L'ange habile

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L ´ange habile

Jorge Parada





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Auteur Jorge Parada Directeur artistique Jorge Parada Illustrations Patricia Ballesteros Amat Traduit par Teresa Soriano Pérez

Pintor Sorolla 22 46002 – Valencia – Spain inlibris.es © 12ªEdició – année 2013 © 1ª Edició – année 1993 I.S.B.N. 978-84-941288-8-2


L ´ange habile Jorge Parada



Imagine que l´âme est un bel oiseau et notre corps une cage. Imagine un bel oiseau à l´intérieur d´une cage et que celui-ci ne puisse pas chanter. Comment pourrait-il se sentir plus prisonnier? L´auteur



Chapitre 1.

La naissance


C

haque fois que j´observe le ventre d´une future maman, je comprends l´existence, et c´est parce que

je sens que dans la vie il existe une vie qui contient une autre vie, comme s´il s´agissait d´un cordon merveilleux qui nous prolonge vers l´éternité. Quand j´étais enfant, j´imaginais qu´à l´intérieur d´un ventre il y avait des villes et des places avec des jeux, et quand j´imaginais des jeux, je sentais que je pourrais faire voler mon cerf-volant, et bon… c’était devenu un ventre avec un ciel et un soleil brillant. Chaque fois que le soleil brille, les nuages sont beaux ! Maintenant que je joue hors de cette ville, les nuages envoûtent mon imagination. Quand on observe le ciel, les nuages prennent toutes les formes possibles, et avec les formes on peut tout imaginer.

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La cause des nuages est la raison de ce récit. Elle, comme future mère sentait en elle des nuages très blancs, transparents et moelleux, un ventre qui rendait son corps plus léger. Quelquefois, dans ses rêves, elle craignait que son ventre ne s´éloigne d´elle et qu´il se mette à flotter comme ces ballons de baudruche que les enfants promènent dans le parc. Puis enfin, vint le moment de laisser s´échapper cet être, qui à partir de cet instant serait à tout le monde! Son apparition fut comme ouvrir la fenêtre pour que la lumière entre et joue avec sa vérité dans tous les coins que l´obscurité du vide ne laisse pas voir. Ses parents avaient besoin de lui, et lui voulait grandir heureux avec toute la force magique de l´amour.

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Chapitre 2.

De l´étrange au départ


C

e matin-là, ses parents s´aperçurent que l´enfant avait une bizarrerie physique; il avait sur son dos,

précisément du côté droit, une bosse proéminente couverte d’un fin duvet gris. Un peu inquiets de savoir si cela affecterait sa vie, ils consultèrent des médecins et des spécialistes en tout genre, mais aucun ne put diagnostiquer, prescrire un traitement et encore moins prévoir son évolution. “Pour des parents, il n´existe pas pire souffrance que celle causée par l´attente d´une éventuelle rémission”. Afin de masquer leur résignation, ils le couvèrent d’un amour profond, et Monsieur le temps qui ne sait pas qu´il existe, allongea ses pas si bien qu’en peu de temps, cette bosse grise devint une aile magnifique. Il était difficile de supporter ces questions, tout comme le transporter, s´en occuper et tant d´autres choses.

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L´espoir qu´une autre bosse grise apparaisse s’éloigna peu à peu avec le temps comme ces petits nuages qui s´estompent quand le vent les pousse. “Angelo au sourire franc”, tel était son prénom, écouta dans son for intérieur souffler des vents et ces vents poussaient son nuage dans une seule direction: “le Sud”. Une nuit, alors qu´il dormait, les étoiles de ses rêves lui indiquèrent un chemin. Etait-ce le moment de partir? Et ce fut par un après-midi de printemps qu´il se sépara de ses amis qui l´aimaient tant. Sa mère sentit que cette fois— ci, « le petit ballon de ses rêves prendrait son

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envol », et le père, résigné à son départ, rassura son coeur quant au futur de son fils bien-aimé. Sans une larme, en souriant, l´enfant s´éloigna de son village par un chemin qu´il avait choisi comme un pèlerin à la recherche du Sud. Seules quelques pierres dans sa botte le retardèrent un instant, mais le courage et la noblesse de son être intime le maintenaient fier, comme si l´effort tendait à être éternel.

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Chapitre 3.

