VIVRE PARIS 56

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56 LE MAGAZINE DES PARISIENS —

AUTOMNE 2023 NUMÉRO 56 — VIVRE PARIS Le magazine des Parisiens — Trimestriel — Septembre / Octobre / Novembre 2023

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Claire Wyniecki

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talents PARIS 9e

EXCLUSIF !

En immersion avec la B.R.I. de Paris Enquête

Les nouveaux défenseurs des

animaux

Dans l’atelier du sculpteur

Julien Signolet PÈRE-LACHAISE

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ÉDI TO

Le syndrome FOMO

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© Sylvia Galmot

C

et automne foisonne de spectacles, d’expositions ou d’événements grandioses alors je voudrais être partout, posséder le don d’ubiquité. Est-ce que je souffre d’une variante du syndrome F.O.M.O., acronyme de « Fear of missing out », qu’on pourrait traduire par « la peur de rater quelque chose » ? Un peu. Je crois surtout que c’est un nouvel indice : Paris est bel et bien redevenue la capitale mondiale des arts où se conjuguent exigence artistique, glamour et choix pléthorique. Alors il a fallu faire une sélection que nous vous proposons dans ces pages, ainsi que dans notre « supplément culture ». Au cours de ces derniers mois, nous avons également eu le privilège de rencontrer des Parisiens formidables que nous tenions absolument à vous présenter ! Claire Wyniecki, une pédagogue de musique en mission pour révéler le talent artistique de chaque enfant (p. 96), les policiers d’élite de la BRI, qui nous ont raconté leur quotidien au service de la protection de la Ville Lumière et ses habitants (p. 40), Cécile dont le temps libre est consacré au service des animaux en danger (p. 84) et beaucoup d’autres que vous découvrirez dans ce numéro d’automne. Bonne lecture !

Estelle Surbranche Rédactrice en chef


RÉDACTION Vivre Paris 55 boulevard Pereire 75017 Paris Directeur de la publication Yann Crabé infos@vivreparis.fr Editor at large Estelle Surbranche estelle@vivre.paris Direction artistique & Design graphique Grand National Studio hello@grandnationalstudio.com Secrétaire de rédaction Marianne Ravel Administration et finance Marjorie Batikian marjorie@vivreparis.fr facebook.com/ vivre-paris

instagram.com/ vivreparis

twitter.com/ vivreparis

tiktok.com/ @vivreparis

La reproduction, même partielle, des textes, photos et illustrations est interdite sans l’autorisation de CAPITALE PUBLISHING. Le contenu des textes n’engage que la responsabilité de leurs auteurs respectifs.

Photographes/ illustrateurs Laure Cozic Estelle Surbranche Corinne Schanté-Angelé Nora Hegedus Emilie Imbrecht Florence Valencourt Carmen Vazquez

VIVRE PARIS est édité par Capitale Publishing SARL de presse au capital de 5 000 € Siège social 55 boulevard Pereire, 75017 Paris RCS 517 815 908 Gérant : Yann Crabé PUBLICITÉ Mediaobs 44, rue Notre-Dame des Victoires 75002 Paris Tél. 01 44 88 97 70 Fax 01 44 88 97 79 Pour envoyer un mail, tapez pnom@mediaobs.com Directrice générale : Corinne Rougé (93 70) Directrice déléguée : Sandrine Kirchthaler (89 22) Directeur de publicité : Arnaud Depoisier (97 52) Distribution France MLP Numéro commission paritaire 1 224 K 90156 ISSN : 2106-9816 IMPRIMERIE Rotimpress. Girona, Espagne Photo de couverture Le Bon Ton

Contributeurs Marie Dufour Thomas Thévenoud Marianne Hesse Edie Houdaille Florence Valencourt Carmen Vazquez Loreleï Boquet-Vautor Axelle Carlier Corinne Schanté-Angelé

Ce magazine comprend un supplément culturel de 16 pages. Ne peut être vendu séparément.

ABONNEMENTS Vivre Paris marjorie@editionsvivre.fr

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Le papier de ce magazine est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées. pefc-france.org



SOMMA I RE

Culture —

L’événement : Mark Rothko à la fondation Vuitton p. 12 Rencontre avec Paula Forteza, hérault des artistes d’Amérique latine p. 16 Tout savoir sur le Futur « Grand Paris » p. 19 La Nuit, le nouveau club p. 23 Le retour de Jil Caplan p. 24 Notre sélection « Spectacles vivants » p. 26 L’histoire mouvementée des facs à Paris p. 32 Dans l’atelier de Julien Signolet, le sculpteur de formes poétiques p. 36

© Émilie Imbrecht

© Alejandra Hauser

© Galerie Mathgoth

V I V RE PARI S AU TO MNE 2023

Coulisses — Loin des fantasmes véhiculés par le cinéma ou la télé, Vivre Paris vous invite à découvrir le quotidien et la réalité des policiers d’élite de la BRI, ces hommes de l’ombre qui protègent la Capitale et ses habitants p. 40

Portfolio —

Il est l’un des premiers street artistes français et il nous a ouvert ses archives : Gérard Zlotykamien p. 52

Food —

TOP 20 Les meilleurs bars à vins de la Capitale : bonnes bouteilles, délicieuses assiettes et bonne ambiance ! p. 59

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Les arts de la table selon Ulysse Sauvage p. 76

Green —

Le cri d’alarme d’Olivier Rouchon de l’association Le Refuge p. 81

Enquête —

SOS animaux en danger ! À Paris, de plus en plus d’animaux sont victimes de violences, de la part de leur propriétaire ou de malfaiteurs qui cherchent à les enlever. Que faire quand vous êtes témoin ou victime de ce genre de situations ? Vivre Paris vous donne toutes les pistes ! p. 84


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SOMMA I RE

Enfants —

L’architecte d’intérieur Véronique Lacaze, fondatrice de la marque de peluches Adada, des doudous très design p. 93 Claire Wyniecki, découvreuse de talents ! La fondatrice de l’école de musique Le Bon Ton explique comment réveiller la star qui sommeille en chaque enfant p. 96 Les métamorphoses, le passionnant sujet de la nouvelle exposition de la Cité des sciences et de l’industrie p. 100

Bien-être — Rencontre avec Nataliia Lysenko, papesse de la beauté en Ukraine, exilée à Paris p. 108

© C. Weber

© Le Bon Ton

© Portrait Madame

V I V RE PARI S AU TO MNE 2023

Sélection des nouveaux établissements parisiens qui redonnent aux faciès parigots leur fameux panache ! p. 110

Mode —

Céline Jeandel et Zoé Aveline, deux Parisiennes adeptes de moto et de vélo électrique, ont créé Tomo Clothing, une marque dédiée à la femme en mouvement p. 118

Déco —

Success story En vingt ans, Laurence Vauclair a conquis le monde en faisant revivre le goût du jardin d’hiver, fait de meubles en rotin et de barbotines colorées p. 132

Escapade — S’éloigner de la carte postale et partir à la découverte du Lisbonne des arts, le temps d’un week-end exceptionnel à seulement 2 h 30 de Paris ! p. 142

L’humeur du moment L’illustratrice Laure Cozic rend hommage à toutes les super-mamans de la Capitale p. 146

Reda Amalou et l’exposition Affinités p. 122 Visite à Issy-lesMoulineaux chez Marion Luquet, architecte d’intérieur fondatrice de La Maison M p. 124

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UN FRAGMENT D’HISTOIRE DANS VOTRE SALON

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Discours de Jean Jaurès lors de la manifestation contre la loi de 3 ans. Le Pré-Saint-Gervais, 25 mai 1913. © Maurice-Louis Branger / Roger-Viollet

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Culture ×

“Nous avons créé ce lieu pour donner à voir la nouvelle génération des artistes engagés d’Amérique latine. C’est une vieille tradition qui existe depuis les années 70, les artistes sud-américains accompagnent les mouvements sociaux, participent aux manifestations. Aujourd’hui, ce sont surtout les artistes femmes qui font bouger les choses et qui sont aux avant-postes pour le climat, le respect des droits humains…” Paula Forteza, fondatrice de la nouvelle galerie d’art Artivistas dans le 9e p. 16

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© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko - Adagp, Paris, 2023

© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko - Adagp, Paris, 2023 © 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko - Adagp, Paris, 2023

Le chant des couleurs ➁

➀ Mark Rothko Green on Blue (Earth-Green and White), 1956 Huile sur toile / 228,6 x 161,3 cm Collection of the University of Arizona Museum of Art, Tucson; Gift of Edward Joseph Gallagher, Jr. ➁ Mark Rothko No. 9/No. 5/No. 18, 1952 Huile sur toile / 294,6 x 232,4 cm Collection particulière ➂ Mark Rothko Self-Portrait, 1936 Huile sur toile / 81,9 x 65,4 cm Collection of Christopher Rothko

PEINTURE. Les « peintures en champs de couleur », selon le mot d’un critique, du peintre abstrait américain Mark Rothko intriguent, enchantent ou suscitent la polémique depuis les années 50. Grâce à cette rétrospective à la fondation Louis Vuitton, vous pourrez vous faire votre propre idée grâce à un parcours chronologique qui donne à voir l’entière évolution stylistique de l’artiste, depuis ses premières peintures figuratives jusqu’à l’abstraction avec ses fameuses masses chromatiques. Exceptionnelle, l’exposition propose en effet des œuvres qui voyagent peu, comme les « seagrams murals » d’un rouge profond de la Tate à Londres, dans l’installation souhaitée par l’artiste, les Rothko Rooms. Et comme Mark Rothko tenait en haute estime la musique – n’avait-il pas déclaré « Je suis devenu peintre car je voulais élever la peinture pour qu’elle soit aussi poignante que la musique et la poésie » –, le pianiste Max Richter a été invité à composer une pièce unique en son hommage. Cette composition inédite donnera lieu à des déambulations musicales dans les galeries et des concerts dans l’Auditorium, en novembre 2023, janvier 2024, puis mars 2024. Enchantement des sens garanti ! MH Mark Rothko, du 18 octobre 2023 au 2 avril 2024 à la fondation Louis Vuitton 012



© ©Sophie Calle/ ADAGP, Paris 2023. Courtesy of the artist and Perrotin

© Yves Géant

Sophie Calle

Duel dans le 3e

Sophie Calle My Mother, My Cat, My Father, 2017

INSTALLATION. Sophie Calle investit les quatre étages de l’hôtel Salé à l’occasion des 50 ans de la mort de Pablo Picasso pour un hommage à contre-courant qui tourne in fine à sa propre introspection. Elle y invoque ainsi ses obsessions, comme la privation du regard ou son syndrome de l’imposteur entretenu année après année par sa mère. MH À toi de faire, ma mignonne, une exposition de Sophie Calle au musée national Picasso-Paris, du 3 octobre 2023 au 7 janvier 2024

Le royaume des chimères FÉERIE. Le musée Gustave Moreau propose une sélection des œuvres du peintre via le prisme du Moyen Âge, une période qui l’a toujours inspiré, comme en témoignent ses œuvres dites médiévales, Les Chimères ou Les Licornes. Et c’est un très bon prétexte pour (re)découvrir ce merveilleux musée ouvert depuis 1903. Sis dans l’ancien atelier du peintre dans le 9e, il est resté avec un accrochage « touche-touche » des tableaux, sans souci d’un parcours chronologique ou thématique. Il y règne une atmosphère vraiment particulière qui avait d’ailleurs bouleversé le père du surréalisme, le poète André Breton qui affirmait que sa visite avait conditionné sa manière d’aimer et sa vision des femmes. MH © Sylvie Chan-Liat / RMN-GP

Gustave Moreau, Le Moyen Âge retrouvé, du 15 novembre 2023 au 12 février 2024, au musée Gustave Moreau Gustave Moreau, Ange voyageur Graphite, aquarelle, gouache sur papier vélin à grain Paris, musée Gustave Moreau, Cat. 441

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CUVÉE LOUISE 2005 L’EXCEPTION PAR POMMERY

L ’ A B U S

D ’ A L C O O L

E S T

D A N G E R E U X

P O U R

L A

S A N T É ,

À

C O N S O M M E R

A V E C

M O D É R A T I O N .


Ancienne députée des Français de l’étranger, Paula Forteza vient de créer Artivistas, une ancienne pharmacie du 9e arrondissement transformée en galerie où elle expose des artistes venus d’Amérique latine. Pourquoi avoir créé Artivistas ? Artivistas est la rencontre de l’art et de l’activisme. Nous avons créé ce lieu pour donner à voir la nouvelle génération des artistes engagés d’Amérique latine. C’est une vieille tradition qui existe depuis les années 70, les artistes sudaméricains accompagnent les mouvements sociaux, participent aux manifestations. Aujourd’hui, ce sont surtout les artistes femmes qui font bouger les choses et qui sont aux avant-postes pour le climat, le respect des droits humains… Notre objectif est de proposer une exposition chaque

Paula Forteza, fondatrice de la galerie Artivistas

mois avec un artiste différent, des œuvres abordables et beaucoup de reproductions en série. Nous avons déjà rassemblé une communauté d’une quarantaine d’illustrateurs, souvent avec la même esthétique : des couleurs vives, des messages forts, de la typographie. Pourquoi avoir choisi ce lieu ? D’abord, il y a Paris. C’est la ville par excellence de l’engagement et beaucoup d’artistes latino-américains vivent ici. Ils adorent son énergie. Et puis, il y a le quartier, la rue Blanche, tout le 9e. J’aime beaucoup le mélange des publics : des familles, des jeunes, des touristes et ceux qui viennent au théâtre. C’est un lieu qui nous a inspirés : cette ancienne pharmacie, au coin de la rue, avec ses grandes boiseries, a beaucoup de charme. C’est un peu la renaissance d’un lieu de patrimoine pour ceux qui vivent dans 016

Photos © DR

Paula Forteza, l’engagée

le quartier. C’est pour ça qu’ils sont venusnombreux dès l’ouverture : pour voir ce qu’on en avait fait. Comment passe-t-on de l’Assemblée nationale au métier de galeriste ? Lors du confinement, j’ai découvert la peinture, je me suis plongée dans les albums de B.D. ext de dessins de presse. C’est venu comme une révélation : il fallait trouver de nouveaux moyens de s’exprimer. Aujourd’hui, la parole politique n’est plus entendue. Il faut d’autres façons de raccrocher les citoyens aux causes qui les touchent : faire preuve de plus de sensibilité, de fluidité, d’humour aussi. Et l’art permet ça. Et puis, je voulais faire découvrir les artistes que j’aime, transmettre et créer un pont entre deux continents. TT artivistas.fr


Art & Urbex JEUNES POUSSES. Venez découvrir les douze espoirs d’art contemporain (dont Émile Caie) sélectionnés pour la bourse Révélations Emerige exposés dans un lieu vraiment spécial : le 190 Lecourbe, un ancien garage appartenant au groupe de construction. MH Émilie Caie, Back Break, 2022 Acrylique et techniques mixtes 154 x 100 cm

© Emilie Caie

Exposition Hit Again, conçue par Gaël Charbau, du 5 octobre au 5 novembre 2023 au 190 rue Lecourbe, Paris 15e

Balade de l’indépendance PHOTOS. À l’instar d’une « Nan Goldin d’Amérique du Sud », la Chilienne Paz Errázuriz a photographié au plus près les communautés à la marge, artistes de cirque, prostituées, travesties ou les patients d’hôpitaux psychiatriques… Mais ces clichés sont d’autant plus poignants qu’ils ont été réalisés pendant la terrible dictature militaire de Pinochet ! Cet automne, l’artiste de 79 ans a enfin droit à son premier show solo dans une institution parisienne, la maison de l’Amérique latine. Pour l’occasion, elle a sélectionné 120 œuvres issues de 15 séries : les emblématiques prises entre 1982 and 1987, regroupées sous le titre La Manzana de Adán, mais également trois ensembles jamais exposés, Próceres (1983), Sepur Zarco (1996) et Ñuble (2019). MH Paz Errázuriz – Histoires inachevées, jusqu’au 20 décembre 2023, à la maison de l’Amérique latine. © Paz Errázuriz

Ruby. Los luchadores del ring (Les Lutteurs). Série de 2000-03. Tirage numérique, 60 x 45 cm. Courtesy galerie Mor Charpentier, Paris. 017


Métro ! Le Grand Paris en mouvement, du 8 novembre 2023 au 2 juin 2024, à la Cité de l’architecture et du patrimoine.

Gare Saint-Denis-Pleyel

© Yves Chanoit / Société du Grand Paris

MOBILITÉ. Alors que les premières mises en service des gares du Grand Paris Express devraient arriver en 2024, la Société du Grand Paris, porteuse du projet, et la Cité de l’architecture s’associent pour proposer une exposition sur ce fameux « Grand Paris » fantasmé depuis des années, prenant concrètement forme dans ces travaux titanesques (et créant des embouteillages tout aussi colossaux…). La Capitale de 2,1 millions d’habitants se transformera ainsi en une métropole de 12 millions de Franciliens ! On y découvre les origines du métro, les techniques utilisées pour la naissance de ce nouveau réseau, son parcours (avec les quatre nouvelles lignes de métro et les 68 nouvelles gares) mais aussi l’univers fictionnel lié au métro, notamment au cinéma. En revanche, la date exacte de fin des travaux reste toujours un mystère… MH

© Kengo Kuma / Associates / Société du Grand Paris

Paris au futur

Tunnel de la gare Châtillon-Montrouge

Le V de la victoire © National Archives and Records Administration

HISTOIRE. Alors que les Jeux olympiques et paralympiques se profilent à l’horizon 2024, le musée de l’Armée consacre une exposition à la notion de victoire et aux différentes manières dont les femmes et les hommes l’ont vécue, célébrée et représentée à travers le monde et l’histoire. MH Joe Rosenthal, U.S. Marines of the 28 Regiment, 5 Division, raise the American flag atop Mt. Suribachi, Iwo Jima, 23 feb. 1945. th

th

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Victoire ! La fabrique des héros du 11 octobre au 28 janvier 2024 au musée de l’Armée


Danser au bord du précipice PEINTURE. Le Petit Palais poursuit son exploration de la résonance artistique de Paris au tournant du XXe siècle, en se concentrant sur les Années folles qui ont vu émerger le concept de « modernité » dans l’art. Afin de constituer le parcours de l’exposition, les commissaires ont choisi des angles originaux : la géographie en premier lieu, en soulignant les liens des artistes avec le quartier des Champs-Élysées. Il faut dire qu’ici se situe le Grand Palais qui expose les indépendants magnifiques comme le Douanier Rousseau ou Henri Matisse ; Picasso y vient en voisin car il habite rue de la Boétie avec sa femme Olga. Les scandales, ces admirables accélérateurs de notoriété chers aux Modernes, éclatent au théâtre des Champs-Élysées avec Nijinski en faune pour la création du Sacre du printemps par les Ballets russes en 1913. Le quartier bouillonne, et en cela il accompagne ce siècle marqué par les révolutions techniques et industrielles évoquées ici par une voiture Peugeot, par exemple. Le second choix porte sur la mise en lumière du rôle des femmes à cette période : l’occasion de redécouvrir le travail de Marie Laurencin, Sonia Delaunay, Jacqueline Marval, Marie Vassilieff ou encore Tamara de Lempicka. Cent ans après, la folle créativité de ces années 1905-1925 continue bel et bien de nous surprendre ! MH

© Succession Picasso - Gestion droits d’auteur © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Mathieu Rabeau

© BPK, Berlin, Dist. / RMN-Grand Palais / image BPK

Le Paris de la modernité (1905-1925) au Petit Palais du 14 novembre 2023 au 14 avril 2024

➀ Robert Delaunay, Paris – La Femme et la tour, 1925, Staatsgalerie Stuttgart

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➁ Pablo Picasso, Portrait d’Olga dans un fauteuil, printemps 1918, musée national Picasso


© Juergen Teller, All rights Reserved

© Juergen Teller, All rights Reserved

L’art de la confrontation ➁

➀ Juergen Teller Lars Eidinger, Plates/ Teller No.82 London. 2016 ➁ Juergen Teller Iggy Pop No.23 Miami. 2022 ➂ Juergen Teller Self-Portrait with pink shorts and balloons Paris. 2017

PHOTOS. Le photographe contemporain Juergen Teller fait l’objet de la plus importante exposition rétrospective de toute sa carrière au Grand Palais éphémère. Kim Kardashian en train d’escalader une montagne de boue en petite tenue au château d’Ambleville, Kate Moss en jeune biche punk aux cheveux roses ou Iggy Pop accroché à un arbre, décati tel un iguane : l’Allemand est célèbre pour ses clichés de célébrités qui entremêlent érotisme, humour et vérité crue. Volontiers provocateur, l’homme n’hésite pas non plus à se mettre en scène dans des positions étranges, par exemple bière et clope à la main, nu sur la tombe de son père. C’est d’ailleurs plutôt cette facette de son travail, plus intime, qui surprend ici avec des séries d’œuvres personnelles dans lesquelles il s’interroge sur lui-même, sa famille, ses racines et son identité, sa relation avec sa femme et collaboratrice, Dovile Drizyte, ou leur rôle de parents. Toujours humoristiques et créés dans un style grotesque, ces clichés semblent avoir été façonnés pour répondre à l’absurdité et au tragique de la vie auxquels le titre de l’exposition fait référence. MH i need to live du 16 décembre 2023 au 9 janvier 2024 au Grand Palais éphémère

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Delta Air Lines relie la France à plus de 200 destinations aux États-Unis en partenariat avec Air France. *Capitale de l’automobile. ©2023 Delta Air Lines, Inc.


La poésie de Paris

© Clémence Trossevin

PEINTURE. De ses traits précis et ses couleurs délicates, Clémence Trossevin capture l’insaisissable, ce « je-ne-saisquoi » qui fait le charme de Paris : la liberté joyeuse des mauvaises herbes qui parviennent à se faire une place sur un coin de bitume, le sentiment de perfection émanant de la parfaite symétrie du parc des Tuileries et puis ce ciel bleu incomparable. Jusqu’au 10 octobre, elle expose à la Slow Galerie une trentaine de peintures à la gouache issues de ses transhumances entre son Sud natal, les Cévennes et la Capitale où elle travaille. Naturellement, elle a baptisé la série Les Passages, puisqu’elle circule d’un monde à l’autre… mais en y voyant toujours le meilleur ! ES La Nuit des Tuileries, 24x30cm

Un voyage olfactif

© Denis Dailleux

EXPOSITION. Deux cents manuscrits, des miniatures, des photographies, et même des ustensiles de distillation ou de fabrication : l’Institut du monde arabe (IMA) s’enivre de parfums d’ailleurs, de l’Arabie à l’Inde, des îles indonésiennes aux confins de la lointaine Asie, en passant par le bassin méditerranéen et le ProcheOrient, à travers l’exposition Parfums d’Orient, du 26 septembre 2023 au 11 février 2024. MH

Denis Dailleux, Cueillette dans les hauteurs du Moyen Atlas. Moyen Atlas (Maroc), 2015 Photographie analogique

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Photos © Jacob Khrist

Les performances artistiques font partie de l’A.D.N. du club.

