dans un milieu extra-scolaire, permettant de prendre des décisions, de les concrétiser et d’en évaluer les effets. Une première étape importante dans cette direction a été franchie par l’achat d’une ferme à rénover sise à proximité du village de Saulcy (…) Un des objectifs essentiels de la démarche, à moyen et long terme, vise à définir des stratégies de prise de décision transposables à d’autres situations de la vie courante. Malgré les limites de nos élèves, exprimées en termes de situation de handicap mental ou de stade de développement affectif et socio-comportemental, notre démarche part de l’hypothèse suivante: tous les élèves peuvent améliorer leur aptitude à prendre des décisions.

17


Georges Rais

Regarde voir...

Il ne s’agit pas pour Georges Rais uniquement d’accueillir les personnes dans des groupes où se prennent des décisions, comme il le pensait au début de sa carrière, mais de leur donner les moyens de faire valoir leur point de vue et d’influencer la conduite du groupe. Pour ce faire, il met en avant le concept de facilitation qui se différencie de celui de médiation. Georges Rais définit le facilitateur comme une courroie de transmission qui se met au service de la personne en situation de handicap pour qu’elle puisse exprimer sa propre opinion, même si c’est un point de vue qui est contraire à celui qui prévaut dans le milieu. Lorsque Georges Rais co-écrivit son livre sur la prise de décision, il ne connaissait pas encore ces différentes notions auxquelles il adhère fortement actuellement. Aujourd’hui encore, il s’investit auprès de différents partenaires tels que le groupeconseil de la formation continue de Pro Infirmis Jura. Il contribue à y promouvoir les concepts de participation et de facilitation qui pour lui représentent la base de l’intégration des personnes en situation de handicap. «C’est en me trempant régulièrement dans des actions de formation continue auprès de personnes en situation de handicap mental que je me découvre des convergences, je dirais même des complicités qui me confortent dans la conviction qu’il faut dépasser le discours sur l’égalité pour œuvrer concrètement à l’autodétermination, à la conquête d’un espace d’expression et de liberté pour chacun.»

18

Festival de Montreux, musique-passion, suspension du temps et de l’espace pour vibrer intensément quand monte l’hymne à la beauté. Sur scène, c’est le pianiste de génie Michel Petrucciani acclamé par des gens bouleversés, enthousiastes, debout pour honorer cet homme qu’en d’autres temps la classification des handicaps aurait typé dans le nanisme difforme. Et subitement, en miroir, musicalement en contrepoint si vous voulez, surgit en ma mémoire mon image de l’enfant différent, celle qui naquit et s’épanouit en moi sur la longue route des vingt-trois ans qu’avec ma famille, j’ai passés dans leur maison. D’un côté du miroir, ce que la très sérieuse science inexacte de la psychopédagogie s’efforce de donner à voir dans les tests, les typologies, les sémiologies, les échelles de ... (ajouter les noms des éminents inventeurs de toutes ces mesures qui forcément ont un bas et un haut). En d’autres termes, autant de considérants qui portent sur l’écart à la norme, sur le manque, enfin sur le handicap. De l’autre côté du miroir sans tain, ce qui n’a pas de nom, le non-dit. Ce sont des paillettes dans le regard, des vulnérabilités extrêmes à cœur découvert, les mille facettes d’une larme, la résonance d’un soupir. Tant de choses qui pénètrent plus profond, dans la sphère émotionnelle, là où joie et tristesse se livrent duel, depuis que l’homo même non sapiens existe. Mais ne vous y trompez pas, c’est de cela que joue Michel Petrucciani; les notes qui s’échappent de son piano percent les carapaces, vont droit au cœur, atteignent au paroxysme du partage d’un même amour de la vie. Retour chez les scientifiques. Surfant en dilettante sur le web, je tombe l’autre jour dans un site (on dit comme cela en langue www) qui pourrait bien concilier un peu la méfiance que j’ai acquise à voir mesurer les différences et mon espoir que ce soit les valeurs affectives qui rapprochent ou du moins différencient les humains. On y décrit les déconvenues des capitaines d’industries et d’autres grandes nefs constatant que certains de leurs cadres et collaborateurs, tous très qualifiés sur les plans technologique et scientifique, échouent lamentablement dans l’entreprise. Au nombre des causes de l’échec, l’incapacité de travailler en équipe, le manque de confiance dans l’autre, l’absence d’estime de la

