Numero 8, printemps 2009

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NumĂŠro 8 Printemps 2009

Cavaliers de Camargue ISSN 1958-7813


Tradicioun Association loi 1901 http://www.tradicioun.org/ Maison des associations 13430 Eyguières Directeur de la Publication Magali Blanc Rédacteur en Chef Eric Blanc

Sommaire

Coordinatrice Patricia Escallier Rédacteurs Eric Blanc Magali Blanc Marjorie Mercier David Bonnet Frédéric Scarfi Crédits photos Eric Blanc Marjorie Mercier Frédéric Scarfi David Bonnet

Allauch Souper Calendal La Descente des Bergers Sous la Neige

24-12-2008

Barjols Saint Marcel et les Tripettes Pastrage Lancement de l’année Mireio

Conception graphique Eric Blanc 18-01-2009

Arles Un Ruban pour la Reine Découpeuse de velours au Sabre Festival du Film Taurin et Camarguais 01-02-2009

Tradicioun

Revue Trimestrielle Numéro 9 Printemps 2009 ISSN 1958-7813 Prix de Vente 5€ Dépôt légal: A parution

Aimargues Journée de la Maintenance Thomas Pallegoix, Maréchal Ferrant A la Découverte de la Crau Journée des Traditions Hommage à Fanfonne Guillierme 01-03-2009

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Et la Bombe...

Editorial

« Art. L 435-1 : Les cavaliers circulant à cheval sont tenus en tout lieu de porter un casque protecteur attaché, dont les modalités d’homologation sont fixées par décret.» Nous y voilà. Visiblement, il manquait une loi à l’arsenal législatif qui nous encadre au quotidien. Une dizaine de morts par an, et on réécrit le code de la route. Mr Myart aurait pu se pencher sur d’autres statistiques bien plus alarmantes. La quantité de piétons se faisant renverser est bien supérieure à celle des cavaliers ayant des accidents. L’Inrets (Institut National de Recherche sur les Transports et leur Sécurité) teste en ce moment même un gilet AirBag. Un plus un égale deux, l’inrets démontrera que le gilet diminue fortement les dommages aux piétons, et un député qui n’a rien de mieux à faire, en dehors de pioncer dans l’hémicycle décidera de rajouter un article au code de la route rendant le port du gilet AirBag, fluo jaune barré de bandes blanches réfléchissantes. J’oubliais... Dans nos défilés, nous sommes sur la route. Donc, mise en conformité des charettes, ports de gilets obligatoires, services d’ordres en gilets oranges, et surtout surtout... Des Arlésiennes avec le ruban collé sur un casque moulé pour mimer des bandeaux, en croupe derrière des gardians casqués sous le Valergue. Et pourquoi pas des catadioptres sur les têtes des biòu au cas où ils échappent... Messieurs les députés, attachez vous à faire respecter les lois qui existent déjà au lieu de nous inventer de nouvelles règles. Essayez par exemple de vous déplacer en ville avec une pousssette... Pire, installez vous une journée dans un fauteuil roulant. Vous aurez du grain à moudre. A bèn lèu...

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Allauch Souper Calendal

David Bonnet, Frédéric Scarfi

Vendredi 19 et samedi 20 décembre 2008, le groupe folklorique allaudien a organisé son traditionnel « gros soupa ». Durant deux soirées, « Leis ami d’Alau » ont accueillis plus de 300 convives, venus de toute la région, à l’espace François Mitterrand, afin de célébrer « Calendo » dans une ambiance chaleureuse et familiale. De la cérémonie de la bûche à la dégustation des treize desserts, Leis ami d’Alau ont plongé le public, dans la vie d’une famille allaudienne du XIXème siècle, le temps d’une soirée. Au cours de ce dîner-spectacle, les membres de l’association ont transporté l’assistance dans le temps, au travers de saynètes reproduisant les gestes ancestraux liés à la préparation de la table et au gros souper. Sans oublier d’agrémenter le tout de contes et de chants traditionnels de Noël provençaux. 4 Tradicioun la Revue


Les cuisinières du groupe ont travaillé toute la semaine afin de régaler de leur savoir-faire tout ce petit monde. Il n’aura fallu pas moins de sept plats, répartis en quatre services pour accommoder ce gros souper. Le menu a commencé par une anchoïade bordée de légumes en crudité, puis c’est le fumet d’une délicieuse soupe de poisson qui rappela la tradition méditerranéenne. Il s’ensuivit un gratin de courge accompagné d’une omelette aux épinards et de salsifis poêlés. Mais le clou de la soirée fut remporté haut la main par la célèbre daube de poulpe qui a été servie avec des panisses sans oublier les incontournables treize desserts qui ont clôturé ce repas traditionnel. C’est avec grand plaisir que les serveurs troquèrent leurs soupières et serviettes contre leurs chaussons de danse afin d’offrir à un public repu et bienheureux, quelques danses traditionnelles provençales. C’est sous des

applaudissements chaleureux que se termina cette soirée inoubliable pour certains et éreintante pour d’autres. Les convives sont repartis comblés, la tête remplie de belles images et l’estomac bien plein, tout en prenant déjà

rendez-vous pour « l’an qué ven ». Le souper Calendal organisé par Leis ami d’Alau reste pour beaucoup, une soirée à ne pas manquer !

