BIKINI NOVEMBRE-DECEMBRE 2011

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NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2011 #4


À découvrir dans ce numéro... À découvrir dan « DONNE-MOI LA FORCE »

PUNKS À CHIENS

POGO OPEN-BARS « POCHETTES SURPRISES POUR ADULTES »

« 300 EUROS LA SCÈNE »

YEUX DE COCKER ET COUPE DE CGTISTE

« PISSER DANS LES BOÎTES AUX LETTRES »


TEASING

ns ce numéro... À découvrir dans ce numéro...

« T’ES PIEDS NUS EN SHORT, À LA COOL  »

CONSONNE,VOYELLE « A U TA N T D E FA N S FA C E B O O K QUE BREF »

SQUATS


ÉDITO J-2

Nous étions à deux jours du bouclage de ce numéro quand on s’est dit qu’il était temps d’attaquer l’édito. Seulement voilà, on calait un peu sur le sujet, attendant que l’un d’entre nous trouve une – bonne – idée (« Nan Régis, pas un édito sur Gaëtan Roussel… »). En clair, on était un peu dans la merde. Et puis, on a reçu un mail de Delphine des Trans Musicales qui nous envoyait l’encart pour leur tournée. Un rendez-vous qui précède le festival et qui met en avant les groupes locaux. Dans la fournée 2011 : Juveniles, Bumpkin Island, Jesus Christ Fashion Barbe… Des groupes loin de nous être étrangers et qui apparaissent finalement comme les plus connus dans une 33e édition encore inexplorée. Là, on pouvait se dire qu’on tenait une idée de sujet. Les inconnus et “vraies” découvertes pour le jour J, les connus et déjà buzzés pour le tour de chauffe. En général, les thèmes du contraste et de l’antinomie, ça marche toujours bien pour les éditos, hein. Oui et encore plus à deux jours du bouclage. La rédaction

SOMMAIRE 6 à 17 WTF : seniors en concert, jeux nocturnes, bières pression, piscines, foot et Twitter, clubs de jeux télé, pogo et slam, tournée des Trans, street golf, open-bars, ports et fête, ciné-concert, corbeille... 18 à 23 Marché du X : le coup de mou ? 24 à 27 Sosies : la guerre des clones 28 à 35 Une journée dans un squat 36 à 47 RDV : Carbon Airways, The Furs, Paulo Duarte, Pneu, Danger et Baxter Dury 48 & 49 Vide ton sac... Jean-Louis Brossard 50 BIKINI recommande

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novembre-décembre 2011 #4

Directeur de la publication : Julien Marchand / Rédacteurs : Régis Delanoë, Benoît Tréhorel, Isabelle Jaffré / Directeurs artistiques : Julien Zwahlen, Jean-Marie Le Gallou / Photographes : Justin Bihan, Agathe Monnot / Consultant : Amar Nafa / Relecture : Anaïg Delanoë / Publicité et partenariats : Julien Marchand, contact@bikinimag.fr / Impression par Cloître Imprimeurs (Saint-Thonan, Finistère) sur du papier PEFC. Remerciements : nos annonceurs, nos lieux de diffusion, la CCI de Rennes, Michel Haloux, dominiquerolland.fr, photomell.fr, vitrineencours.com, Émilie Le Gall. Contact : BIKINI / Bretagne Presse Médias - Espace Performance Bât C1-C2, 35769 Saint-Grégoire / Téléphone : 02 99 23 74 46 / Email : contact@bikinimag.fr Dépôt légal : à parution. BIKINI “société et pop culture” est édité par Bretagne Presse Médias (BPM), SARL au capital social de 5 500 €. Les articles publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Le magazine décline toute responsabilité quant aux photographies et articles qui lui sont envoyés. Toute reproduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation. Magazine édité à 20 000 exemplaires. Ne pas jeter sur la voie publique. © Bretagne Presse Médias 2011.



WTF

QUEL SENIOR ALLER VOIR ?

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COME TOGETHER

PARCE QU’IL N’Y A PAS QUE LES KIDS DANS LA VIE, ON S’EST PENCHÉ SUR NOS AÎNÉS QUI REMPLISSENT TOUJOURS LES SALLES. ALORS, BANDE DE VIEUX CHNOQUES OU ICÔNES MUSICALES ?

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Vannes All Star, 2e du nom, c’est le 10 novembre à L’Échonova à Saint-Avé. Même principe que l’an dernier : la scène locale est rassemblée sur scène pour un live unique dédié aux reprises. À mi-chemin entre un blind-test et de l’impro musicale, la soirée s’annonce bien sympatoche.

ALICE COOPER

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BAADMAN 2, LE RETOUR

Vu à Panoramas et à Astropolis où il a fait très bonne impression, Baadman continue son tro breizh. Le jeune Caennais sera à L’Espace à Rennes, le 4 novembre, et surtout aux Trans Musicales, le 3 décembre, dans la Green Room.

LÂCHE TES COMS

lol

Émilie est une fille rigolote qui aime commenter les statuts des stars sur Facebook. Une Lorientaise (enfin si on a bien tout lu) qui s’est déjà payé Shy’m, Colonel Reyel, Nolwenn Leroy… On aurait bien aimé mettre un exemple mais bon, dans une brève, y’a pas la place. On a essayé, ça rentre pas. C’est donc ici : starsystemilie.tumblr.com. 6

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L’auteur de Schools out n’a toujours pas rangé son maquillage et ses gants de cuir. À 63 balais, le Ricain, l’un des papes du hard rock théâtralisé, continue d’enchaîner les tournées mondiales. L’actuelle marque la sortie de son 26e album Welcome 2 My Nightmare, sorti en septembre dernier. Attrait pour les formations cultes oblige, ses prestations utilisent les vieilles recettes : tête de ouf, solos de guitare et panoplies complètes d’Halloween. Marrant quand même. Idéal si vous aimez : Wayne’s World. Où et quand ? À Rennes (Le Liberté) le 10 novembre.

CATHERINE RINGER

CHANTAL GOYA

Depuis octobre et jusqu’en avril prochain, Mamie Goya reprend L’Étrange histoire du château hanté, un spectacle qu’elle avait créé en 1989 au Palais des Congrès de Paris. L’histoire ? Dans une forêt russe, des gamins se retrouvent seuls, après la disparition inexpliquée de leur père. Et pour résoudre ce mystère, ils doivent passer par un étrange château tenu par une sorcière… Lapins barbus sadiques, fantômes roswelliens et une Chantal Goya en costume trad’ soviétique. Grrr... Un peu méga-flippant quand même. Idéal si vous aimez : les ecstas. Où et quand ? À Rennes (Le Liberté) le 13 novembre.

Ringer est un symbole de sa génération. Dans les 70’s décomplexées, la rebelle écarte les jambes et se fait traiter de « salope » par Gainsbarre. Dans les 80’s mitterrandiennes, la chanteuse des Rita Mitsouko profite de l’avènement des radios libres et de l’âge d’or du rock alternatif pour cartonner. Depuis la mort de son compère Fred Chichin en 2007, la quinqua ménopausée poursuit une sage carrière en solo. C’est courageux, c’est respectable… Mais un peu chiant quand même. Idéal si vous aimez : Renaud, sobre. Où et quand ? À Brest (La Carène) le 30 novembre.


LES JEUX NOCTURNES SONT-ILS LÉGAUX ? LA COURSE EN POUBELLE

LE MOUNCHARAÏ

Principe ? Comme le bobsleigh. À la différence que seul celui de devant monte. Celui de derrière, lui, court et pousse. Jusqu’à la gamelle. Pour qui ? Ceux qui, après trois vodkas, croient avoir bu de la potion magique. Parfait pour ? Cracher ses poumons et poser sa galette un peu plus tôt. On risque quoi ? « Il s’agit d’une qualification de vol. En répression, cela peut coûter un an de prison. Par ailleurs, la poubelle n’étant pas considérée comme un véhicule homologué pour circuler sur la voie publique, s’il se produit un accident, l’auteur peut risquer gros car le véhicule n’est pas couvert par une assurance. »

Principe ? Comme un boulot d’été aux espaces verts. À la différence qu’il s’agit non pas de tailler une haie, mais de se vautrer dessus pour l’écraser. Pour qui ? Ceux qui, après trois rhums coco, rêvent de se jeter dans un nuage. Parfait pour ? Remettre en cause la supériorité de la Nature sur l’Homme. On risque quoi ? « Détérioration légère, avec violation de domicile s’il s’agit d’une propriété privée. Contravention de 5e classe pour la détérioration. L’amende : 300 €. »

Agathe Monnot

L ’ AUTOMNE VOIT LE RETOUR DES SOIRÉES ÉTUDIANTES ET DE LEURS JEUX DÉBILES LORS DES VIRÉES EN VILLE. QUE RISQUE-T-ON AVEC CES PASSE-TEMPS FUN MAIS PAS TRÈS MALINS ? ME FLOC’H, AVOCATE À BREST, RÉPOND.

propre tuyau, afin de laver le courrier dissimulé dans la boîte à lettres. Pour qui ? Ceux qui, après deux Piconbières, souffrent d’incontinence aiguë. Parfait pour ? Évaluer son alcoolémie : si tu reçois des embruns, c’est que tu vises à côté. Fais une pause. LA BOÎTE À LETTRES URINOIR On risque quoi ? « Comme pour le Principe ? Comme l’arrosage de pelouse. mouncharaï : il s’agit d’une détérioÀ la différence qu’il s’agit de manier son ration légère. » Benoît Tréhorel

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ASIAN DUB FOUNDATION

C’est l’un des groupes alternatifs phare des 90’s qui débarque le 12 novembre à Briec, dans le Finistère. Tête d’affiche du Teufestival, le collectif londonien, bien fortiche à l’époque avec son électro-dub, viendra présenter A History of now. Un album sorti en février qui, il faut bien l’avouer, nous était passé complètement au-dessus la tête.

ASTROPOLIS HIVER : LES PREMIERS NOMS Du 19 au 22 janvier, le festival brestois connaîtra sa première édition hivernale. Si à l’heure où nous écrivons ces lignes, la prog’ était toujours en cours de préparation, deux confirmations nous arrivaient : les Nantaises de Mansfield TYA, revenues cet automne avec Nyx, et Nicolas Jaar, jeune New-Yorkais, adepte des tempos lents pour une électro plutôt minimaliste. 7


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BIÈRES PRESSION : À TAAAAAABLE ! IMPORTÉ D’IRLANDE, LE SYSTÈME “POUR YOUR OWN PINT” PERMET DE SE SERVIR SOI-MÊME SA PROPRE BIÈRE. UNE POIGNÉE DE PUBS LE PROPOSE. KRO, SON DISTRIBUTEUR, SOUHAITE MULTIPLIER LEUR NOMBRE EN 2012. EN MODE OPEN

Un fût de Guinness, un autre de Carlsberg. Trente litres chacun. Tous deux reliés à une tireuse. Pas de barman pour vous servir, mais vous, comme un grand. Testée en 2011 dans seize pubs français, dont trois en Bretagne (Brest, Saint-Brieuc et Lorient), la table “Pour your own pint” met la bière en self-service. Un concept né au pays de la bière brune que Kronenbourg souhaite développer en France en 2012, pas mal de matchs ici, c’est le type de misant sur le côté « convivial ». soirées qui colle bien pour la table : l’aspect ludique, la clientèle de PLAISIR EN GROUPE groupe... » Même son de cloche de la « C’est un concept sympa que j’avais part de Pierre, le patron du O’Kenny vu en Espagne et en Europe de l’Est, à Saint-Brieuc. « On l’a depuis juin et explique Sylvain du Lansdowne ça marche bien : on pense mettre des Road, un pub brestois. Je diffuse tableaux de réservation à l’avenir. »