Le vieillard sans espoir


A

près avoir beaucoup marché, il arriva au premier village, où il rencontra une personne

très âgée à qui il manquait une jambe. Heureux de cette rencontre, il la salua avec gentillesse et amabilité. — Comment allez—vous, Monsieur? Sans grande envie et avec ironie l´ancien lui répondit: — Très bien! Mais un peu triste, peut-être comme toi… Déconcerté par la réponse, Angelo lui répondit: — Pourquoi dites-vous cela? L´ancien baissa les yeux et sourit en s´appuyant sur sa jambe de bois.

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— D´après ce que je vois, à toi il te manque une aile. Angelo, comme si on avait voulu le blesser avec une légère brise: — Ce n´est pas un problème parce que je me dirige vers le Sud pour la trouver. Le vieillard lança un énorme rire moqueur et avec des mouvements exagérés lui répondit: — On ne retrouve jamais une partie qui manque. Moi, j´ai perdu ma jambe dans un accident sous la lourde roue d´une charrette et je ne crois pas pouvoir la retrouver même si je faisais un voyage sur la lune. Angelo insista, sûr de lui: — Je n´ai pas perdu mon aile, je ne l´ai jamais eue. Le vieillard, d´une voix dure:

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Comment peut—on avoir un seul membre sans savoir perdu l´autre? Comme le borgne, le manchot et l´unijambiste… Sais—tu le nom que l´on donne à un ange à qui il manque une aile? Angelo regarda le vieillard, et découvrit que ses yeux étaient usés d´avoir regardé le côté trompeur des choses. ll lui répondit alors: — Je ne sais pas et je ne connais pas non plus le nom que l´on donne à un enfant qui en a une de trop. Le vieillard, contrarié et souhaitant mettre fin à la conversation, lui dit: — Pour le savoir tu devras savoir ce que tu es. Et après un éclat de rire il salua Angelo en lui disant: — Va vers le Sud parce que c´est là-bas que j´ai perdu ma jambe. Angelo, quelque peu découragé par cette rencontre qui

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lui laissa un léger goût amer, continua inébranlablement sa route sans que cette situation ne l’ait entamé. Le chemin continua d´être dur et l’ardeur de sa quête lui donna la raison de l´existence de cette personne âgée qui vivait désormais sans le moindre espoir.



Chapitre 4.

L´enfant


A

ngelo, de nouveau sur la route et sans donner signe de fatigue aperçut le deuxième village

où il découvrit avec une joie inespérée un enfant d´un âge semblable au sien et qui, éblouit par la blancheur rayonnante de son aile lui dit: — Je peux la caresser? Angelo étira son aile et frôla la main de l’enfant comme s´il voulait toucher ses petits doigts. L´enfant, émerveillé, commenta: — Quelle spendeur! Elle est plus douce que les ailes du faisan de mon oncle. Angelo expliqua avec humillité: — C´est ce que tu crois, mais elles sont pareilles. L´enfant, encore sous le coup de la perplexité provoquée par la rencontre le lui fit savoir.

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— Je donnerais n’importe quoi pour avoir une aile comme celle-là. — Et qu´en ferais-tu? L´enfant, en regardant le ciel, affirma: — Je volerais haut pour observer des endroits lointains et je flotterais sur les nuages pour respirer leur frais brouillard. Angelo, sans aucune expression: — Moi je ne peux pas voler, je pourrais peut-être le faire si j´avais mon autre aile. L´enfant, attentif à l´affirmation, répliqua: — Si avec une seule aile tu ne peux pas voler, elle te sert à quoi?


Angelo, un peu triste, dit: — Je ne sais pas. L´enfant comprenant cette situation apporta son soutien: — Ne t´inquiète pas, moi j´ai un oeil qui ne peut pas pleurer. Angelo, intrigué par son commentaire, d´une voix calme et sans vouloir le blesser par son intervention sur ce thème, lui dit: — Raconte-moi l´histoire de ton oeil qui ne peut pas pleurer. L´enfant respira avec force: — Quand je vis une situation triste ou douloureuse, seul mon oeil droit pleure, mais si j´étais comme toi et si j’avais une seule aile sans pouvoir voler …

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je pleurerais de tristesse tout le temps et avec les deux yeux! Angelo, sans chagrin: — Moi je n´ai pas pleuré, et je ne suis pas triste car je voyage vers le Sud pour la trouver. Si tu veux m´accompagner peut-être pourras-tu trouver les larmes pour ton oeil. — Cela ne te dérange pas que je t´accompagne? Angelo sourit, le prit par la main et ils continuèrent leur chemin ensemble.