Les princes de La Nuit NIGHTCLUBBING. La nuit parisienne affiche une forme éblouissante ! Ainsi, Maxim’s rouvre sous la houlette de Laurent de Gourcuff et Paris Society, et la librairie-café Le Gainsbarre (en face de la maison de Serge Gainsbourg) se transformera en piano-bar le soir… Mais l’ouverture que tous les clubbeurs attendaient, c’est incontestablement celle de La Nuit, une discothèque de 700 places à un jet de pierre de l’Olympia. Il faut dire qu’aux commandes de ce paquebot s’agitent des capitaines bien connus des noctambules : Guido Minisky d’Acid Arab à la D.A., épaulé par le journaliste Thémis Belkhadra et Fabrice Desprez (Phunk Promotion) pour la programmation, Étienne Bardelli alias Akroe à la déco ou la figure new-yorkaise queer et fashion Louis Pisano (R.P.). « L’idée est de mélanger les publics pour les réunir en un seul endroit : les communautés queers, les scènes underground house, techno et electro qui se sont développées depuis dix ans dans des hangars avec des collectifs hyperdynamiques comme Possession, Les fêtards bon esprit… et nous avons prévu de faire venir régulièrement des artistes de pole dance, cabaret ou drag », confie Fabrice Desprez. À la porte, Bonnie, que vous avez peutêtre croisé dans les soirées Tchoin ou La Darude, filtrera pour que l’ambiance « soit safe pour tout le monde. C’est un point très important pour nous » et à la carte, beaucoup de boissons à moins de 10 €. La nouvelle adresse où se diriger les yeux fermés minuit passé ! ES

© DR

Une partie de l’équipe artistique de La Nuit

À la déco, Étienne Bardelli a multiplié les micropoints lumineux dans les murs.

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demande. Cela dit, soyons ce qu’on a envie d’être : les injonctions de morale m’ont toujours gavée !

© Mathieu Zazzo

Jil Caplan, rockeuse… et « titi » parisienne revendiquée !

Jil Caplan, braises ardentes Artiste mythique des années 90 avec son tube Tout ce qui nous sépare, Jil Caplan a fait un tour par le théâtre et la littérature avant de revenir avec ce nouvel album rock et poétique, à son image, intitulé Sur les cendres danser. Sur les cendres danser, Bleu existentiel, Tu te lasses, Tout éteindre… Vos titres recèlent autant de poésie que de mélancolie… Si on regarde toute ma carrière, je n’ai jamais écrit des paroles très gaies. Je suis mélancolique de nature, et je ne suis pas la seule ! Ce que j’aime

dans ce titre, c’est qu’il est double : « sur les cendres », cela veut dire qu’il y a eu un incendie, quelque chose de flamboyant qui a brûlé, mais on continue à danser tout de même. Dans votre single Animal, Animal vous chantez « lisser son pelage, cacher son âge, faire le cabot ». Vieillir vous fait parfois peur ? C’est un truc universel de vouloir cacher son âge ! Personne n’a envie de vieillir, de devenir vieux, moche et grabataire. On préfère rester jeune d’esprit, beau et svelte ! Et les hommes ont autant peur que les femmes de vieillir. Ce qui les terrifie, c’est qu’ils ne pourront plus – pardonnez-moi ma trivialité – bander, et qu’ils vont peut-être perdre leurs cheveux ! Moi j’ai 57 ans et je fais super attention. Je fais du Pilates, de la danse, de la barre au sol, je vais nager… C’est du boulot de rester en forme, et lorsqu’on est chanteuse ou comédienne, on nous le 024

Une de vos chansons s’intitule Même Marilyn et vous avez repris des titres de Marilyn Monroe : vous avez une passion pour cette artiste ? Pour Marilyn Monroe et pour Virginia Woolf : je leur dédie deux chansons dans l’album. Un journaliste m’a même demandé si j’avais une passion pour les femmes qui se sont suicidées et qui sont dépressives ! (Rires) Qu’est-ce que ça veut dire ? Je ne sais pas ! Marilyn a ce côté attirant comme un aimant, avec sa grâce et son charme. Elle est aussi mélancolique, sensible et très forte puisqu’elle a monté sa propre boîte de prod. On a toujours tendance à penser que les gens riches, célèbres et plus beaux que nous sont plus heureux, et bien pas du tout ! Quand je dis « Même Marilyn », c’est pour se rassurer, même Marilyn elle souffre, même Marilyn elle se fait embobiner… On n’est certainement pas égaux les uns par rapport aux autres, mais on est tous égaux dans notre destin humain qui est la solitude. De naître seul, mourir seul et de traverser ça comme on peut. Est-ce que vous avez des petits plaisirs parisiens ? J’en ai plein ! Le premier c’est aller au B.H.V. ! (Rires) Et oui ! C’est un petit grand magasin à taille humaine. Son sous-sol est une mine. Quand je vais au rayon cordonnerie, il y a 2 000 cirages, 2 000 lacets… Ce choixlà me réjouit à chaque fois. J’ai été caissière au B.H.V. à mi-temps pendant deux ans quand j’étais jeune. C’était juste avant d’enregistrer mon premier album. Depuis j’ai toujours gardé une affection pour cet endroit plutôt familial, où on trouve de tout. Pour moi, c’est ça le luxe : pouvoir trouver de tout au moment où on en a envie. ES Jil Caplan, Sur les cendres danser (At(h)ome), en concert le 12 décembre au Café de la danse


SCANNEZ-MOI !


Photos © Léonard Happ

Rendez-vous en terre à fantasmes Une pièce de théâtre « hot » : ça vous tente ?

IMMERSIF. Du simple désir de couple (lecture érotique, petits jouets ou encore jeux de rôle), à la lubie obsédante nécessitant toute une organisation (enlèvement, arrestation…), ce bar à fantasmes réalise vos envies à l’aide notamment de jolies « Sweeties ». Mais le Sweet Paradise est aussi à découvrir pour ses spectacles érotiques inclusifs. Leur dernière production en date, une pièce réalisée en collaboration avec Gleeden – le site de rencontres extraconjugales –, évoque le fameux « cinq à sept » des amants d’un jour ou de toujours. Écrite par la journaliste et autrice spécialisée dans la sexualité Flore Cherry et mise en scène par l’écrivain et auteur Arthur Vernon, la pièce présente les péripéties d’un couple, dont le mari, prof de littérature, est pris en défaut en plein cours et cherche à trouver une nouvelle amante. Immersif et interactif, le spectacle donne l’opportunité aux femmes les plus téméraires de participer, de manière à attiser leur désir, mais aussi celui de leur partenaire éventuel. D’humeur plus contemplative ? Qu’à cela ne tienne, il est aussi possible de ne prendre plaisir qu’en regardant les autres jouer, en profitant d’un spectacle proche de la réalité de l’excitation féminine. Alors prêt à suivre le meilleur cours de votre vie ? LBV Cinq à sept, chez Sweet Paradise, tous les dimanches à 16 h, jusqu’au 8 octobre. 026


Chapiteau de tous les possibles

© Martin Girard

CIRQUE. Attention les yeux ! Après cinq ans d’absence, les saltimbanques du Cirque du Soleil viennent présenter leur 35e spectacle, Kurios – Cabinet des curiosités. L’histoire ? Un chercheur très rêveur voit soudain des personnages aussi loufoques que prodigieux débarquer dans son labo. Comme d’habitude avec cette compagnie, le spectacle est grandiose avec 49 artistes exceptionnels, des décors à couper le souffle (une main mécanique géante ou un train de 19 mètres !) et plus d’une centaine de costumes ! Un conseil, n’arrivez pas en retard : pour la première fois, et si le temps le permet, trois artistes présenteront un numéro sur le toit du chapiteau pour accueillir les spectateurs. MH Sur l’île des Impressionnistes à Chatou, à partir du 16 novembre

© Quentin Eveno

À nu

Roman Frayssinet, la révélation du stand-up français

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HUMOUR. Roman Frayssinet expose sa nouvelle philosophie de vie, libérée de toute addiction dans Ô dedans, le premier stand-up d’une trilogie de spectacles. S’il a arrêté les psychotropes, l’humoriste nourrit désormais son show et ses digressions de réflexions introspectives qui touchent au cœur. MH Du 23 novembre au 14 décembre 2023 à l’Olympia


Adèle Haenel sur scène THÉÂTRE. L’Étang, court texte de jeunesse écrit en dialecte par l’écrivain suisse Robert Walser (1878-1956), interroge sur nos rapports familiaux et leurs liens de perversité, mais aussi sur ce flou propre à l’adolescence, entre chaos et confusion. Pour tester l’amour que lui porte sa mère, le jeune garçon Fritz décide ainsi de simuler son suicide. Conçu pour deux actrices aux rôles multiples, Adèle Haenel et Julie Shanahan (en alternance avec Henrietta Wallberg), le spectacle laisse aussi bien la place à la voix, amplifiée, qu’au corps. Les deux s’expriment avec force, une volonté scénique propre au travail de la metteuse en scène franco-autrichienne Gisèle Vienne. La musique originale de Stephen F. O’Malley et François J. Bonnet joue également un grand rôle dans cette partition intrigante autour d’un drame familial. MD

© Estelle Hanania

L’Étang de Robert Walser, par Gisèle Vienne, du 22 au 29 septembre à Chaillot théâtre national de la Danse

Tout sur Anna Magdalena

© Polo Garat

BIOGRAPHIE. Vous connaissez Anna Magdalena Bach ? Grâce à ce spectacle de musique écrit et réalisé avec passion par Agathe Mélinand, on en apprend un peu plus sur la deuxième femme de JeanSébastien Bach qu’il épouse à 36 ans (elle en avait 20). Sur scène, un piano, un clavecin et un clavicorde accompagnent l’histoire sobre de cette destinée. MD

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Le Petit Livre d’Anna Magdalena Bach au théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet, du 29 novembre au 3 décembre


© Lisa Lesourd

À gauche, la comédienne Marie-Béatrice Dardenne joue le rôle… de la prostate !

Ma prostate a la parole ! THÉÂTRE. Parler de son cancer de la prostate sous forme de comédie, il fallait oser ! C’est pourtant le pari – largement réussi – de l’auteur, comédien et metteur en scène David Friszman. « À travers le personnage de Paul, je raconte mon histoire, survenue il y a sept ans bientôt. J’évoque cette opération, ma guérison, et les effets secondaires qui ont eu un impact radical dans ma vie, comme les fuites urinaires ou le manque d’érection », explique-t-il. L’originalité de la mise en scène tient en premier lieu au fait que la prostate a la parole. Jouée par la comédienne Marie-Béatrice Dardenne (en alternance avec Marie Le Cam), c’est même elle qui raconte, avec une sérieuse légèreté, les difficultés rencontrées. « Je voulais que mon expérience serve aux autres, qu’elle soit racontée le plus sincèrement possible mais de façon positive. C’est aussi pour cette raison que je n’envisageais pas un monologue », poursuit-il. Ne vous y trompez pas : Radicale n’est pas seulement un spectacle de sensibilisation utile ! C’est avant tout un moment intelligent sur la masculinité, le couple et la maladie, servi par des comédiens brillants et un texte drôle, interrogeant avec finesse les codes imposés par notre société. MD Radicale au théâtre de l’Essaïon, jusqu’au 14 janvier 029


La chorégraphie du feu

Fêu, le spectacle de danse de l’automne à ne pas louper !

DANSE. Notre automne sera merveilleux, une évidence puisque nous allons enfin découvrir Fêu, la dernière création de Fouad Boussouf, également directeur du Centre chorégraphique national du Havre Normandie, danseur et professeur. Ses œuvres ont la particularité de mélanger avec agilité la danse contemporaine et traditionnelle d’Afrique du Nord mais aussi le nouveau cirque et le hip-hop, dont il est issu. Une alliance de style comme une force, puissante, faite d’espoir, de joie, de partage. Fêu ne déroge pas à cet esprit. Onze danseuses explorent ainsi cet élément, expriment sa chaleur mais aussi sa folie et ses couleurs. Car la flamme est orange, rouge. Elle ne connaît pas la neutralité. Elle embrase tout. Elle peut être joie ou tristesse. Émerveillement ou effroi. Les interprètes livrent ainsi une danse extrêmement physique, presque une transe. Les corps féminins tournent, sautent, tombent. Le chorégraphe poursuit ici son travail autour du groupe, de l’énergie et de la communion pour une composition énergique dont on sent encore le souffle puissant, une fois le moment éteint. MD

© Le Phare - CCN du Havre Normandie

Fêu de Fouad Boussouf au théâtre du Rond-Point, du 18 au 21 octobre

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Les corps numériques FILMS. Alors que la grève des scénaristes et des comédiens aux États-Unis a mis en lumière les inquiétudes de tout le milieu du cinéma autour de l’I.A., le Forum des images annonce une enquête en 130 films autour de la disparition supposée des acteurs et actrices. On attend notamment un focus sur les effets spéciaux et les héros numériques où Keanu Reeves, le héros de Matrix, s’invitera le temps d’un week-end. MH © Musée du Quai Branly - Jacques Chirac, photo Pauline Guyon

Acteurs, Actrices & Avatars du 11 octobre au 24 janvier 2024 au Forum des images

PATRIMOINE. Grâce à des films aux chorégraphies spectaculaires et des stars comme Aishwarya Rai ou Priyanka Chopra, les studios de Bollywood (la contraction entre Bombay, la ville où sont produites les œuvres, et Hollywood) ont réussi à faire connaître le cinéma indien au-delà des frontières du pays. Résultat, avec plus de 1 500 longs métrages exportés par an sur tous les continents, l’Inde est aujourd’hui le premier producteur de cinéma au monde. Le musée du quai Branly vous fait rentrer dans la danse avec l’exposition Bollywood Superstars, dont la scénographie immersive fait entrer le visiteur dans les scènes de danse et les palais des films historiques, proposant un dialogue constant entre objets patrimoniaux et cinéma. MH Bollywood Superstars : histoire d’un cinéma indien, du 26 septembre au 14 janvier 2024 au musée du quai Branly – Jacques Chirac 031

© Lorimar Films

L’Inde superstar

Acteurs, Actrices & Avatars River Phoenix dans Running on Empty (À bout de course)


Photo 34766-4 © Roger-Viollet / Roger-Viollet

H I STOI RE

Premières étudiantes à une conférence à la Sorbonne Vers 1900

Rive gauche, l’éternel berceau étudiant Texte Axelle Carlier

Photos Roger-Viollet.fr

Avec près de 400 000 étudiants à l’heure actuelle, Paris est incontestablement la ville de France qui en compte le plus. Et cette attractivité ne date pas d’hier puisqu’elle puise ses origines au Moyen Âge ! Aujourd’hui, on vous emmène au cœur du Quartier latin, sur la rive gauche de la Capitale, là où tout a commencé. 032


Photo 875-8 © Albert Harlingue / Roger-Viollet

Manifestation d’étudiants dans la cour de la Sorbonne, avant 1914

L

’histoire des étudiants à Paris a traversé huit siècles, et elle est autant synonyme d’accès au savoir et d’émancipation que de luttes et de contestations. Du Paris médiéval, avec la création de l’Université, au Paris de la Belle Époque dont le rayonnement a dépassé nos frontières… Revenons sur cette vie estudiantine parisienne absolument extraordinaire et en perpétuel mouvement.

Des origines médiévales La naissance officielle de l’Université de Paris remonte à l’an 1200, lorsqu’elle est reconnue par le roi

Philippe Auguste : c’est l’une des premières universités d’Europe. Elle s’installe naturellement sur la rive gauche de la ville, qui s’est développée plus vite que la rive droite à cause des marécages dont celle-ci était recouverte à l’époque gallo-romaine. Constituée de plusieurs collèges, elle assure la formation des clercs et des ecclésiastiques et acquiert vite un immense prestige, particulièrement dans les domaines de la théologie et de la philosophie. En 1257, le confesseur du roi Louis IX, Robert de Sorbon, crée alors son propre collège au sein de l’Université dont le nom est désormais connu dans le monde entier : la Sorbonne ! La fin du XVIIIe siècle voit apparaître à la fois l’appellation de Quartier latin pour cette partie intellectuelle de la rive gauche où l’enseignement est donné en latin, mais aussi la disparition de l’ancienne Université de Paris avec la Révolution française. Néanmoins, elle donne lieu au système universitaire moderne que nous connaissons aujourd’hui, et n’a pas altéré l’effervescence estudiantine qui perdure encore de nos jours dans le quartier. 033

“En 1257, le confesseur du roi Louis IX, Robert de Sorbon, crée son propre collège au sein de l’Université : la Sorbonne” Une révolte historique Cette dernière a cependant toujours été accompagnée de contestations, puisque la plus ancienne remonte presque à ses origines, en 1229 ! Elle démarre dans une taverne du faubourg Saint-Marcel, entre les étudiants et les tenanciers, a priori en raison de l’augmentation du prix du vin. Cette bagarre dégénère et embrase littéralement tout le Quartier latin, avec des conséquences dramatiques : des centaines d’étudiants sont poignardés et jetés dans la Seine par la garde de Paris. Pour manifester leur soutien face à cette terrible répression, certains professeurs de l’Université de Paris cessent de travailler, tandis que d’autres, accompagnés d’étudiants, quittent le pays. Afin de remédier


Photo 145680-24 © Jacques Boyer / Roger-Viollet

H I STOI RE

Deux étudiantes prenant le thé dans une chambre de la Cité universitaire. Photographie de Jacques Boyer. Paris (XIVe arr.), 1927.

“Les femmes représentent seulement 2 %➀ de la population estudiantine en 1890”

à cette crise qui donne une très mauvaise image de la ville, le pape Grégoire IX (qui a lui-même étudié à Paris) accorde officiellement le droit de grève aux professeurs en 1231, et garantit les droits de leurs étudiants en cas d’arrestation expéditive ou d’abus de justice. Plusieurs grandes grèves vont ainsi toucher l’Université, notamment au XVe siècle. Mais celles que nous avons tous en tête sont bien sûr les manifestations de Mai 68. Cette révolte étudiante parisienne à la fois politique, culturelle et sociale a gagné les autres villes universitaires. Puis, elle s’est étendue au monde ouvrier, pour finalement toucher presque toutes les catégories de la population 034

française, et devenir ainsi le mouvement social le plus important du XXe siècle dans notre pays.

L’heure des femmes La première femme à obtenir le baccalauréat en France est JulieVictoire Daubié, en 1861, alors âgée de 37 ans : elle a dû se battre pendant plus de dix ans pour qu’on lui accorde le droit de le passer ! Cette courageuse avant-gardiste ouvre la voie aux études féminines, à tel point qu’en 1867, le ministre de l’Instruction publique Victor Duruy instaure des cours secondaires pour les jeunes filles. Même si, pour garantir leur bon comportement, elles sont encore accompagnées de leur mère ou de leur mari au sein


Photo 122960-10 © André Grassart / Fonds France-Soir / BHVP / Roger-Viollet

des amphithéâtres… Malgré tout, leur nombre explose dans les cinq facultés de l’Université de Paris (droit, lettres, médecine, pharmacie et sciences), passant de 2 % de la population estudiantine en 1890 à 28 % en 1930 ! Ce qui fera même dire à un professeur de la faculté des lettres de Paris dans Les Nouvelles Littéraires cette année-là : « On se demande avec inquiétude si, après avoir été jadis, nos maîtresses, elles ne vont pas devenir nos maîtres ». Les femmes ne sont pas les seules à vouloir s’émanciper, car depuis le XIXe siècle Paris est véritablement la capitale intellectuelle, littéraire et artistique du monde. Elle attire donc des étudiants de la France entière, et de tous les continents,

en quête de savoirs. Entre 1865 et 1910, le nombre d’élèves dans les universités parisiennes passe ainsi de 4 000 à 19 000, il est donc quasiment multiplié par 5 en à peine 50 ans ! Et parmi eux, près d’un sur six est étranger, soit 15 % dont la plupart retournèrent ensuite travailler dans leurs pays d’origine où les diplômes français sont très valorisés. Comme les provinciaux, pendant leurs études parisiennes ils sont logés dans le Quartier latin, où il existe quelques foyers à la Belle Époque. Mais la vraie politique de logement qui leur est destinée ne débutera vraiment qu’avec la construction de la fameuse Cité universitaire en 1925. Ces huit cents ans d’histoire de la vie étudiante à Paris ne sont pas sans 035

Événements de mai-juin 1968. Occupation de la faculté des lettres de la Sorbonne par les étudiants. Paris (Ve arr.), 19 mai 1968. Photographie d’André Grassart. Fonds France-Soir. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

faire écho à certaines revendications actuelles : revendications politiques, accès à l’éducation, émancipation des femmes, fuite des cerveaux… Des sujets complexes, qui sont, comme nous l’avons vu, finalement aussi anciens que l’Université de Paris. Témoin de ces problématiques passionnantes, la rive gauche n’a sûrement pas encore dit son dernier mot !


Sculpter les nuages Dans son atelier à deux pas du Père-Lachaise, Julien Signolet associe la philosophie du Yi-King et l’enseignement des grands maîtres sculpteurs français pour donner vie à des formes poétiques. « La seule chose qui ne change pas, c’est que tout change. » Rencontre avec un sculpteur inspiré. Texte Thomas Thévenoud

Photos Julien Signolet

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Un gamin de Paris Julien Signolet a beau avoir beaucoup voyagé, c’est un enfant du 11e, un gamin de Paris. Il est né à la clinique des Bleuets, à deux pas de son atelier actuel, situé en haut de la rue de Charonne. Du trottoir, on peut voir l’entrée du Père-Lachaise, là où il a appris à marcher, avant que la famille s’exile en province à la suite de la faillite de son père. Sur la façade, une inscription rappelle Texte la vocation des lieux : marbrerie Thomas Thévenoud funéraire depuis 1828. Dans les années 90,Photos il n’a qu’une Stephane Bisseuil, obsession : remonter à la Capitale. courtesy Danysz Il crée le marché des écransGalerie de rétroprojection publicitaires et lance les premières campagnes hologrammiques au Printemps Hausmann. « J’aime Paris, autant pour y être né que pour l’avoir reconquis. » La naissance de sa fille en 2004 marque une rupture. « Je me suis posé la question. Est-ce que je vais être le même ou différent ? »

Depuis toujours, Julien Signolet est fasciné par l’« impermanence des choses ». Lors de son premier voyage en Inde, sur la route de Katmandou, il fait étape un matin à Bénarès. « Le soleil, rouge, énorme, se levait sur le Gange. Un homme s’est assis à mes côtés. Devant moi, une forme dérivait dans le courant. Je lui ai demandé ce que c’était. Il m’a répondu doucement : “A dead body”. J’ai ressenti une émotion intense. J’ai compris que j’étais arrivé et j’ai fait un vœu. » De retour en France, il vend tout et décide de trouver sa voie ailleurs que dans les hologrammes. Il pratique d’abord l’art-thérapie et se forme peu à peu à la sculpture en taille directe, entendez l’art de sculpter en partant du bloc,

@ Nicolas Sibertin-Blanc

La sculpture en taille directe

Julien pratique la sculpture en « taille directe ».

sans ajout, sans agrandissement. Aujourd’hui, il en est l’un des meilleurs spécialistes français et accueille dans son atelier 15 élèves à l’année : « Ils ont les clés, ils viennent quand ils veulent, même le dimanche soir. » Pour inspirer ses élèves, il écrit sur les murs et cite Montaigne : « Notre grand et glorieux chef-d’œuvre c’est de vivre à propos. » 037

Le Yi-King pour guide Une volonté de transmettre que lui a inculquée son maître René Coutelle, un des pères fondateurs de la Maison des artistes : « Sculpter c’est percevoir la nature essentielle de la matière. C’est applicable à la vie. » Au fond de cet atelier tout en longueur, son espace de travail éclairé par quelques néons et par une modeste fenêtre sur cour est


Julien œuvre aussi dans la rue.

