VIVRE PARIS 57

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57 HIVER 2023/2024 NUMÉRO 57 —

LE MAGAZINE DES PARISIENS —

VIVRE PARIS Le magazine des Parisiens — Trimestriel — Décembre 2023 / Janvier / Février 2024

+ Offert BEAUTÉ

La folie du collagène à boire Visite du plus grand

Elsa Wolinski

fait briller les femmes MODE

+10

ateliers pour apprendre

à fabriquer soi-même

tiers-lieu de la Capitale PARIS 4

Reportage

Pourquoi ils ont choisi d’avoir un chien (et pas un enfant) Quartier latin Sa renaissance gastronomique PARIS 13

Les métiers d’art

à niveau d’enfants L 16841 - 57 - F: 7,00 € - RD



ÉDI TO

Débusquer la joie

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© Sylvia Galmot

A

lors que chaque jour semble amener de nouveaux drames dans l’actualité, qu’il est important de s’accrocher à ces quelques minutes, heures ou journées de joie que nous procure indéfectiblement la vie parisienne ! Alors nous voilà à arpenter, de nouveau, les rues du Quartier latin pour découvrir les tables qui bougent et qui excitent les papilles des gourmets parigots (p. 46) ! On prend aussi des grands bols d’inspiration et de bienveillance auprès d’Elsa Wolinski, animatrice télé, influenceuse et créatrice d’une mode inclusive et joyeuse avec sa marque Sisterhood by Wolinski, en récupérant à notre compte son conseil de « muscler » son assurance et son estime de soi avec des exercices quotidiens (p. 110). Donner de l’amour, prendre soin des plus faibles que soi : c’est ce que font ces Parisiens et Parisiennes, pas avec un enfant, mais avec leur animal de compagnie ! Ils expliquent ce choix dans une grande enquête (p. 62). Paris ne sera décidément jamais une ville comme les autres, et ses habitants resteront des anticonformistes. Bizarrement, cela me met inlassablement en joie. Et vous ?

Estelle Surbranche Rédactrice en chef


RÉDACTION Vivre Paris 55 boulevard Pereire 75017 Paris Directeur de la publication Yann Crabé infos@vivreparis.fr Editor at large Estelle Surbranche estelle@vivre.paris Direction artistique & Design graphique Grand National Studio hello@grandnationalstudio.com Secrétaire de rédaction Marianne Ravel Administration et finance Marjorie Batikian marjorie@vivreparis.fr facebook.com/ vivre-paris

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La reproduction, même partielle, des textes, photos et illustrations est interdite sans l’autorisation de CAPITALE PUBLISHING. Le contenu des textes n’engage que la responsabilité de leurs auteurs respectifs.

VIVRE PARIS est édité par Capitale Publishing SARL de presse au capital de 5 000 € Siège social 55 boulevard Pereire, 75017 Paris RCS 517 815 908 Gérant : Yann Crabé PUBLICITÉ Mediaobs 44, rue Notre-Dame des Victoires 75002 Paris Tél. 01 44 88 97 70 Fax 01 44 88 97 79 Pour envoyer un mail, tapez pnom@mediaobs.com Directrice générale : Corinne Rougé (93 70) Directrice déléguée : Sandrine Kirchthaler (89 22) Directeur de publicité : Arnaud Depoisier (97 52)

Photographes/ illustrateurs Laure Cozic Estelle Surbranche Jennifer Sath Jeanne Perrotte Florence Valencourt Lucile Casanova

Distribution France MLP

Contributeurs Marie Dufour Juliette Le Lorier Thomas Thévenoud Marianne Hesse Edie Houdaille Caroline Ricard Florence Valencourt Loreleï Boquet-Vautor Axelle Carlier Alexandre Lazerges

Photo de couverture Jennifer Sath

Numéro commission paritaire 1 224 K 90156 ISSN : 2106-9816 IMPRIMERIE Rotimpress. Girona, Espagne

Ce magazine comprend un supplément culturel de 16 pages. Ne peut être vendu séparément.

ABONNEMENTS Vivre Paris marjorie@editionsvivre.fr

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Le papier de ce magazine est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées. pefc-france.org



SOMMA I RE

Culture —

Rencontre avec Laurence Vély, la fondatrice du podcast dont tout le monde parle, Thune p. 14 Que serait un peintre sans son marchand d’art ? p. 17 L’actualité des spectacles p. 20 L’hiver à Paris, c’est pas toujours romantique ! p. 32 Dans l’atelier de Yukiko Noritake p. 36

Food —

Rencontre avec Aurélie Saada, moitié du groupe Brigitte, comédienne et cuisinière hors pair p. 43

© DR

© Pierre Lucet-Penato

© Slow Galerie / Yukiko Noritake

V I V RE PARI S H I V ER 2 0 2 3/2024

Longtemps abandonné des foodists parisiens, le Quartier latin retrouve sa splendeur gastronomique p. 46

Portfolio —

Boris Lipnitzki, le photographe du Tout-Paris des années 1920 et 1930 p. 56

Reportage — Un enfant ? Non merci, j’ai déjà un chien ! Ces citadins ont choisi de ne pas avoir d’enfant mais pour eux, leur animal fait partie de la famille. Rencontre sans tabous avec Hélène et Colonel, Olivier et Fabrice avec Stiletto, Monsieur et Colette ou Juliette et Georgette p. 62

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Green —

Les deux fondateurs de Navir misent sur les grands classiques du vestiaire urbain, made in Bobigny p. 77 Le Paris de demain Siège historique de l’AP-HP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris) depuis le milieu du XIXe siècle, ce bâtiment de 30 000 m2 situé place de l’Hôtel de Ville s’ouvre au public pour de multiples activités jusqu’à la fin de l’été 2024. p. 82



SOMMA I RE

Enfants — Rencontre avec des Bandits à la crème p. 87

Découverte du Petit Mob’, un projet initié par le Mobilier national à l’attention du jeune public. p. 90

Bien-être — Les bienfaits du banya, un art russe ancestral… dans le 15e ! p. 98

Un café spécialisé dans le collagène à boire vient d’ouvrir ses portes à Paris. Phénomène de mode ou véritable tendance wellness faite pour durer ? p. 100

© Jennifer Sath

© DR

© Jeanne Perrotte

V I V RE PARI S H I V ER 2 0 2 3/2024

Mode —

Animatrice de l’émission dédiée au bien-être Bel & Bien, sur France TV, influenceuse et désormais créatrice de mode avec Sisterhood by Wolinski, Elsa Wolinski multiplie les activités pour combattre son insécurité en donnant du réconfort aux autres. Rencontre avec une femme authentique, attachante et drôle p. 110

Déco —

Visite chez Priscilla, une productrice télé suractive qui a su transformer un haussmannien classique en un espace arty et cosmopolite p. 120 Voyageuse dans l’âme, Sybille de Tavernost crée des tapis en hommage aux artistes p. 128

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Top 10 —

Fabriquez-le vous-même ! Sélection de dix ateliers pour vous guider pas à pas dans la fabrication d’un produit fini et connaître le bonheur incommensurable de prononcer enfin cette phrase : « C’est moi qui l’ai fait ! » p. 132

Escapade — Week-end à Troyes pour découvrir son nouveau musée d’Art moderne p. 142

L’humeur du moment de l’illustratrice Laure Cozic : Et vous, vous les sentez comment ces Jeux olympiques ? p. 146




Culture ×

“Je n’ai pas de carnet de croquis. Je travaille à partir de photos que je prends à la dérobée ou bien en m’inspirant d’images que je trouve sur les réseaux sociaux.” Yukiko Noritake, peintre et illustratrice japonaise installée à Paris depuis 2015 p. 36

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© China Light Festival B.V

© Vincent Nageotte

© DR / LetsGo © DR

Rallumer les étoiles ➀ L’Art dans la nature jusqu’au 21 janvier, 22 € ➁ Jungle en voie d’illumination jusqu’au 21 janvier 2024, plein tarif 18 €/tarif réduit 15 €/gratuit pour les moins de 3 ans ➂ Festival Dragons et Lanternes du 15 décembre 2023 au 25 février 2024, plein tarif 18 €/tarif réduit 12 €/gratuit pour les moins de 4 ans ➃ Lumières en Seine Adulte (à partir de 12 ans) 20 € /enfant (3 à 11 ans) 16 €

ILLUMINATIONS. Alors que le jour raccourcit, la nuit brille plus fort à Paris grâce aux multiples illuminations qui rhabillent les jardins de la Capitale – tout en recapitalisant en bonnes ondes notre imaginaire. Au Muséum national d’histoire naturelle, En voie d’illumination met à l’honneur l’extraordinaire biodiversité des forêts tropicales humides, avec des structures lumineuses, dont plusieurs animées, qui figurent des félins redoutables, des grenouilles singulières, des fleurs géantes et autres merveilles. Du côté du domaine national de Saint-Cloud, Lumières en Seine invite à une déambulation de 2 kilomètres sur le thème des quatre éléments – l’eau, la terre, le feu et l’air – qui se manifestent sous différentes formes. Avec une balade lumineuse intitulée L’Art dans la nature, le parc de la Villette mélange lui les sensations audiovisuelles aux œuvres surréalistes du célèbre artiste espagnol Salvador Dalí. Enfin, le Jardin d’acclimatation prendra les couleurs de Shanghai pour le Festival Dragons et Lanternes : une balade nocturne à travers l’univers légendaire du Shanhaijing, le Livre des monts et des mers, grand classique de la littérature chinoise. Pas moins de mille lanternes mettront à jour d’extraordinaires dragons, des créatures fantasmagoriques, mais également des ateliers d’artisanat chinois, des restaurants, des danses et des chants folkloriques, ainsi que des démonstrations d’arts martiaux. EH 012



© Marcin Nowak © Marcin Nowak

L’art pour entrer en hypnose

De l’art pour entrer en transe

INSTALLATION. Bien connu des clubbers, l’artiste et DJ Dan Ghenacia présente lors de son premier solo show plusieurs œuvres censées amener le visiteur aux portes de son inconscient. La première, The Clock, est une œuvre lumineuse et sonore inspirée de la Dreamachine de Brion Gysin. On se place devant la structure qui tourne lentement avec des lumières clignotantes : au bout d’un moment, fixer cette machine est censée nous plonger dans un état de semi-conscience qu’on appelle état « hypnagogique ». Salvador DalÍ était d’ailleurs friand de ce genre d’expérience ! Une autre installation, baptisé Mind Art, a été élaborée en collaboration avec le Dr. Teixeira, un neuroscientifique : il s’agit là d’établir une connexion entre nos fréquences cérébrales et une intelligence artificielle à l’aide d’un casque muni de neurotransmetteurs, pour donner naissance à une œuvre d’art. Ou quand la technologie décode nos émotions… L’exposition porte merveilleusement bien son nom puisqu’elle s’appelle… Have a Good Trip ! MH Have a Good Trip de Dan Ghenacia à la Sobering Galerie, jusqu’au 13 janvier 2024 014



Photos © Sophie Crépy

Vue d’une salle d’exposition

À propos des rencontres PEINTURE. Berthe Weill pour Picasso, Daniel-Henry Kahnweiler pour Léger, Braque ou Paul Guillaume pour Amedeo Modigliani : est-ce que ces artistes auraient eu la même carrière si ces galeristes et marchands d’art n’avaient pas parié sur eux, faisant tout pour faire connaître leur art au public ainsi qu’aux collectionneurs, le vendre (et ainsi les faire vivre), jusqu’à parfois les aider dans leur vie personnelle ? L’exposition Amedeo Modigliani, un peintre et son marchand soulève la question en soulignant les liens entre le peintre italien et Paul Guillaume. Les deux partagent ainsi une fascination pour l’art primitif, égyptien, khmer ou africain. Or dans ses portraits, l’Italien s’en inspire dans sa manière de peindre les visages, avec des formes allongées. Et aussi, est-ce sous l’impulsion du marchand d’art français que Modigliani abandonne la sculpture pour se consacrer uniquement à la peinture à partir de 1914 ? Collectionneur, Paul Guillaume achète également beaucoup de toiles à Modigliani, même quand celui-ci se rapproche d’un nouveau marchand d’art, Léopold Zborowski. À travers l’exposition qui donne à voir une grande partie des œuvres de Modigliani passées entre les mains de Paul Guillaume, notamment les portraits du Tout-Paris artistique et une sélection d’art africain qui a pu inspirer le maître, cette sélection donne toutes les (belles) clés aux visiteurs pour se faire une idée de l’influence du marchand d’art. MH Amedeo Modigliani, Un peintre et son marchand au musée de l’Orangerie, jusqu’au 15 janvier 2024 016


PHOTO. Portraitiste adulé des stars, Arnaud Baumann a capturé la vérité des plus grands artistes de notre temps, ainsi que de quelques inconnus dans des séries tour à tour prises sur le vif ou très posées. Il a réuni ses clichés pour l’exposition Iconic Portraits, au Studio Idan dans le Marais, ainsi que dans un livre collector, numéroté et signé, en vente à la galerie. ES Du 11 janvier au 11 mars 2024

Alain Bashung en 1991

© Arnaud Baumann

Coup de flash

© Gamma Rapho

À l’heure orientale

© Musée national de l’histoire de l’immigration

Pierre Michaud, Quartier asiatique, 13e arrondissement, Paris. 1994.

Patrick Zachmann, Leçons chinoises dans le 13e arrondissement, 1986. Magnum Photos

DOUBLE EXPO. Pour la toute première fois en dix-sept ans d’existence, le musée national de l’Immigration propose de documenter largement l’immigration asiatique afin de mieux la connaître et, in fine, déconstruire les préjugés entourant ces populations, via deux parcours : Immigrations Est et Sud-Est asiatiques depuis 1860, et J’ai une famille, une rétrospective passionnante sur les artistes de l’avant-garde chinoise installés en France au début des années 1990. Parmi eux, certains sont d’ailleurs devenus des stars de l’art contemporain, à l’image de Yan Pei-Ming ou Du Zhenjun. Pour accompagner ces deux shows, toute une programmation aux couleurs de l’Asie est proposée au public avec des visites guidées ou des séances de cinéma via une carte blanche confiée à Simeng Wang, l’une des commissaires d’exposition. ES Immigrations Est et Sud-Est asiatiques depuis 1860 et J’ai une famille au palais de la Porte Dorée, jusqu’au 18 février 2024. Tarif plein 10 €/tarif réduit 7 €/ gratuit pour les moins de 26 ans


© Jalil Ourguedi, Courtesy the artist and Mariane Ibrahim Gallery, Chicago, Paris, Mexico.

Raphaël Barontini en pleine préparation de son expo

© Claire Delannoy. Courtesy of the artist and Mariane Ibrahim

Panthéon imaginaire

Raphaël Barontini, Sanité Belair, 2023

INSTALLATION. Dans son exposition intitulée We Could Be Heroes, le plasticien Raphaël Barontini rend hommage aux figures oubliées de la lutte contre l’esclavage et les réinstalle dans le sanctuaire de la République. Il est né à Saint-Denis d’une mère antillaise et d’un père italien et il porte en lui l’histoire métissée de cette ville. C’est là, dans un gigantesque atelier logé au milieu du call center d’une entreprise de vente en ligne, qu’il a imaginé, conçu et réalisé l’exposition du Panthéon. « Quand j’ai pris conscience de l’aspect monumental des lieux, j’ai eu un peu peur, j’avoue. » Un moment de doute vite oublié au regard de l’évidence du message. Puisque Raphaël Barontini avait la possibilité de s’exprimer dans un lieu aussi symbolique, aussi politique, il fallait un message clair. Son ambition : recréer aux yeux des visiteurs son propre Panthéon imaginaire. Pour cela, il a choisi de rendre hommage aux figures de la lutte contre l’esclavage comme, par exemple, Sanité Belair, esclave affranchie et révolutionnaire née à Saint-Domingue, ou Joseph Ignace qui choisit de se suicider au combat plutôt que de renoncer à sa liberté. Leurs portraits, morceaux de tissus cousus entre eux pour former de gigantesques bannières, sont les fragments d’une mémoire volontairement oubliée, visages noirs d’une contre-histoire qui dialoguent à travers le temps avec les peintures de Puvis de Chavannes et d’Alexandre Cabanel. TT Jusqu’au 11 février 018


Ça va tourner !

Photos © François Ayme

EXPO. Cinéaste de tous les excès et des tourments de l’âme, on doit à Federico Fellini des chefsd’œuvre comme La Strada ou La Dolce Vita. Au-delà de ses films, la Fondation Pathé s’intéresse au processus de création du cinéaste, l’« avant », dans une belle exposition sur trois niveaux. À travers une scénographie onirique signée par le spécialiste d’art contemporain italien Alessandro Pron, la Fondation part de l’écriture avec des originaux annotés par le maestro, en passant par la fabrique des personnages avec par exemple des costumes, des accessoires de tournage, jusqu’au montage, en montrant des extraits de films et des photos. Deux cent cinquante œuvres pour essayer de comprendre les rouages de la pensée du maître décédé en 1993. EH Fellini : Maestro ! Exposition jusqu’au 27 janvier 2024 à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

© Pauline Maillet

À Enghienles-Bains FAUX-SEMBLANT. Organisé et produit par le Centre des arts, le PIDS Enghien est le festival des effets spéciaux, rendez-vous des pros et des amateurs des effets visuels et de l’animation numérique. Tous les événements sont ouverts à tous, avec au programme des films en avant-première et des rééditions de grands films, des master class, ou expositions… EH

Des masques de cinéma !

Du 31 janvier au 3 février 019


Laurence Vély, parlons argent ! Après avoir créé et revendu le média Les Déviations, qui évoquait les changements de vie, Laurence Vély, une dynamique Parisienne, serial entrepreneuse des médias, a fondé en 2020 Thune, un podcast à succès qui parle cash d’argent. Le dernier sujet tabou dans l’Hexagone ?

En France, on a plus de tabous que dans les pays anglo-saxons ? Il y a moins de tabous autour de l’argent que tu gagnes dans ton entreprise, mais l’argent de famille

Laurence Vély prend le pouls de la société (capitaliste). © DR

À peine deux ans après Les Déviations, vous avez lancé Thune. Impossible de vous arrêter ? J’adore lancer des projets ! Et quand je posais des questions aux gens pour les Déviations, je me rendais compte qu’il y avait une zone que tout le monde mettait de côté : le fric. On parle librement de son burn-out, de son périnée, de sexe… mais l’argent, les gens ne veulent pas en parler. Or on sait très bien que c’est fondamental. Je me dis donc qu’il y a un sujet à un moment de ma vie où je sors moi-même d’un rapport adolescent à l’argent, bien que j’aie toujours eu des contraintes financières en tant que mère célibataire. Et puis Thune répond aussi à un désir un peu voyeuriste, je voulais savoir comment faisaient les autres. Cette question que tout le monde s’est posée à propos d’un ami, à un moment : « Mais d’où vient le fric ? »

reste toujours très secret, même aux États-Unis. Il faut comprendre que l’argent, ce n’est pas une histoire de chiffres, mais des histoires tout court. Avec Thune, on raconte des héritages, des divorces, des coups financiers, des coups de bluff… Il y a de l’argent sale, de l’argent du mérite, de l’argent qui fait honte et qui brûle les doigts. Avec Anna Borrel, votre associée, vous sortez environ deux témoignages par semaine et vous atteignez désormais un million d’écoutes. Quel est votre public ? Il y a les gens qui écoutent pour se rassurer, un peu comme un podcast de psy. C’est très difficile de parler d’argent, qu’on en ait ou pas, donc ça peut les aider. Il y a des personnes qui le prennent avec une dimension quasi 020

anthropologique : ce podcast prend le pouls de la société, dans un monde capitaliste. On ne donne pas des chiffres comme un cabinet de sondage, mais on donne des témoignages et c’est encore plus parlant. Thune raconte le déclassement, pourquoi les Parisiens partent de la Capitale, etc. Et le futur de Thune, vous le voyez comment ? Nous avons monté cette année un site internet et une newsletter, et nous sommes en train d’écrire un livre sur les Français et l’argent, en nous basant sur tous ces témoignages. On voit se dessiner des tendances de société très nettes et on compte bien les partager ! ES thunepodcast.fr



CULTE. Sans doute la pièce la plus célèbre du théâtre français, Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand est ici joué par Laurent Lafitte dans une mise en scène d’Emmanuel Daumas. Une nouvelle version dont le décor fait la part belle à l’imaginaire, à la magie, au cinéma de Méliès et Segundo de Chomón. MD Cyrano de Bergerac à la ComédieFrançaise, jusqu’au 29 avril 2024

Laurent Lafitte, le nouveau Cyrano

© Stéphane Lavoué

Un antihéros depuis 125 ans !

Laetitia Casta et Roschdy Zem, un couple incandescent

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© Simon Gosselin

Le duo Casta/Zem ADAPTATION DU CINÉMA. Rome, le 6 mai 1938, jour de la rencontre entre Hitler et Mussolini. Tout le monde assiste à cette grande cérémonie… sauf Antonietta, mère de six enfants, contrainte de rester chez elle pour venir à bout des tâches ménagères. En voulant récupérer son perroquet échappé, elle rencontre Gabriele, présentateur radio chassé de son travail car homosexuel. Une incroyable relation va alors se nouer entre eux, et permettre d’évoquer en filigrane la question, sous fond de régime fasciste, de l’homosexualité et du rôle de la femme dans la société. Vous avez reconnu l’histoire du film Une journée particulière, adaptée pour le théâtre par Lilo Baur, avec Laetitia Casta et Roschdy Zem dans les rôles principaux. On compte sur la metteuse en scène, dont le travail au sein de la Comédie-Française nous avait déjà enthousiasmés, pour faire vivre de manière singulière ce type de personnages, solitaires, attachants et engagés. MD Une journée particulière au théâtre de l’Atelier, jusqu’au 31 décembre


© JeanLouis Fernandez

La comédienne Valérie Dréville (molière de la meilleure comédienne en 2014)

Co-exister THÉÂTRE. Pour écrire Un sentiment de vie, Claudine Galea dit avoir « emprunté » le corps de son père, pied-noir malheureux en France, mélancolique, militaire des guerres coloniales, marié à une communiste anticolonialiste, afin de comprendre ce que la guerre d’Algérie a laissé comme trace familiale. Dans ce texte d’amour et de mort, mis subtilement en scène par Émilie Charriot et joué par la comédienne Valérie Dréville, il est aussi question de souvenirs uniques, de combats, pensés en un dialogue père-fille imaginé. Les pensées de la comédienne nous parviennent à travers des textes d’écrivains allemands, Falk Richter, Georg Büchner, mais aussi ce titre musical, My Way de Franck Sinatra, revenant dans la pièce comme un souvenir indestructible du paternel décédé : des passerelles pour l’aider à comprendre ce qui est vraiment important, la préservation de cette sensation d’existence. MD Un sentiment de vie aux Bouffes du Nord, du 11 au 27 janvier 2024 023


Un conte humaniste PRIMÉE. Aïda Asgharzadeh, auteure et comédienne d’origine iranienne, se souvient d’un échange entre sa mère « On n’aurait jamais dû. On a tué le pays » et son père « C’est peut-être pire aujourd’hui, mais ce n’était pas bien avant, ne l’oublie pas ». Des mots qu’elle a compris plus tard et qu’elle a eu envie de raconter dans sa nouvelle pièce inspirée de la vie de ses parents, de son pays et couronnée de deux molières en 2023. Grâce à un changement de décor efficace et la mise en scène ingénieuse de Régis Vallée, on est propulsé d’abord à Téhéran, où l’on suit quatre étudiants, des années 1970 jusqu’à l’arrivée au pouvoir du régime islamique, puis en Haute-Savoie au passage des années 2000 en compagnie de deux sœurs et leur mère. Brillant ! MD

Photos © François Fonty

Le spectacle commence en musique et en persan !

