Dossier de presse 2022 - Acharnière

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re g i o n a le e ll e u is v a u d io

2 02 1

resse p e d r ie s s o D J u i n 2 02 2


02 Présentation de "L'acharnière"

26 Les membres du jury

03 Présentation de l'association "Une aventure délicate"

27 2 Sélections et 7 prix décernés

04 Programme du festival 05 Jeudi 16 juin 08 Entretien avec Annouchka De Andrade, par François Piron et Cédric Fauq

28 Palmarès 2021 (40ème édition du festival) 29 Au delà du cinéma "Le métropole" 30 Maurice Failevic (1933/2005) 34 Cycle de films sur l'Algérie

12 Sarah Maldoror 35 Présentation des films 14 Réaliser un film, c'est prendre position 16 Annouchka de Andrade et Henda Ducados

01

38 Impressions d'un festival 43 Rétrospective

18 Entretien avec Sarah Maldoror

51 Personnalités ayant participé au jury

20 Vendredi 17 juin

52 Personnalités invitées

22 Samedi 18 juin

53 Coupures de presse

22 Dimanche 19 juin

63 Un grand merci !

24 La reine des nègres vous parle des blancs

64 Salut et Fraternité

Sommaire


Presentation de "L'acharniere"

epuis une quarantaine d’années, l’association « Une Aventure Délicate » a D pour objectif de promouvoir la production audiovisuelle régionale. Le public, de plus en plus nombreux et divers, découvre au cours du Festival de l’Acharnière un large éventail de films et de vidéogrammes réalisés pendant l’année. Tout document présenté en compétition au festival se rattache à la région, soit par son sujet, son réalisateur ou sa structure de production. Au cours de ce rendez-vous annuel, diffuseurs, animateurs et documentaliste viennent prendre connaissance de cette nouvelle production audiovisuelle, via le Panorama, la Compétition et la Vidéothèque mise à la disposition de chacun. « Une Aventure Délicate » se propose de mêler les genres, de favoriser les passerelles entre les différentes démarches et pratiques de l’audiovisuel. C’est photographes, professionnels ou jeunes créateurs, de confronter leurs idées et d’élargir leurs points de vue. « L’Acharnière » invite à redécouvrir le Haut-de-France, à travers la production cinématographique et audiovisuelle régionale. L’expérience est possible grâce au pari d’une équipe rigoureuse qui sélectionne des documents de qualité, à travers lesquels émergent chaque année de nouveaux talents. Un catalogue, regroupant tous les films diffusés, est mis gratuitement à la disposition du public et des diffuseurs. Hors compétition, le Festival de l’Acharnière consacre des soirées à la découverte de productions internationales ou d’autres régions et rend hommage aux maîtres du documentaire et de la fiction documentée. Le festival se poursuit par des décentralisations thématiques ou la diffusion du dernier Palmarès

Présentation de "L'acharnière"

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Presentation de l'association "Une aventure delicate"

« Une Aventure Délicate », association loi 1901, est née de la rencontre d’associations ou de réalisateurs indépendants, issus du monde de la production, de la diffusion et de la formation audiovisuelle : Gonzague CUVELIER (responsable du service audiovisuel de la cathéchèse, président de Cap image) et le Centre culturel étudiant rue Molière, Heure Exquise !, Monac’1, Chave, l’ARTN, Peuple et culture, le coLioP et Montevidéo. Rejoints par Travail et culture, le CE SNCF et le CRAV de la ville de Roubaix. L’Acharnière, ce sont les « acharnés » qui, chaque année, renouvellent l’expérience afin d’installer une « charnière » entre les différents groupes du monde audiovisuel.

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Présentation de l'association "Une aventure délicate"


Programme du festival Jeudi 16 juin 18h30 20h

Pot de bienvenue au cinéma « Le Métropole » Hommage à Sarah Maldoror : les luttes anticoloniales En présence de Annouchka De Andrade, fille de la réalisatrice Introduction au cinéma de Sarah Maldoror ▶ Monangambee (17’) ▶ Sambizanga (102’) → Rencontre et débat avec le public

Vendredi 17 juin 18h

Hommage à Sarah Maldoror ▶ Et les chiens se taisaient (15’) → Masterclass

20h

Hommage à Sarah Maldoror : la poésie c’est la vie ▶ Un dessert pour Constance (59’) ▶ L’enfant cinéma (23’)

Samedi 18 juin 13h

Panorama & compétition de la production audiovisuelle régionale

Dimanche 19 juin 13h

Panorama & compétition de la production audiovisuelle régionale

18h

Hommage à Sarah Maldoror (suite et fin) ▶ Aimé Césaire, un homme, une terre (52’) → Rencontre avec le public Décentralisation : Cycle de films Mémoires d’Algérie

22h

Proclamation du Palmarès suivie du pot de clôture

Programme du festival

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Jeudi 16 juin 18h30

20h

Pot de bienvenue au cinéma « Le Métropole » Hommage à Sarah Maldoror : Les luttes anticoloniales En présence de Annouchka De Andrade, fille de la réalisatrice

Crédit : Image du film

Introduction au cinéma de Sarah Maldoror

Fiction, 17min — Angola, Algérie - 1969 — 35mm • Noir et blanc Réalisation. : Sarah Maldoror - Production : C O N C P - c/o SLON - 68, rue Albert Paris 13ème.

Tourné à Alger, Monagambee est un film documentaire sur la torture et, de façon plus large, sur l’incompréhension entre colonisés et colonisateurs. Il est adapté d’une nouvelle « Le complet » de l’écrivain angolais Luandino Vieira alors emprisonné par le pouvoir colonial portugais. Monangambee aborde la torture par l’armée portugaise d’un sympathisant de la résistance angolaise. Mohamed Zinet qui a travaillé avec Sarah Maldoror sur le film La Bataille d’Alger, fut ici assistant et comédien. C’est en effet à Alger que Sarah Maldoror a fait ses débuts cinématographiques, aux côtés de Gillo Pontecorvo sur le film La bataille d’Alger (1965), puis d’Ahmed Lalem dans le documentaire Elles, dont elle était la première assistante, puis de William Klein pour le doc sur le Festival Panafricain d’Alger (1969). Elle était également l’amie de Assia Djebbar avec laquelle elle partageait de nombreux combats pour la liberté de la femme. En fin de montage, Sarah Maldoror aborda les membres de « Art Ensemble of Chicago » à la fin d’un concert parisien et leur proposa de sonoriser son film. Ils le visionnèrent et, dans la foulée, enregistrèrent leur première bande-son gracieusement. Comme évidence d’une solidarité afro-américaine.

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Jeudi 16 juin


Fiction, 102 mn — Angola, République du Congo - France - 1972 Réalisation : Sarah Maldoror - Production : Isabelle Films — Scénario : Sarah Maldoror, Mario Pinto de Andrade, Maurice Pons, d’après le roman de José Luandino Vieira, « A vida verdadeira » de Domingos Xavier.

Les débuts de la résistance en Angola dans les années 1960. Domingos Xavier, militant du MPLA, le parti angolais de lutte pour la libération nationale, est arraché des bras de sa femme par une troupe de militaires qui l’emmènent vers une destination inconnue. Sa femme entreprend une marche épuisante à travers tout le pays à la recherche de son mari. Dans les années 1950, fatiguées qu’on ne leur offre que des rôles de bonnes, quatre amies fondent la première compagnie de théâtre entièrement noire en France. L’une d’elles était Sarah Maldoror, qui a ensuite étudié à l’École de cinéma de Moscou et travaillé (non créditée) comme assistante sur La Bataille d’Alger (1966). Elle a réalisé plus de quarante projets de films – longs métrages, documentaires, de nombreux courts métrages – et en a laissé au moins autant non réalisés. Même les œuvres achevées sont parfois endommagées ou ont été perdues. Elle perd les droits de Sambizanga, son chef-d’œuvre de 1972 sur le mouvement de libération de l’Angola et le premier long métrage tourné en Afrique par une femme d’ascendance africaine : ils ont été vendus par un producteur français à un autre producteur, qui l’escamote pendant des décennies. Oublié, jamais projeté, le film est soustrait des mémoires. Après un long combat mené par les filles de Maldoror avec le soutien de la Film Foundation, il a retrouvé son éclat.

— D’après Yasmine Seale (4columns.org, 7 janvier 2022)

→ Rencontre et débat avec le public

Jeudi 16 juin

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Mohamed Zinet pendant un tournage

Mohamed Zinet

Jose Luandino Vieira Jose Luandino Vieira est né au Portugal mais ses parents s'installent en Angola alors qu'il a 3 ans. Il s'engage en faveur de l'indépendance de l'Angola. En 1963 , il sort « Luanda », recueil de nouvelles rapidement interdit par les autorités portugaises. Il est condamné à 14 ans de prison. En 1964, il est transféré au bagne de Tarrafal, au Cap Vert, où il passe 8 ans. Libéré en 1972, il est placé sous surveillance à Lisbonne. La plupart de ses œuvres sont des nouvelles s'inscrivant dans la vie quotidienne des musseques de Luanda. José Luandino Vieira y décrit des quartiers pauvres, révoltés contre le colonisateur, mais au sein desquels une nouvelle identité angolaise émerge. L'auteur utilise beaucoup la langue kimbundu pour marquer l'unicité de la langue lusophone angolaise et son portugais « bantouiisé ». Il qualifie son œuvre «d'ambaquisme", « phénomène culturel caractérisant le colonisé qui tente d’assimiler certains éléments culturels introduits par le colonisateur. Sarah Maldoror adapte la nouvelle « Le Costume » dans Monangambee et « A vida Verdadeira » de Domingos Xavier dans Zambizanga

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Jeudi 16 juin


Entretien avec Annouchka ,De Andrade, par Francois Piron et Cedric Fauq F.P. :

Si nous par­tons de ton expé­rience,

F.P. :

Sarah et Mário se sont-ils ren­con­trés au

Annouchka, quels sont tes sou­ve­nirs de ce

congrès ?

que Sarah a pu racon­ter sur elle et sa vie ?

Oui, et François Maspero m’avait dit qu’il

Sarah naît en 1929 à Condom, dans le Gers, dans

avait connu Sarah parce qu’elle était venue

une famille de quatre enfants. Elle a tou­jours

lui demander l’autorisation d’accrocher des

refu­sé de par­ler de son enfance et je pense qu’il

affi­chettes de sa com­pa­gnie de théâtre Les

faut res­pec­ter ce choix. Elle a construit ain­si

Griots dans la librai­rie, et par ailleurs il connais­

elle-même un mys­tère autour de son enfance,

sait Mário. Il a connu l’un et l’autre alors qu’ils

pro­ba­ble­ment très dif­fi­cile, entre une mère

n’étaient pas encore ensemble.

ger­soise femme de ménage et un père de Marie-Galante. Sa vie com­mence à Paris en 1956 et, com­me pour tout acte de nais­sance, elle se choi­sit un nom. Elle sera Sarah Maldoror. Double dimen­sion : à la fois acte poli­tique (se choi­sir un nom quand on est des­cen­dante d’esclave) et poé­tique (un hom­mage aux « Chants de Maldoror » du poète Lautréamont). F.P. :

Tu nous as dit qu’elle s’est rajeu­nie sur ses

F.P. :

1956 est le moment où Sarah appa­raît

sur la scène pari­sienne. Que fai­sait-elle à ce moment ? Sarah crée la pre­mière com­pa­gnie de théâtre noire en 1956. Avec ses cama­rades Timité Bassori, Ababacar Samb et Toto Bissainthe, elle s’est ins­crite à l’école de théâtre de la rue Blanche, puis ils se sont lan­cés ensemble, en mon­tant eux-mêmes leurs pièces et avoir ain­si

papiers d’identité.

accès aux rôles aux­quels ils ne pou­vaient pas

J’ai conser­vé un pas­se­port où il est clair qu’elle a

pré­tendre aupa­ra­vant en tant que Noirs. Elle

modi­fié le 2 en 3. Elle a donc eu 20 ans pen­dant

aimait dire : « Je n’étais pas là pour ouvrir les

long­temps. Mon père a tou­jours cru qu’elle était

portes. »

née en 1939. F.P. :

F.P. :

Mário de Andrade, lui, est arri­vé à Paris

Sais-tu com­ment elle s’implique au sein

des Griots ? Dès 1959, au moment de la mise

dans les années 1950.

en scène des Nègres de Jean Genet, elle ne

De lui, nous savons presque tout parce qu’il

fait pas par­tie de la dis­tri­bu­tion.

nous en par­lait et il a beau­coup écrit. Il quitte

La pre­mière pièce mise en scène est Huis clos

Luanda en 1948 pour étu­dier à Lisbonne où,

de Jean-Paul Sartre, puis la com­pa­gnie monte

avec des étu­diants afri­cains (Viriato da Cruz,

Pouchkine, fait des lec­tures de Césaire et

Amílcar Cabral, Eduardo Mondlane, Marcelino

enfin monte Les Nègres de Jean Genet. Sarah

dos Santos), il crée le Mouvement anti­co­lo­

a convain­cu Genet de leur céder la pièce et

nia­liste (MAC). En 1955, inquié­té par la police,

Roger Blin de la mettre en scène. Elle est aus­

il a dû fuir Lisbonne pour Paris et s’inscrit à la

si la porte-parole de la troupe, et sa pre­mière

Sorbonne en phi­lo­lo­gie clas­sique. Il tra­vaille

appa­ri­tion dans la presse est un entre­tien avec

alors à Présence Africaine avec Alioune Diop et

Marguerite Duras, que publie en 1958 le jour­

par­ti­cipe à l’organisation du pre­mier Congrès

nal France Observateur, où Sarah parle de la

des écri­vains et artistes noirs. Il a éga­le­ment

pièce de Genet avant même que les répé­ti­tions

œuvré à l’organisation du second Congrès, qui

aient com­men­cées. Elle a par­ti­ci­pé aux répé­ti­

s’est tenu à Rome, et que Paulin Soumanou

tions mais ne fera effec­ti­ve­ment pas par­tie de la

Vieyra a filmé.

dis­tri­bu­tion. Je crois que c’est parce qu’elle est par­tie pour Conakry.

Entretien avec Annouchka De Andrade, par François Piron et Cédric Fauq

08


F.P. :

Est-ce éga­le­ment au congrès de la

de Ben Bella. On y reste quelques belles années,

Certainement, et elle est res­tée proche de

et on quitte pré­ci­pi­tam­ment Alger car Sarah se

beaucoup d’autres qui étaient pré­sents au

fait expul­ser en 1970, à cause de son film Des

congrès : René Depestre, Richard Wright,

fusils pour Banta.

Jacques Stefen Alexis… Césaire est deve­nu un ami de Mário : la ver­sion du Cahier d’un retour au pays natal publiée par Présence Africaine en 1956 est cor­ri­gée par Mário, et par je ne sais quel miracle, j’ai tou­jours conser­vé cet exem­plaire anno­té. Il avait éga­le­ment cor­ri­gé le Discours sur le colo­nia­lisme. Quand sa vie poli­tique a pris trop d’importance, il a quit­té ses fonc­tions au sein de Présence Africaine, contre l’avis d’Alioune Diop. Je pense qu’il quitte Paris avec Sarah, pour Conakry, sou­te­nu et accueilli par Sékou Touré. Puis Sarah part étu­dier le ciné­ma à Moscou, où je suis née en novembre 1962, tan­dis que ma sœur naît à Rabat en juillet 1964. F.P. :

Que sais-tu de ce moment ?

Elle est allée à Moscou avec une bourse obte­ nue de la Guinée. On sait qu’elle y a ren­con­tré Sembène Ousmane qui a éga­le­ment étu­dié au VGIK mais seule­ment quelques mois. Sarah a racon­té avoir été confron­tée au racisme, y avoir appris la construc­tion des plans, l’importance d’étudier la com­po­si­tion des tableaux, la nécessi­té d’aller dans les églises… C’est une curio­si­té qui ne la quit­te­ra jamais, de même qu’une appé­tence pour l’imprévu : savoir s’adapter en toute circonstance. F.P. :

Qui étaient ses professeurs ?

Elle a pré­fé­ré étu­dier auprès de Marc Donskoï plu­tôt que de Bondarchouk car, disait-elle, elle n’aurait jamais autant de moyens de pro­duc­tion que lui pour ses propres films. Elle a rap­por­té à Maspero que Donskoï lui aurait don­né un 0 pour son film de fin d’année s’il avait dû le noter. Il fal­lait y mon­trer la faim, et elle avait fil­mé une dame qui mange une pomme qu’on lui donne avec avi­di­té. Donskoï lui avait dit qu’on ne sentait pas la faim dans la main de la femme. F.P. :

Après Moscou, vous avez vécu au Maroc.

Sarah est res­tée envi­ron deux ans à Moscou. Peut-être avons-nous retrou­vé Mário à Conakry avant de tous nous ins­tal­ler à Rabat où est née Henda en 1964. Le Roi Mohamed V aidait les mou­ve­ments de libé­ra­tion afri­cains. Ensuite, notre famille s’est ins­tal­lée à Alger pour

09

rejoindre les autres lea­ders afri­cains à l’invitation

Sorbonne qu’elle a ren­con­tré Aimé Césaire ?

F.P. :

Quels autres res­pon­sables afri­cains

étaient à Alger ? Il y avait Amílcar Cabral, Eduardo Mondlane et éga­le­ment Nelson Mandela que Mário reçoit à Rabat puis accom­pagne à Alger pour l’entraînement militaire. F.P. :

C’est à Alger que Sarah com­mence à

partici­per à des films. Oui, elle par­ti­cipe à La Bataille d’Alger, à Elles et au film sur le fes­ti­val pan­afri­cain de William Klein. F.P. :

Est-ce qu’on sait ce qu’elle fait dans tous

ces contextes ? Pour La Bataille d’Alger, de Gillo Pontecorvo, elle était res­pon­sable des foules, du recru­te­ ment des femmes à la Casbah. Elle n’est pas cré­di­tée au géné­rique, mais elle a conser­vé ses bul­le­tins de paie de Casbah films. Sur le film Festival pan­afri­cain d’Alger, elle fai­sait par­tie de la deuxième équipe, tout en étant l’assistante de William Klein. Sarah était éga­le­ment l’assistante de Ahmed Lallem sur Elles, un docu­men­taire com­po­sé d’entretiens de jeunes étu­diantes algé­riennes, aux­quelles on demande ce qu’elles pensent de l’avenir, du sens de l’éducation, etc. F.P. :

Quels sont tes sou­ve­nirs de cette période ?

À Rabat et Alger, c’est la seule période où notre famille a été plei­ne­ment et dura­ble­ment réunie. Ensuite, dans les années pari­siennes, avant l’indépendance de l’Angola, nous pou­vions pas­ser une année sans voir Mário. Sarah l’aimait énor­mé­ment et nous par­lait tout le temps de lui. Il fal­lait que l’on com­prenne que c’était la poli­tique, l’Histoire… Elle com­blait son absence en étant le père et la mère. De quoi te sou­viens-tu de ces années algéroises ? Je me sou­viens de Jean Sénac ; il habi­tait près de la mai­son à la Pointe-Pescade. Je me sou­ viens du fes­ti­val Panaf, il y avait eu, et c’est ma ver­sion d’enfant, un concert de Miriam Makeba auquel je n’ai pas eu le droit d’assister. Henda et moi nous sommes réveillées dans la nuit

Entretien avec Annouchka De Andrade, par François Piron et Cédric Fauq


En 1970, Chris Marker et Sarah se

et sommes sor­ties attendre nos parents sur

F.P. :

le trot­toir. La voi­sine, qui devait jeter un œil

connaissent donc déjà bien. Sais-tu com­ment

sur nous, n’a pas réus­si à nous faire rega­gner

il et elle se sont connus ?

notre chambre. Après cela, quand la délé­gation

Sans doute par François Maspero. Marker avait

cubaine est arri­vée, Mário et Sarah nous ont

réa­li­sé avec Alain Resnais, sur demande de

réveillées pour les accueillir sur leur bateau.

Présence Africaine, le film Les Statues meurent

J’ai aus­si le sou­ve­nir de Eldridge Cleaver qui

aus­si. Quand mon père est deve­nu ministre de

devait dépo­ser ses armes avant d’entrer dans la

la culture de la Guinée-Bissau (1976–1980), il a

maison : avec Sarah, aucune dis­cus­sion pos­sible

créé un Institut du Cinéma, à voca­tion de for­

sur ce sujet.

ma­tion, et deman­dé à Chris de venir aider de

F.P. :

Vous avez quit­té Alger en 1970 quand

Sarah s’en est faite expul­ser, après le tour­nage du film Des fusils pour Banta, dont il ne sub­

jeunes cinéastes guinéen·nes qui avaient été formé·es à Cuba, dont Sana Na N’Hada et Flora Gomes. Au tour­nant des années 1980, Sarah

siste que les pho­tos. Que s’est-il passé ?

