BIKINI NOVEMBRE-DECEMBRE 2014

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NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 #19



TEASING

À découvrir dans ce numéro...

«ALAIN DELON LE ZGUEG À L’AIR»

E-SPORT

TROMPETTE

KARAOKÉ

VOGUING

RACLETTE

«PÈRE NOËL DE SUPERMARCHÉ» ARMAGEDDON

MAPPING

SANS PERMIS

MAMAN J’AI RATÉ L’AVION S U B B U T E O

«UN AUTOGRAPHE DE ROSELYNE BACHELOT»


ÉDITO

CHER PÈRE NOËL C’est avec plaisir que je prends mon stylo 4 couleurs pour t’écrire. Cela faisait longtemps que je ne t’avais pas envoyé de lettre. Presque vingt ans. Il faut dire aussi que j’attends toujours ma console Mega Drive que je t’avais commandée à ce Noël 1995 où, à la place, tu as déposé sous le sapin un dico et un atlas. J’espère donc que tu comprendras mon silence. Pour le prochain 25 décembre, j’ai une liste longue comme ta barbe. T’as de quoi noter ? Alors déjà, ça serait cool qu’il y ait plus de top groupes qui passent dans la région. OK le Zénith de Nantes est pas si loin, mais ça fait toujours un peu mal au cul de voir programmer Anne Roumanoff chez toi quand les voisins chopent des noms comme Phoenix ou Metronomy. J’ai pas été sage ou quoi ? Pour compenser, je te vois déjà m’offrir des pass Noël proposés par les festivals du coin. Je suis preneur bien sûr mais c’est juste un poil dommage d’attendre l’été pour les poids lourds internationaux. Et puisqu’on parle de festivals, je ne croyais pas avoir réclamé une paire de bottes pour La Route du Rock en août dernier, t’as dû de tromper. Je n’ai presque plus de place sur ma feuille alors je te donne pêle-mêle tout ce qui me ferait plaisir sinon : des pintes de Guinness à moins de 5 €, de nouvelles ouvertures de disquaires indé, ma capacité à faire des nuits blanches comme quand j’étais étudiant, une nouvelle Coupe de France, un chat. Et, sans oublier, ma Mega Drive qui doit forcément traîner chez toi. La rédaction

SOMMAIRE 6 à 13 WTF : artistes sudistes, transport culturel, e-sport, voguing, mapping, musique de pub, tournée des Trans, concerts en boîte, corbeille... 14 à 25 Traîneau boulot dodo 26 à 31 Et tu chantes chantes chantes ce refrain qui te plaît 32 à 35 Lannion : la capitale du sans-permis ? 36 à 41 Spéciales dédicaces 42 à 47 RDV : Grand Blanc, court métrage, Menthol, Vincent Malone, Peter Kernel 48 & 49 Vide ton sac... Le cinéma en Bretagne 50 BIKINI recommande 4

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Directeur de la publication : Julien Marchand / Rédacteurs : Régis Delanoë, Isabelle Jaffré, Brice Miclet / Directeurs artistiques : Julien Zwahlen, Jean-Marie Le Gallou / Couverture : Chris Piascik / Consultant : Amar Nafa / Relecture : Anaïg Delanoë / Publicité et partenariats : Julien Marchand, contact@bikinimag.fr / Impression par Cloître Imprimeurs (St-Thonan, Finistère) sur du papier PEFC. Remerciements : nos annonceurs, nos lieux de diffusion, la CCI de Rennes, Michel Haloux, Mickaël Le Cadre, Matthieu Noël, Étienne Cormier, Émilie Le Gall. Contact : BIKINI / Bretagne Presse Médias - Espace Performance Bât C1-C2, 35769 Saint-Grégoire / Téléphone : 02 99 23 74 46 / Email : contact@bikinimag.fr Dépôt légal : à parution. BIKINI “société et pop culture” est édité par Bretagne Presse Médias (BPM), SARL au capital social de 5 500 €. Les articles publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Le magazine décline toute responsabilité quant aux photographies et articles qui lui sont envoyés. Toute reproduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation. Magazine édité à 20 000 exemplaires. Ne pas jeter sur la voie publique. © Bretagne Presse Médias 2014.



WTF

QUEL SUDISTE ALLER VOIR ?

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JE T’AIME À MORT

SI ÇA COMMENCE À CAILLER SÉVÈRE PAR CHEZ NOUS CES TEMPS-CI, QUELQUES ARTISTES ORIGINAIRES DU SUD DE LA FRANCE VIENNENT NOUS RÉCHAUFFER. CRÈME SOLAIRE CONSEILLÉE.

DR

Création d’Éric Vigner, le spectacle Tristan recompose les fragments du discours amoureux entre Iseult et Tristan. Et s’aventure à imaginer la part manquante de cette légende. Une pièce qui viendra fêter un double anniversire : les 19 ans du Centre dramatique de Bretagne (CDDB) et les 19 ans du héros Tristan. Du 4 au 8 novembre au Théâtre de Lorient.

KID FRANCESCOLI

Alain Buffard

BORIS ET LES GARÇONS À TABLE

Dans le sillage de la création Manger du chorégraphe Boris Charmatz, le Musée de la Danse propose Digest, une exposition sur les relations entre la nourriture et le corps. L’occasion d’y découvrir la vidéo Eat (photo), d’Alain Buffard, où des aliments sont utilisés comme vêtements. Lady Gaga likes this. Jusqu’au 22 novembre à Rennes.

À LA FAVEUR DE L’AUTOMNE

aglagla

François & The Atlas Mountains, Legendary Tigerman, Kids of Maths, Dandy Rock DJ : la prog du festival Les Sons d’Automne a belle gueule. De quoi oublier que dehors en ce moment, ça meule. Le 8 novembre à Quessoy (22). 6

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Fan de l’OM, Mathieu Hocine a tenu à rendre hommage au meneur uruguayen Enzo Francescoli au moment de se choisir un nom d’artiste. Musicalement en revanche, le Marseillais semble plus lorgner vers l’Angleterre que l’Amsud, proposant une pop classieuse et sophistiquée qui évoque autant Metronomy (pour les arrangements) que Baxter Dury (pour la voix). Il existe références plus vilaines. Un morceau pour vous convaincre ? Blow Up Quand et où ? Le 6 décembre aux Bars en Trans (1988 Live Club)

MOFO PARTY PLAN

N’ TO

Derrière ces trois lettres se cache Anthony. Un producteur marseillais de 29 ans que pas mal de festivals ont programmé cette année : Panoramas, Les 3 Éléphants, Scopitone, Dour… Pour terminer l’année sur une bonne note, le garçon squatte la Green Room des Trans pour la soirée du vendredi au Parc Expo. Au programme : une minimal mélodique que ne renierait pas Rone (dur à dire hein ?). Un morceau pour vous convaincre ? Petite Quand et où ? Le 5 décembre aux Trans Musicales de Rennes

En 1987, Red Hot Chili Peppers publiait son troisième album, le controversé The Uplift Mofo Party Plan. Un nom abrégé par quatre Nîmois (photo) lorsqu’ils décident de fonder leur groupe qui, comme pour Kiedis et sa bande, aime mettre rock et funk dans un blender et appuyer sur le bouton ON. Il en ressort une musique hyper bien gaulée, sexy et dansante, cousine méditerranéenne des Ricains de Yeasayer et jamais bien loin non plus de la pop colorée des Vampire Weekend. Wizzzzzzzz ! Un morceau pour vous convaincre ? Hard Time Quand et où ? Le 21 novembre aux Inattendus, au Vauban à Brest


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EN ROUTE POUR L’ AVENTURE

PLUSIEURS RENDEZ-VOUS FONT LE PARI DE CONJUGUER CULTURE ET MOYEN DE TRANSPORT. À CHACUN SON VÉHICULE. LE TRAIN Pour tous ceux qui partiront de Paris pour se rendre aux Trans Musicales de Rennes, sachez que le festival démarrera dans le train. Pour la seconde année, l’opération #TGVLive est reconduite et accueillera des artistes de cette édition 2014 qui joueront depuis le wagon-bar. Tchou tchouuu ! C’est quand ? Les 4, 5 et 7 décembre

LE BUS Le FIST, asso rennaise de cinéma remplie de zigotos, a eu une idée géniale : diffuser Speed dans un bus qui roule. Y’a pas plus con mais difficile de faire plus efficace pour l’immersion. À condition de ne pas passer en dessous des 50 miles / h. C’est quand ? Les 14 et 15 novembre

LA NAVETTE SPATIALE Après avoir joué dans une piscine, le DJ briochin Julien Tiné continue à explorer les lieux insolites. C’est aujourd’hui au planétarium de Pleumeur-Bodou, près de Lannion, qu’il s’attaque pour un voyage spatial, à la fois sonore et visuel. Une expédition un peu plus près des étoiles, au jardin de lumière et d’argent. C’est quand ? Le 21 novembre 7


WTF

« UN DEMI ET UN MINECRAFT »

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LE HIP-HOP, VIRGULE

ÇA VA SUPER MARCHER

RENCONTRES IRL

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Il est admis de désigner 1974 comme l’année officielle marquant les débuts du hip-hop, via Afrika Bambaataa et la Zulu Nation. Le journaliste Olivier Cachin sera présent à Lorient le 8 novembre pour parler des 40 ans de ce genre artistique. Organisée dans le cadre du festival Les Indisciplinées, cette conf’ sera précédée de la projection du film The Last Poets.

À Rennes, Warpzone, le premier bar e-sport de la ville, s’apprête à ouvrir ses portes. Mais c’est quoi au juste ce concept ? « On a des écrans qui diffusent des parties de jeux vidéo, explique Romain Deville, l’un des quatre gérants. On met aussi à disposition six PC, des bornes d’arcades et une douzaine de consoles, anciennes et modernes. » Bref, un bar e-sport est un bar où on boit (normal), où on joue aux jeux vidéo et où on regarde les autres jouer.

Les soirées Priz’Unique, rendezvous électroniques de La Passerelle, sont de retour ! Acid Arab, Joachim Pastor, Oniris (photo) et Julien Tiné seront aux manettes pour cette première de la saison. Le 15 novembre à Saint-Brieuc.

OÙ T’ES OÙ T’ES ?

invisible

Le kiff des organisateurs du festival Invisible, c’est de présenter une prog pointue à base d’expérimentations sonores. En clair, de vous distiller des trucs chelous dans les n’oreilles. Par exemple pour l’actuelle édition : l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp ou encore le krautrock mythique des Allemands de Faust. Du 19 au 23 novembre à Brest. 8

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Le phénomène a déjà quelques années derrière lui. « Cela fait huit à dix ans que l’e-sport prend de l’ampleur. Mais le premier bar à Paris date d’il y a trois ans environ, observe Emmanuel Forsans, directeur de l’Agence française pour le jeu vidéo (AFJV). La technologie a assez évolué pour permettre la diffusion en direct. » Mais comment expliquet-il ce développement ? « L’e-sport offre un prolongement des différentes compétitions qui sont organisées. Le côté communautaire fonctionne bien » Ici, les gamers se retrouvent IRL, “dans la vraie vie”, autour d’un verre pour parler de leur passion. Pas de risque de se faire traiter de “no life” donc.

l’intérêt du concept à l’arrivée de Twitch en 2011, plateforme web (rachetée en août dernier par Amazon) qui permet de visionner des parties en streaming. Mais il y a bien des “bars sport”, alors pourquoi pas des bars e-sport ? « L’analogie avec le sport traditionnel est bonne, analyse-t-il. Les gamers aiment regarder les parties car ils pratiquent les jeux vidéo. Ils reconnaissent les techniques utilisées. » Comme on peut préférer le rugby au tennis, chaque gamer a aussi son jeu favori : World of Warcraft, Minecraft, Counter Strike… Avec des stars à aller voir jouer. Chez Warpzone, des compétitions sont d’ailleurs STARS ET SUPPORTERS prévues. Emmanuel Forsans nous « Certaines personnes sont restées sur conseille d’ailleurs d’y assister : « On une vision du jeu vidéo “je saute sur retient son souffle, on soutient ses des champignons”. Ce n’est plus le joueurs préférés. L’ambiance est très cas », insiste le directeur de l’AFJV. sportive. » Mouillez, mouillez, le Lui-même s’est posé la question de maillot ! Isabelle Jaffré

Fenlain

LE PREMIER BAR ENTIÈREMENT DÉDIÉ AUX JEUX VIDÉO OUVRE CES PROCHAINS JOURS À RENNES. AU PROGRAMME : COMPÉTITIONS ET RETRANSMISSIONS DE PARTIES EN DIRECT. ET SI LES GAMERS ÉTAIENT DES SPORTIFS COMME LES AUTRES ?


