Numero 6 Septembre

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Numéro 6 Automne 2008

L’été, le temps des charrettes

ISSN 1958-7813


Tradicioun Association loi 1901 http://www.tradicioun.org/ Maison des associations 13430 Eyguières

Sommaire

Directeur de la Publication Magali Blanc Rédacteur en Chef Eric Blanc Coordinatrice Patricia Escallier Rédacteurs Eric Blanc Magali Blanc Marjorie Mercier Bernadette Faget Nathalie Chay Caroline Serre.

La Course de Satin 2008 Fête du Ruban 2008 Cérémonie de transmission des bijoux à la XXe Reine d’Arles Fête de la Saint Pierre

08-06-2008

Mollégès

Crédits photos Eric Blanc Marjorie Mercier Bernadette Faget Conception graphique Eric Blanc

Les Bernacles

La course de La Carreto-ramado Le Défilé et la bénédiction La Cavalcade de la Saint Eloi La Carreto Ramado di cigaloun d’Aureio

21-06-2008

Arles La Pegoulado Grandiose fête du costume Discours de Nathalie Chay XIXème Reine d’Arles Discours de Caroline Serre XXème Reine d’Arles

06-07-2008

Tradicioun

Revue Trimestrielle Numéro 5 Eté 2008 ISSN 1958-7813 Prix de Vente 5€ Dépôt légal: A parution

Marseille

26-07-2008

Olympiades Camarguaises Les joutes nautiques Une Journée à l’ancienne Li festo Vierginenco Beaucaire fait son cinéma


Editorial Il nous est apparu au fur et à mesure de années que l’esprit du costume disparaissait. Aujourd’hui, les femmes perdent le bon sens quotidien dans la façon de porter le costume . Nos aieules n’auraient jamais porté un costume soyeux pour se rendre à un repas champêtre. Il nous appartient de retrouver cet esprit pour ne pas sombrer dans le non sens. Nous avons ainsi élaboré une charte sur le port du costume contemporain afin que chaque femme du pays qui, prise d’un doute au moment de composer sa tenue, puisse s’y référer. Mais, me direz vous... Cette charte ne risque t’elle pas d’uniformiser le costume, de lui faire perdre cette petite différence qui fait de chaque arlatenco une femme unique? Trop de codification n’est ce pas contre l’esprit d’inspiration, de création de personnalisation, de liberté du costume ? Non. A bien y réfléchir, cette charte n’est qu’un tuteur, un base pour élaborer ses costumes. Ensuite, les femmes gardent leur libre arbitre pour créer leur tenue et vivre ainsi le costume au plus près de ce qu’il se faisait du temps de nos aïeules.


Arles

La Course de Satin 2008 Troisième titre pour Clément Bourrely

La course de Satin date de 1529. Elle s’appelle ainsi car à ses débuts, le vainqueur emportait une longueur d’une canne de satin. Henri Brochier, le président du comité des fêtes se plaît à le répéter, avec une course chinoise datant du XIe siècle et le Palio de Sienne du XIIIe siècle, cette course fait partie des plus anciennes compétitions mettant en jeu des cavaliers. Tout comme le palio, cette journée se déroulant aujourd’hui au mas des Bernacles a su garder un coté traditionnel. La cohue n’est pas celle de Sienne, mais a contrario, le peu de monde crée une intimité qui disparait dans les fêtes fastueuses. Il n’y a pas de doute... On est ici en Camargue, on est ici «en famille». Le dimanche est ponctué de trois épreuves : le concours de ferrades le matin concours dans lequel dix manades s’affrontent amicalement, puis l’après midi voit un concours de maniabilité précéder les trois courses de chevaux : Taiolo, Peu Blanc et Satin. La matinée commence ainsi sous un ciel plombé, ne laissant augurer rien de bon. Mais l’optimisme règne, les rhumatismes d’un des juges prévoient 4

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que le temps va se lever après le repas. Alors ma foi... Si les rhumatismes le disent, aucune raison d’annuler. Mais ce ne sera qu’après le repas. Pour l’heure, le concours de ferrades devra se dérouler sous un crachin des plus inconvenus sous nos latitudes... Ah si vous étiez venus l’an dernier... Pourtant, le public restera stoïque et appréciera les prestations des uns et des autres. Peu de coups de fer, cette année. La faute au temps, que voulez vous... La ferrade du matin


Au final, le Ferri d’or sera enlevé par la manade Saliérenne, pour le coup de fer d’Aurélien Peytavin. Il précède de peu la jeune équipe de la manade Paul Ricard et celle des Montilles. Le concours de maniabilité est le même que celui de l’an dernier. Pour ceux qui y songeraient l’an prochain: Ouvrir un portillon, passer, refermer le portillon prendre un bâton sauter un obstacle poser le bâton mettre pied à terre, remonter en selle avancer dans un couloir, faire tinter la cloche, reculer soulever haut et reposer un broc sur une table slalomer autour de 4 arbustes sauter un obstacle Le tout chronométré en comptant 10 secondes la pénalité. A ce jeu, la famille Serra avec Marc et Ramon, père et fils emporteront le lot final avec un même chrono après pénalités... Viennent enfin les trois courses de chevaux. Un sprint de moins de 1000 mètres dans le sable et la sansouire sur un parcours en forme de fer à cheval. Le manadier s’était inquiété le matin, la pluie durant une heure de plus à midi aurait rendu le parcours trop glissant pour être tenté. Mais les rhumatismes de «l’ancien» avaient réussi là où avait failli la météo. Il allait faire beau.

Clément Bourrely ceint la Taiolo, aidé par Mr Schiavetti, maire d’Arles

Le concours de maniabilité

Trois courses pour trois chevaux différents. La course de la taiolo est une course sellée pour chevaux de toutes races. La course des Peù blan est offerte aux chevaux de type Camargue, pas forcément de pure race. La course de satin est offerte aux Camargue Plein Papier, et se court à cru. La course de la taiolo a été remportée par Norbert Soulier. Gabrielle Galleron s’adjuge la course des Peù blan. Et Clément Borrely vient pour la troisième fois ceindre la taiolo verte de satin grâce à son cheval Galoì. Courage, Clément a dit qu’il concourait pour la dernière fois... Pas de grande liesse, de grand vainqueur dans cette fête. La compétition ressemble plus à un prétexte à se retrouver et passer la journée ensemble. Les vainqueurs ont tous été ravis d’avoir gagné. Mais les vaincus ont gardé le sourire. La journée s’achève dans la bonne humeur de tous. Cette année était particulière. Clément gardera sa ceinture. Julie Gallon, l’ambassadrice du Riz, Caroline Serre et Nathalie Chay, respectivement XXe et XIXe Reine d’Arles ont présidé la compétition avec leurs six demoiselles d’honneur respectives. Un plaisir qui ne se renouvellera pas. Numero 6 Automne 2008

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Mouriès Fête du Ruban 2008

Fanny Féraud-Simon 13e Reine du Ruban

Fanny Féraud-Simon, XIIIe Reine du ruban

Fanny Féraud-Simon succède donc à Julia Berizzi en devenant la 13e Reine du Ruban. Comme chaque année, une grande fête ponctue l’intronisation de la nouvelle Reine. Mme Berizzi est aux commandes, sereine, prenant plaisir à mener la danse. _ En conséquence, l’atmosphère est détendue, le fil du défilé se tisse lentement entre ses doigts : Les gamines prennent place dans la tirasse avec les cerceaux, La maio s’assoit face aux Reines d’Arles dans une calèche, alors que dans une autre, Julia prend place aux cotés de Céline, la dame de Saint Remy... On passe toujours une bonne journée à Mouriès... Et aujourd’hui la ville avait des charmes particuliers pour un photographe, un parterre de Reines toutes plus belles les unes que les autres... Félicitations Fanny...

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Arles

Cérémonie de transmission des bijoux à la XXe Reine d’Arles Texte & photos Marjorie Mercier

Je me trouvais dans la salle d’honneur de l’hôtel de ville d’Arles. J’étais très proche de deux jeunes femmes vêtues du costume traditionnel d’Arles. Ce n’étaient pas de simples Arlésiennes -m’avait-on glissé à l’oreille- ce sont respectivement les XIXe et XXe Reine du Pays d’Arles. Elles étaient entourées de M. Hervé Schiavetti, maire d’Arles et de son conseil municipal, de Philippe Brochier le Président du Comité des Fêtes et de nombreuses personnes impliquées et amoureuses du costume d’Arles et plus généralement de nos traditions. La plus jeune d’entre elles tenait un écrin lourd de son histoire, dans lequel se trouvait une multitude de bijoux ornementés de diamants qui illuminaient ses larmes de joie. La seconde, ne montrant pas ses sentiments mais qui était tout autant émue, présentait un page ayant appartenu à la première de la grande lignée des élégantes Ambassadrices d’Arles ainsi qu’une médaille sur laquelle Sant Jorge était représenté. 8

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Vous souvenez-vous de cette fameuse médaille qu’un généreux donateur anonyme avait proposé à Nathalie Chay un 1er mai 2006 ? C’est en prenant la parole que la XIXe Reine d’Arles a dévoilé l’identité de Jeannine Castanet comme étant la personne qui a offert ce bijou fort de symboles. Je me souviens également avec précision que dans mon rêve, d’un jeune homme qui s’avança alors avec un coffret à bijoux contenant un sautoir de style Napoléon III, d’une longueur d’un mètre cinquante. Ce don du bijoutier de Passé Simple est destiné à agrandir la prestigieuse parure des Reines d’Arles. Généreux donateur il avait déjà offert à Nathalie une broche en forme de trèfle.

de nombreuses années. Ce mardi 17 juin 2008 aux alentours de vingt heures il s’est enfin accompli pour l’Arlésienne âgée de 19 ans. Cette date restera bien évidemment gravé à tout jamais dans sa mémoire et dans l’immense histoire d’Arles. Ce qu’il faut savoir sur les bijoux de la Reine La parure connue de tous a été confiée par M. Jacques Colcombet en 1987 à Annick Ripert peu après son élection. Elle appartenait à son épouse Marie-Josée Etienne. Celle-ci se compose d’un coulas, d’un bracelet, d’une paire de boucles d’oreilles, d’un médaillon, d’une rivière de diamants, d’une broche et d’une épingle de ruban. C’est le 12 juillet 1989 que M. Colcombet fera don de la somptueuse parure en signant une convention avec la mairie afin que le comité des fêtes prête les bijoux aux différentes Reines d’Arles durant leur règne.