personne, la sécheresse de cœur qui bloque le partage d’une émotion. Deux clics (ça c’est la souris qui le fait) plus loin se trouve un élément de réponse qui, ma foi, m’interpelle: on a mis au point un test qui rend compte de la qualité des affects; le quotient émotionnel nouveau est arrivé. Je souhaite longue vie au quotient émotionnel parce que, un peu grâce à lui bien sûr, mais surtout grâce à un vaste mouvement auquel participent tous les Michel Petrucciani, nous pourrons bientôt comprendre ce que veut dire depuis des dizaines d’années le grand scientifique Albert JACQUARD: «La leçon première de la génétique est que les individus, tous différents, ne peuvent être classés, évalués, ordonnés; la définition de races, utile pour certaines recherches, ne peut être qu’arbitraire et imprécise; l’interrogation sur le moins bon et le meilleur est sans réponse.» Il suffit d’y croire pour imaginer et mettre en pratique ce qui découle de ce nouveau regard sur la personne différente. Par exemple, le concept de valorisation du rôle social consiste à rechercher les stratégies permettant de positiver l’image de soi en utilisant, dans la communauté, des moyens culturellement appréciés. C’est exactement ce que fait le Foyer LES CASTORS à travers ses ateliers, son livre, son exposition et ses rencontres sur le thème du regard. Ainsi la société doit apprendre à accueillir toutes les personnes, à égalité de considération, mettant en œuvre les moyens de différenciation permettant à chacune et chacun de se reconnaître utile à la communauté et de s’y épanouir. Il s’agit donc d’un changement d’attitude inscrivant en éloge de la différence (c’est sous ce titre qu’Albert Jacquard a écrit ce qui précède) ce qui apparaissait naguère comme handicap dans une échelle des valeurs.

Albert Jacquard: Eloge de la différence, p. 207. 1978. Ed. du Seuil 1

Georges Rais, Regarde voir, publication sous l’égide du Foyer Les Castors, Porrentruy, Editions Le Pays, Porrentruy, 1999


Accompagner les personnes en situation de handicap Formation des encadrants en Suisse et en Europe

Norbert Genoud, responsable du projet ACERISH, FOVAHM, Saxon

Depuis deux ans, la Fondation valaisanne en faveur des personnes handicapées mentales (FOVAHM) participe activement à un projet pédagogique européen Leonardo da Vinci intitulé ACERISH2: Améliorer les Compétences des Encadrants, Renforcer l’Intégration Sociale des personnes Handicapées.

La société actuelle se caractérise par l’exclusion de nombreuses personnes. Cette exclusion est encore plus aiguë pour les personnes adultes en situation de handicap qui représentent selon l’OMS 10% de la population en général soit environ 45 millions de personnes dans l’Union européenne et en Suisse. Si dans chaque pays européen une prise en charge éducative pour les enfants en situation de handicap mental existe, en devenant adultes, ils ont moins accès aux structures éducatives. Dans différents établissements, que ce soit des Centres d’aide par le travail, des logements indépendants ou des institutions spécialisées, leur autonomie par l’éducation et la formation est la préoccupation principale du personnel encadrant. Voilà pour le contexte du projet.

ACERISH2, le projet européen Les partenaires réunis dans ce projet ont acquis des expériences pertinentes dans les contextes de la «vie quotidienne» et de la «vie professionnelle» en permettant aux personnes en situation de handicap de pouvoir réutiliser les savoirs acquis; par exemple la compréhension et l’expression à l’aide de supports écrits et oraux, le développement des capacités en calcul, l’acquisition des savoir-faire en relation avec des situations de la vie quotidienne et professionnelle. Pour que l’autonomie puisse exister concrètement, il faut renforcer ces savoirs de base et donner aux personnes en situation de handicap mental la possibilité de développer les compétences nécessaires à leur réalisation personnelle et à leur vie citoyenne. En tenant compte du degré de handicap, l’autonomie peut être d’organiser sa journée, de faire ses courses, de s’occuper d’animaux, de répondre à des questions, de donner des informations, de se déplacer dans un quartier ou dans une ville,

de prendre le bus... bref, de maintenir ou de développer les acquis. En effet, les personnes handicapées sont des citoyens comme tous les autres et ont les mêmes droits et obligations. Or les barrières qui sont mises à leur formation empêchent souvent l’exercice de leurs droits.

Les objectifs Le projet ACERISH2 vise à améliorer les compétences des encadrants qui interviennent dans le renforcement de la capacité d’intégration sociale des personnes handicapées. Ils sont peu préparés à ce rôle car ils sont en général de formation technique ou médico-sociale et peu centrés sur les savoirs fondamentaux ou la pédagogie adaptée aux personnes handicapées. Pour cela le projet a construit des outils et des méthodes permettant aux personnels spécialisés d’améliorer leurs pratiques professionnelles, d’en découvrir de nouvelles et d’accroître les connaissances théoriques nécessaires à l’exercice de leurs métiers. Ainsi le projet a intégré des personnes ressources émanant de milieux universitaires afin d’aider les professionnels à formaliser leurs pratiques.

Les résultats Les produits qui ont été élaborés au cours du projet seront exposés lors du séminaire, ils se déclinent ainsi: - «Typologies du handicap dans les pays participants»; - «Etude comparative sur la validation des acquis professionnels des encadrants»; - «Pratiques d’autonomisation sociale et/ou professionnelle»; - «Proposition de validation des compétences des encadrants».