F.P. :

Suite à un désac­cord sur l’importance du rôle

réalise une tri­lo­gie de films sur les car­na­vals

des femmes dans la gué­rilla et le choix de la

en Guinée-Bissau et au Cap-Vert. Quel en était

musique dans son film, Sarah a insul­té un

le contexte ?

colonel en lui disant qu’il n’était qu’un « capi­

Avant cela, Sarah a tour­né deux films en

taine de merde ». Celui-ci lui a répon­du que

Guinée-Bissau : Des fusils pour Banta en

si elle n’avait pas été la femme de Mário de

1970, puis un film sur la remise des lettres de

Andrade, il l’aurait étran­glée tout de suite. Elle

créances à Luís Cabral, le futur pré­sident du

a donc eu qua­rante-huit heures pour quit­ter

jeune État, en 1975. À Bissau, le car­na­val est une

le ter­ri­toire. Plus tard, Mário m’a dit qu’avec

com­mande de l’Institut du Cinéma. De toute

Cabral, ils l’ont accom­pa­gnée sur le tar­mac et

façon, Sarah avait le sou­ci de la trans­mis­sion

ont atten­du que l’avion décolle pour être sûrs

et elle connaissait Sana Na N’Hada, avec qui

qu’elle arrive saine et sauve à Paris. Le film n’a

elle avait, en 1975, tra­ver­sé à pied la fron­tière de

pas été retrou­vé. Je pense qu’il est aux archives

Guinée-Bissau en guerre. Sana tenait la camé­

de l’armée du FLN et j’espère que les copies

ra, et les images fil­mées ont ser­vi plus tard à

n’ont pas été brû­lées ; je ne déses­père pas de

Sans soleil de Chris Marker. Sarah, en revanche,

les retrou­ver. Sarah est par­tie toute seule, et ma

n’a pas ter­mi­né ce film tour­né dans le maquis

sœur et moi avons été pla­cées dans une famille

en 75.

d’accueil dans les Pyrénées. Mário ne pou­vait plus res­ter à Alger, il devait se rendre à Cuba pour ren­con­trer Fidel Castro. Nous sommes res­tées dans cette famille plu­sieurs mois. Et un jour, ni Henda ni moi ne nous sou­ve­nons com­ment, nous nous sommes retrou­vées à Saint-Denis. Lorsque Sarah est arrivée à Paris, elle a sol­li­ci­té ses ami·es, notamment Madeleine Alleins, avo­cate de Ben Bella et dont le mari tra­ vaillait au minis­tère des Finances. C’est lui qui a per­mis de lui attri­buer un loge­ment dans une rési­dence réser­vée aux fonc­tion­naires à SaintDenis. Elle n’avait aucun reve­nu, ne savait pas quand elle ferait son prochain film, et ne pou­ vait pas comp­ter sur Mário, alors clan­des­tin… Il nous a rejoint bien plus tard. Elle a meu­blé l’appartement grâce à Jean-Michel Arnold et à Chris Marker, entre autres.

C.F.. :

Dans ses films, le choix des plans est très

tra­vaillé, notam­ment par de nom­breux glis­ se­ments entre pay­sage et por­trait. Ces choix semblent avoir été écrits : com­ment se pas­ saient ses tournages ? Elle tra­vaillait beau­coup en amont des tour­ nages avec tous les tech­ni­ciens, chef opé­ra­teur, chef déco­ra­teur : elle les emme­nait au musée pour voir une pein­ture en par­ti­cu­lier en fonc­ tion du film, afin d’expliquer quelle lumière ou ambiance elle sou­hai­tait. Il y a quelque chose de très soviétique dans sa manière de faire des films, de com­po­ser ses plans, d’être atten­tive aux détails, aux regards face camé­ra. En cela elle me semble très influen­cée par Eisenstein. Et le mon­tage était très impor­tant : elle était tous les jours en salle de mon­tage et ado­rait ça.

Entretien avec Annouchka De Andrade, par François Piron et Cédric Fauq

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F.P. :

On peut aus­si déce­ler un héri­tage sur­

F.P. :

Cela nous donne l’occasion de par­ler de

réa­liste, par exemple dans son film sur Léon-

son rap­port aux Antilles. C’est un grand nœud

Gontran Damas, où elle filme des colonnes

dans sa vie, non ?

de four­mis, des nuées de mous­tiques… Il

Elle ne nous en a jamais beau­coup parlé,

y a quelque chose de dis­rup­tif dans ces

comment pou­vait-il en être autre­ment ?

plans de coupe, dont on ne comprend pas

Elle a peu connu son père et n’a voya­gé que

forcément le sens, mais qui sont des élé­ments

tardivement aux Antilles où elle n’a jamais

de cristallisation qui cap­turent l’attention.

vraiment été accep­tée. Nous sommes allées

Il est frap­pant de voir à quel point ce sont

toutes les trois pour la pre­mière fois, en

les textes poé­tiques qui struc­turent les

Guadeloupe à la fin des années 1980. Ce n’était

films. On comprend que l’un des élé­ments

pas la première fois pour Sarah, car elle y était

structurant de son ciné­ma est de le faire

allée pour ses films. Mais elle n’a pas vrai­ment

diriger par le verbe.

été admise par la communau­té antillaise ; elle

Tout à fait, c’est un aspect com­mun et

ne par­lait pas créole et s’en fichait. Tandis que

structurant de ses films. Que l’on retrouve

pour notre père, l’Angola c’était l’avenir, c’était sa

jusque dans le choix de son nom. On peut dire

bataille, sa vie. Nous étions très impré­gnées par

que le verbe, la poé­sie, ont fait Sarah et qu’elle a

l’Afrique.

malaxé et revi­si­té toute sa vie la poé­sie. Jusqu’à l’homme de sa vie qui était un poète… On peut aus­si ajou­ter l’importance des choix musi­caux pour ses films : la fré­quence du jazz, du gos­pel, des chan­sons de Toto Bissainthe, de Miriam Makeba… Elle a une manière carac­té­ris­tique de faire coïnci­der le poé­tique, la musique des mots, aux ques­tions poli­tiques, comme une tra­di­tion orale et révo­lu­tion­naire. Et de faire cir­cu­ler les géographies, en met­tant une musique afri­caine

C.F.. :

On peut sou­vent lire, dans des articles qui

lui sont consa­crés, qu’elle est une réa­li­sa­trice guadeloupéenne. Oui, mais elle n’employait pas cette expres­sion. Elle n’acceptait aucune fron­tière, aucun carcan, et elle n’aimait pas être réduite à la couleur de sa peau. À la ques­tion sur ses origines, elle répondait « Je suis cou­leur de nuit », ou encore « Je suis de là où je suis ».

sur un film tour­né aux Caraïbes ou en Colombie.

Bildtjanst-H, Nicolaisen, portrait de Sarah Maldoror, photographie n&b, s.d., courtesy Anouchka de Andrade et Henda Ducados. © Palais de Tokyo

— Publié initialement dans Sarah Maldoror : cinéma tricontinental, catalogue de l’exposition au Palais de Tokyo, 23 novembre 2021-12 mars 2022. Copyright Palais de Tokyo, Paris.

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Entretien avec Annouchka De Andrade, par François Piron et Cédric Fauq


Sarah Maldoror Filmographie 2009 Eia Pour Césaire Documentaire, 58 min — Paris Martinique

2008 Ana Mercedes Hoyos - peintre Documentaire, 13mn — Bogota

2005 Les oiseaux mains Clip - Animation, 30s — Paris Dessins de Edmond Baudoin

2003 Scala Milan A.C Fiction, 17 mn — Paris et Milan Musique : Archie Shepp — Texte : Sarah Maldoror

1997 La tribu du bois de l’é Documentaire, 12 mn — Ile de la Réunion

1996 L’enfant cinéma Fiction, 23mn — Paris

1995 La route de l’esclave Documentaire, 27 mn — Martinique

1994 Léon G. Damas Documentaire, 25 mn — Guyane Premier prix du Festival de Milan • 1995 — Prix du jury et Prix de la critique (Festival du Caire) • 1996 — Prix Daniel de Saint Jorre et Prix de l’originalité (Quebec) • 1996

1989 Vlady - Peintre Documentaire, 24 mn — Mexique Label de la qualité décerné par le C.N.C., 1989

1987 Aimé Césaire - le masque des mots Documentaire, 47 min — Miami, Martinique

? Un sénégalais en Normandie Documentaire, 13min — Paris Paris Robert Doisneau - Photographe Documentaire, 5min — Paris Exposition au Musée d’Art et d’Histoire de St Denis

La littérature tunisienne de la Bibliothèque Nationale 3 min — Paris

Portrait de Assia Djebar Reportage, 7 min — Paris

1986 Le racisme au quotidien Reportage, 5mn

Robert Lapoujade - peintre Documentaire, 5mn

Première rencontre internationale des femmes noires (RIFEN) — 2min

Ecrivain public Reportage, 5 min

Le passager du Tassili Fiction, 88 mn — Paris et Alger (Diffusé sur France 2) Avec : Anne Coudry, Lounès Tazaïrf, Smaïn — D’après le roman de Akli Tadjer, Éditions du Seuil

1985 Portrait d’une femme africaine Reportage, 6min — Le Havre

Paris Christiane Diop Reportage, 6min— Paris

1984 Claudel à Reims Reportage-émission Mosaïque, 5 min — Paris

Toto Bissainthe - chanteuse Documentaire, 4 mn — Paris

1982 L’Hôpital de Leningrad Fiction, 59 mn (Diffusé sur France 2) — Paris Avec : Roger Blin, Rudiger Vogler, Anne Wiazemsky D’après une nouvelle de Victor Serge éditions François Maspero. Adapté par Serge Michel.

René Depestre - poète Reportage, 5mn — Paris

Louis Aragon - un masque à Paris Documentaire, 20 mn — Paris

Emanuel Ungaro - couturier Reportage, 4 mn — Paris

1980 À Bissau, le carnaval Documentaire, 18 mn — Guinée-Bissau

Carnaval en Guinée-Bissau En collaboration avec Tobias Eggel — Guinée-Bissau

1979 Un carnaval dans le Sahel Documentaire, 28 mn – Cap-Vert

Fogo, île de feu Documentaire, 34 mn – Cap-Vert

Miro - peintre Reportage, 5 mn – Cap-Vert

Un dessert pour Constance Fiction, 61 mn (Diffusé sur France 2) — Paris Avec : Cheik Doukouré, Sidiki Bakaba, Jean Bouise D’après une nouvelle de Daniel Boulanger – Éditions du Seuil. Adapté par Maurice Pons

1978 Le cimetière du Père Lachaise Documentaire, 7 mn — Paris

1977 Abbaye Royale de Saint-Deni Documentaire, 7 mn — Paris

Reportage pour le magazine « Mosaique »

Sarah Maldoror

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Alberto Carliski - Sculpteur 5 mn - documentaire — Paris

Ouverture du Théâtre noir à Paris Reportage, 5 min — Paris

Wifredo Lam portrait-exposition 5 min — Paris

Aimé Césaire - un homme une terre Documentaire, 57 mn — Martinique

1974 Et les chiens se taisaient Documentaire, 13 mn — Paris Avec Gabriel Glissant et Sarah Maldoror - Tourné dans les réserves du musée de l’homme avec Michel Leiris

Naissance d’un État-Amilcar Cabral (Film inachevé) Panama et Guinée Bissau

Velada (Solitude) Fiction, 60min — Panama D’après la nouvelle de Pedro Rivera Peccata minuta

1973 Saint-Denis sur Avenir Documentaire, 45 mn — Paris, Saint-Denis

Louise Michel Paris, Saint-Denis

1972 Sambizanga Fiction, 82 mn Tanis d’or du Festival de Carthage — Prix de l’Office Catholique de Ouagadougou

1970 Des fusils pour Banta Fiction, 90 mn Film inédit (copie disparue)

1969 Monangambee

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Sarah Maldoror

Sarah Maldoror • ©Henrich Vickel →

↑ Sarah maldoror sur le tournage des fusils pour banta, 1970 photo : Suzanne Lipinska © archive sarah maldoror

Fiction, 20mn Premier prix du festival de Dinard — Prix du meilleur réalisateur, festival de Carthage — Premier prix du festival de Tours


, Realiser un film, c'est prendre position Sarah Maldoror — Traduction par Emilie Notens "Je fais partie de ces femmes modernes qui tentent de concilier le travail avec la famille et comme pour toutes les autres cela me complique la vie. Les enfants ont besoin d'une mère et d'un foyer. Raison pour laquelle j'essaie de préparer et de monter mes films à Paris, pendant les vacances d'été, lorsque les enfants sont libres et peuvent me rejoindre. Ma situation est très compliquée. Je réalise des films sur les mouvements de libération. Les fonds nécessaires à la production de ce type de films ne se trouvent pas en Afrique mais en Europe. Il me faut donc vivre là où l'argent se trouve pour ensuite pouvoir travailler en Afrique. Pour commencer, Sambizanga est une histoire vraie : celle d'un combattant pour la liberté parmi de nombreux autres qui meurent sous les coups de la torture aggravée. Mon souci principal était de donner à voir aux Européens qui ont une connaissance très parcellaire des films de l’Afrique, les guerres oubliées de l’Angola, du Mozambique et de la Guinée-Bissau. Si je m'adresse aux Européens.n.es c'est parce qu'il appartient aux distributeurs français de décider si les Africain.e.s verront ou non ce type de films. Après douze années d'indépendance, ce sont vos entreprises -UGC, Nef, Claude Nedjar et Vincent Malle- qui ont entre leurs mains le destin de l'éventuelle distribution africaine de Sambizanga. Je me refuse à réaliser un "gentil film nègre", refus dont on m'a fait régulièrement le reproche. On me reproche également de réaliser des films d'une grande perfection technique, à l’Européenne. La technologie appartient à tout le monde. Le concept de la "négresse à talents” doit être renvoyé dans mon passé français. Mon film raconte l'histoire d'une femme qui part à la recherche de son mari. Il pourrait s'agir de n'importe quelle femme, dans n'importe quel pays. Nous sommes en 1961. La conscience politique des peuples ne s'est pas encore éveillée. Je m'excuse si cette situation n'est pas perçue comme "satisfaisante", et si elle échoue à informer substantiellement le public des luttes africaines.. Je n'ai pas le temps de réaliser des films politiques didactiques. Dans le village de Maria, les gens n'ont aucune idée de ce que peut signifier "l'indépendance". Les Portugais empêchent l'information de circuler et le débat public est impossible. Il est tout autant interdit à la population de vivre en accord avec leur culture traditionnelle. Si vous pensez que ce film peut être interprété comme étant négatif, vous tombez dans le même piège que mes frères arabes qui m'ont reproché de ne pas montrer les bombes et les hélicoptères portugais dans mon film. Les bombes ne pleuvent sur nous qu'au moment de notre prise de conscience. Les hélicoptères n'ont fait que très récemment leur apparition - vous les avez vendus aux Portugais uniquement parce que nous étions en train de prendre conscience. Il n'y a pas si longtemps la population imaginait que les évènements en Angola n'étaient la conséquence que d'une petite guerre tribale. Notre désir d'indépendance n'était pas pris en compte : serait-il possible que les Angolais.e.s soient comme les Portugais.e.s ? Non, c'est impossible! Je suis contre toute forme de nationalisme.

Réaliser un film, c'est prendre position

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Qu'est-ce-que cela signifie en réalité d'être Français.e, Suédois.e.,Sénégalais.e ou Guadeloupéen.ne.? Les frontières nationales et géographiques doivent disparaître. Je ne m'intéresse pas davantage à la couleur de peau de quiconque. Ce qui m'importe ce sont les actions. Je n'adhère pas au concept de Tiers Monde. Je fais des films pour informer des personnes quelle que soit leur race ou leur couleur. Il n'y a que des exploiteur.euse.s. et des exploité.e.s. Réaliser un film, c'est prendre position : lorsque je prends position, j'éduque. Le public a besoin de savoir qu'il y a la guerre en Angola et je m'adresse à ceux et celles qui désirent en savoir davantage. Je leur donne à voir dans mes films des personnes qui se préparent activement à la guerre et à tout ce que cela implique en Afrique, continent des extrêmes : les distances, la nature, et ainsi de suite... Les combattant.e.s pour la libération doivent par exemple attendre le passage des éléphants avant de traverser le pays avec armes et munitions. Ici, à l'Ouest, la résistance attend la tombée du jour. Nous attendons les éléphants. Vous avez la radio, les informations. Nous n'avons rien. Certains disent ne pas avoir perçu l'oppression dans le film. Si je voulais filmer la brutalité des Portugais, je tournerais mes films dans le maquis. Je voulais montrer dans Sambizanga la longue marche solitaire d'une femme. Je m'intéresse essentiellement aux femme en lutte. Ce sont elles que je veux montrer dans mes films et non les autres. Je donne un maximum de travail aux femmes sur le tournage de mes films. Il faut soutenir les femmes qui souhaitent travailler dans le cinéma. Jusqu'à aujourd'hui, nous sommes encore trop peu nombreuses, mais si nous apportons notre soutien aux femmes présentes, alors notre nombre grandira. C'est ainsi qu'agissent les hommes, nous le savons. Les femmes peuvent exercer dans tous les domaines. Y compris au cinéma. Il faut néanmoins qu'en elles ce désir puisse naître. Les hommes ne sont pas prêts à les y aider. En Europe comme en Afrique, la femme demeure l'esclave des hommes. Elle doit se libérer. Aucun pays africain, à l'exception de l'Algérie, ne possède un réseau de distribution. En Afrique francophone, le monopole de la distribution appartient à la France. Pas de cinémathèque ou de salle d' art et essai. On entend souvent qu'il n'y a pas de cinéma, ou alors, il y a Jean Rouch. Facile à dire. Un jour nous filmerons la France pour la donner à voir aux Africains. Celui-là sera un film divertissant Les films suédois, italiens ou autres ne poussent pas comme des champignons. Il existe de jeunes réalisateurs et réalisatrices talentueux en Afrique. Il faut mettre un terme à l'ignorance et au défaut de connaissance des problèmes rencontrés en Afrique. Je tiens Ousmane Sembene pour le plus talentueux de nos réalisateurs. On lui reproche régulièrement d'être financé par la France. Et alors! Il nous faut tout d'abord développer une politique culturelle susceptible de nous soutenir...pour révéler au monde l'existence du cinéma africain. Nous devons apprendre à vendre nous-mêmes nos films et à les distribuer. Nous sommes de petites sardines encerclées de requins, mais les sardines grandissent et elles apprendront bientôt à résister aux requins."

— Publié initialement dans Sarah Maldoror : cinéma tricontinental, catalogue de l'exposition au Palais de Tokyo, 23 novembre 2021-12 mars 2022. Copyright Palais de Tokyo, Paris.

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Réaliser un film, c'est prendre position


Annouchka de Andrade et Henda Ducados , Presentation de Sarah Maldoror ? Communiqué du 13 avril 2020 La voix des persécutés et des insoumis, la cinéaste Sarah Maldoror, pionnière du cinéma panafricain s’est éteinte le 13 avril 2020 des suites du coronavirus. Son oeuvre cinématographique lumineuse de plus de 40 films, est le reflet d’une vaillante combattante, curieuse de tout, généreuse, irrévérencieuse, soucieuse de l’autre qui porta glorieusement le poétique au-delà de toutes frontières. Née le 19 juillet 1929, d’un père guadeloupéen (Marie Galante) et d’une mère du Sud-Ouest (Gers), elle choisit le nom d’artiste de Maldoror en hommage au poète surréaliste Lautréamont. Toute sa vie, ses actes et ses choix seront un écho à ce premier geste. Après des débuts au théâtre elle fonde en 1956, Les griots première troupe composée d’acteurs africains et afro-caribéens « pour en finir avec les rôles de servante » disait-elle et « faire connaître les artistes et écrivains noirs ». L’affiche de leur première mise en scène, Huis clos est signée de l’artiste cubain Wifredo Lam. Suivront des pièces de Aimé Césaire « La tragédie du Roi Christophe » et de Jean Genet, « Les nègres », mis en scène par Roger Blin. Cette dimension théâtrale et son désir de transmission d’autres cultures, seront au coeur de sa conception de la création. En 1961, Sarah Maldoror se rend à Moscou pour étudier le cinéma, sous la direction de Mark Donskoi. Elle y apprendra la conception du cadre, le travail en équipe et une disponibilité constante pour l’imprévu : « Toujours être prêt à saisir ce qui peut être derrière le nuage » disait-elle. Après ce séjour soviétique elle rejoindra les pionniers de la lutte des mouvements de libération africains, en Guinée, Algérie et Guinée-Bissau aux côtés de son compagnon Mario de Andrade, poète et homme politique angolais, qui fut le fondateur du Mouvement pour la libération de l’Angola (MPLA) et son premier Président. De cette union naîtront deux filles Annouchka à Moscou et Henda à Rabat. Cette dimension politique occupe une place centrale dans son oeuvre. Elle aimait à répéter que « Pour beaucoup de cinéastes africains, le cinéma est un outil de la révolution, une éducation politique pour transformer les consciences. Il s’inscrivait dans l’émergence d’un cinéma du Tiers Monde cherchant à décoloniser la pensée pour favoriser des changements radicaux dans la société ». Elle fit ses débuts cinématographiques à Alger, aux côtés de Gilo Pontecorvo sur La bataille d’Alger (1965), puis de William Klein pour le Festival panafricain d’Alger (1969). Son premier film Monangambee (1969), adaptée de la nouvelle de Luandino Vieira Le complet de Mateus, traite de l’incompréhension entre le colonisateur et le colonisé. Sublimé par la musique du « Chicago Art Ensemble » ce coup de maître se voit décerner plusieurs prix, dont celui de meilleur réalisateur, par le Festival de Carthage. Dans Sambizanga (1972) – scénario de Maurice Pons et Mario de Andrade, elle dresse à travers le trajet politique d’une femme dont le mari se meurt sous la torture en prison, la lutte du mouvement de libération angolais. Ce film, vivement récompensé, est une des oeuvres majeures du cinéma africain et assoit sa réputation internationale d’artiste engagée.

