Vivre Paris 52

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52 LE MAGAZINE DES PARISIENS —

AUTOMNE 2022 NUMÉRO 52 — VIVRE PARIS Le magazine des Parisiens — Trimestriel — Septembre / Octobre / Novembre 2022

La vérité sur le Bus Palladium

ENQUÊTE

La déferlante

Chemsex

(le sexe sous drogue)

Paris 9e

Les 10 meilleurs sauciers de Paris

Pantin

Recyclage : le design du futur avec Komut

Jade Genin

Nouvelle formule

Princesse Chocolat Paris 2e

L 16841 - 52 - F: 7,50 € - RD



ÉDI TO

Le plus extraordinaire V

ous savez ce que je trouve le plus extraordinaire dans Paris ? Malgré toutes ces années passées à arpenter cette ville, elle continue de me surprendre. Évidemment, il y a ces merveilleux nouveaux artisans comme Jade Genin, la chocolatière de choc en couverture de ce numéro, qui renouvellent le paysage, ces talents artistiques ou ces évènements qui font briller Paris dans le monde. Mais pas seulement. La Capitale regorge de tant de petites impasses, rues cachées ou échoppes singulières qu’à chaque balade un peu « en alerte », vous êtes certains de découvrir une nouveauté sur un chemin que vous pensiez connaître par cœur. A quoi est-ce dû ? Peut-être l’œil qui change, l’attention qui se porte vers d’autres types de lieux à chaque âge. En tout cas, cet amour pour la ville, j’espère que moi et toute l’équipe de Vivre Paris, arrivons à vous le transmettre à travers les personnes, les lieux ou les spectacles que nous choisissons de mettre en lumière. Bonne lecture – et bonne balade !

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Estelle Surbranche Rédactrice en chef


ABONNEMENTS Vivre Paris marjorie@editionsvivre.fr

RÉDACTION Vivre Paris 55 boulevard Pereire 75017 Paris Directeur de la publication Yann Crabé redaction@vivre.paris Editor at large Estelle Surbranche estelle@vivre.paris Direction artistique & Design graphique Grand National Studio hello@grandnationalstudio.com Secrétaire de rédaction Sandrine Bos Administration et finance Marjorie Batikian marjorie@vivreparis.fr facebook.com/ vivre-paris

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La reproduction, même partielle, des textes, photos et illustrations est interdite sans l’autorisation de CAPITALE PUBLISHING. Le contenu des textes n’engage que la responsabilité de leurs auteurs respectifs.

Photographes/Illustrateurs Laure Cozic Corinne Schanté-Angelé Lucile Casanova Estelle Surbranche Nora Hegedus Stéphane Grangier Chris Saunders Alexia Silvagni Anne Thoumieux Carmen Vazquez Contributeurs Marie Dufour Juliette Le Lorier Anne Thoumieux Thomas Thévenoud Marianne Hesse Caroline Ricard Florence Valencourt Philippe Guillaume Marie Lacire Carmen Vazquez Lucas Lahargoue

VIVRE PARIS est édité par Capitale Publishing SARL de presse au capital de 5 000 € Siège social 55 boulevard Péreire, 75017 Paris RCS 517 815 908 Gérant : Yann Crabé PUBLICITÉ Mediaobs 44, rue Notre-Dame des Victoires 75002 Paris Tél. 01 44 88 97 70 Fax 01 44 88 97 79 Pour envoyer un mail, tapez pnom@mediaobs.com Directrice générale : Corinne Rougé (93 70) Directrice déléguée : Sandrine Kirchthaler (89 22) Directeur de publicité : Arnaud Depoisier (97 52) Distribution France MLP Numéro commission paritaire 1224 K 90156 ISSN : 2106-9816 IMPRIMERIE Rotimpress. Girona, Espagne Photo de couverture Stéphane Grangier

Le papier de ce magazine est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées. pefc-france.org

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SOMMA I RE

Culture —

Rachid Ouramdane, directeur du Théâtre de Chaillot, dynamite les codes p. 17 Le rendez-vous le plus huppé de l'art contemporain à Paris p. 18 L'écrivaine Joffrine Donnadieu explore Pigalle p. 21 La pièce la plus intelligente de la rentrée p. 23 Virage, le nouveau tiers-lieu à découvrir avant l'hiver p. 27 Dans l'atelier de Le Long et ses bébêtes p. 28 La vraie histoire du Bus Palladium p. 34

© DR

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© Chris Saunders

V I V RE PA R I S AU TO MNE 2022

Vous suivez peut-être leurs comptes Instagram, sans connaitre leur visage : rencontrez vos instagrammeuses de quartier ! p. 40

Food —

Jade Genin, la fille de Jacques Genin, fait ses preuves en chocolat p. 50 Valentin Joliff : métier, agent de chef p. 56 Le top 10 des sauces de Paris p. 59

Enquête —

1 gay sur 5 le pratiquerait à Paris, et le phénomène s’étend désormais chez les hétéros: le "chemsex", le sexe sous drogue est un raz-de-marée à Paris p. 67

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Portfolio —

Le Musée Carnavalet met en avant les Parisiennes qui ont oeuvré pour l'émancipation des femmes p. 62

Green —

A la rencontre de l’artiste designer Laur Meyrieux dans son atelier du 18ème p. 87 Sucess-Story : avec Fleurs d’ici, Hortense Harang recrée grâce au numérique une filière de distribution plus responsable en matière horticole. p. 90 Sabrina et James, fondateurs d’aKagreen, proposent eux de reverdir la Capitale de l’intérieur en végétalisant les espaces de travail. p. 98


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SOMMA I RE

© Anne Claire Herault

© DR

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V I V RE PA R I S AU TO MNE 2022

Enfant —

Bruhant, la nouvelle marque de linge de lit p. 105 Village Nature Paris : la découverte du Vivant à 40 minutes du centre ! p.108 Les Monuments parisiens deviennent des terrains de jeu p. 106 Poux, acariens et autres tiques assoiffées de sang humain envahissent le Museum National d’Histoire Naturelle pour la nouvelle exposition intitulée « Mini-Monstres » ! p. 110

Bien-être —

Le Docteur Courtin donne ses conseils pour un automne en forme p. 118

Elise Khettat vient d’ouvrir Griffe, un studio de manucure branché spécialisé dans le nail art minimaliste. p. 120

Mode —

Sophie Lagreula crée des sacs personnalisables à l’envie et confectionnés à 100% dans la Capitale. p. 125 Irène Cohen, directrice artistique de Club Couleur, nous révèle les secrets de fabrication du label d'upcycling par la couleur p. 128

Déco —

Marin Montagut partage sa vision d’un Paris idéal dans toutes ses créations p.135

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Les patères en tête de chiens de Sophie Lamare p. 136 Vers le Jardin du Luxembourg, Marie et Frédéric vivent avec leurs deux enfants dans un appartement lumineux où ils mêlent mobilier chinés et leurs propres créations p. 140 L’éditeur et fabricant de mobiliers engagés Komut transforment vos déchets en trésors p. 148

Escapade — À trois de route de Paris, le Valais en Suisse ne se pratique pas que l'hiver p. 158

+

Carnet d’adresses p. 154 L’humeur du printemps de l’illustratrice Laure Cozic p. 162



Joue & Gagne


Culture ×

“À rebours d’une période où l’identité a beaucoup été définie comme un paramètre excluant, j’aimerais que Paris+ puisse devenir un évènement français incluant et accueillant.” Clément Delépine, Directeur de Paris+ p. 18

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Keith Haring Paris 1984 sur site

L’art est dans la rue

© Jose Pando Lucas, Courtesy Danysz

© Tristan Jeanne Vales, Courtesy Danysz

© Courtesy Danysz

Jef Aérosol et Shepard Fairey Place Igor Stravinsky 4e

Vhils, Scratching the surface, La Défense 2019

EXPOSITION. Après être entré dans les musées, l’art urbain s’installe… à l’Hôtel de Ville ! Reconnaissant la richesse du patrimoine de Paris dans ce style, la Mairie organise en effet l’exposition Capitale(s) qui retrace 60 ans de street art dans la Ville Lumière. « Riche de son passé, Paris incarne aussi l’histoire de l’art en marche, celle qui s’écrit sous nos yeux. L’art urbain s’est fortement développé à Paris dès les années 60. Notre capitale a joué un rôle extrêmement important dans l’émergence de ce mouvement trop souvent réduit à ses origines américaines » décrypte Magda Danysz, l’une des commissaires de l’exposition et galeriste précurseur du street art. « Depuis, Paris s’est imposée, et ce sans discontinuer, comme un terrain qui fait éclore sans cesse des talents mais aussi attire des acteurs du monde entier. Aujourd’hui parcourir la ville et ses environs permet chaque jour de découvrir de nouvelles œuvres. Disséminées aux quatre coins de la capitale, les productions des artistes urbains brillent autant par leur foisonnement que leur diversité » A travers 300 œuvres, de toutes tailles, réalisées par des stars comme Keith Haring et Banksy ou par des inconnus, cette rétrospective souligne l’importance de Paris dans le mouvement. Splendide ! ES Capitale(s) dans la salle Saint-Jean de l’Hôtel de Ville de Paris, du 15 octobre 2022 au 11 février 2023, entrée gratuite sur inscription Capitale(s), Collectif sous la direction de Magda Danysz, 240 pages, éditions Alternatives, 29,90€ 012


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Dansez !, partout

Vous avez la volonté de casser la barrière de la scène avec un public qui fait partie du show, comme dans les expositions immersives ? La crise sanitaire a fait naitre des envies nouvelles … C’est à nous de répondre à ces exigences en proposant des expériences différentes. Chaillot, ce n’est pas seulement des scènes de danse, c’est un magnifique Palais Art déco. L’expérience commence dès qu’on franchit le péristyle. Très vite, je me suis dit que ce patrimoine, j’allais l’utiliser comme un endroit de création. Il fallait qu’il soit un appui pour des œuvres d’aujourd’hui. C’est comme ça que j’ai pensé à « Chaillot expérience » c’est-à-dire des œuvres in situ, toujours autour du geste. Vous conviez aussi d’autres artistes, du cinéma ou des circassiens … J’entends la danse comme un art élargi aux arts du geste, à l’expérience du corps en général. Je m’intéresse ainsi au mouvement sous toutes ses formes, le mouvement contemplé, mais aussi le mouvement pratiqué c’est-à-dire danser soi-même. Je pense qu’il y a du chorégraphique dans toutes les disciplines : dans un certain cinéma, dans la nature qui nous entoure, dans les espaces urbains… Le chorégraphique est une manière de

© Benjamin Mengelle

Rachid Ouramdane, le nouveau directeur de Chaillot, dynamite les cloisons du Palais afin que les danseurs et le public s’emparent de l’ensemble du bâtiment : réjouissant !

Rachid Ouramdane

contempler ce qui nous entoure et de trouver une beauté dans tous ces mouvements. D’ailleurs vous invitez aussi les gens à danser ! On connait l’engouement pour la danse - 70 % des contenus TikTok sont des contenus chorégraphiés par exemple. Cette appétence à se rassembler autour de quelque chose de festif, écouter de la musique et danser, qui mieux qu’un Théâtre National de la Danse pour le faire ? C’est pour cela que nous avons souhaité faire des collaborations avec des musiciens. L’art de la musique et l’art de la danse sont très liés : nous invitons ainsi Dj Rone 016

avec (LA)HORDE , le rappeur Kery James pour un spectacle autour de ses poésies… Via ces artistes, je veux aussi élargir le public de Chaillot pour le faire connaitre à un maximum de gens possible. L’idée est de s’inscrire dans l’héritage du rassemblement de Jean Vilar, pour faire culture commune. Ce théâtre doit être celui de tous et de toutes, et pas seulement d’une frange de la population. ES

Exposition performative de (LA) HORDE WE SHOULD HAVE NEVER WALKED ON THE MOON présentée du 27 octobre au 4 novembre à Chaillot – Théâtre national de la Danse.


INTIME. Loin des clichés qui entourent sa personnalité, l’exposition Frida Kahlo au Palais Galliera, propose aux visiteurs d’entrer dans l’intimité de l’artiste, et de comprendre comment elle s’est construite une identité à travers la manière de se présenter et de se représenter via des vêtements, sa correspondance… MH Frida Kahlo, « Au-Delà Des Apparences », jusqu’au 5 mars 2023, à partir de 13€

© Toni Frissell, Vogue © Condé Nast

Frida avant Kahlo

Frida Kahlo par Toni Frissell, Vogue US 1937

Après le Cri

© The Gundersen Collection/Morten Henden Aamot

MYTHIQUE. Qui ne connait pas Le Cri d’Edvard Munch ? Cette peinture a élevé le peintre viennois au rang d’icône… mais elle a aussi rendu quasi transparente le reste de son œuvre. Le musée d’Orsay se propose de montrer l’ampleur et la complexité de la production artistique de Munch, pendant près de 60 ans de création. Via environ quarante peintures majeures et un ensemble important de dessins et d’estampes, le parcours de l’exposition se construit sur le principe du cycle, notion très symboliste, qui a joué un rôle important dans la psyché du peintre. Il réalise par exemple de nombreuses déclinaisons d’un même motif, mais aussi plusieurs versions d’un même sujet, passant sans rupture d’un médium à un autre. Le visiteur découvre ainsi l’œuvre de Munch dans sa globalité, à la fois cohérente, voire obsessionnelle, et en même temps constamment renouvelée. Une rétrospective d’une telle ampleur sur l’artiste n’avait pas été organisée en France depuis 10 ans : inratable ! ES

Edvard Munch Madonna / Madone - 1895-1896 Lithographie imprimée en noir. Coloriée à la main avec du rouge, du bleu et du jaune. The Gundersen Collection, Oslo, Norvège

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Edvard Munch, «Un poème de vie, d’amour et de mort» au Musée d’Orsay. Niveau 0, grand espace d’exposition du 20 septembre 2022 au 22 janvier 2023, à partir de 13€