Le Consortium européen est composé de: AGORA (FR) – Marie Curie Association (BG) – Instituto Valenciano de Atencion a los Discapcitados (ES) – Cat Apajhe De Larmor-PlageAT (FR) – Baranya-Megyei Ônkormanyzat Fogyatekos Személyek otoia (HU) – Kaposvàri Egyetem CSVM PFK (HU) – Høgskolen I Agder (NO) – University of Lôdz The Department of Special Education (PL) – Volunteer Centre North Lanarkshire (UK) – FOVAHM (CH) 19


Les dix compétences-clés à acquérir en situation professionnelle Selon l’étude ACERISH2, voici les 10 compétences-clés les plus souvent citées par les encadrants de personne en situation de handicap. Cependant leur pondération varie selon si l’encadrant travaille dans un domaine social, sanitaire ou éducatif. Connaissances de base du métier Leur maîtrise est nécessaire pour dominer les bases de l’activité de chaque personne, comme représentant les connaissances indispensables ou essentielles qui comptent pour construire la dynamique propre de cette activité. Ceci est à comparer au ciment d’un édifice avec lequel chaque architecte peut développer des structures différentes. Ces connaissances permettent aux personnes de communiquer dans le même langage et avec une compréhension et une interprétation semblables. Il s’agit en pratique d’un standard commun, qui soutient la créativité individuelle et l’initiative personnelle de chacun. Aptitude à la communication interpersonnelle Ceci se réfère à un ensemble de compétences qui permettent la communication avec d’autres personnes et d’autres groupes. Elles requièrent de l’intelligence émotionnelle et de l’imagination, conduisant à la création de relations positives avec toute personne possédant ces aptitudes. Ces aptitudes représentent la capacité de se mettre à la place des autres et de prendre en compte leur point de vue, tout en en proposant un soi-même. Ces aptitudes autorisent les personnes à pratiquer la critique constructive sans risque d’endommager la bonne compréhension et l’entente entre les parties, et de défendre ses idées propres tout en étant flexible et respectueux des idées d’autrui. Cette aptitude conduit, en conséquence, à créer des liens de qualité entre personnes, liens favorables aux synergies. Elles accélèrent le transfert d’objectifs au sein des groupes et organisations, et favorisent le travail de groupe. Gestion des conflits On rencontre souvent des situations pénibles ou faites d’incertitude, dont il est difficile de sortir, conduisant à une série de circonstances ou de faits qui rendent nos objectifs difficiles à réaliser. L’aptitude à résoudre des problèmes peut donc s’avérer essentielle dans de telles situations. Sur la base d’une série de propositions ou d’infor-

20

mations, les personnes doivent déterminer comment obtenir tel résultat. Cela faisant, il est important de développer différentes alternatives dans le but de poser chaque problème et de le clarifier. Cela implique la capacité de choisir entre diverses possibilités, que nous devons être capables de formuler, en évaluant dans quelle mesure chaque solution envisagée est réaliste et applicable; il faut donc savoir poser le bon choix et expliquer les conséquences de nos actions. Finalement, il faut pouvoir vérifier si le problème initial a bien été résolu ou non. Tout cela nécessite de remettre en question nos propres ressources et d’adhérer nous-mêmes à l’une des solutions proposées. Communication orale et écrite dans sa propre langue Il s’agit de l’aptitude à transmettre l’information par le moyen d’un code oral ou écrit, d’une manière aisément compréhensible par l’interlocuteur. Les ressources allouées en ce sens sont normalement utilisées à mettre des personnes ou des organisations en contact les unes avec les autres, en s’assurant que la transmission ou la réception d’un rapport ou d’un document entre elles soient adéquates. Cette aptitude, bien que paraissant par certains côtés évidente, est la clé pour réunir des forces et établir des synergies entre les membres d’un groupe ou d’une organisation. Cette aptitude est d’une importance vitale, au niveau individuel comme au niveau corporatif. Des capacités optimales de communication impliquent différents facteurs techniques et comportementaux, qui peuvent être améliorés par la pratique. Prise de décision Les différentes structures impliquées dans notre développement professionnel nous obligent souvent à prendre une décision ferme ou à poser, sans hésitation, un choix dans nos actions. Cette capacité prévient l’immobilisme en permettant de définir des procédures qui puissent aboutir à une solution satisfaisante. L’indécision est un obstacle aux nouvelles opportunités et est également un frein au règlement des questions courantes. D’autre part, une prise de décision aisée renforce la clarté des situations et renforce le travail de groupe comme le perfectionnement personnel. Les gens tombent ordinairement dans le piège classique de demander ou trop ou trop peu d’informations avant de prendre une décision spécifique. Il est donc important de bien peser les paramè-

