BIKINI JUILLET-AOÛT 2020

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JUILLET-AOÛT 2020 #47



TEASING

À découvrir dans ce numéro...

« LE S E C R E T D E L’ I MMO R TALITÉ»

FESTIVALS

CORONAVIRUS

QUIZZ «PAS BESOIN DE PRENDRE L’AVION»

GROUNDHOPPER

RAOULT NÉO-TOURISME

«PORNO ÉTHIQUE ET FÉMINISTE»


ÉDITO TCHIN !

Sortez les bouteilles du frigo et installez-vous dans votre canap’. Asseyezvous en terrasse, commandez un verre et savourez. À la maison ou au bar, ce déconfinement se doit d’être arrosé. Tout d’abord pour retrouver ces douces sensations qu’on a failli oublier. Mais aussi, et c’est sans doute le plus important, pour soutenir un secteur qui a pas mal trinqué avec la crise sanitaire : producteurs, bistrotiers, restaurateurs… Parmi les victimes collatérales du confinement : la bière. Au mois de mai, le syndicat Brasseurs de France annonçait que plus de 10 millions de litres avaient dû être détruits, car non consommés à temps. Au niveau régional, même si les ventes en bouteilles dans les commerces (particulièrement chez les cavistes) ont connu un léger rebond, le manque à gagner sera difficilement rattrapable pour toutes les micro-brasseries. Les entreprises les plus impactées évoquent des pertes de près de 70 % de leur chiffre d’affaires au printemps. Et pour l’été ? L’annulation de la quasi totalité des festivals n’arrange pas vraiment la situation, les événements estivaux représentant pour chacune entre 20 et 30 % des recettes aux beaux jours. Sous pression, les 148 brasseries de Bretagne tirent donc la langue. Pour qu’elles puissent elles aussi passer l’été le plus insouciant, léger et optimiste possible, vous savez donc maintenant quoi déguster. À leur santé ! La rédaction

SOMMAIRE 6 à 11 12 à 19 20 à 25 26 à 31 32 & 33 34 à 37

WTF : La culture post-coronavirus Devenons immortels ! Vacances 2020 : « Go weeeest !» Le premier samedi d’émoi RDV : Clavicule, Maxence Rifflet Cahier de vacances, summer 2020

38 BIKINI recommande 4

juillet-août 2020 #47

Directeur de la publication et de la rédaction : Julien Marchand / Rédacteurs : Régis Delanoë, Isabelle Jaffré, Brice Miclet / Directeurs artistiques : Julien Zwahlen, Jean-Marie Le Gallou / Consultant : Amar Nafa / Couverture : Volker Pook - Plainpicture / Relecture : Anaïg Delanoë / Publicité et partenariats : Julien Marchand, contact@bikinimag.fr / Impression par Cloître Imprimeurs (St-Thonan, Finistère) sur du papier PEFC. Remerciements : nos annonceurs, nos partenaires, nos lieux de diffusion, nos abonnés, Émilie Le Gall, Louis Marchand. Contact : BIKINI / Bretagne Presse Médias - 1 bis rue d’Ouessant BP 96241 - 35762 Saint-Grégoire cedex / Téléphone : 02 99 25 03 18 / Email : contact@bikinimag.fr Dépôt légal : à parution. BIKINI “société et pop culture” est édité par Bretagne Presse Médias (BPM), SARL au capital social de 5 500 €. Les articles publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Le magazine décline toute responsabilité quant aux photographies et articles qui lui sont envoyés. Toute reproduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation. Ne pas jeter sur la voie publique. © Bretagne Presse Médias 2020.



WTF

COVID-19 : COMMENT SE PRÉPARENT

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LES SURVIVANTS

SI L’ÉTÉ A VU LA (QUASI) TOTALITÉ DE SES FESTIVALS S’ANNULER, QU’EN SERA-T-IL CET POSSIBILITÉS AVEC LA PHASE 3 DU DÉCONFINEMENT. TOUS ESPÈRENT UN ALLÉGEMENT

Très rares sont les festivals qui vont pouvoir se tenir cet été. Ils devraient se compter sur les doigts d’une main, deux max, avec parmi eux un petit nouveau : Attrap’Sons. Pour une première édition, la prog’ est un peu foutraque (citons Dewaere, tout de même) mais l’essentiel est de retrouver enfin de la musique live ! Les 28 et 29 août à Châtelaudren-Plouagat.

Pascal Glais

UN COUP DE CID’

Entre la pomme et la Bretagne, on peut parler d’une histoire d’amour. Une romance que retrace l’Écomusée du pays de Rennes dans son exposition Pom, Pom, Pommes. Agriculture, gastronomie, économie, paysage… ou comment ce fruit a faconné notre région. Jusqu’au 30 août.

HOLY SHIT

chapelles

Treize artistes d’art contemporain qui investissent 17 chapelles du Morbihan (dans la vallée du Blavet et le pays de Pontivy), c’est le pitch de L’Art dans les chapelles, une manifestation qui, cette année, se tient du 18 juillet au 20 septembre. 6

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Après un printemps et un été désespérément vides où les rassemblements de plus de 5 000 personnes se sont vus interdits jusqu’au 31 août, l’agenda automnal devrait retrouver des couleurs. Avec la phase 3 du déconfinement amorcée fin juin, les événements vont – enfin – savoir sur quel pied danser. Jauge, distanciation physique, port du masque… Le cadre fixé par les nouvelles mesures du protocole sanitaire devrait permettre aux rendez-vous culturels de se projeter sur leur future édition. À l’heure où nous bouclons ce numéro (le 11 juin), les zones de flou étaient encore nombreuses. Si jusqu’à présent les préconisations pour les salles de spectacles offraient une maigre marge de manœuvre pour les organisateurs (lire par ailleurs page 10), ces derniers se voulaient confiants pour la suite. I’m from Rennes, Baisers Volés, Le Grand Soufflet, Maintenant, Les Indisciplinées, l’Atlantique Jazz Festival, les Sons d’Automne ou encore les Trans Musicales : tous comptent bien avoir lieu et tous se préparent en conséquence. Ça peut paraître bête de le dire comme ça mais, après les mois extraordinaires que nous avons vécus, cette précision est finalement loin d’être superflue. Pour le festival Baisers Volés, qui doit se tenir les 9 et 10 octobre à La Nouvelle Vague à Saint-Malo, tout est plus ou moins sur les rails. « Le contexte actuel a quelque peu mis à l’arrêt certaines choses mais la préparation avance. La programmation est en partie construite »,

éclaire Solène Ouillon, la responsable communication qui attend de connaître plus en détail les directives de la rentrée pour se fixer sur le format de l’événement. Pour le moment, nous travaillons sur une version classique, à savoir deux soirs de concerts dans notre salle qui peut accueillir 920 personnes. Si cela n’est pas possible, on réfléchira cet été à une formule alternative. »

« Rassembler les gens » Une position également tenue par Marion Bourgeon, des Indisciplinées à Lorient. « Nous avançons sur deux scénarios pour le festival. Le plan A, c’est une version classique, avec des jauges habituelles, dans les lieux habituels. Des choses s’imaginent d’ailleurs en ce sens à la salle Quai 9 (1 200 spectateurs debout, ndlr). Pour autant, si jamais nous devons nous redimensionner, nous réfléchissons à un plan B, avec des formats réduits


LES FESTIVALS DE LA RENTRÉE ?

Marion Bornaz

AUTOMNE ? LONGTEMPS DANS L’INCERTITUDE, LES ORGANISATEURS D’ÉVÉNEMENTS VONT EN SAVOIR PLUS SUR LEURS DU PROTOCOLE SANITAIRE ET DES MESURES QUI PERMETTENT DE GARANTIR L’EXPÉRIENCE HUMAINE D’UN CONCERT.

et un nombre de spectateurs allégé. » Parmi les points du protocole sanitaire que les festivals espèrent voir sauter : la distanciation physique. « Nous sommes là pour rassembler les gens, pas pour les séparer, insiste Caroline Bochou, coordinatrice du Grand Soufflet qui doit se dérouler du 30 septembre au 10 octobre en Ille-et-Vilaine. Si une distance nous est imposée entre les spectateurs, il est sûr que nous ne ferons pas de spectacles sous le chapiteau au Thabor. » Même topo pour Cédric Bouchu, programmateur du festival I’m from Rennes prévu en septembre. « Si le protocole sanitaire est trop strict, on préférera annuler. Maintenir une distance entre les gens, prendre la température, assurer des sens de circulation : on ne veut pas faire la police avec le public. » Au-delà de la question de la convivialité, vient également celle de la rentabilité économique mise à mal

par les jauges réduites. « Notre budget se construit sur une configuration classique. Notre salle peut accueillir 800 spectateurs. Pour être viable, il nous en faut 700, éclaire Régine Berruyer du festival Les Sons d’Automne qui se tient chaque novembre à Quessoy. Notre programmation est calée. Reste plus qu’à officialiser les choses. On se donne jusqu’au mois d’août pour trancher. »

« De nouveaux formats » Également dans le viseur des organisateurs : l’ouverture des frontières. En particulier pour les évènements ayant prévu d’accueillir des extraEuropéens. « C’est une de nos problématiques, reconnaît Étienne Costes de l’Atlantique Jazz Festival à Brest. Nous sommes de moins en moins optimistes sur la possibilité de faire venir certains artistes étrangers. C’est notamment le cas pour deux-trois groupes qu’on avait imaginés. »

Un frein auquel ne veulent pas penser les Trans Musicales de Rennes. Du moins pas pour le moment. « On ne sait pas quelle sera la situation à la rentrée. En attendant, on continue d’avancer sur la production du festival, dans les mêmes configurations et sur la même architecture que les années précédentes. Y compris pour le volet programmation : Jean-Louis Brossard travaille dessus comme il en a l’habitude. Il ne prévoit pas moins d’artistes venant des continents américain ou africain par exemple », fait savoir Gwenola Le Bris, la responsable médias des Trans, qui fixe la mi-septembre pour faire le point sur le devenir de la prochaine édition prévue début décembre. Si elle est encore en plein préparation, la 20e édition du festival Maintenant (du 2 au 11 octobre à Rennes) compte bien tenir compte, bon gré mal gré, des futures contraintes qui lui seront possiblement imposées. « Notre rendez-vous a toujours été un objet mouvant qui s’adapte en fonction des projets artistiques, rappelle Florine Rupin, sa chargée de communication, qui souhaite transformer cette situation en un prétexte pour se réinventer. Nous allons essayer d’imaginer de nouveaux formats. Sur certaines esthétiques, cela se prête bien. Certainement des choses virtuelles : pas de simples représentations en streaming mais de véritables rendez-vous avec des artistes. Tout cela est en train de s’inventer. » Julien Marchand 7


WTF

ANNULATION, REPORT, MAINTIEN... LE POINT SUR LES PANORAMAS

LES PETITES FOLIES

LES ESCALES

Prévu du 10 au 12 avril, le festival morlaisien a été le premier en Bretagne à devoir annuler. À ce jour, seul le spectacle de Benjamin Tranié est reporté, probablement à la mi-octobre.

