BIKINI JUIN-JUILLET-AOÛT 2015

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JUIN-JUILLET-AOÛT 2015 #22



TEASING

À découvrir dans ce numéro... «  AV E C N O T R E B I T E E T N O T R E C O U T E A U  »

TA R Z A N

POPPERS NUS & CULOTTÉS

ASIE

«  U N E V O I X D E L A V A B O  »

KANABEACH

ROADIE

TATTOO

AUDIENCES MUSCADET P O LY G A M I E

«  C ’ E S T M O N A M I E T B I E N P L U S E N C O R E  »


ÉDITO

ODE AU TOUR DE FRANCE « Oh la chute !!! Chute à l’arrière du peloton, Laurent Bellay sur la moto 2 ! » Chaque mois de juillet c’est pareil : les raquettes de tennis sont rangées, le foot n’a pas encore repris ses droits, seul compte le vélo et les trois semaines du Tour. Une institution qui, cette année, fait escale trois jours en Bretagne (arrivée à Fougères le 10 juillet, étape Rennes/ Mûr-de-Bretagne le 11, contre-la-montre Vannes/Plumelec le 12). C’est ringard ? Un peu, n’empêche que c’est rigolo de réviser sa culture avec Jean-Paul Ollivier (« Alors que les coureurs traversent le village de Peyruis, réputé pour la qualité de ses calissons… »). C’est biaisé par le dopage ? Probable, ce qui n’interdit pas de kiffer les échappées folles (on t’oublie pas Jacky Durand !) et les attaques de grimpeurs, en danseuse, entourés par une marée humaine de supporters ivres morts qui tisent depuis des heures sous le cagnard en haut d’un col (mention spéciale aux Hollandais sur l’Alpe d’Huez). C’est beauf ? Certainement, mais faut avouer que l’émission Village Départ, chaque midi sur France 3, est l’un des programmes les plus dingo qui puisse exister aujourd’hui (« On applaudit bien fort Noël Jamet, champion du monde de cri de cochon. Allez vas-y Noël ! » « Ruiiii ! » « Magnifique ! »). Sur le canap’ ou au bord de la route, sortez donc vos pantacourts, vos débardeurs les plus moches et votre bob Cochonou : pendant le Tour, tout est permis. La rédaction

SOMMAIRE 6 à 13 WTF : collab’ artistiques, poppers, ratés de festivals, TEDx, chant saturé, Kanabeach, tournées asiatiques... 14 à 22 Des vacances à dix balles 23 à 29 « Au service des artistes » 30 à 33 « Faire renaître les dinosaures ? Faut pas rêver » 34 à 39 Faites entrer les faits div’ 40 à 45 RDV : Viet Cong, Before superheroes, Blutch, The Amusement Park, Kaviar Special 46 à 49 La première fois... des festivals 50 BIKINI recommande 4

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Directeur de la publication : Julien Marchand / Rédacteurs : Régis Delanoë, Isabelle Jaffré, Brice Miclet / Directeurs artistiques : Julien Zwahlen, Jean-Marie Le Gallou / Photo de couverture : Douglas Kirkland, Corbis / Illustration : Étienne Laroche / Consultant : Amar Nafa / Relecture : Anaïg Delanoë / Publicité et partenariats : Julien Marchand, contact@bikinimag.fr / Impression par Cloître Imprimeurs (St-Thonan, Finistère) sur du papier PEFC. Remerciements : nos annonceurs, nos lieux de diffusion, la CCI de Rennes, Michel Haloux, Youna Thual, Mickaël Le Cadre, Matthieu Noël, Étienne Cormier, Émilie Le Gall. Contact : BIKINI / Bretagne Presse Médias - Espace Performance Bât C1-C2, 35769 Saint-Grégoire / Téléphone : 02 99 23 74 46 / Email : contact@bikinimag.fr Dépôt légal : à parution. BIKINI “société et pop culture” est édité par Bretagne Presse Médias (BPM), SARL au capital social de 5 500 €. Les articles publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Le magazine décline toute responsabilité quant aux photographies et articles qui lui sont envoyés. Toute reproduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation. Magazine édité à 20 000 exemplaires. Ne pas jeter sur la voie publique. © Bretagne Presse Médias 2015.



WTF

QUELLE COLLAB’ ALLER VOIR ?

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PLEIN LE CULTE

TOI, PLUS MOI, PLUS TOUS CEUX QUI LE VEULENT : AUSSI BELLES QU’UNE CHANSON DE GRÉGOIRE, LES UNIONS ENTRE ARTISTES VOIENT RÉGULIÈREMENT NAÎTRE DES PROJETS INÉDITS. TROIS DE CES RÉCENTS MARIAGES PASSENT DANS LE COIN.

David Edwards

Le groupe Flamin’ Groovies fête cette année ses 50 ans de carrière et continue de tourner avec son fondateur Cyril Jordan et son complice depuis le début des seventies Chris Wilson. Les Californiens, auteurs du mythique Shake Some Action, sont au Vauban à Brest le 19 juin.

F.F.S

TAGADA TSOIN TSOIN

UN DERNIER POUR LA ROUTE

KRISMENN & ALEM

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Le rigolo Boogers déboule cet été aux Charrues avec une idée bien fun : se balader tout le week-end sur la plaine de Kerampuilh façon homme orchestre. Le concept s’appelle Boogers Ghetto Blaster Party et c’est un bon moyen pour réveiller les mecs bourrés qui font la sieste entre deux apéros, « Gnnnn… kééézeucèèè ?? ».

L’acronyme de la fédération française de scoubidous ? Presque. En fait, la réunion des Écossais de Franz Ferdinand (le FF) et des Ricains de Sparks (le S). Traduction musicale : le meilleur de la dance rock des années 2000 avec les héros du glam des seventies. Et un gros niveau d’autodérision à en croire le dernier single en date des cocos, dénommé Collaborations Don’t Work… Idéal si vous aimez ? Accompagner le fish and chips de Jack Daniel’s Quand et où ? Le 4 juillet à L’Armor à Sons à Bobital

kaamelott

La session des festivals estivaux dans le coin se termine avec le festival du Roi Arthur. Organisé à Bréal-sous-Montfort, il accueille cette année une prog’ solidement éclectique, avec Bikini Machine, Akhenaton, Salut C’est Cool, Tiken Jah… Les 28 et 29 août. 6

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COUSCOUS CLAN

Gros fan des collaborations un peu fofolles, Rodolphe Burger s’est cette fois entiché de ce gros taré de Rachid Taha pour former un duo baptisé du pas très heureux patronyme de Couscous Clan. L’association des deux potes réunis sur scène propose un rock’n’raï hybride, généreux et gorgé de soleil, comme le dirait la pub. Ça devrait glisser tout seul à l’heure de l’apéro. Idéal si vous aimez ? Marier boîte de Garbit et ’teille de Beaujolais Quand et où ? Le 15 août au Chant de Marin à Paimpol

Dit comme ça, on se demande ce qu’un chanteur costarmorican de kan ha diskan et un vice-champion du monde de human beatbox peuvent bien faire ensemble. Tous les deux fers de lance new school de leur genre, ces garçons ont en réalité parfaitement compris que leur musique, leur style et leur rythme convergeaient joliment. Fruits de leur union : un EP et un paquet de dates en BZH. Idéal si vous aimez ? Boire du cidre avec un burger Quand et où ? Le 9 juillet à Guémené, le 11 juillet à Mûr-de-Bretagne, le 19 juillet aux Vieilles Charrues à Carhaix, le 26 juillet au festival Ceiliv’ à Quimper, le 31 juillet au Bout du Monde à Crozon


Bikini

DU POPPERS CHEZ TON BURALISTE

D’ABORD RÉSERVÉS AUX SEX-SHOPS, CES MINI-FLACONS SONT AUJOURD’HUI EN VENTE AU TABAC DU COIN. Depuis quelques mois, la marque de poppers Urban Fever a investi le réseau des débitants de tabac. En BZH, elle est présente dans une centaine de points de vente. « C’est un circuit intéressant car de proximité, justifie Hervé Sebag, son responsable commercial. On compte 28 000 buralistes dans le pays, cela représente 11 millions de passages quotidiens. Notre objectif est d’être dans chacun de ces commerces. » Si ce vasodilatateur, initialement utilisé en médecine, a été d’abord détourné dans un but sexuel (aphrodisiaque), il l’est également à des fins récréatives (euphorisant). « C’est sur l’aspect festif qu’on communique. Il y a toujours le tabou du sexe, en témoignent les réticences que certains buralistes avaient au début. » Une vente que les sex-shops, principaux lieux à en proposer jusqu’à présent, n’approuvent pas des masses. « Au-delà de l’aspect concurrentiel, je ne pense pas qu’un bureau de tabac soit le lieu adéquat, estime Michel Jézéquel, gérant des quatre Dorcel Store dans l’Ouest. Le poppers reste un produit particulier, qui n’a pas forcément sa place dans un commerce grand public. » 7


WTF

FESTIVALS : CE QUE VOUS AVEZ FAILLI VOIR David Bowie aux Charrues : un concert qui aurait eu de la gueule. Le dandy londonien était à l’affiche de l’édition 2004 mais une angioplastie le contraint à annuler l’ensemble de sa tournée cette année-là. « Ça reste notre plus grosse déception », reconnaît le programmateur Jean-Jacques Toux. Sans compter quelques fantasmes encore à accomplir, un jour, sur un malentendu, comme Daft Punk (« Tous les ans, on passe un coup de fil à leur tourneur, au cas où... ») ou Radiohead (« Une année ça s’est joué à trois jours près, à cause d’une date en Asie… »).

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GROUPES DÉPROGRAMMÉS, ANNULATIONS DE DERNIÈRE MINUTE, COUPS FOURRÉS… ENTRE LA PROG’ RÊVÉE PAR LES ORGANISATEURS ET LA RÉALITÉ, IL Y A PARFOIS QUELQUES DIFFÉRENCES. À NOS ACTES MANQUÉ-ÉÉÉ-ÉÉS !

Radiohead (photo), c’est LE gros regret de François Floret, boss de La Route du Rock : « Dans les années 90, on bossait avec la tourneuse du groupe en France donc ça aurait dû se faire mais elle nous a fait un sale coup en organisant un concert à Paris plutôt qu’à Saint-Malo. » Et puis il y a les ratés pour des raisons plus fumeuses. À La Route du Rock, ce fut le cas de Primal

Scream en 2000, « qui annule la veille parce que les mecs sortaient d’une fiesta et étaient trop défoncés pour prendre l’avion ». Au rayon des fainéants, Matthieu GuerreBerthelot d’Astropolis recense « DJ Hell, en 2007, qui prétexte un mal d’oreilles. Bon en vrai, il était en vacances à Ibiza… » Enfin, il y a le mystère Tracy Chapman, qui laisse à Jacques Guérin du Bout du Monde un sentiment de frustration : « En 2013, on avait une option pour sa venue : chouette ! Sauf que finalement elle a annulé tous ses concerts de l’été sans jamais qu’on ne reçoive aucune explication. »

Michèle Borzoni

MARIAGE POUR TOUS !

D’amour ou arrangé ? Polygamie ou polyandrie (comme ici en Himalaya, photo) ? Avec une fille ou un garçon ? Pour la vie ou pour la nuit ? Pas de doute : le mariage est multiple. Si le modèle occidental tend à se diffuser dans le monde, il en existe en réalité une pluralité, quels que soient les continents, les cultures et les époques. Une diversité mise en lumière par l’exposition Petits arrangements avec l’amour à l’abbaye de Daoulas. Du 19 juin au 3 janvier 2016.

JEU-CONCOURS : QUI VEUT SON PASS ? On vous invite en festival ! À choper sur notre Facebook et Twitter, des places pour : les Vieilles Charrues, le Bout du Monde, Au Pont du Rock, Le Roi Arthur, Au Foin de la Rue… Stay tuned ! 8

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TEDx Rennes

MAIS C’EST QUOI, TEDX ?