Reste une question. Enfin deux : combien ça coûte ? Et comment on paye ? Les réponses sont à l’appréciation des établissements. Si la bière est au même prix au comptoir et à la table au Lansdowne Road, le O’Kenny, lui, le baisse légèrement lorsque le client se sert luimême : 50 centimes d’euros en moins le litre de Guinness. Et quand vient l’addition, là encore deux options. Soit les clients décident à l’avance la quantité de bière et prépayent leur conso. Soit ils laissent au barman une pièce d’identité et une carte bleue. Ça s’appelle le “mode open”, mode qu’on peut couper à tout moment depuis le comptoir grâce à une liaison wifi. J.M

Agathe Monnot

DO IT YOURSELF

« ILS N’AURONT JAMAIS UN MILLION DE FANS » LES CLUBS ET JOUEURS DE FOOT BRETONS SE METTENT PETIT À PETIT AU WEB 2.0. MAIS, SUR FACEBOOK ET TWITTER, IL RESTE ENCORE PAS MAL DE BOULOT. MARK ZUCKERBERG LIKES THIS. LES CLUBS. Avec 82 000 fans sur sa page Facebook

LES JOUEURS. En Bretagne, c’est le Rennais Yann

officielle, le Stade Rennais arrive très loin devant le Stade Brestois (32 000 fans), Lorient (15 000) ou encore Guingamp (10 500), mais ne se trouve qu’au 7e rang national, dominé par le trio Marseille (1,4 million), PSG (670 000) et Lyon (345 000). « Et encore, l’OM c’est un siècle d’Histoire pour autant de fans que la série Bref en deux mois », constate Pierre Maturana, spécialiste multimédia pour le mag So Foot. « Évidemment, des clubs comme Brest ou Lorient n’auront sans doute jamais un million de fans, mais en se montrant plus actifs sur leur page, avec du contenu exclusif ou du chat par exemple, ils pourraient sans doute gonfler leurs stats. »

M’Vila qui recueille le plus de fans sur Facebook : 22 000. C’est loin de Yoann Gourcuff qui, entre sa page officielle et des non officielles, possède plus d’un demi-million de fans. « Certains communiquent avec eux par ce biais ou via un compte Twitter, observe Pierre Maturana, mais les Français restent encore frileux. En Angleterre, en revanche, les joueurs s’en donnent à cœur joie pour clasher ou vanner. » Si Twitter a tout pour être un espace à développer pour court-circuiter la communication « langue de bois » des clubs, il est encore trop peu utilisé en BZH. Parmi les rares actifs, seul le Rennais Romain Danzé twitte quotidiennement. R.D

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Labyala Nosfell

MUSIQUE, CHLORE ET SLIP DE BAIN

LES PISCINES SONT-ELLES DE BONS LIEUX POUR LES SPECTACLES ? OUI, SI ON EN CROIT LES FESTIVALS. ÉLECTRO PLOUF Dress code : bonnet de bain. Depuis quelques années, plusieurs festivals, comme Panoramas à Morlaix et Scopitone à Nantes, investissent des piscines pour leur DJ set. Enceintes subaquatiques comprises. « Ce sont des lieux de vie et pas uniquement des espaces aquatiques ! », explique Thierry Morel, directeur de piscine à Plourin-les-Morlaix, qui en 2009 a accueilli Mondkopf. Et Julien Tiné en 2010 : « L’acoustique d’une piscine est un peu dure, mais c’est marrant, t’es pieds nus en short. J’avais concocté un mix sur le thème de l’eau, à la cool. »

ROCK CRAWLÉ En juin, on a aussi vu les Popopopops en moule-bite pour un concert à la piscine de Montfort-sur-Meu. Ah ah !

DANSE SYNCHRONISÉE Le chorégraphe Philippe Découflé est aussi branché chlore. Au festival Mettre en Scène, il présentera Swimming Poules et Flying Cocqs (photo) dans une piscine de Rennes, « un ballet tragique par des plongeurs inexpérimentés ». Dans le casting : Christophe Salengro, le président de Groland. Rien que pour lui, ça vaut le coup. 9


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JAZZ + TOURNÉE =

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LE POGO ET LE SLAM SONT-ILS MORTS ? CES DERNIERS TEMPS, LE PUBLIC DONNE L ’I MPRESSION DE S ’ÊTRE ASSAGI. MOINS DE BOUSCULADES, MOINS D ’ ÉPAULES QUI S’ENTRECHOQUENT... ANALYSE DU PHÉNOMÈNE AVEC DEUX HISTORIENS DU ROCK.

Si, comme Thomas VDB, vous « aimez bien le jazz », quinze villes des Côtes d’Armor accueillent, du 5 au 11 décembre, l’opération Jazz Nomade. Avec des trucs qui ont l’air plutôt cool, comme un planétarium-concert à Pleumeur-Bodou.

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ROMAIN FAIT DES VIDÉOS

Le batteur des Wankin’ Noodles fait depuis quelques semaines le zouave sur Internet. Chaque dimanche, il poste une nouvelle vidéo sur : la musique, les mecs dans la musique et sa life dans la musique. Bien gaulé, plutôt marrant, de bonnes répliques. Vous pouvez mater tout ça sur romainbaousson.com.

MUSIQUE CONTEMPORAINE

warm-up En juin, le théâtre de Cornouaille à Quimper lancera un nouveau festival : Sonik. Un événement qui sera ponctué par la soirée Dancefloor F.M où des DJ revisiteront la musique contemporaine. Un concours de remix est mis en place. Le gagnant se verra chargé du warm-up ! Plus d’infos sur www.theatre-cornouaille.fr. 10

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Les mouvements de foule sont moins nombreux qu’avant. Point de vue partagé par Michka Assayas, journaliste rock à France Musique : « Le pogo et autres débordements de violence sont liés à l’avènement du punk dans les 70’s, après des années de prog-rock où l’habitude était encore de suivre le concert assis. Puis le grunge a permis de développer le genre, avec l’apparition du slam notamment. » Le pogo et autres chorégraphies musclées se portent alors bien, avant le déclin. « Aujourd’hui, poursuit-il, on est dans une génération de consommateurs, avec des jeunes qui zappent d’un concert à l’autre. C’est même encouragé par les organisateurs de festivals, qui proposent plusieurs concerts en même temps sur différentes scènes. » Difficile de choisir, et donc de se mettre dans l’ambiance. « Il y a moins d’attente et moins d’engouement », confirme Michka. Et vasy pour pogoter sans engouement...

Le pogo, le slam et ses variantes restent et resteront des comportements intrinsèquement liés à la musique rock en live. C’est l’avis de Pierre Mikaïloff, auteur du Dictionnaire raisonné du punk. « C’est un style qui parle au corps, explique-t-il. Pogoter, bousculer, ce sont des comportements normaux pour des jeunes qui y trouvent un moyen d’affirmer leur virilité. » La preuve, même le concert fadasse sous la pluie des Kills à La Route du Rock en août a permis à quelquesuns de se chauffer les épaules. Et on ne vous parle pas des concerts keupons qui attirent toujours leur lot de danseurs vénères. « En plus, on est dans une époque décomplexée, avec une société plus individualisée, moins codifiée, il n’y a aucun complexe à se défouler en concert sans avoir le sentiment d’être jugé. » Alors bouge ta mèche et danse comme un con, t’inquiète, t’es là pour ça. R.D



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LES JEUX TÉLÉ RENDENT-ILS ACCRO ? LEUR PASSION NE SE LIMITE PAS À LEUR CANAP’. CERTAINS SPECTATEURS SONT TELLEMENT À DONF QU’ILS EN ONT FAIT LEUR LOISIR NUMBER ONE ET SE RÉUNISSENT PLUSIEURS FOIS PAR SEMAINE. ÉTAT DES LIEUX DES CLUBS BRETONS.

Le pitch. Kamoulox 1.0 Wazup ? Alors que le jeu n’est plus à l’antenne depuis 2003, onze clubs existent toujours en BZH. « Cela représente 150 membres, tous fidèles », précise Suzie Le Pape du club brestois qui « pense Pyramide, joue Pyramide... Chez nous, deux catégories : les passionnés et les acharnés ». À donf ? Pas qu’un peu. Leur passion est organisée : fédération, arbitres officiels, compétitions homologuées et festivals à l’étranger. Les tournois sont programmés un an à l’avance. Une sacrée bande de déglingos.

Le pitch. « Consonne, voyelle » Wazup ? Pas la teuf. C’est le jeu qui compte le moins de clubs dans la région : cinq. « Pas facile d’attirer les jeunes, explique Jean-Pierre Moussu de Vannes. On a mis des affiches dans les lycées et les universités. » Succès ? « On n’a pas encore été contacté. » À donf ? Les adhérents se réunissent deux fois par semaine. Et sont-ils tous devant l’émission ? Un hic apparaît. « Il y a autant de coups de lettres que de coups de chiffres dans la nouvelle formule. Nos membres qui aiment le Scrabble ne sont pas pour... »

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QUESTIONS POUR UN CHAMPION

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DES CHIFFRES ET DES LETTRES

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PYRAMIDE

Le pitch. « Je suis ? Je suis ?? » Wazup ? Alors qu’il y a 166 clubs en France, on n’en compte que huit en Bretagne. Pas top. Mais ils restent des valeurs sûres. « Nos effectifs sont stables chaque année et nous attirons des jeunes, confirme Claude Canon de Rennes. On en a un qui a 22 ans. » À donf ? Un peu ouais ! Ils vont régulièrement se coltiner Julien Lepers. Parfois victorieusement : Yves à Lannion, Pierre à Rennes… « Mais nos adhérents ne nous rejoignent pas pour participer à l’émission : plutôt pour se défouler après leur journée. » J.M

QUELLE FILLE POUR LA TOURNÉE DES TRANS ? FORT HEUREUSEMENT, BRIGITTE N’A PAS LE MONOPOLE DES GROUPES AYANT UN PRÉNOM DANS LEUR NOM DE SCÈNE. DEUX D’ENTRE EUX SERONT SUR LA TOURNÉE DU FESTIVAL RENNAIS. ON VOUS DIT AVEC QUI SORTIR. CHRISTINE

RHUM FOR PAULINE

Le prénom. On ne connaît pas beaucoup de Christine fun : Boutin, Lagarde... Ce duo normand a choisi ce nom en référence à un film de John Carpenter, l’un des maîtres de l’horreur. Plus cool déjà. Son ex. A déjà séduit la scène Découvertes de Bourges. Atout. Un style direct. Une électro, influencée par Justice et SebastiAn, qui lâche les chevaux d’entrée de jeu. Christine sait ce qu’elle veut. Relation cherchée. Pour la nuit, forcément. Jour du rencard. Le 19/11 à Morlaix (Coatelan) et le 01/12 à Rennes (Liberté)

Le prénom. Mon ancienne copine s’appelait Pauline et ça a plutôt mal fini. Du coup, je crains un peu que l’histoire se répète. Mais si c’est plus « rhum » que « Pauline », ça peut coller. Son ex. Le batteur de Minitel Rose. L’une des quatre têtes de ce groupe nantais de pop d’inspiration US. Atout. Son exotisme. Des Ligériens qui arrivent à nous faire voyager en Californie, c’est plutôt fort. Relation cherchée. Un amour de vacances. Jour du rencard. Le 26/11 à Louvigné-du-Désert et le 01/12 à Rennes (Ubu)

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Agathe Monnot

STREET GOLF : CULTURE CLUB

TROIS ÉQUIPES BRETONNES ÉTAIENT AU PPTMC, LA COMPET ’ PHARE DE LA DISCIPLINE. ÇA A DONNÉ QUOI ? QUI ? Rennes, Morlaix et Saint-Brieuc ont participé cet automne au Paris Pro Tour Master Classic (PPTMC), sorte de finale Intervilles de street golf. Meilleure équipe bretonne au classement : Morlaix, 10e.

