Le Bonbon Nuit 55

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Été 2015 - n° 55 - lebonbon.fr



ÉDITO Jeunesse de France, c'est le Révérend Père Touze qui te parle. Réveille-toi ! Ne vois-tu pas que cette société satanique pervertit chaque jour un peu plus la pureté de ton âme ? Le vice s'insinue partout, oui, partout, j'en prends pour preuve cette publication déviante nommée le Bonbon Nuit qui vante les mœurs lubriques de la vie nocturne. Tout ici n'est que débauche, plaisirs corrompus de la chair, odes au cosmopolitisme et louanges à la musique du Diable ! C'est une évidence, ce magazine est un outil de propagande des forces sodomites universelles ! Et ces forces du Mal contrôlent désormais la moindre parcelle de notre société : médias, politique, armée… Seule une résistance franche et virile pourra contrecarrer les plans secrets de ces comploteurs pédérastes. Jeunesse de France, je te somme donc de quitter les villes, de fuir les homosexuels et le monde de la nuit, de bannir les filles car elles sont source de tentation, et de bâtir dans les bois de petites places fortes. Ainsi, bien protégé à l'ombre des remparts, tu pourras entre personnes du même sexe pratiquer des activités saines : lutte gréco-romaine pour fortifier ton corps, ateliers flûte et séances de massage pour reposer ton organisme fatigué. Quant à moi, Révérend Père Touze, je m'occuperai de ton esprit, comme le Christ, je serai prêt à me faire empaler sur la croix, prêt à me prendre de robustes lances afin de souffrir le martyre et te prouver ma foi. Ensemble, main dans la main et pour l'amour de Jésus, nos torses nus et musclés constitueront l'ultime préservatif contre la dépravation sodomite. Jeunesse de France, n'attends plus une seconde et rejoins-nous cet été. Avec un peu de chance, y'aura aussi les copains de l'Immenculée Conception. Amen. MPK

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OURS

RÉDACTEUR EN CHEF Michaël Pécot-Kleiner DIRECTEUR ARTISTIQUE Tom Gordonovitch DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Jacques de la Chaise COUVERTURE Ludivine Sagnier par Constantin Mashinskiy SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Louis Haeffner RÉGIE PUBLICITAIRE regiepub@lebonbon.fr 06 33 54 65 95 CONTACTEZ-NOUS nuit@lebonbon.fr SIRET 510 580 301 00032 SIÈGE SOCIAL 12, rue Lamartine Paris 9


SOMMAIRE

p. 7 À LA UNE Ludivine Sagnier p. 13 MUSIQUE Masomenos p. 21 LITTÉRATURE Les mots de minuit p. 25 CINÉMA Les sorties p. 27 MUSIQUE Jérome Pacman p. 35 ÉROTISME Tabatha Cash p. 45 GONZO Raph La Rage


HOTSPOTS

- ON VA FAIRE PAON-PAON On l'aime bien ce Peacock Society, faudrait qu'ils nous filent des accred' et on serait aux anges. Avec tous nos amis weirdos à culottes courtes, on se refera le plumage sur les sets de Richie Hawtin, Tales of Us, Recondite ou Zaltan… Une programmation bien gaulée qui nous promet encore des beaux dérapages incontrôlés. 11 et 12 juillet Parc Floral du bois de Vincennes - TOUTE LA NUIT AVEC ELLEN ALLIEN Bon, il paraît qu'Ellen Allien sous-joue lorsqu'elle vient à Paris. C'est quoi cette connerie ? Nous, on ira voir la Berlinette comme on va rendre visite à une grande frangine : avec respect, les yeux pleins d'amour et les poches pleines de MD. En plus, pour assurer le warmup, il y aura l'inénarrable Rag. Vendredi 17 juillet Machine du Moulin Rouge - DÉCOUVRIR TIANZHUO CHEN Références directes à la came + hip-hop queer + rave party + butoh japonais + voguing new-yorkais = tu vas bouger ton cul pour aller voir l'expo du jeune Tianzhuo Chen. Dans cette expo mêlant peintures, installations, vidéos et performances, tu pourras constater en te grattant le menton le chaos et la beauté de notre époque. Jusqu'au 12 septembre. Palais de Tokyo - ME.CLUB AVEC CORRESPONDANT Depuis sa création, Correspondant envoie sérieusement du parpaing. Du coup, on ne peut que vous obliger avec un cutter sous la gorge de vous pointer à la release party de leur troisième compilation. Quelques petits Dj's inconnus y officieront tels Chloé, Jennifer Cardini ou encore Zombies in Miami… Le 25 juillet au Trabendo. 4


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À LA UNE T

ELSA ANIKINOW P CONSTANTIN MASHINSKIY

LUDIVINE SAGNIER — SOLAIRE C’est l’une de ces divines enfants sur lequel le temps passe sans avoir prise. Elle a encore et toujours ce sourire mutin dans les yeux, cette allure de jeune fille espiègle, et pourtant, Ludivine Sagnier a grandi. Ce « beau petit ange, aussi léger qu’une fleur de chardon », comme la décrivait Jean-Pierre Marielle à l’écran dans La petite Lili, est devenue grande sans même que l'on s’en aperçoive. Lorsqu’elle

s’exprime, tout est sensible et intelligent ; elle est le beurre et l’argent du beurre : tout à la fois sexy, charmante, mère de trois enfants, drôle et cultivée. Ludivine, c’est en somme cette femme moderne comme on les aime, et que l’on a eu bien du plaisir à interviewer à l’occasion de la sortie de son dernier film : La résistance de l’air.

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“J’AI LONGTEMPS COURU APRÈS UNE CRÉDIBILITÉ DE VRAIE FEMME DANS LES PERSONNAGES QUE J’INCARNAIS, POUR CASSER CETTE ÉTIQUETTE QUE L’ON M’A COLLÉE ASSEZ TÔT.” 8


Dans ce film, tu interprètes Delphine, la femme de Vincent (Reda Kateb, ndlr), un homme timide, tout à la fois monsieur Tout-le-Monde et champion de tir, qui va se retrouver pris au piège dans un engrenage de violence qui va rapidement le dépasser. Ton personnage, qui peut paraître au premier abord fragile, se révèle d’une force incroyable. Comment as-tu abordé ce rôle ? Ce qui m’a intéressée chez Delphine, c’est justement la discrétion de son héroïsme. C’est une fille banale, éloignée de ces personnages hauts en couleurs que j’ai pu incarner, et c’était intéressant pour moi de devenir cette pharmacienne, mère d’un enfant, que l’on pourrait croiser dans le métro. Elle n’a rien de clinquant, et pourtant, c’est elle qui tient le couple, c’est sa détermination qui sauve cette famille. Elle est à l’image des femmes en général dans notre société : elles ne font pas forcément d’éclats, et pourtant, ce sont elles qui tiennent tout. Est-ce que tu as l’impression d’avoir atteint ce moment dans ta carrière, où l’on commence à te proposer des rôles différents ? Tu gardes un côté très femme-enfant, mais Delphine, c’est une mère de famille. Ha ha ha ! Je commence effectivement à avoir une image à l’écran qui se rapproche de la personne que je suis dans la vraie vie. C’est vrai que c'est toujours un peu troublant de se trouver en décalage, en termes d’âge, avec les personnages que l’on te propose. J’ai longtemps couru après une crédibilité de vraie femme dans les personnages que j’incarnais, pour casser cette étiquette que l’on m’a collée assez tôt. En même temps, je ne vais pas non plus m’en plaindre. Je ne revendiquais pas particulièrement cette image, mais cela servait les rôles que pas mal de réalisateurs ont pu me proposer.