AVEC LEUR STYLE À L’AMÉRICAINE, LES CONFÉRENCES TEDX SÉDUISENT DE PLUS EN PLUS. ONE MORE THING... Ne pas confondre Ted, comédie timbrée avec un pedobear, et TED, l’acronyme de “Technologie Entertainment and Design”. « C’est une fondation née dans les années 80 en Californie dont le but est d’organiser des conférences pour mettre en avant des “idées qui valent la peine d’être diffusées” », démystifient Sophie Bertaux et Régis Bozec, de l’asso rennaise qui organise chaque année un événement baptisé TEDx. « Le “x” a son importance car il est le signe de notre indépendance dans le choix des intervenants. On est simplement lié à la fondation par le respect des règles édictées par la licence TED. » Laquelle impose des interventions de 18 minutes précises (« le temps mesuré pendant lequel un cerveau humain peut rester concentré sur une chose ») et un style à l’américaine, au croisement d’une keynote d’Apple et d’un one-man-show de Louis CK. L’édition 2015, la 4e à Rennes, a pour thème “Sens Ascensionnel !”. « Les intervenants retenus se relaieront pour parler de leurs initiatives. Ils ne sont pas là pour se vendre mais pour donner, par leurs actions, matière à inspiration au public. » Le 6 juin au Parc Expo de Rennes 9


WTF

KANABEACH : LE KOMEBACK

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ORANJE IS THE NEW BLACK

DEUX ANS APRÈS AVOIR COULÉ, LA MARQUE DE SURFWEAR S’APPRÊTE À FAIRE SON RETOUR. À SA TÊTE, UNE NOUVELLE ÉQUIPE QUI A DÉCIDÉ DE S’INSTALLER AU PAYS BASQUE. CE QUI LAISSE LES ANCIENS DE LA MAISON SCEPTIQUES.

Le groupe Jungle By Night a été l’une des révélations des dernières Trans. Ils sont neuf sur scène, viennent des Pays-Bas et font dans l’afrobeat. Un mélange de funk et de jazz bien gaulé qui repasse dans le coin pour deux festivals : le Bout du Monde à Crozon le 31 juillet et Les Escales à Saint-Nazaire le 7 août.

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OUI, QUI EST LÀ ?

Dans la petite bourgade d’Hédé, entre Rennes et Saint-Malo, le festival de théâtre contemporain Bonus fête cet été sa 5e édition. Comme toujours, un rendez-vous pluridisciplinaire et assez barré, avec cette année Conférence de Choses, une pièce de Pierre Mifsud (photo) conçue comme une page Wikipédia. Du 21 au 23 août.

COUCOU TOI !

newcomer

Oh tiens, un nouveau festival ! Le 27 juin, l’asso Ille & Zick de Montreuil-sur-Ille (35) organise son premier événement du genre, avec un plateau de choix à base de groupes locaux de qualitay : The Madcaps, Craftmen Club, Pan, Cut The Alligator, Edith Presley… 10

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Enfin le retour du « All different but all together » ! En juin, la célèbre marque de surfwear Kanabeach revient après deux ans d’absence. L’entreprise, créée en 1986 à Locmaria-Plouzané, près de Brest, était devenue en vingt ans une référence. À sa plus belle heure, la boîte a compté jusqu’à plus de 200 salariés. Mais en 2013, bam ! Elle s’était cassée la gueule. Autre coup dur : le décès du fondateur Frédéric Alegoët quelques mois plus tard. Rachetée ensuite par le Rennais Oberthur (l’un des leaders de la vente sous licence de fournitures scolaires) qui a continué à faire vivre la marque en papeterie (agenda, trousse...), Kanabeach voit aujourd’hui renaître son volet textile avec, aux commandes, Jean-François Plathier. L’ex-président de Kanabeach Amérique du Nord s’est entouré d’une nouvelle équipe de quatre personnes, dont le graphiste Olivier Mauroux, un ancien de la marque 64, et une styliste basque espagnole. Leur première collection se veut plus grand public, « loin des clichés de tribus », vend son patron. Celui-ci compte ouvrir des magasins, d’abord basques et bretons.

au succès de l’aventure. « Je leur souhaite de réussir mais il faut du courage pour relancer une marque de textile en pleine crise », lance un ancien. Le choix d’installer le siège au Pays basque (à Bidart), au plus près des plus gros spots de surf français mais loin du berceau finistérien, fait aussi grincer quelques dents. « Il y avait une âme bretonne. Là, ça n’a plus rien à voir», s’indigne le même salarié. « Pour moi, Kanabeach, c’est la créativité. Si c’est pour reprendre les modèles qui se faisaient sur la fin et fabriquer en Asie, je ne vois pas l’intérêt. J’aimerais voir du made in Europe (les premières productions se feront au Portugal, ndlr) », poursuit un autre ancien de « ÇA N’A PLUS RIEN À VOIR » la maison. La nouvelle équipe semble Mais le retour de Kanabeach laisse consciente du « défi de taille » qui un goût amer à certains, encore tou- l’attend. Elle a même choisi un nom chés par la chute d’une entreprise de site (kanabeach.bzh) avec extenchouchou à Brest. Sous couvert sion régionale à la clé. Reste à savoir d’anonymat, pas mal d’ex-salariés si cela sera suffisant pour reconavouent être peu optimistes quant quérir les Bretons. Isabelle Jaffré

Kanabeach - publicité de 1995

UNE RENAISSANCE


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COMMENT FONT LES CHANTEURS DE METAL ?

LE CHANT SATURÉ, CE N’EST PAS QUE DES MECS QUI BEUGLENT DANS UN MICRO. BIEN AU CONTRAIRE. Tous ceux qui ont assisté à un concert de metal ont dû se demander comment le chanteur pouvait encore avoir des cordes vocales dignes de ce nom. C’est pourtant simple : faire saturer sa voix requiert une vraie technique qui, si elle est bien appliquée, n’affecte en rien la santé d’un artiste. Bonne nouvelle. D’autant plus qu’il existe plusieurs types de chant saturé. Alexxx, du Hellfest, précise : « Le black metal, le grindcore... Tous ces genres se définissent par le type de saturation de la voix. Un chanteur de black ira plutôt dans les aigus, alors qu’un chanteur de death prendra plus une voix de lavabo. » Prof de chant, Laëtitia Jehanno (qui anime un atelier sur ce thème le 3 juin au Jardin Moderne à Rennes) insiste pour rappeler que cette pratique ne se limite en rien au metal : « Louis Armstrong par exemple l’utilisait, et plus largement des chanteurs de musiques plus ancestrales, comme les chants diphoniques tibétains. » Reste une question : comment faire ? « Lorsqu’on sature, on mobilise les bandes ventriculaires, ces muscles situés au-dessus des cordes vocales. À la différence de la voix claire qui, elle, fait appel à ces dernières. » B.M 11


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L’ ASIE : LE NOUVEL ELDORADO MUSICAL ? « On avait été sélectionné dans le cadre du Tokyo International Music Market, équivalent du Midem en Asie, ce qui nous a permis de bénéficier d’une subvention pour jouer sept concerts au Japon. » Octobre 2011 : Xavier et ses potes d’Im Takt se tapent une tournée au pays du Soleil-Levant. Une belle aventure mais « pas de retombées car le projet n’était pas suffisamment abouti ». Au moins les Brestois peuvent se considérer comme des pionniers, tout comme les Rennais de Fago Sepia, dont fait partie Ghislain, par ailleurs leader de Mermonte. « Un label local nous avait contactés

Olivier Bastide

LES RENNAIS JUVENILES, MANCEAU ET CLARENS VIENNENT DE BOUCLER UNE TOURNÉE À L’AUTRE BOUT DU MONDE. AVANT EUX, D’AUTRES GROUPES BRETONS AVAIENT AUSSI TENTÉ LE COUP. UN MARCHÉ PORTEUR ? CON-NICHON-AAH !

pour faire un split avec un groupe de là-bas. Peu de temps après, ce même label m’a proposé de signer les deux albums de Mermonte. C’est un marché assez pointu, les Japonais aiment la musique indé et achètent beaucoup de CD. Du coup on peut vite se trouver avec une fan base, Mermonte y a même un groupe de reprise ! »

Le cas le plus récent concerne Juveniles, Clarens et Manceau (photo). Sous la bannière “French Miracle Tour”, ces Rennais ont effectué une série de concerts en Chine, Corée du Sud, Taïwan, Indonésie et Singapour pendant un mois ce printemps. Une réussite ? « C’est difficilement mesurable, ce sont des investissements sur la durée, tempère le producteur de la tournée, Ismaël Lefeuvre. Mais c’est un moyen de pénétrer un marché aux capacités insoupçonnées. En Chine, on compte pas moins de 300 festivals par an. Et on parle de centaines de milliers de personnes… » Soit autant de nouveaux fans potentiels.

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LE PRINCE DE LA VIGNE

Toujours un plaisir d’accueillir Gérard Baste en BZH. Pour la première édition du festival des Deux Cloches à Pédernec (22) les 28 et 29 août, le plus punk des rappeurs débarque avec sa gouaille, ses lyrics avinés et un décapsuleur en guise de micro. En attendant l’arrivée de son album solo Le Prince de la vigne. .

DANS LES BACS, MENTION BIEN Quelques sorties printanières de skeuds sont à signaler dans le coin, notamment le deuxième album de Camadule Gredin, intitulé II et dispo depuis début mai. Parmi les autres news : l’album de Pocket Burger, le dénommé :(:, ainsi que l’EP de Les Gordon Les Cheveux Longs. Enfin, Promises of the Pale Night, le nouvel album de The Last Morning Soundtrack, arrive en septembre. 12

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en croire ses adeptes, le tourisme collaboratif serait en passe de détrôner les vacances tradi faites d’autoroutes bien reuch, de campings 4 étoiles, de visites payantes et de glaces en terrasse, le tout pouvant vite niquer en quinze jours les économies d’une année. Le tourisme collaboratif, en gros, ça consiste à voyager par l’entraide pour dépenser le moins possible et à sortir des circuits classiques pour retrouver des réflexes de partage. Une expérience moitié crevard, moitié militant. Prenez Nicolas Breton par exemple. Il y a deux ans, ce jeune homme de 27 ans a fait un tour du monde pendant quinze mois en claquant « 22 € par jour tout compris pour dix pays visités : Cambodge, Laos, Thaïlande, Inde, Zimbabwe, Argentine, Bolivie, Pérou, Brésil et Colombie. Faut avoir du temps et le goût de l’aventure

pour s’adapter aux situations inconfortables, mais je suis la preuve que c’est possible de parcourir la planète sans trop dépenser et en vivant une expérience humaine inoubliable. » Faire le tour du monde sans le moindre sou, c’est aussi ce qu’a expérimenté Benjamin Lesage avec deux copains entre 2010 et 2014. Des Pays-Bas au Mexique, en passant par le Maroc, le Brésil et la Colombie, cet ancien étudiant en com’ de 30 ans a parcouru une partie du globe en bannissant tout échange monétaire. « La clé, c’est le partage. À défaut d’argent, on donne de notre temps et de notre énergie. Lorsqu’un voilier a accepté de nous transporter pendant trois semaines, on n’est pas resté glander : on aidait au nettoyage et on donnait des cours d’anglais aux enfants à bord. » À ceux qui seraient tentés d’envoyer bouler patron et banquier pour devenir « routard professionnel » (sic),

« Allez bordel, la prochaine bagnole, c’est la bonne » 16

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Benjamin émet tout de même quelques réserves. Et rappelle que voyage et vacances sont deux choses différentes. « Marcher, faire du stop, glaner de la bouffe, trouver un endroit où dormir : on peut pas dire que ce soit reposant. Il faut en avoir conscience avant de s’engager dans pareille aventure. » On en a bien conscience. Et n’ayant de toute façon pas le temps pour aller visiter le temple d’Angkor ou le Machu Picchu, mais souhaitant quand même expérimenter la chose, on s’est fixé un objectif à notre portée : quitter la capitale bretonne pour deux jours, traverser la Bretagne d’est en ouest et filer à l’autre bout de la région avec seulement 10 € en poche chacun et une tente sur le dos. Crozon, on arrive !