Le festival finistérien pensait passer Focus sur les 23, 24 et 25 juillet entre les gouttes, en décalant son édi- 2021 à St-Nazaire pour la 30e édition. tion en août. La 10e édition se tiendra désormais du 21 au 23 mai 2021. AU PONT DU ROCK 30e édition également reportée pour PAPILLONS DE NUIT le festival de Malestroit. À l’agenda MYTHOS S’il avait lui aussi d’abord misé sur désormais les 30 et 31 juillet 2021. Le festival rennais faisait aussi partie un report à la fin de l’été, le festival des premiers événements contraints normand donne dorénavant rendezde jeter l’éponge. Sept spectacles ont vous les 21, 22 et 23 mai 2021. néanmoins réussi à être reprogrammés à la rentrée au MeM : Ayo, Calypso LE BOUT DU MONDE Rose, Maceo Parker… En espérant que La 21e édition du rendez-vous de la les tournées internationales aient lieu. presqu’île de Crozon a dû se résoudre à faire une croix sur le bel été qui lui était ART ROCK promis. L’équipe annonce sa volonté La 37 e édition du rendez-vous de reprogrammer les artistes 2020 briochin devait avoir lieu du 29 au en 2021 (du 6 au 8 août). 31 mai. Elle se tiendra désormais les 21, 22 et 23 mai 2021. Aucun report ASTROPOLIS de concert initialement programmé En plein confinement, le festival n’est pour l’heure annoncé. brestois dévoilait sa prog, misant avec espoir sur une possibilité début LES VIEILLES CHARRUES juillet. L’équipe planche désormais La 29e édition est d’ores et déjà sur 2021 : du 1er au 4 juillet. calée du 15 au 18 juillet 2021. Un ROI ARTHUR maximum d’artistes prévus en 2020 LA ROUTE DU ROCK Le rendez-vous de Bréal-sousdevraient être présents. Parmi les Le rendez-vous malouin a dévoilé le Montfort reviendra en 2021, plus notables : Céline Dion, dont le même jour sa programmation 2020 comme à son habitude à la fin août : concert aura bien lieu à Kérampuilh et son… communiqué d’annulation. les 20, 21 et 22. Une partie de la prog l’an prochain. Il annonce vouloir reprogrammer sera normalement reconduite. en 2021 les artistes prévus cet été.

SUBITO

LES 3 ÉLÉPHANTS

La 12e édition du festival brestois de LES EMBELLIES théâtre d’impro est reportée « à l’iden- Sans possibilité de report en 2020, tique » du 23 avril au 1er mai 2021. la 22e édition du festival indie-rock rennais donne rendez-vous au prinDOOINIT temps 2021. Forcé d’annuler sa 11e édition qui devait se tenir du 24 mars au 5 avril, LES TOMBÉES DE LA NUIT le festival rennais de hip-hop croise Le festival pluridisciplinaire rennais les doigts pour 2021 et lance un appel pourrait proposer des spectacles aux dons pour passer le cap. impromptus cet été en plein air.

L’événement pluridisciplinaire organisé par la salle 6PAR4 à Laval entend bien rebondir en mai 2021.

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DON JIGI FEST La 9e édition du festival vitréen devait se tenir les 17 et 18 avril. Pour assainir sa trésorerie et imaginer une édition 2021, l’association a mis en place un crowdfunding.


FESTIVALS DU PRINTEMPS E  T DE L ’É  TÉ GOD SAVE THE KOUIGN

ROCK’N SOLEX

BELLE ÎLE ON AIR

Le festoche rock monté par l’équipe Le plus vieux festoche étudiant de Suite à l’annulation de sa 13e édide Cap Caval à Penmarc’h fêtera sa France (né en 1967 !) reste au garage tion, le festival insulaire a lancé une 3e édition le 26 juin 2021. cette année. Reprise (espérée) de la campagne de dons pour sa survie. course en mai 2021 à Rennes.

MOTOCULTOR Le festival métal n’exclut pas de monter une mini-édition en août.

CHAUFFER DANS LA NOIRCEUR INTERCELTIQUE Cela devait être une édition particulière, celle des 50 ans, consacrée à la Bretagne. Le rendez-vous lorientais reporte les festivités en 2021, du 6 au 15 août.

MADE

Après avoir espéré un report en août, le rendez-vous normand a dû se résigner à abandonner. En attendant 2021.

AU FOIN DE LA RUE Né il y a 20 ans, l’événement mayennais prépare désormais l’été 2021, avec un format et une prog sans doute différents de l’édition imaginée en 2020.

Le festival électro rennais a déjà pu reporter quelques artistes, comme Paula Temple, Parfait ou encore LA FLUME ENCHANTÉE Kosh qui joueront le 10 novembre Ce festival situé à Gévezé, au nord au 1988 Live Club. de Rennes, a décalé sa 8e édition d’une année, en septembre 2021.

NO LOGO BZH Initialement calé en août, le festival de reggae de Saint-Malo tente un report les 11, 12 et 13 septembre, en espérant que les directives le permettent.

BOBITAL

CORNOUAILLE Le festival de musiques trad (et pas que) de Quimper change de saison. D’ordinaire en juillet, il bascule en décembre 2020.

FÊTE DU BRUIT

L’événement costarmoricain a mis en Les deux éditions de Saint-Nolff place une collecte de dons. Objectif : (en juillet) et de Landerneau (en maintenir le festival en 2021. août) sont décalées d’une année. Des reprogrammations d’artistes LA NUIT DE L’ERDRE sont dans les tuyaux. Le rendez-vous de Nort-sur-Erdre dans le 44 souhaite reprogrammer INSOLENT une grande partie des artistes conviés Les détenteurs d’un billet pour l’édien 2020. Parmi les premiers noms tion du printemps peuvent le garder déjà confirmés pour 2021 : Angèle, pour l’édition automnale prévue le The Avener ou encore Suzane. 24 octobre.

STUNFEST Fragilisé par son annulation, le plus important festival de jeux vidéo en Bretagne a lancé une cagnotte pour relancer la machine.

VISIONS

Ça a été l’un des gros points d’interrogation des dernières semaines : le festival de musiques indé de Plougonvelin aura-t-il lieu du 7 au 9 août prochains ? S’ils ont longtemps espéré DUB CAMP BINIC FOLKS BLUES que cette édition puisse se faire, les Son voisin de Joué-sur-Erdre aurait Si le grand raout prévue fin juillet organisateurs de Visions n’ont finaégalement dû rythmer l’été ligérien. à Binic n’aura pas lieu, l’équipe lement pas obtenu l’autorisation. Sa 7e édition est décalée du 8 au envisage des soirées et petits Sous réserve de changements, 11 juillet 2021. rendez-vous au cœur de l’été. ce numéro a été bouclé le 11 juin 9


RDV

ET POUR LES SALLES DE CONCERTS ? FERMÉES DEPUIS LA MI-MARS, LES SALLES DE LA RÉGION ONT EU L’AUTORISATION DE ROUVRIR DÉBUT JUIN SOUS CERTAINES CONDITIONS. DES PRÉCONISATIONS DRASTIQUES QUI ONT POUSSÉ LA PLUPART DES ÉQUIPEMENTS À GARDER LEURS PORTES CLOSES. LA PHASE 3 DU DÉCONFINEMENT DEVRAIT PERMETTRE AUX SALLES DE SE PROJETER SUR LA SAISON PROCHAINE. Le 13 mars, l’interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes sonnait le glas des programmations printanières. Annulant à la hâte les concerts prévus le soir même. « Ça a été le cas chez nous, rappelle Solène Ouillon de La Nouvelle Vague. Deluxe devait jouer : tout était en place, le groupe était là, c’était à guichet fermé… » Depuis, la salle malouine sonne désespérément creux. Tout comme les autres scènes de musiques actuelles de la région qui, elles aussi, ont dû faire une croix sur leur agenda. Du moins provisoirement. Dans l’ensemble des salles, les dates ont en effet été reportées (principalement à l’automne), et non purement annulées. « Au-delà de la question artistique, c’est aussi par solidarité avec les artistes, tourneurs et producteurs qui devaient jouer chez nous », insiste Christophe Dagorne du Novomax à Quimper. Un discours partagé par l’ensemble des salles, et notamment par Gwenn Potard de La Carène à Brest. « Pour le redémarrage de la saison, on va privilégier les scènes locales et régionales. On préfère s’appuyer sur des partenaires qui ont pu souffrir de la situation. Les grosses machines n’auront pas la priorité dans un premier temps. C’est un choix, moins évident économiquement, mais c’est un parti pris assumé. » Quid des artistes étrangers ? « Cette question est plus délicate, tout dépend si les tournées internationales sont maintenues», avertit Marion Bourgeon de l’Hydrophone à Lorient. 10

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DR

DES PROG REPENSÉES ?

DES JAUGES LIBÉRÉES ?

UNE IDENTITÉ RÉAFFIRMÉE ?

Avec la phase 3 du déconfinement, les structures espèrent avoir le maximum de garanties. À l’heure où cet article est écrit (le 11 juin), toutes se voulaient optimistes, mais aussi prudentes. « On attend le cahier des charges pour savoir ce que nous serons autorisés de faire ou pas », rappelle Muriel Jacquemin de Bonjour Minuit à Saint-Brieuc. Parmi les points centraux : la distanciation physique et cette règle des 4 m2 par spectateur qui, début juin, était préconisée. « Cela voudrait dire que la capacité de notre salle passe de 600 à 50 personnes. Ce n’est pas tenable », illustre Sylvain Fuduche de L’Échonova à Saint-Avé. Si tout le monde planche sur une rentrée sans (trop) grandes restrictions, plusieurs formats alternatifs restent malgré tout dans les tuyaux : concerts en transat, plein air… Ce que prévoient dès cet été L’Échonova, La Nouvelle Vague ou encore le Run ar Puñs à Châteaulin sur des petites jauges pour se remettre dans le bain.

