Le journal de chambéry février 2016

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JANVIER • FEVRIER • MARS 2016

Maison de quartier Chambéry • www.chambery.be

MON QUARTIER

Le journal de Chambéry

Arrivés

Solidaires avec les réfugiés


Parcours de la solidarité

Fête de Noël

Fête d'anniversaire Réception du Nouvel An

Carnaval


Editorial • • • 3

Arrivés Les réfugiés ont existé de tous temps; pendant la guerre, beaucoup de belges ont eux aussi dû fuir leur pays. Heureusement, ils avaient quelque part où aller. Aujourd'hui encore, il y a des foyers de guerre aux portes de l’Europe et ailleurs dans le monde. Parfois l’occident est lui-même coresponsable de ces guerres. Même sans tenir compte de cela, il n’y a qu’une seule humanité et nous sommes tous responsables les uns des autres. Pour le moment, l'Europe accueille 8% du total de réfugiés dans le monde. Une grande majorité des migrants se rend dans un pays voisin ou se déplace à l’intérieur même des frontières de son pays. L’Europe ne fait donc pas face à une invasion massive. Même s’il est vrai que le nombre de réfugiés qui essayent d’atteindre l’Europe a augmenté récemment, c’est plutôt le grand intérêt que les médias accordent à la question qui fait croire qu’il en est ainsi. La maison de quartier Chambéry ne veut pas alimenter la peur et la psychose, mais au contraire contribuer de manière constructive à rendre possible l'accueil des réfugiés.Voilà les raisons du thème de ce journal. Nous défendons la solidarité au niveau national et aussi au niveau international. Début mars, en collaboration avec plusieurs partenaires spécialisés, la maison de quartier Chambéry organise une journée d’information autour du thème « réfugiés ». Une journée qui peut nous aider à nous débarrasser de nos préjugés et de nos peurs. Soyez les bienvenus !

Qu'est-ce que la Maison de quartier Chambéry ? Buurtwerk Chambéry est une maison de quartier située dans ce qu’il est convenu d’appeler le bas d’Etterbeek, un ensemble urbain à forte mixité sociale. S’y côtoient en effet pauvres et riches, jeunes et moins jeunes, tous issus de différentes cultures. La maison de quartier a pour but de favoriser les contacts entres ces différents habitants et d’améliorer leurs conditions de vie. Chambéry mène son action au travers de divers pôles : le centre de services, un endroit de rencontre pour les personnes âgées et moins âgées, qui propose un service de proximité et une grande variété d’autres services et activités, le restaurant social, le travail de quartier, le service pour les enfants et adolescents (WMKJ) et le service Chato, avec des équipes de rénovation et de dépannage. Chambéry dispose d’une série de locaux polyvalents que ses partenaires et les habitants du quartier peuvent également utiliser. Vous voulez en savoir plus sur nos services et activités? Contactez-nous par téléphone au 02 646 20 57 ou venez nous voir ! L’accueil est ouvert du lundi au vendredi de 9h à 14h.

De krant van Chambéry, Mijn wijk • Le journal de Chambéry, Mon quartier •

Uitgave van vzw Buurtwerk Chambéry • Publication de la Maison de quartier Chambéry asbl • rue de Chambérystraat 24, 1040 Etterbeek • tel 02 646 20 57 • fax 02 639 13 03 • bw@chambery.be • www.chambery.be fb: Buurtwerk Chambéry Vzw & Chambéry Oh Oui • trimestriel • VU/ER: Olivia Vanmechelen • année20 n°1 • janvier/février/mars 2016 • 4 publications par an Les photos des activités peuvent être utilisées dans un but promotionnel. Si vous ne souhaitez pas figurer sur ces photos, informez-nous. • Quand vous avez fini de me lire... offrez-moi à votre ami(e) ou voisin(e)!

MERCI A TOUS LES VOLONTAIRES ET PARTENAIRES QUI CREENT CE JOURNAL AVEC NOUS met de steun van de Vlaamse Gemeenschapscommissie

avec le soutien de la Commission Communautaire Française


4 • • • Arrivés. Solidaires avec les réfugiés Samedi 5/03: En 2015 le monde a été secoué par des événements brutaux en Syrie. Beaucoup de citoyens ont alors plié bagage et, pleins d'incertitude et fuyant la violence, sont partis vers une nouvelle destination. Parmi les nombreux réfugiés, les syriens forment le groupe le plus récemment arrivé et le plus important. L’année passée, 48.000 personnes de tous les horizons seraient arrivées chez nous, dont 30.000 ont obtenu le statut de réfugié.

journée de rencontre à propos des réfugiés

Nous avons cherché et trouvé des experts en la matière auprès d’organisations de réfugiés, Orbit, Ciré et CBAI, pour un programme riche et varié.Via notre maison de quartier, nous avons recueilli des témoignages. La commune d’Etterbeek nous fournira des informations complémentaires. Tout cela combiné à la force magique des collaborateurs de Chambéry en fera une passionnante rencontre au sommet, à l’image de celles qui ont lieu chez nos proches voisins dans les bâtiments des institutions européennes. Cette rencontre se déroulera il est vrai sans dirigeant du monde, mais avec des citoyens du monde et… avec vous.

Photo: ORBIT vzw

On ne sait pas précisément où ces voyageurs en fuite vont finalement atterrir. Nous savons pourtant que pour certains d’entre eux, la ligne d’arrivée est en territoire connu… en Belgique, à Bruxelles et aussi à Etterbeek. Les personnes qui obtiennent le statut de réfugié ont la possibilité de se fixer à nouveau quelque part et de commencer une nouvelle vie. Ce sont de nouveaux arrivants dans notre quartier et ils deviennent nos nouveaux voisins. Ils ne sont certainement pas les premiers et ne seront pas les derniers. En tant que maison de quartier, nous souhaitons être au service de tous les habitants des environs – anciens ou nouveaux – qu'ils viennent de près ou de loin. Ce sont suffisemment de raisons d'organiser pour les habitants du quartier une journée sur ce thème.


Photo: Roos Mestdagh

Au programme...