DANSE : LE RETOUR DU VOGUING ? NÉ DANS LA COMMUNAUTÉ GAY AFRO-AMÉRICAINE DANS LES ANNÉES 70 ET POPULARISÉ PAR MADONNA, LE VOGUING CONNAÎT UN NOUVEL ÉLAN DEPUIS QUELQUES ANNÉES. AUSSI BIEN DANS LES CLUBS QUE SUR SCÈNE. POSE MANNEQUIN

RÉCUPÉRATION POP Née dans l’underground, cette danse va sortir de l’ombre en 1990 grâce à Madonna et son morceau Vogue.

DANSE CONTEMPORAINE Si le voguing s’est fait plus discret à la fin des années 90, il connaît un nouvel élan depuis quatre-cinq ans dans le pays. « Plusieurs danseurs ayant vécu à New York organisent régulièrement des balls (bal travesti, ndlr) à Paris », explique Jérémy Patinier. Un dynamisme qui « C’est la première pop star à s’être a séduit la danse contemporaine. inspirée du mouvement et à l’avoir Les chorégraphes François Chaiexposé au monde entier. » Avant que gnaud et Cécilia Bengolea y ont déjà Janet Jackson, Britney Spears ou consacré deux spectacles, Twerk Beyoncé s’y intéressent par la suite. et (M)imosa en 2012 et 2013. Un En France, Christine and the Queens intérêt aussi porté par Trajal Harrel (pour The Loving Cup l’an passé) dans Antigone Sr., une pièce entre et Yelle (pour Complètement Fou performance et défilé transgenre. sorti il y a quelques semaines) ont elles aussi fait appel à des vogueurs Antigone Sr. les 14 et 15 novembre pour leurs clips (photo). au Triangle à Rennes DR

Apparu dans les seventies dans les clubs black LGBT de New York, le voguing emprunte ses mouvements à ceux des défilés de mode et détourne la “pose mannequin” des modèles du magazine Vogue. Le résultat ? Un enchaînement de figures rapides et souples effectuées par l’ensemble du corps. « Je compare souvent cela à une sorte de capoeira queer », résume Jérémy Patinier, auteur de l’ouvrage Strike a Pose, pour qui « cette danse symbolise le désir de passer au-delà des genres ».

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WTF

MUSIQUE DE PUB : LE BON PLAN ? IL PARAÎTRAIT QU’AVOIR SA MUSIQUE DANS UNE PUB SERAIT AUSSI LUCRATIF QUE DE GAGNER À L’ÉMISSION MONEY DROP DE BOCCOLINI. VÉRITÉ OU BULLSHIT ? VÉRIFICATION AVEC DEUX GROUPES DU COIN À QUI C’EST ARRIVÉ. au bout… » En 2008, le groupe a tout de même vu son morceau Bully repris pour une pub anglaise vantant de l’électroménager. « Ça va, ça reste dans un univers qui convient, c’est pas pour vanter du shampoing ou les stations Total. Et puis ça nous a permis de financer notre premier album et de vivre morceaux retenu en 2006 par BMW correctement pendant la période de pour une campagne diffusée en l’enregistrement. » Parmi les autres Allemagne. artistes bretons dont les titres sont passés par la case pub, on peut éga« FINANCER NOTRE ALBUM » lement citer Yann Tiersen (un des Les constructeurs automobiles sont spots Google) et Yelle (la campagne parmi les meilleurs payeurs dans ce “Go Fresh” de Dove). milieu, comme ont pu le constater Reste un avantage et non des les Morlaisiens de Fortune : « On a moindres : toucher le grand public. failli bosser pour la marque améri- « Bully reste notre morceau le plus caine Lincoln. On est allé jusqu’en connu en Angleterre » reconnaît finale du concours pour finalement Fortune, quand Bikini Machine se faire doubler par les Chemical espère que « Shazam va permettre Brothers. » Les boules ? « Oui, à du monde de découvrir le groupe il y avait quand même 60 000 € par le biais de la pub ».

CORBEILLE Amel Bent Les yeux dans les yeux de ses fans, l’ancienne gagnante de la Nouvelle Star les dépouille de 30 à 50 euros par concert. Sérieusement, 50 putain de balles ? Allo, la police ? Je vous appelle pour signaler un cas flagrant de vol sur personnes irresponsables. À Perros-Guirec et St-Malo 10

Catherine Laborde La télévision et le monde de l’humour ont enfanté une idée bien WTF : le premier spectacle de la présentatrice météo de TF1. Soit 1 h 30 de blagues à base de cumulonimbus et de normales de saison. Mais bon, si ça se trouve, c’est peut-être plus marrant que la météo de Canal. À Ergué-Gabéric

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La nouvelle Ford Fiesta qui circule sur une route de campagne avec un message en voix off vantant les mérites de son moteur écolo : la dernière pub (photo) du constructeur ricain n’a rien de bien extraordinaire. À un détail près : les 27 secondes du spot sont accompagneés du morceau Stop All Jerk, extrait du dernier album des Rennais de Bikini Machine. Un bon plan financier, reconnaît Pat le chanteur : « Oui clairement, ça met du beurre dans les épinards. » Et même un peu plus, non ? « Faut pas rêver non plus, tempère-t-il. S’il y a de belles sommes en jeu, il faut diviser entre les cinq membres du groupe le montant dont sont déduites les parts revenant à la maison de disques et à l’éditeur. » Cette pub Ford n’est d’ailleurs pas une première pour Bikini Machine : le groupe avait déjà eu un de ses

NOTRE ANTI-SÉLECTION DES SPECTACLES QUAND FRANCHISE ET MAUVAISE FOI NE FONT QU’UN Bérengère Krief L’ancien plan cul de Kyan Khojandi dans Bref essaie depuis de surfer sur sa relative célébrité pour vendre son one woman show enrobé de niaiseries girly. Recommandé seulement pour les fans de Florence Foresti qui n’ont pas les thunes pour aller à ses spectacles. À Pacé

Archimède Comme les Gallagher, Frédéric et Nicolas Boisnard sont deux frères qui ont monté ensemble leur groupe de rock. Côté look et musique, leur ressemblance avec Oasis est criante. C’est plat et ça n’a pas de goût. Attention, c’est bien du jus de fruit qu’on parle. À Brest


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TOURNÉE DES TRANS : NOTRE TOP 3

QU’ESPÉRER DE CE MILLÉSIME 2014 ? DU NEWCOMER FRAIS ET GOULEYANT, LA PREUVE PAR TROIS. GANDI LAKE Encore un groupe de Caen, encore de la bonne came. Gandi Lake (photo) délivre une pop électroluminescente parfaite pour éclairer une pièce en ces journées d’automne. Côté influences, Girls in Hawaii et Interpol. Quand et où ? Le 13/11 à l’Ubu et le 4/12 à l’Étage à Rennes

EAGLES GIFT La Louisiane poisseuse de True Detective te manque ? Embarque donc avec les Angevins d’Eagles Gift. Guitares reverb, voix ténébreuse, boucles obsédantes : c’est bon d’avoir les boules. Quand et où ? Le 15/11 à La Carène à Brest et le 4/12 à l’Étage à Rennes

FUZETA Google n’a pas encore pris en compte l’existence de ce groupe naissant, les recherches pour Fuzeta renvoyant toutes vers une cité balnéaire portugaise du même nom. Ce n’est qu’une question de temps : le quatuor laisse déjà apparaître une étonnante maturité dans un registre pop indé ricaine, façon Fleet Foxes ou Band of Horses. Quand et où ? Le 13/11 à l’Ubu à Rennes, le 21/11 à l’Échonova à St-Avé, le 5/12 à l’Étage à Rennes. 11


WTF

CONCERTS EN DISCOTHÈQUE : LA BONNE IDÉE ?

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ROM’ L’ONCLE SOUL

À LA FAÇON DES CLUBS À L’ANGLAISE, CERTAINES BOÎTES DE LA RÉGION FONT ÉGALEMENT LE PARI DE PROPOSER DES CONCERTS DE MUSIQUES ACTUELLES. UN COMBO DEUX EN UN GAGNANT ?

Ronan Simon

Ex-batteur des Wankin’ Noodles, Romain Baousson s’est lancé dans SOUL !, un projet foufou à l’esprit sixties où, pour chaque morceau, il a invité des musiciens et chanteurs de la scène locale. Le concept a été testé en live lors du festival I’m From Rennes en octobre. Si cette date était annoncée comme un one-shot, on espère que d’autres suivront.

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« WE ARE THE WORLD »

Festival des musiques populaires du monde, NoBorder reste fidèle à ses principes en mettant à l’honneur des artistes ayant fait du métissage culturel leur credo. Pour sa 4e édition, le rendez-vous invite la rappeuse nigérienne Zara Moussa (photo), Krissmen ou encore Jérôme Ettinger qui viendra présenter son Egyptian Project. Au Vauban et au Quartz du 11 au 14 décembre à Brest

HO-HO-HO

cadeaux

C’est déjà Noël chez Bikini. Des places de festival (NoBorder) et des compils (Trans Musicales, Bars en Trans) sont à gagner sur notre page Facebook. Let’s go ! 12

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D’un côté, des discothèques ouvertes seulement une ou deux fois par semaine, pas contre l’idée d’amener un peu de vie au lieu. De l’autre, des structures à la recherche d’une salle de concerts. Logiquement, les deux devraient s’entendre. C’est le cas au Bacardi à Callac où l’asso Melrose organise une vingtaine de dates par an depuis 1998. La prog est plutôt du genre burnée : rock, punk, blues... Loin des standards de la musique de boîte. Et pour cause, les deux publics s’ignorent superbement. « C’est pas faute d’avoir essayé de les réunir, déplore Ludovic Thoraval, de Melrose, mais il n’y a rien à faire, ça ne prend pas. » Un bémol que constate aussi Joran Le Corre, de Wart, organisateur de « quinze à vingt concerts par an » au Club Coatelan à Plougonven. « Chaque concert à son public et ce n’est pas le même qui se rend à la soirée boîte classique. Les univers musicaux sont très cloisonnés en France. »

Un état de fait dont ne se résigne pas Sylvain Le Pennec, en charge de la programmation du 1988 Live Club (photo) qui, depuis un peu plus d’un an, organise des concerts dans les murs de la discothèque rennaise Le Pym’s. « Mon modèle, confie-t-il, c’est le club à l’anglaise », comme a pu l’être L’Espace à Rennes à une époque (où s’est notamment déroulé le concert mythique de The Cure en 1980) ou Le Gibus à Paris. « C’est vrai que ce n’est pas naturel pour le public de boîte d’aller voir un concert, et inversement. Mais je pense qu’on peut réussir à les satisfaire sur une même programmation », composée par exemple d’électro pointue et de hip-hop old school. « Longtemps, les jeunes en boîte ont été traités comme des vaches à lait. Pourtant, quand on leur fait des propositions comme le 1988 essaie d’apporter, on se rend compte qu’ils sont aussi demandeurs d’une musique de qualité. »


La Sophiste

LE MAPPING : À QUOI ÇA SERT VRAIMENT ?

DE PLUS EN PLUS D’ÉVÉNEMENTS ET DE FESTIVALS UTILISENT CETTE TECHNOLOGIE DE PROJECTION VIDÉO. MAIS POURQUOI ? Le mapping est une technique consistant à projeter des vidéos sur des volumes en relief tels que des monuments. Les exemples sont nombreux dans l’espace public : cet été pour la fête de la Libération de Paris ou, en juin dernier, à Rennes pour rendre hommage au mur Dubonnet. Cette dernière réalisation était l’œuvre de La Sophiste, collectif qui a forcément un avis sur la question. « C’est une performance technique qui a un impact visuel fort sur le public, mais attention : le mapping reste un outil et non un genre artistique », prévient Matthieu, son président. Avis partagé par Cyril Marchal, coordinateur du festival d’arts numériques Bouillants : « Le potentiel est très grand et c’est dommage qu’il soit parfois uniquement figuratif. » Des pistes de développement ? « Le mapping interactif, rendre les visiteurs acteurs de la création. » Il y aurait aussi beaucoup à s’inspirer de ce qui se fait du côté des concerts électro, avec Amon Tobin et Étienne de Crécy notamment. Que cet outil puisse ouvrir de nouvelles voies artistiques. « Il doit s’inscrire dans la continuité des spectacles son et lumière », annonce La Sophiste. 13


DOSSIER

TRAÎNEAU BOULOT DODO

APRÈS UNE ANNÉE DE PAUSE, LE PÈRE NOËL EST DE RETOUR AU TAF. SUPERMARCHÉS, COMITÉS D’ENTREPRISE ET PARTICULIERS : UN PLANNING BIEN REMPLI AVANT DE PASSER PAR TA CHEMINÉE. 14

