5 minute read

UN EXEMPLE D’ÉCONOMIE CIRCULAIRE

Au bord de l’Arve, l’ancien site de l’usine Firmenich accueillera cette année une partie des fonctionnaires de l’État de Genève. La tour d’origine sera maintenue, privilégiant le choix de la rénovation et du réemploi d’un maximum de matériaux.

Cette tour emblématique de 15 étages s’insère à la pointe nord du vaste projet urbain du secteur Praille Acacias Vernets (PAV), situé sur les territoires des villes de Genève, Carouge et Lancy.

Advertisement

C’est l’un des chantiers les plus importants de la Caisse de prévoyance de l’État de Genève.

Les travaux ont débuté le 1er février 2021 et permettront de reloger une partie du personnel d’État au premier trimestre 2023. Deux possibilités se présentaient au maître d’ouvrage et au bureau d’architecture F. Baud & T. Früh SA: démolir et reconstruire, ou rénover et valoriser. C’est cette deuxième option qui a été privilégiée.

LES TROIS PILIERS DU RÉEMPLOI

« Il y a trois piliers en termes de réemploi, explique François Baud, de l’atelier d’architecture F. Baud & T. Früh SA. Le réemploi de la structure, plutôt que de démolir, le réemploi des matériaux qui peuvent être utilisés sur le site et le réemploi de matériaux qui peuvent être revendus. Dans cette rénovation, l’utilisation de nouvelles ressources est limitée au minimum indispensable et c’est une opportunité, dans toutes les phases du projet, de réutiliser un maximum de matériaux mais aussi du mobilier, comme des tables ou des luminaires, dont la revente a pu être gérée sur site par l’association Materiuum.»

Autre exemple de réemploi, les plaques de faux plafonds seront réutilisées dans les couloirs de la tour, au même titre que des portes et des faux planchers. De même, l’ancien parement de la tour en pierre a été concassé et utilisé pour des revêtements de sol extérieurs et intérieurs. L’objectif du remploi de la pierre est aussi de revaloriser un matériau noble (granit, marbre) et de garder une mémoire de l’entreprise Firmenich.

Dans une telle démarche, le bénéfice est, dans un premier temps, d’avantage écologique qu’économique, car le propriétaire du terrain, la Caisse de prévoyance de l’État de Genève, consent à un investissement lourd. «Il est vrai que la rénovation n’est pas toujours la solution la plus économique financièrement, mais dès que l’on parle d’énergie grise et d’environnement, c’est quand même souvent une très bonne solution», analyse François Baud qui parle ici autant sous sa casquette d’architecte que celle de président de la Commission de transition énergétique de la Fédération des architectes et ingénieurs genevois (FAI), qui chapeaute, entre autres, la section SIA Genève.

C T Parc Et C T Cour

Aux Plaines-du-Loup à Lausanne, le bâtiment OAK, une des pièces urbaines de l’écoquartier, se déploie de manière à offrir ensoleillement généreux et vue à l’ensemble des appartements.

On pouvait rêver mieux: commencer le chantier en plein Covid, en août 2020, devoir renoncer au bois de chêne initialement prévu, qui avait pourtant donné son nom au projet, pour le remplacer par du mélèze, plus disponible, faire face à des retards d’approvisionnement, parvenir néanmoins à construire rapidement tout en respectant des délais devenus plus courts. Tels étaient quelques-uns des défis relevés avec succès par l’équipe de L-Architectes et Jaguar RealEstate.

FLEXIBLE D’EMBLÉE

Pour son projet, le maître d’ouvrage, Jaguar RealEstate, souhaitait mettre sur le marché des lots de PPE pouvant satisfaire le plus grand nombre possible d’acquéreurs. Il a posé comme critère d’avoir des plans permettant une grande flexibilité dans les typologies, de manière à pouvoir, par exemple, transformer un 2,5 pièces en un 3,5 pièces sans avoir à effectuer des modifications importantes. Pour le programme, il a aussi souhaité doter l’ensemble d’espaces communs de convivialité et d’activités comme un fitness, un coworking, des terrasses…

Les 200 premiers habitants viennent d’emménager à l’été 2022 dans ce premier secteur de l’ensemble résidentiel des Plaines-du-Loup, qui comptera quelque 8000 habitants d’ici à 2030.