Une mise à l’arrêt forcé qui a permis à de nombreuses salles de se réinterroger sur l’essence même de la musique live. « Nous ne voulons pas d’un modèle de concert aseptisé. Nous voulons reconstruire du lien, de la proximité, du contact », revendique-t-on du côté de Bonjour Minuit. « Un concert, c’est du bruit, de la chaleur et un bar. Cela a eu le mérite de nous le rappeler », souligne Marion à l’Hydrophone. « On ne peut pas dire que les gestes barrière aident au lâcher prise… C’est pourtant un ingrédient essentiel pour vivre un concert », poursuit Antoine au Run ar Puñs. Tous mettent en avant le lieu de pratiques sociales que représente leur équipement. Christophe au Novomax développe : « Si certains tentent de réinventer le spectacle vivant, je crois plutôt à ses fondamentaux. Un concert est quelque chose de simple et direct, c’est une mise en relation entre des gens et des artistes. Avant d’être une expérience culturelle, c’est d’abord une expérience humaine. » J.M



DOSSIER

DEVENONS IMMORTELS !

LONGÉVITÉ XXL, MÉDECINE RÉGÉNÉRATIVE, RÉSURRECTION... ALORS QUE LA MENACE DU VIRUS PERSISTE, ON EST PARTI EN QUÊTE DU VÉRITABLE TRAITEMENT MIRACLE : LA VIE ÉTERNELLE. 12

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eur de tomber malade, vies sociales en berne, jobs menacés, chanson de Calogero en hommage aux soignants : il faut bien avouer qu’on ne vient pas de vivre les meilleurs mois de notre existence. Et les prochains ne s’annoncent guère plus folichons tant la crainte d’une deuxième vague plane toujours et tant les restrictions continuent de plomber les plaisirs simples de la vie : être coude à coude à un comptoir, épaule contre épaule à un concert, bras dessus bras dessous au stade… Mais qu’est-ce qui pourrait définitivement nous faire tourner la page du coronavirus ? Encore plus fort que l’institut Pasteur ou que Didier Raoult, et si le remède ultime était… l’immortalité ? La crise sanitaire a pris soin de nous rappeler quotidiennement que nous étions des êtres mortels. Et – attention scoop – même lorsque le Covid-19 sera vaincu, on y passera tous, chacun, un jour. Si le monde entier s’est résigné à cette fatalité, cette idée ne m’attire pas vraiment. Chaque seconde, près de deux personnes (1,81) trépassent dans le monde. Par jour, cela représente à peu près 157 000 décès, soit l’équivalent des villes de Lorient, Vannes et Saint-Malo réunies. Un carnage auquel je souhaite bien échapper. Le moindre bobo m’effraie, alors la mort… 13


DOSSIER

En Bretagne, selon l’Agence régionale de santé, les femmes vivent en moyenne 84,6 ans et les hommes 78,6 ans. Si l’espérance de vie a progressé au cours des deux dernières décennies, elle reste inférieure à celle au plan national (de près d’un an, aussi bien pour les hommes que pour les femmes). Parmi les premières causes de mortalité dite « prématurée » (soit avant 65 ans) dans la région : les cancers du poumon (dont 80 % sont liés au tabac), les suicides, les pathologies liées à la consommation d’alcool, les cancers des voies aérodigestives supérieures et les accidents de la route. Je ne fume pas, je roule plutôt prudemment et je bois de plus en plus modérément (fini les gueules de bois, youhou !). De quoi éviter de caner trop tôt, mais rien qui puisse éviter de me retrouver face à la grande faucheuse qui, on l’espère tous, est incarnée par Benoît Poelvoorde comme dans Monsieur Manatane (« Bonjour bonjour, c’est moi ! »).

tion biologique plus précisément où Stéphane Bach, chercheur au CNRS, a les yeux rivés sur le monde marin et ses (incroyables) pouvoirs. « Quand on plonge dans la mer, on trouve des espèces qui vivent très, très longtemps : des éponges, des coquillages, des cnidaires… Certaines sont stupéfiantes, comme la méduse Turritopsis nutricula qui, théoriquement, « Théoriquement immortelle » est immortelle. Comme Brad Pitt Tel Arthur en quête du Graal, je dans L’Étrange histoire de Benjamin suis donc parti à la recherche d’une Button, elle est capable d’inverser son solution pour devenir éternel. Si les cycle de vie, de revenir à un stade œuvres de fiction sont remplies de juvénile et de reconfigurer ses cellules personnages immortels (de Dracula à défaillantes en cellules neuves. Elle Deadpool, en passant par Highlander “reboote” son système en quelque ou encore Kenny dans South Park), sorte. Je pense aussi à Monorhaphis il doit bien en exister aussi dans le chuni, une éponge de verre que l’on monde réel. rencontre dans les océans Indien et Pour trouver des individus capables Pacifique. C’est à ce jour l’animal de vivre sans masque ni gel hydroal- vivant le plus vieux recensé sur Terre : coolique, direction Roscoff. À la sta- 11 000 ans ! »

« Cet animal a 11 000 ans, c’est le plus vieux sur Terre » 14

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Une vertigineuse espérance de vie (qui nous renvoie au début du néolithique) que notre scientifique en biologie marine explique par deux facteurs : le métabolisme et l’environnement. « Cette éponge est capable de se régénérer grâce à des cellules souches dites totipotentes qui lui permettent de reconstituer n’importe laquelle de ses cellules. En plus de cela, elle vit à plus de 1 000 mètres de profondeur, dans le noir total. Cette absence de lumière fait qu’elle n’est pas agressée par les UV. Tout cela crée un cadre de vie extrêmement stable pour son développement. » Cette longévité de maboul n’est pas réservée aux éponges. Chercheur à l’Université de Bretagne Occidentale, Julien Thébault a eu la chance de bosser sur une espèce qui pète aussi les scores. « On a souvent tendance à croire que ce sont les baleines ou les tortues qui vivent le plus longtemps sur la planète, mais il y a beaucoup plus vieux comme individu : Arctica islandica, plus connue sous le nom de palourde noire. »


Wilfried Thomas Bernard de Kerdrel

Erwan Amice - CNRS

Un mollusque bivalve dont un des spécimens découvert il y a quelques années affichait 507 ans au compteur. Un record parmi les espèces non coloniales. Si cet animal vit dans l’Atlantique nord, sur une zone allant de la Norvège jusqu’aux côtes américaines, une coquille a été découverte en 2018 en Bretagne. « C’est un pêcheur à pied de Landéda, dans le nord-Finistère, qui nous l’a apportée après l’avoir trouvée sur une plage. Il y avait encore un peu de chair à l’intérieur, ce qui supposait qu’elle était morte depuis peu. Cependant, impossible de savoir s’il reste quelques individus sur nos côtes ou s’il s’agit d’une simple coquille ramenée par un bateau de pêche…, pointe Julien Thébault qui, dans la région, a tout de même pu observer quelques autres jolis sujets. En rade de Brest, il y a des amandes de mer ayant 70 ans. Ce qui est déjà respectable. Mais j’ai un collègue en Écosse qui en a trouvées âgées de 200 ans. Cette différence peut s’expliquer par les conditions de vie. Les espèces qui vivent à proximité

des milieux froids, dans le nord de l’hémisphère nord, ont tendance à avoir un métabolisme ralenti : elles grandissent moins vite mais vivent plus longtemps que les populations situées au sud. » Des coquillages que Julien Thébault scrute pour remonter le temps. « Pour beaucoup d’espèces bivalves, il suffit de compter les stries sur la coquille pour leur donner un âge. Un peu comme avec les cernes d’un arbre. » Des incréments de croissance annuels qui permettent de reconstituer les environnements du passé. « On sait ainsi si une année a été plus chaude qu’une autre, s’il y avait plus ou moins de nourriture… On peut également observer la présence de tel ou tel élément chimique dans la coquille. En trouvant une forte concentration de lithium par exemple, cela nous permet de dire qu’il y avait beaucoup de phytoplancton dans l’eau. Et en analysant cette quantité dans chaque strie, nous sommes capables de reconstituer l’environnement de l’animal sur toute sa durée de vie. » Des données notamment utiles pour les scientifiques qui font du paléoclimat.

« Empêcher le vieillissement » Si les études de Julien Thébault n’ont pas pour objectif de percer le secret de longévité de ces espèces, c’est en revanche le cas des travaux de Stéphane Bach à Roscoff. « Je travaille plus particulièrement sur la mort cellulaire programmée. Beaucoup d’organismes marins produisent en effet des enzymes qui peuvent induire ou inhiber la mort de leurs cellules. L’éponge Phakellia par exemple est capable d’empêcher une nécrose régulée, ce qui est fou !

Ce qui m’intéresse, c’est de pouvoir identifier ces molécules et, à partir de là, de contrôler la vie ou mort de la cellule », explique le chercheur qui, via sa startup SeaBeLife, planche sur des applications en médecine. « On pense souvent que le génome humain est très complexe. Mais en réalité nous ne sommes pas si éloignés de la méduse ou de l’éponge marine. Certaines molécules vont provoquer les mêmes réactions et les mêmes mécanismes chez l’Homme et l’organisme marin. Avec SeaBeLife, nous cherchons donc à identifier des enzymes qui pourraient constituer la base de futurs médicaments pour empêcher le vieillissement d’un organe et le préserver le plus longtemps possible. » Parmi les premiers organes bénéficiaires de cette future technologie : les reins. « Des essais en stade préclinique sont actuellement menés sur la souris. Les résultats sont satisfaisants. On devrait pouvoir mener les premières expérimentations sur l’humain d’ici deux à trois ans, projette Stéphane Bach qui imagine déjà la marche suivante. Parkinson et Alzheimer sont des pathologies liées à la mort cellulaire. On peut imaginer un jour agir sur ces troubles de la vieillesse. » À l’antenne brestoise de l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer), Charlotte Corporeau tente elle aussi de s’inspirer de mécanismes présents chez les animaux pour nous guérir. Avec l’espoir fou de trouver une solution contre la première cause de mortalité en France, le cancer. « Chez l’huître creuse Crassostrea gigas, j’ai observé un mécanisme que l’on appelle l’effet Warburg. Un effet que l’huître réussit 15


DOSSIER

« Une espérance de vie multipliée par quatre » à contrôler pour mieux résister à des conditions de vie extrêmes : forte chaleur, absence d’oxygène… » Là où ça devient particulièrement intéressant, c’est que l’effet Warburg est l’une des principales caractéristiques des cellules cancéreuses humaines, celle qui permet à la tumeur de proliférer à l’infini. « Si on arrive à comprendre comment l’huître active et désactive l’effet Warburg et si on identifie les molécules qu’elle mobilise, cela peut constituer une voie sérieuse pour combattre l’immortalité des cellules cancéreuses et stopper leur développement, espère la biochimiste pour qui le mollusque n’a pas encore révélé tous ses mystères. Chez l’huître, il y a 8 000 protéines dont la fonction est encore inconnue. Personne ne sait à quoi elles servent. Pour nous chercheurs, c’est génial, cela ouvre de futures pistes d’études. »