L’atelier de Julien Signolet

Les Vents, un acajou exposé à la galerie Nichido Paris

“Sculpter c’est percevoir la nature essentielle de la matière, c’est applicable à la vie”

orientales et les arts divinatoires dont il se sert comme « leviers de création », il interroge la matière autant que le sens de nos existences. Il taille au burin, au ciseau à bois, au poinçon, le livre du Yi-King ouvert, à portée de main.

un véritable puits de lumière. La lumière vient de la matière, des sculptures. Au plafond des décors floraux en stuc, au sol de la poussière d’albâtre, au mur une autre maxime : « Un nuage n’a pas d’ego. » Julien Signolet poursuit sa quête. Inspiré par les philosophies

Fasciné par la figure du Goen (le lien en japonais) dans laquelle on retrouve les trois âges de la vie : l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte, il l’a décliné dans presque toutes les matières et en a fait son œuvre signature. Sculpté dans du bois de cèdre, dans du granit noir d’Himalaya ou dans la terre

Une déclinaison des trois âges de la vie

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de France, cet œuf ovoïde qui rappelle les formes de Brancusi est, pour lui, une métaphore de la vie et du temps qui passe. En 2015, peu de temps avant les attentats, il l’a même sculpté dans un sophora du Japon, au parc Floral de Paris. Depuis, des branches ont poussé, donnant à la sculpture originelle l’apparence d’une créature nourricière.

Apprivoiser les nuages Marié à Keiko, une hôtesse de l’air japonaise, il sait un peu ce que c’est que vivre dans le ciel… Pendant le confinement, besoin de légèreté sans doute, il commence à « apprivoiser les


« III » dans l’ancienne sacristie du collège des Bernardins

nuages ». « L’albâtre, c’est comme des grosses boules. Pour moi, les nuages poussent sous terre. » Régulièrement, il part en Toscane chercher de grandes plaques de marbre blanc dont les veines font le relief des nuages. On dirait autant les montagnes de l’Himalaya que des cumulonimbus. Sa dernière exposition au collège des Bernardins a donné lieu à une installation exceptionnelle. Il a conçu et sculpté six œuvres originales : des nuages posés sur une plaque d’acier poli comme du miroir, au liseré bleu. Les nuages se dédoublaient et semblaient flotter en apesanteur. Avec la réverbération de la lumière

sur l’acier, l’ombre des nuages dessinait des anges sur les murs de la sacristie. Ombres fugaces, nées de la pierre, les œuvres de Julien Signolet portent en elles une réflexion sur nos vies ultra-connectées. « Le nuage, c’est notre mémoire. Aujourd’hui, on grave et on stocke sur le cloud. La sculpture est aussi un acte de mémoire. » Chaque matin pour se rendre à son atelier, il traverse le PèreLachaise : « C’est fascinant, toutes les stars du XIXe sont là. L’histoire défile sous mes yeux. C’est là que je viendrai à la fin. J’y ai appris à marcher, un jour j’y apprendrai à voler. » 039

Julien Signolet, « III », exposition jusqu’au 7 octobre 2023 à la galerie Nichido Paris


C OU LI SSES


Texte Estelle Surbranche

Photos Nora Hegedus

DANS LES COULISSES DE LA B.R.I. DE PARIS


C OU LI SSES

“Paris fait partie des villes-mondes comme Los Angeles, Londres, New York… Ce sont des villes qui ont un écho particulier.” Simon Riondet, commissaire divisionnaire et chef de la Brigade de recherche et d’intervention

histoire de la BRI-PP (Paris) résonne souvent avec les fracas de l’Histoire. De la neutralisation de Jacques Mesrine (1979) à la libération des otages du magasin Hyper Cacher ou l’assaut du Bataclan (2015), ces policiers d’élite sont mobilisés sur les plus grosses affaires de banditisme ou de terrorisme et suscitent une fascination, qui se traduit par nombre de films ou de séries télé sur leur compte. Vivre Paris vous invite à découvrir le quotidien et la réalité de ces hommes de l’ombre qui protègent la Capitale et ses habitants. Direction le mythique quai des Orfèvres, siège de l’institution !

Simon Riondet en plein briefing avant une opération

Une adresse légendaire La Brigade de recherche et d’intervention de Paris, dite BRI-PP, anciennement connue sous le nom d’Antigang, reste en effet la seule unité de police encore située quai des Orfèvres, adresse historique de la police judiciaire parisienne depuis 1913, mythique pour tous les amateurs de polar. Les autres services ont été transférés en 2017 au « Bastion » dans la cité judiciaire, tout près du nouveau Palais de justice, porte de Clichy. Si cette exception démontre le statut à part de cette unité d’élite, elle a surtout une raison très concrète : sa mission principale est de protéger Paris de toutes les crises en tant que force d’intervention spécialisée responsable des opérations dans la Capitale. Ses membres doivent donc être au cœur de la ville afin de pouvoir rayonner rapidement : « Une équipe composée d’une douzaine de personnes appelée la FIR, Force d’intervention rapide, est toujours d’astreinte, H24 et 7 jours sur 7, pour être sur les lieux d’une crise en trente minutes maximum », détaille Simon Riondet, commissaire divisionnaire et chef de la brigade de Recherche et d’intervention depuis 2021.


Les « grands flics » Depuis le déménagement des autres brigades, la BRI s’est agrandie et occupe l’ancien service de documentation criminelle de la police parisienne, et l’ex-dépôt pour femmes, une partie de la fameuse « Souricière » située côté place Dauphine, sous la salle des pas perdus du vieux Palais de justice. Inaugurée le 18 août 1864, cette prison est tenue par des religieuses dès 1865. Aujourd’hui, les cellules des nonnes ont été transformées en vestiaires pour les opérateurs, tandis que la cour centrale a été aménagée en 2021 en centre d’entraînement tactique, dit CQB. Cette ancienne prison survivra-t-elle aux bruyants travaux de réhabilitation en cours dans le Palais ? On l’espère car il

L’ancienne prison des femmes transformée en centre d’entraînement

À 2 ans, Smiley est la première chienne femelle de la BRI Paris : dressée à l’attaque, elle vit H24 avec son maître, un opérateur également maître-chien. 043


C OU LI SSES

© Bernard Charlet / Fonds France-Soir / BHVP / Roger-Viollet

Jacques Mesrine (1936-1979), considéré comme l’ennemi public n° 1, est abattu dans sa BMW par la Brigade antigang du commissaire Robert Broussard (né en 1936). Paris, porte de Clignancourt (18e arrondissement), 2 novembre 1979.

règne indéniablement ici une atmosphère particulière. Elle est autant due à l’histoire du bâtiment qu’aux hommes qui ont foulé ses escaliers : s’est jouée en effet ici une autre histoire, celle des « grands flics » de la République française. Créé en 1964 sous l’impulsion du commissaire Le Mouël pour répondre à la flambée de braquages dans la Capitale (500 dans cette seule année !), l’Antigang se prévaut d’une philosophie révolutionnaire à l’époque : partir des individus pour aller au crime, c’est-à-dire travailler sur les personnes susceptibles de commettre des braquages ou des enlèvements, pour les arrêter juste avant les faits ou juste après selon les circonstances. Ne plus subir le crime, mais être proactif : une idée qui paraît aujourd’hui naturelle mais qui a marqué un tournant dans l’histoire de la police au même titre que les Brigades du Tigre de Clemenceau ou la Police technique et scientifique de Locard et Bertillon. La légende s’est ensuite forgée grâce aux exploits de ses patrons : Robert Broussard, l’homme qui a traqué Jacques Mesrine, ou Claude Cancès qui a poursuivi le gang des postiches. En 2015, la légende n’a pas un seul visage. L’héroïsme collectif de ces hommes en noir, qui rentrent sans faillir dans l’Hyper Casher de Vincennes pour libérer des otages ou sortent des blessés du Bataclan après avoir neutralisé les terroristes, est gravé dans la mémoire des Français.

Les opérateurs de la BRI s’entraînent au minimum deux fois par semaine au tir.

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“Au moment où je suis entré dans l’Hyper Casher, j’ai su que mon métier ne serait plus jamais le même” UNE HISTOIRE DE TRADITIONS

Le bouclier Ramsès monté sur roues derrière lequel une quinzaine d’hommes de la BRI ont lancé l’assaut à l’étage du Bataclan : le terroriste y a vidé son chargeur et 27 ogives seront retrouvées incrustées dans ce bouclier blindé de 80 kg. Il est aujourd’hui exposé dans la salle commune dite l’« atrium ».

L’Hyper Casher et le Bataclan « Au moment où je suis entré dans l’Hyper Casher, j’ai su que mon métier ne serait plus jamais le même », se souvient Franck*, un opérateur qui a participé aux deux opérations. « Avant, lorsque nous arrêtions un malfaiteur, celui-ci tenait à la vie. Il ne tirait sur nous ou sur des civils qu’en cas d’extrême nécessité. Là, nous avions affaire à quelqu’un qui voulait mourir, et au passage emporter avec lui un maximum d’otages et de policiers. » Cette sinistre intuition fut hélas confirmée quelques mois plus tard au Bataclan. L’un des terroristes actionne sa ceinture d’explosifs dans la salle et les autres attendent l’arrivée 045

Lorsqu’on entre à la BRI de Paris, on devient un « topaze », car comme toutes les brigades centrales de la DRPJ, la BRI a un nom de code de joyau en opération : les Topaze pour l’Antigang, les Saphir pour les Stups ou les Diamants pour la Mondaine… Mais les anciens de votre groupe vous donnent en plus un surnom et c’est pour le meilleur ou pour le pire : impossible d’en changer ! Il y a également une cérémonie très solennelle dans une belle salle à côté de la Conciergerie, dans l’ancien château de Philippe le Bel – une des plus anciennes parties de Paris. Présidée par le préfet de police, en compagnie des anciens chefs emblématiques du service comme Robert Broussard ou René-Georges Querry, cette cérémonie marque la fin du cheminement pro de l’opérateur et son entrée définitive dans la Brigade avec la remise officielle de son écusson : la gargouille à l’œil rouge avec les deux étoiles, symbolisant les deux missions, recherche et intervention. Après deux ans de service, on considère que l’opérateur est désormais vraiment complet, agile et efficace. Il y a alors un autre moment très solennel où on lui remet le brevet BRI. Même le chef du service n’a d’ailleurs ce brevet qu’au bout de deux ans… Les épreuves passées ensemble et ce genre de rituels donnent un grand esprit de corps à la brigade. Enfin, une autre tradition plus informelle : une équipe qui « tope » un criminel au petit matin ramène les viennoiseries aux autres collègues restés au bureau !


Un opérateur se prépare dans les « nonnes », les anciennes cellules de nonnes.

Sa mission principale est de protéger Paris de toutes les crises en tant que force d’intervention spécialisée responsable des opérations dans la Capitale.

des équipes d’intervention avec des otages pour de nouveau enclencher une bombe… Avec neuf cartouches tirées, la BRI arrive à les stopper. Après les attentats de 2015, les autorités politiques décident d’élargir leurs effectifs. « La brigade va doubler en effectif pour être totalement autonome sur l’intervention », rembobine Simon Riondet. « C’est de facto la fin de la Brigade anti-commando, qui devait intégrer des personnes de brigades différentes selon les opérations. On passe de 45 à 120 personnes intégrées avec les médecins, les dépiégeurs d’assaut et les maîtres-chiens. Aujourd’hui la BRI peut traiter toutes les interventions en autonomie avec quatre groupes doubles, comprenant une quinzaine de personnes chacun. »

Action… et réaction ! Aucun des hommes à qui nous avons parlé ne se trouve spécialement héroïque. Ils se trouvent même plutôt bien lotis par rapport aux autres policiers. « Pour moi les vrais héros, ce sont par exemple les collègues qui travaillent à traquer les pédophiles, confie Franck*, je préfère mille fois réentrer dans le Bataclan plutôt qu’être obligé de regarder les images insoutenables qu’ils doivent avaler chaque jour. » D’ailleurs, plus que l’intrépidité, la première qualité cultivée par la brigade est la capacité d’adaptation. Elle est perceptible à tous les niveaux. Dans ses tâches, la BRI est le seul service de France qui allie missions de police judiciaire (surveillance, identification, filature et collecte de preuves) et missions d’intervention en situation de crise, ce qu’ils appellent les « interventions en noir », d’après la couleur de leur uniforme. Cette fonction d’« intervention spécialisée », entre le métier de policier et les forces spéciales militaires, leur a été attribuée en 1972. « Cette double casquette nourrit beaucoup l’équipe, souligne Simon Riondet. Nous menons nos propres dossiers. On a nos cibles, nos informateurs, on utilise des moyens techniques… Ce côté “chasseur”, la raison de la création de la BRI, va façonner notre manière d’être, notre capacité à prendre des décisions rapidement, car les criminels sont rarement stables ! Je prends le cas d’une 046


affaire de braquage traitée par nous. En quatre mois, l’équipe a changé plusieurs fois d’objectifs, s’est séparée d’une partie de ses membres… Finalement, nous les avons interpellés avant le braquage d’un fourgon contenant plusieurs millions en or. Cela suppose d’être tout à la fois très, très patient pour les suivre pendant tout ce temps et très, très réactif quand il faut passer à la partie interpellation qui va être très tendue. Il faut une lecture de la situation, mais aussi du comportement des gens, qui suppose de la psychologie. » Les officiers de la BRI et leurs savoir-faire uniques peuvent être également sollicités par les autres brigades, comme une unité d’appui en judiciaire. Par exemple, la section antiterroriste lui confie toute la partie « terrain » de ses enquêtes : les filatures sur Paris ou l’interpellation. La BRI Paris a effectué ainsi l’année dernière près de 230 interpellations, dont plus

d’une soixantaine sur la voie publique en flagrant délit ainsi qu’une vingtaine d’interventions « en noir » dans Paris – la grande majorité concernant des personnes retranchées ou des prises d’otages.

COULI SSES

Un homme en noir… ou un autre À la BRI Paris, la capacité d’adaptation se retrouve aussi dans la formation du personnel. Chaque opérateur doit être interchangeable afin qu’il n’y ait jamais de problème de compétence sur une intervention. « Chacun est capable de faire une filature, une effrac’ [ouvrir une porte avec un vérin hydraulique] ou de la varappe. Personne ne peut dire “je ne peux pas y aller car je ne sais pas faire”, explique Adam*, un chef de groupe. Les seules spécialités ici sont le tir de précision [les fameux “snipers”] et la négociation car c’est un art de

“On ne recule jamais. Avec nous, la situation sera traitée d’une manière ou d’une autre… même si 95 % des crises se résolvent par la négociation” Simon Riondet


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ET EN FRANCE ? Créée en 1964, la BRI Paris (Brigade de recherche et d’intervention) est la plus ancienne des forces d’intervention spécialisée. À partir de 1977, la BRI a essaimé dans d’autres villes, notamment à Lyon. On en compte aujourd’hui 18 en France.

maturité. Il faut de l’expérience. » Les opérateurs-ingénieurs expérimentent constamment afin de mettre au point des nouvelles techniques pour les aider dans leurs interventions. L’un d’entre eux a ainsi reçu deux années de suite le prix du concours Lépine pour ses inventions : un « lock off », système qui permet de bloquer instantanément une porte pour créer une « safe room » (ce dispositif pourrait être d’ailleurs donné un jour aux femmes menacées de violence conjugale pour bloquer la porte de leur domicile en cas d’attaque), ainsi que le black otus système qui déclenche une alerte sur des téléphones en cas d’agression.

Le devoir Faire passer la réussite de la mission avant sa propre vie suppose un état d’esprit particulier, une sérénité portée par « l’envie de servir mes concitoyens et le pays » pour la plupart des opérateurs que nous avons rencontrés, car le salaire n’est pas forcément un critère de choix – un policier à la BRI, avec un grade de gardien de la paix, gagne entre 1 940 à 2 577 euros nets par mois. Or les opérateurs de la BRI ne peuvent pas dire non. Ils représentent le dernier recours dans les situations très dégradées. En juin 048

dernier, leur champ d’action s’est même élargi puisqu’ils ont été appelés en renfort sur la gestion des violences urbaines. « Des collègues se retrouvaient à 3 dans un commissariat entouré de 80 émeutiers qui venaient pour brûler le bâtiment avec les collègues dedans. On ne pouvait pas ne pas y aller ! appuie Simon Riondet. On ne recule jamais. Avec nous, la situation sera traitée d’une manière ou d’une autre… même si 95 % des crises se résolvent par la négociation. »

Un entraînement exceptionnel Et pour être préparés autant que possible à tous les cas de figure, ces policiers bénéficient d’un entraînement exceptionnel. Ils sont d’abord sélectionnés de manière très rigoureuse une fois par an. « Nous ne prenons que des gens super qualifiés. On préfère être en déficit de personnel, mais avoir du personnel de qualité, résume le chef. Déjà, il faut être un policier avec au minimum trois ans d’expérience. Au moment de leur candidature, on reçoit les postulants et on essaie de comprendre leurs motivations pour rentrer à la brigade. C’est un premier tri qui écarte des gens qui auraient des fantasmes sur notre travail ou qui ne pourraient pas encaisser la grosse


disponibilité que nous demandons. Nous sélectionnons alors 21 CV pour une semaine de test. Il y a plus de 35 épreuves dans la semaine, avec très peu de sommeil, une grosse fatigue physique et nerveuse. On veut voir comment les gens se comportent sous stress, en état d’épuisement physique et nerveux. Certaines épreuves sont redondantes pour déterminer si la personne peut progresser, sait mettre en œuvre les remarques qu’on lui a faites, et tirer les leçons de ses échecs. À l’issue de cette semaine, il va rester peut-être 4 personnes qui vont venir en immersion dans la brigade, faire des filatures avec les gens, des opérations de nuit… Là on va voir s’ils arrivent à s’intégrer au groupe et si leur personnalité correspond à la manière dont on vit. Généralement, il en reste alors 3. Ces finalistes sont intégrés pour une formation probatoire de six mois à l’intervention, au tir de haute précision, à la détection d’explosifs… Et là encore, il peut y avoir des personnes qui vont repartir, si par exemple elles ne sont pas capables d’apprendre tout ce que nous voulons. Si la personne coche toutes ces cases, elle sera intégrée à un groupe d’opérateurs. » Et ce n’est pas fini ! La formation des opérateurs de la BRI-PP est continue, à peu près 500 heures par an. Il y a des mises en situation régulières dans les hauts lieux touristiques de Paris, des entraînements au sein du CQB afin de peaufiner leur manière d’avancer en groupe sur un terrain confiné ou au minimum deux entraînements au tir chaque semaine (150 cartouches par opérateur et par semaine à mettre en perspective avec les 90 cartouches par an que va tirer un fonctionnaire de police).

L’entraînement physique n’est pas obligatoire, mais en circulant dans les couloirs de la brigade, on ne croise que des hommes au physique de coureur de fond ou de champion de musculation notre équipement est devenu très lourd : un casque de 4 kilos sur la tête, auquel il faut ajouter 30 kilos à porter entre le gilet pare-balles et les armes [l’opérateur de base a aujourd’hui au minimum un fusil d’assaut et deux pistolets, Glock 26 et Glock 17, sur lui]. Ça a forcément changé le profil des gars du service ! Ceux qui n’étaient pas sportifs ne pouvaient pas supporter l’équipement, alors ils sont partis. » À 4 heures du matin avant d’aller

Un physique d’athlète L’entraînement physique n’est pas obligatoire, mais en circulant dans les couloirs de la brigade, on ne croise que des hommes au physique de coureur de fond ou de champion de musculation. Lorsqu’on lui fait la réflexion, Franck* sourit. « Depuis les années 2000,

Le dojo d’entraînement de la BRI

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en opération ou le soir, les opérateurs se programment donc en autonomie une séance de running le long de la Seine, une heure de muscu dans la salle de la brigade, ou du ju-jitsu et du combat rapproché dans le dojo. « Il n’y a pas de planning à proprement parler : ils organisent leurs journées. On investit sur les gens et ça marche très bien puisque nos opérateurs sont hyper responsables », explique Simon Riondet.


C OU LI SSES

villes qui ont un écho particulier », éclaire Simon Riondet. « Dès qu’il s’y passe quelque chose, la terre entière est au courant. Ce sont des villes où le “risque” est fort car ce sont des amplificateurs de communication. Si vous faites un attentat à Paris, vous êtes sûr que le monde entier va en entendre parler… Alors elle nécessite une brigade spéciale pour la protéger. »

La Coupe du monde de Rugby et les J.O. 2024

Paris, ville de tous les dangers Et au vu de la sensibilité stratégique de la ville de Paris, cette excellence n’est pas superflue. « Paris est une ville unique, très belle avec son architecture, fourmillant de symboles comme la tour Eiffel ou le Sacré-Cœur. Il y a aussi ici les sièges des ambassades, des hôtels, de nombreux touristes… Pour toutes ces raisons, Paris fait partie des villes-mondes comme Los Angeles, Londres, New York… Ce sont des

La BRI-PP sera ainsi en première ligne pour sécuriser les grands événements sportifs qui vont se dérouler à Paris – le premier étant la Coupe du monde de rugby ( jusqu’au 28 octobre). À l’occasion des Jeux olympiques, pour la première fois, tous les services d’intervention français ont mis de côté leurs différences de culture ou de méthode pour s’entendre afin d’assurer la sécurité de l’événement. Un intense travail de préparation a été ainsi effectué pour jouer la complémentarité entre le RAID, la BRI et le GIGN. Ils seront réunis en PC à Paris sous le commandement du préfet de police. Le cheminement des athlètes et la partie fluviale seront sécurisés par le RAID. Le GIGN, l’unité d’élite de la gendarmerie, avec sa réserve d’hélicoptères, aura le contrôle des airs et de l’arrivée des dignitaires. Enfin la sécurité des quais (où 600 000 personnes sont attendues !) et du théâtre de Chaillot, où se déroule la cérémonie d’ouverture, sera assurée par la BRI Paris. Ajoutez à cela 35 000 agents de police, pompiers et militaires de la gendarmerie chaque jour et 22 000 agents de sécurité privée, Paris devrait être la ville la plus protégée du monde ! *Le nom des opérateurs a été changé car leur identité est protégée par la loi.

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Vue de l’intérieur d’un véhicule d’intervention

Un véhicule de la BRI revient au « 36 » après une mission.