Tu es une actrice connue, qui a souvent tenu le rôle principal des films dans lesquels tu as joué. Il y a eu récemment des actrices, comme Maggie Gygenhall ou Anna Kendricks notamment, qui se sont élevées contre le sexisme ambiant dans le milieu du cinéma. Kering a également organisé une série de discussions durant le dernier festival de Cannes pour discuter de la place des femmes dans l’industrie cinématographique. De manière générale, les femmes auraient plus de mal à décrocher des premiers rôles, et à être payées, à apparition égale à l’écran, de la même façon que leurs collègues masculins. Qu’en penses-tu ? Je ne pense pas avoir personnellement été moins bien payée, mais par contre moins bien servie en termes de rôles, oui ça c’est certain ! Les femmes, pour la majorité du public, c’est intéressant entre 20 et 25 ans. Là oui, tu trouves de beaux rôles féminins. Après, ça devient bien plus difficile ! En termes de grands rôles féminins sur la tranche d’âge qui va de 30 à 45 ans, le choix est bien plus étriqué. Du coup, tu te retrouves avec une concurrence forcément accrue entre actrices, avec un nombre de candidates très important pour un même rôle. C’est regrettable car quand tu y penses, il y a tant à jouer, à dire, à exprimer concernant cette catégorie de femmes. Il y a selon moi un travail à faire au niveau de l’écriture des scénarios, de ce que le cinéma peut apporter en termes de représentation du réel, et cela passe par une représentation plus importante des femmes à l’écran. En termes de parité, tu trouves pas mal de femmes productrices, de plus en plus de réalisatrices… Mais tu as encore si peu de femmes scénaristes ! Ceci explique peut-être cela. Souvent, en tant qu’actrice, quand tu arrives 9


sur un rôle, tu dois intervenir pour que ton personnage soit plus étoffé et gagne en importance dans la trame de l’ histoire. Cela a aussi été le cas sur La résistance de l’air. J’ai dû faire avancer le rôle au fil de discussions avec l’équipe. Pourtant, équilibrer l’importance des rôles entre les hommes et les femmes dans un scenario et à l’écran, c’est aussi un gage de réalisme et de qualité pour ton film ! Donc oui, à ce niveau, il m’est déjà arrivé d’avoir à me battre. Mais cela ne me dérange pas de me battre. C’est stimulant. C’est une chance, que d’avoir en tant que femme la possibilité d’infléchir les choses et de se battre ! Nous avons la chance, en France, de ne pas être dévalorisées ou muselées. Comment est venu le projet de ce film ? Je connaissais les scénaristes, et Réda et moi avions très envie de travailler ensemble. Ce film, c’était une très belle occasion de concrétiser ce désir de collaboration. Et puis il y a eu la rencontre avec Fred Grivois, le réalisateur. J’ai tout de suite accroché avec sa motivation et son univers. Il a une culture cinématographique très anglo-saxonne qui n’est pas du tout la mienne. Il m’a conseillé de revoir des films de Villeneuve, de Cronenberg avant le tournage, pour que je m imprègne d’un certain style de film noir. Je n’ai pas hésité à travailler avec lui. Il a réalisé un travail superbe sur le son et les couleurs dans ce film. C’est très ciselé. Tout est à l’image du sport que pratique le personnage de Vincent. Le tir, cela a un côté très méditatif. Cette économie délibérée dans les échanges entre les personnages, dans les couleurs, dans les sons, cela sert à renforcer le côté dramatique de chaque action, et à mieux mettre en valeur chaque moment, chaque mécanisme du drame. Qu’est-ce que tu attends du cinéma français aujourd’hui ? J’aimerais y trouver une plus grande diversité. 10

Il y a une bonne fréquentation en salles, mais pas forcément bien répartie. Une grande part des budgets part vers le cinéma de divertissement, certains projets sortent directement en e-cinéma et non plus en salles. Les financiers sont de plus en plus frileux. Cette année, il y a deux projets de films dans lesquels j’étais impliquée qui ne se sont pas montés par manque de financement. C’est une période de transition. J’aimerais que le cinéma français trouve ses marques, que chaque type de cinéma puisse avoir encore une place au soleil. J’aimerais que l’on valorise les scénaristes, que l’on soit moins "l’efficacité" ; que l’on laisse aussi une place aux jolies perles, et pas seulement aux grosses machines commerciales. Le cinéma, cela doit rester de l’art. Le film qui t’a marqué récemment ? Mommy, de Xavier Dolan. Énorme claque, ce réalisateur est impressionnant de talent. Quels sont tes projets actuellement ? Tes souhaits ? J’ai un très beau projet, celui de tourner sous la direction de mon mari (Kim Chapiron, ndlr). Cela devrait débuter l'année prochaine. J’ai aussi un beau projet en cours d’écriture avec Fabienne Berthaut (réalisatrice de Pieds nus sur les limaces, avec qui elle a déjà collaboré, ndlr). Et vous pouvez me souhaiter de jolis rôles, de belles rencontres. Au niveau personnel comme professionnel, je suis quelqu’un de fidèle, qui aime tisser des relations fortes au fil du temps.

— La résistance de l'air de Fred Grivois Actuellement dans les salles.


bière brassée au mexique - *corona est idéalement servie avec un quartier de citron vert.

Une , un citron vert, un rituel.*

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L’ a b u s d ’ a L c o o L e s t d a n g e r e u x p o u r L a s a n t é . à c o n s o m m e r av e c m o d é r at i o n.


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MUSIQUE T

MPK NICK KANE & TINKO CZETWERTYNSKI P

MASOMENOS — PROPHÉTIE DES ONDES

Le monde artistique est un ensemble de codes implicites auxquels il fait bon se conformer pour pouvoir "en être". Ainsi, tout le monde en est, et tout le monde moutonne tranquille, plus ou moins. Et puis parfois, la face lisse dans cet univers centré sur lui-même se fissure, et c'est dans ces cavi-

tés que viennent se loger des projets aussi ovniesques et inclassables que Totem et Tabou, le 5e album utopico-géographicoexpérimental du duo house psyché Masomenos. Le temps d'une interview, on a voyagé avec Adrien et Johanne, les deux responsables de cette création haut perchée. 13


Au niveau graphique, musical, conceptuel, il y a un lien très fort entre votre imaginaire et l'Amérique du Sud. Adrien : Comme tous bons Français qui ont été gosses pendant les années 80, on a été marqués par les Cités d'Or, et je crois qu'il ne faut pas le nier, car ça a clairement impacté notre imaginaire. Surtout les 2 minutes de documentaire à la fin, où tu voyais des Mayas et des pyramides pour de vrai. Ça, ça a nourri pas mal de rêves. Et puis la première fois que Johanne m'a retrouvé en voyage, c'était au Mexique et au Mexique, on te donne du « masomenos » en veux-tu en voilà. Masomenos, ça veut dire quoi ? Johanne : Ça veut dire « plus ou moins ». C'est une expression en Amérique du Sud qui est employée assez souvent et où on ne te garantit pas réellement la suite. Par exemple, tu commandes un coca, et si on te ramène un fanta, c'est cool. Voilà, en gros, c'est ça. Le premier boulot qu'on a eu avec Adrien, c'était de faire la musique d'un défilé de mode, fallait qu'on trouve un nom pour signer le projet, on revenait du Mexique et ce nom-là semblait évident. L'Amérique du Sud, c'est aussi une terre d'hallucination, non ? A : Oui, c'est vrai qu'il y a là-bas toute une culture du "voyage". Au Mexique, par exemple, il y a un forte tradition liée au Peyotl. Au Pérou, il y a une plante qui s'appelle le San Pédro, qui est également un cactus qui peut être considéré comme le grand frère du Peyotl et qui a les mêmes principes actifs. Et puis après, tu as l'Ayahuasca, qui est une liane que l'on trouve en Amazonie… J : Oui, tout cela est surtout employé comme médecine sacrée, ce n'est pas vraiment récréatif. A : Ce qui est un peu navrant, c'est que c'est devenu une mode. Maintenant, y'a des bus de touristes qui prennent ça comme s'ils faisaient de la plongée sous-marine. 14