Les 63 appartements en PPE de l’immeuble OAK – qui satisfont tous au standard Minergie-P – sont soit traversants, soit mono-orientés sur le parc ou le chemin des Bossons. Avec une surface brute totale de 6288 m2, le projet OAK avait pour consigne une forte densité, comme l’exigeait le concours public lancé par la Ville de Lausanne, détentrice du terrain en droit de superficie.

La proportion de béton de ce bâtiment léger, dont la masse à transporter a été réduite au maximum, a été calculée de façon à respecter les standards de la «société à 2000 watts».

Continuit Pr Serv E

Le projet se déploie astucieusement dans le périmètre défini par le PPA. Le mode de composition s’articule autour du dispositif généré par les façades, une grille en béton armé au rythme très structuré et uniforme. Ainsi, on passe de la façade côté parc à celle côté cour, tout en préservant une continuité spatiale. Les différentes parties du bâtiment s’articulent de manière à garantir un généreux ensoleillement. Le même principe d’articulation offre des terrasses accessibles en toiture.

Au rez-de-chaussée, l’accès se fait depuis le parc qui dessert un couloir longeant la cour. Celui-ci est conçu comme un lieu de convivialité et de rencontre. Deux cages d’escalier, situées dans les deux ailes du bâtiment permettent d’accéder aux étages.

Jeux De Lumi Re Au Belv D Re

Posé en contrebas de l’esplanade du Belvédère, à Lausanne, un nouveau bâtiment scolaire s’insère parfaitement dans le complexe existant. Compact, il séduit par sa clarté et met en valeur des vues cadrées sur le Léman.

Construit en 1956 par l’architecte Marc Piccard, le groupe scolaire du Belvédère, situé au sud-ouest de Lausanne, compte plusieurs bâtiments formant un ensemble de grande qualité architecturale et paysagère. Il figure en note 2 «monument d’importance régionale» à l’inventaire cantonal des monuments historiques. Sa position dominante le dote d’une magnifique vue sur le paysage lémanique qui justifie son appellation de « belvédère ».

Les infrastructures ne remplissant plus les conditions cadres d’enseignement, l’annexe construite en 1961 sur la parcelle en contrebas doit être démolie, au vu de sa vétusté, est remplacée par un bâtiment plus grand qui comblera le manque de salles de classe. Organisé par la Ville de Lausanne, un concours d’architecture ouvert est lancé en 2018, sur le site de l’établissement primaire et secondaire du Belvédère, et porte sur la construction de nouveaux locaux scolaires, y compris une salle de gymnastique. Le bureau lausannois Butikofer de Oliveira Vernay sàrl remporte le premier prix, face à une septantaine de participants.

« L’enjeu était important, rappelle Serge Butikofer, architecte. Il s’agissait d’agrandir le complexe scolaire tout en conservant le lien avec ce lieu historique. »

Pr Server Le Patrimoine

Le programme du bâtiment compte 7 salles de classe, 11 salles spéciales, 4 salles de dégagement, ainsi qu’un réfectoire, une salle des maîtres, un groupe santé et une salle de gymnastique. La parcelle du concours se situe en contrebas du complexe scolaire, au sud du chemin des Croix-Rouges. «L’une des contraintes exprimées lors du concours était de limiter la hauteur du bâtiment afin de ne pas dépasser l’esplanade du Belvédère pour protéger la vue», commente Olivia de Oliveira, architecte. La proportion des salles de classe se trouve ainsi légèrement réduite en hauteur, d’où un bâtiment très compact, qui préserve le site, tout en renforçant la relation urbaine avec les bâtiments existants.

L’ancien bâtiment bloquait le site, nécessitant tout un détour pour passer du bas vers le haut du complexe scolaire. Le nouveau bâtiment, lui, s’intègre avec harmonie dans ce site hors norme, articulant de manière optimale les besoins des usagers du monde scolaire. Il offre une diagonale, à l’intérieur même du bâtiment, avec la volonté claire de favoriser le passage entre la partie basse et la partie haute. L’escalier vertical avec son puits de lumière relie les deux entrées importantes du site, l’une sur le préau et l’autre, sur l’avenue Marc-Dufour. «Celle-ci offre un accès indépendant à la salle de gym qui est utilisée par des sociétés en dehors des horaires scolaires», souligne Olivia de Oliveira.