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Texte Marianne Hesse Photos Courtesy Galerie Mathgoth

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Gérard Zlotykamien 60 ans de poésie urbaine 053

1978. Beaubourg.


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i les débuts du street art sont plutôt bien documentés aux États-Unis, sa date de naissance exacte en France demeure mal connue. L’année dernière, l’exposition Capitale(s) à l’Hôtel de Ville donnait ainsi à découvrir les pionniers du mouvement dans Paris, dont Gérard Zlotykamien, dit Zloty, considéré comme le premier artiste d’art urbain. Cet avant-gardiste est aujourd’hui l’objet pour la toute première fois d’une rétrospective à la galerie Mathgoth, un grand espace de béton brut de plus de 300 m2 dans le 13e, l’arrondissement chéri du mouvement. Pour lui tout commence en 1963. Afin de se préparer à exposer à la biennale de Paris au musée d’Art moderne (au côté de cinq autres jeunes artistes, dont Eduardo Arroyo et Pierre Pinoncelli), Gérard Zlotykamien réalise ses premières interventions picturales dans la rue à l’aide de poires à lavement remplies de peinture acrylique. Dès lors, il préférera toujours peindre directement dans l’espace public, là où on peut être le mieux vu et par le plus grand nombre ! Depuis cette date, et encore aujourd’hui à plus de 80 ans, il trace librement dans les villes ses figures évanescentes qu’il nomme « Éphémères ». Le parcours permet aux visiteurs de comprendre ses inspirations, de revisiter Paris à toutes les époques via son œil, et de comprendre l’essence du street-art, c’est-à-dire la liberté et la créativité ; liberté par exemple d’utiliser les supports que l’on veut (matelas, palissade, poubelles, etc.) et créativité en imaginant une autre fonction aux objets, comme la fameuse poire à lavement transformée en pinceau !

Gérard Zlotykamien (2012)

Gérard Zlotykamien – 60 ans d’Éphémères du 23 septembre au 28 octobre 2023 à la galerie Mathgoth

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© Archives Eliane et Gérard Zlotykamien

© Archives Eliane et Gérard Zlotykamien

1967, Paris.

1971 environ, Paris 6e

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© Archives Eliane et Gérard Zlotykamien

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1977, Paris, boulevard Raspail.

1977, Colombes.

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© zloty

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1977, Pompidou.

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2019, fresque Paris 13e

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1997, Bobigny.

2019, Paris.

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2006, Saint-Denis.

2023, Paris.

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“La carte des vins, 100 % sans intrants ni sulfites, est l’une des plus excentriques de Paris et l’assiette, coquine et copieuse, matche dans la même veine.” Le top 20 des meilleures caves à vins de Paris p. 64

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© Clémence Sahuc

© Francis Amiand

L’épicerie d’Irasshai

Pour les gastronomes nippophiles

© Clémence Sahuc

MAGASIN. Bienvenue, oui, car c’est le sens d’Irasshai, le nom de ce nouveau temple gourmand pour amateurs du pays du Soleil-Levant. Un concept store immense de 800 m2, idéalement situé entre le quartier japonais, le Louvre et la Bourse de commerce. Design épuré, espaces multipliés, on peut aisément y passer toute la journée… Surtout que c’est ouvert de 8 h à minuit. Au menu ? Deux restaurants (Shokudo pour la cantine et Biwan pour l’izakaya), un café/bar (Kissaten le jour, Sakaba le soir), des cours de cuisine et bien plus encore ! Mais le véritable poumon du lieu reste l’épicerie, qui permet de faire le lien entre tous les éléments et mets qu’on retrouve à table. Avec une vraie bonne idée : une approche pédagogique (étiquettes, QR codes…) qui manquait jusqu’ici aux apprentis ryôri suru d’ici. FV

Fête de la mixologie

Photos © Cocktail Street

FESTIVAL. La Cocktail Street se déroulera les 21, 22 et 23 octobre à la Grande Halle de la Villette avec plus de 60 bars et artistes du shaker. L’invité star de cette année est Erik Lorincz, l’un des meilleurs barmen du monde. L’événement est gratuit. HJ cocktailstreet.fr 062


© Leo Kharfan

© Maki Manoukian

Pauline Séné

Alice Tuyet

© DR

© Charlène Pélut

© Studio PAM © Victoire Terrade

Eugénie Beziat

Marie-Victorine Manoa

Camille Guérin

Valentine Davase

La nouvelle génération de femmes cheffes fait bouillir la rentrée parisienne ! TENDANCE. Après avoir fait leurs classes bien sagement et œuvré pour les autres (souvent des hommes…), ces jeunes cheffes ont décidé de s’émanciper et de s’installer à leur compte. Et ce n’est rien de dire que cette nouvelle garde nous fait saliver. Parmi elles, la première de la classe n’est autre qu’Eugénie Béziat, qui reprend ces jours-ci le restaurant gastronomique du Ritz. La médiatique Marie-Victorine Manoa, qui a fait un carton comme « Ducasse girl » aux Lyonnais pendant deux ans et enchanté le Chalet des îles cet été, doit quant à elle ouvrir son antre dans les semaines à venir. Manon Fleury, très remarquée lors de sa résidence au Perchoir, a posé ses couteaux chez Datil (3e). Valentine Davase, qu’on avait aimée au Réfectoire, va ouvrir en octobre La Brasserie des Arts (6e). Pauline Séné, encensée chez Fripon, s’apprête elle aussi à dévoiler son lieu dans le 11e… La discrète Camille Guérin (La Réserve de Beaulieu), devient cheffe-propriétaire d’À Table ! (7e) à seulement 29 ans. Last but not least, Alice Tuyet, l’autodidacte surdouée, déjà à la tête de Plan D, fait déjà courir le Tout-Paris dans son restaurant sexy et veggie : Faubourg Daimant. Chaud devant ! FV 063


SÉLEC TI ON

NOS 20 MEILLEURS BARS À VINS PARISIENS ! Sélection Carmen Vazquez & Florence Valencourt Photos Voir mentions

© DR

Montijo 75017

Si le business de l’apéro explose à Paris, les bonnes caves à vins où la gastronomie égale la boisson ne sont pas légion. Carmen et Florence de la rédaction de Vivre Paris en connaissent un rayon question petites assiettes et bons canons : elles vous livrent leurs adresses favorites spécialisées en vin nature ou biodynamique. À tester entre amis !


L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération

Anna Bar à vins

© Benjamin Carrot / Le Becs 75

75003. Sous ses airs de vaisseau spatial, Anna surprend par une déco 80s emmenée par des murs en carrelage blanc griffés de graffitis fluo et multicolores. Le ton est donné et le son suit le mouvement avec de l’italo disco de rigueur. Eliana Campo, sommelière passée par les meilleures tables londoniennes, chante la carte aux saveurs italiennes tout en servant son pétillant naturel du moment. La carte des vins recèle de perles transalpines mais ne se cantonne point à la Botte : Espagne, Grèce et surtout France matchent élégamment la cuisine rustique mais joliment troussée de Giuseppe Craparotta et Alessandro Allegri. Débutez l’escapade avec les carciofi alla giudia, délicats comme rarement et un vitello tonnato originel comme on en trouve peu même au Piémont. Avec la pasta, fraîche ou sèche, on ne peut que recommander le ragoût de lapin d’une jutosité inouïe. La panna cotta, sans gélatine et riche en crème, nous laisse bienheureux. CV

Au Petit Rozey

© Carmen Vazquez

75017. La réputation du lieu a largement dépassé les frontières des Batignolles grâce aux nouvelles « soirées vinyles », organisées par le trio de garçons qui fait vivre la cave, et leurs amis invités derrière les platines. En effet, Stéphane (Rozey), qui a ouvert en 2018 et transformé une laverie quelconque en un repaire chaleureux, a été rejoint il y a quelques mois par Léo et Simon et, depuis, l’aventure prend une tournure aussi bien œnophile qu’audiophile… Côté quilles, belles propositions au verre – qui changent toutes les semaines – et bouteilles à choisir sur les étagères, aussi bien françaises qu’étrangères. Mention spéciale à la sélection de vins grecs, particulièrement fournie et qui mérite le voyage. Les planches sont quant à elles gargantuesques et les produits sélectionnés avec soin. À noter : on peut aussi passer prendre sa bouteille à emporter avant le dîner. Un vrai QG de quartier, où l’atmosphère est bon enfant et les habitués accueillants. Que demander de plus ? FV 065


La Dalle en Pente

Septime La Cave

75005. Avec un tel nom, on est sûr de trouver ici de quoi étancher sa soif de bons petits pinards. Mais celui-ci fait aussi allusion au degré d’inclinaison de ce petit bout de rue bien pentu, fort heureusement un peu à l’écart des étudiants soiffards de la rue Mouffetard... Repris l’été dernier par Théo et Goran, le premier au bar, le second en cuisine, la carte est à leur image : simple, mais convaincante. A retenir : une belle sélection de beaujolais et une carte aux accents des Balkans. FV

75011. Fourmillant dorénavant d’expats et de touristes bien renseignés, ce bar à vin de poche au look taverniste n’en demeure pas moins l’un des repères préférés des épicuriens parisiens. Cadet de l’un des meilleurs restaurants au monde, le lever de coude et le coup de fourchette y sont à la hauteur de la réputation de la maison. À déboucher (8 € de droit de bouchon) : un Prima de l’Anglore ou une macération Dinavolino. À boulotter : le waguy de bœuf coiffé d’amandes grillées et la bonne terrine du jour. CV

© Carmen Vazquez

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Buttes Snack Bar 75019. Sur les hauteurs des Buttes Chaumont, le Buttes Snack Bar est un nouveau lieu où picorer joyeux et trinquer heureux dans un brouhaha enjoué. Derrière ce nom aux consonances anglo-saxonnes se cachent trois amis rencontrés au Café des Anges. Leur ambition ? S’affranchir des codes tradi de la restauration. Et le pari est réussi. Clément, cuisiner autodidacte, mijote une carte éclectique, avec des pastas divines (ce jour-là des macceroncini alla puttanesca), des Lemon Pepper chicken wings façon pub US ou des poissons crus comme ce thon rouge à l’eau de tomates et groseilles ainsi qu’une sélection de frometons et charcut’ d’artisan pour snacker dignement. Arrosant ce festin, Pierre compose une superbe carte de vins naturels traversant la France, l’Espagne, l’Italie jusqu’à l’extrémité est de l’Europe. Et si Benoît nous guide parmi la large sélection au verre – deux de chaque couleur –, on ne peut résister à l’appel de Cantina Giardino, un domaine de Campanie difficilement trouvable à Paris ou à l’assemblage gamay/pinot noir/chardonnay d’Henri Chauvet en Auvergne. CV 066

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© Tristan Olphe-Gaillard

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Montijo

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75017. Juste en face de Pont Cardinet, si le GPS indique encore les Batignolles, franchir le seuil de Montijo nous ferait plutôt penser que l’on vient de débarquer en terres espagnoles. En effet, le lieu tient plus de la bodega que de la cave parisienne, tant au niveau de la déco luxuriante que de la carte Beber y Comer. Au menu, des vins nature espagnols et méditerranéens qu’on ne retrouve pas partout ailleurs (Sicus 2019, Metamorphika, Clos Lentiscus, etc) et des produits hispaniques bien sourcés. Viva España ! FV


Les Amoureuses

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75003. Nommé d’après un Premier Cru de ChambolleMusigny, Les Amoureuses est le nid d’Alena Iampolskaia et de son partenaire. Sommelière et organisatrice de voyages oenotouristiques, Alena a sillonné l’Hexagone à la rencontre des meilleurs vignerons de notre terroir. Et cela se reflète dans sa carte à forte sensibilité naturiste où brillent grands crus, champagnes de belles maisons et de vignerons tout comme des vins filant un peu moins droit pour notre grande joie. Accoudés au comptoir, la sensation d’être en immersion dans une cave moderniste opère grâce au bois, cuir, tons beiges satinés et bouteilles trônant par milliers. Rosé de chez Domaine du Rab, pet’ nat Amour du Risque de Peybonhomme, bourgogne blanc de Terre de Velle… Les yeux fermés, Alena nous guide sur ses terrains préférés. L’assiette est tout aussi sérieuse, qu’il s’agisse du sourcing (charcut’ de Maison David, du tarama Kaviari ou des herbes iconiques de Pierre-Édouard Robine) comme du chef résident qui les mitonne. CV


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Early June

© DR

75010. Dégoter une table chez Early June, ce bar à vin nature de poche, minimaliste et intimiste à l’allure copenhaguoise, n’est pas une mince affaire. Avec une cinquantaine de visites au compteur, on détient le secret du bonheur : débarquer à 18 h pétantes ou à 22 h, heure à laquelle les bouches se délient et « l’ambiançomètre » grimpe au rythme d’une playlist funky savamment mitonnée par Camille et Victor, les fondateurs. Faites du comptoir votre place de choix et louchez sur le chef résident du moment. Shanghai, New York ou Mexico, en cuisine défilent des créatifs internationaux dépoussiérant l’assiette parisienne, « one pop-up at a time ». Si le coup de fourchette joue les surprises, le verre est toujours une valeur sûre. Camille a un faible pour les quilles catalanes et elles le lui rendent bien. Quant à Victor, il nous emmène aussi bien dans le Jura qu’en Autriche ou en Emilia-Romagna… Parmi nos préférés de toujours : le Vej brut cuvée, un pet’nat orange italien doté d’une macération de 90 jours, ou les cuvées vives d’Anders Frederik Steen, un Danois vinifiant en Ardèche. CV

Les Œillets

© Lucia Bell Epstein

75011. Qu’il neige ou qu’il pleuve, le 137 rue Saint-Maur se révèle toujours être un joyeux bordel où rires bruyants et cuvées rock’n’roll font la belle paire. En terrasse, Solal, ancien agent de vin naturel, zigzague entre les tables pour déboucher ses derniers arrivages catalans, région dont il est expert. À l’intérieur, aux faux airs de bar berlinois, Max mène la danse, jonglant entre tablées enflammées à qui dévoiler son amour pour les vignerons allemands et le comptoir-cuisine derrière lequel valsent sur les quatre saisons des chefs résidents. Pour pimenter encore plus l’affaire tout au long de l’année, des special guests débarqués des restos et bars à vins européens les plus trendy s’invitent le temps d’une soirée. La carte des vins, 100 % sans intrants ni sulfites, est l’une des plus excentriques de Paris et l’assiette, coquine et copieuse, matche dans la même veine. Cet automne, le talentueux chef danois Mathias Degn (ex-Au Passage) régale d’une cuisine identitaire où les antagonismes de goûts créent la symbiose. CV 069


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Euphorie

Giclette

75018. Fraîchement installé à Jules Joffrin, le bar à vin d’Alexis et Gauthier où siroter et becqueter 100 % français prend le contrepied des caves à manger en vogue. La carte des vins explore la biodynamie de nos terroirs sans entrer dans le dogmatisme naturiste. Celle des grignotages se construit autour de trois assiettes de partage (végane, végétarienne et poisson) et des créations franchouillardes réconfortantes comme l’œuf cocotte au roquefort, le croque-monsieur au chèvre ou les roulés d’aubergine au pont-l’évêque et jambon à la truffe. Rafraîchissant ! CV

75011. Et que ça gicle du bon pinard ! Guillaume Dupré, amateur et connaisseur des vins naturels d’exception depuis plus de vingt ans, ouvre avec sa voisine du Petit Keller ce bar à vin tout en bois où trônent l’une des plus jolies collections de quilles sans sulfites de l’Est parisien. De Lucy Margaux, vigneron australien (rarissime !) à Imanol Garay dans le Pays basque espagnol, on se laisse porter vers des terroirs inconnus. À se mettre sous la dent ? Charcut’, frometons et autres trouvailles de compétition comme des snacks nipponisants à l’image de l’inari, une poche de tofu frit fourrée de riz vinaigré et condimenté. CV

© Vincent Lappartient

© Benjamin Mercui

SÉLEC TI ON

75020. Supra, « tablée » en géorgien, est une adresse en or. Nichée sur les hauteurs de Belleville, quasiment en face du Baratin, elle est presque exclusivement dédiée aux vins géorgiens. Berceau ancestral du breuvage et lieu de pèlerinage obligatoire pour tout caviste nature qui se respecte, la Géorgie regorge de multiples petites cuvées que Nika Endeladze et son équipe (Ana et Iris) ont décidé de nous faire découvrir. Idem pour les assiettes dépaysantes de Ninh : katchapuri, soko, ajapsandali… C’est un grand oui ! FV 070

© Carmen Vazquez

© Louis LD

Supra


Donna

© Alejandra Hauser

© Alejandra Hauser

75003. Donna, c’est la nouvelle adresse du très branché chef Masahide Ikuta (ex-Agapé, Enfants du Marché et Acte Deux) et du plus discret mais pointu Jean-Marc Le Berre, déjà propriétaire de la cave Rouge ou Blanc dans le 6e et des Caves Tissandier à ClermontFerrand. À eux deux, ils ambiancent ce coin de Rambuteau, plus habitué aux attrape-touristes qu’aux adresses léchées. Dans un décor brut et chic avec quelques pièces design signées, on découvre des quilles rares sous allocation ou des vins plus à la mode, avec la même volonté assumée de rester plutôt français – vieux Domaine Prieuré Roch ou Magma Rock de Vincent Marie. Quant aux assiettes de Masa, sous influence marine pour la plupart, elles ne font évidemment pas de la figuration. On retrouve avec joie ses ris de veau à l’anguille, mais aussi un tataki de bonite ou un poulpe de Galice. Last but not least, Donna (pour Summer ?) monte parfois le son, funk, disco ou plus techno, sur une sono premium French Flair. FV


75011. On connaît la chanson : « Un cavalier qui surgit hors de la nuit court vers l’aventure au galop. » Sauf qu’ici point de Zorro, mais des baroudeurs qui se sont donné pour mission de faire vivre ce lieu hybride – entre cave à vin, resto à tapas, bar de nuit à manger et à danser – dans une artère de Répu plus habituée aux éclats de voix qu’aux appétits repus. À la tête de cette équipe de joyeux drilles, Ayyam Sureau, femme lumineuse et engagée, suivie de Prune Moirenc, jeune sommelière et directrice de salle inspirée. Sans oublier le chef italien Michaël Albidek et les mixologues Léo Nicaud et Anthony Rostoucher. Chacun à sa manière contribue à donner un supplément d’âme à ce lieu à rallonge bien dessiné, où l’on déguste des vins qui changent et des assiettes aux influences transalpines bien exécutées. Mention spéciale à la cervelle frite et aux agnolotti, ainsi qu’au vin orange géorgien Uetiko, Alcyone 2021. Un chouette lieu à dégainer à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. FV

© Maki Manoukian

Cavalier


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Passerina

© DR

75012. Dernière-née de la galaxie Passerini en 2022 (après la taverne de Giovanni et son pastificio), Passerina avec un « a » n’est pas seulement un clin d’œil au chef, au cépage éponyme ou encore au nom familier qu’on donne aux jeunes filles en italien… C’est surtout une cave à manger, tenue par une femme qu’on aime, Justine Prot (ex-Omnivore). Dans son antre à elle, mais entourée de deux lieutenants de talent – Antoine et Gaetano – on manie le tirebouchon et la tapassiette à l’italienne, sans hésiter à franchir la frontière transalpine de temps en temps, avec une nette préférence pour le vin du Jura. Côté Piémont, le blanc de Cascina degli Ulivi est un bonbon. Attention, ici on ne plaisante pas avec le niveau de l’assiette, très cuisinée, mais pas surfacturée. Un conseil : ne passez pas à côté du risotto minute, s’il pointe le bout de son nez ! Vous trouverez toujours une place dans la cave, peuplée d’habitués et très peuplée tout court, si vous souriez et que vous ne craignez pas de parler avec les mains… FV

Billili

© Olivia Antonetti

75010. On ne présente plus le duo Thomas Brachet et Tristan Renoux, à la tête des Arlots, l’un des bistrots les plus courus de Paris, et pas uniquement pour sa saucissepurée d’anthologie. Lassés de devoir refuser du monde à leur table, ils décident d’ouvrir une annexe autour du vin, la porte juste à côté, et associent les deux prénoms de leurs enfants respectifs pour dégainer ce Billili. Seulement voilà, ce bis est vite devenu le rendez-vous de tous les copains du coin (et même de quelques étrangers bien renseignés) et c’est toujours plein à craquer. Ceci dit, on y est tellement bien qu’on est prêt à patienter ou à faire ami-ami avec son voisin, pour attraper un canon et un morceau de saucisson. D’ailleurs, tous les verres de vin du moment (Petit Oratoire, bulles de la Loire, champagnes de vignerons) sont au même prix – très raisonnable – et les assiettes de tarama maison ou « la caponata qui déchire » donnent vraiment le sourire. Sans oublier l’œuf mayo, fierté maison, arrivé vice-champion du monde en 2019 au concours du Guide Lebey ! FV 073


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Montezuma Café

Chambre Noire Jules Ferry

75002. Premier bar audiophile et à vins naturels de la capitale, Montézuma régale depuis quatre ans l’ouïe et le goût. Derrière leur comptoir, Louis et Théophile swinguent entre vinyles et frigo couvant leurs meilleures quilles. Leur reco du moment ? La Capitulation ne paie pas ! d’Axel Prüfer et les vins de Pauline Maziou dans l’Ardèche. Avant d’aller glisser sur la piste du sous-sol, épongez avec la cuisine joueuse du chef Clément Stagé : caille « façon KFC façon algérienne » ou chartreuse de faisan, on ne vous en dit pas plus. CV

75011. Amarré au canal Saint-Martin, ce barav aux allures de cabane design est le dernier hot spot (ou repère) en date des expats créatifs et fondus de vins barrés. Démocratiseur des vins naturels allemands et d’Europe de l’Est à Paris, Oliver Lomeli et sa Chambre Noire révèlent les meilleures quilles désinvoltes de ces terroirs encore méconnus par ici. S’il fallait n’en boire que trois : Weingut Brand, Vin de la Gamba et Marto. Pour la faim, la tortilla de patatas est étonnamment l’une des meilleures de la capitale. CV

© Valentin le Cron

SÉLEC TI ON

75018. Pour ceux qui suivent, c’est l’ex-Brutal, repris en juillet 2022 par Timothy Schweizer. Comme son frère (chef aux Deux Gares), il a non seulement la passion pour les cuvées des vignerons authentiques et joyeux ( Julien Courtois, Patricia et Rémi Bonneton, Stéphane Cyran…) et les bons produits, mais aussi celle de la transmission, pour le plus grand plaisir des buveurs amateurs. Et si vous vous demandez pourquoi « Poney Club » : c’est pour faire enrager les esprits chagrins qui prétendent que le vin nature sent l’écurie… FV 074

© Carmen Vazquez

© Julien Mouffron-Gardner

© Carmen Vazquez

Poney Club


Terra, bar à vins

© Clémentine Leloup

75003. Petite sœur du restaurant Terra, la cave à manger a ouvert fin 2021 et connaît un beau succès auprès des locaux comme des étrangers. On y partage des petites assiettes du chef Oscar Verlant (ex-Frenchie et Table du 11), cuisinées avec des produits de saison, et accompagnées de vins choisis parmi une large sélection de cuvées nature et bio, comme le Domaine de l’Anglore ou le Domaine Guillot-Broux. Déco brute et chic signée Atelier JMCA, cuisine ouverte en majesté, assiettes stylées. Pas de doute, on est dans le Marais. FV


Souffleuse de verre : savoir dompter la matière, tout un art Si on connaît un peu les souffleurs à la canne grâce à Baccarat, Daum ou Saint-Louis, le métier de souffleur de verre scientifique détourné pour les arts de la table est, lui, totalement confidentiel. Margot – alias Ulysse Sauvage – le pratique dans son petit atelier du 17e arrondissement et ses créations commencent à orner les plus belles adresses parisiennes. Texte Florence Valencourt Photos DR

Pouvez-vous nous décrire votre parcours et nous expliquer comment vous vous êtes retrouvée à exercer cet artisanat si particulier ? J’ai toujours voulu créer, mais pas nécessairement devenir une artiste. J’ai commencé par un cursus d’arts plastiques à la Sorbonne, puis des études de sculpture aux Beaux-Arts de Bruxelles. C’est à cette époque que j’ai rencontré un garçon qui était souffleur de verre scientifique. Quand il a fallu choisir une voie, j’ai repensé à ça. J’habitais alors à Berlin et j’ai rencontré des pros qui m’ont donné quelques trucs, et conseillé de rentrer en France pour faire un CAP. C’est ce que j’ai fait entre 2018 et 2019, au lycée Dorian à Paris 11e,

le seul en France à proposer cette formation. J’ai passé un an à travailler uniquement au chalumeau. C’est très impressionnant. Après une expérience dans le scientifique à Toulouse, pour le compte du CNRS, des facs et des laboratoires, je suis rentrée à Paris. J’ai lancé Ulysse Sauvage en 2020. Pourquoi avoir choisi le nom d’Ulysse Sauvage pour votre atelier de création ? Je ne voulais pas utiliser mon propre nom car j’évolue dans un milieu très misogyne. Or, lorsque j’étais à la fac et que j’ai découvert le métier, j’étudiais Homère. C’est donc un clin d’œil. Quant à « sauvage », pourquoi pas ! Le verre borosilicate est un matériau très capricieux, difficile à dompter… 0 76

À quoi ressemble une journée dans l’atelier d’une souffleuse de verre ? En fait, cela dépend de la saison. En été, je ne souffle que le matin – car après il fait bien trop chaud – et je dédie l’après-midi à l’administratif : commandes, emballage, réseaux sociaux, etc. L’hiver, je fais l’inverse. On ne dirait pas comme ça, mais pour faire fondre le verre, la flamme du chalumeau doit atteindre 1 400 degrés. Sachant qu’il me faut environ vingt-cinq à quarante minutes par pièce, il fait vite très chaud dans le local, même avec le système de ventilation. Sans oublier les jours où le four fonctionne. J’en fais tourner un par semaine, quand il est plein. Il monte alors


À mi-chemin 07 7


Verre « tulipe » réalisé à la demande, 55 €

“Le travail artisanal des arts de la table au chalumeau est confidentiel : moins de dix personnes en France, et une seule à Paris, Ulysse Sauvage” jusqu’à 560/580 degrés pendant trois heures ! Par ailleurs, je me discipline pour être là tous les jours de 9 h 30 à 19 h. L’artisanat à Paris, ce n’est pas évident et même si j’ai un loyer modéré, car j’ai obtenu un local commercial qui appartient à la Ville, il faut que je fasse attention. Avez-vous beaucoup de concurrents dans votre branche ? Pas vraiment, non ! Pour le scientifique, cela doit représenter moins de cent personnes en France. Pour ce que je fais, soit des arts de la table au chalumeau, on doit être moins de dix. Et, à ma connaissance, je suis la seule à Paris. Alors, bien sûr, je pense que l’idée de la transmission me viendra avec les

années, mais pour l’instant je suis encore jeune et je commence tout juste à me sentir légitime comme souffleuse de verre, donc on verra plus tard.

vases. Et je peux aussi réaliser des commandes spéciales, comme là des verres à absinthe pour le bar du nouvel hôtel La Fantaisie, dans le 9e arrondissement.