QUAND ? Dans la région, des compet’ sont souvent organisées en marge de festivals. L’équipe P.M.U de Morlaix a ainsi monté un tournoi pendant Panoramas cette année. Idem du côté des Urban SandWedges de Saint-Brieuc qui, le mois dernier, étaient associés à Cité Rap.

AVEC QUOI ? Du “vrai” matos. « On récupère des clubs d’occas’ dans des braderies. Par contre, pour les balles, on utilise uniquement des semirigides qui ne cassent ni les vitres ni les voitures ni les têtes des mémés », explique la team briochine. Et Ygolf, le matos lancé au printemps par Décathlon ? Pas vraiment apprécié : « On vous épargne les détails… » Si les pubs de l’enseigne étaient pourtant axées street, la marque affirme aujourd’hui avoir lancé, avant tout, un produit ludique. Émilie Mouchet, du service com’, constate d’ailleurs que les premiers clients sont « des pères de famille qui veulent jouer au golf avec leurs enfants ». 13


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OÙ SE CACHENT LES OPEN-BARS ? ÇA FAIT DEUX ANS QUE LA LOI CONTRE LA VENTE FORFAITAIRE D’ALCOOL EST PASSÉE. MAIS LES OPEN-BARS ONT-ILS COMPLÈTEMENT DISPARU ? OFFICIELLEMENT OUI. DANS LES FAITS, IL EN RESTE ENCORE. OK, MAIS OÙ ? Si l’on en croit le sous-préfet de Brest, Jean-Pierre Condemine, qui n’a « aucune remontée de problèmes liés à des open-bars ». Depuis la loi du 21 juillet 2009, dite Bachelot, il est « interdit d’offrir gratuitement à volonté des boissons alcooliques dans un but commercial ou de les vendre à titre principal contre une somme forfaitaire ». Les soirées étudiantes, organisées par les assos, doivent aussi être signalées en préfecture. De quoi mettre un terme aux Smirnoff offertes. « Il y a une prise de conscience face à l’alcool », constate Mathias Causeur de la LMDE. « On essaie aussi de proposer des alternatives : soirées sports ou culturelles, ajoute Antoine Pierchon, président de la FédéB de l’Université de Bretagne occidentale. Et les bars et discothèques ne prennent

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NULLE PART

pas le risque d’organiser des openbars. » Quant aux marques, « elles ne font plus du tout de communication du type boisson à volonté », assure Alexis Capitant, d’Entreprise & Prévention, une association qui réunit les principales entreprises françaises d’alcool.

FOIRES OU COCKTAILS Le lobby du vin étant ce qu’il est, plusieurs exceptions ont été prévues.

CORBEILLE Thomas Dutronc Une tournée marathon en vue pour le “fils de” qui présente son deuxième album, Silence on tourne, on tourne en rond. Bien joué mon gars, c’est exactement ça. À Quimper

« Fêtes et foires traditionnelles […] dégustations en vue de la vente » échappent donc à la loi. En clair : les dégustations de vins dans les salons dont la saison vient d’ailleurs de commencer. « Il n’y a pas d’openbar chez nous, se défend-on chez GL Events Exhibition, organisateur du “Salon des vins et de la gastronomie” un peu partout dans l’Ouest. Nous avons des crachoirs sur les stands. Et, de toute façon, ce n’est pas le genre de nos visiteurs. » Reste les cocktails d’inauguration, les vernissages et autres sauteries mondaines. Si le bar y est le plus souvent gratuit, ces lieux contournent la loi pour une raison toute con : aucune promotion de l’alcool n’y est faite. Encore faut-il se faire inviter ou réussir à s’incruster. Isabelle Jaffré

NOTRE ANTI-SÉLECTION DES SPECTACLES QUAND FRANCHISE ET MAUVAISE FOI NE FONT QU’UN

La deuxième semaine de décembre Du 7 au 14 décembre, la salle de l’esplanade de Gaulle à Rennes nous fait son quarté gagnant : M. Pokora, Jenifer, Cœur de Pirate (she’s back) et, Selah Sue last but not the least, Ben Les Fatals Picards La Belge vient de rafler L’Oncle Soul. Hey, les gars, Moriarty Chansons « engagées » le prix Constantin. S’il vous pouvez pas faire reLa récitation de blues- et humour France Inter pleuvait autant qu’on n’en venir les Arctic Monkeys, folk façon suce-boules continuent toujours à a rien à foutre, ça serait bordel ?! de la classe, la référence nous les briser. Surtout l’inondation. qui va bien à Kerouac, quand c’est pour enfon- À Rennes et Brest La rédaction 14

le côté United Colors of Benetton et cette voix perchée dans tous les sens du terme. Moriarty cherche tellement à avoir bon sur toute la ligne qu’on finit par saturer. À Saint-Malo

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cer des portes ouvertes : le racisme, l’homophobie, Sarkozy, la pollution. On le sait que c’est pas bien, pas la peine d’en faire un disque. À Brest


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ANNIF HARDCORE ET PUNK

Les enfants terribles de Mass Prod fêtent la 20e édition de leur Breizh Disorder le 3 décembre au Manège à Lorient. Houblon, pogos et sueur au programme de cet anniversaire qui réunira notamment Mass Murderers, reformés après dix ans d’absence, et Les Apaches, groupe bordelais qui fera son concert d’adieu dans le Morbihan.

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TIGUIDAP ! TIGUIDAP !

Le festival rennais Dance Ska La vient d’éditer un livre anniversaire pour ses vingt ans. Chouettes photos, documents d’époque et récits souvenirs pour un rendez-vous qui a fait venir quelques grands noms du ska, à l’image de Laurel Aitken en 1996. Vinyle 45 tours inclus.

EN SOLO

wampas Ses habituels zicos indisponibles, l’insatiable Didier Wampas s’est décidé à lancer un projet solo. Il vient de sortir l’album Taisez moi. Sur scène, le héraut du punk à la française ne jouera pas l’hommeorchestre néanmoins, puisqu’il a fait appel aux Rennais de Bikini Machine. Ambiance assurée au Mondo Bizarro le 22 novembre. 15


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C’est dans le hall 3 du parc expo que le dessinateur Luz lancera la soirée du vendredi des Trans. Fan de LCD Soundsystem, hater de Vincent Delerm et plus généralement de l’ensemble de la scène française, cet homme de goût délaissera ses feutres pour s’installer derrière les platines.

WHAT IS LOVE

Le air guitare, c’est ces mecs un peu chtarbés qui se prennent pour des dieux de la six cordes en faisant des moulinets dans le vide et en tordant des doigts tout contre l’entrecuisse. Fan de la discipline, le dessinateur rennais Yves Le Quellec en a fait un joli roman graphique, Love is in the air guitar.

PROFESSEUR STROMAE

leçon

C’est par ses vidéos sur Internet qu’il s’est fait connaître. Le public retiendra la leçon n°8 qui fera d’Alors on danse l’un des tubes de 2010. Avant son concert du 12 novembre à La Carène, le Belge propose dans l’après-midi un cours de rattrapage. Copiedouble obligatoire. Gratuit. 16

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DANS QUEL PORT FAIRE LA FÊTE ? SI, POUR VOUS, SOIRÉE RÉUSSIE RIME AVEC FRET MARITIME, LA RÉGION OFFRE ALORS DE BIEN BEAUX LIEUX DE TEUF. ON VOUS AIDE À CHOISIR LE PORT OÙ ÇA BOUGE LE PLUS. ET SURTOUT ON VOUS DIT POURQUOI. BREST Définitivement le port de co’ où faire la fête. « Ça l’a toujours été », confirme Fifi, le patron du bar des Quatre Vents. Installé depuis 1984 quai de la Douane, il a vu évoluer le lieu. Une réhabilitation progressive (démolition des hangars abandonnés, aménagement urbain) dès 1989, date des premiers Jeudis du port, ces concerts gratuits estivaux. C’est aussi là que la Ville a décidé d’implanter sa salle de musiques actuelles La Carène (2007). Forcément, tout ça, ça fait venir du peuple. « Tous les Brestois fréquentent le port », ajoute Chris du Tara Inn. Et même si l’une des scènes rock, le Black Label, a fermé ses portes le mois dernier, la rue de Siam n’a plus le monopole des nuits d’ivresse. N’en déplaise à Miossec.

SAINT-MALO Pour concilier trafic maritime et virée festive, pas besoin d’aller bien loin : le port et la ville close se touchent. Pour étancher sa soif, le gros de l’offre se trouve intra-muros, « à part quelques bars aux Bas Sablons ou à Paramé », précise l’office de tourisme. Si côté bibine, y’a ce qu’il faut derrière les remparts, côté culture, c’est plus light : quelques cafés-concerts, et pis c’est tout. L’Omnibus est à plus de quatre bornes. Et les futurs projets se situent du côté de la gare : d’ici 2014, un pôle culturel y sortira de terre. « Un quartier que l’on compte dynamiser en attirant la restauration qui va avec », ajoute Philippe Keltz, adjoint en charge de la jeunesse et de l’animation.

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LES VICTOIRES DE LA MUSIQUE

LORIENT Jadis réputée pour ses marins assoiffés d’alcool et de courtisanes, l’avenue de la Perrière, coincée entre le port de pêche et le port de commerce, est « en renouveau », indique-t-on à la Maison des étudiants. La politique culturelle de la Ville aidant (implantation de l’école d’art, ateliers d’artistes), le quartier est redevenu un lieu fréquentable qui attire « un public branché musique et des mecs qui bossent dans le spectacle », comme le confirme Jean-Baptiste Pin du pub Le Galion, content de cette dynamique. Et les bobo-voileux ? Pas vraiment branchés odeurs de poiscaille, on les retrouve à quelques encablures. Depuis les terrasses de la base des sous-marins, ils peuvent y reluquer le derrière des multicoques Groupama ou Banque Pop. Un lieu qui « va encore se développer, précise l’office de tourisme. Toujours autour du nautisme. » Isabelle Jaffré et Benoît Tréhorel


Nicolas David

CINÉ-CONCERT : ROCK’N’B.O.F ?

