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6.10 Paiements en argent mobile dans le programme d’assistance sociale de la Côte d’Ivoire

Encadré 6.10 Paiements en argent mobile dans le programme d’assistance sociale de la Côte d’Ivoire

En Côte d’Ivoire, la Banque mondiale a mis en œuvre un programme visant à fournir des transferts monétaires réguliers et prévisibles à 35 000 ménages pauvres auparavant exclus. C’est la première fois en Côte d’Ivoire que des ménages vulnérables perçoivent des transferts de l’État à l’aide de la technologie mobile, et ces prestations s’étendent à certains des ménages les plus éloignés, qui étaient auparavant invisibles pour le système de protection sociale. Le mécanisme de paiement numérique a permis à de nombreuses femmes d’accéder au système financier pour la première fois. Le résultat a été une plus forte participation des femmes à l’agriculture et à des activités génératrices de revenus, et un accroissement de l’épargne financière des ménages. De plus, la numérisation a été accompagnée d’une augmentation des demandes de certificats de naissance et d’identification pour les enfants.

Source : Hebatalla Elgazzar, chef de programme, Développement humain, Banque mondiale, 2017.

d’urgence, appelé Novissi, qui utilise une plateforme d’argent mobile. Les bénéficiaires ont été encouragés à effectuer des transactions électroniques, et il leur a été conseillé de ne pas encaisser les prestations afin de ne pas surcharger les opérateurs d’argent mobile et de respecter la distanciation sociale. Des mesures d’accompagnement telles que l’augmentation de la densité des agents CICO et la prolifération des technologies d’acceptation telles que les codes QR et NFC pourraient inciter les bénéficiaires à effectuer davantage de transactions électroniques et à réduire leur besoin de faire des retraits, conformément aux mesures de distanciation sociale (Boko et coll., 2020).

Services bancaires/paiements par Internet

Une autre façon d’effectuer des paiements numériques consiste à utiliser l’infrastructure de paiement sur les comptes bancaires des utilisateurs, intégrée aux applications des pouvoirs publics accessibles à travers une interface mobile ou Web. Les utilisateurs peuvent également utiliser les canaux bancaires traditionnels pour encaisser les paiements à l’aide de chèques, de guichets automatiques, d’agences bancaires et de correspondants bancaires. Les bénéficiaires peuvent également effectuer des achats en ligne sur des sites de commerce électronique avec leurs comptes bancaires, leurs cartes de débit ou leurs cartes prépayées.

La promesse des Fintech pour les paiements G2P de protection sociale

Le marché de la Fintech est en pleine croissance. Les paiements G2P des programmes sociaux peuvent potentiellement atteindre des millions d’individus, de familles et de ménages situés à la base de la pyramide. Lorsque les bénéficiaires de programmes de protection sociale ont la possibilité d’utiliser des paiements G2P en circuit ouvert pour effectuer des transactions directement avec d’autres individus, des commerçants ou des prestataires de services, pour acheter de la nourriture ou bien payer des frais de scolarité ou des visites médicales, ils ont plus de chances d’influencer le moment, l’endroit et la manière d’utiliser l’argent. La promesse d’interopérabilité entre les plateformes G2P et P2P (pair-à-pair) représente une réelle chance pour les bénéficiaires des programmes de protection sociale, les femmes en particulier, en contribuant à leur autonomisation économique, en investissant dans le capital humain de leurs familles, et en épargnant pour la vieillesse ou les crises. Ce marché pourrait être attrayant pour les entreprises de Fintech (technologie financière), car les volumes sont essentiels à leur croissance. Cela pourrait contribuer à augmenter les chiffres et à rapprocher les gens de l’inclusion financière.

Le principal défi est de permettre aux pauvres et aux personnes vulnérables de posséder leur propre porte-monnaie numérique ou compte d’argent mobile et de continuer à l’utiliser. En Indonésie, la plupart des gens retirent immédiatement leurs prestations sociales de leur porte-monnaie électronique parce qu’ils ne trouvent aucun intérêt au compte numérique. Ils ne

sont pas pleinement au courant du programme et de la façon d’effectuer des transactions et de gérer leurs comptes.27 Au Pakistan, les paiements de PS sont effectués sur des comptes à mandat limité, de sorte que la plupart des bénéficiaires encaissent les paiements dans les 72 heures suivant le versement. Les programmes de PS peuvent permettre la création d’un écosystème numérique autour des paiements G2P, en incitant les commerçants et les autres acteurs de la chaîne de valeur à passer au numérique et à accepter les paiements sous cette forme, afin d’encourager les gens à posséder des comptes et à continuer à les utiliser.