Les Poupées persanes au Pépinière Théâtre, jusqu’au 6 janvier

© Thomas O’Brien

Face à face

Dominique Valadié, seule en scène

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LECTURE. Dans cette mise en scène épurée d’Alain Françon, Dominique Valadié lit un des premiers textes rédigés en français par l’Irlandais Samuel Beckett. Une rencontre entre un homme endeuillé et une femme prostituée. Beckett, qui écrit « pour respirer » et malmène le langage volontairement, parle ici de solitude, de mélancolie, d’univocité complexe. Ses thèmes de prédilection sont là, déjà, lus avec talent. MD Premier Amour au Petit Saint-Martin, jusqu’au 31 décembre



Clio, la délicatesse Son quatrième album, intitulé Carambolage, nous prouve en dix titres que la chanson française teintée de mélancolie et d’humour, entre Alex Beaupain et Françoise Hardy, réserve encore de belles surprises.

Vous chantez aussi « je n’aime plus Paris »… Je chante « je n’aime plus Paris sans toi », c’est plutôt une chanson sur l’idée de l’absence que sur le désamour de Paris. Je ne pourrai jamais chanter que je n’aime plus Paris. Cette chanson, c’est quelqu’un qui prend des photos dans cette si belle ville et qui trouve que même si la ville est belle, ces photos n’ont plus aucun sens ni aucun intérêt si la personne absente n’est pas là pour les rendre vivantes.

Clio cultive la fausse légèreté à la Hardy. © DR

Vous parlez beaucoup de Paris la nuit, aussi bien dans Paris sans toi que dans Taxi. Ces heures-là vous inspirent ? C’est ce qui est merveilleux à Paris, le temps dure plus longtemps parce que toutes les heures vivent. On peut décider à n’importe quelle heure du jour et de la nuit de partir marcher 15 kilomètres dans les rues, on sera toujours dans la vie. C’est une chance immense. Peut-être en effet que ces heures-là m’inspirent particulièrement. Ce sont celles que je préfère pour me promener, celles où les sensations s’impriment avec plus de force. La nuit et le petit matin.

Comment est arrivé votre duo avec Alex Beaupain, Carambolage ? Je suis très attachée aux chansons d’Alex Beaupain depuis très longtemps. Elles ont commencé à m’accompagner bien avant que je me mette moi-même à écrire des chansons. Elles ont été la bande originale de nombreux épisodes de ma vie. Ça aurait pu être une évidence depuis le début, l’envie de partager une chanson avec lui, mais en réalité c’est difficile de proposer une chanson à quelqu’un qui compte beaucoup comme ça. Pour cette chanson, Carambolage, j’ai pensé à lui dès que j’ai compris qu’elle devenait un duo. Au départ ce n’en était pas un, c’est au fil de l’écriture que ça s’est dessiné. J’étais très très heureuse que l’idée lui plaise et c’était 026

magnifique de l’entendre chanter mes mots et ma musique. De voir s’installer son timbre, sa manière de dire les mots, sur ma chanson. Vous avez une série de concerts à venir à Paris : pouvez-vous déjà nous dire un peu ce qui va s’y passer ? J’avais très envie de faire des concerts où n’y ait pas de distance entre mes chansons et les gens. On sera trois sur scène avec mes chers musiciens Augustin Parsy et Denis Piednoir, et puis je travaille avec un scénographe merveilleux qui s’appelle Laurent Mesnier, et si on parvient tous à faire ce qu’on veut, ce sera vivant et chaleureux. ES Clio en concert à Paris au théâtre La Flèche dans le 11e les 2 et 3 janvier 2024, puis le 15 mai à L’Européen.


Petit génie

Carte blanche à Thomas Enhco au théâtre de l’Œuvre, du 25 au 27 janvier

© Maria Jarzyna

PAS SI CLASSIQUE. Le compositeur, pianiste de jazz et de musique classique Thomas Enhco s’empare de l’intime théâtre de l’Œuvre pour trois soirées, forcément magiques. Le 25 janvier, place au duo avec la marimbiste bulgare Vassilena Serafimova ! Ils interpréteront Bach Mirror, second album de cette formation exaltante née en 2008 où ils repensent Jean-Sébastien Bach par la forme, le rythme, le style, en recomposant, déstructurant, adaptant. Le titre Avalanche, arrangement du Prélude BWV 847 selon les codes du jazz, est même donné au bac musique 2023. Le lendemain, Thomas Enhco retrouve Stéphane Kerecki et sa contrebasse pour un tourbillon subtil où l’on passe du jazz au classique, du gospel au rock. Enfin, le 27 janvier, Thomas Enhco se produira en solo, entre titres improvisés, morceaux de jazz, de classique et invités mystère. MD Le pianiste et compositeur Thomas Enhco

Place à prendre

© Graham MacIndoe

CULTE. Après un retour surprise cette année avec l’album Laugh Track, The National, les princes élégants et vibrants du rock indé américain, ont annoncé une date unique en France le 5 juin au Zénith de Paris. On ne peut que vous conseiller de prendre d’ores et déjà vos places ! MH

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Une histoire vraie TÉMOIGNAGE. L’un des policiers d’élite de la B.R.I. (ex-Brigade Antigang) sort du secret pour livrer dix histoires fortement inspirées de sa réalité et de son parcours. Le lecteur passe ainsi de l’autre côté du miroir grâce à ces récits très réalistes, écrits à la première personne, tantôt bouleversants tantôt dignes de films d’action, et les illustrations élégantes, réalisées également par un policier. Les Anges Gardiens du 36, de J. Milgram et dessins de J.C. Sanchez (Mareuil Éditions), 25 €

Paris, 1988 ENQUÊTE. Journaliste à la cellule investigation de Radio France, Benoît Collombat rouvre un dossier criminel classé sans suite : le meurtre en plein Paris, le 29 mars 1988, de Dulcie September, une militante anti-apartheid installée en France après de longues années d’emprisonnement en Afrique du Sud. Pourquoi cette figure de l’ANC a-t-elle été assassinée ? Est-ce que le timing (c’est la veille des élections présidentielles, Mitterrand à l’Élysée et Chirac à Matignon) joue un rôle dans cet événement ? Après dix ans de recherche et d’interviews des protagonistes, le journaliste livre une enquête qui nous emmène dans la banlieue du Cap où est née cette femme intègre, dans les rues du 10e arrondissement mais aussi dans les bureaux feutrés des ministères français, sud-africains ou des comités politiques de l’ANC… Pour interpréter cette histoire, le dessinateur Grégory Mardon opte pour le noir et blanc, et toutes les nuances de gris – ce qui illustre à merveille l’ambivalence de certains personnages, mais aussi d’une époque où les causes les plus généreuses dissimulaient parfois les plus sinistres dessins. Dulcie, du Cap à Paris, enquête sur l’assassinat d’une militante antiApartheid. Récit de Benoît Collombat, dessin de Grégory Mardon (Éditions Futuropolis), 28 € 028


Un travail de mémoire DANSE. Performeuse anglo-américaine au talent inclassable, Ruth Childs (née en 1984) nous offre sa première pièce en solo avec Fantasia. Nièce de la chorégraphe Lucinda Childs (née en 1940), fer de lance de la danse contemporaine, il aura fallu attendre plusieurs années pour qu’elle se décide enfin au solo, elle qui a travaillé avec les plus grands chorégraphes et metteurs en scène du moment : Foofwa d’Imobilité, La Ribot, Gilles Jobin, Massimo Furlan, Marco Berrettini et Yasmine Hugonnet… Créé à Genève en 2019, cet « autoportrait abstrait », comme elle aime à le définir, est une exploration entre ce que lui procure l’écoute de musiques entendues dans son enfance et la manifestation physique qui en résulte. Comment notre corps appréhende-t-il ce qu’il a déjà entendu ? Quelle mémoire corporelle spontanée avons-nous ? En partant d’un morceau classique très connu, Fantasia de Disney, mais aussi de Beethoven, Tchaïkovski ou Dvořák, Ruth Childs fait du souvenir entendu une œuvre contemporaine. MD

L’autoportrait de Ruth Childs

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© Marie Magnin

Ruth Childs, Fantasia au théâtre de la Ville, du 31 janvier au 4 février


Traversée de Paris BOND DANS LE TEMPS. Si vous vous baladez dans la matinée du 14 janvier du côté des ponts de l’Europe, de Mirabeau ou de Grenelle, vous risquez de vous frotter les yeux : des bus Renault des années 30 cahotant sur le bitume, des camions anciens (dont un porte-char ATCM modèle S 32215) défilant aux côtés des Solex, des antiques DS et autres guimbardes mythiques ! Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas un vortex temporel : vous assistez à la 24e Traversée de Paris, un défilé de véhicules de plus de trente ans (minimum !). Cette année, 700 équipages sont attendus sur un parcours d’une trentaine de kilomètres qui saluera l’histoire parisienne des constructions métalliques. MH

À l’arrêt du 96 ? Un antique bus des années 1930

Photos © DR

Pour des renseignements ou une réservation afin de monter à bord des bus anciens : vincennesenanciennes.com

À l’Élysée © Victor Velter / Shutterstock.com

(TROP) ROYALE. Voilà qui risque de devenir une attraction touristique : le 1er régiment d’infanterie de la Garde républicaine donnera à voir la cérémonie de la grande relève de la Garde, devant le palais de l’Élysée, tous les premiers mardis du mois à partir de 9 h de manière publique. Cette tradition avait été abandonnée en 1996 par Jacques Chirac. JD 030


Photos © Pascal Montary

Le Rex, tel un phénix CLUB. Tous les fans d’electro ont une affection particulière pour cette adresse. Il faut dire que la musique habite depuis longtemps ces murs. Construit en 1932, le lieu est d’abord un club de jazz, puis un dancing chic avec orchestre nommé Le Rêve. En 1973, il se transforme en boîte disco et prend le nom de Rex Club. En 1984, la new wave, le funk et le punk retentissent dans Paris et la programmation de la boîte colle à l’air du temps. Le Rex devient une place forte du rock alternatif et des musiques indépendantes. L’histoire électro débute en 1988 avec une soirée Jungle. Finalement, en 1995, le Rex devient 100 % musique électronique et la cabine fait face au public. De nouveaux travaux en 2006 amènent un système son « multidiffusion » totalement novateur, avec plus de 60 points entièrement contrôlés par informatique. 2023 : une nouvelle ère s’ouvre pour le Rex Club qui vient de rouvrir ses portes après quatre mois de travaux. Imaginé par le Studio Gazelles, ce réaménagement voit disparaître la cabine DJ mythique du club, remplacée par un booth modulable qui se place, au choix, sur les marches ou bien la piste, pour que l’artiste soit au plus près des clubbeurs. Une nouvelle raison de ➀ retourner danser ! EH 031

Les nouvelles lumières sur le dancefloor


H I STOI RE

Texte Axelle Carlier

Photo 81846-20 © Excelsior - L'Equipe / Roger-Viollet

Photos Roger-Viollet.fr

Skieurs près de la place de l’Étoile. Paris (VIIIe arr.), décembre 1938. Photographie du journal Excelsior.

Les hivers de Paris

À Paris, l’hiver peut rimer avec paysages romantiques, chocolat chaud dans un salon de thé historique, amoureux se réchauffant sur un banc ou encore luge sur les pentes de Montmartre. Mais les hivers qui sont restés dans les mémoires sont plutôt les plus rigoureux, voire catastrophiques ! Souvenez-vous de ces saisons hors du commun… Dans le Paris médiéval Si les relevés météorologiques officiels ont été effectués en France à partir de 1855, le premier hiver à avoir marqué la Capitale est cependant bien plus ancien. Il s’agit

en effet de celui de l’année 975, durant lequel il a neigé en continu jusqu’au mois de mai ! Paris est alors recouvert d’un épais manteau blanc, dont les témoignages racontent que sa hauteur par endroits dépasse celle 032

d’un homme… Malheureusement, ce phénomène provoque une terrible famine, qui décime la moitié de la population. Les Parisiens du Moyen Âge vont ensuite connaître un épisode similaire en 1407, lorsque


Photo 13944-14 © Maurice-Louis Branger / Roger-Viollet

Hiver à Paris. Les Tuileries sous la neige. 15 novembre 1919.

la ville subit 66 jours de gelées ! La Seine et le vin dans les fûts gèlent, tandis que les ponts du Petit Châtelet et de Saint-Michel – en bois à l’époque – sont emportés par les glaces.

“Décembre 1879 est le plus froid de toute l’histoire de Paris avec un record à -23,9 °C !”

Le Grand Hiver Malgré cela, le plus tristement célèbre des hivers parisiens est sans doute celui de 1709, appelé le Grand Hiver : il fit plus de 24 000 morts à Paris (et 600 000 en France). La population a péri de froid, mais aussi de faim, puisque les températures allant jusqu’à -18 °C en janvier, toutes les cultures avaient été ravagées, et enfin de maladies, en raison de la sous-alimentation. Heureusement,

la Capitale ne connaîtra pas de températures aussi basses avant décembre 1879, qui sera certainement le plus froid de toute son histoire avec un record à -23,9 °C ! Cette fois, la Seine gèle même sur plus de 40 centimètres…

L’hiver solidaire S’il n’est pas le plus extrême des hivers de la seconde moitié du XXe siècle, celui de 1954 est quand 033

même si froid qu’on peut traverser le canal Saint-Martin à pied ! Mais il est surtout connu pour le mouvement qu’avait lancé l’abbé Pierre en commençant son appel à la radio ainsi : « Mes amis, au secours ! Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à 3 heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l’avait expulsée… » Dès la fin de son discours, un immense élan de charité se met en place, c’est « l’insurrection de la bonté » : bouleversés, les auditeurs veulent savoir où envoyer de quoi aider. L’abbé Pierre est pris de court et donne alors l’adresse de l’hôtel de Rochester qui appartient à sa propriétaire, madame Larmier,


H I STOI RE

pour l’abbé Pierre », une galerie d’art parisienne organise une vente aux enchères de tableaux de maîtres, l’Assemblée nationale vote un crédit pour construire 12 000 logements d’urgence, et la Ville de Paris prête la gare d’Orsay pour prendre le relais en termes de stockage des dons… À la mimars, ces derniers (en incluant les dons en nature) atteignent un milliard de francs, soit l’équivalent de 18 millions d’euros !

Photo 252-11 © Roger Berson / Roger-Viollet

La tempête du siècle

L’abbé Pierre (Henri Groué, 1912-2007) à l’hôtel Rochester, 92 rue La Boétie. Paris (VIIIe), 1er février 1954

“Dès la fin de son discours, un immense élan de charité se met en place, c’est « l’insurrection ➀ de la bonté »”

au 92 rue La Boétie. Les dons affluent tellement que le lieu devient un véritable dépôt ! Cette nuit-là, il obtient du maire de Paris que quatre stations de métro soient mises à disposition des sans-abri : Saint-Martin, qui est désaffectée, recueillera à elle seule 750 personnes. Quarante centres de dépannage sont ouverts en région parisienne et, le lendemain matin, France-Soir titre « Personne n’a couché dehors à Paris la nuit dernière ». Dans les jours qui suivent, les magasins du Printemps lancent une opération « 100 francs 034

Évidemment, celle que personne n’a oubliée est la tempête de fin décembre 1999, désormais surnommée « la tempête du siècle ». À Paris, on dénombre des dégâts considérables suite au passage des deux cyclones, des images apocalyptiques, des centaines d’arbres à terre… Quant à l’anémomètre de la tour Eiffel, il enregistre des vents à 216 km/ heure, mais il est bloqué à son maximum, donc leur vitesse est même probablement encore supérieure à cet impressionnant résultat ! Quoiqu’il en soit, l’effroi est tant resté gravé dans les esprits qu’en général chacun se souvient d’où il était à ce moment-là. Après le récit de ces hivers difficiles, peut-être aimeriezvous savoir ce que l’avenir nous réserve ? Actuellement, les scientifiques s’accordent à dire qu’il est difficile de prévoir les futurs hivers parisiens, mais, ce qui est certain, c’est qu’ils seront liés aux émissions de gaz à effet de serre. Si ceux-ci continuent d’augmenter, les phénomènes hivernaux comme la neige, le gel et les grands froids continueront de se faire de plus en plus rares. Ce début de XXIe siècle a déjà connu l’hiver le plus chaud jamais enregistré, en 2020, avec une moyenne de 7,9 °C…


Photo 80031-8 © Excelsior - L'Equipe / Roger-Viollet Photo 72690-32 © Excelsior - L'Equipe / Roger-Viollet

Le canal Saint-Martin gelé. Paris (Xe arr.), 21 janvier 1940.

Guerre 1914-1918. La neige et le verglas entravent la circulation dans Paris, le 1er février 1917.

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© Slow galerie

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Texte Thomas Thévenoud Photos Slow Galerie / Yukiko Noritake

YUKIKO NORITAKE, DE PARIS À ROME D’abord illustratrice de livres pour enfants, Yukiko Noritake travaille aujourd’hui pour des grandes marques du luxe et de la gastronomie françaises en faisant de leurs campagnes publicitaires de petites saynètes de genre. Voyage dans l’imaginaire d’une artiste japonaise qui raconte nos vies.

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bas de la rue Jean-Pierre Timbaud, à la Slow Galerie, où elle expose. Coupe carrée, jean bicolore noir et gris, sac à main moutarde venu directement du Japon, Yukiko parle tout bas, à mots choisis, pour raconter son parcours.

L’art de vivre « à la française »

© Slow Galerie

Elle a appris le français à Nagoya et a découvert la France à Orléans. « Ce qui m’a frappée lors de mon premier séjour, c’est que les Français recevaient beaucoup chez eux. Ils invitaient leurs amis, préparaient à dîner pour eux. C’était comme un cérémonial. » Depuis, elle aime l’art de vivre à la française, les soirées de fête qui se finissent tard, les couverts qui brillent sur les nappes blanches, les bougeoirs et les verres anciens. Au milieu de ses natures mortes, les restes d’un repas éveillent les sens : quelques huîtres sur un lit de glace, des grenades rouge sang prêtes à exploser et un collier de perles abandonné… Yukiko Noritake a créé son propre univers poétique, à l’image de ce qu’on perçoit de sa vie intérieure : feutrée, colorée, apaisée.

Des livres pour enfants

“Je me raconte des histoires avec mes personnages. Je les habille, je les coiffe. Je leur fais porter des bijoux que j’aimerais porter”

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es peintures sont comme ces fenêtres éclairées qu’on voit le soir en marchant dans Paris : des vies qu’on voudrait connaître et des gens qu’on voudrait rejoindre. Yukiko Noritake est illustratrice : elle ne fait pas que dessiner, elle raconte des histoires. Sous son pinceau, Paris prend des couleurs inconnues : les arbres du jardin des Tuileries flamboient comme des torches, les façades des quais s’illuminent au passage d’un bateau-mouche qu’on ne voit pas, un couple fume au balcon d’un immeuble haussmannien, un soir d’été. Je la retrouve à l’écart du monde, au 038

Autodidacte, Yukiko dessine depuis son enfance, à l’ombre du souvenir de son grand-père, artisan de tatamis, qu’il confectionnait en partie à la main, en chantant avec sa femme. À son arrivée en France en 2015, elle se perfectionne à l’école de Condé et devient illustratrice de livres pour enfants. Son premier, intitulé Voyage au pays des odeurs, est publié en 2019 chez Actes Sud Jeunesse. Elle en est aujourd’hui à son septième ouvrage. En 2022, elle publie Oncle Bernard cherche son chien à Paris, un album pour enfants où la Capitale prend des allures de cité lacustre, engloutie par les couleurs vives et gourmandes de la palette


La Soirée

« III » dans l’ancienne sacristie du collège des Bernardins

La Villa

Jeu de cartes

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Table de sorcière

“Elle aime l’art de vivre à la française, les couverts qui brillent sur les nappes blanches” de Yukiko et où on cherche avec elle le chien Fifi et des croissants pour son oncle. Aujourd’hui, changement de décor. « J’avais besoin de faire une pause. Retrouver une forme de liberté. Exposer et pas seulement publier. »

Un soir… à Rome De retour d’un séjour sur les bords du lac de Côme, elle commence une série de peintures intitulée La Villa. Dans cette grande demeure à l’architecture classique, la soirée bat son plein. Les invités montent

Tunnel vert

les marches du perron en tenue de soirée, leur bateau s’éloigne du ponton. Dos nus et smokings, coupes de champagne scintillant dans les lumières de la salle de bal. À l’écart, une partie de cartes se termine, on boit des cocktails rouge sang, quelqu’un était là, il s’est éloigné un instant. Tout un monde s’anime sous nos yeux et Yukiko donne vie à ses personnages. « C’est comme si je jouais à la poupée. Je me raconte des histoires avec mes personnages. Je les habille, je les coiffe. Je leur fais porter des bijoux que j’aimerais porter. Pour ça, j’aime l’acrylique. Je peux varier les textures, les effets de lumière. » Tantôt elle mouille ses vieux pinceaux brosses japonais pour créer autour de la villa un jardin aux allures inquiétantes, tantôt elle épaissit sa peinture pour donner du relief aux motifs d’un tapis. 040

Un carnet de notes virtuel Son imaginaire est dans sa mémoire ou… dans celle de son smartphone. « Je n’ai pas de carnet de croquis. Je travaille à partir de photos que je prends à la dérobée ou bien en m’inspirant d’images que je trouve sur les réseaux sociaux. » Aujourd’hui suivie par plusieurs dizaines de milliers de fans, elle travaille en partenariat avec des marques qui aiment l’ambiance de ses peintures et sa palette de couleurs vives, entre vibrations marines d’une plage de la Côte d’Azur et embrasement d’un crépuscule à Paris. Yukiko, toujours discrète, s’efface derrière ses personnages et refuse d’en dire plus : « Il ne faut pas tout textualiser. » C’est joliment dit… yukikonoritake.com Exposition La Villa à la Slow Galery jusqu'au 16 janvier


Food ×

“Je trouve que pétrir et tresser c’est assez sensuel. On tresse le pain comme on tresse son histoire (d’amour).” Aurélie Saada, chanteuse-compositrice, réalisatrice et auteure de Cuisiner le soleil, p. 42

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Aurélie Saada, un soleil en hiver

Qu’est-ce qui vous a poussée à faire ce livre de recettes ? Je cuisine depuis toujours et je reçois beaucoup chez moi, mais jusqu’à présent c’était uniquement pour mes proches et ma famille. Ça a un peu changé avec l’album Bombolini, qui parle beaucoup de mes origines, de mes souvenirs, donc de cuisine ! La preuve, le titre est celui d’un délicieux beignet. Quant au livre, je me dis que c’est quelque chose que je laisserai à mes enfants. Parmi les 60 recettes, s’il ne devait en rester qu’une, ce serait laquelle ? C’est horrible cette question ! Ceci étant, je dirais les boulettes. C’est joyeux, on peut en faire pour deux ou pour douze. Il y a un peu de France, d’Italie et de Tunisie en même temps. C’est le partage, la vie ! Et celle qui a le goût de votre enfance ? Sans hésitation, le marbré à la fleur d’oranger de notre grand-père. Pour cette recette, c’est à ma sœur

© DR

Aurélie Saada, chanteuse, compositrice, réalisatrice et à présent auteure, avec son livre Cuisiner le soleil, regroupe une soixantaine de ses recettes « soleil » et des anecdotes intimes. Rencontre.