tres avant de prendre une décision, mais jamais superficiellement ni inutilement trop en profondeur. Capacité d’adaptation à des situations nouvelles C’est la capacité à se confronter à des situations nouvelles, d’une manière flexible et ouverte, dans le but d’accepter les changements et situations nouvelles avec une approche positive et constructive. Les individus qui ont cette capacité acceptent et s’adaptent facilement aux changements, les considérant d’une manière flexible, tout en promouvant l’innovation. Cela requiert une perception adéquate des éléments nouveaux qui apparaissent constamment, ainsi que l’acceptation de leurs différences. Cela suppose un effort de restructuration des approches initiales, ainsi qu’une volonté active de s’adapter aux nouveaux besoins et nécessités. C’est évidemment indispensable dans l’environnement et la société d’aujourd’hui en perpétuel changement. Intérêt pour la qualité Cela suppose un engagement de la personne à faire les choses comme il faut avec un désir constant de s’améliorer. Ce qui caractérise les personnes qui possèdent cette aptitude est qu’elles réalisent leur travail un peu mieux jour après jour, même si cela suppose de travailler d’avantage. Elles ne sont pas satisfaites des situations acquises et essaient en permanence de les améliorer. Ces personnes ne vont pas accepter la médiocrité et souhaitent en permanence atteindre à la perfection. Travail de groupe Cela inclut les fonctions exécutées en liaison et coordination avec différentes personnes ou structures. L’école requiert et active la capacité d’organisation et de communication afin qu’une telle communication puisse s’établir. C’est une nécessité quasiment omniprésente dans la société d’aujourd’hui où l’individualisme et la capacité personnelle individuelle ont créé la voie des synergies de groupe, voie en plein développement. Cela réclame, comme faisant partie de l’activité elle-même, une attitude réceptive et ouverte à la discussion, ainsi que d’être prêt à écouter. Cela suppose de constants enrichissements et ajustements de ses propres décisions afin d’être intégré au groupe, pris dans son entier. On pourrait penser, en principe, que cela retarde la réalisation des objectifs; en réalité, une vision à plus long terme montre que la contribution de chaque membre du groupe est ainsi augmentée.


C’est donc bien là une capacité de travailler avec d’autres à la réalisation d’objectifs communs. Les personnes qui possèdent cette capacité se signalent par leur aptitude à identifier très clairement les objectifs du groupe et à organiser leur travail dans ce but. Elles sont prêtes à collaborer avec d’autres et placent clairement l’intérêt du groupe avant leur intérêt personnel. Aptitude à passer de la théorie à la pratique Il est important d’être capable d’utiliser la connaissance des principes généraux pour les appliquer à des cas particuliers, c’est-à-dire de relier les disciplines ou les concepts théoriques que nous avons appris avec des situations ou des données spécifiques. Notre éducation générale serait improductive si nous ne pouvions pas l’appliquer à des usages plus particuliers. Il est insuffisant de connaître seulement les bases d’un sujet; nous devons utiliser à bon escient tout le savoir que nous avons accumulé. Cette aptitude à adapter et transformer la réalité est ce qui fait la valeur du temps que nous passons à étudier et à nous entraîner.

une personnalité ouverte et sur la faculté à user de compromis malgré l’existence d’opinions très différentes. En plus de l’attitude personnelle des divers membres d’un groupe, une coordination des efforts est nécessaire afin d’ajuster les différentes opinions pour converger vers une position commune. La complexité des structures sociales réclame cette capacité pour pouvoir négocier entre des opinions très différentes et aboutir ainsi à une solution valable selon tous les points de vue. Cette aptitude s’appuie sur des capacités déjà mentionnées auparavant, comme par exemple, la communication et les relations entre les personnes.

Informations pratiques: Le projet « ACERISH2 » a été financé pour la Suisse par le Secrétariat d’Etat à l’éducation et à la recherche. Informations sur le projet: www.acerish.org

Aptitude à s’intégrer dans un team multidisciplinaire Les relations avec les autres et la combinaison des efforts au sein d’une organisation formée de professionnels issus de disciplines diverses demandent un effort de compréhension et d’adaptation de la part de toutes les personnes impliquées. Cette flexibilité ou capacité d’adaptation est fondée sur

Séminaire international

Lundi 15 octobre 2007 de 8 h 30 à 18 h 30 à la HES-SO Valais/Wallis à Sierre En collaboration avec la HES-SO Valais/Wallis, la FOVAHM et ses partenaires européens vous invitent au séminaire international qui se déroulera selon le programme du dépliant annexé à ce numéro. Inscription jusqu’au 28 septembre à info@fovahm.ch Le séminaire comprend trois volets: 1. HES-SO Valais/Wallis Santé & Social Les intervenants aborderont trois sujets: «Interrogation sur les statuts et les rôles des personnes en situation de handicap en Suisse», «La formation par les compétences pratiquées par la HES-SO Travail social» et «Comment penser la question de la complexification d’une profession dans la perspective d’une pratique dite insaisissable». 2. FOVAHM Le Centre de Formation pour Jeunes Adultes CFJA fête ses vingt ans. Le film «Premier envol» d’Antoine Cretton présentera la diversité d’accompagnement que le CFJA offre aux jeunes en situation de handicap mental pour faciliter leur intégration sociale et professionnelle. 3. ACERISH2 Accompagner des personnes en situation de handicap nécessite de questionner les compétences des encadrants, quel que soit leur secteur d’activité (éducatif, sanitaire, social). A partir d’échanges de pratiques, les partenaires du projet européen ACERISH2 ont dégagé des lignes directrices sous la forme de 10 compétences-clés à acquérir en situation professionnelle. Ils se sont également penchés sur la validation des compétences et ce travail transnational a permis de générer un modèle européen de validation.

