Familles Maudites (saison 2012)

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d’après

ESCHYLE & EURIPIDE adapté par

ISABELLE MOULARD

Familles Maudites présenté par les

PREMIÈRES


Familles Maudites

2012

d’après Les Choéphores d’Eschyle et Médée d’Euripide adaptation d’Isabelle Moulard première représentation : 20 mai 2012 LFHED Scène Centrale 1h30m, avec entracte déconseillé aux moins de 12 ans - violence sur scène

Option Théâtre

Direction Artistique Michèle Gaslais Joëlle Montech Isabelle Moulard

Scène Centrale Salle Théâtre “Épidaure” Chloïs & Trikalon Agia Paraskevi 2113009100 lfh.edu.gr/theatre

Lycée Franco-hellénique Eugène Delacroix Direction Bernard Luyckx Veerle Henninot Zoï Polymeropoulou Maria Hatzikonstantinou Sylvie Juvenal

rédaction Option Théâtre graphisme, illustration, photographies & mise en page Théo Koutsaftis www.thkstudio.com impression Mathilde Botton & Alphavito

Calendrier de la Saison 2012 Avril Mai Juin SPECTACLES 06/04 29/05 Conversation Sinfonietta SCÈNE CENTRALE 18/05 31/05 18/06 L’Odyssée SCÈNE CENTRALE 19/05 28/05 La Belle Hélène n’est pas une poire SCÈNE CENTRALE 19/05 30/05 Bêtes de scène SCÈNE CENTRALE 20/05 29/05 Familles Maudites SCÈNE CENTRALE 21/05 01/06 Voyage en Ovalie SCÈNE CENTRALE


FAMILLES MAUDITES

Le jour vient où le sexe féminin sera honoré. médée, euripide

Quelques mots sur la pièce

Quoi de plus horrible que de s’entretuer froidement au sein d’une même famille par vengeance ? Dans Médée d’Euripide, la magicienne délaissée par Jason à qui elle a tout sacrifié, va basculer par désespoir dans l’horreur absolue et rendre au centuple l’offense reçue en tuant ses propres enfants, afin que leur père comprenne les conséquences des engagements non tenus. Dans Les Choéphores d’Eschyle, Clytemnestre, après le meurtre d’Agamemnon à son retour de Troie, redoute la vengeance de ses deux derniers enfants que le règne d’Egisthe a éloignés du palais. Oreste revient auprès de sa sœur Electre pour que la fatalité s’accomplisse et que la malédiction cesse. Il inaugure pour l’humanité une justice autre que la loi du talion, car lui-même ne sera pas assassiné. Dans les deux cas, « terreur et pitié » permettent aux spectateurs de circonscrire l’horreur dans les limites de la scène et de construire une société où elle est tenue à distance.

Quelques mots sur la scénographie Parti pris du minimalisme avec quelques éléments symboliques : colonnes et pierres antiques contrastent avec les jeans et baskets de ces héros antiques du XXIème siècle. MICHÈLE GASLAIS



électre Elle a frappé comme Arès, ou comme une femme kissienne toujours avide de combats. On a pu voir les coups multipliés de sa main s’abattant de tous côtés, de près et de loin, et redoublant ! Ma tête retentit misérablement à chaque coup. Ô dieux ! ô mère funeste et impie ! Tu as osé ensevelir ton époux en ennemi, non pleuré, sans deuil et sans la foule des citoyens ! oreste C’est par mes mains et avec l’aide des dieux qu’elle expiera la mort honteuse de mon père. Que je la tue et que je meure après ! électre Afin que tu le saches, elle l’a coupé en morceaux. Et moi, j’étais tenue au loin, méprisée, abjecte, chassée de la demeure comme un vil chien. les choéphores, eschyle


Équipe créative MISE EN SCÈNE

AVEC

Isabelle Moulard

Carla Benassis Maxime Christodoulou Léo de Lavarene Augustin de Marcellus Prunelle Garret Maxime Jarlet Thibault Naman Victor Sebros Alexandre Skourias Mélina Stylianidou Elia Tohmé-Kanellopoulos Mirto Tomara Christina Triantafillou Margaux Vlachos