• Table du monde Le restaurant social servira à midi un menu régional venant de pays étrangers, composé et cuisiné par nos collègues de la cuisine de Chambéry qui sont eux-mêmes venus de loin. • Préparer des plats d'ailleurs Dans cet atelier cuisine, les participants pourront préparer des mets originaux inspirés d’un pays étranger. Ces préparations seront servies à l’occasion de la clôture de la journée. • Conférence sur la migration en Belgique et dans le monde Aborder le thème des réfugiés veut nécessairement dire présenter des événements mondiaux et les flux migratoires correspondants. Les organisations de réfugiés Ciré et Orbit donneront un aperçu global de ce qui bouge dans le monde. • Animation ludique autour des réfugiés dans le monde Amusant et informatif. L’organisation CBAI animera cet atelier avec des jeux interactifs. Nous approchons la problématique des réfugiés tout en jouant. • Tables de discussion “J’ai peur…” (N/F) Accueillir des personnes qui arrivent de manière inattendue

dans notre voisinage et s’y installent ne va pas de soi. CBAI et Orbit donnent l’occasion aux participants de poser leurs questions et de partager leurs craintes. • Bibliothèque vivante – Rencontre avec des réfugiés et leurs récits Nous avons rencontré quelques réfugiés prêts à partager leur vécu. Leurs témoignages sont éloquents. Les participants peuvent les écouter personnellement. • Atelier enfants du monde pour les enfants de moins de 12 ans Un atelier créatif sur le thème des réfugiés est organisé pour les enfants. Ils présenteront leurs créations au moment de la cérémonie de clôture. • Cérémonie de clôture - Informations sur les réfugiés dans la commune d’Etterbeek Les services de la Cohésion sociale et de la Solidarité internationale partageront avec nous certaines données sur les réfugiés à Etterbeek. Entretemps, nous dégusterons les petits plats préparés en atelier et admirerons les oeuvres des enfants.

Trois partenaires de cette journée:

CBAI Nom: CBAI asbl, Centre Bruxellois d’ Action Interculturelle Territoire: Bruxelles, jusque dans tous ses recoins multiculturels Rayon d'action: Interculturalité sur internet, dans un centre de documentation, sur la scène culturelle, via des journées à thème Spécialité: Formations de médiateur interculturel, formations d'animateur dans un environnement multiculturel,... A ne pas manquer: Le magazine bimensuel Mic Mag, sur les migrations, l'interculturalité et la cooperation au développement, une publication de CBAI, CIR2, CNCD-11.11.11.Voir www.micmag.be A garder à l'oeil: Leur site internet avec une mine d'informations culturelles et multiculturelles www.cbai.be / tel 02 289 70 50

ORBIT Nom: ORBIT asbl Territoire: ORBIT est chez elle dans le monde de la diversité et de la migration. Rayon d'action: En Flandre et à Bruxelles, des individus aux organisations et aux politiques. Spécialité: Publications pleines d'espoir et constructives, actions et campagnes, formations et débats. Préoccupation: Une politique migratoire juste, être plus malin que le racisme, diversité dans la vie en commun sur le marché de la location, le marché du travail... Action mise en évidence:“Bagage discriminatoire”, une recherche des objets relayant une imagerie de stéréotype. Á ne pas manquer: Un calendrier annuel inter-croyances, des cartes de voeux pour les jours de fêtes de vos voisins. www.orbitvzw.be / tel 02 502 11 28

CIRÉ Nom : CIRÉ asbl, Coordination et Initiatives pour réfugiés et étrangers Réseau: 24 organisations réfléchissent ensemble aux personnes qui arrivent en Belgique Priorité: que les droits de bases des réfugiés soient respectés Services: maison d'accueil de nouveaux arrivants, service d'information, solutions créatives de logement, une école pour apprendre le français, accompagnement à l'emploi et à la formation,... Projet remarquable : Projet Community Land Trust (CLT). Rendre accessibles des logements pour les nouveaux arrivants, par l'achat de logement sans acheter le terrain. Le terrain reste la propriété du CLT.Ainsi lors de déménagement, le logement peut être revendu à un prix très correct à d'autres habitants à faibles revenus. Grande cause: sensibilisation de l'opinion publique et des politiques aux circonstances de vie et aux droits des réfugiés. www.cire.be / tel 02 629 77 10

Photo: ORBIT vzw

Arrivés. Solidaires avec les réfugiés • • • 5


6 • • • Arrivés. Solidaires avec les réfugiés

Photo: Minor-Nkado

GC De Maalbeek a organisé une compétition de foot entre les équipes de Chambéry et de Minor-Ndako

Le sport est un langage universel et un très beau moyen de rassembler les gens. Les jeunes de Chambéry ont fait une belle action de solidarité en soutenant l’équipe Minor-NDako. Samedi 22 novembre, l’équipe de football en salle de Chambéry a joué contre les jeunes de Minor-NDako. Chambéry a gagné, mais le plus important pour tous ces jeunes était surtout de passer un bon moment ensemble et de donner la possibilité aux jeunes mineurs de faire des rencontres et d'échanger autour d’une passion commune, le foot.

Ciné Maximilien, un cinema pour et par des personnes réfugiées Ciné Maximilien est un cinéma éphémère pour réfugiés. L’histoire commence en septembre 2015 à Bruxelles, au parc Maximilien. On y avait alors organisé un camp provisoire pour accueillir le grand nombre de réfugiés qui arrivaient. Ce cinéma a débuté par un simple écran et un projecteur installés sous une tente. Chaque soir, des réfugiés sont invités à regarder un film qu’ils ont eux-mêmes choisi sur place. Grâce au dévouement chaleureux d’un groupe de volontaires, ce rendez-vous qui aurait pu être unique ou temporaire a perduré et existe encore: depuis septembre, une séance de cinéma est proposée chaque jour. Le groupe s’est élargi pour devenir un grand réseau de volontaires, parmi lesquels de nombreux réfugiés récemment arrivés. Cette initiative apporte de la lumière et du réconfort à des personnes qui se trouvent dans des situations précaires, incertaines et souvent inconfortables. Un film est une fenêtre sur le monde, une sortie de secours, un moment de réflexion partagée, d'aspiration et d'espoir, tels que nous en avons tous tant besoin! Chaque soir, Ciné Maximilien offre à Bruxelles un salon, un en-