Annouchka de Andrade et Henda Ducados

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Installée à Paris, elle privilégie alors le format du documentaire qui lui permet de définir au travers de portrait d’artistes (Ana Mercedes Hoyos), de poètes (Aimé Césaire, Leon G Damas), de précurseurs (Toto Bissainthe), l’horizon nécessaire à la réhabilitation de l’histoire noire et de ses figures les plus marquantes mais pas seulement. Ces portraits de Miro, Louis Aragon ou Emmanuel Ungaro témoignent de son brillant éclectisme. Fréderic Mitterrand dit « qu’elle aura fortement contribué à combler le déficit d’images de femmes africaines devant et derrière la caméra ». Sarah Maldoror a mis l’acuité de son regard au service de la lutte contre les intolérances et les stigmatisations de tous types, (Un dessert pour Constance, d’après une nouvelle de Daniel Boulanger) et accorda une importance fondamentale à la solidarité entre les opprimés, à la répression politique, et à la Culture comme unique moyen d’élévation d’une société. Lors de sa dernière intervention publique au Musée Reina Sofia (Madrid mai 2019) qui lui rendait hommage, elle répéta combien les enfants devaient aller au cinéma, lire de la poésie dès leur plus jeune âge, pour construire un monde plus juste. Révoltée au franc-parler, humaniste résolue, Sarah Maldoror célébra l’engagement de l’artiste et l’art comme acte de liberté.

Son ami le poète Aimé Césaire, lui écrivit ces mots :

« À Sarah Maldo… qui, caméra au poing, combat l’oppression, l’aliénation et défie la connerie humaine ».

Image extraite du reportage réalisé par le Palais de Tokyo

Nous resterons toujours attentifs au nuage, promis !

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Annouchka de Andrade et Henda Ducados


Entretien avec Sarah Maldoror Comment êtes-vous venue au cinéma ? Sarah M. :

Par le théâtre. Dans les années 1960, j’ai fait partie de la troupe « Les griots » à Paris qui

comprenait Babacar Samb, Toto Bissainthe, Bassori Timité, etc. Nous avions monté « Huis-clos » de Sartre. C’est par “Présence africaine” que nous nous étions rencontrés. Nous avions monté aussi la pièce de Césaire « Et les chiens se taisaient » : mémorable. Puis la troupe s’est dissoute et j’ai été apprendre le cinéma à Moscou, où j’ai rencontré Sembène. Nous avons été ensemble assistants de Donskoï pour « Bonjour, enfants ». Sembène est resté six mois, moi deux ans. En 1963, j’ai travaillé en Algérie où j’ai notamment été assistante sur le court métrage Elles de Ahmed Lallem (un reportage sur les lycéennes). C’est là que j’ai réalisé mon premier court métrage Monangambee, d’après une nouvelle de Luandino Vieira, « Le complet de Mateus ». Votre premier long métrage a été « Des fusils pour Banta ». Sarah M. :

Je l’ai tourné (en 35mm, de la folie!) dans les maquis du PAIGC en Guinée-Bissau, avec une

équipe de l’armée algérienne (en avril-mai 1967). Je m’étais mise dans la tête de réaliser un film de fiction et non un simple reportage parce que j’estimais que par la force des choses toutes les guerres de libération avaient tendance à se ressembler dans les films en direct : dans tous les cas, on voit des transports d’armes, des cours d’instruction, etc. Je voulais montrer une réalité un peu différente par le biais d’une histoire, d’un récit imagé. Mais comme je manquais de moyens matériels et financiers et aussi d’expérience, l’entreprise fut très difficile. Si elle n’a pas abouti finalement, c’est qu’au stade du montage un différend a surgi entre un responsable de l’armée algérienne et moi… Le film devait raconter une prise de conscience au sein de la population éduquée par le PAIGC. Il n’y avait pas du tout de direct ? Sarah M. :

Si, par la force des choses, mais pas beaucoup. D’ailleurs je n’avais pas de découpage

très précis, seulement un schéma directeur. J’improvisais souvent. Après cette impasse avec ce responsable, je suis rentrée en France où j’ai contribué à la réalisation de deux courts métrages : Louise Michel, La commune et nous et Saint-Denis sur avenir. Puis ce fut « Sambizanga ». Sarah M. :

Sambizanga qui est donc en fait mon premier long métrage. J’ai puisé son sujet une

fois encore dans une nouvelle de Luandino Vieira « La vraie vie de Domingos Xavier » publiée par « Présence Africaine ». J’ai tourné ce film avec une avance sur recettes de 380.000 F du C.N.C. français et j’ai reçu aussi une aide de l’Agence de Coopération culturelle et technique. Le Congo m’a également beaucoup aidée. Le scénario a été modifié au moment du tournage (sept semaines) en fonction des nécessités. Les acteurs sont des non-professionnels, qui présentent la particularité de s’exprimer chacun dans sa propre langue… On vous a beaucoup reproché d’avoir fait un film “trop beau”. Sarah M. :

Je pars du principe qu’il n’y a aucune raison pour que les cinéastes noirs fassent un cinéma

qui n’ait pas la même qualité technique que le cinéma fait par les blancs. La couleur de la peau n’a rien à voir avec le talent. Je comprends que certains films africains ne soient pas d’une qualité technique parfaite en raison de la faiblesse dérisoire de leur budget. Les réalisateurs ont bien du courage de tourner des films dans ces conditions mais je ne pense pas qu’il faille faire de nécessité vertu, ni qu’il faille ériger les faiblesses techniques en style authentique ! J’ai eu la chance de disposer d’un budget normal : je ne vois pas pourquoi je m’en serais privée et n’aurais pas utilisé toutes les ressources du cinéma. On m’a reproché aussi de n’avoir pas fait un film de guerre avec des tanks, des fusils, etc. Mais Sambizanga ne répond aucunement à la définition du film de guerre tel qu’on le conçoit dans le

Entretien avec Sarah Maldoror

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cinéma américain par exemple. C’est un film dont le propos est de décrire à travers une histoire réelle les débuts de la résistance en Angola, dans les années 1960. Je montre comment une organisation politique de résistance essaie de se constituer. Il est vrai que lors de sa fondation le M.P.L.A. n’était pas très puissant : pourquoi essayer de faire croire le contraire? On dit encore que j’aurais choisi des acteurs trop beaux. Il y a des Nègres qui sont beaux, que voulez-vous que je vous dise! Entre des acteurs non professionnels qui étaient beaux et d’autres qui l’étaient moins, j’ai pris les plus beaux, voilà ! Comment vous est venu le style de Sambizanga ? Sarah M. :

Je ne saurais le dire. Je voulais que la qualité technique soit irréprochable. Je ne suis

absolument pas d’accord quand on me dit que j’ai tourné un film hollywoodien. Ce n’est pas vrai. On m’a dit encore que je n’avais pas fait un film assez africain! Peut-être aurait-on voulu que je montre des Angolais en guenilles, sales et mangeant avec leurs pieds? Ou encore des gosses au ventre ballonné ? Je n’ai pas voulu faire de misérabilisme. La misère existe en Afrique et je l’ai montrée dans ce film. Mais j’ai mis en scène surtout des militants conscients ou sur le chemin de la prise de conscience. Des gens encore liés par le passé, mais préparant aussi l’avenir. Des amis angolais nous ont constamment guidés de leurs indications pour éviter de commettre des erreurs cultuelles. Par exemple, pour l’arrestation de Domingos Xavier. Mais Sambizanga n’est pas un film du M.P.L.A. proprement dit, même s’il nous a beaucoup aidés. Comment avez-vous conçu le problème du rythme du film ? Sarah M. :

J’ai essayé essentiellement de restituer le rythme de la vie africaine, caractérisé par une

certaine lenteur. D’une façon générale, tout ce que je montre dans ce film m’a été inspiré par l’étude de la réalité elle-même : je n’ai rien inventé. La fin du film ne manque pas d’originalité : c’est au cours d’un bal populaire que l’on apprend la mort de Domingos Xavier en prison ; le leader arrête un instant les festivités pour prononcer un discours puis invite les participants à continuer à danser… Sarah M. :

Si les militants se réunissant à la faveur d’un bal, c’est pour tromper la vigilance de la police

portugaise. Le sens de la scène que vous citez est que rien ne pourra arrêter la marche de la révolution : ami, si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place… Votre film met en scène une femme qui souffre dans sa chair de la répression coloniale. Sur ce thème, on observe que le cinéma balance souvent entre deux attitudes : ou bien c’est le genre Pavel Kortchaguine ou La mère de Gorki-Donskoï (héroisme dabord), ou bien c’est le genre Vent des aures de l’Algérien Lakhdar-Hamina (le chagrin et la pitié). Il m’a semblé que Sambizanga se tenait à égale distance entre ces deux tendances : l’expression de la douleur est combinée avec l’expression de la détermination de vaincre. Sarah M. :

Maria aime son mari. Il est donc naturel qu’elle soit très affectée par sa mort, d’autant qu’elle

n’est pas très formée politiquement. Mais cela ne signifie pas que la lutte ne continue pas. Le film décrit un double cheminement : la quête de Maria pour retrouver son mari et l’enquête menée dans le même but par les militants. Vous êtes-vous posé le problème du didactisme ? Sarah M. :

Je crois que l’on a davantage de chances de toucher les gens, de les intéresser, en leur

racontant une histoire dans laquelle ils puissent entrer. Je n’ai pas pensé à un public particulier en tournant ce film : j’ai donc essayé d’être aussi universelle que possible sur le plan du langage. Je crois que les cinémas africains ne seront en mesure de développer des esthétiques originales que le jour où les pays africains disposeront d’une infrastructure autonome. Y a-t-il un cinéma qui vous plaise particulièrement? Sarah M. :

Le cinéma japonais. J’aimerais faire un « Roi Christophe » dans le style des « Sept samourais ».

Je crois que j’ai été aussi influencée par les classiques du cinéma soviétique.

— CinémAction n°3 Afrique littéraire et artistique N° spécial Cinéastes d’Afrique noire - Interview de Sarah Maldoror pages 90/91

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Entretien avec Sarah Maldoror


Vendredi 17 juin 18h

Hommage à Sarah Maldoror

Essai, France • 1978 - 13min Réalisation : Sarah Maldodor - Auteur : Aimé Césaire - Acteurs : Sarah Maldoror et Edouard Glissant

Enregistrement d’extraits de la pièce d’Aimé Césaire où le rebelle s’exprime dans un long poème douloureux face à la mère, criant sa révolte contre l’esclavage de son peuple. Les deux comédiens, Gabriel Glissant et Sarah Maldoror, jouent dans les réserves du Musée de l’Homme consacrées à l’Afrique noire, intégrant dans leur jeu trois personnes spectatrices, témoins silencieux. Quelques images de statues de bois et de masques des réserves, ainsi que des échappées sur des paysages martiniquais, ponctuent le film. Présentation de la pièce de Aimé Césaire : Cette pièce, c’est la vie d’un homme, d’un révolutionnaire, revécue par lui au moment de mourir au milieu d’un grand désastre collectif. Il revit (ou ressasse) ses hésitations, ses élans, ses rêves, ses défaites, ses victoires : d’abord, la naissance en lui du héros dans le décor colonial et son initiation à la solitude (mieux à l’abandon que par avance il accepte) parmi les sollicitations contradictoires de l’esprit de vie et de l’amor fati ; puis son combat spirituel - aux prises qu’il est avec les forces du sentiment... Plus tard, en 1987, dans Aimé Césaire - Le Masque des mots, Sarah Maldoror qui avait travaillé avec la complicité de Michel Leiris dans le film précédent, capte les images d’un être multiple... L’homme politique, maire de Fort-de-France qu’elle a filmé lors du colloque sur la Négritude à Miami qui s’interroge sur l’avenir de la Martinique et sur la recrudescence du racisme dans le monde, le poète qui part à la dérive des mots, le dramaturge pour qui l’acte poétique est un acte de liberté, et l’insulaire enfin, qui nous guide à travers la Martinique. Il lit des extraits de son dernier recueil Moi, Laminaire et parle de la poésie comme de « son poumon de secours ». Son langage est celui de son île.

→R encontre avec la salle autour du film et du parcours de Sarah Maldoror → Masterclass Vendredi 17 juin

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20h

Hommage à Sarah Maldoror : La poésie c'est la vie

Documentaire, France - 1997 - 23mn Réalisation : Sarah Maldoror

Dans les années 70, Bokolo et Mamadou, balayeurs de la ville de Paris, cherchent un moyen pour payer le retour au pays d’un de leurs camarades malades. Lorsqu’ils découvrent un vieux livre de recettes de cuisine dans les poubelles, l’idée leur vient de participer à un jeu télévisé qui consiste à décrire avec précision les ingrédients des meilleurs plats de la cuisine française. Ils apprennent par coeur les recettes des sauces, entremets et desserts.

Documentaire - France - 1997 - 23mn Réalisation : Sarah Maldoror

Dédié à la chanteuse haïtienne Toto Bissainthe, amie de Sarah avec laquelle elle a créé la compagnie théâtrale Les griots, composée de comédiens d’origine africaine, antillaise et afro-européenne. Trente ans plus tard la cinéaste lui consacre un film-portrait.

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Vendredi 17 juin


Samedi 18 juin 18h

Panorama & compétition de la production audiovisuelle régionale

Dimanche 19 juin 13h

Panorama & compétition de la production audiovisuelle régionale

18h

Hommage à Sarah Maldoror

France - Documentaire - 1976 - 52min Réalisation et Scénario : Sarah Maldoror - Production : CNRS Images - Lieu de tournage : Martinique

Portrait d’Aimé Césaire, poète, humaniste et chantre de la négritude, enraciné dans sa terre natale de Martinique. Mais aussi et surtout, l’auteur, en 1950, du manifeste le plus violent de l’époque contre les ravages de la colonisation et la négation de l’autre, Le Discours sur le colonialisme, peut-être aujourd’hui plus actuel que jamais. Césaire parle de son île, de sa relation à la poésie (Cahier d’un retour au pays natal). Il dit la nécessité de réveiller une culture populaire martiniquaise authentique, et de jeter les assises de la liberté. La réception de Léopold Senghor dans l’île par Césaire est l’occasion pour les deux hommes de discuter de la négritude; entre des extraits de La tragédie du roi Christophe, Césaire s’exprime les drames fondateurs de l’indépendance haïtienne, premier État noir des temps modernes.

Samedi 18 juin

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La visite d’un chantier des ateliers municipaux, montre enfin l’homme politique local, qui dénonce aussi la pérennité du statut colonial de l’île. Sarah Maldoror, cinéaste guadeloupéenne, a réalisé cinq films autour de Aimé Césaire. Plus tard, en 1987, dans Aimé Césaire - Le Masque des mots, Sarah Maldoror qui avait travaillé avec la complicité de Michel Leiris dans le film précédent, capte les images d’un être multiple... L’homme politique, maire de Fort-de-France qu’elle a filmé lors du colloque sur la Négritude à Miami qui s’interroge sur l’avenir de la Martinique et sur la recrudescence du racisme dans le monde, le poète qui part à la dérive des mots, le dramaturge pour qui l’acte poétique est un acte de liberté, et l’insulaire enfin, qui nous guide à travers la Martinique. Il lit des extraits de son dernier recueil « Moi, Laminaire » et parle de la poésie comme de « son poumon de secours ». Son langage est celui de son île.

20h

Présentation du cycle mémoires d’Algerie 1962 proposé dans les décentralisations suivie d’une projection

Documentaire, France, 2003 - 81mn Réalisation : Leila Habchi et Benoît Prin. - Production : Etouchane

Près de 40 ans après la fin de la guerre d’Algérie, dans un jardin ouvrier du Nord de la France à Tourcoing, Français et Algériens cultivent leur bout de terre. Ces hommes ont été les appelés, les militants du F.L.N ou les « harkis » d’une guerre coloniale menée par la république française. Ce jardin est donc le lieu d’une mémoire multiple où se retrouvent des hommes qui auraient pu se rencontrer à la guerre ou à l’usine. C’est la culture d’un potager, activité universelle s’il en est, qui les rassemble ici. Contemporains à distance d’une histoire commune, parfois indifférents voire hostiles les uns aux autres pour des motifs culturels, sociaux ou politiques, ils travaillent côte à côte le même morceau de terrain.

→ Rencontre avec les réalisateurs 22h

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→ Proclamation du Palmarès suivie du pot amical

Dimanche 19 juin


, La reine des negres vous parle des blancs Propos recueillis par Marguerite Duras. C’est vous, Sarah Maldoror, qui avez pensé à

graves du temps, même sur le plan individuel ?

monter "Les Nègres" de Jean Genet ?

Pourquoi cette différence de qualification ?

Sarah M. :

Oui, j’ai lu la pièce. J’ai trouvé qu’il

Avouez que c’est assez étonnant. Je ne peux pas vous répondre pour vous

fallait la monter. J’ai été voir Genet et je la lui ai

Sarah M. :

demandée. Il me l’a confiée. Je me suis chargée

autres. Je suis Noire. Ce que je sais c’est que j’ai

de la distribution. J’ai demandé à Blin de la

le besoin de me sentir noire et de jouer de mes

mettre en scène.

travers comme je le ferai des travers des Blancs.

Qu’est-ce que "Les Nègres" ? Sarah M. :

Une pièce où nous sommes des Nègres,

où nous nous donnons en représentation et prenons des Blancs à témoin de nos jeux de Nègres.

représentation à des Blancs et non pas à leurs frères, des Nègres ? Parce que ces Nègres s’adressent aux

Blancs. Ils leur disent : voilà ce que vous, Blancs, vous pensez de nous. Nous allons vous le montrer. Pourquoi ces Nègres éprouvent-ils la nécessité de se donner en comédie devant des Blancs ? Sarah M. :

farce. Pour une fois nous allons être des Nègres, en être fiers, nous n’allons pas nous demander si nous sommes complexés ou non. Nous allons être des Nègres avec ce que ça comporte de grandeur d’être des Nègres.

Pourquoi ces Nègres se donnent-ils en

Sarah M. :

Pour moi, Les Nègres, ça ne peut être qu’une

Parce qu’il est utile que les Blancs

sachent ce que les Noirs pensent d’eux, les Blancs, et comment ils réagissent aux clichés que ces Blancs font traditionnellement des Nègres.

Vous ne répondez pas à ma question. Je ne peux pas sortir de cette contradiction : pourquoi voulez-vous être des Nègres devant des Blancs et non pas devant des Nègres ? Sarah M. :

Parce que nous ne nous connaissons

pas. Nous nous ignorons. Et si nous ne nous connaissons pas, si nous nous ignorons, c’est parce que nous ne sommes pas à égalité avec des Blancs. Et que nous n’avons qu’un moyen de surmonter notre passé, déterminé par vous. C’est de nous jouer de ce passé. De nous moquer des Nègres tels qu’ils sont vus par des Blancs.

Pensez-vous que cette pièce puisse être jouée

Pour votre amusement et celui des Blancs ?

devant un public Noir ?

Sarah M. :

Sarah M. :

Bien sûr.

Non. Pour notre amusement et votre

éducation.

Pensez-vous qu’un public noir réagirait

Notre éducation vous importe ?

différemment aux Nègres qu’un public blanc ?

Sarah M. :

Sarah M. :

Je ne sais pas encore comment vont

réagir les Blancs. Mais ce que je peux vous dire c’est que les Noirs y trouveront sûrement

Absolument. Elle nous importe. Nous ne

serons jamais libres tant que vous nous verrez comme vous nous voyez. Il faut que nous vous débarrassions de l’idée que vous avez des Nègres

amusement et détente.

pour que nous soyons des Nègres libres. Nous

Savez-vous que ces termes d’amusement et

à travers une égalité de rapports et que vous

de détente feraient sursauter des Blancs qui trouvent la pièce (je l’ai entendu) bouleversante de vérité, essentiellement tragique et susceptible de répondre aux problèmes les plus

avons besoin que vous appreniez à nous connaitre oubliez même ce qu’on vous a appris à l’école sur les Nègres. Parce que vous, vous qui êtes là à me questionner et qui croyez connaitre le problème des Nègres, vous ne le connaissez pas !