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Chapitre 5.

La sorcière


Quand ils aperçurent le troisième village, ils se heurtèrent à une dame très laide. Angelo se dirigea avec gentillesse vers la dame et la présenta à son ami. — Nous nous dirigeons vers le Sud à la recherche de ce qui nous manque, l´enfant ses larmes, et moi mon aile. La dame, avec un visage inexpressif et des gestes rapides, prit la main d´Angelo et lui chuchota à l´oreille: — Si tu veux, je peux transformer l´enfant en ton aile gauche, mais comme l´enfant a un oeil qui ne peut pas pleurer, il est probable que cette aile ne puisse pas voler. Angelo s’écarta rapidement, sans comprendre une telle attitude et répondit vivement: — Je n’échangerais pas mon ami contre une aile même si celle-ci me permettait de voler!

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La dame, se comportant comme une bête féroce ayant perdu sa proie, se jeta sur l´enfant et lui dit à voix basse: — Si tu veux, je peux transformer ton ami en larmes pour ton oeil, mais comme il lui manque une aile, sans doute ces larmes ne te permettront pas de voir quand tu pleureras. L´enfant manifesta avec emphase son mécontement: — Angelo est mon ami et le seul espoir de trouver mes larmes, je ne l’échangerais même pas si ces larmes me laissaient voir. “La dame qui était vraiment une sorcière disparut d´un coup”.

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Chapitre 6.

Les marionnettes vivantes


T

ous les deux se prirent par la main avec force, comme si par cet acte ils scellaient un pacte

d’amitié fraternelle. Ils suivirent le chemin. Quelquefois, ils s´arrêtaient pour se détendre les jambes, boire de l´eau sous un arbre touffu et ainsi alléger le dur chemin qui les conduirait au quatrième village. Rendus perplexes après l´avoir parcouru et n´avoir rencontré personne, Angelo dit: — Où peuvent-ils bien tous être? — Peut-être sont-ils partis vers le Sud, répondit l´enfant étonné. Angelo usant de l´expérience accumulée sur le parcours, commenta: — Le Sud n´est pas pour tout le monde, c´est un lieu différent et il faut posséder une grande force de

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volonté, alliée à une motivation spirituelle qui nous permette de mener cette quête. — Moi j´ignorais que le Sud existait, j´ai eu besoin de toi. Les autres, comment pourraient-ils connaître son existence? — Sans doute faut-il se sentir différent. — Tu veux dire triste? — Nous sommes tristes quand quelque chose d´important pour nous nous manque, mais si nous n´avons rien perdu, la sensation est tellement enfouie en nous que l´on n´arrive pas à percevoir le sentiment juste. Ayant compris la réponse, l´enfant affirma: — Je suis sûr que dans mon cas, il s´agit de tristesse! Quand il pleut, l´oeil me fait mal parce qu´il fait un

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gros effort pour imiter ces gouttes, mais si je regarde en haut et qu’une petite goutte de pluie pénètre dans mon oeil, celui-ci se met à respirer comme respirent les plantes, les arbres et les fleurs quand l´eau fraîche les caresse. J’éprouve le besoin que mon oeil se mouille avec cette petite larme qui pèse sur ma poitrine, parce qu’ainsi, cette tristesse enfouie peut s’échapper. Angelo, essayant de tirer au clair le sentiment de l´enfant lui dit: — L´oeil qui pleure ne laisse-t-il pas échapper ta tristesse? — Un peu mais ça ne suffit pas. Soudain ils aperçurent une affiche inattendue, éclairée par une forte lumière qui annonçait le spectacle des marionnettes vivantes au grand théâtre. Ils accélérèrent le pas et trouvèrent une longue file de personnes qui attendaient pour prendre leur billet, probablement toutes les personnes du village.

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La dernière personne de la file était un papa qui portait une douce enfant sur ses épaules. Angelo respectueux et poli le salua: — Bonjour. Le monsieur les regarda en pensant qu´il ne serait plus le dernier de la queue et fit un signe vers le haut en les montrant à la petite fille. Celle-ci s´exclama: — Salut, je suis très grande, mon nom est Rosario! La petite fille, qui se sentait sur la montagne la plus haute et protegée par les épaules de son père, tendit un petit doigt, celui qui sert à pointer, et demanda: — C´est qui, lui?