Bière à 0,59 €

Rennes, 9 h 37, au bord de la RN12. C’est ici que notre périple commence. Première étape visée : Morlaix. Matos : un carton, un marqueur noir et un sourire Colgate pour inspirer confiance. Une heure d’attente ponctuée par quelques moments pessimistes (« faudrait p’tet regar-


der les horaires de car, non ? »), de confiance exacerbée (« allez bordel, la prochaine bagnole c’est la bonne ») et de trollages de la part de conducteurs taquins (« le connard, il a fait exprès de mettre son clignotant sans s’arrêter ! »), avant que Ronan et J-B, deux Finistériens de 26 ans, garent leur Scenic au bord de la route. « On va à Brest. On vous dépose si vous voulez », nous proposent ces deux gaziers, étudiants experts-géomètres qui avouent avoir eux aussi déjà levé du pouce. « Quand les stoppeurs ont un panneau, je prends », informe Ronan, qui nous dépose peu après Morlaix sur la route de Quimper. On n’y patiente que dix minutes avant qu’un couple de quadra nous récupère. Encore une Renault avec, accrochée au rétroviseur, une figurine de Titi et Grosminet. Dans l’autoradio, un best-of de Claude François (« BA-RRA-CU-DAAA ! ») nous accompagne jusqu’à notre descente à Châteaulin. Cette fois, c’est un fan de Booba et de Major Lazer qui nous embarque dans sa vieille Golf, direction la presqu’île de Crozon à fond les ballons, avec des pointes

« P’tet moyen de squatter la cabine d’un bateau ? » à 130 km /h sur une route à 90. Un bel hommage à Paul Walker. Nous voici donc arrivés à destination à 15 h 15 précisément. Cinq heures et demie auront été nécessaires : satisfaisant, d’autant qu’on n’a encore rien déboursé. Ce sera fait le temps d’une courte aprem “loisirs” : visite de Serge le Lama, de passage dans le coin avec un cirque (2 €), et apéro à la sortie du Lidl (chips et canettes de bière 50 cl, 0,59 € l’unité).

« Une carafe d’eau » À 18h30, nous voici repartis en quête d’un lieu où poser la tente. On avait repéré sur le site Gamping (mix de garden et de camping) un terrain à 7 € la nuit. Une sorte d’AirBnB du jardin. Lancée en 2014, la plateforme Owlcamp propose même quant à elle la possibilité de bénéficier d’un terrain gratos. « Les hôtes peuvent mettre leur pelouse à disposition de trois façons : gracieusement, en

échange d’un service (nettoyage ou jardinage par exemple) ou d’une petite compensation financière, explique Émeline Foissey, cofondatrice. Comme tout projet collaboratif, ce sont les rencontres et le partage qui sont au cœur des motivations. » Sauf que le numéro chopé sur le Net sonne dans le vide. Les aléas du séjour à l’arrache… 19 h 30, on pose notre cul au centre nautique de Morgat, un petit port qui touche Crozon, avec le ventre qui commence à gargouiller (« il reste des chips ? ») et le doute qui s’installe (« P’tet moyen de squatter la cabine d’un bateau ? »). Si l’option camping sauvage fait son chemin, on se décide à tenter notre chance chez l’habitant. Coup de bol, la première maison où l’on toque est la bonne. « Bonsoir, est-ce qu’on pourrait poser notre tente dans votre jardin pour la nuit ? - Bien sûr, pas de souci. » Yepaaaa. Les gentils hôtes se nomment Jean-Michel 17


« Une pelouse sans bosse ! » Le voyage retour s’effectue encore plus rapidement que l’aller, grâce à un relais que Patrick Montel pourrait juger de techniquement parfait : une babos en camtar, puis un retraité plaisancier, un ouvrier (« je devrais pas vous prendre dans le camion, mais pour quelques kilomètres y’a pas de souci ») et, enfin, un jeune couple de Franciliens qui nous dépose au pied de la rocade rennaise dans un finish digne de Marc Raquil. Mission accomplie, avec même encore quelques pièces à traîner dans le fond de nos poches. Notre modeste expérience nous aura permis de constater qu’il y a bien moyen de voyager sans thune. Dans la colonne des plus, ce petit périple nous aura offert un inattendu dépaysement, au sens où un

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et Sabine, couple de Parisiens venus avec leurs enfants en vacances dans leur maison secondaire. Sur nos 20 € de budget, seuls 6,09 € ont été dépensés jusqu’à présent. De quoi se permettre une crêperie pour le soir. Au menu : une galette jambon et une crêpe sucre. « Avec une carafe d’eau », soyons fous. Addition : 11 € pour deux personnes. Le lendemain, Sabine et Jean-Mich’ nous offrent le p’tit dej et leur salle de bain (dans le cas contraire, on avait repéré un bon plan au centre nautique : 2 € la douche). « L’an passé, deux jeunes filles en vadrouille nous avaient déjà demandé si elles pouvaient dormir dans le jardin », nous racontent-ils entre deux pains au lait.

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tel mode de voyage permet de vite sortir de son train-train. C’est aussi assez excitant de ne rien planifier et chaque petit événement se vit comme une victoire (« Mate la voiture, elle freine ! Wéééééé. » « Une pelouse sans bosse ! Trop cool. »). Dans la colonne des moins, faut reconnaître que ce n’est pas le périple le plus reposant qu’il nous ait été donné de vivre. Et passer plusieurs semaines, voire plus, à ce rythme doit être bien crevant. Rejoindre une destination sans argent, en commençant le voyage à oilpé sur le bord d'une route, c’est le concept de l’émission Nus & Culottés, dont la saison 3 sera diffusée cet été sur France 5. Elle s’inscrit dans la lignée de la série à succès d’Antoine de Maximy J’irai dormir chez vous. Depuis l’été 2012 donc, Nans (le brun) et Mouts (le blond), deux anciens étudiants ingénieurs, nous font partager leurs aventures. Elles consistent à se démerder pour trouver de quoi s’habiller et accom-

« Partir, mais chez nous, avec notre bite et notre couteau » 18

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plir la mission qu’ils se sont fixée : faire du parapente en Corse, grimper au sommet d’un pic alpin, rencontrer un druide en Bretagne... S’ils ont déjà pas mal bourlingué (Mouts a par exemple passé trois années en Amérique du Nord à voyager en stop et à dormir chez l’habitant), les deux garçons souhaitaient explorer leur pays d’une nouvelle façon. « Partir, mais chez nous. Sans sac ni argent, juste avec notre bite et notre couteau. Il n’y a pas qu’à l’étranger qu’on peut avoir ce sentiment de dépaysement. On peut être libre tout en étant au fin fond de la Haute-Marne », explique Mouts.

« Redonner foi en l’Homme »

Chaque numéro de Nus & Culottés est surtout un prétexte aux rencontres. « Le voyage est un magnifique terreau pour découvrir des gens à qui tu n’aurais jamais parlé autrement », estime Nans. Son compère poursuit : « C’est aussi une façon de montrer qu’il y a des gens sympa, chaleureux et accueillants en France, ce qu’on a parfois tendance à oublier… » C’est d’ailleurs sur ce point que porte la plupart des retours qu’ils reçoivent. « Beaucoup nous


Bonne Pioche

ont dit que cela leur avait redonné foi en l’Homme. On pense que c’est ce qui motive la plupart de ceux qui souhaitent voyager autrement : tous sont en quête d’empathie et ont soif de retrouver confiance en l’autre. » Des baroudeurs anonymes aux zigotos de France 5, les voyages alternatifs attirent un nombre croissant de prétendants. Un phénomène qui n’étonne pas non plus Benjamin Lesage. « Nous sommes nombreux dans le monde occidental à nous rendre compte que la richesse provient également du partage. Je ne suis pas là pour remettre en cause le système : juste le corriger, le faire évoluer dans une direction plus humaine. » Même si Nans préfère prévenir les casse-cou trop ambitieux : « L’aventure, c’est la découverte passionnée de l’inconnu. Mais il faut savoir respecter sa “zone de confort” et y aller progressivement. » En clair, avant de tenter le road-trip sans argent au cœur de l’Asie, commencez par un week-end pas trop loin de chez vous en stop et couchsurfing. Ça sera déjà pas mal. Et si vous choisissez Crozon, passez le bonjour à Sabine et Jean-Mich’ de notre part. Régis Delanoë et Julien Marchand 19


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PARTIR... COMME AU CINÉ EN STOP

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Pouce levé et chaussures crados : les Ricains appellent ça un hobo. Un vagabondage célébré dans le film Sur La Route de Walter Sallès, adapté du bouquin de Kerouac (bouquin top, film moins top). Sans oublier le classique Into the Wild de Sean Penn.

EN MOTO

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À l’image de la Route 66, le périple en bécane reste un fantasme pour pas mal de routards. Ce qu’ont entrepris Gael Garcia Bernal et Rodrigo De la Serna dans Carnets de voyage où ils partent à la découverte de l’Amérique du Sud sur une Norton 500 cm3 de 1939. Plus proche de nous, Depardieu dans Mammuth. Moins glam’ ouais.

allers-retours entre le Pacifique et l’Atlantique. Pour un bilan carbone bien meilleur que celui de l’A320.

EN TRAIN Nul besoin de carte 12-25 pour mater Boxcar Bertha, vieux film de Scorsese sur le voyage d’une victime de la Grande Dépression à bord d’un wagon à bestiaux. Autre trip sur rails : celui de Jason Schwartzman, Owen Wilson et Adrien Brody dans le Darjeeling Limited de Wes Anderson. Tchou-tchouu !

EN FAUTEUIL ROULANT

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Deux voisins se retrouvent paralysés des deux jambes après qu’une benne de tracteur leur soit tombée dessus. Ils décident alors de se rendre en fauteuil roulant, jusqu’en Finlande où EN BASKETS se trouve le constructeur du matériel Près de 30 000 kilomètres : c’est agricole pour lui réclamer des indemla distance parcourue en courant nités. Aaltra, un road-trip à roulettes par Forrest Gump pour ses quatre signé Kervern et Delépine en 2004.

« CE GENRE DE VOYAGE EST IMMÉMORIAL » Saskia Cousin, anthropologue et maître de conférence à Paris Descartes. À quand remonte le tourisme collaboratif ? L’expression est récente mais le voyage basé sur l’hospitalité est immémorial. Déjà, à l’époque d’Ulysse... Le concept de couchsurfing ou celui de la location entre particuliers est aussi très ancien. Au 19e siècle par exemple, certains paysans et pêcheurs bretons louaient leurs maisons aux urbains pendant les beaux jours. La différence avec aujourd’hui 20

est la simplification de l’accès à l’échange par le biais des réseaux sociaux. Finalement, ce qu’on désigne comme tourisme collaboratif, c’est simplement le fait d’éviter de passer par l’industrie de l’hébergement. Menace-t-il le tourisme classique (centres de vacances, campings...) ? Effectivement, je pense que nous assistons au déclin du

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modèle du tourisme de masse et de l’hôtellerie standardisée né dans les années 50. On peut aussi s’inquiéter pour le monde des experts (guides, etc.), car aujourd’hui on fait confiance à ses pairs, via TripAdvisor par exemple, plus qu’aux professionnels pour faire nos choix. C’est la fin de la démocratisation touristique et l’avènement de la démocratie touristique. S’agit-il d’un tourisme “de classe” ? Pour le moment, il est surtout pratiqué par des jeunes issus des catégories sociales plutôt aisées. Cela correspond à l’idéal

du voyage qui transcende les époques : une découverte et des échanges considérés comme authentiques car non marchands. Les enfants des classes populaires sont moins nombreux à pratiquer ce type de tourisme car ils n’ont pas été socialisés dès l’enfance à cette façon de voir le monde. De plus, pour échanger, il faut avoir soi-même un bien et avoir été élevé dans la confiance en l’autre. C’est un paradoxe : les personnes qui ont un capital élevé (culturel, social, financier) sont ceux qui bénéficient le plus de la consommation collaborative et de cette économie de partage.