UN FILM SANS PAROLES MAIS AVEC MUSIQUE, CE N’EST PAS QUE THE ARTIST. C’EST AUSSI DU ROCK. CULTURE DE L’IMAGE Longtemps l’apanage des formations de musique contemporaine et de jazz, le ciné-concert attire, depuis les années 2000, les groupes de musiques actuelles. Artistes rock en tête : Olivier Mellano, Bikini Machine, Laetitia Shériff, Montgomery… « Ils ont souvent une forte culture de l’image et un attrait pour les vidéos, explique François Leblay de la Station-Service, structure rennaise de production musicale qui a fait des ciné-concerts l’une de ses spécialités. Et pour certains groupes, comme Bikini Machine avec le film Desperado (photo), c’était presque une évidence, tant leur musique peut être cinématographique. »

NOUVELLE BANDE-SON ? D’accord, mais est-ce d’abord un film ou un concert ? Pour Anne Le Hénaff, de Clair Obscur, asso organisatrice du festival Travelling à Rennes, ces créations sont avant tout « au service de l’image projetée. Même s’il s’agit d’un travail qui dépasse celui d’une simple bandeson. » François Leblay poursuit : « Le spectateur est happé par l’écran, mais cette nouvelle musique lui permet de voir différemment un film culte. » Au Quartz, Grand Logis, Carène... 17


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BUSINESS DU X : LE COUP DE MOU ? MAGAZINES, FILMS, ACCESSOIRES... À L’HEURE D’INTERNET ET DE SA GRATUITÉ, COMMENT SE PORTE L’ÉCONOMIE DU DIVERTISSEMENT POUR ADULTES ? 18

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n joli papier glacé, une large place aux illustrations, des articles qui font travailler l’imagination… Géo ? Beaux Arts magazine ? Sciences et Vie Junior ? Presque. Hot Vidéo, Chobix, Union, Marc Dorcel magazine. Des titres de presse qui, malgré leur hauteur dans les rayonnages des marchands de journaux, se vendent. Et plutôt bien même : Union, par exemple, l’un des leaders du marché, écoule « C’est une presse qui souffre comme chaque mois 115 000 exemplaires. toutes les autres familles. Mais d’une façon plus importante. En Concurrence des sites gratuits moyenne, 20 % de ventes en moins Un chiffre qui ferait rêver un paquet cette année, contre une baisse de d’entreprises de presse. Et pourtant, 6 % pour l’ensemble de la presse, rien d’exceptionnel. C’est même loin explique Florence Paladino du serd’être l’éclate chez les éditeurs de vice marketing des MLP (Messagemagazines porno qui ont vu leur ries lyonnaises de presse), l’un des diffusion chuter lourdement. principaux distributeurs de titres en À l’image d’Union qui, en dix ans, France. Aujourd’hui, le X n’est ni a perdu près de la moitié de son une valeur sûre ni un produit d’appel lectorat. Idem pour Hot Vidéo qui pour les points de vente. » est passé de 100 000 à 50 000 ventes Et la généralisation du haut-débit mensuelles. Aïe. n’arrange pas les choses. Plus besoin

« Des magazines qui sont de grosses pochettes surprises » 20

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d’aller au kiosque pour avoir sa dose d’ébats. Selon une étude Ifop réalisée en 2009, 44 % des personnes qui achètent du contenu pornographique le font aujourd’hui sur Internet, contre seulement 10 % chez les marchands de journaux. « Au-delà du web, c’est la gratuité qu’il offre qui nous fait mal », précise Fred Coppula, le rédac chef de Marc Dorcel magazine et de Chobix. « Les 18-30 ans vont directement sur Internet. La presse X est en train de disparaître doucement... », ajoute Adam de Lichana, le directeur de la rédaction d’Union. Un constat tout sauf étonnant qu’a aussi pointé l’Ifop : les sites porno gratuits représentent désormais le support le plus utilisé pour visionner du X.


« Le quart d’heure de gloire est beaucoup plus fort sur papier »

« Dans ce contexte, ce sont les titres référents qui résistent le mieux », juge Florence Paladino des MLP. Même observation pour Alexandre Capron, du dépôt rennais du distributeur Presstalis. Pour continuer à vivre, les éditeurs misent donc sur l’image de marque qu’ils ont développée. Si Union et Couples sont devenus des médias incontournables dans le milieu libertin, c’est grâce à l’interactivité qu’ils ont su créer avec leurs acheteurs.

« Faciliter les allers-retours » « Notre identité, c’est le courrier des lecteurs : leurs fantasmes, expériences et questions. Ce qui nous sauve, c’est que nous sommes un mag de lecture. Aujourd’hui, avec seulement de la

photo, on ne tiendrait pas », développe le directeur de la rédaction d’Union. Moins littéraires, mais plus imagés, Marcel Dorcel magazine, Chobix et Hot Vidéo jouent plutôt la carte de « l’offre globale », celle d’un package à moins de 10 € où on a « l’assurance d’une qualité supérieure » à celle des sites gratuits. Fred Coppula poursuit : « J’essaie de concevoir des magazines qui sont surtout de grosses pochettes surprises pour adultes. Notre lecteur sait qu’il va trouver un magazine fourni, des DVD, des super filles… » D’abord présent sur le web avant de se lancer – tardivement – sur le print (Dorcel a sorti son premier numéro en décembre 2008), le pape du porno chic affirme développer le cross-média. Les articles et photos du magazine renvoient systématiquement au site Internet, invitant le lecteur à consulter la version vidéo (payante). « Nous travaillons en transversal car nous voulons être partout. Notre objectif, c’est qu’on puisse trouver du Dorcel n’importe où. » Une diversification des supports sur laquelle Union, malgré une plus-value fortement basée sur le papier, travaille également. Si la version iPad est encore dans les cartons et ne semble pas franchement être une priorité (« pour les libertins dont nous publions les histoires et les photos, le quart d’heure de gloire est beaucoup plus fort sur papier. Se montrer sur Internet, tout

le monde peut le faire… »), le mag coquin édité par Lagardère est sur le point de lancer sa propre chaîne télé, Union TV, accessible par ADSL. « Ça serait une bonne vitrine et ça permettrait de faciliter les allersretours », espère Adam de Lichana.

Du haut-de-gamme Et du côté des professionnels de la vente de presse, comment réagiton face à cette perte de lecteurs X ? Les distributeurs, MLP et Presstalis, affirment ne pas avoir de stratégie spécifique. « Notre seule politique, c’est d’avoir les magazines référents. Comme on peut l’avoir avec des titres d’informations générales », explique Florence Paladino. Viser le haut du panier, même topo pour les maisons de la presse. « On met les plus connus en rayon et basta », résume Jean-Pierre Maison à Dol-de-Bretagne. Ou, plus intéressant, Julien Duprieu, à Lorient, qui lui mise sur les titres luxueux. « Je ne suis pas un gros vendeur de X. J’ai une offre limitée mais il s’agit principalement de magazines hautde-gamme, à forte valeur faciale, entre 10 et 15 €. Souvent des revues étrangères spécialisées. En étant sur un tel créneau, je trouve une clientèle. Je fonctionne de la même façon avec les magazines d’architecture et de modélisme. » Julien Marchand Photo : Justin Bihan 21


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« LE X AMATEUR, UN GENRE RENTABLE »

Pascal Galbrun, 50 ans, gérant d’Iris le cachet Dorcel est un plus : c’est Casting Productions, société de pro- le leader européen en VOD. Pour duction X amateur installée à Vitré. autant, Dorcel me laisse aussi vendre mes images sur mon propre site. Comment devient-on réalisateur de films X amateur ? Laquelle de ces sources vous rapJ’ai commencé dans ce milieu en porte le plus ? tenant un sex-shop à Rennes, c’était à Mon site génère près de 4 000 euros la fin des années 1980. Je l’ai revendu par mois : j’ai entre 5 000 et 10 000 au bout de quatre ans : le déclin visiteurs uniques par jour. Le monde ces boutiques commençait et je tant des contrats Dorcel est confivoulais travailler dans le X, en tant dentiel, mais cela me rapporte plus qu’agent de casting ou réalisateur. Au que mon site. Je réinvestis beaucoup début, j’ai bossé pour le magazine dans l’entreprise. Combien je gagne ? Hot Vidéo comme commercial afin Un salaire de profession libérale… de parfaire mon réseau. Et puis, en 1999, j’ai créé ma propre société, Quelle est votre stratégie marketing ? spécialisée dans les films X amateur. Je mise beaucoup sur Facebook. Avec les amateurs, l’interactivité Quel est le modèle économique de plaît. Sinon, des relations presse : les votre entreprise ? magazines X chroniquent mes films. J’ai un contrat avec la société Dorcel à qui je vends les droits de mes Quel statut ont vos acteurs ? films. Elle a un label amateur qui les Tous signent un contrat de droit commercialise. Être distribué avec à l’image. Mais seules les actrices 22

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touchent un cachet artistique : 300 euros net la scène. Sans oublier le défraiement. Les acteurs ne sont pas rémunérés car il y a plus de demandes que d’offres. Mais leurs frais sont remboursés. En tout, combien coûte un tournage ? Dans les 3 000 euros. À titre de comparaison, une grosse production porno, c’est 100 000 euros. Et pourtant, un film amateur se vend au même prix qu’un film pro. Question rentabilité, c’est intéressant. Ce qui est bon signe quant à la pérennité de ce genre. Et le piratage ? Il y en a mais nous devons faire avec. On ne peut pas l’empêcher. Quand des sites de streaming hébergent mes productions, je leur demande de les enlever. C’est tout ce que nous pouvons faire. Malgré tout, je fais du chiffre, alors… Recueilli par J.M


COCK EN STOCK

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Nous sommes en juillet 2008. Philippe Guignard, patron de Formule 1 Vidéo, une entreprise des Côtes d’Armor spécialisée dans les distributeurs automatiques de DVD, voit son chiffre d’affaires diminuer dangereusement. Le marché de la location de films se casse la gueule face à la gratuité du Net et les prévisions ne sont pas encourageantes. En clair, c’est pas la joie. Trois ans plus tard, il a redressé la barre et stabilisé ses rentrées d’argent. Comment ? En misant sur les sextoys en self-service. Coincés entre le DVD de Rien à déclarer et celui des Choristes, ces gadgets ont redonné de la vigueur à ses 28 bornes réparties dans le département, à Lannion, Lamballe, Loudéac, Perros-Guirec, Bégard, Plestin-les-Grèves, Pordic, entre autres. Dans un type de distribution déjà boosté grâce aux films X (« plus de 30 % des locations », précise Philippe Guignard), les sex-toys se

sont vite imposés. « Cela représente actuellement 15 % de notre chiffre d’affaires global. Dès le départ, nous avons vu que ça serait un bon complément de revenu. Ça ne pouvait que marcher : la vente de sex-toys en France ne fait que progresser depuis quelques années », se félicite le boss de Formule 1 Vidéo qui a étoffé son offre : 80 accessoires coquins disponibles aujourd’hui, contre la dizaine du début.

Rien au-delà de 20,5 cm Si les bornes automatiques ont leurs avantages – « les distributeurs permettent de vendre des produits qu’on ne trouve pas dans les grandes surfaces. Et pour les clients, il y a l’assurance de la discrétion » –, elles ont aussi des inconvénients. « Nous sommes bloqués par le format. Celui de la VHS. Impossible de mettre plus grand dans nos machines. » Soit 20,5 cm de longueur, 12 cm de largeur et 3 cm de profondeur.