Chloé [cheffe reconnue] que j’ai demandé de la réinterpréter en version low carb. Quelle recette pour déclarer sa flamme ? C’est terrible, mais quand je tombe amoureuse, je rate tout ! Cela dit, pour séduire je crois que je ferais des hallots. Ça fait son petit effet alors que c’est tout bête, mais on ne sait jamais si ça va prendre, le pain. C’est une surprise, comme en amour. Et puis, je trouve que pétrir et tresser c’est assez sensuel. On tresse le pain comme on tresse son histoire. 0 42

Contente de cette expérience culinaire ? Très ! C’est vraiment le livre que je voulais faire. Et je trouve qu’en cuisine on reçoit encore beaucoup plus de tendresse qu’avec un livre ou un film. C’est vraiment touchant. FV

CUISINER LE SOLEIL par Aurélie Saada (Éditions Hachette Cuisine), 39,95 €


Cap au nord DANS LE 18e. Pas besoin de boussole, le Boréal indique toujours le nord. Logique donc qu’il soit situé à l’angle de la rue du Pôle Nord et que ce soit le petit dernier du groupe Grand Nord – à qui l’on doit déjà dans le 18e La Traversée, Petite Fleur et Ramey’s Burgers. À la manœuvre, un duo de chefs plein de vivacité : Philippine Jaillet et Charles Neyers. On y va à toute heure de la journée, du petit noir au comptoir à la tablée de copains du soir, en passant par le plat du jour en direct et à l’ardoise au déjeuner (19 €). La cuisine navigue habilement entre terre et mer et plats actuels ou plus rétro. Parmi les trouvailles, le « Chawanmushi de champignons, pickles de girolles, pralinés de cèpes, huile de persil », un flan aux œufs japonais accommodé à la française. Mention spéciale aux vins. Une nouvelle bonne adresse de quartier. FV

La rue des Bulles pétille à nouveau ÉVÉNEMENT. Devenue un rendezvous incontournable à Paris, la Rue des Bulles par Champagne Nicolas Feuillatte revient pour une 3e édition qui rythmera le mois de décembre (du 7 au 31), autour d’une scénographie toujours plus spectaculaire. Cette fois-ci, c’est la rue des Martyrs qui a été choisie pour accueillir cet événement pétillant à ciel ouvert. FV

Photos © DR

nicolas-feuillatte.com/fr/ magazine/la-rue-des-bulles-n55

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ADRESSE. Il n’est pas italien, mais il s’est imposé en quelques années comme le roi incontesté de cette brioche gourmande, originaire de la vallée d’Aoste. Bonne nouvelle pour les disciples de son levain naturel : Christophe Louie vient d’ouvrir un temple, rue Dupetit-Thouars – à deux pas de la très gourmande rue de Bretagne et de son célèbre marché des Enfants Rouges. Si le panettone y trône bien sûr en majesté, le chef y déploie également l’éventail de ses talents de pâtissier-boulanger. On y trouve donc aussi des pains (super petit épeautre), des viennoiseries et des gâteaux de voyage ou un excellent flan. Quant aux fêtes, si vous voulez changer du nature ou du très addictif chocolat, optez pour le panettone au rooibos de Noël réalisé en collab avec Damman Frères, succès garanti auprès des proches. FV

© Geraldine Martens

Christophe Louie, le roi du panettone à Paris

Anniversaire

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DERNIÈRE MINUTE. Pour fêter ses 100 ans, la Grande Épicerie de Paris crée son application numérique de livraison ! Il est désormais possible de se faire livrer à domicile plus de 5 000 produits sélectionnés par l’institution. Et ça marche 7 jours sur 7 de 8 h à 23 h dans toute l’Îlede-France ! ES

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Jolies bulles et belles maisons Vivre Paris vous invite à (re)découvrir la magie de la bulle dans trois institutions gastronomiques de la Capitale. Attention, réservation obligatoire ! FV ➀ Une immersion Dom Pérignon à la table du chef du Meurice

Le chef étoilé Amaury Bouhours (Alain Ducasse) propose une expérience exceptionnelle à sa table privée, à laquelle les convives accèdent par une entrée cachée. Membre du programme Dom Pérignon Society, c’est en étroite collaboration avec Vincent Chaperon (chef de cave) et Gabriel Veissaire (sommelier) qu’il propose de découvrir toutes les facettes des millésimes au travers de créations culinaires sur mesure. Une expérience exclusive et inoubliable. Menu « Initiation Dom Pérignon » accompagné d’un verre de Dom Pérignon Vintage 2004 Plénitude 2, 550 € par convive

➁ Une master class

➂ Un goûter au champagne

champagne & caviar chez Prunier by Yannick Alléno

chez Lucas Carton

Dans le splendide décor Années folles de la maison Prunier ouverte en 1924, le chef Yannick Alléno réveille l’institution avec des idées dans l’air du temps. Comme ces master class Prunier avec un expert, où il invite les convives à déguster les caviars de la référence mondiale française pour en découvrir les spécificités, en accord avec des cuvées de champagnes sélectionnées par les sommeliers Prunier.

Le chef pâtissier Jordan Talbot propose l’un des meilleurs goûters de la Capitale, dans le cadre exceptionnel de la Maison Lucas Carton (classée aux Monuments historiques), pour un rapport gourmandise/vue sur la Madeleine/prix incroyable. Et, puisque la maison appartient à la famille Vranken, vous pourrez y découvrir en exclusivité la cuvée anniversaire Apanage brut 1874 (en hommage au premier brut de la maison Pommery), qui sort officiellement le 10 février 2024 !

Masterclass Prunier 1 h 30 avec accueil, visite, mise en bouche, master class dégustation et moment d’échange De 90 € à 270 €

Goûter du Lucas Carton Tea-time de Noël avec coupe Apanage brut 1874 : 85 € Tea-time de Noël avec coupe Vranken Demoiselle Tête de cuvée : 70 €

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© Florence Valencourt © Le Photographe du Dimanche

© Bazil Hamard


Texte Florence Valencourt Photos Voir mentions

Le réveil gastronomique du Quartier latin Si, durant les vingt dernières années, la créativité toquée était à l’Est, un réel frémissement culinaire électrise la rive gauche, plus précisément dans le Quartier latin, qu’on croyait définitivement moribond. Entre institutions qui se réinventent et nouveaux arrivés qui en jettent, Vivre Paris est allé à la rencontre de ceux qui font bouger les popotes du quartier.

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© Matthieu Salvaing

La Tour d’argent

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© Florian Domergue

© Florian Domergue

Prés et toute une clique de chefs talentueux qui choisissent les 5e et 6e plutôt que les 10e et 11e pour poser leurs couteaux, le Quartier latin redevient très fréquentable aux heures des repas. Comment expliquer cette nouvelle attractivité, ce regain des investisseurs et des Parisiens pour un terrain de jeu longtemps abandonné aux groupes de luxe fashion et aux attrape-touristes monotones ? Vivre Paris a mené l’enquête. © Léo Kharfan

Vive le Brexit !

(En haut) Le Colvert (En dessous) Émilie et Boris Bazan, le couple à la tête du Groupe Les Becs parisiens

“Dans le Quartier latin, le ticket moyen est plus élevé”

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xit Léo Ferré et sa chanson dépressive Quartier latin, sur l’air bien connu du c’était mieux avant… Cette saison, on retraverse la Seine pour s’attabler et ripailler, car c’est bien mieux maintenant. En effet, entre Les Deux Magots qui se réinventent encore et toujours, la réouverture tant attendue de La Tour d’argent après des mois de travaux, l’arrivée en fanfare de La Brasserie des 048

C’est André Terrail, représentant de la troisième génération à la tête de La Tour d’argent, qui nous souffle une première piste : « Le Brexit nous a aidés, il faut être honnête. Beaucoup de talents de la gastronomie reviennent à Paris et beaucoup de clients qui habitaient à Londres aussi. Cela crée un pool d’excellence à tous les niveaux, qui tire Paris vers le haut. » De la même manière, un habitant de longue date de l’arrondissement, Boris Bazan, le boss des Becs parisiens qui a repris le Colvert (avec le Top Chef très talentueux Arnaud Baptiste


© Matthieu Salvaing

© Matthieu Salvaing

La Tour d’argent : une institution liftée de A à Z

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© Matthieu Salvaing


© Julio Piatti

© Sébastien Dubois-Didcock

© Sébastien Dubois-Didcock

Catherine Mathivat, la boss des Deux Magots, l’un des cafés mythiques de Saint-Germain

“Pendant longtemps on a trop misé sur les Américains et sur les touristes. Aujourd’hui, on essaie de reconquérir le cœur des Parisiens”

aux fourneaux), Le Christine et ouvert Grain[s], trois tables qui cartonnent dans le quartier, note : « Si les loyers n’ont pas baissé, les investisseurs ont compris l’intérêt de parier sur les établissements de Saint-Germain. C’est peut-être moins branché, mais c’est moins éphémère. Les endroits durent. C’est donc rassurant et stable en termes d’investissement. Un argument auquel ces nouveaux financiers sont sensibles. Ils ne font plus de coups. Ils misent sur le raisonnable. » Même le groupe Nouvelle Garde, dont tous les établissements à succès étaient jusqu’alors rive droite (Bellanger, Dubillot, Martin), a franchi le pas (ou plutôt le fleuve). Charles Perez, moitié du duo qui préside à ses 050

destinées, explique : « Pour nos établissements, le cahier des charges est simple. Il faut que ce soit grand, central et qu’on ait un vrai coup de cœur. Franchement, on pensait qu’on ne pourrait pas accéder au quartier en termes de tarifs, mais quand on a eu cette opportunité, on a sauté dessus. On vient de la rive droite, mais la rive gauche, c’est le rêve. On est en face du Procope, dans un bâtiment en partie classé ! Sur cette rive, on se dit tout de suite qu’on doit faire plus chic et plus noble. »

Emily in Paris? Cette image chic, cette exigence avérée de la clientèle du quartier, Catherine Mathivat la connaît par cœur car elle est à la barre des Deux


© Romain Roucoules

© Pierre Lucet-Penato

© Pierre Lucet-Penato

© Pierre Lucet-Penato

Magots – au centre du triangle avec le Flore et Lipp – depuis des années. « Les gens d’ici sont “décontractés chics”, plus que dans le 7e par exemple. Ils accordent beaucoup d’importance à la culture et cultivent un esprit de liberté. Pendant longtemps on a trop misé sur les Américains et sur les touristes. Aujourd’hui, on essaie de reconquérir le cœur des Parisiens. » Boris Bazan, qui a grandi dans les restaurants de ses parents dans le quartier, renchérit : « C’est vrai qu’il y a vingt ans, il y avait beaucoup d’Américains mal élevés qui venaient dépenser leurs dollars à coup de wonderful à tous les plats. Aujourd’hui la clientèle américaine a acheté dans le quartier, le comprend et en fait partie. Et la nouvelle génération

Avec Oktobre, le chef Martin Maumet a ouvert l’une des tables les plus excitantes de la rentrée.

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table dont tout le monde parle en ce moment, le constat est le même : « Si les touristes sont revenus, la clientèle est plus jeune, mais plus exigeante. Les quadras savent ce qu’ils veulent. Ce sont des gastronomes, des connaisseurs. » Il voit défiler à la fois une clientèle de quartier, des habitués, une clientèle de destination (les foodies) qui vient tester ce qui ouvre, et celle des hôtels, conseillée par les concierges. Quant aux derniers arrivés, soit les garçons de la Brasserie des Prés, ils constatent que le ticket moyen est plus élevé que dans les autres quartiers dans lesquels ils sont implantés… Et qu’ils ont dû abandonner les soirées DJ, qui faisaient grincer des dents les habitants et copropriétaires ! Si les soirées endiablées au restaurant restent donc rive droite, le pourtant très grand restaurant ne désemplit pas (en moyenne 500 à 700 couverts par jour pour un ticket moyen autour de 40 €)… Et les brasseries alentour en ont pris de la graine !

© DR

La renaissance des institutions

Nicolas Guercio au Lutetia Spécialiste du chocolat, le pâtissier crée des pièces aussi délicieuses que spectaculaires !

“Dans les radars des foodies, les nouvelles adresses du Quartier latin flashent très régulièrement”

demande une vraie proposition dans l’assiette, pour laquelle elle est prête à payer le prix. Elle veut du confort, du cocooning et une qualité de service. En un mot, du haut de gamme décomplexé, tout sauf show off. » Tant pis pour toutes les wanabees Emily in Paris qui n’ont rien compris et qui prennent la pose avec un béret dans tous les lieux qu’on voit dans la série…

Une nouvelle clientèle de foodies Pour Martin Maumet (ex-KGB pendant huit ans sous William Ledeuil), le chef d’Oktobre, la 052

Les Deux Magots a pris le tournant de la gastronomie de saison, d’une carte unifiée entre déjeuner et dîner, et relancé des soirées jazz et littérature pour plaire à cette « nouvelle garde ». Résultat, il a vu son chiffre d’affaires « repartir à la verticale ». Pour la Tour d’argent, « phare gastronomique à Paris » s’il en est, la mue est encore plus spectaculaire car l’offre d’expériences y est à présent décuplée. En effet, outre l’incroyable restaurant gastronomique avec une vue sur Paris à couper le souffle, la maison séculaire offre désormais une « multiplicité de moments », du café du matin au dernier cocktail du soir, avec un mixologiste au shaker, sans oublier un rooftop


Brasserie des Prés : 700 couverts par jour !

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© Joann Pai

© Bastien Lattanzio

© Bastien Lattanzio

© Joann Pai


© Jerome Galland

pour les beaux jours à venir. Et même un appartement privé, qui met l’artisanat d’art français à l’honneur et propose des programmes d’expériences sur mesure au diapason. Plus luxe « à la française », il n’y a pas. Quant au Procope – « le plus ancien café-restaurant de Paris » –, on annonce sa renaissance sous la houlette du studio de design Friedmann & Versace pour le mois de décembre… © Jerome Galland

Les hôtels sortent les griffes

Le chef Thibault Sombardier aux Parisiens joue une carte de brasserie moderne.

Autre institution et surtout seul palace de la rive gauche, le Lutetia connaît une seconde jeunesse grâce à une nouvelle direction dynamique, un chef venu du Grand Véfour, un pâtissier charismatique (Nicolas Guercio) et une offre 054

culturelle renouvelée (avec une librairie Rupture et des soirées musicales Tsugi). L’hôtel Pavillon Faubourg Saint-Germain lui, a eu la bonne idée de confier sa table Les Parisiens à l’excellent chef Thibault Sombardier et sa cuisine bistronomique. L’an dernier, le Dame des arts surprenait avec sa table aux accents mexicains et bluffait les plus blasés avec son rooftop, l’hôtel des Grands Voyageurs à Saint-Placide épatait, et l’ouverture à venir de la Villa des Prés, rue de Buci, suscite toutes les curiosités.

Dans notre radar Outre ces interlocuteurs privilégiés – témoins des évolutions du Quartier latin – et ces lieux emblématiques, on ne


© Géraldine Martens

© Géraldine Martens

“Entre cocktails, beaux livres et finger food, Cravan qui occupe tout un immeuble s’impose comme « the place to be »”

Le Christine, une cuisine française raffinée qui traverse les modes comme le temps !

peut que constater la multiplicité des adresses du quartier qui flashent dans les radars des foodies dernièrement. En face du Luco, il y a Ambos, des chefs Cristina et Pierre Chomet, et non loin A.T. de Atsushi Tanaka et Baieta de Julia Sedefdjian. Du côté de la rue du Dragon, le nouveau Lignac ne désemplit pas, et Baillotte (par les propriétaires de Narro), emmené par un jeune chef japonais extrêmement talentueux, propose

une carte semi-gastronomique de très bonne tenue. Dans la même rue encore, à l’angle du boulevard Saint-Germain, Cravan occupe tout un immeuble et s’impose comme the place to be, entre cocktails, beaux livres et finger food. Boîte de nuit mythique, Le Montana se relance encore une fois en restaurant. On compte plus sur les people présents que sur l’assiette pour nos épater… Localino, petit italien de la rue de l’Odéon, a 055

ses aficionados. Les fins gourmets ont déjà leur rond de serviette chez Akabeko et Kaïto, deux tables nipponnes exceptionnelles. Enfin, rue Grégoire de Tours, le chef Julien Recoquillon chez Source se fait une jolie place en toute discrétion… Et on pourrait continuer longtemps à égrener des nouvelles ouvertures réussies ! Dans un sourire, Catherine Mathivat, aka « la patronne » résume la situation : « L’avenir du quartier semble assuré. »


Photo 4485-4 © Boris Lipnitzki/Roger-Viollet

PORTFOLI PORTFOLIO O

Femme au volant d’une Chrysler au Champ-de-Mars. Paris (VIIe arr.), juillet 1938

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Boris Lipnitzki Le photographe du ToutParis Texte Marianne Hesse Photos Boris Lipnitzki/ Roger-Viollet

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Photo 22-13 © Boris Lipnitzki/Roger-Viollet

émoin d’une époque. Des clichés en noir et blanc, très mis en scène, avec une lumière qui cisèle des contrastes : les images de Boris Lipnitzki ont façonné l’esthétique photo des années 1920 et 1930. Pourtant rien ne destinait celui qui était né Haïm Lipnitzky en 1887 en Ukraine à devenir une référence dans la photo à Paris ! Chassés par des pogroms, ses parents émigrent dans la capitale française en 1921. Il prend alors le nom de Boris pour se rapprocher de la communauté aristocratique russe en exil : ce sont ces derniers qui vont lui présenter sa première « star », le couturier Paul Poiret, qui lui demande de photographier ses collections. Défileront ensuite devant son objectif tout ce que l’époque compte de personnalités, d’artistes et d’aristocrates : les compositeurs Igor Stravinsky, Maurice Ravel et Serge Prokofiev, les peintres Vassily Kandinsky, Marc Chagall, Braque, Foujita, mais aussi Jean Cocteau ou un très jeune et séduisant Yves Montand. Il devient incontournable. Hélas, la Seconde Guerre mondiale et l’Occupation signent la fin de cette période bénie : son studio, un « bien juif », est administré par un autre… Heureusement, il réussit à s’enfuir à Cuba, puis aux ÉtatsUnis où il est accueilli par Chagall. Revenu à Paris après la guerre, il rouvre son studio sans retrouver la même gloire… Il décède en 1971 à Paris. En 1970, l’agence RogerViollet fait l’acquisition du fonds photographique de Boris Lipnitzki et de son studio – soit plus d’un million de négatifs et 600 000 épreuves. Et cet hiver, la Galerie Roger-Viollet nous le fait redécouvrir en lui consacrant une grande exposition gratuite : 76 tirages contemporains en édition numérotée qui font renaître toute une époque, entre insouciance, folle créativité et chic parisien.

Foujita (1886-1968), peintre français d’origine japonaise. Vers 1925.

Boris Liptnitzki, un photographe russe chroniqueur du Paris des années trente jusqu’au 20 janvier à la Galerie Roger-Viollet dans le 6e

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Photo 21374-3 © Boris Lipnitzki/Roger-Viollet

Cristóbal Balenciaga (1895-1972), couturier espagnol. Paris, 1927.

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Photo 59886-6 © Boris Lipnitzki/Roger-Viollet

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Coco Chanel (1883-1971), couturière française. Paris, juillet 1936.

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Photo 2392-8 © Boris Lipnitzki/Roger-Viollet

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Pablo Picasso (1881-1973), peintre et sculpteur espagnol, dans son atelier. Vallauris (Alpes-Maritimes), 1948.

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© Philippe Barbosa

Juliette et Georgette

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ENQUÊTE

Enquête réalisée par Loreleï Boquet-Vautor Photos Voir mentions

UN ENFANT ? NON MERCI, J’AI DÉJÀ UN CHIEN ! Pour ces citadins, la question de l’enfant n’en a jamais vraiment été une. Ce n’est pas pour autant qu’ils ne veulent pas s’engager et prendre soin de quelqu’un d’autre qu’eux. Car avec leur petit compagnon à quatre pattes, ils forment des groupes soudés et inséparables. Des familles, en somme !

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Pourquoi j’ai choisi d’avoir un chien (et pas un enfant) Éditions Albin Michel, 17,90 €

eptembre 2023. Hélène Gateau – vétérinaire, devenue chroniqueuse télé et radio - publie Pourquoi j’ai choisi d’avoir un chien (et pas un enfant). À 42 ans, elle y explique son choix personnel et absolument conscient de préférer la compagnie des animaux à celle des enfants, bien qu’elle « n’ait absolument rien contre ces derniers ». « J’ai tendance à dire que quand on n’a pas eu un animal dans sa vie, on peut penser que c’est déraisonnable », reconnaît l’autrice qui, malgré une relation fusionnelle avec Colonel (border terrier aux poils drus), fait bien la part des choses entre chien et enfant en tant qu’êtres vivants, mais estime que les liens en jeu peuvent être très similaires. Publié aux éditions Albin Michel, son livre n’en finit pas de faire réagir. Déjà parce qu’il met en lumière ces personnes de plus en plus nombreuses, et en particulier les femmes, qui ne souhaitent pas avoir d’enfant et le revendiquent. Ensuite parce qu’il semble faire une assimilation entre un enfant et un chien, soulevant l’indignation des défenseurs de la famille institutionnellement admise et de la domination humaine sur les autres espèces. Certains la traitent alors de « folle à chien-chien » comblant un manque d’enfant de la plus absurde des manières… Et d’autres, qui se retrouvent dans ses écrits, crient au génie pour avoir osé briser le tabou. 064

© Astrid di Crollalanza

ENQU ÊTE

Hélène Gateau et Colonel, son border terrier, en balade à Paris


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ENQU ÊTE

Ne pas vouloir d’enfant reste un choix lourd à porter Pour une Hélène Gateau qui s’exprime sur le sujet, il y a des milliers de personnes partageant le même état d’esprit. Les femmes en particulier sont de plus en plus nombreuses à s’affranchir du conformisme de la maternité. Psychanalyste en périphérie parisienne et autrice de plusieurs ouvrages, dont Le Burn Out parental – Surmonter l’épuisement et retrouver la joie d’être parents, Liliane Holstein mentionne ses nombreux patients en âge de procréer qui évoquent « la vie infernale et fatigante des grandes villes, un emploi très prenant, le contexte social et écologique pour avoir envie de faire un enfant dans un monde qu’ils jugent trop dur et angoissant ». Leur choix de vie fait toutefois l’objet de remarques désobligeantes, plus ou moins conscientisées. C’est encore plus le cas dans les grandes villes comme Paris, où les « non-fécondes volontaires » pour reprendre les mots d’Hélène Gateau, sont assimilées au mythe de la femme carriériste et individualiste, trop occupée à sortir, à construire sa destinée et à préserver son corps. « Le monde change et va très vite. Cela cause un épuisement général, malgré l’aide des nouvelles technologies qui facilitent la vie. On n’est aussi plus forcément prêtes à autant de concessions qu’avant et à ne pas assouvir le besoin vital de garder du temps pour soi », ajoute la psychanalyste.

