Chasse, pèche et pow wow

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Chasse, Pêche et Pow wow 7 et 8 mai 2011

Le Bocage Amarré



Un tunnel, un passage, un bocage C’est ce côté enclos, comme protégé qui nous frappe. Un jardin d’Eden survivant à l’écoulement du temps immuable. Une culture en perdition? ... et traditions? Mais a-t-elle encore un territoire? Tipis, topos, tyrolienne Le conte et le chant sont des modes de transmission orale de l’histoire de certains peuples. Labours, limites, leures de chasseurs Un pow wow chez les amérindiens désigne une discussion visant à prendre des décisions en collectif. Les protagonistes forment un cercle en position assise sur un même pied d’égalité. Planches, piquets, pensée cadastrale Un observatoire afin de prendre du recul sur une situation. Un entre-deux pour déplacer le niveau de pensée, et la hauteur de réflexion. Bambou, bison, brouette Faux retour aux sources dont l’intérêt réside dans les choix possibles, la partie n’est pas égale au tout, les traditions aveugles n’ont pas lieu d’être. La cabane comme réinvention permanente du monde. Noosphère, technosphère et capteurs compatibles Les orties font un bon purin, l’ail des ours de bonnes salades. Les escargots poussent plutôt bien. 192 sacs, 192 terres, 192 univers possibles Les mandalas chez les tibétains sont des représentations du monde, d’un environnement. Des soldats en plastique ça fait moins mal. Micro-système, macro-système et modulations globuleuses des niveaux. Un poids, une mesure, une unité cadastrale.


Tipi

Habitat par excellence des indiens d’Amérique, le tipi est cette forme conique, ronde à sa base, avec un foyer en son centre. Il est une métaphore de la constitution du monde terrestre et spirituel. Régi par des règles, c’est un habitat premier simple et traditionnel.

Robin Maris



Tyrolienne Une tyrolienne part de l’entrée du terrain pour finir au tipi situé une cinquantaine de mètres plus loin. Celle-ci passe successivement au dessus d’une haie d’ortie et d’un champ de patates avant d’arriver dans l’herbe. Elle est à disposition du spectateur-immigré potentiel qui serait tenté de franchir la frontière par les airs.


Loupe solaire Une lentille pour pare-brise arrière de bus est rÊutilisÊe afin de concentrer les rayons solaires. Les courgettes cuisent au fond du plat.


Bison troncs d’acacia, mottes de terre déracinées, foin, branches, grillage à l’abandon. Sculpture éphémère. A partir de 1870 commence le grand massacre des bisons. Le gouvernement américain envoie des chasseurs ayant pour mission d’éliminer cette source de vie pour les Indiens. Cette méthode, moins dangereuse que de s’attaquer aux guerriers, décima l’espèce. De 70 millions de bisons en 1800, il ne reste que 220 bêtes en 1900! Tout a pourri sur le sol. Affamés et pourchassés, les Indiens vont rendre les armes et seront parqués dans des réserves où ils vivent toujours.

Antoine Boulanger Rey



192 sacs en plastique remplis de terre, bien partagés et rangés. Ceux-ci suggèrent les problèmes liés au découpage des territoires et l’invention des frontières. Le plastique, de par sa nature artificielle, est une bonne matière pour interpréter ces questions. 192 pays composent l’ONU.

Margarita Lipskaya



Laurie Mondet



Cabane Une cabane suspendue dans une forêt d’acacias et de frênes. Elle est construite uniquement par ses arêtes qui se fondent avec les troncs d’arbres. Elle reste très discrète, disparaît au milieu de la végétation. Elle n’apparaît clairement qu’à deux moments de la journée lorsque la lumière du soleil se fixe sur ses arêtes. Elle est difficilement perceptible, on ne la distingue pas toujours entièrement. Cet objet est situé dans un lieu où il n’y a aucune trace d’activité humaine, où il n’y a pas d’existant. C’est la suggestion d’ un objet rêvé qui apparaît, une structure fantomatique. C’est une projection d’objet qui aurait pu exister dans une vie antérieure, où une situation viendrait hanter le lieu mais c’est aussi un objet susceptible d’apparaître dans le futur. Pour l’instant elle est là en tant que squelette. La temporalité est indéfinie. Mon intervention reste minimale car j’ai épuré l’objet. Je n’ai gardé que les arêtes pour créer des traces ou des croquis que j’aurais dessiné dans un espace réel. La forme découle du lieu où se trouve la cabane: une forêt, lieu d’accueil par excellence de ce type de construction. C’est un travail par et sur le contexte, un travail sur le regard. C’est également un travail sur l’évocation et l’imaginaire où j’ai projeté dans ce lieu les éléments d’une fiction possible. J’ai ajouté, complété l’espace selon cette fiction. La cabane est fragile, tremblante, inutilisable dans un lieu inutilisé. C’est une mise en scène qui intensifie la notion d’abandon. L’illusion est révélée par la lumière. Elle fonctionne à la manière d’ une toile d’araignée qui s’accroche entre les arbres et que l’on verrait grâce aux rayons du soleil.