Angelo lui répondit avec un sourire: — C´est mon ami, il m´accompagne vers le Sud. Le monsieur dit faussement: — Si loin! Je préfère attendre le spectacle, il sera certainement plus amusant. — Le spectacle doit être très beau pour réunir autant de gens, commenta l´enfant étonné. Le papa baissant les yeux et avec une certaine timidité ne tarda pas à répondre. — Nous ne le savons pas, c´est la première représentation dans ce village. Le doute augmenta et Angelo demanda: — Cela fait longtemps que vous attendez? Le papa, qui sentait que l´on lui retournait le couteau dans la plaie, répondit:

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— Ça fait plusieurs années. Mais il y a des gens qui attendent depuis bien plus longtemps. Je suis le dernier de la queue car j´ai longtemps hésité, finalement je me suis décidé et je suis très content car j´offrirai une joie immense à ma fille, et j´allègerai sa souffrance, car elle est spéciale, elle est née sans pouvoir marcher, et l´attente sur mes épaules la garde en sécurité. L´enfant attentionnée et disposée à aider dans la mesure du possible leur offrit de partager le chemin qu´ils avaient entrepris. Peut-être que la fillette pourra trouver une solution et ainsi éviter cette longue attente. Le papa le remercia: — J´ai été le dernier à me décider, je ne peux pas gaspiller tout ce temps comme ça, simplement pour partir. Je suis résolu à attendre le grand spectacle.

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Chapitre 7

La maîtresse d’école


I

ls se dirent au revoir sans se retourner pour ne pas souffrir de ce triste spectacle.

Angelo accélèra le pas et dit: — Je sens que nous sommes les seuls qui assistons réellement au spectacle, par chance nous savons que le Sud existe. L´enfant, captivé par la fillette commenta: — J’ai envie de continuer à la contempler même si je suis le dernier de cette longue file. S´il existe réellement quelque chose après le Sud, je reviendrai pour être à ses côtés. Angelo qui vit de la noblesse dans ses sentiments, sut avec certitude qu´il trouverait ses précieuses larmes. Ils continuèrent la marche, dans le froid et la pluie,

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sur des chemins inondés, jusqu´à ce qu´ils vîrent le cinquième village. Quand ils arrivèrent, ils le trouvèrent tout propre et bien rangé. Les deux inspiraient un air connu, et le respirer leur remplit l’âme de sensations. — Que faites-vous dans la rue pendant les heures d’école? Angelo s´étonna: — Non madame, nous voyageons vers le Sud. — En aucun cas. La femme prépara un pupitre avec deux chaises, le matériel scolaire et les invita à se laver les mains. L´enfant qui essaya de défendre ses propos, expliqua: — Nous vous remercions madame, mais notre chemin c´est le Sud.

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La maîtresse, d´une voix autoritaire, répliqua: — Personne ne peut vous priver de ce chemin, mais chaque chose en son temps et vous devez apprendre la leçon. La maîtresse commença à parler en disant: — La connaissance est fondamentale pour nous distinguer dans la vie. — Mais maîtresse, nous sommes déjà allés à l´école, affirma Angelo. La maîtresse avec l´autorité de celle qui sait, leur dit: — Si vous êtes allés à l´école et que vous connaissez


cette leçon, dites-moi, s´il vous plaît, ce qu´est le Sud. Les deux sans voix d´avoir pensé qu´il existait des réalités différentes: — Je ne sais pas, dit l´enfant, Angelo m´a dit que c´est là où je pourrais trouver mes larmes et lui son aile manquante. La maîtresse d´une voix posée: — On a toujours l´impression que toutes nos questions sont dans un endroit quelque part, mais la réponse est toujours à l´intérieur de nousmêmes. Ce lieu, le Sud, est symbolique, mais il existe, tant qu’on choisit un chemin correct avec un esprit visionnaire, de la joie, de l’opiniatreté et de l´humilité. — Le Sud que vous recherchez je l´ai trouvé ici

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et ma grande satisfaction c´est que vous le savez maintenant, de cette façon ma tâche est accomplie. Je ne pourrais pas vivre dans un Sud différent de celui que j´ai choisi… Avec des yeux éternellement doux et un air autoritaire, elle sonna la cloche: — Les enfants, la classe est finie, rangez vos affaires et partez.