"Brussel Helpt" est une action des médias flamands de Bruxelles et des centres culturels, qui permet chaque année de récolter de l'argent via diverses actions de charité à Bruxelles. En 2015, l'association soutenue a été Minor-Ndako. Une des actions a été un match de football entre Chambéry et Minor-Ndako, organisée par le centre culturel De Maalbeek. Minor-Ndako a une double fonction: l'association soutient des familles en contact avec les services de protection de la jeunesse, mais est surtout connue pour son travail avec les réfugiés mineurs non accompagnés. Elle accueille les enfants réfugiés et les jeunes qui se présentent en Belgique sans être accompagnés. Elle a renforcé ces jeunes à travers divers projets, comme par exemple l'équipe de football en salle qui a été créée en septembre 2015. Minor-Ndako fournit également un soutien dans les domaines de l'école, de l'éducation, de l'emploi et de la recherche d'un logement. L'opération a commencé en 2002 et s'est depuis considérablement élargie. Ces quelques derniers mois tout particulièrement il y a eu de nombreux demandeurs d'asile en Belgique, y compris des enfants non accompagnés et des jeunes. Minor-Ndako reçoit maintenant beaucoup de jeunes enfants âgés de 8 à 12 ans. www.minor-ndako.be

droit de rencontre, d’échange et de partage de temps.A partir des liens qui se tissent ici, naissent des amitiés et de nouvelles initiatives qui aident les nouveaux arrivants à trouver leur voie dans notre société. Ciné Maximilien souhaite s’étendre, puisque dans d’autres lieux d’accueil en Belgique également, il y a un grand besoin de détente et de partage. Dans tous les coins du pays, des volontaires proposent d’organiser des séances de cinéma. Pour soutenir ces initiatives, un crowdfunding a été lancé (un financement participatif sous forme de large appel à dons via internet). Un bel exemple du vivre ensemble qui a émergé spontanément et a grandi grâce à la volonté et à l’énergie de nombreux volontaires! www.facebook.com/cinemaximiliaan www.growfunding.be/cinemaximiliaan

Photo: Ciemaximiliaan

"Brussel helpt"


Arrivés. Solidaires avec les réfugiés • • • 7

Traversée

Le 28 janvier, journée nationale de la poésie, Laurence Vielle a repris le flambeau de Charles Ducal, précédent Poète national.Voici le premier poème sorti de sa plume en tant que Poétesse nationale. En décembre, nous avons eu la chance de l'entendre dire son poème dans le plus beau café de Bruxelles, 'la fleur en papier doré': une femme engagée, qui recueille les mots de notre monde et nous les renvoie avec élan! A couper le souffle!

Le train in ons land a amené italiens polonais français grecs marocains espagnols et ceux de l'est et ceux du sud et ceux de l'ouest et ceux du nord a charrié forces vives petit pays klein landje depuis toujours pétri de tant de traversées ah treinen treinen

train des partitions de fils où chantent les corbeaux le train avale visages et puis les rend aux quais d'une autre vie ah le train le train qui déplace la mienne d'un quai à l'autre de l'Europe d'une langue à l'autre de la Belgique de Bruxelles tu pars vers Liège et puis Luik et puis Liège de Bruxelles tu pars vers Mons et puis Bergen et puis Mons quand les bras de mon amour sont là pour m'accueillir il est bon le retour et je pense à tous ceux lâchés au quai d'ici sans bras pour les cueillir ah treinen treinen petit train électrique de mon père de mon frère traverse mon enfance

montagnes de carton pâte personnages minuscules nous recréions le monde nous sommes ces petites femmes tout petits hommes réenchantons le monde encore aux rails de nos vies le train file défile enfile les paysages de nos visages qui se reflètent dans la vitre se fondent à chaque prairie à chaque ciel qui effeuille toutes les formes des nuages s'y perdent nos visages train des premières ou secondes classes les vaches blanches nous regardent et l'animal sauvage immobile en effroi train des courriers des marchandises des pauvres bêtes d'abattoir des convois noirs pas revenus train de toutes les mémoires ah treinen treinen le train parfois est en retard piétinent les passagers quai du train qui déraille de trein s'il part à l'heure est sur ligne sans obstacle si un corps n'est pas désespéré est sur ligne sans obstacle le train parfois est trash et quand le train à grande vitesse passe au pays d'à côté mon âme assise reste à m'attendre sur le quai de Bruxelles le train parfois s'arrête à chaque gare avant qu'elle ne s'efface face aux guichets automatiques salue l'homme au sifflet du départ un bruit presqu'un klaxon ferme les portes du wagon et si le train ne roule plus tout le pays est suspendu au chant des corbeaux sur le fil le train relie trace des lignes cliqu'tis des tricoteuses des baladeuses et des liseuses train des ordis et des rêveurs treinen des contrôleurs train des traintrains quotidiens

emmène-moi au littoral emmène-moi en Hautes Fagnes ouvrons mijn vriend ouvrons le train aux sans papiers aux sans rivages et que le train tout comme les veines bleues du monde charrie ici coeurs nouveaux pour y semer entrains de vie train démocratique fenêtres claires offre-nous un ticket ouvert chaque premier dimanche du mois pour explorer tout bled où les rails filent encore que notre pays devienne labo de nos curiosités à l'étranger si près qui partage avec nous nos contrées séparées oh ooooh train trrrrein trrrrreinen trrrrrrrrrain trrrrransporte-moi trrrrravaille-moi ébrrrranle-moi entrrraîne-moi trrrrame de roulis neufs le tissu pâle de nos corps endormis

et tandis que j'écris un homme face à moi en boule sur banquette voyageur sans ticket dans son silence implore l'argent pour continuer vivant le grand voyage

Laurence Vielle


8 • • • Arrivés. Solidaires avec les réfugiés Dialogues sur le Congo

Photo: Louis-Paul Boon-kring. Couverture du livre 'Témoignages sur le déracinement et l'intégation entre le Congo et Bruxelles'

Au centre de services de Chambéry, nous prenons l'habitude de parler d'hier, d'aujourd'hui, du monde... Un petit groupe se réunit deux fois par mois pour échanger des récits et des expériences. Nous avons inauguré cette année par un échange sur le Congo.