Qui sont vos clients ? J’ai des clients professionnels parisiens comme Le Centre Commercial, Lafayette Anticipations ou les revendeurs [la librairie du palais de Tokyo, par exemple] : ils choisissent à partir de mon catalogue où je propose une quinzaine de références. Les clients grand public sélectionnent eux sur mon site perso des pièces beaucoup plus expérimentales. Je crée essentiellement des verres à pied, des coquetiers ou des

Quel est votre prochain challenge ? J’ai très envie de créer des lampes. Je me suis initiée à la céramique dans mon ancien atelier partagé parisien et l’alliance des deux techniques me plaît beaucoup. Même si je reste foncièrement très attachée au chalumeau, comme tout artisan, je crois.

0 78

ulyssesauvage.com


Green ×

“Je me suis engagée parce que je déteste les injustices depuis toute petite.” Cécile, « enquêtrice » pour la B.P.A. p. 84

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© Brian Skerry

20 000 lieues sous les mers EXPOSITION. Du fait du changement climatique et de l’activité humaine, les océans – et les conditions de vie de ses habitants – se dégradent chaque jour. Afin de sensibiliser à sa beauté et à sa fragilité, l’Atelier des lumières met à l’honneur les photographies sous-marines de Brian Skerry. Photojournaliste pour National Geographic depuis 1998, il produit des clichés époustouflants, étonnants ou insolites sur la vie marine. Grâce à la scénographie immersive de l’institution du 11e, le spectateur plonge dans les profondeurs à ses côtés pour nager avec les poissons multicolores des récifs coralliens, des tortues de mer, des orques, des requins, ou des dauphins… Et qui sait ? Peut-être ces clichés participeront-ils à changer la donne. Par exemple, la création du tout premier parc national aux États-Unis, Yellowstone, a été rendue possible en partie grâce à la contribution d’un photographe nommé William Henry Jackson. Après avoir vu ces clichés, le Congrès s’était prononcé en faveur de la protection du parc. MH Océans, l’Odyssée immersive à l’Atelier des Lumières, du 20 octobre 2023 au 7 janvier 2024, 11 € (5-25 ans) et 16 € (plein tarif) 080


Dans le 6e

© DR

MOBILITÉ DOUCE. Ils sont connus pour leurs eScooters E110S, E125S et E300SE, et les trottinettes F2 Pro, MAX G2, P65E et P100SE : le premier producteur mondial de trottinettes électriques, l’Américain Segway-Ninebot, ouvre un magasin non loin de l’église Saint-Sulpice en partenariat avec Maze. MH

Une ferme en ville BIODIVERSITÉ. Les adultes comme les enfants sont les bienvenus à la ferme de La Villette pour une bonne dose de nature et de campagne ! Avec le soutien de la fondation Adrienne et Pierre Sommer qui promeut la médiation animale, le site a en effet ouvert une ferme pédagogique en accès libre. Dix-neuf animaux vivent ici : des ânes de Sardaigne, des chèvres des fossés (une race normande qui a failli disparaître), des poules anciennes, des lapins et Uru et Malice, les deux moutons Noirs du Velay qui assurent à l’année l’écopâturage sur le parc. Un parcours pédagogique permet d’observer les animaux dans le plus grand respect de leur bienêtre. Et pour comprendre la vie à la ferme et son écosystème, des ateliers sont conduits par un fermier-animateur, autour des soins animaliers. MH © Joseph Banderet

La ferme de La Villette, jusqu’au 15 octobre, les samedis et dimanches de 15 h à 19 h 081


Un abri pour les LGBT+ Le Refuge, l’association qui accueille les jeunes LGBT+ en rupture avec leur famille depuis vingt ans, lance un appel à de nouveaux bénévoles sur ces trois délégations d’Île-de-France : le 75, le 92 et le 94. Olivier Rouchon, le délégué Paris, explicite le rôle clé de ces volontaires.

© DR

Olivier Rouchon, délégué Paris du Refuge Les locaux du Refuge à République

L’association le Refuge a 20 ans. Est-ce que la situation des jeunes LGBT+ s’est améliorée à Paris ? Oui et non. Il y a eu le mariage pour tous… Mais notre liste d’attente est toujours aussi importante. Aujourd’hui, nous accueillons des jeunes qui ont dû fuir leur pays où les homosexuels sont condamnés à mort. Il y a également du travail autour de la transidentité, beaucoup moins acceptée que l’homosexualité. Et hélas, les agressions continuent… même à Paris. J’habite métro Jules Joffrin dans le 18e, et j’ai vu ma porte taguée avec un « Sale pédé » ! Sans parler des réseaux sociaux où la parole haineuse s’est décomplexée…

Est-ce qu’on a besoin d’un talent particulier pour être bénévole chez vous ? Ça peut être des compétences professionnelles : apprendre aux jeunes à rédiger un C.V., faire des simulations d’entretiens d’embauche ou savoir remplir des dossiers de subventions ! Le Refuge, c’est 80 % de dons privés… Il faut aussi des volontaires qui veillent à ce que la cohabitation se passe bien dans les appartements du Refuge où les jeunes vivent ensemble, parfois difficilement. Pour les bénévoles plus aguerris, on peut leur demander de faire des interventions en milieu scolaire : nous misons sur la prévention pour combattre les 082

LGBTphobies et déconstruire les idées reçues. Quelle est la disponibilité demandée ? Il faut s’inscrire dans la durée et être régulier, c’est ça l’important. Généralement, on demande aux bénévoles de faire deux permanences par mois dans notre local de République pour qu’ils puissent avoir un suivi des jeunes… Sinon le rapport de confiance ne peut s’établir. Combien de personnes avezvous aidées cette année sur votre antenne parisienne ? Nous avons une capacité d’hébergement à Paris de 30 jeunes et une vingtaine de suivis. ES


© DR

Le bon plan DEUXIÈME VIE. Fondateurs de trois boutiques de seconde main Mercato (à Beaubourg, Bolivar et celle de Châteaud’Eau, une mine d’or pour les fans de culture urbaine), Myriam et Frédéric Bertinet ont eu la bonne idée d’ouvrir un service d’expertise/vente via WhatsApp (07 82 01 84 00). En envoyant un simple message accompagné de photos du bien, une estimation est proposée dans l’heure ouvrée. Si celle-ci convient au vendeur, Mercato se charge des frais d’envois et effectue l’achat dès réception de l’objet. Leurs prochains projets ? Des concerts dans les trois magasins (avec les instruments vendus sur place) ou une expertise directement chez le vendeur avec un expert en triporteur qui passe pour estimer les biens - et les embarque directement une fois le prix entendu. MH

Au palais de Chaillot

© CASSON MANN-LMNB

ÉCOLOGIE. Le musée national de la Marine rouvre ses portes en octobre ! Son nouveau parcours intègre désormais les grands enjeux maritimes actuels, dont les énergies en mer (éoliennes, transport pétrolier…) ou la pêche responsable dans une scénographie qui sollicite les émotions et les sens via des dispositifs olfactifs, sonores et visuels. MH 083


Texte Estelle Surbranche Photos Émilie Imbrecht

AU NOM DES ANIMAUX SOS animaux en danger ! À Paris, de plus de plus d’animaux sont victimes de violences, de la part de leur propriétaire ou de kidnappeurs. Que faire quand vous êtes témoin ou victime de ce genre de situations ? Vivre Paris vous donne toutes les pistes !

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Coco est « famille d’accueil » pour les chiens maltraités, en attendant que l’association leur trouve un nouveau foyer.


“Si l’animal a été maltraité, l’association le confie d’abord à un vétérinaire partenaire, comme Éric et Julie, l’équipe de la clinique Saint-Germain dans le 5e” Derrière ces chiffres, il y a hélas une triste réalité : de plus de plus d’animaux sont victimes de violences de la part de maîtres peu scrupuleux ou dérangés mentalement. En région parisienne, pendant le confinement, certains ont ainsi acheté un chien sur internet pour se donner un prétexte de sortir hors du fameux périmètre autorisé, sans bien réaliser l’engagement demandé. Résultat, deux ans plus tard, les abandons mais également les cas de maltraitance ou de négligence explosent. Lorsqu’on entend un chat miauler pendant des heures ou un chien aboyer désespérément dans son immeuble, on est souvent démuni… surtout si on est allé parler au propriétaire de la bête et qu’il ne veut rien entendre. Comment aider l’animal sans passer tout de suite par la case police ? C’est là que la Brigade de la protection animale peut intervenir.

Les animaux, chouchous et parfois martyrs

Cécile, « enquêtrice » à la B.P.A.

La France est l’un des pays au monde où il y a le plus d’animaux domestiques par foyer. À Paris, où les logements exigus ou le peu d’espaces dédiés n’en facilitent pourtant pas la possession, 43 % d’habitants déclarent avoir au moins un animal de compagnie, dont 37 % un chien et/ou un chat (sondage OpinionWay pour Mars Petcare) ; 68 % des propriétaires les considèrent d’ailleurs comme un membre de la famille. 086

Une enquête informelle Fondée au départ en 2019 par des policiers et des gendarmes afin de sensibiliser les forces de l’ordre à la cause animale et placer chez des « familles d’accueil » les animaux saisis au moment des arrestations de criminels, cette association loi 1901 compte aujourd’hui plus de 3 000 bénévoles partout en France, dont 2 000 civils. Parmi ces bénévoles, certains gardent des animaux, les transportent d’un endroit à un autre, les soignent… Mais ils peuvent aussi enquêter en cas de signalement de maltraitance,


même s’ils n’appartiennent pas aux forces de l’ordre. Cécile, une podologue parisienne de 38 ans, fait partie de ces « enquêteurs ». « Enquêteur, c’est un grand mot ! nuance-t-elle. Nous sommes en fait les yeux de l’association. On va juste vérifier si le signalement est vrai et regarder les conditions de vie de l’animal. Nous sommes toujours dans une attitude bienveillante. C’est vraiment pour rencontrer la personne, prendre un premier contact… et parfois

Chay, un chat torturé par son ex-propriétaire

nous allons simplement donner des conseils de soin. Je me suis engagée parce que je déteste les injustices depuis toute petite, pas pour agresser les gens ! »

En cas de maltraitance… Si vous voulez déposer un signalement sur le site de la B.P.A., il faut d’abord réunir un maximum de preuves : des photos, des vidéos, et si c’est possible, un témoignage d’un autre voisin sur les faits. N’oubliez pas non plus de donner l’adresse précise où la bête se situe, les codes de l’immeuble et bien sûr, le nom du détenteur de l’animal. Si la maltraitance est avérée par les « enquêteurs », ils font un compte rendu à la direction de la Brigade qui est formée exclusivement par des membres des forces de l’ordre. Nathalie, la responsable du pôle « enquête » de la Brigade, est d’ailleurs policière à Paris. « Là, on peut négocier une cession ou si ça va plus loin, l’un des bénévoles dépose plainte et l’animal peut être mis sous réquisition judiciaire », explique Cécile. Quand on lui demande si elle ne ressent pas une certaine appréhension en allant toquer à la porte de personnes soupçonnées de maltraiter leur animal, elle assure que non. « Souvent, on y va en binôme. Je n’ai jamais eu de soucis. Les gens sont généralement coopératifs. Et puis, s’ils ne veulent pas nous parler, ils n’ouvrent pas ! »

Des vétérinaires partenaires Lorsque la Brigade de la protection animale récupère une bête, cette dernière passe par différentes étapes. Si elle a été maltraitée, l’association la confie d’abord à un vétérinaire partenaire qui pratique

Éric, de la clinique Saint-Germain dans le 5e, donne son temps sans compter aux animaux maltraités.

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Rémi puis adopté par Elsa. Malgré les tarifs exceptionnels pratiqués par ces vétérinaires partenaires, cette prise en charge financière des soins est la dépense la plus conséquente de l’association. « Nous ne vivons que de dons, de parrainage ou de la vente de nos sweats et teeshirts… Tout notre argent est dédié aux frais de veto : 55 000 € en 2022 ! » dévoile Cécile.

Devenir famille d’accueil

des tarifs « asso » pour les soigner. C’est le cas d’Éric et Julie, l’équipe de la clinique Saint-Germain dans le 5e. Cet été, ces derniers ont par exemple pris en charge pendant plus d’un mois Chay, un chat brûlé, frappé et torturé par sa propriétaire. Il a été soigné, renommé

Elsa, la nouvelle propriétaire de Chay, l’a rebaptisé Rémi pour sa nouvelle vie.

“À Paris, le 16e arrondissement serait le plus concerné par le kidnapping de chiens”

Lorsqu’un bénévole dépose plainte au nom de l’association, l’animal va être sous réquisition judiciaire en attendant le procès : il ne peut donc pas être adopté. La seconde étape pour la B.P.A. consiste donc en une phase d’observation pour déterminer où ces animaux peuvent être placés en attendant la décision d’un juge : s’ils peuvent être accueillis dans un foyer avec des enfants, avec un autre animal ou impérativement seul. Une fois ces points déterminés, la troisième étape, et une mission importante de la B.P.A., consiste à lui trouver la bonne famille d’accueil le temps des procès. Déjà propriétaire d’un chien et d’un chat, Coco s’est portée volontaire. « Le temps d’accueil peut varier. Ça peut aller de deux mois à deux ans », explique cette talentueuse photographe. « Mais si vous ne pouvez plus garder l’animal car il ne s’entend pas par exemple avec votre chien ou votre chat, l’association est très réactive et ils le reprennent tout de suite. Pour être famille d’accueil, il n’y a pas besoin de beaucoup de place, mais il faut avoir un peu de temps ou travailler à la maison afin de pouvoir vraiment s’en occuper. Ils ont besoin de retrouver confiance en l’être humain après toutes ces expériences traumatisantes », conclut-elle avec douceur.


VOL DE CHIEN, LE NOUVEAU FLÉAU L’Île-de-France est le département où le « dog-napping » est le plus important. Les chiens sont généralement volés dans les jardins ou les magasins lorsqu’ils sont laissés dans surveillance. « Mais ça peut être aussi à l’arraché dans la rue, où le malfaiteur va venir couper une laisse un peu lâche quand le proprio est au téléphone, distrait », nous révèle une membre de l’association Ziggy Angels. « Ils sont volés pour des combats de chiens, de la revente ou lorsque ce sont des chiens de race, pour faire de la reproduction. Il y a aussi des demandes de rançons. Des bandes suivent le propriétaire pendant un temps pour établir ses habitudes de sorties, puis volent le chien et demandent de l’argent pour le restituer. » À Paris, le 16e arrondissement serait le plus concerné. Si ce cauchemar vous arrive, ou si tout simplement votre chien s’enfuit lors d’une balade, vous pouvez contacter l’association Ziggy Angels fondée en 2021. Ces bénévoles vont diffuser sur les réseaux sociaux la photo de votre animal, et peuvent également vous accompagner lors de « patrouilles » dans Paris pour le rechercher.

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Enfants ×

“Dans la métamorphose, il y a l’idée de rupture, c’est-à-dire qu’on ne sait pas ce qui va se passer entre l’état initial et l’état final. Alors que dans la transformation, il y a plus une idée de continuité” Julia Maciel, commissaire de l’exposition Métamorphoses à la Cité des sciences et de l’industrie, p. 100

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Photos © Adada

Véronique Lacaze

Les plus beaux doudous Naviguant entre Paris et Berlin, l’architecte d’intérieur Véronique Lacaze a fondé la marque de peluches Adada, des doudous fabriqués 100 % en France au design épuré, à garder pour toute la vie. Les peluches Adada sont toutes fabriquées à la main en France dans votre usine : est-ce que c’était une condition sine qua non ? Pour moi, s’il y a un objet qu’il faut fabriquer en France, c’est celui-là ! En tant qu’adulte, il me semble que nous sommes responsables de ce que nous transmettons à l’enfant. En France,

nous avons un magnifique savoir-faire dans le domaine du textile et aussi une créativité unique. Cela a certes un coût, mais je n’avais pas le choix. Pour faire du vrai made in France, il fallait être cohérent jusqu’au bout et ne pas utiliser de matériaux en provenance de Chine. Nous faisons tricoter et teinter nos tissus avec nos propres couleurs et des cotons biologiques dans un atelier en France, à Roanne. Nos fils de broderies viennent de Mulhouse, notre ouate de rembourrage de Normandie. Chacun de vos doudous a sa propre histoire : pouvez-vous nous présenter vos préférés ? Les histoires de mes doudous sont souvent inspirées de vraies rencontres. Mes personnages ont tous des qualités, des défauts et des tocs qui les rendent terriblement attachants, comme tous les êtres humains. J’aime l’histoire de Hel092

mut, le cochon espiègle qui fait des coups bas aux adultes et amuse les enfants du village. Ici, j’avais envie de raconter que les adultes sous-estiment souvent l’intelligence et la sensibilité des animaux. J’aime aussi Arthus le renard breton, qui passe son temps à s’agiter et à chercher sans vraiment savoir ce qu’il cherche. Au fond la vie c’est un peu ça : on passe son temps à se poser des questions et un jour, on se sent heureux et épanoui, et on comprend alors le sens de tout ce qu’on a fait auparavant. C’est peut-être moi Arthus, avec mon atelier en Bretagne, l’aboutissement d’une carrière de vingt ans dans l’architecture et le design ! Les Parisiens ont-ils un doudou favori chez vous ? Le rat Hector bien sûr, car c’est un vrai titi parisien, romantique et attachant et aussi très chic avec sa marinière ! Pour la fin de l’année, on vous trouvera au Bon Marché… Nous serons dans leurs vitrines rue de Sèvres, dans une très jolie scénographie créée par la direction artistique du Bon Marché Rive Gauche dirigée par Frédéric Bodenes : spectaculaire et magique, à la hauteur de ce magasin mythique. Nos produits seront en vente à l’espace enfant et sur les espaces de Noël. Nous sommes également présents à La Trésorerie, ou chez The Cool Republic. ES adadastore.com/fr


© Sylvain Cambon

Un ciné-concert Pixar

Woody et ses copains dans un spectacle détonnant !

SPECTACLE. Reconnu pour la qualité de ses shows live comme Le Roi Lion ou Mickey le Magicien, Disneyland Paris propose une nouvelle production originale, un somptueux ciné-orchestre de 30 minutes intitulé Together : Une aventure musicale Pixar. Ce spectacle suit les aventures des jouets de Charlie, Woody et ses amis de Toy Story, pour retrouver la partition de musique du petit garçon dans le monde souterrain de Nemo, dans l’usine de Monstropolis ou dans le ciel de Là-Haut. Nourri par les dernières innovations en matière de spectacle immersif – des expériences sensorielles et des effets visuels bluffants grâce à des décors en leds –, le show est aussi spectaculaire que poignant, aussi drôle qu’esthétique. Un must à ne pas louper la prochaine fois que vous irez au Walt Disney Studios Park où Together : Une aventure musicale Pixar bénéficie de plusieurs représentations par jour avec un orchestre live. ES

La ville aux enfants !