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Allauch La Descente des Bergers

Comme tout le monde le sait ici, le Fils de Dieu est né en Provence, pas loin d’ici. Et l’ange Bouffarèu d’aller le dire à un berger endormi. Celui ci aussitôt convaincu, réveille à son tour ses amis et ensemble tous partent porter LA nouvelle. Le fils de Dieu vient de naître. La Descente des Bergers est ce parcours représenté sur la colline d’Allauch. Un cadre exceptionnel pour la Pastorale Maurel, un parcours plein de symbolisme, l’absolu inverse du calvaire. Les bergers rencontrent le meunier, puis Roustido qui lui, va éveiller Jourdan et Margarido, Pistachié manque se néguer dans «lou pous»... Puis les trois vieux:, Roustido Jourdan et sa femme ameutent les villageois et tous partent en procession vers l’église. Rien n’est oublié dans cette représentation de la Pastorale, le Boumian s’y convertit, rendant son fils à l’aveugle...

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Les badauds ne s’y trompent pas. Ils sont venus ce soir seuls, en couple ou en famille assister à cette procession... Qui a osé dire que les traditions se perdent ?... La descente des bergers est certes un spectacle, mais un spectacle pour des initiés, pour des provençaux un peu pèlerins. Pourtant Allauch fait le plein. Loin des fêtes commerciales, loin du gros bonhomme rouge à barbe blanche, on entend les rires du public quand Pistachié sort du puits... Ils se pressent autour des villageois, emboitent le pas des bédigues jusqu’à l’église. Eglise dans laquelle ils ne pourront pas entrer. Ce soir, l’église est trop petite, le parvis n’est pas assez grand et il manque encore de place sur la placette où un écran géant a été installé. Allauch respecte la tradition, les allaudiens aussi. Ce soir, ils sont venus, ils sont là, ils sont les villageois de la pastorale qui suivent l’appel des trois vieux pour célébrer la naissance du Christ. Allegre, Allegre... Numero 8 Printemps 2009

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Marseille

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Juste pour le plaisir des yeux.

Sous la Neige

Les Marseillais n’avaient plus vu cela depuis plus de 20 ans. C’était en effet le 12 Janvier 1987 que la neige s’invitait dans la cité phocéenne. Mais hier le 7 Janvier 2009, le bal commence tôt. Après une pluie persistante toute la nuit, le ton change vers 7h du matin. Les gouttes se transforme en gros flocons qui sous l’effet de la température proche de zéro collent instantanément au sol. La ville peu habituée à ces manifestations n’a pas les infrastructures adaptées pour lutter contre ces phénomènes. Rapidement tout le traffic se retrouve ramené à des valeurs aussi nulles que la température. Autoroutes fermées, aéroport paralysé, aiguillages gelés, tramways en rade, on ne peut circuler ni vers, ni depuis ni dans Marseille. Quoi que, dans le dernier cas... Les marseillais sont dehors malgré tout, envahissent les voies, mais à pied cette fois. En dehors de quelques automobilistes qui devaient absolument sortir, peu ont oublié qu’il faut éviter de prendre son véhicule par ce temps... En fait les gens sont dehors, qui pour une bataille de boules de neige, qui pour une photo, tous affichant ce même sourire d’enfant. La neige, son atmosphère, le silence qu’elle impose à ce qu’elle touche... Elle étouffe les cris, tout en faisant crisser les pas... De Sakakini au Vieux Port en passant par le Palais Longchamp, voici quelques instants saisis par un enfant qui a grandi trop vite parti immortaliser un évènement plus rare qu’une éclipse lunaire...

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Barjols Saint Marcel et les Tripettes

La légende veut que...

Saint Marcel était évèque de Die au Ve Siècle. Au crépuscule de sa vie, il partit compter au Pape ses réalisations. Une dernière fois. De retour de Rome, le vieil homme fait une halte à Montmeyan, au monastère de Saint Maurice. Il n’en repartit pas, y fut enterré. Ayant été l’auteur de nombreux miracles, il fut cannonisé. Durant de longs siècles son tombeau fut vénéré, puis presque oublié. Dans cette abbaye en ruines il apparait un soir au dernier gardien des lieux pour demander une sépulture plus digne. Deux villes se disputent alors la récupération des reliques du Saint Homme. Aups est elle plus près ou est ce Barjols ?... La question est tranchée par un groupe de Barjolais qui viennent s’emparer des reliques un 17 janvier 1350.