En attendant de trouver l’élixir de jouvence sur nos plateaux de fruits de mer, et si on pouvait prolonger notre vie grâce à une technique déjà disponible : le froid. C’est ce qu’a tenté Hervé Colinet, membre de l’OSUR (Observatoire des sciences de l’univers de Rennes) à l’Université de Rennes 1, en mettant des mouches… au frigo. Il a ainsi réussi à multiplier par quatre l’espérance de vie de drosophiles, passant de 45 jours à six mois. Le tout, en suivant un protocole précis. « Si vous mettez une mouche dans un frigo à 4° de façon continue, vous allez observer une mortalité rapide. En revanche, si vous faites fluctuer la température, cela change tout. Dans les expériences qu’on a menées, des mouches ont été placées à 4° pendant 22 heures et, le temps restant, on faisait remonter la tem-

pérature. Ce pic de chaleur permet à l’insecte de réparer les dommages causés par le froid, tout en conservant ses bénéfices. » Ici, la basse température permet donc de réduire le métabolisme et de ralentir les processus biologiques pour, ainsi, allonger la durée de vie. « Cette expérience fonctionne sur d’autres ectothermes (des organismes à sang froid, dont la température dépend de l’extérieur, ndlr). Cela marche par exemple sur des coléoptères, des bourdons, des petites guêpes… »

« Résurrection » Et sur l’homme, ce procédé seraitil aussi applicable ? « C’est hélas plus compliqué, répond Hervé Colinet. Pour l’être humain qui est un endotherme (organisme à sang chaud, ndlr) et qui doit maintenir une température corporelle constante, l’exposition prolongée au froid le mettrait dans un état d’hypothermie. Ce qui est plus que délétère. »

QUAND CÉLINE CHERCHAIT LE SECRET DE L’ÉTERNITÉ À ROSCOFF

Meurisse

« Je suis le seul à savoir ce que je veux : je ne veux plus mourir », écrivait Louis-Ferdinand Céline dans Voyage au bout de la nuit en 1932. Une volonté de fuir la mort et une quête d’immortalité qui semblent avoir toujours habité le romancier. Douze années plus tôt, celui qui s’appelle alors Louis-Ferdinand Destouches est installé à Rennes où il étudie la 16

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médecine. Passionné par la biologie marine, il effectue notamment plusieurs séjours à la station scientifique de Roscoff. Il y observe tout d’abord les comportements et le métabolisme du ver de sable Convoluta roscoffensis avant de publier, en 1921, une étude consacrée au « prolongement de la vie » chez les Galleria mellonella. Des petites chenilles que Céline essayait de faire

vivre plus longtemps en jouant sur la température de leur environnement. Une expérience concluante ? Pas des masses. Particulièrement frappé par son manque de références bibliographiques dans ses rapports, André Lwoff, futur Prix Nobel de médecine en 1965, dira plus tard à son sujet : « Nul ne regretta qu’il ait sacrifié le métier de chercheur à celui d’écrivain… »


Ifremer

Être rangé comme une pizza chez Picard et décongeler dans le futur n’est donc pour tout de suite. « Sur des phases très courtes, le froid présente de nombreux bénéfices pour la santé humaine. Il a notamment des effets anti-inflammatoires. La cryoconservation permet également de protéger sur le long terme des organes et des cellules. Mais à l’échelle d’un organisme entier, cela n’est pas possible. » Si les mouches peuvent se mettre au ralenti grâce au froid, d’autres espèces font encore mieux en stoppant carrément leurs fonctions vitales, pour mieux les réactiver plus tard. Un état de « vie latente », également appelé cryptobiose, sur lequel s’est penché Stéphane Tirard, professeur en histoire des sciences à l’université de Nantes. Parmi les animaux capables de cette prouesse : les rotifères, les tardigrades… « Ces organismes réduisent leur métabolisme au maximum jusqu’à le rendre inexistant, c’est-à-dire qu’il n’y a plus de réactions chimiques, plus rien ne fonctionne à l’intérieur. Il s’agit d’espèces qui peuvent être desséchées ou refroidies à des températures très basses, et qui se mettent dans cet état inerte pour survivre. » En cas de gel, le tardigrade peut, par exemple, éliminer l’eau de ses cellules pour éviter qu’elle ne cristallise et ne crée des dommages irréversibles. « Et quand les conditions de vie habituelles reviennent, les cellules retrouvent leur structure et l’organisme reprend sa forme active. » Une forme de résurrection. « Le terme “reviviscence” est plus scientifique, même si ce n’est pas incorrect de parler de résurrection. Quand les naturalistes ont découvert cette propriété chez ces animaux au 18e siècle, le mot résurrection

« Ce n’est pas incorrect de parler de résurrection » biologique de Roscoff, qui travaille actuellement sur la roussette. « Ce petit requin peut régénérer son rein. Après une ablation partielle, une nouvelle structure apparaît quelques semaines plus tard et de nouvelles unités fonctionnelles se créent. » Une capacité qui, selon les premières hypothèses, pourrait être due à une conservation de cellules souches héritées de l’embryogenèse. « Chez les humains, ce stock de cellules souches s’épuise après la naissance. « Il peut se régénérer » En cas d’ablation, nous “compenFace à ces pouvoirs qui, pour nous sons” simplement : les structures humains, apparaissent surnaturels, grossissent pour compléter le ne peut-on pas cependant voir une manque mais nous ne créons pas source d’inspiration ? Si se mettre de nouveaux tissus. » dans un état de cryptobiose n’est Avec ses travaux, Agnès Boutet pas pour demain, d’autres capa- espère donc trouver le mécanisme cités de survie du monde animal moléculaire que le poisson met en semblent en revanche davantage place, en espérant pouvoir l’appliquer à portée de main. à d’autres espèces. D’abord chez Un objectif qu’ambitionne Agnès la souris puis, en cas de résultats Boutet, chercheuse à la station concluants, peut-être un jour sur était couramment utilisé, sans la moindre connotation religieuse, précise l’universitaire pour qui la question de la limite du vivant a toujours animé les biologistes. La notion d’immortalité n’est cependant pas utilisée par les scientifiques. Ils soulignent juste un état particulier propre à ces organismes. C’est un aspect de la diversité du vivant. Chaque espèce a ses particularités et ses originalités. L’Homme aussi. »

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DOSSIER

l’Homme. De quoi imaginer des organes qui s’auto-réparent et ne vieillissent pas ? « Cela prendra du temps. Entre l’hypothèse et les premiers essais cliniques, il peut se passer 20 ou 30 ans », tempère la chercheuse pour qui cette étude peut alimenter la réflexion sur le maintien des cellules souches. « Comment les faire perdurer dans un organe pour qu’il puisse se régénérer en cas de traumatisme ou de vieillissement ? » Une question à laquelle JeanBaptiste Thibert, directeur médical de l’antenne bretonne de l’Établissement français du sang (EFS), compte bien aussi répondre. Dans un contexte où la médecine régénérative suscite de nombreux espoirs, notre sang pourrait être l’une des clés de notre jeunesse éternelle.

« Boire du sang d’enfants » « Depuis toujours, le sang est perçu comme le véhicule de la vie et une source de rajeunissement, rembobine-t-il. Parmi les premiers usages thérapeutiques, on peut citer l’Empire romain où le sang des gladiateurs était utilisé pour traiter les épileptiques. Ces derniers avaient le droit de boire le sang chaud de ces combattants fraîchement tués. Dans l’histoire française, il y a aussi Louis XI qui buvait du sang de jeunes enfants pour guérir et rester jeune. Mais ça n’a pas eu d’effet sur lui… » Avant que ne soient pratiquées les premières transfusions sanguines, alors présentées comme un traitement miracle. « On dit que le premier essai de transfusion aurait été réalisé 18

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sur le Pape Innocent VIII en 1492, alors qu’il était mourant. Le sang de trois jeunes bergers lui aurait été donné. Mais cela n’a pas fonctionné, il est mort quelques jours après… C’est à partir du 17e siècle, et les premières descriptions de la circulation sanguine, que la pratique va se développer. Toujours avec cette idée d’apporter de la jeunesse et de la vigueur à un corps affaibli. La découverte des groupes sanguins au 19e siècle a ensuite permis de maîtriser davantage la technique », éclaire le directeur médical de l’EFS Bretagne qui, parmi ses activités, compte celle de banque de sang placentaire. « Le sang placentaire est le sang issu du cordon ombilical. Avec le consentement de la mère, il est prélevé lors de l’accouchement. Il a la particularité de contenir une source importante de cellules souches dites hématopoïétiques. Elles sont capables de se multiplier, de se différencier et de créer de nouvelles cellules sanguines : globules blancs et rouges, plaquettes… » Actuellement utilisées dans le cadre d’une greffe de moelle osseuse, ces cellules souches pourraient, à l’avenir, trouver de nouvelles applications. Leur pouvoir ouvre de sérieuses pistes pour combattre les maladies neurodégénératives comme Alzheimer. « Une étude de 2017 a évalué la régénération de la mémoire chez les souris en utilisant du sang de cordon ombilical humain. Avec des résultats encourageants : une activité accrue a été observée dans l’hippocampe, la première zone qui

se détériore avec la vieillesse », fait savoir Jean-Baptiste Thibert qui tient à rappeler que « ces conclusions concernent uniquement la souris pour le moment, rien n’a encore été démontré chez l’être humain ».

