Construction&Bâtiment n°2/2023

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CONS TRUCTION & BÂTI MENT

PROJETS ET CHANTIERS DES PROFESSIONNELS DU BÂTIMENT

DOSSIER

La culture du bâti

Une transformation innovante à la Pointe Nord du PAV

Durabilité, le bois et le béton

Mission permanente de l’Inde, une architecture de symboles

UNE ÉDITION CONSTRUCTION & BÂTIMENT N°2 / AVRIL –MAI 2023
ESPACESCONTEMPORAINS.CH CHF 8.–

L’engagement pour des espaces identitaires et durables dans le contexte actuel devient un enjeu sociétal de première importance. Cet engagement passe par un décloisonnement des disciplines, de nos a priori et de nos comportements en tant que professionnels mais aussi en tant qu’individus. Comment voulons-nous vivre ? Dans quels espaces ? Quel type de lieux souhaitons-nous laisser à nos enfants ?

Dans cette édition nous consacrons un grand dossier à la culture du bâti, sa définition, sa place auprès des citoyens et ses critères de qualité. Si la notion devient progressivement un instrument politique, elle n’en reste pas moins un objet de réflexion pour répondre aux multiples défis écologiques et sociaux. D’une part, l’interprétation du bâti comme objet culturel fondamental replace l’architecture au centre d’enjeux sociaux. En effet, des espaces de qualité favorisent les échanges, une inclusion et une mixité sociale.

D’autre part, les approches constructives évoluent aussi. La suprématie du béton est temporisée par l’usage du bois aux avantages économiques et durables intéressants ; les premiers chantiers décarbonés voient le jour; les circuits courts sont privilégiés ; l’emploi de la matière est réduit ; Ces quelques exemples évoquent le retour à une utilisation plus économe des moyens et techniques, vers une architecture se mettant au service d’une décroissance. Ce qui n’est pas synonyme d’une dépréciation de l’architecture, au contraire. Cette sobriété volontaire est source d’une grande inventivité dans la construction, pour une culture du bâti de qualité.

Binder 4 CONSTRUCTION & BÂTIMENT ÉDITO
Salomé Houllier

4 Édito

ACTUALITÉS

10 Les news de l’architecture et de la construction

REPORTAGE

16 Dans l’Ouest lausannois, une architecture de l’infime

24 Maisons individuelles, trois transformations

TECHNIQUES DU BÂTIMENT

38 Bois, ce matériau noble et durable

52 Le béton n’a pas dit son dernier mot

66 Peinture et vernis, une question de couleur et de texture

DOSSIER

78 La culture du bâti, quel cadre et quels enjeux ?

PROJET

94 L’Alpole, une antenne de l’EPFL à Sion

100 Rénovation des façades de la tour « Firmenich »

112 OAK, un immeuble de logements aux Plaines-du-Loup

118 L’établissement scolaire du Belvédère à Lausanne s’agrandit

126 Cité Léopard, un nouvel îlot urbain à Carouge

134 Mission permanente de l’Inde à Genève

140 La transformation du Centre Coop à Rennaz

148 La Chiésaz Centre, à Saint-Légier-La Chiésaz

ENTREPRISES

154 Le gigantesque chantier d’isolation de deux tours

156 Des stores XXL pour la Maison de la Pêche à Genève

158 Un toit vitré de la taille d’une piscine

160 Troger, le spécialiste de l’eau

AGENDA

162 Expos, salons, congrès et formations

6 CONSTRUCTION & BÂTIMENT SOMMAIRE
CONSTRUCTION & BÂTIMENT 02/23 94 60 12 34

LE PARADIGME DE L’INDICE

L’APEMS du Vieux-Collège contribue à la réduction du déficit de structures d’accueil dans la région de l’Ouest lausannois. Entre relation à l’existant, choix des matériaux et attention portée aux détails, le projet développe une architecture basée sur une pensée de l’infime.

texte : Salomé Houllier Binder photos : Alan Hasoo

Afin de répondre à ses besoins d’accueil collectif parascolaire, la commune de Prilly propose l’aménagement d’un nouvel Accueil pour enfants en milieu scolaire (APEMS) dans des logements appartenant au Centre paroissial Saint-Étienne. Construit au début des années 1960 par l’architecte Jean-Pierre Cahen et inventorié en note 3 au recensement architectural du canton de Vaud, l’ensemble est organisé autour d’un patio végétalisé et d’une allée centrale couverte qui dessert le temple d’un côté, les programmes liés à la paroisse (salles de catéchisme, bureaux et logements de fonction) de l’autre et le foyer qui les relie. Avec son béton apparent et ses fenêtres bandeaux, le centre présente une architecture moderne typique de l’époque.