"Le Congo recèle une grande diversité de nuances. La terre et la culture offrent tellement de richesses, toutes les couleurs se mélangent. Comme dans beaucoup d'endroits hors de notre plat pays gris, au Congo la végétation explose de vitalité, pour autant qu'on laisse encore quelque chose de la forêt. Le fleuve, les grands lacs, l'air, des variations de la couleur bleue comme on n'en voit pas par ici. Le soleil, la vie, la chaleur, le rythme, la danse." "La région la plus belle? La région du Kivu, ou les bords du fleuve, quand

vous naviguez de Léopoldville vers Kisangani.Avec l'odeur des commerces de poisson qui vous accompagne." "Au milieu de cette faune et flore d'Afrique centrale et de la richesse de cette terre, s'est constituée une colonie belge. Léopold II a obtenu son coin d'Afrique et par là même l'accès à une nouvelle source de richesse incalculable." "Au début, ils ne se sont vraiment pas bien comportés envers la population locale. Selon moi cela s'apparentait à de l'esclavage. Les

LE GROUPE DU JOUR Mia a habité le Congo pendant quelques années, Paul avait l'intention d'y aller, Jean-Pierre s'intéresse à l'histoire, Maurice avec son regard critique, Marguerite et Raphaël sont originaires du Congo, et Angèle, dont le mari y a travaillé pendant un temps. Le résultat : une conversation enrichissante, des connaissances variées et complémentaires. Ceux qui n'y étaient jamais allé ont ainsi pu profiter d'une leçon d'histoire inédite. européens ont agi de la même manière en Amérique, la même chose s'y est produite. Mais les gens d'ici ne sont pas partis avec cette mentalité. Mon mari vivait avec les noirs, il était "prospecteur". Quand il est revenu en Belgique, il recevait de temps à autre du courrier des gens de là-bas. Par contre, il y avait aussi des blancs qui n'étaient pas aimés, n'est-ce pas." "Nous sommes partis pour le Congo pour apprendre à connaître l'Afrique. Mon mari donnait cours dans une athénée pour les congolais. Nous n'avions pas l'impression d'être des prédateurs. J'ai vécu trois années à Léopoldville. Mon mari enseignait à l'athenée de Ngiri Ngiri. Un dimanche j'ai entendu beaucoup de bruit et des "ouh-ouh-ouh!". Pour moi, l'idée d'être colonisé était insupportable, alors j'ai tout de suite pensé à une révolte. Je m'attendais à ce que cela arrive tôt ou tard. Mais il s'agissait simplement d'un match de foot. J'en ai conclu qu'ils étaient moins révoltés que je n'aurais pu le penser." "Deux années après, ce moment a fini par arriver.A nouveau des "ouhouh-ouh!", une révolte qui a pris son


Arrivés. Solidaires avec les réfugiés • • • 9 essor à partir du stade de foot. Cela devait être en 1959. Nous avons vécu les émeutes de tout près. L'athénée se trouvait extra muros, en dehors de la zone blanche. Autour du centre des blancs, il y avait une ceinture de commerçants en majorité de nationalité portugaise. Pendant ces émeutes, tous les blancs étaient visés. L'école et d'autres infrastructures destinées aux noirs ont malheureusement été également détruites. La révolte n'était alors pas encore bien organisée."

là où les blancs se trouvaient. L'apartheid en Afrique du Sud allait encore un peu plus loin, mais tout de même... Je me rappelle qu'on se moquait des "madames" (note du rapporteur: les femmes blanches), "qui ne font ni caca, ni pipi...""

"Je me souviens encore de ces incidents du stade de foot.A cette époque, je finissais ma dernière année d'assistant médical. Nous nous trouvions parmi les européens et jouissions de certains avantages. Ce jour-là, je me suis acheté ma première radio afin de pouvoir suivre les événements." "Les maltraitances allaient de pair avec la résistance qui s'est développée contre le travail forcé. "En 1959, j'étais dans ma dernière année de l'école des monitrices. Notre génération n'a plus vraiment connu les atrocités, mon père d'ailleurs non plus vraiment. Mon grand-père si: le travail forcé, les obligations, les cruautés, les humiliations, "macaques!", ...Voilà pourquoi notre génération n'avait plus la même sensibilité face à tout ce qui se passait durant cette période. Suite à la visite du roi Baudouin en 1955, tout à commencé à réellement changer. Ce qui nous dérangeait vraiment, c'était la séparation catégorique entre les noirs et les blancs.Ainsi après 18h il nous était interdit de sortir en ville,

"Mon mari est déjà revenu en Belgique en 1952. Il pressentait alors déjà que des tensions allaient arriver. Selon lui, les portugais étaient les meilleurs colonisateurs." " Oui, mais dans leurs colonies les portugais s'y prenaient autrement. La différence venait du fait que nous partions vers le Congo pour un temps défini, pour ensuite revenir dans notre pays d'origine à la pension, etc. Les portugais, eux, restaient dans leurs colonies toute leur vie. Cela changeait complètement la donne, on peut par exemple comparer l'Angola et le Congo." "Je me rappelle que Lumumba occupait de plus en plus la scène. Il

avait raconté au roi Baudouin que les Africains n'oublieraient jamais, le fouet, les palais occupés par les blancs, et tout le reste. La majorité des blancs à l'époque étaient indignés. Moi pas, je pensais: "Enfin, enfin quelqu'un qui ose pour une fois dire la vérité"." "J'ai vu Lumumba en personne, lors de la table ronde en 1960. Baudouin a reçu au Congo comme un roi, Bwana Kitoko (le beau monsieur). Entretemps le professeur Jef Van Bilsen avait pressenti pas mal de choses. Sous l'influence des événements dans les colonies françaises (l'indépendance et la guerre d'Algérie du temps de de Gaulle), il a préparé un plan d'indépendance sur 30 ans.A cette époque, je voulais encore partir pour le Congo, donc je suivais attentivement la politique. Mais comme toujours, la voix du monde financier était l'a emporté, la banque générale de Belgique (qui possédait la quasi totalité du Congo) ne l'a pas voulu." "Mais lorsque Lumumba a organisé la résistance et des émeutes au sein de la population congolaise, la Belgique a été obligée de renoncer à sa colonie. Pendant la conférence de la table ronde en 1960 au Palais des congrès au Mont des arts, il a été décidé de donner l'indépendance à la colonie dans les six mois. Imaginez un peu ça!" "En un temps record, les postes importants et les postes dirigeants ont été africanisés. Le Général Janssen n'a pas voulu africaniser l'armée congolaise, du moins pas