« Fabriquer des organes » Des études cliniques sur l’Homme que Tuan Nguyen a désormais à portée de vue. Fondateur de GoLiver Therapeutics, une start-up nantaise, ce chercheur a signé un protocole d’accord avec l’hôpital Paul-Brousse, premier centre de greffe de foie en France, pour des essais programmés d’ici cinq ans. Son traitement basé sur l’utilisation de cellules souches pourrait permettre de régénérer le foie, même lorsque celui-ci est très agressé. « À partir de cellules souches pluripotentes, nous fabriquons des hépatocytes qui, injectées au patient, permettent au foie de se renouveler. Théoriquement, on pourrait guérir des foies atteints à 70 %. L’idée, c’est de se positionner comme une alternative à la greffe. »

DR

« Percu comme une source de rajeunissement»


Plutôt cool, mais ce traitement peutil fonctionner sur des organes sains dans le but de les préserver ? « Et de les rendre immortels ? (rires) On peut tout imaginer. D’un point de vue scientifique, rien n’empêcherait de le donner de façon préventive… Mais il s’agit là d’une question d’éthique et d’eugénisme », sourit Tuan Nguyen pour qui la médecine régénérative a cependant tout pour faire de nous des êtres potentiellement réparables à l’infini. « GoLiver Therapeutics fait partie d’un projet pour travailler sur de la bio-impression. Le principe : à partir de milliards de cellules, on fabrique des nouveaux organes en laboratoire. Il s’agit d’une technologie naissante, mais d’ici une dizaine d’années, on devrait en savoir plus. Si demain vous avez besoin d’un nouveau cœur, on vous en imprime un sur-mesure et on vous le transplante. Un jour, ce ne sera plus de la science-fiction. »

DES FONTAINES « À LA VIE, À LA MORT »

Bernard Rio, spécialiste du patrimoine breton et des croyances populaires.

Jimmy Delpire

Julien Marchand

On prête à de nombreuses fontaines des pouvoirs de guérison. Certaines d’entre elles ont-elles la réputation de rendre immortel ? Davantage que des fontaines d’immortalité, il serait plus juste de parler de portes vers un autre monde, de lieux où l’improbable devient possible, où le temps s’inverse. Comme la fontaine de Jouvence à Saint-Malonsur-Mel, au nord de la forêt de Paimpont, en Ille-et-Vilaine. Selon la coutume, il faut s’y rendre à minuit et pieds nus pour profiter de ses vertus. En 1896, Félix Bellamy écrivait à ce sujet : « Les autochtones du village de La Landelle vont prendre de l’eau dont ils ont besoin. Parmi les personnes vues, la plus vieille ne semblait pas avoir plus de 35 ans. Toutes étaient bien portantes, fraîches et vermeilles comme dans la plus belle jeunesse. » Il y a aussi la fontaine Sainte-Agnès de Tréfumel, dans les Côtes d’Armor : jadis l’eau de cette fontaine permettait aussi aux jeunes filles de retrouver leur virginité ! La symbolique de la fontaine offre des rapprochements avec l’imaginaire féminin.

Certaines fontaines permettent-elles, a contrario, de provoquer la mort ? Il existe le phénomène de “l’image dans l’eau” où le visage du défunt apparaît dans le reflet d’une fontaine. Il s’agit d’un intersigne provoqué par un rituel pratiqué dans plusieurs dizaines de fontaines bretonnes. Parmi celles-ci, celle de Plouégat-Guérand (Finistère), surnommée “Feunteun an Ankou”, soit la fontaine de la Mort. La personne souhaitant connaître le temps qui lui reste à vivre se penche au-dessus de la fontaine à minuit. En cas de mort prochaine, elle aperçoit alors un crâne à la place de son visage... Dans plusieurs autres fontaines, y était aussi recensé un rite consistant à jeter un morceau de pain pour connaître son sort : s’il surnage la personne invoquée vit ; s’il coule au fond la personne meurt. Comment l’Église perçoit-elle ces rites ? Ces rituels “à la vie à la mort” ne sont évidemment pas fondamentalement chrétiens. Ils relèvent davantage d’un substrat païen que du dogme catholique. L’Église a combattu ses pratiques. Ce fut une erreur car ils ont vidé leurs églises et fait fuir les pratiquants épris de sacré. Aujourd’hui, nous assistons à un retour de ces croyances et donc de la religion populaire en Bretagne. 19


DOSSIER

VACANCES 2020 : « GO WEEEEST » FRONTIÈRES FERMÉES, QUARANTAINE, DÉPLACEMENTS LIMITÉS… LA CRISE SANITAIRE CHAMBOULE NOTRE ÉTÉ ET RÉINTERROGE NOTRE MANIÈRE DE VOYAGER. MAIS APRÈS TOUT, FAUT-IL À TOUT PRIX PARTIR LOIN POUR ÊTRE DÉPAYSÉ ? 2020, ANNÉE ZÉRO ? Après une baisse record de 90 % du trafic aérien national enregistré en avril, le secteur touristique craint le crash et attend semaine après semaine l’évolution du déconfinement. « C’est le grand flou, reconnaît Nicolas Bernard, géographe et co-directeur du master tourisme à l’UBO à Quimper. On sait déjà que les échanges transcontinentaux de loisirs vont être inexistants au moins pour un temps. Si les frontières européennes s’ouvrent, le voyage franco-français reste privilégié. » 20

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Arnaud Burel, directeur de l’office de tourisme du Golfe du Morbihan, a déjà anticipé la chose avec « un ciblage de proximité niveau communication : campagne TV sur France 3 Bretagne et sur les supports publicitaires de Rennes et Nantes », ajoutant pour se rassurer que « la clientèle étrangère représente à peine 15 % du total des touristes visitant le secteur ». Niveau national, la crise actuelle pourrait faire perdre 40 sur les 170 milliards d’euros annuels générés par le secteur touristique, lequel fait vivre 2 millions de per-

sonnes. « Plutôt que de paniquer, il faut profiter de la période pour faire évoluer l’offre et l’adapter aux nouvelles demandes et aux contraintes du moment », préconise Manuelle Aquilina, responsable du master tourisme à l’UCO à Vannes.

STAYCATION, NOUVELLE TENDANCE ? Après la crise des subprimes de 2008, des millions d’Américains se sont retrouvés contraints de ranger leurs rêves d’exotisme et de considérer des vacances près de chez eux, inventant ce barbarisme de “staycation”,


ger dans l’infiniment petit peut s’avérer aussi passionnant que d’arpenter de grands espaces lointains. « Et puis ce n’est pas comme si on n’habitait pas une région attractive… Il y a pire lieu pour envisager le tourisme de proximité », vante Arnaud Burel.

LA FIN DU TOURISME DE MASSE ? La tendance au tourisme de proximité serait aussi à mettre en corrélation directe avec le développement de l’éco-tourisme d’après Manuelle Aquilina. « La donnée environnementale est présente chez quasi tous mes étudiants », observet-elle. Même constat à Quimper avec Nicolas Bernard : « Les structures pour lesquelles ils veulent travailler ne sont clairement pas en priorité les mastodontes type Club Med ou Center Parcs, même si eux aussi font des efforts en ce sens avec des concepts plus verts. » La tendance étant de se détourner d’une image “tourisme de masse” qui ne fait plus vraiment rêver. « Huttopia, un nouvel acteur touristique, l’a bien compris et cartonne avec son concept d’hébergement pleine nature », fait savoir Manuelle Aquilina.

contraction de “stay” et “vacation”, ou la variante “holystay”. « C’est le principe des vacances chez soi, définit Arnaud Burel. De même que beaucoup de Parisiens ne sont jamais montés dans la tour Eiffel, beaucoup de Bretons n’ont jamais visité les alignements de Carnac. Pas besoin de prendre l’avion pour passer un bel été. » « L’application typique du staycation, c’est Paris Plage : on s’en est beaucoup moqué au début mais le concept a trouvé UN PARADOXE GÉNÉRATIONEL ? son public et n’est plus remis en Le “flygskam” est un nom suédois se cause », illustre Nicolas Bernard. définissant par la honte de prendre l’avion, popularisé par Greta ThunDU NÉO-TOURISME ? berg et s’appuyant sur le fait qu’il Par choix ou contrainte, ne plus s’agit du moyen de transport le plus partir loin de chez soi doit-il être polluant (285 g de rejet de CO2 par considéré comme un retour en km et par passager, contre 158 en arrière ? « Pas forcément, analyse voiture et 14 en train). Mais si le pays Nicolas Bernard. C’est comme scandinave a enregistré l’an dernier en alimentation : se détourner de une baisse de son trafic aérien, la l’agroalimentaire pour privilégier tendance reste à un franc déveloples circuits courts et les produits de pement au niveau mondial : une saison est une pratique plus vertueuse croissance annuelle de 6,4 % et un que rétrograde. » Pour un tourisme nombre de passagers qui double tous responsable voire presque militant, les quinze ans. Localement aussi, c’est le réflexe du « près de chez soi » le trafic continue de progresser : qu’on peut vouloir privilégier. Voya- + 18,3 % l’an passé à l’aéroport de

Rennes (856 000 passagers en 2019 et des travaux d’agrandissement de la piste qui se sont poursuivis, y compris pendant le confinement) et + 5,6 % à Brest (1,1 million de passagers). « C’est tout le paradoxe de la jeune génération, constate Nicolas Bernard. Elle a une forte conscience écolo mais son terrain de jeu est mondial. C’est inculqué très tôt, avec une année à l’étranger quasi systématique désormais en études supérieures. » Et Arnaud Burel d’ajouter : « Tant que des compagnies low cost pourront continuer à proposer des allers-retours dans des capitales européennes moins chers qu’un billet de train pour Paris, la tentation sera trop forte. »

LE TOURISTE, PRÉDATEUR ULTIME ? Dans son Manuel de l’antitourisme, le sociologue Rodolphe Christin estime que la popularisation du tourisme entraîne fatalement des nuisances : le voyage comme acte de pollution et le touriste comme prédateur. Sans partager une telle radicalité, Manuelle Aquilina reconnaît qu’il existe des comportements à bannir : « Les réseaux sociaux finissent par standardiser une certaine vision des vacances. On va tous vouloir prendre la même photo Instagram, au même endroit, au même moment. Tout ça pour quoi ? Quel plaisir ? Où est l’évasion ? » Pour Nicolas Bernard, « la quête d’exotisme à tout prix s’avère tout aussi néfaste : certains cherchent à se détacher des modes en allant là où les autres ne vont pas, ce qui finit par ne laisser aucun espace d’oxygénation à la planète ». Après l’Islande, la mode est ainsi désormais à remonter encore plus au nord vers l’Arctique, ce qui n’aide sûrement pas un tel espace naturel à se préserver. Régis Delanoë 21


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VOYAGER À L’ÉTRANGER... EN BRETAGNE LES CARAÏBES AUX GLÉNAN Au large de Fouesnant, au sud du Finistère, l’archipel des Glénan offre un cadre assez paradisiaque aux visiteurs, avec tout ce qu’il faut de clichés sur les paysages caribéens : un lagon limpide, une eau turquoise cristalline et un sable fin d’un blanc étonnant. Ces couleurs viennent de la décomposition d’une algue calcaire, le maërl. Les lieux sont réputés pour la pratique de la voile (avec une école de formation sur place, seule trace humaine pérenne avec deux restaurants ouverts à la belle saison) et de la plongée sous-marine. On peut aussi tout simplement s’y baigner, faire bronzette et rêver de ti’punch à l’apéro.