Tout à coup, je me réveillai d’un sursaut… je me retrouvai seule dans cette magnifique salle d’honneur de la Mairie d’Arles… Et oui ! Toutes les bonnes choses ont une fin… mais ce rêve que je viens de vous conter, c’est celui que Caro- Un page fait également parti des biline Serre souhaitait réaliser depuis joux de la Reine. Très fort en symbo-

le car il appartenait à Angèle Vernet, première Reine de l’histoire d’Arles. Il a été offert par Elisabeth Ferriol, elle-même IXe Reine d’Arles. C’est en 2006, qu’une nouvelle pièce vient s’ajouter à cette magnifique collection : une médaille représentant Saint Georges, patron de tous les cavaliers. Nous avons donc appris au cours de la cérémonie de transmission des bijoux à Caroline Serre que Mme Jeannine Castanet en été la donatrice. Elle souhaite que la médaille soit portée tous les 1er mai en hommage au Saint Patron des Gardians. Enfin, comme j’ai pu le dire dans l’article ci dessus, le bijoutier de Passé Simple a offert un coffret à qui contient un sautoir de style Napoléon III, d’une longueur d’un mètre cinquante.

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Marguerittes

Fête de la Saint Pierre Texte & photos Bernadette Faget Le Saint Patron de la ville de Marguerittes, n’était plus honoré, jusqu’à l’arrivée du Père Benoît Reif en septembre dernier. Nouveau responsable de la paroisse des Saints Pierre, il souhaitait faire revivre cette fête paroissiale. La renaissance d’une Fête presque oubliée prend donc date pour le dernier dimanche de Juin. Cette année n’était que la première, et pour un coup d’essai, ce fut un coup de maitre. La bénédiction de la statue du saint a précédé une lente procession jusqu’aux arènes dans lesquelles la messe a été donnée. Une procession qui a regroupé de nombreux fidèles à la suite du Saint, de Sara Gibert et Pauline Faget, demoiselles d’honneur des XIXe et XXe Reine du pays d’Arles, autour des tambourinaires et arlésiennes de la Souleiado de Margarido, des attelages. Une fête de village telle qu’on l’imagine, intimiste, vraie, qui se termine en famille autour d’un apéritif et d’un repas.

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Mollégès

Fête de la Saint Eloi

La course de La Carreto-ramado Samedi Certaines charrettes comme celle ci et celle d’Eyragues la semaine suivante courent le samedi et défilent le dimanche. La charrette mollégeoise a donc subi les assauts de la chaleur d’un 21 juin, solstice d’été qui rarement aura aussi bien porté sa réputation. Une hausse de 10 degrés au thermomètre accueille les charretiers, qui attele les 15 lourds de la flèche mollégeoise pour une course effrénée dans le village. Il est quinze heures. Sous 35 degrés, les charretiers composent patiemment leur charrette, la décorant de branches de peuplier de frêne et d’ormeau. Puis ils harnachent leurs chevaux. Joconde est la pouliche constituant lou davans, suivies par 2 autres femelles : Caline et Gamine. Quatre sarrazins sont portés en tête de flèche, Nuage porte le dernier. En fin de corde, lou Cavihié Ratou et lou limonié Osco tiennent les autres postes clés. Les rôles d’importance ont été soigneusement confiés par Sébastien, qui connaît bien chaque bête. Le samedi, la charrette doit courir à travers

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les rues du village, et faire courir une flèche de 15 chevaux de trait n’a rien d’une sinécure. C’est à lui qu’incombe donc la charge de choisir chaque position dans la corde pour que celle ci soit cohérente, et ne risque pas de s’emballer. Le cortège s’ébranle doucement, dans la campagne. Une petite foulée à un kilomètre du village, histoire de mettre en jambes les chevaux, les débarrasser de leur nervosité. La charrette court bien... Ils arrivent... Pile a l’heure, me dit fièrement un Mollégeois, elle est toujours à l’heure notre charrette. Le bras levé. Le signal. Et la charrette s’engage. Un premier passage un peu cahotique, les chevaux étaient au calme, et la bombe associée au monde venu se masser au coeur du village ont perturbé une paire d’entre eux. Le temps pour tout le monde de réaliser que les charretiers ne sont pas là pour accompagner les bêtes, mais bien les mener. Ne court pas qui veut. Les autres passages seront parfaits, avec des courses splendides, une charrette qui tourne sur des rails dans l’équerre au coeur du village. Malgré la chaleur, personne ne ménage ses efforts, et les chevaux de passer et de repasser dans un sens et l’autre... La course de la charrette à Mollégès, c’est plus d’une heure au son des grelots des sabots martelés sur le bitume, du fifre dans la charrette. Numero 6 Automne 2008

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Mollégès

Fête de la Saint Eloi

Le Défilé et la bénédiction

Dimanche Le lendemain de la course, vient la bénédiction et le défilé de la carreto ramado : une flèche de cinquante chevaux, les 10 premiers portant le collier sarrazin.

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Dans le pré en face le mas des prieurs, la confrérie de Saint Roch harnache les sarrazins. L’un après l’autre, Comtois, Poitevins et Bretons viennent se faire habiller. Ils s’abandonnent placidement aux mains expertes de leur maréchal. Bride, couverton, collier... Ils ne bronchent pas. Dans le village, la messe commence devant une assemblée venue nombreuse. Que d’arlésiennes... Les Carreto ramado sont souvent prétexte pour les habitantes des villages que la fête anime pour s’habiller, porter le costume traditionnel. Cette année à Molléges, elles étaient nombreuses à s’être costumées. Un germe de passion qui peut être les poussera à recommencer plus souvent, qui sait. La messe finie, le défilé se met en place, et la longue flèche de dessiner son parcours dans les rues du village sous la conduite des prieurs de l’année Michel Merletto et Claude Parraud. La Charrette conduite par Michel Fabre passe devant l’église une puis deux et trois fois, avant de conquérir le cours. Au son des fifres et du tintinnabulement clair des clochettes et grelots, la grâce des chevaux lourds et la prestance des demoiselles d’honneur Coralie Bonici, Magali Nouveau et Marion ²vPitras ravissent le public local, et les touristes dont l’étonnement le dispute à l’émerveillement. Et la fête de continuer... Les fifres jouent encore certainement...

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Gémenos

La Cavalcade de la Saint Eloi Le dernier dimanche de Juillet voit traditionnellement les fêtes de Saint Eloi s’arreter à Gémenos. Un long programme qui commence par une aubade et une cavalcade le dimanche pour se terminer dans un aioli monstre le mardi. La cavalcade du Dimanche constitue un spectacle qui, seul, suffirait à ravir petits et grands. Une vingtaine de chevaux montés et autant de voiturettes précèdent le défilé des 12 chars et la Carreto Ramado. La carreto est attelée à une flèche de 5 mulets noirs, dont l’attelage remportera le premier prix qu’il partagera avec le char disco. Le défilé traverse le village jugé par un jury qui distribue les accessits dans les différentes catégories : Chevaux montés, voiturettes, chars, attelages de chevaux, d’anes et de mulets. Les trois passages ne suffisent pas à découvrir les vainqueurs des différentes catégories. Au hasard d’une étiquette, on découvre que le Minibus Volkwagen le 2008’art remporte le concours des voiturettes, et que l’hommage au circuit du Castellet celui des chars. Les prix sont nombreux et les charretiers heureux... Une bien belle cavalcade à travers les rues du village, trop vite passé si l’on songe au travail de création de ces chars éphémères. 16

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Quelques clichés d’une matinée dédiée au meilleur ami de l’homme.