Bonne Pioche

CES VOYAGEURS TAPENT-ILS L’INCRUSTE ?

En regardant les aventures d’Antoine de Maximy dans J’irai dormir chez vous (photo) ou celles de Nans et Mouts dans Nus & Culottés, n’avez-vous jamais eu le sentiment qu’ils avaient une certaine tendance à s’inviter chez les gens ? Voire même parfois à leur forcer un peu la main pour squatter leur canap’ ou taper dans leur frigo ? Voyager (volontairement) sans argent, alors qu’on a en réalité les moyens, peut dérouter. Ces vagabonds intérimaires ne profiteraient-ils pas de la gentillesse et de l’hospitalité de personnes parfois plus modestes qu’eux ? Benjamin Lesage, qui a baroudé trois années sans un sou, reconnaît s’être pas mal interrogé sur cette situation. « J’étais assez mal à l’aise au début à l’idée d’aller vers les gens et de “mendier”. On vit quand même dans une société qui prône l’indépendance et où les préjugés sont nombreux sur les personnes qui bénéficient d’aides. » Pour Mouts, également conscient de cette problématique, « il apparaît important de trouver un bon équilibre entre recevoir et donner. Même si les gens t’offrent les choses de bon cœur, ce n’est pas agréable d’être tout le temps en bout de chaîne. Il faut en devenir l’un des maillons et être, à un moment, en capacité de rendre. Mais pas forcément de l’argent ou un bien matériel : ça peut être du temps, de l’écoute, un coup de main… » 21


DOSSIER

« AU SERVICE DES ARTISTES » TECHNICIENS, ROADIES, RÉGISSEURS, BACKLINERS... ILS SONT LES HOMMES DE L’OMBRE DE CHAQUE CONCERT. ON A ÉTÉ À LEUR RENCONTRE, DANS L’ENVERS DU DÉCOR. 22

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u m’entends J-C ? Test. Un-deux. Un-deux. Unnnnnn-deux. OK, c’est bon ! » Sur la scène du Magic Mirror, au milieu des instruments et des amplis, Flo navigue de micro en micro pour s’assurer que tout est correctement branché. Quasiment toujours avec un câble à la main, ce garçon de 34 ans multiplie les allers-retours entre la scène et sa console de mixage dont il semble régler les différents boutons au millimètre près. « J’crois qu’on est pas mal là… Bon, p’tite clope ? » Flo fait partie des cinq membres de l’équipe technique de Christophe Miossec qui, en cette soirée d’avril, inaugure la 19e édition du festival Mythos à Rennes. C’est déjà sa deuxième tournée avec le chanteur brestois où il officie en tant qu’ingénieur du son “retour”. En clair, le son destiné aux artistes sur scène. « Mon boulot est plutôt simple : mettre les musiciens dans les meilleures conditions d’audition possibles », résume cet Angevin qui exerce depuis une quinzaine d’années dans le métier (« j’ai pas mal bossé sur les concerts de Tété, La Ruda, et dans quelques salles aussi »). 23


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DOSSIER

Arrivés à 14 h sur Rennes, les techniciens de Miossec précèdent le reste de l’équipe qui, elle, n’arrivera qu’une heure et demie après. Sur le plateau, c’est toute une famille de techos (sonorisateur, backliner, éclairagiste, rigger…), souvent désignés sous le terme fourre-tout de “roadies”, pour “road crew members”, qui s’affairent à installer le matos. « C’est notre rôle d’être là avant les musiciens. Il faut que tout soit prêt avant qu’ils n’arrivent pour les balances », explique JeanPhilippe Pernet, 43 ans, le régisseur.

« Un œil sur tout » J-P, c’est le boss de la tournée, celui qui doit (pratiquement) tout gérer. « Louer les camions, vérifier les réservations d’hôtel, m’occuper de la bouffe, gérer le parking, checker les instruments, tenir le planning, disposer les bouteilles d’eau… Il

faut que j’aie un œil sur quasiment tous les aspects de la tournée. » Un job qui nécessite de jongler entre, d’un côté, les impératifs de production et, de l’autre, les souhaits des artistes. « Je suis là pour anticiper le moindre souci et faire en sorte que tout se passe bien pour Miossec, précise J-P. Après, c’est sûr que c’est un métier où faut aimer les emmerdes. Là tu vois, je viens tout juste d’apprendre qu’il y a une annonce de grève dans les transports aériens alors qu’on doit décoller demain pour une date à La Réunion. Du coup, faut que je suive ça pour trouver une solution. » S’il avoue ne pas avoir vraiment de formation, cela n’a pas empêché Mathieu Faver, 26 ans, de devenir, de son côté, le régisseur du groupe The Craftmen Club en 2008. « Avant ça, j’étais dans une asso qui avait monté un petit festival

« C’est sûr que c’est un métier où faut aimer les emmerdes » 24

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dans les Côtes d’Armor. C’est là où j’ai connu Yann, le batteur, qui m’a proposé de les rejoindre. Ils avaient besoin de quelqu’un. J’ai attaqué direct dans le dur : en deux ans, on a dû faire pas loin de 120 dates. L’équipe était réduite, alors je me suis vite retrouvé à faire un peu tout : du remplacement de la corde qui pète sur scène à la gestion du planning de tournée, en passant par la conduite de camion. »

« Dans le même bateau » Ce rôle de chef de colo, Nathan Herveux a lui aussi choisi de l’endosser. C’est sur le parking de La Nouvelle Vague à Saint-Malo, lors de l’édition hivernale de La Route du Rock, qu’on l’a rencontré à sa descente de minibus (sponsorisé par les bières 8.6, la classe). Nathan est l’homme à tout faire du groupe Grand Blanc. Régisseur de tournée, il en est aussi l’ingé-son. De quoi bien l’occuper et lui filer quelques cheveux blancs après une saison 2014/2015 à fond la caisse pour la formation messine.


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Une suite logique pour ce garçon de 22 ans qui « essaie de s’impliquer de bout en bout dans le projet Grand Blanc ». Et pas que sur les dates de concert. Sa collaboration avec les quatre membres se poursuit également en studio. « Je travaille avec eux sur les structures des morceaux. Je suis souvent leur première oreille. Quand l’EP est sorti, j’étais plutôt fier d’être crédité comme réalisateur. » « Je pense que le groupe le considère comme le 5e membre, estime de son côté Yannick Poinsignon, le manager. Celui qui travaille pour Grand Blanc mais qui ne monte pas sur scène. » Justement, ce travail de l’ombre n’estil pas un peu frustrant, pour ne pas dire ingrat ? N’a-t-on pas parfois le sentiment de se taper le sale boulot pendant que les autres, eux, se font applaudir ? Pour Jean-Christophe, sonorisateur façade (le son pour le public, quoi) sur la tournée de Miossec, la question ne se pose pas. « Si tu fais ce métier pour avoir une reconnaissance du public, il faut tout de suite arrêter. À chacun sa place. D’un côté les techniciens, de l’autre les artistes. 25


DOSSIER

Et puis, tout le monde n’a pas l’envie et surtout le talent pour être sur scène. » Même topo pour son collègue Flo : « Je reste dans l’envers du décor, mais ça ne me dérange pas. Je n’ai pas fait ce boulot par défaut : la technique, ça m’éclate. Et cela ne m’empêche pas d’avoir le sentiment d’être dans le même bateau que le reste de l’équipe. Avec cet objectif commun : que le concert se passe bien. » Pour le journaliste rock Pierre Mikaïloff, pas de doute : le roadie s’avère un membre à part entière du collectif. « C’est une personne de confiance, quelqu’un sur qui on peut compter et dont on sait qu’il fera bien son boulot. C’est pour cette raison qu’un artiste a souvent tendance à demander la même équipe de techniciens. »

un patron, un collègue ou un pote. Former une petite famille pendant plusieurs semaines, 24 heures sur 24, en parcourant des milliers de kilomètres dans un camion, ce n’est pas la même chose que de saluer son voisin de bureau chaque matin à la machine à café. Si les choses sont claires pour l’expé« Allez vous coucher » rimenté J-P qui a 21 ans d’orgaOK, mais quelle relation entre- nisation de concerts derrière lui tiennent-ils avec les artistes ? Dans (« Avec Miossec, c’est une relation le cadre particulier qu’est la vie de de vieux couple. On n’a pas forcétournée, il peut s’avérer parfois ment besoin de se parler, chacun difficile de savoir si on bosse avec sait ce qu’il a à faire »), la situation

ILS SONT PASSÉS DE L’OMBRE DES COULISSES AUX LUMIÈRES DE LA SCÈNE. MAIS QUI DONC ? 26

est un peu plus compliquée pour Nathan. « Dans l’équipe, on est tous potes. Benoît (le chanteur, ndlr), je le connaissais avant que le groupe ne soit créé. En tant que régisseur, ça aurait pu être compliqué, surtout quand je dois faire la police avec eux, mais ça va. J’ai l’étiquette du mec sérieux de la bande, mais j’assume. » Un cul entre deux chaises qu’a aussi connu Mathieu avec les Craftmen Club. « Même si ce sont des amis, il y a des moments où t’es obligé de leur rappeler deux-trois trucs,

LEMMY

NIRVANA

NOIR DÉSIR

Avant de lancer le groupe de heavy metal Motörhead en 1975 et de devenir l’un des papes du rock’n’roll, ce bon vieux Lemmy Kilmister a multiplié les petits boulots dans la musique. Parmi les plus notables : roadie de Jimi Hendrix à la fin des années 60. Plutôt classe.

Melvins, groupe de rock ricain, a pas mal influencé la scène grunge. Pas étonnant d’apprendre donc que Krist Novoselic, le bassiste de Nirvana, a fait partie de son équipe technique au milieu des années 80. Cobain aurait également accompagné les Melvins sur quelques dates.

Avant que la carrière de Noir Dez’ ne décolle avec la sortie de Aux Sombres héros de l’amer en 1989, les Bordelais ont dû gagner leur croûte. C’est ainsi qu’ils se sont retrouvés à faire roadies sur une tournée de Peter Gabriel. C’est toujours mieux que Phil Collins.

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quitte à être chiant. Comme quand tu freines un peu les gars sur la picole parce que derrière faut enchaîner. » Surtout lorsque les musiciens ont l’âge d’être tes grands frères. « Les mecs ont en moyenne dix ans de plus que moi. Je ne peux donc pas leur dire “allez vous coucher”, j’essaie plus de leur faire comprendre que “ça serait bien de ne pas trop traîner, car demain on se lève tôt”… C’est pas toujours marrant d’être la bonne conscience du groupe mais bon, ça fait partie du job. » Julien Marchand

NOEL GALLAGHER En 1988, à Oldham, près de Manchester, le frérot de Liam postule pour remplacer le chanteur d’Inspiral Carpets qui jette l’éponge. Recalé, il est néanmoins embauché comme roadie. Une tâche qu’il occupera jusqu’en 1991, avant de fonder Oasis et de sortir Definitely Maybe en 1994. Un album produit, entre autres, par Mark Coyle... un ancien technicien d’Inspiral Carpets et, comme Noel, grand fan des Beatles. 27


DOSSIER

COMBIEN DE PERSONNES TRAVAILLENT SUR TECHNICIENS, CUISTOTS, VIGILES... QUELS SONT LES MÉTIERS PRÉSENTS SUR UN WEEK-END DE FESTOCHE ? BÉNÉVOLES ET

BAR ET RESTAURATION : 3 398 Sur l’ensemble des personnes employées (salariées ou bénévoles) par les Charrues, une sur deux s’occupe de vous nourrir ou de vous désaltérer. Elles sont réparties sur les bars (site et backstage) et en cuisine (stands, p’tit dej sur les campings, prépa des sandwichs, catering...).

STATIONNEMENT : 81 Elles sont dispatchées sur les parkings festivaliers et invités.