21


En bref

Handimanagement Handimanagement est un projet français dont l’ambition est de construire progressivement un large programme de sensibilisation des futurs managers à l’insertion de salariés handicapés. En 2007, déjà une trentaine de grandes écoles et universités ont joué le jeu en engageant une équipe d’étudiants dans ce projet pédagogique, projet financé par une douzaine de grandes entreprises, qui par ailleurs accompagnent cette action en y apportant leur expérience d’acteur. www.companieros.com

L’AGIS redéfinit son sigle Lors de son assemblée générale le 4 juin dernier, l’association genevoise d’insertion sociale (AGIS), qui par ailleurs fête ses 20 ans en 2007, a décidé de changer la dénomination de son sigle. En lieu et place du terme d’insertion, les membres engagés dans l’association ont préféré celui d’intégration, qui leur paraît refléter un processus plus ouvert et réciproque entre la société et la personne handicapée, celle-ci ne devant pas, dans cette dynamique, renoncer à ses différences. AGIS signifie donc désormais Association Genevoise d’Intégration Sociale.

Des rêves et des étoiles Etoile filante est une fondation qui a pour mission d’exaucer les rêves d’enfants et d’adolescents qui voient leur qualité de vie fortement altérée parce qu’ils sont gravement malades ou handicapés. Elle organise

22

pour eux l’événement particulier qui leur ferait le plus plaisir. Etoile filante finance également des projets représentant des actions de longue durée pour des jeunes qui doivent faire de fréquents séjours dans des hôpitaux ou des institutions spécialisées. Un exemple de ce type d’intervention: l’aménagement d’un terrain de jeux dans une institution pour autistes. Pour en savoir plus, visitez le site internet de la fondation, qui vient d’être remanié. Vous y découvrirez toutes les nouveautés au sujet des rêves exaucés, des projets, campagnes Pro Etoile filante et bien d’autres choses intéressantes encore… www.etoilefilante.ch

Maltraitance, genre et handicap Les femmes et les filles handicapées sont particulièrement exposées à la maltraitance. Une modeste étude menée dans l’Orissa (Inde) en 2004 montre que presque toutes les femmes et filles handicapées étaient battues à domicile, 25 pour cent de femmes ayant un handicap mental avaient été violées et 6 pour cent des femmes handicapées avaient été stérilisées de force. www.un.org/esa/socdev/enable

une formation «direction d’équipe» débouchant sur un brevet reconnu au niveau fédéral. La désignation officielle est la suivante: «chef d’équipe dans les institutions sociales et médico-sociales». Ce titre protégé est réservé aux personnes qui ont réussi les examens professionnels. Insos-infos, no 21, juillet 2007 – www.agogis.ch

Contre la discrimination: l’action positive Il ne suffit pas, pour obtenir une réelle égalité, d’éliminer les obstacles qui barrent actuellement la route des personnes handicapées. Les mesures dites positives sont aussi nécessaires pour stimuler l’instauration de l’égalité. La Conférence annuelle sur la non-discrimination de la Commission européenne a examiné le sens, les buts et les modalités de ces mesures. Le rapport relatif à cette question est téléchargeable sur le site www.agile.ch

Agenda politique L’agenda politique du Conseil et du centre Egalité Handicap renseigne sur l’état d’avancement des révisions de lois et sur les interventions politiques concernant des questions ayant trait à l’égalité des personnes

handicapées. L’agenda est régulièrement mis à jour sur le site www.egalite-handicap.ch

Du changement au comité de rédaction Entré au comité de rédaction de Pages romandes en avril 1997, Jean-Daniel Vautravers vient de nous faire part de sa décision de mettre un terme à ce mandat. «Le premier numéro auquel je participe, nous écrit-il, traite du dossier intitulé Habitat, architecture. Dix ans plus tard, je collabore à l’élaboration du thème Architecture; angles et perspectives. En ce qui me concerne, ce sera le dernier. Une manière de boucler la boucle». Formidable jongleur d’idées, Jean-Daniel aura tenu avec passion, durant toutes ces années, le rôle de stimulateur au sein du comité de rédaction. Avec lui, pas de thème tabou; les hypothèses les plus audacieuses, les plus improbables prenaient sens dans un processus de questionnement incessant qu’il cultivait avec la verve qu’on lui connaît. Au nom du comité, merci Jean-Daniel, d’avoir été pour notre groupe, ce joyeux empêcheur de réfléchir en rond. Merci pour ce cheminement partagé. La rédaction

Une nouvelle formation: la «direction d’équipe»

Prochain dossier: Spécial Jura

Les associations de branche du domaine social (Agogis, Curaviva, ONSOS, Vivica et le Berufsverband Fachfrau Betreuung Schweiz) ont élaboré, dans le cadre d’un projet s’étendant sur plusieurs années,

Chaque année, en décembre, Pages romandes donne la parole à l’un des six cantons romands. L’an dernier, Genève faisait le point sur ses processus de prise en charge des personnes handicapées. Cette année, ce sera le tour du Jura. Sous la responsabilité d’Eliane Jubin, ce canton proposera un regard sur la situation jurassienne en la matière, à partir de la fête qui a eu lieu le 9 juin dernier et intitulée «Handi-Cap sur la fête».