LE TIBET À PLOURAY

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C’est au lieu-dit Kerguzul sur la commune de Plouray, en plein Kreiz Breizh, que s’est installée depuis la fin des années 80 une congrégation bouddhique dite “Drukpa”, d’obédience tibétaine. Ouverts au public, les 15 hectares de jardin de méditation offrent un des cadres les plus dépaysants qui puisse exister dans la région, avec la présence d’un stupa (lieu de dévotion au dôme doré), un temple, un moulin à prières et un lama lhakhang renfermant 300 statues de lamas. Le monastère est habité à l’année par huit religieux et a reçu en 2008 la visite du Dalaï-lama en personne. 22

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LE CONNEMARA DANS LES MONTS D’ARRÉE

sauvage, austère et brut qui font de ce coin l’un des plus atypiques de De vastes tourbières, une végétation la région. Un massif montagneux sèche et rase, des rochers escarpés, (l’un des plus anciens de France : un relief buriné par le temps, des il date du Paléozoïque, soit il y a landes à perte de vue… Les monts 300 millions d’années) qui offre le d’Arrée, au cœur du Finistère, point culminant de la Bretagne (le rappellent tout de suite le Conne- Roc’h Ruz à 385 mètres d’altitude) mara à l’ouest de l’Irlande. Plus et le mont Saint-Michel, le vrai, de 190 000 hectares de paysage celui de Brasparts.

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LE MISSISSIPPI SUR LA VILAINE À la frontière entre l’Ille-et-Vilaine et la Loire-Atlantique, les bords de Vilaine offrent un décor digne du mythique Mississippi : un cours d’eau bien large, des marais alentours, des herbes folles, des bateaux de pêche au carrelet… Un paysage un peu désolé à la True Detective (la saison 1, la meilleure), un brin

mystique aussi (la légendaire citée immergée du “lac de Murin” : au niveau de la commune de Massérac, les cloches de l’église Saint-Melaine seraient englouties dans la Vilaine suite à un pillage de Vikings...). En allant visiter ce coin de bayou breton au cœur de l’été, mieux vaut tout de même ne pas oublier son anti-moustique…

LE GRAND CANYON À PÉNESTIN Amérique toujours avec la plage de la mine d’or à Pénestin, qui doit son nom à l’activité aurifère des lieux au 19e siècle et jusqu’au début de la Première Guerre mondiale. Si la ruée vers l’or a été éphémère, ce site de la côte morbihannaise reste exceptionnel géologiquement, avec ses 2 kilomètres de hautes falaises d’un jaune orangé. L’explication ? Une roche très riche en fer qui se serait oxydé avec les eaux de pluie, donnant cette couleur rouille au lieu, d’apparence très “Grand Canyon” en Arizona. Les lignes de roche ont été formées par le dépôt successif de sable rejeté par un fleuve qui coulait là entre - 600 000 et -300 000 ans à l’époque du quaternaire. Y a fort fort longtemps. 23


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COLLECTIONNEURS, FÉTICHISTES... VOYAGE En vacances, il y a ceux qui aiment varier les plaisirs : explorer chaque été une région différente, chercher l’exotisme, se confronter à de nouvelles cultures. Et puis, il y a ceux qui ont leur coin favori et s’y tiennent, se rendant toujours au même endroit, avec les mêmes habitudes. Entre ces deux grandes catégories, quelques variantes, dont la plus curieuse : l’approche obsessionnelle et monomaniaque du voyage.

PASSION STADES DE FOOT Prenez Ewin Appery par exemple. Ce Guingampais de 28 ans installé depuis 2015 en Angleterre est ce qu’on appelle un “groundhopper”, un collectionneur de stades. « C’est l’approche touristique du football, définit-il. Regarder un match à la télé ne m’intéresse pas, c’est être en tribune qui me fait vibrer. » Une passion naturellement inaugurée au stade de Roudourou, dans sa ville de naissance, avant que ne monte l’envie irrépressible de goûter à d’autres ambiances. « Le football est universel mais vécu différemment selon les enceintes. Chaque ferveur est unique. » Grâce à Ryanair, EasyJet et une voiture qui ne craint pas les bornes, il consacre une bonne partie de ses week-ends et vacances à compiler ses billets d’entrée aux matchs. « J’en suis à 17 pays visités en Europe : Allemagne, Italie, Suisse, Suède, Ukraine, Bulgarie… » Avec quelques beaux souvenirs en tête. « En France, le stade Bollaert

à Lens est génial, comme Mönchengladbach et Dortmund en Allemagne ou celui du FC Servette à Genève, avec vue sur les Alpes. » Ewin en est à 94 stades différents visités et comptait atteindre la barre des 100 sans l’arrêt prématuré de la dernière saison pour cause de Covid-19. « Je suis un comptable et j’ai toujours aimé les statistiques… » Son gros challenge : se rendre dans tous les stades des clubs pros anglais. « C’est le Graal des groundhoppers. Il y en a 92 en tout et j’en suis à 50 tout pile. Comme je me fais parfois 3 ou 4 matchs dans un même week-end, ça devrait pouvoir se valider dans pas trop longtemps. » En espérant que les huis-clos imposés par la crise sanitaire ne s’éternisent pas.

PASSION SALONS DE COIFFURE Compulsif, Édouard Rouxel l’a

« Le tour de France, mais attention, le véritable » 24

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également été pendant pas mal d’années avant de « lever le pied » avec sa lubie : prendre en photo les salons de coiffure avec les meilleurs jeux de mots. « C’est un truc qui m’a toujours fait marrer avant que je ne me mette sérieusement à partir en chasse en 2012 et à créer un site dédié. » Le Tumblr baptisé Le Libr’hair comporte aujourd’hui près de 600 références de devantures. Ses préférés ? Le trentenaire originaire des Côtes d’Armor cite « Ma Tign’asse à Matignon, Buenos Hair à La Roche-sur-Yon, Nefertitif à Orvault ou Le Barbier de sa ville à Saint-Étienne ». S’il a reçu quelques contributions extérieures, la majorité des clichés a été prise par Édouard et sa copine Lucie. « En vacances, on avait pour habitude de traverser les bourgs au pas. On a aussi pas mal utilisé Google Map pour gagner du temps. Si je repérais un salon incontournable, il nous arrivait de dévier de l’itinéraire prévu pour faire un détour. Certains étés, on pouvait en dénicher cinquante nouveaux. »


EN ABSURDIE

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Photos : DR

« Le soir, on créchait chez des potes de promo, personne ne savait que ce road trip était aussi un dessin. Ça a été la surprise quand on leur a révélé le résultat final. » Ce « décrassage salutaire après trois ans d’études et de teufs » leur a donné des envies de voyage. Pierre est aujourd’hui en Australie et Anthony s’était lancé un nouveau défi WTF cette année : rejoindre la Norvège en trottinette. « J’ai dû stopper en Belgique à cause du confinement mais c’est partie remise. »

PASSION BORD DE CARTE Le dada de Bernard Balais ? « Faire le tour de France en quad. Mais attention, le véritable tour de France ! », en longeant au plus près le littoral et les frontières. Depuis 2011, le septuagénaire malouin trace la route seul et sans assistance (« pas de téléphone, pas de GPS, je connais la route »), depuis la cité corsaire en partant vers la Normandie, puis remontant la côte d’Opale, bifurquant vers les Ardennes, longeant le Rhin, traversant les Alpes puis filant vers la Méditerranée, les Pyrénées, l’Atlantique et la Bretagne pour le retour à la maison. « 6 166 km parcourus en 22 jours, avec 330 à 350 km de moyenne par jour. 7 heures sur la bécane. » Cette année, il avait prévu pour le fun de compter tous les dos d’âne du parcours (véridique) mais le coronavirus a eu raison de son neuvième tour. « J’en suis malade (sic), je devais partir comme d’habitude fin mai, j’avais mes 2 500 € nécessaires pour l’essence, l’hôtel et les restos,

tout était prêt. Tant pis, je recommencerai l’an prochain. »

PASSION DESSIN GPS Fétichisme géographique encore avec Pierre Bonnefoi et Anthony Leboisne. En mai 2019, ces deux anciens étudiants de Quimper ont fêté l’obtention de leur diplôme d’ingé en se faisant un trip à vélo. Mais pas n’importe comment : « En traçant un élan sur la carte. Pourquoi un élan ? En hommage à notre idole François Damiens qui en tatoue un dans un de ses meilleurs sketchs en caméra caché. » Popularisé par la sportive influenceuse Marine Leleu, le GPS drawing consiste à dessiner son itinéraire sur une appli GPS, selon les routes et chemins empruntés. « Plus le parcours est grand et plus c’est facile de faire son plan de route. » Le leur partait de Nantes, avec une première grande ligne droite de 180 km jusqu’à Trémeur pour former la longue queue de l’animal. Les deux compères ont bouclé leur périple en neuf jours et 1 000 km.

PASSION SAINT-MICHEL Aurélie Blévin et ses amis de Noyal dans les Côtes d’Armor comptent eux logiquement pouvoir organiser leur périple annuel cet automne. « On n’a pas encore choisi le lieu, on sait juste que ce sera une nouvelle commune en Saint-Michel. » Le rituel est parti d’une boutade : « Un de nos potes nous a annoncé un jour qu’il avait prévu d’emmener sa femme au Mont Saint-Michel en week-end romantique. On a trouvé ça tellement cliché qu’on s’est dit qu’on allait le faire, nous aussi. » Et voilà la troupe de huit Costarmoricains partis en virée sur les bords du Couesnon. « On s’est retrouvé à tous dormir dans un camping-car pourri mais c’était un moment tellement drôle qu’on s’est dit qu’on allait remettre ça tous les ans. » Saint-Michel-Chef-Chef, Saint-Michel-en-Grève, Saint-Michel de Brasparts, Saint-Michel-MontMercure, Saint-Michel-des-Loups et l’îlot Saint-Michel ont déjà été visités. « Il en reste encore beaucoup à visiter rien que dans le grand Ouest. C’est très commun comme nom de localité. » R.D 25


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INSTALLÉE À LAMBALLE, LA RÉALISATRICE OLYMPE DE G VIENT DE SORTIR « UNE DERNIÈRE FOIS », UN FILM PORNO ÉTHIQUE ET FÉMINISTE. ÉCRITURE, CASTING, TOURNAGE… ELLE NOUS RACONTE SES DESSOUS. e public habituel de Canal Plus risque d’être déstabilisé. Pas le moindre sein dévoilé avant la dixième minute. Pas d’actrices aux silhouettes standardisées, mais une diversité de physiques et d’âges. Pas de haute définition, mais une image volontairement lo-fi. Pas de maquillage outrancier, mais des beautés au naturel. Pas une seule fellation à l’écran, mais une mise en scène centrée sur le plaisir féminin. Pas de scénario prétexte, mais un propos argumenté. Une Dernière fois est un film X différent. Un long métrage imaginé par la réalisatrice Olympe de G, défenseuse d’un porno alternatif, éthique et féministe qui, forcément, dénote face aux stéréotypes des productions mainstream. « Quand j’ai rencontré Canal pour leur proposer de réaliser un film, c’est sûr que ça ne s’est pas forcément passé comme je l’imaginais. Ils m’ont dit que

les courts métrages que j’avais pu faire par le passé étaient trop arty pour eux. Ils considéraient que ce n’était pas le style de films X que les gens voulaient voir sur leur chaîne, rembobine la Lamballaise. Et puis, ils ont commencé à me parler de porno senior. Dans un premier temps, j’étais assez décontenancée, jusqu’à ce que je me rende compte que c’était un sujet que je n’avais jamais abordé. » Une prise de conscience et le point de départ d’Une Dernière fois. « Je me suis beaucoup documentée sur cette question. Ce que devient le corps après 60 ans… Comment les femmes revendiquent le contrôle de leur corps… Et ça m’a passionnée. Les problématiques que tu rencontres en tant que femme tout au long de ta vie deviennent plus fortes lorsque tu vieillis. Âgisme et sexisme se conjuguent. » C’est ainsi que l’histoire de Salomé, personnage central du film, est née.