La reine des nègres vous parle des blancs

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Genet le connait ? Sarah M. :

Vous m’amusez. Genet, comme d’autres,

Pourriez-vous préciser les mérites différents "des Chiens se taisaient" et "des Nègres" ? Ces deux pièces doivent être également

le connait un peu. Genet le connait sous son

Sarah M. :

véritable jour autant qu’il peut le connaitre. Mais

belles, mais pour différentes raisons, Genet

pas plus. Comme vous le connaissez. C’est-à-dire

s’amuse de la bêtise humaine, qu’elle soit blanche

mal. Et encore, vous êtes trop peu à le connaitre

ou noire. Césaire attaque la bêtise humaine de

mal tout en ayant le désir de le connaitre mieux.

couleur blanche. Césaire est un Nègre qui a subi

Cette pièce de Genet vous aidera à nous connaitre

sa condition de Nègre. Rien à faire contre cette

mieux. C’est la seule pièce que nous ayons pour le

différence.

moment à notre disposition pour vous éduquer, pour essayer de traduire, à vos yeux, le ridicule de votre idée sur nous.

Et la différence de sentiment du comédien quand il joue ces deux pièces ? Sarah M. :

Le Nègre s’amusera à jouer du Genet.

Qu’est-ce que vous entendez par la seule pièce

Mais il poussera un cri de liberté et un cri d’amour

à votre disposition ?

en jouant Césaire. Césaire est violent, infiniment

Sarah M. :

J’entends que le rêve pour nous, Noirs,

serait que l’un de nous ait fait en tant que Nègre, la pièce qu’a faite Genet. Cette pièce n’existe pas. Les Noirs n’ont pas la liberté politique de l’écrire. Vous me direz qu’il y a la pièce de Césaire, bien sûr, mais cette pièce est une tragédie et non une clownerie comme celle de Genet. Et c’est une tragédie. Remarquez que nous la monterons envers et contre tout.

plus violent que Genet pour nous autres, Nègres. Et le public sera-t-il le même ? Sarah M. :

Non. Genet sera beaucoup plus à la

portée de tout le monde. Mais même si le public est courageux, aussi courageux que Genet lorsqu’il a écrit Les Nègres, il ne sera pas le même. Même si pour vous autres, Blancs, la pièce de Genet est une tragédie, elle sera une farce pour nous. Notre tragédie c’est la pièce de Césaire.

Dites-moi quelque chose sur Césaire et sur

Encore une fois, en disant ça, je ne diminue en

Genet.

rien les mérites de ces deux écrivains. Leurs

Sarah M. :

Et les chiens se taisaient est, à mes yeux,

pièces, encore une fois, sont également belles.

beaucoup plus violent que Les Nègres. C’est une

Mais leur portée est différente pour nous autres,

attaque contre la colonisation. Et quand Césaire

Nègres.

attaque, croyez-moi, c’est quelque chose... La pièce de Césaire c’est notre pièce. Et notre rêve c’est d’arriver à la jouer, malgré la censure, la difficulté de mise en scène, son caractère lyrique d’un envol extraordinaire mais auquel le public n’est pas habitué.

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La reine des nègres vous parle des blancs

— Publié initialement dans Sarah Maldoror : cinéma tricontinental, catalogue de l'exposition au Palais de Tokyo, 23 novembre 2021-12 mars 2022. Copyright Palais de Tokyo, Paris.


Les membres du jury Jury professionnel Joseph David

Benjamin Orliange

Messaline Raverdy

Artiste plasticien et réalisateur.

Conseiller au cinéma et à l'image animée, DRAC Haut-De-France

Réalisatrice

Charles Dubusse Intervenant en éducation à l'image à Cinéligue

Sylvie Heyte INA Nord

Monique Peyriere Présidente de l'association « Revue Documentaire », Éditrice et directrice de publication

Catherine Tissier Cinéaste , membre de ADDOC

Shabaaz Mystic Poète, musicien, acteur et réalisateur

Marine Place Réalisatrice et scénariste

, jeunes ,Jury , acharnes , ,

6 eleves de 2nde Cinema du lycee Queneau Romuald Sampson

Yanko Lemoine

Guillaume Moreira

Jeanne Iera

Flore Duvillier

Yaninis Gouëllo

Les membres du jury

26


, 2 Selections , et, 7 prix decernes Le panorama

La compétition

Diffusion et la présentation de films et de

Les œuvres, retenues par un comité de pré-

vidéos, de toutes catégories confondues

sélection, concourent pour sept prix, décernés

(fictions, documentaires, animations, vidéo-

par un jury professionnel.

art, reportages…) et venus de tous horizons (associatifs, indépendants, scolaires, institutionnels, collectifs…).

Les prix du jury professionnel Grand prix du jury

Prix de l’Acharnière

Aide à la réalisation d’un montant de 750€

Un séjour aux états généraux du documentaire à lussas, ou équivalent en aide à la réalisation d’un montant de 750€

, Les prix des representants des instances partenaires Prix de la 1ère œuvre

(Prix du monde du travail)

Prix Pictanovo

d'un montant de 750 euros.

Accompagnement d’une réalisation associative.

Prix de l’innovation Décerné par l’institut des sciences et techniques de Valenciennes.

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Prix René Vautier

Décerné par une délégation régionale de l’INA

2 Sélections et 7 prix décernés

Décerné par le COSI SNCF aide à la création

Prix du meilleur montage


, 2021 , Palmares , eme (40 edition du festival) Prix du Jury Prix des Jeunes acharnés Prix René Vautier

rix du meilleur montage : P ex aequo Le grain de sable dans la machine de Alain de

T'as pas une tête à foie gras de Nadia

Halleux

Bouferkas et Sidonie Hadoux

Les résistantes réalisation collective

Prix de l'Innovation Les enfermé.e.s réalisation collective de la Permanence vidéo des luttes sociales de ZIN TV

Prix Pictanovo Lyon-Conakry, le défi des migrations de Hammady Cherif Bah

luttes sociales de ZIN TV

ention pour leur M engagement nfants de France de Yohan Laffort E Hors piste, Gilles Defacque et le Théâtre du Prato de Pierre Verdez

Mention Migrants Réalisation d'étudiants de Pole 3D

Image extraite de « T’as pas une tête à foie gras »

Les mots de Miany de Julie Merkling

de la Permanence vidéo des

Image extraite de « Migrants »

Prix du jury l'Acharnière

Palmarès 2021 (40ème édition du festival)

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Au dela du cinema

« Le metropole »

À l'occasion de la 41ème édition, le Festival l'Acharnière a multiplié les décentralisations sur le territoire.

Mercredi 25 mai 19h

Hommage à Maurice Failevic et Ronny Coutteure Au Centre Ronny Coutteure (28 Bis Boulevard de la Flandre, 62160 Grenay), un hommage sera rendu à Maurice Failevic et Ronny Coutteure avec la projection d’un document consacré au réalisateur et des Aventures de Yvon Dikkebusch en présence de l’équipe du Festival et de membres d’anciennes associations de téléspectateurs. En partenariat avec la délégation de l’INA Nord. À suivre…

Soirée Maurice Failevic Projection d'une interview de Maurice Failevic (archives INA) R eportage sur le tournage de Jusqu'au bout, fiction librement inspirée de la lutte des Cellatex à Givet diffusée en 2005 et interprétée par Bernard Donnadieu, mettant en valeur les méthodes de tournage de Maurice Failevic, basées sur la dialectique réalité/fiction et la chaleureuse complicité qui unit le réalisateur à ses interprètes et aux personnes.

Aventures d’Yvon Dikkebush (Les) France-Téléfilm-1979 Production : France 3 - Réalisation : Maurice Failevic - Scénario : Ronny Coutteure - Interprétation : Ronny Coutteure (Yvon), Jenny Cleve (la mère d’ Yvon), Alain Floret (Cailleux), Fernand Guiot (le représentant), Gérard Buhr (Guérin), Sophie Grimaldi (la secrétaire), Michel Derville (Rouquette) Prix Louis Kammans de la Communauté des télévisions francophones

Yvon Dikkebush est cafetier dans le Nord de la France. Sa clientèle est composée pour l’essentiel des ouvriers de l’usine située en face de son établissement. À la suite de l’annonce de licenciements, une grève éclate et l’usine est occupée. Yvon apprend qu’il est question de la fermer, ce qui entraînerait la mort de son commerce. Il décide de se rendre à Paris pour expliquer la situation à la direction de l’usine. Mais sa naïveté en matière d’affaires va l’entraîner dans une aventure dont il sortira résigné et dépité.

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Au delà du cinéma "Le métropole"


Maurice Failevic (1933/2005) « De 1950 jusquʼaux premières années de la décennie Soixante-dix, les réalisateurs communistes étaient nombreux à la télévision française. Stellio Lorenzi, Marcel Bluwal, ont été, dès 1950-1951, les chantres des « dramatiques » tournées en direct, adaptations de classiques de la littérature française, faisant appel aux comédiens formés par le théâtre populaire. Fer de lance de ce que lʼon a appelé lʼÉcole des Buttes Chaumont (qui comprenait dʼautres réalisateurs, non communistes, comme Claude Barma, Claude Loursais, Claude Santelli, etc.), ils ont été progressivement rejoints par Jean Prat, JeanPierre Marchand, Raoul Sangla, Paul Seban, etc. Jacques Krier enfin, entré à la télévision en 1953, se spécialise rapidement dans le documentaire, autre dimension des « programmes » qui mobilise les réalisateurs communistes. Maurice Failevic lʼassiste à partir de 1962, dans ses premières fictions « réalistes », traitant de sujets sociaux contemporains. » — Extrait de Les réalisateurs communistes à la télévision. L’engagement politique : ressource ou stigmate ? par Isabelle Coutant Dans Sociétés & Représentations 2001/1 (n° 11), page 349

Maurice Failevic par Jacques Krier Ce dernier considère que la télévision peut être le « miroir de la société ». À travers documentaires, reportages puis fictions, il part à la rencontre des Français, tentant de restituer le vécu des petites gens. Il travaille ensuite pour le magazine Cinq colonnes à la une et pour Les Femmes aussi (les Matinales), s'appuyant sur l'équipe du sociologue Paul- Henry Chambart De Law et sur la collaboration avec Jean-Claude Bergeret. Il évolue peu à peu vers la fiction documentée plus apte à rendre compte de la complexité du réel. Très vite, il noue des liens d'amitié avec Maurice. Après avoir obtenu un baccalauréat de philosophie, Maurice Failevic entame des études de droit. Il anime le Ciné-club de la Sorbonne tout en préparant l'IDHEC. Il en sort diplômé en 1957. En 1962 , il entre comme assistant à la RTF aux côtés de Henri Spade et de Jacques Krier. En 1967, Eliane Victor lui confie la réalisation d'un documentaire sur une femme médecin à la campagne, puis il réalise un second film sur une institutrice travaillant dans une classe unique dans un petit village de la Haute Ardèche. Viendront ensuite de nombreux documentaires Patrick et Sylvie 9 ans, On s'est d'abord écrit (Du côté des enfants) en 1972, Les agriculteurs, Fables pour le futur, Au jour le jour, Portrait de Jean-Paul Belmondo dans Pour le cinéma...

Ces documentaires et ces films lui valent de nombreux prix : Prix de la critique

1971 : De la belle ouvrage 1975 : Gouverneurs de la rosée

1993 : C'était la guerre Fipa d'argent et Prix SACD

2005 : Jusqu'au bout

Prix Futura

1983 : Le jardinier récalcitrant Fipa d'or

Maurice Failevic (1933/2005)

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Si son travail de cinéaste est lié à son engagement indéfectible au côté du Parti communiste, ses préoccupations d’écriture rejoignent souvent les questions des cinéastes du direct ; il note l’importance des rapports filmant/ filmés /spectateurs. Le documentaire exige que l’on prenne le temps (temps d’approche des personnes, temps de tournage, temps de l’écriture). Il entretient un rapport à la fiction. Après le démantèlement de l’ORTF, Failevic réalise des fictions. De la belle ouvrage, réalisée en 1969 pour le cinéma, est saluée par la critique à Cannes. Elle met en scène Pierre, ouvrier spécialisé, qui voit son poste remplacé par une machine. Tout ce qui donnait du sens à sa vie, sa conscience professionnelle, son engagement syndical se voit remis en question. Au terme de fiction, Maurice préfère celui de « fable ». Dans ce va-et-vient entre les genres, il refuse tout endoctrinement et toute vision schématique mais il reste fidèle à son engagement politique. Il se repose sur « sa famille de création » : Georges Corset (cadrage), Charles Gaeta (lumière), Tamani Berkani (maquillage), Claude Freteche (montage) et Michel Portal (musique). Il tourne également une adaptation d’un roman haïtien de Jacques Roumain, Gouverneur de la rosée, en 1975. Il collabore avec Jean-Louis Comolli pour la scénarisation des Saltimbanques en 1980. Fable sur les comédiens ou allégorie sur l’attitude des Français sous l’occupation ? C’est d’abord un film sur les comédiens, sur les conditions des saltimbanques, la façon dont ils peuvent être utilisés, puis rejetés, sur le mépris dont ils font parfois l’objet (…). Les contradictions qu’ils vivent rejoignent celles d’un peuple inscrit dans l’Histoire. En 1987, ils co-écrivent Bonne chance Monsieur Pic, personnage interprété par Guy Bedos. Des chercheurs mettent au point une théorie nouvelle : les chômeurs sont des loosers. Il faut donc les transformer en gagnants pour que s’éloigne le chômage. Monsieur Pic, chômeur ordinaire, est choisi comme cobaye. L’apprentissage peut commencer. Deux des films qui ont contribué à faire connaître le travail de Maurice Failevic sont des films inscrits dans une période historique : 1788, fruit d’une collaboration avec Jean-Dominique de la Rochefoucault est le premier film historique de Failevic. Il présente les événements précédant la Révolution Française dans un petit village de Touraine entre 1788 et 1789. Diffusé deux fois aux Dossiers de l’Ecran en 1978 et, dans la perspective du Bicentenaire de la Révolution Française, en 1988, ce film s’appuie sur un souci constant de reconstitution archéologique des travaux des paysans et des rapports de classe de ceux qui font l’histoire. C’était la guerre, co-réalisé en 1992 par Maurice Failevic et le cinéaste algérien Ahmed Rachedi, part d’un épisode de La paix des braves de Jean-Claude Carriere, autre collaborateur de Failevic. Les deux volets de la fiction croisent les regards des cinéastes. Les aventures d’un appelé du contingent soucieux de rendre une vache à un paysan pour remplacer celle qu’un soldat a tué par jeu, sert de point de départ à l’histoire d’un village que les Français estiment « contaminé » par les « Fellouzes » (…). Le village devient l’enjeu d’une guerre psychologique. Dans une interview accordée au Monde en 1979, le cinéaste revendique cette évolution dans l’exploration du croisement des genres : « Jusqu’à présent, j’ai fait des films de fiction très proches du réel. Je souhaite "décoller» du réel, et le film historique m’aide à franchir ce pas, à aller vers la fiction, à me libérer des règles du documentaire. » La fin du parcours le conduit à nouveau vers le documentaire, les luttes de la classe ouvrière, toujours fidèle à son engagement communiste. Il retrouve un autre compagnon de route : Marcel Trillat.

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Au delà du cinéma « Le métropole »


Il signe le scénario des 300 jours de colère, premier volet de la Trilogie des Prolos de Marcel Trillat en 2010 sur la lutte des 123 salariés de la filature Delebart-Mallet du groupe Mossley à Hellemmes pour l’obtention d’un plan social digne de ce nom. Il co-signe avec ce dernier L’Atlantide - Une histoire du communisme en 2011 ; document en deux parties qu’ils mettent trois ans à réaliser. Le film tente de faire revivre l’expérience communiste de 1917 à 1991 à partir d’archjves et d’entretiens. Ils répondent à la lettre d’Elise, filleule de Marcel Trillat et à son injonction ; « Vous avez été porteurs d’espoirs gigantesques et, par ailleurs, vous avez fermé les yeux sur des choses inacceptables. Vous avez déserté le champ de bataille et on se retrouve, nous, en face de Sarkozy ».

— Maurice Failevic sur le tournage de “De la belle ouvrage”

Maurice Failevic par Jacques Fansten En 2005, nous lui avions décerné le Grand Prix de la SACD, le plus beau que des auteurs puissent offrir à l’un des leurs. Maurice Failevic, lui, venait de nous offrir sa dernière fiction, bouleversante, jusqu’au bout. Même si sa modestie et sa discrétion ont fait qu’il est resté insuffisamment connu du grand public, nous savons qu’il était l’un des plus grands créateurs de notre télévision, l’un de ceux qui nous auront fait voir la vie autrement. Son oeuvre, dont il faudra redécouvrir combien elle a scruté douloureusement, ironiquement, avec une acuité incroyable, les dérives de notre temps, est restée toujours, comme celle d’un Ken Loach, d’un John Ford ou d’un Frank Capra, d’une vérité et d’une humanité confondantes. Il avait commencé par le documentaire, notamment en réalisant deux des joyaux de l’émission d’Eliane Victor, Les Femmes aussi. Régulièrement, il y revenait, y trouvant sans doute ce qui lui a permis d’élaborer et d’affirmer un style et un mode de récit si personnels. Il en a gardé cette attention respectueuse pour ceux qu’il filmait, ce souci d’exactitude et ce désir de comprendre. Paradoxe : alors que, depuis 1953, il était militant communiste et l’est resté jusqu’à la fin, il ne cherchait jamais dans ses films à dire «sa» vérité, il ne faisait que scruter et questionner, comme si, au fond, sa croyance en «un monde meilleur» reposait d’abord sur sa confiance dans la diversité et la conscience de ses spectateurs. Au coeur des débats de société, des conflits sociaux ou de l’Histoire, ilne faisait que mettre en évidence des absurdités, des contradictions, les impasses d’un ordre fourvoyé. Comme personne, il a filmé la dignité des humbles, ouvriers, paysans, chômeurs, laissés pour compte, sans jamais être démonstratif ou condescendant. Avec cette générosité chaleureuse qui parcourt son oeuvre, il donnait une place sur nos écrans à ceux qui en sont si souvent absents. Dès son premier film de fiction, De la belle ouvrage, il observait le désarroi, puis le désespoir et la révolte d’un ouvrier à qui un «progrès» technique interdisait dorénavant toute initiative, lui ôtant l’amour de son travail, donc sa fierté et bientôt son identité. D’un film à l’autre, Maurice Failevic ne cherchait qu’à comprendre, à alerter, jamais à juger. Et ce, jusqu’à ce dernier film, Jusqu’au bout, inspiré d’un conflit social dans une usine classée « Seveso », où, dans une confrontation terrible entre désespoir et responsabilité, il observait des ouvriers sacrifiés tentés par l’irréparable. La crédibilité, la profondeur, le respect du point de vue de chacun, le trouble et la complexité y étaient incroyables. C’était bien là la force de Maurice : pousser la justesse à l’extrême, obtenir de ses acteurs une telle vérité qu’aucun manichéisme ne pouvait plus s’y glisser. Toujours chercher un point de vue inédit et éclairant.

Au delà du cinéma « Le métropole »

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Ainsi quand il a voulu évoquer la Révolution Française, il situa son film 1788 un an avant, dans un village de Touraine, au milieu des paysans, pour vivre avec eux les injustices contre lesquelles ils allaient se révolter, leurs illusions et, bientôt, leurs désillusions. Il avait besoin de ses complices fidèles. A l’écriture, Jean-Claude Carrière, souvent, Jean-Louis Comolli, ou encore Jean-Dominique de la Rochefoucault. A l’image, Charlie Gaeta et Georges Orset. Et à la musique, toujours Michel Portal... Avec eux, il choisissait de nous raconter des fables, un mensonge partagé, un abus de pouvoir, un choc, une provocation, qu’il traitait ensuite avec la force de son réalisme, rigoureux et implacable, mais toujours respectueux, pour nous entrainer à regarder avec lui les dérapages de notre époque. Il regrettait que cette télévision, qu’il avait tant servie et aimée, soit devenue si frileuse, avec le sentiment que les films qu’il avait pu y faire ne trouveraient plus leur place. Il racontait la mésaventure de l’un de ses films les plus étonnants, Bonne chance Monsieur Pic. Ce film racontait le drame drolatique et cruel d’un chômeur devenu cobaye entre les mains de «managers» modernes qui affirmaient que, s’il n’avait pas d’emploi, c’est parce qu’il était un «loser», et qui prétendaient, en l’entrainant dans une sorte de stage, faire de lui un «battant». Un programmateur avait repoussé ce film, jugé trop «anxiogène», aux oubliettes. Pourtant quand, quelque deux ans plus tard, il avait fini par le passer, en le condamnant à un bide annoncé au milieu du mois d’août, il avait connu un très beau succès. Mais quand Maurice et quelques autres s’en étaient réjouis, en se félicitant d’avoir démontré que l’ambition et l’audace pouvaient payer... le même programmateur avait rétorqué : «ça ne prouve rien, ce n’est pas normal». Eh oui, c’était ça l’oeuvre de Maurice, pas « normale ». Face aux vies broyées, face à une modernité déshumanisée, son propos était de résister, non pas en dénonçant mais en posant sur ce qui le révoltait le regard aigu et fraternel d’un humaniste. Il nous a laissé des films inoubliables. Pour beaucoup d’entre nous, c’était un maître. — Jacques Fansten, www.sacd.fr

Maurice Failevic et le Nord Maurice Failevic a entretenu des rapports très étroits avec la région du Nord. Il y a tourné plusieurs films, travaillé avec l’association « Travail et Culture » et noué des liens d’amitié avec des militants et avec la communauté des prêtres ouvriers d ‘Hellemmes. En 1976, il tourne Le journal d’un prêtre ouvrier, Fiction, 1h40. A la suite de l’exode rural, l’église d’ un petit village du Nord se vide. C’est ainsi que le prêtre ouvrier Georges Gauthier décide de suivre les jeunes de son pays vers la ville et de redonner un sens à sa vocation première en partageant la vie des ouvriers d’une usine métallurgique. En 1979, il revient dans la région pour y réaliser une fiction documentée : Les aventures d’Yvon Dikkebushe avec Ronny Coutteure. En 1995, ce sont Les gens du Nord dans le cadre de Chroniques de France.