© Aliki Christoforou. Courtesy Art Basel © Art Basel

© Ilyes Griyeb. Courtesy Art Basel

Le Grand Palais Éphémère

Art Basel à Basel 2022

Clément Delépine

Big-Bang dans l’Art Contemporain EVENEMENT. La foire Art Basel s’installera au Grand Palais Éphémère sur le Champde-Mars cet automne, à la place de l’historique FIAC. Que Paris ait été choisie par la prestigieuse institution, dont les éditions à Bâle, Hong-Kong et Miami sont tout autant des évènements artistiques que mondains, désigne une fois de plus la Capitale comme le nouveau centre mondial de l’art contemporain. Dans la foulée, l’une des galeries les plus importantes du monde, Hauser & Wirth (la galerie de Cindy Sherman, Calder ou Louise Bourgeois), annonce d’ailleurs son arrivée dans le 8e, au sein des anciens locaux d’Europe 1. Pour le programme de ces trois jours, le directeur de Paris+, Clément Delépine annonce la couleur : bleu, blanc et rouge ! “À rebours d’une période où l’identité a beaucoup été définie comme un paramètre excluant, j’aimerais que Paris+ puisse devenir un évènement français incluant et accueillant”, déclare-t-il. Sur les 156 galeries exposantes, 61 sont ainsi implantées en France. Par ailleurs, Paris+ présentera une programmation hors-lesmurs sur la place Vendôme, le jardin des Tuileries, le musée national Eugène Delacroix et la chapelle des Petits-Augustins de l’école des Beaux-Arts de Paris. La vie artistique parisienne est bel et bien sortie du formol ! Paris + par art Basel, du 20 au 23 octobre 2022 018



© Cyprien Gaillard. Crédit photo : Max Paul

© Cyprien Gaillard. Crédit photo : Max Paul

Les nouvelles créations de Cyprien Gaillard, prix MarcelDuchamp 2010

Les traces du temps

Le Théâtre de Don Quichotte, 2012 Huile sur toile 200 × 260 cm Collection Hervé Lancelin, Luxembourg

DOUBLE EXPOSITION. L’artiste contemporain Cyprien Gaillard a réfléchi sur les traces du temps – et ses ravages – en contraste avec les actions des humains, désireux d’ordre et de permanence. Il présente son travail en deux endroits, au même moment, le Palais de Tokyo et Lafayette Anticipations. Dans le premier chapitre au Palais de Tokyo, une sélection d’œuvres inédites rassemblée sous le nom de Humpty montre l’effondrement via les territoires délaissés par exemple. Dans le second, Dumpty, l’artiste redonne vie à une œuvre tombée dans l’oubli : un automate, une horloge unique au monde installée depuis 1979 au cœur de Paris dans le quartier de l’Horloge. Les derniers mouvements de l’automate ont eu lieu en 2003, et depuis il est resté paralysé, abandonné aux pigeons et à l’érosion. Cyprien Gaillard propose d’œuvrer à sa renaissance, prenant ainsi sa part à notre bataille permanente contre le temps – et à la rénovation de la Ville Lumière. Cyprien Gaillard, Humpty \ Dumpty, du 19 octobre 2022 au 8 janvier 2023

La folie figurée

© Bertrand Huet/Tutti

MYTHE. Avec Pierre Soulages, Gérard Garouste est l’un des peintres français contemporains les plus importants et saisissants. Surnommé l’ « intranquille », il fait l’objet d’une rétrospective géante au Centre Pompidou : 120 tableaux majeurs, souvent de très grand format, et également des installations, ou des sculptures. MH Jusqu’au 2 janvier 2023 020


Pigalle, la nuit STRING À PAILLETTES ET CRUCIFIX. Pour son second ouvrage, Joffrine Donnadieu emmène le lecteur dans les rues de Pigalle, sur les pas de Romy, 20 ans, arrivée à Paris avec le rêve d’être comédienne. Pour subsister et payer le Cours Florent, elle travaille dans un club de strip-tease à Pigalle et emménage chez Odette, une bigote de 89 ans. Omniprésent dans Chienne et Louve, Pigalle, quartier de contrastes où cohabitent les clubs de strips et les bobos, les sex shops du boulevard et quelques mètres plus haut la Basilique du Sacré-Cœur, est le troisième personnage du roman « J’ai habité Pigalle et j’y ai erré des nuits entières pendant trois ans. J’ai tout de suite été happée par les néons dans les vitrines, la lumière des réverbères. Il me semblait vivre sur un territoire aux contours flous parmi les personnages hauts en couleurs que je fréquentais alors : strip-teaseuses, vigiles, comédiens, vendeurs de sextoys » confie l’auteure. « Pigalle est un quartier de mixité sociale qui reste un monde à part la nuit malgré les années qui passent ». Une plongée dans un monde souterrain, sensuel et violent dont le lecteur ne ressort pas indemne. Chienne et louve de Joffrine Donnadieu (collection Blanche, Gallimard)

© Jean-Christophe Ballot - BnF - Oppic

© Francesca Mantovani / Éditions Gallimard

Joffrine Donnadieu

Salle de lecture MYTHIQUE. La BNF Richelieu vient de rouvrir ses portes après 10 ans de rénovation : impossible de ne pas au moins aller jeter un œil au «Paradis ovale», joyau architectural du XIXe siècle où plus de 20 000 volumes sont présentés en accès libre et gratuit !


Ce n’est qu’un au revoir SEUL EN SCÈNE. «Plutôt que de quitter mon public par sms, j’ai préféré le faire avec un spectacle ». Patrick Timsit arrêterait pour de bon ? Il en serait question. Créé avec son ami Jean-François Halin, ce texte d’adieu rit subtilement des défauts de notre société. Patrick Timsit sait écrire, réaliser, jouer... Les spectateurs le laisseront-ils vraiment partir? Rien n’est moins sûr. MD

Le poids des fantômes ADAPTATION. L’Autre Fille est d’abord un récit autobiographique d’Annie Ernaux publié en 2011. Une lettre écrite à sa grande sœur, décédée de la diphtérie à l’âge de 6 ans, deux ans avant sa propre naissance. « Elle était plus gentille que celle-là » dira un jour sa mère à une cliente. Étrange façon de découvrir l’existence de cette petite fille morte… L’auteure n’en saura jamais plus autour de cette disparition mystérieuse. Marianne Basler, comédienne et metteur en scène, co-adapte le texte pour le théâtre, dans une lecture sobre au texte volontairement dépouillé. Une table, une chaise, une porte pour parler du silence, de l’absence, de cette vie au côté d’une autre, gentille celle-là. N’adapte pas qui veut un texte aussi fort et plus encore quand il parle d’ombres. La comédienne en accord avec l’auteure, se risque à l’exercice. Et le fait excellemment. MD

Patrick Timsit tient la salle pendant 1H30 juste avec son énergie !

© Bazil Hamard

© The Gundersen Collection/Morten Henden Aamot

«Adieu... c’est sûr !» Comédie des Champs-Élysées, à partir du 13 octobre 2022

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« L’autre fille » au Théâtre des Mathurins, du 29 septembre au 30 octobre


© Pascal Gely

Cécile Brune

Juste la fin du monde LA PIÈCE LA PLUS INTELLIGENTE DE LA RENTRÉE ? Hazel et Robin, deux ingénieurs nucléaires à la retraite vivent dans une maison isolée en bord de mer. Ils mangent végan, pratiquent le yoga, cliché du couple sain et a priori épanoui… Mais un tsunami déferle, touchant la centrale nucléaire située à côté de leur domicile. Evidemment, la catastrophe est terrible, le risque d’exposition à des radiations mortelles, élevé. Et pour pimenter encore un peu plus l’intrigue, Rose, une ancienne collègue perdue de vue depuis 30 ans, refait surface un soir d’été. Elle propose alors quelque chose de totalement effrayant. La trame de la scénariste anglaise Lucy Kirkwood a de quoi captiver. On connaît son humour noir, son positionnement sur notre responsabilité écologique et le désastre que nous allons laisser à nos enfants. Interprétée par trois grands comédiens, Cécile Brune, Frédéric Pierrot et Dominique Valadié, cette création entre comédie de mœurs et satire, jamais jouée en France, promet un très bon moment de théâtre, intelligent et constructif. MD « Les enfants de Lucy Kirkwood » au Théâtre de l’Atelier, à partir du 20 septembre 2022

Dominique Valadié

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© Marcel Hartmann

© Marcel Hartmann

Frédéric Pierrot


© Patrick Berger

Danse, terre de résistance Le manifeste de José Montalvo ? La danse est une fête !

TOUR DU MONDE. Découvrir les nouvelles chorégraphies de José Montalvo donne toujours cette impression enfantine de plonger la main dans un gros paquet de bonbons et de s’en délecter avidement jusqu’à constater trop vite, toujours, la fin du sachet. Gloria, créée en 2021, ne devrait pas déroger à cette fête. Comme une continuité à son précédent spectacle Carmen(s), le second volet de ce diptyque évoque encore une femme forte, inspirante, à l’énergie dévorante. Bien sûr, nous retrouvons l’usage de la vidéo, véritable signature du chorégraphe, ici en interaction totale avec 16 interprètes. Tout est joie, allégresse, volonté de vivre malgré un chaos annoncé. Le spectateur s’imprègne de danse urbaine, traditionnelle mais aussi de flamenco, sur la musique de Vivaldi et du jazz manouche. Un vrai shot vitaminé à consommer sans modération ! MD Gloria de José Montalvo au Théâtre de la Ville, Espace Chapitaux, du 18 au 22 octobre 2022 024


A découvrir en urgence !

© Patrick Fouque

STAND-UP. Contrairement à ce que pourrait laisser penser le titre, Tania Dutel ne raconte pas « Les Autres » en se moquant d’eux. Grâce ou à cause d’eux, elle se révèle elle-même, sans fard et avec une implacable férocité à son propre égard pendant 90 minutes. Son humour, grinçant, parfois malaisant, fait irrémédiablement penser à celui de Blanche Gardin. Son attitude, faussement débonnaire, aussi. La trentenaire gratte ses plaies, d’enfance, de fille et de femme, jusqu’à les faire saigner devant un public tout à tour hilare, mal à l’aise ou ému. Les thèmes choisis par l’artiste résonnent fort avec l’actualité, du mouvement « me too » au débat sur l’inclusivité : Tania Dutel est tout autant sur scène pour nous faire rire que pour nous faire cogiter. Vous serez longtemps hanté par « Les Autres », et cette artiste incandescente ! ES Tania Dutel, « Les Autres » à la Nouvelle Eve (du 27 Octobre au 31 Décembre

De femme à femme

© Julien Benhamou

ÉVÈNEMENT. Monica Bellucci reprend les Lettres et Mémoires de Maria Callas dans une version avec orchestre créée par Tom Volf en compagnie de l’Orchestre Lamoureux sous la direction de Philippe Forget au Théâtre du Châtelet. Deux soirées, les 14 et 15 novembre, qui s’annoncent exceptionnelles ! (à partir de 21 euros) MH 025


Du Cotton Club à Beyoncé REVUE MUSICALE. The Black Legends met en scène pendant 1H30 les grands noms de la musique noire américaine grâce aux talents de 20 chanteurs, danseurs et musiciens. Tout est live dans ce voyage musical et chorégraphique en 36 tableaux. A travers la musique et des titres symboliques comme Strange Fruit de Billie Holiday ou Crazy in Love de Beyoncé, The Blacks Legends raconte ainsi toute l’histoire de l’émancipation des noirs américains, de l’horreur de la ségrégation, à la lutte pour les droits civiques, et enfin, un espoir qui se concrétise avec l’élection de Barack Obama. Ou quand les légendes de la musique racontent la grande Histoire. MH Photos © Black Legends

Black Legends le musical, un spectacle écrit et mis en scène par Valéry Rodriguez, à Bobino à partir du 29 septembre au 8 janvier 2023, de 29 € à 78 €

AvantGarde

© Jasper Cable-Alexander

CONCERT. Le Pitchfork Music Festival, le festival défricheur de talents, prend ses quartiers dans 11 salles de la Capitale, de la Gaîté lyrique à l’église Saint-Eustache en passant par le Trianon pour 8 soirées (du 14 au 21 novembre) de sons bien frais ! ES Gretel Hänlyn, en concert le 19 novembre dans la catégorie avant-garde

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Photos © DR

Entre Saint-Ouen et le 17ème LGBT FRIENDLY. Sous le périphérique de la porte Pouchet, une ancienne fourrière s’est muée en club open-air nommé Virage. Ce nouveau lieu festif est atypique aussi bien dans son emplacement que dans sa déco. Rétroviseurs réagencés, feux routiers, pneus usés et jantes décolorées : la scénographie se veut un « voyage immersif dans une réalité alternative où l’humanité aurait abandonné le transport en voiture, au profit d’autres plus écoresponsables ». Côté programmation, le Virage entend mettre en lumière les communautés queer et ses artistes. On y attend donc régulièrement les plus sulfureuses soirées parisiennes, comme la Wet For Me (l’une des plus grandes soirées queers et lesbiennes d’Europe, co-organisée par RAG du collectif Barbi(e)turix, par ailleurs programmatrice du Virage), le collectif Spectrum, la Madame Klaude ou OttoBis. La structure de Virage l’obligera à fermer les premiers frimas venus, fin octobre. Néanmoins, leur sémillante équipe nous promet d’ores et déjà quelques surprises sur place jusqu’à la fin de l’année. Les horaires et la programmation sont à suivre sur la page Instagram Virage ! ES Virage, ouvert du mercredi au dimanche inclus de 18 h à 6 h 027

Un décor à la Mad Max, où on peut danser, boire un verre et même manger une pizza chez Faggio !


Texte Thomas Thévenoud Photos DR

RÈGNE ANIMAL Connaissez-vous la rue Bourseul ? Avec ses allures de fausse impasse, coincée entre le centre financier de La Poste et le lycée technique Léonard de Vinci, cette rue sans voiture fait partie du no man’s land du 15ème. C’est là que le street artiste Le Long a posé ses bombes pour donner vie à une nouvelle fresque animalière. Reportage en haut d’un escabeau…

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Philippe le Cacaotès, 50 rue du Capitaine Marchal, Paris 20

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Lo, le poulpe de la rue du Transval, Léonard, l’éléphant de la rue de la Mare et Philippe, le cacatoès de la rue du Capitaine Marchal, il s’est dit que la rue Bourseul méritait à son tour son animalerie. « Run for your cheese », ici c’est une course d’animaux aux allures de débandade, la métaphore de la vie animale, une peinture qui ressemble à une fable de La Fontaine, l’humour du cartoon en plus. Mais, comme à chaque fois avec Le Long, c’est aussi une explosion de couleurs.