© DR

Mylène et Toutoute

INVITÉS D’HONNEUR Mis en place par Rachida Dati, des apéritifs canins sont régulièrement proposés aux chiens du quartier ainsi qu’à leurs maîtres, dans les jardins de la mairie, pour un moment chaleureux en compagnie des élus. Au programme, découverte de marques dédiées aux animaux, jeux d’adresse, dégustation adaptée à nos amis à quatre pattes, mais aussi rencontre avec Paname, le petit carlin de la mairesse… À Puteaux – la ville qui se dit « amie des chiens » – l’Apéro Dogs a lieu dans l’espace municipal réservé aux chiens. La ville profite aussi de la Semaine nationale du chien pour organiser un Festi’Dogs.

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Pas d’enfant, un maximum d’amour à transmettre Ne pas vouloir être parent n’implique pas forcément d’être dépourvu d’un désir d’amour et d’un besoin d’en donner. « En couple ou non, on peut avoir envie de transmettre », estime Hélène Gateau, emboîtée du pas par Liliane Holstein : « Rien de plus humain que le besoin d’amour et d’affection. Qu’on cherche à en donner ou à en recevoir, c’est le propre de notre condition. » C’est exactement l’histoire d’Olivier et Fabrice qui, après leur mariage et la création de leurs boîtes respectives, ont adopté Stiletto, puis Monsieur, puis enfin Colette, trois teckels à la robe différente, qui forment une vraie fratrie et par extension, une famille qui s’est agrandie tous les dix-huit mois. Quelle différence y a-t-il entre le maternage d’un petit être humain – qu’on va nourrir, laver


“Quand on n’a pas eu un animal dans sa vie, on peut penser que c’est déraisonnable”

© DR

Olivier, Fabrice & Stiletto, Monsieur, et Colette

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ENQU ÊTE

Juliette et Lucile ont dépassé une phase difficile de leur vie grâce à leur chien, qui les a forcées à sortir, à parler aux autres, à se décentrer pour prendre soin d’un autre être vivant et habiller, câliner et aider à s’endormir – et celui prodigué à une petite boule de poils ? « L’abnégation nécessaire et l’intention de chérir sont presque les mêmes », certifie Liliane Holstein qui précise évidemment que « le désir de mettre au monde un enfant, de le voir grandir et de lui transmettre de belles valeurs n’a pas d’équivalent ». Dans les autres différences, il y a aussi la relation sur le long terme. « La différence peut-être, c’est qu’un chien sera toujours dévoué à son compagnon ou sa compagne, ce qui n’est pas le cas des enfants qui ne donnent pas forcément dans le retour d’affection et/ou la reconnaissance qu’espèrent les parents, ce qui peut d’ailleurs provoquer chez eux des déprimes ou des désillusions. » Tous nos interlocuteurs se projettent avec leurs animaux. « Si avoir un enfant est un projet de vie, je considère qu’adopter un chien l’est aussi : il faut se projeter sur dix-quinze ans, agencer sa vie en 068

fonction de lui… Ça ne se fait pas à la légère ! » indique Juliette, qui forme un duo d’enfer avec Georgette, caniche croisé bichon maltais. Hélène Gateau, Juliette ou Lucile embarquent leur chien dans tous leurs déplacements, « sauf quand ce n’est pas agréable pour Uguette, car tout le monde doit être heureux dans cette relation », précise Lucile.

Bienvenue dans l’ère du pet parenting L’adoption massive de chiens en ville (ils seraient environ 100 000 à Paris) et l’implication des maîtres a donné lieu à l’avènement d’une nouvelle tendance : le « pet parenting ». Comprenez être parent d’un chien et s’investir à fond dans ce rôle au point de ne plus forcément s’intéresser à l’éventualité d’avoir des enfants. « Je suis une dogmom », indique Mylène Bertaux, journaliste freelance qui a pris son rôle tellement à cœur que l’adoption de Toutoute (bouledogue français bleu) a changé sa vie, son organisation quotidienne, mais aussi ses intérêts professionnels. Non contente de multiplier les articles sur les chiens comme phénomène de société, elle vient de signer avec la maison Fayard pour un projet de livre expliquant comment les petits chiens de race ont envahi le monde et transformé notre quotidien.

À quoi ressemble un dog parent ? Le statut de dog parent s’affiche avec fierté sur les réseaux sociaux, y compris sur LinkedIn, car il nous donne une vraie fonction sociale. Les chiens sont les stars des comptes Instagram de leurs humains ou ont leur propre réseau, à l’instar de Georgette. Car pour ces maîtres 2.0, avoir un chien, c’est investir à 100 % dans son éducation (sessions d’éducation, dog-sitter pour pallier les absences, activités récréatives pour sociabiliser le chien, séances d’ostéo…). « Mon chien m’accompagne presque partout : rendezvous pros, dîner chez des amis ou au resto, au café… On parcourt Paris ensemble, en métro ou à vélo : je pédale et lui observe le paysage debout dans son panier », indique Hélène Gateau. Juliette, elle, a beaucoup de mal à accepter que la toute mini Georgette ne puisse être tolérée


© DR

L’anniversaire d’adoption de Georgette, fêté en grande pompe par Juliette chaque année !

© Philippe Barbosa

partout. Elle la porte souvent dans un sac, ce qui permet à la chienne « de rentrer presque partout sans se faire repérer ». Elle attend avec impatience « le jour où [elle] pourra l’emmener au cinéma avec [elle]. En attendant, [elle] guette les salles sans vigile ! ». Mais pour en arriver là, les dog parents les plus responsables ne lésinent pas sur l’éducation canine. « Un chien éduqué et poli, c’est la base », attestent Hélène Gateau et Lucile. Pour cette dernière, il était si important qu’Uguette (teckel nain) soit bien élevée qu’elle s’est mis une pression d’enfer dès le premier jour de cohabitation : « Mon chien doit pouvoir marcher au pas avec ou sans laisse et n’a ni le droit de japper ni de quémander à table, explique-telle. Résultat, j’ai fait un puppy blues et perdu 3 kg la première semaine. Mais je savais qu’en y consacrant beaucoup de temps les premiers mois, je gagnais de la tranquillité pour les années à venir. » 069


ENQU ÊTE

Un « baromètre relationnel » Mylène, qui pratique la coparentalité avec son ex-amoureux Jean-Laurent Cassely, indique qu’ils cohabitent pour gérer Toutoute à égalité. Ils partent en week-end et le choix de la destination se fait aussi et surtout en fonction du chien. Olivier et Fabrice gèrent leurs chiens en couple : l’un d’eux est toujours dispo pour s’en occuper. Quand ils partent en vacances en Italie, l’un part en voiture et embarque la fratrie, l’autre part en avion. Cela permet de ne pas imposer un voyage en soute au plus lourd des chiens. Tous confirment qu’ils modulent leur emploi du temps pour consacrer certains moments de la journée aux longues promenades dans les parcs, les forêts pour que le chien puisse fréquenter d’autres chiens et des humains, sentir des odeurs, gratter, courir… Ils considèrent en outre qu’ils imposent sûrement moins aux autres que les parents de jeunes enfants. Pour Juliette, son chien est un baromètre relationnel : « Si je sens que mon interlocuteur est réticent aux chiens et surtout à Georgette qui est super mignonne et fédère tout le monde, je me dis que ce n’est pas une bonne personne, ou du moins quelqu’un avec qui je vais m’entendre. » Georgette, définitivement très choyée, a même droit à une fête d’anniversaire d’adoption chaque année, où ses amis canins sont invités.

Une relation qui transforme

© DR

Comme la parentalité transforme les parents, le pet parenting n’est pas sans conséquence sur les adoptants de chien. Dans les deux cas, on prend vite conscience qu’on est « en charge du bien-être de quelqu’un d’autre que soi-même », indiquent Olivier et Fabrice. Tous confirment qu’un chien fait s’ouvrir au monde : Juliette et Lucile ont dépassé une phase difficile de leur vie grâce à leur chien, qui les a forcées à sortir, à parler aux autres, à se décentrer pour prendre soin d’un autre être vivant. Olivier lui, s’estime plus ouvert au monde et à la nature qui l’entoure. « J’en suis même venu à changer mes habitudes alimentaires en devenant végétarien, car je me disais que ça n’avait pas de sens de prendre soin de mes chiens d’un côté et de manger des animaux de l’autre. » Et pour cause, selon Liliane Holstein, « avoir un chien fait se développer une sensibilité aux autres La comédienne Xi Qi dans le rôle de Lina, et une compassion plus accrues et le respect envers toutes les formes de vivant ». Ce qui explique que une prostituée chinoise à Paris pour de nombreux maîtres, il n’est aujourd’hui

Lucile et Uguette

Mylène pratique la coparentalité avec son ex pour le bien-être de Toutoute 0 70


MON CHER TOUTOU Les labels de luxe ont tous compris l’intérêt de dédier une collection aux animaux de compagnie. Hermès propose ainsi un large éventail de vêtements, d’accessoires mais aussi de soins pour les chiens. La maison Antarès, fabricant de selles françaises sur mesure, vient de lancer des laisses et des colliers. Et même les très branchés skateurs de chez Palace ont imaginé un manteau pour chien imprimé camouflage pour leur collaboration avec Barbour – immédiatement sold out. © DR

La collection Barbour Palace Skateboard comporte un manteau pour chiens

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ENQU ÊTE

L’anthropomorphisme et la chosification animale deviennent un problème plus concevable d’avoir un chien pour le laisser dehors attaché à un piquet ; la conscience évolue. Si le transfert émotionnel d’un enfant qu’on n’aurait pas eu sur un chien est évidemment possible, nos heureux propriétaires le certifient, ils font bien la part des choses. « On ne compare pas un chien à un enfant, on compare les liens communs qui peuvent exister entre ces deux types de relations », précise Mylène.

LE DEUIL ANIMAL

Son odeur après la pluie Cédric SapinDefour, éditions Stock, 20,90 €

C’est l’un des succès littéraires surprenants de l’année 2023 : Son odeur après la pluie évoque la relation privilégiée avec un animal et la difficulté de son deuil, à travers la vraie histoire de l’auteur, Cédric Sapin-Defour. Ce professeur de sport passionné de montagne y décrit ses difficultés suite à la mort de son chien, Ubac, après treize ans de vie commune. Aujourd’hui plus assumée, cette douleur donne souvent envie aux propriétaires d’enterrer dignement leur animal de compagnie, et en Île-de-France, deux sociétés sont spécialisées dans les pompes funèbres animales : Animémoire dans le 18e, et Dignami à Boulogne. Et il existe deux cimetières animaliers à Asnièressur-Seine (92) et à Villepinte (93).

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Trop ou pas assez ? © Philippe Matsas

Cédric Sapin-Defour brise un tabou dans son livre Son odeur après la pluie.

À partir de quand la relation va-t-elle trop loin ? « Sûrement à partir du moment où le chien perd son statut d’animal en étant chosifié », répond Liliane Holstein pour qui « la limite devrait être le confort du chien. Les poussettes, les costumes, les bains hebdomadaires aux soins parfumés, les gadgets et les fêtes, c’est trop. Dans ces cas-là, c’est se faire du bien à soi plutôt qu’à son animal », estime la psychanalyste, rejointe sur ce point par Hélène Gateau qui, en tant que vétérinaire, estime que « l’anthropomorphisme et la chosi-fication animale deviennent un problème ». Si nombre de nos témoins estiment « qu’il ne manque que la parole à leur chien », il ne faudrait pas chercher à leur inventer des sentiments et émotions qu’ils n’ont pas, mais prendre en compte ceux qu’ils ont. « On a pris une éducatrice de communication non violente, raconte Mylène. Après avoir découvert que le consentement animal existait, j’ai compris que je faisais trop de câlins à Toutoute, qui overdosait. »



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“Cette opération préfigure ce qui va se passer à Paris : il faut rendre la ville plus accueillante et avoir de la mixité sociale partout, même dans le centre de Paris.” Ariel Weil, maire de Paris Centre, à propos des Arches citoyennes p. 82

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Baptiste Vallet & Renaud Fert

Baptiste Vallet & Renaud Fert de Navir

L’idée de Navir, c’est des vêtements intemporels et responsables ! Baptiste Vallet : Aujourd’hui, un consommateur cherche un vêtement de qualité, durable, à un prix accessible et avec un faible impact environnemental. Il est possible pour lui de trouver un vêtement qui répond à un ou deux de ces critères mais jamais l’ensemble. Navir propose des produits qualitatifs et durables, Origine France Garantie, confectionnés à partir de matières biologiques à des prix adaptés au plus grand nombre. Pour exemple, un tee-shirt fabriqué en France sur le marché actuel coûte environ 50 € et un sweat entre 80 € et 90 €. Notre tee-shirt biologique fabriqué en France coûte 17 € et notre sweat 30 € sans pour autant rogner sur

la qualité. Ce que Navir apporte en plus sur le marché des intemporels, c’est une mode locale, accessible et écoresponsable de qualité. Comment vous êtes-vous rencontrés ? Renaud Fert : Il y a quinze ans, lorsque Baptiste a rejoint l’usine de mon père spécialisée dans la fabrication textile. Nous avons compris tout de suite notre complémentarité et notre binôme s’est développé durant ces quinze dernières années. Navir est donc le fruit d’une longue complicité. Que veut dire être une marque « made in Bobigny » dans l’esprit ? R.F. : La fabrication à Bobigny nous tient à cœur, car elle est 0 76

Photos © DR

Les deux fondateurs de Navir misent sur les grands classiques du vestiaire urbain, revisités écoresponsables, à prix doux, et en circuit court puisque leurs hoodies, tee-shirts et autres polos intemporels sont fabriqués à Bobigny. très représentative de la diversité des cultures de la France et nous sommes heureux que Navir puisse mettre en avant ce savoir-faire multiculturel. Où sont vos locaux à Bobigny ? R.F. : Nos ateliers partenaires se situent à Bobigny, bordant la frontière de Pantin, et notre siège social est dans le 20e à Paris. Le choix des couleurs bleu, blanc, rouge a-t-il été conscient ? B.V. : Pour le lancement de Navir, nous avons choisi ces couleurs pour affirmer nos valeurs. Mais très rapidement, d’autres couleurs viendront compléter la collection. MH navir.fr


Photos © DR

En mouvement

Le tissu de ces baskets vous rappelle-t-il des souvenirs ?

UPCYCLING. Frédéric Lagouarre, le fondateur de Sans les plumes, récupère des tissus, mais surtout il raconte des histoires à travers ses pièces upcyclées. Pour fabriquer sa nouvelle collection de sneakers Black Edition, il a ainsi récupéré des tissus des transports en commun et des matériaux des lignes de transport Lyon 1973, du tramway T8 Paris, du tramway de Paris Ligne 2, du transilien T7 et même des TGV : autant de souvenirs pour l’usager, et une manière plutôt originale d’afficher sa ville à ses pieds ! Côté semelle, c’est le même esprit de recyclage puisqu’elle est conçue à partir de caoutchouc provenant de l’industrie pneumatique. Pour la solidité de la pièce, le fabricant rappelle que le velours tricoté des sièges des transports en commun est conçu pour dix ans, donc vous devriez garder ces sneakers longtemps… Et évidemment, personne ne vous interdit de les taguer, en toute légalité, à votre manière pour les rendre vraiment uniques ! MH Sneakers tramway Black Edition, Sans les Plumes, 179 €

Bye, le papier jetable !

© New Africa

LEÇON. Et si vous appreniez l’art du furoshiki, c’est-à-dire l’art d’emballer avec du tissu, chez Quartier Japon ? Avec cette technique ancestrale, vous pourrez empaqueter joliment, et de manière aussi durable qu’originale, tous vos cadeaux. Le prochain atelier se déroulera le 3 février (2 heures, 22 €/personne). MH 07 7


© Marin Avram © Ilan Rudisuhli

© James Morris

MR.84, 2016, matériau : Agar Conçu par Samuel Tomatis

Le projet Croft Lodge Studio, conçu par Kate Darby et David Connor

Veste algue. Photo sur modèle Laetitia Abdelda

Rejeter les déchets EXPOSITION. L’économie productiviste génère une montagne de déchets dans tous les domaines : la construction, le vêtement, les loisirs ou même l’alimentation. Chaque année, plus de 2 milliards de tonnes de détritus sont ainsi générés dans le monde. Pour faire face à cette montagne de scories qui empoisonnent le sol, l’eau et l’air de la planète, l’humain doit réagir s’il ne veut pas se faire ensevelir ! L’exposition Précieux Déchets met d’abord le visiteur face à cette terrible réalité dans une première partie du parcours… avant d’apporter des solutions ! Dans un second temps intitulé Potentiel des déchets, elle rappelle ainsi que seulement 15 % des ordures ont été valorisées en 2021 : il reste donc une immense marge de progrès où, par exemple, les designers ont un rôle à jouer en créant des matériaux et objets aussi durables que désirables. À un niveau quotidien, les Parisiens peuvent et même doivent aussi agir : dès janvier 2024, la loi nous oblige à trier nos déchets alimentaires. La troisième et dernière partie du parcours met l’accent sur le futur en proposant des nouveaux modes de vie pour mettre fin aux déchets. Utopie ? Non ! Un changement nécessaire, car personne n’a envie de laisser une dette toxique aux générations futures ! MH Précieux Déchets, à la Cité des sciences et de l’industrie jusqu’au 1er septembre 2024 0 78


Sur la route BALADE. L’application AllTrails répertorie toutes les balades possibles dans le monde, à trier selon des critères comme la présence d’un chien ou l’accessibilité. Dans le Parc naturel régional de l’Oise, on trouve par exemple trois beaux itinéraires nature accessibles aux personnes à mobilité réduite pour voir enfin en vrai certains paysages et retrouver le plaisir de l’outdoor ! MH © DR

La Caverne des brigands de Fontainebleau en Seine-et-Marne, qui figure aussi sur l’appli.

© Aziz El Hamoudi

Vous ne verrez plus vos déchets de la même manière !

Une création autour du recyclage SPECTACLE. A priori, rien de plus démoralisant que des tonnes de déchets, parapluies, bonbonnes de butane ou autres bouteilles en plastique, qui s’accumulent… Sauf lorsque quatre artistes hyper énergiques s’en emparent, les détournant avec humour pour faire de la percussion et de la musique. Joué pour la première fois à Paris, ce spectacle intitulé Trash a ainsi la double fonction d’alerter sur la surconsommation de nos sociétés, tout en montrant les multiples bénéfices et possibilités du recyclage. Une dose de bonne humeur qui ne doit pas faire oublier la nécessité de produire moins de déchets ! MH TRASH ! jusqu’au 28 janvier au 13e art, 1 h 15 – de 19 € à 49 € 079


MOBI LI TÉ

Texte Alexandre Lazerges Photos Constructeur

FIAT INVENTE LE « PHARE À PAUPIÈRE » Comme dans un dessin animé Il suffit de regarder la jolie bouille de la nouvelle Fiat 600e pour comprendre que nos voisins italiens ont tout compris au sexappeal automobile. Comment ? En inventant le « phare à paupière », un truc bête comme chou qui consiste à colorier le haut des feux avant de

la couleur de la carrosserie pour donner un air sympathique à la voiture, le tout souligné par des demi-cercles blancs comme une sorte d’eye-liner. Vraiment malin : on se croirait dans le dessin animé Cars avec la grille de calandre en forme de sourire. Si on ajoute la posture haut perchée façon SUV trop mimi, 080

voilà la bagnole au look parfait qui fait tourner les têtes des plus grands aux plus petits. Non seulement sa jolie couleur rouge attire les mômes à la sortie de l’école qui se ruent à l’intérieur par les portes arrière, mais l’idée qu’elle soit à zéro émission séduit la conscience écoresponsable des ados les plus blasés.

© DR

Pour nous faire de l’œil, Fiat propose une jolie voiture électrique et familiale, avec une autonomie rassurante et une conduite autonome reposante. Voici la nouvelle 600e.


100 % électrique Et oui, la Fiat 600e est entièrement électrique, mais « n’ayez pas peur » comme on dit au Vatican, si les 400 km annoncés sont optimistes, les 300 km d’autonomie réels s’avèrent amplement suffisants pour les besoins courants, sachant que la multiplication des bornes dans les parkings et le long des trottoirs parisiens facilite le maintien d’un bon niveau de charge. Mieux, la voiture est compatible avec les prises à 11 kW (en série), pour gagner 100 km en une heure, et même jusqu’à 100 kW (en option) pour une recharge ultra rapide de 20 à 80 % en 27 minutes seulement. De quoi envisager des escapades familiales le week-end en profitant des bornes surpuissantes des stations autoroutières.

Le périf facile Mais n’oublions pas que la Fiat 600e est avant tout citadine. Et comme toute voiture électrique, elle consomme très peu en ville ou dans les encombrements, d’autant que les bouchons offrent le terrain de jeu idéal pour la conduite autonome de niveau 2. En enclenchant le régulateur de

QUELQUES CHIFFRES CLÉS Prix 35 900 € ou 40 900 € (toutes options), dont il faut déduire 5 000 € de bonus Puissance 115 kW (156 ch), batterie 54 kWh, vitesse max 150 km/h, longueur 4,17 m

vitesse adaptatif, la 600 se cale sur le rythme de la voiture qui précède, et, si la voiture de devant s’arrête, la Fiat aussi. Il suffit alors de caresser l’accélérateur pour que la conduite autonome se réenclenche, et guide automatiquement notre belle Italienne entre les deux lignes de la chaussée. Seule contrainte : poser les mains sur le volant par mesure de sécurité. Le périphérique aux heures de pointe devient un plaisir de geek que l’on savoure en profitant du système de divertissement à écran tactile (10,25˝) et ses six haut081

parleurs, confortablement lové dans un habitacle jovial parsemé de nombreux rangements. À propos de rangement, le coffre de 350 L s’agrandit à 1 230 L une fois la banquette 2/3-1/3 rabattue, le rêve pour se rendre dans un grand magasin de meuble suédois. Bilan : avec son look craquant, ses performances honorables (156 ch, 150 km/h max) et son autonomie rassurante, la 600e électrique (en attendant une version hybride essence/électrique courant 2024) est une idée lumineuse de la part de Fiat. En latin on dit fiat lux.