AVEC L’AIDE DE

Elise Apostolou Karine Papin Pavlina Tsatsiou DIRECTION ARTISTIQUE

Michèle Gaslais REMERCIEMENTS

Evanthia Giakouvaki

De tout ce qui a la vie et la pensée, nous sommes, nous autres femmes, la créature la plus misérable. D’abord il nous faut, en jetant plus d’argent qu’il n’en mérite, acheter un mari et donner un maître à notre corps, ce dernier mal pire encore que l’autre. Puis se pose la grande question : le choix a-t-il été bon ou mauvais ? Car il y a toujours scandale à divorcer, pour les femmes, et elles ne peuvent répudier un mari. Si après de longues épreuves nous arrivons à ce qu’un mari vive avec nous sans que la vie domestique lui pèse, notre sort est digne d’envie. Dans le cas contraire, il va voir ailleurs. Mais nous, il faut que nous n’ayons d’yeux que pour un seul être. médée, euripide

Avec le soutien de


Un mot de la mise en scène Les familles antiques sont toutes des familles maudites, dans lesquelles un tragique héritage se transmet de génération en génération. Dans Les Choéphores d’Eschyle, on voit Electre attendre le retour de son frère Oreste pour que leur mère Clytemnestre soit punie d’avoir assassiné leur père Agamemnon à son retour de Troie. Dans Médée d’Euripide, c’est le drame d’une étrangère qui gêne la bonne société de Corinthe dans laquelle son époux Jason retrouve ses marques après l’avoir fait renoncer à sa famille, sa culture, son pays. Si les infanticides, parricides et matricides ne sont pas légion - heureusement - dans notre entourage, en revanche la solitude, le sentiment d’être étranger, abandonné, pas à sa place sont des états que nos sociétés produisent à grande échelle, avec toutes sortes de conséquences terribles. Médée nous parle encore aujourd’hui, avec un langage souvent surprenant pour l’époque et parfois d’une grande modernité, notamment sur la place des femmes dans la société. Le travail sur ces deux pièces du répertoire antique a été proposé à des élèves de première n’ayant jamais abordé la tragédie. Il s’agit ici d’une mise au point culturelle sur la tragédie, ses fondements, ses fonctions notamment la mise en place des tabous qui vont assurer un ciment social, mais aussi de la mise en œuvre d’une esthétique différente liée à un genre dont l’expression antique, codifiée et anti-naturelle, déroute souvent les jeunes acteurs. Avec ces œuvres, ils prennent conscience de la façon dont l’artifice et la solennité de cette parole théâtrale posent les bases d’une société, aussi sûrement qu’un texte de loi. Le dépouillement scénique et la ritualisation, c’est-à-dire ce qui rapproche l’événement théâtral de son origine religieuse, ont été les maîtres mots de ce travail. Les deux pièces, raccourcies, sont conçues comme des pendants : dans la première, des enfants assassinent leur mère ; dans la seconde, c’est une mère qui assassine ses enfants. Le théâtre en général met en relief les moments essentiels d’une vie humaine ; la tragédie plus particulièrement nous pousse à nous interroger sur le sens de notre vie, ce qui en fait la valeur. Pour Electre et Oreste, c’est l’accomplissement de leur vengeance ; pour Médée, c’est de torturer Jason de remords. Dans les deux cas, « terreur et pitié » permettent aux spectateurs de maintenir l’horreur dans les limites de la scène et de construire une société où elle est tenue à distance. « Terreur et pitié » : c’est, d’après Aristote, les sentiments que doit inspirer la tragédie au public. Nous nous sommes interrogés sur les différentes façons de provoquer ces deux sentiments et avons finalement opté pour la simplicité : un décor minimaliste, de même que les costumes et les accessoires, car le théâtre antique est un théâtre de la parole où la profération suffit à rendre les choses concrètes. Pour des élèves de première, c’était une voie difficile et je rends hommage aux 1ère c d’avoir tenu à présenter Médée alors que le travail initial sur Les Choéphores leur a parfois semblé éprouvant. Mais je crois que le chemin parcouru est méritoire et que cette expérience théâtrale nouvelle a contribué à former l’esprit et la conduite de ces élèves, dont je salue les progrès. ISABELLE MOULARD


lfh.edu.gr/theatre


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