ACCUEIL ARTISTES : 180 Préparation des loges, transport, hébergement, accompagnement, demandes diverses et variées... Près de 200 personnes sont sur le pied de guerre pour assurer aux artistes et à leur staff le meilleur séjour carhaisien possible.

L’accueil des festivaliers comporte également la billetterie (contrôle des billets, pose bracelets et consignes). Au sein de ce poste, une équipe de 29 personnes est dédiée au “jardin des bénévoles” (espace réservé à ces derniers).

TECHNIQUE : 442 Les techniciens interviennent aussi bien pour la scène (son, lumière, plateau, montage, régie) que pour les installations générales du site (clôture, décoration, électricité, plomberie, gaz, informatique, téléphonie...).

Côté prod’, on y retrouve l’équipe du festival (les salariés de l’asso en CDI et CDD, ainsi que les stagiaires). Le service presse (41 personnes) qui, en plus d’aider les 500 journalistes accrédités, alimente le site web. Enfin, 27 courageux s’occupent de la compta lors de l’événement.

ESPACE VIP : 235 De leur accueil sur les parkings jusqu’aux gradins pour assister aux concerts, en passant par le buffet de petits fours, les partenaires du festival et les VIP sont choyés par 235 personnes. Tchin !

POSTE MÉDICAL : 43 Positionné sur le site et le camping, le personnel soignant accueille les festivaliers malades ou blessés. 28

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ARTISTES ET STAFF : 940 Sur l’édition 2014, ce sont en tout 69 formations qui ont été accueillies sur les quatre jours du festival. Chaque artiste était accompagné de son propre staff (musiciens, régisseur, manager, attaché de presse par exemple). Parmi les équipes les plus nombreuses : The Black Keys (52 personnes), Elton John (45), Stromae (39), Shaka Ponk (36), Arctic Monkeys (35). Et pour ceux qui préfèrent voyager léger ? Bakermat (2), Traams (4) et Benjamin Clementine (4) comptent des effectifs réduits.

MERCHANDISING : 233 Secteur en pleine croissance, les produits dérivés représentent une manne non négligeable pour tout festival. Aux Charrues, des boutiques sont installées à l’entrée, à l’intérieur du site et en espace partenaires.


UN FESTIVAL ? SALARIÉS : INVENTAIRE GÉNÉRAL DES CHARRUES 2014.

HÉBERGEMENT ET CAMPING : 145 Une bonne centaine de personnes sont réquisitionnées pour assurer la bonne gestion des différents lieux d’hébergement et l’organisation des douze campings gratuits, où 45 000 festivaliers se retrouvent durant le week-end.

Pour accueillir les festivaliers à mobilité réduite dans les meilleures conditions, un service dédié se met en place : parkings réservés, plateformes face aux scènes et joëlettes (fauteuils tout-terrain).

ENTRETIEN : 555 Au nettoyage quotidien du site, s’ajoutent désormais depuis 2010 la gestion et le lavage des gobelets consignés, ainsi que l’entretien des 120 toilettes sèches (inaugurées en 2009).

LOGISTIQUE : 138 Elles aident au bon fonctionnement et au ravitaillement des différents postes (alimentaire et matériel) tout le long du week-end.

SÉCURITÉ : 663 Les vigiles et agents de sécurité sont situés aux abords du site, à l’entrée du camping et sur l’ensemble des points d’accès répartis le long des 30 km de barrières. 29


DOSSIER

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ANNONCÉ COMME LE BLOCKBUSTER DE L’ÉTÉ, L’ÉPISODE 4 DE « JURASSIC PARK » VA (ENFIN !) REMETTRE LES DINOS SUR GRAND ÉCRAN. EN ATTENDANT SA SORTIE, ON A CAUSÉ FOSSILES, OSSEMENTS ET ADN AVEC DEUX PALÉONTOLOGUES. Didier Néraudeau, paléontologue et membre du laboratoire Géosciences de l’Université de Rennes 1 où il travaille avec Romain Vullo, chargé de recherches au CNRS. Tous deux étudient le gisement d’Angeac en Charente. 30

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Est-ce qu’on a déjà trouvé des fossiles de dinosaures en Bretagne ? Non, pour la simple et bonne raison que le Massif armoricain (c’est-à-dire la Bretagne, plus les zones périphériques normandes et vendéennes) est ancien. Il date de l’ère primaire. Une époque où sur terre il n’y avait quasiment pas de

vie, ou alors uniquement des invertébrés marins. Il n’y a pas les couches géologiques de l’ère secondaire qui correspondent aux dinosaures, donc pas d’ossements fossiles à trouver. Pas de traces, mais il y a quand même bien eu des dinosaures ? Romain Vullo : Durant tout le


Sinon, tous les autres principaux sites sont localisés au sud : Talmont-Saint-Hilaire en Vendée, Espéraza dans les Pyrénées, Angeac en Charente où j’ai notamment travaillé…

(le Tyrannosaurus, le Triceratops, le Velociraptor…) ne sont pas du Jurassique.

Est-ce que le film a fait naître des vocations ? Il a fait du bien au rayonnement Qu’est-ce qu’on y a découvert ? de notre métier. Avant, les paléonDans des gisements plus modestes tologues n’intéressaient pas grand dans l’est de la France, il y a des monde. Depuis, cela revient réguempreintes de pas assez phénomé- lièrement dans les médias. Pour ce nales de dinosaures herbivores. En qui est des vocations en revanche, Charente, les sites offrent un nombre la chose regrettable est que tous fabuleux d’ossements et de dents. les étudiants en paléontologie À Angeac par exemple, nous avons veulent faire du dinosaure. Et s’il trouvé en 2010 un fémur de 2,20 m y a bien un domaine où il n’y pas appartenant à un sauropode. Un de boulot, c’est celui-ci. En France record mondial à l’époque : cette actuellement, il n’y a que trois ou découverte faisait de ce dinosaure quatre personnes à travailler quasi le plus gros jamais connu (on esti- exclusivement sur cette question, mait alors sa taille à 40 mètres, ce qui est déjà énorme. Il n’y a pas ndlr). Avant que trois ans plus tard assez de gisements et de matériels des paléontologues argentins le pour occuper plus de spécialistes. relèguent au deuxième rang en La paléontologie aujourd’hui, c’est Secondaire, le Massif armoricain dénichant un fémur de 2,40 m. plutôt l’étude des plantes, des microétait en grande majorité émergé, et organismes, des invertébrés… les dinosaures habitaient bien cette Vous pensez quoi de Jurassic Park ? grande île boisée et tropicale. Le Je suis plutôt bon public. Et glo- Est-ce qu’un jour on peut espéproblème pour nous paléontologues balement content de voir que le rer, comme dans le film, créer un est que l’érosion a été supérieure au film ait suivi l’actualité scientifique. dinosaure à partir du sang d’un taux de sédimentation, ce qui fait Si on prend l’exemple du premier moustique coincé dans l’ambre ? que l’on n’a pas de dépôts préservés Jurassic Park, quand il est sorti Des moustiques dans l’ambre : les et donc pas de fossiles. Il n’y a pas en 1993, les dinosaures à plumes paléontologues en ont beaucoup de traces “in situ” mais des restes de Chine n’avaient pas encore été trouvé. On a un collègue libanais ont été charriés et accumulés sur découverts. C’est entre le tournage qui nous a montré une photo d’un les rivages marins du massif, là où du deuxième et du troisième film moustique avec plein de globules des sédiments de cette époque ont que cela est arrivé. Le conseiller rouges s’échappant de son abdomen. pu être conservés. scientifique de Spielberg lui a Mais cela a peu d’intérêt. Pourdonc demandé d’en rajouter sur quoi ? Car il n’y a pratiquement Les plus proches sont où ? les dinosaures carnivores qui en pas d’ADN préservé dans l’ambre. Sur les marges du Massif armo- possédaient. C’est le cas du Velo- On ne pourrait pas l’exploiter, les ricain, là où il s’ennoie sous les ciraptor notamment (la bande- bandes d’ADN seraient complèdépôts du bassin parisien et du annonce de Jurassic World, qui sort tement fragmentées. Déjà avec le bassin d’Aquitaine. La zone la le 10 juin, a néanmoins fait réagir sang d’un mammouth congelé, qui plus proche de nous pour voir des de nombreux paléontologues : les ne date que de quelques milliers dinosaures, c’est en Vendée. Velociraptor semblent avoir été d’années, on n’arrive pas à reconsdéplumés, ndlr). Après, il y a for- tituer un ADN complet. Alors avec Où sont les principaux gisements cément toujours des erreurs, comme un globule rouge séché de dinoen France ? les incohérences temporelles. Le film saure vieux de plus de 100 millions Il y en a un à Villers-sur-Mer, en s’appelle Jurassic Park alors qu’il d’années, il ne faut pas rêver. Normandie : on y a trouvé des n’y a pratiquement que des bêtes ossements datant du Jurassique. du Crétacé : les principales stars Recueilli par J.M 31


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ON A ÉTÉ AU JURASSIC PARK BRETON

Vous vous souvenez de la scène dans Jurassic Park quand les personnages découvrent depuis leur Jeep les dinosaures ressuscités ? Bouche bée, ils contemplaient une colonie de Parasaurolophus près d’un lac avant qu’un brachiosaure ne s’approche à quelques mètres d’eux. Plutôt badass ouais. Si depuis 1993 et la sortie du film de Spielberg on a toujours espéré voir une réserve zoologique de la sorte ouvrir, on avait fini par mettre nos envies jurassiques de côté et se faire une raison. Jusqu’à ce que l’on tombe dernièrement sur un dépliant touristique assez foufou, la brochure d’un parc qui nous promettait de « remonter le temps ». Ce lieu, c’est le “Parc de préhistoire” de Malansac, dans le 56. Un ancien site ardoisier de 25 hectares qu’Albert Ross a transformé en 1989. « J’ai toujours eu une passion pour l’histoire préhistorique. J’ai donc voulu créer un parc où raconter la vie des premiers Hommes : Homo erectus, Néandertal… Et puis, en 1992, j’ai intégré des dinosaures, retrace ce John Hammond 32

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morbihannais. En tout, il y a onze espèces différentes, toutes à taille réelle ! » Excités à l’idée de visiter ce parc (des dinos putain !) et amusés par certains commentaires chopés sur TripAdvisor (« Le T-rex est en surpoids »), nous nous y sommes pointés une aprem, curieux de voir de plus près ce lieu un peu WTF.

« Je trouve qu’il est mal foutu » Si le Tyrannosaurus a effectivement du bide, ses quinze mètres de long rattrapent un peu le coup. Et à ce jeu, le brachiosaure remporte le game haut la main : 14 mètres de haut pour 23 mètres de long. « Il est effectivement plutôt impressionnant », confirme Benoît Grémare, président des Éditions BenGrem. Installée à Vannes, cette asso de ciné amateur y a tourné l’an passé le court-métrage Crétacé Parc, une sorte de préquel de Jurassic Park. « On a imaginé comment Steven Spielberg et Michael Crichton (l’auteur du roman, ndlr) ont eu cette idée de scénario. Dans l’asso, on est tous des gros fans du film. On a voulu lui rendre hommage. »

Une dizaine d’acteurs ont ainsi passé une journée entière à faire les zozos autour des dinosaures en résine. « C’est vrai qu’on aimerait les voir bouger ou les entendre mais bon, même statiques, ils restent plutôt réalistes », estime Benoît. « J’ai conçu toutes les mises en scènes moi-même : quand le tyrannosaure sort du bois pour dévorer le petit du tricératops, on a l’impression que la scène se passe sous nos yeux…, poursuit Albert Ross qui se définit comme un autodidacte. Chaque réalisation de dinosaure a néanmoins été cautionnée par le Muséum d’histoire naturelle de Paris. » S’il avoue ne pas être fan du struthiosaure de sa collec’ (« je trouve qu’il est mal foutu : ses pics sont trop courts... »), il aimerait maintenant en installer des nouveaux. Lesquels ? « Les dinosaures les plus petits. Certains d’entre eux ne mesuraient que quelques dizaines de centimètres ! Ou alors un vélociraptor, il plaît bien celui-là, non ? » On confirme. Youna Thual et Julien Marchand


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DENVER, LE DERNIER DINOSAURE Quatre ados mal sapés avec les cheveux longs qui découvrent un diplodocus au fond d’un trou : ceci n’est pas le nouveau clip de Salut C’est Cool mais le pitch de Denver, le dernier dinosaure. Un dessin animé devenu culte, tout comme son générique malgré ses sous-entendus douteux : « C’est mon ami et bien plus encore ! »

DINOTOPIA Vous aussi vous aviez l’impression que M6 nous refourguait ce téléfilm à chaque réveillon de Noël ? Pour tous ceux qui ont préféré se concentrer sur les toasts au saumon, sachez que Dinotopia raconte l’histoire de deux frères ayant atterri sur une île où les dinosaures savent lire et écrire. Okay.