En Indonésie, Go-Pay, un porte-monnaie numérique dérivé de l’application de covoiturage Gojek, permet aux utilisateurs de recharger leur porte-monnaie numérique Go-Pay auprès de la plupart des guichets automatiques bancaires de la majorité des villes du pays. Ils peuvent en faire de même dans les supérettes ou bien à l’aide des recharges en ligne ou par l’intermédiaire des conducteurs Gojek. Lorsque les gens n’ont pas de compte bancaire, ils peuvent recharger leur porte-monnaie en donnant de l’argent liquide à des conducteurs Gojek. Pour Gojek, chaque chauffeur est à la fois un distributeur de billets Go-Pay et un guichet automatique ambulant où les gens peuvent retirer de l’argent.28

L’Inde et la Colombie exploitent également les nouvelles technologies pour les paiements de protection sociale, bien que d’une manière différente. En Inde, l’Administration a tenté de le faire à l’aide de la trinité JAM (comptes de la Jan Dhan Bank, identifiants uniques Aadhaar et appareils mobiles). En Colombie, l’objectif était d’encourager les gens à utiliser des porte-monnaie numériques sans avoir à se connecter à des comptes bancaires.

En Inde, dans le cadre de l’initiative de transfert direct des prestations (DBT – Direct Benefits Transfer), les bénéficiaires de programmes sociaux ont été invités à ouvrir des comptes bancaires pour permettre des transferts directs G2P. Avant cette initiative, l’Inde a rendu obligatoire l’ouverture d’un compte bancaire abordable et sans solde (JDY – Jan Dhan Yojana, le système de richesse du peuple) assorti d’une assurance accident et d’une assurance vie gratuites, afin d’améliorer l’inclusion financière.29 En cinq ans, plus de 357 millions de comptes ont été ouverts. De cette façon, les paiements G2P du programme social ont tiré parti du JDY pour effectuer des transferts directement sur les comptes des gens, puisque ceux-ci pouvaient être utilisés pour recevoir des transferts. Le but était d’encourager les bénéficiaires à épargner sur un compte bancaire, car les comptes d’épargne doivent verser des intérêts sur les dépôts des particuliers. La plateforme d’identification unique de l’Inde a permis d’ouvrir des comptes avec un outil KYC (Know Your Customer – Connaissez votre client) électronique. Elle a également permis aux bénéficiaires de programmes sociaux de lier leur numéro Aadhaar (numéro d’identification unique) à un compte bancaire de leur choix. Grâce à elle, tout programme de transfert de prestations publiques peut utiliser le numéro Aadhaar comme adresse financière unique. Grâce à la correspondance entre le numéro Aadhaar et le compte bancaire maintenue dans le système Aadhaar Payments Bridge (APB) géré par la National Payments Corporation of India, l’Administration a pu mettre en place pour ses programmes de protection sociale, des paiements en masse directement crédités sur des milliers de comptes individuels de bénéficiaires, sans devoir recueillir et mettre à jour les détails de ces comptes dans de multiples bases de données publiques. Les bénéficiaires peuvent fournir leur numéro d’identification Aadhaar et s’authentifier de manière biométrique dans les succursales, auprès des agents ou chez les commerçants pour prouver leur identité lors de l’ouverture et de la mise à jour des comptes, ainsi que pour effectuer des transactions. Un autre système, l’Aadhaar-enabled Payments System (AePS), permet d’utiliser des terminaux de points de vente et des micro-GAB pour retirer de l’argent à l’aide du numéro Aadhaar et d’une authentification biométrique. Si nécessaire, les bénéficiaires peuvent changer de compte et y recevoir des paiements en le liant à leur numéro Aadhaar, ce qui atténue la nécessité de fournir des mises à jour aux programmes sociaux. Voir également l’encadré 6.11.

En Colombie, la Banco Davivienda a créé DaviPlata, une technologie de paiement mobile P2P qui n’exige pas que les personnes aient un compte bancaire et offre des services de transfert d’argent gratuits pour