Le Long en pleine création rue Bourseul, Paris 15

Street artiste animaliste

Son inspiration lui vient peut-être d’un voyage en Tanzanie à l’âge de 10 ans

O

n dit qu’il existe environ 1 600 espèces d’animaux sauvages à Paris. Mais c’est sans compter ceux qu’on trouve peints sur les murs par Le Long. L’homme est très grand et c’est de là que vient son « blaze », souvenir d’un ami marseillais : « Avec l’accent, ça faisait Le looooong, j’aimais bien, alors je l’ai gardé... » . Dans la vie civile, l’artiste se prénomme

Mathias, il a 33 ans, mesure 196 centimètres et nous confie habiter aux Lilas. Familier du 20e, il est un peu perdu si loin de ses bases : « Je ne savais même pas que ça existait le 15e » . Son terrain de jeu d’aujourd’hui, les portes coulissantes d’un atelier du lycée, lui a été offert par l’un des directeurs du lycée technique Léonard de Vinci, qui habite Belleville. Après avoir aimé 030

Le Long est l’auteur d’un bestiaire d’une trentaine d’œuvres dans Paris. Il peint aussi bien les gros que les petits animaux, les sauvages que les domestiqués. Gigantesque, la baleine de l’école Jourdain dans le 20e fait 20 mètres par 5. Elle a suscité des vocations. Depuis qu’il l’a peinte, les enfants veulent être « footballeur comme Kylian M’Bappé ou artiste comme Monsieur Le Long ». Le mur à chats, rue Simon Bolivar, a rencontré lui aussi un grand succès, en vrai et sur Instagram comme il se doit... Son inspiration lui vient peutêtre d’ un voyage en Tanzanie à l’âge de 10 ans. Ce périple l’a laissé fasciné


Photos © Cookheure

La fresque «Run for your cheese» de la rue Bourseul une fois terminée

Samantha y Carlos, les Toucans, dans la cour intérieure du General Hotel rue Rampon, Paris 11

Leonard, l’éléphant rue de la Mare

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Tino Rossi, le Rouge-Gorge de la rue de la Villette, Paris 19

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“J’ai toujours la même technique. D’abord, je bombe une première couche de couleurs que j’appellerais moyennes et ensuite je repasse dessus avec des couleurs plus vives, plus franches.” par les fauves mais il aime aussi les poissons, les scorpions et surtout, en bon Titi parisien d’adoption, les « piafs ». Pour Le Long « la nature est belle, humble et sage ». Les rares humains à avoir mérité son attention s’appellent Charlot, Django et Molière. Des drôles de zèbres eux aussi…

Une ode à la biodiversité Même s’il ne revendique aucun message politique et affirme que son seul objectif est « de faire quelque chose de beau et de remettre de la couleur sur les murs gris », difficile de ne pas voir derrière ces peintures un éloge du vivant et de la biodiversité à protéger. D’ailleurs, comme les espèces menacées, ses peintures disparaissent. Avec le temps, elles s’effacent : œuvres éphémères qu’on découvre devant chez soi un matin et qui sont recouvertes parfois le soir même. Un tiers n’existe déjà plus : « Ça fait partie du jeu. C’est ça aussi le street art : un combat de territoires entre artistes. »

Du dessin animé au graff Bermuda et baskets constellés de taches de peinture, masque sur le visage pour se protéger des émanations, Le Long monte avec précaution tout en haut de son escabeau, une tablette à la main, une bombe dans l’autre. A trois mètres du sol, il s’agit de rester concentré et de ne pas tomber. Sur

l’écran, s’affiche le modèle réalisé par ordinateur. Il le reproduit à main levée et c’est un film qui semble s’animer sous nos yeux. Le Long nous confie alors qu’il a fait des études d’animation avant de travailler pendant 10 ans dans la publicité comme directeur artistique. Aujourd’hui il vit de son art. Côté goût, les années ne l’ont pas changé. Il aime la couleur, les courts métrages et les animaux des dessins animés de son enfance. Il aime la vitesse aussi. « Quand on bombe, il faut aller vite. D’abord parce que, le plus souvent, on le fait dans la rue, sans autorisation. Donc on risque d’être embarqué » . Ça lui est arrivé deux fois de finir au poste, matériel saisi. Le plus souvent, il s’en tire mieux, le street art a de plus en plus la cote à Paris.

40 couleurs Pour réaliser cette fresque de 20 mètres par 3, il mettra cinq jours et utilisera 40 couleurs différentes. « J’ai toujours la même technique. D’abord, je bombe une première couche de couleurs que j’appellerais moyennes et ensuite je repasse dessus avec des couleurs plus vives, plus franches. ». Sur les portes coulissantes, la course des animaux prend forme. Un ours, un canard, un renard, un dindon. Ils se détachent les uns des autres peu à peu. Il y a un côté puzzle dans sa façon de travailler. Le Long semble combler les vides de la peinture, chercher sur 033

sa tablette et dans son sac de bombes la bonne pièce pour assembler les morceaux de son œuvre et raconter son histoire. Dans son sac de sport des dizaines de sprays, de toutes les couleurs, avec des noms de cocktails : Pink Pamplemouss, Esther Yellow… En deux coups de bombe, un museau apparaît et le renard violet revient dans la course. Sur les ailes d’une cigogne jaune, une souris porte fièrement l’étendard de son espèce. Une autre fait la course en tête, à califourchon sur une mini-fusée. Un lièvre tente de la rattraper. Il ne manque que la tortue. Le Long reprend son souffle et ôte son masque. Un moineau se pose sur l’escabeau métallique et penche la tête. Il semble observer la compétition. Et si c’était le piaf qui gagnait la course ? La gardienne aime bien Le Long, de sa fenêtre elle peut surveiller l’avancée de la fresque. « C’est les gens de La Poste qui vont être contents. Ceux qui travaillent juste en face… » . Le street art s’impose en douceur à tous les Parisiens. Pour connaitre le gagnant de cette course d’un autre genre, rendez-vous rue Bourseul : la fresque est visible depuis la rue… et désormais cette artère mérite le détour !

facebook.com/lelong.artiste instagram.com/lelong_art


› Videur du Bus Palladium, le 26 février 1968.

Texte Estelle Surbranche

Les folles nuits du Bus Palladium Photos Roger-Viollet.fr

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Photo 1387109 © Palat, Robert / Fonds France-Soir / BHVP / Roger-Viollet


Photo 84846-22 © Jacques Cuinières / Roger-Viollet

Au début de l’année 2022, la direction du Bus Palladium annonçait la destruction de l’immeuble abritant la mythique boîte de nuit afin de construire un hôtel. La nouvelle provoque un tollé chez les noctambules : bien plus qu’une discothèque, le « Bus » à Pigalle était un véritable temple de la musique rock parisienne depuis son ouverture en 1965. Jean-Charles Dupuy y a officié comme DJ de 1979 à 1997 : il raconte ses nuits de folie dans un livre trépidant intitulé La Nuit va nous perdre où il est notamment question de filles sublimes, de Prince et de perdition dans Pigalle. Interview.

James Arch, le fondateur du «Bus Palladium», avec son épouse

“Il me disait toujours qu’il finirait dans les faits divers... et effectivement il s’est pris une balle ! ” ➀

Quand êtes-vous devenu DJ au Bus Palladium ? J’ai d’abord été client à 17 ans, puis j’ai fait des remplacements et je suis devenu le DJ résident en 1979. D’ailleurs on ne disait pas DJ à l’époque mais disquaire. J’étais le « disquaire » du Bus Palladium. Je travaillais 6 jours sur 7, de 11 heures jusqu’à 5 heures du mat’… Aujourd’hui, les DJs font des « sets » comme ils disent de 3 petites heures ! 036

(Rires). C’était ma passion. Je ne voyais pas le temps passer… Le Bus Palladium était un endroit vraiment très particulier car la soirée se déroulait en 3 temps. De 11 heures jusqu’à 1 heure du matin, les gens ne venaient pas danser : ils venaient écouter de la musique et découvrir des nouveautés. A 1 heure, je changeais de style et là le public dansait… puis en fin de soirée, il y avait les adeptes de Led Zeppelin, des Stones. Ce système n’a jamais existé ailleurs. Du coup plusieurs faunes se mélangeaient tout au long d’une nuit. Je testais beaucoup de titres pour les maisons de disques : les directeurs artistiques voyaient en live l’effet des disques. Il y a eu plusieurs époques du « Bus » ? Oui, ça a commencé en 1965 avec James Arch et ses fameux bus qui emmenaient les gens au Bus. Il y a une deuxième époque avec le passage éclair de Sam Bernett en 1973… Puis ma période avec Katie et Josy, les deux grâces qui ont insufflé une âme au club. Avec nous au début, il y a eu aussi Gérard à la porte mais ça n’a pas duré. Il me disait toujours qu’il finirait dans les faits divers… et effectivement, il s’est pris une balle ! A priori, il était lié à des bars à


Photo 145896-13 © Jacques Cuinières / Roger-Viollet

Soirée parisienne au «Bus Palladium»

Le Bus Palladium, c’était avant tout une équipe ! Oui… avec Katie et Josy, les gens se sentaient à la maison. Elles étaient à la fois très protectrices et très déconnantes… Josy est vraiment l’une de mes amies les plus chères. Elle a eu une carrière incroyable : elle a commencé à travailler comme caissière au Katmandou, une boîte de

nuit lesbienne du début des années 70, pour ensuite bosser dans les plus belles boîtes de nuits parisiennes. Elle a aussi géré un club à New York, qui s’est révélé appartenir au parrain des parrains, John Gotti ! Très vite, le Bus Palladium devient une boîte à la mode… L’endroit était beaucoup moins « cul serré » que l’Élysée Matignon, le Palace ou les Bains Douches. Il y avait une faune totalement bigarrée… Toutes les grandes stars de l’époque venaient : Patrick Dewaere, David Bowie, Gainsbourg… Prince adorait 037

Collection personnelle

prostituées… Après il a été remplacé par Bruno, une véritable légende. Ce dernier a beaucoup marqué les gens car il était vraiment très sympa, même s’il en imposait beaucoup !

Jean-Charles Dupuy derrière ses platines au Bus Palladium


13339-15@ Roger-Viollet / Roger-Viollet

Un autre nightclub de Pigalle, les Folies Pigalle en avril 1973

“Quand on entrait dans Pigalle, on savait qu’on allait vivre quelque chose de spécial.”

l’endroit. Un soir, il vient au Bus dans ma cabine et me présente son nouvel album Emancipation. Il est avec moi dans la cabine et en direct, on teste un morceau de l’album… Les gens sont devenus dingues ! La folle ambiance du Bus, c’était aussi lié au quartier de Pigalle ? Ce quartier est plein de fantasmes… Quand on entrait dans Pigalle, on savait qu’on allait vivre quelque chose de spécial. Il y avait tous ces lieux de nuits, les bars à hôtesses évidemment mais aussi des clubs géniaux comme La Poste qui a ouvert à la fin des 80’s ou la Nouvelle Eve. Il y avait aussi tous les magazines de 038

rock, les magasins d’instruments de musique qui étaient là… Toute une faune naviguait dans ces rues. Et puis à l’époque, Pigalle était vraiment le quartier des voyous ! Juste avant que je devienne DJ résident en 1979, le Bus avait dû fermer après qu’un meurtre y ait eu lieu. Au-dessus de la boîte, il y avait un restaurant corse dans lequel s’est déroulée une rixe. Un type qui s’appelait Ange est venu se cacher dans le Bus Palladium au moment de la fermeture mais hélas, ils l’ont retrouvé et il a pris deux balles. On a aussi retrouvé deux squelettes dans les fondations de l’immeuble en faisant des travaux dans le club.


Vous avez aussi lancé des concepts inédits comme les soirées Ladies Nights, des soirées où les filles ne payent pas l’entrée… Oui ça devait être en 81… C’est Josy qui avait découvert le concept à New York. On ne trouvait pas le nom de la soirée. Un soir, Josy parle du concept à Patrick Juvet de passage à la boîte. Il a commencé à fredonner l’un de ses tubes du moment, Lady Night. Josy a adoré : le nom était trouvé ! Nous avons aussi fait les premières soirées new wave : j’avais découvert tous ces groupes anglais, Madness, The Cure, The Smiths… et j’adorais ! Vous avez aussi lancé les Bus d’Acier, un prix pour récompenser les meilleurs groupes de rock ? C’était la première fois qu’une boîte de nuit inventait un prix et je crois que ça n’a jamais plus existé. C’est François et Sylvie Jouffat qui en ont eu l’idée. C’était le grand prix du rock Français. Bashung, Etienne Daho, les Rita, Noir Désir, Indochine, la FFF… : des artistes incroyables l’ont reçu et ont joué du coup au Bus. Ça s’est arrêté en 1997. La fermeture du Bus, c’est aussi un peu le rock qui se meurt à Paris ? Pas du tout ! Rien n’a tué le Bus Palladium ou le rock ! Tout ce qui est sorti dans la presse qui assurait que le nouveau « Bus » serait sans âme, est faux. Je connais très bien

Photo RV-7635-12 @ Noa/ Roger-Viollet

D’ailleurs, le Bus a subi énormément de fermetures … De mon poste, je ne voyais pas grandchose, mais c’est clair qu’il y avait des montagnes de cash qui circulaient dans le club… alors forcément le fisc s’est intéressé à nous. Et puis il y a eu aussi beaucoup de bagarres… J’ai vu de très, très grosses bastons : à ce moment-là, moi j’allumais les néons. La boîte se retrouvait alors dans un espèce de carnage de bouteilles qui volaient, tout le monde se planquait…

le propriétaire : sa mère était déjà propriétaire de l’immeuble au moment où le club s’appelait l’Ange Rouge dans les années 50. C’était un aficionado du Bus Palladium : il est de ma génération et c’est un fan absolu de rock. L’idée de ces travaux, c’est de faire un hôtel rock’n’roll avec des chambres et une déco rock’n’roll. Il y aura toujours une salle de concert et un club… Et en plus, une salle de restaurant. Du coup, ça sera plus dans l’air du temps ! Et le rock n’est jamais mort ! La musique en discothèque a changé : elle est devenue minimaliste avec des synthés et des loops… Chacun peut faire un album à la maison, et à mon sens, c’est moins intéressant. Je préfère les vrais instruments… Et je ne suis pas le seul : beaucoup de gens continuent d’écouter du rock ! 039

Eddy Mitchell et son groupe, Les Chaussettes Noires, au Bus Palladium en 1963 ou 1965

La nuit va nous perdre de Jean-Charles Dupuy, éditions Sonatine


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© Eric Esquivel


Elles font vivre leur arrondissement sur Instagram Ces 4 jeunes femmes poursuivent toutes le même objectif : simplifier la vie des habitants de leur quartier en leur livrant les meilleurs plans restaurants ou nouveaux commerces. Vivre Paris vous fait les présentations. Texte Caroline Ricard Photos Voir mentions

À

Paris, il existe des centaines de commerces et de concepts. Pour connaitre les meilleurs, vous avez évidemment Vivre Paris, le magazine, le site et l’instagram. Mais pour avoir les meilleurs plans juste à côté de chez vous, un coffee shop sympa dans lequel vous poser pour travailler, une épicerie solidaire ou un lieu pour occuper vos kids... vous pouvez aussi regarder les comptes instagram dédiés à un arrondissement ou un quartier. Vivre Paris a voulu découvrir les personnalités qui se cachent derrière ces comptes qui connaissent leur arrondissement comme leur poche.