Ce genre d'expérience, ça vous a servi ? A : Je ne pense pas que « servi » soit le bon mot. J : Disons que ça nous a plutôt ouverts, oui, ça ouvre de nouvelles manières de regarder. Et une fois que tu as changé de focale, tu peux démultiplier les points de vue différents. Cette gymnastique-là est vraiment très riche. A : J'ai surtout retenu quelque chose de tout ça : ado, je pensais que la magie c'était de passer à travers les murs. En fait, le vrai truc magique, c'est que le mur t'arrête. Comprendre ça, ça t'empêche de te perdre dans des écrans de fumée. Restons dans la pensée magique et parlez-moi de votre projet Totem et Tabou. A : C'est donc le 5e album de Masomenos. J : Mais qui se présente sous une forme un peu différente. A : Oui, on ne va pas le sortir en une série de vinyles et un CD, comme c'était souvent le cas. Là, pour le coup, c'est un grand morceau de 70 minutes écrit autour d'un thème avec des improvisations. Tout a été joué, pas de samples, pas de collages et on a trouvé un petit code qui nous a permis d'interpréter notre musique par de la lumière. On a concrétisé tout ça par des masques comme vecteurs graphiques, auxquels il fallait un écrin : du coup, on a construit cette fameuse hutte que tu as pu expérimenter récemment. Oui, c'était bien planant d'ailleurs. J'ai l'impression que sur ce coup, vous avez voulu vous connecter à un public plus large… A : Oui, c'est important de noter que pour les 4 premiers albums, on faisait de la musique qui s'adressait principalement aux clubbers. Du coup, cette musique, on la partageait toujours dans des environnements festifs. Là, y'a réellement une volonté de pouvoir triper autant que dans un club, mais avec nos grands-mères et nos gosses.


“EN FAIT, CETTE FRÉQUENCE « ENFANTINE » CORRESPOND À UNE ÉNERGIE MAXIMUM D'APPRENTISSAGE. JE CROIS QU'IL FAUT ESSAYER DE GARDER ÇA DANS NOTRE VIE QUOTIDIENNE.” 15


Totem et Tabou We are Masomenos Album en tĂŠlĂŠchargement avec Ă une appli gratuire reproduisant virtuellement la hutte sur www.welcometomasomenos.com 16


Idéalement, vous aimeriez l'installer où, cette hutte ? A: Un parc ou un lieu public. Ça fédère les gens, ça crée une certaine immersion, un ressenti commun… Le rêve, ce serait un endroit dans la nature, ouais. J : En fait, avec cette hutte, on travaille sur le concept d'hétéropie. C'est-à-dire ? J : Je ne ferai pas mieux que Wikipédia pour te le définir : L'hétérotopie, du grec topos, « lieu », et hétéro, « autre » : « lieu autre » est un concept forgé par Michel Foucault dans une conférence de 1967 intitulée Des espaces autres. Il y définit les hétérotopies comme une localisation physique de l'utopie. Ce sont des espaces concrets qui hébergent l'imaginaire, comme une cabane d'enfant ou un théâtre. Avec cette hutte qui ressemble finalement à un ventre maternel, votre univers graphique, vos références aux Mystérieuses Cités d'Or, ne situez-vous pas votre art dans une zone régressive et enfantine de l'esprit humain ? J : Oui, c'est vrai qu'on parle ce vocabulaire-là. En fait, cette fréquence « enfantine » correspond à une énergie maximum d'apprentissage. Je crois qu'il faut essayer de garder ça dans notre vie quotidienne, essayer de conserver cette énergie et cette innocence, mais avec beaucoup de sérieux. Vous qui avez une vision assez riche de la réalité, pour vous, quelle est la véritable énergie de la musique ? A : Bon, la démonstration n'est pas à faire, la musique a clairement un effet sur les gens. C'est très empirique : tu peux avoir la chair de poule, avoir peur… Y'a donc un tas d'émotions qui sont influencées par la musique. Maintenant, ce qu'on est en train de réaliser, c'est qu'au-delà des émotions, notre programme, nos molécules, nos cellules, nos acides aminés

eux-aussi réagissent à ces stimuli que sont le son, le rythme, etc… Là, il y a des recherches scientifiques sur quelque chose qui s'appelle les protéodies, et on s'aperçoit qu'en exposant des plantes malades à certaines fréquences, on arrive à les soigner. On peut aussi rendre des plants de tomates plus robustes, etc… J : Oui, et en fait, chaque personne réagit différemment à ces protéodies. Ce sont des petites mélodies qui activent ou inhibent la synthèse de certaines protéines. Adrien, on t'a déjà dit que tu ressemblais à Villalobos ? Ça t'a jamais joué des tours ? A : Il y a quelques années, on était partis en Roumanie à un festoche voir Raresh et Arpia. On a été accueillis super gentiment par l'organisateur, qui nous a filé des bracelets. On rentre dans le truc, et là, mouvement de foule, j'ai l'impression d'être une star, je ne comprends pas ce qui arrive. Quand ça t'es jamais arrivé, c'est super étrange d'avoir 50 personnes autour de toi qui veulent te toucher. Petit à petit, je me rends compte que les gens me prennent pour Ricardo Villalobos. Je me retrouve donc avec 2000 Roumains affamés qui veulent voir leur héros… Finalement, ce qui a été très amusant, c'est que lorsque Ricardo est arrivé un peu plus tard, y'avait toujours des mecs qui voulaient prendre des photos avec moi, et quand je leur montrais Ricardo sur scène, ils me disaient : « Mais c'est pas grave, on fait la photo quand même, ça ira très bien… » Vous avez des rôles bien définis dans votre couple ? J : Oui, Adrien, c'est un ballon gonflé à l'hélium et moi, je suis un petit bonbon attaché à ce ballon pour faire contre-poids. Comme ça, il ne s'envole pas trop haut, et moi, il me donne de la légèreté.

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LITTÉRATURE T

TARA LENNART

LES MOTS DE MINUIT

Blanche comme une page, la nuit s’inscrit aux abonnés absents. Pas de marchand de sable à l’horizon ni de pilules magiques pour baver dans les bras de Morphée. Ne cherchez plus,

lisez. Et dans votre lit, c’est encore mieux ! Vous aurez une bonne raison de ne pas dormir… Et de profiter des longues et chaudes nuits d’été. 19


A Dada Burkhard Bilger Il y a des gens qui aiment le rodéo, même s’ils sont vegans. Enfin qui auraient bien aimé être cowboys et pratiquer le sport le plus dangereux du monde (et sans doute l’un des plus crétins). La lecture de ce petit livre ciselé, entre reportage et roman, devrait en faire réfléchir plus d’un sur la réalité de cette invention tout en leur apprenant ses codes et nuances. YIHA ! — Éditions Allia Le Paradis des Animaux David James Poissant Des nouvelles saisissantes qui dressent le portrait d’une Amérique tout en fêlures et en fragilités, loin des losers brutaux ou des ratés acides que l’on croise souvent. Les personnages de ces textes dansent sur un fil, leur vie, entre humour et mélancolie, entre douceur et fatalisme avec un petit quelque chose, pas de Tennessee, mais en plus dans leur parcours qui les rend terriblement attachants. — Éditions Albin Michel Médium les Jours de pluie Louis-Stéphane Ulysse Un médiocre agent artistique part aux ÉtatsUnis et se retrouve médium à L.A. Loufoque, vous avez dit loufoque ? Entre rock et fantastique, entre humour et tendresse, le nouveau roman de LSU se lit d’une traite, une bande-son d’enfer dans les oreilles, comme on regarde un bon film. Il n’y a pas beaucoup d’écrivains comme ça en France… Montez le son, c’est parti pour près de 400 pages pied au plancher avec les Cramps sur vos épaules. — Éditions Le Serpent à Plumes Frank Sinatra dans un mixeur Matthew Mc Bride Il y a de fortes chances pour que votre cerveau passe aussi dans le mixeur avec ce roman entre noir et délire à la Tarantino. On ne sait jamais