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Au delà du cinéma « Le métropole »


Cycle de films , sur l'Algerie En Algérie, l’année 1962 est à la fois la fin d’une guerre et la difficile transition vers la paix. Mettant fin à une longue colonisation française marquée par une combinaison rare de violence et d’acculturation, elle voit l’émergence d’un État algérien d’abord soucieux d’assurer sa propre stabilité et la survie de sa population. Si, dans les pays du Sud, cette date est devenue le symbole de l’ensemble des indépendances des peuples colonisés, en France, 1962 est connue surtout par les expériences des pieds-noirs et des harkis. En Algérie, l’historiographie de l’année 1962 se réduit pour l’essentiel à la crise politique du Fln et aux luttes fratricides qui l’ont accompagnée. Mais on connaît encore très mal l’expérience des habitants du pays qui y restent alors.» Dans le cadre des décentralisations, nous proposerons un ensemble de documentaires du patrimoine régional diffusés ou primés dans les éditions précédentes. La diversité et la multiplicité de ces mémoires vives (messalistes, pieds-noirs, victimes de l’ OAS, harkis, militants du FLN, femmes torturées ou violentées, porteurs de valises , pieds-rouges , appelés...) font écho aux récents travaux des chercheurs et historien.ne.s. qui contribuent à l’émergence et la collecte de la mémoire populaire. Nous solliciterons la collaboration de ces chercheurs et de ces jeunes documentaristes.

Une autre guerre d’Algérie

Les oliviers de Madame Durand

Documentaire de Djamel Zaoui, 2003

Documentaire de Benoît Tanguy, 2008

Les jardiniers de la rue des martyrs

Mon oncle de Kabylie

Documentaire de Leila Habchi et Benoît Prin, 2003

Documentaire de Chloé Unzinger, 2009

Algériennes

L'Algérie nouvelle on y croyait

Documentaire de Djamel Sellani, 2005

Documentaire de Chloé Unzinger, 2011

Oas, un passé très récent

Augusta Amiel Lapieski

Documentaire de Djamel Zaoui, 2007

Fiction de Franck Renaud, 2011

Li fet met

Makach Mouchkil, nos identités

Documentaire de Nadia Bouferkas et Mehmet Arikan, 2007

Documentaire de Franck Renaud, 2017

Cycle de films sur l'Algérie

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, Presentation des films Une autre guerre d’Algérie Documentaire, France, 52mn — 2003 Réalisation : Djamel Zaoui - Production : Leitmotiv Productions, INA - Participation: CNC, CRRAV, FASILD, PROCIREP, Région Limousin

2003, année de l'Algérie, 40 ans après les évènements, rien n'a effacé la mémoire sanglante et honteuse, faite de massacres, de tortures et de trahisons. Pourtant, personne ne met en cause la version officielle, celle qui fait du FLN le seul opposant aux colons français et le mouvement libérateur de l'Algérie. Il y a une autre histoire du FLN, une autre histoire de cette guerre faite elle aussi de trahisons, de pressions indues et de meurtres. On n'en parle ni en Algérie, ni en France. Les vainqueurs de l'Histoire se soutiennent, aux dépens de la vérité. Afin de révéler la vraie histoire de l'indépendance, il faut remonter aux racines du premier mouvement de libération algérienne fondé par Messali Hadj, puis suivre les évolutions d'une usurpation de pouvoir et d'une lutte d'influence impitoyable se déroulant entre Algériens sur le sol français. L'auteur réalisateur, Djamel Zaoui, fils d'un militant messalien qui a dû fuir sa terre natale pour sombrer dans un mutisme amer, mène une enquête minutieuse auprès d'historiens et d'hommes politiques de tous bords afin de comprendre sa propre histoire et celle de la guerre dont on ne parle pas : « l'autre » guerre d'Algérie.

Les jardiniers de la rue des martyrs Documentaire, France, 81mn — 2003 Réalisation : Leila HabchI et Benoît Prin - Production : Etouchane

Près de 40 ans après la fin de la guerre d’Algérie, dans un jardin ouvrier du Nord de la France à Tourcoing, Français et Algériens cultivent leur bout de terre. Ces hommes ont été les appelés, les militants du F.L.N ou les « harkis » d’une guerre coloniale menée par la république française. Ce jardin est donc le lieu d’une mémoire multiple où se retrouvent des hommes qui auraient pu se rencontrer à la guerre ou à l’usine. C’est la culture d’un potager, activité universelle s’il en est, qui les rassemble ici. Contemporains à distance d’une histoire commune, parfois indifférents voire hostiles les uns aux autres pour des motifs culturels, sociaux ou politiques, ils travaillent côte à côte le même morceau de terrain.

Algériennes Documentaire, France, 52mn —2005 Réalisation : Djamel Sellani Productions : Les films du Cyclope

Trois femmes témoignent de leur combat pendant leur adolescence en pleine guerre d’Algérie. Arrestations, tortures, violences, tout était enfoui dans leur mémoire. depuis quarante ans. Elles parlent enfin parmi des images d’archives.

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Présentation des films


OAS, un passé très récent Documentaire, France, 52mn — 2007 Réalisation : Djamel Zaoui Production : Leitmotiv Productions

De 1961 à 1962, l’Organisation Armée Secrète (OAS) assassina au nom de l’Algérie française plus de 2200 personnes dont de nombreux serviteurs de l’Etat dans l’exercice de leurs fonctions. Aujourd’hui, un véritable bras de fer se joue entre les enfants des victimes et une OAS réincarnée, pratiquant le lobbying politique. Quel statut pour les victimes quand les bourreaux sont traités en héros ? De 1961 à 1962, l’Organisation Armée Secrète (OAS) assassina au nom de l’Algérie française plus de 2200 personnes, des serviteurs de l’Etat dans l’exercice de leurs fonctions, mais aussi aveuglément, des anonymes ; plasticages, attentats à la voiture piégée, mitraillages en pleine rue… OAS, un passé très présent revient sur deux attentats : celui qui visait René Gavoury commissaire central d’Alger, dont l’appartement est plastiqué le 31 mai 1961 et l’assassinat le 15 mars 1962 de six inspecteurs de l’Education nationale, directeurs de centres sociaux éducatifs (dont Mouloud Feraoun, qui était aussi écrivain). Dans son documentaire, Djamel ZAOUI laisse la parole à deux des fils des victimes. Le temps du deuil est révolu, a cédé la place à celui des revendications. Celles toutes légitimes de ne pas voir les bourreaux de leur père honorés, non plus seulement par des groupuscules nostalgiques de l’Algérie française mais par la République elle-même.

Les oliviers de Madame Durand Documentaire, France, 50mn — 2008 Réalisation : Benoît Tanguy - Productions : Carpe Diem

En 1948, venus de Kabylie, quatre cousins de huit ans, tous des garçons, débarquent à Marseille pour mener leurs études en internat. Les fils, une fois formés, reviendraient pour reprendre la terre et être utiles à leur famille. C’était sans compter l’Histoire.

Mon oncle de Kabylie Documentaire, France/Algérie, 52mn — 2009 Réalisation : Chloé Unzinger - Production : Real Productions

Plus de 50 ans après l’avoir quittée, Simone revient en Algérie, sur les traces de son enfance et de ses souvenirs. Benoît, son petit-fils et réalisateur, l’accompagne dans ce voyage qui prendra fin en haut de la colline plantée d’oliviers. Les rencontres qui jalonnent ce périple vont être finalement plus fortes que les souvenirs et les préjugés?

Présentation des films

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L’Algérie nouvelle on y croyait Documentaire, France/Algérie, 52mn — 2011 Réalisation : Chloé UNZINGER Production : Real Productions

En 1962, les accords d’Évian mettent fin à huit années de guerre de décolonisation entre la France et l’Algérie. 900 000 Français d’Algérie quittent leur terre natale pour se réfugier en France. À contrecourant, des dizaines de milliers d’Européens débarquent en Algérie. Anticolonialistes, militants internationalistes, tiers-mondistes ou amis de cette « Algérie nouvelle » ils souhaitent aider à reconstruire le pays. Ce film raconte les lendemains de l’indépendance, ainsi que les relations qui ont continué de lier étroitement les deux pays. Grand Prix du jury du festival de l’Acharnière 2013

Augusta Amiel Lapieski Fiction, France, 15mn37 — 2011 Réalisation : Franck Renaud Production : Les Anthropofilms

À la mort de sa mère, Anne va forcer la maison d’Augusta Amiel Lapieski, sa grand-mère dont elle n’a jamais rien su. Au fur et à mesure de ses découvertes, Anne va nourrir sa fiction, sa projection d’Augusta : l’écrivaine, porteuse de valise du F.L.N., son amour secret, son enfant caché, son Algérie. La maison puzzle devient un espace mental traversé par les images de cette guerre sans nom.

Makach Mouchkil, nos identités Documentaire, France, 80mn — 2017 Réalisation : Franck RENAUD Production : Les Anthroposfilms

Dans son documentaire Franck Renaud, suit Mounya, actrice, dans sa quête d’identité jusqu’en Algérie. Ce qui le renvoie à sa propre histoire. Mounya l’accompagne à son tour sur les traces de son enfance. Makach Mouchkil, nos identités nous embarque dans un Road Movie qui questionne les origines. Du Nord de l’Algérie au Nord de la France, de la France à l’Algérie, la caméra scrute cette quête croisée joyeuse et poétique. Et se fait complice des rires, des vibrations, des émotions. Mounya et Franck se cherchent tout deux des racines, un ancrage, une langue. Ils arpentent des mémoires différentes mais au bout du chemin un territoire commun semble se dessiner... Liste récapitulative des films sur la guerre d’Algérie faits ou produits en Hauts de France

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Présentation des films


Impressions d'un festival « L’Acharnière : d’où sort ce nom ? Un jour, une personne intriguée vient questionner le préposé au cadastre de la ville de Lille : L’Acharnière ? Est-ce un lieu-dit ? Une rivière souterraine du Vieux-Lille ?... L’homme, dont la compétence ne peut être mise en doute, ne sut répondre. Alors, venons à son secours. L’Acharnière, c’est un nom inventé. Il dit quelque chose du projet de l’équipe d’animation d’un centre culturel installé au 12, rue Molière à Lille : acharné, il faut l’être, une décennie après mai 68, pour ne pas s’endormir dans la routine des systèmes institutionnels.

cinématographique « sur le bord de la route ». C’est un festival où les jeunes réalisateurs de la région peuvent montrer pour la première fois leur film au public et aux professionnels. Et, depuis sa création, chaque année, il y a dans la salle un jeune réalisateur pour qui c’est la première fois. Est-ce pour cette « première fois » que, depuis un quart de siècle, une poignée de bénévoles dépense sans compter temps et énergie ? Peutêtre savent-ils combien cette première fois est cruciale pour ce jeune réalisateur. Et que, sans elle, il y a peu de chances pour qu’il puisse s’affirmer. » Djamel ZAOUI, Réalisateur

Mettre une charnière… C’est l’expression d’un

« Tout d’abord, j’ai un peu boudé : l’idée de donner

désir pour les chrétiens de cette équipe et sans

mon point de vue sur la production artistique

doute pour bien d’autres d’ouvrir la porte pour ne

d’autres personnes au sein d’une compétition

pas rester chacun dans sa sphère.

cinématographique ne m’emballait guère. En

Quand a germé l’idée d’un festival, c’était d’abord très simple : d’abord un souci du local, en valorisant l’audiovisuel, petit ou grand, tel qu’il se fabrique sur le terrain, dans la région. Ensuite un désir de communication en offrant un public et une promotion pour le film fait au lycée, au musée, dans l’entreprise, la ville ou l’association. Voilà pour les racines : mais voyez l’arbre ! En dix ans, il a beaucoup grandi. »

effet, je ne considère pas faire partie de ceux qui savent mieux que les autres. Finalement, j’ai compris qu’au Festival de l’Acharnière, on ne me demandait pas d’être un censeur; mais qu’on m’invitait à donner mon avis parce que je « faisais » aussi ! Cela a été un beau voyage, en vérité : les invités, les débats, la rétrospective… un véritable tourbillon humaniste qui m’a apporté une énorme respiration. Pendant la compétition : j’ai été

Gonzague CUVELIER, Fondateur du Festival de L’Acharnière

ému par la pertinence universelle des propos, la

Texte rédigé pour la dixième édition du Festival en 1980.

sensibilité, la force, l’invention et l’engagement artistiques de la plupart des réalisateurs. Il a fallu

« Depuis un quart de siècle, une poignée de

trancher bien entendu; mais le jury (dont les

bénévoles sont au four et au moulin pour nous

échanges vifs mais cordiaux ont été d’une grande

présenter chaque année une sélection de fictions,

richesse) a su se mettre d’accord.

de courts-métrages, de documentaires, de film d’animation, de clips et essais vidéos venus des quatre coins de la région. L’objectif de cette poignée de bénévoles reste inchangé : nous faire découvrir toutes les formes d’expressions et d’écritures cinématographiques de la région.

Le festival a été aussi pour moi l’occasion de mettre en perspective mon propretravail .. Et à la fin : conforté, stimulé, je me suis dit qu’il fallait absolument continuer ! » Bruno LALAU, Artiste-plasticien

Membre du jury du festival 2009

Depuis un quart de siècle, l’Acharnière est un festival hétéroclite qui ne laisse aucun genre

Impressions d'un festival

38


« L’Acharnière… derrière ce mot, un combat pour

amateurs et de saisir ce fil qui les relie tous aux

plus de liberté, un combat contre l’uniformisme

films, qui relie les films entre eux et qui nous relie

ambiant, un combat contre le consumérisme

tous ensemble.

omniprésent, un combat aussi pour sortir de l’ombre les films d’une région, les films censurés, les films nécessaires. L’Acharnière nous ouvre l’oeil, nous l’écarquille, rend active notre pupille, nous questionne toujours et encore sur le cinéma et aussi sur la vie.

Parce que le dénominateur commun qui figure toujours au coeur du Festival organisé par « Une Aventure Délicate » est l’humain, rien de ce qui s’y programme ne nous est indifférent et rien n’en limite la portée. De ce fait, genres, formats, dispositifs s’y mélangent allégrement pour laisser

À l’écran, des films engagés qui nous poussent à

circuler au mieux la relation filmants, filmés et

nous engager. Le festival de l’Acharnière est riche

spectateurs. Quel bonheur de pouvoir visionner

et fort. L’Acharnière, c’est une leçon d’humanisme

dans un même lieu fictions, documentaires,

et un beau moment de cinéma. On est fier d’avoir

vidéos et films de tous formats, animations, art

pu y participer quand les dernières lumières

numériques, récits des différents continents, de

s’éteignent et que la salle lentement se vide. Avec

France et d’ailleurs en europe.

un autre regard, un regard vrai et avisé, on sort du noir qui s’est installé dans les lieux.

Au moment où je feuillette à nouveau le catalogue de cette 30e édition, je retrouve mes

L’Acharnière est bel et bien à l’image de celle

impressions, les instants magiques à visualiser les

qui l’a élaboré avec d’autres, une personne qui

travaux des enfants, en collages ou en animation

m’a ouvert à une manière de penser la vie et le

et les nombreux documentaires sur le monde du

cinéma, il y a plus de 20 ans déjà…

travail avec une variété étonnante allant jusqu’à

Louisette. »

des formes d’art vidéo très contemporaines. Ces

Milena BOCHET, Réalisatrice

Membre du Jury en 2006

films tiennent compte des mutations complexes du monde du travail, notamment de l’arrivée des nouvelles technologies qui, au service du

« Au Festival de l’Acharnière, le cinéma est un révélateur du monde social : un instrument de décolonisation de l’imaginaire et de la réflexion. Le Festival de l’Acharnière, c’est une attention soutenue aux frémissements du monde pensé avec le langage du cinéma, dans une diversité de cheminements, de genres, de formes et de contenus.

Ils racontent aussi la réduction des acquis sociaux et l’allongement du temps de travail. Et puisque nous apprenons que la corrida entre au patrimoine culturel de la France, je tiens à dire que rien ne pourrait caractériser de culturel la souffrance d’un animal. ce n’est pas cela la culture, c’est exactement le contraire, c’est ce

Le Festival de l’Acharnière, ce sont aussi les liens créés avec des réalisateurs, je pense à Mehmet ARIKAN et à Nadia BOUKERFAS, qui savent transmettre ce qu’ils ont appris – sans rien céder à la facilité – et sans lesquels les projets du collectif de réalisation de Mons-en-Baroeul n’auraient pas été possibles. » Jesus BUGALLO VALES, Collectif de réalisation (Mons-en-Baroeul)

Membre du jury du festival 2009

« La 30ème édition du Festival de L’Acharnière a été particulièrement enthousiasmante Quel bonheur de découvrir ou de revoir des films aussi différents, de discuter dans de grands élans avec le public, les professionnels, les invités, les

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libéralisme, formatent un peu plus l’être humain.

Impressions d'un festival

que nous donne à voir L’Acharnière depuis des années à travers les films projetés. Les images de ce Festival 2010 me reviennent à la mémoire : la culture, ce sont ces jardins ouvriers, le partage et la solidarité avec les peuples du monde entier, le souvenir d’un oncle, le rap des jeunes de GuinéeConacry qui font écho aux textes d’Aimé Césaire, la culture, c’est ce carnet de voyage qui nous emmène à Madagascar et qui mêle au numérique la poésie et l’imagination, la culture c’est ce don de soi au service de l’amour et du partage, la culture, c’est bien sûr tous les arts, tous présents à L’Acharnière.» Catherine GHESELLE, Auteur-rédacteur multimédia

Membre du Jury en 2010


« À l’approche du 32ème festival de l’Acharnière,

« Ce qui nous attache à la vie comme au cinéma,

je souhaite apporter une appréciation sur

c’est la curiosité. Et l’acharnement que nous y

cette manifestation. car, j’y ai participé à trois

mettons ; nous spectateurs du réel, dans une

titres : premièrement, en tant que spectateur,

sorte de combat amoureux dont notre regard et

deuxièmement, en tant que participant à la

l’ensemble de nos sens s’abreuvent pour redéfinir

réalisation d’un court métrage présenté au festival

chaque fois, à chaque nouvelle expérience, une

et troisièmement en tant que membre du jury.

façon de voir le monde et les autres.

Ce festival, depuis 32 ans, n’a cessé de se montrer très productif et attractif malgré le manque flagrant de moyens humains et matériels. On y a vu défiler les amateurs, les semi-professionnels et les vrais professionnels du cinéma, non seulement en matière de films documentaires, mais aussi pour tout ce qui concerne les films courts et parfois des longs métrages qui n’ont pas eu le succès escompté ou qui, pour des raisons diverses, n’ont pas eu la possibilité d’être diffusés à grande échelle.