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DOSSIER

Alexandre Courjas

outes les personnes qui cherchent actuellement un petit boulot pour les vacances de Noël ont dû tomber sur des annonces peu habituelles sur le site de Pôle emploi. « Nous recherchons des personnes pour incarner le personnage du Père Noël pour nos opérations commerciales », « Vous accueillez les enfants au sein d’un décor magique. Poste agréable », « Vous travaillerez pour un magasin de jouets. Vous distribuerez des bonbons et serez à la disposition des parents pour les photos », « Vous poserez sur le trône du Père Noël. Vous devez avoir un physique en accord avec le personnage et un bon contact avec les enfants ». Car oui, au risque de faire des déçus, sachez que le Père Noël que vous croisez dans les allées de votre supermarché n’est pas le vrai. Derrière cette barbe blanche en véritables poils synthétiques, se cache le plus souvent un comédien, un animateur ou un étudiant. Et pour eux, pas de Laponie ou de maison au pôle Nord, mais plutôt un décor fait de papier crépon et de neige en coton. Christophe est passé par là. Il y

Bikini

PÈRE NOËL : EST-CE QUE C’EST COOL COMME

a cinq ans, ce Lannionnais a été recruté par le centre commercial Géant pour porter l’habit rouge pendant sept jours. Il en garde un souvenir plutôt bon : « Franchement, le boulot était plaisant. Je devais distribuer des papillotes aux enfants et faire des photos avec eux. Niveau salaire, c’était pas mirobolant, le smic horaire quoi, mais c’est mille fois mieux que de taffer à l’usine. »

50 € les 20 minutes

À le regarder – et sans juger de sa capacité à interpréter le rôle – il faut avouer qu’on n’aurait pas forcément parié sur lui pour obtenir le poste. Et pour cause : à cette période, Christophe avait… 21 ans. Un

« Un coussin pour le gros bide, des ho-ho-ho et le tour est joué » 16

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poil jeune quand même pour un Père Noël, non ? Son âge, affirmet-il, a été tout sauf un problème. « Je n’avais jamais fait d’animation ou de boulot avec des enfants. L’entretien s’est fait au feeling par téléphone. En dix minutes, l’affaire était bouclée. La responsable de l’agence d’intérim par qui j’étais passé était surtout ravie du fait que je n’habitais qu’à un quart d’heure de là. » Et d’ajouter : « Une grosse voix, un coussin pour le gros bide, des ho-ho-ho en pagaille, et le tour était joué. » Face à ce bébé Père Noël, Daniel Fuselier fait lui office de vieux briscard. À 62 ans, cet animateur commercial, originaire de SaintAubin-du-Cormier en Ille-et-Vilaine, est dans le game depuis plus de vingt ans. S’il a commencé dans les hypermarchés (« Le Père Noël des Longs Champs à Rennes dans


BOULOT ?

Bikini

Organitou à Brest, Gil Le Goff, 51 ans, s’apprête à vivre une fin d’année chargée. « Le planning se remplit bien. On a même des réservations qui datent de janvier dernier. » Sur une période allant du 7 au 20 décembre, il effectuera « entre dix et quinze » animations pour des C.E principalement et quelques mairies. « On propose une offre plus élargie comprenant un spectacle de magie, un conte de Noël et l’arrivée du Père Noël avec distribution de cadeaux. Sans oublier le bisou, condition obligatoire pour avoir son paquet. » Ce package est facturé dans les 1 000 €. Sollicité régulièrement par certains supermarchés, Gil décline les années 80, c’était moi »), il pro- systématiquement leurs proposipose aujourd’hui ses services à des tions. « Mes confrères qui travaillent comités d’entreprise, ainsi qu’aux dans les galeries marchandes, je particuliers. les plains. Pendant une heure, ça Au prochain réveillon, pendant que irait, mais travailler de 9 h à 18 h la plupart d’entre vous seront en en costume, dans lequel il fait très train d’enchaîner les toasts à la chaud, ça doit être l’horreur. » mousse de canard, Daniel traversera le département par les petites « Les Pères Noël en baskets » routes pour se rendre chez les gens Un point qui n’effraie pas Alexandre et faire une entrée surprise dans Courjas, un photographe morbihanle salon. Tarif de la prestation : nais qui officie depuis trois hivers 50 € les 20 minutes. « Ce soir-là, dans les centres commerciaux de je travaille de 20 h à 2 h du matin. la région. Sa mission ? Faire poser Le plus compliqué est d’établir un les gosses à côté du gros barbu. itinéraire pour passer le moins de C’est d’ailleurs lui qui est chargé temps sur la route. Si ça me dérange de l’embaucher, ses clients lui déde sacrifier mon réveillon ? Mon léguant cette tâche. « Je travaille amie travaille ce jour-là et mes avec le même depuis le début. C’est enfants ne sont pas là, donc non. un marionnettiste de 56 ans qui a Et puis, c’est toujours agréable de vraiment la tête de l’emploi. J’ai la faire plaisir à des gamins. » chance d’avoir un beau Père Noël. » Lui aussi Père Noël depuis plusieurs Pour son recrutement, Anne Nicot, années pour la société de spectacles directrice du centre Cora-Opéra

à Pacé, près de Rennes, explique quant à elle qu’elle passera par la Mission locale si jamais son photographe n’en trouve pas. « J’essaie d’éviter les candidats trop jeunes, pour que ce soit crédible. S’il est difficile de quantifier les retombées, il est inconcevable en termes d’image de ne pas avoir cette animation. » L’année dernière, ce sont près de 1 800 photos qui ont été prises. Sur les 56 heures (réparties sur neuf jours) effectuées par le Père Noël, cela représente un peu plus d’une photo toutes les deux minutes. Si certains centres travaillent en direct avec les acteurs et photographes, d’autres passent par des agences événementielles. C’est le cas de la galerie du Géant de Quimper qui mandate la société Arthur Events, basée à Caudan. « Nous avons sept Pères Noël en stock. Tous ont la cinquantaine, tous dans le domaine du spectacle. Nous nous occupons aussi du costume si le client le souhaite. Notre tenue est vraiment belle », assure Carole Rigot, une des cadres. Un point sur lequel tous les comédiens interrogés se montrent intraitables. Parfaitement intraitables. « Les Pères Noël dont on voit le jeans et les baskets, c’est pas possible, peste Gil Le Goff. Idem pour ceux qui boivent un coup ou fument une clope. Les enfants ne sont pas dupes. On se doit d’être parfait. Notre boulot, en fait, ce n’est pas d’être un Père Noël, mais d’être le Père Noël. » Julien Marchand 17


DOSSIER

ON A ESSAYÉ DE LES FAIRE DOUTER, EN VAIN Trois enfants, qui croient toujours au Père Noël, nous ont expliqué comment ça se passait. Et ont balayé nos doutes : oui, il existe !

Alors, à quoi il ressemble le Père Noël ? Euuuuh… Il a des rennes, une barbe et un chapeau. Et il vit en hiver ! Tu l’as déjà vu ? Oui ! (Fronce les sourcils) En fait non parce qu’il vit la nuit, et la nuit ça fait peur. Sinon il fait comment pour distribuer les cadeaux ? Il travaille dur. Pareil que papa. Et tu trouves pas ça bizarre tous ces jouets au magasin ? Ben non, c’est le magasin du Père Noël ! Sa réserve de jouets, donc ? Oui. Et il a un livre aussi. Un livre ? Oui, regarde (Désigne le catalogue Joué Club). Ah ! Et t’as déjà choisi ce que tu veux ? Non. Si. (Feuillette, s’arrête sur une page) Une fusée !

AÉLIA, 3 ANS, TRÉMUSON Dis-moi, c’est qui le Père Noël ? C’est le chef des cadeaux ! Il est rouge et blanc. Et il est vieux. Et donc il travaille toute la nuit de Noël ? Seulement cette nuit-là ? (Outrée) Ben non, pas que la nuit, le jour il fait les cadeaux. Ah ! Ok. Et tu voudrais qu’il te fabrique quoi ce coup-ci ? Une trottinette ! Non, pas une trottinette, j’ai déjà... (elle réfléchit) Un hélicoptère ! 18

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ISAAC, 4 ANS, SAINT-BRIEUC

C’est original. Et le Père Noël, il offre des cadeaux à tout le monde ? Ouiiiii ! Mais faut être sage. À ton avis, il travaille tout seul ou il a des assistants ? (Profonde réflexion) Il a les rennes. Les rennes aident le Père Noël ? Oui, mais après ils le laissent quand le Père Noël passe par la cheminée. Y a une cheminée chez toi ? Non.

EWENN, 5 ANS, BREST C’est qui le Père Noël ? A quoi il ressemble ? Il est rouge avec une grosse barbe blanche et il est gros. Il vit dans une maison de glace, là où il neige C’est donc lui qui offre les cadeaux de Noël ? Oui, c’est lui qui les distribue avec ses petits amis, les

lutins. Ils sont 24 et ils sont rigolos. Il fait tout le tour de la Terre en deux heures minutes (sic). Ils lancent les cadeaux dans les fenêtres, les portes ou les cheminées. Et le traîneau avec les rennes, il vole grâce à la magie, il peut aller très vite comme ça. Si on n’a pas été sage, on reçoit quand même des cadeaux ? Moi je suis sage alors je vais avoir PLEIN de cadeaux (il écarte les bras). Mon copain Vladimir, lui, il est pas très sage, alors il sait pas. Pourquoi y a-t-il plein de jouets au supermarché alors que c’est le Père Noël qui les offre ? C’est pour que les parents et les enfants les voient pour choisir. Le père Noël et les petits lutins copient les jouets des magasins. Et après, ils les reconstruisent avec de la colle pour tout donner aux enfants, et aussi aux filles (sic).


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L’OR À L’APPEL

« C’est moi le Père Noël ! Les enfants peuvent me téléphoner, écoutez bien mon numéro : 36 65 ! 65 ! 65 ! » Si tu as grandi dans les années 1990, cette pub a sans doute marqué tes aprem devant la télé. Ça avait beau coûter 3,71 francs, t’avais bien envie de le composer. Si ça se trouve, c’était le vrai Père Noël au bout du fil. Et puis, dans tous les cas, c’était les parents qui payaient, alors donc… À cette époque, ce genre de services se développait à fond la caisse. À tel point que France Télécom avait dû intervenir pour interdire les services de Noël commençant par “08 36 70” et facturés 8,88 francs le droit d’entrée puis 2,23 francs la minute. Aujourd’hui, les appels au Père Noël existent toujours. Si les pubs se font plus rares à la télé, le Net regorge de propositions. Toutes bien reuch (en moyenne, 34 centimes d’euros la minute). Face à ces jolis cadeaux empoisonnés, Manifone, une boîte vannetaise, a eu l’idée de monter un numéro gratuit depuis une box. « Il s’agit d’une voix préenregistrée qui pose des questions à l’enfant : s’il a été sage, ce qu’il veut comme cadeaux… », explique Lounis Goudjil, le boss, qui assure ne pas tirer de bénéfices de ce service : « Niveau business, ça ne nous rapporte rien. Une image positive à la rigueur, c’est tout. » De quoi faire trembler le 36 65 65 65 ? Ce numéro a malheureusement raccroché. 19


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« J’AIMAIS JOUER : J’EN AI FAIT MON MÉTIER »

Il y a des enfants qui ne vieillissent jamais. Un plateau de jeu, des dés, des figurines et de la monnaie de singe font leur bonheur. Roberto Fraga est un de ces Peter Pan. À 54 ans, ce Malouin a fait de sa passion un métier : inventeur de jeux de société. Un rêve ? Une vocation, corrige-t-il. « J’ai toujours aimé jouer et, plus encore, créer de nouvelles règles. » Longtemps activité secondaire, il finit par se décider à contacter les maisons d’édition en 1992. « Pendant huit ans, j’ai écumé les salons, jusqu’à ce qu’enfin j’attire l’attention. » Grâce à un jeu : Les Dragons du Mékong, sorti en 2000 chez Descartes. « Encore aujourd’hui, c’est mon préféré. » Il a surtout lancé sa carrière. « À ce jour, calcule-t-il, 74 de mes jeux ont été édités. Mais seulement quatre me permettent encore de gagner de l’argent. » Dont son plus grand succès, La Danse des Œufs, édité par l’Allemand Haba. « La réussite dans ce milieu, c’est 50 % d’imagination, 50 % de persévérance et un peu de chance. Dans le cas de La Danse des Œufs, j’ai eu l’idée en deux minutes et j’ai tout de suite su que ça pouvait 20

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cartonner. » 350 000 exemplaires ont été écoulés dans le monde depuis 2004. Pour chaque boîte vendue entre 6 et 7 € HT, il en touche 30 centimes, en plus de l’avance de départ de l’éditeur (300 à 8 000 € selon les cas). « Le pourcentage qui me revient varie de 4 à 10 % par jeu commercialisé », confie Roberto Fraga, qui attend impatiemment la sortie de son nouveau bébé en 2015 : Panique au Bloc, successeur du légendaire Docteur Maboul.