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Le groupe ramenant les reliques tombent sur des femmes en train de laver les tripes d’un boeuf. La rencontre est déterminante, et va sceller le destin de ce jour de Janvier. Le boeuf est abattu pour commémorer le destin funeste d’un boeuf qui avait été trouvé à l’intérieur des murs durant un siège qui conduisait la ville à la famine. Les porteurs de reliques et les femmes portant les tripettes forment un cortège qui les conduit en ville sur le refrain «Sant Macèu Sant Macèu leis tripetos vendran lèu». Pour les siècles à venir la fête religieuse vient de s’allier à la fête paienne. Aujourd’hui encore, le boeuf traverse la ville le samedi. Il est béni, puis abattu et roti sur la place publique. La fête a subi des facéties au cours du temps, s’est peu à peu transformé. Mais les Barjolais ont su conserver l’essentiel. Si la petite Saint Marcel néglige le boeuf, tous les trois ans le village sort le grand jeu. Le boeuf est bien présent, et mis en broche le dimanche matin. Le pittoresque de cette fête est sans nul doute le mélange qui a su unir les deux traditions en une même communion. Le matin du dimanche, la collégiale Notre Dame de l’assomption reçoit des fidèles, qui viennent prier. L’église est pleine, le parvis également. Et la messe se termine par un cantique. Mais celui là... est extraordinaire. Le Cantique traditionnel de Saint Marcel à neuf couplets. Le refrain : Sant Macèu Sant Macèu Lou Bèu jour qu’es notro festo Sant Macèu, Sant Macèu A Barjou rén de tant bèu est suivi de la danse des tripettes. Et quelle danse: du choeur, au chapitre, de la nef au parvis, et plus encore dans toutes les rues du village jusqu’au fin fond des bars, l’ensemble du village se met à sautiller au son de cette danse. Qui oserait imaginer messe se terminant ainsi, le prêtre sautillant de bon coeur au son des cuivres...

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La messe finie, le saint entame sa procession qui l’emmène à la rencontre du boeuf à l’autre bout du village. Les groupes folkloriques ouvrent un cortège, suivis par le corps de Bravade emmené par le Capitaine de Ville, le Capitaine de Troupe, l’enseigne et le major de l’enseigne qui précèdent la Châsse. Dans toutes les rues les Salves des bravadaires saluent le passage de Saint Marcel. Et toujours après les Salves, la danse. Et tous y participent sans restriction. Le Saint est ramené à la Collégiale, le bœuf accompagné jusqu’à la broche en place publique. Un simulacre aujourd’hui, raisons sanitaires obligent. Il n’en a pas toujours été ainsi, le bœuf étant alors distribué cuit le lendemain aux volontaires ayant œuvré pour la réussite de la fête. L’après midi, lou Roudelet dei Mielo execute quelques danses, et les gardians, fidèles participants de la fête depuis plus d’un demi siècle font une démonstration de leur talent sur un terrain plus que piégeux. Les jeux Gardians ont été créés dans le sable de Camargue, et le bitume n’est pas un sol très pratique pour faire la démonstration du tempérament des Chevaux. Tout cela avant de retrouver un coté plus liturgique avec les vêpres en fin de journée. Une fête vraiment à part: L’indicible élégance de nos Arlatenco, le bœuf embroché, le prêtre qui danse, les Mailhan qui s’amusent, les Salves de mousquets et pétoires, le village qui sautille sont autant d’images d’Epinal qui méritent un détour par le Haut Var...

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Saint Martin de Crau

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Pastrage

Une fête en l’honneur des bédigues. Le pays de Crau est fondamentalement tourné vers les moutons. Chaque mois de Janvier depuis une dizaine d’années, Saint Martin leur rend un hommage hivernal. Dix petites années ont suffit à signer un joli succès. Une foule dense et compacte se masse devant l’église attendant la sortie du floucas et des groupes folkloriques. Mais c’était compter sans la presse. D’ordinaire on fustige les photographes amateurs, véritables plaies des manifestations, tanqués au mitan tels des épouvantails. Ils sont là en ce jour certes, mais sont encore loin d’arriver au niveau des professionnels. Un moment fort de ce pastrage à Saint Martin est la sortie de l’église. Première victime 2009, la sortie du floucas, que personne ne verra, merci «La Provence», suivi par le groupe venu de Savoie qui passera inaperçu, merci «France 3». Mais c’est vrai «eux» travaillent. Donc si vous étiez à Saint Martin, que dire... Tournez vous vers la presse pour voir ce que vous étiez venus admirer. En dehors de cet inconvénient, la fête trouve son rythme, son public. Une fête délicate, douce comme la toison d’une brebis. La procession se met en place à la suite des Gardians et du patronage bienveillant d’Elodie et Marion, demoiselles d’honneur de la XXe Reine d’Arles le long cortège lie l’église à l’hotel de Ville où Mr Vulpian, Maire de Saint Martin remercie les participants, et les Savoyards à qui il remet la médaille de la ville, et dont il reçoit l’histoire de la ville de Meythet. Une fête aux accents de l’hiver.

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Arles

Lancement de l’année Mireio

Mirèio a vu le jour de la Chandeleur, le 2 février 1859, un symbole dans la présentation d’un enfant, d’une jeune fille de Provence dont le destin tragique va sonner le renouveau d’une langue et d’un peuple. Cela fait donc 150 ans. Cent cinquante ans, un prix nobel, les éloges de Lamartine, des traductions dans plus de 30 langues, une adaptation pour l’opéra et d’autres pour le cinema. Et vous ? l’avez vous lu, l’avez vous relu ?