L’envie de découvrir et partager Les Pépites du 19e, Mon Petit 20e, Le blog du 15e, Les Batignolles… Que peuvent bien avoir en commun tous ces comptes Instagram, si ce n’est l’amour et la passion de leur arrondissement ? À leur tête, on retrouve des femmes. Toutes mamans et travailleuses indépendantes. Virginie (Les Batignolles) est community manager, Raphaële (Les Pépites du 19e) est consultante en communication, Pauline (Mon Petit 20e ) est journaliste. Quant à Stéphanie (Le blog du 15e), elle est conseillère en immobilier. 0 41

‹ Stéphanie, Le blog du 15e instagram.com/ leblogdu15e


Virginie Kagedan Blanchard, Les Batignolles instagram.com/ lesbatignolles

Virginie a toujours habité dans les Batignolles. Sa famille y vit même depuis plusieurs générations ! Raphaële et Pauline évoluent quant à elles dans leur arrondissement depuis quasi 10 ans. Elles ont eu le temps d’y multiplier les expériences professionnelles et de fonder une famille. Mais on a beau aimer son quartier, on ne lui dédie pas un compte Instagram pour autant. Poster régulièrement, répondre aux messages et aux commentaires, trouver les bonnes informations, ça demande du temps et de l’énergie. Chez Monique & Myrtille rue

Orfila, Pauline se confie sur ses motivations, notamment liées à sa maternité. « Quand on devient maman, la vie change du tout au tout, et la notion de distance aussi. C’est plus pratique de passer beaucoup plus de temps dans son quartier, en mode slow life ! Le problème c’est que je ne connaissais pas hyper bien mon quartier. Le 20e compte plus d’habitants qu’une ville comme Reims ou Saint-Étienne, c’est fou ! J’avais tout simplement envie de dénicher de bonnes adresses, puis de les partager à travers mon compte Instagram ».

A la rencontre de ses voisins Pour Stéphanie c’est différent. Si elle quitte le 9e arrondissement et s’installe dans le 15e à la suite de la naissance de son fils, ce sont des raisons professionnelles qui l’amènent à lancer son compte Instagram. « Avec le Covid, j’ai perdu mon emploi dans l’événementiel et je me suis reconvertie dans l’immobilier. Nouvelle dans le quartier, je me suis demandée comment je pouvais réussir à découvrir mon secteur et ses commerçants, le tout de manière ludique et sympa. Peu de temps après, j’ai lancé mon blog et mon compte Instagram ! ».

Une question de choix

© Lina Raziq

Toutes proposent des thématiques variées autour de leur vie de quartier, mais chacune assume des préférences ! Raphaële a une appétence pour la culture alors elle relaie naturellement les expos, les sorties et l’histoire des bâtiments du 19e. Stéphanie se focalise plutôt sur les différents commerçants, même si elle est catégorique : elle ne veut pas se transformer en catalogue ! Ancienne journaliste société, Pauline n’hésite pas à mettre en avant la vie politique du 20e 0 42


Le point commun de ces comptes ? Vouloir aider les commerces de leur quartier en prônant le local et les achats responsables arrondissement, notamment grâce à des interviews et une présence accrue lors des élections municipales et législatives. C’est tout le contraire de Virginie, qui préfère mettre en lumière les restaurants et le côté historique des Batignolles. Et même si elle a créé l’association 17 et nous et fait partie du conseil de quartier, elle avoue être totalement apolitique… et compte bien le rester !

Alimenter une page dédiée à un arrondissement, ça demande du temps. Beaucoup de temps. Le tout de manière bénévole ! « Je suis constamment en veille ! Je regarde les comptes Instagram et l’hashtag #paris19, les affiches dans la rue, le site de la mairie ou encore la page Facebook dédiée au 19e arrondissement » explique Raphaële qui s’est donné comme challenge de livrer des infos sur ce que l’on peut faire dans le quartier durant le week-end. « Ce qui est top maintenant c’est que les commerçants aussi me renseignent… Et ils me donnent même quelques potins ! ». Et pour être la première sur l’info, rien de mieux que d’aller directement à la source ! Stéphanie a trouvé la méthode imparable : « Dès que je vois un commerce en chantier, je vais voir les ouvriers et je leur demande de quoi il s’agit ! » .

© Gaëlle Guse

Une veille et un travail au quotidien

Le confinement Pour toutes, le confinement a joué un rôle d’accélérateur. « Pendant le confinement je parlais essentiellement de la vie de quartier et des initiatives des commerçants. Et clairement, ça a boosté les statistiques de mon compte, j’ai eu beaucoup de nouveaux abonnés ! » révèle Pauline. Idem pour Virginie qui a souhaité apporter son aide à sa manière. « J’ai voulu faire quelque chose pour les commerces du quartier. Chaque jour, j’organisais un live avec un commerçant différent, je relayais les initiatives des Batignolles et j’ai rédigé un article sur les lieux 043

Pauline Pellissier, Mon Petit 20e instagram.com/monpetit20e


© DR

Raphaële Bortolin, Les Pétites du 19e instagram.com/ lespepitesdu19e

“ J’ai organisé aussi un calendrier de l’avent : c’est un bon moyen de partir à la rencontre de nos commerçants ”

qui restaient ouverts. » . Raphaële aussi a tenu informés les habitants du quartier. « Pendant cette période je faisais un post par jour, surtout sur les restaurants et les commerces ouverts, ceux qui avaient trouvé des solutions comme la vente à emporter par exemple. C’est super important de soutenir les commerces locaux ! ».

Consommer local Car s’il y a bien un autre point qui rassemble tous ces comptes Instagram, c’est le fait de vouloir aider les commerces de leur 044

quartier en prônant le local et les achats responsables. Raphaële souligne qu’elle souhaite donner de la visibilité tout autant à l’arrondissement qu’aux commerçants. « J’aimerai contribuer à changer l’image du 19e et prouver qu’on peut consommer de manière plus responsable et locale ! C’est aussi pour ça que j’ai organisé le calendrier de l’Avent ou la chasse aux œufs dans le quartier ! C’est un bon moyen de partir à la rencontre de nos commerçants passionnés. ». Selon Stéphanie, les commerçants aussi sont en demande ! « J’ai créé le compte en décembre 2021 et c’est simple : rien n’existait autour du 15e arrondissement. Les commerçants du quartier étaient vraiment dans l’attente et me remercient ! C’est le plus grand arrondissement de Paris, et les habitants ont pu y découvrir plein de nouvelles boutiques. ». Avec toutes ces nouvelles connaissances, la vie de quartier de Raphaële, Stéphanie, Pauline et Virginie a littéralement changé : elles ont noué des relations privilégiées avec les commerçants et certains habitants. Mine de rien, elles sont un peu devenues les stars de leur arrondissement !


Food ×

“J’ai travaillé avec des entreprises qui pouvaient tracer leurs produits, comme les fèves de cacao, de la plantation jusqu’à la transformation : ça évite pas mal de sujets comme la mauvaise rémunération des agriculteurs.” Jade Genin page 52

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© Virginie Garnier

© Laurent Dupont

© Alban Couturier

© Groupe Eclore

© Benoit Linero

© Pierre Lucet Penato

➀ Irwin Durand ➁ Maxime Bouttier ➂ Omar Dhiab ➃ Pauline Séné ➄ Romain Meder ➅ Sylvain Courivaud

Les tables de la rentrée CHEFS DE FILE. Septembre, c’est la rentrée des classes, mais c’est aussi celle des tables parisiennes et Vivre Paris attend avec impatience l’arrivée de certains chefs... À commencer par Paul Pairet : pour son grand retour dans la capitale, le jury de Top Chef a choisi de prendre les rênes de « La Brasserie d’Aumont », au sein du Crillon. Quant à Pauline Séné, après nous avoir charmés chez Fripon, elle s’empare de la table de l’hôtel Royal Madeleine, Arboré. Un chef qui allume la flamme à Paris en ce moment ? L’ancien protégé de Bruno Verjus (Table) : Ryuya Ono, chez Magma. À suivre de près. Pour attiser le feu, on ira aussi chez Braise, où Sylvain Courivaud mettra à l’honneur cet élément. Nouveaux prétendants aux étoiles : Maxime Bouttier chez Géosmine - son tout premier restaurant - et Omar Dhiab (Loiseau Rive Gauche), qui s'émancipe avec une adresse éponyme à deux pas de la Place des Victoires. Dans le genre « à deux c'est mieux » Momen met deux chefs au piano, Romain Moreau et Louis Amen (ex Laurent) dans le 8ème arrondissement. Enfin, le chef Irwin Durand (Le Chiberta) compte bien réveiller une institution - Le Petit Rétro - sur des airs de bistrot. A vos réservations ! FV 046


Le hot-dog en grâce !

© Gabriel Gauffre

STREET FOOD. Exception faite du petit kiosque de la rue du Roi de Sicile qui résiste depuis des décennies, le célèbre sandwich new-yorkais n’a jamais eu pignon sur rue à Paris... Mais l’heure de la revanche a sonné, grâce à trois entrepreneurs ultra branchés qui se lancent tous dans l’aventure. Premier sur le marché au printemps avec l’ouverture de Oh My Dog ! en face des Folies Bergère, Alfred Bernardin (Renoma Café) s’apprête déjà à doubler la mise rue Saint Denis. Chez lui, tous les ingrédients sont ultra sourcés et les sauces et condiments faits maison. « The Social Food », - associés à Lorenza Lenzi lancent quant à eux Poly, et oui, on pourra accompagner son hot-dog de leur célèbre sauce Matshi ! Moïse Sfez, enfin, qui propose un « Doggy » chez Janet by Homer, vend à présent les ingrédients pour le refaire à la maison, dans sa toute nouvelle épicerie attenante. FV

CONCEPT. Nhome, première adresse du tout jeune chef Matan Zaken, va très certainement faire parler d’elle. Le pari de cet ancien de chez Marchand à Londres et de Le Squer au Cinq (la table étoilée du Georges V) est en effet plutôt osé : proposer un menu gastronomique à l’aveugle en 7 services - qui changera tous les jours et qui sera servi par le chef luimême, à 20 convives réunis autour d’une table unique. La nouvelle adresse du côté de Palais Royal à tester les yeux fermés ! FV

© DR

Home Sweet Home


La douceur du moment SUCRÉ. En pâtisserie comme ailleurs, il y a des modes et les petites douceurs des goûters parisiens n’échappent pas à la règle. Après les madeleines (de Proust) et la babka héritée de la tradition ashkénaze, c’est aujourd’hui au tour du maritozzo de faire courir les becs sucrés aux quatre coins de la Capitale. Il faut dire que cette petite brioche italienne fourrée d’une crème fouettée légère, souvent agrémentée d’éclats d’agrumes confits, a de sérieux arguments gourmands. Seule pâtisserie autorisée pendant le Carême (avec une recette moins riche, certes), le maritozzo est aussi réputé pour porter bonheur aux futurs mariés... D’où son nom, qui voudrait dire « petit mari » en italien. A déguster sans modération, en amoureux ou pas chez Cova Paris, Eataly, Milligramme ou Mamiche par exemple ! FV

© DR

Le Maritozzo, une délicieuse brioche italienne dont la recette remonterait à la Rome antique !

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Le point pizza

© Emilie Franzo

ADRESSE. Certes, le champion du monde de pizza Giuseppe « Peppe » Cutraro, attire tous les regards du côté de la rue des martyrs, avec l’ouverture de sa première adresse parisienne, Peppe; mais les amateurs ne louperont pas non plus le Suzana, au 8ème étage du Printemps Homme. Sur ce nouveau comptoir du Printemps du Goût, on propose « in pala » (à la part) une pizza artisanale avec une pâte à mi-chemin entre la pâte fine classique et une pâte épaisse comme à New York ! De quoi réconcilier deux chapelles ? MH

ALCOOL. A Paris, on pouvait apprendre à réaliser sa bière, il est désormais possible d’imaginer son propre gin ! Il faut dire que, contrairement à d’autres spiritueux, le procédé de fabrication est assez accessible et ne nécessite pas de matières premières exotiques. Pour cela, direction la Distillerie Baccae sur le port de l’Arsenal. Julien Roques, le créateur du lieu, prêche la bonne parole aux passionnés comme aux amateurs en les initiant aux subtilités du gin lors d’un atelier hebdomadaire de 2h30 où on finit par fabriquer son gin sur mesure à partir d'une trentaine de botaniques. Une belle expérience à s’offrir ou à se faire offrir ! FV Tarif : 60€ par personne. Renseignements et réservations : baccae.fr

© DR

Gin sur mesure

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Texte Estelle Surbranche Photos Stéphane Grangier

Jade Genin Princesse chocolat Et si, après les pâtissiers, venait au tour des chocolatiers de briller ? Jade Genin, la fille de Jacques Genin, l’un des meilleurs fondeurs au monde, a hérité du talent fou et du charisme de son père, avec en plus un « je-ne-sais-quoi » de charme parisien qui lui confère l’aura d’une future star de la gastronomie !

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epuis l’installation de Cédric Grolet, l’avenue de l’Opéra est devenue une destination incontournable pour les becs sucrés du monde entier. Ils seront donc ravis d’apprendre que Jade Genin y ouvre une première adresse à son nom, fin octobre, juste à côté de celle du pâtissier du Meurice. « Le local fait 135m² : 40 m² de magasin et le reste, ça sera l’atelier de fabrication, visible depuis la boutique : les gens pourront ainsi regarder l’intégralité de la fabrication de leurs chocolats » se réjouit la jeune femme.