© Ekaterina Pokrovsky

À LA DÉCOUVERTE DU PATRIMOINE. À l’occasion de « Monument jeu d’enfant », les 21 et 22 octobre, les plus beaux monuments parisiens ouvrent leurs portes pour des événements exclusifs comme une visite contée à l’arc de Triomphe ou une enquête dans la Chapelle expiatoire. MH monuments-nationaux.fr 093


Tous au cinéma ! FESTIVAL. Les minots parisiens n’attendent pas longtemps avant d’être des férus de cinéma ! Dans les salles obscures dès la maternelle avec les projections de classiques du 7e art dans le cadre de l’éducation à l’image voulue par la Ville de Paris, ils ont aussi leur propre événement, Mon Premier Festival, pendant les vacances de la Toussaint. Jeux olympiques obligent, cette 19e édition propose une trentaine de films autour de la thématique « En mouvement » à voir dans les douze salles de cinéma Art et Essai parisiennes qui jouent le jeu, ainsi qu’au Forum des images et à la Gaîté lyrique (tarif unique : 4 €). Les Animaux fantastiques, L’homme qui rétrécit, Le Carnaval de la petite taupe, Les Indestructibles, Monstres et Cie, Tous en scène, Graine de champion… Tous les films ont été choisis pour mettre en lumière « la richesse de nos potentialités, connues ou inconnues, à la fois dans la vie et dans le sport ». Outre ces séances sont prévus des ciné-contes, des ciné-danses, des ciné-débats, des ateliers cinéma et des rencontres de haut niveau, comme avec Nick Park et Peter Lord, les créateurs de Wallace et Gromit, invités d’honneur de cette édition. MH

© Les Films du Préau

➀ Les créateurs de Shaun le mouton, Nick Park et Peter Lord, seront les invités d’honneur du festival ! ➁ L’Odyssée de Choum sera en ciné-concert ➂ Billy Elliot dans la sélection « En mouvement »

© TFM Distribution

© Courtesy of Aardman Studios / Studio Canal

Mon Premier Festival, du 25 au 31 octobre 2023 Programmation et liste des salles participantes sur paris.fr/monpremierfestival

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Aux Batignolles

© Astérix® - Obélix® - Idéfix®- © 2023 Les Éditions Albert René / Goscinny - Uderzo

BRUNCH KIDS-FRIENDLY. Tous les dimanches entre 12 h et 14 h, la nouvelle trattoria italienne La Mamma Giovanna lance les Ateliers enfants où des animateurs de Bulle d’Event proposent des activités créatives et ludiques aux bambins dès 3 ans pendant que les parents déjeunent. Réservation conseillée. MH

Obélix a tout compris aux lois du marché !

EXPOSITION. Astérix, star de l’automne ? Alors qu’on attend le 40e album intitulé L’Iris blanc le 26 octobre, Citéco s’empare des aventures des Gaulois pour expliquer les grands concepts économiques. Ou comment les dessins de Obélix et Compagnie, Astérix et le chaudron, ou encore Le Domaine des dieux peuvent illustrer le management, la monnaie, l’écologie ou le concept du marché et l’État ! Ludique, participatif et immersif, le parcours propose de suivre des personnages comme Ordralfabétix, Panoramix ou Jules César pour faire avec eux des jeux, un labyrinthe, expérimenter des dispositifs sensoriels, ou des outils numériques. Une potion d’économie que petits et grands devraient apprécier ! MH L’Économie selon Astérix, du 21 octobre 2023 au 21 avril 2024 à Citéco, à partir de 5 € 095

Photos © Roch Debache

Mission Économie


Texte Estelle Surbranche Photos Le Bon Ton

Claire Wyniecki, révélatrice de Talents Violoniste, musicologue, auteure pour enfants et enseignante depuis quinze ans spécialisée dans les liens entre culture et pédagogie, Claire Wyniecki est persuadée qu’un grand artiste sommeille en chaque enfant. C’est pourquoi elle a ouvert son école et librairie Le Bon Ton à Pigalle, pour leur apprendre la musique, la danse ou le théâtre dès leur plus jeune âge. Comment les parents peuventils transmettre le goût de la musique ? Tous les enfants adorent la musique… Après, ils aiment les expérimentations sonores : ils sont sensibles à l’originalité des sons. Faire écouter du Mozart à son enfant pour qu’il devienne un virtuose n’a pas de sens. Ce qui est très important, c’est que les parents chantent. C’est ça qui va leur donner le goût… et tant pis si

on a l’impression de chanter faux. De toute manière, dès la naissance, on module notre voix pour parler aux bébés. Le « baby talk » n’est pas de la niaiserie, c’est le premier éveil musical pour notre bébé. C’est important que le parent s’adresse à l’enfant. On peut leur faire écouter des playlists mais le mieux est de leur chanter un livre de comptines. Ça n’a pas de prix ! Pour les bébés, car nous accueillons les enfants dès 2 mois, nous leur faisons aussi vivre 096

la musique grâce à la stimulation de leur sens. Les instruments sont à leur disposition et ils les touchent, ils les tapent par terre, ils les roulent… C’est comme cela qu’ils vont aussi aimer l’instrument en lui-même. L’idée de votre école, Le Bon Ton, est de révéler la star qui sommeille en chaque enfant, finalement ? Pratiquer un art apporte des qualités


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“Le « baby talk » n’est pas de la niaiserie, c’est le premier éveil musical pour notre bébé” expression de soi. C’est pourquoi, dans la mesure du possible, on a essayé de rajouter dans les formations du corporel pour que les enfants soient à l’aise avec leur corps. En France, les disciplines sont très cloisonnées. Les Anglo-Saxons ont cette culture d’apprendre à chanter, et en même temps à faire du théâtre et danser, par exemple… Dans cette idée, notre cours de comédie musicale est le plus complet. C’est Emma Kabouche, une disciple de Scott Alan Prouty, le créateur du Chœur pour enfants Sotto Vocce au théâtre du Châtelet, qui s’en occupe. Son enseignement donne aux enfants de la présence. C’est impalpable… mais c’est un cadeau formidable, une chance pour la vie.

À DÉCOUVRIR En tant qu’auteure jeunesse, Claire Wyniecki a publié Violon virtuoso, pour tout savoir sur le violon (Éditions du Ricochet). Le 12 octobre, elle sort également un « Kididoc » (les petits documentaires pour les enfants dès 4 ans chez Nathan) sur Mozart.

qui seront utiles pour toute la vie. Je pense par exemple à savoir parler en public. Les enfants, comme certains adultes, sont super stressés par ça. En étant musicien ou en apprenant à se mettre en scène, on comprend comment gérer ce stress. J’aime beaucoup la phrase « On n’a jamais une seconde chance de faire une première bonne impression ». Or la pratique artistique nous exerce aussi à nous présenter à l’autre de la meilleure manière. Ce qui me passionne, ce sont également des questions comme : comment être soi dans une école où tout le monde tend à être pareil, comment trouver sa voix… La musique ou le théâtre permettent de cultiver cette 098

Vos professeurs sont tous des grands artistes par ailleurs… Oui, car c’est à cet âge-là, et en particulier jusqu’à 3 ans, que les expériences sont les plus fondatrices. Il faut leur donner le meilleur. Les cours sur un seul instrument ne débutent qu’à partir de 6-7 ans chez vous. Pourquoi ? On ne veut pas leur donner des mauvaises habitudes corporelles. Par exemple, si le môme saisit mal son violon car sa main est trop petite, ça sera très difficile de lui faire revenir sur cette position par la suite. C’est contre-productif. On préfère leur faire travailler de manière ludique leur oreille, reconnaître les familles d’instruments… Et puis, les exercices de gammes, ce n’est jamais très drôle ! Au contraire, ça risque de les dégoûter.


Vous avez élaboré votre lieu avec l’architecte d’intérieur Hélène Lacombe… Pour moi, l’éveil artistique est un ensemble. Le lieu compte beaucoup pour réveiller le goût. Nous avons travaillé ensemble sur la rondeur, les matières et les couleurs afin que les enfants comme les parents se sentent bien chez nous. Si le rôle des parents est d’entretenir la flamme artistique de l’enfant, avez-vous des conseils à donner pour le quotidien ? Tous les enfants sont des super artistes ! Il n’y a qu’à voir leurs dessins ! Et ils sont toujours en train de travailler, de chercher une nouvelle activité. Alors il faut favoriser toutes les expériences sensorielles, les laisser faire au maximum : ils créeront ainsi énormément de choses. Et puis il

est vraiment important de répondre à leurs propositions et de les répéter, en onomatopées pour les bébés ou avec un dialogue quand ils peuvent parler. Il faut valoriser leur production car les petits jugent ce qu’ils font par le regard des parents… C’est fondamental au niveau de la confiance en soi de l’enfant, pour qu’il se dise « oui je suis capable d’exprimer des choses ». C’est également immatériel mais ça lui rendra service toute sa vie. Et un exercice à faire ensemble ? La musique, c’est aussi écouter l’autre et que l’autre nous écoute. Et je dis souvent que la musique part du silence. Il faut faire silence… Au début du cours, je demande qu’on respire ensemble, dans le même rythme, et les gamins adorent cet exercice. C’est aussi une belle manière de calmer les enfants à la maison. 099

Le Bon Ton En résidence à l’Atelier artistique Rrose Sélavy jusqu’à fin octobre. 5 rue Fromentin, Paris 9e Réouverture Le Bon Ton, librairie et école artistique pour les 0-10 ans, début novembre lebonton.fr 26 rue de Navarin, Paris 9e


La section La Fête foraine

La métamorphose expliquée aux enfants Texte Estelle Surbranche Photos Elsa Laurent

Le changement, parfois radical, fait partie de la vie et l’appréhender sans peur est une source de force pour les enfants, qui l’expérimentent quasi quotidiennement aussi bien dans leur corps dans que leur environnement. C’est tout le challenge (réussi) de la nouvelle exposition Métamorphoses à la Cité des sciences et de l’industrie ! 100


S

’il y a bien une réalité que les années passées nous ont confirmée à tous, c’est qu’entre pandémie, guerre et avancées technologiques, notre monde change. Il évolue à toute allure, parfois de manière brutale : la capacité d’adaptation est donc primordiale. Alors toute initiative pour initier les enfants à ce concept est la bienvenue, car la psychanalyse a démontré l’influence des expériences précoces sur le fonctionnement psychique de l’individu à l’âge adulte. Particulièrement dédiée aux enfants de 6 à 11 ans, l’exposition Métamorphoses convie ainsi les petits curieux à une visite de cinq univers autour de ce concept, cinq étapes pour qu’ils en comprennent tous les aspects, de manière tout aussi ludique que scientifique.

L’âge des premiers questionnements Le monde autour de nous se modifie en permanence, mais nous nous transformons également tout le temps en tant qu’être humain. Et c’est particulièrement flagrant chez les enfants. « C’est une tranche d’âge où ils se voient beaucoup se transformer. Ce thème est donc une bonne manière d’initier les enfants à leur propre transformation, ainsi qu’à une démarche scientifique, car c’est le moment où ils commencent à poser des questions sur le monde qui les entoure », explique Julia Maciel, commissaire de l’exposition et cheffe de projet.

La transformation est inéducable Les enfants pénètrent dans cette grande exposition de 600 m2 via le 101

“Tout n’est pas fléché, pour inciter les enfants à fouiller. Nous voulons susciter la curiosité” monde végétal, un univers intitulé La Forêt merveilleuse, avec des êtres étranges comme les axolotls dans un aquarium ou des petits films montrant la métamorphose d’animaux divers. Ces derniers sont projetés à l’intérieur de « troncs d’arbres » dans lesquels des cavités, à hauteur d’enfant, permettent de les regarder. Attention, ces œilletons ne sont pas forcément indiqués… « Tout n’est pas fléché pour inciter les enfants à fouiller. Nous voulons susciter la curiosité », assume Margaux Païta,


Le Monde des ombres

Les parents sont invités à participer aux animations afin d’en parler ensuite avec les petits.

muséographe. « Ici, on soulève des caches pour découvrir des insectes, on tourne une manivelle pour faire fonctionner un flipbook et voir l’évolution d’un végétal… Cela fait partie des prémisses de la démarche scientifique : observer et s’émouvoir ! Les enfants peuvent aussi distinguer des choses que les parents ne vont pas saisir et c’est important. »

Rupture ou continuité ? Thématique transversale dans l’exposition, le concept de transformation est illustré de manière très différente afin que chaque âge ou chaque sensibilité s’y retrouve. « On parle de métamorphose, mais aussi de transformation : cela permet d’ouvrir plus de thématiques mais aussi d’aborder la nuance entre les deux mots. Dans la métamorphose, il y a l’idée de rupture, c’est-à-dire qu’on ne sait pas ce qui va se passer entre l’état initial et l’état final. Alors que dans la transformation, il y a plus une

idée de continuité », décrypte Julia Maciel. Via un film d’animation, les kids suivent par exemple un être humain de la naissance à la vieillesse avec toutes les transformations qu’il va connaître sur le chemin : le temps, l’éducation, les rencontres avec les autres, les blessures de la vie… « Ce joli film poétique permet de sortir du factuel pur : tu vas grandir de tant de centimètres, tu vas te transformer comme ci ou comme ça… Et nous voulions montrer qu’il y a une continuité. Tout n’est pas si radical que ça », complète la commissaire.

La métamorphose, source d’espoir Elle poursuit : « L’idée était de véhiculer un message positif sur les transformations qui peuvent faire peur aux enfants, comme parfois aux adultes, en montrant qu’elles représentent aussi des portes vers des nouveaux possibles. Nous espérons ainsi rassurer en donnant des clés 102

de compréhension. » Dans l’espace Mon Beau Miroir, un dispositif vidéo permet aux enfants de se transformer en leur être rêvé : ils peuvent devenir un elfe, un dragon ou un superhéros et voler l’espace de trois minutes. Ils peuvent aussi transformer l’histoire de Pinocchio grâce à un dispositif tactile : quelle plus belle manière de dire aux enfants que l’imaginaire permet de changer le destin, et le cours de son histoire ?

Un pas de côté salvateur La transformation a également une autre vertu : celle de pouvoir faire changer de point de vue. Dans la partie Mille et un regards, nos rejetons sont donc invités à chausser une paire de lunettes colorées et redécouvrir l’espace différemment, en décalé ou déformé. Parfois, il suffit de faire un pas de côté pour voir le monde se transformer… Dans cet espace en particulier, les parents peuvent expliquer que chacun voit le monde à sa manière, avec ses propres perceptions. Un vrai moment d’interaction familiale !

Des dispositifs ludiques Toutes ces idées quasi philosophiques sont portées par une multitude de dispositifs, tantôt ludiques tantôt statiques. « On a essayé d’être le plus multimodal


La Forêt merveilleuse

Mille et un regards

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Mon Beau Miroir

“Dans l’espace Mon Beau Miroir, un dispositif vidéo permet aux enfants de se transformer en leur être rêvé, un elfe, un dragon ou un superhéros” possible. Parfois il faut prendre le temps de s’asseoir, de chercher, d’écouter. Parfois il faut observer et associer… et parfois, les enfants sont plus dans l’action ! » sourit la muséographe. C’est le cas dans le Monde des ombres où les bambins sont invités à jouer leurs émotions négatives, le diablotin intérieur qui

surgit forcément dans la journée et modifie leur comportement, à travers un grand théâtre d’ombres. Ils mettent en scène leur corps dans la lumière avec des accessoires comme des ailes, des cornes ou des griffes… L’enfant est également dans l’action à la Fête foraine, une section qui aborde la mutation 104

de la matière. Ici, il s’agit de transformer du maïs en pop-corn (en se trompant car l’erreur fait partie de la démarche scientifique) ou un mouvement en énergie lumineuse via une mailloche. On retrouve ici tout le côté « enchantement des sciences » qui a ravi pendant longtemps les spectateurs de foire où se déroulaient les démonstrations scientifiques jusque dans les années 60. Métamorphoses à la cité des sciences et de l’industrie, jusqu’au 24 novembre.


Bien-être ×

“La beauté française, c’est la liberté. Le choix d’apporter ses propres flux et courbes, de les encourager et de se sentir heureuse comme on est.” Nataliia Lysenko, fondatrice de Farfacia p. 108

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© Courtesy of Peres Projects & Functional Art gallery

Des souvenirs dans l’air

➀ Nobuyoshi Araki, Sans Titre Tirage cibachrome, 60 x 90 cm Signée au dos (Inv n° NA105) ➁ Oda Jaune, Fleurs (2015) ➂ Anna Aagaard Jensen, Flirtatious (2020) Vase – Mousse de polyuréthane. Styrofoam, fibre triaxiale. Résine acrylique 167 x 153 x 99 cm Functional Art Gallery Berlin

EXPOSITION. Parmi les places to see de la beauté à Paris, la maison Guerlain des Champs-Élysées figure au premier rang. Fondé en 1914, rénové en 2013 par Charles Mewès, l’architecte de l’hôtel Ritz à Paris, le lieu est tout autant une splendeur pour les yeux que pour l’odorat grâce à tous les parfums raffinés de la maison… Chaque automne depuis seize ans, raison de plus pour y faire un tour, ces murs vénérables accueillent une magnifique exposition d’art contemporain. Les Fleurs du Mal, le thème de cette année, célèbre l’œuvre de celui qui disait que le parfum a le pouvoir de « secouer des souvenirs dans l’air », Baudelaire. L’événement réunit plus de 25 artistes, certains très confirmés comme le peintre Francesco Clemente (dont on a pu voir les œuvres communes avec Basquiat récemment à la fondation Vuitton), les photographes Nobuyoshi Araki ou Robert Mapplethorpe, mais aussi les nouveaux noms qui « buzzent » comme la peintre Oda Jaune. Une occasion de s’enivrer de beauté, de poésie et de fragrances inédites… Car s’il est délicieux de replonger son nez dans les classiques – Shalimar, La Petite Robe noire ou Habit rouge –, on adore découvrir ici toutes les nouveautés comme Tobacco Honey, la nouvelle création de L’Art & La Matière, où Guerlain rend hommage à un ingrédient méconnu de la parfumerie : le tabac. ES Les Fleurs du Mal, exposition d’art contemporain à la maison Guerlain sous le commissariat de Hervé Mikaeloff, du 18 octobre au 13 novembre 2023. 106

© Courtesy of the artist and TEMPLON – Paris, Brussels, New York

© Nobuyoshi Araki. Courtesy the artist and Mennour, Paris. Photo Archives Mennour


Le coup de cœur

Photos © Pamela Pianezza

SOIN. Le bronzage de vos vacances est un lointain souvenir et votre teint fait grise mine ? Massez votre visage deux fois par semaine avec la crème éclat de Kos Paris après votre exfoliant : grâce à des ingrédients actifs naturels comme la carotte, le buriti ou des nacres naturelles, elle confère un bel effet illuminateur à la peau ! MH (75 €)

Dans le Marais

La Croisée des sillages : un parfum et un livre imaginés par Clémentine Humeau

EXPÉRIENCE. Avec l’auteure et nez Clémentine Humeau, le parfum raconte plus que jamais une histoire ! La créatrice des Olfactines, un studio de création de fragrances, a eu l’idée d’un « parfum-roman », La Croisée des sillages, un coffret dans lequel on trouve un roman et un flacon de parfum de 50 ml. En collaboration avec Roland Salesse, chercheur en neurobiologie olfactive à l’Inra, la jeune femme a aussi imaginé un parcours sensoriel pour découvrir ce jus et cette fiction. Peinture, musique mais aussi conférences et ateliers olfactifs feront ainsi écho au livre-parfum pendant quatre jours d’exposition à l’espace des Minimes du 5 au 8 octobre 2023. EH Coffret parfum-roman La Croisée des sillages, 159 € Exposition Échappées, scénographie immersive d’une fragrance, entrée libre 107


© DR / Farfacia

Papesse de la beauté en Ukraine, Nataliia Lysenko a créé plusieurs centres de beauté et lancé Farfacia, spécialisé dans le traitement des peaux sensibles et acnéiques. Elle aurait pu tout perdre une fois la guerre déclarée. Mais abandonner ne fait pas partie du vocabulaire de la jeune femme… Réfugiée à Paris avec sa fille Masha, elle est repartie de zéro, pour mieux réussir. Une vraie leçon de vie ! Vous avez connu la maladie, la guerre, l’exil… Aujourd’hui, vous prenez un nouveau départ à Paris en relançant Farfacia. D’où vous vient cette force ? En 37 ans, j’ai survécu à un cancer féminin, quitté un mari malsain, élevé ma fille depuis sa naissance… Ces expériences m’ont poussée à repenser ma vie. Avec la guerre, puis l’exil, j’ai sombré dans une profonde dépression, dont ma fille m’a sortie. Elle est ma raison de me battre. Il lui fallait un exemple de force au féminin.

© DR

Nataliia Lysenko, reine de beauté résiliente Nataliia avec Masha, sa fille, et son filleul Tim

Quelle est la philosophie de Farfacia ? En voyant le mal-être de ma fille quand sa peau d’adolescente a changé, j’ai eu envie de créer une marque qui aiderait les jeunes à s’accepter, à prendre confiance en eux et à être heureux de ce qu’ils voient dans le miroir. Farfacia tente de leur apprendre à être et non pas seulement à paraître. C’est la seule façon d’avoir une vie équilibrée et harmonieuse. Quelle relation entretenez-vous avec la beauté ? Sur ma propre peau, je sais comment être laide et comment être belle. Comment être inspirante et briller. En ce moment, pour moi, la beauté est intérieure. Je m’accepte comme imparfaite, mais à ma façon. 108

Que vous inspire la beauté à la française ? La beauté française, c’est la liberté. Le choix d’apporter ses propres flux et courbes, de les encourager et de se sentir heureuse comme on est. Vous êtes désormais une Parisienne d’adoption. Qu’est-ce qui vous plaît le plus ici ? Je dois avouer que ça n’a pas été le coup de foudre ! Mais au fil des mois, j’ai commencé à voir les gens qui lisaient dans les parcs, qui regardaient les couchers de soleil, qui se promenaient main dans la main… J’ai vu la beauté qui m’entourait et désormais, Paris est ma maison. LBV farfacia.com


Certifié B Corp

Photos © Arnaud Sola

© Leandro Crespi

LE SOLIDE VERSION HAUT DE GAMME. L’élégante marque franco-suédoise de beauté clean, spécialiste des formats solides, Beauty Disrupted, débarque à la Samaritaine. On aime les fragrances délicates de leur formulation, le zéro plastique du format et le fait qu’Alban Mayne et Svante Holm, les deux fondateurs, reversent 20% de leurs bénéfices à des ONG en lutte pour la planète ! MH

Virginie Zamboni

Dans le quartier Montorgueil BEAUTÉ. Virginie Zamboni aime cultiver les paradoxes. Installé dans l’antique passage couvert du Grand Cerf, son salon esthétique est un cocon qui multiplie les clins d’œil au style Art déco, cher au début du XXe siècle. Mais elle est loin d’être tournée vers le passé ! Cette ancienne préparatrice en pharmacie est passionnée par les nouveaux appareils esthétiques et propose les techniques les plus efficaces et novatrices – sans être invasives. Elle pratique par exemple la barophorèse, un soin « whaou » qui lifte et repulpe instantanément le visage, la radiofréquence (pour redonner de la souplesse et de la fermeté à la peau) ou la luxopuncture minceur (un faisceau infrarouge qui, en stimulant les points réflexes du corps, permet de diminuer les comportements compulsifs)… Sans oublier les soins « pas si classiques » comme les rituels visage de la marque française bio Estime&Sens. ES 109


Par Estelle Surbranche

UNE BONNE TÊTE DE PARISIENNE

Soleil plus rare et premiers frimas, l’automne rime souvent avec teint terne, moral vacillant et cheveux raplaplas. Heureusement, ces nouveaux établissements parisiens offrent des soins magiques pour redonner aux faciès parigots leur fameux panache !