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très bien où va mener cette espèce de coursepoursuite de dégénérés aussi tarés les uns que les autres, et c’est tant mieux. Par contre, c’est plus addictif à lire que du Coca-Cola colombien… — Éditions Gallmeister Dieu Le Dernier Testament David Javerbaum Démodé, Dieu ? Has Been ? Facho ? Manif pour Tous ? Eh bien, peut-être pas. En tout cas pas dans cette version revisitée et délirante des textes fondateurs des grandes religions. Dieu sort la langue de sa poche et balance, démonte, critique se moque sans manque de respect. Et ça fait un bien fou. Amen, Dieu est mon pote! — Éditions Sonatine Capharnaüm Collectif « Drôles d’idées » indique la thématique de cette revue qui paraît une ou deux fois par an, c'est selon. Selon quoi ? Selon. Les excellentes éditions Finitude donnent ici matière à réfléchir avec ces quatre nouvelles d’auteurs des XIXe et XXe siècles, réunies dans le but d’illustrer l’idée des « drôles d’idées ». Il paraît que la nuit porte conseil (et ce n’est sans doute pas pour rien si le logo de la maison est une espèce de hibou aux grands yeux bien ouverts). — Éditions Finitude Le Cafard hérétique Collectif Et une autre revue, avec des auteurs vivants et même bons vivants au menu. Ce cafard-là s’immisce dans votre cerveau, dans les recoins de votre esprit et de votre culture. Il bouffe les neurones et vous embarque dans des coins sombres, dans des poèmes, des pamphlets, des nouvelles qui naviguent sur des eaux agréablement troubles. — www.lecafardheretique.fr


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ROMAN PHOTO p

STÉPHANE ARNOUX modèle LA MUSARDE BREVESDENUITS.TUMBLR.COM

la suite sur

BRÈVES DE NUITS

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CINÉMA T

PIERIG LERAY

LES SORTIES DE L'ÉTÉ 1 mois, 4 films, 4 avis. Le problème ? On ne les a pas vus. Critiques abusives et totalement infondées des meilleurs/pires films du mois.

Love de Gaspard Noé

Tale of Tales de Matteo Garrone Je salivais déjà lors de sa présentation à Cannes, ma bave tiède et Matteo Garrone m’ont forcément donné raison. La Belle excentrique vient déranger ; là où le fantastique miaule timidement, elle, subit morphing et absurdité brillante, s’élève de sa beauté plastique dans un conte vigoureusement cannibale, visionnaire, et d’une contemporanéité exclusive et rare. Garrone, c’est l’avenir. On attend au tournant Jeff Nichols, son confrère de génie, qui s’attaque en novembre à la science-fiction. sortie le 1er juillet 24

Brillant dans le glauque (Seul contre tous), hypnotique dans le psychédélique (Enter the Void), Gaspard Noé s’attaque au cul avec un pseudoporno 3D. Ça se mélange les langues baveuses, se lèche les poils humides et se friquote dans un sexe salement propre. Une éjac’ en relief et un trou sans fond qui s’éternise dans une vacuité crasse, mal jouée et inutile. Même pas joli, encore moins trash, c’est la débandade complète, le fute bien sec. sortie le 15 juillet


Les Milles et une Nuits Vol.2 de Miguel Gomes Miguel Gomes a le sens exquis de la poésie visuelle, d’une tendresse infinie avec la photographie, il m’avait déjà conquis avec le sublime Tabou, je ne pouvais ne pas mentionner la suite de ses Milles et une Nuits. Schéhérazade en maîtresse de l’image, qui danse sans virtuosité dans une froid, glaciale vérité d’une peinture moderne qui effraie. Puissance sensitive et engagée, ces contes battent le fer brûlant de notre réalité. sortie le 29 juillet

Dior et moi de F.Tcheng & Amy de A.Kapadia Amy Winehouse serait attristée de ce mélodrame niveau service public pondu comme un tire-larme fossoyeur de souvenirs privés, sacro-saint d’une beauté suicidaire. Christian Dior consterné par ce dessous de jupe vide et égocentré. Du temps perdu, pour des artistes vilipendés par des documentaires ignares de la création, de son processus, de son intelligence instinctive indéchiffrable. sortie le 8 juillet

Mais aussi : Terminator Genisys de A.Taylor, sortie le 1er juillet, un terminator communiste chinois contre un capitaliste ridé (Schwarzi), mais putain, tout ce que l’on veut c’est de la baston dans le futur, pas des burns sur la Highway… (0/5), Magic Mike XXL de G.Jacobs sortie le 8 juillet, juste envi de gerber sur cette bande de rugbymen huilés à la sauce soja, ça colle et ça pue (0/5), Le combat ordinaire de L.Tuel sortie le 15 juillet, le faux bad boy à la française de Nicolas Duvauchelle, je ne peux pas me l’encadrer, c’est plus fort que moi (1/5), Les bêtises de R. et A. Philippon sortie le 22 juillet, de l’affection pour John Lambert dans cette comédie de parigots quadras à crever d’ennui dans une vie inutile (2/5). 25


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MUSIQUE T

MPK P JACOB KHRIST

JÉRÔME PACMAN — ÊTRE ET TEMPS Sans doute est-il un peu saoulé qu'on lui ressasse sans cesse son glorieux passé, mais c'est un fait, Jérôme Pacman fait partie de la légende de la techno française. Ceux qui ont quelques kilomètres au compteur se souviendront de ses sets larmes (gouttes ?!) à l'œil lors des soirées Mozinor, tandis que les plus jeunes d'entre vous seront invités à réviser

leurs classiques, histoire de comprendre de quels mythes le personnage est fait. Même si l'alcool ne fut pas nécessaire pour délier les langues, nous avons quand même bu, et discuté de psycho, de diable au corps, de Djing, des vicissitudes de la vie et de plateau d'huîtres… Entretien avec un vrai vrai bon mec. Ouais. 27


“Y'A TOUTE UNE PARTIE DE LA SCÈNE QUI JOUE SUR CE CÔTÉ HYPNOTIQUE, ÇA PERMET DE DÉPASSER CERTAINS ÉTATS PAR LA RÉPÉTITION. L'ÉGO EST EN PLEINE DISSOLUTION, C'EST PLUTÔT SAIN.” 28