700 sorties chaque année En France, ils ne seraient qu’une poignée à pouvoir vivre de cette activité. Ce qu’espère Frédérique Costantini, une Nantaise annoncée comme une figure montante. Sa gamme de jeux pédago-ludiques Tam Tam a déjà été vendue à 150 000 exemplaires en deux ans, grâce à un solide réseau de distribution (notamment Hasbro, géant américain proprio des marques MB, Parker et Playskool). Enseignante de formation, elle a eu l’idée de créer un jeu pour « venir en aide aux enfants en difficulté d’apprentissage de la lecture ». Elle

dépose les droits à l’Inpi (Institut national de la propriété intellectuelle) et présente le jeu au concours Lépine. « J’ai été médaillée et j’ai vendu directement 850 boîtes. Les portes se sont ouvertes. Pour un investissement de seulement 5 000 € (fabrication du prototype et production des premiers exemplaires), ça valait le coup. » Avec plus de 300 millions d’euros de chiffre d’affaires et 700 nouvelles sorties chaque année rien qu’en France, le marché du jeu de société a la banane. À côté des gros (Hasbro, Ravensburger, Mattel...), il y a de la place pour des petites maisons, qui s’ouvrent au rythme de 50 par an. Dont Libellud, qui cartonne grâce à son jeu Dixit et ses 1,5 millions d’exemplaires vendus. Son fondateur, Régis Bonnessée, se montre résolument optimiste : « Les gens sont en recherche de moment de convivialité. Pour une somme entre 10 et 30 €, vous avez un jeu qui peut réunir cinq ou six personnes. C’est un loisir sans fin à la portée de tous. » Ruiner tonton et la cousine en collant des hôtels rue de la Paix au Monop’, c’est vrai que c’est un plaisir éternel. Régis Delanoë


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DIX DE CHUTE « Pour gagner à Dix de Chute, il faut faire chuter ses dix jetons le premier et ne pas perdre son sang froid, car plus dure sera la chute ! » Un socle en plastique coloré, cinq roues à faire pivoter et un adversaire à niquer : MB avait conçu un jeu parfait dans les années 70. Plus bâtard que Puissance 4 mais moins prise de chou que Mastermind.

TÉLÉPHONE SECRET La nature est mal faite : la puberté n’arrive pas vraiment au même rythme. Quand les gars en sont encore à suer à grosses gouttes lors de parties de foot à la récré, les filles ont déjà les hormones qui les travaillent sévère. D’où le succès de Téléphone Secret dans les années 90, une sorte de Cluedo pour pécho des mecs via un combiné en plastique rose. « Il a toujours des tenues décontractées mais ne porte jamais de slip… » C’est Sylvain mon amoureux !

SUBBUTEO Dupés par une pub attirante (« C’est le football au bout des doigts ! »), les parents croyaient faire plaisir en offrant cette boîte de jeu à leur gamin. Grave erreur : elle contenait une sorte de nappe en tissu vert et des figurines injouables. La maison d’édition Megableu tente depuis l’an dernier de relancer sa commercialisation. Les malaaaades ! 21


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De méchants bides français face aux succès anglo-saxons 22

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S’il y a bien un artiste français à qui Noël a rapporté le pactole, c’est Tino Rossi. Son Petit Papa Noël a contribué à faire de lui le plus gros vendeur français de disques de l’Histoire. Pas mal et surtout complètement exceptionnel. Car oui, on peut le dire : le cas Rossi relève du miracle tant les albums de Noël font de méchants bides dans l’Hexagone. Qui a écouté l’album Noël ! Noël ! Noël ! de notre Michel Legrand national, sorti en 2011 ? Pas grand monde. Pourtant, le compositeur y avait réuni -M-, Ayo, Iggy Pop, Carla Bruni et Mika. Rien à faire. Un four. Des exemples comme ça, il y en a plein. millions d’albums dans les foyers et de dollars dans les poches des Beach Boys, Elvis, Céline Dion... majors. Et ce depuis 1942 et le White « Même si Johnny Hallyday faisait Christmas de Bing Crosby, encore un album de Noël, je ne suis pas aujourd’hui le single le plus vendu certain que ça marcherait, confie de tous les temps. Thierry Chassagne, président de En Angleterre, la course à celle qui Warner Music France. Enfin, si, placera son artiste en première place il en vendrait 100 000 aux fans, des ventes la semaine de Noël déchire mais pour lui, c’est peu, on le lui les maisons de disques. Le plus soudéconseille. Pareil pour Stromae, vent, ce sont des reprises de chants il en vendrait 150 000 ou 200 000. populaires, réarrangés comme il faut Comparé aux 1,8 millions de son pour que ça se vende selon les canons dernier album, c’est pas grand musicaux du moment, à l’image chose. » de l’album Home For Christmas Pendant ce temps-là, aux USA, les de Susan Boyle (2013). albums de Noël, c’est plus qu’une Outre-Manche, un “UK Christmas tradition : c’est un business floris- number one”est même instauré pour sant. Les Beach Boys, Dean Mar- célébrer le titre en tête des charts tin, Elvis Presley, Mariah Carey, à Noël. Si beaucoup de ces proCéline Dion, Josh Groban et des ductions anglo-saxonnes sonnent centaines d’autres ont fourré des ultra kitsch et très ringardes, à l’ins-

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LES ALBUMS DE NOËL : ÇA SENT LE SAPIN

tar du single The Climb du winner de X Factor 2009 Joe McElderry (qui était une reprise de... Miley Cyrus), elles ont tout de même réussi à conquérir des pays tels que l’Irlande, la Hongrie, le Portugal ou encore les Pays-Bas, où les ventes sont honnêtes.

« L’anti-chanson de Noël » Pour Thierry Chassagne, l’explication de ces succès étrangers et des bides français est simple : « Aux USA, ils démarrent Noël beaucoup plus tôt, dès Thanksgiving, c’est-à-dire fin novembre. » Chez nous, l’esprit de Noël est beaucoup plus court, il est alors difficile pour des maisons de disques d’inscrire dans la durée un album dédié à cette fête. Résultat : « En France, on arrive à faire des choses, mais très ponctuelles, comme placer Michael Bublé premier des ventes iTunes le 24 décembre. » Face à ce constat peu folichon, quelques exceptions apparaissent cependant. À l’image de Florent


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Arnaud Pyvka

Marchet qui, en 2011, a sorti l’album Noël’s Song, assorti d’un spectacle et d’une tournée. « Il y a de bons albums de reprises de chants de Noël qui m’ont inspiré. Ceux de Belle & Sebastian, Sufjan Stevens, Johnny Cash, Blonde Redhead..., raconte le chanteur. On en connaît beaucoup inconsciemment, et j’ai choisi ceux auxquels je pouvais ajouter ma patte. À Noël, on fait souvent le bilan, on peut se sentir très seul, étranger chez soi. On a beau évoluer dans la vie, le soir du réveillon, on reprend sa place, même celle que l’on fuit. Ce sont des thèmes très courants dans la chanson française. » Autre réussite, celle du titre Noël Séparé de Charles-Baptiste : « Pour ce morceau, je voulais écrire sur ceux qui sont mis de côté à Noël. Certains gosses dont les parents sont divorcés font deux réveillons, l’image d’harmonie est mise à mal, c’est inspirant. Cette chanson, tu ne peux pas l’envoyer à tes proches. Finalement, c’est l’antichanson de Noël. » Brice Miclet 23


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C’ÉTAIT COMMENT NOËL CHEZ TOI ? ENS

CLAR

Jusqu’à quel âge as-tu cru au Père Noël ? J’ai arrêté aux alentours de 7 ans. Le 24 décembre, j’étais plutôt du genre à essayer de m’endormir le plus vite possible pour que la nuit passe et que je puisse enfin ouvrir mes paquets. Le meilleur cadeau de Noël que tu aies reçu ? Sans aucun doute la Nintendo Gamecube avec le jeu Harry Potter et La Chambre des Secrets. C’était au début des années 2000 et elle est encore chez mes parents, j’y joue toujours souvent. Je l’ai fini (environ) 15 748 fois.

FALABELLA

Le cadeau que tu espérais mais que tu n’as jamais eu ? Une voiture téléguidée, je l’ai commandée plusieurs Noëls, sans succès. As-tu déjà ouvert un paquet avant le 25 décembre ? Jamais. Si mes parents avaient grillé un papier cadeau déchiré, ils m’auraient fait baver en me l’offrant plus tard. Ton film de Noël préféré ? Le Pôle Express. Ta chanson de Noël préférée ? Toutes les adaptations des classiques de Noël par Bing Crosby. Le 4 décembre aux Trans Musicales

RICH AUCOIN

Jusqu’à quel âge as-tu cru au Père Noël ? Je devais avoir 5 ou 6 ans quand des copains à l’école ont percé à jour la conspiration. Le meilleur cadeau ? Voir ma famille revenir à la maison alors que je la croyais disparue. Ah ah, ça ne te rappelle rien ?

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Jusqu’à quel âge as-tu cru au Père Noël ? Vers mes 6 ans, après une grande discussion à la cantine. Le meilleur cadeau de Noël ? Un jogging Nike mauve ! Le cadeau espéré ? Une Bentley. Le pire cadeau ? Un peignoir. Ton film de Noël préféré ? Les Goonies. Je ne sais pas s’il peut être considéré comme un film de Noël mais je le regardais tout le temps à cette période. Ta chanson de Noël préférée ? Je n’ai jamais aimé ces chansons, ça me rappelle trop la chorale quand je faisais semblant de chanter. Le 8 novembre à La Teufestival à Briec, le 11 novembre au 1988 à Rennes, le 19 décembre à l’Espace Glenmor à Carhaix

Le cadeau que tu espérais ? Une console Nintendo. Mes parents étaient contre, je sais pas pourquoi. Avec mon frère, on devait se contenter de jouer sur l’ordinateur. As-tu déjà ouvert un paquet avant le 25 décembre ? Non, j’aime trop les surprises. Ton film de Noël préféré ? Je pense que tu as compris qu’il s’agit de Maman, j’ai raté l’avion ! Ta chanson de Noël préférée ? White Christmas par The Drifters. Cette voix !

Le meilleur cadeau ? Un bateau pirate Playmobil, je devais avoir 6 ou 7 ans. Il était tellement énorme et classe ! Le cadeau que tu espérais ? Un sabre laser... Ton film de Noël préféré ? L’Étrange Noël de Monsieur Jack, j’avais les figurines !

Le 4 décembre aux Trans Musicales

Le 8 novembre aux Indisciplinées

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A FAKE


,  RAND BERT RRO TOTO

MARIE, 9 CLUB THE 196

Jusqu’à quel âge as-tu cru au Père Noël ? À 7 ans, papa m’a demandé « tu crois au Père Noël ? ». J’ai menti et dis « non » et il m’a répondu « bon ben voilà ». Le meilleur cadeau ? Un Bioman. Le cadeau que tu espérais ? Une année, alors que j’étais satisfait de mes cadeaux, j’ai su que mes cousins avaient eu la N64. Ce fut un Noël amer. Le pire cadeau ? Une calculatrice. As-tu déjà ouvert un paquet avant ? Oui, grâce aux familles recomposées et aux Noëls décalés. Il fait bon être un enfant du 21e siècle. Ton film de Noël préféré ? La Course au jouet avec Schwarzy. Ta chanson de Noël préférée ? Last Christmas de Wham.

Jusqu’à quel âge as-tu cru au Père Noël ? Ça a duré quelques temps, peut-être jusque mes 10 ans. Chez nous, le Père Noël avait une petite assiette avec une clémentine, des gâteaux secs, un verre de lait et un verre de rhum. Sur le plateau, il n’y avait que le rhum qui avait disparu une fois qu’il était parti. Le meilleur cadeau ? Une voiture électrique. La classe internationale. Je me baladais dans le quartier avec. Le cadeau que tu espérais ? Une putain de cabane en plastique de toutes les couleurs. Tous les gosses en avaient. Rah ! Le pire cadeau ? C’est toujours la lose de recevoir des serviettes, Album Home Alone toujours disponible des peignoirs ou des draps… Sérieux, des draps ? As-tu déjà ouvert un paquet avant ? Je savais où mes parents PIERRE-EM MANUEL BARRÉ

Jusqu’à quel âge as-tu cru au Père Noël ? Je me souviens pas, je buvais beaucoup à l’époque. Mais vous êtes des baltringues de faire ça. Imagine si personne m’avait dit que le Père Noël n’existait pas ? Le meilleur cadeau ? Un petit ours à rayures bleues, j’avais un an et dix mois. C’était mon deuxième Noël et j’ai passé ma soirée à me demander quel réconfort métaphysique mes parents pouvaient bien trouver dans la mise en scène

d’un canular aussi grossier dont ils n’avaient même pas changé la mise en scène depuis un an. Le cadeau que tu espérais ? Emilia Clarke (Daenerys dans GOT, ndlr) Le pire cadeau reçu étant enfant ? Un fusil d’assaut pour mes 6 ans. D’ailleurs, la fête a mal tourné As-tu déjà ouvert un paquet avant ? Une fois, en 1990. J’ai vu que c’était une trottinette et j’ai été déçu parce que je voulais une voiture électrique. Alors je l’ai remplacée par un fusil d’assaut pour me venger.