Sélection Loïc Diacon, responsable infothèque, Haute Ecole de Travail Social (IES), Genève

Quelles trajectoires d’insertion pour les personnes handicapées ? Coordination X. Coyer, A. Ramaré, Rennes Ecole nationale de la santé publique, 2007 Collection Echanges Santé Social

Les difficultés rencontrées par les personnes handicapées pour accomplir les «actes d’insertion» élémentaires d’une vie ordinaire, qu’il s’agisse de l’accès à l’école ou à l’Université, du déplacement dans la ville, du droit à l’emploi, à la santé… sont considérables. A moins de prêter à chaque personne handicapée l’étoffe d’un héros, doté d’une volonté et d’un courage exceptionnels, c’est à la société qu’il revient de réduire les obstacles, de déplacer, d’«externaliser» les difficultés, et de créer les conditions d’une vie ordinaire, celles que tout un chacun considère à juste titre comme allant de soi. Ce volume présente quelques aspects des réformes à entreprendre, ou déjà mises en œuvre, pour aller dans ce sens. Loin de s’en tenir au caractère matériel des aménagements nécessaires, il souligne la difficulté de transformer le regard que nous portons sur l’autre et qui nous amène trop souvent à rester en deçà de l’élémentaire ou du simple bon sens.

Handicap mental: prévention et accueil Sous la direction de: P. Jonckheere, R. Salbreux et Gh. Magerotte Bruxelles: De Boeck, 2007. – 298 p. (Collection Questions de personne)

Comment rencontrer la personne présentant un handicap mental? Comment découvrir sa richesse et partager ses peines? Avec quelle clé déceler son désir et ses craintes, son angoisse profonde? Comment faire face à sa révolte? Quelles sont les nouvelles voies de prévention? Toutes ces questions sont abordées dans cet ouvrage issu de l’expérience – déjà longue – d’un groupe interdisciplinaire de spécialistes du handicap mental: les auteurs – des médecins, psychologues, pédagogues et spécialistes du handicap mental, de l’autisme et de la surdité – apportent des réponses originales, des propositions thérapeutiques, ainsi que de nouvelles approches pédagogiques. Cet ouvrage est destiné aux psychologues et pédagogues, médecins, enseignants, éducateurs, spécialistes du développement, assistants sociaux, orthophonistes et kinésithérapeutes. Il intéressera également les familles d’enfants présentant un handicap mental. (Tiré de la 4e de couverture)

Autisme: une fatalité génétique? L’enquête d’une mère: des vérités qui dérangent Dépréaux, Marie-Christine Embourg: Testez éditions/Marco Pietteur, 2007

Mère de trois enfants dont l’aîné est autiste, l’auteure passe le plus clair de son temps depuis huit ans à chercher, traduire et analyser tout ce qui concerne les approches biomédicales de l’autisme. Sa démarche est menée à un niveau rigoureusement scientifique, appuyée par de solides références médicales, et surtout animée par la volonté d’aller au fond des choses. Si, du côté anglophone, les écrits sur cet aspect de l’autisme abondent de témoignages, si des débats ont lieu au niveau gouvernemental ou dans les médias, rien de similaire n’existe pour les francophones. Voici donc le livre que cette mère aurait aimé découvrir il y a vingt ans, suscitant intérêt et débats sur le sujet. Elle s’insurge contre le discours immuable et simpliste présentant l’autisme comme une fatalité génétique. Elle nous révèle l’existence d’un microcosme médical à l’origine des nouvelles approches biomédicales de l’autisme. Un livre destiné à réveiller la communauté scientifique endormie, afin de vaincre l’autisme des personnes déjà atteintes et d’en déterminer l’origine pour éviter de nouvelles victimes…

Surdité et langage: prothèses, LPC et implants cochléaires Sous la direction de Jaime López Krahe Presses universitaires de Vincennes, 2007. – 198 p.