Peu de gens savent que tu as fait des études de psycho. Avoir lu Freud et Lacan, ça t'a aidé pour ta longue carrière ? Peut-être… Peut-être que ça me donne des outils pour analyser la musique quand je la joue ou que je l'écoute. Pour l'anecdote, à 20 piges, quand je dansais, on m'appelait « le psychanalyste » sans que l'on sache que je faisais de la psycho, c'était assez marrant. Pourquoi tu t'es dirigé vers cette matière ? C'était surtout pour mieux connaître l'être humain. C'est par la philo que je suis venu à la psycho. Au lycée, je suis tombé sur un super prof de philo. Là, tout à coup, je me suis mis à triper sur le temps, l'espace, l'esprit, les grands sujets existentiels. Par la philo, je suis donc passé à la psycho-socio. J'ai fait ces études-là en parallèle au Djing pendant 2-3 ans. Tu penses qu'il y a quelque chose de psychanalytique dans la musique électronique ? Complètement, ça peut être une thérapeutique. L'hypnose, ça peut dénouer pas mal de choses. Y'a toute une partie de la scène qui joue sur ce côté hypnotique, ça permet de dépasser certains états par la répétition. L'égo est en pleine dissolution, c'est plutôt sain. Il m'a semblé comprendre que tu avais une assez grande propension à faire la teuf. Ce diable au corps, tu l'expliques comment ? Je crois savoir d'où ça vient… Quand j'étais gosse, le mari de ma mère avait monté une petite discothèque dans notre garage, ils avaient l'habitude de faire venir des amis. À 7-8 piges, je les voyais faire la teuf et je trouvais déjà ça très sympa. Un peu plus tard, ma mère a repris un bar, tous les week-ends, les gens mettaient des sous dans le juke-boxe et dansaient ; ce truc-là m'a toujours plu. À 14-15

ans, comme c'était en province et que tout le monde connaissait tout le monde, grâce au bar de ma mère, je pouvais rentrer en discothèque. Donc oui, très tôt, j'ai aimé mettre le nez dehors en sirotant mon petit Malibu Coca. Ça, ça ne te passe pas… Non, ça fait partie de moi, et cette manière d'aimer la nuit et la musique m'a toujours permis de créer des liens avec les autres. Je suis toujours animé par l'impression que j'avais de la première fois où je suis rentré dans un club, ça m'illumine toujours autant, la découverte d'un club, l'ambiance d'une soirée… Faut garder de la spontanéité et une certaine innocence. Les conseils à donner à des Dj's avancés qui aimeraient progresser ? Déjà, faut qu'ils se mettent à la production. Aujourd'hui, c'est la production qui te fait connaître plus que le Djing. Après, pour bâtir un mix, j'ai pas vraiment de conseils, je marche vraiment à l'instinct. Par exemple, je n'ai rien contre un mix de 3 heures sur le même bpm qui décline la même idée à l'infini. On a l'impression que c'est toujours la même chose, mais en fait, chaque disque valide celui d'avant, et l'idée est de plus en plus prononcée à mesure que les choses avancent, tout se passe dans les nuances. Ça, c'est vraiment super intéressant. Après, faire des ruptures en plein milieu d'un mix, je trouve ça très bien aussi, y'a des mecs comme Romain Play qui sont très forts pour faire ça. Non, vraiment, y'a pas de façon de faire, parce qu'une fois qu'on s'enferme dans un style, on est bloqué par les automatismes. Faut de la technique, c'est sûr, mais une fois qu'on a cette technique, on n'y pense plus, et c'est à partir de là que l'on devient Dj. Quand Greg G dit que tu es l'essence du Dj, ça te fait quoi ? Je pense qu'il dit ça par rapport à la manière que j'ai de mixer. Quand il dit « essence du Dj », c'est sans doute en référence à ce côté large 29


de ce que je peux jouer, et aussi à ma manière "très mixée" de jouer, on en revient toujours à la façon de faire un troisième "disque" à partir de 2 disques. Greg, il me connaît depuis les débuts, ça doit être mon premier fan quasiment. Au début, il écoutait des choses plus costaudes, et il m'a dit récemment que mon son l'avait complètement ouvert sur des choses plus riches musicalement. En 20 ans de carrière, c'est quoi le truc le plus dur à encaisser ? Quand t'es en haut de l'affiche, tout le monde te lèche, et quand ça marche moins bien, on te tourne le dos. Se faire encenser, et 3 ans après, se faire démonter, c'est un peu hardcore. Le problème, c'est qu'on ne te permet pas vraiment l'erreur. Aujourd'hui, j'ai quand même l'impression qu'on est plus tolérants, un peu plus détendus. Ouais, à une époque, c'était plus dur, si un soir t'étais pas vraiment en forme sur ton set, tu te faisais déchirer. Et comme y'avait pas les réseaux sociaux, le bouche à oreille avait plus de poids, donc du coup, paraissait plus véridique. Après toutes ces années passées dans la teuf, qu'est-ce qu'on n'a plus envie de se mettre comme substances ? La plupart (rires). Les cartons, les machins comme ça… j'ai bien aimé les quelques expériences que j'ai eues avec le LSD 25, mais j'en ai jamais pris des masses non plus. Ce que les gens peuvent se mettre dans le cornet, pour toi, ça influence beaucoup une soirée ? Tout le monde fait vraiment ce qu'il veut de ses fesses, je ne suis contre rien. L'important, c'est de ne pas avoir une approche trop destructrice : le seul truc qui me désole, c'est de voir des gens se la coller en teuf comme s'ils vivaient leur dernier jour, alors qu'en fait, ça devrait être leur premier.

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Pour toi, la musique électronique estelle toujours aussi libertaire ? Oui, elle véhicule toujours un certain nombre de principes que l'on peut qualifier de "libertaires". Par contre, je n'ai jamais trouvé que cette musique était "sexuelle", je ne la trouve pas faite pour se rencontrer de cette manièrelà, je pense que c'est plus fin que ça : on est plus dans des rapports de consciences que dans des rapports physiques. Après, oui, sortir dans une soirée, c'est toujours s'ouvrir à un espace de liberté, s'il n'y avait plus ce côté, j'aurais arrêté la musique depuis un bon bout de temps. Parfois, tu n'es pas un peu frustré de ne pas avoir la reconnaissance internationale que tu mériterais ? C'est vrai qu'à un moment, je suis retombé. Mais cette reconnaissance, je l'ai eue, donc du coup, je ne suis pas vraiment demandeur. Les allers-retours, les avions du jeudi au dimanche, tout ça, je l'ai fait. Après, c'est vrai que j'aimerais bien que ça recommence plus sérieusement, sans que ce soit obligatoirement la folie. Je sais pas, à une époque, j'ai pas beaucoup produit, j'étais pas forcément content de ce que je faisais, je n'étais pas très assidu non plus. Je suis resté longtemps Dj parce que je préférais faire ça que de rester dans un studio, j'ai beaucoup écouté, je me suis aussi mis pas mal en retrait pour digérer. Là, effectivement, je me sens mieux pour ça, mes dernières prod' ont plutôt des bons retours, ça m'encourage vachement pour l'avenir. Ton petit remède "Pacman" contre la gueule de bois ? Là, j'ai trouvé un produit fabuleux qui s'appelle Véga 1, c'est un concentré de vitamines naturelles, et c'est assez incroyable. Ça ressemble à une soupe assez épaisse, et ça te met la patate pour la suite des opérations. Sinon, une bonne douzaine d'huîtres, c'est hyper efficace aussi.


Merry Go-Round EP La Vie en Rose https://soundcloud.com/jeromepacman 31


PLAYLIST P

RAPHAEL NEAL

VICTORINE

Nous avions déjà eu l'honneur de recevoir son titre Fukushima, femme fontaine lors de la sortie de notre compilation OBJET SONORE en 2012. 3 ans plus tard, Victorine nous redonne rendez-vous avec son EP Désunis de l'Univers sorti sur Parissi la Musique/IDOL. Voilà donc de la bonne pop régressive et un brin schizoïde, détournant les codes des génériques des dessins animés japonais de 32

notre enfance (Désunis de l'univers) ou réactivant la légèreté de la synth pop française des 80's (T'es loin). À noter, le remix du titre éponyme par l'un de nos héros, Julien Plaisir de France. Elle a joué le jeu ce mois-ci de la playlist nocturne, en nous gratifiant de quelques calembours de qualité. Bravo Victorine. Vraiment.