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Aureille

La Carreto Ramado di cigaloun d’Aureio

Retrouvant ainsi une tradition qui s’était éteinte au lendemain de la première guerre mondiale, La charrette aureilloise a recommencé sa ronde dans le village le 16 Août 2002, jour de la Saint Roch. Mr le maire était le premier prieur de cette charrette recréée. En 2008, le saint sort toujours de l’église à la date du 16 Août pour un hommage qui reste intimiste, une atmosphère "fête de village". La meilleure preuve en est peut être cette dame, qui au premier passage du cortège accompagnant la carreto confie son nouveau né au soin des membres de l’atelier de Maillane, stupéfaites par tant de confiance. Lové dans le panier de linge, l’heureux bambin participe ainsi à son premier défilé dans les bras de Morphée. Ni les stridulations du Condor, ni l’eau bénite ne viendront déranger ce sommeil du juste. Aux cotés du Condor et de l’atelier, les Cigalon d’Aureio étaient également accompagnés par le Ruban de Trinquetaille. Un cortège de fort bonne tenue, précédant Roger Gonnet, le prieur, qui emmène lou davans et la flèche des chevaux tirant une Carreto maraichère fantastiquement décorée La Carreto di Cigaloun d’Aureio est une charrette dont les membres du groupe laissent entendre qu’elle est la plus belle du genre. Si cela n’est pas vrai, du moins ne doit on pas être loin de la vérité. Les prieurs ont bien travaillé. 18

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Arles

Les Fêtes d’Arles

La Pegoulado

Tous les trois ans, la pégoulado a une saveur particulière. Tous les trois ans, le Passo-carrièro est sous le charme. entre Crau e Rose, li courdarello (ex prémices du riz), Le charme de deux reines et de leurs demoiselles d’hon- les attelages en pays d’Arles. D’autres formations ont été associées comme les grouneur. pes de Farandoleurs d’Aix et Marseille : les farandoleurs Cette fête est décidément en marge. Expression de la sestian et li gai farandoulaire, et leurs groupes invités simplicité paysanne, résurgence des retraites aux flam- venus du Chili et de l’Ossetie du Nord, la jouvenco de beaux des fêtes patronales d’antan, elle est une fête de Montfavet ; la fanfare les arlequins, les beaux Dimanfamille. L’oncle, la fille, la grand mère... Ceux qui dé- che, de l’Isle sur la Sorgue, la fanfare à cheval. filent pourraient tout aussi bien être votre tante, votre grand père... Un petit bout de Provence, et des visiteurs Et bien sûr en tête les cigaloun Arlaten, et en point d’orgue les gardians et les deux règnes emmenés par Nathavenus de loin. lie Chay et Caroline Serre. Pour cette édition 2008, les groupes d’Arles et de Camargue sont toujours aussi bien représentés. Les ciga- Beaucoup de monde au final pour le plus grand plaisir loun arlaten, le comité des fêtes, Camargo Souvajo, le des nombreux badauds qui pour nombre ne manquerait Roundelet di moulin, les filles du Delta, Le ruban de cela pour rien au monde. Trinquetaille, l’escolo d’Argenço, l’escolo mistralenco, l’Arlatenco, lou velout d’Arle, Reneissenço, l’etoile de l’Avenir, la souco tarascounenco, le roudelet Arlaten,

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Arles

Les Fêtes d’Arles

Grandiose fête du costume Le premier dimanche de juillet, Ar- XVIII, la splendeur conquérante du second empire, ou la frénésie de la les fête le costume. révolution française. La mode, outil Ce jour là, le costume moderne, ou de charme autant que revendication contemporain date du début du XXe de femme, s’est appropriée ces évèsiècle. Et moderne il est. Pas seule- nements, les pliant à sa domination. ment parce qu’il continue d’évoluer La femme est maitresse du temps, sous la coquetterie des filles d’Arles, maitresse des évènements. comme au siècle précédent, mais aussi et surtout parce qu’aujourd’hui, Aujourd’hui, impossible évènement, Arles à ouvert la porte du temps sur Charles X, Louis Philippe, Louis XVIII, Napoléon III défilent cote à des siècles passés. La fête du costume est l’occasion de cote sur les lices, et jusqu’au théatre revivre les fastes de la cour de Louis antique où les attendent 2000 ans 22

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d’histoire. La fête du costume représente pour les groupes d’Arles LA fête. On en vient à regretter que le défilé ne dure qu’un instant trop court, Nous voudrions arrêter chaque femme, chaque fille pour qu’elle nous conte un peu de cette vie que représente leur costume, qui des intrigues de la cour, qui des batailles napoléoniennes. Peut être ne manque t’il à ce défilé que la voix d’un "Zitrone" narrant d’une voix de basse ces histoires qui


composent l’Histoire. La fête est un rendez vous traditionnel avec la reine, c’est sa fête. Traditionnel comme un rendez vous dans le cloitre, un départ de défilé, une remontée des Lices puis une présentation au Théatre antique, cette fête est pourtant toujours différente, renouvelée du sang de ses filles qui choisiront la teinte de la journée par leur choix de costume. Charles X une année, Louis Philippe l’année

sée par Nathalie Chay. Elle sera uno magnifico Reino touto en delicatesso e en generosita lui dit elle dans son discours [2]. Dans une allocution à l’image de son règne, Nathalie remercie ceux qui l’ont investie de cette charge, Les élus qui l’ont escortée, mise en avant, elle rend un vibrant hommage au grand grand couturier Christian Lacroix, au comité, aux Cette année est particulière, elle est reines d’Arles. Elle verse une première larme quand année d’élection . Une reine part, une reine arrive. Ca- elle se tourne vers ses demoiselles roline Serre est aujourd’hui introni- d’honneur, en verse une seconde qua suivante... Les groupes y rivalisent d’effort pour faire revivre des pièces oubliées. Une chocolatière, un costume XVIIIe, un autre d’époque Louis XVIII. Des costumes qui parviennent à surprendre jusque celles qui pourtant portent le costume contemporain communément.

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nd elle parle de sa couturière, et fait pleurer le public quand elle s’adresse à sa mère. Dans sa métaphore, Nathalie est telle l’alpiniste devant une montagne. Elle parcourt un chemin aussi éprouvant que sublime. Sa modestie aidant, elle n’a pas dit ce que les arlésiens savent tous... sa cordée de sept demoiselles a conquis le toit du monde et touche les étoiles ce jour. Nathalie passe le flambeau, s’inscrivant comme une page dans le livre d’Histoire de la ville. Et Caroline de le prendre avec force émotion. Caroline nous raconte une histoire. La modeste histoire d’une fillette d’Arles. Le rêve d’une enfant. Sa première pégoulado à 4 ans qui en annonce beaucoup d’autres, les fêtes des gardians, du costume, le chant, la danse, la coiffe de Mireille à 10 ans qui fait une jeune fille d’une enfant. A son tour, elle transmet son émotion au parterre en parlant de Josette, de ce premier poutoun de Sabine Mistral. Puis vient le ruban, pris aux Saintes. A son tour Caroline remercie... Elle remercie la Nacioun, le comité, son jury. Caroline écrira maintenant son histoire d’Arles. Elle commence dans le sérieux de la tradition, de la transmission. Elle a saisi le discours de Nathalie, conjuguant déjà ses verbes à sept. La présentation de ses demoiselles d’honneur se fait dans le même élan de larme que celui de Nathalie avec ses demoiselles. Une présentation qui précède un témoignage de ce que doit être la tradition : la transmission d’une culture, d’un art de vivre, d’un savoir. Nathalie avait remis des bijoux à Caroline. A son tour cette dernière offre à ses demoiselles d’honneur une épingle de ruban qu’elles transmettront dans trois ans, quand leurs expériences auront fini de façonner le bijou qu’elles contiennent. L’émotion est si forte en cette fin de matinée que même le ciel finit par s’épancher en écho des dernières phrases de la XXe Reine d’Arles. Un signe à n’en pas douter. Votre premier discours a déjà conquis les Arlésiens, Majesté. _ Paraphrasant Nathalie, nous vous souhaitons un règne merveilleux et riches de rencontres.

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Arles

Discours de Nathalie Chay XIXème Reine d’Arles Les Fêtes d’Arles

Moussu lou Presidènt de Regioun e deputa, Moussu lou conse d’Arle e soun municipe, Midamo e Missiès lis elegi dou Païs d’Arle, Moussu lou Capitani de la Nacioun Gardiano, Moussu lou Capitani de la Counfrarié di gardian de Sant Jorgi, Moussu lou Predidènt de l’associacioun di gardian de mestié, Moussu lou Presidènt dou Comitat di fèsto, Genti Rèino que nous faguès lou grand ounour d’estre emé nautre vuei, Gento Rèino Carolino emé si Damisello d’ounour, Pople d’Arle e dou Païs d’Arle. A cado dicho, salude touto uno tiero de persounalita coume vèn de lou faire, fin-finalo se fai rèn de mai que de li cita. Mai, ma recouneissènço pèr aquéli persouno vai mai lieun e voudriéu à caduno un pau mai. Moussu lou Pesidènt de Regioun e deputa Michèu Vauzelle, Moussu lou conse d’Arle Hervé Schiavetti emé soun municipe, Midamo e Missiès lis elegi dou Païs d’Arle.