Les Arches citoyennes, le nouveau plus grand tiers-lieu de Paris Texte Estelle Surbranche Photos Voir mentions

© DR

© Plateau Urbain / Louise Bothé

Siège historique de l’AP-HP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris) depuis le milieu du XIXe siècle, ce bâtiment de 30 000 m2 situé place de l’Hôtel de Ville s’ouvre au public pour de multiples activités jusqu’à la fin de l’été 2024.

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Le Festival Los Arcos Cuidadanos mettait à l’honneur l’Amérique latine cet automne !

Un « immeuble à mission » En 2027 seront donc livrés ici, par un groupement constitué de BNP Paribas Real Estate, Apsys et RATP Solutions Ville, 46 logements sociaux familiaux, une résidence pour jeunes actifs de 50 logements dédiés en priorité aux personnels de l’AP-HP et de la police ainsi que deux lieux d’accueil destinés aux femmes en situation de détresse. Gérés par l’association Aurore, il y aura ainsi une halte solidaire (accueil à la journée ou à la nuit) et une maison d’accueil (18 logements pour un hébergement sur plusieurs mois). Ce bâtiment n’aura pas

© Plateau Urbain / Louise Bothé

« La décision de quitter ce siège pour en construire un nouveau dans le 12e à l’hôpital Saint-Anne, au plus près des soignants, remonte à septembre 2022 », rembobine Nicolas Revel, directeur général de l’AP-HP. L’institution libère alors 30 000 m2 situés au cœur de Paris, entre la place de l’Hôtel de Ville et l’avenue Victoria, autant dire un trésor lorsqu’on connaît le prix du foncier dans la Capitale, et dans cet arrondissement en particulier. Pourtant, le choix est fait de transformer ce majestueux bâtiment haussmannien en une sorte d’« immeuble à mission » plutôt que de le vendre à un promoteur lambda. Il s’agit tout autant d’opérer un exemple sur la manière de réhabiliter des bureaux en logements, un sujet clé pour le futur des grandes villes, que d’inscrire le bâtiment dans une politique de services aux habitants, notamment en ouvrant la location en priorité à certains publics. « Cette opération préfigure ce qui va se passer à Paris : il faut rendre la ville plus accueillante et avoir de la mixité sociale partout, même dans le centre de Paris », pointe d’ailleurs Ariel Weil, maire de Paris Centre. Dans les décisions sur les travaux ou les futurs locataires, les valeurs de soin, de solidarité et de sobriété doivent donc primer.

© Plateau Urbain / Louise Bothé

Un trésor immobilier

qu’une vocation « sociale » : il y aura également des bureaux à louer ainsi qu’un restaurant panoramique avec vue sur tout Paris au 5e étage. Un mix des usages qui permettra normalement à chacun des acteurs de rentrer dans ses frais sur ce projet nommé Les Hospitalités citoyennes, car « dans quatre-vingts ans, nous remettrons de nouveau les clés de l’immeuble à l’AP-HP », révèle Séverine Chapus, directrice générale déléguée des activités de promotion, en charge du développement chez BNP Paribas Real Estate. 083

“130 000 porteurs de projets demandent des bureaux avec des loyers abordables sur la plateforme”


© Estelle Surbranche

L’espace de réparation de vélos dans la cour

© Estelle Surbranche

37,50 euros le mètre carré

Ariel Weil, le maire de Paris Centre, fait son marché auprès des producteurs bio installés dans la cour ce jour-là.

Un tiers-lieu jusqu’à la rentrée 2024 Avant de débuter les travaux de rénovation, beaucoup d’études doivent être menées : le bâtiment allait donc se retrouver vide jusqu’à septembre 2024. Or au vu de la forte tension pour se loger dans la Capitale, la politique de la Ville est claire : « Pas un mètre carré ne doit pas être utilisé », martèle Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris en charge de l’urbanisme, de l’architecture, du Grand Paris. Le groupement foncier a donc proposé un projet d’« urbanisme transitoire » pour faire vivre cet espace pendant ce temps. Porté par la coopérative Plateau urbain, aux côtés de l’agence de design Vraiment Vraiment, ce tiers-lieu appelé Les Arches

citoyennes a une double facette. L’une est publique et accessible à tous dès maintenant. Au rez-de-chaussée, au niveau du 3 place de l’Hôtel de Ville, vous pouvez entrer dans le bâtiment et profiter de La Cantina, le café-restaurant-buvette aux accents latino-américains avec des plats à partir de 10 euros, d’une Centrale des mobilités (afin de faire réparer votre vélo par exemple) et d’un espace accueillant expositions, événements culturels ou associatifs, baptisé La Reprographie. Des cycles de débats sont d’ores et déjà programmés ici avec comme thématique « Habiter et cohabiter » (décembre 2023/janvier, février 2024), « Faire la ville » (mars, avril, mai 2024) et enfin « Sports, jeux et inclusion » (juin-juillet-août 2024). Le rez-de-chaussée de l’îlot dit Saint-Martin accueille lui des ateliers ouverts sur l’espace public de créateurs, d’artistes et d’artisans, ainsi qu’une vitrine pour mettre en valeur les créations des acteurs du projet. 084

L’autre facette du projet est privée. Des « bureaux » sont proposés à tous les étages du bâtiment : 444 artistes, artisans, associations et structures de l’Économie sociale et solidaire (ESS) ont donc investi les lieux et payent environ 37,50 euros le mètre carré pour leur occupation, soit une décote de « 70 % par rapport au prix pratiqué habituellement dans Paris », souligne Simon Laisney, président de l’association du Plateau urbain. Il faut dire que la demande est énorme : « Nous avons eu 1 000 candidatures pour Les Arches citoyennes et 130 000 porteurs de projets qui demandent des bureaux abordables sur la plateforme de Plateau urbain. » Les projets avec une dimension soin et solidaire ont été favorisés dans l’attribution. On retrouve donc ici l’ONG Gynécologie sans frontières qui vient en aide aux femmes en situation de précarité ou l’association Les Pilotes qui aide les 14-20 ans dans leur orientation professionnelle, en proposant par exemple des immersions d’une demi-journée en entreprise. In fine, l’idée est de faire remonter ensuite aux bâtisseurs les usages qui ont bien marché dans l’occupation afin que ceux-ci soient conservés dans le projet final. Rendez-vous est pris en 2027 pour inspecter ces vœux !


Enfants ×

“Pour les petits, on va les intéresser en jouant sur les émotions provoquées par la couleur. Pour les grands, ça sera plutôt leur côté scientifique, petit chimiste, qui sera activé.” Pierre Houdeline sur le programme Petit Mob’ du Mobilier national p. 90

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Photos © DR

Domitille (debout) et Juliette

Domitille et Juliette de Bandits à la crème Rencontre avec Domitille et Juliette, 26 ans, deux Parisiennes qui se sont rencontrées à l’université Paris Dauphine, et fondatrices de Bandits à la crème, une marque joyeuse pour les enfants et leurs mamans ! Quand avez-vous créé Bandits à la crème ? Domitille : Nous avons créé Bandits à la crème il y a deux ans, en septembre 2021, et nous avons commercialisé notre première collection en septembre 2022. Passionnées par les belles images de marque, c’est le monde de la mode enfant qui nous a toujours fait de l’œil, avec son univers joyeux et coloré dont la créativité est sans limites. Notre idée était de faire du matchy maman-enfant. Des pièces élégantes aux couleurs joyeuses, avec un petit détail rétro qui ferait toute la

différence : croquet, ruban, bouton, liseré ou broderie contrastée. D’ailleurs votre pièce phare aujourd’hui est le maxi col à matcher mère-fille ! Juliette : Il y a aussi le pantalon en velours Léonore chez la femme avec le détail de la poche en croquet serpentine. On retrouve le même modèle sur la petite fille : le pantalon Léonie et sa déclinaison coquette, la jupe Sidonie ! Et cet hiver, nous avons aussi des pièces en maille avec des pulls, polo et robes dans une maille extra douce en 100 % coton… 086

Où est-ce que vous habitez ? J. : Domitille habite dans le 17e arrondissement et moi dans le 4e. Nous adorons nos quartiers respectifs : le vibrant Marais pour les jardins secrets, les galeries d’art, les quais de Seine, le bon dej au marché des Enfants Rouges et la pétanque sur la place Dauphine… Et le 17e pour l’ambiance village, les bons bistros, les parcs kids-friendly et les jolies boutiques de la rue Legendre. Quelles sont vos activités favorites avec les enfants ? Nous vous conseillons les super projets de nos amies entrepreneuses parisiennes ! Le Bon Ton, c’est LA music school parisienne qui allie éveil musical, expression corporelle et littérature jeunesse (dans le 9e). On adore aussi l’expérience Palomano, la mini-ville à l’échelle des enfants mais aux décors grandioses ! Chaque enfant peut y revêtir l’uniforme de son métier de rêve et jouer à être pilote de ligne, chef cuistot, coiffeur, caissier, pompier ou chirurgien… C’est à Clichy. EH banditsalacreme.com


Dingue de dinos

Mondes disparus, jusqu’au 16 juin 2024 à la Galerie de géologie et de minéralogie – Jardin des plantes, dès 8 ans, à partir de 24 €

Photos © Excurio MNHN

EXPÉRIENCE. Votre rejeton sait déjà nommer par leurs noms scientifiques certains dinosaures et porte un culte au T-rex ? Alors l’expérience immersive en réalité virtuelle Mondes disparus au Muséum national d’histoire naturelle est pour lui ! Ce récit sur le vivant très réaliste, puisque co-imaginé avec les équipes du Muséum, plonge le public pendant près d’une heure dans plusieurs paléo-paysages, de l’archéen (il y a 3,5 milliards d’années) à aujourd’hui, en passant par les grands dinosaures du crétacé (67 millions d’années en arrière). Accompagné par deux guides virtuels, Charlie, une jeune chercheuse du futur, et son robot Darwin, on approche même les différentes espèces… sans les perturber ! Le plus ? Il est à vivre en famille ou entre amis, car on déambule ensemble dans une grande salle de la Galerie de géologie et de minéralogie, chacun équipé d’un simple casque de réalité virtuelle. MH

Prêt à caresser des dinos ?

L’univers des sorciers

Photos © Studio MinaLima

ILLUSTRATIONS. Derrière l’univers graphique des films Harry Potter et Les Animaux fantastiques, il y a le studio MinaLima fondé par Miraphora Mina et Eduardo Lima. Une sélection de leurs illustrations « magiques » sont à découvrir à la galerie Gallimard dans le 7e, avec une boutique éphémère. MH Jusqu’au 9 mars 2024 Miraphora et Eduardo transposent l’univers de leur galerie de Londres à Paris.

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© Rubenshazon

SORTIE. La Capitale propose une multiplicité de superbes spectacles vivants pour les enfants cet hiver, mais trois ont particulièrement tapé dans l’œil de Vivre Paris. Des incroyables numéros de circassiens dans un décor mythique : voici le nouveau show du cirque Bouglione intitulé Délire ! Et il y a une nouveauté cette année, à réserver en avance : les Bouglione ouvrent le bâtiment chaque premier samedi du mois sur réservation. Une passionnante visite guidée du plus ancien cirque en dur au monde… Côté comédie musicale, on a eu un coup de cœur pour Victor vers le futur, le premier spectacle de Jeff Panacloc. Dans cette histoire, on suit les aventures de Victor, un garçon qui fait beaucoup de bêtises et devra remonter le temps pour les réparer. Un show hyper énergique et loufoque avec huit comédiens-chanteursdanseurs sur scène, destiné aux enfants, certes, mais avec nombre de clins d’œil aux parents. Enfin au théâtre Mogador, nos rejetons s’initient au ballet avec Mon Premier Casse-Noisette, le célèbre conte musical de Tchaïkovski, revu dans sa longueur (2 x 40 mn), et son format narratif pour le jeune public sous la houlette de Karl Paquette, danseur étoile de l’Opéra de Paris. Féérique ! ES

© DR

Pour tous les goûts !

➁ Victor vers le futur au Palais des glaces, mis en scène par Jeff Panacloc, écrit par Jeff Panacloc et Charlotte Bizjak, musique Dominique Mattei, jusqu’au 7 janvier, dès 5 ans, 19,50 € ➂ Mon Premier Casse-Noisette au théâtre Mogador, jusqu’au 25 février 2024, dès 5 ans, 29 €

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© Thomas Amouroux

➀ Délire au Cirque Bouglione, jusqu’en mars 2024, dès 2 ans, 29,50 €


Dans le 17e

Photos © DR

DE 0 À 10 ANS. Chez Poppy for Kids, les enfants peuvent venir jouer ou participer à des activités ludocréatives et pédagogiques… Quant aux parents, ils peuvent y boire un café, faire un jeu avec leurs gosses ou assister à un atelier de pâtisserie ou de yoga. MH À partir de 9 € de l’heure

Sacré doudou

Photos © DR

DANS LE 16e. Pensés à Paris par deux sœurs, Natacha et Alexandra, cousus main (et donc d’une solidité à toute épreuve) en Italie dans l’atelier historique de la marque, les animaux de la Pelucherie sont tout simplement la Rolls de la peluche française. Impossible de ne pas craquer pour leur bestiaire sauvage, comme cette panthère noire qui tient son petit dans la gueule ou la fratrie des ours du Groenland en taille réelle ! Les nouveautés cette année sont tout aussi mignonnes : personnalisation du bandana de l’ours Émile au nom de l’enfant qui sera son maître, et une nouvelle gamme de doudous boule Roudoodoos d’une douceur infinie. Pour rencontrer les deux filles et admirer leurs créations plus vraies que nature, rendez-vous au showroom de la marque dans le 16e arrondissement (sur rendez-vous) ! MH 089


Texte Estelle Surbranche Photos Justine Rossignol

Les petits apprentis Projet initié par le Mobilier national à l’attention du jeune public, Le Petit Mob’ propose une expérience de visite complète comprenant un temps de sensibilisation à la matière par le toucher, un temps de découverte des collections et enfin un temps de pratique artistique et d’apprentissage du geste. Visite en compagnie d’une classe de CM1 du 19e !

À

9 h 30 du matin, à l’arrière des bâtiments du Mobilier national, presque rien ne semble avoir changé depuis 1667, et la transformation de la manufacture des Gobelins en « manufacture royale des meubles de la Couronne » sous l’impulsion de Colbert. Les pavés d’époque et les jardins sont encore là, ainsi que les crochets aux murs des bâtiments, ceux-là mêmes qui servaient à exposer les tapis lorsque Louis XIV se rendait sur place. Un calme surréaliste règne alors qu’on se trouve en plein Paris, à deux pas de la place d’Italie… Mais bientôt il est troublé par le brouhaha joyeux d’une classe de petits Parisiens, les CM1 d’Hélène Jacquin, une enseignante

du 19e, qui viennent expérimenter ici le Petit Mob’, le tout nouveau programme du Mobilier national en direction des enfants ! « C’est un nouveau dispositif au sein de cet enclos pluriséculaire du Mobilier national des Gobelins pour sensibiliser les plus jeunes, de 6 ans à 14 ans, aux métiers d’art. C’est ouvert aux groupes scolaires et aux centres de loisirs », explique Pierre Houdeline, l’un des instigateurs du projet.

Un parcours adapté aux enfants Afin de monter ce tout nouveau programme, il a d’abord fallu rénover des espaces qui datent du XVIIe siècle, créer du mobilier et des outils adaptés 090

au jeune public, mais aussi penser à un parcours qui varie les positions des kids. Concrètement, cela se traduit par une visite de 90 minutes en trois étapes. Tout d’abord, le groupe est convié à une rapide visite commentée des lieux, puis deux temps pédagogiques sont proposés à des groupes de dix bambins, soit une demi-classe. Au Petit Studio, ils sont assis par terre sur des tapis. C’est un espace de transmission où la médiatrice parle aussi bien de tapisserie que de tapis ou d’un fauteuil Empire. Elle montre une partie des instruments utilisés pour les fabriquer, elle précise le vocabulaire des pratiques… Avec elle, les enfants examinent également quatre tapisseries, chacune datant d’un siècle


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“Il existe aujourd’hui 281 métiers officiellement reconnus comme métiers d’art, et les grandes maisons de luxe sont en constante recherche de « mains » qualifiées pour créer des objets de rêve dans leurs ateliers”

différent, du XVIIe au XXe siècle. Avec le Petit Mob’, il s’agit en effet aussi d’apprendre les bases de l’histoire de l’art, en observant les couleurs, les différents traits… Naturellement, les gamins se rendent compte que les métiers d’art sont avant tout des métiers artistiques : chaque artisan donne une version différente d’un même objet. Dans un second temps, dans le Petit Atelier, l’espace de pratique artistique, les enfants sont assis autour d’une grande table et créent leurs premières œuvres. Tous les instruments sont adaptés à des mains et des postures de jeune public.

Booster de créativité On y retrouve la classe d’Hélène Jacquin : les enfants sont tous silencieux, centrés sur leurs métiers à tisser. « J’ai choisi ce programme car je voulais leur faire découvrir le patrimoine français, en l’occurrence le Mobilier, et aussi leur 092

faire pratiquer ces vieux métiers à la main, éclaire l’enseignante. Après cet atelier, on devrait embrayer sur des grands tissages muraux grâce à de la récup de tissus avec d’autres classes du 19e arrondissement. Et puis, j’aimais beaucoup le fait que cette activité développe leur créativité : leur montrer qu’avec quelques bouts de tissus, on peut faire une œuvre. »

26 métiers d’art Il n’y a pas que des tapissiers aux Gobelins : 26 métiers d’art sont présents au Mobilier national. Chacune de ces spécialités sera explicitée dans une offre accessible aux scolaires. « Pour l’instant, nous avons quatre thématiques, à chaque fois déclinées selon l’âge des enfants, afin de leur faire découvrir le métier : l’art de la tapisserie, l’art de la couleur, l’art du décorateur-ensemblier, c’est-à-dire les personnes qui aménagent les grands espaces de la République et


« III » dans l’ancienne sacristie du collège des Bernardins

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Céline Daeffler et Marie Garde, les deux jeunes diplômées de l’école Boulle qui ont aménagé les lieux.

une histoire du Mobilier national. » Les expériences sont mises à niveau selon les âges : « Par exemple, l’atelier couleur : pour les petits, on va les intéresser en jouant sur les émotions provoquées par la couleur. Pour les grands, ça sera leur côté scientifique, petit chimiste, qui sera activé », décrypte Pierre Houdeline.

“Avec le Petit Mob’, il s’agit aussi d’apprendre les bases de l’histoire de l’art, en observant les couleurs, les différents traits…”

L’ébénisterie en 2024 Ce dernier nous révèle qu’une cinquième thématique verra le jour en 2024 autour des métiers de l’ébénisterie et de la menuiserie : « On se demandera de quels éléments se compose un fauteuil, puis comment le menuisier traduit ce modèle classique. Puis ils verront la raison du choix d’une essence de bois particulière, de la pertinence de l’application d’une feuille d’or. La marqueterie montrera les techniques pour créer un motif à partir de différentes essences de bois. »

Et au niveau pédagogique ? Ces apports de connaissance se doublent également d’apprentissages plus subtils. Il y a la nécessaire concentration dont les enfants

doivent faire preuve devant leur métier à tisser ou leur bain d’eau chaude pour colorer la laine vierge, ainsi que l’éducation à la dextérité car ici, aller vite n’est pas toujours synonyme de réussite ! Chacun prend conscience de qui il est, de ses limites et de ses forces.

Paris, championne des arts Le Petit Mob’ s’inscrit dans le vaste plan du ministre de la Culture sur la promotion des métiers d’art lancé en 2023. On montre aux enfants que la main est un outil d’épanouissement à part entière, au même titre que les mathématiques ou le numérique. Ça ouvre un champ des possibles pour eux, car nos rejetons peuvent désormais identifier des professions 094

auxquelles ils ne pensaient pas… Il existe aujourd’hui 281 métiers officiellement reconnus comme métiers d’art, et les grandes maisons de luxe sont en constante recherche de « mains » qualifiées pour créer des objets de rêve dans leurs ateliers – au point même que certaines ont ouvert leur propre formation. Alors la « petite graine » semée au Petit Mob’ dans l’esprit d’un petit Parigot en sortie scolaire donnera-t-elle le futur décorateur en chef du bureau du président de la République ou le styliste star des prochaines fashion weeks ? La réponse dans dix ans ! Mobilier national 1 rue Berbier du Mets, Paris 13e mobiliernational.culture.gouv.fr


Bien-être ×

“Le fait de consommer du collagène stimule sa production et permet donc d’en produire plus facilement. C’est important d’en prendre à partir de 25 ans, car c’est malheureusement à partir de cet âge que la synthèse de collagène diminue.” Aurélie Canzoneri, naturopathe, auteure du livre Une naturopathe dans ma cuisine p. 100

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© Louise Skadhauge

Les plus grands « nez » français, stars de Essential Parfums… pour votre lessive ! © DR

© Damien Allard

Comme à la maison

© DR

➀ Place des Vosges, Kerzon, 1 litre, 19,50 € ➁ Bois impérial, Essential Parfums, 1 litre, 28 € ➂ Linge propre, Durance, 1 litre, 16,50 €

PARFUM. Le dernier snobisme des Parisiens ? Accorder les effluves de leur literie avec leur parfum, ou a minima, utiliser une lessive de créateur ! Dans la nouvelle boutique chic de Essential Parfums boulevard SaintGermain, on s’offre ainsi un jus imaginé par les plus grands nez français, comme Bois impérial de Quentin Bish, avec la lessive artisanale (formulée avec plus de 97 % d’ingrédients d’origine naturelle) assortie, délicatement parfumée avec des notes sensuelles, boisées et fraîches. Chez Maison Francis Kurkdjian, les muscs des notes de fond d’Aqua Universalis ont été interprétés en lessive universelle parfumante apportant une sensation aérienne à votre linge (Aqua Universalis, 1 litre, 39 €). La maison de parfums clean Kerzon dans le 3e a elle aussi une gamme large de fragrances addictives pour infuser notre linge, déclinables en bougies odorantes ou en diffuseur de parfum. Notre préféré ? Parisianisme oblige, Place des Vosges avec ses notes de rose et de géranium. Même les marques plus « mainstream » se sont mises à la tendance. Dans sa boutique d’Opéra, Durance propose une gamme de lessives délicatement odorantes, dont un best of baptisé Linge propre, qui se retrouve en diffuseur de parfum, bougie ou parfum d’ambiance. De quoi nous donner envie de paresser encore plus au lit cet hiver ! 096


Dans le 2e

Soin signature moussant à la rose de Damas à la Sultane de Saba, 3 h, 230 €

Dans le Marais

© Yoann Stoeckel

MAGASIN. Le nouveau concept store The French Beauty, rue du Temple, propose uniquement des marques de soin, parfum et maquillage françaises avec des formulations responsables, respectueuses de la peau autant que de l’environnement, comme par exemple Blancreme ou All Tigers. EG 097