Le poids de l’héritage

“Elle invente un futur hit des boutiques Genin : le praliné au jasmin.”

© DR

Quand on porte un nom aussi connu que Genin dans le cacao, on se doit d’être à la hauteur de la réputation paternelle. « Le travail artisanal, l’utilisation de produits frais et l’excellence sont des valeurs ancrées en moi par

mon père : je ne pourrais pas faire autrement » confie Jade. Mais il ne faut pas se laisser écraser par le talent de Jacques Genin, trouver sa propre voie. « C’est un peu difficile parce que si je veux essayer des choses différentes, papa a parfois l’impression que je remets en cause sa technique… Par exemple quand j’essayais les ganaches végétales, il m’a demandé 3 fois si j’avais testé avec de la crème ! (rires) Mais il est toujours d’excellent conseil et bienveillant…»

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Une première vie Au départ, Jade ne voulait pas de ce lourd héritage et avait même entrepris une autre carrière, avocate en fusion-acquisition. « J’étais heureuse, je gagnais très bien ma vie mais faire du chocolat me manquait terriblement. Quand papa a commencé à parler de revendre au moment de sa retraite, j’ai eu le déclic. Je me suis rendue compte que si je ne rentrais pas dans l’histoire, ça partirait chez quelqu’un d’autre… et je ne pouvais pas le supporter ! J’ai démissionné pour travailler à ses côtés » se remémore-t-elle, « et quand je regarde en arrière, ce qui ne m’arrive pas souvent, je me dis que c’était la meilleure décision de ma vie ! ».

Trouver son style Pourtant le travail de chocolatier est physiquement dur : pour que le chocolat soit parfait et ne blanchisse pas, il faut une température constante de 15°. Les artisans travaillent en doudoune dans leur labo, souvent penchés toute la journée, dans la même position. Mais ces difficultés ne font pas peur à l’apprentie ! Armée des milliers d’heures passées à observer la technique de son père dans son labo, les mercredis après-midi en rentrant de l’école, elle se lance et invente notamment un futur hit des boutiques Jacques Genin, le praliné au jasmin. Dans son propre établissement, Jade compte affirmer son style « Il n’y aura aucun chocolat en commun avec mon père. Par exemple, nous faisons une ganache nature tous les deux, mais la texture ne sera pas la même car la mienne sera 100% végétale, comme l’ensemble de mes propositions. Je veux gagner en légèreté, obtenir un goût plus pur… et une ouverture intéressante sur des




variations de texture. A part dans le chocolat au lait, j’utilise très peu de produits d’origine animale … ». Elle sourit malicieusement « car oui je propose les deux chocolats : je crois fermement qu’il ne faut pas discriminer le chocolat au lait par rapport au chocolat noir. Les deux peuvent être tout aussi nobles si on les travaille correctement. »

Un Chocolat qui fait du bien (aux autres, aussi !) Avec la recherche d’un goût singulier, l’autre obsession de Jade est de proposer un chocolat éthique. « J’ai travaillé avec des entreprises qui pouvaient tracer leurs produits, comme les fèves de cacao, de la plantation jusqu’à la transformation :

Merci au 7ème Ciel, le nouveau restaurant au 7ème étage du Printemps pour leur accueil sur leur magnifique rooftop.

Moderne dans sa pratique, la jeune femme répond aux obsessions santé de son temps dans ses créations « Je travaille beaucoup avec les pralinés. Mais au contraire de la plupart des chocolatiers, je les fais moi-même. Je veux pouvoir ajuster autant les quantités que la qualité de sucre dans leur fabrication. Pour les véganes et/ ou les intolérants aux laitages ou aux fruits secs, je prépare des chocolats assez nouveaux sans fruits secs (et pas uniquement des ganaches) pour que tout le monde trouve son bonheur. Enfin, le format de mes chocolats est volontairement plus petit que chez les autres. Pour les gens qui ont une approche plus mesurée de la gourmandise, ça donne la possibilité d’avoir un plaisir sucré, quand on veut. » La personnalité de Jade se manifeste également dans les saveurs qu’elle propose « J’ai toujours aimé voyager en Asie donc j’ai beaucoup d’inspiration asiatique. Et même sans les voyages, on a la possibilité de découvrir une multitude de choses venues d’ailleurs en se baladant dans Paris… Chacune de mes créations est empreinte du multiculturalisme qui caractérise Paris aujourd’hui ». L’architecture de la Capitale est également source d’inspiration: les chocolats Jade Genin sont en forme de pyramide, reprenant la pointe de l’obélisque de la Concorde.

© DR

Une chocolatière contemporaine

“Chacune de mes créations est empreinte du multiculturalisme qui caractérise Paris aujourd’hui.” ça évite pas mal de sujets comme la mauvaise rémunération des agriculteurs. Ensuite, je pratique une cuisine sans déchet : avec le chocolat, on a une matière facile à travailler donc c’est hyper facile. Les clients pourront aussi ramener leurs boites pour un « refill ». Et enfin, je veux pratiquer un management plus ouvert, plus féminin, plus bienveillant. 0 55

Il y a très peu de pros formés en management dans les cuisines. Du coup peu de gens connaissent les bénéfices d’un encadrement bienveillant. On marche trop aux coups de feu… Je veux désamorcer les états de stress car c’est un inhibiteur de talent. » affirme-t-elle. Défricher des nouveaux horizons est décidément dans l’ADN des Genin !


L’agent des chefs Afin d’aider les stars de la gastronomie à gérer leurs carrières sur le long terme, Valentin Joliff a monté la première agence d’agents de chefs, Food&Talent en 2020. A 33 ans, il représente ainsi une trentaine de personnalités : de Julien Sebbag au pâtissier Jeffrey Cagnes en passant par la pétillante Justine Piluso. Vous étiez déjà passionné de gastronomie petit ? Pas vraiment ! J’ai grandi à Paris avec une mère célibataire et elle n’avait pas trop le temps de nous faire la cuisine. Par contre, j’ai toujours eu des potes chefs ou des copains qui avaient des restaurants. C’était un milieu que je connaissais… Que faisiez-vous avant de monter l’agence Food&Talent ? J’ai travaillé pour le festival We Love Green, puis j’ai monté une boite pour produire des évènements autour de la musique. J’exploitais des lieux qui n’étaient pas dédiés à la fête au départ : j’ai été le premier à louer l’aéroport du Bourget pour faire une fête dedans, j’ai loué aussi la cité du cinéma de Luc Besson et fait des soirées dans des Warehouses qui s’appelait Die Nacht… Puis j’ai travaillé à la communication du groupe Manifesto qui a le Silencio ou le Wanderlust.

Texte Estelle Surbranche Photos Chris Saunders


Instagram, elle m’a répondu et on s’est entendus. C’était ma première cliente. Aujourd’hui, je m’occupe d’une trentaine de talents et l’agence s’est beaucoup développée. Nous sommes 5 depuis la rentrée.

Justine Piluso

Et comment vous est venu l’idée de monter une agence d’agents de chefs ? J’ai toujours été entouré d’artistes et des gens qui font des métiers dits « de support » comme les agents, les producteurs… Pendant un festival de Cannes, une cheffe sortant de «Top Chef» m’a expliqué qu’elle avait beaucoup de propositions de partenariats, de publicités… mais qu’elle ne savait pas lesquels choisir. Je me suis alors rendu compte qu’il n’y avait pas d’agent dans la gastronomie alors qu’ils sortent de la télé et que ce sont des vraies stars pour certains au même titre qu’un musicien. Suite à cette rencontre, je me suis renseigné et effectivement, il y avait beaucoup de demandes pour des activités qui n’étaient pas liées directement au restaurant : l’influence, la publicité, l’évènementiel ou des signatures de cartes. Il y avait un besoin alors je me suis lancé. Vous allez donc chercher des partenaires pour les chefs ? Je fais le lien entre eux et les marques ou les institutions culturelles. Je vais aussi chercher pour eux des contrats

Jeffrey Cagnes

ou des boulots. Je peux organiser par exemple un diner évènementiel, développer des cartes éphémères de restaurants comme dernièrement avec Thibaut Spiwack au Musée Carnavalet - Histoire de Paris. Nous négocions aussi les cachets des chefs. Mais la partie la plus longue est de décortiquer les contrats qui concernent les droits à l’image dans des publicités ou de la communication. C’est comme une agence de management ou de booking comme il en existe en musique ou dans le cinéma. Vous dites souvent non à des marques ? Oui tout le temps… Parfois il y a des budgets énormes mais c’est pour des produits industriels, de la malbouffe. Il ne faut pas le faire sinon ils se grillent leur carrière. Et puis parfois, j’estime que le montant n’est pas suffisant alors je refuse aussi. Vous cherchez les chefs ou c’est eux qui viennent vers vous ? Au début, je suis allé les chercher. J’ai contacté Justine Piloso sur 057

Comment ça se passe un contrat avec vous ? En France, on ne peut pas faire de contrat d’exclusivité sur une personne. Je travaille donc avec eux sur deux formats. Le premier, je suis apporteur d’affaires : je leur apporte un boulot et ensuite je prends une commission dessus. Ça s’arrête là. Le second est de signer un mandat de représentation. Là on va travailler ensemble de manière plus régulière. Nous leur donnons alors des conseils pour développer leur carrière et leur image sur le long terme. Il ne suffit pas d’avoir fait de la télé. La notoriété peut monter et redescendre aussi vite qu’elle est venue… Parfois elle est aussi complètement inattendue… Tout à fait ! Prenez par exemple, Diego Alary. Il a fait une recette sur TikTok pendant le confinement. Il est allé faire une sieste et quand il est revenu, sa recette était devenue virale. A 24 ans, il est aujourd’hui le chef le plus suivi du monde avec 3 millions d’abonnés sur TikTok. Ne pas avoir un Instagram pour un chef aujourd’hui, c’est une faute professionnelle ? Non … mais pour se lancer sans les réseaux sociaux, c’est compliqué. Ceci dit les gens communiquent aussi selon leur personnalité : Julien Sebbag est très présent, Adrien Cachot très peu. Après il y a aussi les médias traditionnels qui sont très importants pour la carrière d’un chef. Moi je ne suis pas pour miser sa carrière uniquement sur ces plateformes : si demain, elles changent d’algorithme, on fait quoi ?


SÉLEC TI ON

10 SAUCES À DÉCOUVRIR DANS PARIS La sauce est l’âme d’un plat : un seul trait ponctuant l’assiette et tout peut changer. Des beaux jus lustrés iconiques du patrimoine culinaire français aux salsas épicées, en passant par les créations personnelles de chef.f.es, l’art saucier est animé à Paris. Un conseil : gardez votre dernier bout de pain précieusement ! Texte Carmen Vazquez

© Antoine Motard

Photos Voir mentions

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Le Mermoz, la sauce au pain brûlé

© Foucauld Combeleran

Garum de parmesan, miso à la truffe, 50 nuances de sabayons et infinité d’huiles pressées maison pour donner le ton aux sauces vierges. Au Mermoz, le chef anglais Thomas Graham compose une bistronomie vouant un culte à la sauce, dans toute sa splendeur. « Il n’y a pas de règles pour une bonne sauce si ce n’est qu’elle doit lier l’assiette, c’est le fil conducteur » développe le chef. C’est souvent dans la sauce qu’il infuse sa créativité. Partant d’une base de sauce classique, comme un sabayon ou une mayonnaise, il insuffle sa patte par la fabrication et surtout l’assaisonnement. Vinaigres, garums ou misos maison donnent de la profondeur aux sauces. Si le beurre blanc à l’encre de seiche et vinaigre de cidre fumé teintant la lotte wellington trône sur le podium des sauces les plus plébiscitées, celle au pain brûlé a notre préférence. « J’adore le goût du pain un peu cramé. L’idée était de recréer le goût d’un toast de sardines. » Du fond blanc infusé au pain brûlé, de la moutarde et du lard fumé, mixés puis montés au beurre fumé... Du pain béni cette sauce !

Comer x Paris-Mexico, la salsa macha

© Carmen Vazquez

Après une dizaine d’années cloué à un bureau de la Défense, Carlos Moreno quitte tout pour partager son histoire à travers la gastronomie de son pays, le Mexique tout en l’emmenant vers le terroir qui l’a vu grandir, la France. Après avoir enchaîné les pop-ups, à la rentrée 2022 il ouvre enfin sa Neo-fonda [cuisine mexicaine moderne], une cantine mexicaine doublée d’une épicerie. Dans l’assiette comme sur les étagères trône sa signature rendant Paris dingo : la salsa macha, une huile pimentée composée d’un mélange de piments secs frits, d’ail, de graines et fruits à coques. Il la décline à l’infini, avec toujours trois niveaux de piquant. Dernière en date ? La version chipotle-mangue ! 059


SÉLEC TI ON

L’Entente, la butterscotch sauce

© Carmen Vazquez

La cuisine british a beau avoir mauvaise réputation, dans son gastro-pub L’Entente, Oliver Woodhead met tout le monde d’accord : recettes anglaises mais terroir français - même le bacon provient d’un porc gascon de l’Ariège ! Du petit déjeuner au sunday roast, en Angleterre, la sauce est reine. Gravy, brown sauce et surtout butterscotch sauce ! Match parfait du sticky toffee pudding, un gâteau aux dattes, cette cousine du caramel jouit d’une caramélisation ultime obtenue grâce au sucre roux. Celle de l’Entente porte le goût de l’histoire : le chef instigateur a ramené la recette du St John, institution londonienne de la gastronomie britannique.