planquaient les cadeaux, donc je crois que oui… Qui ne l’a jamais fait sérieusement ? Ton film de Noël préféré ? Maman, j’ai raté l’avion. Ma réplique préférée : « Harry, pourquoi t’es déguisé en poulet ? » Ta chanson de Noël préférée ? White Christmas par The Drifters. Elle donne envie de danser en reversant du vin sur le tapis. Le 8 novembre au Bacardi à Callac

Ton film de Noël préféré ? Le Père Noël est une ordure, bien sûr. Mais je trouve que Noël n’est pas assez exploité dans le cinéma français. Ta chanson de Noël ? J’écoute peu de chansons de Noël, ça me rappelle la mort de toute ma famille en 1990. Un événement douloureux, même si c’était mérité. Offrir une trottinette à un enfant... Les monstres ! Tous les vendredis à La Nouvelle Édition sur Canal Plus. Le 20 décembre à Ergué-Gabéric 25


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pour aller plus hauuuuuuut

shine bright like a diamond

et toi François, et toi Laurence, et toi Marion

il faut lui dire Mamaaaaan

tout au bout de mes rêves, où la raison s’achève

à chaque pas sur le devant de la scène

au noooooooooooord

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tagada tagada, voilà les Dalton


ET TU CHANTES CHANTES CHANTES CE REFRAIN QUI TE PLAIT

MALGRÉ SON IMAGE UN PEU DÉMODÉE, LE KARAOKÉ N’EST PAS MORT ET CONTINUE À ANIMER LES SOIRÉES DE NOMBREUX BARS. ON A RENCONTRÉ SES PRATIQUANTS QUI NOUS ONT EXPLIQUÉ POURQUOI ILS KIFFENT CHANTER SUR UNE BANDE-SON. ’est comme ça tous les jeudis soir depuis plus de sept ans. Après sa journée de boulot dans un hôtel de Ploërmel en CentreBretagne, Johan, 41 ans, s’engloutit cinquante kilomètres de voieexpress pour rejoindre Vannes. Sa destination : le “Master bowling”et sa soirée karaoké. Fan de Mylène Farmer et de métal symphonique, Johan raconte être tombé dans le karaoké un peu par hasard. « Un jour, dans un bar de Ploërmel, un ami m’a inscrit pour déconner. Je n’étais pas au courant et quand l’animateur m’a appelé pour chanter, je n’avais pas le choix, impossible de reculer. » C’est comme ça qu’il s’est retrouvé à interpréter pour la première fois devant tout le monde All that she

wants d’Ace of Base. Un bon souvenir ? « Ça m’a tout de suite plu et m’a donné envie de recommencer. » D’abord dans des bars autour de chez lui, puis parfois à Rennes, avant de devenir un habitué du Master de Vannes.

Heavy metal En ce jeudi de septembre, la salle du bowling est particulièrement remplie. Pas un fauteuil ni une banquette de libre devant la petite scène et le grand écran. Parmi les chanteurs du soir, une trentaine d’étudiants en BTS, venus faire la nouba pour leur fête d’intégration, sont venus grossir les rangs de la quinzaine de fidèles, Johan en tête. C’est d’ailleurs lui qui aura l’honneur d’ouvrir les festivités. L’Amérique de Joe Dassin ? Mon

Fils Ma Bataille de Daniel Balavoine ? Ça fait rire les oiseaux de la Compagnie Créole ? Pas vraiment. C’est par Hard Rock Hallelujah de Lordi (mais si, souvenez-vous, le groupe finlandais d’heavy metal qui a gagné l’Eurovision) que notre karaokeur se chauffera la voix, devant des étudiants mi-amusés mi-hébétés. « Ouais c’est sûr que ça peut surprendre ce genre de chanson, reconnaît-il à sa sortie de scène. Mais c’est pas parce que tu viens en karaoké que t’es obligé de chanter Les Sunlights des tropiques de Gilbert Montagné (« l’amour se raconte en musique, iiiiique !!! »). Mon répertoire, c’est plutôt Metallica, Nirvana ou Garbage. Après une journée de travail, c’est un bon défouloir. » 27


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À ses côtés, José, Adeline, Mickaël, Barbara et Gwenn attendent leur tour. Eux-aussi sont présents chaque jeudi au Master. Avec pour chacun, une motivation différente. À l’image de José qui avoue être là d’abord pour faire le con (« quand je chante Lolita d’Alizée, je me déguise ») ou d’Adeline qui ne « cherche pas la performance vocale mais simplement le plaisir de chanter et de rencontrer du monde ». À force de se passer le micro, certains d’entre eux sont même devenus potes et se fréquentent désormais en dehors.

sujet (lire page 30). Pour certains, ça libère du stress et permet de s’amuser entre amis. Pour d’autres, c’est une manière très simple de s’essayer au chant. Et puis, il y a en a toujours quelques-uns qui viennent pour s’entraîner car ils veulent faire The Voice. On vit quand même dans une société où tout le monde a envie d’être une star. Le karaoké peut alors être perçu comme une machine à rêves, du moins le temps d’une chanson. » C’est le cas de Mickaël. Ce jeune homme de 28 ans, qui « chante tout le temps, aussi bien du fran« Machine à rêves » çais que de l’international », a déjà « Les raisons de faire du karaoké tenté les sélections de la Nouvelle sont multiples, expose Thomas Star et celles de N’oubliez pas les Cazals, journaliste qui a réalisé paroles. Tous deux sans succès. En pour Arte un documentaire sur le attendant le prochain casting (il

« Un coup c’est branché, un coup c’est ringard... » 28

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s’est réinscrit pour le télé-crochet de D8), il vient au Master pour s’affuter vocalement. Dans sa playlist du soir : Les Mots de Keen’V et Nothing’s Gonna Change My Love for You de Glenn Medeiros. Deux titres sur lesquels il s’est entraîné les jours précédents seul chez lui devant son ordinateur.

« Un public féminin » Assis derrière sa table de mixage, Hervé Lebreton, patron des lieux, jongle entre les DVD. Cela fait 24 ans qu’il organise des karaokés chaque semaine, et ce n’est pas prêt de changer. « Ce qui m’intéresse, c’est que ça touche un public essentiellement féminin, ce qui est toujours bon pour un bar. Et puis, c’est aussi l’assurance d’attirer de la clientèle et de créer du flux un soir en semaine. » OK, mais en vingt années d’activités, a-t-il vu l’attrait fluctuer ? « C’est cyclique. Un coup c’est branché, un


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coup c’est ringard. » Même topo de la part de Jean-Michel Peffer, gérant de KPM, une boîte créée en 1994 et spécialisée dans la production de DVD karaoké : « On a connu un gros pic au début des années 2000. Je pense que cela est en partie lié à la Star Academy qui a donné l’envie aux jeunes de se mettre à chanter. Cette émission a fait beaucoup de bien. L’engouement a par la suite baissé, mais depuis quatre-cinq ans, ça s’est stabilisé. »

« Version midi » Depuis 2007, l’émission de Nagui, N’oubliez pas les paroles, participe aussi à ce phénomène en attirant en moyenne 2,3 millions de téléspectateurs chaque soir sur la 2. Ses castings en région cartonnent plutôt bien : après une première sélection en septembre à Rennes où 200 candidats se sont présentés, le programme était de nouveau dans la capitale bretonne le 20 octobre dernier.

« Chanter Destinée, c’est un peu comme une récré... » Pour l’ensemble des protagonistes interrogés, ces différents retours de bâton et de hype seraient en partie dus à l’image désuète que le karaoké peut se coltiner. Un cliché justifié ? Pour Johan, notre chanteur vannetais, tout dépend des pratiquants. « Ce sont eux qui choisissent les chansons et font qu’un karaoké est réussi ou pas. Il faut de tous les âges et de tous les styles pour renouveler le répertoire. S’il ne passe que de la variet’ des années 80, normal que ça paraisse démodé. » Pour le boss de KPM, le karaoké souffrirait par ailleurs d’un amateurisme qui le desservirait. « Beaucoup d’établissements diffusent des clips de mauvaise qualité téléchargés sur Internet. Il existe aussi toujours sur le marché des bandes-son en version

midi. Imaginez donc la réaction de personnes qui viennent pour la première fois : l’a priori sera négatif… » Avant d’ajouter : « Tous les DVD que nous produisons ont huit pistes audio avec différentes tonalités : sous-titres classiques, version chantée, voix de soutien, version duo… Le tout avec des bandes orchestre dignes des chansons originales », assure-t-il.

« Kitsch et délire » Animateur depuis sept ans au café Leffe de Rennes, un des derniers bars karaoké de la ville, Alex, 28 ans, reconnaît lui aussi ce déficit de crédit. « Avant de faire partie du milieu, j’étais le premier à trouver ça un peu beauf. Pour moi, c’était ambiance Johnny Halliday et com29


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Philippe Remond

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pagnie. Mais force est de constater que ça reste pour beaucoup un bon moyen de s’amuser. » Ce qu’a parfaitement compris la salle de concerts l’Ubu à Rennes qui, depuis deux saisons désormais, organise un karaoké live dans le cadre de sa soirée Uburama. La dernière a eu lieu en juin et a permis à une quinzaine de chanteurs de s’improviser lead singer le temps d’un morceau. Ici pas de bande-son, c’est un “vrai” groupe composé de membres de la scène rennaise (Manceau, Juveniles, Expø, Wonderboy…) qui accompagne les participants. « L’idée, c’est de faire monter les gens sur scène entourés de musiciens, comme dans les vraies conditions, explique Delphine Diard de l’Ubu. Pour les personnes qui ne connaissent pas la salle, c’est un

« CE N’EST PAS QU’UN TRUC POUR LES BEAUFS »

bon moyen de la découvrir et, pour les habitués, une façon de la voir différemment. » Un mélange des genres remarqué, tant on n’imagine pas spontanément le public de l’Ubu pousser la chansonnette dans une soirée karaoké. Car si la playlist de l’Uburama comptait quelques classiques rock comme les Doors ou les Clash, on pouvait y déceler quelques titres plus surprenants. « Chanter Destinée de Guy Marchand, c’est un peu comme une recré, reconnaît Delphine. Le côté kitsch et délire de la chose jouent forcément. » L’Ubu et le karaoké : destinés, ils étaient tous les deux destinés, à voir leurs chemins se rencontrer, à s’aimer sans demander pourquoi, toi et moiiiiiiii !

pays représentés : Chine, Ukraine, Inde, Espagne… À l’heure de la mondialisaThomas Cazals, auteur du documentaire Karaoké : tion, le karaoké représente la machine enchantée, prochainement sur Arte. une forme de culture globale qui réussit à circuler entre différentes sociétés. Pourquoi tu t’es lancé dans Qu’est-ce qui t’a le plus un docu sur le karaoké ? surpris au cours de ton C’est vraiment la folie T’étais pratiquant ? enquête ? au Japon ? Ahah, non pas vraiment. La première surprise pour C’est une institution, J’avais envie de faire un moi a été de découvrir une fierté nationale, film sur quelque chose qu’il y avait tous les ans un une industrie qui génère de vraiment populaire. championnat du monde énormément d’argent. Et le karaoké l’est. du karaoké (celui de cette Toutes les catégories Même en France malgré année a lieu du 13 au 15 sociales et tous les niveaux la mauvaise image que novembre à Stockholm, culturels pratiquent le certains veulent lui ndlr). Quand je me suis karaoké, ce n’est pas un donner, celle d’un truc rendu là-bas il y a deux ans phénomène de classe. démodé pour les beaufs. pour commencer à tourner, On constate que dans je me suis demandé sur quoi Quelqu’un qui veut s’installer dans ce pays et n’importe quelle ville j’allais tomber. En arrivant comprendre sa culture est de 10 000 habitants, sur place, j’ai constaté qu’il obligé de passer par cette il y a un lieu où tu peux y avait des gens venant de case. Mais il n’y a pas que pratiquer le karaoké. toute la planète, avec trente 30

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Julien Marchand le Japon. La Finlande, par exemple, est un pays très consommateur. Il y a 2 000 bars à karaoké pour cinq millions de personnes, ce qui est énorme. Pourquoi y a-t-il peu de documentaires ou d’études sur ce sujet ? L’image ringarde joue certainement. Et puis, à la différence du Japon où ça fait partie de la culture nationale, la mode du karaoké est cyclique en France. Ça va, ça vient. C’était assez en vogue au début des années 90, avant de plonger, puis de revenir par la suite. Tout cela fait que ce n’est sans doute pas considéré comme un sujet très sérieux.