10 • • • Arrivés. Solidaires avec les réfugiés pour les postes dirigeants. Quand Baudouin a offert l'indépendance aux congolais, le discours de Lumumba a ameuté la population. Il y a eu des révoltes, tout appartenait soudainement aux Congolais. Lumumba était un bon politicien, mais en tant que chef d'état il a commis des erreurs. Il avait oublié qu'il devait gouverner le pays dans lequel il avait semé la rébellion." "Dans l'ensemble, je suis fier de la manière dont la Belgique a gouverné le Congo. Nous y avons introduit l'enseignement. Dans l'Afrique colonisée, cela n'a pas été fait partout ainsi. Mais malheureusement, au moment où les tumultes sont éclaté, il n'y avait encore aucun congolais universitaire.A l'époque le système d'enseignement n'en était pas encore là. Dans les années 55-56 seulement deux congolais sont venus en Belgique pour étudier. En France par exemple, c'était bien différent. Avant l'exposition de 58 les Congolais ne pouvaient pas entrer en Belgique, ni pour étudier, ni pour voyager.Après l'indépendance, c'est devenu possible. Des accords ont été pris: 15 000 congolais sont venus en Belgique, et le même nombre de belges sont partis au Congo. Je me rappelle qu'en 1960 tous les assistants médicaux qui ne pouvaient pas devenir médecin dans leur propre pays sont venus en Belgique." " Oui c'est vrai, ma mère avait alors des problèmes de santé et alors je suis arrivé ici." " A propos de l'enseignement, je peux raconter pas mal de choses. Ce sont surtout les missionnaires qui s'y sont investis. Ils donnaient des cours de lecture, d'écriture et également

de technique. M. Buisseret en a été l'instigateur. Nous étions actifs à l'athénée de Ngiri Ngiri, une" école interraciale", bien qu'il n'y avait aucun blanc. Nous y suivions le même programme d'enseignement officiel qu'en Belgique. L'enseignement que nous donnions était peut-être même trop belge, il n'y avait pas d'ouverture vers la culture noire. Les missionnaires s'en sont occupé, avec la langue, la littérature et la culture

de la population locale, et avec ses valeurs propres. Ils ont peut-être fait mieux que quiconque qui est passé par le Congo." "J'ai suivi des cours dans une école secondaire, les humanités latines. C'était la politique coloniale belge d'évoluer intentionnellement lentement. Quand la révolte a éclaté, il y avait un retard irréparable. Une différence par rapport aux colonies françaises était la langue à l'école. Làbas, à l'école primaire, ils donnaient des cours uniquement en français.

Chez nous l'enseignement était donné dans la langue maternelle, surtout dans les régions rurales. Le français était considéré une discipline à part. C'est tout de même très spécial. Chapeau aux missionnaires pour ce travail. " " Oui, et ce sont également les missionnaires qui sont restés après l'indépendance.Tout le monde partait, mais pas eux. Il est clair qu'ils venaient avec leur bonne volonté, et pas pour le profit. Ils ont formé notre génération. Il y a même eu des martyrs, qui ont trouvé la mort aux côté des rebelles."

Ainsi a filé notre matinée de conversation... Les réactions échangées avaient une grande valeur. Cette discussion était riche de nuances - il est évident que tout n'était pas rose dans les colonies, mais tout n'était pas mauvais non plus. D'autres auraient peut-être souhaité apporter des voix plus critiques au débat. Il y a beaucoup à raconter et à souligner, de nombreuses idées qu'on peut emmener avec soi.Tant à dire sur la chasse au profit, sur les rouages d'un système économique arrogant. De quoi nourrir les prochains dialogues!


Cuisine du monde Pour découvrir et valoriser les richesses cachées des personnes qui nous entourent, nous avons demandé à notre équipe de cuisine de partager avec nous des spécialités culinaires de leur pays d'origine. Nous avons eu le choix, entre les délices du Maroc (Mostapha), d'Arménie (Alla), de Belgique (Angélique) et d'Inde (Manesh). Cette fois-ci, la parole est à Manesh et à Mostapha. Bonnes découvertes! Salade marocaine 1 poivron vert, 2 tomates, 1 concombre 1 oignon, 1 cuillère à soupe huile d'olive 1 cuillère à soupe huile de vinaigre sel et poivre, quelques olives Laver et éplucher les légumes, les couper en petits dés. Arroser de vinaigrette et décorer avec les olives. Soupe de pois secs à la marocaine 500g pois secs, 1/2 cuillère à café de sel 1/2 cuillère à café de cumin, 8 gousses d'ail écrasées 1 cuillère à café de piment doux piment de cayenne, huile d'olive Faire bouillir 1,5 litre d'eau dans une cocotte minute. Nettoyer les pois, les mettre dans l'eau bouillante avec sel, cumin, ail. Fermer et cuire 30mn. Laisser refroidir et mixer. Réchauffer et servir en saupoudrant avec les piments et l'huile d'olive. Fekkas (biscuits marocains) 4 oeufs, 300 g beurre, 300 g sucre glace 800g farine, 1 sachet levure chimique (8g) 200g amandes écrasées 200 raisins secs (coupés en morceaux) Travailler le beurre avec le sucre. Rajouter peu à peu la farine et la levure. Bien pétrir jusqu'à obtenir une pâte malléable.Ajouter les amandes et les raisins, bien mélanger.Façonner des rouleaux longs et fins, les emballer dans du plastique alimentaire et les mettre 1 h au congélateur. Les sortir, les découper en fines rondelles, les disposer sur une plaque de four avec papier sulfurisé. Cuire à 190°dans un four préchauffé. Les retourner pour les faire dorer des deux côtés.

Ce dessin symbolise nos préoccupations pour les réfugiés La couleur rose quitte le corps sans vie de l'enfant qui avait droit à une vie belle et épanouie... Joran De Ryck 16 ans

A table ! • • • 11 Poulet Tikka Massala (plat indien) Ce plat est composé de morceaux de poulet marinés dans des épices et du yaourt, puis cuits au four dans une sauce Massala (mélange d'épices). Cette sauce contient habituellement des tomates, de la crème simple et plusieurs épices. C'est un plat populaire en occident, où l'on considère généralement qu'il relève de la cuisine indienne.Aujourd'hui ce plat est servi dans les restaurants du monde entier. Au Royaume-Uni, il est vu comme le plat le plus populaire. Selon l'explication la plus répandue, cette recette aurait été inventée dans un restaurant indien situé à Glasgow. Un client trouvait le poulet Tikka traditionnel trop sec et aurait demandé plus de sauce. Le cuisinier aurait improvisé une sauce avec de la soupe de tomates, du yaourt et des épices. Des bienfaits de l'improvisation! Bon appétit!