Le Clarence, la terre-mer

© Dear Everest - Kate Devine

Dans le chic hôtel particulier du Prince de Luxembourg se joue une symphonie beaucoup plus rock’n’roll que prévu. Au piano du Clarence, le chef ovni deux étoiles Christophe Pelé compose des plats vifs, incisifs, toujours ponctués par une note signature donnant le La : ses sauces «3,2,1», une partition précise qui joue une succession de saveurs et de textures « terre-mer » qui étonne autant qu’elle épate. Pour vous donner le ton, cela peut être une caille caressée par l’anchois puis fouettée par la puissance d’un jus de viande teinté à l’encre de seiche : 3 (jus de viande) + 2 (jus de crustacés) + 1 (encre de seiche). 060


Chocho, le plat à saucer

© Antoine Motard

« Quel est le meilleur moment d’un repas ? Celui où l’on sauce. C’est un acte très français. Il nous plonge dans la nostalgie des déjeuners du dimanche, où l’on sauce le jus du poulet rôti. » Partant de ce souvenir incontestablement régressif, le chef franco-américain Thomas Chisholm crée son plat signature : le plat à saucer. Ovni total sur la scène culinaire de la capitale, cette création jouant avec les architectures de goût et de textures, fait tourner les têtes en faisant appel à la mémoire sensorielle. Purée de légumes, sauce réduite (jus de viande ou de poisson), gel à base de vinaigre et d’un corps gras (huile ou beurre clarifié)… Si la structure de son plat reste la même, les saisons dessinent de nouveaux tableaux. Dernier hit en date, un terre-mer explosif : purée de petits pois, bisque de crustacés, gel de géranium et gras de merguez. A saucer avec un flat-bread, pain anglo-saxon cuit minute à la poêle. « J’ai toujours aimé la cuisine avant-gardiste à l’espagnole. Créer des plats funs et ludiques. Cela aide à marquer les mémoires. » ajoute Thomas. Chose promise, chose due.


SÉLEC TI ON

© Alice Tuyet

Plan D, la sauce fumée 100% végétale Plus sexy, plus gourmande, plus accessible... Depuis qu’Alice Tuyet s’est donné pour mission de présenter le légume autrement, la cuisine végane redore son blason. « On veut démocratiser la cuisine végétale par le prix mais aussi par le goût. En cuisinant des choses qui parlent direct au cœur et à l’âme. » explique la cofondatrice de Plan D. Dans leur spot street food amarré au Canal Saint-Martin, leurs sandwichs végétaux et monochromes font guichet fermé. Leur dénominateur commun ? Une sauce fumée au bois de hêtre, 100% végétale, aux notes de sous-bois et franchement animales. « On revendique faire une cuisine française. Son ADN? La sauce ! » détaille-t-elle. Façon R&D, le chef Joris Le Bigot replonge pendant des mois dans les techniques de sauce apprises auprès de toques étoilées. « Comme avec des carcasses ou des morceaux de poisson, on est avec nos grosses casseroles, sur le gaz, à violenter des légumes. Arroser, mouiller, réduire. Finalement, on transpose aux légumes les techniques appliquées aux produits animaux afin d’obtenir des sauces sapides, complexes et très umami ». 062


Sweet-chili sauce à la rhubarbe, sauce foyot, une mayonnaise pulsée au jus de viande… Chez Candide, l’auberge urbaine d’Alessandro Candido et Camille Guillaud, la sauce est au centre de l’assiette. Au gré des saisons, le chef italo-britannique, biberonné à la cuisine hexagonale, les réinventent, qu’elles soient un totem français comme la sauce soubise d’Escoffier ou venue d’ailleurs comme la catalane romesco ou charsiu chinoise. Ici, ils font à manger ce qu’ils aimeraient servir à leurs familles et amis tout en convivialité. Ainsi le nec plus ultra du terroir se dore la pilule à la rôtissoire comme l’iconique poulet-frites du mercredi devenu un rite plus sérieux que la messe du dimanche. Pour l’escorter ? Une version luxueuse de l’iconique sauce creamy deluxe. Sa belle acidité et son côté herbacé la rapprochent de la version originale du McDo. La différence ? La matière première, la crème de la crème de leurs amis producteurs : crème crue de la maison normande Bornianbuc, huile de pépins de raisin et relish réalisé avec leurs propres cornichons pour emmener de la rondeur et de la vivacité !

© DR

Candice, la sauce creamy deluxe superluxe


SÉLEC TI ON

La Brigade du Tigre, la XO hongkongaise

© DR

A la Brigade du Tigre, le chef Galien Emery repeint le terroir français grâce aux souvenirs de son adolescence passée en Malaisie. Aux côtés d’Adrien Ferrand, son associé avec qui il a fait ses classes chez William Ledeuil, l’un des pères fondateurs de la cuisine franco-asiatique, ils explorent les mille et une épices, sauces et condiments dont le continent asiatique regorge. Leur signature ? La rare sauce hongkongaise XO, un terre-mer traditionnellement composé de fruits de mer et porc séché qu’ils retravaillent ici dans une version plus rafraîchissante avec crevettes séchées, poitrine de porc confite, jambon sec, piment oiseau, gingembre frais…

Le Relais de l’Entrecôte, la sauce verte

© Geraldine Martens

S’il y a une sauce qui jouit du goût de reviens-y, c’est bien celle du Relais de l’Entrecôte. Si bien qu’une fois attablé dans cette institution parisienne née en 1959, on sert toujours deux tournées de son contre-filet de bœuf tranché cuit à la perfection, baignant dans son iconique sauce verte magique dont même les managers ne détiennent pas le secret. Serait-ce de la moutarde de Dijon ou de l’estragon qui relèveraient cette onctuosité de trésor à la crème et au beurre ? Impossible de décrypter son code prodigieux. Mais à 26.50€ la formule, salade verte aux noix et steak-frites inclus, on veut bien s’y essayer plusieurs fois. 065


« Le plat en sauce c’est la base d’un bon plat, un plat sans sauce a un goût de pas assez. » affirme Bruno Aubin, le chef du Cléo. Dans sa cuisine tout aussi enracinée qu’inspirée par ses voyages, la sauce constitue le trait d’union et le point final. Après sept ans passés au Bristol dont quatre comme saucier, Bruno sait comment envoyer la sauce. « Ce qui est compliqué lorsqu’on est saucier c’est qu’il n’y a pas de recette. Tout se joue à la transmission et à l’instinct, au feeling avec la matière première. Le temps joue aussi sa part de magie. Chaque viande a son jus, les jus doivent tous avoir une consistance top : ni trop épaisse ni trop liquide, perlée mais pas trop grasse, ni trop foncée ni trop claire… » avoue-t-il. Sauce vigneronne à la confiture de cerise et porto, sauce BBQ au vieux bourbon ou encore chorizo-capucine perlée à l’huile de menthe… Chaque composition exige un bout de pain pour l’honorer dignement. Si le chef n’aime pas se cantonner à une signature, les jus de veau assaisonnés selon l’envie au citron confit, réglisse, algues, herbes ou même café font ici un effet boeuf.

© Bruno Aubin

Le Cléo, les jus de veau assaisonnés


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ENQUÊTE Enquête réalisée par Estelle Surbranche Photos Pro Fun Media (sauf mention)

PARIS SOUS CHEM SEX

Existe-t-il un moyen d’enrayer la progression du chemsex – contraction de chemical “chimique” et sexe c’est-à-dire l’usage de drogue durant des relations sexuelles ? 1 gay sur 5 le pratiquerait à Paris, et le phénomène s’étend désormais chez les hétéros. Enquête. 067


ENQU ÊTE

vas être très sensible au toucher et dans le lâcher-prise le plus total. Tu as envie de dévorer… ou de te faire dévorer. Et concrètement, ça détend complètement ton corps, ce qui facilite certaines pratiques. »

La «3 », la « 4 »…

a première fois que j’en ai entendu parler, c’était en vacances en 2016 », se rappelle Stanislas, 45 ans, marchand d’art : « Avec mon mec, on a rencontré un autre couple dans un bar gay. Ils nous ont proposé d’essayer de la « 3 ». On ne savait pas vraiment ce que c’était… Ils nous ont expliqué que c’était une nouvelle drogue, qui se mariait très bien avec le sexe car elle désinhibe. Effectivement, la 3 te met dans un état d’excitation sexuelle dingue. Tu 068

Stanislas ne le savait pas encore mais il venait de découvrir le chemsex, une nouvelle pratique liée à une nouvelle drogue la 3-MMC. Cette drogue de synthèse est la petite sœur de la 4-MMC : elles font partie de la famille des cathinones, des drogues proches du khat, une plante psychotrope. Apparue en France en 2011, soit un an après l’interdiction de la 4-MMC, ses effets sont assez similaires : un fort sentiment d’empathie, une euphorie un peu comme avec la MDMA… Mais en plus, elle provoque un intense état d’excitation sexuelle. Beaucoup d’observateurs affirment que c’est la « nouvelle cocaïne ». En tout cas, c’est aujourd’hui une des drogues les moins chères du marché. 1 gramme de cocaïne tourne autour de 80 €, 1 pochon de 5 grammes d’herbe à 50 €… et un 1 gramme de 3-MMC à 40 € . Cause à effet ? Les cathinones, dont la 3-MMC, font partie des substances les plus observées sur le marché de la drogue et, plus précisément, celui des nouveaux produits de synthèse, selon le rapport 2022 de L’Observatoire Français des Drogues et des Tendances Addictives (OFDT).

Une pratique très courante chez les HSH Chez les HSH (les hommes qui ont du sexe avec les hommes), la tendance est devenue massive. « A Paris, on est très concernés par la question du chemsex : c’est à peu près 20 % des HSH qui le pratiquent. C’est-à-dire sur 1 gay sur 5 ! » s’alarme Jean-Luc Romero, adjoint à la Maire de Paris en


La 3-MMC est aujourd’hui une des drogues les moins chères du marché. 1 gramme de cocaïne tourne autour de 80 €, 1 pochon de 5 grammes d’herbe à 50 €… et un 1 gramme de 3-MMC à 40 €. charge des droits humains, de l’intégration et de la lutte contre les discriminations. Pour ces chiffres, il s’appuie sur une récente étude faite autour des mentions relatives au chemsex sur les profils des applications de rencontres. 20 % des profils affichent des hashtags comme #chemsex #3M ou #M3 pour ceux qui ne veulent pas être trop explicites... Stanislas complète « cherche plan chems. Ou plan long à ne pas confondre avec relation longue durée » s’amuse-t-il. « Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg parce que beaucoup de gens vont t’en parler en chat privé. Après 3 questions sur tes préférences, ils vont t’écrire « open chems ? Alors je ne sais pas si le phénomène augmente, mais en tout cas, la pratique est de plus en plus affichée. Avant, tu parlais d’une éventuelle consommation de drogue une fois que tu avais commencé à échanger avec les gens, à avoir un feeling en « vrai »… Depuis 6 ans, ce n’est vraiment plus du tout une minorité ou un tabou puisque les gens l’affichent d’entrée. C’est une demande courante. »

Des week-ends « chems » Pourquoi un « plan long » peut-il être synonyme de « plan chem » ? « L’effet de la « 3 » dure 2 ou 3 heures… selon les quantités consommées. Le plus souvent, les gens ne se contentent pas d’un trait. Ils en prennent plusieurs tout au long de la nuit. Tu consommes, tu vas avoir des rapports sexuels, tu perds la notion du temps… Ça devient un plan long », éclaire Stanislas « et puis, les plans chems, c’est plutôt des pratiques à plusieurs. D’ailleurs, même si on commence à deux, généralement on finit par appeler d’autres personnes… ».

Multiplier les drogues Dans ces soirées « chemsex » qui peuvent durer un week-end entier, la 3-MMC n’est pas la seule 069


ENQU ÊTE

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drogue utilisée. « Beaucoup de gens mélangent les drogues », confirme Stanislas, « la 3 est très relaxante, tu es super excité mais tu n’as pas d’érection. Les personnes versatiles, qui aiment être actives et passives, vont donc prendre du viagra ou du « G » pour les aider à avoir cette érection. » Le « G », c’est pour « GHB », la fameuse drogue des violeurs. Prise seule, elle a un effet euphorique, désinhibiteur et redonne aussi certaines fonctions au corps. Mais elle est très contraignante : il y a des doses à respecter, des temps d’abstinence entre deux prises… Consommée avec de l’alcool, elle est extrêmement dangereuse car elle peut provoquer des « G-Hole » c’est-à-dire un coma d’une heure, deux heures ou plus, des convulsions et même la mort. C’est hélas ce qui est arrivé à Christophe Michel, le mari de Jean-Luc Romero, en 2018 à l’âge de 31 ans : « J’ai découvert à ce moment-là que mon mari prenait des produits » confie-t-il, « il est mort dans des conditions très violentes et très difficiles. La personne avec qui il était n’a pas appelé les secours et l’a laissé mourir… Je n’avais pas envie qu’il y ait d’autre Christophe qui meurt dans ces conditions, c’est pour cela que je me suis engagé dans ce combat ». L’élu parisien a d’ailleurs écrit un livre sur cette terrible expérience, Plus vivant que jamais ! : Comment survivre à l’inacceptable ? (Michalot/ Massot Editions)

Une loi obsolète Et le chemin s’annonce long tant les difficultés sont nombreuses. « Il y a d’abord la loi de 1970 sur les drogues », détaille l’élu parisien : « Elle ne peut pas fonctionner pour ces produits. D’une part parce qu’il n’y a pas de trafic de rue. Les gens les achètent sur internet dans des pays comme la Chine, l’Inde, et même maintenant les Pays-Bas ou la Pologne. On ne pourra pas

© DR

“A Paris, on est très concerné par la question du chemsex : c’est à peu près 20 % des HSH qui le pratiquent, soit 1 gay sur 5 !” Jean-Luc Romero

mettre un gendarme derrière chaque écran… D’autre part, elles peuvent être légales. Le GBL, par exemple, est un nettoyant pour tags, détourné de son utilisation (nldr : le GBL se transforme en GHB dans le sang). Et lorsqu’une drogue est interdite, les chimistes changent juste une partie de sa formule pour qu’elle puisse de nouveau être légale 6 mois et ainsi de suite… Enfin cette loi pousse à laisser mourir les gens car les participants ont peur d’appeler les secours, car ils savent que derrière, la police arrive. C’est aussi pour cela que ce sujet est très difficile politiquement. Il vient à rebours de tout ce que peuvent dire les politiques sur les drogues et les dangers. Elle pose le problème de la pénalisation. A mon sens, il n’y a que la prévention qui peut marcher. » 071

Jean-Luc Romero


ENQU ÊTE

Et dans les lieux publics ? Remi Calmon, directeur de Sneg & Co, le syndicat des lieux festifs et de la diversité, valide cette analyse de l’obsolescence de la loi de 1970 « Dans les établissements qui reçoivent du public, les patrons de club font vraiment attention à ces pratiques ! On a l’interdiction de fumer, on a l’interdiction de sur-alcoolisation, alors la consommation de stupéfiants ! Quand les services de sécurité constatent que des gens sont en train de faire usage de stupéfiants, ils ne font pas long feu dans l’établissement. On va leur dire « je ne vous juge pas, vous faites ce que vous voulez… mais par contre, vous ne le faites pas ici ». On ne va pas stigmatiser les gens mais on ne peut pas admettre ce genre de consommation au regard de la loi de 1970 car les patrons des établissements engagent leurs responsabilités administratives, et donc une possible fermeture. Du côté du Sneg & Co, notre rôle est de prévenir les établissements que ce phénomène arrive, que ces produits peuvent atterrir chez eux… et surtout on leur enseigne comment réagir, les bons gestes et les bons réflexes. On leur explique qu’il ne faut surtout pas mettre dehors un client qui serait en train de faire un malaise ou un G-Hole. Il faut le sécuriser et appeler les secours. Mais à cause de la loi de 1970, quand il se passe quelque chose, certains se disent « je ne veux pas appeler les secours sinon je vais avoir des soucis », il ne faut pas se voiler la face ». Les personnes droguées se font donc mettre à la rue, même si elles sont dans un état second critique, à la merci d’un malaise ou d’une agression.