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Cette question ne sera pas posée ce dimanche dans la salle d’honneur de la Mairie d’Arles. En ouverture de cette année Mireio, le comité des fêtes de la ville d’Arles veut rendre hommage à cette éternelle jeune fille et rendre hommage à sa projection aujourd’hui en la personne de sa reine venue accompagnée de ses demoiselles d’honneur. L’après midi concoctée par Festiv’Arles s’appuie sur des invités prestigieux, au rang desquels on peut voir Mr le Maire, heureux que tant de monde se soit déplacé pour cette célébration, le baptême de cette nouvelle année, mais aussi et surtout celui qui vivant symbolise l’oeuvre monumentale du chantre de Maillane en la personne de Jacques Mouttet, capoulié du Félibrige. Entre les discours de ces deux Magistrats, des lectures, des saynettes, des intermèdes musicaux sont proposés au parterre. Si la salle de la mairie avait été deux fois plus vaste, elle n’en aurait pas été moins pleine. Mireio est une muse enchanteresse, et à son appel tout le Pays d’Arles a fait le déplacement. L’ambassadrice du Riz, Reneissenço, l’Arlatenco, l’Escolo d’Argenço, l’Estello de l’aveni, la jouvenço dintre Mar e Rose et tant d’autres, qu’on les sait tous représentés... Les gardiens de la tradition se bousculent tant à l’entrée, qu’il serait vain d’essayer de les citer tous, ceux qui ne sont pas là n’ont pu venir ou n’ont simplement pas pu entrer dans cette salle qui semblait pourtant si grande vide.

Caroline Serre XXème Reine d’Arles entre: Cante uno chato de Prouvènço. Dins lis amour de sa jouvènço, A travès de la Crau, vers la mar, dins li bla, Umble escoulan dóu grand Oumèro, Iéu la vole segui. Coume éro Rèn qu’uno chato de la terro, En foro de la Crau se n’es gaire parla. Lou mas di Falabrego... Elle est suivie de ses demoiselles d’honneur: Marion, Laure, Elodie, Magali, Pauline et Anais qui tour à tour égrènent les strophes du Cant Proumié. A leur suite, un majoral du Félibrige Remy Venture prend le fil du texte, et démarre une série de lectures données par un acteur, une professeure de Provençal, une autre, Philippe Brochier... Et d’autres encore. Et chantent les vers, et chante la langue. La musicalité du Provençal n’a pas d’égale. Mireio a transformé par sa profondeur, sa modernité, sa dimension lyrique cette langue reléguée au rang de patois pour en faire un étendard, le symbole d’un peuple, sa langue. Et cette après midi la lengo nostro résonne dans cette salle de la mairie. On se plait à courir avec Lou Cri et Lagalante. On se nègue en passant Lou Rose avec Ourrias... Mireio fourmille de scènes riches, tragiques, gaies, utopiques. Mireio est intemporelle, puissamment moderne, comme peut l’être Roméo et Juliette, ou une tragédie grecque.

De l’héroine à son costume il n’y avait qu’un pas que franchit Mme Pascal. Le costume dit de Mireille: le costume en cravate, est loin de représenter Mireio allant aux saintes. L’oeuvre a été écrite en 1850, bien avant l’apparition de ce costume. Mireio s’habille pour aller jusqu’aux Saintes et ceint sur son front un ruban bleu Em’ un riban a bluio tencho, Diadèmo arlaten de soun front jouine e fres. Cette digression vers le ruban permet une transition vers le cadeau fait par Vivier-Merle. Le tisserand et sa sabreuse, serais je tenté de dire, sont descendus de la Loire pour offrir à la Reine des rubans, et au parterre un fragment d’oeuvre. Mme Faure est venue sabrer un ruban, et montrer ainsi l’étendue de son art. Le Tisserand offre un ruban vierginen aux reines d’Arles. En écho à ce cadeau, celles qui ont pu se libérer sont venus acter ce cadeau. Sabine Mistral, Aurore Guibaud, Elisabeth Ferriol, Annie Berard, Henriette Bon et Myriam Yonnet encadrent Caroline et ses demoiselles d’Honneur et remercient en coeur Mr Vivier-Merle. Encore quelques trilles d’André Gabriel. Encore quelques lectures... Une après midi de poesie, dans une salle comble... Qui le croirait ? Laissez vous tenter par quelques vers. Lisez Mireio, relisez Mireio. Et redécouvrez à chaque lecture une des facettes de cet ouvrage aux mille dimensions.

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Arles Un Ruban pour la Reine

A l’occasion du commencement de l’année Mirèio, le Festiv’Arles a préparé une surprise à sa reine.