Les transformations successives ont modifié des affectations et remplacé certains éléments. La nouvelle transformation développée par le bureau Gailing Rickling porte sur deux des trois appartements se trouvant au premier étage de l’aile Est afin d’accueillir deux groupes de 18 enfants. Pour répondre au contexte et intégrer au mieux le nouveau programme, le projet adopte un langage sensible qui porte une attention particulière à chaque élément, du plus évident au plus discret.

LA CONNEXION

L’espace d’entrée est retravaillé afin de clarifier la lecture du bâtiment depuis l’extérieur. Un nouvel escalier frontal rayonnant invite à entrer. Longeant la façade en béton blanc engravé, la rampe, nécessaire pour des questions d’accessibilité, reprend une esthétique similaire: un béton apparent dont le coffrage à planchettes rappelle la modénature du bâtiment. En jouant avec ses dimensionnements –elle mesure 1,9 m de large– elle favorise une circulation fluide et permet de s’y arrêter, de s’asseoir sur son rebord, d’y jouer, faisant d’elle un véritable espace de vie.

À l’intérieur, le projet est aussi mené par une volonté de créer ou restaurer des relations entre les éléments. Tout en repensant entièrement les espaces, la structure porteuse, les gaines techniques et même une partie des cloisonnements sont conservés. Les bureaux, cuisine et sanitaires prennent place le long des façades donnant sur la rue. L’espace de vie est quant à lui disposé le long de la façade Sud-Ouest dont les longues ouvertures ouvrent sur le patio et le temple dont la façade s’anime au cours de la journée grâce à l’ombre portée du clocher. →

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REPORTAGE CONSTRUCTION & BÂTIMENT 19 2111STE Transformationdedeux appartementsenAPEMS CheminduVieux-Collège3 CH-1008Prilly 510 0 1:500 20 SITUATION

La maison, un lieu qui a souvent plusieurs vies, qui se recycle, se transforme, s’adapte. C’est souvent lors de l’acquisition ou de la transmission familiale d’un bien que d’importants travaux de transformation sont entrepris, soit parce que l’habitation est délabrée et/ou ne correspond plus aux normes énergétiques, soit parce qu’elle n’est pas adaptée aux usages des nouveaux habitants. Comment s’insérer dans l’existant? Comment agrandir sans le dénaturer? Comment valoriser l’espace déjà existant ou potentiel? Une transformation constitue toujours une occasion unique de raconter l’histoire des lieux. Comment le faire dans le respect de l’architecture d’origine ? Quelques premières pistes non exhaustives : maintenir certains éléments existants et/ou les reconstruire à l’identique, distinguer clairement le nouveau de l’ancien par les matériaux ou les couleurs, réemployer des matériaux ou des éléments sur site, révéler des formes ou des volumes existants. Zoom sur trois interventions contemporaines, trois attitudes face à l’existant.

TRANSFORMATIONS DE MAISONS, L’ART DE RACONTER UNE HISTOIRE

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CONSTRUCTION & BÂTIMENT REPORTAGE
© Olivier di Giamba ttista

L’ESPRIT DES LIEUX

À Vésenaz (GE), sur le haut d’un terrain en pente, cette maison jouit d’une situation privilégiée et bénéficie de larges vues sur le Léman et le Jura, côté jardin. La transformation récente de cette habitation villageoise en a permis une rénovation complète et l’ajout d’une extension sur deux niveaux s’ouvrant côté jardin sur le grand paysage. Les deux façades sont traitées de manière différenciée et caractérisent toute la complexité d’une intervention en milieu historique.

Située dans le secteur protégé de la route de la Capite, l’aspect initial reste maintenu côté rue; côté jardin, c’est une façade résolument contemporaine qui s’élève désormais. L’intervention valorise la substance patrimoniale d’origine, tout en augmentant de manière considérable le confort d’habitabilité. Une attention majeure a été portée sur le maintien d’un maximum d’éléments d’origine ou leur reconstruction à l’identique (charpente, toiture, planchers à solives) pour conserver l’esprit des lieux.