Antoine Perez Filet

Clin d’œil au titre de l’exposition, un grand filet de 6 x 3 m a été installé suspendu entre les arbres à l’entrée du lieu afin de le transformer en hamac géant pendant la durée de l’événement. Le côté ludique fait oublier au spectateur que c’est lui la proie.



Qui pousse le plus vite? bois et plastique Une chaise d’arbitre surplombe des planches de semis. Compétition et rendement étant de rigueur, laquelle pourra prétendre à la meilleure croissance?


L’œuf

Performance dirigée 30min environ Cinq acteurs, tous habillés en blanc. Deux d’entre eux portent des vareuses d’apiculteurs avec chapeau et moustiquaire, les trois autres sont en combinaison intégrale, un casque blanc sur la tête surplombé d’une feuille de cire d’abeille. Ils sortent ensemble du tipi, les deux apiculteurs devant. Le premier tient solennellement entre ses mains un œuf d’autruche. Ils se dirigent vers l’entrée, bifurquent, prennent un chemin, et font le tour du terrain. Arrivés à une grande structure en terre de 4 m de hauteur ressemblant au monolithe du film «2001, l’Odyssée de l’espace», le groupe des trois combinaisons s’installe en ligne sur un des côtés, tandis que les deux apiculteurs se dirigent vers un demi tonneau contenant un feu déjà allumé. Face au monolithe et dos au public, ils s’activent, manipulent quelques ustensiles de cuisine, puis cassent l’œuf et le déversent dans un wok sur le feu. Des trois autres personnages commencent à émaner des sons. D’abord de légers chuchotements, qui se fondent dans les bruits et chants d’oiseaux environnants. Puis plus fort, des rythmes monosyllabiques, simples, aucune langue ou mot reconnaissable. À côté, l’omelette se prépare. Les deux cuisiniers surveillent la cuisson, on les voit prendre des notes sur un calepin. La voici maintenant prête, ils la découpent et la mettent sur des tranches de pain. Les chants cessent. Ils goûtent d’abord, se concertent puis en proposent aux trois chanteurs. Une fois ceux-ci nourris, chacun se dirige vers le public, tranche de pain et omelette en main, et convie toute personne à partager le repas. Fin de la performance.


L’action renvoie à une sorte de rituel religieux non défini, presque primitif s’il n’y avait leurs habits. Les apiculteurs en vareuse sont semblables à des cosmonautes, des scientifiques expérimentateurs aux gestes lents, précis et ordonnés. Le tipi est leur camp de base. Les trois autres peuvent être vus comme des matérialisations physiques du monolithe en arrière-plan, la feuille de cire d’abeilles sur le casque en garde les proportions. De plus, peu de temps auparavant avait eu lieu l’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon. L’œuf, symbole de la naissance, de la création, de l’idée, est partagé entre tous, mais l’est-il de manière imposée ou choisie? L’hostie commune est-elle radioactive?


Caracoles

de maíz

coquilles d’escargots, terre, maïs L’escargot se trouve rattaché à plusieurs images et symboliques. La lenteur d’une part, qui prend le temps pour faire les choses, en tout cas par rapport à l’Homme. La force, par la solidité de sa coquille, image reprise par les zapatistes pour désigner leurs regroupements de villages, car celle-ci croît vers l’extérieur tout en s’appuyant sur des bases solides. La liberté de mouvements, par l’extraordinaire possibilité de déformation et de rétractation de ses membres. Enfin l’escargot est la caravane, la maison nomade. Le maïs est une céréale servant de base à l’alimentation américaine, comme le blé en Europe ou le riz en Asie. Caracoles de maís, escargots de maïs en français, est une proposition poétique pour une réappropriation de la nourriture par son auto-production, elle sous-entend évidemment les évocations citées juste avant.