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Une surprise de taille rendue possible qui bordent la Croix gardianne. Des grâce à une chaîne de personnes. motifs floraux parsèment le ruban, salladelle ici, fleur d’Acanthe là, tanMme Castanet pour commencer. Elle dis que la symbolique de la Camargue a rencontré Mr Alain Vivier-Merle, est signalée par une tête de flamant tisserand, le dernier tisserand à faire ici, ou l’empreinte d’un fer de cheval perdurer aujourd’hui la technique de dans l’éclaboussure qu’il provoque. la fabrication des rubans d’Arlésien- Le ruban est chargé. Chargé comme nes. De cette rencontre est née l’idée peut l’être un drapeau, lourd de sens, de faire fabriquer un ruban spécial, le solide dans sa trame comme dans son ruban d’une reine, la Reine d’Arles. dessin. L’idée posée, il fallait imaginer un Mr Vivier-Merle a qualifié de parmotif. fait ce dessin qui se plie en outre aux Mme Niel l’a réalisé. En urgence, se impératifs du traitement du ruban: plait elle à rappeler, comme pour s’ex- tissage, puis sabrage de l’oeuvre. Le cuser des choix qu’elle a fait. De vous tisserand est le suivant de cette chaine à moi, le résultat est parfait, mais l’ar- qui rend la cérémonie du jour possitiste est exigeante, et en premier lieu ble. Il tisse les rubans d’arlésienne, et avec ses propres réalisations. Il faut offre à la reine ses plus belles réalisatoujours améliorer un trait, redessiner tions. un arrondi. Quand ils sortent de son métier, il Apanage du dessinateur, de vouloir reste à ces pièces de tissu à subir un faire vivre sans arrêt son dessin en ap- dernier traitement, et non des moinpuyant plus le trait ici, allégeant cette courbe là. Nicole Niel a expliqué ses choix. Ce ruban est celui de la reine, qui seule pourra le porter. Il claque comme un étendard sur la tête du symbole de la culture provençale, l’ambassadrice de la ville d’ARLE. Alors Nicole a travaillé les symboles: Ruban du delta du Rhône, d’Arles aux Saintes, il comporte 2 lunes. Image imposée par l’imaginaire de Mme Castanet, une tête d’arlésienne figure dans l’une d’entre elles. Cette Arlésienne sera encadrée par une couronne et un bouquet de saladelle, symboles de son rang, de son rôle. L’autre lune est formée par des bannes, et les arches des arènes d’Arles,

dres. Le passage par le rasoir de la dernière découpeuse de velours au sabre. Fil après fil, Mme Faure coupe les fils de couleur de ce ruban. Une journée pour un ruban, et un résultat qui transcende cette étoffe, lui donne sa matière, son volume et sa couleur. Tous sont réunis aujourd’hui pour cette cérémonie par laquelle Caroline Serre va recevoir en cadeau ces rubans. Mr Vivier-Merle est venu avec 6 rubans. Le ruban vierginen, qu’il offre à la Reine d’Arles, accompagné d’un autre à fond Vert. Il a amené avec lui un ruban bleu marine, offert par Festiv’Arles, un ruban à fond rouge qu’il offre à Nicole Niel qui le mettra à disposition de la Reine quand celle-ci en emettra le désir. Dernières pièces apportées, il a fabriqué un ruban à fond acier et motif rouge pour le museon Arlaten, et un ruban à fond vieux rose et motifs beige pour le Mucem de Marseille. Un dernier cadeau... Il vient de Christian Denis, représentant la troisième génération de Denis artisan tisseur à Montchal. Propriétaire d’une chaine complète leur permettant de tisser des étoffes de qualités, il a envoyer l’indispensable accessoire qui accompagnera avec bonheur les rubans offerts, un rouleau de 7 mètres en 150cm de Satin Duchesse en soie naturelle noire. La cassette de la reine comportait des bijoux, mais pas de rubans, voila qui est corrigé, grâce à une histoire humaine comme il se doit.

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Arles

Découpeuse de velours au Sabre Le Ruban d’Arlésienne ne tient qu’à un fil. Ce fil, c’est Mme Faure, la dernière découpeuse de velours au Sabre. Le ruban est extraordinaire de texture, de reflets; deux caractéristiques qui s’acquièrent en coupant un à un les fils de soie des motifs. La trame a été tissée, et au dessus de celle ci, les motifs sont plats, ternes. Un a un, ils vont être coupés, «sabrés» d’une main aussi patiente qu’experte. Mme Faure a plus de 70 ans. Elle a commencé comme on commençait alors, par tradition. Les grandes font, les petites observent et reproduisent. D’abord en cachette, même si les adultes savaient pertinemment ce que les gamines faisaient quand elles avaient le dos tourné, puis avec ces adultes, elles travaillaient de conserve. Alors aujourd’hui, le ruban ne tient plus qu’à un fil. Qui imaginerait se lancer dans un tel métier, un tel sacerdoce. Tout est dans le coup de main, le geste doit être sûr, couper tous les fils du motif, et unique24 Tradicioun la Revue


ment eux, et surtout, surtout, ne pas piquer la trame. Et recommencer plus loin, encore. Une journée sur un ruban, pas moins avec un rasoir parfait. Là encore, le ruban ne tient qu’à un fil, celui du rasoir que de moins en moins de couteliers sont en mesure de produire. La soie est une matière difficile à couper. Le fil doit être parfait, la lame doit être repassée au feutre pour obtenir la finesse de coupe désirée. Les fils coupés, il reste à leur donner leur tenue finale par une étape de brossage. La brosse est en poils de Sanglier, et l’opération se fait à chaud. Si le moindre défaut dans le travail du rasoir passait inaperçu jusqu’alors, cette étape est cruelle pour les erreurs éventuelles. Le ruban sort de cette dernière étape prêt à être posé. De nouvelles couleurs pourront alors prendre la suite. Mais pour cela il faudra prévoir 6 à 8 semaines pour monter les billots des nouvelles teintes sur le métier, puis tisser les nouvelles combinaisons, et sabrer les rubans un par un... Mme Faure continuera longtemps encore, pour le bonheur des arlésiennes d’aujourd’hui et de demain. Le ruban ne tient plus qu’à un fil, mais un fil de soie, le plus résistant qui soit. L’industrie de luxe a ralenti ses commandes. Elle qui a travaillé en haute coutûre avec Givenchy, Dior, Saint Laurent ou Chanel imagine que le marché reprendra, et suscitera de nouvelles vocations afin qu’elle puisse enseigner à une nouvelle génération ce geste qui fait toute la différence pour nos Arlatenco. Osco...