L’Acharnière célèbre ce cinéma de la vie, du regard, celui porté sur l’autre, curieux, proche ou lointain, d’ici ou d’ailleurs… L’Acharnière est plus qu’un festival, il est un tremplin qui permet à nombre de voix de porter, de s’exprimer, de se faire entendre, de se montrer, se démontrer, dans l’échange, la charnière de l’oeil et des mots. L’Acharnière est un événement, il porte chaque année, depuis 35 éditions, la même intacte volonté de découverte, d’ouverture, d’affirmation d’un cinéma différent, au-delà des frontières,

Je pense notamment à Med Hondo (de son vrai

des genres ou des formes. Ce qui importe pour

nom Abib Mohamed Medoun Hondo), acteur

L’Acharnière c’est de continuer à faire vivre ce

et réalisateur français originaire de Mauritanie,

cinéma multiple, celui finalement dans lequel

qui malgré une filmographie assez riche, n’est

tout spectateur peut se retrouver. »

connu du grand public que pour sa voix célèbre, car il double Eddie MURPHY, Morgan FREEMAN

Max RENÉ, Réalisateur primé en 2014

et Ben KINGSELY. Bref, pour moi, il s’agit d’un festival pour les vrais amoureux du 7ème art,

« Malgré les coups durs et les coupures de

loin des paillettes et médiatisations outrancières

budget, l’Acharnière est toujours là, pour le plus

que l’on connaît pour d’autres festivals du même

grand plaisir de celles et de ceux qui voient le

genre. Bonne continuation aux organisateurs et

cinéma, non pas comme un écran de fumée

participants et pourvu que ça dure ! »

destiné à nous faire oublier le monde réel, mais

Farhad FAGHIH, Artisan taxi

comme une possibilité d’interpréter et de mettre en lumière la réalité d’un monde de plus en plus

« En région, on produit beaucoup de films, avec ou sans moyens, et on a trop peu l’occasion de les montrer. Le Festival l’acharnière permet ça. moindre des choses pour un festival. Pourtant, l’Acharnière, c’est plus que ça. Chaque année, pendant ces quelques jours de Mai, entre cinéma et télévision, fiction et documentaire, amateur et professionnel ou réel et animation, les frontières s’effacent. Il y a toujours beaucoup à voir, on oublie les étiquettes, et ça circule. qu’ils soient à la marge ou non, d’aujourd’hui ou pas, de près de chez nous ou d’ailleurs, les films de l’Acharnière se parlent, s’écoutent, s’enrichissent entre eux.

impitoyable, dont les habitants sont condamnés à voir se succéder les « crises » depuis tant d’années. (...) Cette réalité, belle et laide à la fois, crue ou douce selon notre position sociale, nos origines, notre lieu de naissance ou notre genre, sera encore une fois poétiquement et socialement dépeinte avec brio pendant ces quatre jours de projections et d’échanges, auxquels je vous encourage fortement à participer si votre révolte intérieure a besoin de carburant... » Simon DEMOLDER, Rappeur

Membre du Jury 2015

Conséquence de choix de programmation jamais gratuit et souvent pertinent. Parce que chaque film est un monde, et chaque monde mérite d’être visité, l’acharnière est un festival précieux. » Frédéric VERMEERSCH, Réalisateur du Film «La Ligne»

(Prix du meilleur montage en 2013)

Impressions d'un festival

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« Voyage au coeur de la diversité. Pour vivre,

« Acharnée de l’Acharnière, j’attends toujours ce

le cinéma a besoin de moments et de lieux de

festival, comme le printemps, avec une certaine

rencontres d’échanges ou de confrontation

impatience. J’aime son éclectisme (formats,

rassemblant, outre des spectateurs attentifs ou

genres..), sa «proximité» : sur grand écran, des

passionnés, des responsables de programmation,

lieux plus ou moins familiers, des «personnages»

la presse spécialisée et des professionnels du

qu’il m’a parfois été donné de croiser, des luttes,

7ème art, les acteurs parfois mais surtout les

des talents locaux. J’apprécie aussi les focus,

producteurs, metteurs en scène, techniciens du

tels des arrêts sur image, sur une oeuvre (René

son et de l’image...

Vautier, Eyal Sivan , cinéma cubain...), bonne

Au temps où l’on pensait que les clefs d’un monde meilleur se trouvaient nécessairement

occasion de (re)découverte, d’approfondissement, voire d’émerveillement.

dans l’éducation, la liberté d’expression, la

De belles rencontres d’auteurs engagés et

diffusion populaire de la culture, diffusion d’une

engageants. Et une formidable équipe de

culture ouverte sur la diversité du monde, ses

l’Acharnière sans qui rien de tout cela ne serait

problèmes, ses difficultés mais aussi sur les rêves

possible. Bravo et merci ! »

des Peuples, en ces temps, il s’est trouvé dans la belle ville de Lille des partisans acharnés qui ont créé un festival rassemblant des oeuvres révolutionnaires par leur contenu, par leur forme ou l’engagement des auteurs. Ces «rencontres de Lille » se sont donc spécialisées dans la présentation de films qui échappent aux règles, aux codes et aux préoccupations traditionnels, d’un cinéma que l’on qualifie hâtivement de commercial car trop souvent avide seulement de royalties. On y rencontre donc des oeuvres qui abordent les problèmes sociaux et politiques, des oeuvres qui trouvent souvent leurs fondements

Geneviève CARÉ, Cinéphage de base

« Le festival de l’Acharnière, c’est une équipe dynamique et ô combien acharnée ! Ce sont des documentaires d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui. Ce sont des rencontres, des échanges. Ce sont des spectateurs curieux et fidèles, et aussi des nouveaux. Merci d’être là, vigie d’un monde à réenchanter. » Dolorès PIGEON, Enseignante cinéma, membre de la CASEAC (Commission d’Action et de Suivi des Enseignements et des Activités Cinéma et Audiovisuel)

Rectorat de Lille

dans le réel, dans les difficultés du quotidien, domaines ignorés par la culture de masse

J'ai découvert des films magnifiques pendant

diffusée par les maîtres du monde. Il ne faut pas

le festival de l’Acharnière. Dernièrement,

oublier que la censure officielle a longtemps mis

« Algérie, année zéro » de Marceline Leuridan-

à l’index les films qui s’écartaient de la pensée

Ivens, « Le 17ème parallèle », de Joris Ivens, mais

dominante, et qu’actuellement demeure une

également des films rares et peu diffusés, des

censure structurelle d’une extrême efficacité.

bijoux filmiques restés au fond des tiroirs des

La grande Région de Lille, région qui ignore

cinémathèques ou de centres d'archives...

ou se moque de la frontière, est une véritable

Le festival de l’Acharnière, c’est tout cela pour

pépinière de jeunes créateurs très influencés par

moi : faire exister les films oubliés ou rarement

le Festival de l’Acharnière. Festival où la fougue

montrés au public, rendre hommage non

de la jeunesse se heurte à la sagesse de quelques

seulement aux réalisateurs et réalisatrices

anciens. J’aime ce lieu où la sélection des films

engagé-es dans leur travail, mais aussi à celles et

est l’oeuvre de partisans qui comme moi n’ont

ceux qu’on oublie trop souvent de mentionner et

pas leurs choix bâillonnés par des critères

sans qui pourtant les films ne pourraient exister :

académiques, des arrières pensées politiques ou

les techniciens et techniciennes du montage,

des considérations financières. »

de la lumière, et du son. Il est aussi une belle

Roger JOURNOT, Président du CCPPO

Centre Culturel Populaire de Besançon

fenêtre ouverte sur le monde - pour reprendre l'expression de Borgès à propos de la bibliothèque – et sur notre région où des talents discrets et anonymes peuvent être portés devant la lumière des projecteurs. Mais tout cela n'aurait pu voir le

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Impressions d'un festival


jour sans la persévérance, la passion et l'infinie

Je ne parviens pas à imaginer un futur où il n’y

patience de l’équipe de l’Acharnière, les « acharné-

aurait plus le Festival de l’Acharnière »

es », qui mériterait d'être sous les projecteurs et qu'on lui tire notre chapeau. Keltoum Bourhimi, cinéphile et éducatrice spécialisée en formation — juillet 2020

Philippe Fabbri, preneur de son.

« Le festival de l'Acharnière est un rendez-vous annuel toujours surprenant.

Depuis plusieurs décennies, grâce au magnifique

Comme spectatrice, je sais que je vais y découvrir

travail généreusement accompli par toute

des films rares, récents ou anciens, peu diffusés,

l’équipe du Festival de l’Acharnière, chaque

souvent fabriqués aux quatre coins du monde par

année, une énorme chance est donnée aux

des cinéastes exigeants. J'y découvre aussi les

spectatrices, spectateurs, lillois.e.s de pouvoir

films réalisés en région pendant l'année, et nous

découvrir sur grand écran des œuvres rares en

avons trop peu d'occasions en région de voir le

salles de cinéma, mais non moins essentielles.

travail de nos collègues. Comme réalisatrice, je

Là, s’expriment l’humanité dans toute sa diversité, son génie, sa richesse. Des films d’atelier dialoguent avec le travail de cinéastes accompli.e.s, le documentaire avec la fiction et le film d’animation, le court avec le long métrage, l’ici et le là-bas, le très proche et le lointain, notre région et le monde. Vivement la toute prochaine 40

dis içi mon plaisir de voir mes films projetés, sur grand écran, devant un public attentif et curieux. Après tant de mois passés à s'échiner pour faire naitre chacun d'entre eux, cette diffusion est toujours un moment fort. J'ai aussi produit des films avec mon association, et l'un d'eux a remporté le grand prix. C'était un moment de pure joie, pour l'équipe, pour la réalisatrice,

ème

édition d’un

pour les femmes qui avaient témoigné. Enfin,

rendez-vous très cher à mon cœur !

le festival, mené par les Acharnés, me conforte

Un grand merci à tou.te.s les acharné.e.s !

eurs, se construit dans le temps, avec patience,

Véronique Manniez-Rivette

dans l'idée que le chemin des réalisat.rices. obstination, et passion. Chacun son chemin... Celui de l' Acharnière se tend comme un fil rouge,

« Le phare. S’il existe un moment unique où l’expression filmique est encore indépendante des pouvoirs

toujours tendu, attentif au monde, généreux et exigeant. » Anne Bruneau

dominants et aliénants – officiels, financiers, médiatiques, publicitaires, « mécènes »-, c’est le festival de l’Acharnière. L’Acharnière est le phare dans la nuit pour ceux et celles qui refusent les barrières entre professionnalisme et amateurisme (« l’amateur, c’est celui qui aime », disait Roland Barthes). L’Acharnière est le phare pour ceux et celles qui veulent apprendre à raconter en images et en sons de ceux et de celles qui savent déjà raconter en images et en sons. C’est le phare pour ceux et celles qui croient encore aux films libres et volontaires, ceux et celles qui ont à dire et à montrer des réalités ou des rêves, à ceux et celles qui croient encore en le cinéma comme acteur de son temps. Et ce moment est pérenne : plus de 40 ans, et ça n’est pas la moindre de ses forces.

Impressions d'un festival

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, Retrospective 1979 Premier festival « des jeunes réalisateurs ». Mettre à jour tout ce que des jeunes sont capables de faire lorsqu’ils se passionnent pour la photo, le dessin, le son ou la musique, tel est le défi de cette première année. – La Voix du Nord, titre : « Les enfants de l’oeil à la caméra ». 1980 Trente à quarante titres sont présentés sur deux après-midi. Photos, diaporamas, films (Super 8 et 16mm) sont à l’honneur. Les thèmes abordés ont tous un point commun : la vie quotidienne. Un grand moment : Denain, haut fourneau de la colère, de Christian Deloeuil. 1981 L’acharnière devient « Les rencontres de l’audiovisuel régional ». Yves Jeanneau présente Le cirque Sang et Or et Les habitants de l’Almagare, une vidéo sur l’atelier populaire d’urbanisme. 1982 Un forum Furet-Fnac, intitulé « L’Acharnière s’exprime dans le nord par l’image et le son », marque le début des débats engagés autour du festival sur la création audiovisuelle régionale. Y participent Patrick Brunie, le Comité Lillois d’opinion publique et Christian Deloeuil. 1983 Le festival accueille Patrick Brunie pour son film Xueiv, et une performance du collectif Heure Exquise ! : « La technique du heurté ». Pour la première fois, les Belges participent au festival : les frères Dardenne (r… ne répond plus), le collectif « Fleur Maigre » dont est membre Thierry Michel et Manu Bonmariage avec son film Du beurre sur les tartines. 1984 Le sixième Festival de l’acharnière voit naître l’association « Une Aventure Délicate ». organisatrice du festival et d’autres manifestations réunissant public, diffuseurs et réalisateurs, c’est avec l’aide importante de la municipalité de Lille et de la DRAC qu’elle met en place ce qu’un journaliste local appelle alors : « un lieu de rencontres cinématographiques et régionales ». Moments forts du festival :

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Rétrospective

Bégaiements, spectacle du théâtre Prato, et Faux jours d’Alain Cadet, film sur la réalité des aveugles. 1985 Dernière année sans sélection ni prix. Les animations se font avec l’équipe de la télévision câblée d’aubervilliers (Alain Quiquempois), et de l’ASTV de Grande Synthe. Le premier clip régional (1972) et une rétrospective des grands moments des six années de l’Acharnière sont présentés. 1986 Avec l’arrivée imminente des nouveaux médias et réseaux de communication locale (diffusion hertzienne et réseaux câblés), le festival se pose la question : « Qui va produire ces programmes pour une télévision de proximité ? ». Il semble que le secteur de l’économie sociale et culturelle ait un rôle à jouer dans ce domaine. Pour la première fois, les cinéastes concourent pour des prix. Le jury est présidé par monsieur Machart, délégué régional de l’INA. Les heureux lauréats reçoivent des « Acharnières d’or, d’argent et de bronze », réalisées par Claire Janon. Quelques découvertes : J’ai 20 ans de Jean-Luc Depreux, Henriette, Martine, Carole et les autres… de « Peuple et culture », et Le Sourire de Jean-Marie d’Heure Exquise ! 1987 Le 9ème Festival audiovisuel régional de l’acharnière a pour objectif de révéler, en la confrontant à un large public, la production audiovisuelle régionale issue du secteur institutionnel, associatif, indépendant… Gilles Dinmatin de « La Bande à Lumière » anime un débat autour d’un film de Mario Ruspoli, Les inconnus de la terre. Parmi les films primés : Le scoop de Bernard Dublique, Folie, Folie de JeanLouis Accettone, La communauté d’Emmaus de Régis DequeKer, et La mémoire des mains, diaporama de l’arc.


1988 Pour la première fois, le festival voit concourir des réalisations issues du secteur privé. Le nombre des oeuvres diffusées atteint le chiffre record de cent-trente films. Le festival s’associe avec le GSARA DISC pour présenter les oeuvres primées au Festival vidéo réalités 88 de bruxelles et un aperçu de ses productions. Les « Ateliers Varan » présentent chroniques sud-africaines. L’équipe est rejointe par l’APUMAV. Suzette GlenadeL (déléguée du Festival du cinéma du réel) préside le jury du Festival. Au palmarès, Inch’ Allah de Chantal Briet et Jean-Pierre Lenoir, et Sur le Carreau de « Chouff ! Regarde ! ». 1989 Le festival prend des vacances !!! 1990 Le festival se recentre sur les jeunes créateurs et inaugure un nouveau lieu : le Centre Multimédia. « L’Univers » accueille Jean-Pierre Thorn autour de son film Le dos au mur, ainsi que Les vidéos des pays.

Jean Rostand de Roubaix réalisent un reportage sur le festival. 1992 Au cours de ses soirées, le festival accueille René Vautier (réalisateur d’Avoir vingt ans dans les Aurés) et ses bandes inédites puisque frappées par la censure. En collaboration avec l’association « Travail et culture », l’Acharnière reçoit Marcel Hanoun. La soirée de clôture est consacrée à Chris Marker (Dimanche à pékin, Le Train en marche, 2084, À bientôt j’espère, Les mots ont un sens et La Jetée). La soirée se termine par Loin du Vietnam (oeuvre collective). Une plaquette « Hommage à Chris Marker » est diffusée. 1993 Le festival reçoit en soirée d’ouverture Alex Mayenfisch des productions « L’image de Lausanne ». En collaboration avec l’association « Travail et culture », l’Acharnière accueille Jean Relet, réalisateur d’un vidéogramme consacré aux chantiers navals de Saint-Nazaire.

Le festival se clôture par la diffusion d’Alger la blanche et des Raboteurs, en présence de leur réalisateur Cyril Collard. 1991 Le festival accueille Nathalie Magnan de canal déchaîné et le directeur du Festival de douarnenez. Autour des productions des jeunes réalisateurs (Cheb de Rachid Bouchareb, The wind lovers de Jacques Smal, Traces de Glace De Paulina vallejo, Poussières de sable de Jean-Luc Depreux, Les murs de sable de Giorgio Serafini et Kalindi Dighe), cette douzième édition organise deux soirées-rencontres avec les structures de production régionales (CRRAV, Cercle bleu, etc.). L’Acharnière s’intéresse aux réalisations se tournant vers d’autres cultures. Elle présente Norma Marcos et Les femmes dans l’Intifada, ainsi que Michel Khleifi pour son film Le cantique des pierres où se mêlent fiction et réalité. La soirée de clôture rend hommage au grand documentariste hollandais Joris Ivens, avec notamment la diffusion du Dixseptième parallèle, co-réalisé avec Marceline Loridan. À cette occasion, une plaquette retraçant l’oeuvre de Joris Ivens est réalisée. Les étudiants du lycée

La soirée de clôture se tourne vers l’Angleterre avec une présentation de la « Workers Films Association » de Manchester, suivie d’un hommage au réalisateur Ken Loach. Une plaquette lui est consacrée, centrée sur la partie documentaire de son travail. Which side are you on ? film qu’il a réalisé à partir des chants et poèmes des mineurs, suscite débat et enthousiasme. En exclusivité dans le hall du cinéma l’univers, une très belle exposition de Jérôme Dancerelle, « Un été à Sarajevo », est présentée. L’un des films primés, Où est le problème ?, est présenté à « Vue sur les docks » à Marseille. Les jeunes réalisateurs de Villeneuve-d’Ascq rencontrent à cette occasion Johan Van Der Keuken 1994 La soirée d’ouverture est consacrée à l’Algérie, autour du film Les Frères des Frères de Richard copans. Un débat est animé par Robert davezies, ancien « porteur de valises ». Le vendredi sont diffusés : Daney/Sanbar : conversation Nord-Sud de Simone

Rétrospective

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bitton et Catherine Poitevin, et L’espoir voilé de Norma Marcos, en présence

Le « Grand Prix du Jury » est attribué à C’est

de la réalisatrice. La rétrospective rend

pas tout rose et violette de Nadia Bekala, Anne

hommage à Peter Watkins en présence

Lemenu et Frédérique Pol, et À côté jardins de

de son fils Patrick.

Jean-Louis Accettone. Le « Prix de l’Acharnière » et le « Prix René Vautier » vont à Nord pour

Pour la première fois, le « Prix René

mémoire, avant de le perdre d’Isabelle IngoLd

Vautier » est attribué par « Travail et

et Viviane PereLmuter.

culture » à Exil à Domicile de Leïla Habchi et Benoît Prin, Une vie de chacal de Riquita et Djamel Sellani, et Portrait d’un mineur de Jean-Luc Debeve. Une exposition de photomontages signée Parviz Lak retrace l’histoire d’une aventure délicate.

1998 La 18ème édition du festival débute par une soirée en partenariat avec le CRRAV et présente quelques productions réalisées en région. La soirée se termine avec Le premier portrait, Dessine-moi une carte de séjour et Ta vie ne tient plus qu’à un fil de « Chouff ! Regarde ! ».

Le festival s’ouvre sur une soirée consacrée aux documentaires tournés

« Travail et Culture » accueille Chemin

en Bosnie par Johan van der Keuken et

de traverse de Sabrina Malek et

Chris marker. Un débat est animé par

Arnaud Soulier. Un rendez-vous avec

Eyal sivan, réalisateur israélien signataire

l’Amérique Latine clôt le festival : débat

de la déclaration d’Avignon. Le vendredi,

autour de « L’école de Choquiac » avec

soirée en partenariat avec « Travail et

l’équipe de « Messages Pluriels » et

Culture » et diffusion de Voyage au

redécouverte de Mémoires du Sous-

pays de la peuge de Samir Abdallah.

Développement de Tomas Gutierrez

La rétrospective rend hommage à deux réalisatrices américaines : Shirley Clarke

Alea (Cuba). Silence et émotion quand tombent les dernières images de

et Barbara Kopple.

Chili, La mémoire obstinée de Patricio Guzman. Dans la compétition, Les

Le public redécouvre Harlan

regards croisés de Marcel Hanoun.

county USA. Moulin du gauche au

(Chemin d’humanité) et de Gilles

droit de Yohan Laffort, obtient le «

Balbastre et Jérôme De Missolz (La Saga

Prix de l’Acharnière », le « Prix des

des Massey Ferguson). Au Palmarès,

Bibliothèques » et le « Prix René

une jeunesse en attente de Gilles

Vautier ». Brahim Bachiri présente

DEROO et Patrice deboosere, Dernière

deux installations vidéo : Binte el

Moisson de Jean-Michel comPiegne, et

yacoute et Nicky chante petit

Le baiser d’Eric CHOISY. Dans la salle,

marocain mais costaud.

les retrouvailles de René vautier, Maria

1997 Le festival est accueilli

KoLlva et Marcel Hanoun.

exceptionnellement par la salle des arcades, rue de Béthune à Lille. Il s’ouvre sur un hommage à Frédérick Wiseman et accueille une rétrospective des films du cinéaste mauritanien Med Hondo. Le Comité des « Sans Papiers du Nord » participe le vendredi soir au débat autour du film Lumière Noire, réalisé par le cinéaste d’après un roman de Didier Daeninckx.

1999 La 19ème édition s’ouvre sur la première partie de l’hommage à Amos Gitaï, cinéaste israélien, et la diffusion de Frantz Fanon, Peau noire, masque blanc d’Isaac Julien. « Travail et Culture » propose une soirée autour de En Marche de Patrice Spadoni, et de la représentation du « Mouvement social » par les amateurs et les professionnels.

45

Rétrospective


Amos Gitaï nous rejoint pour la soirée

2001 Le festival s’ouvre sur la première partie

de clôture. Au palmarès, Ness de

d’un hommage à Yann Le Masson.