Celle d’une septuagénaire qui, menacée par un fort risque d’AVC, opte pour un suicide assisté en Suisse pour ne pas se retrouver, un jour, diminuée et dépendante. « Et avant de mettre fin à ses jours, elle veut faire l’amour une dernière fois. On insiste beaucoup sur la première fois, mais qu’en est-il de la dernière ? Elle décide de le faire en conscience, avec la ou le partenaire idéal. Le film raconte cette quête. » Un travail introspectif pour la réalisatrice trentenaire. « Écrire et réaliser ce film a eu un effet thérapeutique. Ça m’a permis d’apaiser quelques angoisses sur le fait de vieillir. Lire des témoignages de femmes plus âgées qui racontent qu’elles ont une sexualité, ou pas, et qu’elles le vivent bien, c’est quelque chose de rassurant. » J.M Disponible sur Canal VOD. Plus d’informations sur www.olympe-de-g.org 27


DOSSIER

« FILM HYBRIDE » « Quand Canal te commande un film, t’as un budget qui est fixé et, en fonction de celui-ci, il y a un nombre de scènes de cul qui est décidé. Nous, on avait aussi prévu d’avoir du sexe simulé. Ils auraient pu être stricts là-dessus car c’est du porno qu’ils veulent diffuser, pas de l’érotisme. Mais ils ont été souples. Ils ont compris que ce serait un film hybride entre porno et fiction. Au final, on a deux scènes et demie non simulées, au lieu des cinq qu’on retrouve habituellement dans les films sur Canal. »

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« CACHETS DE COMÉDIEN » « Faire un film avec des ambitions coûte cher. En plus de la participation de la chaîne, j’ai dû faire un crowdfunding. Deux autres boîtes de prod se sont aussi jointes à l’aventure. On a réussi le tour de force de le tourner en dix jours, avec une équipe conséquente, sans faire d’heure sup’. L’argent, c’est un point central, surtout quand tu veux travailler dans de bonnes conditions et rémunérer correctement les gens. On a payé tout le cast en cachet, y

compris les performers X, ce qui dans le porno mainstream n’est pas toujours le cas. Historiquement, les acteurs porno étaient payés comme cascadeurs. Aujourd’hui, la plupart des productions se passent à l’étranger. Les performers y sont payés en cash, c’est très précaire pour eux car ils ne peuvent prétendre à un statut d’intermittent du spectacle. Pour Une Dernière fois, on avait cette volonté que tous les actrices et acteurs aient un vrai cachet de comédien. »

« LE RETOUR DE BRIGITTE LAHAIE » « Pour le cast, le plus difficile était de trouver Salomé. Quelqu’un qui sache jouer, qui veuille bien se mettre en scène dans un film explicite, qui ait plus de 60 ans… J’ai eu la chance que Brigitte Lahaie accepte. On a travaillé ensemble sur le script. La seule condition qu’elle a posée était que son implication soit uniquement érotique. Elle n’avait pas de problème à être dans un film porno mais elle ne voulait pas faire de scène X. Ce qui nous a amené à réécrire certaines scènes, comme celle où un couple vient faire l’amour devant elle. Avec ce film, elle fait son retour porno-érotique. » 29


DOSSIER

« SE REFORMATER » « Parmi les performers X, il y a Rico Simmons (photo) et Joss Lescaf. Ils tournent essentiellement dans des productions mainstream, mais ils étaient curieux de voir une façon différente de faire les choses. Dans le script d’Une Dernière fois, chaque action était décrite. Action 1, tu l’embrasses. Action 2, tu la lèches ici. Et ainsi de suite... C’était hyper carré. Travailler avec des gens pro qui suivent ce qui est écrit, c’est une garantie que ça se passe bien. Joss

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par exemple, c’était son premier film féministe, mais il était super enthousiaste. Ce n’est pas parce qu’il est habitué à faire du X mainstream qu’il ne peut pas jouer différemment et se reformater pour un autre type de porno. Dans la “vraie” vie, il est père de famille, il habite à la campagne, c’est un ancien scaphandrier de l’Armée… Il a d’autres ressources dans lesquelles il peut aller puiser. Les gens ne sont pas uniquement ce que leur profession les pousse à faire. »


« EXPRESSION DU CONSENTEMENT » qu’elle soit simulée ou non. Ça « Quand on veut réaliser un film de manière éthique, plusieurs choses peuvent se mettre en place. Parmi celles-ci, les formulaires de consentement. On a essayé de formaliser toutes les conversations faites d’ordinaire de façon informelle avant chaque scène. Sur ce document, les actrices et acteurs pouvaient noter ce qu’ils voulaient faire ou ne pas faire, montrer ou ne pas montrer, dès qu’il y avait une scène intime,

permettait à chacun de réfléchir en amont sur ses pratiques et de perfectionner l’expression de son consentement. Nous avons aussi créé un poste de coordinatrice d’intimité. Elle a vérifié tout le long du tournage que tout se passait bien pour les comédiennes et comédiens, qu’ils étaient à l’aise sur chaque scène et que tout était conforme avec ce qu’ils avaient pu préciser dans leur formulaire de consentement. »

« SANS PRÊCHI-PRÊCHA » « Des corps de plus de 60 ans, des hommes à la masculinité gracile, des femmes grosses… Comme dans la plupart de mes films, j’ai eu cette volonté de montrer une diversité de corps. Et également de prendre à rebours ce qu’on peut voir dans certaines productions mainstream où le sexe est toujours spectaculaire et où on jouit en poussant des hurlements. Mais comment faire pour être dans cette démarche éducative sans arriver avec des gros sabots ? Ce n’est pas quelque chose d’évident. Je ne voulais pas faire un film sans nuances où on voyait le propos d’emblée. On a essayé de délivrer le message en finesse, sans prêchi-prêcha. Ça peut passer par des choses toutes simples : choisir un personnage et ne pas le pousser à la caricature, cela suffit parfois. » Recueilli par Julien Marchand Photos : Laure Bourdon Zarader 31


RDV

L’AS DES OS Le printemps 2020 s’annonçait formidable pour Clavicule : une dizaine de dates calées pour assurer la promo d’un premier album qui devait sortir le 17 avril. « Le train était lancé, on était chaud, et puis bah… confinement. » Ian, le bassiste, comme les trois autres membres de ce groupe rennais (Marius à la guitare et au chant, Kamil à la guitare et Alexis à la batterie, âgés entre 22 et 33 ans), ont dû comme tout le monde rester à la maison et reporter à plus tard la tournée qui devait les emmener jusqu’au festival de Binic fin juillet, date symbolique qui les auraient

Titouan Massé

LE GROUPE RENNAIS CLAVICULE DÉBOULE AVEC SON PREMIER ALBUM DE POST-GARAGE.

définitivement adoubés sur la scène rock locale. « C’est partie remise. » Depuis ses débuts en 2018, Clavicule est habitué aux contretemps. « C’est presque dans notre ADN en fait, analyse Ian. Quand on a commencé, le garage était déjà un peu passé de mode. Alors ironiquement on a appelé notre premier album Garage is Dead (dont la date de sortie a finalement été décalée au

12 juin, ndlr) et on dit qu’on fait du post-garage, ce qui n’existe pas vraiment. » Fan des Oh Sees, de Ty Segall et de Meatbodies, la bande mêle au garage du punk, du psyché, du grunge et du surf. « On est dans une veine très californienne : Black Lips, Dead Ghosts, Fidlar sont des références parfaitement assumées. » R.D Le 12 septembre à I’m from Rennes

Maxence Rifflet

DES VIES CONFINÉES

Pendant deux années, le photographe parisien Maxence Rifflet s’est plongé dans le quotidien de sept prisons françaises. Portes épaisses, espace exigu et liberté cadenassée : le mécanisme de l’enfermement est mis à nu, sans tomber dans le voyeurisme ni dans les clichés du monde carcéral. Une plongée sur des vies recluses qui, dans cette période post-confinement, trouve ici un écho particulier. Un travail à découvrir à Gwinzegal à Guingamp (une ancienne prison réhabilitée en centre d’art !). Jusqu’au 6 septembre. 32

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JEUX

CAHIER DE VACANCES SUMMER 2020 ES-TU INCOLLABLE SUR LES FESTIVALS BRETONS ? 1. Pourquoi le groupe punk The Ramones a-t-il annulé sa participation au festival Elixir en 1985 ? A. Dee Dee Ramone était en désintox B. Joey Ramone ne voulait pas manquer un match de baseball C. Johnny Ramone venait de mourir 2. Combien de fois Manu Chao a-t-il joué au Festival du Bout du Monde ? A. 1 fois B. 2 fois C. 5 fois 3. Qu’avait organisé l’équipe des Vieilles Charrues en 1994 ? A. Une course de dromadaires B. Un tournoi de cap’s C. Un concours de dessin 4. Dans quel pays a failli avoir lieu une édition de La Route du Rock ? A. En Angleterre B. Au Japon C. En Israël 5. Où a eu lieu le dernier concert des Bérus en Bretagne ? A. Astropolis à Brest B. Fête du Bruit à Landerneau C. Trans Musicales à Rennes 34