DINOSAURES Les Simpson version jurassique : voilà comment résumer cette série diffusée sur TF1 en 1991 (photo). Des dinosaures qui s’habillent, vont au taf, regardent la télé... Parmi les stars de cette famille de freaks : le bébé, aussi débile que laid.

LES PIERRAFEU Près de 58 millions d’années séparent les Hommes des dinosaures. Pas de quoi perturber les dessinateurs William Hanna et Joseph Barbera lorsqu’ils inventèrent en 1960 le personnage de Dino, le dinosaure domestique des Pierrafeu. Pourquoi pas après tout. 33


DOSSIER

FAITES ENTRER LES FAITS DIV’

TAPAGE NOCTURE, CONDUITE EN ÉTAT D’IVRESSE, MEURTRE... LA RUBRIQUE DES FAITS DIVERS DEMEURE UN INCONTOURNABLE DES MÉDIAS. MAIS POURQUOI KIFFE-T-ON TANT ÇA ? 34

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epuis la fin du film de seins sur M6, c’est le rendez-vous “plaisir coupable” pour achever son week-end. Deuxième partie de soirée sur France 2, Faites entrer l’accusé commence par l’immuable générique de série noire : « Tadam, ta-DAM ! » Puis vient l’énoncé de l’affaire : « Nadir Sedrati, le dépeceur du canal », « Michel Pinneteau, les corps sans tête de l’Estéron », « Jennifer Charron, rendez-vous avec le diable »… S’en suit un passionnant docu où interviennent les protagonistes d’un fait divers marquant des années passées : témoins, victimes, flics, magistrats, journalistes… Du polar, mais en vrai.

« L’adrénaline, le frisson ! » Quinze saisons que “FELA” (pour les intimes) dure sans rien changer, si ce n’est le remplacement du présentateur historique Christophe Hondelatte par Frédérique Lantieri et la calvitie de l’expert Dominique Rizet (« Le rapport d’autopsie que j’ai entre les mains est horrible, je vais vous en lire quelques extraits, écoutez bien : la tête a été fracassée contre un parpaing… »). Quinze saisons que ça cartonne (1,5 à 2 millions de téléspectateurs en moyenne) faisant du programme une référence de la chaîne et apportant la preuve de l’intérêt d’un large public pour le sordide. Une catégorie à part de l’actualité qui a donc son émission télé mais qui est surtout un incontournable de la presse papier. « Tous les matins, je commence ma journée

par le coup de fil aux gendarmes et aux pompiers. Puis je la termine par la tournée du parquet et du commissariat », pose Julien Vaillant, de la rédaction du Télégramme à SaintBrieuc. « Une veille indispensable : on ne peut pas passer à côté du fait divers. Les études montrent bien que c’est ce qui est le plus lu. Ça peut aller du petit dealer qui se fait pincer à l’accident routier, en passant par des affaires d’attouchement, un braquage, voire un meurtre. » Une activité qu’exerce depuis vingt ans Serge Le Luyer, fait-diversier pour Ouest-France à Rennes. « Qu’estce qui me pousse à alimenter cette rubrique ? L’adrénaline, le frisson ! Camus disait du journaliste qu’il est l’historien de l’instant. Or, c’est le seul domaine du journalisme qui échappe encore à la coupe des com-

« Une grande tradition

du fusil de chasse là-bas... » 36

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municants. On est là à mettre les mains dans la merde. C’est cru, pas noble, bestial, mais c’est ce que la plupart des lecteurs attendent. »

Les audiences muscadet Avec parfois des histoires qui marquent celui qui les traite. Pour Serge Le Luyer, c’est l’affaire Leprince, quadruple homicide ayant eu lieu dans les années 90 en Sarthe, où il travaillait à l’époque. « Là-bas, il s’en passait des bonnes. Une grande tradition du fusil de chasse… Ici à Rennes en revanche, ça reste une petite terre de faits div’, constate-t-il. On est à quoi… dix meurtres par an ? Souvent liés au trafic de stups… » Et puis bien sûr, il y a la liche. Ce n’est un secret pour personne que le Breton est un champion du levage de coude, comme en atteste la forte propension d’articles dans les journaux du coin commençant par le fameux “Ivre virgule”: « Ivres, ils vont siroter un verre au bar après l’accident », « Ivre, il se gare devant


Étienne Laroche

le commissariat », « Ivre et handicapé d’un bras, il roulait à 150 km/h avec une bière à la main »… Des affaires qui finissent au tribunal, dans ce que le jargon appelle les “audiences muscadet”. Au tribunal de grande instance de Rennes, ces audiences ont lieu toutes les semaines et sont publiques. Avec toujours quelques curieux qui y assistent. On y est allé une matinée pour voir ce qu’on y juge. Bilan : sept affaires traitées en deux heures. Conduite en état d’ébriété (la 29e mention sur le casier de l’accusé), conduite sans permis avec récidive (« je déplaçais simplement la Twingo mal garée d’une amie, c’est pas méchant ! »), délit de fuite se terminant contre un arbre (« je savais que j’avais trop bu mais je voulais impressionner une copine, quand j’ai vu le contrôle j’ai paniqué »), etc. Le journaliste Benjamin Keltz a passé six semaines à écumer les tribunaux de la région. Une expérience marquante relatée dans un livre, La Bretagne au tribunal. « On se prend un shoot d’humanité, dit-il. Le fait divers est 37


une manière de prendre le pouls de notre société dans ce qu’elle a de moins glorieux. Et puis tu te dis que ça pourrait t’arriver. Que c’est parfois pour certains un manque de chance, un enchaînement de mauvais choix qui fait que personne n’est en fait à l’abri de se retrouver un jour sur le banc des accusés. » Un point de vue partagé par Julien Fragnon, docteur en science politique et auteur d’une étude sur les faits divers. « S’ils sont un incontournable des médias, c’est pour deux raisons, explique-t-il. D’une part ils sont une forme de divertissement : on joue à se faire peur. Parler de Guy Georges ou d’Émile Louis, c’est un peu comme aller sur un grand huit ou voir un film d’horreur : une manière de conjurer le sort en vivant des angoisses par procuration. Mais c’est aussi et surtout un moyen de régulation des normes sociales. Du plus anodin au plus grave, les faits divers ont ce point commun de rappeler au citoyen ce qui relève du pénalement condamnable et de l’interdit moral. » Il y aurait donc quelque chose de pédagogique à traiter de la bêtise crasse, des petites et des grandes crapules de ce monde, des coups bas et

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DOSSIER

des instants de folie. « Un fait divers, c’est l’irruption de l’extraordinaire dans le quotidien, estime Stéphane Régy, co-rédac chef de Society, un nouveau bimensuel d’actu qui consacre une rubrique récurrente à la chose. Je crois vraiment que ça dépasse les générations. Après, c’est la manière de le traiter qui peut évoluer : forcer sur le glauque ou garder une distance rigolarde. » Illustration avec le premier numéro du mag, qui consacra trois pages à un cambriolage raté dans le congélo d’un particulier et qui s’est terminé en incendie involontaire de toiles de maître. Une histoire sortie de l’anonymat des chiens écrasés « car, quelque part, elle nous donne des clés sur ce que c’est que de vivre en France

en 2015. Elle révèle des lignes de fracture sociale, en plus de l’effet absurde de l’événement. » Pour ce qui est de l’absurde, c’est aujourd’hui sur le Net qu’on se relaie les plus belles perles. « L’un de nos meilleurs scores sur le site de 20 Minutes Rennes, c’est l’anecdote d’un homme qui voit débarquer les flics chez lui pour tapage nocturne alors qu’il écoute à poil du hard rock avec une assiette de cassoulet à la main, témoigne le journaliste Jérôme Gicquel. C’est une brève, ça ne mérite pas plus mais ça a atteint les 100 000 vues. C’est ça aussi le fait divers. » Pas sûr néanmoins que ça fasse un bon épisode de Faites entrer l’accusé. Régis Delanoë

« LES FAITS DIVERS ONT LANCÉ LA PRESSE » Interview fissa avec Patrice Eveno, historien des médias.

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S’est-on toujours intéressé aux faits divers ? Oui, c’est même le thème qui a lancé la presse au 19e siècle en France, avec des grandes affaires criminelles qui ont passionné les lecteurs. Comme celle de Jean-Baptiste Troppmann (jugé coupable de 38

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huit meurtres, exécuté en 1870, ndlr), le premier “tueur de l’est parisien”, plus d’un siècle avant Guy Georges. Cette affaire a fait décoller les ventes du Petit Journal, l’un des premiers quotidiens populaires. Ce thème a-t-il toujours cartonné dans les médias ? Non, on note même un déclin notable à partir des années 60.

Ce n’est pas seulement un déclin du fait divers mais de la presse en général. La télé s’est longtemps montrée très pudique dans le traitement de l’info. Ce n’est qu’à partir de la fin des années 90 que les faits divers ont pris vraiment de l’importance sur le petit écran avec l’émission Faites entrer l’accusé et ses ersatz sur le câble puis la TNT.


Bikini

« LES COUV’ SONT CRADES »

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APOCALYPSE NOW « INTENSE, SPECTRAL ET NOIR » : C’EST AINSI QUE LES GARÇONS DE VIET CONG DÉFINISSENT LEUR MUSIQUE. HÉRITIERS DE JOY DIVISION ET THE CURE, LES CANADIENS ET LEUR MÉCHANT POST-PUNK SONT EN TOURNÉE EUROPÉENNE CET ÉTÉ. es voyages, dit-on, forment la jeunesse. Ils peuvent aussi contribuer à la création d’un grand groupe. En 2013, dans la foulée de la sortie d’une première cassette sobrement intitulée Cassette (« une compil de morceaux enregistrés à la maison alors que le groupe venait de se créer autour de Flegel et Monty »), les quatre gars de Viet Cong quittent leur Calgary natal, dans le fin fond du Canada, pour se lancer dans un périple fou dans toute l’Amérique. Avec un objectif : confronter cette formation naissante à la réalité de la scène et de la vie en groupe. Les loustics se nomment Matt Flegel, 40

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Scott “Monty” Munro, Daniel Christiansen et Mike Wallace. C’est ce dernier, batteur de Viet Cong, qui joue le porte-parole. « Notre première tournée fut épique dans le sens où elle a été très longue et très DIY dans l’esprit », reconnaîtil, avant d’en détailler le contenu : « 53 concerts à voyager sur les routes à bord d’une Toyota Echo et, chaque fois, à peine assez d’argent pour aller d’une ville à une autre. Je savais que c’était un jeu dangereux qu’on avait délibérément lancé, une sorte de “ça passe où ça casse” pour le groupe. Et c’est passé… On est aussi devenus très proches, tous les quatre. » Les conséquences de la vie

en communauté durant deux mois dans une caisse à peine plus grande qu’une Clio… Mike Wallace et Matt Flegel se connaissaient déjà bien pour avoir été dans un groupe qui a eu sa petite renommée internationale il y a quelques années, baptisé Women. « Mais Women et Viet Cong n’ont pas grand-chose à voir, si ce n’est que c’est la même section rythmique, coupe Wallace. La moitié du groupe est nouvelle et, surtout, il a fallu que Matt, notre chanteur, apprenne à chanter. Ce qu’il ne faisait pas pour Women, et ça n’a pas été une mince affaire ! » S’il est novice, le préposé au micro s’en sort remarquablement