La prise en charge dans les lieux de nuit « Tant qu’il n’y aura pas une mesure, comme une circulaire administrative auprès de tous les préfets de département, qui reconnait que les établissements ne peuvent pas être tenus 072

A cause de la loi de 1970, les personnes “sous chem” se font donc mettre à la rue, même si elles sont dans un état second critique, à la merci d’un malaise ou d’une agression. pour responsable de ce qui se passe chez eux, il y aura un problème » poursuit Remi Calmon. « Si les exploitants sont rassurés sur ce point, ils n’hésiteront plus à prévenir les secours, qui eux préviennent la police. Ça serait d’autant plus juste qu’il faut bien comprendre que les établissements n’ont pas le pouvoir de police. Au regard de ce que prévoit la loi, les services de sécurité aux portes des établissements ont un pouvoir très limité : on n’a pas le droit de fouiller les gens ou leurs sacs, mais on peut juste leur demander d’ouvrir les sacs ou de montrer leurs poches. On n’a pas le droit de


faire des palpations. Alors comment savoir ce qu’un client a au fond de son sac ? Ou ce qu’il a pris avant ? En plus, tous les jours, de nouveaux produits arrivent sur le marché et ils sont consommés par le public. »

Et dans les autres capitales ? Lorsque Jean-Luc Romero s’est saisi du sujet, sa première idée a été d’aller voir ce que faisaient les autres grandes capitales « Je suis allé à New York, Barcelone ou Berlin, je me suis rendu compte qu’aucune collectivité ne se bouge sur la question, à part à Amsterdam » déplore-t-il. La Mairie de Paris essuie donc un peu les plâtres avec une première mise en place de politique de réduction des risques. « Nous ne sommes pas là pour dire que c’est mal, mais pour aider, donner des informations… Nous 073


ENQU ÊTE

À L’ÉCRAN Les illustrations de ce dossier sont tirées de Chemsex, un documentaire anglais réalisé par William Fairman. On y suit l’histoire de plusieurs homosexuels anglais qui luttent pour sortir vivants de « la scène » - et d’un agent de santé qui s’est donné pour mission de les sauver. Disponible sur AmazonPrime Video.

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Il existe très peu de structures dédiées au chemsex car il faut des professionnels qui soient tout à la fois spécialisés des addictions au sexe & à la drogue. avons donc fait une campagne dans les lieux communautaires. Puis ensuite on fera des campagnes à destination des hétéros. On commence par expliquer des choses qui paraissent toutes simples comme dire que prendre de l’alcool avec du GHB, ça peut être dramatique » détaille l’élu, « ensuite les applis sont réticentes à travailler avec nous pour le moment… Ils ont peur d’effrayer leurs usagers dont ils savent pertinemment que beaucoup sont des chemsexeurs. Nous distribuons des kits avec des seringues, des pailles, des préservatifs dans les centres de santé. Enfin nous essayons de développer la coopération entre tous les gens qui devraient travailler ensemble : notre police municipale, les pompiers, les associations… et de les informer sur le sujet. Si les pompiers interviennent dans une soirée chemsex, ils doivent savoir ce qu’est un G-Hole par exemple. Ensuite on aimerait bien mettre en place des services de test des drogues pour les usagers, mais c’est difficile car ces soirées ont souvent lieu dans des cadres privés. »

Extension du chemsex La route est donc longue… et pendant ce temps, le chemsex prend de l’ampleur. Yanis, 28 ans, attaché de presse, confirme que la pratique est très, très répandue chez les jeunes gays : « T’es jeune, t’as donc envie d’expérimenter des choses et tu en entends beaucoup parler dans le milieu alors forcément tu essayes. Mais d’après ce que j’ai constaté, il n’y a pas d’âge, ça peut être un mec de 25 ans comme de 50 ans qui va te proposer ce genre de plans. Et ça touche tous les milieux sociaux : de l’ouvrier au médecin, du facteur à l’avocat… Franchement ça se banalise. Et puis maintenant, on prend la PrEP [un traitement préventif qui empêche le virus du VIH de se

développer et de se fixer dès son entrée dans le corps], on n’a plus peur du V.I.H... Tu te dis que tu peux te lâcher en soirée avec des rapports non protégés. C’est un risque, oui, mais tu le gères ». La menace du VIH n’est plus un frein, mais il reste quand même les hépatites B et C mais notre témoin hausse les épaules « ça je ne me sens pas concerné ». Le phénomène s’est aussi énormément développé pendant les confinements et s’est étendu à une autre population que les HSH. « Du vendredi au dimanche, les gens restaient bloqués dans des weeks-ends chemsex. C’est là que la pratique s’est développée chez les hétéros, notamment les travailleuses et travailleurs du sexe» détaille Jean-Luc Romero, au vu de l’étude « Sea, Sex and Chems » réalisée par Dorian Cessa, Docteur-Junior (Psychiatre & Sexologie) des Hospices Civils de Lyon et Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille et Coordinateur principal de l’étude publiée en novembre 2021.

Un roman sur le chems Le romancier Johann Zarca en a d’ailleurs fait un roman choc l’année dernière intitulé Chems, en décrivant ce qui semble être sa propre expérience. « L’extase qu’il atteint dans les vapeurs de substances aux noms étranges (3MMC, GHB) et le manque qui suit le privent progressivement de sa liberté et le transforment, sous ses yeux, en animal traquant son plaisir et les soirées pour l’assouvir. Il sort plus et plus tard, multiplie les plans et rentre chez lui à l’aube sous le regard ahuri de sa copine, enceinte de leur deuxième enfant et celui, apeuré, de son fils. Ses parents s’inquiètent de le voir maigre et gris lors des repas dominicaux. Ses amis s’écartent quand ils le voient rôder, drogué, dans les fêtes parisiennes, pour proposer des plans douteux à des femmes qu’il connait à peine. Isolement, manque, rechute, dégoût, reprise, plans à trois, 0 75


ENQU ÊTE

L’extase qu’il atteint dans les vapeurs de substances aux noms étranges et le manque qui suit le privent progressivement de sa liberté et le transforment, sous ses yeux, en animal traquant son plaisir et les soirées pour l’assouvir. Johann Zarca dans Chems Johann Zarca

quatre et plus, bienvenue dans l’enfer du chemsex ». Stanislas pointe aussi un autre public qui a découvert le chemsex depuis 1 an : « Je vois de plus en plus de mecs en soirées qui ne s’assument pas vraiment … Ils vont prendre de la 3M pour oser avoir un rapport homo alors qu’ils se disent hétéros, pour être passif alors qu’ils se disent actifs. En prenant ce type de substance, ils veulent faire tomber les barrières et oser assumer leurs désirs. »

© DR

Le « slam »

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L’un des traits communs à beaucoup de « chemsexeurs » que nous avons rencontrés est qu’ils ont l’impression de « maîtriser » leur consommation. Par exemple, Stanislas nous explique avoir établi des barrières qu’il ne veut pas franchir. La première consiste à uniquement « sniffer » les produits, jamais les injecter, car il a vu les conséquences sur son ex. « Mon ex avec qui j’avais commencé le chemsex a rencontré des gens sans moi. Ces personnes prenaient de la 3 en intraveineuse, avec des effets décuplés. On appelle ça du « slam ». Là les risques d’accoutumance sont beaucoup plus importants. Les risques liés à la transmission du VIH aussi… Je ne veux pas faire de généralisation, mais chez les gens qui slamment, il y a une recherche


de la performance et de l’extrême. Mon ex est tombé là-dedans, sans que je le sache au début d’ailleurs. Là le Chems n’était plus du tout festif. Quand je l’ai découvert, ça m’a vraiment fait peur et du coup on a rompu. Pour moi, les dangers sont plus dans ce genre de pratiques. La seconde règle est de ne faire ça qu’avec des gens que je connais au départ. Si tu arrives dans une soirée et que tu te laisses aller sans connaitre, ça peut devenir plus que dangereux avec le risque du G-hole. Je parle d’abus, de viol, de vol… il peut se passer n’importe quoi. Exactement la même chose que les gens qui boivent jusqu’à se mettre mal ».

Une multiplication des risques Mais est-ce que chacun connait vraiment ses propres limites ? Le fait est qu’il semble y avoir peu de chemsexeurs heureux sur le long terme « Les seuls qui ont l’air d’avoir un usage moins problématique, ce sont des couples qui sont ensemble depuis très longtemps et qui ont envie de pimenter leur vie sexuelle, avec d’autres personnes et en utilisant des produits. A ce moment-là il y en a un qui ne prend rien, et l’autre fait la fête » renseigne Jean-Luc Romero. « Sinon, c’est plutôt un cercle infernal. Tu te fais du chemsex et le lendemain, tu te sens hyper mal du coup, tu prends des anti-dépresseurs. Tu ne peux pas aller au boulot car tu es épuisé… Et puis tu recommences… ». Certaines de ces dépressions mèneraient au suicide. Selon le rapport du Docteur Cessa, il y a aussi des risques notables d’addiction aux substances chez plus de 80 % des pratiquantes et pratiquants du Chemsex (risque relatif multiplié par 2,6). Le risque d’hypersexualité est aussi largement majoré en population pratiquant le Chemsex avec un risque relatif multiplié par 3,05.

À LIRE Plus vivant que jamais ! : Comment survivre à l’inacceptable ? de Jean-Luc Romero (Michalot/ Massot Editions) Chems de Johann Zarca

Arrêter le chemsex, arrêter le sexe ? Lorsqu’on veut arrêter le chemsex, il est en plus compliqué de se faire aider. Il existe en effet très peu de structures dédiées au chemsex car il faut des professionnels qui soient tout à la fois spécialisés des addictions au sexe et à la drogue. A Paris, on peut s’adresser au 190, un centre de santé sexuelle dans le 3e arrondissement qui a ouvert un Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (Cegidd). Il y a aussi le centre d’addictologie (CSAPA) de l’hôpital Marmottan qui peut prendre en charge ce genre d’addictions. Sur Facebook, un groupe privé de parole s’est également créé. Et quand on arrive à s’arrêter seul, il y a une longue étape de reconstruction. « Avoir des relations sexuelles sans ça, ça ne m’intéresse plus, nous confie Ludwig, 42 ans, ancien chemsexeur. « Ça fait 4 ans que je n’ai plus de relation sexuelle, ni amoureuse. Il faut comprendre que pendant ces soirées qui duraient 3 jours, j’avais aussi le sentiment d’être hyper connecté aux gens », se remémore-t-il des étoiles dans les yeux, même après tous ces mois d’abstinence. « Mais c’est fictif, et impossible à retrouver d’une manière classique. Après, tout me paraissait fade. Du coup pour le moment, j’ai laissé tomber… Et j’essaie de me reconstruire, tout doucement. » 077


PORTFOLI O

Les féministes de Paris EXPOSITION. Si les débats sur la place de l’homme et de la femme depuis #metoo prennent beaucoup de place dans les médias, les pas de côté afin d’évoquer l’histoire et la mémoire des luttes féministes sont plutôt rares. L’initiative du musée Carnavalet est donc bienvenue car en premier lieu, elle rappelle le long, très long chemin parcouru par les femmes, et ici en particulier les Parisiennes afin de s’émanciper du joug masculin, disposer de leurs corps, travailler… et in fine, demander tout simplement l’égalité ! Quel courage ont eu ces femmes ! Chronologique, le parcours de l’exposition commence donc avec la revendication du « droit de cité » pour les femmes, pendant la Révolution, et se clôt avec la loi sur la parité, en 2000 via une série de portraits de Parisiennes. Il y a les incontournables comme Olympe de Gouges ou Simone de Beauvoir, mais les honneurs sont aussi rendus à toutes les anonymes qui ont fait avancer la cause - citoyennes révolutionnaires de 1789, de 1830, de 1848, Communardes, suffragettes, pacifistes, résistantes, femmes politiques ou syndicalistes, militantes féministes, artistes et intellectuelles engagées… Au-delà de l’intérêt historique et sociétal, cette synthèse inédite est également un bonheur pour les esthètes qui apprécieront la qualité de certaines œuvres, photos, peintures ou sculptures. Une expo très inspirante ! ES Parisiennes citoyennes ! Engagements pour l’émancipation des femmes (1789-2000) au Musée Carnavalet – histoire de Paris – du 28 septembre 2022 au 29 janvier 2023, à partir de 9 € Ci-contre : Anonyme Colette à son balcon, 1910

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© Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris


© Musée Rodin

© Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris

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À gauche : William Elborne Camille Claudel modelant Sakountala et son amie Jessie Lipscomb dans leur atelier, 1887 À droite : Amélie Beaury-Saurel Caroline Rémy dite Séverine, 1893

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© Estate Brassaï - Succession-Philippe Ribeyrolles

© Bibliothèque Marguerite Durand

À gauche : G. Charles Hubertine Auclert tenant une banderole concernant le suffrage des femmes, 1910 À droite : Brassaï Boîte de nuit « Le Monocle », Paris 1933

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© Ministère de la Culture / Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Dist. RMN-Grand Palais

© Lucie Jean / Cnap

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À gauche : Willy Ronis Rose Zehner dans l’atelier de sellerie de l’usine Citroën quai de Javel. Grèves déclenchées par la remise en question des acquis du Front populaire, 25 mars 1938 En haut à droite : Branger, M.L. Grève des midinettes, Paris, 18 mai 1917, 1917