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LA CAPITALE DU SANS PERMIS ? SUR LA ROUTE, DANS LES RONDS-POINTS, SUR LES PARKINGS : DIFFICILE D’ÉCHAPPER AUX VOITURETTES QUAND VOUS CIRCULEZ DANS LE TRÉGOR. MAIS NOM D’UNE PIPE, POURQUOI ? 32

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i vous vous rendez à Lannion, il y a un jeu assez drôle à expérimenter : celui qui aperçoit en premier une voiture sans permis crie “pot de yaourt !” en la montrant du doigt et gagne un point. Généralement, le grand vainqueur est celui qui arrive à dix, sinon on n’a pas fini. Dans le Trégor, cette région du nord-ouest des Côtes d’Armor, les voiturettes sont en effet légion. Au départ ça fait rire, parfois ça énerve, puis on s’habitue. Dominique Deveney, gérant de la concession “Aixam Lannion Sans Permis”, assure que si on voit beaucoup de ces mini-voitures dans le coin, « c’est parce qu’il y a des concessionnaires depuis plus longtemps que dans beaucoup d’endroits de Bretagne, plus de 25 ans. Actuellement, il y a quatre concessionnaires trégorrois qui s’y sont mis ». En clair, l’offre aurait ici créé la demande. Si on ajoute à cela des transports en commun peu développés (un bus toutes les heures en moyenne à chaque arrêt) et des alentours vallonnés pouvant couper l’envie de prendre son vélo, le terrain semble propice aux autos sans permis. De Lannion à Lamballe, Dominique Deveney vend 200 voiturettes par an. Ses clients ? Le boss de la concession Aixam les divise en trois catégories. « Il y a ceux qui ont perdu leur permis pour telle ou telle raison, ceux qui ne sont pas en capacité de le passer et ceux qui n’en ont pas besoin. » Parmi ces derniers, on retrouve pas mal de Parisiens ayant une maison secondaire dans les environs. 33


PAPIER

Reste que se retrouver bloqué derrière un engin limité à 45 km / h peut en énerver certains. « On se fait beaucoup klaxonner et insulter, confie Catherine, 47 ans, qui chaque semaine fait plus de 100 kilomètres au volant de sa voiturette. Le matin, quand les gens partent au boulot, ils sont tellement pressés qu’ils perdent leurs nerfs. Un jour, un type m’a suivi jusqu’à Trébeurden pour m’engueuler. J’allais juste au travail. » L’image et la réputation que se traînent les utilisateurs de voitures sans permis sont tenaces. Les clichées sont solides, notamment celui de l’alcoolique qui a perdu ses douze points ou celui du petit vieux qui n’avait appris à conduire qu’un tracteur. C’était encore vrai il a vingt ans mais, aujourd’hui, de plus en plus de jeunes viennent à la concession, faute de réussite à l’examen. Surtout, un conducteur de voiturette n’a rien d’un cassos : neufs, les nouveaux modèles coûtent entre 10 000 et 14 000 euros. Les gammes électriques quant à elles chiffrent entre 15 000 et 20 000 euros. Si la clientèle a tant changé, c’est aussi parce que les fabricants savent être de plus en plus persuasifs. Les catalogues ont su se réinventer et les lignes jouent la carte de la séduction. Damien, Lannionnais de 25 ans, s’est offert la nouvelle Aixam coupé S, rouge pétant, avec volant et châssis sport, bandes adhésives blanches sur le capot, feux de jour à

leds et double sortie d’échappement chromée 70 mm. On est bien loin de la voiturette-tricycle inventée par le Français Léon Bollée en 1896, ancêtre de l’Arola, première voiture sans permis commercialisée en 1975.

Un bruit de tracteur Son comparse Xavier, 30 ans, a lui opté pour le modèle coupé, blanc nacré, avec roues en alliage 15 pouces noires satinées, pare-choc avant GTI et console centrale avec porte-gobelet et porte-cendrier. « Certains modèles ressemblent à des Fiat 500 ou à des Mini Austin, reconnaît Stéphane Rousset, commercial chez Rennes Motoculture, autre concessionnaire présent en Bretagne. Les gens n’ont plus honte d’acheter une voiturette. Résultat : en France, les ventes augmentent de 2 à 3 % par an. » Sur le territoire, environ 15 000 voiturettes neuves

« On se fait beaucoup insulter, les gens perdent leurs nerfs » 34

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sont vendues chaque année. Le leader Aixam, lui, vend 12 000 voiturettes par an en Europe, contre 10 000 en 2002 et 3 000 en 1986. Après douze ans en scooter, c’est aussi le design qui a séduit Catherine. Mais également le fait de se sentir à l’abri dans ce qui ressemble à une vraie citadine. Si elle n’a jamais osé passer le code, ne s’en sentant pas capable, elle sait pourtant faire face à toutes les situations rencontrées en circulation urbaine, assuret-elle. C’est son mari qui les lui a apprises. Car, qui dit sans permis, dit sans leçon en auto-école et sans examen. Pour Ivan Magot, journaliste à L’Automobile Magazine, cette absence de formation pose un problème : « Le principe de limiter les voitures sans permis à 45 km / h les transforme en danger public. Sur une route à 90, les autres conducteurs peuvent se retrouver à freiner d’urgence si une voiturette est à 45 dans un virage, par exemple. À la rigueur, il faudrait les autoriser à aller à 60 km/h, pour faire face à des situations complexes. »


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Les véhicules sans permis sont donc très rarement en tort dans des accidents graves, mais peuvent y être impliqués. Ivan Magot continue : « Il faut aussi dire que c’est très cher pour ce qu’il y a sous le capot. Les gens payent en réalité le droit de conduire. » Si l’absence de code et de permis permet d’utiliser une voiturette, la conduite ne doit pas être bien compliquée, non ? Vérification faite par nos soins après essai d’un modèle. Deux pédales : accélérateur et frein. Pas de levier de vitesse, mais une manette pour les marches avant et arrière. Au démarrage, un bruit de tracteur. Et puis, roule. En soirée, on connaissait l’adage “t’as deux mains donc t’as deux verres”, ici la variante c’est “t’as deux pieds donc t’as deux pédales”. Et freiner avec le pied gauche est plutôt dur à assimiler. Côté vitesse, pour un trajet de trois kilomètres, cinq grosses minutes auront été nécessaires. Le risque : s’endormir à cause du manque de vitesse. L’avantage : aucun risque de s’endormir avec tout ce bruit.

Brice Miclet

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DOSSIER

SPÉCIALES DÉDICACES

ILS PASSENT DES HEURES À ATTENDRE POUR UN AUTOGRAPHE OU UNE PHOTO. CATÉGORIE À PART DANS LE MONDE DES FANS, LES CHASSEURS DE STARS INTRIGUENT. RENCONTRE. 36

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ercredi 8 octobre, premier jour de la 25e édition du Festival du film britannique de Dinard. Installées sur un banc situé à deux pas du perron d’un l’hôtel de luxe, Sandra et Françoise scrutent chaque voiture et guettent le moindre mouvement. Arrivées dans la station balnéaire en fin de matinée, ces deux Normandes ont prévu d’y passer toute la journée. Leur objectif ? Obtenir le maximum d’autographes et de photos des membres du jury. « Cette année, il y a Léa Drucker, Sophie Duez et, surtout, Catherine Deneuve. C’est mon objectif, même si je sais qu’elle ne sera pas facile à avoir », annonce Françoise, 58 ans, qui depuis une dizaine d’années arpente les festivals de télévision et de cinéma en quête de stars. « Deauville, Monte-Carlo, La Rochelle,

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All Autographes

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Angoulême… Aujourd’hui, j’ai plus de 1 500 jaquettes de DVD signées. Plus des photos, plus des affiches, plus des livres d’or… »

« Je sens l’adrénaline monter » Alors que l’arrivée du jury n’est prévue qu’à 18 h à l’hôtel (« un des employés qu’on connaît bien nous a donné l’info »), c’est à 13 h 30 que Christophe, un Rennais de 29 ans, se poste à son tour devant l’entrée de l’établissement. « C’est le meilleur spot pour approcher les comédiens. Après les projections ou le photocall, ce n’est pas possible. » Comme Françoise, le jeune homme se définit lui aussi comme un « chasseur de peoples ». Une passion qu’il a découverte en 2009 après avoir rencontré Elie Semoun lors d’une avantpremière. « J’étais fan des Petites Annonces alors je lui ai demandé si je pouvais faire une photo avec

« Quand on a goûté à une star, on a envie de recommencer » 38

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lui... Quand on a goûté une fois à une star, on a envie de recommencer tout de suite. Il y a quelque chose d’excitant dans le fait de rencontrer des personnes célèbres. Je sens toujours l’adrénaline monter quand je m’approche d’elles ». Aujourd’hui, en plus des festivals, Christophe passe en moyenne trois soirs par semaine à faire les sorties de théâtre ou d’hôtel, à Nantes et Rennes notamment. Une activité dévorante, reconnaît-il (« j’ai déjà loupé l’anniversaire de mon frère à cause de ça. C’était pour Fabienne Thibeault qui était de passage dans les Côtes d’Armor »), où la patience s’avère la première des qualités. « Il y a trois ans, j’ai attendu de 10 h à 23 h 35 à l’aéroport de Rennes pour Johnny Halliday. Quand je l’ai vu, j’ai pleuré. J’ai déjà aussi passé deux jours devant l’hôtel de Céline Dion. Attendre, ce n’est pas un problème quand il y a un résultat au bout. » Cela sera encore le cas aujourd’hui. Après une après-midi entière à poireauter, Christophe, Françoise et


All Autographes

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Sandra, depuis rejoints par une bonne vingtaine d’acolytes, sont prêts à jouer des coudes lorsque les voitures du jury débarquent en tir groupé. En l’espace de quelques minutes, les véhicules s’enchaînent et les célébrités surgissent de chaque portière. Pas de quoi cependant inquiéter nos chasseurs de stars qui, tels des ninjas du showbiz, se faufilent les doigts dans le nez entre journalistes et personnel hôtelier. Et à ce petit jeu, Laurent, un habitué du festival, se débrouille plutôt bien. Bilan de sa journée : une photo avec Suzanne Clément (qui joue dans Mommy de Xavier Dolan, ndlr), un autographe de Léa Drucker et, last but not least, un cliché aux côtés de Catherine Deneuve. De quoi alimenter son tableau de chasse qui compte à ce jour plus de 800 artistes. Des photos qu’il expose sur son blog, mais également chez lui, sur les murs de sa salle de sport à côté d’autres objets dédicacés. « Et encore, je me suis calmé avec le temps. Aujourd’hui, j’y consacre seulement une journée par semaine.

« J’ai déjà passé deux jours devant l’hôtel de Céline Dion » Au plus fort, c’était facile troisquatre jours », reconnaît ce jeune papa de 39 ans qui estime avoir su tirer profit de sa passion : « Quand on me demande à quoi ça me sert, je réponds qu’au-delà des photos, ça m’a permis de voyager à travers la France et de rencontrer du monde. Certains chasseurs d’autographes sont devenus des amis. »

Roselyne Bachelot pour 10 €

Dans ses bons souvenirs, il cite Nicola Sirkis (« super gentil »), Ingrid Chauvin (« une grande dame »), Matt Damon (« ma plus grosse star »). Et du côté des pas sympas ? « Chimène Badi, Mika et Julien Lepers : pas très aimables. » Pour Laurent cependant, nul besoin d’aimer une personnalité pour l’approcher. Seule sa célébrité compte. Ce que nous avoueront la plupart des chasseurs de stars interrogés. « Il y en a que

j’aime bien sûr, et ils sont nombreux. Mais, dans le cas contraire, cela me permet simplement d’agrandir ma collection », justifie Laurent qui aujourd’hui rêve d’obtenir Gérard Depardieu et Britney Spears. Deux personnalités que Randolph Thomassian a déjà rencontrées plusieurs fois. Ce Parisien de 29 ans est lui aussi chasseur d’autographes mais, à la différence de Christophe ou Laurent, il en a fait son métier. « C’est après mes études de droit que j’ai décidé de lancer cette activité en 2009. Aux États-Unis, c’était déjà un business très développé, alors pourquoi pas en France. J’ai passé une année à récolter le maximum d’autographes, afin d’avoir un stock suffisant pour le site Internet, soit 2 000 signatures. Les trois premières années ont été difficiles mais, depuis deux ans, j’arrive à en vivre. Je me fais un gros smic. » 39


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Laurent Bossard

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Un job qui le fait tourner presque chaque soir dans tout Paris mais également voyager deux fois par an aux States avec ses confrères (ils sont actuellement trois pros en France). « C’est assez fou là-bas : tu peux sonner directement chez les gens. On a été reçu par Kirk Douglas, James Woods et même Martin Sheen qui nous a payé le petit dej. » Parmi ses plus belles pièces : Paul McCartney, « qui ne signe plus rien depuis longtemps »,

dont il vend l’autographe 750 €. Pour les bourses plus petites, sachez que pour 10 €, vous pouvez vous offrir une photo dédicacée de Lorànt Deutsch, Roselyne Bachelot, Francis Lalanne, Amel Bent ou Raphaël Mezrahi. La classe. S’il y en a un qui n’a pas hésité à mettre la main au porte-monnaie, c’est Hervé Le Roch. En 2010, ce quinquagénaire briochin a dépensé 6 500 € pour remporter aux enchères

deux anciens livres d’or de l’hôtel George V à Paris. « Ils couvrent les années 70, 80 et 90. Cela représente plus de 400 signatures. Avec bien sûr les plus grands de ce monde : chefs d’État, acteurs hollywoodiens… Et le plus important selon moi : Neil Armstrong. Ses autographes sont très rares en France, je sais qu’il y en a un à l’Élysée mais c’est tout », fanfaronne-t-il. De quoi lui donner des envies de revente depuis la mort de l’astronaute en 2012 ? Si une signature d’Armstrong est aujourd’hui estimée entre 6 000 et 9 000 €, Hervé Le Roch jure ne pas vouloir s’en séparer (il a déjà reçu deux offres de rachat à 80 000 €). À l’exception d’un cas de figure : « Si le George V veut le récupérer pour l’exposer dans l’une de ses vitrines, je suis prêt à le lui rendre. En échange ? Une chambre offerte à chacun de mes séjours parisiens serait pas mal. » Julien Marchand