1. YAN WAGNER ELEMENTARY SCHOOL Y'a un jeu de mots avec un enfant ou un chat qui meurt. Au choix selon notre humeur « your kid is dead / your kitty's dead ». C’est à la fois nostalgique et dansant. Ça me donne envie de retourner à l’école en écoutant Cambodia de Kim Wilde sur mon walkman tout en semant des grains de Tang sur le pavé. 2. VICTORINE FUKUSHIMA FEMME FONTAINE Présent sur votre complilation Objet Sonore. Promo compte double donc. Un titre dont la tracklist est située entre Christophe et Koudlam. Une compilation originale à acheter au plus vite avec David Lynch, Brigitte Fontaine, Tomorrow's world (JB Dunckel et Lou hayter) Sylvie Vartan, Echö etc. 3. KUMI SOLO CŒUR FRAG Notre Lio japonaise. C’est un petit soleil levant qui donne la banana (split). Nous avons un duo ; Les Demoiselles de Roquefort, pour jouer en co-plateau ( de fromage). 4. GAINSBITE AMOUR ANIMAL Une des nombreuses parodies de Kim. Un genie prolixe. On aime le clip (fait à l’iPad) avec la vision subjective d’un chien sur sa maîtresse sur un trottoir mouillé. Il n’y a rien de pervers dans les paroles c’est juste la façon de chanter à la Gainsbarre qui transforme le propos. Et on aime ça hein "petite chienne" ? À entendre sur sa compilation Craignos. 5. ALINE JE BOIS ET JE DANSE et puis aussi LA VIE ÉLÉCTRIQUE À savoir que le chanteur Romain fait des imitations de Michel Serrault et de Michel Galabru. Et rien que pour ça je veux bien vivre à Marseille. Leur ville d’origine.

6. FRANCE GALL DÉBRANCHE Inrockslab saison 1, j’ai parodié ce titre à chaque ouverture d’open mic (où j’etais coanimatrice) avec les noms des groupes participants. Ils avaient envie de me débrancher. 7. FRANCE GALL BÉBÉ REQUIN C’est avec cette chanson que j’ai séduit Pierrre dans un bar de nuit à cappella lors de notre rencontre. Enfin je crois. Je lui ai peut-être fait peur finalement. L’adam de la mer. 8. ALEX ROSSI LA ULTIMA CANZONE Du rital sensuel et une musique arrangée par la bande d’Aline je crois. Ça me donne envie de manger une Calzone 4 saisons. Car c’est ArtyChaud cette musique. 9. CHRISTIAN DES PIZZAS DES MEUFS + fondu sur RADIO VALENTINO DE KIM Nous parlons à nouveau de Kim, on a le droit ? 10. LES CLOPES JE FUME DES CLOPES DANS UN BLOCKAUS NOIR PARCE QUE JE SUIS DEPRIMÉE Une façon de parler du titre la Forêt de Lescop qu’on aime beaucoup (obligée dans une playlist Nocturne) parodié par… Kim , hé oui. Gael Etienne co-arrangeur du titre de Lescop est également mon arrangeur. 11 VICTORINE DÉSUNIS DE L’UNIVERS REMIX PLAISIR DE FRANCE Il a ajouté des bruits de mouettes. Comment il a su que j’en étais une ? J’ai fait une imitation de mouette une fois pour Camille, pour son album Music Hole. J’ai signé un contrat de cession de droit avec EMI pour ça. J’ai volé très haut ce jour-là. 33


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ÉROTISME T

JULIEN BOUISSET P HOT VIDEO

TABATHA CASH — DE PORNSTAR À BUSINESS WOMAN Sacrée première reine du X, dès 1992, Tabatha Cash a toutefois décidé de stopper sa carrière après un an et demi de bons et loyaux services. Après vingt ans de retraite aux États-Unis, elle a repris l'an dernier par la force des choses les rênes de Hot Vidéo.

Céline Vardon de son vrai nom s’apprête désormais à lancer une application de rencontre Cash, CEE 1er septembre, histoire de pérenniser, encore une fois, les comptes du plus gros magazine pornographique français. Rencontre explosive. 35


Vous avez grandi dans une cité HLM, en banlieue parisienne. Adolescente, votre quotidien était rythmé par de nombreuses "conneries", comme vous le dites. Était-ce un moyen de vous affirmer ? J’ai toujours eu un tempérament de feu. Mon enfance et mon adolescence ont été très heureuses. Certes, le quotidien était modeste, les fins de mois étaient difficiles, comme les débuts d’ailleurs, mais nous étions une famille unie. Après, est-ce que vivre en cité m’a abîmée ? Pas du tout. Le bon comme le mauvais, je ne veux pas le changer. Sinon, je n’aurais plus la même vie. Je referais donc les mêmes erreurs, toutes, dans le même ordre. Même lorsque vous fréquentiez le militant d'extrême droite Serge Ayoub, alias « Batskin » ? Cela fait partie des "conneries" que j’ai faites. Mais est-ce que j’étais skinhead pour autant ? Évidemment que non. Quand je suis sorti avec Serge Ayoub, j’étais âgée de 15 ans tout au plus. On parle d’ailleurs d’une histoire qui a duré quelques jours, sortie dans la presse à l’âge de 18 ans, alors que je commençais à faire parler de moi, à tort ou à raison, en Tabatha Cash. Si on avait dû faire des couvertures avec tous les garçons que j’ai fréquentés quelques jours pendant mon adolescence, il n’y aurait plus eu de place pour l’actualité. À 18 ans, vous décidez de vous lancer dans le milieu du X. Qui vous met le pied à l’étrier ? C’était l’époque des "Zoulous", de la "dépouille" dans le RER, des pickpockets aux Halles. Je fréquentais des jeunes qui, comme moi, voulaient beaucoup plus que ce qu’on leur donnait. Avec cette dizaine de garçons, issus de l’immigration, par petits groupes, nous faisions des allers-retours sur le RER B, quelques 36

fois le C quand il était tard, pour voler les voyageurs. Après quelques mois de "dépouille", la police les a tous fait tomber. J’étais la plus jeune, la seule fille de la bande, sans argent. Il faut savoir qu’à 15 ans, j’étais habillée comme une bourgeoise, avec des Weston aux pieds de toutes les couleurs, et de l’argent dans les poches. Ma mère n’avait pas les moyens de me faire vivre ce train de vie. Quelques mois après, j’ai eu aussi des problèmes avec la justice et j’ai dû rembourser une grosse somme d’argent. Il fallait faire vite, pour éviter des ennuis à ma mère. Je ne pouvais cependant pas me contenter d’être payée au salaire horaire habituel car cela m’aurait pris des années pour m’acquitter de cette dette. Dans les petites annonces, j’ai donc trouvé un club de photographes amateurs qui recherchait des modèles portrait. Une heure passée avec eux était payée 500 francs, soit l’équivalent d’un week-end complet de travail. Après quelques shootings, l’un d’entre eux m’a proposé cinq fois plus, pour faire du nu artistique. C’étaient de vrais passionnés de photo qui gardaient les clichés pour eux. Mais de fil en aiguille, ils m’ont mis en contact avec un homme qui faisait des photographies pornographiques. Là, encore, il multipliait le prix du salaire. J’ai donc très peu hésité. L’argent a-t-il toujours été votre seule motivation ? La seule et l’unique ! Et quitte à faire des films pornographiques, j’ai décidé d’être la première, la meilleure des actrices. Non pas parce que j’avais un besoin de reconnaissance ou de notoriété, mais pour avoir le plus d’argent possible. J’arrivais à l’heure, je faisais ce que j’avais à faire, j’empochais mon salaire et je m’en allais. Je ne fréquentais jamais le milieu. Il faut savoir qu’à 16 ans, je ne me mettais même pas les seins à l’air sur la plage ! Et du jour au lendemain, je faisais la Une des magazines les plus chauds de France. Cela a été un choc énorme pour ma mère et mon père, lorsqu’ils l’ont appris.