Cet ouvrage aborde le thème de la communication chez les personnes sourdes, dont l’intégration linguistique est une question polémique et toujours d’actualité. Pour des raisons historiques (congrès de Milan de 1880, lois Ferry sur l’utilisation du français), les positions se sont souvent radicalisées pour devenir parfois antagonistes suite à la répression qu’a subie la LSF (Langue des Signes Française). Ecrit par des universitaires internationalement reconnus, ce livre propose les découvertes les plus récentes concernant les aspects neurophysiologiques, technologiques et psycholinguistiques liés à la surdité. Il rend également compte des apports du Langage Parlé Complété (LPC), des solutions technologiques, depuis les prothèses jusqu’aux implants cochléaires, et de leur influence dans le développement de l’individu. Il met ainsi à la portée des lecteurs francophones une littérature scientifique d’habitude essentiellement anglo-saxonne et s’adresse à toute personne concernée par la question de la surdité, ainsi qu’aux enseignants, chercheurs et étudiants qui s’intéressent à ce sujet.

23


Séminaires, colloques et formation

Handicap : connaître et accompagner

Du cœur au corps

Certificat de spécialisation dans le domaine du handicap Séance d’information : 19 septembre 07 Haute Ecole fribourgeoise de travail social (HEF-TS), rue Jean-Prouvé 10, 1762 Givisiez

Affectivité, sexualité et handicaps Niveau 2 Catherine Agthe Diserens, sexo-pédagogue 3 et 4 décembre 2007 Salle Bellerive, rez-de-chaussée de l’institut La Combe Délai d’inscription: 15 octobre 2007

Polyhandicap: un handicap pas vraiment comme les autres Georges Saulus, psychiatre, médecin-conseiller technique Claire Landre, orthophoniste Coordinateur: Jean-Louis Korpès 8 et 9 novembre; 3 et 4 décembre 2007 Formation continue de la HEF-TS Délai d’inscription: 8 octobre 2007

Intervention multimodale en retard mental ou autisme Une première en Suisse romande Yves Lardon, consultant en troubles du comportement Coordinateur: Jean-Louis Korpès 19 et 20 novembre 2007 Cette formation est proposée pour l’ensemble ou une partie du personnel d’une institution. Une salle devra être réservée pour l’institution elle-même. Délai d’inscription: 18 octobre 2007

Evolution des droits des personnes handicapées; dispositions onusiennes, européennes et suisses Caroline Hess-Klein, juriste Coordinateur: Jean-Louis Korpès Mercredi 28 novembre 2007 Délai d’inscription: 26 octobre 2007

Double diagnostic: déficience intellectuelle et maladie psychique Description et prises en charge Gaby Pierre Chami, psychothérapeute et psychopédagogue Coordinateur: Maurice Jecker-Parvex 12 et 19 décembre 2007 Délai d’inscription: 12 novembre 2007

Unihockey, ski alpin, ski de fond ou patinage pour personnes mentalement handicapées En collaboration avec Special Olympics Suisse (SOCH) Didier Bonvin 8 et 9 décembre 2007 Lenzeirheide Délai d’inscription: 30 septembre 2007 Renseignements : SOCH, Montena 85, 1728 Rossens Tél. +41 26 402 00 45 – riva@specialolympics.ch

Pour une éducation bientraitante Roger Cevey Cours Améthyste no 278 30 et 31 octobre 2007 Renseignements et inscriptions: Christiane Besson, impasse de la Dîme, 1523, Granges-près-Marnand Tél. +41 26 668 02 78 – chr-besson@bluewin.ch

Mieux connaître et comprendre les psychopathologies en évolution Jocelyne Huguet Manoukian Cours Améthyste no 281 27 et 28 novembre, 11 et 12 décembre 2007 Renseignements et inscriptions: Christiane Besson, impasse de la Dîme, 1523, Granges-près-Marnand Tél. +41 26 668 02 78 – chr-besson@bluewin.ch

Autodétermination: du concept à la pratique

Cycle de formation au «Colporteur’Couleurs»

Manon Masse, chargée d’enseignement HES Jean-Louis Korpès, professeur HES 17 et 18 janvier 2008 Délai d’inscription: 14 décembre 2007

Automne-hiver 2007-2008: 1, 2, 29 et 30 octobre; 26 et 27 novembre 2007 Ateliers de communication non verbale: 8 et 9 novembre 2007; 7 et 8 février 2008 Ateliers Sylvagnins, Savagnier Renseignements: Ateliers Sylvagnins, rue du Four 5, 2065 Savagnier, tél. +41 32 853 43 66 - +41 32 724 06 41 Arc.en.jeu@bluewin.ch – www.colporteur-couleurs.ch (Lire notre article pp. 4, 5 et 6)

Pour toutes les formations ci-dessus, les renseignements peuvent être obtenus à l’adresse suivante: HEF-TS, rue Jean-Prouvé 10, 1762 Givisiez Tél. +41 26 429 62 00 secretariat@hef-ts.ch www.hef-ts.ch

24

Renseignements et inscriptions: EPSE, route d’Hermance 63, Collonges-Bellerive Tél. +41 22 855 93 18 – formation@espse.ge.ch


Ecole de pédagogie curative Bienne Heilpädagogische Tagesschule Biel Pour l’été 2008, nous cherchons une nouvelle

Direction Nous

• sommes une institution cantonale, située dans un lieu magnifique surplombant la ville de Bienne; • accueillons environ 100 enfants et adolescent(e)s avec un handicap mental. Pédagogues spécialisé(e)s, thérapeutes et maître(sse)s d’ateliers les accompagnent tout au long de leur scolarité; • sommes une école bilingue (français/allemand).