Photos © Pamela Pianezza

© Getty Images/iStockphoto

© DR

EXPÉRIENCE. La Sultane de Saba propose un nouveau soin hammam émulsion moussante à la rose de Damas (dans sa version la plus gourmande et envoûtante), agrémenté d’une expérience inédite. Après un passage au hammam et le traditionnel gommage au savon noir, vous voici sur une table où on vous recouvre complètement d’une mousse aérienne à la rose de Damas obtenue grâce à un drap à la turque. La sensation est exquise, très douce, comme une couverture de bulles, avec quelques petits crépitements ! Et la détente ne s’arrête pas là puisqu’une masseuse vient vous procurer un court modelage qui accentue la perception de légèreté. Le soin se poursuit par un enveloppement au rhassoul (parfumé à la rose et au géranium) et beurre de karité pour hydrater le corps – bien nécessaire après toutes ces ablutions ! Vous pouvez vous arrêter là ou prendre la formule de trois heures (envol garanti !) avec un Bol ayurvédique à l’extrait de parfum à la rose, le massage de trente minutes à l’huile à la rose suivi du soin du visage à la rose pour un effet coup d’éclat ! ES


Photos © DR

Les secrets de la beauté slave Elena Dimitrenko est la cofondatrice, avec Bella Labeque, de Kupala, un nouveau lieu bien-être entre sauna et hammam dans le 15e. Elena explique la technique de soin ancestral du banya qu’elle y prodigue. D’où vient le banya ? C’est un lieu entre le sauna et le hammam, très répandu en Russie, et ce depuis le XIIe siècle ! Il y a un voyageur italien qui raconte dans ses mémoires que chaque village possédait son propre banya… C’était un peu comme leur hôpital. On y soignait toutes les maladies possibles. Puis toutes les grandes familles russes ont eu leurs propres banyas, leurs propres bains, sous les tsars. C’est devenu une tradition slave : on en trouve aussi en Finlande, en Ukraine… Quelle est la différence avec le sauna et le hammam ? C’est la température, qui est entre

Bella Labeque et Elena Dimitrenko (à droite), les deux fondatrices de Kupala

50° et 60° dans un banya, donc moins chaude que dans un sauna. Et il y a aussi l’humidité : elle est à 60 % alors que le hammam, c’est 100 % d’humidité. Durant votre soin, c’est notre maître de la vapeur qui va gérer l’humidité et la chaleur pour que vous soyez le mieux possible. Mais les bienfaits du banya viennent aussi du parénié… Pouvez-vous expliquer le parénié ? Notre maître de la vapeur balaye le corps avec des gestes précis, à l’aide de différents rameaux, de chêne, de bouleau… pour provoquer des vibrations dans le corps, augmenter sa chaleur ou le tonifier. C’est comme un massage avec des vertus médicinales. Par exemple, on pose des branches d’eucalyptus glacées pendant le soin sur le torse pour dégager les sinus. C’est très déstressant aussi, car on éprouve une détente musculaire 098

profonde… Après le bain glacé, il y a un effet chaud-froid qui améliore grandement la circulation sanguine. Le choc thermique a aussi un effet détox, déstresse et favorise le renforcement du système immunitaire. On est revigoré, on a des pensées positives. Et vous conseillez de venir en groupe ? Oui, si vous voulez le faire à la manière slave, c’est un moment très convivial. Nous avons une salle que nous pouvons privatiser pour trois à six personnes. Mais vous pouvez aussi être seul dans notre « Petit » Banya si vous désirez un moment rien que pour vous. ES Kupala Formule découverte avec aromathérapie collective réalisée par un maître de vapeur, et un gommage ou un masque à appliquer soi-même, à partir de 240 €


Dans le 3e

© DR

BOUTIQUE. Le parfum est une fragrance, mais avant tout une émotion : forts de cette certitude, Masha Russac et Mikolaj Pietrzak ont fondé L’Atelier Parfum, une belle maison avec des jus haut de gamme et clean aux noms évocateurs, comme Rose Coup de Foudre. Dans leur nouvelle et très design boutique du 3e, ils proposent en plus au client de trouver le parfum qui correspond exactement à son émotion du moment grâce à l’intelligence artificielle… EH

Sur les ChampsÉlysées

Photos © Jean-Baptiste Chauvin

EXPÉRIENCE. Vous êtes super stressé par votre vie parisienne trépidante et vous ne disposez que de très peu de temps pour vous relaxer ? Voici la formule qu’il vous faut ! Rituals vient d’installer au premier étage d’une boutique éphémère sur les Champs-Élysées un élégant espace de relaxation tout en bois clair et blanc, avec des appareils pour s’extraire (vite) hors du temps. On y propose des massages sur un matelas d’eau chaude (vous restez habillé) avec luminothérapie intégrée, ainsi que des bulles de relaxation mentale où on vous accompagne vers une détente profonde grâce à des exercices de respiration, des stimulations sonores 4D et des vibrations haptiques. Ce lieu, un peu planqué, se nomme Mind Oasis et il vaut carrément le détour, d’autant qu’il ne restera en place que jusqu’en décembre 2024. ES Relaxation mentale, 30 minutes, 29,50 € Hydromassage, 20 minutes, 19,90 € (ou 15 € en complément d’une séance de relaxation mentale) 099


Texte Caroline Ricard Photos Voir mentions

Le boom du collagène Un café spécialisé dans le collagène à boire vient d’ouvrir ses portes à Paris. Phénomène de mode ou véritable tendance wellness faite pour durer ? Vivre Paris a enquêté sur ce nouveau geste du « bien-vieillir » !

Une tendance en plein essor Le collagène, la protéine qui soutient naturellement l’épiderme, s’appliquait jusqu’ici sur le visage par le biais de produits cosmétiques, comme des crèmes hydratantes, ou se consommait sous forme de compléments alimentaires. Cette dernière méthode serait d’ailleurs préférable : la supplémentation en collagène permettrait de récupérer de l’élasticité et de la densité au niveau de la peau, d’atténuer les rides et même Fauve d’assouplir les articulations. Tout

un programme ! Aurélie Canzoneri est naturopathe, auteure du livre Une naturopathe dans ma cuisine aux éditions Marabout. Si au départ, elle était plutôt méfiante quant à l’engouement des réseaux sociaux pour le collagène, elle s’est finalement décidée à tester et a pu observer de réels résultats. « Quand j’ai vu les prémices de la tendance autour du collagène, j’ai tout de suite été sceptique, j’avais peur que ce ne soit qu’un simple effet de mode. Et puis j’ai testé sous forme de poudre, et j’ai vu une nette amélioration de 100

ma peau, notamment au niveau de ma rosacée. Bien entendu, cela va de pair avec une alimentation antiinflammatoire, mais les résultats sont là ! » explique-t-elle.

Bien consommer le collagène Les marques n’ont pas attendu bien longtemps pour surfer sur la tendance, et de nombreuses propositions de compléments alimentaires à base de collagène ont vu le jour. Formes et aspects différents, posologie qui varie et goûts plus ou moins prononcés,


Les boissons au collagène très colorées du 48 Collagen Café

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Aurélie Canzoneri, naturopathe, vante les effets positifs de cette nouvelle tendance.

Boule crue de spiruline, de noix de coco et de collagène

du collagène stimule sa production et permet donc d’en produire plus facilement. C’est important d’en prendre à partir de 25 ans, car c’est malheureusement à partir de cet âge que la synthèse de collagène diminue. »

Un goût… spécial !

Une soupe au collagène

“Pour que cette supplémentation soit efficace, il faut consommer au moins 5 grammes de Fauve collagène par jour”

difficile de savoir comment faire le bon choix. « Déjà, il faut savoir que c’est beaucoup plus pratique de consommer le collagène sous forme de poudre que sous forme de gélules. La raison est simple : pour que cela soit efficace, il faut consommer au moins 5 grammes de collagène par jour, même si le mieux reste 10 grammes. Ramené sous forme de gélules, cela équivaut à avaler environ 6 ou 7 gélules quotidiennement », précise Aurélie Canzoneri. Peu pratique certes, mais aussi peu digeste ! Concernant son origine, la naturopathe est sans appel : « Le collagène ne se trouve que dans les protéines animales ! De plus, il ne faut pas acheter de collagène brut car il est difficilement assimilable. Mieux vaut privilégier des peptides de collagène ou du collagène hydrolysé de faible poids moléculaire, soit 2 000 daltons. Le fait de consommer 102

Le collagène peut avoir un goût plus ou moins prononcé. Certaines personnes préfèrent le consommer version cacaotée dans un lait végétal, d’autres le boivent directement dans un grand verre d’eau. Là encore, Aurélie Canzoneri a une recette à partager pour rendre le collagène plus gourmand ! « Le matin, ou lors de la collation, faites un smoothie avec des bananes congelées qui vont venir apporter de l’épaisseur à la boisson. Ajoutez votre collagène en poudre, de l’eau et de la poudre d’ortie ou de prêle. Selon vos préférences, vous pouvez également remplacer la banane par des fruits rouges. » Et le tour est joué !

Un café nommé 48 Collagen Passionnée par le bien-être et convaincue des bénéfices du collagène, Amandine Fornot a lancé cet automne le 48 Collagen Café : le


Amandine Fornot, fondatrice du 48 Collagen Café

premier lieu en France à proposer des boissons à base de collagène. Situé au 48 de la rue Lafayette dans le 8e arrondissement, ce lieu hybride et unique en son genre a nécessité quelques travaux. « J’ai souhaité tout refaire, tout en gardant le cachet du lieu et son côté organique, qui me fait penser au collagène. Je me suis inspirée de l’univers coréen en ajoutant beaucoup d’inox, ce qui vient ajouter un côté sexy et futuriste », décrypte l’entrepreneuse. Tous ces détails rendent bien entendu le lieu très instagrammable, mais ne pensez pas y ramener votre ordinateur pour télétravailler

en sirotant tranquillement un latte au collagène, cela gâcherait l’expérience ! À la carte ? Des smoothies et des bouillons au collagène, ou encore des latte (froids ou chauds) agrémentés de spiruline, de curcuma, de fruit du dragon ou encore de charbon actif. En plus du côté cosy du café, Amandine Fornot a imaginé un espace de vente, dans lequel il est possible de se faire conseiller et d’acheter le collagène le mieux adapté. Ainsi, le collagène n’est plus une simple tendance mais devient un outil pour répondre à des problématiques précises et ponctuelles. « Ce que je souhaite, 103

c’est proposer aux gens toute une éducation autour des boissons de bien-être », poursuit Amandine. C’est pourquoi le 48 Collagen Café a été pensé comme un lieu de vie, dans lequel seront organisées des master class sur des thématiques liées au bien-vieillir, en matière d’esthétisme pur mais aussi de forme et de santé. À consommer sans modération ! 48 Collagen Café 48 rue Lafayette Paris 8e, du lundi au vendredi, de 9 h à 17 h Les boissons sont commercialisées autour de 8 € et les bouillons autour de 10 €.


C A RNET D ’ A D R E S S E S

Culture

Food

Bien-être

Jardin des Plantes de Paris Place Valhubert 75005 Paris

Le Boréal 39 rue Montcalm 75018 Paris

Kupala 20 rue de Vouillé 75015 Paris

Jardin d’Acclimatation Carrefour des Sablons – Bois de Boulogne 75116 Paris Palais de la Porte Dorée Musée national de l’histoire de l’immigration/ Aquarium tropical 293 avenue Daumesnil 75012 Paris Musée de l’Orangerie Jardin des Tuileries (côté Seine) Place de la Concorde 75001 Paris Sobering Galerie 87 rue de Turenne 75003 Paris Studio Idan 43 rue Beaubourg 75003 Paris Fondation Jérôme Seydoux-Pathé 73 avenue des Gobelins 75013 Paris Slow Galerie 5 rue Jean-Pierre Timbaud 75011 Paris Galerie Roger-Viollet 6 rue de Seine 75006 Paris

Christophe Louie 12 rue Dupetit-Thouars 75003 Paris christophelouie.com

La French Beauty – Parfumerie 24 rue du Temple 75004 Paris

Lucas Carton lucascarton.com

La Sultane de Saba 8 bis rue Bachaumon 75002 Paris

La Table du chef du Meurice restaurant. imp@ dorchestercollection.com Prunier prunier.com

Green

Le 13e Art Place d’Italie 75013 Paris

Enfants

Palais des Glaces 37 rue du Faubourg du Temple 75010 Paris

Mode

Les Nouveaux Ateliers 110 boulevard Haussmann 75008 Paris Claris Virot 3, rue du 29 Juillet 75001 Paris

L’atelier Parfum 12 rue de Sévigné 75004 Paris

Déco

Codimat Collection 63-65 rue du ChercheMidi 75006 Paris Boutique Degrenne Niel 9 avenue Niel 75017 Paris La Caserne 12 rue Philippe de Girard 75010 Paris Klin d’œil 6 rue Deguerry 75011 Paris Atelier Dipneuste 9 rue Pierre Dupont 75010 Paris Atelier Ciment Paris chez Wecandoo 23 av. Daumesnil 75012 Paris Atelier Brunette 40 rue Condorcet 75009 Paris

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Atelier Keur Paris Hôtel des Académies et des Arts 15 rue de la Grande Chaumière 75006 Paris La Papoterie 13 rue Ternaux 75011 Paris Et 17 rue Notre-Dame de Lorette 75009 Paris Atelier Resap 134 rue d’Aubervilliers 75019 Paris Les Mots 4 rue Dante 75005 Paris Désirée Fleurs 9 rue de la Folie Méricourt 75011 Paris et 6 rue Brézin 75014 Paris

Escapade

Roz Marine Thalasso & Spa 58 bd Thalassa 22700 Perros-Guirec Le Petit Basson 4 rue de la Madeleine 10000 Troyes Octave 6 ruelle des Chats 10000 Troyes La Maison de Reina 22 rue de la Paix 10000 Troyes Musée d’art moderne – collections nationales Pierre et Denise Lévy 14 place Saint-Pierre 10000 Troyes


Mode ×

“Je veux que les femmes puissent s’habiller comme elles veulent, quels que soient leur âge, l’avis de leur mari ou de leurs enfants !” Elsa Wolinski, animatrice télé, influenceuse et créatrice de la marque Sisterhood by Wolinski p. 110

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© Yves Saint Laurent © Peter Caine (Sydney)

© Yves Saint Laurent © Droits réservés

EXPO. Lorsque les vêtements révèlent la femme plus qu’ils ne la couvrent, la patte Yves Saint Laurent n’est pas loin ! Oracle d’une féminité sexy et très assumée, le couturier a beaucoup travaillé sur la transparence dès les années 1960, avec des matières comme la mousseline, la dentelle, ou le tulle. « Les transparences, je les connais depuis longtemps. L’important, avec elles, c’est de garder le mystère… Je pense avoir fait le maximum pour l’émancipation des femmes. J’ai créé des vêtements qui entrent tout à fait à leur aise dans le XXIe siècle », commentait-il alors. Le musée Yves Saint Laurent s’empare de cette thématique du dévoilement subtil du corps féminin pour mieux donner du pouvoir à la femme dans une exposition qui va faire monter les températures. On y retrouvera notamment l’iconique « See-Through Blouse2 », ainsi baptisée par la presse américaine du printemps-été 1968, c’est-à-dire la première blouse seins nus, et la Nude Dress3, une robe de mousseline noire ceinturée de plumes d’autruche de la collection suivante, mais également des croquis, patrons en calque, photographies et accessoires… ainsi que des œuvres d’Anne Bourse, de Picabia ou des photos de mode de Man Ray qui résonnent avec l’imaginaire du maître. Un souffle de liberté revigorant ! EH Transparences, le pouvoir des matières au musée Yves Saint Laurent Paris, du 9 février au 25 août 2024 106

➀ Robe du soir portée par Danielle Luquet de Saint Germain. Collection haute couture automne-hiver 1968. Photographie de Peter Caine. ➁ Robe du soir portée par Noémie Lenoir. Collection haute couture printemps-été 2000. ➂ Robe du soir portée par Tatiana Nikiforova. Collection haute couture printemps-été 1996. Photographie de Guy Marineau.

© Yves Saint Laurent © Guy Marineau

Liberté !


La belle association

© DR

CACHEMIRE. La collaboration entre Sarah Poniatowski, architecte d’intérieur bien connue, directrice de la maison de déco Sarah Lavoine, et la marque de cachemire française 5 étoiles Éric Bompard donne une collection élégante, reflétant à merveille le style parisien décontracté. YG

Dans le 1er

© Hafid Lhachmi

ACCESSOIRE. L’actualité est foisonnante pour la jeune marque française de sacs et d’accessoires en python et cuirs Claris Virot ! Tout d’abord, la maison s’offre un magnifique cocon, pensé par l’architecte Olivier Gay, au cœur de Paris, entre le jardin des Tuileries et la rue Saint-Honoré. Dans cet espace aux multiples effets de texture, Claris Virot présente l’ensemble de ses créations qui offrent toujours un petit détail, un plus qui les démarque… Elle lance d’ailleurs cet hiver une collection capsule baptisée Astro, dédiée aux signes astrologiques, avec des médaillons (non amovibles) pour personnaliser votre sac – et annoncer la couleur de votre caractère ! Pour chacun des signes, quatre couleurs de sacs sont disponibles, bleu, orange, noir ou marron. ES

Photos © DR

Sac Ava Astro, Claris Virot, 590 € 107


Dans le 8e

© DR

EXPÉRIENCE. Les spécialistes du costume des Nouveaux Ateliers ouvrent leur sixième boutique boulevard Haussmann et offrent une expérience singulière, une cabine 3D où grâce à des écrans interactifs, on peut visualiser en temps réel son vêtement sur mesure. MH

À l’heure, tout le temps !

© Renaud Castillo

HORLOGERIE. Dans notre cœur, Paris est le centre du monde, mais cela n’empêche pas les Parisiens d’aimer les autres capitales. Alors pour rêver à votre prochain voyage ou savoir si sonne le moment d’appeler le petit dernier qui baroude à l’autre bout de la terre, voici un nouveau gardetemps d’exception, la Startimer Pilot Quartz Worldtimer qui donne l’heure aux quatre coins du globe. Signée par la manufacture horlogère Alpina, cette montre de 41 mm embarque en effet une nouvelle complication : le Worldtimer, une fonction bien connue des pilotes, car elle permet de connaître l’heure partout dans le monde d’un seul coup d’œil. Ce bel objet a d’ailleurs été conçu en hommage aux pionniers de l’aviation. Étanche à 100 m grâce à un fond plein gravé du motif Startimer, chaque montre offre quarante-cinq mois d’autonomie en cas de soudaine envie de larguer les amarres ! MH Startimer Pilot Quartz, Alpina, sur bracelet cuir, 895 € 108


© DR

Le bon plan

Des milliers de points lumineux en leds soulignent l’architecture pour un Noël magique !

SHOPPING. À seulement quarante minutes de Paris, La Vallée Village est le bon plan anti-inflation qui permet d’envisager un Noël avec des cadeaux 5 étoiles sous le sapin sans risquer la brouille définitive avec votre banquier. En effet, dans ce village de mode non loin de Disney Village, on trouve les marques les plus désirables (de Isabel Marant à Gucci en passant par Sandro ou les branchés de AMI, From Future et Balenciaga) avec des prix singulièrement allégés, puisque les réductions peuvent aller jusqu’à -70 %. Le secret ? Les boutiques de La Vallée Village vendent les collections de l’année précédente de ces labels. Bonus, pour les fêtes de cette fin d’année 2023, il y a des animations chaque jour pour faire nos achats en musique avec des DJ ou des concerts de gospel, et même des défilés de mode pour se donner des idées. Et si vous cherchez encore l’inspiration après tout ça, des astrologues et des diseuses de bonne aventure se tiennent gracieusement à disposition pour vous lire l’avenir certains jours de décembre ! ES 109


Elsa Wolinski, la « osez thérapie » ! Animatrice de l’émission dédiée au bien-être Bel & Bien, sur France TV, influenceuse et désormais créatrice de mode avec Sisterhood by Wolinski, Elsa Wolinski multiplie les activités pour combattre son insécurité en donnant du réconfort aux autres. Rencontre avec une femme authentique, attachante et drôle. Texte Estelle Surbranche Photos Jennifer Sath

Quand la marque a-t-elle commencé ? En 2018. J’étais alors journaliste et Sofia, qui dirige les Femen en France, m’appelle afin que je vienne au tribunal de Versailles soutenir Laura Rapp, une femme que son ex-conjoint a essayé d’étrangler devant son enfant. À cette époque, après les attentats, je sors très peu de chez moi : à chaque fois, je me sens grosse, mal habillée, pas à ma place… Mais là, cette histoire a résonné avec mon histoire personnelle. J’y suis allée… Moi qui ne suis pas du tout militante, je me retrouve au milieu des Femen avec une pancarte ! J’avais froid. Je pleurais. La militante nulle, quoi (Rires) ! L’histoire de Laura, les conséquences sur sa vie, sa fille, sur une famille entière, m’ont bouleversée. C’est là que j’ai rencontré en vrai pour la première fois Sofia des Femen, et nous ne nous sommes plus jamais

quittées. Elle est extraordinaire. C’est ce genre de personne qui intervient lorsqu’on sait qu’on a cinq minutes pour extraire une femme avec ses enfants d’un appartement, pendant que le mari violent est sorti faire une course. Les filles de Cœurs de Guerrières étaient aussi à cette manifestation… Je suis rentrée chez moi, fascinée par leurs actions et de voir comment on pouvait concrètement sauver des gens alors que la justice ne faisait pas grandchose. J’ai alors compris le sens du mot sororité : des femmes s’aidant entre femmes. À l’époque, je voulais faire des tee-shirts avec des dessins de mon père, Georges Wolinski. J’ai eu un flash : j’allais créer une marque pour donner de l’argent à ces femmes. À ce moment-là, vous n’étiez pas du tout entrepreneuse : ça a dû être un sacré défi ? Élevée par un père communiste, contre la propriété, et qui dépensait tout ce qu’il gagnait, non, l’entrepreneuriat n’était pas du tout ma philosophie ! (Rires) Mais je m’y suis mise petit à petit… 110

Aujourd’hui Sisterhood by Wolinski aide quelles associations ? Cœurs de Guerrières, la Fondation des Femmes et La Maison des femmes du 93… et nous espérons élargir à d’autres associations. Je ne peux pas imaginer ne pas être engagée. Quand je me réveille le matin, je suis angoissée. Je me dis « je suis nulle ». La raison qui me permet de me lever, c’est l’autre. Je crois que nous sommes toutes liées et que nous devons nous soutenir. Vous avez aujourd’hui une grande communauté sur Instagram. Comment est-elle arrivée ? Elle est arrivée après l’attentat [le père d’Elsa, le dessinateur de presse Georges Wolinski, a été assassiné lors de l’attentat contre Charlie Hebdo en 2015]. J’ai reçu des mots du monde entier. Ensuite, j’ai commencé à écrire sur Instagram, notamment sur le fait que je mangeais la nuit. Que je faisais de la boulimie et que je n’arrivais pas à me soigner. À partir de ce moment-là, le compte a pris beaucoup d’ampleur. Je crois que



Sisterhood ne va pas te donner du pouvoir. C’est un vêtement qui va te faire du bien parce qu’il y a de la couleur, parce que les matières sont douces et les coupes flatteuses. Cela dit, les vêtements portent aussi des noms pour donner de l’assurance, comme la veste Pousser les murs ! C’est parce que je suis une dingue de développement personnel. Mes enfants n’arrêtent pas de se moquer de moi parce que je m’endors avec des podcasts de développement personnel. Je n’ai pas confiance en moi, alors je suis obligée de me muscler le cerveau pour me dire que ça va aller… (Elle prend une voix caverneuse.) Ça va aller, tu vas voir ! (Rires)

“Le vêtement Sisterhood ne va pas te donner du pouvoir. C’est un vêtement qui va te faire du bien parce qu’il y a de la couleur, parce que les matières sont douces et les coupes flatteuses” ce que les gens aiment avec mon Instagram, c’est de voir que la vie n’est pas un long fleuve tranquille, mais que tu peux avancer, même en étant séparée, en élevant seule tes enfants, en étant pleine de doute… et même avec des poux, comme moi la semaine dernière ! (Rires) Je suis en surmenage permanent, j’éclate souvent en sanglots… Je montre ce que je suis de manière honnête.