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Monsieur le Président de Région et Député Monsieur le Maire et son conseil municipal Mesdames et Messieurs les Maires et élus du Pays d’Arles Monsieur le Capitaine de la Confrérie des Gardians de Saint George Monsieur le Capitaine de la Nation Gardiane Monsieur le Président de l’Association des Gardians Professionnels Monsieur le Président du Comité des fêtes Genti Reino qui nous font l’immense honneur d’être aujourd’hui à nos cotés Gento Reine Caroline et ses demoiselles d’honneur Peuple d’Arles et du Pays d’Arles A chaque discours, on énumère quantité de personnalités à saluer, comme je viens de la faire, et finalement on ne fait rien de plus que les citer. Parce que ma reconnaissance envers ces personnes ne se limite pas simplement au fait de les citer, je voudrais m’adresser à chacune d’elle un peu plus longuement : Monsieur le Président de Région et Député Michel Vauzelle Monsieur le Maire d’Arles Hervé Schiavetti et son conseil municipal Mesdames et Messieurs les Maires et élus du Pays d’Arles.


Vautre que sias lis autourita d’aquèu Païs de tradicioun, vautre que sias nostis oste d’en-pertout mounte sian, es à vautre que vai moun proumié gramaci. D’en proumié per ço que nous avès toujour aculido emé forço respèt e gentun, mai tambèn per ço qu’es vautre qu’aves lou lourd presfa d’apara nosti tradicioun e subretout de pleideja pèr l’ensignamen de la lengo nostro i pus autis autourita poulitico de la nacioun e de l’europo. Nosti tradicioun an besoun de vautre pèr se manteni, nautre sian soun cors e soun amo, vautre siguès sa voues pèr dire bèn aut l’identita qu’es la nostro. Moussu lou Capitani de la Nacioun Gardiano, Moussu lou Capitani de la Counfrarié di gardian de Sant Jorgi, Moussu lou Predidènt de l’associacioun di gardian de mestié. Vautre que faguès aquèu mestié de glori mau-grat si dificulta e sis eisigènci, vautre que souvènti-fès sias nosti proteitour, nosti cavalié, gramaci d’apara nosti tradicioun touti li jour dins vosto mestié e vosto pasioun. E gramaci de nous agué aculido dins la grando famiho de la bouvino e de la roussatino. Vautre Pople d’Arle e dou Païs d’Arle.

Vous qui êtes les autorités politiques de cette région et de ce pays de tradition, vous qui êtes nos hôtes partout où nous sommes, à vous va mon tout premier remerciement. D’abord parce que vous nous avez toujours accueillis à vos cotés avec beaucoup de respect et de sympathie et aussi parce que c’est vous qui avez la lourde tâche de défendre nos traditions et surtout l’enseignement de notre langue provençale auprès des plus hautes instances politiques nationales et européennes. Nos traditions ont besoin de vous pour perdurer, nous sommes leur corps et leur âme, soyez leur voix pour dire en hauts lieux l’identité qui est la nôtre. Monsieur le Capitaine de la Confrérie des Gardians de Saint George Monsieur le Capitaine de la Nation Gardiane Monsieur le Président de l’Association des Gardians Professionnels Vous qui faites le mestié de glori malgré toutes ses difficultés et ses exigences, vous qui êtes bien souvent nos protecteurs, nos cavaliers. Merci d’apara nos traditions au quotidien dans votre métier ou votre passion. Et merci de nous avoir accueilli dans la grande famille de la bouvine et de la roussatine.

Vuei pèr lou darrié cop, me vaqui davans vautre touti recampa dins aquèu meravihous tiatre anti pèr marca la fin de noste reinage, lou dès-e-nouvèn, e la debuto d’un autre, lou vinten. Vivèn aqui un pur moumèn de trasmessioun e de partage. Latrasmessioun d’un titre, d’uno cargo, e lou partage d’uno passioun, d’un art de vièure. D’efèt, la mantenènço de nosti tradicioun passo pèr aquèu gèste de la trasmessioun d’un flambèu d’uno generacioun à l’autre. Vuei, aquèu flambèu passo d’un reinage à-n-autre, d’uno Rèino à-n-autro dins un èime de jouvènço eternalo e d’immourtalità. Aquel èime, qu’es lou de touti li Rèino dempièi la proumiero Angelo Vernet, douno à-n-aquelo founcioun touto sa bèuta e tout soun chale.

Aujourd’hui, pour la dernière fois, je me trouve devant vous tous rassemblés dans ce merveilleux théâtre antique pour marquer la fin de notre règne, le 19ième et le début d’un autre, le 20ième. Nous vivons à cet instant un pur moment de transmission et de partage. La transmission d’un titre et d’une charge et le partage d’une passion, d’un art de vivre. En effet, le maintien de nos traditions passe par un geste capital : celui de la transmission de cette flamme, de ce flambeau, qui passe d’une génération à l’autre. Aujourd’hui ce flambeau passe d’un règne à l’autre, d’une reine à l’autre, dans un esprit de jeunesse éternelle et d’immortalité. Cet esprit qui caractérise les Reines d’Arles depuis la première d’entre elle Angèle Vernet, et qui donne à la fonction toute sa beauté et tout son charme.

Tres annado soun passado dempièi qu’avèn reçaupu aquelo cargo. Tres annado, es pas rèn ! Representon bèn mai qu’uno simplo estapo demié touti lis estapo de la vido. Aquèu reinage nous a marcado de founs. Per de que ? Imaginas vous sèt chato pulèu discrèto, qu’auson se presenta à l’eleicioun de la Rèino d’Arle e de sis Damisello d’ounour, que soun eligido e que vivon tres annado de tèms uno esperiènci tant straourdinàri que soulo aquelo que l’an viscudo counèisson l’espelido qu’aco prouvoco en nous.

Trois années se sont écoulées depuis que nous, 19ième règne, avons reçu cette charge. 3 ans, ce n’est pas rien. C’est bien plus qu’une simple étape parmi tant d’autres dans notre vie, ce règne nous a profondément marqué. La raison ? Imaginez 7 jeunes filles, plutôt discrètes qui osent se présenter à l’élection de la Reine d’Arles et des ses Demoiselles d’honneur, qui sont élues, et qui vivent pendant 3 ans une expérience si extraordinaire que seules celles qui l’ont vécu peuvent avoir une idée du profond épanouissement que cela provoque en nous.

Pèr ièu, fuguè un desfis immènse. Me sentiéu coume un simple « passant » aussa tout d’uno au rang d’alpinisto, emé en fàci de iéu uno mountagno gigantesso que deviéu franqui.

Pour moi, ce fut un défi immense, je me sentais comme un simple passant élevé d’un coup au rang d’alpiniste avec en face de moi une montagne gigantesque que je devais franchir. Numero 6 Automne 2008

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Pèr de que aquello metaforo ? Simplamen pèr ço que coume un alpiniste à l’aussaut d’uno mountagno, moun camin fuguè esprouvant e sublime. E coume en mountagno, i’avié gès de de grando routo touto endicado nimai un camin vo un draio. Au contro, lieun de la soulitudo de l’alpiniste, ma caminado fuguè clafido de rescontre de mai en mai de gènt, e à flour e mesuro qu’avançave, soun soustèn èro de mai en mai fort e sa presènci de mai en mai impourtanto à mis iue.

Pourquoi cette métaphore ? Tout simplement parce que comme un alpiniste à l’assaut d’une montagne, mon chemin fut à la fois éprouvant et sublime. Et comme en haute montagne, il n’y avait ni grande route toute tracée ni même un chemin ou un sentier. En revanche, loin de la solitude de l’alpiniste, mon parcours me fit rencontrer de plus en plus de gens, et au fur et à mesure que j’avançais, leur soutien était de plus en plus fort et leur présence de plus en plus importante à mes yeux.

Aquéli gènt, es vautre Pople d’Arle e dou Païs d’Arle e vautre gènt de tradicioun. Vautre qu’ai tout-just crousa vo emé quau ai pouscu parteja de moumèn de coumplecità e d’amista. Sias esta moun oussigèno dou tèms d’aqueli tres annado, e emai que l’ oussigèno se fai mai rare pèr l’alpiniste tout de long dou camin, pèr iéu se faguè de mai en mai aboundous. M’avès touca lou cor bèn mai que ço que lou poudiéu imagina. Souvènti-fès emé de pichot geste vo d’attentcioun, de simple regard vo de rire, de mot agradiéu vo li poutoun de chatouno dis iue beluguejant. Pèr touti aqueli pichoti causo que m’aves pourgido que soun simbèu de respèt e d’amour, vous voudriéu dire gramaci. Dou mai prefouns de moun cor, de m’agué aculido i’a tres an, de m’agué guidado, de m’agué ispira e subretout, gramaci de m’agué amado.

Ces gens, c’est vous peuple d’Arles et du pays d’Arles et vous tous, gens de tradition ; vous que j’ai pu simplement croiser ou au contraire avec qui j’ai pu partager des moments de complicité ou d’amitié. Vous avez été mon oxygène pendant ces 3 ans et bien que l’oxygène se raréfie pour l’alpiniste au fur et à mesure de son chemin, le mien n’a cessé d’abonder, de croître encore et encore. Vous avez touché mon cœur bien plus profondément que je n’aurai pu l’imaginer. Souvent par de petits gestes, des attentions, de simples regards ou des éclats de rires ; des mots gentils ou le poutoun de petites filles aux yeux illuminées. Pour toutes ces petites choses que vous m’avez offertes, qui ne sont rien d’autres que du respect et de l’amour je voudrais vous dire merci. Du plus profond de mon cœur, merci de m’avoir accueilli il y a 3 ans, de m’avoir guidé, de m’avoir inspiré et surtout merci de m’avoir aimé.