Nadia Boukerfas et Mehmet Arikan,

Le jeudi 10 mai, Robert Kramer est à

Bray-Dunes et nulle part ailleurs de

l’honneur avec Milestones. L’importance

Christian Deloeuil, À Poil et à Plumes

du Panorama nous contraint à diffuser

de Bénédicte Hostache, Une histoire

un premier programme dès ce jeudi.

pas très cathodique des élèves du

La soirée se termine par une dernière

collège Villard à Denain. Le festival

séance consacrée à Yann Le Masson.

accueille l’équipe « Djakarlo » et

Le vendredi, une rencontre autour de

l’association « Face à Face ».

Salut camarades de Marco Astolfi est

2000 Le festival s’ouvre avec Une rencontre sur la Belgique et les oeuvres d’Henri Storck, Thierry Michel et du collectif « Fleur maigre ». La soirée se poursuit autour de la première partie d’un hommage à Joris Ivens et Marceline Loridan. La soirée du vendredi propose, en partenariat avec « Travail et Culture », des images du textile et un débat sur les lieux de conversation des images du monde du travail, occasion de redécouvrir La pointeuse et après… de Christian Deloeuil, Tourcoing, cœur de laine de Gilbert Perlein et José Alvarez, et La fille de la route de Jacques Morin et Louis Terme. Au palmarès : Jean Nolle, paysan

proposée en partenariat avec « Travail et Culture » et « l’institut culturel italien » de Lille. Durant la soirée de clôture sont diffusés Kashima Paradise, Regarde, elle a les yeux grand ouverts de Yann Le Masson, et La citadelle de Mohamed Chouikh. Au palmarès, Les jardiniers de la rue des martyrs de Leïla Habchi et Benoît Prin, Une place sur terre d’Isabelle Ingold et Viviane Perelmuter, Le processus de Xavier de L’hermuzier et Philippe grammaticopouLos, et L’enfant de la haute mer de Laetitia Gabrielli, Pierre Marteel, Mathieu Renoux et Max Tourret. 2002 Le festival s’ouvre sur une soirée

cinéaste de Marc Alfieri, Quand le soleil

décentralisée au KINO à Villeneuve-

fait tomber les moineaux de Hassan

d’Ascq avec Ouvrières du Monde de

Legzouli, Ces maisons hantées de

Marie-France Collard, en sa présence.

Djamal Ammari, Tout va bien des élèves

Le jeudi 2 mai, l’Acharnière, accueillie

du Lycée Turgot avec Vidéorème, et La

au Cinéma Le Métropole, propose une

petite, animation de Philippe Hollevout.

soirée consacrée au Maroc : programme de courts-métrages et projection de

Du 27 au 30 avril 2000, le festival fête

Quand les hommes pleurent, suivie

ses vingt ans au Cinéma Le Majestic et

d’un débat avec Yasmine Kassari, la

propose huit séances de productions

réalisatrice et Jean-Jacques Andrien,

régionales réalisées entre 1979 et

producteur, ainsi que l’association

2000. Chaque soirée propose un clin

« Mosaïque ». En partenariat avec « TEC-

d’oeil à un documentariste en fin de

CRIAC », un hommage est rendu à

programme : Chris Marker, Cyril Collard,

Marcel Trillat, puis à Fernand Deligny.

Eyal Sivan, Agnès Varda et Maurice Pialat. Un débat est organisé à la Fnac

La soirée de clôture est consacrée à

autour des réalisateurs primés et

Simone Bitton, en sa présence, pour

de l’équipe de « Vieillir Autrement »,

une rétrospective : sont projetés

productrice du film Xueiv.

Mahmoud Darwich, La terre comme langue, Palestine, Histoire d’une

Rétrospective

46


terre, Citizen Bishara, et l’Attentat.

2005 L’Acharnière fête un quart de siècle

Au palmarès, Nadia, Naima, Fatima,

d’existence et salue la société de

Djamilla et les autres... de Fadhila

production ISKRA (Image, Son,

Djardem et Anne Brillot, Bruits de

Kinescope, Réalisations Audiovisuelles)

fonds, une place sur la terre d’Olivier

en ouverture et en clôture du festival.

Derousseau et Jour étrange de Boris

Au fil de ces soirées, nous redécouvrons

Dieval. Deux décentralisations ont lieu à

La Spirale, Union Maids, Le livre

Arras et à Roubaix.

d’Histoire… et partageons Le Bonheur

2003 La 23ème édition s’ouvre sur un hommage à Cécile Decugis, Pierre Clement et le groupe Jean Vigo, techniciens-réalisateurs censurés pendant la guerre d’Algérie en leur présence. Le vendredi « Travail et Culture » accueille René Vautier, cinéaste franctireur de Sabina Malek et Arnaud Soulier. La soirée de clôture propose une rétrospective des films du groupe « Medvedkine », en présence de Bruno Muel.

d’Alexandre Medvedkine avant la proclamation du palmarès. Le Conflit Métaleurop de S. Sczubek et G. Lallement reçoit le « Grand Prix du Jury » et le « Prix René Vautier ». La Circoncision de Laurent Mareschal (Le Fresnoy) reçoit le « Prix de l’Acharnière ». Au palmarès, un vidéo-concert de Jean-Louis Accettone avec la DJ Louise Bronx : « Comment faire un papillon ». 2006 L’édition est dédiée à Patrick Singier et Raoul Rossi. La soirée d’ouverture

Au palmarès, La Tête Haute de

propose une fenêtre sur le Maroc

Christian Deloeuil, Terre d’Exil de Yohan

centrée sur les années de plomb : La

Laffort, À mon âge de Marine Place,

Chambre Noire, fiction de Hassan

Le Souffle d’Eole de Jean-Luc Depreux,

Benjelloun et Vivre à Tazmamart,

Cité 10 : au bout du jardin de Christelle

documentaire de Davy Zylberfain, en

Sabarots, et Tom Tom de Cristel

présence des cinéastes et en partenariat

Pougeoise et Romain Segaud.

avec « Mémoire Vive » et « Mosaïque ».

2004 s’ouvre sur un hommage à Nurith Aviv, en sa présence. L’Acharnière fête les intermittents et les techniciens du cinéma et de l’audiovisuel avec Antoine Bonfanti, traces sonores d’une écoute engagée de Suzanne Durand, accompagné d’une rencontre-débat avec Annie Loridan et la Coordination des intermittents. Soirée de clôture

Le vendredi, après un hommage au cinéaste lillois Patrick Singier, l’échange se prolonge avec On est une force d’Olivier Altman, en sa présence, et se clôt sur la rediffusion de Poumons noirs, ventres d’or d’Eric Pittard. Le festival se termine sur l’hommage à « Cinelutte ». 2007 La soirée d’ouverture propose un

consacrée à Fernando Solanas avec, en

hommage au cinéaste libanais Wael

avant-première nationale, Memoria del

Nourredine et au cinéaste syrien Tewfik

Saqueo (Mémoire d’un Saccage) et

Salah, dont le film Les Dupes est suivi

Le Voyage.

d’un débat en présence du professeur Rudolf Bkouche et du réalisateur Wael

47

Au palmarès, Mécontents et pas

Nourredine.

contents, documentaire des habitants

Le vendredi 11 mai s’ouvre la

de Mons-en-Baroeul, Écrivains des

rétrospective consacrée à Jean-Pierre

Frontières de Samir Abdallah et

Thorn, en sa présence. Un débat

José Reynes, Stein de l’association

s’instaure autour de Allez Yallah !,

« Kadence », Le Bal des squelettes,

avec les organisations de femmes

réalisation de jeunes enfants de

de la métropole et les femmes ayant

l’association Cellofan, et Courant d’air

participé à La caravane en France et

de Nora Martirosyan (Le Fresnoy).

au Maroc. Le dimanche, la rétrospective

Rétrospective


se poursuit avec On n’est pas des

Au Palmarès, Les choix de Valentin de

marques de vélo et Le dos au mur. Le

Marine Place et Les années de plomb

« Grand Prix du Jury » est attribué à Li

de Carine Mournaud et Stéphane

Fet Met (Le passé est mort) de Nadia

Czubek, Harguine, harguine de Meriem

Boukerfas et Mehmet Arikan. Le « Prix

Achourbouaakaz. Le prix du Monde

de l’Acharnière » et le « Prix Jeunes

du travail va à Machu une passion de

Talents (Prix TECCRIAC) » récompensent

géants de Gwenaelle Alglave et Faire

le Sommeil du funambule de Marine

le mur de Bertille Bak est salué par

Place. Le « Prix du Monde du Travail »

les deux jurys. L’ABCédaire du jeune

salue l’ensemble des films présentés par

lascar périphérique de Djamel Zaoui

les producteurs de « Zarafa Films ».

est primé pour sa recherche novatrice.

2008 L’édition est dédiée à Didier Dumont, Jean-Marc Lavigne et Pierre Clement. La soirée d’ouverture propose un regard sur les années 68 en Belgique (Libre Examen de Luc De Heusch et Collectif « C4 » des étudiants de l’INSAS), et un programme de courts métrages français de la même période. Le vendredi, en hommage à la Médiathèque des Trois Mondes. Sont diffusés Alyam, Alyam de Ahmed El Maânouni et Le mandat de Sembene Ousmane, en présence de Dominique

Une exposition de travaux de Abdelatif Habib est proposée pendant le Le film de Djamel Sellani Slamer la vie reçoit le « Prix de l’Acharnière » et le « Prix René Vautier ». Le « Grand prix du jury » est attribué à Boulevard du break de Ta Zoa de Bénédicte Alloing. Les réalisations collectives Aänuni de Cellofan et Défie-les de Djamel Ammari et Riquita sont au palmarès. Ainsi que Face à la mer de Jean-Louis Accettone, cité deux fois. festival. 2010 L’Acharnière rend hommage à Jérôme

Sentilhes et Martine Leroy. Le dimanche

Dancerelle, photographe originaire du

11 mai, une carte blanche à René

quartier Saint-Sauveur de Lille pour

VAUTIER et la diffusion de L’heure des

une exposition : « Sarajevo, Mon amour

brasiers de Fernando Solanas terminent

» (avril mai 1992) en présence de sa

le regard sur les années 68.

famille. Le Festival fête ses 30 ans et propose une rétrospective autour de

Au palmarès, Une Prison dans la ville,

trois programmes : « Le temps de la

documentaire de Catherine Richard

rencontre », « Enfances et Adolescences

et Il s’agit de ne pas se rendre, primé

», « Mémoires des indépendances et des

trois fois, de Naïma Bouferkas et Nicolas

luttes », en présence des réalisateurs.

Potin. Côté ateliers, Valentin, réalisé

Le vendredi 7 mai, l’Acharnière accueille

dans le cadre d’Enquête d’images, avec

Denis Gheerbrant, directeur photo et

la réalisatrice Marine Place.

documentariste autour des films : Et la

2009 La 29ème édition accueille, pour la première fois, les productions des réalisateurs marocains présélectionnées lors de la seconde édition du « Festival national du film amateur » de Settat. Le Vendredi 8 Mai, le Festival accueille le cinéaste Michel Khleifi

vie (1995) et Marseille dans ses replis (2009). La soirée du dimanche 9 mai est consacrée au travail de Eyal Sivan. Le Festival propose en avant-première dans la région Jaffa, la Mécanique de l’Orange en présence du réalisateur. 2011 L’Acharnière rend hommage à Antoine

autour des films La mémoire fertile

Bonfanti, en présence de son épouse

et Noce en Galilée. La rétrospective

Maryvon et de son ami Jacques

se poursuit le dimanche, en soirée,

Loiseleux. Suzanne Durand célèbre

avec la projection de Maaloul fête sa

son écoute engagée. Daniel Deshays,

destruction, Cantique des pierres et

Claude Bailbe et Laurent Lafran nous

Conte des trois diamants.

initient à la mise en scène du son. Le

Rétrospective

48


Festival propose deux films de Mario

productions collectives des années

Ruspoli en ouverture (Les inconnus

70 (Groupes Medvedkine, CREPAC et

de la Terre et Regard sur la folie) suivi

SCOPCOLOR.)

de La fête prisonnière. La soirée se prolonge par la redécouverte de L’heure

Le palmarès privilégie documentaires

de la libération a sonné, de la cinéaste

et essais. L’Acharnière établit des liens

libanaise Heiny Srour : la lutte du Front

et des échanges avec le « Festival

Populaire pour la libération d’Oman et

Résistances » de Foix. Trois films

du Golfe arabe contre le pouvoir féodal,

du Palmarès sont décentralisés à la

l’impérialisme.

Médiathèque de L’odyssée de Lomme et dans le quartier des Bois-Blancs.

Un palmarès riche de sa diversité : Dunia Zalem (La vie, c’est gratuit) de Fatimata Ouattara et Jean-Paul Zaeytijd, À la recherche de l’étoile de Mehmet Arikan, Branque Brol Tambours des étudiants de Supinfocom, et Entre-deux de Nicolas Straseele. Toujours moins, de Luc Moullet, reçoit deux prix. 2012 L’Acharnière rend hommage à

avec Alex Mayenfisch et les productions Climage de Lausanne. Nous découvrons les films de Alvarro Bizzarri, animateur de ciné-clubs puis réalisateur, émigré d’un village toscan. Avec L’Usine et La Forteresse, nous plongeons dans la société suisse des années 2000. La comédienne Nadia Niazi nous

Jacqueline Meppiel, réalisatrice,

accompagne dans la soirée consacrée

monteuse et fondatrice de la section

à Hicham Lasri, cinéaste marocain,

montage de l’Ecole Internationale du

formateur et directeur artistique.

Cinéma et de la Télévision, initiée à Cuba par Garcia Marquez. Les soirées du jeudi et du vendredi croisent les regards sur la Guerre d’Algérie, en présence de Louisette Ighilariz et Cécile Decugis. Autour des films de Djamel Zaoui, deux rencontres se succèdent : la première avec Les enfants victimes de l’OAS, Jean-Philippe Aoudia et Jean-François Gavoury ; et la seconde avec Monsieur Ali Agouni, président du PPA en France. Avec Hugues Le Paige, journaliste indépendant et documentariste, nous découvrons le front du Nord et les Porteurs de valises belges. 2013 L’Acharnière fête Chris Marker, en présence de Catherine Belkhodja, comédienne et réalisatrice, interprète de Level Five, et de Roger Journot du Centre Culturel Populaire PalenteOrchamps de Besançon. La soirée d’ouverture au Majestic entrelace films et lectures d’extraits du roman « Le coeur net ». La rétrospective se poursuit vendredi et dimanche avec des vidéos et court-métrages du cinéaste et les

49

2014 L’Acharnière fête vingt ans d’amitié

Rétrospective

2015 L’Acharnière fête 23 ans d’amitié et de fraternité avec René Vautier et ses amis : Pierre Clement, Yann Le Masson, et Jacques Loiseleux. Oriane BrunMoschetti, Moïra Vautier-Chappedelaine et Roger Journot du Centre Culturel Populaire Palente Orchamps nous accompagnent dans ce parcours à travers l’oeuvre de René. Le débat se poursuit tard dans la soirée autour de Avoir vingt ans dans les Aurès. Le Grand Prix du Jury est attribué à Tout à reconstruire de Marine Place. Le prix de l’Acharnière salue Le savoir est une arme de Abdé Keta. Xuan Maï portrait réalisé par Thomas Bousquet reçoit le prix des Films du Cyclope. 2016 L’Acharnière fête Fernando Ezéchiel Solanas en compagnie de Olivier Hadouchi, chercheur et programmateur. Le vendredi soir, Janine HalbrechtEuvrard et Carol Shyman, organisatrices de la Biennale Proche-Orient, « que peut le cinéma ? » proposent une rencontre autour de deux films palestiniens et autour de leur dernière publication.


Au palmarès, À consommer avant/ après 40 ans de Patrice Deboosere et Djamal Ammari et Après les cours de Guillaume Renusson (« Grands Prix du jury ») et Des jours et des nuits sur l’aire de Isabelle Ingold (« Prix de l’Acharnière » et « Prix René Vautier »). 2017 L’Acharnière, en partenariat avec la délégation régionale de l’INA, présente en ouverture Le Noticiero ICAIC Latinoamericano, archives cubaines restaurées par l’INA et les émissions de Max-Pol Fouchet L’Art et la Révolution et Poésie et réalité (1970) de la série « Terre des Arts ». En présence de Michel Raynal responsable, de 2011 à 2015, du projet INA/ICAIC pour la sauvegarde de la collection « Noticiero ICAIC Latinoamericano ». Les soirées de rétrospective rendent hommage à Santiago Álvarez Román ainsi qu’à Armand Gatti et à Tomas Gutierrez Alea. Le « Grand prix du jury » est attribué au documentaire de Maxence VoiseuX, Les héritiers, qui reçoit également le « Prix

du meilleur montage », tandis que le « Prix de l’Acharnière » va à Un figuier au pied du terril de Nadia Bouferkas, Mehmet Arikan et NaÏm Haddad. Le « Prix René Vautier » est attribué à Nous les G.A de Marine Place. 2018 L’Acharnière fête Mai 68 avant et après, ici et là-bas. À l’ouverture un hommage est rendu à Cécile Decugis, réalisatrice et monteuse de Rohmer. Au programme : Classe de lutte, Le traîneau-échelle, La parcelle et Avec le sang des autres des groupes Medvedkine avec L’ami Roger, Le dos au mur de Jean-Pierre Thorn mais aussi un documentaire venu de Suisse signé Alex Mayenfish Mai 68 avant l’heure, C4, réalisation d’étudiants de l’INSAS et un film interdit au Maroc de 74 à 92 signé Mustapha Derkaoui, présenté par le critique Ahmed Boughaba. Au palmarès, Rien ne nous est donné de Benjamin Durand (deux fois primé) et un grand prix partagé entre La parade de Mehdi Mehdi Ahoudig et Samuel Bollendorff et Derrière les volets de Messaline Raverdy.

Rétrospective

50


, Personnalites , ayant participe au jury Klaus Gerke, Distributeur (K Films) — Suzette Glenadel, Présidente Du Festival du Cinéma du Réel à Beaubourg — Gilles Dinmatin, Réalisateur (La bande à Lumière) — Michaël Hoare (La Bande à Lumière) — Annie Kovacs, Chargée de l’information aux rencontres audiovisuelles (CNDP)

— Jean-Michel Carre, Réalisateur — Philippe

Deprez, Critique (Cinergie-Belgique) — Nathalie Magnan, Enseignante (Canal Déchainé) — Ruben Korenfeld, Producteur (Les Films d’ici)

— Michel Serceau, Journaliste (CinémAction) — Luc Baele (GSARA-Bruxelles) — Janine

Euvrard (Cinémaction) — Jean-Paul Roig, Documentariste — Denis Gheerbrant, Documentariste — Bernard Nave, Critique ( Jeune Cinéma) — Claudine Bories, Réalisatrice (ADDOC) — Patrice CHAGNARD, Réalisateur (ADDOC)

— Jahmshid Golmakani, Critique et réalisateur iranien — Serge Le Peron, Réalisateur

Universitaire

Critique (Revue Documentaires)

— Gaston Haustrate, Critique - Écrivain — Jean Lassave, Réalisateur (ADDOC)

— Michel Gerard, Festival Vidéo Liège International — Gérard Leblanc, Écrivain

• Réalisateur

— Emma Bauss,

— Gaëlle Hermant, (Revue Documentaires) — Maryvonne Lecuyer, (APTE) — Claire Savary,

Critique

Réalisatrice et Cadreuse (ADDOC)

Delmaire, Poète

• Romancier

(Les films du veilleur)

— Lakhdar Bélaïd, Écrivain

• Journaliste • Auteur de romans policiers

— Julien

— Claire Faugouin, (Revue Documentaires) — Véronique Rivette Manniez,

— Clément Mouly, Documentaliste multi-média (Délégation INA Nord) — Paolo Rosembled,

(ADDOC)

— Philippe Tavernier, (DRAC) — Tom Willoc, Building Audiovisuel (Pictanovo) — Anne Galland,

(ADDOC)

— David Desjardins, (Délégation INA Nord) — Jean-Luc, (Revue Documentaires) — Éric Bacik,

Inspecteur régional chargé du dossier cinéma et audiovisuel

Omiel, Enseignante Lettres Histoire fictions

51

• Critique •

— Maria Koleva, Réalisatrice — Yves Billon, Réalisateur (Les Films du Village) — Michelle Gales,

— Jean-Luc Cesco,

• Formatrice à l'université

(Revue Documentaires)

— Emmanuelle Nicot, Scénariste

— Blandine Verkindere, Assistante caméra — Juliette Warlop, Autrice

Personnalités ayant participé au jury

— Corinne

• Réalisatrice de

• Réalisatrice • Script doctor


, Personnalites , invitees Marcel Hanoun, Réalisateur — Mireille Abravomici, Réalisatrice — Et Julie Bonan, Réalisatrice — Luc Moullet, Critique