Résultats en vrac d’une visite du site d’enchères en ligne Ebay : une lettre signée Alexandre Dumas mise à prix 35  €, une photo de Chaplin estimée 1 400  €, une vignette Panini de Nestor Fabbri avec un vague coup de crayon en vente 1  €, un gribouillis de Kev Adams 3,50  €… À première vue, le marché de l’autographe est une jungle. Et à bien y regarder de près, ça l’est encore plus. « C’est bien simple, le milieu est plein d’escrocs essayant de refourguer des documents bidons griffonnés d’un simple stylo-bille », attaque JeanEmmanuel Raux, expert dans le domaine des manuscrits. Pour lui, il faut bien faire le distinguo entre le 40

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monde de l’autographe ancien – en gros milieu du 20e max – et tout ce qui a trait à la chasse aux stars. « Un papier signé des Beatles est actuellement coté à 1 500  €, soit autant qu’un manuscrit original de Colbert ! Je vous laisse juge de ce qui a le plus de valeur historiquement… » Mais en quoi est-il plus facile d’authentifier un document ancien qu’un nouveau ? « Il y a des critères précis : le grain du papier, le cachet, l’encre, la forme de l’écriture… Une signature à la va-vite au bic sur une photo ne vaut rien en soi car toute personne mal intentionnée et un tant soit peu adroite peut le faire. » Et si le chasseur d’autographes a pris en photo la star

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L’AUTHENTIFICATION EST-ELLE POSSIBLE ?

en train de signer son bout de papier, est-ce une preuve ? Jean-Emmanuel Raux reste sceptique : « Même s’il s’avère que ce n’est pas un faux, une simple signature sera peu recherchée des collectionneurs car c’est sans intérêt. Prenez Gainsbourg : une photo dédicacée coûte 50  €, tandis que l’original d’une chanson écrite de sa main peut partir aux enchères à plus de 20 000  €. » R.D


Antoine Lilti, historien et auteur cette année de l’ouvrage Figures publiques, L’invention de la célébrité 1750-1850.

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«  LA PREMIÈRE STAR, C’ÉTAIT ROUSSEAU  »

Comment est né le concept de célébrité ? Au 18e, on assiste tout d’abord au développement d’une sphère du privé et de l’intime. Cette idée qu’on peut entrer en empathie avec la vie privée de gens qu’on ne connaît pas directement. Dans le même temps, des mécanismes qui produisent de la notoriété se sont mis en place : la presse et les imprimés (livre, image, etc.) qui deviennent des objets de consommation courante…

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La première vraie star de l’Histoire, c’est qui ? Si on considère que la célébrité caractérise le fait d’être connu des gens qui ne vous connaissent pas, on peut dire que les premières stars apparaissent au cours du 18e siècle. Je cite souvent le comédien anglais David Garrick ou, pour la France, l’écrivain Jean-Jacques Rousseau, tous deux des personnalités emblématiques de leur époque. d’intimité à distance (propre aux fans), c’est-à-dire considérer qu’on entretient un rapport personnel avec la célébrité. À l’époque, cela se traduisait par le courrier et les lettres parfois enflammées que recevaient certains écrivains, Balzac notamment.

Y avait-il déjà des autographes ou des personnes qui, chez elles, accrochaient des images de personnalités ? Les autographes se sont surtout développés au 19e. Ce n’était pas institutionnalisé comme aujourd’hui, mais certains auteurs étaient solliciAu 18e siècle, la célébrité touchait tés par des admirateurs pour qu’ils quels milieux ? leur envoient des signatures. Quant Cela ne concernait pas uniquement aux portraits gravés de personnes l’art. Elle touchait aussi la politique, publiques, qu’on pouvait acheter avec Marie-Antoinette ou Mirabeau. sur les quais de Seine par exemple, Les faits-divers ont également contri- ils avaient énormément de succès. bué à la naissance de criminels célèbres, comme le brigand Cartouche. Comment réagissaient ces premières célébrités ? La plupart d’entre elles recherchaient Y avait-il déjà des fans ? Le terme “fans” au 18e siècle est cette notoriété car c’était déjà un outil anachronique mais la célébrité repose de promotion sociale. Mais on a aussi sur deux ressorts : la curiosité (qui recueilli beaucoup de témoignages touche le grand public) et le désir de gens qui, une fois célèbres, se

mettent à critiquer les effets de ce statut. C’était notamment le cas de Rousseau qui dénonçait ce qu’il appelait sa « funeste célébrité ». Dans Les Confessions, il écrit notamment sur ces personnes qui venaient le voir juste pour rencontrer « l’homme célèbre » sans jamais avoir lu une de ses lignes. Sur quel point la célébrité de Kim Kardashian se différencie de la célébrité que vivait Rousseau ? En deux siècles, le phénomène a pris en intensité et occupe une place considérable dans nos vies, sur nos écrans, dans nos imaginaires. Kim Kardashian est intéressante car c’est d’abord une star de la télé-réalité. C’est-à-dire qu’elle s’est fait connaître grâce à un dispositif qui a pour but de rendre célèbre des gens qui ne le sont pas et qui n’ont aucune raison de l’être. Évidemment, il n’y avait pas d’équivalent au 18e siècle. La célébrité s’est aujourd’hui cristallisée comme une valeur en elle-même. Recueilli par J.M 41


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METZ NOIRE

COLD WAVE GLACIALE, TEXTES ANXIOGÈNES ET POSTURE BOUDEUSE : LES MESSINS DE GRAND BLANC SÉDUISENT AVEC LA BANDE SON D’UN MONDE À L’AGONIE. AUSSI BEAU QU’UN BUT DE FRÉDÉRIC MEYRIEU DANS LES ARRÊTS DE JEU.

’est un réflexe propre à tout provincial “montant” à Paris : retrouver du monde pour causer du pays, lequel manque forcément parfois. C’est ainsi que Grand Blanc s’est formé : quatre échappés de leur Lorraine natale. « Metz c’est pas très grand alors forcément qu’on se connaissait tous de vue, mais ce n’est qu’une fois partis qu’on a vraiment fait connaissance. Tu sais comment c’est, des soirées où t’amènes des potes, tu discutes avec des potes de potes… » Benoît mène alors des études en littérature et rencontre d’abord Luc et Camille – « eux pour le coup sont des amis d’enfance, ils ont fait le conservatoire ensemble » – puis Vincent. Leur intérêt pour la musique les réunit naturellement et les amène à envisager un projet commun. « Luc et Vincent étaient en école pour devenir ingé son, Camille étudiait le management musical. C’est sûr qu’il y avait une 42

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envie de pénétrer cet univers », confirme Benoît. Les débuts sont néanmoins hésitants. « C’était il y a cinq ans et c’était loin, très loin de ce qu’on fait aujourd’hui. Au début notre musique était folk. Peut-être qu’on n’était pas assez mûr pour envisager autre chose. Pour situer, le plus capé de la bande était Luc, qui avait été batteur dans un cover groupe de Blink 182 à 14 ans. Attention, ça défonçait son truc, hein ! Mais quand lui et Vincent, par le biais de leurs études, ont découvert tout le potentiel du home studio et de la musique par ordinateur, ça a été comme une révolution pour nous. » Les synthés font leur apparition et viennent accompagner des textes tous signés de Benoît. « Il m’a fallu du temps pour me décoincer et écrire les choses qui me conviennent à moi, ainsi qu’à Camille qui chante sur certains morceaux. Quand t’es étudiant en lettres, les profs te font vite comprendre que t’as des choses qui sont

dignes d’être littéraires et d’autres non. Je voulais sortir de ce schéma, même s’il y a encore un aspect très scolaire dans ma production, avec des textes saturés de jeux de mots et d’allitérations. » Ses références ? « Bashung et Christophe », cite spontanément Ben. Léo Ferré n’est pas bien loin non plus… Au final, l’assemblage de cold wave et de paroles glauques ont convaincu le label Entreprise, grâce auquel un premier EP est sorti en septembre. « On s’y sent à notre aise, se satisfait le chanteur à la moustache naissante. Ce n’est ni une major ni un label trop obscur. C’est dans cette intervalle qu’on souhaiterait faire évoluer Grand Blanc : un groupe qui n’a pas peur de jouer dans des caves mais qui n’a pas honte non plus d’apprécier Christine and the Queens. » Régis Delanoë Le 5 décembre aux Trans Musicales


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Guilllaume Lechat


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« PLUS DE DIVERSITÉ DANS LE COURT »

À L’APPROCHE DE LA 29 ÉDITION DU FESTIVAL EUROPÉEN DU FILM COURT DE BREST, ON A POSÉ QUELQUES QUESTIONS À JACQUES KERMABON, LE RÉDACTEUR EN CHEF DE « BREF », REVUE SPÉCIALISÉE DANS LE COURT MÉTRAGE. ACTION !

Marc Riba & Anna Solanas

Jörundur Ragnarsson

Le court métrage, c’est un secteur qui se porte bien ? Oui. En France, l’essor du court est né dans les années 80. L’Agence du court métrage a été créée à cette période et contribue au financement, à la création et à la circulation de films. Il faut savoir que c’est une spécificité bien française. Au dernier festival de Clermont-Ferrand, qui est la référence mondiale en la matière, 1 631 films français ont été diffusés.

Erik Schmitt

Quels sont les liens entre court et long métrage ? De nombreux jeunes réalisateurs s’imaginent pouvoir faire carrière dans le cinéma en débutant par le court. Dans les faits, les réalisateurs de long ne viennent pas tous du court mais d’autres univers, la télé notamment. Et puis, il y a aussi des vrais pros du court. C’est le cas surtout dans l’animation, très expérimental et inventif.

Victor Vroegindeweij

Le court souffre-t-il d’un manque de diffusion grand public ? Hormis TF1, toutes les grilles TV des grandes chaînes en proposent, même si ce n’est évidemment pas en primetime… Pour ce qui est des salles, le rituel du court en première partie 44

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a disparu des grands complexes mais reste au programme d’environ 350 salles, essentiellement des cinémas d’art et d’essai. Le contenu d’un court diffère-t-il de celui d’un long ? Il y a une très grande diversité dans le court, plus que dans le long métrage où la question de la rentabilité empêche la prise de risque. Existe-t-il des stars du court parmi les réalisateurs ? Certains réalisateurs remarqués dans le court ont ensuite connu le succès dans le long. C’est le cas de François Ozon, mais aussi de Jean-Pierre Jeunet, des frères Larrieu, Noémie Lvovsky, Laurent Cantet… L’avenir du court s’annonce-t-il sans nuage ? Oui, à condition qu’il continue de bénéficier du soutien financier des collectivités territoriales. Pour ce qui est des talents, ils ne manquent pas, avec beaucoup de choses à inventer et des technologies à exploiter, comme la 3D. Recueilli par R.D Festival européen du film court de Brest, du 11 au 16 novembre


Vincent Paulic

ANCIENS MEMBRES DE RAFALE, LES BRIOCHINS MARC ET JULIEN SE LANCENT AUJOURD’HUI DANS UN NOUVEAU PROJET COLD-POP. Pourquoi avoir arrêté Rafale ? On n’a pas décidé du jour au lendemain de cesser le groupe. C’est le projet Menthol qui s’est petit à petit imposé à nous. Après la sortie du premier album de Rafale en 2011, on a commencé à préparer le second et, au fur et à mesure des nouveaux morceaux, on se rendait compte qu’on était sur des inspirations et des ambiances totalement différentes. Comment définir Menthol ? La musique est électronique mais les morceaux sont pop. Les structures des titres ne partent pas dans tous les sens. Et puis, il y a le chant en français, la langue qui est arrivée naturellement quand on a commencé à écrire. Il y a une volonté de notre part de mettre la voix en avant sur les morceaux, d’avoir des textes intelligibles, précis. La suite des événements, c’est quoi ? Pour l’instant, on a un mini-live de 30 minutes, 8-10 morceaux. La priorité, c’est de les jouer au maximum en concert. Ça va faire presque deux ans qu’on n’est pas monté sur scène pour faire du live. Il est temps d’y retourner. Le 8 novembre à Coatelan à Plougonven 45


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DOCTEUR BARRÈS ET MISTER MALONE DANS LE DICO, VINCENT MALONE (VINCENT BARRÈS À L’ÉTAT CIVIL) POURRAIT ILLUSTRER LA DÉFINITION DE « TOUCHE-À-TOUT ». PUB, MUSIQUE, BOUQUINS, SPECTACLES ET TROMPETTE : VOICI CINQ RAISONS D’AIMER CE PARISIEN DE 56 ANS. IL FAIT DES TUBES POUR LES GOSSES Neige… Il se penche aussi sur les IL A FAIT UN DISQUE DE TROMPETTE C’est avec sa casquette de « roi des papas » et son spectacle jeune public que Vincent Malone débarque prochainement en Bretagne. Auteur de tubes crado-rigolos (on vous conseille Merdocu), il raconte avoir commencé sans vraiment le vouloir. « En 1991, je voulais faire un disque pour mes enfants à Noël. À l’époque, tu pouvais pas faire juste un CD, t’étais obligé d’en presser 500. Il m’en restait donc 499, avant qu’une amie éditrice le distribue. »

contes et commence à s’interroger sur la couleur du Petit Chaperon Rouge, les capacités de l’haricot magique (« qu’il pousse jusqu’aux nuages admettons, mais qu’il y ait un château dans le ciel, ça choque personne ? »), la condition du génie (« le mec peut te faire apparaître des super gonzesses en full HD mais il reste coincé dans une lampe »).