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Chapitre 8.

Un spectacle spĂŠcial


A

vec de la joie mêlée à quelques interrogations, ils continuèrent leur chemin; à nouveau sur le

sentier aussi dur et épuisés physiquement, ils virent au loin le sixième village qui ressemblait à un grand chapiteau. Devant la porte d´entrée, il y avait un homme très petit avec une souche verte en main et qui leur offrit une entrée, inaugurant le meilleur des spectacles. — S’il vous plaît, prenez le billet et ne le perdez pas, à la fin du spectacle, il y aura un tirage au sort avec deux prix fabuleux. — Nous n’avons pas d’argent pour payer le spectacle. — Ce n’est pas un problème. Vous êtes les seuls spectateurs et les plus attendus. Alors, accélerez le pas car le spectacle commence.

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Les deux enfants se réjouissaient de la perspective. Ils contemplèrent les lumières s’allumer et une grande scène apparut devant eux. L´enfant avait les yeux grands ouverts, aussi ouverts que sa bouche. Un orchestre de musiciens sourds exécuta quelques accords mélodieux si doux et si subtils que nos pélerins n’auraient jamais cru l´entendre un jour. Soudain, le centre de la scène s’illumina. Le maître de cérémonie apparut et commenta les exploits que les participants allaient réaliser. Mais les spectateurs, perplexes, ne comprirent pas son discours, et le maître de cérémonie agita ses mains pour marquer tous ses propos. Evidemment, il était muet. Comment pouvaient-ils écouter si ses mots n’avaient aucun son ? La magie de ses doigts exprimait le sens en s’adressant directement à leurs âmes.

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Autour de la scène, un groupe d’enfants dansait. Certains d´entre eux, avec un visage oriental, avaient choisi de posséder l´amour plus que l´intelligence et ils le répandaient partout sans choisir personne, pour que cet amour atteigne tout le monde.


Puis une lumière vert émeraude intense se concentra sur l’acteur principal, “Minus” , un enfant qui avec deux mouvements de tête pareils à ceux d’un autiste exprimait des sentiments d´une richesse sans égal. Chacun de ses pores exhalait de beaux songes et son regard et sa respiration révélaient la candeur d´un être céleste qui était reconnaissant à la vie. Pourquoi les mots, les visions, les expressions du visage et les mouvements s´étaient-ils perdus? Ils avaient tous des handicaps physiques, certains n´avaient pas de jambes, pas de bras, pas d´yeux, pas de voix, et d´autres avaient tous ces “details”. Quand le spectacle s’achèva, le maître de cérémonie leur apprit que les deux tickets avaient été tirés au sort et que les gagnants étaient un enfant et un demiange. Tout le monde les félicita d´avoir gagné un prix aussi incroyable. Angelo, qui savait qu’il était plus que chanceux demanda:

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— Quel est le prix? Dans l’euphorie, on leur apprit qu´ils étaient les nouveaux habitants du village. — Angelo, toi tu voleras avec ton aile unique, et toi, l´enfant tu pleureras avec ton oeil sec. Angelo, flatté, exprima son remerciement: — Vous êtes tous fantastiques. Se trouver près de vous, c´est vivre le plus beau des rêves dans la réalité, mais nous ne pouvons pas accepter, car nous sommes à la recherche du “Sud”. Le maître de cérémonie répondit: — Ça c´est le Sud et nous vous l´offrons. Angelo les larmes aux yeux, au maximum de sa sensibilité, la lui exprima dans accolade d’adieu.

une chaleureuse




Chapitre 9.

L´arrivÊe


A

insi commença le plus dur des départs, un chemin difficile comme les autres, peut-être

le plus long. — J’ai les pieds très endoloris, Angelo, pourrais-tu me porter un peu? Angelo, lui aussi épuisé, surtout à force de supporter tout le temps le poids de sa lourde aile, essaya de le porter, mais l´enfant retrouva rapidement son énergie en s’appuyant sur ce modèle et continua avec opiniâtreté. — J´aurai dû rester au chapiteau, j´ai senti naître dans mon oeil une petite larme. Angelo encore sensible et captivé demanda: — Tu veux y retourner? — Non, je continuerai jusqu´à la fin, après tout, ce que je veux pour mon oeil ce sont de chaudes larmes.