Notre

• concept se base sur une vision globale de l’être humain; • équipe motivée et bien rodée est composée d’enseignant(e)s spécialisé(e)s, de thérapeutes, de personnel de l’administration, de la cuisine et de la conciergerie.

Nous cherchons une personne

• qui avec plaisir et créativité souhaite relever le défi en prenant la direction de notre école; • de langue française ou allemande avec d’excellentes connaissances de l’autre langue; • avec une formation en pédagogie curative, une formation continue de direction et possédant de bonnes capacités dans la gestion du personnel; • disposée à collaborer avec les différentes instances, de représenter l’école envers les parents et face à l’extérieur tout en gardant une vue d’ensemble; • avec des compétences en matière de finances; • intéressée au projet cantonal de transférer les écoles spécialisées de la Direction des oeuvres sociales à la Direction de l’instruction publique.

Nous offrons

• un poste de gestion varié avec de grandes responsabilités; • la collaboration d’un personnel engagé; • un salaire et des prestations sociales dans le cadre des données cantonales.

Postulation

• Veuillez nous faire parvenir les postulations d’ici début octobre 2007; le job-sharing n’est pas exclu. • Coordonnées: Ecole de pédagogie curative Bienne, Falbringen 20, 2502 Bienne. • Pour plus de renseignements, vous pouvez contacter la direction actuelle: Madame Catherine Pellaton et Monsieur Richard Weber, tél. 032 344 80 30

LA FONDATION COUP D’POUCE Camps et activités de loisirs pour personnes vivant avec un handicap mental recherche encore quelques moniteurs et monitrices pour ses camps d’automne, du 6 au 13 octobre 2007 Le cahier des charges peut être consulté sur le site http://www.coupdepouce.ch/moniteurs.html Pour tous autres renseignements, contacter la Fondation Coupd’Pouce, rue J.-L. Galiard 2, 1004 Lausanne Tél. 021 323 41 39 - e-mail: jobs@coupdepouce.ch - info@coupdepouce.ch


ALTER

Journée romande d’information et d’échange

une nouvelle revue scientifique Européenne

Une manifestation organisée par la FORs (ORTRA romande pour la formation professionnelle dans le domaine social et médico-social, à l’initiative de la Tripartite (réunion des employeurs, employés et HES-SO du travail social)

L’association internationale pour l’Histoire des infirmités, déficiences, inadaptations, handicaps (ALTER) a signé le 18 juin 2007 avec les éditions Elsévier-Masson la création d’une nouvelle revue dite «ALTER». Cette revue, soutenue par l’Institut Fédératif de Recherche sur le Handicap (IFRH), est animée par un Comité de Rédaction international et Henri-Jacques Stiker en est le rédacteur en chef. ALTER a l’ambition de faire mieux connaître les nombreux travaux existants, en anglais et en français, qui concernent les rapports de la société et du handicap en l’élargissant à toutes les formes d’altérité. Le tout premier numéro est prévu en novembre 2007. Ultérieurement, le rythme sera de 4 parutions par an.

Articuler différentes filières de formation en travail social Pour quels besoins? Jeudi 22 novembre 2007 de 9h00 à 16h30 Hôtel du Parc, Martigny

Pour tout contact : framarch@ext.jussieu.fr Secrétaire Éditoriale de la revue

Inscriptions et programme définitif sur le site www.fors-ortra.ch Contact: info@fors-ortra.ch

Le calendrier Arthemo 2007 - 2009 est disponible ! Valable dès maintenant et jusqu’au 30 juin 2009, il s’agit d’un modèle de table, format boîte CD. Chacun des 24 mois est illustré par un dessin du concours «Affiche Arthemo 2007», sélectionné par les internautes. En vente au prix de CHF 10.00 (env. 6 Euros) + frais de port et d’emballage auprès de: Verena Batschelet ASA-HANDICAP MENTAL, rue des Casernes 36, case postale 4016, CH-1950 Sion 4 Tél. +41 27 322 67 55 - Fax +41 27 322 67 65 - Natel 076 587 36 01 asa-handicap-mental@bluewin.ch - www.asa-handicap-mental.ch

Bulletin d’abonnement à la revue Pages romandes Abonnement annuel Suisse : SFr. 45.– Etranger : Euros 35.– Prix spéciaux AVS - Etudiants : SFr. 38.– Abonnement de soutien SFr. 70.– Paraît 5x l’an

Je m’abonne à la revue Pages Au prix de SFr. Nom Prénom Adresse NP

Ville

Facultatif Profession Fax Adresse e-mail

Tél.

romandes

Envoyer à Revue Pages romandes Marie-Paule Zufferey, rédactrice Av. Général-Guisan 19 CH - 3960 Sierre


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.