© Fauve

Fauve

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Fabriquer mon Rouge BÂTON ROUGE. Quoi de mieux qu’un rouge à lèvres pour braver la grisaille dans la ville ? Une jeune entrepreneuse, chimiste de formation, Christelle Percheron, a ouvert dans le Marais Bâton Rouge, une boutique où vous pourrez fabriquer votre rouge à lèvres personnalisé. Non seulement vous créez la teinte et la texture parfaite pour votre carnation, mais en plus votre rouge est un produit durable, constitué principalement d’huile de ricin, avec bâtonnet rechargeable. Atelier de 30 minutes chez Bâton Rouge, 50 €

Photos © Fauve

Christelle Percheron

Un massage crânien spécial chevelure de sirène

Photos © Pierre-Alain Mounier

© DR

FAUVE. Rien à faire ! À l’automne, notre crinière s’étiole comme les feuilles dans le vent. Si la cure de deux mois de compléments alimentaires antichute s’impose tout de suite à l’esprit pour limiter les dégâts, il ne faut pas négliger non plus de stimuler les vaisseaux sanguins du cuir chevelu grâce à des massages adaptés. Une bonne irrigation des follicules pileux favorise en effet une meilleure repousse et stimule la croissance des cheveux… Dans le Marais, le tout nouveau salon Fauve, spécialisé dans le poil et le massage crânien, propose justement un soin énergisant dédié à la relance du système circulatoire du cuir chevelu. Il n’est constitué que de mouvements très lents, très doux : non seulement le lâcher-prise est immédiat, et c’est divin, mais en plus on ne perd pas un cheveu dans le massage. Soin Signature énergisant du cuir chevelu chez Fauve, 130 € 111


BETTER THAN CREAM. Fondé par deux sœurs jumelles, Tessa Azzarone et Lara, chirurgienne ophtalmologue, Better Than Cream est un lieu spécialisé dans la beauté injectable autour du visage, et en particulier la toxine botulique. Ne vous arrêtez pas à l’image atroce des actrices américaines au visage figé ! Lara est une spécialiste de ce médicament et sait injecter à la goutte près la dose qu’il vous faut pour juste effacer les rides qui vous plombent le faciès – et le moral avec – sans vous voler vos expressions ! Elle n’a confiance que dans ce produit. « C’est efficace et safe. Ici, on ne fait pas de fillers type acide hyaluronique car il peut y avoir des résultats incertains ; avec le botox jamais ! Il y a trente ans de recul et de recherches sur ce produit. Notre approche est celle de la “french beauty” : on cherche à embellir de manière naturelle et discrète. » Les deux sœurs sont toujours de bons conseils, et jamais « pousse à l’achat » comme dans certains autres établissements de la Capitale… L’autre avantage de B.T.C. ? (Presque) pas besoin de rendez-vous pour ce bar à botox : on peut passer à toute heure pour une injection spécial éclat ou anti-rides dans leur cabinet-boutique du Sentier.

Gaelle B.

© Portrait Madame

Adieu les rides !

Photos © Gaelle B.

B. smooth, injection de toxine botulique « Regular botox » chez Better Than Cream, 450 €

Tessa et Lara Azzarone

Dynamiser l’architecture du visage

© Thibault Pousset

GAËLLE B. Avez-vous déjà pensé à la restructuration de votre ligne de sourcils pour illuminer le regard ? L’effet est épatant… à condition de ne pas faire n’importe quoi. Dans la nouvelle boutique du 16e de Gaëlle B., tout commence par un diagnostic du sourcil : cette étape lui permet de déterminer ce qu’il est possible de faire ou pas selon la nature de vos poils, et vos habitudes de maquillage. Puis le travail est effectué intégralement à la pince à épiler, suivi si nécessaire par une légère teinture pour combler les vides. Et voilà comment, en 40 minutes, votre regard peut être mis en valeur à tel point que vous aurez l’impression d’avoir eu un mini-lifting de la paupière ! À partir de 30 € 112


Mode ×

“Notre idée a toujours été de travailler sur une marque qui parle de l’usage et de la fonction du vêtement : à quoi ça sert un vêtement en ville où on passe d’une mobilité à l’autre ?” Céline Jeandel, fondatrice de Tomo p. 114

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© Benoit Florencon

© DR © Benoit Florencon

Le triomphe de la « dad-shoe »

Le tout dernier modèle Torhill Clarks vu par Eastpak

TENDANCE. Est-ce grâce au personnage principal de Breaking Bad, Walter White, qui ne sort jamais conclure un deal sans son modèle Wallabees aux pieds ? Le fait que Justin Bieber soit fan ? Ou que notre besoin de confort soit inextinguible ? Les Clarks, longtemps considérées comme des « dad shoes », des « chaussures de papa » anti-sexy mais confortables, ont fait un retour fracassant dans les vestiaires des modeux. Cette année, la marque anglaise a même participé à la Fashion Week masculine de Paris de janvier et vient d’ouvrir une boutique dans le 4e arrondissement. Reflétant son nouvel ADN branché, ce flagship se caractérise par un design contemporain, avec des clins d’œil aux rues et aux monuments emblématiques parisiens. Des événements tels que la personnalisation de produits, des performances d’artistes et de DJ en direct y sont programmés. Et évidemment, toutes les nouveautés de la marque sont disponibles : de la nouvelle silhouette Torhill en passant par les collaborations exclusives pointues, comme celle avec Eastpak – et évidemment les Wallabees basiques ! ES 114


MAGASIN. À l’aube des 25 ans de la marque, le label de cachemire parisien Notshy, dirigé par Mercedeh Vafaï, ouvre son flagship rue de Passy. L’incontournable pull poncho oversize à manches resserrées, star de la maison, y sera évidemment présenté en majesté, décliné en mille et une couleurs. EH

© DR

Dans le 16e

La mode des podiums

© DR

Robe polo couture Lacoste par Freaky Debbie Photo David Hugonot Petit Mannequin Carmen

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EXPOSITION. Si les vêtements issus de l’univers sportif ont aujourd’hui envahi le vestiaire de l’urbain, la mode et le sport ont été pendant longtemps deux univers bien éloignés. La première à s’en emparer fut la visionnaire Gabrielle Chanel. Elle ouvre un « département sport » dès 1913 dans son magasin à Deauville, bientôt suivie par Jean Patou et Jeanne Lanvin, qui vont imaginer des « lignes sport » dans leurs créations haute couture. Avec l’exposition Mode et sport, d’un podium à l’autre, le musée des Arts décoratifs de Paris affirme que les liens unissant les deux disciplines remontent même à l’Antiquité ! Via des costumes, des accessoires, des photographies, des peintures ou des sculptures, le parcours explore ainsi l’évolution des tenues des athlètes jusqu’à nos jours et son influence sur la mode contemporaine. EH Du 20 septembre 2023 au 7 avril 2024


À l’heure des J.O.

© DR

MONTRE. En sa qualité de chronométreur officiel des Jeux olympiques, Omega a officiellement lancé le compte à rebours jusqu’à Paris 2024. Vous pourrez admirer cette installation au port de la Bourdonnais, au pied de la tour Eiffel. Et si vous voulez un peu du rêve à votre poignet, la marque horlogère suisse présente la Seamaster Diver 300M édition spéciale « Paris 2024 », conçue pour rendre hommage aux Jeux de la XXXIIIe olympiade. Ce nouveau garde-temps de 42 mm est réalisé en acier inoxydable et en or 18k Moonshine™, l’alliance d’or jaune propre à Omega qui se patine avec élégance dans le temps. L’or utilisé dans la fabrication de la montre renvoie métaphoriquement à l’or des médailles convoitées par les athlètes. Ce modèle ne sera disponible que dans les boutiques Omega de la Capitale. Vous avez dit « collector » ? MH

Le royaume de l’imprimé

© DR

MAGASIN. Connue pour ses imprimés d’auteur, Laura Gauthier Petit, la fondatrice de Fête Impériale, ouvre sa première boutique à deux pas de la place Colette. Un lieu où ses créations s’épanouiront dans une nature fantasmée, via des murs parés de son imprimé phare, une sorte de forêt enchantée, et une vitrine décorée d’une installation florale permanente. À découvrir. MH 116


Ça va briller ! BIJOUX. La Ville Lumière brille plus que jamais cet automne avec une multiplication d’événements liés à la joaillerie. Les festivités débutent le 2 octobre avec Parcours Bijoux, le festival du bijou contemporain qui dévoile les créations luxueuses, flippantes ou poétiques de près de 250 artistes dans des galeries d’art ou des musées, comme celui de Gustave Moreau (jusqu’au 29 octobre). Puis, l’École des arts joailliers ouvrira ses portes le 6 octobre pour une exposition autour des Bijoux de scène de la Comédie-Française. On a tout autant hâte de découvrir les pièces exclusives de cette rétrospective que ce nouveau lieu d’art, l’hôtel de Mercy-Argenteau. Cet hôtel particulier du XVIIIe siècle est en effet l’une des plus anciennes demeures privées construites sur les Grands Boulevards. Jamais ouvert au public jusqu’ici, il a été réaménagé pour sa nouvelle vie par la designeuse Constance Guisset. Enfin, du 10 au 19 novembre, ça sera autour des savoir-faire de la bijouterie-joaillerie de rayonner lors de l’exposition Secrets de Bijoux au réfectoire des Cordeliers dans le 6e (entrée gratuite). Une occasion unique de découvrir les secrets de fabrication des plus belles maisons françaises, ainsi qu’une magnifique collection de pierres précieuses. MH

© Christophe Tissot

Changement d’échelle à la galerie Cipango à l’occasion de Parcours Bijoux : la manchette Nymphéas imaginée par Christophe Tissot

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La Parisienne en mouvement Vous flippez dans les rues de la Capitale lorsque vous chevauchez votre fidèle destrier et vous rêvez de vêtements de protection adaptés à votre pratique, sécurisants et mode ? C’est pour vous que Céline Jeandel et Zoé Aveline, deux Parisiennes adeptes de moto et de vélo électrique, ont créé Tomo Clothing !

Texte Estelle Surbranche Photos Tomo Clothing

Comment vous êtes-vous rencontrées ? Zoé : Une amie commune nous a présentées l’une à l’autre en 2019 quand Céline a eu le projet de créer une marque de moto pour femmes. Nous sommes toutes les deux parisiennes, passionnées de moto : nous nous sommes tout de suite entendues ! Et son idée m’a enthousiasmée. À l’époque, il n’y avait rien pour les motardes. Du coup soit on s’équipait mal, soit on ne s’équipait pas du tout. Finalement, Tomo n’est pas seulement une marque pour les motardes ? Z. : À la sortie du premier confinement, il y a eu une explosion de la

pratique du vélo à Paris. Nous avons réalisé que les besoins des motards, cyclistes et scootéristes étaient finalement assez similaires : on est dehors, parfois sous la pluie et on risque de tomber. Le concept de Tomo s’est donc naturellement élargi à toutes les mobilités individuelles. Céline : Notre idée a toujours été de travailler sur une marque qui parle de l’usage et de la fonction du vêtement : à quoi sert un vêtement en ville où on passe d’une mobilité à l’autre ? Quand on emprunte un scooter électrique Cityscoot le matin, puis qu’on rentre en métro l’après-midi, avec entre temps des rendez-vous pros ? Ce n’est pas une histoire de marque de mode : nous voulions équiper les femmes en ville. L’idée de Tomo, c’est finalement qu’on peut se protéger à vélo comme si on était à moto, sans que ça soit lourd ou inesthétique ! Z. : Oui, le vêtement est un outil pour se déplacer en ville. C’est pour 118

cela que nous avons aussi des vêtements réfléchissants, des vêtements déperlants taillés pour contrer parfaitement la pluie… Le bien-aller du produit est pensé pour un corps en marche, à pied ou à deux-roues. Un de nos best-sellers est par exemple le trench de pluie modulable : il peut être réduit en taille, ouvert sur tous les côtés pour l’aisance, la capuche peut aller au-dessus du casque… C. : Et il remplace un pantalon de pluie : grâce à un système d’aimant, on peut le plier pour le mettre court à l’arrière et long à l’avant. Et comme il est équipé d’un serre-jambe, il suit alors parfaitement votre mouvement. Ce genre de vêtement nécessite un très haut niveau d’exigence technique et qualitatif… C. : Oui, notre niveau d’exigence reste celui d’équiper une femme à moto… Z. : … Même si concrètement à Paris, la vitesse est réduite, et que parfois on va aussi vite en vélo électrique qu’à


Céline (à gauche) et Zoé (à droite) : en mission pour une mobilité plus mode !


À gauche, veste polaire, Tomo, 160 € et à droite, parka de protection, Tomo, 360 €

Coupe-vent, Tomo, 275 €

Trench de pluie, Tomo, 280 €

“Les besoins des motards, cyclistes et scootéristes sont finalement assez similaires”

tomo-clothing.com Instagram @tomoclothing

moto (Rires). Nous sommes hyper vigilantes sur la qualité et nous sommes les premières utilisatrices de nos produits. On les teste chaque jour car nos bureaux sont dans le 18e vers Château Rouge, et on habite dans le 10e ! C. : Pour nos quatre lignes, nous sommes allées chercher le meilleur techniquement : que ça soit contre la pluie et le froid avec des tissus spécial haute-montagne, ou évidemment la sécurité avec une ligne en Cordura, une matière certifiée anti-abrasive. Pour cette dernière collection, les vêtements contiennent aussi des coques de protection, aux coudes et aux dorsales. Les coques sont hyper légères, amovibles : du coup le vêtement peut vous accompagner toute la journée. C’est notre ligne premium et on la vend aussi bien à des motardes qu’à des cyclistes. 1 20

Avant, lorsqu’on pensait « protection » à deux-roues, on pensait uniquement au casque ; aujourd’hui, c’est toute la tenue qui est concernée. Les femmes veulent protéger l’ensemble de leur corps… C. : Tout à fait. Les femmes ont envie de protection car elles ont pu tomber, ou bien parce qu’elles parcourent de longues distances à vélo électrique, ou tout simplement parce qu’elles ont peur. Nous nous adressons à des clientes qui ont déjà un peu de pratique derrière elles et l’envie d’investir dans un matériel de qualité car elles savent que c’est important pour bien vivre sur la route. Par exemple, les cyclistes post-Covid commencent à arriver chez nous après avoir roulé un an sans cape de pluie, puis un an avec une cape bas de gamme, pas très étanche… Cette année, elles veulent une pièce 100 % fiable.


Déco ×

“Quand on adore comme moi chiner des portes, Paris est un super terrain de jeu et j’en trouve beaucoup plus facilement qu’en province. ” Marion Luquet, fondatrice de La Maison M p. 125

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© Mikael Benard

Outre Reda Amalou, l’exposition Affinités rassemble des céramistes, des sculpteurs, des photographes… On a déjà repéré les félins en bois sculpté et en bronze de Jurgen Lindl, les masques en céramique de Sacha Haillote, les tapisseries de Constance Ziegler ou les lithographies avec des symboles africains parfois vaudou de Wilfredo Lam ! Jusqu’au 22 décembre.

Reda Amalou Exposé à la Secret Gallery dans le cadre d’Affinités, une exploration Art et Design inspirée par l’Afrique, Reda Amalou a la double casquette d’architecte et de designer, avec à son actif une pièce déjà culte, la table Ooma.

Vous êtes tout à la fois architecte et designer : cela change-t-il la manière dont vous concevez soit des lieux, soit des objets ? Travailler à différentes échelles m’a toujours intéressé. En tant qu’architectes, nous agissons à des échelles qui peuvent aller jusqu’au Masterplan de plusieurs dizaines d’hectares. Pour le design, l’échelle est celle de l’objet. Ce qui est passionnant c’est le fait que la démarche - d’analyse, de compréhension, et la manière d’y apporter une réponse - reste très similaire. L’idée qui naît n’est jamais hors contexte. Elle se construit, de plus en plus précisément pour arriver à l’objet final. Pourriez-vous nous parler de deux ou trois projets parisiens dont vous êtes particulièrement fier ? Même si je suis parisien depuis trente-cinq ans, mon travail est principalement ailleurs. J’ai exercé dans plus de 40 pays différents. 122

Donc mes principaux projets sont loin de Paris. Peut-être qu’un jour je finirai par construire un projet majeur à Paris ! Vous avez un rêve d’architecte ou de design pour la ville ? C’est une question compliquée, Paris offre déjà tant. À Paris, un architecte rêve d’intervenir sur l’espace public, ou sur une continuité de cet espace. Il faudrait inventer un nouveau type de bâtiment, hybride, qui ouvre la ville et crée un rapport nouveau avec l’espace privé. À Paris, il faut toujours réinventer. Vous avez travaillé sur la planète entière. Pourquoi avoir choisi de vivre ici ? Pour son échelle, sa densité. Paris est une ville compacte, qui se vit par ses espaces publics. C’est un catalyseur d’énergie et d’élégance. Elle est à la fois intense et permet la flânerie. J’aime cette liberté. MH


La déco en XXL

© DR

MAGASIN. Après avoir essaimé en province, l’enseigne bordelaise Fabrique de Style ouvre sa première adresse dans la Capitale. Et les six fondateurs ont vu très grand : située juste à côté de l’Olympia, non loin de H&M Home et Zara Home, la boutique de 1200 m2 se partage en deux niveaux. Côté sélection, on retrouve les ingrédients de leur succès : l’équipe déniche des marques pépites inspirantes privilégiant une fabrication en France (ou Europe) et les propose à des prix tenus en laisse. Aussi, le choix est très large : des meubles, de la décoration, des plantes, des luminaires, et même de l’épicerie ou des cosmétiques. Enfin, la marque est connue pour ses canapés : fabriqués sur demande, ils sont entièrement personnalisables (matière, nombres de places, coloris) et livrés en huit semaines environ. À vous de jouer ! EH

Levez les yeux !

© Val de seine aménagement

ARCHITECTURE. La 8e édition des Journées nationales de l’architecture, un événement dédié à faire découvrir au public les enjeux de cet art, a pour thème la transition écologique par le bâti. Des rencontres, une visite guidée du parcours architectural des années 30 de Boulogne-Billancourt ou encore des ateliers pour les enfants seront ainsi proposés gratuitement au public du 13 au 15 octobre 2023. Le programme sur journéearchitecture.fr. EH 123


Dans la cuisine, la table a été fabriquée avec une vieille porte de grange et des tréteaux décapés par Marion, le tout chiné sur Le Bon Coin. Certaines chaises ont été chinées, d’autres achetées chez Sklum. La cuisine a été réalisée avec des carreaux de plâtre montés sur une armature et enduits de béton ciré. Au mur, des herbiers chinés par Marion.


Texte & photos Corinne Schanté-Angelé

UNE MAISON SUR MESURE Marion Luquet, architecte d’intérieur fondatrice de La Maison M, a conçu sa nouvelle habitation comme un havre de paix, une maison de vacances aux portes de Paris.

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arion, originaire de la région bordelaise, et son conjoint Julien, de l’Essonne, ont multiplié les déménagements. D’abord à Paris, puis à Boulogne et récemment à Issy-les-Moulineaux. « Nous avons d’abord vécu à Paris dans le 17e à Brochant. À l’époque, il y a plus de dix ans, le quartier était bien trop calme, il n’était absolument pas ce qu’il est aujourd’hui, très animé. Alors nous avons déménagé à Boulogne, dans différents logements. C’est un peu notre ville de cœur, nous y aimons tout, le bois, les commerces, mais nous cherchions plus grand et le marché était tendu. » 1 26

Le choix d’Issy-les-Moulineaux Ils se tournent alors non loin de là, à Issy-les-Moulineaux, afin de profiter du calme et de la verdure environnante avec leur petite Romy. Marion apprécie les univers apaisants et aime se sentir en vacances chez elle. C’est d’ailleurs ce qu’elle propose dans les projets de rénovation à ses clients. Après avoir rénové l’appartement où elle vivait, Marion qui officiait alors dans la grande distribution a en effet décidé de tenter un changement de carrière. « Mon entourage me sollicitait régulièrement. Il y a cinq ans je me suis lancée et


➀ Dans le salon lumi-

neux, la bibliothèque a été réalisée en placo sur rails. Sous les fenêtres, le poêle est posé sur un banc en béton astucieux.

➁ Une table de lavan-

dière achetée à une jeune femme qui l’avait héritée de sa grand-mère.

➂ Une des astuces de

Marion est d’ajouter des éléments anciens à une maison neuve pour lui donner plus d’authenticité. Pour séparer l’entrée du salon, elle a installé des portes coulissantes réalisées avec d’anciens volets d’intérieur achetés sur Etsy puis décapés.

➃ Dans le couloir au

premier étage, Marion a opté pour des matières naturelles et brutes.

➄ Un tableau de

famille chiné chez des particuliers à Boulogne-Billancourt.

pendant un an, j’ai cumulé les deux jobs. » Et ça a marché ! À l’issue de cette période, elle décide de se consacrer entièrement à sa passion, l’architecture d’intérieur. L’autre critère indispensable recherché par le couple : la proximité avec la Capitale, afin de pouvoir dès qu’ils le souhaitent partir se balader en famille sur les quais de Seine, aller voir une expo, flâner dans le Marais ou encore se rendre rapidement à des rendez-vous professionnels. « En transports en commun, nous pouvons être dans Paris rapidement tout en bénéficiant d’un environnement calme idéal avec une famille. Nous avons plus d’espace, la forêt de Meudon est proche. C’est un bon compromis lorsque l’on souhaite plus grand et paisible. » Une facilité 127


“J’aime intégrer des éléments anciens que je chine pour mes clients lors des rénovations pour apporter une touche d’authenticité” également pour atteindre rapidement les axes routiers et s’échapper en province, et notamment en Eure-et-Loir où le couple possède une maison de campagne.

Passer du nord au sud

Marion Luquet Instagram : @lamaisonm_ contact@lamaisonm.com

Leur première acquisition à Issy-les-Moulineaux fut d’abord une petite maison de 60 m2, mais très vite, le couple est à l’étroit et part à la recherche d’un bien aux volumes plus généreux. Une maison qui corresponde aussi à leur mode de vie, tous deux télétravaillant certains jours de la semaine. Il la trouve il y a trois ans. En période de pandémie,

Marion se retrouve à superviser la construction de leur nouvelle maison dont elle avait dessiné les plans. « C’était au départ une petite maison d’ouvriers de 50 m2 construite par son propriétaire, située dans le quartier arménien de la ville. Nous avons vu que nous ne pourrions rien garder de celle-ci… En plus, le jardin était exposé plein nord. » Marion imagine alors une maison exposée plein sud, avec un patio protégé des regards extérieurs. Une implantation en L permet d’optimiser la surface et de bénéficier d’une belle luminosité. « C’était ma première construction

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d’habitation, habituellement sur mes chantiers, je fais de la rénovation. » La jeune femme souhaitait que la maison s’inscrive parfaitement dans le décor de son quartier composé de maisons anciennes.

Mixer les époques Après avoir adoré le côté haussmannien des lieux où elle vivait auparavant, la jeune maman avoue s’être lassée de ce style qui ne lui correspond plus du tout. Avec cette maison neuve, elle a choisi, afin d’apporter cachet et authenticité, des matériaux bruts, du bois et du béton, et a mixé du mobilier contemporain et ancien. Lorsqu’elle arrive sur un chantier, elle voit tout de suite les éléments qu’elle peut garder. « Cela peut être un vieil évier, des portes anciennes réutilisées ensuite en portes de placard par exemple. J’aime aussi réintégrer des éléments anciens que je chine pour mes clients lors d’un projet de rénovation, pour apporter la touche d’authenticité. Par exemple une table de machine à coudre Singer pourra être détournée en meuble vasque », préciset-elle. Marion récupère aussi des

➀ Dans la chambre parentale, Marion a assemblé d’anciennes portes de séparation vitrées chinées sur le Bon Coin pour délimiter astucieusement l’espace salle de bains.