David Waldman

bien avec une voix qui fout pas mal les jetons, idéale pour accompagner le méchant post-punk joué par le groupe. Un son aussi malsain qu’excitant, qui rappelle autant les contemporains de Suuns que la référence incontournable Joy Division. « Tu peux rajouter The Cure, Echo & the Bunnymen et This Heat à la liste », suggère le batteur du groupe qu’il qualifie par trois mots : « Intense, spectral et noir ! En tout cas c’est ce vers quoi on tend. Et c’est aussi ce qu’on aime écouter des autres, des morceaux imprévisibles et d’humeur changeante. » Deux des leurs sont à retenir en priorité : Continental Shelf et Silhouettes. Deux des sept titres qui composent le premier vrai album du groupe, paru sur le label Jagjaguwar (Dinosaur Jr, Bon Iver, Angel Olsen…) et que le groupe viendra défendre dans une série d’une trentaine de dates cet été en Europe. En laissant, cette fois, la Toyota Echo au garage. Régis Delanoë Le 16 août à La Route du Rock à St-Malo 41


RDV

Y AVAIT QUOI AVANT LES SUPER-HÉROS ? SAVEZ-VOUS QU’IL EXISTE UN TEMPS OÙ LES PERSONNAGES DE COMICS N’AVAIENT PAS DE SUPER POUVOIRS ? ON EN CAUSE AVEC MARIE DE LA VILLÈSBRUNNE DE L’INSTITUT FRANCO-AMÉRICAIN QUI CONSACRE UNE EXPO AUX HÉROS D’AVENTURE.

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Les comics, ce ne sont donc pas que les super-héros… Les années 30 marquent l’arrivée des comic books dans le paysage américain, mais il n’y avait pas encore de super-héros (le premier d’entre eux, Superman, a été créé en 1938). Avant eux, on trouvait les héros d’aventure : des héros sans “super pouvoirs”. Parmi les personnages notables : Tarzan, Mandrake le magicien, Flash Gordon et Prince Vaillant, dont les histoires ont d’abord été publiées dans les journaux (daily strips et sunday comics).

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En quoi ces héros sont-ils les ancêtres des super-héros ? Si on étudie le parcours de ces quatre héros, on se rend compte de l’importance de l’origine et de la naissance. Prenons Tarzan : c’est un fils d’aristocrate qui se retrouve dans la jungle et qui est élevé par des singes. Il s’agit là du mythe fondateur. Quelque chose que l’on va retrouver chez tous les superhéros. Seule change la nature de ces mythes. Ceux-ci sont en effet plus rationnels, plus “terriens” chez les héros d’aventure. 42

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Comment ces héros sont-ils nés et pourquoi se sont-ils développés ? La Grande Dépression aux ÉtatsUnis, qui a duré de 1929 jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale, a favorisé leur émergence. Dans un contexte morose, ces histoires d’aventure étaient alors perçues comme une évasion. Tout cela en parallèle du format comic books qui prend de l’importance : son âge d’or se situe de la fin des années 30 jusqu’au début des années 60. Pourquoi les héros ont-ils été remplacés par les super-héros ? Les super-héros ont certes pris le dessus en popularité , mais héros et super-héros ont cohabité pendant un moment. Mandrake a été publié jusque dans les années 1970. Flash Gordon continue encore, même si c’est un peu spécial car il est devenu un super-héros. Et Tarzan, côté production originale, a duré jusqu’en 2002. L’engouement actuel se porte sur les super-héros, mais on trouve encore aujourd’hui des comics d’aventure avec de “simple” héros. « Before superheroes » jusqu’au 6 juin à l’Institut franco-américain à Rennes


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BLUTCH : FARD BRETON

DÉCOUVERT PAR L’ÉQUIPE D’ASTRO, LE MORLAISIEN ENCHAÎNE. TOUJOURS SOUS L’ŒIL DE SES MENTORS BRESTOIS. Avec son projet Blutch, lancé il y a deux ans et demi, on peut dire que Julien Porhel commence à prendre ses habitudes en terre brestoise. Cet été, il sera de nouveau programmé à Astropolis, festival qui l’a découvert en 2014 grâce à son tremplin. « Je leur ai envoyé mes tracks le dernier jour des inscriptions et ça a marché. Ils m’ont proposé de jouer à Keroual. J’étais sur le cul, c’était ma première scène. » Morlaisien puis Rennais d’adoption, le jeune producteur puise une bonne partie de son inspiration du côté des artistes du label hip-hop Stones Throw, notamment J Dilla. « Dans cent ans, on l’écoutera encore. » Pris entre un paquet d’actus (remixes de son EP Equilibrium, second clip...), le Finistérien âgé de 24 ans espère maintenant enchaîner les dates, après celles à Panoramas ou encore au Batofar à Paris cette année. La team d’Astro l’a d’ailleurs incorporé à son catalogue de booking, aux côtés de Manu Le Malin et d’Electric Rescue. « Ils m’aident pour énormément de choses, puisque je ne connaissais pas vraiment le milieu de la musique. C’est vraiment de l’accompagnement d’artiste plus que du simple booking. » Brice Miclet Le 3 juillet à Astropolis à Brest Le 8 août à Belle-Île-en-Mer 43


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LE MANÈGE ENNEIGÉ L’ARTISTE BELGE HANS OP DE BEECK S’APPRÊTE À INVESTIR LES CHAMPS LIBRES AVEC SON INSTALLATION « THE AMUSEMENT PARK ». UNE ŒUVRE D’ENVERGUE QUI TRANSPORTE LE VISITEUR DANS L’UNIVERS D’UN PARC D’ATTRACTION DÉPEUPLÉ. « MYSTÉRIEUX ET MENAÇANT » Depuis une quinzaine d’années, le Bruxellois Hans Op de Beeck s’est lancé dans une série d’installations « à grande échelle ». Avec The Amusement Park, cet artiste pluridisciplinaire y ajoute une pièce supplémentaire en créant un décor monumental où il multiplie les formes d’expressions : sculptures, vidéos, dessins, musique… Depuis un espace clos, le spectateur pourra contempler, à travers une large fenêtre, un paysage nocturne pour le moins particulier. « Cela se passe en hiver. Il y a de la neige, des flaques d’eau gelée, des arbres nus, du vent, du brouillard… Nous sommes dans un parc d’attraction. Si d’habitude ce lieu divertissant est toujours en mouvement, il appa44

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raît ici totalement vide. Dépeuplé, mettre à tout prix les spectateurs le parc devient alors mystérieux et dans le noir ? « La nuit est partimenaçant », décrit Hans. culière car ambiguë. C’est le temps de la réflexion, de l’introspection, « UNE FICTION VISUELLE » de la quiétude. Mais c’est aussi le De quoi mettre en action l’imagi- moment où le crime se passe, où les nation des spectateurs plongés dans choses peuvent dérailler. » cet univers. « J’essaie de construire Le résultat : un décor aux facettes des œuvres complètes, immersives, multiples, à la fois paisible et obssensorielles. Il s’agit pour moi de cur. « Je ne voulais pas d’une ins“fictions visuelles”. Des décors tallation unidimensionnelle, mais qui ont le pouvoir de transporter qu’elle ait plusieurs couches et le visiteur dans un nouveau monde degrés de réception pour les specqui lui semble authentique et pos- tateurs. Pour que ces derniers se sible. » retrouvent loin du jour et de son cours où tout est planifié. »

« LA NUIT EST AMBIGUË » Comme dans la majorité des œuvres du plasticien belge, la nuit et l’obscurité y tiennent une place importante. Mais pourquoi vouloir

Julien Marchand Du 29 mai au 31 octobre aux Champs Libres à Rennes


Virginie Strauss - www.virginiestrauss.fr

SPECIAL K

LA SCÈNE GARAGE RENNAISE SE PORTE COMME UN CHARME. LA PREUVE AVEC KAVIAR SPECIAL. « On s’est connu en Bio à Beaulieu à Rennes. Bon, pour certains, ça a pas duré plus de trois semaines cette histoire de fac ! » Fin 2012, Léo, Adrien, Jérémy et Vincent passent des cours en amphi aux travaux pratiques à base de répèt’ puis de concerts. « Rapidement, on s’est vu proposer une tournée jusqu’en Espagne et en Italie, l’occasion de se faire les dents. » Et de constater que si elle ne les fait pas vivre, la scène garage les fait kiffer. « Le côté underground, les concerts dans des rades n’importe où, sans savoir dans quel état tu vas finir ni où tu vas dormir, c’est excitant. Et puis y a un revival du garage actuellement et c’est cool de vivre ça de l’intérieur, avec plein de bons groupes qui s’entendent bien et une fan base certes modeste mais très fidèle. On n’est pas fait pour les gros festivals, et alors ? » Alors ils se contentent largement du Binic Folks Blues Festival, « ce qui se fait de mieux en France actuellement avec le Cosmic Trip à Bourges. La prog’ est démente, l’ambiance cool, c’est en bord de mer, c’est gratos… » Une bonne occasion pour (re)découvrir le son rock’n’roll sixties « plus rentrededans que flower power » des Kaviar Special, qui devraient sortir d’ici fin 2015 un successeur au premier album éponyme sorti l’an dernier. Le 2 août au Binic Folks Blues Festival 45


LPF

LA PREMIERE FOIS

DES FESTIVALS

À L’ORIGINE, DES COPAINS QUI AVAIENT SIMPLEMENT ENVIE DE FAIRE LA FÊTE ET DE MONTER LEUR « PROPRE » FESTIVAL. QUINZE, VINGT OU VINGT-CINQ ANS PLUS TARD, ILS SONT TOUJOURS LÀ ET OCCUPENT UNE PLACE FORTE DANS LE CALENDRIER ESTIVAL. ENTRE ARCHIVES ET SOUVENIRS, LES ORGANISATEURS DES PRINCIPAUX RENDEZ-VOUS DE LA RÉGION REVIENNENT SUR LEUR TOUTE PREMIÈRE ÉDITION, CELLE PAR QUI L’AVENTURE A DÉBUTÉ.