Aquèu jour, lou sies de juiliet dous milo vue es un jour di mai impourtant. D’en proumié pèr ço que vuei es l’introunisacioun de la vintenco Rèino d’Arle emé si Damisello d’ounour, piéi pèr ço que forço de nosti davanciero soun aqui pèr lis aculi. Sabès coume iéu qu’aquéli titre de Rèino e Damisello d’ounour l’avèn un jour, l’avèn toutjour. Es uno dis resoun que douno sa valour e sa grandour à-n-aquéli titre. E aco doumàci au « trelus » qu’emano encaro e toujour di Rèino d’Arle.

Ce jour, le 6 juillet 2008, est important à plus d’un titre. Premièrement parce qu’aujourd’hui c’est l’intronisation de la 20ième Reine d’Arles et de ses Demoiselles d’honneur, et deuxièmement parce que beaucoup de nos davancièro sont ici rassemblés pour l’accueillir. Vous savez comme moi que ce titre de Reine, et celui de Demoiselles d’honneur aussi, l’avèn un jour, l’avèn toujour. C’est une des raisons qui donnent sa valeur et sa grandeur à ce titre. Et ce, grâce à l’aura qui émane encore et toujours des Reines d’Arles. Genti Reino, vous êtes pour moi et pour tout un peuple de grandes Dames, emblèmes de

Genti Rèino, vautre que sias pèr iéu e pèr tout un pople

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li simbèu de nosto culturo e de nosti tradicioun. Pèr lou devouamen au titre que fuguè e qu’es encaro lou vautre, per vosto bèuta, vosto gràci e subretout pèr vosto presènci encaro vuei sus aquèu poutin, ameritas lou respèt e l’amiracioun de tout aquèu pople. Un pople qu’a jamai oublida aquéli que l’an representa, un pople que lis a amado e que lis amo toujour.

notre culture et de nos traditions. Pour le dévouement au titre qui fut, et qui est encore le vôtre, pour votre beauté, votre grâce, et surtout pour votre présence encore aujourd’hui sur cette scène, vous méritez le respect et l’admiration de tout un peuple. Un peuple qui n’a jamais oublié celles qui l’ont représenté, un peuple qui les a aimé et qui les aime toujours.

Demié aquéli Reino, n’i’a tres que soun pas aqui, mai sabe que nous regardon eilamoundaut, sus si trone celestiau. Gènti Reino Angèle Vernet, Maryse Orgeas, e Madeleine Boyer vosto souveni es toujour que mai viéu en aquèu jour e restaras pèr toujour dins nosti cor.

Parmi ces reines, il y en a trois qui ne sont pas sur cette scène, mais qui nous regardent de leur trône céleste. Genti Reino Angèle Vernet, Maryse Orgeas et Madeleine Boyer, votre souvenir est en ce jour bien vivace et vous serez à jamais dans nos cœurs.

Aro permetès-me de li counvida que s’avançon davans vous. E pèr aco permetès-me moussu lou conse de prene vosti mot : « Pople d’Arle veici ti Reino… » Henriette Bon, 4enco Reino d’Arle Annie Berrard, 5enco Reino d’Arle Françoise Calais, 6enco Reino d’Arle Nicole Michel, 7enco Reino d’Arle Myriam Yonnet, 8enco Reino d’Arle Elisabeth Ferriol, 9enco Reino d’Arle Odile Pascal, 10enco Reino d’Arle Catherine Bon, 11enco Reino d’Arle Géraldine Barthélémy, 12 enco Reino d’Arle Annick Ripert, 13enco Reino d’Arle Carole Bressy, 14enco Reino d’Arle Catherine Sautecœur, 15enco Reino d’Arle Sabine Mistral, 16enco Reino d’Arle Aurore Guibaud, 17enco Reino d’Arle Florence Disset, 18enco Reino d’Arle

A présent, permettez moi de les inviter à s’avancer devant vous. Et pour cela, Monsieur le Maire, permettez moi d’emprunter vos mots : Pople d’Arle veici ti Reino: Henriette Bon, 4ème Reine d’Arles Annie Berrard, 5ème Reine d’Arles Françoise Calais, 6ème Reine d’Arles Nicole Michel, 7ème Reine d’Arles Myriam Yonnet, 8ème Reine d’Arles Elisabeth Ferriol, 9ème Reine d’Arles Odile Pascal, 10ème Reine d’Arles Catherine Bon, 11ème Reine d’Arles Géraldine Barthélémy, 12ème Reine d’Arles Annick Ripert, 13ème Reine d’Arles Carole Bressy, 14ème Reine d’Arles Catherine Sautecœur, 15ème Reine d’Arles Sabine Mistral, 16ème Reine d’Arles Aurore Guibaud, 17ème Reine d’Arles Florence Disset, 18ème Reine d’Arles

Caduno a sachu marca emé soun gàubi li memori, caduno a douna tres vo quatre an de sa vido a-n-aquelo founcioun e caduno a garda l’envejo de trasmetre aquelo passioun que siegue à sis enfant, si felen vo simplamen i generacioun venènto. Demié aquéli Reino, n’i’a uno qu’aquéu jour i’es bèn particulié. I’a cinquanto an, èro lou sies de Juliet 1958, dins aquèu tiatre anti Madamisello Enrieto Bon èro intronisado quatrenco Reino d’Arle. Vuei, es la decano e me fau la voues de touti li Reino pèr ié dire tout lou respèt, l’amiracioun e l’amista que ié pourtan.

Chacune a su marquer les mémoires à sa manière, chacune a donné 3 ou 4 ans de sa vie à cette fonction et chacune a gardé en elle l’envie de transmettre sa passion que ce soit à ses enfants, à ses petits-enfants, ou simplement aux générations qui viennent. Parmi elles, il y en a une pour qui ce jour est encore plus particulier. C’était le 6 juillet 1958, il y a 50 ans exactement, dans ce même théâtre antique, Melle Henriette Bon était intronisée 4ième Reine d’Arles. Aujourd’hui, elle est notre doyenne et je me fais la voix de toutes les Reines pour lui dire tout le respect, l’admiration et l’amitié que nous lui portons.

Gento Reino Enrieto, bon aniversàri. Aro es à la vintenco Reino d’Arle que voudriéu parla. Dou tèms d’aqueli dous mes qu’avèn parteja, m’a counquisto pèr sa douçour, soun sourire, soun gentun, sa simplecita mai tambèn pèr soun caratère. M’a moustra que poudié estre uno magnifico Reino touto en delicatesso e en generosita. Ié souvete un reinage meravihous, riche de rescontre e de moumèn fort. Ié souvete de camina dou tèms d’aqueli tres annado emé fe, determinacioun, e serenita sus lou camin de l’espendimen dins

Gento Reino Henriette, bon anniversaire. A présent, c’est de notre 20ième Reine d’Arles dont je voudrais vous parler. Pendant les 2 mois que nous avons partagé, elle m’a conquise. Par sa douceur, par son sourire, par sa gentillesse, sa simplicité mais aussi par son caractère, elle m’a démontré qu’elle peut être une magnifique Reine toute en délicatesse et en générosité. Je lui souhaite un règne merveilleux, riche de rencontres et de moments forts. Je lui souhaite de cheminer penNumero 6 Automne 2008

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un èime de pas e d’amista emé sis Damisello d’ounour. Gento Reino Carolino aquelo cargo qu’avèn touti pourta em’amour, aro es la tiéuno, pourto-la emé touto toun amo e jamai te pesara. Chasco annado, desempièi tres an, i’a un moumen dins ma dicho que cregne mai que mai, de pòu que l’emoucioun siegue trop forto. Es lou moumen dedica à mi Damisello d’ounour. Emai se repepìe, amariéu encaro un cop ié dire coume siéu fièro d’éli, coume siéu estado urouso e ounourado de parteja aquéu règne em’éli, e quant m’an pourgi de joio e d’amista. Emelino e sa prestanço naturalo. Sara e sa caro de pourcelano. Lisa e sa passioun pèr la roussatino. Marjourìo e soun amour de la lengo nostro. Couralìo e soun port de tèsto magnifi. Erminìo emé sa delicatesso e soun parla prouvençau. Sias caduno, à voste biais, de Damisello d’ounour espetaclouso. Avès sachu teni voste rèng emé digneta, m’avès toujour encourado, ajudado, acoumpagnado. Gramaci pèr aquéli tres an, gramaci pèr aquéu liame que nous ligo vuei e que nous ligara tout-de-long de nosto vido. Fin que lou souveni d’aquéu règne, que s’acabo vuei coume s’èro entama – dins l’armounìo – rèste sèmpre viéu, amariéu vous pourgi dous presènt. Aquésti soun esta adouba pèr dos persouno qu’an forço coumta pér iéu, dins de maine desparié, dóu tèms d’aquéu règne. Leissas-me aprouficha d’aquelo escasènço pèr ié counsacra quàuqui mot. L’uno es ma pichoto man favourido, ma courduriero Gislaino Soler ; Gisou, tène à vous dire coume voste soustèn es esta primourdiau à mis iue e coume vous siéu recouneissènto pèr tout ço qu’avès coumpli pèr iéu. L’autro persouno es uno amigo caro à moun cor qu’es estado presènto à moun coustat desempièi la debuto, bord qu’èro ma meirino pèr l’eleicioun. Aquelo persouno es Sandrino Rozière. Sandrino, gramaci pèr toun ajudo e pèr toun soulas, pèr ta discrecioun e toun amista. Mi caro Damisello d’ounour, recaupès aquéli presènt coume lou simbèu de nosto unita e de nosto armounìo ; e sachès que soun pas rèn en regard de tout ço qu’ai reçaupu de vosto part, touto l’afecioun e touto l’amista que soubraran sèmpre dins moun cor. Avans d’acaba ma dicho e de vous pourgi aquéli presènt,