“QUITTE À FAIRE DES FILMS PORNOGRAPHIQUES, J’AI DÉCIDÉ D’ÊTRE LA PREMIÈRE, LA MEILLEURE DES ACTRICES. NON PAS PARCE QUE J’AVAIS UN BESOIN DE RECONNAISSANCE OU DE NOTORIÉTÉ, MAIS POUR AVOIR LE PLUS D’ARGENT POSSIBLE.” 37


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Viens ensuite, très vite, la consécration : une vie ultra-médiatique, des tournages aux États-Unis, en Italie, des scènes avec la star Rocco Siffredi. Mais un an et demi seulement après vos débuts - et plus 50 films, vous décidez de vous retirer de cette industrie, en 1994. Pourquoi ? Je n’avais plus besoin d’argent. En réalité, cela faisait quelques mois que je venais d’arrêter de tourner. Ma mère était déjà au courant de ce choix. Mais on devait me remettre pour la seconde fois le Hot d’Or de la meilleure actrice européenne, en 1994. Mon mari, Franck Vardon, fondateur de la revue Hot Vidéo, avait peur de truquer cette cérémonie et faire en sorte que je ne reçoive pas ce prix. Ils ont donc attendu que l’on me remette ce Hot d’Or pour révéler la nouvelle, dès le lendemain, au cours d’une conférence de presse. Vous décidez de tout quitter et de partir avec Franck Vardon aux États-Unis, après être passée notamment par Canal+ et Skyrock. Vingt ans d’exil en Floride. En janvier 2014, votre époux décède. Pourquoi avoir décidé de reprendre aujourd’hui les commandes d’Hot Vidéo ? Je l’ai fait car la société avait un potentiel. J’ai vécu pendant vingt ans avec ce magazine, fondé par mon mari. Au-delà de la loyauté que j’avais pour lui, je ne voulais pas le laisser aux mains d’un autre. À son décès, Hot Vidéo était au bord de la rupture et devait fermer. La personne qui avait pris sa suite allait contre mes intérêts et ceux de mes enfants. J’ai donc commencé une guerre que j’ai gagnée. Cette année, nos comptes sont de nouveau dans le vert. Et si on ne gagne pas d’argent avec nos magazines, notamment Hot Vidéo, qui a fêté ses 25 ans d’existence, il reste pour nous une véritable vitrine. Quoi qu’on en dise, ce magazine est toujours leader dans la presse pornographique et fait par de véritables journalistes.

L'industrie pornographique s’est dégradée depuis votre retraite outre-Atlantique. N’est-ce pas trop compliqué d’être une business woman à la tête d’une entreprise du X ? Si la question est « Me fait-on du pied sous la table quand on signe des contrats ? », la réponse est non. Il n’y a jamais d’ambiguïté. La seule chose : les personnes avec qui je déjeune dans un cadre professionnel se sentent obligées de payer l’addition, par courtoisie. Ce qui est, je l’avoue, très plaisant. Vous comptez d’ailleurs réinventer la marque via une application de rencontre mobile. Est-ce cela, l’avenir de la pornographie ? C’est le nôtre ! Cette application de rencontre Cash a vocation à être grand public, donc n’aura pas de lien véritable avec Hot Vidéo. On pourra tout trouver sur cette application : une amitié, le grand amour, un plan d’un soir, une partouze… Sans perdre de temps. Elle sera lancée le 1er septembre prochain et aura des fonctions inédites que les autres, comme Tinder ou Happn, n’ont pas. Que manque-t-il au porno aujourd’hui ? L’amour ? L’érotisme ? Les gens consomment toujours du porno, mais de manière différente qu’il y a 20 ans. Dans les années 90, les réalisateurs pornographiques travaillaient leurs plans, leurs scénarios. L’heure n’était pas au gonzo. Il y avait encore des grands réalisateurs. Dorénavant, les productions n’ont plus les moyens de produire des films à gros budget. L’industrie doit réduire ses coûts pour faire face au piratage et aux vidéos gratuites sur Internet. Si j’avais eu 18 ans en 2015, je n’aurais pas fait de porno. Non, j’aurais braqué une banque, pour gagner de l’argent. — www.hotvideo.fr

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DIVAGATION T

SYDNEY VALETTE

LA SCHUTE LA SCHUTE LE 25 JANVIAY 5348 Chèr Môman, Je sui avec mon fidèl Descuyeah Maxilase La Grande Asperj Savoureuz, nous somz en partance poor une destinafion sans vizaj. Noo montons dan 1 navion à réacfion de grand portaj: cela doit sûrement êth un Grand Voyage… Un avion à réac’ blank, kwadriréac’, bo et 9. 1-2-3 Décollage hi-hou-hi-hou, frizzon-frizzon. Quelk minute plutard, tou d’1 koo l’avion commence à piqué du nay violamant. Noo fonçons drwa en direcfion du sol de la Planèth Tertre. « Fay ta prière enculé » dis-je à mon fidèle majordomh. Mé, Miraculeuzmant, l’Avion r’dress l’bout de son p’tit nay. Koncernant la suite, inuthil d’épilogay, le pilote noo dira que noo zavions tro d’bagaj en ssoute, et que la queue risk de s’ cossé d’1 minute à l’ôtre. Alors c’con, au lieu d’filer too droit à l’aéroporc le plu prosch, il s’met à fer des shimulafions de krasch en r’faisant pique du nez l’avion à fonde, pour enchayné avec des put1s d’loopingz de désespéray. Au début, j’flippay un peu, mais franchemant la m1tenant, ça passe easy….Chelou X 1000… Bon on s’poz kand mêm du coop. Tout l’monde est flippay sa mèrh mé heureuz de l’être au sol. On noos dit kon né en tr1 d’chercher un nôtre Wazau de Ferh…Sur le tarmak, noo zattendong, r’gardant l’SSiel mourant dans la 40

Nuy, les gruyes hurlant au loin leur somptueuz migrafion. Non mé j’y krwa pa?…Cérieuzeman? Les mekz ont réllemant des couyies: ils noo zont (j’déconh pô), r’fourgay un put1 d’avion à héliç… Nan mé çérieu? L’truc est rouilla sa mer, il doit bi1 date des zanné 3200. Et Klou du klou, conduy par une Femme! Ahahahahahah, cé un trè bon mauvé film…La Kommandanth 2 borde a fûrement dé racine zallemande, blondh ssendré aux yeux bleuz, le r’gard frwa mé cho, inçpiran 1 confiansse a-veugle mé, o point oo l’on en é, franschemand, j’en ay rein à branler…Paçk chuy pré à pariay 1 miyard de $ kon va s’rcrasher sévèrh. Et ça loop pô put1… La meuf fé cahote l’truc tan bien k’mal jusko siel d’airain, mais l’truc é tro tro vieux sa raçh, tro loordh, é, brefff, 1 heurh oo 2 plutard, nous filonz 1 fwa de + en pente dousse ver le sol, poor ratibwazé la mwatié deé maizon d’1 villaj. Dan nautre malheur, noo zavons 1 çacrée chatte, packe que persone é blessay. Noos sortons d’l’avion en panik, voyant kill prend feu… FAIM: J’suy avec Maxilase, et Glubyx , sa compagne Servante de toujoors, l’navion en pria aux flemmes devant noos, 1 narmée de zombyz sortan de tertre à l’horizon. Les embrouillajes n’fon k’komencé… Ton Fisse, Bézé


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LES NUITS “IMPOSSIBLE” fb

JACOB KHRIST

Derrick May & Francesco Tristano

Romain Play dans le Camion Bazar

Unforeseen Alliance - Zadig

Cassy après son Set

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WEATHER FESTIVAL

Derrière le Camion Bazar

Manu Le Malin

Apollonia & MR G

Karenn (Blawan & Pariah)