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St Genies de Malgoirès

Festival du Film Taurin et Camarguais

Saint Genies de Malgoirès a vibré tout un week end de février au son de la bouvine. Même en hiver, l’Afécioun est bien vivante, et le public a une nouvelle fois plébiscité ce festival. Trois jours de programmation entre manifestations de rues, expositions, concours photos et projections de films. Trois jours tous les ans depuis 1997, et un festival qui a trouvé son rythme de croisière.

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La mécanique est bien huilée, et St Génies est devenu un rendez-vous incontournable, une exception au coeur de l’hiver: Le seul endroit où l’on peut assister à une course, une finale, la cocarde d’or, revoir une légende, et assister à une naissance... Durant ce festival, les cinéastes qui ont participé au concours ont su choisir leur sujet avec bonheur, couvrant non seulement les évènements en piste, mais aussi et surtout en sachant s’éloigner des arènes. Véritable plaidoyer en faveur d’une Camargue vraie rappelant par là-même que la course est un instant d’une longue journée. Ainsi des fims mettent l’accent sur les naissances dans une manade Lagarde, sur l’utilisation du Cheval pour travailler la terre, sur l’amour d’un père pour son champion de fils, sur les grandes figures du passé, les fêtes d’un village ou les rêves d’un enfant. Beaucoup d’imagination, et des réalisations époustouflantes ont rendu la tâche compliquée au jury composé de 12 personnes sous la présidence de Thierry BOURDY ( Professionnel de l’image), et composé de Michel MARTIN (Maire de St Géniès) Jean-Bernard LAGARDE Cédric MIRALES (raseteur) Jean-Louis RICCI (Raseteur ) Norbert MARTI (Production vidéo) Frédéric GONZALES ( Editions Sansuire) Bernard BOUYE (Photographe) Catherine RAYNAUD ( peintre) Maurice LACROIX ( Président C.T Lunel-vieil) Jean-Paul DURAND ( Chroniqueur Télé-Miroir) Patrice BLANC Coralie GOUDINOUD ( Eleveur chevaux camargue). Douze membres pour jury de ce concours, parce qu’il faut bien une compétition pour parler d’un domaine qui en est une, se devaient de juger les films présentés sur la base de trois critères: qualité technique, Choix du sujet et qualité de la réalisation. Au final le palmarès a consacré cette année, le film «La relève dans les bois de Medard» par Gérard et Nicole Osty et présentant les premiers pas de la future génération de cocardiers de la manade Lagarde sous le commentaire de Bernard Lagarde, le Manadier. Il est suivi par «La Fierté de Notre Pays» présenté par Didier Laurent et Jérôme Contestin 2ème et «Ecoles de raseteurs présenté par Jérôme Audemard 3ème. Avec cette douzième édition, le festival du Film Taurin et Camarguais de Saint Génies de Malgoirès a montré plus de 350 films réalisés par des vidéastes amateurs dont certains ont le sang de la jeunesse et laissent ainsi augurer de futures éditions extraordinaires. Grâce au partenariat engagé entre la Fédération Française de Course Camarguaise et l’UTPR Lou Gandar, vous

pourrez voir et revoir les films présentés lors de cette édition du festival. A quatre reprises cette année, et pour seulement 2euros de plus, vous trouverez un DVD en insert de votre magazine la Fe di Biòu. Ne ratez pas le numéro de Mars et le premier de ces quatre DVD. Concours Photos De concours, il y en avait un autre, mettant en compétition les photographes. Un nombre de photos stupéfiants, mettant aux prises 35 photographes ayant su saisir la beauté de ce sport et de cette région. Sur les 99 photographies présentées, trois sont sorties du lot et ont consacrées: 1er prix Daniel SIRVENT 2eme Prix: Pierre MADEC 3eme Prix : Patrice ROUSSEL Numero 8 Printemps 2009

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Les Saintes Maries de la Mer

Journée de la Maintenance Les Saintes Maries de la Mer s'éveillent doucement. Aujourd'hui, le réveil se fait aux accents des sabots des chevaux qui martèlent la route. Les trois bannières de la Nacioun Gardiano, de la Confrérie des Gardians et de l'Association des Gardians professionnels claquent dans le mistral de cette journée d'hiver pour rendre un hommage appuyé à l'enfant du pays, Armand Espelly.