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Ils distinguèrent au loin le septième village qui se trouvait niché au fond d’une forêt touffue, avec des arbres énormes et

des

petites

cabanes

d´où

s’échappaient des fumerolles, au milieu de jardins qui embaumaient les champs de fraîches senteurs. La

première

personne

qu’ils abordèrent sur le chemin dans la forêt fut un artiste peintre qui tout heureux de la visite, décida de leur montrer son atelier. Angelo très content de pouvoir faire la connaissance d’un artiste, lui demanda: — C´est agréable d´être artiste? — Oui, on ressent une grande émotion quand les oeuvres sont fluides.

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Ils rentrèrent dans l´atelier, l´enfant qui regardait autour de lui, demanda: — Pourquoi devient-on artiste? Celui-ci, regardant à l’intérieur de lui-même, répondit: - La richesse de sensations que garde mon âme est si grande que ce n’est que grâce à la peinture que je peux canaliser tous ces sentiments de manière fluide. C´est comme si mon âme était la cheville ouvrière des oeuvres. Soudain, l´enfant qui furetait de partout, se trouva face à face à un tableau d´une grande beauté. Angelo se mit à l’observer, devint perplexe puis absorbé avant d’affirmer avec une joie débordante: — C´est elle que je cherche! Sans le savoir il avait commencé son long pèlerinage vers la rencontre.

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La peinture montrait une belle enfant avec une aile sur son côté gauche. L´artiste s´exclama: — C´est ma fille, et elle est ici! Mes prières ont été éxaucées. L´artiste lui indiqua le chemin pour aller à sa rencontre, alors qu’elle était en train de composer des bouquets et de chercher l´inspiration pour ses poèmes. Angelo courut comme un fou retenant par la main son compagnon de voyage. En entrant dans la forêt il la vit. Elle était là… Sans reprendre son souffle, il s´approcha d´elle, la prit par la mains et d’un battement d´ailes machinal, ils s´envolèrent tous les deux vers le ciel. Quel beauté pour les

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yeux de l´enfant. A la vue de ce spectacle majestueux, son œil se mit à verser des larmes abondantes sans interruption. Il avait compris que son oeil ne pleurait pas de tristesse, mais plutôt d’une joie émue et profonde.

Trouve ton Sud et tu trouveras la raison de ton existence. S´il te manque quelque chose, c´est parce que tu as quelque chose en trop et si tu as quelque chose en trop, cherche avec qui le partager. Trouve ton Sud!

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Tu as terminé la lecture de ce livre ailé et j’aimerais te remercier d’avoir partagé ce merveilleux voyage avec moi. D’autres histoires douces t’attendent sur la page web de mon auteur : www.jorgeparada.org. Sur ce site, tu pourras te mettre en contact avec Jorge et découvrir toutes ses œuvres. Beaucoup de messages attendent que tu les découvres. Tu peux également recevoir les citations et les pensées de Jorge à travers facebook.com/jorgeparadaautor, où tu rencontreras d’autres lecteurs sensibles qui souhaitent partager leur expérience et leurs émotions après avoir lu mon histoire. Jorge et moi, nous t’invitons à continuer de voler avec nous. Ce voyage n’est pas encore terminé.

Angelo et Jorge


Ce livre a été édité le 2 juillet 2013 alors que la ville avait été inondée par une pluie de plumes.





“-Sais tu le nom que l´on donne à un ange à qui il manque une aile? - Je ne sais pas et je ne connais pas non plus le nom que l´on donne à un enfant qui en a une de trop.”

L

´ange habile raconte l´histoire d´un ange qui ne peut pas voler car il lui manque une aile. A la recherche de son aile manquante, il commence un incroyable voyage. Merveilleux !!

Pendant son pèlerinage, il rencontre des gens qui recherchent tous quelque chose qui leur manque. Chacun des personnages nous offre un éventail de capacités et de différences qui vont toucher le lecteur en faisant appel aux émotions. Son message instructif est idéal pour la lecture en famille, dans les écoles, et surtout pour les personnes sensibles et émotives. C’est surtout une manière très humaine d’aborder une thématique difficile dont il est nécessaire de parler dans notre société actuelle, de plus en plus divisionniste.


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