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amariéu adreissa mi darrié mot à la persouno la mai impourtanto pèr iéu, aquelo que coume iéu a douna tres annado de sa vido à-n-aquelo cargo emé passioun e sèns coumta. Aquelo qu’avès raramen visto mai qu’èro aqui à caduno de mi piado, aquelo qu’a fa de iéu ço que siéu, bord que m’a infantounado e abarido, aquelo que m’a trasmès aquelo passioun dou coustume e di tradicioun. Ma meireto, sabe que nourmalamen lou brinde se fai à la debuto de la faena, sian pas dins uno areno mai dins un tietre e siéu pas dins un vesti de lume mai en arlatenco. Uno arlatenco qu’a grandi dins ti piado, seguissènt toun eisemple e enmantelado dins toun amour. Es adounc à tu que dedigue moun reinage qu’es tu ma Reino. Aro, crese que me reste plus que tira ma reverènci e de vous dire adiéu. Gènt de tradicioun, vous representa fugué per iéu un ounour e uno joio immenso. Gramaci pèr tout l’amour que m’aves douna, aquel amour m’a trasfourmado e lou gardarai pèr toujour au founs de moun cor coume un tresor.


Vous êtes chacune à votre façon des Demoiselles d’honneur extraordinaires. Vous avez su tenir votre place dignement, vous m’avez toujours soutenu, épaulé, accompagné. Merci pour ces 3 ans, merci pour ce lien qui nous uni aujourd’hui et qui nous unira toute notre vie. Afin que le souvenir de ce règne qui aujourd’hui prend fin comme il a commencé : dans l’harmonie, reste à jamais vivace, j’aimerais vous offrir 2 cadeaux. Ceux-ci ont été réalisés par 2 personnes qui, à différents niveaux, ont beaucoup compté pour moi durant ce règne. Permettez que je profite de l’occasion pour leur dire un petit mot. L’une est ma petite main adorée, ma couturière Gislaine Soler ; Gisou, je tiens à vous dire combien votre soutien à compté à mes yeux et combien je vous suis reconnaissante de tout ce que vous avez fait pour moi. L’autre personne est une amie chère à mon cœur qui a été présente à mes côtés depuis le tout début, et pour cause puisqu’elle était ma marraine pour l’élection. Cette personne c’est Sandrine Rozière. Sandrine, merci de ton soutien et de ton réconfort, de ta discrétion et de ton amitié. Mes chères Demoiselles d’honneur, recevez ces cadeaux comme le symbole de notre unité, et de notre harmonie ; et sachez qu’ils ne sont rien comparé à tout ce que j’ai reçu de votre part, toute l’affection et toute l’amitié qui resteront à jamais dans mon cœur. dant 3 ans avec fé, détermination, sérénité sur le chemin de l’épanouissement dans un esprit de paix et d’amitié avec ses Demoiselles d’honneur. Gento Reine Caroline, maintenant cette charge que nous avons toutes porté avec amour, est la tienne, porte la avec ton âme et jamais elle ne te pèsera. Chaque année depuis 3 ans, il y a un moment dans mon discours que j’appréhende car j’ai peur que l’émotion ne soit trop grande. C’est le moment consacré à mes Demoiselles d’honneur. Au risque de me répéter, j’aimerais encore une fois leur dire combien je suis fière d’elles, combien j’ai été heureuse et honorée de partager ce règne avec elles, combien elles m’ont apporté de joie et d’amitié. Emeline et sa prestance naturelle, Sara et son visage de porcelaine, Lisa et sa passion pour la roussatino, Marjorie, sa maîtrise et son amour de la lengo nosto, Coralie et son port de tête magnifique, Herminie, sa délicatesse et soun parla prouvençau.

Avant de finir mon discours et de vous offrir ces cadeaux, j’aimerais adresser mes derniers mots à la personne la plus importante d’entre toutes, celle qui comme moi a donné 3 ans de sa vie avec passion et sans compter. Celle que vous n’avez que très rarement aperçu mais qui a été là à chacun de mes pas, celle qui a fait de moi celle que je suis puisqu’elle m’a mise au monde, qu’elle m’a élevé et qu’elle m’a transmis sa passion du costume et des traditions. Meirèto, je sais que normalement le brindis se fait au début mais nous ne sommes pas dans l’arène mais dans un théâtre et je ne suis pas en « habit de lumière » mais en arlésienne. Une arlésienne qui a grandi dans ton sillage, selon ton exemple et grâce à ton amour. C’est donc à toi que je dédie ce règne car TU es ma Reine. A présent, je crois qu’il ne me reste plus qu’à tirer ma révérence et à vous dire adieu. Gens de tradition, vous représenter fut pour moi un honneur et une joie immense. Merci de tout l’amour que vous m’avez donné, il m’a transformé et je le garderai à jamais au fond de mon cœur comme un trésor.

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Arles

Arlatenco, Arlaten, genti reino, cars ami, Les Fêtes d’Arles

Discours de Caroline Serre XXème Reine d’Arles Volé vous conta uno istori, pas uno istori de ma grand la borgno, noun , un conte. Un conte de fado. Tout coumencè un bèu matin de juliet, i’a 20 an. Jousiano e Andriéu soun venu li parènt urous d’uno chatouneto adeja proun faroto. Es à quatre an que fuguère ma proumiero pegoulado emé aquèu pichot bounet que rènd touti lis enfant adourable. A parti d’aqui chasque an fuguè lou meme rituau : alesti aquèu pichot abit pèr la fèsto di gardian, la pegoulado e la fèsto dou coustume. Es à vuech an que l’envejo d’aprendre à dansa coume lis autri pichot, me prenguè. Li group fouclouri, en quau devèn quand meme rendre un oumenage, soun li crousou di tradicioun. E es bèn segur dins un d’aquéli group qu’ai fa mi proumié pas de danso e qu’ai canta en prouvençau mi proumiéri cansoun. Aro, ère segur, fasié partido de la grando famiho. Lou tèms passo, ai dès an, enfin pode metre la couifo blanco de Mirèio, un pantai. Emé l’eso negro e lou fichu blanc me vaqui chatouno pariero à mis einado, pariero à Jouseto, aquelo femo que, emé soun gaubi tant requist, m’a tramés soun goust pèr lou coustume d’Arle. Aquèu jour d’aqui, la segenco Rèino me faguè un poutoun tant gènt que n’en fuguè trevirado touto la journado. Gramaci Sabino car à parti d’aqui ma passioun venguè rasoun de viéure. Ma vido es cadenciado pèr li galoubet e li tambourin que 32

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me menon, jouiouso e galoio à la fèsto vierginenco. De chatouno vène chato, aubourant fiero lou riban blu de sis aujoulo. Au noum de touti li vièrginenco passado o à veni voudriéu gramacia la nacioun gardiano qu’à sachu counserva aquelo fe pèr lou coustume , la memo qu’avié Moussu Frederi Mistral. Un chapitre nouvèu vai s’escriéure, lis esponton e li revirado van m’aprendre à èstre encaro mai coutarello e van me moustra que fau toujours crèire dins l’acoumplimen de si raive. Gramaci à mi gènt, à ma famiho de m’agué soustengudo emé amour sus la draie de ma passioun. Moun conte de fado countunié, gramaci au coumitat di fèsto e à soun présidènt que me retenguè pèr participa a l’eleicioun que chanjo la vido de sèt jouini-fiho. Lou revoulun di vesito, preparacioun, seleicioun coumenço alor toujours que mai rapide. Tout aco me faguè prendre counsciènci, se lou falié encaro, que lou role de Rèino d’Arle èro quaucarèn de serious e impourtant . Lou vint d’Abriéu sian plus que sèt. L’aventuro se perseguis. Moun pantai es à mita coumpli. Lou proumié de mai la jurado nous espèro , amable e atenciounado. Gramaci Moussu Yonnet d’èstre esta un Presidènt atentiéu. Gramaci Moussu Ayme, arderous mantenèire de nosto lengo. Li dès-e-nou Roso d’Abrièu oublidaran jamai voste discours.