Entre 30 et 40 exposants seront présents. « Les salons drainent du monde. À Rennes, par exemple, sur le week-end, nous attendons 8 000 personnes. Pour les professionnels, ça représente un potentiel de vente qui n’est pas négligeable. En deux jours, ils n’auraient jamais autant de monde dans leur boutique ou sur leur site Internet », explique Catherine Quesne, la chargée de com’ d’Éropolis. Droit d’entrée pour un stand de 9 m2 : entre 700 et 800 euros par

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ÉROPOLIS : SEX-SHOP TAILLE XXL  Habitués aux foires et salons professionnels, les parcs-expo ne voient pas défiler que des vendeurs de robotsménagers, d’éponges magiques et de saucissons artisanaux. Une fois par an, les camelots se font libertins : lingerie, DVD, shows (publics ou privés) et tout un tas de sex-toys… Cette gamme, on la doit au salon Éropolis, le rendez-vous des professionnels du divertissement adulte. Une tournée de 21 villes françaises qui, en janvier prochain, s’arrête à Rennes et Vannes notamment.

date. Un investissement qui doit valoir le coup pour les exposants, puisque « 80 % d’entre eux sont présents sur toute la tournée. Et, chaque année, la moitié des professionnels revient l’édition suivante. » 23


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LA GUERRE DES CLONES

FORCE OBSCURE DE LA VARIET’, LE MONDE DES SOSIES EST À LA FOIS CHEAP ET FASCINANT. PLONGÉE DANS UN PETIT MILIEU AUSSI IMPITOYABLE QUE CELUI DE SES IDOLES. 24

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annion, mi-septembre, soirée d’inté des étudiants de l’IUT. Il est à peine 20h mais l’on devine déjà en croisant le regard trouble de certains participants qu’ils auront du mal à se concentrer sur leur premier cours du lendemain. Backstage, Jessy Morgan flippe un peu. Il a beau assurer « une quarantaine de shows par an », comme il le confie, « les jeunes, c’est pas toujours le public le plus facile ». Dans une heure, il aura la lourde tâche de lancer les hostilités de cette soirée spéciale USA. Car, sur scène, Jessy Morgan – Yvan Pasquiou de son vrai nom – est un sosie d’Elvis Presley. Sans le costume à paillettes et les lunettes fumées, la ressemblance n’est pas forcément évidente. Mais le Trégorrois présente tout de même au naturel de belles vagues de cheveux vintage assorties à des rouflaquettes fournies. Et puis il y a les bagouzes et la chemise entr’ouverte du gars « fan de l’époque fifties, sixties », marqué à vie par son premier concert, vu à l’âge de 7 ans : « Les Forbans, avec les bananes, magique ! » Avant d’être sosie, Jessy avait un côté groupie assumé, façon Bernard Frédéric dans Podium, la caricature en moins. « J’ai rien calculé, affirme-t-il aujourd’hui, j’ai 25


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commencé par reprendre de vieux standards pour le plaisir. Puis en 1998, je fais mon premier spectacle d’Elvis, parce que je lui ressemble et parce que j’admire l’homme. » Pour perfectionner son rôle, Jessy « a bouffé ses films, même les plus mauvais, pour apprendre la gestuelle », a appris l’anglais (« j’étais nul, j’ai commencé par tout chanter en phonétique ») et a bricolé ses

tenues, « grâce à une connaissance : une costumière de Cloclo ». Le travail paie. À 37 ans, Jessy Morgan se produit régulièrement dans toute la France. Comme ce soir à Lannion où, malgré ses craintes et quelques moments de flottement (un court mais gênant « À poil Jessy, à poil Jessy, à poil ! » lancé par quelques mecs bourrés), il aura bel et bien ouvert le bal, grâce à

quelques tubes intemporels, Blue Suede Shoes et Jailhouse Rock en tête, chantés avec les trémolos qui vont bien. « Mais attention, prévient-il, je ne suis pas une photocopie et je ne prétends pas l’être. Je rends hommage à Elvis plus que je n’en suis le sosie. » Et s’il admet que sa passion lui vaut parfois « quelques ricanements », il est fier du boulot accompli. « Je fais ça pour le public, et aussi pour Elvis. Parfois quand je suis un peu stressé avant un concert, je lui parle, je lui dis “donne-moi la force !”, et ça marche. » En Bretagne, ils ne sont pas nombreux à faire dans le sosie. Trois tout au plus : notre Elvis, un Johnny Hallyday et un Pierre Bachelet « Ce n’est pas une région propice de toute façon, contrairement au Sud-Est », constate, déçu, Dominic Rousseau, patron de la boîte rennaise le Stanley, un des rares établissements du secteur à organiser des fêtes avec des vraies-fausses célébrités. « C’est bien dommage, car je constate qu’ils suscitent naturellement la curiosité des gens. »

Un Columbo intégriste Lors d’une soirée consacrée au cinéma au printemps dernier, il avait fait appel aux services d’une agence de booking spécialisée, la Starway Agency. Les clubbers pouvaient se faire prendre en photo avec un couple Johnny Depp/Vanessa Paradis originaire de Malaga, un Kad Merrad aussi dégarni que l’original et un 26

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Daniel Mell

sexagenaire troublant de ressemblance avec Peter Falk, l’interprète de Columbo. Notre sosie à l’imper beige, Marc Gallier dans la vraie vie, est aussi le responsable de la Starway Agency et une figure dans le petit monde des sosies. Le clone du célèbre inspecteur de série télé est, sinon un intégriste, du moins un farouche garant du respect des règles d’intégration à sa “famille”. « Plus qu’une imitation, il faut une vraie ressemblance physique, affirme-t-il. Pareil pour ceux qui se disent sosies vocaux, pour moi ça n’existe pas, on ne peut pas avoir juste la voix. » Selon cette définition toute personnelle, Jean-Baptiste Guégan, alias Johnny Junior, ne peut donc pas prétendre au statut de sosie officiel. Le natif de Saint-Brieuc s’en tamponne. Il n’a certes rien à voir physiquement avec l’idole des vieux, mais vocalement, il assure mieux que l’original aujourd’hui.

« Même Boccolini l’a reconnu les Johnny, ils sont chiants... » Résultat, le gamin de 28 ans écume depuis une dizaine d’années les restos, campings, cabarets et mariages de la région, au rythme d’un show par week-end. Au point d’en vivre exclusivement.

Yeux de cocker et coiffure CGT « Je l’ai repéré dans un karaoké. À 17 ans, il avait déjà cette voix rocailleuse, se souvient son manager Yves Jacq. C’est un don qu’il a, alors peu importe s’il n’a pas la tête de Johnny. Il se débrouille mieux que certains sosies. » « Ah ça ! Le petit Johnny, il est gentil mais il laisse pas sa part », confirme de son côté Patrice Le Guen, troisième et dernier sosie répertorié en Bretagne. Lui donne dans le Pierre Bachelet, mêmes yeux de cocker et

coupe de CGTiste que l’original. Si c’est logiquement dans le nord de la France qu’il provoque le plus d’orgasmes (« Dès que j’entame Les Corons, c’est de la folie. »), il affirme lui aussi cartonner suffisamment pour gagner sa vie. « Faut dire qu’il n’y a pas de concurrence, je suis le seul officiel en France. Pour les sosies de Johnny, c’est plus difficile… » Les clones d’Hallyday auraient d’ailleurs mauvaise réputation dans le milieu. « Même Boccolini l’a reconnu, se remémore Jessy Morgan. Le jour où j’ai participé au Maillon Faible avec d’autres Elvis, elle nous a dit qu’on était bien plus cools que les Johnny. Ils sont chiants, il paraît. » Sosies jusque dans le caractère. Régis Delanoë 27


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UNE JOURNÉE DANS UN SQUAT OCCUPATION ILLÉGALE, AUTOGESTION ET ESPRIT LIBERTAIRE : LE SQUAT DE GROIX, AU LARGE DE LORIENT, EST L’UN DES PLUS EN VUE DANS LA RÉGION. ON S’EST RENDU SUR PLACE. 29


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iers supérieur du tableau : le ciel bleu éclatant. Au centre : la mer, relaxante. Au premier plan, le vallon, garni d’un tapis de fougères. Le tout inondé de soleil. Cette vue carte postale n’a rien à voir avec le cliché qu’on peut se faire des squats. Pourtant, nous sommes bien à la maison de Ker Béthanie, sur l’île de Groix, dans le Morbihan. Une bâtisse où depuis plus d’un an une petite troupe de jeunes a fait son nid dans ce lieu paradisiaque qui ne leur appartient pas. On peut donc littéralement parler de squatteurs, même s’ils préfèrent se définir comme des « occupants résistants ». À leur tête, on trouve une figure de l’île : Keruschka Yvon, dit Kéru,

27 ans. C’est le plus politisé de la bande, tendance anarcho-libertaire. Lui se réclame du « zapatisme », un mouvement qu’il a découvert lors d’un voyage au Mexique en 2006 et 2007, après avoir passé un an au lycée autogéré de Saint-Nazaire.

Maison commune « J’ai vécu dans une ville qui s’était autogérée pendant six mois, la “Commune de Oaxaca”, avant que l’armée mexicaine, instruite par des spécialistes français en contreinsurrection, y mette un terme. » De retour à Groix et avant l’aventure squat, il prendra la tête d’une liste prônant la démocratie directe aux dernières municipales. Sans succès. À Ker Béthanie, Kéru est accompagné de Florent, Flora, Solweig, Pali,

« Menu : café, quatre-quarts et pétards. Le tout à volonté » 30

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Romain et de quelques visiteurs de passage qui garnissent régulièrement les rangs. En cette semaine de septembre, ils sont quatre à y loger jour et nuit. Construite après-guerre, la maison n’a pas le charme de ses alentours, mais elle a le mérite d’être accueillante. L’inscription “Maison Commune” est taguée à l’entrée, sur la grille du portail ouvert à tous. C’est une baraque blanche de belle taille, aux murs mangés par le lierre. À l’intérieur, ses actuels locataires se sont organisés en communauté. La grande pièce du rez-de-chaussée sert de salle de réception, pour les réunions et les fêtes régulièrement organisées. Côté salon, la table de lecture est soigneusement ordonnée, avec un choix orienté : revues anar’, Bakounine, L’Insurrection qui vient du Comité Invisible, un recueil de poèmes de Baudelaire, une BD de Tardi, et aussi le très mainstream Indignez-Vous ! de Stéphane Hessel. À l’étage, les trois chambres sont


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sommairement aménagées avec des vieux matelas posés à même le sol. Le confort de l’ensemble est spartiate, très spartiate. « Au début, on avait l’électricité, mais on nous l’a coupée, explique Flo. On a aussi eu un groupe électrogène, mais il est en panne. Et pour l’eau, on fait avec le puits. »

Comme au Flunch À Ker Béthanie, on vit d’amour et d’eau non potable. Au planning de la matinée : deux bonnes heures de p’tit dej’ en terrasse avec, au menu, café, quatre-quarts et pétards. Le tout à volonté, comme au Flunch. On prend le temps, zéro stress, Jah rules. L’occasion de se faire raconter l’histoire du lieu. « Jusqu’à sa mort en 1998, la maison appartenait à Marie-Antoinette Gavet, une ancienne résistante, personnalité charismatique de l’île, décédée sans enfant. À l’été 2010, les lieux ont fini par être mis aux enchères. »

« Deux ans pour se décider, comme chez les Zapatistes » Le Conservatoire du Littoral décide alors d’utiliser son droit de préemption. Objectif : racheter pour mieux raser, afin de revégétaliser le vallon. Le site est en effet situé en pleine zone naturelle, à proximité du chemin côtier. La mairie de Groix donne rapidement son aval à la destruction. « Ils ont mis en avant la Loi Littoral. Mais on a vérifié, elle est située quelques mètres en dehors de la limite imposée, proteste Flora, donc l’argument est irrecevable. » L’annonce de sa destruction tombe néanmoins à l’automne 2010, au moment même où Kéru et ses amis viennent de se faire expulser d’un précédent squat (le fort du HautGrognon, situé non loin sur l’île). « Là encore c’est le Conservatoire qui était intervenu, prétextant la

dangerosité des lieux. Comme on se retrouvait à la rue et qu’on tenait à sauver la maison Gavet, on l’a investie. » Un an après, les squatteurs sont toujours là. Et ça ne semble pas gêner grand monde sur l’île. Même Yann Boterf, adjoint aux affaires sociales à la municipalité, le reconnaît.