12 • • • Récit Nathalie

Une histoire écrite par Zuher Aljobory

Entrevue avec Zuher, collègue de Chato Zuher habite depuis quatorze ans en Belgique. Il travaille dans notre équipe de rénovation, mais avant tout il est un écrivain passionné. Dans cette édition nous présentons un récit de sa plume. Ce texte a été écrit en iranien, traduit vers le français puis vers le néerlandais. Comment en es-tu arrivé à écrire ce récit 'Nathalie' ? Dans mon pays natal, en Irak, plusieurs générations vivent sous le même toit et les jeunes prennent soin des personnes âgées. Quand je suis arrivé en Belgique, j'ai été étonné de voir que les personnes âgées vivent seules et que leurs enfants s'en occupent relativement peu. Nathalie est un personnage fictif, mais elle pourrait exister vraiment. En tant qu'écrivain et membre de cette société je me pose des questions sur notre manière de vivre et de prendre soin de nos parents et aînés ... Il y a de cela des années, tu es arrivé en Belgique comme réfugié. Que penses-tu des événements actuels? J'habite ici depuis de nombreuses années, mais quand je regarde les actualités, je suis très triste. La guerre est quelque chose de terrible. J'ai moi-même fait la guerre en tant que soldat (la guerre entre l'Irak et l'Iran), donc je sais ce que c'est! La guerre actuellement en cours est liée à beaucoup de causes et beaucoup de responsabilités. La naissance de "l'état islamique" n'est pas la cause du conflit, mais plutôt le résultat d'une politique internationale, et de toutes sortes d'événements qui se sont produits longtemps auparavant ... Chaque être humain a le droit à une vie en paix et en sécurité. Il est normal que les personnes se trouvant dns de telles circonstances s'enfuient à la recherche d'une vie meilleure pour leurs enfants et pour eux-même. Les autres pays devraient ouvrir leurs frontières et accueillir les réfugiés.

Ce qui devait arriver, arriva enfin. Nathalie est partie, sans grand bruit, sans un appel au secours, ou même le moindre pleur, bien que ce genre de départ nécessite un minimum de préparation pour un voyage qui risque de durer plus que l'on imagine, et qui rend impossible l'idée d'un retour, ou même d'un dernier au revoir à ses proches.

passe-temps à sa mesure: insulter ce bas monde sans coeur ni âme, démasqué comme un mensonge grossier et gratuit. Ce bas monde qui, disait elle, n'était qu'une suite de récits rêvés et médiocres, aussitôt oubliés au réveil.

Nathalie est partie vers sa dernière demeure, foudroyée par une mort silencieuse et subite, elle n'avait pas choisi de vivre seule ou de mourir ainsi; mais tel est le destin de beaucoup d'hommes et de femmes vivant seuls dans ce plat pays.

Nathalie est partie comme le jour où elle est venue au monde, comme un éclair. Ce qu'elle répétait merveilleusement, c'est qu'elle avait une histoire incompréhensible et incomplète, que de nombreuse années de sa vie se sont écoulées sans qu'elle n'aperçoive le moindre bonheur, qu'elle ne se voyait guère dans la procréation de la vie.

C'était ma voisine belge. Elle était encline à la solitude. Avec le temps, elle avait perdu toute capacité de communiquer avec les gens, et elle s'est perfectionné un

Elle est partie la nuit dernière, laissant derrière elle la bouteille à moitié remplie d'Ouzo, posée sur la table de cuisine, laquelle témoigne du maigre repas, quelques


Récit • • • 13

détritus de melon jonchés ça et là, un paquet de cigarettes vide. Sous la table, se trouvait son petit caniche immobile, galvanisé par le silence des lieux. Sa gamelle à moitié vide semblait ne plus l'intéresser. Les trois fils de Nathalie, qu'elle n'avait pas vus depuis six mois, ne se donnent plus la peine de venir lui rendre visite, "ils pensent que je ne suis qu'une vermine qui risque de leur pourrir leur temps précieux," répéta-t-elle à chaque verre de trop. Ce dernier soir, je crois qu'elle avait vu se dérouler devant ses yeux le triste film de sa vie. Sur le parquet du salon, elle étalait ses maigres souvenirs, ne retenait que les bons moments qui ne valent plus rien aujourd'hui: les moments joyeux des naissances de ses enfants, ce grand voyage au Brésil, ce beau voyage à Madagascar, ces moments chaleureux autour du repas pendant les fêtes de fin d'année. Je crois qu'elle s'était arrêtée au souvenir de cette table installée au milieu du triste salon, qu'elle avait chinée chez un riche artiste de Tournais, et qui s'est fait connaitre par son suicide fracassant au bord de la rivière. Elle évoquait cette amie qui lui déconseillait souvent d'acquérir les objets des morts, pensant que ça porterait malheur, que les âmes des anciens propriétaires allaient finir par envahir les lieux comme une poussière de malheur. J'ai vu Nathalie cette ultime nuit, se penchant pour la toute dernière fois sur son album photo, gardé précieusement sur la table de chevet. Elle le feuilletait, le refermait et l'oubliait aussi vite.

avoir par la vie, et qu'on ne se rend compte de cette triste vérité qu'au dernier moment; la où il est inutile d'aller nulle part, où le monde devient un minable trou d'aiguilles qui ne mène pas à grand-chose." Elle a beaucoup parlé de son défunt mari, monsieur Alberto, elle disait que les conneries de Schopenhauer et de ce salaud de Nietzsche lui avaient pourri l'esprit. Pourtant son suicide n'était pas une surprise, son père l'avait fait avant lui.Alberto fut retrouvé mort dans un appartement à Bruxelles, dans un quartier à forte population d'immigrés. C'est du moins ce que la police fédérale avait confirmé. On avait beaucoup ri, elle et moi, ce jour-là. Je voyais dans ses yeux que ce n'était guère des rires de joie, qu'elle avait beaucoup de peine et de mélancolie. Elle m'avait raconté avec un rire narquois, qu'après quarante années passées, sa plus grande folie avait été de se marier et d'avoir des enfants. Ma gentille voisine Nathalie est morte ce matin, après avoir passée sa soirée à attendre le dernier visiteur (le Prophète du Néant). Elle est partie sans avoir terminé la bouteille d'ouzo, avant même de vider le vocabulaire de jurons qu'elle détenait, avant que quelconque de ses invivables fils ne se donne la peine de lui dire un dernier au revoir. Sous la table, se tenait toujours le pauvre chien, comme intrigué par ce silence pesant...