La maison avait déjà été agrandie une fois dans le passé. L’extension contemporaine signe une troisième «épaisseur» qui vient s’ajouter dans la continuité des deux premières. Au rezde-chaussée et à l’étage, cette tripartition spatiale qui raconte l’histoire de la maison reste bien lisible, notamment grâce aux

différentes épaisseurs de murs qui ont été maintenues et aux différences de niveaux. À l’entrée, le sol est surélevé de 15 cm. Puis, les espaces se succèdent en cascade de 15 en 15 cm en direction du jardin: une descente qui ouvre sur le paysage.

La plus grande modification spatiale a été la position de l’escalier, qui se trouvait à l’origine face à l’entrée. Il a été placé de manière latérale dans la bande centrale du plan, entre la partie qui donne sur la rue et celle qui donne sur le jardin, libérant ainsi une nouvelle spatialité. À l’étage, il mène à un vaste palier faisant office de salle de jeux et distribuant quatre chambres et une salle de bain. La chambre parentale est aménagée sous les combles, avec des percées spectaculaires sur le lac. La forme révélée de la toiture «en parapluie» confère à cet espace une atmosphère protégée et intimiste.

En finesse et avec humilité, le respect de l’architecture d’origine confère à l’intervention une résonance particulière à l’histoire de cette maison, à son caractère. Au final, naît un entrelacs de clins d’œil historiques (passages de portes bas, solives apparentes, petites ouvertures dans les murs, petits volumes) et de touches contemporaines qui révèlent et approchent l’âme de la maison.

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© Olivier di Giambattista
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di Giambattista ©
Olivier
Olivier di Giambattista © Olivier di Giambattista

UN EXEMPLE D’ÉCONOMIE CIRCULAIRE

Au bord de l’Arve, l’ancien site de l’usine Firmenich accueillera cette année une partie des fonctionnaires de l’État de Genève. La tour d’origine sera maintenue, privilégiant le choix de la rénovation et du réemploi d’un maximum de matériaux.

texte : Magaly Mavilia
© Eric Rossier

Cette tour emblématique de 15 étages s’insère à la pointe nord du vaste projet urbain du secteur Praille Acacias Vernets (PAV), situé sur les territoires des villes de Genève, Carouge et Lancy.

C’est l’un des chantiers les plus importants de la Caisse de prévoyance de l’État de Genève.

Les travaux ont débuté le 1er février 2021 et permettront de reloger une partie du personnel d’État au premier trimestre 2023. Deux possibilités se présentaient au maître d’ouvrage et au bureau d’architecture F. Baud & T. Früh SA: démolir et reconstruire, ou rénover et valoriser. C’est cette deuxième option qui a été privilégiée.

LES TROIS PILIERS DU RÉEMPLOI

« Il y a trois piliers en termes de réemploi, explique François Baud, de l’atelier d’architecture F. Baud & T. Früh SA. Le réemploi de la structure, plutôt que de démolir, le réemploi des matériaux qui peuvent être utilisés sur le site et le réemploi de matériaux qui peuvent être revendus. Dans cette rénovation, l’utilisation de nouvelles ressources est limitée au minimum indispensable et c’est une opportunité, dans toutes les phases du projet, de réutiliser un maximum de matériaux mais aussi du

mobilier, comme des tables ou des luminaires, dont la revente a pu être gérée sur site par l’association Materiuum.»

Autre exemple de réemploi, les plaques de faux plafonds seront réutilisées dans les couloirs de la tour, au même titre que des portes et des faux planchers. De même, l’ancien parement de la tour en pierre a été concassé et utilisé pour des revêtements de sol extérieurs et intérieurs. L’objectif du remploi de la pierre est aussi de revaloriser un matériau noble (granit, marbre) et de garder une mémoire de l’entreprise Firmenich.

Dans une telle démarche, le bénéfice est, dans un premier temps, d’avantage écologique qu’économique, car le propriétaire du terrain, la Caisse de prévoyance de l’État de Genève, consent à un investissement lourd. «Il est vrai que la rénovation n’est pas toujours la solution la plus économique financièrement, mais dès que l’on parle d’énergie grise et d’environnement, c’est quand même souvent une très bonne solution», analyse François Baud qui parle ici autant sous sa casquette d’architecte que celle de président de la Commission de transition énergétique de la Fédération des architectes et ingénieurs genevois (FAI), qui chapeaute, entre autres, la section SIA Genève.