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Né aux Saintes il y a 80 printemps, de parents eux-même nés dans cette capitale de la Camargue, comme s'est plu à le rappeler Mr le Maire Roland Chassain, Armand Espelly a passé sa vie en Camargue et a fait de la Camargue ce qu'elle est aujourd'hui. Les Saintes fêtent donc leur fils en lui consacrant une matinée avec des Tau-

reaux et des Chevaux, bien évidemment. Les gardians traversent le village jusqu'à la plage Est pour un concours de ferrades. Ils vont bousculer du bétail des manades JC Blanc et de la Saliérenne. Les coups de fer seront donnés par les manades Vinuesa, Cuillé, Blanc, St-Gabriel, Raynaud,

Guillierme, Gillet, Ricard, St-Antoine et Jalabert. Les premiers anoubles se prêtent volontiers au jeu, donnant lieu à de splendides coups de fer. Mais il est dommage que rapidement le public indiscipliné ferme le jour vers les chars et se plante au milieu du parcours. Non seulement les spectateurs n'ont pas mieux vu l'action, mais les veaux affolés de ne pas trouver de point de fuite ont essayé de s'échapper hors du parcours et n'ont pu être renversés. _ Quelques uns ont même été attrapés avant les drapeaux, un peu dommage pour les gardians qui n'ont pu faire montre de leur maestria. Au final, la manade Raynaud remporte le concours de ferrades devant la manade Jalabert. Un prix qui lui est remis en piste, après une abrivado des Baumelles partie de la plage, et l'hommage de Mr le maire le faisant Citoyen d'honneur de la ville des Saintes. Mr le maire n'oubliera pas également de décerner un prix spécial à Marcel Raynaud, le doyen des cavaliers du jour fêtant pour l'occasion ses 82 ans.

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Saint Gilles

Thomas Pallegoix, Maréchal Ferrant

Le maréchal ferrant martèle le fer, courbé sur son enclume. Il modèle patiemment un bout de métal pour lui donner la forme du sabot qu'il va protéger. Il fait le fer au pied. Quelquefois, par chez nous, il pleut...

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Ces jours là, le maréchal ferrand continue à frapper, marteler, chauffer et recommencer. Il est un maître de forges, sait traiter le fer avec noblesse et respect. Dans ses mains, il se forme, se plie à la volonté de l'artiste pour devenir autre. Thomas Pallegoix crée des sculptures, des oeuvres d'art. La finesse de son travail contraste avec la matière qu'il travaille, le fer. D'un bloc, tube ou carré il extraie une tête de biòu, de toro, point de départ d'une oeuvre toute en finesse. Ainsi, il orne des miroirs, crée des trophées, des huis, des chandeliers... Il se permet même de revisiter la croix Gardiane, en y intégrant la croix Occitane et une tête de biòu extraordinaire. De la dentelle de métal... Les cornes de son bétail sont en lyre, goubelet, larguet. Des cornes d'hier ou d'aujourd'hui. Il maitrise son art et sait composer des têtes à l'envie. Vous pourrez même choisir votre pièce avant sa conversion. Un petit dessin valant mieux qu'un long discours, faites vous une idée... Et espérez qu'il pleuve plus souvent...

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Saint Martin de Crau

A la Découverte de la Crau

Marjorie Mercier Le rendez-vous était fixé à 14 heures à l’Ecomusée de la Crau, à Saint Martin de Crau. Dans le cadre de l’exposition « Transhumances, de la Provence à l’Alpe » orchestrée par Patrick Fabre, une sortie de découverte nature est proposée. Mais avant de partir sur le terrain, l’humble auteur de cette exposition nous propose de découvrir ses somptueuses photographies qui sont le fruit d’une vingtaine d’années de passion. Ses commentaires nous permettent de voyager avec ces moutons de race « mérinos » au départ de la Crau jusque sur le long chemin des estives situées sur les espaces protégés du Mercantour, de l’Ubaye, du Briançonnais, de l’Oisans, du Vercors et même parfois de la Vanoise. C’est alors que les paysages défilent, que des portraits des bergers se dressent pour enfin évoquer la Maison de la Transhumance. Elle pourrait voir le jour en 2010 à Saint Martin de Crau et plus précisément sur le Domaine des Aulnes. Celleci permettrait de pérenniser le travail que l’association de la Maison de la Transhumance a entamé depuis 1997. Assez parlé, le soleil et le faible mistral nous attendent à Peau de Meau. Peau de Meau est un endroit unique en Europe car c’est l’un des derniers terrains de Crau où la steppe est conservée. C’est aussi un lieu chargé d’histoire… Toujours en compagnie de Patrick Fabre, nous allons évo32 Tradicioun la Revue


luer dans les coussouls de la Crau sèche en suivant les bons conseils du jeune berger Alàri, dessiné sur les panneaux explicatifs du sentier pédagogique (inauguré en juin 2008). Avant d’aborder les thèmes autour de l’écosystème de la Crau, nous croisons le regard d’une première bergerie dénommée « l’opéra », qui est pour le moment inoccupée. Puis une seconde, dont nous nous rapprochons peu à peu… Il y a bel et bien un troupeau ici, il ressemble à d’énormes galets parsemés par-ci par-là ! Quelques pas plus tard, nous venons à la rencontre du maître des lieux accompagné de Mohammed, son aide-berger. Ils nous accueillent et nous font partager leur métier-passion. Mais très rapidement nous sommes encerclés par trois individus… Ce sont les 3 gardiens à 4 pattes du troupeau. Tous ont un rôle bien précis : tout d’abord, le « Patou » qui va au devant des bêtes, en montagne, pour assurer un minimum de sécurité au sein du troupeau. Puis, un border collie qui garde les moutons et enfin un chien de Crau qui assure la même fonction que le précédant mais qui est plus efficace. Nous nous avançons à nouveau vers le bâtiment où nous apercevons des sculptures murales. Les bergers des siècles derniers, aux noms de consonance italienne, ont voulu témoigner de leur passage à travers ces graffitis pastoraux.