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GONZO T

RAPH LA RAGE

PLEIN LES YUCKS Kedge Business School Paris 9e 20H17 On y est, le monde a touché le fond. Je m’en suis rendu compte en recevant ce communiqué de presse. Il s’agit d’un kit « sac à vomi »… avec plein de trucs dedans… Ça s’appelle Yuck… La “marque“ fête son premier anniversaire. Comme c’est la mode des C.P “blague“ j’ai pensé que ca pouvait être une super idée de la sécurité routière pour se moquer des jeunes troudbalous en écoles de commerce. Mais non, c’est super sérieux… Une entreprise a vraiment inventé un concept de sac à vomi… Des gens ont vraiment investi dedans, et apparemment, il y a même des gens qui achètent… J’en ai reçu des communiqués de merde, croyez-moi. La plupart du temps je les jette dans la gueule de ma collègue Rachel en face de moi, et ça la fait marrer. Mais là j’ai eu comme une envie de m’y intéresser. Melty a très sérieusement relayé l’info dans sa grande quête de l’info de qualité. Il fallait que je m’y intéresse de plus près. La teuf avait lieu pas loin du bureau, il y aurait sûrement des petits fours et du Champagne… Allons tester ces sacs à vomi. 44

Moi qui m’attendais à une soirée bien déglinguée, je fus un peu déçu de la raideur des gens et de la frilosité des convives. Je m’attendais à une odeur de Cassoulet William Saurin, des traces sur les murs, une ambiance de fin de soirée d’école de commerce, les lacs du Connemara, la crème de la crème quoi bordel ! Un peu de chatte trempée, des vomis dans les coins, mon image était complètement faussée par ce con de Kim Chapiron… En vrai, une soirée école de commerce, c’est ultra boring. Une école de commerce, ça coûte de l’argent. Papa débourse 5000 euros par an pour que sa progéniture devienne acheteur de barbaque de cheval chez Pindus quelques années avant de faire un burn-out. Non, ce n’est pas une expression pour dire qu’une de tes couilles dépasse de ton slip, c’est comme ça qu’on appelle la crise de nerfs de nos jours, pour que Zone Interdite recycle ses vieux reportages sans faire de la redite. C’est la crise. Bref, ça coûte de l’argent à ton père de t’emmener à la dépression, et pour que l’école justifie un peu cette escroquerie à grande échelle, reconnue par l’État, parfois, elle investit dans des projets étudiants merdiques de fin d’année. C’est cer-


tainement ce qui est arrivé à Kelly et Beverly, ces deux élèves de l’ESHEC (noms des fillettes et de l’école transformés parce qu’on est des couilles molles), et qui a permis que ces deux crétines lancent leur propre marque de sacs à vomi : Yuck (nom original conservé parce qu’on n’est pas non plus chez Konbini, faut pas non plus déconner). Je rencontre Beverly, la co-fondatrice du projet le plus intelligent depuis l’invention du slip. - Pourquoi les yucks ? - Ça veut dire “beurk“ en anglais. - Et personne n’a pensé que ça voulait dire couille en verlan ? - Heu…. Non LOL. - Expliquez-moi un peu le principe. - Eh bien c’est un sac à vomi. Dedans y a des capotes, des stylos (pour prendre des 06 LOL) des chewing-gums pour après et des préservatifs féminins. (…) La présence de ces préservatifs féminins est sûrement justifiée par un partenariat à la con avec une association dont le combat est très certainement très louable mais qui doit écouler son stock car personne n’en veut. Normal, je ne sais pas si vous avez déjà essayé un préservatif féminin, surtout bourré, mais c’est un peu comme ramasser des sacs plastiques sur la Méditerranée l’été, avec sa bite. Faut être patient et avoir vraiment la dalle. Je continue l’interview la plus intéressante de ma carrière depuis celle de Sandrine Quétier à la sortie de son concert de rock. - Et admettons que j’en aie plein les yucks. Faut-il vider ses yucks ? - Tu sais, en général, les Yucks sont vendus par paquets dans des BDE, du coup, une fois que t’as

utilisé ton Yuck, tu peux le jeter et en reprendre un nouveau. Le buffet est limité à des tortillas et du guacamole dégueulasse, je pense que c’est en rapport avec le thème de la soirée. Sinon il y a des empanadas qui ont l’air pas mal mais c’est deux euros. Ils ne perdent pas le nord ces raccros. Du coup je me réfugie vers cet homme en marcel, qui porte des lentilles bleues et lui demande si c’est lui Carlos des Anges des Chtis à Las Vegas. Il me dit que non, qu’il est le barman de la soirée. Il ne sert que du rhum. Je reste avec mon nouveau meilleur ami. Je ne supporte pas le rhum, à mon avis, dans 5 minutes, je teste le sac à vomi, synchrone avec le climax du discours de la co-fondatrice. Pourtant rien n’y fait. J’ai l’impression d’avoir des problèmes d’érection. La quiche est là, je l’ai sur le bout de la langue, mais c’est marrant, quand on veut, ça veut pas. J’écoute le discours ; un discours bien brise yuck, plein de remerciements insipides et hypocrites de tous les gens qui se sont touchés pour que ce business marche… À cause de ce putain de rhum, je ne me souviens pas de toutes les marques et des BDE d’écoles qui ont déjà investi dans ces sacs à merde, mais c’est aberrant. Devant tant de prétention, de manque de lucidité face à un produit aussi merdique et reflet d’une société basée sur le rien et le commerce du rien, à l’heure où des jeunes s’explosent le crâne bourré en sortant de boite, ce discours, ces sourires et applaudissement font le travail que le rhum n’a pu accomplir. C’est bon, j’ai vomi.

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HOUSE OF MASK AU GRAND PALAIS. 18.06.2015 — fb

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FRANÇOIS CAPDEVILLE


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AGENDA

VENDREDI 3 JUILLET 20h Concorde Atlantique 15€ Tre1ze Chap.2 w/ Acid Arab, Parfait, Victor Kiswell SAMEDI 4 JUILLET 17h Café Barge Gratuit / 5€ Women are Heroes w/ Ethel & Melody, Abi, Marie Kergulen L’oiseau noir (Live) MARDI 7 JUILLET 18h Point Éphémère Gratuit / 10€ ApéroBPM w/ Flabaire, Steve Marie, Torb (Live) The Welderz MERCREDI 8 JUILLET 6h30 Le Quai 20€ Wakatepe Wake up Party w/ Jackson Thelemaque, Junior JEUDI 9 JUILLET 22h Chez Georges Gratuit La cave de chez Georges w/ Jeff, Fabrice, Connétable & Friends SAMEDI 11 JUILLET 18h Wanderlust Gratuit / 10€ House Music (All Night Long) w/ Joachim Labrande, Tom Akman, Flabaire

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LUNDI 13 JUILLET 15h La Plage du Glazart Gratuit / 10 € D.KO Open Air : Fête Nationale w/ Romain Play, Nick V, Marcel, Jacques Schom Mad Rey (Live), Secret Value Orchestra (Live) LUNDI 13 JUILLET 00h Concrete 15€ Underground Quality Night w/ Jus-Ed, Jenifa Mayanja, Arcarsenal DJ JEUDI 16 JUILLET 17h Le Djoon Gratuit Open Session by Vox w/ Vox, Gabriel (D.KO Records) VENDREDI 17 JUILLET 23H30 Le Divan du Monde 10€ / 14€ Le CamionBazar, c’est Nature w/ Nico100Coins, Fleisher & El Flosso VENDREDI 17 JUILLET 20h Concorde Atlantique 17€ Tre1ze Chap.4 w/ DJ Pone, Surkin, La Femme JEUDI 30 JUILLET 00h Rex Club 8€ Rex presents Fuse London w/ Enzo Siragusa, Seb Zito, Rossko



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