Elle m'avait raconté, il y a de cela deux jours, qu'elle avait téléphoné à son grand fils Paul qui habite à Hambourg avec une allemande au nez crochu d'un coq de combat. Nathalie avait beaucoup ri, c'était plutôt des rires de tristesse. Elle disait à Paul qu'elle sentait le froid de la mort l'envahir à petites doses, qu'elle sentait le besoin d'être entourée par les siens, qu'elle ne voulait pas mourir toute seule, comme une bête abandonnée, et que surtout, elle voulait qu'on s'occupe du chien.Après la mort de Nathalie, Paul, qui avait pourtant promis de venir, n'est jamais venu. Peine perdue: ni lui ni les deux autres ne se sont donné la peine de rendre un ultime adieu à leur pauvre mère. Nathalie avait passé son dernier jour à insulter ce bas monde tout en dépoussiérant le salon encombré d'objets inutiles, tel un musée hanté par l'âme des vieux objets. Elle répétait à haute voix: 'Il semble bien qu'on se soit fait

Traduction de l'iranien vers le français: Aziz Laamarti et Mlle Yosra


14 • • • WMKJ Fabriquer des lanternes et des lampions (ou comment apporter de la lumière en temps sombres) On est encore en hiver mais on voit déjà les jours qui rallongent... Connaissez-vous la Chandeleur, ou fête des chandelles, cette très ancienne fête de la lumière du 2 février, qui est l'occasion de manger des crêpes? Cette tradition de célébrer le retour de la lumière après les saisons froides peut nous inspirer pour cultiver tout ce qui nous rappelle à la vie, plus encore dans les moments où notre époque nous semble trop sombre.Voici quelques idées pour fabriquer des lanternes et (re)mettre de la lumière partout où on a besoin! • bocal de verre décoré, attaché avec du fil de fer • boîte de conserve trouée (avec marteau et clou) • lanterne chinoise en papier (voir schéma) • torche (à fabriquer et utiliser accompagné d'un adulte) en enroulant du tissu autour d'un bâton et l'imbibant de cire fondue (www.latoilescoute.net/fabriquer-une-torche)

Le jeu des chemins d'évasion Nous avons joué à ce jeu pendant les vacances d'été 2015, avec des enfants de 9 ans à 12 ans. Nous cherchions une manière d'attirer l'attention sur la problématique des réfugiés et nous avons inventé et construit ce jeu pour pouvoir l'aborder plus facilement. Nous avons commencé par en parler avec les enfants et nous avons remaqué qu'ils étaient déjà bien au courant. But du jeu : chercher le plus de moyens possibles (de l'argent, une carte d'identité, à manger, à boire...) de amener autant de personnes que possible sur la "terre promise". Déroulement du jeu : Ce jeu se joue dans la forêt, les enfants construisent trois camps symbolisant leur pays d'origine. Pour atteindre terre promise, il faut de tout : des passeports, de l'alimentation, des boissons, des vestes de sauvetage... Pour se procurer tout cela, ils doivent envahir les autres camps et y acheter les objets dont ils ont besoin. L'argent se gagne en réussissant des épreuves. Quand ils ont réuni les objets nécessaires, ils peuvent entamer leur traversée de l'océan. Mais l'argent n'est pas facile à se procurer, et pour en économiser et gagner du temps, ils tentent parfois la traversée sans veste de sauvetage... ce qui comporte des risques! Si un 7 ou un 9 sont tirés aux dés, un grand orage éclate, les bateaux sombrent, les voyageurs sans gilet de sauvetage se noient. S'ils mettent enfin pied sur la terre promise, mais ne sont pas encore arrivés à leur destination précise, ils doivent tout recommencer, retourner gagner de l'argent pour acheter des objets, et cette fois-ci tenter de s'enfuir en camion. Dans ce cas, si un 7 ou un 9 sont tirés aux dés, l'obstacle n'est pas un orage mais un contrôle, et ils sont renvoyés dans leur pays d'origine :( Que le voyage est long! Voilà une autre manière sensibiliser et comprendre l'actualité. C'était très surprenant de voir toutes les connaissances que les enfants avaient déjà, et combien ils déploraient cette situation.


WMKJ • • • 15 Minimonimamakamp Quel un long titre pour un camp! Nous l'avons appelé ainsi car lors des vacances d'automne 2015, nous sommes allés pour la première fois en camp avec les enfants (mini), les jeunes (les moni's) et les parents (les mamans et papas). Nous avions besoin de quelques jours de préparations pour ce week-end très spécial, mais tout c'est très bien déroulé. Les jeunes et les adultes se sont bien amusés, des personnes de différents horizons ont travaillé ensemble et se sont entraidés. L'ambiance typique de Chambéry était super, cela se voit sur les photos! L'équipe de WMKJ ainsi que les participants sont rentrés à la maison avec un sentiment 'wouaouh!' d'avoir vécu quelque chose de très spécial!

Week-end des jeunes “Je kiffe le néerlandais” Pendant les vacances de noël, nous sommes allés à Poperinge avec un groupe de jeunes francophones vers. Nous sommes allés en Flandre car nous voulions pratiquer notre néerlandais avec les jeunes de l'activité ''Je kiffe le néerlandais''. Aux côtés de quelques jeunes de Roeselare, nous avons donné le meilleur de nous-mêmes lors d'activités telles qu'une promenade de nuit, un quiz et un grand jeu à Ypres. Pour nos jeunes c'était un très bon week-end, grâce auquel ils ont pu parler uniquement en néerlandais du matin au soir, une bonne opportunité pour pratiquer cette langue!


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Que se passe-t-il à Chambéry ?

AGENDA ••• Travail de quartier

• samedi 5/03, 12h30: "Arrivés" Journée de rencontre à propos des réfugiés (infos pages 5 & 6) • samedi 19/03, 19h: Présentation du livre sur Chambéry (infos pages 18 & 19)

Chambéry : une maison pour les jeunes et les moins jeunes, dans la grande ville, avec une foule d'activités et où tout le monde est bienvenu. Tout ça dans un seul logo.