• Réalisateur

— Les Frères Dardenne, Réalisateurs — « Fleur Maigre », Collectif — La

revue Belge Du Cinéma — La revue Cinergie — Patrick Brunie, Réalisateur — Chantal Roussel et André Vanin, Atelier Varan — Le Gsara (Bruxelles) — Rob Rombout, Réalisateur — Yvonne MignotLefevre, Réalisatrice No Télé (Tournai) — Jérôme Dancerelle, Photographe — Sylvestre Evrard, Vidéaste — Norma Marcosr, Réalisatrice — Eyal Sivan, Réalisateur — Amos Gitaï, Réalisateur — Robert Davezies — Patrick Watkins — Martine Thoquenne, Réalisatrice — Sabrina Malek, Réalisatrice — Arnaud Soulier, Réalisateur — Bruno Bontzolakis, Réalisateur — Arnaud Debree, Réalisateur — Marco Alfieri, Réalisateur

— Yann Le Masson, Chef-opérateur

— Simone Bitton, Réalisatrice — Yasmine

• Réalisateur

Kassari, Réalisatrice — Jean-Jacques Andrien, Producteur Réalisateur

— Pierre Clement, Chef-opérateur

• Réalisateur

• Réalisateur • Enseignant

Traule, Membre du groupe Jean VIGO — Cécile Decugis, Monteuse Chef-opérateur Enseignant

— Marcel Trillat,

— Bruno Muel, Chef-opérateur • Réalisatrice

• Réalisateur

— Jean

— Nurith Aviv, Réalisatrice

— Suzanne Durand, Réalisatrice — Michèle Peju, Monteuse — Patrick Leboutte, Critique

— Éric Pittard, Réalisateur — Miléna Bochet, Réalisatrice — Waël Nourredine, Vidéaste libanais

— Rudolf Bkouche, Universitaire — Chantal Briet, Documentariste de « Revue Documentaires » — Catherine Belkhodja, Comédienne à Besançon Vidéaste

• Réalisatrice • Éditrice

— Roger Journot, Directeur du Centre Populaire Palente-Orchamps

— Marie-Dominique Danjou, Monteuse — Hugues Rougerie, Réalisateur — Christine Tuillier,

— Françoise Pierard, Plasticienne

Peintre calligraphe marocain pour son exposition

• Enseignante

— Michel Khleifi, Cinéaste — Abdelatif Habib,

— Janine Halbreich-Euvrard, Journaliste critique de cinéma

Organisatrice du festival de Royan et de la biennale des films engagés israéliens et palestiniens Directeur de la photographie • Documentariste

Caroline Grimault, Studio 43 (Dunkerque) — Françoise Hautfenne, Musicienne

le cinéma »

— Denis Gheerbrant,

— Didier Troussard, Conseiller politique de la ville de la DRAC — • Interprète

Bonfanti, Compagne de Antoine — Jacques Loiseleux, Directeur de la photographie Medvedkine

— Daniel Deshays, Ingénieur du son

— Maryvon

• Réalisateur et ami des

• Enseignant • Auteur de « Pour une écriture du son » et de « Entendre

— Laurent Lafran, Ingénieur du son — Dimitra Bouras, Rédactrice en chef de la revue belge « Cinergie »

— Bernard Monsigny, Réalisateur (Membre de l’Association ADDOC) — Didier Mauro, Documentariste des arts • Membre de ADDOC « Politique »

— Hugues Le Paige, Journaliste écrivain

• Sociologue

• Documentariste indépendant • Co-directeur de

— Louisette Ighilahriz — Djamel Zaoui, Documentariste — Jean-Philippe Aoudia — Jean-

François Gavoury — Ali Agouni — Nadia Ziadi, Comédienne — Oriane Brun-Moschetti, Réalisatrice — Moïra Vautier-Chappedelaine, Réalisatrice — Carol Shyman, Photographe traductrice Co-programmatrice de la biennale « Proche-Orient : ce que peut le cinéma » cinéma et programmateur

• Journaliste • Formatrice •

— Olivier Hadouchi, Historien du

— Michel Raynal — Mahtab Mansour, Réalisatrice iranienne et enseignante à l’université

de Cinéma-Théâtre de Téhéran

— Garance Decugis — Christian Deloeil, Réalisateur, cadreur et chef-opérateur

— Marielle Issartel, Chef monteuse et fondatrice de l'Association « Les amis de Charles Belmont » — Nüne Luepack, Réalisateur • Documentariste kanak • Membre du comité organisateur du festival « Sons et gestes d’océanie »

Louis Comolli, Critique

— Jean-

• Rédacteur en chef des « Cahiers du cinéma » de 1965 à 1973 • Scénariste • Réalisateur de fictions

et de nombreux documentaires • Enseignant dans plusieurs universités • Scénariste, réalisateur de fictions et de nombreux documentaires • Formateur à la FEMIS • Animateur de nombreux stages

Personnalités invitées

52


coupures de presse

Coupures de presse

1993

53

Coupures de presse

p. 56


coupures de presse 1993

p. 58

Coupures de presse

54


coupures de presse

1996

p. 55

55

Coupures de presse


coupures de presse 2002

p. 60

Coupures de presse

56


coupures de presse 1998

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Coupures de presse

p. 59


coupures de presse 2002

p. 57

Coupures de presse

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2017

Liberté-Hebdo [ 1272 ]

du 19 au 25 mai 2017

14

Aux arts citoyens !

Armand Gatti dirigeant « El Otro Cristobal ». Un hommage sera rendu par le festival à ce drmaturge et metteur en scène, décédé en avril. (Photo René Burri - Magnum).

37e édition du Festival de l’Acharnière à Lille

C

Des aventures humaines

ompétition et panorama, carte blanche, hommages et rencontres, le Festival présente du 1er au 4 juin des films de la région, de France et d’ailleurs : fictions, documentaires, animation et vidéos réalisés par des indépendants, collectifs, associatifs, scolaires et institutionnels. En prenant le pouls de la production audiovisuelle régionale et en nous invitant à explorer la géographie des imaginaires et des réalités à travers le monde, il prend note des qualités et des imperfections, des réussites et des flottements d’un cinéma se cherchant dans la mêlée des courants d’idées qui travaillent les différentes sociétés. Cinéma souvent réalisé avec des moyens financiers « serrés » mais avec beaucoup de volonté obstinée, somme de foi et de recherche esthétique. Nombre des films programmés devraient être vus hors les murs de ce festival… Comment parvenir à faire bouger les habitudes commerciales fort peu prospectives ? Parallèlement à la confrontation de films mis ainsi en perspective, carte blanche est donnée à la Biennale « Proche-Orient : que peut le cinéma ? » avec deux documentaires iraniens. Un hommage est rendu à Armand Gatti, décédé en avril. Grand reporter, dramaturge et metteur en scène (plus de 50 pièces d’un théâtre de combat, libertaire et poétique), toujours à l’affût de gestes révolutionnaires qui tentent

59

de ranimer la flamme de mai 68. Utopie fraternelle pour rendre dignité à ses frères humains. Il réalise « El Otro Cristobal », film francocubain, au moment de la crise des fusées en 1962 : une sorte de conte fantastique sur un dictateur assoiffé de conquêtes et une allégorie sur les aspirations du peuple. En ces mêmes années, Chris Marker tourne « Cuba si » et Agnès Varda « Salut les Cubains ». Est aussi proposé « Mémoires du sous-développement », 1968, de Tomas Gutierrez Alea qui participa avec Santiago Alvarez à la création de l’Institut cubain de l’art et de l’industrie

cinématographique. Film d’une liberté de ton qui interroge l’actualité de la Révolution, les contradictions des intellectuels et les mentalités petites-bourgeoises « prima della rivoluzione » : le « héros » promène sur La Havane un regard à la fois mélancolique, lucide et autoironique.

La modernité du cinéma cubain Douze films de Santiago Alvarez sont programmés dont « LBJ » (initiales du président

des Etats-Unis) sur les assassinats de Martin Luther King, John et Robert Kennedy. L’Acharnière nous gratifie de surcroît d’une rareté, les « Noticieros », bulletin hebdomadaire d’actualités cinématographiques (informer une population à l’époque encore, pour une grande part, illettrée ; démarche propulsée par Santiago Alvarez qui fit la modernité du jeune cinéma cubain. Un incroyable melting pot d’inventions formelles : photomontage, transformation des discours en images, actualités présentées sous l’aspect de chroniques populaires jouant avec les codes du feuilleton (au meilleur sens du terme). Jean-Luc Godard salue leur force d’impact politique et artistique en les confrontant, dans « Histoire(s) du cinéma », aux images du film de Kubrick « Full Metal Jacket », ces balles homologuées par la Convention de Genève car elles tuent proprement ! Elles sont utilisées par les Marines envoyés au Vietnam : un film froid comme une couture sur une plaie dans le métal. Alphonse CUGIER • Au Métropole, rue des Ponts de Comines, du 1er au 4 juin. Infos : festivallacharnière.free.fr ou tél. 06.60.77.36.95 et 07.81.47.55.31

Sergio Corrieri dans « Mémoires du sous-développement ».

Coupures de presse


2018

Coupures de presse

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Liberté-Hebdo [ 1324 ]

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du 18 au 24 mai 2018

ARTS & CULTURE

L’Acharnière, richesse en fin de mai Audiovisuel régional, compétition, hommages, rencontres, films d’hier et d’aujourd’hui : la passion de la (re)découverte et la diversité culturelle au Festival de L’Acharnière.

L

e Festival de L’Acharnière, à Lille, présentera la production cinématographique et audiovisuelle régionale de l’année écoulée et rendra hommage à Cécile Decugis, monteuse des films d’Eric Rohmer et réalisatrice de courts-métrages documentaires et de fiction. Il propose, cinquantenaire oblige, un « Mai 68 avant et après, ici et là-bas ». Au programme, une dizaine de films relatifs à cette irruption, véritable houle de vie déferlant dans des espaces instantanément libérés, une expérience intense, ludique, donnant les pleins pouvoirs à l’imagination, ouvrant des perspectives d’avenir… mais qui a aussi connu de « grands soirs basculant en petits matins ». Classe de lutte, 1969 : les ouvriers du groupe Medvekine (en hommage au réalisateur soviétique) de Besançon s’attachent à suivre la création d’une section syndicale CGT dans une usine d’horlogerie par une ouvrière, élue récemment déléguée syndicale. Comment elle entraîne les autres femmes malgré les pressions du patronat (elle est déclassée et son salaire amputé d’un tiers). Avec le sang des autres, de Bruno Muel, 1974 : le travail à la chaîne des ouvriers de Peugeot, à Sochaux. Le réel au quotidien, un simple constat sans volonté délibérée d’accuser, des images qui hurlent pourtant : des mains abîmées, enflées, interdites à la caresse ; des brimades qu’une femme submergée par leur nombre ne parvient plus à énoncer. Corps usés, paroles bloquées, un crime licite, logique : la normalité en système capitaliste. Subir, se résigner ou ne pas abdiquer, résister et réussir à

C’EST À LIRE

être offensif : action syndicale, énergie et conviction, entraide et générosité qui débordent à l’extérieur de l’usine. Le Dos au mur, 1981 : Jean-Pierre Thorn, réalisateur en 1968 de Oser lutter, oser vaincre sur la grève de Flins, a choisi de devenir ouvrier spécialisé dans l’usine Alsthom de Saint-Ouen sept ans durant à partir de 1971. Quand l’usine est occupée pendant six semaines en 1979, sa double expérience de cinéaste et d’ouvrier militant syndicaliste lui permet de recueillir les témoignages de ses camarades de travail et de leurs familles : plus de dix heures de rushes et d’enregistrements transformées en un film de 105 minutes. Une narration fluide pourtant « interrompue » par des arrêts sur image et des cartons mentionnant questions et choix stratégiques des grévistes, moyen de laisser toute réflexion au spectateur. Un exemple de cinéma direct capable de prendre l’allure d’une fiction avec de vrais « personnages ». L’Acharnière présente trois documentaires de Christian Delœuil qui, depuis son enfance, côtoyait quelques-uns des ouvriers d’UsinorDenain évoquant leur travail. En 1979, il réalise Denain, haut-fourneau de la colère, leur réaction à la fermeture du site (10000 ouvriers en 1966, 200 quand le dernier haut-fourneau est éteint en juillet 1980). AC • 38e Festival de L’Acharnière, du 24 au 27 mai au cinéma Le Métropole, 26, rue des Ponts de Comines, à Lille. Tél. : 03.20.66.95.85

“Le dos au mur”. © DR

“Avec le sang des autres”. © DR

PROGRAMME • JEUDI 24 MAI

• SAMEDI 26 MAI

18h30 : soirée d'ouverture. 20h00 : hommage à Cécile Decugis. 23h00 : Mai 68 avant l'heure, d'Alexandre Mayenfisch. • VENDREDI 25 MAI 18h00 : panorama de la production audiovisuelle régionale. 19h30 : le festival fête les groupes Medvedkine et les 50 ans de la société de production et de distribution Slon/Iskra avec les projections de Classe de lutte, La Parcelle, Le traîneau-échelle et Avec le sang des autres. 22h30 : Quelques événements sans signification et Le Silence, de Mostapha Derkaoui.

14:00 : compétition et panorama de la production audiovisuelle régionale. • DIMANCHE 27 MAI 13h30 : compétition et panorama (suite). 17h30 : collectif C4 Belgique, réalisation collective d'étudiants de l'INSAS. 20h00 : rencontre avec Christian Delœuil. Projections de Congés payés, La pointeuse et après ? et Denain, haut-fourneau de la colère. 22h15 : Le dos au mur, de Jean-Pierre Thorn. A minuit, palmarès et pot de clôture.

Mon chat sauvage, d’Isabelle Simler

Le savoir démontré avec facétie

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> C’est la joie des retrouvailles pour les enfants : le chat d’Isabelle Simler revient en ce printemps. Et cette fois, l’artiste leur offre un bouquet de fantaisie et d’ironie tout en présentant, avec le sérieux de rigueur, toutes les connaissances scientifiques concernant ce représentant de la gent féline. Page de gauche, le savoir : le chat peut parcourir 100 mètres Coupures en 9 secondes. de Pagepresse de droite, son corps athlétique qui est censé le propulser est malicieusement contredit par la position du minet allongé sur le canapé,

bre son champ de vision large de 287 degrés, il ne reste du greffier qu’une patte et un morceau de queue dépassant du tapis sous lequel il s’est glissé ! Comme observateur vigilant, on ne fait guère mieux. Le comique s’approche en catimini, télescopage incongru de la meilleure veine… C’est fou, comment notre mistigri répond à la présentation de ses qualités : exploits vus au travers d’une lentille d’indulgence narquoise. Il y a là une manière de petit chef d’œuvre sachant marier le registre savant et son envers imagé malicieux.

qu’il est dit que ses muscles contractiles se raccourcissent ou s’étirent selon les circonstances, il semble se liquéfier, flasque, en coulures de peinture noire sur un radiateur. Souplesse et élasticité ? Plutôt douce mollesse… mais le « sauvage » qui sommeille finit par l’emporter, dès qu’il s’agit, griffes acérées sorties, de saisir sa proie, après avoir fait preuve d’une patience d’ange ! Alphonse CUGIER • Mon chat sauvage, Isabelle Simler, Éditions courtes et longues, 60 pages, 15 €.


2021 Liberté Hebdo [1505] du 5 au 11 novembre 2021

18 CINÉMA

ARTS & CULTURE

40e Festival de l’Acharnière

La passion de la découverte Panorama, compétition, rencontres, état d’une partie du monde. Films et vidéos de France et d’ailleurs. Du 18 au 21 novembre au Métropole à Lille.

C

omme chaque année, hormis l’an dernier en raison du Covid, l’association Une Aventure délicate, créée par des cinéastes indépendants et des mouvements associatifs, présente la production audiovisuelle régionale. Le public est invité à (re)découvrir les Hauts-de-France au travers d’œuvres (fictions, documentaires, reportages, animations, vidéos) rattachées à la région, soit par leur sujet, leur réalisateur ou leur structure de production. Autant d’aventures humaines. Les œuvres primées par un jury de professionnels et de passionnés font l’objet de rediffusions décentralisées.

Aux sources du monde actuel Le Nord et une terre lointaine, la NouvelleCalédonie, sont réunies : le Festival de l’Acharnière ou la multiplicité d’être au monde, état des lieux, état des populations. Regarder, écouter, pénétrer plus avant dans les imaginaires et les réalités : une manière d’être dans, face et en prise avec cet archipel de l’océan Pacifique. La NouvelleCalédonie a été arbitrairement annexée en 1844 et sa richesse, le nickel, exploitée par

Les Esprits du Koniambo. En terre kanak de Jean-Louis Comolli. © Archipel 33

une compagnie française dès 1877. Le peuple kanak a en mémoire l’Exposition coloniale de 1931 où une centaine de Kanaks, choisis pour représenter les îles du Pacifique, furent contraints de jouer les « cannibales féroces » face aux visiteurs du jardin d’acclimatation, certains d’entre eux loués pour être exhibés en Allemagne. Il y a le souvenir des événements d’Ouvéa en 1988, l’assaut des forces armées contre les indépendantistes qui avaient pris des gendarmes en otage suite à un redécoupage des circonscriptions électorales qui les désavantageait.

Regards croisés La Kanaky vue par un cinéaste kanak, deux films de Nunë Luepack, Niddosh, une parole qui ne meurt pas en 2015 et Imulal, une

Imulal, une terre, des racines et des rêves de Nunë Luepack. DR

terre, des racines et des rêves qui concerne l’enquête d’un journaliste sur les aspirations de six jeunes partis suivre des études en métropole. Comme ils sont de cultures différentes, le film offre une variété de points de vue et de propositions quant à leur avenir et à celui du « Caillou », territoire à l’héritage colonial douloureux. Attentes, perspectives, esquisses de projets… Désir d’une transition pacifique, recherche d’un compromis fondé sur un équilibre entre les communautés à l’instar de cette « hutte, case », Imulal, symbole du peuple kanak depuis la nuit des temps : accueil et partage, tous peuvent y trouver leur place. Jean-Louis Comolli, auteur de fictions, de documentaires et de nombreux articles ou contributions à des ouvrages collectifs présentera deux de ses films, Lettre à une jeune fille kanak, 2008 et Les Esprits du Koniambo. En terre kanak, 2004, dans lequel un ethnologue revenu dans la tribu où il travaillait depuis trente ans, rencontre le fils de son collaborateur kanak décédé. Les cahiers et les enregistrements de ce dernier se rapportent à la lutte qu’il a menée pour faire reconnaître les droits de son peuple sur le massif du Koniambo riche en nickel, lieu sacré où se trouvent les sépultures des ancêtres. Comment la Nouvelle-Calédonie, confrontée à la mondialisation, peut-elle parvenir à créer des emplois industriels liés ou non au nickel dont profite une multinationale qui, par nature, n’est guère encline à estimer grandement les croyances d’une population, ses coutumes et rituels d’of-

frandes aux morts ? Comment aussi, du fait d’une dépossession culturelle, éviter la désagrégation des liens et des transmissions ? C’est ainsi que des films qui allient acuité et affect deviennent, dès leur découverte, des pensées qui ne se perdent pas. D’année en année, le Festival de l’Acharnière, avec un cinéma qui se démarque de ce que le commerce lui commande, allume des contrefeux où s’imaginent d’autres possibles, une manière de briser l’immobile que les pouvoirs cherchent à imposer. Alphonse CUGIER

Du 18 au 21 novembre, au Métropole, rue des Ponts de Comines, Lille. Programme, horaires : 06 60 77 36 95 et 06 24 23 90 83. Infos : festivallacharniere.free.fr.

Coupures de presse

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Un grand merci ! Franck Di Razza, Ysé Le Bellec, Jean-Luc Bruyelle, Bernard Devloo, Vincent Hilary

La ville de Roubaix Pour le local

Les techniciens

ADDOC

Toute l’équipe Geneviève Verheyde

Youssef Boudjemai & Antoine Tillard

François Piron et les commissaires de l’exposition du Palais de Tokyo

Le Méliès

(23/11/2021 - 12/03/2022. Palais de Tokyo, Paris)

Thierry Destriez

Jessy Boudin (Noctaupus)

Heure Exquise

Designer graphique éco-concerné à Lille

Alexandre Duprez

Jérémie Lenoir, Dominique DuforetDenorme, Vincent Hilary, Bernard Guillon, Jean-Luc Bruyelle, Maryse Degallaix, Jean-Louis Dupont, Bernard Devloo, Louisette, Lakhdar, Youssef Essiyedali

Les étoiles

La revue « Documentaires » Patrick De Carvalho Supinfocom Rubika et Pôle 3D

François Heiser

Les membres Acharnés

Yummy Films

Alphonse Cugier

Zin TV

Bruno Swist

GSARA

Kumi Imamura

L’équipe de Pictanovo celle du parc de matériel

Envoyée spéciale au japon

Anne-Marie Van Lerberghe

L’équipe du Métropole

Envoyée spéciale en Kanaky-Nouvelle-Calédonie

L’équipe de « Lire, Écrire, Comprendre »

Les équipes des lieux de décentralisation

, Et les membres des trois , jurys, les realisateurs et le public, fidele au rendez-vous. ,

Un tres

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Un grand merci !

grand merci

,

a

Annouchka De Andrade


, Salut et Fraternite

À Annouchka De Andrade Leila Habchi et Benoît Prin

À nos invités

Cette édition est dédiée à Sarah Maldoror et à Jean-Louis Comolli

Salut et Fraternité

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