Hippies 2.0 « Il y a des difficultés de logement à Groix pour les jeunes, je veux bien l’admettre. À la mairie, on a pris acte de leur volonté d’occuper les endroits libres. Après le problème c’est qu’ils ont certes plein d’idées, mais derrière il n’y a rien de constructif. Pour moi, ce sont de doux rêveurs. » Il faut bien reconnaître qu’à première vue, la définition que donne l’élu 31


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colle assez bien à cette sympathique bande de hippies 2.0, qui offrent volontiers l’hospitalité à quiconque souhaite leur rendre visite. Mais, sur le fond des choses, sur ce qu’ils souhaitent faire concrètement, ça reste encore assez flou. « On pourrait aménager une halterestauration pour les promeneurs », avance Flora. « Il y a moyen d’en faire un lieu d’exposition pour les artistes locaux et pour rendre hommage à la vie de Mme Gavet », propose Florent. « Ou créer un lieu de rencontre », lance Kéru. « Moi tout ça je veux bien, mais avec quel budget ? », s’interroge Yann Boterf à la mairie. Sans le moindre sou mais avec mille idées en tête, la troupe de Ker Béthanie revendique près d’un millier de signatures sur la pétition contre la

« ENTRE BAIL ET SQUAT ? C’EST À IMAGINER » Florence Bouillon, sociologue spécialiste des squats et maître de conf’ à Paris 8. Les squats de groupes libertaires ou autogérés sont-ils nombreux ? Si l’on prend l’ensemble des occupations illégales, les squats d’activité, c’est-à-dire politiques ou artistiques, ne représentent qu’une minorité. La majorité sont des squats d’habitation, ceux des mallogés ou des migrants, par exemple. À la différence de ces derniers, les autogérés semblent être dans un squat voulu... Disons que les squatteurs d’activité ont un éventail 32

de choix plus large que des personnes en grande précarité qui, eux, ont très peu de solutions pour trouver un refuge. Il y a une dimension volontariste. Ils assument leur lieu de squat qui leur permet d’afficher leur désir d’alternative au fonctionnement global de la société. Mais le squat d’activité peut aussi révéler une contrainte : certains ont eu des difficultés à rejoindre le parc des logements classiques. Ce qui les amène à réfléchir collectivement et à trouver une solution par la débrouille.

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destruction de la maison, « preuve que la population est sensible au sujet ». Le collectif créé l’hiver dernier a récemment changé ses statuts pour devenir l’AMMAG, Association Maison Marie-Antoinette Gavet, « dont chaque décision est votée à l’unanimité. » Une bien belle idée démocratique, là encore, mais qui risque de sérieusement ralentir la réalisation de projets concrets. « Il est possible de fonctionner ainsi, en prenant le temps de s’écouter jusqu’à l’accord, estime néanmoins Kéru, fidèle à ses convictions. Les Zapatistes prennent ainsi parfois deux ans à s’accorder, mais ils le font. » Sauf qu’il n’est pas certain que les pelleteuses attendent si longtemps à Ker Béthanie.

Les squats sont-ils toujours politisés ? Tous les squats ont un lien avec la question politique. Mais tous ne portent pas un message politique. Les squats d’activité, eux, clairement si. Ils affichent une volonté de vivre différemment. Si le squat n’est pas une fin en soi, ses attributs le sont : échapper au marché du logement, organiser des alternatives au fonctionnement salarial, lutter physiquement contre la spéculation immobilière. Quel rapport ont-ils avec les pouvoirs publics ? Les autogérés sont plus dans la distance et la méfiance, tandis que les artistes cherchent plutôt la négociation et la coopération. Alors que la

Régis Delanoë majorité des squats ont une durée de vie courte, de quelques mois, les lieux d’artistes perdurent. Souvent ce n’est plus à proprement parler des squats car la situation peut être légalisée par des contrats d’occupation. Quel avenir pour les squats ? Les solutions intermédiaires entre le bail classique et le squat sont très faibles. C’est pourtant à imaginer, on peine à le faire. Les contrats d’occupation précaire sont exceptionnels. En France, le droit de propriété reste fort et prédomine sur le droit au logement. Le squat reste vu comme un abus, même quand il s’agit de locaux vides et vacants. Recueilli par J.M


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CABANE FAIT MAISON ET YOURTE NATURE

Pour accéder à Ker Bambou, il faut laisser la bagnole un peu plus haut et continuer à pattes. La route est un peu pourrie et surtout trop étroite. Nous sommes à Botmeur, en plein dans les Monts d’Arrée, dans le centre-Finistère. Ici, on n’est pas emmerdé avec les grèves de bus ou les travaux du tramway. Surtout quand on a décidé de vivre à la cool et de créer un village autogéré et autosuffisant : Ker Bambou. Aujourd’hui, c’est Maud, 30 ans, qui nous reçoit et nous fait la visite des lieux. Six hectares en pleine nature partagés en champs de pâture, potager, verger, bambouseraie et en un lieu de vie où une maison en bois construite à la main et une yourte blanche cohabitent. Quatre personnes y vivent depuis 2009. Le tout, pour un mode de vie alternatif. « Nous avions une aspiration à vivre différemment. Être autonome dans notre consommation mais, surtout, la

repenser. Expérimenter quelque chose de nouveau par rapport au modèle conventionnel de la société », raconte la jeune femme, ancienne prof’ vacataire. Un désir de décroissance et de revival roots qui n’est pas passé par une occupation illégale mais par l’achat d’un terrain. « De l’argent avait été mis de côté dans ce but... »

« Le drame de la glace Mickey » Maman du petit Dero, 13 mois, qu’elle a eu avec Lomig, un des habitants de Ker Bambou, Maud ne se considère pas anti-système mais plutôt anti-consumériste. « Nous essayons de produire nous-mêmes tout ce dont nous avons besoin pour vivre et manger : légumes, fruits, œufs... Nous récupérons l’eau de pluie. Pour l’électricité, nous avons un panneau solaire. » Seul ce qui ne peut pas être produit à Ker Bambou – riz et céréales notamment – est acheté dans une boutique bio. Du troc est aussi fait.

Dans ce confort rudimentaire (sol en terre battue, pas de salle de bain, pas de frigo), chaque membre de cette communauté adopte cependant une position différente face au reste de la société. Si tous sont conscients que le risque d’autarcie est fort – « on ne souhaite pas être coupé du monde, c’est pour ça qu’on accueille des woofers, une quinzaine chaque année » – l’idéal d’autosuffisance reste subjectif pour chacun. Maud confirme. « Je ne peux pas être ici à 100 %. J’ai besoin d’avoir une activité à côté (des travaux de couture, ndlr). Lomig, lui, est beaucoup plus intransigeant car tout ce qu’il entreprend est dédié à Ker Bambou. Et sur certaines choses, comme le téléphone portable, il est catégorique, voire extrême. L’autre jour, par exemple, mes parents ont offert une glace Mickey à Dero, ça a été un drame. » Julien Marchand 33


DOSSIER

LE WAGON : PUNKS WITH FUTURE Voici comment tout a commencé : hiver 1997, à Saint-Brieuc, une bande de punks investit un wagon sur le port du Légué, avec l’objectif de fonder un squat autogéré. Voici comment tout s’est achevé : octobre 2004, une compagnie de CRS évacue les lieux en quelques minutes. « Ils étaient venus spécialement de Marseille car ceux du coin avaient refusé de nous virer à ce qu’il paraît, ils nous aimaient bien », rigole Laurent, ancien habitant du Wagon et chanteur des Mass Murderers, groupe historique de la scène hardcore locale. Entre 1997 et 2004, quasi sept années d’utopie punk se sont écoulées, pour ce qui reste encore aujourd’hui une référence dans le milieu. Un idéal de vie en communauté, un joyeux bordel permanent. « Mais attention, c’était très structuré quand même, soutient Laurent. On avait une asso, un bar, plusieurs concerts par mois étaient organisés et des groupes cotés venaient jouer devant des centaines de personnes. » Vincent, du label Mass Prod, fondé à la même époque, ne dit pas autre chose : « L’organisation était incroyable. L’équipe qui tenait

AUTOSUFFISANTS, BABOS NÉO-PUNKS, AUTOGÉRÉS... QUI SONT LES ANTI-SYSTÈME ? 34

le Wagon était constituée de vrais fans de punk. Ils savaient faire venir des pointures. »

Les clopes du lieutenant russe Ce qui ne devait au départ être qu’un squat provisoire est devenu au fil des années un lieu incontournable de la scène locale underground. Une sacrée faune y vivait ou y passait. « Il y avait notamment un lieutenant de bateau russe avec qui on faisait

du troc, se souvient Laurent. On l’accueillait quand il était de passage en échange de vodka et de clopes. J’ai jamais autant fumé de blondes qu’à cette époque ! » L’esprit do it yourself est omniprésent. « C’est dans l’ADN des punks, nous explique le sociologue spécialiste de la question Fabien Hein. Ils aiment faire les choses par leurs propres moyens, sans intermédiaire et avec beaucoup de solidarité. »

PUNKS À CHIENS

DÉCROISSANTS

ANARTISTES

C’est la famille la plus visible. Treillis militaire, canette de Maximator (11,6° !) à la main et une nuée de clébards autour, les punks à chiens symbolisent davantage la précarité (exclusion sociale, errance) qu’un mouvement idéologique tel qu’a pu l’être le punk en 1977. On en croise pas mal dans les rues de Rennes et de Morlaix.

Des babos de l’extrême. Fini la téloche, les Big Mac et H&M. Ces militants rouges et verts sont pour un retour aux sources et prônent une consommation minimale. Corps de ferme retapés, yourtes et même tipis : ils s’installent – forcément – à la campagne (Monts d’Arrée, centre-Bretagne, forêt de Brocéliande).

Regroupés sous forme de collectif autogéré, ils vivent et pratiquent l’art en communauté. En BZH, l’exemple le plus connu est celui de l’Élabo à Rennes. Une joyeuse bande qui squatte, avec le consentement de la Ville, un bout de ZAC. Mais jusque quand ? Un projet d’aménagement urbain est en cours.

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Laurent approuve, parle d’un « milieu humble » et ajoute : « Mine de rien, on générait une vraie petite économie. L’entreprise qui nous louait l’éclairage pour les concerts a fait la gueule quand on s’est fait virer, sans parler du supermarché où on faisait nos réserves (sourire). » Cette bonne implantation dans la vie locale n’a pourtant pas suffit à offrir une légitimité au Wagon, forcé de fermer brutalement ses portes sur

Des punks bio

« Ce sont des gens qui ont une éthique et qui sont particulièrement sensibles aux questions environnementales », remarque le sociologue, qui évoque des cas de jardins communautaires gérés par des punks en Angleterre ou à Detroit aux États-Unis. « Le bio, la ferme, le marché, le trad’… tout ça nous parle, ouais », confirme Laurent, qui est par ailleurs l’ingé son des Ramoneurs de décision administrative. Sept ans Menhirs, groupe mêlant la guitare et puis plus rien, du jour au lende- punk au biniou. main. Ne reste que le souvenir d’une « Les Ramoneurs sont un bel exemple aventure punk. de réussite », poursuit Vincent qui « C’est en Allemagne qu’il faut aller constate que le style tient toujours pour trouver le modèle ultime, estime la forme : « Il y a des labels, des Fabien Hein. Les squatteurs s’orga- salles qui nous accueillent, un public nisent de manière remarquable dans toujours présent et des petits jeunes des lieux désaffectés, c’est très bien motivés. Dans une région aussi ouentretenu et accepté du reste de la verte et festive que la nôtre, je ne population. Alors qu’en France les vois pas comment le punk pourrait punks peuvent vite se faire déborder, mourir. » R.D Dominique Rolland

Dominique Rolland

Bikini

notamment par des problèmes de drogue. » Si l’imaginaire collectif les associe le plus souvent au macadam, les punks d’aujourd’hui seraient plus volontiers tentés par Dame Nature comme cadre de vie.

AGRICULTEUFS

JULIEN COUPAT

ROUTARDS

iNARCHISTES

Au plus fort des teufs technos boum boum, ils avaient 20 ans. Aujourd’hui, ils en ont dix de plus et ont mis leur camion sur cales. Fini les murs de son, place au maraîchage, à l’élevage bio et à la vente directe au marché dans nos campagnes. Des José Bové quand même plus branchés par l’électro que la moustache.

Avec eux, pas de concession : la société de consommation est un monstre qu’il faut buter. En attendant le Grand Soir, ils souillent chaque nuit les draps en rêvant de couilles de patrons séparées de leur propriétaire. Leur maître ? Julien Coupat : libertaire, inculpé de Tarnac et auteur présumé d’un livre bien véner : L’insurrection qui vient.