Les collections Sisterhood ont un vrai parti pris pour la gaieté, les couleurs… À travers mes réseaux sociaux, j’ai vu combien les femmes souffrent parce qu’elles se sentent mal dans leur peau, parce qu’elles n’osent pas dire les choses… L’idée de Sisterhood est d’avoir des matières dans lesquelles tu bouges, tu te sens libre, sans te cacher. Le vêtement 112

Dans la collection d’hiver, il y a des paillettes imprimées avec un pantalon tie & dye qui change de couleur, des robes asymétriques, des imprimés très forts… L’idée, c’est aussi de dire aux femmes d’arrêter de se cacher ? C’est la « osez thérapie » ? Ah oui !!! Moi, je veux que les femmes puissent s’habiller comme elles veulent, quels que soient leur âge, l’avis de leur mari ou de leurs enfants ! La société fait disparaître les femmes lorsqu’elles approchent de la cinquantaine. À la télé, il y en a peu. Dans les journaux, pas beaucoup à part Sophie Fontanel et Caroline Ida… Parfois, pour des rendez-vous à l’école, je porte des sabots avec des joggings et mes enfants marchent à un mètre de moi en me disant « Ce n’est pas possible, tu ne peux pas t’habiller comme ça ». Et je leur dis : « Eh bien si, c’est possible parce que moi, j’adore. Et c’est pas grave. » Je n’ai pas de mec, alors au moins je n’ai plus ce regardlà… J’ai passé ma vie à séduire des hommes et quand je les séduisais, je n’étais pas moi. J’aimais les paillettes, j’ai arrêté pour un homme. J’aimais les salopettes, j’ai arrêté pour un homme. Là j’ai 50 ans : je mets des paillettes et des salopettes, et tant pis


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“J’aimais les paillettes, j’ai arrêté pour un homme. J’aimais les salopettes, j’ai arrêté pour un homme. Là j’ai 50 ans : je mets des paillettes et des salopettes, et tant pis si ça dérange” si ça dérange. Et l’été, je suis à fond pour le maillot de bain deux pièces par exemple. On montre le ventre, on s’en fout, on le laisse respirer, prendre le soleil… À un moment, j’ai lâché sur le regard des autres et j’assume. Sisterhood by Wolinski est une marque inclusive, qui va du 34 au 52… Ça me fait plaisir de créer des vêtements pour des femmes qui pensaient que la mode n’était pas pour elles, qui avaient du mal à s’habiller… Les modèles de Sisterhood by Wolinski sont aussi travaillés pour elles. Ce ne sont pas des modèles qu’on agrandit en gradation à partir du 36, et qui in fine, ne ressemblent plus

à rien en 42. Nous, notre gradation se fait à partir du 42, c’est-à-dire ma taille. Notre costard, tu peux le porter en 52 : la jambe reste fittée et la veste est cintrée ce qu’il faut ! Dans les popups, lorsque les femmes me disent « J’aurais pas cru, mais ça a de la gueule sur moi ! » c’est une incroyable récompense. Paris est une ville qui te dynamise ou qui te vampirise ? J’aime Paris… mais depuis toute petite, j’ai toujours voulu habiter entre Paris et ailleurs, sauf que je n’ai jamais trouvé mon ailleurs. Aujourd’hui, j’adore Paris à vélo, et ça me rend très heureuse. Je roule lentement et je découvre la ville. 114

Mais la vie est devenue très dure à Paris. Les gens sont stressés et flippés. Quels sont vos quartiers préférés ? J’ai adoré le 6e : je partais de la rue Bonaparte pour aller chez Castel ou au Flore. La Closerie des Lilas me paraissait loin ! (Rires) Aujourd’hui je suis dans le 19e et je plébiscite ce quartier car il est populaire. Aller dans le jardin des Buttes Chaumont le dimanche, et voir tout le monde se mélanger, les Indiens, les Pakistanais, les juifs, les Arabes, et que tout se passe bien… (Silence) Dans le monde dans lequel on vit, voir ça, c’est vraiment très précieux. sisterhoodbywolinski.com


Déco ×

“Au départ, j’avais cette idée d’associer l’artistique des tableaux à ce que j’aimais, l’artisanat, le mélange des couleurs et les techniques de tissage.” Sybille de Tavernost, fondatrice de la maison Sybille de Tavernost p. 128

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La splendeur de l’Élysée VISITE DÉCO. Illustré de documents d’archives comme de photos récentes réalisées par Guillaume de Laubier, ce bel ouvrage sur l’architecture, les décors et l’ameublement du palais de l’Élysée est autant un livre d’histoire qu’un Who’s Who des arts décoratifs français. Car chacun des célèbres occupants, du comte d’Évreux à Emmanuel Macron, en passant par la marquise de Pompadour, Napoléon Bonaparte et Joséphine ou Napoléon III, a marqué l’espace en le transformant certes selon ses goûts – traditionnel pour de Gaulle, moderne pour Pompidou par exemple –, mais sans jamais oublier de mettre en valeur l’excellence des métiers d’arts français. Les lieux abritent donc aussi « un patrimoine immatériel et des savoir-faire multiséculaires comme ceux des ébénistes, des lustriers, des menuisiers ou des tapissiers », souligne Hervé Lemoine, président du Mobilier national. EH © Guillaume de Laubier

Le Palais de l’Élysée, architecture, décor et ameublement, ouvrage collectif, sous la direction de Muriel Barbier. Photographies en situation : Guillaume de Laubier, éditions Gourcuff Gradenigo, 49 €

Dans le 17e

© Mathieu Fiol

À VOIR. Guy Degrenne, renommé désormais juste « Degrenne », a réaménagé sa boutique historique avenue Niel avec des espaces dédiés à la cuisine et ses accessoires sous la forme d’une maison de famille. Plusieurs animations y seront proposées tout au long de l’année autour des arts de la table. MH

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Le salon Constellation du studio Friedmann & Versace

ÉDITION. Rien, même pas le ciel, ne semble pouvoir arrêter l’ascension de ce duo féminin parisien ! Après avoir signé la déco du dernier restaurant de Mory Sacko, MoSuke, ainsi que de Bambini au palais de Tokyo ou le relooking du mythique hôtel Lapérouse à Nice, Virginie Friedmann et Delphine Versace livrent leur première collection de mobilier baptisée Constellation. Pour travailler sur le projet, elles ont d’ailleurs fait appel aux « étoiles » des métiers d’arts français. On aime en particulier les vases et bougeoirs réalisés avec la céramiste Sonja de Monchy, spécialiste de la technique japonaise du raku, qui habite du côté de la forêt de Fontainebleau. Quant au miroir en verre bullé soufflé, il a été fabriqué par les ateliers Reverchon et orné de broderies en collaboration avec Laetitia Bacqué et Victor Molinié, tandis que le paravent en marqueterie de bois a été imaginé par l’artiste plasticien Anton Laborde. Des trompe-l’œil, un peu de magie : de quoi créer une ambiance surréaliste dans un intérieur ! EH 117

Photos © Alexandre Tabaste

La tête dans les étoiles

Vase en collaboration avec Sonja de Monchy


Arnaud Vanpoperinghe

Le bois massif en vedette

Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour ouvrir une boutique physique ? Tikamoon a été créée à Lille en 2008 par une petite équipe animée par le goût d’entreprendre. Dès les origines, nous souhaitions maîtriser tous les maillons de la chaîne pour proposer à nos clients les meilleurs meubles au meilleur prix. Nous pensons nos meubles en bois massif pour qu’ils durent cent ans, et les assemblons avec des techniques d’ébénisterie traditionnelle telles que le tenon-mortaise, par exemple. Nous avons à cœur de faire les choses bien. Après plusieurs années à nous déployer en ligne pour tester la qualité de nos produits, nous avons souhaité faire un premier test en physique l’année dernière avec un pop-up au BHV Marais. Le succès

Photos © DR

La marque Tikamoon ouvrait sa première boutique cet été sur la très prestigieuse place NotreDame des Victoires : un succès fulgurant pour ces mobiliers durables en bois massif, que son patron Arnaud Vanpoperinghe a décrypté avec nous ! de cet événement nous a convaincus de partir de manière plus pérenne à la rencontre de nos clients et de leurs attentes. Vous avez trouvé un emplacement magnifique place des Victoires : est-ce aussi un emplacement stratégique ? En effet, la place des Victoires est devenue au fil du temps un véritable emplacement stratégique dans le secteur du mobilier. Comment a été conçue la boutique parisienne ? Que souhaitiez-vous mettre en avant à travers les installations et le décor ? Une maison qui se veut ouverte sur l’extérieur, où vous pouvez retrouver l’intégralité de nos bois et de nos gammes pour les différentes pièces 118

de la maison. De plus, l’expression de nos actions écoresponsables se prête parfaitement à ce lieu unique. Vous avez participé en septembre dernier à la Paris Design Week ; prévoyez-vous de faire vivre le showroom via d’autres expositions et événements tout au long de l’année ? Oui, nous souhaitons proposer à nos clients de venir nous rencontrer lors de moments de vie. Nous allons d’ailleurs organiser des ateliers de création pour nos clients autour de la thématique de l’art de recevoir en décembre, et aussi des conférences tout au long de l’année 2024. Mais gardons un petit peu de suspens… JLL

tikamoon.com


Sur les pas de Gainsbourg

Vue d’exposition provenant de la collection permanente

© Alexis Raimbault pour la Maison Gainsbourg, 2023

CULTE. Si vous avez visité la Maison Gainsbourg rue de Verneuil, vous avez certainement remarqué cette incroyable moquette, qui représente des larges fleurs de pavots brunes qui s’épanouissent sur un fond noir. Choisi par Serge Gainsbourg lui-même, ce motif a été dessiné au XIXe siècle, puis édité par Codimat Collection depuis 1953, date de naissance de la maison de sols décoratifs. Certains prétendent même que ces motifs en forme de chou ont présidé au choix du nom de l’album L’Homme à tête de chou… Si vous désirez un peu de leur parfum sulfureux dans votre intérieur, Codimat la propose au particulier au prix de 154 € le mètre linéaire dans cette teinte ou d’autres colorations. À voir au showroom de la marque dans le 6e, rue du Cherche-Midi. MH

© Julie Ansiau

ART DE VIVRE. La maison Astier de Villatte livre une collection inspirée par la Capitale avec un petit bol « Paris », fruit du travail du designer new-yorkais John Derian, prince du shabby chic, ou un nouveau parfum, Mantesla-Jolie, aux effluves d’herbes aromatiques. MH 119

© DR

La vie parisienne


Chez Priscilla, un haussmannien cosmopolite Texte Juliette Le Lorier

Photos Lucile Casanova

Autrefois réputé pour ses bars sulfureux et ses dancefloors débridés, le 9e s’est mué en « Sopi » : un arrondissement toujours branché mais assagi, où il fait bon traîner sa poussette entre deux commerces de bouche… Installés ici depuis une quinzaine d’années, Priscilla et Michael ont évolué au diapason du quartier, passant de jeune couple à parents d’un, puis deux et bientôt trois enfants, sans pour autant renoncer à l’appartement de leurs premières amours ni au rythme de vie trépidant de leurs débuts !

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➀ ENTRÉE Banc : À dimensions variables (antiquité sélectionnée par Alicia de Rolland) Tapis : Fragments Paris Vases : Merci Paris Stèle : La Redoute

➁ CUISINE Table : Le Bon Coin Chaises : chinées dans le Vexin Suspension : Georges Nelson Tapis : Réédition Monoprix Bibliothèque : sur mesure

➂ SALON Ronds au mur : À dimensions variables Canapé blanc : Merci Paris Canapé gris : Pierre Paulin Table basse : Knoll Tabourets de part et autre de la cheminée : Monoprix Tapis : Réédition Monoprix Bibliothèque : sur mesure

Le tour du monde En ce début de soirée d’automne, les boutiques ferment doucement leurs devantures tandis que des grappes d’enfants sous bonne escorte s’échappent du parc et regagnent leurs pénates. Chez Priscilla, l’ambiance, bien que détendue, reste studieuse : pendant que Suzanne, sa fille aînée, révise consciencieusement ses tables de multiplication au salon, et qu’Elyah, la cadette, s’entraîne à la guitare, la jeune mère de famille enchaîne les calls professionnels depuis la cuisine. Productrice, Priscilla a travaillé près de vingt ans pour des chaînes de télévision puis dans une grosse société de production en important des programmes étrangers pour les adapter en France, avant de monter sa propre boîte spécialisée dans la fiction. « J’ai énormément voyagé pour 122

mon travail, qui consistait à aller dégoter des pépites audiovisuelles diffusées à l’étranger, et j’ai adoré ça. Dans ma vie personnelle, je me déplace aussi énormément, je pense que j’ai dû faire le tour du monde avec mes enfants ! » Un rapide coup d’œil aux lieux confirme aisément les dires de Priscilla. Depuis la collection de boules à neige à l’effigie de grandes capitales, dans la chambre des filles, aux coquillages et galets glanés au hasard des plages qui habillent les étagères du salon, en passant par les innombrables bibelots qui ont colonisé toutes les pièces de vie… La décoration témoigne d’un goût certain pour le voyage et d’un appétit insatiable pour l’ailleurs !

La « collectionnite » « Je suis atteinte de collectionnite, confesse dans un rire Priscilla, c’est


d’ailleurs assez problématique pour mon chéri qui est d’origine suédoise et qui a grandi dans l’épure… Mais avant tout, j’aime rapporter des moments de vie. » Souvenir d’un week-end en Bourgogne avec des amis, une singulière œuvre d’art signée d’une artiste allemande composée de panneaux de cire d’abeille a ainsi trouvé sa place sur un mur de l’entrée de l’appartement. « Nous revenions d’un footing avec Michaël, nous nous étions arrêtés pour prendre un café sur la place du village et nous avons découvert cette galerie qui exposait des œuvres autour du miel. C’était un moment doux et joyeux : grâce à cette œuvre, je repense tous les jours à ce week-end… »

Le beau, une histoire de famille Ce rapport affectif aux choses, Priscilla l’explique en partie par

ses gènes. « Mon grand-père était à la tête de la société Doubinski Frères qui portait son nom et qui fabriquait des meubles de série et de qualité. Il fut parmi les premiers à éditer des mobiliers Knoll et ce qui le fascinait, au-delà du design, c’était les créateurs, leurs parcours et leurs personnalités, qu’il avait à cœur de mettre en avant. » De son aïeul, Priscilla a hérité de quelques pièces stars, à l’instar de la table basse Tulip signée Eero Saarinen, et a aussi eu le grand bonheur d’en recroiser certaines autres au hasard de la vie, comme le tapis du salon, une création fabriquée à l’origine chez Doubinski Frères et rééditée récemment par Monoprix. « Je me suis empressée d’en acheter trois exemplaires : pour en offrir un à ma mère et pour conserver le troisième précieusement à la cave ! Enfant, j’ai vécu entourée de ces mobiliers 123

“Les seuls gros travaux ont consisté à déplacer la cuisine pour lui donner une place centrale et en faire une vraie pièce à vivre comme dans les maisons de famille”


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phares des années 70 et de grands noms comme celui de Charlotte Perriand qui étaient omniprésents dans les conversations. Aujourd’hui, j’aime retrouver cet environnement seventies dans ma décoration. Mais surtout, je ne veux pas d’un intérieur Pinterest correspondant aux tendances que l’on voit partout… »

Les copains, le street art et la récup Si le couple a investi cet appartement typiquement haussmannien il y a quinze ans, Priscilla a rapidement habillé les lieux avec des pièces de caractère et hautes en couleur, tels que les graffitis de JonOne et de Graffito, dont elle est une inconditionnelle, privilégiant alors par contraste des murs blancs ou un fond neutre dans

la grande majorité des pièces. Mais le vœu le plus cher de la jeune femme était avant tout de se sentir ici « comme à la campagne », de s’extraire de l’effervescence de la vie parisienne pour privilégier une ambiance chaleureuse et conviviale. « Les seuls gros travaux que l’on a effectués ont donc consisté à déplacer la cuisine qui était au fond de l’appartement pour lui donner une place centrale et en faire une vraie pièce à vivre, comme dans les maisons de famille. C’est d’ailleurs ici que nous dînons, même lorsque nous recevons des amis », se félicitet-elle. Au sol, les tomettes, toutes différentes, ont été achetées dans un lot sur Le Bon Coin et ajoutent au caractère authentique de l’espace. « Les autres pièces ont évolué avec nous ! Quand nous n’avions pas encore d’enfants, la chambre des filles

➀/➁ SALLE À MANGER Chaises : Fritz Hansen et Selency Tapis : La Redoute Enfilade : Le Bon Coin Vases : À dimensions variables Tabourets : À dimensions variables

➂ CHAMBRE AMIS/ BUANDERIE

Bureau : sur mesure par Matthias Biberon Lampe : À dimensions variables Papier peint et peinture : Farrow & Ball

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➀/➁ CHAMBRE PARENTS

Tête de lit : tissu Elitis Tables de chevet : Kartell Applique : Maison Nordik Lampe de chevet : Merci Paris Fauteuil : Pierre Paulin

➂/➃ CHAMBRE D’ENFANT

Lit : Ma Cabane, repeint avec de la peinture Farrow & Ball Commode : Ikea Lampe champignon : La Redoute Tête de lapin « trophée » : Smallable

était notre chambre d’ami et c’était hyper pratique car nous avons de la famille et des amis partout dans le monde qui ont pu nous rendre visite. » Décorée avec soin, la jolie chambre d’enfant est en outre munie d’une baignoire – ce dont Priscilla vante la praticité pour tous les parents de jeunes enfants – élégamment camouflée derrière des portes de placard. Derrière la cuisine, l’actuelle chambre d’ami qui sert aussi de buanderie est, elle aussi, en passe d’être transformée en chambre d’enfant, le couple attendant un heureux événement dans quelques mois…

La modularité « Le salon comme la salle à manger n’ont pas fondamentalement changé depuis que nous avons intégré les lieux, si ce n’est par l’ajout de bibelots chinés çà et là, ou de fleurs 126

séchées auxquelles je voue une véritable passion ! » sourit Priscilla. Pièce maîtresse de la salle à manger, la table Super Ellipse de Fritz Hansen présente l’avantage d’être extensible. « Nous l’avons choisie pour son caractère modulable, car nous organisons des soirées poker et nous adorons concevoir de grandes tablées pour des dîners entre copains. En réalité, c’est si fréquent que nous l’avons toujours conservée dans son format le plus large. » Dans le salon, la vie s’articule autour d’une gigantesque bibliothèque sur mesure qui contient des centaines de livres et un écran plat. « Je lis énormément, notamment pour mon travail. Je fais toutes les rentrées littéraires car je réfléchis en permanence à l’adaptation de romans : la bibliothèque du salon était donc indispensable. En revanche, contrairement à ce que l’on


“Depuis la collection de boules à neige à l’effigie de grandes capitales dans la chambre des filles, aux coquillages glanés au hasard des plages qui habillent les étagères du salon : la décoration témoigne d’un goût certain pour le voyage” pourrait croire de par mon métier, je ne regarde jamais la télévision à la maison, j’en suis suffisamment abreuvée pendant la journée ! Mais mon chéri est fan de sport, d’où cet écran plat qui est toujours allumé lors des compétitions sportives et qui occupe une place centrale dans la vie de la maison », s’amuse-t-elle.

Changer de décor Outre la lecture, la jeune femme confesse un goût certain pour la chine en brocantes comme en ligne, « mais j’achète rarement sans la validation de l’une de mes meilleures amies, Alicia de Rolland,

une antiquaire très douée et férue d’art populaire qui a ouvert, avec son compagnon ébéniste Matthias Biberon, la galerie-boutique-atelier À dimensions variables dans le Perche. Elle déballe régulièrement à Paris : place Saint-Sulpice ou avenue Trudaine, et quand elle vient, elle ne manque pas de faire un tour pour moi dans les allées en sélectionnant ce qui serait susceptible de me plaire ! » C’est aussi grâce à Alicia que Priscilla a découvert les créations en bois organiques de Matthias Biberon. « J’adore le côté à la fois graphique et très authentique de ses pièces. 127

Matthias a conçu le bureau en bois de la chambre d’ami sur mesure et à chaque fois qu’il vient à la maison, il rajoute un élément, c’est une pièce éminemment vivante ! » s’enthousiasme-t-elle. « De façon générale, j’aime que les espaces évoluent ; si ça ne tenait qu’à moi, je pourrais changer de décor tous les jours : ça doit venir de mon côté productrice », conclut Priscilla, qui s’est parallèlement lancée dans l’aménagement de Casa Eliasu, une maison qu’elle loue au Portugal pour étancher sa soif de nouveauté !