ASTROPOLIS : LE 22 JUILLET 1995 La découverte techno. « C’est en 19921993 qu’on a découvert la techno aux Trans Musicales, se souvient Matthieu Guerre-Berthelot, coorganisateur d’Astropolis. Si on organisait déjà des concerts sur Brest, c’était désormais des raves qu’on voulait monter. Un truc qu’on découvrait tous à cette époque. » Après les petites soirées du début, la jeune équipe se met à imaginer une fête plus importante. « Un pote de Rennes nous avait proposé une soirée hardcore. On était d’accord mais on souhaitait aussi y mélanger différents courants. C’est comme ça qu’on s’est retrouvé à monter une soirée autour de trois plateaux : techno, ambient-deep et hardcore. » 46

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50 kilos de son. C’est à Kernouès, juste à côté de Lesneven dans le nord du Finistère, que la soirée baptisée Astropolis, « la ville des étoiles », plante ses trois chapiteaux. « Le terrain loué appartenait au maire. On lui avait pas dit clairement qu’on allait organiser une rave, juste qu’on ferait du bruit toute la nuit. Forcément, il ne savait pas qu’on allait poser 50 kilos de son… » Près de 1 500 personnes seront présentes ce soir-là. 480 bpm. À l’affiche : Liza ’N’ Eliaz, Laurent Hô, Manu Le Malin, Acid Kirk, Tim Taylor… Vingt ans plus tard, Matthieu se souvient encore parfaitement de Liza ’N’ Eliaz et de ses quatre platines. « Avec quatre disques

à 120 bpm légèrement décalés, elle arrivait à 480 bpm. » Un procès. Dans un contexte où le mouvement techno était particulièrement pointé du doigt (une circulaire Pasqua était sortie quelques semaines plus tôt), Astropolis va – forcément – être au cœur de l’agitation : intervention des forces de l’ordre, plaintes des riverains et petit procès pour tapage nocturne. Une époque révolue. « Les musiques électroniques font aujourd’hui partie du paysage musical actuel. Nous ne sommes plus là à jouer au chat et à la souris avec les autorités. Quand je vais à la préfecture aujourd’hui, on me demande s’il est possible d’avoir des invit’… »


BOBITAL : LES 4 ET 5 JUILLET 1998 Au coin d’un bar. « Bobital est né d’un pari au coin d’un bar avec mon ami Guy Hamon, confie Didier Guenroc, cofondateur. On se chamaillait pour savoir qui allait le premier réaliser son rêve : un hommage aux terre-neuvas pour Guy, un festival musical pour moi. » Les deux gaziers s’associeront finalement, « en partenariat avec un comité des fêtes qui faisait des crèches vivantes ainsi que des son et lumière ». Le côté joyeux bordel, déjà… Soldat Louis ou rien. Si le festival se cale début juillet, c’est en raison de sa première tête d’affiche, rappelle Didier Guenroc . « Soldat Louis était pris tous les week-ends sauf celui-là. » L’autre star sera Roger Gicquel. « En vacances dans la région, il est venu signer des bouquins le dimanche, ça a cartonné. » Au point de frôler les 10 000 entrées et de viser gros dès les éditions suivantes : Matmatah en 1999, Indochine en 2000…

LES VIEILLES CHARRUES : LE 4 JUILLET 1992 Une kermesse entre potes. Le plus grand festival de France a commencé très modestement par une simple fête privée en plein air, se souvient le programmateur Jean-Jacques Toux, qui fait partie de l’équipe fondatrice. « On était une quinzaine de potes, étudiants et pions de la région de Carhaix et du nord-Finistère, à vouloir fêter la fin d’année scolaire. Le terme de Vieilles Charrues est venu d’une discussion de bistrot, comme un pied de nez à la fête des Vieux Gréements de Brest, organisée pour la première fois aussi cette année-là. » Une « farce » qui va se transformer en « grosse java » réunissant entre 300 et 400 personnes sur un soir. Très, très loin des 200 000 entrées enregistrées désormais chaque année sur quatre jours. Accordéon et remorque agricole. Si les Charrues et Carhaix sont désormais indissociables, c’est d’abord dans le patelin de Landeleau, quinze bornes plus à l’ouest, que va se tenir la première édition du festival – qui

n’en est pas encore vraiment un – et les deux suivantes. « En 1992, il n’y avait pas de programmation ni même vraiment de scène d’ailleurs ! On avait posé un podium sur une remorque et venait jouer qui voulait un morceau de guitare ou d’accordéon. Le public ? Les copains, les nanas du moment, les cousins, les parents… On n’a ouvert la fête au public qu’à la seconde édition en 1993 avec cette fois la prestation de vrais groupes. »

Courses de chameaux. « Pour l’édition de 1993, y avait notamment Les Pires, des Lannionnais de la scène alterno de l’époque qui faisaient de la musique tzigane. On a poursuivi dans ce registre l’année suivante. Je me souviens aussi qu’on aimait déjà choisir des thèmes par année et qu’en 1994 on avait organisé des courses de chameaux sur le site transformé en espace désertique… » Avec les buvettes en guise d’oasis évidemment.

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LE BOUT DU MONDE : LES 12 ET 13 AOÛT 2000 Une météo chaotique. « Cette toute première édition aurait pu être la dernière, reconnaît aujourd’hui Jacques Guérin, le directeur du Festival du Bout du Monde à Crozon. Dans la nuit de samedi à dimanche, il a commencé à pleuvoir fortement. Des torrents jusqu’à 15 h, alors que les portes devaient ouvrir à 17 h. » L’arrêt prématuré de cette édition inaugurale est alors envisagé, seule une accalmie pouvant permettre la tenue de la deuxième journée. « Par chance, on nous a annoncé une fenêtre météo favorable. Sans ça, on était mort, l’histoire du Bout du Monde se serait terminée là. » Une bonne école. « On a démarré dans le dur, mais ça a été une bonne école. Elle a fait naître une solidarité entre les différentes équipes. » Une épreuve du feu pour une bande de copains qui souhaitait installer un festival sur la Presqu’île de Crozon, à la pointe du Finistère. « C’est un lieu qu’on connaissait bien. On voulait

LA ROUTE DU ROCK : DU 28 FÉVRIER AU 2 MARS 1991 Une émanation Canal B. La Route du Rock tire ses origines de la décennie 80 et de l’âge d’or des radios libres. « L’asso Rock Tympans, créée par Franck Roland (photo), a d’abord monté Canal B avant de se lancer dans l’organisation de concerts », situe François Floret, toujours aux manettes du traditionnel rendez-vous de la miaoût, qui s’est néanmoins tenu en hiver durant les trois premières éditions. Une prog très franco. « J’ai mémoire de pas mal d’excitation au moment de préparer ce festival – c’est quand même une autre affaire que d’organiser un concert de temps en temps comme on le faisait jusqu’alors – et de la fierté aussi sur le moment », se remémore Floret. La Route du Rock, nommé en référence à la course au large (« Le jeu de mots est pourri et 48

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j’en ai toujours un peu honte mais difficile d’en changer désormais »), va vivre des débuts francophones (Little Nemo, Les Tétines Noires…), avant de prendre un virage anglo-saxon à compter de 1993. Un déménagement. « L’année suivante, 1994, marque un moment plus charnière encore », pour François Floret, avec le déménagement de la Maison des associations vers le fort de Saint-Père, le décalage de l’événement en août et le parrainage du journaliste rock Bernard Lenoir. « Il va amener sa réputation et son carnet d’adresses pour faire décoller le festival. » De 800 entrées payantes sur trois jours en 1991, La Route du Rock va passer à 2 400 sur un seul jour en 1994 pour atteindre le cap des 20 000 dès 1997.

embarquer avec nous toutes les bonnes volontés du territoire et y trouver un site de caractère autour d’un projet : les musiques métissées. » Poids lourd. Pour cette première édition, Jacques Guérin et sa bande feront venir Johnny Clegg, Ska-P, Yuri Buenaventura, Rasta Bigoud, Alan Stivell, Idir, Mister Gang… « Ça n’a pas été trop dur de les programmer. On travaillait tous auparavant dans l’organisation de concerts (les Jeudis du Port à Brest notamment, ndlr), on avait déjà quelques références. » Quinze ans plus tard, le Boudu s’est installé parmi les poids lourds des rendez-vous bretons : 60 000 spectateurs sur trois jours et un festival qui a affiché complet ces dix dernières années. « On a fait notre bonhomme de chemin sans bousculer les choses. On a eu la chance de pouvoir compter sur un public fidèle. Résultat : notre curiosité et notre liberté de choix sont deux choses qui n’ont pas bougé depuis la première édition. »


AU PONT DU ROCK : LE 19 AOÛT 1989

« Pourquoi pas nous ? ». Le plus vieux festival d’été toujours en activité en Bretagne est né en 1989 dans la campagne morbihannaise. « À l’origine : une bande de potes de 22-23 ans qui avaient l’habitude d’aller voir des concerts. Jusqu’à ce qu’ils se disent “pourquoi pas nous ?”. Ils ont alors monté une asso, Les Enfants du Roc’k, et seulement deux mois plus tard, le festival ouvrait ses portes, retrace Damien Le Guével, qui a rejoint l’équipe organisatrice en 1994. C’était un truc spontané. Ils ne se sont pas posé de questions. Ils en avaient envie : ils l’ont fait. » Tellement à l’arrache qu’ils avaient bien prévu un appareil photo... mais pas la pellicule qui allait avec. « Du coup, on n’a aucun cliché des concerts », s’en amuse Damien. Du bricolage. Si Au Pont du Rock est aujourd’hui situé à Malestroit, ses premières années se sont déroulées au RocSaint-André, à une dizaine de bornes. « L’équipe originelle était originaire de ce bled. Le terrain leur a été prêté par le maire. C’était vraiment rudimentaire comme installation. Les scènes, c’était des remorques de camion. À l’époque, on pouvait faire du bricolage... » Rock alternatif. Une première édition qui attira près de 500 personnes, venues voir sur scène Les Wampas (qui reviendront deux fois par la suite), Les Fils de Novembre, Sendero, Happy Drivers et les Dead Gregory’s. Forgeant ainsi, dès le départ, l’identité rock alternatif du festival. « Un artiste présent en 1989 est d’ailleurs programmé cet été, poursuit Damien. Olivier Mellano, qui vient présenter son projet MellaNoisEscape, faisait partie des Fils de Novembre. »

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AGENDA

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Marikel Lahana

RECOMMANDE

ART IN PROGRESS

JEANNE ADDED

RENNES TATTOO CONVENTION L’AVENTURE À L’ENVERS

Nouveauté cet été à La Citrouille à SaintBrieuc avec un festival d’arts numériques baptisé Art In Progress. Pour les d’jeunes mais pas que, avec un bon programme pour les geeks : rétro gaming, cosplay party, ateliers sampling, impression 3D, mapping… Nickel pour commencer les vacances.

Après une saison à fond la caisse, la Parisienne ne perd pas le rythme et s’apprête à vivre un été chargé. L’occasion pour la chanteuse, repérée aux Trans Musicales l’hiver dernier, de venir défendre Be Sensational, son premier album qui sort début juin. Un disque porté par le single A War is coming.

De l’encre, des aiguilles et du rock’n’roll : voici les trois ingrédients de la seconde édition de la Rennes Tattoo Convention qui, cette année, accueille près de 90 artistes tatoueurs internationaux. Au menu : concerts, démonstrations, expos et même la possibilité de repartir avec un petit souvenir sur sa peau. Au Stade de la Route de Lorient Les 6 et 7 juin

Aux Champs Libres à Rennes À partir du 30 juin

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Pieter Huybrechts

Festival de Malguénac, Nouvelle Vague (St-Malo), Au Pont du Rock...

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À La Citrouille à Saint-Brieuc Du 4 au 10 juillet

De la mezzanine jusqu’au 6e étage de la bibliothèque, les escaliers des Champs Libres seront l’occasion de remonter, marche par marche, l’histoire de la bande dessinée. Un voyage de 1840 à 2015, constitué de 69 vignettes pour retracer la vie du 9e Art. Une bonne raison de ne pas prendre l’ascenseur.

JAMBINAI

GEORGE CLINTON

BIRD WATCHING 4X4

RATATAT

Non, la Corée du Sud ne se limite pas qu’à la K-pop. Découverts aux dernières Trans, les trois membres de Jambinai mêlent post-rock et instruments traditionnels, comme le geomungo, le piri ou le haegeum. Et c’est beau. Pour leur unique date en BZH cet été, ne les loupez pas.

Joli coup du festival Jazz à Vannes qui, pour sa 36e édition, s’offre George Clinton, dernière légende vivante du funk. Il sera accompagné sur scène par douze chanteurs et musiciens, réunis sous l’appellation Parliament Funkadelic, ses deux anciens groupes.

À bord d’une plateforme mobile aux vitres sans tain, les spectateurs sont amenés à suivre les déambulations chorégraphiques du Belge Benjamin Vandewalle qui gravite autour du véhicule. Une drôle de fenêtre sur la ville pour un étonnant voyage embarqué à travers nos rues.

Revenu en avril avec la sortie d’un nouveau single, le très bon Cream on Chrome, et un passage à Coachella, le duo électronique new-yorkais fait une halte surprise cet été dans la région. Pour patienter, son 5e album Magnifique déboule le 17 juillet prochain.

Au Pont du Rock à Malestroit Le 24 juillet

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À Jazz à Vannes Le 31 juillet

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Au Théâtre de Cornouaille à Quimper Du 4 au 6 juin

À La Route du Rock à Saint-Malo Du 13 au 16 août




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