Come as you are, Hotel California, One more time… En 2003, il reprend ces titres à la trompette. Et magnifie le tube de l’été Samba de Janeiro en version down-tempo.

IL ÉCRIT DES LIVRES FENDARDS

Un album de photos incroyables découpées dans la presse locale (Le Perche à l’aube du troisième millénaire) ou sa correspondance par IL BOSSE DANS LA PUB mail avec des spammeurs lui proLe plus marrant dans tout ça, c’est mettant un héritage (Les Milliards que Vincent est, entre deux concerts, de dollars de Léon Robillard) : IL DÉTOURNE DES CONTES vice-président de l’agence de pub Vincent sait aussi amuser les paParallèlement à la musique, il se BETC. « Un titre honorifique qu’on rents. lance dans l’écriture de livres pour donne aux vieux cons. » Ce qui ne Julien Marchand les kids : Avant quand y’avait pas l’empêche pas de plancher sur les l’école, Kiki fait caca, Cochon campagnes de Peugeot ou de Total. Le 30 novembre à La Citrouille à St-Brieuc 46

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UN GARS, UNE FILLE

PETER KERNEL : DERRIÈRE CE NOM SE CACHE UN DRÔLE DE DUO SUISSO-CANADIEN. SO WHAT ? C’est un Suisse et une Canadienne. Ils se rencontrent un peu par hasard et, au moment de fonder leur groupe de musique, décident de lui donner le nom d’un mec imaginaire. Voici peut-être la blague la plus nulle du monde. Elle fait pourtant toujours marrer le Suisse en question, Aris : « Avec Barbara que j’ai rencontrée en 2005 alors qu’elle faisait ses études à Lugano, on aimait l’idée de créer un personnage avec sa propre identité. » Là où le duo se montre le plus convaincant, c’est sur scène, instruments en main (des guitares principalement), pour y jouer du rock virant parfois noise, façon Sonic Youth ou Pixies. Ce que les intéressés eux-mêmes désignent comme de l’art-punk. « Punk parce que nous ne sommes pas forcément très bons musiciens ni très bon chanteurs. Art parce que nous aimons créer un univers autour de notre musique : par les clips, les visuels, etc. » Deux albums sont sortis jusqu’à présent sur le label Africantape, un troisième, autoproduit, paraîtra en janvier. « Il s’appelle Thrill Addict, annonce le gazier moustachu. Et on a bien hâte de le défendre lors de la tournée de concerts qui nous attend cet automne. » Le 11 décembre à La Carène à Brest 47


VTS

LA BRETAGNE AU CINEMA CHAQUE ANNÉE, UNE QUINZAINE DE FILMS SONT TOURNÉS DANS LA RÉGION. DANS LE LOT, PAS MAL DE SÉQUENCES INSIGNIFIANTES MAIS AUSSI QUELQUES SCÈNES CULTE ET DE BONNES ANECDOTES. TOUR D’HORIZON AVEC TANGUI PERRON, AUTEUR DE L’OUVRAGE « LE CINÉMA EN BRETAGNE ».

REMORQUES : BREST, 1941 TESS : LE LESLAY ET LOCRONAN, 1979 En 1979, Roman Polanski est accusé de viol sur mineur et craint d’être extradé aux USA depuis l’Angleterre. Ainsi, bien que Tess soit censé se dérouler Outre-Manche, c’est en Bretagne qu’il débarque avec son équipe. « Un événement ! Un défilé de bus emmenait les curieux sur les lieux. Quelques aménagements sont restés après la fin du tournage, comme les façades des maisons pour leur donner un style anglais. »

Les scènes extérieures sont tournées en 1939, juste avant la guerre et la destruction du port. « Un témoignage unique de ce à quoi ressemblait Brest par le passé », estime Tangui Perron. Pour l’anecdote, le tournage est aussi marqué par une idylle entre les deux acteurs principaux, Jean Gabin et Michèle Morgan.

LES VIKINGS : PLÉVENON, 1958

SORTIE DE MESSE À AURAY, 1886 Des hommes en habit du dimanche et une poignée de bigotes quittant l’église d’Auray à la fin de la messe : une quarantaine de secondes pour l’éternité. Elles font partie des premières images filmées par les frères Lumière, inventeurs du cinéma testant leur procédé lors d’un séjour en Bretagne en 1886.

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novembre-décembre 2014 #19

LE CHOC : FOUESNANT, 1982 Le pitch : un tueur à gage en fuite, joué par Alain Delon, part se cacher en Bretagne chez son exfemme, Catherine Deneuve, devenue éleveuse de dindons. Lolilol.

À la fin des années 50, Kirk Douglas, Tony Curtis et Janet Leigh sont trois des plus grandes stars d’Hollywood. Ils séjourneront quelques temps au Grand Hôtel de Dinard pour les besoins du tournage des Vikings, dont une des scènes principales se déroule au Fortla-Latte. « Un film de costumes fantastique et novateur pour l’époque, tourné en quadricolore. » Cace-dédi Bruno Vandelli.


LA 7E COMPAGNIE AU CLAIR DE LUNE : PLÉNEUF-VAL-ANDRÉ, 1977

LES NOVICES : FRÉHEL, 1970 Dans ce film, Brigitte Bardot joue le rôle d’une bonne sœur en perte de foi, dévergondée par une autre femme interprétée par Annie Girardot. L’occasion de voir le temps d’une scène « BB » sur une plage du côté du Cap Fréhel, vêtue d’un soutif transparent et d’une coiffe de nonne. Fantasme chelou : check.

ÉLISA : DOUARNENEZ ET ÎLE DE SEIN, 1995 Gérard Depardieu et Vanessa Paradis sont au casting de ce film tourné en partie dans le Finistère et qui a connu un joli succès à sa sortie en 1995. « La séquence la plus marquante ? Une scène de bal tournée à la salle des fêtes de Douarnenez, avec des figurants recrutés parmi la population. »

Dernier volet de la fameuse trilogie (le plus nanar des trois), La 7e Compagnie au clair de lune voit Pitivier, Tassin et Chaudard fuir les Nazis et débarquer sur le port de Dahouët. S’en suit une scène mythique avec les zigotos cachés dans des paniers à poissons sur le quai du port de la commune de Pléneuf-Val-André.

ARMAGEDDON : DINAN, 1998 Le réal’ Michael Bay n’est pas du genre à s’emmerder avec la géo. Dans Armageddon, pour illustrer la destruction de Paris, il inclut des images tournées à Dinan. Le côté typique de la cité médiévale, avec ses ruelles et ses vieilles pierres, l’a certainement convaincu. So cliché.

LA MER ET LES JOURS : ÎLE DE SEIN, 1958

LES GALETTES DE PONT-AVEN : 1975 Film culte avec Jean-Pierre Marielle, dans la veine paillarde éroticorigolote des années 70 « Il se regarde et a le mérite d’être moins condescendant que d’autres, avec un côté subversif bienvenu pour dénoncer le folklore de pacotille. »

LE BLÉ EN HERBE : SABLES-D’OR-LES-PINS, 1954 La romancière Colette se déplace dans les Côtes du Nord pour superviser l’adaptation de son roman Le Blé en Herbe, initiation sentimentale et sexuelle d’un ado avec une femme d’âge mûr (le concept de cougar n’existait pas encore). « Un film qui fera scandale à l’époque », rappelle Tangui Perron. Avec Louis de Funès au générique dans un petit rôle de garçon de café.

11 Décembre 1958 au large de Sein : Alain Kaminker, le coréalisateur, est emporté par une vague lors d’une prise de vue. Son corps sera retrouvé sur une grève et enterré sur l’île. « Un épisode tragique pour un véritable joyau noir. Tabarly disait que c’était le plus beau film de mer jamais tourné. »

TRAITEMENT DE CHOC : BELLE-ÎLE, 1973 LES BEAUX GOSSES : RENNES, 2009 Riad Sattouf a passé son adolescence à Rennes. Toute son œuvre fait référence à cette période, y compris le très bon Les Beaux Gosses, avec pas mal de scènes tournées en ville : place du Parlement, Thabor, bus…

Delon sur une plage, courant le zgueg à l’air avec des naturistes. « Cette scène a fait de lui une icône, non seulement chez les jeunes filles mais aussi dans le milieu gay. C’était une star immense. Le réalisateur tenait tellement à lui qu’il avait pris des hommes-grenouilles pour assurer sa protection quand il se baignait. »

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AGENDA

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Alice Moitie

Vivement Lundi

RECOMMANDE

THE DØ

FILM D’ANIMATION

MOODOÏD

BARS EN TRANS

La machine à buzz de l’année 2008 (le tube On My Shoulders) vient de faire son retour en sortant son 3e album, l’excellent Shake Shook Shaken, porté par le single Keep Your Lips Sealed. De quoi donner envie de revoir sur scène le duo pop franco-finlandais. Ca tombe bien, il passe dans le coin.

Avec plus de 80 courts et longs métrages projetés, le festival national du film d’animation s’avère le rendezvous idéal pour prendre le pouls de la production française. L’occasion d’y découvrir La petite casserole d’Anatole et Tempête sur anorak (photo), deux films bretons pré-sélectionnés pour les Césars.

Un an après ses débuts aux Trans, Moodoïd revient à Rennes pour le festival Culture Bar-Bars, où il viendra défendre son premier album Le Monde Möö. Deux arguments pour achever de vous convaincre d’écouter cette pop psyché : 1/ le très bon groupe Aquaserge est aussi de la partie et 2/ c’est gratos.

La prog des bars en Trans a la bonne habitude d’être truffée de jolis coups. Toujours organisée dans une dizaine de troquets du centreville, cette édition 2014 ne déroge pas à la règle puisqu’elle accueille entre autres : H-Burns, Le Feu, Camp Claude (photo), Sapin, Animali ou encore Beny le Brownies. Miam miam. À Rennes Du 4 au 6 décembre

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Au 1988 Live Club à Rennes Le 27 novembre

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À Bruz Du 8 au 14 décembre

J-L Fernandez

À La Carène à Brest Le 14 novembre

CHAPITRE DE LA CHUTE

THE HORRORS

LA RACLETTE

LE FESTIVAL CAPSULE

Lehman Brothers, c’est la banque honnie qui a fait faillite suite à la crise des subprimes en 2008. C’est aussi une passionnante histoire familiale, digne d’un polar, adaptée pour le théâtre par le metteur en scène Arnaud Meunier. Saloperie d’ultralibéralisme, hein.

Un nom qui fout les glandes et des gueules de corbeaux : voilà pour la première impression. La seconde est plus intéressante : The Horrors est d’abord et surtout une valeur sûre dans le style post-punk glacial. Bonus : Jessica 93 assurera la première partie. Tro bi1 !

Enfin ! Fini les salades d’été et autres tomates/mozza, place au grand retour des plats d’hiver. Avec, en tête, son cortège de fromages fondus et coulants prêts à dévaler tels des chevaux sauvages une montagne de charcuterie et de patates. J’vous aime putain.

Ils sont jeunes, ils sont beaux, sont toujours au lycée mais ont décidé de monter leur propre festival, chez eux, à Lamballe. Et on peut dire que cette 1ère édition a de la gueule. À l’affiche : Kartell, Crayon, Blutch, Midi Deux, Jean Tonique (photo)… 20/20, mention très bien.

Au Théâtre de Cornouaille à Quimper Les 25 et 26 novembre

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À l’Antipode à Rennes Le 21 novembre

novembre-décembre 2014 #19

Dans ta cuisine Les soirs où ça caille

À Lamballe Les 19 et 20 décembre




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