Pas mal dans le trip Jah, ces globe-trotteurs font le tour du monde dans leur camtar : Malaisie, Inde, Pakistan… Mais, entre deux destinations, rentrent pour leur rendez-vous RSA. Ils crèchent alors chez des potes décroissants. L’esprit “sur la roots” touche aussi les zikos, Hilight Tribe par exemple qui ne compte plus les bornes.

Révoltés dans le discours, ils disent militer pour une internationale des peuples, par-delà les frontières, no pasaran et tout le tralala. En réalité, leur colère ne dépasse pas Facebook ou, au mieux, les bancs de la fac. Ils oublient de s’inscrire sur les listes électorales et ne crachent pas sur le dernier gadget de feu Steve Jobs. La majorité ? 35


RDV

LA PERMISSION DE MINUIT

ENGUÉRAND A 14 ANS ET ENTAME SA DERNIÈRE ANNÉE DE COLLÈGE. ÉLÉONORE, 15 ANS, DÉCOUVRE CETTE ANNÉE LE LYCÉE. ILS SERONT TOUS LES DEUX AUX TRANS MUSICALES. JEUNE DUO ÉLECTRO, CARBON AIRWAYS FERA CAUSER. n peut le dire sans trop se gourer : les deux frère et sœur de Carbon Airways seront l’une des curiosités des Trans Musicales. Avec 14 et 15 ans au compteur, Enguérand et Éléonore ont facilement remporté le titre de cadets de cette 33e édition du festival rennais. Un statut qui interpelle, surtout quand on joue de l’électroclash bien musclée. Après les New-Yorkais de Tiny Masters of Today, en 2007, âgés de 13 et 11 ans, les Trans poursuivent leurs coups d’essai juvéniles. En pleine kidsation de la scène électronique, le duo originaire de Besançon repousse encore un peu plus la barre de la précocité, déjà bien représentée cette année par Madeon, 17 ans, et Baadman, 16 ans, qui lui aussi sera de la partie à Rennes. « Notre âge, forcément, ça étonne. Les gens se posent des questions. Mais, quand on commence à jouer, ils sont à fond, donc c’est cool », racontent Éléonore et Enguérand qui, un dimanche matin, ont fait 36

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l’impasse sur la grasse mat’ pour répondre à nos questions. La première fut – très – originale : quand est-ce que vous avez commencé à faire de la musique ? Et ouais. « À six ans, nos parents nous ont inscrits au conservatoire pour apprendre le violon et le violoncelle. On a aussi joué de la guitare et de la basse. Et puis, il y a trois ans, pour Noël, on a eu un ordinateur avec un logiciel de MAO (musique assistée par ordinateur, ndlr). » Enguérand ajoute : « On bosse sur nos compos le soir, après les devoirs, et le week-end. Je compose les sons et les fais écouter à Éléonore qui met des voix dessus. Et pour le mastering, il y a Sam, notre ingé son, qui s’occupe de ça : on ne peut pas tout faire… » Si les débuts étaient classiques, la suite a été plus marrante. La faute aux influences : Prodigy, Alec Empire, Soulwax, Crystal Castles, Archive, Skrillex, The Chemical Brothers… Pour une électro bigarrée, plutôt bourrine en couplets, parfois mainstrean en refrains, que le duo expérimente en live depuis un an

et demi. « Notre premier concert, c’était à la Fête de la Musique à Saint-Étienne. Ensuite, on a réussi à jouer dans des bonnes salles, comme La Laiterie à Strasbourg. » Sur scène, ordis+synthés+micros. « Il y a pas mal de samples qu’on déclenche pour pouvoir à côté chanter, scander, s’éclater. En concert, on n’a pas envie d’être trop sérieux derrière les claviers », avertit la fratrie qui espère que les Trans seront « fun ». Du fun oui, mais pas trop tard. « Avec notre âge, on n’a pas le droit de jouer après minuit. » Daniel, le papa, poursuit : « Tant qu’ils ont moins de 16 ans, la direction régionale du travail demande des garanties. Pour chaque concert, nous devons faire une demande, assurer de notre présence sur chaque date, apporter des justificatifs scolaires… Ce qui est bien, c’est que la pression des notes, du coup, ce n’est pas à nous de la mettre. » Julien Marchand Le 3 décembre à Rennes aux Trans Musicales, hall 9


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photo : Bertrand Vinsu


RDV

THE FURS TIME

C’EST L’HISTOIRE DE QUATRE POTES PRATIQUANT LE ROCK AVEC LA FOUGUE DE LEUR JEUNESSE ET PLEIN DE BONNE VOLONTÉ. SAUF QUE POUR PERCER, CE N’EST PAS ASSEZ. ALORS ILS SE FONT AIDER. ET ÇA PEUT PAYER. MAINTENANT ? arhaix, 17 juillet 2011, dernier jour de l’édition anniversaire des Charrues, 17h50. Les Furs débarquent sur la scène réservée aux Jeunes Charrues. Ce sont les ultimes participants du tremplin. Durant la grosse demi-heure qui leur est impartie, les quatre blancsbecs, représentants du pays de Vannes, vont faire mieux que défendre leur chance. Avec leur post-rock d’influence outre-Manche, façon Foals ou Bloc Party, ils jouent la gagne. Et échouent de peu, en étant seulement devancés par les Jesus Christ Fashion Barbe et Bumpkin Island. Deux mois après, on retrouve les deux chanteurs/guitare/clavier du groupe à Rennes. Profitant des derniers jours d’été en terrasse, Arthur et Geoffrey se rappellent que « putain ouais, les Charrues c’était bien ». « Le truc, c’est que t’es bien considéré, développe le premier nommé. T’as ta loge, comme tout artiste... » 38

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On sent bien dans ces propos les gars avides de reconnaissance. Quoi de plus normal quand on a créé il y a quatre ans ce qui n’était au départ qu’un groupe de lycée et qu’on a su le faire durer. « La configuration actuelle date seulement d’il y a un an et demi en fait, précise Arthur. Mon frère Alexis nous a rejoints à la basse et Nico est arrivé à la batterie. » « C’est à ce moment aussi qu’on a changé de style », poursuit son acolyte. Et tous deux de citer une large palette de goûts musicaux plus ou moins partagés par chacun des membres : rock garage et indé, mathrock, hardcore, noise… Il semble loin le côté BB Brunes qui leur a parfois collé au derrière. Clairement, il y a déjà une certaine maturité chez les Furs, qui cumulent pourtant moins de 80 ans à eux quatre. Sauf que même en y ajoutant du talent, ça ne suffit pas pour espérer aller au-delà des scènes locales. « On doit encore pas mal

travailler », reconnaît Arthur, qui sait pouvoir compter sur le soutien fidèle de L’Échonova, la salle de concerts de l’agglo de Vannes. « On leur a d’abord ouvert la porte du studio, puis on a signé un parrainage au moment de leur passage aux Trans il y a près d’un an, parce qu’on croit en eux », explique Thomas Ristroph, leur encadrant. Des moyens matériels et humains leur sont mis à disposition, afin d’aider le groupe à se structurer. « Cet accompagnement doit leur permettre de se développer professionnellement. » Effet bénéfique visible : l’organisation d’une tournée d’une dizaine de dates en octobre, qui les a amenés jusqu’à Paris et la Belgique. Avant un retour au bercail le 17 novembre pour un final à L’Échonova. Home sweet home. Régis Delanoë Le 17 novembre à L’Échonova à Saint-Avé


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photo : Mathieu Ezan


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photo : Bikini

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LOST IN CONNEXION

DANS PLUG, SON NOUVEAU SPECTACLE, PAULO DUARTE MÉLANGE MARIONNETTE CONTEMPORAINE ET ARTS NUMÉRIQUES POUR EXPLORER LE THÈME DE L’ERRANCE VIRTUELLE. UNE CRÉATION FAITE DE WEBCAM ET DE PANTINS EN RÉSINE.

n jour, j’ai reçu une invitation Facebook de quelqu’un qui était décédé. Cela faisait en fait quelques temps que je n’avais pas été voir mes mails : son message était toujours là, malgré sa mort, dans ma boîte de réception. » Une anecdote pas hyper joyeuse qui a été, pour Paulo Duarte, le point de départ de Plug, son nouveau spectacle. Du moins l’un de ses points de départ. « J’ai toujours été attiré par les thèmes de l’absence, du souvenir, de l’immatérialité du réel… raconte ce Rennais de 40 ans, natif du Portugal. Et ce qui m’intéresse dans Internet, c’est cette possibilité d’errance face à l’écran, presqu’une sensation de perte. » Plug, c’est donc l’histoire d’une fuite virtuelle. Un chemin dans le world wide web qu’emprunte une marionnette en quête de son identité. Un pantin en résine, filmé par trois mini-caméras, qui s’aventure dans le numérique. Un voyage où

l’objet physique rencontre la vidéo, enregistrée ou tournée en direct, projetée simultanément sur scène. Au milieu de cette « dualité des supports », Paulo Duarte manipule sa création, dans un corps-à-corps sans fil, dont il accompagne et porte chaque mouvement. « Seule la tête, dirigée par une poignée à l’intérieur du corps, est indépendante. » Une manipulation à découvert. « La marionnette contemporaine joue sur la présence du manipulateur sur le plateau. Être totalement à vue n’est pas gênant, on fait partie du jeu, cela n’empêche pas l’illusion, explique Paulo. Un jour, après un de mes spectacles, un gamin m’a dit “à un moment, je t’ai vu”. Ça voulait dire que, là, je n’avais pas été bon. » La marionnette, Paulo l’a pourtant découverte presque par hasard. Après les beaux-arts de Porto où il a étudié la peinture jusqu’en 1994, il souhaite poursuivre dans le cinéma d’animation. Il hésite à s’installer à Prague ou à Paris, mais

débarque finalement à CharlevilleMézières, dans les Ardennes, où il intègre l’école supérieure des arts de la marionnette. « Je n’en avais jamais manipulée avant. C’est en tombant par hasard sur une brochure de l’école que j’ai décidé de m’y inscrire. » Dans sa promotion, il rencontre Jonathan Capdevielle, considéré aujourd’hui comme l’un des fers de lance de la marionnette contemporaine, et Renaud Herbin qui fondera, à Rennes, la compagnie Laou. Paulo la rejoindra en 2007. Il y créera, un an plus tard, Petites âmes. Une pièce où, déjà, marionnettes et projections vidéo se penchaient sur les souvenirs enfouis dans notre cortex et notre hippocampe. Avec Plug, place à ceux stockés dans nos serveurs et nos disques durs. Julien Marchand Du 15 au 19 novembre au festival Mettre en Scène à Rennes 41