••• Centre de sevices

• vendredi 25/03, 13:30-16:00: Fête de Pâques et fête d'anniversaire • 29/02 - 4/03: Semaine des volontaires. Nous remercions chaleureusement tous les volontaires, parce que chaque jour nous pouvons compter sur eux! • jeudi 28/04, 13:30-15:00: Conseil de centre

••• WMKJ

• 29/03-2/04: Camp de Pâques en Wallonie • 29/03-1/04: Ateliers de Pâques à Chambéry

Aux collègues qui s'en vont, merci et bonne route ! Bienvenue à celles et ceux qui nous rejoignent ! Saidou et Mofid Saïdou et Mofid ont récemment terminé leur contrat à Chambéry. Saidou espère se diriger vers la construction écologique. Mofid est sérieusement à la recherche de travail et espère travailler comme ouvrier polyvalent. Nous leur souhaitons beaucoup de succès. Teresa Bonjour tout le monde, Mes 6 mois de stage à Chambéry sont malheureusement terminés. J'ai beaucoup appris et j'ai eu une belle expérience. Je souhaite remercier tout le monde pour les belles rencontres et les chouettes conversations. Je vous souhaite encore pleins de beaux moments à Chambéry. Je viendrai vous rendre visite! Chaleureuses salutations,Teresa Merci beaucoup! Houssein Houssein travaille depuis novembre chez Chato. Il est originaire d'Irak et parle bien néerlandais. Il habite depuis 8 ans en Belgique, il a travaillé comme ouvrier d'entretien et il a suivi une formation en maçonnerie. Il a envie d'apprendre beaucoup ici. Grégory Grégory a récemment rejoint l'équipe de Chato. Il vient de Charleroi et habite depuis quelques années à Bruxelles. Il a déjà de l'expérience dans le secteur de la construction. Durant son temps libre il joue au foot. Il est motivé pour travailler!

Sador Je m'appelle Sador. Je suis étudiante en dernière année (option secrétariat) et je fais mon stage d’un mois à Chambéry. Je travaille à l'accueil, ce qui me permet d'avoir un contact direct avec les gens.Tout les matins, je suis contente de venir à Chambéry car je sais qu'il y aura une atmosphère positive où j'apprendrai énormément de choses. Ce qui me tient le plus à cœur est le fait de rendre service aux gens, ceci est une grande source de motivation pour moi. Sander Je m'appelle Sander, je viens du petit Village de St. Huibrechts-Lille (Neerpelt) dans le Limbourg. J'étudie le travail culturel social à Heverlee, et dans le cadre de cette formation je viens faire mon stage à Chambéry, de février à juin. Mes intérêts sont principalement le sport (foot), la lecture, l'histoire et les thèmes sociaux actuels. Yonas et Francisco Yonas de l'équipe de dépannage a eu un accident de travail en décembre. Il s'est coupé la main et a dû être opéré. La revalidation a pris du temps et il n'a malheureusement pas pu reprendre son travail avant la fin de son contrat article 60. Nous lui souhaitons un bon rétablissement et le meilleur pour son avenir! Heureusement début février Francisco est venu renforcer l'équipe de dépannage, ainsi Armen n'a pas dû continuer à travailler seul.


Que se passe-t-il à Chambéry ? • • • 17 Après plus de 20 ans, Betty D'Haenens quitte Chambéry comme force motrice, mais nous restons dans son coeur. Avec ce magnifique texte d'aurevoir...

Ode à Chambéry Chambéry, Mon fidèle vélo me transporte dans les rues d’Etterbeek… Instinctivement je veux tourner dans ta rue pour arriver à la porte rouge qui reste pour moi symbole de liens, de solidarité et de combativité chaleureuses. Chambéry, Ta cour intérieure se colore de vert, espoir d’un avenir meilleur pour les gens du quartier. Pas de quartier pauvre car cela n’existe pas, ...ni à Etterbeek, ni à Bruxelles, nulle part… 'Etre pauvre' est une invention de notre système économique, et nous n'y croyons pas. Chambéry, Ton quartier est riche: la diversité est présente dans toutes ses formes, jeunes et moins jeunes débordant de talents et compétences au-delà des religions, des convictions politiques et des frontières linguistiques. Continuons à investir dans ces jeunes et moins jeunes, car ils sont notre capital social là où le profit signifie justice sociale et redistribution. Chambéry, Avec ta maison arrière qui tourne au vert en créant la confiance et le renouveau, tu pars pour une passionnante et longue vie. La sagesse t’es donnée, ta grande impulsion dans le quartier accélère le rythme de ton cœur qui bat pour les gens du quartier, tous ceux qui y travaillent, y habitent, ou le traversent. Chambéry, Tes maisons avant et arrière sont complémentaires…

Le rouge et le vert s’accordent merveilleusement et nourrissent l’action, le travail motivé et une attitude combattive. Les travailleurs, les volontaires et les habitants reliés par quantités d’histoires et de possibilités que nous continuons à semer dans le quartier. Une activité passionnée, chronophage mais si enRICHissante. Pas de pauvreté ou d’ennui, mais de la confiance et de l'action qui te font renaître comme un nouvel être humain. Chambéry, Où pourrais-je m’adresser pour te retrouver ? De tels grands amours, on n'en rencontre que quelques fois dans sa vie… La route est longue et pleine de détours. Chambéry, Une sensation étrange me frappe… A parts égales: oserais-je y croire? et en même temps: j’adore! Chambéry, Merci de m'avoir tant donné. Merci parce que j'ai eu là l'occasion de rencontrer tant de personnes passionnées et de passionnants partenaires du quartier. Merci de m'avoir appris à approcher la vie différemment. Merci aux collègues et aux membres du conseil d’administration vous qui avez continué à croire au concept de ‘travail de quartier intégré’ même quand les autorités ne nous donnaient plus aucune perspective. Merci également pour votre engagement à toujours œuvrer pour une société meilleure pour toutes celles et ceux qui ont mal à y trouver leur place. A présent je dois vraiment partir… Pas de larme, pas de pincement au cœur. Sache que j'emporte avec moi d’innombrables beaux souvenirs. A présent je dois vraiment partir en voyage… Mais sache que vous m’accompagnez quelque part sur mon épaule gauche, fidèles anges gardiens de Chambéry. Chambéry, Regarde-moi pédaler à travers les rues d’Etterbeek. J’ai un Chambéry que j'aime tant...

Betty




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