Sybille de Tavernost, l’appel du large Sybille de Tavernost édite des meubles et imagine des tapis qui mixent savoir-faire ancestraux et design. Rencontre avec une jeune femme aussi amoureuse de Paris qu’adepte d’aventure lointaine ! Texte Estelle Surbranche Photos Jeanne Perrotte

La décoration a toujours été un sujet important pour vous ? Je suis rentrée dans cet univers via ma passion pour le voyage, et notamment pour l’Afrique. Je ramenais toujours des objets improbables, des tissus… C’est plus le savoir-faire qui m’attirait que la déco en soi. Avec ces couleurs, ces tissus et ces matières qu’on ne trouve pas partout, je meublais mon appartement. J’ai une vraie passion pour les objets uniques. Pour moi, la déco est un mix. On ne peut pas toujours décorer sa maison avec des éléments uniques, souvent plus chers, mais on peut personnaliser son intérieur avec des objets faits à la main qui ont une histoire, un sens, auxquels on ajoute des meubles plus mainstream. Vous étiez dans le marketing, comment êtes-vous arrivée au design ? J’ai peut-être fait une petite crise de la trentaine… J’avais envie de plus de créativité et de dépenser mon énergie dans un projet qui ait 128

du sens. Le point de départ a été la peinture : j’ai grandi avec sous les yeux les toiles de mon grand-père, Antoine Bellet de Tavernost. Il était banquier [président de la section des finances du Conseil économique et social] mais il peignait à ses heures perdues. Je l’ai toujours connu allongé sur le sol, en train de peindre, le dimanche. J’ai lancé la marque en 2017 avec une collection héritage où j’ai transformé quatre de ses tableaux en tapis. Au départ, j’avais cette idée d’associer le côté artistique des tableaux à ce que j’aimais, l’artisanat, le mélange des couleurs et les techniques de tissage. Et pour cela, les tapis sont de formidables terrains de jeu : ils sont des peintures au sol. Votre marque avait déjà un volet social à ce moment-là ? Oui, je suis allée monter mon atelier en Inde pour leurs techniques, mais également afin de faire perdurer le savoir-faire de ces artisans. En y installant ma boîte, je savais aussi qu’il y aurait un vrai apport


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Sybille aime les collaborations avec les artistes ! Ici, elle pose avec la designeuse anglaise Anissa Kermiche à côté du tapis Belle Saison, fruit de leur synergie créative.

social : les enfants des tisserands sont scolarisés, par exemple. Avant de faire ce genre de différence en France, c’est très compliqué ! Je connais les tisserands de notre atelier, leurs conditions de travail… On maîtrise totalement notre production et c’est important. Comment travaillez-vous ? Je dessine à Paris, avec mon équipe, les nouveaux designs. J’aime bien le ping-pong créatif. Le client vient ensuite au showroom où il y a tous nos échantillons. Le jeu est de comprendre ce qu’il veut. On va travailler les textures, les volumes, les effets de technique pour quelque chose de doux. Ou s’il veut une pièce très design, qui va prendre le dessus dans sa décoration, nous

allons lui proposer des modèles et des couleurs personnalisables. Combien coûte un tapis chez vous ? Pour un 2 mètres par 3, il faut compter 3 000 euros en moyenne. C’est un prix élevé, mais tous nos tapis sont fabriqués dans des fibres naturelles. Tout le processus, du tissage jusqu’à la partie finition couture, est entièrement fait à la main. Nous faisons à 95 % du tapis noué main, c’est la technique la plus pérenne dans le temps ; pas du tufté-main qui peut pelucher.

exemple donné carte blanche à Anissa Kermiche dont j’admire la poésie moderne, la liberté créative et l’engagement… Et puis, dans un intérieur parisien, c’est intéressant d’avoir au mur quelque chose de texturé à côté d’une photo. Nous avons aussi beaucoup de demandes d’insonorisation, or un tapis au mur ça fait vraiment le job. La plupart de nos tapis sont faits en laine : l’épaisseur et le poil ont un effet de cage acoustique. Parfait quand on a un voisin un peu bruyant ou qu’on veut amortir les bruits de cavalcade d’un enfant ! (Sourire)

Vous faites également beaucoup de collaborations artistiques ? J’aime bien laisser le crayon aux artistes. Dernièrement, j’ai par

Dans vos inspirations, le cheval revient souvent… Je suis mordue d’équitation depuis mon plus jeune âge. Et je voyage

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“La plupart de nos tapis sont faits en laine : l’épaisseur et le poil ont un effet de cage acoustique. Parfait quand on a un voisin un peu bruyant ou qu’on veut amortir les bruits de cavalcade d’un enfant !” beaucoup à cheval. C’est une autre temporalité. La plupart du temps, ce sont des endroits où l’on capte très peu, qui ne sont pas accessibles en voiture. J’ai fait le Rajasthan, le Kazakhstan, la Jordanie, le Botswana… Il y a une vraie communion avec la nature. Et j’aime cette idée de s’en remettre à une temporalité plus douce quand toute l’année, on est dans le tourbillon parisien. Il y a un sentiment de liberté très fort. Tous ces paysages, la liberté et la nature, m’inspirent, mais il y a également tout l’univers équestre : le cuir, les couleurs, les surpiqués, les matières brutes…

Quelle Parisienne êtes-vous ? J’ai habité toute ma vie à Paris – excepté un an pour mes études. Mais je suis une Parisienne qui a beaucoup évolué. J’étais très citadine, je passais tous mes weekends à Paris… À la trentaine, le besoin de nature m’a rattrapée. Je suis parisienne, je ne me verrais pas ailleurs, mais aujourd’hui j’ai vraiment besoin d’un équilibre entre Paris et les voyages ou la campagne. Le week-end je suis au haras dans la forêt de Rambouillet, en Bourgogne à la campagne, et trois fois par an, je pars dans des voyages très loin. C’est ce qui me fait aimer Paris. 131

Vous avez des quartiers préférés ? J’adorais mon ancien quartier de la place de Breteuil, avec ses beaux immeubles haussmanniens. C’est très calme, car il n’y a pas trop de passage, et en même temps on peut y trouver quelques restaurants. J’aime aussi le coin du showroom, dans le 7e. Déjà, c’est là où j’ai grandi… Et puis c’est un quartier très agréable où travailler.

sibylledetavernost.com


SÉLEC TI ON

Atelier Brunette

Par Juliette Le Lorier

Les fêtes et une nouvelle année : le meilleur alibi pour changer ses habitudes et s’essayer enfin au plaisir de créer ! Pull, vase, couronne de Noël… Nous avons sélectionné dix ateliers pour vous guider pas à pas dans la fabrication d’un produit fini et connaître le bonheur incommensurable de prononcer enfin cette phrase : « C’est moi qui l’ai fait ! » 132

© Céline Saby

FABRIQUEZ-LE VOUS-MÊME !


Devenir… fleuriste ! DÉSIRÉE. Chez Désirée, on mise sur des fleurs 100 % françaises et italiennes, issues de productions visitées et tracées et qui ont poussé dans un temps long, pour cultiver avec brio l’art du bouquet responsable. Fleuriste engagée, Désirée organise aussi des ateliers écoresponsables qui durent environ 1 h 30 et qui évoluent avec les saisons. Fleurs fraîches ou prêtes à sécher : le choix est donc aussi vaste que le climat est varié. Chaque participant ressort avec sa propre création. Avant les fêtes, les samedis de décembre sont réservés à la confection de couronnes de Noël : nul doute que les participants mettront du cœur à l’ouvrage grâce au délicieux goûter offert par la maison en sus de l’atelier !

© DR

Atelier Couronne de Noël, 55 € Pour s’inscrire : desireefleurs.fr/collections/ateliers/ Ateliers

Devenir… sérigraphe sur tissus !

Photos © Désirée

ATELIER BRUNETTE. Annabelle Kumar crée Atelier Brunette en 2013 avec l’envie d’offrir une vision contemporaine de la couture et du DIY en général. Passionnée par la couleur et les motifs, elle développe alors une gamme de tissus exclusifs et singuliers pour permettre à tout un chacun de créer une garde-robe unique et certainement pas passe partout ! Après une première adresse parisienne rue Keller dans le 11e arrondissement, elle ouvre en 2022 sa deuxième adresse rue Condorcet dans le 9e, où elle installe son atelier-bureau. Bien décidée à convertir les Parisiennes à la couleur et à faire de ce spot un lieu de plaisir et d’échange, et pour fêter les 10 ans d’existence de sa marque, elle y organise cet hiver des ateliers de gravure et de sérigraphie pour appréhender et expérimenter les motifs déclinés sur ses tissus. À partir du mois de janvier 2024, elle prévoit d’aller encore plus loin avec un atelier récurrent qui permettra aux couturières en herbe ou aux doigts de fée confirmés de maîtriser des techniques de couture bien précises telles que le point de chausson ou la pose de Zip. Atelier sérigraphie, entre 50 € et 55 € Pour s’inscrire : atelierbrunette.com/fr/ 103883-les-ateliers

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SÉLEC TI ON

Devenir… maître savonnier ! CIMENT PARIS. Animés par la volonté commune de consommer mieux, plus localement et de façon plus responsable, Solène et Jeremy ont développé Ciment Paris : une gamme de savons artisanaux saponifiés à froid à partir d’ingrédients biologiques, sans allergènes ni huiles essentielles. Fort du succès de leur collection de pains colorés et graphiques, le duo permet désormais aux amateurs de s’initier à l’art de la saponification lors de séances dédiées organisées chez le collectif d’artisans Wecandoo installé dans le viaduc des Arts. Au programme de ces ateliers de trois heures : la découverte d’une technique artisanale exceptionnelle qui permet de conserver les bienfaits des huiles contenues dans les savons. Sous l’œil des experts, les participants apprennent à peser et mixer les ingrédients entre eux pour voir s’opérer la réaction magique de la saponification, puis coulent le résultat obtenu dans un moule pour repartir avec un savon unique et personnalisé respectueux de la peau et de l’environnement.

© DR

Atelier découverte de la fabrication de savon (niveau 1), 49 € Pour s’inscrire : wecandoo.fr/atelier/savon-parisciment-atelier

Devenir… céramiste !

Photos © Yannick Roudier

ATELIER DIPNEUSTE. Si fabriquer sa propre vaisselle est en soi une immense fierté, se familiariser avec les techniques, goûter à la sensualité des éléments et de la matière est tout aussi satisfaisant. Potier par amour et par conviction, Henry Carrelet a grandi à Ibiza dans l’atelier de son père céramiste avant de s’installer à Paris pour poursuivre l’œuvre familiale dans une modeste et charmante échoppe donnant sur le canal Saint-Martin. Dans cette poterie de quartier appelée Atelier Dipneuste, Henry perfectionne quotidiennement et avec passion le savoir-faire transmis par son père en répondant à de nombreuses commandes de pièces sur mesure pour des professionnels et des particuliers. À partir de 17 h, il ouvre les portes de son univers afin de partager à son tour l’art de la céramique à des amateurs de plus en plus nombreux. Du modelage à l’estampage en passant par le tournage ou l’émaillage, l’apprentissage peut se faire sur le long cours ou lors de sessions d’initiation… Cours d’initiation tournage, 2 h, 60 € Pour s’inscrire : atelierdipneuste.com/book-online 134


© DR

Devenir… tricoteur ! KATIA SANCHEZ. Fondatrice Des Petits Hauts, Katia Sanchez se consacre depuis 2017 à sa marque de pulls éponyme. Toutes douces, colorées et responsables, ses mailles colonisent vite les dressings les plus branchés de la Capitale. Pour confectionner ses tricots joyeux et engagés désormais emblématiques, Katia Sanchez est partie en quête de la meilleure matière première : un fil italien en mohair d’Afrique du Sud certifié RMS ou issu d’élevages français, et s’est attachée le talent de Raphaëlle, tricoteuse aux doigts de fée, qui partage désormais son savoir-faire lors d’ateliers aux fashionistas éclairées. Depuis la Caserne, dans les bureaux où la marque Katia Sanchez a élu domicile, Raphaëlle orchestre des sessions tricots tout au long de l’année, profitant des premiers frimas pour intensifier le rythme de ces rendez-vous sur le fil ! Accessibles aux néophytes qui pourront s’exercer autour d’un snood ou d’un bonnet, les ateliers sont aussi ouverts aux plus experts qui appréhenderaient de se lancer seuls dans la confection d’un pull vitaminé ! Lors de l’atelier « Annette », en quatre séances, elle vous accompagne ainsi tout au long du tricotage en vous aidant à déchiffrer un patron, adapter le modèle à votre taille, et vous familiariser avec les différents procédés. Atelier en 4 séances (laine et matériel compris), 220 € Pour s’inscrire : katiasanchez.com/collections/ateliers 135


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Devenir… brodeur !

Cours de broderie Initiation, 75 € Pour s’inscrire : keurparis.fr/collections/ateliers-broderie 136

Photos © DR

KEUR PARIS. Si les bonnes fées de l’entrepreneuriat se sont certainement penchées sur son berceau, c’est de sa mamie qu’Éva tient son talent pour la broderie. Heureuse fondatrice de la marque de vêtements brodés Keur Paris depuis 2016, Éva ne se contente plus de manier l’aiguille, elle prend un plaisir certain à piquer la curiosité de ses contemporains autour de la matière en organisant des cours de broderie dans des lieux inspirants en plein cœur de Paris. Cet hiver, direction l’Hôtel des académies et des arts pour participer à un atelier de 2 h 30 afin d’apprendre les quatre points de base de la broderie et repartir avec son T-shirt en coton bio Keur personnalisé !


Devenir… peintre sur céramique ! LA PAPOTERIE. Pour varier un peu des cafés parisiens typiques, on pousse les portes de La Papoterie dans le 9e ou dans le 11e arrondissement de Paris, où l’on pourra tour à tour siroter son chocolat chaud et pratiquer la peinture sur céramique sous l’œil d’une experte. Importé par Laura de Montréal, le concept de ce café pas banal met la créativité à la portée de tous puisque les ateliers de décor sur céramique sont accessibles à partir de 5 ans. Customisation de tasse, mug ou vase : on laisse sur place l’œuvre achevée pour venir la rechercher après émaillage et cuisson quelques semaines plus tard…

© DR

À partir de 14 € Pour s’inscrire : papoterie-cafe.fr/reservation

Devenir… styliste responsable !

Photos © DR

RESAP PARIS. Fondée par Mona Boujtita et Daphné Grem, Resap Paris ambitionnait en 2020 de démocratiser l’upcycling en France et d’offrir au plus grand nombre la possibilité de se vêtir en limitant son impact sur l’environnement. Fabriquées à partir de pièces vintage collectées au sein de centres de tri français, leurs collections s’articulent autour de modèles de prêt-à-porter à forte personnalité. Désormais installées dans un atelier du 19e arrondissement, Mona et Daphné poussent le concept encore plus loin en proposant des cours pour fabriquer soi-même sa garderobe responsable, en commençant par des pièces accessibles telles que la banane ou le bob ! Ateliers upcycling, L’atelier banane, 3 h 30, 85 €/personne Pour s’inscrire : resap-paris.com/collections/ ateliers-upcycling 137


SÉLEC TI ON

Devenir… écrivain ! LES MOTS. Lancée par Alexandre Lacroix et Élise Nebout, deux spécialistes du verbe passionnés d’écriture, l’école Les Mots a ouvert ses portes en 2017 dans une échoppe réaménagée du 5e arrondissement de Paris. Depuis six ans, plus de dix mille participants se sont lancés dans l’écriture grâce aux ateliers animés par des écrivains confirmés, sur place ou en ligne. Se lancer dans une nouvelle ou un roman, adresser une lettre à un proche ou tout simplement maîtriser sa pratique de la langue française pour un objectif professionnel : il y a mille raisons d’écrire ! À l’issue de leur stage incluant en général une dizaine d’heures d’ateliers, les apprentis auteurs repartent avec une plume acérée et l’envie d’en découdre avec le papier !

Photos © DR

Atelier poésie, forfait 6 séances, 390 € Pour s’inscrire : lesmots.co/ateliers-ecriture

Devenir… tapissier !

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KLIN D’ŒIL. Spot de premier choix pour faire des cadeaux de Noël, la boutique de créateurs Klin d’œil, nichée dans le 11e arrondissement de Paris, est aussi un espace privilégié pour faire marcher ses dix doigts ailleurs que sur son clavier d’ordinateur. Si elles parcourent internet en quête de jeunes talents à revendre, Virginie et Émilie, les deux sœurs fondatrices de la boutique, n’ont en outre pas leur pareil pour organiser des ateliers créatifs. Décors sur biscuit, création de savon, paper flowers… Un programme réjouissant et des sessions conduites par des experts s’échelonnent ainsi tout au long de l’année. Dès début janvier, des stages mensuels de tufting conduits par la sémillante Agnès, créatrice textile spécialiste de la laine et fondatrice de Chaumière Oiseau, permettront à tous les Parisiens de fabriquer leur tapis personnalisé après quelques heures de travail dans la joie et la bonne humeur ! Tapis Tufting, stage sur une journée, 280 € Pour s’inscrire : klindoeil.com/ateliers 138


× “Pierre et Denise Lévy ont collectionné pendant quarante ans près de 2 000 œuvres, et leurs choix s’attachent également à des amitiés. C’est pourquoi nous sommes le musée français qui a le plus d’André Derain, car ils étaient amis” Juliette Faivre-Preda, conservatrice du patrimoine en charge du musée d’Art moderne, collections nationales Pierre et Denise Lévy, à Troyes p. 142

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Un bol d’air iodé… « instagrammable » ! HÔTEL. Dès l’entrée, où le fameux granit rose de la région s’expose en majesté, servant tour à tour de pieds de bureaux ou de pur manifeste déco, le ton est donné : la Bretagne, ses traditions et ses merveilles ont servi de boussole lors de la construction de ce tout nouveau resort baptisé Roz Marine à Perros-Guirec (Côtes-d’Armor). Dans les 72 chambres comme au sein des parties communes, l’architecte d’intérieur breton Christophe Bachmann mélange ainsi objets déco « 100% Breizh » chinés sur les marchés du coin et lignes contemporaines épurées pour les pièces de mobilier principales, créant une ambiance tout à la fois chic et confortable. Situé idéalement en front de mer, l’hôtel permet l’accès en moins de cinq minutes soit à la plage pour un bain tonique, soit au chemin des Douaniers, une balade inoubliable en bord de mer au milieu des rochers roses sculptés par les embruns et le vent, un paysage absolument spectaculaire digne des plus grands films de science-fiction ! Au retour, l’établissement propose plusieurs distractions de choix : les délices à tendance iodée des restaurants L’Haliotis et La Suite orchestrés par Jean-François Couderc, ainsi que les joies revigorantes

de la thalasso dans l’hôtel. La piscine, avec parcours marin bien pensé, se distingue des autres thalassos par sa grande baie vitrée qui donne sur la mer et l’archipel des Sept-Îles, ainsi que par une déco éminemment « instagrammable », grâce un large pan de mur reprenant une fresque colorée du peintre du groupe des nabis, Maurice Denis. On pense luxe, calme et volupté… Dans un autre espace, le spa « celtique », unique en son genre, propose tout d’abord de réchauffer la température corporelle en enchaînant les saunas de plus en plus chauds, puis un hammam, avant de la faire redescendre avec différents bains froids, puis un bain glacé. L’expérience, excellente pour la circulation sanguine, dure environ une heure et laisse le corps et l’esprit ragaillardis. Besoin d’encore plus de bien-être ? Un spa élégant propose des soins élaborés par myBlend, la marque high tech fondée par Olivier Courtin, ou Thalion, un label local expert en cosmétique marine. Respirez, la Bretagne prend soin de vous ! ES Une chambre pour une nuit pour 2 personnes en demipension, à partir de 365 € avec accès inclus à l’« espace zen » (parcours marin et parcours celtique) 140

27 m2 : c’est la taille minimum des chambres


Photos © DR

Le parcours marin face à la mer

Les bassins d’eau froide

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Troyes, une nouvelle destination « arty » dans l’Hexagone Texte Estelle Surbranche Photos Voir mentions

Après une rénovation de près de cinq ans, le Musée d’art moderne de Troyes rouvre ses portes, désignant la ville comme une adresse de choix pour les esthètes parisiens.

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© Studio OG

Hôtel-Dieu-le-Comte, où se trouve la Cité du vitrail


Le Musée d’art moderne de Troyes : une collection éclectique entre art moderne, africain ou d’Océanie

Phtos © ARTGE - Pierre Defontaine

“Ce musée affiche un charme fou, avec une scénographie originale”

Une destination arty Ville bien connue des amateurs de champagne et d’architecture ancienne avec ses maisons à colombages, Troyes se pose désormais également comme une destination week-end de choix pour les Parisiens esthètes. Car après quatre-vingt-dix minutes de train, vous voici arrivés au cœur de la ville, prêts à aller découvrir le tout nouveau Musée d’art moderne. Sis juste à côté de l’époustouflante cathédrale de cette belle cité du département de l’Aube, le lieu vient de rouvrir au public après avoir été fermé en 2018 pour travaux. Le bâtiment est déjà une œuvre en soi, car il s’agit d’un monument historique

avec une aile datant du XVIe siècle, l’autre du XVIIe, et il affiche un charme fou avec une scénographie qu’on ne voit pas tous les jours : plafond « cathédrale » avec poutres en bois apparentes et cheminées anciennes viennent dialoguer ici avec les œuvres exposées comportant un lot important de chefs-d’œuvre et de grands noms de l’art moderne.

Modigliani, Derain et art africain La collection du musée provient d’une donation de particuliers, Pierre et Denise Lévy : on suit donc l’œil du couple tout au long du parcours, 143

succombant (ou pas !) à leurs coups de cœur. « Ils ont collectionné pendant quarante ans près de 2 000 œuvres, et leurs choix s’attachent également à des amitiés. C’est pourquoi nous sommes le musée français qui a le plus de André Derain, car ils étaient amis, ou de Maurice Marinot [le Troyen verrier des fauves], décrypte Juliette Faivre-Preda, conservatrice du patrimoine en charge du musée d’Art moderne, collections nationales Pierre et Denise Lévy. Mais la collection s’ouvre également sur l’art d’Afrique et d’Océanie. »

Un parcours pour tous Les deux tiers du musée sont aujourd’hui ouverts (le bâtiment sera complètement achevé au printemps 2024), mais le parcours


© Olivier Douard

© Studio OG

© Estelle Surbranches

La Maison de Reina

Octave

Cité du vitrail

chronologique au deuxième étage avec des pièces maîtresses de la « révolution fauve » donne déjà l’esprit des lieux où l’accessibilité est le maître mot. Dans un souci d’intelligibilité, des frises temporelles rythment le chemin pour que chacun, spécialiste ou pas, puisse se situer, tandis que des îlots de jeux s’offrent aux enfants, à disposition. Coloriage, « memory » des arts africains ou puzzle (parfait pour les aider à bien regarder un tableau) : tout est pensé pour qu’ils s’approprient les œuvres présentes.

aimez cet art des vitraux, une halte à la Cité du vitrail de la ville est une visite aussi indispensable qu’originale à effectuer lors de ce week-end dédié à l’art. Vous y admirerez une exposition permanente composée de vitraux uniques, d’époque, de fonctions et de styles différents, mais aussi des parcours temporaires dédiés aux grands maîtres de cet art, comme Francis Chigot.

direction Le Petit Basson, un « bistro de jardin » où le tôlier, Yann Caputo, cuisine les légumes qu’il produit lui-même à Marcilly-le-Hayer. Pour grignoter délicieusement le soir de jolies assiettes à partager autour d’un bon verre de vin (à tendance nature), Octave, un appartement de famille reconverti en restaurant et décoré de manière charmante, est hautement recommandable.

Ville de bonne chère

Y ALLER

La faim vous tenaille après toutes ces superbes découvertes ? Vous êtes au bon endroit, Troyes regorge d’adresses pour les gourmets ! En centre-ville, on en a repéré deux qui sortent des sentiers battus – et des recettes traditionnelles avec la fameuse andouillette de Troyes. Pour une délicieuse cuisine à tendance végétale,

En train : 1 h 30 depuis Paris gare de l’Est En voiture : environ 2 h 30 depuis Paris par l’autoroute A5

L’art de la lumière Une fois sortis du musée, impossible de ne pas visiter la majestueuse cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Troyes, chef-d’œuvre de l’art gothique avec ses vitraux qui jouent magnifiquement avec le soleil. Et justement, si vous

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SE LOGER La Maison de Reina Un bed & breakfast charmant non loin de la gare (très pratique pour un weekend), de 100 € à 120 € la nuit, avec un délicieux petit-déjeuner compris.



L’ H U MEU R DU MOME NT

L’illustratrice et graphiste Laure Cozic livre son humeur du moment… Et vous, vous les sentez comment ces Jeux olympiques à Paris ? 146



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