Histoire de territoires

Une idée arrive souvent aux alentours d’1m70 au dessus du niveau du sol. Dans la case à palabres africaine, lieu de réflexions et de prises de décisions, l’architecture contraint à une position assise, amenant les pensées à évoluer à une soixantaine de centimètres au dessus du niveau du sol. «Histoire de territoires» consiste en une construction perchée dans un arbre à 7,5 m de hauteur. Celui-ci se sépare en deux troncs distincts à la base, serrés en étaux par deux panes sur lesquelles repose toute la structure. À l’origine cette cabane devait servir de poste d’observation, voire de surveillance d’allées et venues, comme une douane, un check-point - ce devait en tout cas être sa fonction pendant la durée de l’exposition. Cependant, lors de la construction, un imprévu eut lieu. Nous fûmes interrompus dans nos travaux par le propriétaire de la parcelle de forêt du dessous, lequel ayant certainement entendu la tronçonneuse, vint nous rendre visite alors déjà que l’édification de la cabane touchait à sa fin. Nous surprenant en plein travail, il prétendit que cet arbre était le sien, et quand nous lui annonçâmes que nous avions auparavant vérifié le cadastre afin de justement éviter ce genre de problèmes, il affirma que celui-ci avait une erreur de 2 mètres. Le lendemain nous retrouvions sur la première marche un mot: «À démonter de suite. Le propriétaire». Le surlendemain, sans qu’aucune décision ni acte de notre part n’ait été pris, il renchérit: nous découvrîmes alors, déconcertés, des inscriptions à la bombe aérosol rouge sur le tronc ainsi que sur les quelques arbres d’à côté: PRIVE_PRIVE_PRIVE. Et le jour suivant enfin des piquets et un fil passant au ras du tronc avaient été installés. Il apparaît donc que cet arbre, planté dans un talus, fait partie d’une haie mitoyenne, et que ironiquement, 7,5m de hauteur ne semblent pas être une distance de recul suffisante sur une situation de frontière comme celle-ci.


Stand Des coquilles d’escargots remplies de terre et d’une graine surprise (maïs, radis ou petit pois) sont à vendre sur un stand. À côté le mode d’emploi: casser le dessous, mettre en terre, arroser régulièrement. Au dessus 5 ardoises encastrées dans deux bambous sur lesquelles sont écrites en 5 langues différentes (français, anglais, espagnol, russe et allemand) la même phrase: «Nous ne vendons rien que vous ne puissiez faire vous-mêmes».


Inscrite dans une tradition géométrique, la forme circulaire prime dans l’idée de communauté. Cette forme de la «communion» n’attend pas nécessairement de résultat. Plus largement, l’idée reçue nous induit en erreur. Là est l’œuvre du leurre, et de l’appât. L’illusion.

Arthur Poisson



Installation en trois parties plus une, triptyque arrangé pour les raisons de la mise en scène. Pigeons en plastique, graines à oiseaux, pics anti-pigeons Chaque élément trouve sa place ainsi disposé en deux zones d’activités bien distinctes. Les sous-bois et le potager. L’une (des pics anti-pigeons disposés en lignes sur une planche de semis) est vouée à l’attrait de l’ordre, et au systématisme formel. L’autre (des pigeons en plastiques et tas de graines à oiseaux installés dans des cercles découpés dans la végétation) incarne un ordre naturel en en inversant les codes. C’est une mécanisation du naturel: le chaos est arrangé en un ordre préétabli, où ni la forme ni le sens ne sont laissés au bon vouloir du vent. Un sens individuel est donné par l’appartenance globale de l’installation. Tout élément est minutieusement compté puis installé, en vue d’un ensemble final qui donne sens à chaque détail.


Attirer / repousser,

un couple antithétique assez évident à identifier.

Entre la culture d’une forme esthétique attirante emplie de codes familiers et une plantation artisanale d’éléments incarnant le refus de l’autre, la régularité reste l’élément primordial, l’indice premier nous mettant face au geste volontaire et contrôlé. L’échelle humaine, et celle de la maquette sont depuis toujours les plus appropriées à assurer une volonté de tout mettre en scène, et de tout maîtriser. Tout faire graviter autour de deux éléments : attirer, repousser. Comment résister ? comment avancer ? Attirés par le laid, le dos tourné à l’attrayant. Choix de conscience à faire. Refus de la concordance des temps. Maintenant, ou après. Agir en prévision, Instinctivement.


Lundi, la guerre Mardi, la guerre Mercredi, la guerre Jeudi, la guerre Dimanche les enfants font paf paf avec les pétards

Vendredi, la guerre Samedi, la guerre

Et pitiouu le soldat! On a pas voulu faire comme y disent à la télé. Nous ce qu’on aime c’est faire sauter le bonhomme loin.

Adrien Brissonnet et Antoine Aubert

performeurs, pétards, soldats en plastique, 10 min environ

Alors on a fait un carnage, et chacun a gagné le droit de saboter ses troupes. Que le meilleur perde.


Spectacles -Cie Deo et Pesto (théatre et jonglage musical) -le Resonabundy (instrument orchestre) -David sur son arbre perché (guitare jazz manouche)

Merci à tous les participants ainsi qu’à tous ceux qui ont aidé pour la préparation de cet événement-exposition,

Chasse, Pêche, et Pow wow


Chasse, Pêche et Pow wow Exposition collective éphémère en extérieur 7 et 8 mai 2011 avec Robin Maris Antoine Boulanger-Rey Margarita Lipskaya Laurie Mondet Antoine Perez Arthur Poisson Adrien Brissonnnet et Antoine Aubert Cie Deo et Pesto Big Ben et le Résonabundy David et sa guitare Le Bocage Amarré lebocageamarre@gmail.com http://issuu.com/lebocageamarre


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