Mais tout à coup, la voix d’une joyeuse enfant nous alerte : - « Venez voir, venez voir ! ». Oui effectivement, il y avait non loin de là, une immense cour de récréation. Entre sauts artistiques et galipettes, nous étions rentrés dans le royaume des agneaux ! Au moment où le berger nous autorise à rentrer dans l’enclos, un grand ballet commence entre la bergerie et le pré… Mais… que se passe-t-il dans la bergerie au juste ? Chuuuut ! Une maternité géante s’ouvre à nous... Nous profitons de saluer le dernier arrivé, il y a seulement quelques petites heures… mais il est déjà temps de

nous remettre en route pour la dernière étape : la bergerie romaine. Savez-vous que l’on en dénombre encore environ 130 sur les 167 ha de la Réserve de Peau de Meau ? Il est temps de regagner nos voitures, car le froid se fait de plus en plus sentir… Nous avons passé une très agréable après-midi. Nous repartons chacun de notre côté avec de riches explications sur la Crau, sa formation, sa faune, sa flore et l’activité humaine qu’elle draine autour d’elle… mais avant tout des images plein la tête…

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Aimargues

Journée des Traditions Hommage à Fanfonne Guillierme

Le premier dimanche de Mars était annoncé pluvieux par la météo, il l’a été. Mais pas suffisamment pour doucher l’enthousiasme des Camarguais venus rendre hommage à la Grande Dame, Fanfonne Guillierme. Pourtant, tout a mal commencé, alors que le départ du défilé est prévu dans une petite demi-heure, le ciel se vide en deux ondées fort mal venues. Ces pluies aussi soudaines qu’assassines noient les quelques arlésiennes que l’optimisme inébranlable a privé de parapluie. Qu’importe, ce caprice ne dure pas, et les groupes se mettent en formation. Ils sont une dizaine sur le papier mais bien plus devant l’école. Nombre de gardians, nombre d’arlésiennes sont venus de leur propre chef, sans rien dire, juste parce qu’aujourd’hui, il faut être à Aimargues. Et la place de se remplir. Toujours plus de rubans, toujours plus de chevaux. Bien plus que les années précédentes, 115 chevaux recevront la bénédiction après la messe. Cent quinze cavaliers qui vont ensuite enserrer la place au buste de la demoiselle.

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Le Discours de Mr Jean-Paul Franc, Maire d’Aimargues est de nature à rassurer les nombreux afeciouna présents. A l’heure où tant reculent devant les écueils juridiques posés par l’organisation de spectacles taurins, Mr le Maire s’inscrit dans la continuité. Il sera vigilant sur la sécurisation des manifestations, mais tant que celles-ci se feront dans le respect des règles, il les soutiendra. En écho, Mr le président de Région finira de rassurer les sceptiques. L’Europe fait beaucoup de choses, mais nos traditions seront défendues becs et ongles. Dans une diatribe appelant à un rapprochement entre Languedoc et Provence, avec le symbole de la Camargue comme lien affectif, Mr le président s’est montré déterminé et à l’écoute de nos traditions. La course camarguaise n’a rien à faire des combats d’arrière garde concernant la corrida. Elle est un sport, et une tradition multimillénaire. La course libre a été inventée par les grecs en 2700 avant Jésus-Christ, et amenée ici au 7ème Siècle avant JC, avec la vigne. Le taureau magnifié et déifié, doit continuer son rôle, sa

course. Dans nos villages il n’y a pas de statue de torero, mais de Taureaux... L’éloquence de Mr le Président n’est plus à démontrer et tranche agréablement avec les discours des anti ceci ou pro cela. La tradition affaire de vieux... Mr le Président termine en disant : Ce n’est pas un combat du passé, c’est la maintenance d’une grande civilisation qui est capable d’affronter le défi mondial qui nous attend, et c’est pour cela que je vous dis : Vous n’êtes pas vieux, vous êtes la jeunesse du monde. Dans leur registre et avant lui, Mrs Gabriel Brun, président du comité des fêtes et Mr Guy Chaptal Capitaine de la Nacioun Gardiano avaient déjà affiché ce respect des traditions allié à la volonté de combattre des mesures prises sans connaissance de la force des usages. Mlle Caroline Serre XXe Reine du pays d’ Arles fait étalage de sa grâce féminine dans un discours en hommage à la grande dame. Son intervention en provençal, associant dans son discours ses demoiselles d’honneur qui toutes l’accompagnent en cette journée ô combien symbolique est la fleur provençale dans ce Languedoc combatif.

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