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photo : Rä²

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EN 4 - 4 - 2

AVEC POUR SEULS INSTRUMENTS UNE BATTERIE CRADE ET UNE GUITARE STRIDENTE, LE BINÔME PNEU EXCELLE EN COURS DE MATH-ROCK. LE BULLETIN DE NOTES NE PEUT QU’ÊTRE ÉLOGIEUX. ans notre monde à nous, un plus un égal deux, deux plus deux égal quatre, comme ça on devient selfish, on prend du pognon et on partage pas. Mais peut-être que un plus un égal onze, et ça c’est beau. » En cours d’arithmétique, JeanClaude Van Damme devait être un pénible. JB et Jay en revanche, non. Pas de réflexion absurde avec Pneu, le binôme se la joue binaire : une batterie, une guitare, une bonne dose d’énergie, pas mal de talent et c’est parti pour résoudre en toute simplicité l’équation de math-rock. « On n’est pas des compliqués », confirme Jay, le gratteux. À la base, c’était avec son compère JB qu’on avait calé le rendez-vous. « Mais mec, désolé, annonce-t-il, penaud, je dois recevoir un coup de fil de Pôle emploi d’une minute à l’autre, si je le loupe, j’ai peur de me faire radier… » No stress, gars. Ton pote se débrouille bien pour répondre aux interviews. Même si, tel le petit génie de la classe, tout lui semble très évident. La naissance

du groupe en 2007, par exemple : « On a su au dernier moment qu’un groupe qui devait passer chez nous à Tours avait annulé. Alors, JB et moi, on a composé rapidement quelques morceaux et c’est comme ça que tout a commencé. » De ces débuts dans l’urgence, il est resté cet énigmatique patronyme – Pneu pour Projet à Nature Éphémère et Urgente – et une certaine propension à jouer speed. « C’est ce qu’on aime et ce qui nous correspond, reconnaît Jay. Et puis dans un groupe, moins y a de monde et plus c’est facile de parler le même langage. » Leur langage musical, c’est donc ce math-rock noisy groovy baby, essentiellement instrumental, minimaliste et percutant, expérimental sans être chiant. Pas d’intro tarabiscotée, c’est direct, quasi heavy métal même parfois. « Là pareil, c’est le fait d’être seulement deux à jouer, pour compenser on a la volonté de mettre beaucoup de gros son », justifie Jay. Deux albums sont sortis chez Head Records, Pince Monseigneur en

2008 et Highway to Health cette année. Mais c’est surtout en live que Pneu s’est fait connaître. Des centaines de concerts en France et à l’international ont permis au duo de se forger une bonne réput’. Surtout qu’en plus de jouer vite et bien, ils ont un concept : se produire au cœur de la foule. Une fois encore, ça coule de source pour Jay : « On a commencé dans les bars, où bien souvent t’as pas de scène, et ça permet d’avoir une vraie interaction. » Ce ne sera pas la seule originalité du prochain concert à La Carène, où ils se produiront avec Marvin, Papier Tigre et Electric Electric, les trois autres groupes de la joyeuse tournée Colonie de Vacances. Un jeu en 4-4-2 : 4 groupes, 4 sets, 2 gars de Pneu. « Chaque formation se place dans un coin de la salle et enchaîne les morceaux, parfois simultanément. C’est bien sympa. » Et pas compliqué. Régis Delanoë Le 18 novembre à La Carène à Brest 43


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FOUS TA CAGOULE

MAIS BORDEL, QUI SE CACHE SOUS LE MASQUE DE DANGER, MYSTÉRIEUX DJ QUI A DÉJÀ MIXÉ AUX QUATRE COINS DU MONDE ET DONT L’UNIVERS MUSICAL ET GRAPHIQUE INTERPELLE AUTANT QU’IL FASCINE ? ttention Danger. Franck Rivoire, de son vrai nom, est devenu en quelques années une référence du DJing, avec plus de 78 000 fans Facebook, une page Myspace visitée plus d’un million de fois et des tournées régulières aux États-Unis, en Asie ou en Australie. Le Lyonnais de 27 ans s’excuserait presque de s’en sortir aussi bien. « Honnêtement, il y a une part de chance. J’ai débuté en 2007, pile-poil à l’époque de l’explosion de Myspace. » Quelques semaines après la mise en ligne de ses premiers morceaux, il signe sur le label Ekler’o’shock et se retrouve catapulté comme star montante de l’électro. « Mon premier concert s’est fait devant 1 500 personnes, c’était juste hallucinant ! En temps normal, un musicien doit attendre dix ans avant de percer comme ça. Internet a complètement changé la donne... » 44

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Le gars Franck, « pas super expansif à la base » de son propre aveu, décide dès le départ d’adopter sa combinaison de scène : manchons, gants et une cagoule toute noire d’où jaillissent deux effrayants globules blancs au niveau des yeux. « Mixer masqué n’a rien d’original. Mais ça s’imposait de ne pas m’exposer et ça correspondait à ma volonté d’installer un univers graphique bien identifiable. » Car, avant de faire de la musique, Danger est d’abord un illustrateur, diplômé en graphisme et fou de cinéma. « Je suis d’une génération charnière, qui a bouffé aussi bien du Cronenberg que du Lynch, du Akira, du Mario Bros, où images et musiques sont très liées. » Et l’on retrouve effectivement ce mélange hétéroclite dans le projet artistique de Danger qui, musicalement, se revendique de ce qu’il appelle « la french touch 2.0 ».

Avec quelle différence par rapport à ses aînés, Daft Punk et consorts ? « Comme les mecs de Justice et toute cette vague Ed Banger, je suis un enfant du rock plus que du club, d’où cette électro bien énergique, concise comme du punk. » Un style qui a, selon Franck, déjà connu son âge d’or. « Aujourd’hui ce qui marche, c’est de l’électro extrême, à la Bloody Beetroots par exemple. » Une voie qu’il juge « intéressante, très underground », mais qu’il préfère ne pas emprunter. Lui se voit plutôt continuer à explorer « une musique narrative, immersive dans un univers assez noir et mélodique ». Avec un projet concret en tête ? « J’ai déjà fait la bande originale d’un manga et j’aimerais pouvoir poursuivre dans le domaine de la musique de film. »

Régis Delanoë Le 5 novembre à L’Antipode à Rennes


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photo : DR


RDV

LA CRÈME ANGLAISE

Ô JOIE : BAXTER DURY, LE MEILLEUR REPRÉSENTANT ACTUEL DE LA POP BRITISH EST À LA PROGRAMMATION CET AUTOMNE DE DEUX FESTIVALS DU SECTEUR. PLUTÔT COOL ET PLUTÔT CLASSE. axter Dury, c’est l’histoire d’un gars élevé sur la route, au gré des tournées, par son chanteur de père, le charismatique Ian Dury, resté célèbre pour son hymne devenu culte Sex and Drugs and Rock and Roll. De cette enfance et de cette adolescence underground, Baxter Dury ne dit aujourd’hui plus grand-chose, lassé d’avoir longtemps été perçu par les médias et le public comme une bête de foire ayant grandi bien trop vite. Lors d’une interview accordée au moment de la sortie d’un biopic consacré à son daron l’an dernier, il était néanmoins revenu sur ses débuts chaotiques dans la vie. « Moi et ma sœur avons vécu une enfance extrême, parfois fantastique, parfois horrible (…). Il arrive qu’on se regarde et qu’on se dise “putain, qu’est-ce qu’on a enduré et comment a-t-on fait pour survivre ?”» En 2011, il préfère se dire qu’à l’orée de ses 40 ans, il est enfin sur le point d’être reconnu pour ce qu’il est : un chanteur, et un sacré bon. 46

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Après deux premiers albums sortis chez Rough Trade dans un relatif anonymat, il a pris un récent virage en signant sur le prestigieux label Parlophone. Un déclic. « Cela m’a permis de me reconcentrer sur ma carrière et de me dire qu’il était peut-être temps d’arrêter les conneries », nous explique-t-il aujourd’hui. Ce n’est pourtant pas qu’il avait décidé de suivre l’adage du paternel, mais il avoue lui-même s’être parfois laissé aller à la facilité, un peu par paresse. Cette fois, il n’a pas voulu tricher. Un effort pas toujours aisé, comme il le reconnait : « C’est difficile d’être honnête tout en ayant une musique qui tienne la route. » De ce travail douloureux sur luimême est pourtant né un album étonnamment léger, mélodique, doux à l’oreille. « Ne vous y trompez pas, prévient néanmoins Baxter, mes thèmes favoris sont généralement sombres et déprimants, sauf qu’ils sont enveloppés dans une musique faussement enjouée. » Sorti cet été, Happy Soup a été

acclamé par la critique et semble également plaire au public. Il faut dire qu’on tient là un album bien gaulé, dix morceaux dans la lignée de ce qui se fait de mieux en matière de pop actuelle. Les lignes de synthé font parfois penser au dernier album de Metronomy, les parties de guitare à Joy Division (Picnic on the Edge notamment), l’accent cockney à Jarvis Cocker. Comme son père, Baxter Dury est un brillant songwriter, au flegme et à l’humour typiquement anglais. Il dit pourtant s’être inspiré d’abord et avant tout de Serge Gainsbourg en travaillant sur ce troisième opus. L’influence tient particulièrement à l’ajout d’une voix féminine, celle de Madelaine Hart, en complément de celle de Baxter. « Ce truc gars/fille, c’est très français comme façon de chanter, j’aime ça. » Régis Delanoë Le 10 novembre aux Indisciplinées à Lorient et le 12 novembre aux Sons d’Automne à Quessoy


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photo : DR


VIDE TON SAC

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AGENDA

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RECOMMANDE

KOUROSH YAGHMAEI

SOIRÉES DE FIN D’ANNÉE

TAMIKREST

BRUCE WILLIS SAVES...

C’est l’une des légendes du rock persan qui est programmée aux Trans. Censuré 17 ans dans son pays suite à la révolution islamique de 1979, cet Iranien a su marier rock psyché et influences trad’. À l’image du fameux Gole Yakh, aujourd’hui standard perse. À Rennes, ce sera son premier concert hors d’Iran.

La dernière semaine de décembre, c’est bombance en famille et entre potes. L’occasion de goûter un best-of de la cave avec papa, de se gaver des Mon Chéri de mamie, de se remémorer les parties de Bonne Paie avec les cousins/cousines et de faire tourner les serviettes sans aucune espèce de honte.

La musique touareg, ce n’est plus seulement Tinariwen. C’est aussi Tamikrest, un collectif nomade de jeunes guedins pratiquant du blues-rock occidental. Guitares psyché et percussions sahariennes sont au service de protest songs chantées en langue locale. Jimi Hendrix likes this.

… the world, forcément. Après avoir détruit une météorite, l’archétype des films d’action débarque en Finlande. Mais que va-t-il y foutre ? Une critique extravagante du mythe du héros hollywoodien, imaginée par une troupe finlandaise, qui n’hésite pas à dégommer quelques clichés de la société scandinave.

CONCRETE KNIVES Vilains Normands. Chouraveurs de Mont Saint-Michel, ils piquent aussi la vedette à nos groupes. Il y a eu cet été les Jesus Christ Fashion Barbe, vainqueurs du tremplin Jeunes Charrues, il y a surtout Concrete Knives, révélation des dernières Trans et putain de bon rock. Au Vauban à Brest le 25 novembre

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CANTO

SYSTEMA SOLAR

Crampons vissés, col relevé et regard acéré, le King reste un mythe du football 90’s. Devenu roi de la pub et anar’ à ses heures (« faites la révolution, videz les banques ! »), il mène une honnête carrière d’acteur-comédien. Son dernier rôle : Père Ubu, le personnage d’Alfred Jarry.

Au Bout du Monde cet été, les gars de Systema Solar avaient balancé leur cumbia électro. Et ça avait été plutôt cool. Les Colombiens sont de retour cet automne. Une séance de rattrapage toujours à base d’énergie hip-hop, toasting et sound system. Let’s go.

Au Quartz à Brest du 6 au 10 décembre

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Vivement Lundi

À la salle Guy Ropartz à Rennes du 16 au 19 novembre

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À Morlaix et Plougonvelin les 4 et 5 novembre

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Partout à proximité d’un sapin du 24 au 31 décembre

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Aux Champs Libres à Rennes le 3 décembre

À la Citrouille à Saint-Brieuc le 11 novembre

FILM D’ANIMATION DE BRUZ Pour sa 18e édition, ce festival accueille, comme invité d’honneur, Bruno Collet, l’auteur de Petit Dragon (mais si vous savez, ce film où Bruce Lee est réincarné dans une figurine en plastoc). Pour ceux qui n’aiment pas le kung-fu, 250 courts métrages sont en compétition. Au Grand Logis à Bruz du 7 au 13 décembre




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