Garmaci Dono Enrieto Bon quatrenco Rèino d’Arle de vosto graço e voste gentun. Gramaci Dono Serena e Dono Dervieux pèr tout ço que nous avais après sus li rite, li legèndo, li moble e li coustume que nous pivèlon tant. Enfin gramaci Dono Lambert-Verdeilhan e Moussu Soulié de trasmetre nosto lengo dins la vido-vidanto. Nosto lengo, lindo e blouso, es lou simbèu de la culturo nostro. A l’ouro de la moundialisacioun e de l’unifourmisacioun devèn èstre counscient que sian pasta de noste passat mai que devèn faire avans sus lou camin de l’aveni. Lou proumié de mai lou bescaume de la coumuno s ‘es dubert pèr leissa passa sèt chato ligado pèr lou meme amour d’Arle, dou coustume e de la lengo. Mai de que sarié en Arle lou proumié me mai sènso la fèsto di gardian ? Gramaci à la counfrarié de nous pourgi sa fèsto coume escrin à nosto eleicioun. Aro, es tèms, cars ami, de vous presenta mi sièis coumpliço dins aquesto bello aventuro : - A un sourire, un carisme, uno joio de vièure que pretocon tout lou mounde. Vous presente Eloudio Bretagne. - Es nascudo e résto dins lou pais de Marcèu Mailhan. Toujour un pau rejouncho e meme sounjarello mai sa persounalita es forço atrivanto. Vous presente Paulino Faget. - Es uno chato discrète, meme un pau crentouso mai vou toujour n’apprendre mai. Sa persounalita es tranquilo e desalassanto. Vous presente Anais M arquis. - Amo li courso de biou. Es un aparairis de la lengo nostro que parlo forço bèn. Sa messioun es de la trasmetre i pichot. Vous presente Magali Nouveau. - Chato d’Arle a chausi un mestié ounte fau se counsacra is autre, e aco ié vai bèn. Vous presente Lauro Novelli. - Sa gracie e sa bèuta n’en fan uno arlatenco di mai bello, lou coustume e li tradicioun soun sa passioun. Vous presente Marioun Pitras.

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Touti li sèt avèn la memo toco : trasmetre la culturo nostro, dire i plus jouino d’èstre fier de soun istori, escouta li plus vièi qu’an encaro tant de bèlli causo à nous racounta. « SIAN QU’UNO POUGNADO », disié Folco de Baroncelli. Alors escouten-lou, recampen-se, liogo de s’esparpaia, liogo de se garrouia. Pèr aco, nautri, avèn que de segui lou camin que nous an draia Natalio, Erminio, Emelino, Sara, Couralio, Lisa e Marjourio. Gramaci à touti li sèt de nous agué moustra lou camin de l’amista, doumaci à vosti counsèu, à voste gentun acoumençan noste reinage emé sereneta. Lou nouvèu chapitre de moun conte sara escri pèr 7 chato touti afougado pèr l’amour de soun pais. 7, chifro simbouli e misti. Mai pèr iéu aquelo eleicioun es estado marcado pèr la chifro vint. D’efèt, siéu estado seleiciounado un 20 d’abriéu, siéu estado elegido vintenco Rèino d’Arle l’annado de mi vint an. N’i a que van dire que soun li 20 centimètre que me mancon, iéu dise que soun vint an de passioun que vous proumete de tripla dins lis annado à veni. Bord que n’en sian i simbole, voudriéu vous dire que lou coustume blanc que porte vuei es esta brouda pèr nautri sèt, fin de simboulisa nosto unita maugrat nosti diferènci. Gramaci à vous mi sièis amigo d’agué acoumpli un de

mi souvèt. Mai ai encaro quaucarèn à vous demanda, pèr aco j’appelle Lisa, Faustine, Pauline,Marie,Estelle et Paloma. L’autre jour quand Natalio m’a remès ouficialamen li bijout ufanous de dono Colcombet, la medaio de SantJorge de Dono Castanet, la Coulano de Moussu Ledesma e lou clavié de Dono Angèlo Vernet, ai realisa qu’avian la grando chanço, nautri li rèino, de nous passa bèn mai qu’un titre. Se passan au travès di beloio un tros de l’istori nostro. Vaqui perqué souvete que li damisello d’ounour tambèn poscon se trametre uno belori simbole de soun apartenènci à l’istori nostro. Alor Eloudio, Paulino, Anais, Magali, Lauro e Marioun, aquéli chatouneto, que saran belèu à nosto plaço un jour, vous porjon, en moun noum, uno espingolo de riban. Moun souvèt es que, à voste tour, dins très an, la pourgias à sièis autri damisello d’ounour. Ansin aurés uno istori vostro emé de simbole vostre. Gramaci à vous de vous engaja à moun coustat pèr li très an à veni. Acabarai ma dicho emé li vers de Federi Mistral : « la couifo estrecho, mirèio la pourtè, Sa man adrecho, n’en couneissié l’esté. Se voulès triounfla, chato, counservas-la, E voste pur velout, O Rèino, gardas-lou ! » .

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Eyguières

Olympiades Camarguaises

Une bandido dans les rues du village ouvre une journée taurine à part. Il est 18h30, l’heure annoncée, et la bombe annonce le début des jeux. Les bandidos d’Eyguières sont rodées, avec des attrapaires qui s’éclatent et des gardians qui les connaissent bien. Pas de combat, de baches, de farine ou autre, mais un spectacle, avec des échappées plus fréquentes devant le public, du plaisir à s’amuser en ville. C’était un prélude. La bonne humeur qui fait le succès de cette manifestation ne se dément pas d’une année sur l’autre, et mieux, voit son public grandir encore d’année en année. Deux mille huit est une année importante pour le club taurin qui fête sa première décennie. Ses membres ont a coeur de réussir leurs organisations. Il sont bien peu aidés par la météo, la traditionnelle ferrade du mois de mai avait subit les affres d’un temps calamiteux, et ce soir... Ce soir, le président s’inquiète en levant le nez. La veille, un violent orage a noyé les gradins qu’il a fallu éponger, et ce soir à 21h30 il fait un petit 18 degrés et surtout un "baston" de mistral. Vraiment pas un temps à se geler aux arènes...

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Et pourtant, les arènes A. Chabaud d’Eyguières semblent trop petites au moment de l’entrée de la peña. En dépit du temps, le plein est fait. Et l’ambiance sera au rendez-vous. Il faut dire que la réputation de ces olympiades ont fait le tour des Alpilles... Les quatre manades qui se déplacent ne viennent pas faire de la figuration. Chacun a à coeur de réussir sa prestation, le gardian recevant ses derniers conseils de ses amis au son des clarines. Durant plus de deux heures, les épreuves s’enchainent face à des taureaux choisis pour être sérieux. Qui plus est désorientés par la nuit leurs réactions sont parfois inattendus et les frissons redoublent dans les gradins. Des attentes au fer musclées aux saut de cheval à taureau rien moins qu’hasardeux, tous les protagonistes sont copieusement applaudis dans leurs prestations respectives. Difficile dans ces conditions pour le jury présidé par Celine Laforest Dame de Saint Rémy de noter ces prestations... Mais il s’agit bien d’un concours, et les récompenses sont remises aux gardians heureux de les recevoir.


L’attente au fer

Le palmares de la soirée consacre : - La manade Agu pour la présentation - la manade Chapelle Brugeas pour le saut de cheval à cheval - la manade Gillet pour le saut de cheval à taureau - la manade Gillet pour l’attente au fer - la manade la Galère pour la ferrade en piste - la manade Chapelle Brugeas pour la Bandido en piste

Avec 50 points d’avance, la manade Chapelle Brugeas s’adjuge ces 6e olympiades camarguaises Cette année, les prix ont parfois récompensé l’abnégation et le dépassement plus que l’art et la maestria... Vouloir réussir est plus important que savoir faire. Une soirée sympathique et même plus, à Eyguières pour le dixième anniversaire du club taurin.

L’emmaillage Numero 6 Automne 2008

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Marseille Les joutes nautiques

Les joutes ne datent pas d’hier. Des bas reliefs montrent clairement que ce type d’activités était déjà pratiqué 2300 avant Jesus Christ en Egypte. Loin d’être un sport à l’époque, les joutes devaient plutôt constituer une forme d’affrontement à en juger par le manque de protection des combattants et les ferrures des lances.

vetage nautique. On y trouve ainsi : * La ligue Languedoc * La ligue Nord de Loire Picardie * La ligue Rhône Alpes * La ligue Provence Alpes Cote d’Azur

Ces ligues correspondent à la pratique de méthodes différentes, incompatibles que sont les méthodes Languedociennes, provençale, parisienne, lyonnaise givordine, et strasbourgeoise. Certaines utilisent des bateaux de rivière, bateaux à fond plat, possèdent des tintaines au ras de l’eau, des jouteurs en grand écart, se croisent à droite Mais les joutes nautiques restent marginales et ne sont pour certaines, à gauche pour d’autres. finalement plus pratiquées que rarement par des pé- Une démonstration de joutes provençales cheurs. Les embarcations sur lesquelles ceux-ci se livrent à cette distraction étant le bateau avec lequel ils Le 26 juillet 2008, la Fine Lance Estaquéenne, le club travaillent : Mourre de pouar en Méditerranée, bête à de joutes de l’Estaque, effectue quelques passes dans le vieux port, à l’instigation de l’office de tourisme de MarMarseille... Ces jeux ont évolué localement, et ont abouti à diffé- seille. rentes techniques, à des particularités dans le matériel et Quelques passes pour expliquer et faire aimer ce sport. dans les règles rendant aujourd’hui toute confrontation Les joutes méthode provençale se pratiquent sur des bateaux conçus à cet effet, équipés d’une plateforme arrière entre ligues impossible. de 60x70cm, à 2m au dessus du niveau de l’eau, la tinIl existe des ligues aujourd’hui. La pratique traditionnel- taine. Le jouteur prend place sur cette tintaine en tenue. le a fait place au sport dans les années 1960, aujourd’hui sous l’égide de la Fédération Française de joutes et sauD’un bond en avant dans l’histoire, on trouve trace de joutes dans divers endroits, à des occasions comme la venue d’un roi ou d’une Reine, (Anne de Bretagne à Lyon, François 1er dans la Loire, l’inauguration du port de Sète en 1666.