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Au sommet de la tour, un espace polyvalent domine le secteur Praille Acacias Vernets ©François Baud

CÔTÉ PARC ET CÔTÉ COUR

Aux Plaines-du-Loup à Lausanne, le bâtiment OAK, une des pièces urbaines de l’écoquartier, se déploie de manière à offrir ensoleillement généreux et vue à l’ensemble des appartements.

texte : Pierre-André Rion photos : Daniele Rocco

On pouvait rêver mieux: commencer le chantier en plein Covid, en août 2020, devoir renoncer au bois de chêne initialement prévu, qui avait pourtant donné son nom au projet, pour le remplacer par du mélèze, plus disponible, faire face à des retards d’approvisionnement, parvenir néanmoins à construire rapidement tout en respectant des délais devenus plus courts. Tels étaient quelques-uns des défis relevés avec succès par l’équipe de L-Architectes et Jaguar RealEstate.

FLEXIBLE D’EMBLÉE

Pour son projet, le maître d’ouvrage, Jaguar RealEstate, souhaitait mettre sur le marché des lots de PPE pouvant satisfaire le plus grand nombre possible d’acquéreurs. Il a posé comme critère d’avoir des plans permettant une grande flexibilité dans les typologies, de manière à pouvoir, par exemple, transformer un 2,5 pièces en un 3,5 pièces sans avoir à effectuer des modifications importantes. Pour le programme, il a aussi souhaité doter l’ensemble d’espaces communs de convivialité et d’activités comme un fitness, un coworking, des terrasses…

Les 200 premiers habitants viennent d’emménager à l’été 2022 dans ce premier secteur de l’ensemble résidentiel des Plaines-du-Loup, qui comptera quelque 8000 habitants d’ici à 2030.

Les 63 appartements en PPE de l’immeuble OAK – qui satisfont tous au standard Minergie-P – sont soit traversants, soit mono-orientés sur le parc ou le chemin des Bossons. Avec une surface brute totale de 6288 m2, le projet OAK avait pour consigne une forte densité, comme l’exigeait le concours public lancé par la Ville de Lausanne, détentrice du terrain en droit de superficie.

La proportion de béton de ce bâtiment léger, dont la masse à transporter a été réduite au maximum, a été calculée de façon à respecter les standards de la «société à 2000 watts».

CONTINUITÉ PRÉSERVÉE

Le projet se déploie astucieusement dans le périmètre défini par le PPA. Le mode de composition s’articule autour du dispositif généré par les façades, une grille en béton armé au rythme très structuré et uniforme. Ainsi, on passe de la façade côté parc à celle côté cour, tout en préservant une continuité spatiale. Les différentes parties du bâtiment s’articulent de manière à garantir un généreux ensoleillement. Le même principe d’articulation offre des terrasses accessibles en toiture.

Au rez-de-chaussée, l’accès se fait depuis le parc qui dessert un couloir longeant la cour. Celui-ci est conçu comme un lieu de convivialité et de rencontre. Deux cages d’escalier, situées dans les deux ailes du bâtiment permettent d’accéder aux étages.

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JEUX DE LUMIÈRE AU BELVÉDÈRE

Posé en contrebas de l’esplanade du Belvédère, à Lausanne, un nouveau bâtiment scolaire s’insère parfaitement dans le complexe existant. Compact, il séduit par sa clarté et met en valeur des vues cadrées sur le Léman.

texte : Isabelle Jaccaud photos : Vincent Jendly

Construit en 1956 par l’architecte Marc Piccard, le groupe scolaire du Belvédère, situé au sud-ouest de Lausanne, compte plusieurs bâtiments formant un ensemble de grande qualité architecturale et paysagère. Il figure en note 2 «monument d’importance régionale» à l’inventaire cantonal des monuments historiques. Sa position dominante le dote d’une magnifique vue sur le paysage lémanique qui justifie son appellation de « belvédère ».

Les infrastructures ne remplissant plus les conditions cadres d’enseignement, l’annexe construite en 1961 sur la parcelle en contrebas doit être démolie, au vu de sa vétusté, est remplacée par un bâtiment plus grand qui comblera le manque de salles de classe. Organisé par la Ville de Lausanne, un concours d’architecture ouvert est lancé en 2018, sur le site de l’établissement primaire et secondaire du Belvédère, et porte sur la construction de nouveaux locaux scolaires, y compris une salle de gymnastique. Le bureau lausannois Butikofer de Oliveira Vernay sàrl remporte le premier prix, face à une septantaine de participants.