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6. Quelle légende n’a jamais joué dans un festival breton ? A. Miles Davis B. James Brown C. Nina Simone 7. Comment s’appelait le Festival Interceltique lors de sa première édition en 1971 ? A. La Fête des bagadoù B. La Fête des cornemuses C. La Fête du renouveau celtique 8. Quel écrivain s’est produit sur la scène d’un festival breton en 1999 ? A. Virginie Despentes B. Alain Damasio C. Michel Houellebecq

11. Pour quelle raison le rockeur américain Little Richard est-il arrivé avec une heure de retard sur la scène de Bobital en 2006 ? A. Il s’était endormi dans sa loge et personne n’osait le réveiller B. Il était tombé des cordes et la scène était inondée C. Il était parti se chercher un burger au McDo de Quévert 12. Qui a été le plus programmé aux Vieilles Charrues ? A. Ben Harper B. Matmatah C. Muse

9. Par qui les Vieilles Charrues ont-ils dû remplacer David Bowie en 2004 ? A. Texas B. The Corrs C. Yannick Noah

13. Quel était en 2019 le deuxième plus gros festival breton derrière les Vieilles Charrues en termes d’entrées payantes ? A. Art Rock B. Roi Arthur C. Chant de Marin

10. Quel journaliste radio est intimement lié à l’histoire de La Route du Rock ? A. Michka Assayas B. Antoine de Caunes C. Bernard Lenoir

14. Quel groupe s’est révélé aux Trans Musicales en 1990 sur la scène de la salle de la Cité ? A. IAM B. NTM C. Manau


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1 : B. 2 : A (le fameux concert marathon en 2003). 3 : A. 4 : C (en 2007). 5 : A (en 2005, sous le nom de Kamouflage). 6 : C. 7 : B. 8 : C (à La Route du Rock). 9 : A. 10 : C (via des “black sessions” retransmises sur France Inter). 11 : C. 12 : B (5 fois, contre 4 pour Ben Harper et Muse) 13 : C (avec 100 000 entrées payantes, contre 220 000 pour les Charrues). 14 : A.

SOLUTIONS QUIZZ FESTIVALS Trouve le bon chemin qui te mènera à la scène ! Mais attention aux mauvaises sorties où les dangers t’attendent... Bonne chance !

SORS DU LABYRINTHE, LE CONCERT VA COMMENCER !


JEUX

MOTS CROISÉS, APÉRO ÉDITION

VERTICALEMENT 1. Brune azotée 2. Dans les années 1960, quatre litres par habitant 3. 50 cl 4. Fée verte 6. Sans sulfites ajoutés 10. L’amer à boire 13. Quel chanteur téléphone « ivre mort au matin » ? 14. Brassicole et insulaire 15. Blanc nantais 16. Aussi un pantalon 18. Une lettre , un chiffre : un but 20. Comme une queue de pelle

HORIZONTALEMENT

SOLUTIONS 1 : stout. 2 : cidre. 3 : pinte. 4 : absinthe. 5 : barathon. 6 : nature. 7 : zinc. 8 : tricher. 9 : gnôle. 10 : houblon. 11 : Coreff. 12 : bar. 13 : Miossec. 14 : malt. 15 : muscadet et mine. 16 : gin et glouglou. 17 : flasque. 18 : Q8. 19 : Lorient. 20 : rond. 21 : gwin. 36

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5. La tournée des grands ducs 7. Son numéro atomique est le 30 8. « Manger c’est » 9. Avec un bas, je roule 11. Lion bicéphale devenu cheval 12. Poisson de la la famille des Moronidae 15. Antipersonnelle 16. Cri du dindon (et de l’apéro) 17. Bouteille qui manque de fermeté 19. Ville de Bretagne ayant le plus de bars par habitant (17 pour 100) 21. Vin en breton


« JE SUIS, JE SUIS ??? » LA BRETAGNE AU CINÉMA 6. MANIF

1. SOLEIL

2. BOOM

Top ! Je suis une commune des Côtes d’Armor de 11 000 habitants. Le fleuve La Rance constitue une de mes frontières. Classée “ville d’art et d’Histoire”, je suis réputée pour mes remparts et ma basilique, mais pas que ! En 1998, on me voit dans le film Armageddon réalisé par Michael Bay pour illustrer la destruction de Paris. Je suis, je suis ???

3. ÎCONE Top ! Je suis un acteur né en 1935 à Sceaux en Île-de-France. J’ai joué avec Jean Gabin, Simone Signoret, Romy Schneider ou encore Lino Ventura dans des classiques du cinéma français comme Plein Soleil, Rocco et ses frères, Le Guépard… Parmi les 92 longs-métrages dans lesquels j’ai tourné, le film Traitement de Choc réalisé à Belle-Île en 1973 avec une scène, désormais mythique, dans laquelle j’apparais courant nu sur la plage… Je suis, je suis ???

4. JOLI Top ! Je suis un réalisateur ayant vécu au Cap Fréhel et à Rennes. Mon premier film sorti en 2009 campe le quotidien de Kamel et Hervé, deux adolescents de 14 ans. Également dessinateur, je rencontre le succès avec L’Arabe du futur qui relate mon enfance passée en Libye puis en Syrie. Je suis, je suis ???

5. BUT

Top ! Je suis une île bretonne d’une superficie de 72 hectares, au large des côtes finistériennes. Peuplée de 141 habitants, je suis notamment connue pour ma saucisse, mais aussi pour avoir accueilli le tournage de la comédie Les Seigneurs, sortie en 2012. Un film où Joey Starr, Ramzy Bedia ou encore Omar Sy jouent dans une équipe de foot amateur qualifiée pour les 32e de finale de la Coupe de France. Je suis, je suis ???

Top ! Je suis une université de Bretagne forte de 21 635 étudiants. En 2003, le film Brocéliande situe son intrigue au sein de mon campus. Un thriller fantastique réalisé par Doug Headline qui a réussi la performance d’être classé parmi les pires films sur Allociné avec la note de 1,1 sur 5. Si ce long métrage ne m’a pas réussi, je joue en revanche toujours les premiers rôles lors des mobilisations sociales et politiques. À tel point qu’on me surnomme “la Rouge”. Je suis, je suis ???

7. MIAM

Top ! Je fais partie des films culte des années 70. Comédie paillarde et libertaire, je raconte l’histoire d’Henri Serin, représentant en parapluies, qui décide de tout laisser tomber pour vivre d’amour et d’eau fraîche. Il débarque alors dans le Pays bigouden où il rencontre Émile, un peintre local. Quelques-unes de mes scènes feront ma renommée comme celle de Jean-Pierre Marielle s’extasiant devant le postérieur de Marie, l’employée de l’hôtel. Je suis, je suis ???

SOLUTIONS 1 : Louise Bourgoin. 2 : Dinan. 3 : Alain Delon. 4 : Riad Sattouf. 5 : Molène. 6 : Université de Rennes 2. 7 : Les Galettes de Pont-Aven.

Top ! Je suis une actrice française née à Rennes en 1981. Après des études aux beaux arts, je me dirige vers le mannequinat et la télévision. Repérée comme miss météo sur Canal en 2006, je fais mes premiers pas au cinéma dans La Fille de Monaco réalisé par Anne Fontaine en 2008, avant d’enchaîner avec Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec, Un Heureux événement ou encore l’excellent Un Beau dimanche de Nicole Garcia. Je suis, je suis ???

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Enki Bilal

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Martin Parr

RECOMMANDE

MARTIN PARR

LES CINÉMAS

MIRAGES & MIRACLES

ENKI BILAL

Heureusement qu’en cet été 2020 tous les événements ne sont pas annulés ou reportés. Parmi les expos maintenues, celle consacrée à l’iconique photographe britannique Martin Parr. 500 clichés colorés, kitsch et décalés qui interrogent les phénomènes de masse avec un regard à la fois tendre et acerbe.

Encore un lieu qui nous a manqué : les 122 cinémas de BZH rouvrent enfin leurs portes. Parmi notre sélection estivale : Light of my life de Casey Affleck, Tenet de Christopher Nolan, Tout Simplement noir de et avec Jean-Pascal Zadi (photo), The King of Staten Island de Judd Apatow, Vivarium avec Jesse Eisenberg...

Réalité augmentée et virtuelle, illusions holographiques et projections grande échelle : imaginée par la compagnie Adrien M & Claire B, l’exposition Mirages & miracles accompagne la réouverture des Champs Libres. Après ces temps troublés, l’occaz idéale pour se plonger dans un univers techno-poétique.

Le Fonds Hélène & Édouard Leclerc à Landerneau consacre cette année son expo estivale à Enki Bilal, prolifique auteur de BD et cinéaste dans une veine SF post-apocalyptique. Dessins, peintures, films, écrits... Parmi les pièces présentées, des œuvres inédites, dont un Guernica de Picasso revisité.

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À Landerneau Réouverture prévue cet été

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Aux Champs Libres à Rennes Jusqu’au 18 octobre

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Dans les salles Depuis le 22 juin

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Au FRAC et au Thabor à Rennes Jusqu’au 24 janvier 2021

FESTIVAL DE LA GACILLY

LES DISQUAIRES

PARTITION SISMIQUE

LES BARS ET LES RESTOS

Le toujours attendu festival photo en plein air de La Gacilly va bel et bien avoir lieu, avec pour thème cet été l’Amérique latine. Les photos grand format de 17 artistes du sous-continent sont exposées dans toute la ville, pour une déambulation artistique et gratos.

Comme de nombreux acteurs culturels, les disquaires ont pas mal morflé. L’opération Disquaire Days (prochaine journée le 29 août) s’avère parfaite pour les soutenir et choper les dernières prod locales, comme le nouvel album de Stonebirds ou celui de Druids of the Gué Charette.

Le centre d’art Les 3 CHA à Châteaugiron accueille cet été l’installation tout en papier de la plasticienne Anne Poivilliers. Un impressionnant ensemble de fibres reliées entre elles qui propagent des vibrations aléatoires dans l’espace. Contemplatif et introspectif.

Libérééééés, délivrééééés : s’il faut encore faire gaffe avec les gestes barrière, il est désormais possible de siroter des pintes en terrasse et de commander une entrecôtefrites. Le bonheur. Soyons solidaires avec la profession et aidons-les : mangeons et buvons les ami·e·s !

À La Gacilly Du 1er juillet au 31 octobre

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Chez les disquaires de la région Maintenant

Aux 3 CHA à Châteaugiron Du 27 juin au 30 août

Partout Tout le temps




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