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Cette tenue comprend * Un pantalon blanc de marin * une taiole aux couleurs du club * un maillot aux mêmes couleurs, ou distinctif de son titre de champion Le jouteur porte sur le torse un plastron en bois, destiné à recevoir la lance adverse. Il tient dans sa main droite une lance qui peut atteindre jusqu’à 2m70 de longueur, et dans la main gauche un cube de bois, le témoin dont le but est de l’empécher de saisir la lance de l’adversaire. Le jeu consiste en rencontres entre jouteurs (des passes) desquelles sort vainqueur celui qui reste en place sur sa tintaine. Sous cette apparente facilité se cache toute une série de règles plus subtiles visant à rendre le jeu vivant. J’en veux pour preuve la dernière modification du règlement constituée par l’abandon de la ligne tracée sur la tintaine. Lors de la passe, le jouteur devait avoir le pied gauche en avant de cette ligne, et le pied droit en arrière. Mordre la ligne revient à être disqualifié. Or les contestations et le recours à la video avaient une facheuse propension à hacher le jeu.

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Tout jouteur doit rester sur sa tintaine pour être déclarer vainqueur. S’il tombe, il perd. Il a le droit d’utiliser la surface du plateau dans sa totalité comme bon lui semble, le reste du bateau lui étant interdit. Enfin, il sera disqualifié pour "joute dangereuse" s’il masque son plastron, s’il frappe son adversaire dans une zone hors gabarit (en dehors de la zone de protection normale du plastron) ou s’il quitte la plateforme vers l’avant pendant la passe, avant le coup de lance. S’il la quitte pendant la passe, poussant son adversaire alors qu’il n’est plus sur sa plateforme se verra éliminé en même temps que son adversaire. Les règles sont donc simples, et cet énoncé est loin de retranscrire la bonne humeur et l’ambiance de ces joutes. Entre bonhommie et véritable affrontement, c’est une discipline à découvrir... Quelques clubs... Marseille est le siège de la Fine Lance Estaquéenne, située au centre du Monde, à l’Estaque... Il existe d’autres clubs : * Théoule ( la rame théoulienne) * La Ciotat (Lei Targaïreï ciotadens) * Saint Mandrier ( Mes Rameurs du Creux Saint Georges) * La Seyne ( Les Joutes Provençales Seynoises) * Martigues (Jeune Lance Martégale) * Saint Raphael (Société des joutes Raphaéloises) * Istres : Société des jouteurs Istréens * Port Saint Louis du Rhône (club nautique Rhodanien) * Fos sur Mer ( Société fosséenne de Joutes) Tous ces clubs font partie de la ligue Provence Alpes Cote d’Azur. Cette ligue est découpée en 2 comités, Provence d’un coté avec les clubs des Bouches du Rhône et du Var, et la Cote d’Azur de l’autre. Ces deux comités se rencontrent lors des épreuves du championnat de France. Les championnats arrivent bientôt à leur fin avec une finale du championnat de France prévue le 31 Aout, à Marseille dans le port de l’Estaque.

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Eyguières

Une Journée à l’ancienne Contre les éléments... Traditionnellement, les irréductibles se retrouvent aux arènes Chabaud à 8H30 pour un départ en calèche ou charrette vers le pré où les attend un déjeuner plantureux. Irréductibles ils le sont cette année, avec un mistral à 70km/h et une température tout à fait acceptable pour un 11 novembre... Un temps de chien, auquel vient s’ajouter un des orages qui agitaient Arles et Nimes le matin même... Un contretemps pour les gens qui attendent le déjeuner, mais une catastrophe pour les responsables du barbecue... Vite, vite, vite on bache...

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L’orage ne dure pas, le vent plus longtemps. Mais pas de quoi faire faire demi tour à la foule plus nombreuse chaque année dans le pré d’Agu pour la collation offerte par la mairie. La mayonnaise a pris il y a longtemps, et le 15 Août Eyguiéren s’impose comme une halte incontournable. Une ferrade plus tard, l’abrivado longue part du pré pour rejoindre les arènes, dans cette même ambiance familliale qui voit les générations se mélanger de 7 à 77 ans sur la petite reine. Pas d’échappées cette année, il faut dire que la proximité du canal teinte ce jeu d’une notion de danger trop pressante...


L’abrivado longue

La journée déroule ses points forts, toujours rythmée par un vent aussi frais que désagréable... Et toujours nos irréductibles de résister aux assauts du Mistral. Un apéro, un repas sous les bourrasques, une course tout aussi ventée... Une course moins en vue que les autres journées de ce trophée des Alpilles. Plein coeur de la saison, les tenues blanches finissent certainement par accuser un peu de fatigue qui a déséquilibré la course en faveur des biòu. Pourtant, Rey et Maurel ont assuré l’essentiel, le second prenant même une option sur le trophée dont la finale aura lieu le premier dimanche de septembre dans ces mêmes arènes. Pour l’an prochain, le club taurin a promis un grand beau... Il faudra passer faire un tour

...Et la course

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Les Saintes

Li festo Vierginenco "Li festo Vierginenco"... Une fête. Celle imaginée par Mistral, celle de la Nacioun portée par Baroncelli, celle des filles qui prennent le ruban. En 1903, elles n’étaient que 28 à l’appel du Chantre de Maillane dans les salons du Museon Arlaten. L’année suivante, la fête se déroule au théatre antique. En effet, elles sont 350 à "prendre le ruban". Un siècle nous sépare des Lelée, D’Arbaud, Mistral, Baroncelli. Le temps a passé, et ce vestige aurait dû disparaître. Et pourtant... Loin du folklore et de la naphtaline dont l’odeur est souvent associée au costume d’Arles dans l’esprit des progressistes, elles étaient 78 à venir prendre cette année l’engagement moral de porter le costume d’Arles. Soixante dix-huit chatouno devenant chato par cette cérémonie, ce rite. Voilà le fondement, l’invisible. Le visible, lui, ne se raconte pas : Les Saintes Maries de la Mer, la chaleur et le soleil qui fut fatal à l’héroine de Mistral, la Nacioun Gardiano, le costume d’Arles et ... Le diplôme dessiné par Léo Lelée. 44

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Beaucaire Beaucaire fait son cinéma

Le défilé de la Madeleine marque traditionnellement le début des estivales de Beaucaire. Tout aussi traditionnellement, la Sainte traverse la ville... Mais ensuite... La procession est confiée aux soins d’un scénographe dont l’imagination et la maestria ne sont plus à démontrer. Vous connaissez les acteurs, ils jouent toujours dans un nouveau registre sous la baguette de Patrice Blanc. Ce soir le défilé est une succession de tableaux représentant un hommage au septième Art. Peplums, westerns, films de cape et d’épée, films de guerre et films tournés en Provence constituent ainsi une parade que l’on dirait tombée des boites de pellicules. On connait certainement les acteurs, mais les voilà ce soir dans une autre production, portant d’autres costumes, venus d’autres temps, d’autres époques... En bonne réclame la parade annonce le spectacle aux arènes. Et quel spectacle...

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"QUE LA MAGIE OPERE..." dit le Mr loyal de la soirée, après une incontournable publicité Jean Mineur... Balzac 00 01. Il y a des répliques qu’on n’oublie jamais. Un Mr loyal au chapeau melon, la canne souple, une veste étriquée et une démarche unique qui danse au centre d’une piste transformée en projecteur, un projecteur qui déroule sa pellicule sur scène sur laquelle les acteurs s’animent. Tableau après tableau, le scénographe raconte l’histoire du cinéma, et nous offre de revivre successivement des scènes des Filles du Rhône, Cléopatre, les Trois Mousquetaires, Vincent et Théo, Jean de Florette et Manon des sources, Marius, Le Hussard sur le toit, Indigènes et La Grande Vadrouille. Et les spectateurs passent des larmes aux rires, de l’émerveillement à la morgue, de la dignité à la misère au rythme des séquences savamment agencées et rythmées. L’inventaire de Prévert réinventé : Des chars Romains, une diligence, un bateau à Aubes, des Cavaliers, des Gladiateurs, des Rois, des Reines, une Dame de Saint Remy, une Demoiselle des

Moulins, une Starlette... Comme un film la fin arrive trop tôt. Mais comme un film on se dit qu’on reviendra... Pourtant il s’agit d’un moment unique ; de ceux qui n’existent que dans l’éphémère. Un instant, préparé des mois durant, pour une représentation unique, un feu d’artifice.

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Tradicioun http://www.tradicioun.org

Hors SÄ‚Å rie: La Charte sur le costume Contemporain 48

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