« L’enjeu était important, rappelle Serge Butikofer, architecte. Il s’agissait d’agrandir le complexe scolaire tout en conservant le lien avec ce lieu historique. »

PRÉSERVER LE PATRIMOINE

Le programme du bâtiment compte 7 salles de classe, 11 salles spéciales, 4 salles de dégagement, ainsi qu’un réfectoire, une salle des maîtres, un groupe santé et une salle de gymnastique. La parcelle du concours se situe en contrebas du complexe scolaire, au sud du chemin des Croix-Rouges. «L’une des contraintes exprimées lors du concours était de limiter la hauteur du bâtiment afin de ne pas dépasser l’esplanade du Belvédère pour protéger la vue», commente Olivia de Oliveira, architecte. La proportion des salles de classe se trouve ainsi légèrement réduite en hauteur, d’où un bâtiment très compact, qui préserve le site, tout en renforçant la relation urbaine avec les bâtiments existants.

L’ancien bâtiment bloquait le site, nécessitant tout un détour pour passer du bas vers le haut du complexe scolaire. Le nouveau bâtiment, lui, s’intègre avec harmonie dans ce site hors norme, articulant de manière optimale les besoins des usagers du monde scolaire. Il offre une diagonale, à l’intérieur même du bâtiment, avec la volonté claire de favoriser le passage entre la partie basse et la partie haute. L’escalier vertical avec son puits de lumière relie les deux entrées importantes du site, l’une sur le préau et l’autre, sur l’avenue Marc-Dufour. «Celle-ci offre un accès indépendant à la salle de gym qui est utilisée par des sociétés en dehors des horaires scolaires», souligne Olivia de Oliveira.

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LA SOBRIÉTÉ AU SERVICE DE SYMBOLES

Dans un site arboré, en plein cœur du quartier de la Genève internationale, la nouvelle Mission permanente de l’Inde se lit comme une architecture allégorique du pays.

texte : Pierre-André Rion photos: de Giuli & Portier architectes

Élaboré sur mandat de la République de l’Inde depuis 2009, la réalisation de ce projet au long cours est le fruit d’un travail d’équipe, développé sur la base conceptuelle imaginée par Jean-Claude Portier, architecte associé dans l’atelier de Giuli & Portier.

Si, au point haut de la parcelle, le volume bâti s’apparente à celui d’une maison individuelle, depuis l’accès principal situé au bas de la pente naturelle du terrain, l’édifice s’affiche comme un bâtiment d’État, imposant et urbain, articulé autour des fonctions d’accueil et d’évènements.

Arrivant de l’avenue Appia, après avoir passé la sécurité par un portique semblable à celui d’un aéroport, notre voyage au sein de la Mission peut commencer. Pour des raisons de sûreté, la zone consulaire, accessible au public, se distingue de l’accès principal à la Mission permanente par une entrée séparée, attenante à la loge d’accueil.

ACCUEIL ET REPRÉSENTATION

Une verrière de transition conduit aux espaces du bâtiment principal où l’on pénètre dans un vaste hall de réception éclairé par de larges luminaires circulaires. Les plafonds sont percés

de milliers d’orifices qui garantissent une acoustique sans réverbération pour des raisons de confort et de confidentialité. En marge de ce hall, la salle de yoga est propice à la méditation. Le rez-de-chaussée et le premier étage sont librement accessibles aux visiteurs invités.

Une salle polyvalente en double hauteur de 480 m2, d’une capacité de 500 personnes et dotée d’une scène mobile, permet d’accueillir des séminaires, des concerts ou des évènements culturels planifiés par la Mission. En surplomb de cette grande salle, un mur en béton apparent adresse un clin d’œil discret à la modernité incarnée à Chandigarh par Le Corbusier, avec un tracé régulateur des ouvertures conçu selon les règles dimensionnelles du Modulor.

DES COULEURS POUR DIWALI

Pour célébrer la fête traditionnelle de Diwali, les façades claires du bâtiment pourront s’illuminer par un jeu d’éclairage polychrome.

Un escalier hélicoïdal central assure la liaison entre les trois derniers niveaux de l’ouvrage. Il mène aux étages supérieurs sécurisés, réservés uniquement au personnel administratif, →

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