➁ Les inscriptions

sur la porte d’origine ont été laissées volontairement par Marion.

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➂ Le grand miroir

a été chiné lors d’un vide-grenier de Boulogne-Billancourt et trône dans la chambre. Les portes de placard proviennent d’un ancien appartement parisien du XVIIe arrondissement. Les propriétaires rénovaient leur appartement et souhaitaient des portes neuves.

➃ Console de chez AMPM sur laquelle la jeune femme a posé une vasque. Miroir Zara Home.

➄ & ➅ Dans la chambre de la petite Romy, Marion a choisi de peindre les murs partiellement en kaki. La table basse en verre date des années 70.


portes anciennes dans les rues de Paris. « Aujourd’hui beaucoup de gens jettent des vieilles portes, des vieilles cheminées. Je trouve cela dommage de les remplacer par des neuves. Quand on adore, comme moi, chiner des portes, Paris est un super terrain de jeu et j’en trouve beaucoup plus facilement qu’en province. Avec un peu d’imagination et une camionnette, on peut rapporter des choses vraiment sympas. » Chez elle, Marion applique le même principe : dans le salon, d’anciens volets dénichés sur Etsy, décapés, font office de portes de séparation avec l’entrée. Dans la chambre d’amis, les portes des placards ont été récupérées sur un chantier, les propriétaires ne souhaitant pas les garder, au grand étonnement de Marion. Mais la jeune femme aime apporter des éléments anciens seulement par petites touches : « jamais le total look brocante ». Marion aimant depuis toujours les vieux objets mais sans toutefois s’y attacher vraiment, ceux-ci changent donc au fil de ses déménagements. « Ils sont souvent associés au lieu où je vis. »

➀ Commode

rénovée, poncée et repeinte en vieux rose Farrow and Ball, utilisée en table à langer.

➁ Les valisettes ont été chinées dans le Perche.

➂ Dans la salle

de bains de Romy, Marion a choisi un lavabo d’écolier chiné mixé avec des appliques et un miroir neuf.

➃ La table de salon

de jardin provient d’une école de danse. Les bancs ont été fabriqués avec des palettes trouvées dans la rue.

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Des objets et des histoires Dans sa maison, beaucoup d’objets ou de meubles racontent une histoire, à l’instar des herbiers de 1938 exposés dans la cuisine et dans la chambre de Romy. « Ces herbiers que j’ai chinés ont été réalisés en 1938 par l’arrière-grandmère du vendeur. Cette femme, qui souhaitait devenir herboriste et avait passé son diplôme en 1939, n’avait jamais pu exercer son métier et vivre de sa passion car en 1941, ce diplôme fut supprimé sous le régime de Vichy. J’ai acheté une quarantaine de ses planches. » Dans la chambre de sa fille, Marion a recouvert partiellement les murs de kaki. « Au départ Romy n’avait pas de chambre attitrée et Julien et moi ne voulions pas de chambre couleur layette. Je trouvais ce vert assez neutre, parfait comme base, et je l’ai accessoirisé avec une commode chinée peinte en rose et des rideaux bordeaux. » À l’extérieur, sur la terrasse ensoleillée à l’abri des regards, une grande table provenant d’une école de danse de l’Ouest parisien permet d’accueillir famille et amis. Les bancs ont été fabriqués avec des palettes trouvées dans la rue. Une vieille planche et des tréteaux font office de table basse. L’ancien lit picot chiné invite à la paresse. Toujours avec l’idée de se sentir en vacances au quotidien dans cette enclave au cœur de la ville.


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Success story

La reine du rotin En vingt ans, Laurence Vauclair a conquis Paris en faisant revivre le goût du jardin d’hiver, fait de meubles en rotin et de barbotines colorées. Aux puces de Saint-Ouen comme dans sa galerie rue de Beaune, l’antiquaire se fait dénicheuse de trésors, historienne de l’art et maintenant influenceuse, avec passion et espièglerie.

Texte Thomas Thevenoud Photos C. Weber (sauf mention)

E

lle a fait de son nom une marque. Boucles d’oreilles rouges en écaille, lunettes noires à large monture, les yeux bleus rieurs, Laurence Vauclair m’accueille dans la galerie du 7e arrondissement qu’elle a créée avec son mari Denis VauclairRouquette, au 24 rue de Beaune. Depuis 2003, la Galerie Vauclair est devenue le lieu d’exposition de leur collection qui comprend 4 000 pièces : un endroit d’exception, hors du temps, où se côtoient passionnés, érudits et acheteurs prestigieux venus du monde entier…

Merci le Covid ! En vingt ans, le succès ne s’est jamais démenti. Un chiffre d’affaires en augmentation de 10 à 20 % par an, des partenariats de plus en plus prestigieux, des ventes exceptionnelles et des expositions courues, la Galerie Vauclair est devenue un incontournable du Carré Rive Gauche. Même la pandémie a fait son bonheur : « Moi, je dis merci au Covid ! Grâce à 132

la pandémie, les gens ont retrouvé le goût des belles choses, de la décoration. Les clients français sont revenus. » Sur les réseaux sociaux ou lors des événements qu’elle organise, Laurence Vauclair voit son influence grandir, portée par le renouveau du rotin et par sa passion pour un style si particulier, si français, celui des jardins d’hiver et de l’époque Napoléon III. « À l’époque, c’était comme la création d’un nouveau langage, un style baroque adapté au XIXe siècle. On se fait construire de grandes vérandas, des jardins d’hiver luxuriants, on veut vivre dedans-dehors. Il faut trouver des meubles qui puissent résister aux changements de température. Le rotin, c’est l’esprit Napoléon III, la profusion, les grandes plantes, l’apparat… »

Le style Napoléon III À partir de 1851, les grandes Expositions universelles viennent casser les codes, faire découvrir de nouveaux styles décoratifs. La colonisation fait venir des comptoirs de nouveaux matériaux. Issu d’une variété de



“J’adore les objets qui ne servent à rien. D’ailleurs, je ne vends pas des choses utiles, seulement indispensables” palmiers d’Asie du Sud-Est, le rotin aime l’humidité et ne craint pas la chaleur. Assemblées dans les comptoirs en Asie, les tiges sont ensuite expédiées en Europe. Contrairement à une idée reçue, le rotin n’est pas si fragile que ça. Légers, maniables, résistants, les meubles en rotin se déplacent facilement. Jusque dans les années 20, tous les cafés parisiens en étaient équipés. Rue de Beaune, à la Galerie Vauclair, il se décline sous toutes ses formes, comme une signature : salon de jardin, table de jeu, bar, miroirs, panières et ustensiles de cuisine. Le rotin est roi.

Le rotin et la barbotine Autre matière emblématique de la fin du XIXe siècle : la barbotine. À l’origine, il s’agit d’une colle qui sert à assembler les pièces d’une porcelaine ou d’une céramique, une matière très solide, dont la résistance permet de créer des motifs en relief. On l’utilise, dans les arts de la table, pour sublimer les plats : un lapin sur une terrine qui révèle déjà le menu, un crustacé aux couleurs vives dont les pinces dépassent du large plateau, une coupe de fruits presque trop mûrs, un plat à asperges jaune d’or… Avec la barbotine, le spectacle est dans l’assiette. Laurence Vauclair

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en a fait sa signature. Elle aime l’exubérance et les couleurs vives de ces pièces en relief qu’elle marie avec soin à la chaleur du rotin, apaisant et confortable. Surtout, c’est la préciosité des pièces qui l’impressionne.

Des Japonaises farfelues et des brocantes en Touraine Depuis toujours, elle est fascinée par le travail de la main. Son grand-père était tailleur et son père formait les coupeurs de Dior et de Lanvin. Sa mère, coiffeuse, faisait aussi, à l’occasion, des décors de vitrine. Une fois le bac en poche, elle commence par s’intéresser à l’Extrême-Orient et passe une licence de japonais aux Langues O' : « Pendant les années 80, je suis beaucoup sortie dans Paris avec des Japonaises farfelues. » En parallèle, elle « se fait l’œil » le week-end, en arpentant les brocantes de Touraine : « J’ai commencé ma collection avec 500 francs en poche. Une de mes premières belles pièces, c’était une porcelaine allemande représentant un jeune garçon sur des patins à glace avec une oie à ses côtés. » De cette époque, elle a gardé une « ’tite boîte » comme elle dit, dans laquelle elle conserve un vieux carnet de bal, une lorgnette en écaille de tortue… « J’adore les objets qui ne servent à rien. D’ailleurs, je ne vends pas des choses utiles, seulement indispensables. » Après-guerre, le plastique impose sa domination et le rotin n’est plus vraiment à la mode, trop cher, moins pratique… Mais c’est sans compter la passion de quelques collectionneurs, les vertus de ce matériau et, peut-être aussi, le prénom d’Emmanuelle, personnage de Sylvia Kristel dans le fameux film érotique français de 1974. Sur l’affiche devenue iconique, la comédienne pose alanguie dans un fauteuil en rotin. « On me demande souvent le fauteuil d’Emmanuelle


Un décor composé pour la galerie rue de Beaune

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Le “boudoir rose”

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“J’ai autant besoin d’historiens de l’art que de spécialistes d’Instagram” pour une expo, un shooting, un événement… Initialement, ce fauteuil s’appelait Peacock, à cause de son allure de paon qui fait la roue. Il a été créé en 1920 et a servi notamment de trône pour le roi d’Indonésie. Aujourd’hui, j’en vends une dizaine par an. Comme tous les meubles en rotin, c’est devenu à la mode… »

L’engouement des créateurs Laurence Vauclair n’est pas pour rien dans cette renaissance. Selon ses propres mots, elle « aime inventer les modes ». Et les personnalités de la mode et du design suivent ! La Galerie Vauclair travaille avec des créateurs contemporains comme Laura Gonzalez, Pierre Gonalons et Sandra Benhamou. Elle s’associe aussi aux plus grands noms de l’artisanat d’art français comme Fromental ou Pierre Frey pour les tissus. Elle nous confie aussi qu’une grande marque de joaillerie française vient de dévaliser la galerie pour organiser une exposition privée dans une chambre d’un palace du cap d’Antibes. « Ils voulaient tout. Il a fallu leur fournir un camion entier ! Une fois les meubles installés, la commissaire d’exposition m’a dit : “On dirait qu’ils ont toujours été là !” C’était le plus beau des compliments. » L’objectif avoué de la pétulante Laurence ? Faire de sa galerie un décor en tant que tel. Elle reconstitue de vraies pièces à vivre en mariant les objets les plus spectaculaires. Il faut venir admirer par exemple ce mur entièrement composé d’assiettes de barbotine, dont une œuvre portugaise de la fin du XIXe siècle d’une rareté exceptionnelle, deux plateaux représentant des poissons. Pour mettre en valeur sa collection, elle recrute ses stagiaires aussi bien à l’École du Louvre qu’en écoles de

commerce : « J’ai autant besoin d’historiens de l’art que de spécialistes d’Instagram. »

L’expo Théodore Deck En septembre 2023, elle organise une rétrospective à l’occasion du bicentenaire du céramiste Théodore Deck, célèbre pour son bleu turquoise, intitulé Théodore Deck, #l’influenceur. À l’origine de cette exposition, un vase bleu acquis il y a quelques années par la Galerie Vauclair : une pièce unique mesurant plus d’un mètre, en forme de bouteille persane, aux motifs d’arabesque noirs. Sans doute

Laurence avec son mari et complice, Denis Rouquette

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réalisé en 1865, il porte deux fois la signature de Gustave Doré. « Labor omnia vincit improbus », un travail acharné vient à bout de tout. La devise de l’atelier de Théodore Deck pourrait être celle de la Galerie Vauclair. Sur les murs, au milieu des objets de sa collection, Laurence Vauclair devient un personnage de son propre décor. Comme dans une pièce de théâtre, on perd la notion du temps. Les murs s’animent, les anguilles sortent de l’assiette, les lièvres s’échappent, l’asperge est cueillie, ne manquent que la tasse de thé de la duchesse de Guermantes et la madeleine du petit Marcel.


C A RNET D ’ A D R E S S E S

Culture

Chambre Noire 4 bd Jules Ferry 75011 Paris

Poney Club 3 rue Eugène Carrière 75018 Paris

Grand Palais Éphémère Pl. Joffre 75007 Paris

Montezuma Café 15 rue Notre-Dame des Victoires 75002 Paris

Supra 12 rue Jouye-Rouve 75020 Paris

Sweet Paradise 12 rue Marie Stuart 75002 Paris 01 42 61 28 07

Anna Bar à vins 13 rue du Vertbois 75003 Paris

Artivistas 35 rue Blanche 75009 Paris

Les Amoureuses 3 rue des Tournelles 75004 Paris

Le Gainsbarre 5 bis rue de Verneuil, 75007 Paris

Early June 19 rue Jean Poulmarch 75010 Paris

Atelier des lumières 38 rue Saint-Maur 75011 Paris

La Nuit 8 bd de la Madeleine 75009 Paris

Les Œillets 137 rue Saint-Maur 75011 Paris

Enfants

Maxim’s 3 rue Royale 75008 Paris

Buttes Snack Bar 10 rue Pradier 75019 Paris

Maison de l’Amérique latine 217 bd Saint-Germain 75007 Paris

Terra, Bar à vins 63 rue des Gravilliers 75003 Paris

Galerie Mathgoth 1 rue Alphonse Boudard 75013 Paris Galerie Nichido 61 rue du Faubourg Saint-Honoré 75008 Paris

Food

Irasshai 40 rue du Louvre 75001 Paris Euphorie 61 rue Ramey 75018 Paris Giclette 13 rue Keller 75011 Paris Septime la Cave 3 rue Basfroi 75011 Paris

Donna 157 rue Saint-Martin 75003 Paris La Dalle en Pente 7 rue de l’Épée de Bois 75005 Paris Billili 136 rue du Faubourg-Poissonnière 75010 Paris Cavalier 22 rue du Faubourg du Temple 75011 Paris Passerina 44 rue Traversière 75012 Paris Montijo 167 rue de Rome 75017 Paris Au Petit Rozey 43 rue Lemercier 75017 Paris

Green

Mase 78 rue de Rennes 75006 Paris

Giovanna - Le Clan des Mamma Paris 57 rue des Batignolles 75017 Paris Citéco 1 pl. du Général Catroux 75017 Paris Le Bon Ton 26 rue de Navarin 75009 PARIS

Beauté

Exposition Échappées, scénographie immersive d’une fragrance À l’Espace Minimes Vosges, 14 bis rue des Minimes 75003 Paris Maison Guerlain 68 av. des ChampsÉlysées 75008 Paris Better Than Cream 47 rue du Caire 75002 Paris Studio Fauve 29 rue des Gravilliers 75003 Paris 138

Bâton Rouge 10 rue des FrancsBourgeois 75003 Paris

Mode

Clarks Paris Modern Workshop 4 bd de Sébastopol 75004 Paris Réfectoire des Cordeliers 15 rue de l’École de Médecine 75006 Paris Boutique Fête Impériale 16 rue Saint-Roch 75001 Paris

Déco

Fabrique de Style 18 bd des Capucines 75002 Paris Secret Gallery 19 rue de Varenne 75007 Paris

Escapade

Four Seasons Ritz R. Rodrigo da Fonseca 88 1099-039 Lisbonne MAAT Av. Brasília, Central Tejo (Belém) 1300-598 Lisbonne CCB MUSEUM Praça do Império 1449-003 Lisbonne Mercado P’LA ARTE Pç 25 de Abril, 1950-379 Lisbonne Underdogs Gallery R. Fernando Palha 56, 1950-132, Lisbonne


× “L’art dans la rue est une tradition ici : les fameux azulejos traditionnels, des carreaux de faïence vernissés, ornent les façades des immeubles ou des palais depuis le 16ième siècle !” « Escapade à Lisbonne », p.142

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Mise au vert

© DR

HÔTEL. Le Futuroscope verdit son offre touristique avec Ecolodgee, un hôtel de 120 lodges privatifs conçus comme des postes d’observation de la nature environnante (recréée par la main de l’homme) soit un plan d’eau organisé en cascades et une micro-forêt Miyawaki parmi les plus grandes de France, véritable îlot de biodiversité. Éco-conçus avec des bois issus de forêts françaises durables, dépourvus de télévision mais fournis en jeux de société, les lodges offrent une agréable expérience de déconnexion rapide… et ce, même s’ils ne sont situés qu’à 5 minutes à pied du Parc et de ses plaisirs ! Avec 2 à 3 TGV par jour qui déposent les Parisiens au pied du complexe, Le Futuroscope s’impose de plus en plus comme une destination « court séjour » de choix pour les familles : des divertissements à la fois rigolos et pédagogiques ( dont « chasseur de tornades », élue meilleure attraction du monde en 2022) et des prix tenus en laisse. 2024 verra en plus l’ouverture d’un nouvel univers baptisé Aquascope : 8 toboggans pour des sensations fortes, des espaces scénarisés ludiques et un espace d’immersion aqua-numérique révolutionnaire, le tout avec un objectif de recyclage total de l’eau utilisé. ES

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Séjour Package 4 personnes avec une entrée pour le parc pour 2 jours et 1 nuit à l’Hôtel Ecolodgee Futuroscope, dès 522 €

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Faire un pas de côté, s’éloigner de la carte postale et partir à la découverte du Lisbonne des arts, le temps d’un week-end exceptionnel !

Un week-end arty de rêve à Lisbonne Texte Estelle Surbranche

© DR

Photos DR (sauf mentions)

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Au sein du centre culturel du Belém, le Museu Colaçao Berardo (renommé en octobre 2023 the Museum of Contemporary Art MAC/CCB), et sa large collection d’art contemporain, est un must. Le parcours a été découpé par période artistique : une base didactique intéressante pour admirer de très belles pièces d’artistes portugais mais aussi de Francis

Le MATT

Bacon, Robert Delaunay ou Louise Bourgeois (5 €). Dans le même quartier, au bord des quais, le MAAT, le Museum of Art, Architecture and Technology, ne se loupe pas. Il s’agit d’une ancienne centrale électrique réhabilitée associée à un bâtiment en forme de vague immaculée, imaginé par Amanda Levete. Véritable geste architectural, cette deuxième aile du musée donne des points de vue à couper le souffle sur le Tage (gratuit pour les moins de 12 ans, 11 € pour les adultes). Pour déjeuner, restez sur les quais et filez au Clube Naval. Prisé des locaux, ce restaurant a comme spécialité les filetes, du poisson frit dans une panure fraîche et aérienne : un délice à déguster face à la grande bleue !

Au centre Sis au milieu d’un magnifique jardin japonais, le Museu Calouste Gulbenkian s’impose dans notre programme de visite, autant pour l’architecture moderniste du musée que pour sa collection d’œuvres. Sont en effet réunis ici, avec des grands maîtres européens du XVIIIe siècle, des chefs-d’œuvre de l’art islamique et une sélection de trésors de l’Égypte antique opérée par Howard Carter lui-même. (Calouste Gulbenkian 10 €, 5 € pour les moins de 30 ans.) À la sortie, à un jet de pierre, les gourmets s’attableront à la table Fogo d’Alexandre Silva, un chef qui sublime les classiques de la cuisine portugaise avec une cuisson à la flamme.

Le royaume du street art Les artistes se sont emparés des murs de la ville et Lisbonne est devenu un véritable musée à ciel ouvert. Il faut dire que l’art dans la rue est une tradition ici : les fameux azulejos traditionnels, des carreaux de faïence vernissés, ornent les façades des immeubles ou des palais depuis le XVIe siècle ! Si l’art est partout, certains quartiers, plus propices à la balade à pied, sont particulièrement agréables pour partir à la chasse. Même s’il ne semble plus fréquenté que par des touristes, qu’il est plaisant de se perdre dans l’Alfama, le quartier populaire historique de Lisbonne avec ses petites ruelles piétonnes étroites, 143

© Sergii Figurnyi

Les « incontournables » : direction Belém

Le Museu Calouste Gulbenkian


Y ALLER • vol A/R à partir de 59€ sur vueling.com. Durée : 2 h 30

ses points de vue sublimes (comme celui de Miradouro de Santa Luzia), son linge qui sèche aux fenêtres des immeubles… et Calçada, le portrait sur le trottoir de la diva du fado Amália Rodrigues par Vhils (Rua Dos Cegos, n° 42). L’artiste portugais Alexandre Farto – alias Vhils – sculpte sur les supports urbains non pas à la bombe aérosol mais au burin, ou au marteau-piqueur, pour faire émerger des vieux murs des figures humaines en creux et en volume. Très connu, il a sa propre galerie, Underdogs, dans le quartier de Marvila.

Art et mode Car le street art n’est évidemment pas que dans l’Alfama ! Les galeries d’art fleurissent dans le Beato ou à Marvila, le nouveau quartier branché. Pour repérer directement les jeunes pousses de l’art portugais, il faut venir ici tous les premiers samedis du mois à l’occasion du Mercado P’la Arte, une nouvelle mini-foire artistique dans un entrepôt où les talents vendent directement leurs œuvres au public. Autre spot de street art, la LX Factory dans le quartier d’Alcantara. Dans cette ancienne zone industrielle se sont installés des concept stores de vêtements, des restaurants et des bars, mais également des galeries – et les street artistes comme Arthur Bordola, plus connu sous le nom de Bordalo II, s’en sont donné à cœur joie. Bon à savoir, Lisbonne est

“Marvila, le nouveau quartier branché, regorge de galeries d’art, dont celle du street artiste Vhils ”

Une tapisserie de José Negreiros au Four Seasons Hotel Ritz Lisbon

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surnommée la « ville aux sept collines » car elle est très vallonnée. Si vous n’avez pas envie de marcher, vous pouvez aussi réserver une visite « street art » en tuk-tuk sur getyourguide.com (à partir de 120 €, deux heures).

Dormir dans une œuvre d’art Afin de profiter de la douceur de vie lisboète – et éviter le vacarme nocturne –, on s’éloigne de l’hypercentre historique pour aller du côté de Principe Real et ses belles boutiques. Pour un souvenir inoubliable, et continuer à baigner dans le beau, le Four Seasons Hotel Ritz Lisbon, une institution qui domine le Parque Eduardo VII, est le choix des artystas fortunés. Les œuvres d’art y sont partout, comme les peintures de Carlos Botelho ou les tapisseries géantes du moderniste José Sobral de Almada Negreiros, un ami de Fernando Pessoa, dans le hall. Une application à charger permet d’ailleurs de les découvrir de manière détaillée. Pour se sentir privilégié, il suffit de s’offrir un délicieux club sandwich (32 €) ou un carpaccio d’ananas et glace goyave (15 €) au pool bar, au bord de la piscine extérieure de l’établissement, les yeux sur la ville. Et si vous avez la chance d’y séjourner, vous pourrez profiter également d’une piscine intérieure à la tranquillité exquise – idéale pour délasser les muscles après tous ces kilomètres –, et d’une literie fantastique dans une chambre élégante au design art déco !


Rêver

© Vincent Rustuel

les pieds dans l ‘ eau.

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L’ H U MEU R DU MOME NT

L’illustratrice et graphiste Laure Cozic met en scène Super Maman face aux défis du mercredi ! Vous avez dit « charge mentale » ? 146


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