© Bibliothèque Marguerite Durand

© Roger Viollet

En bas à droite : Albert Harlingue Ligue d’action féministe, Marthe Bray, manifestante en voiture, ligue d’action féministe : calicot sur une automobile transportant un groupe de militantes dont Melle Marthe Bray, 1929

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© André Morain © Maison Européenne de la photographie / IMEC, Fonds MCC, Dist. RMN-Grand Palais

© Ministère de la Culture / Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Dist. RMN-Grand Palais / Studio Harcourt

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En haut à droite : André Morain, Niki de Saint Phalle, «le tir», 1961 Maison européenne de la photographie, MEP

Au centre à droite : Gisèle Freund Simone de Beauvoir, 1948 En bas à droite : Pierre Michaud 6 oct 1979 Marche des femmes, Groupe de femmes assises faisant le signe « féministe », 1979

© Pierre Michaud / Gamma Rapho

Ci-dessus : Joséphine Baker, 1948

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Green ×

“Offrir des roses à la Saint Valentin, c’est absurde, ce n’est pas du tout la saison.” Hortense Harang de Fleurs d’Ici p.88

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Laur Meyrieux

Les papiers peints écologiques Créés par l’artiste designer Laur Meyrieux dans son atelier du 18ème, Les papiers de Laur donnent une inégalable touche de poésie dans un intérieur, tout en étant 100% écologique. Pouvez-vous nous expliquer la fabrication des papiers de Laur, des papiers peints artisanaux haut de gamme ? De mon expérience de vie au Japon, je me suis imprégnée de la sensibilité japonaise aux matériaux vivants, et je m’inspire de la technique traditionnelle ancestrale de teinture ‘Shibori’ pour la création originale des papiers peints. Je sélectionne, pour leur texture et leur toucher, des papiers d’Asie composés de fibres naturelles. J’interviens sur la matière : je froisse, plie, tords, défroisse, replie, ligote, j’explore cette matière fragile du papier avant

d’intervenir en peignant avec des encres et pigments naturels. A la suite de cette étape de création, je photographie mes œuvres pour une étape de postproduction numérique ; je mets alors en exergue la matière et développe les déclinaisons couleurs de la collection de papier peint. Vous fabriquez tout à Paris ? Je crée les œuvres originales des papiers de Laur dans mon atelier à Paris, et je fais imprimer les papiers peints dans la région de Lyon. J’ai sélectionné l’atelier d’impression pour sa production durable dans le respect de l’environnement et sa production 086

de papier peint écologique : un papier peint intissé éco label, sans PVC, sans polluant, des encres écologiques à base de latex, sans solvant. Vous concentrez vos créations autour de l’éco-design : pourriezvous nous expliciter ce que c’est ? Par exemple, j’explore et analyse le marché pour le sourcing de nouveaux matériaux écologiques. J’imagine le design d’objets et de mobilier à partir de chutes de matières ou matières recyclées : par exemple en 2014, j’ai créé des objets et du mobilier à partir de peaux de poisson issues de chutes alimentaires, et traitées en durabilité. Je collabore actuellement avec un petit groupe d’ingénieurs, pour la création d’une collection d’objets réalisés à partir de déchets locaux (parisiens), tels que le marc de café, les peaux et noyaux d’avocat, les peaux d’orange, la sciure de bois. ES Les papiers de Laur laurmeyrieux.com

© Martin Colombet

Mise en scène du papier peint à la feuille ‘Les papiers de Laur’, collection Arimatsu Forêt.


Collaboration MODE. La marque parisienne Maison Labiche a imaginé une collection avec une broderie “Protect Us” ou “Protect Me” dont l’intégralité des bénéfices des ventes seront versés à WCFT (Wildlife Conservation Foundation of Tanzania) – une fondation qui œuvre contre le braconnage des éléphants. MH

© Faust Favart

© DR

A partir de 40€

Les bonnes (r)évolutions ÉVÈNEMENT. Marjolaine, le salon pour aller vers des modèles de développement résilients et durables, revient au Parc Floral de Paris, du 5 au 13 novembre 2022. 550 exposants représentant 11 secteurs du quotidien (alimentation, vin, santé, bien-être, jardin, tourisme, maison…) ainsi que 130 ateliers pour apprendre concrètement les bons gestes : le nombre grandissant d’intervenants pour cette 46ème édition démontre le désir des Parisiens d’un mode de vie plus en accord avec la planète. Et comme le Parigot a la tête bien faite, ce ne sont pas moins de 30 conférences et ciné-conférences avec des experts pour débattre des grands enjeux de demain comme l’agro-écologie, la résilience ou encore le nucléaire qui seront proposés tout au long de la semaine. MH 087


MOBI LI TÉ

TROIS SUV ÉLECTRIQUES PLUTÔT STYLÉS… Qui a dit que les autos électriques devaient être dessinées comme des galets sans aucune personnalité ? Flirtant avec le genre SUV, notre sélection de trois véhicules démontre que l’on peut craquer pour leur silence et leur absence d’émissions carbone, tout comme pour leur design… QUELQUES CHIFFRES CLÉS Moteur électrique 294 ch Batteries 99 kWh Autonomie théorique 610 km Autonomie réelle constatée 500 km À partir de 56 400 €

Le verdict La Mach-E fait entrer la Mustang dans le XXIe siècle. Et, pour l’instant, aucune loi ne vous interdit d’avoir l’ancienne et la nouvelle dans le garage…

Ford Mustang Mach-E UN BEL HÉRITAGE

Quelle légende, cette Ford Mustang ! Du lieutenant Bullit à Un homme et une femme, cette auto est entrée dans l’imaginaire populaire comme la représentante des muscle-car à l’américaine, le tout renforcé par une production qui a dépassé les 10 millions d’exemplaires depuis 1964. Seulement voilà, les temps changent : le géant Ford devait se convertir à l’électrique et s’est souvenu qu’il avait une icône dans son catalogue. Il suffisait donc de la moderniser, mais la refonte fut totale : on passe ainsi d’un coupé 2 portes de 4,78 m de long à un SUV 4 portes de 4,71 m, en ne gardant que quelques gimmicks esthétiques (feu arrière, aile arrière bombée, pli du capot avant…). Il a fière allure ? Oui ! La séduction continue 088

Texte Philippe Guillaume Photos DR/Constructeurs

à l’intérieur avec la présence d’une grande dalle tactile « façon Tesla » ; une dalle claire et lisible, aux informations remarquablement bien hiérarchisées, et en bas de laquelle semble flotter le bouton du volume de la sono. L’espace à bord est vraiment spacieux, avec un volume de coffre pouvant être modulable de 420 à 1420 litres (sièges repliés), tandis qu’un autre petit coffre de 81 litres vient en renfort sous le capot avant. De nombreuses déclinaisons de puissances et de batteries sont disponibles : le Ford Mustang Mach-E offre un éventail possible de 269, 294, 351 ou 485 chevaux, en propulsion ou en quatre roues motrices, avec des batteries d’une capacité de 76 à 99 kWh, et des autonomies (au fond, c’est peut-être cela le plus important ! ) allant de 400 à 610 kilomètres, du moins en théorie. Évidemment, un système de charge rapide est au programme, acceptant du 150 kW sur les bornes rapides. Côté qualités de conduite, silence et douceur sont au programme. Dynamisme aussi, au prix d’un confort de suspensions parfois un rien ferme…


QUELQUES CHIFFRES CLÉS Moteur électrique 170 ch Batteries 58 kWh Autonomie électrique théorique 384 km Autonomie réelle constatée 350 km À partir de 46 500 €

Hyundai Ioniq 5 L’AUTO DE L’ANNÉE, VERSION MONDE

Si c’est sa cousine technologique, la Kia EV6, qui a remporté le titre européen de « voiture de l’année », la Hyundai Ioniq 5 a, pour sa part décroché le même titre, mais au niveau mondial. Le premier choc est, déjà, esthétique : la Ioniq 5 tend vers des lignes néo-rétro, avec accents de vieille Lancia Delta voire de Golf I, sauf que celle-ci mesurait 3,70 m de long et que notre coréenne en fait 4,64 ! On apprécie également la signature visuelle particulièrement soignée,

tant à l’avant qu’à l’arrière. Bref, cette Ioniq 5 possède une forte identité, immédiatement reconnaissable. Elle n’offre, bien évidemment, que des motorisations électriques : au programme, 170, 229 ou 325 chevaux, des transmissions en propulsion ou 4 roues motrices, et des batteries de 58 ou 77 kWh. La force de cette auto, comme nous avons pu le constater au cours d’un long essai, c’est de conserver des consommations assez basses, à condition de jouer un peu les règles de l’éco-conduite, et donc d’offrir une autonomie très correcte. Quant à l’ambiance à bord, on coche les cases du confort et de la luminosité…

Le verdict Hybride, hybride rechargeable, hydrogène, électrique, Hyundai maîtrise tous les codes de l’e-mobilité et le prouve à nouveau avec cette Ioniq 5. QUELQUES CHIFFRES CLÉS Moteur électrique 408 ch Batteries : 78 kWh Autonomie théorique 400 km Autonomie réelle constatée 350 km À partir de 46 800 €

Volvo C40 Recharge Twin Engine AWD LA SUÉDOISE QUI S’ENCANAILLE…

Qui aurait pu penser que la très sérieuse marque suédoise se plierait à la mode des « SUV Coupés » et y installerait un moteur (certes électrique) de plus de 400 chevaux. C’est toutefois le pitch de ce C40 Recharge Twin Engine, fort de deux moteurs électriques,

et qui lui confère des performances étonnantes. Côté design, le C40 reprend la face avant du SUV XC40, que l’on croise à chaque coin de rue, et lui adjoint un pavillon arrière tronqué, plus bas de 6 centimètres. L’allure est plus dynamique, mais l’espace à bord n’est pas sacrifié. Ce dynamisme se retrouve sur la route : le C40 dispose de réglages de châssis plus fermes que ceux montés sur le XC40. Si cela vous incommode, une version « à simple moteur », de 231 chevaux, est disponible, avec toutefois une batterie un peu plus petite (69 kWh). Elle conserve le look, craquant. Et offre une belle dose de douceur en plus… 089

Le verdict Une Volvo électrique au comportement presque sportif ? Ça existe, et c’est le C40 Recharge…


SU C C ESS STORY Texte Thomas Thévenoud Photos Fleurs d’Ici (Sauf mentions)

LE POUVOIR DES FLEURS Hortense Harang a déjà eu plusieurs vies. Ancienne reporter de guerre, journaliste à la BBC, communicante un temps tentée par la politique, elle est aujourd’hui une cheffe d’entreprise engagée. Avec Fleurs d’ici, elle recrée grâce au numérique une filière de distribution plus responsable en matière horticole. Rencontre avec celle qui défend les circuits courts, de la graine au vase.

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© Marie Rouge

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SU C C ESS STORY

du temps à trouver le chemin des fleurs. Le temps d’avoir déjà plusieurs vies et de parcourir le vaste monde... Le premier métier qu’elle a voulu faire était manuel : costumière de théâtre. « Quand tu ne sais pas dessiner comme moi, tu assembles. D’ailleurs, c’est ce que je fais aujourd’hui : je glane et j’assemble des bouquets. » nous confie-t-elle en souriant.

Plus directe que diplomate Mais, la manuelle est aussi une intellectuelle. Née au Portugal, elle rejoint Sciences-Po par passion pour les relations internationales. Son professeur s’appelle JeanChristophe Ruffin, ses voisins d’amphi se nomment Emmanuel Macron et Najat Vallaud-Belkacem. Au cours de sa scolarité, elle part en stage à l’ambassade de France au Népal mais en revient contrariée : « La diplomatie est incompatible avec l’action.»

Envoyée spéciale

“Un bouquet de 25 roses importées produit autant de CO2 qu’un allerretour Paris-Londres en avion !”

À

peine assise à la terrasse du café des Gobelins où nous nous sommes donné rendezvous, Hortense Harang cite Lacan : « On devient ce qu’on est. » Pas pour rien qu’elle s’appelle Hortense ! Enfant, elle aimait la soupe d’orties et la tisane de reine des prés. Aussi loin qu’elle se souvienne, la nature a fait partie de son quotidien. C’était comme une évidence, un signe qu’il suffisait de déchiffrer. Le sens d’une vie qui s’impose petit à petit. Pourtant, elle a mis 092

Septembre 2001, le monde bascule et la vie d’Hortense Harang aussi. Quelques jours après le 11 septembre, Le Dauphiné Libéré cherche un envoyé spécial pour l’Afghanistan. Elle décide de partir. Pendant six ans, elle sera journaliste. D’abord pour des médias français, puis à la BBC, elle est présente sur les théâtres d’opération les plus dangereux. « Quand tu es reporter de guerre, c’est toi en augmentée. » En 2007, retour en France où elle couvre l’élection présidentielle et devient proche de François Bayrou et de Marielle de Sarnez. Le Modem cherche des candidates pour les législatives, on l’envoie chez elle dans le Loiret. Elle fait 10 % et ne sera pas députée.

Une entreprise engagée La jeune femme entame une nouvelle carrière en agence de


Hortense dans ses locaux de la cité Griset

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SU C C ESS STORY

“Les fleurs transportées congelées, botoxées, je me suis dit que ça ne pouvait plus durer. Il ne fallait pas seulement éveiller les consciences. Il fallait trouver des solutions”

communication. Marketing, management, storytelling : des mots qui ne lui font pas peur et qui vont lui servir quand elle décide de se lancer à son tour dans l’aventure entrepreneuriale avec Fleurs d’ici. Elle se souvient d’une « learning-expedition » en Californie et d’une rencontre avec un investisseur : « Si vous n’avez pas : un psy, un coach et un coach sportif, je n’investirai pas dans votre entreprise. » Aujourd’hui, elle a tout ça… Pour Hortense Harang, l’entreprise est « l’engagement en actes », une autre façon de changer le monde. Ça tombe bien : une idée lui trotte depuis quelque temps dans la tête. 094

Une industrie polluante Elle se souvient du fleuriste du marché de la Place des Fêtes dans le 20ème arrondissement : il s’appelait Monsieur Henri. Hortense Harang l’aimait bien : il avait les yeux bleus et, chaque semaine, des fleurs de saison, des fleurs de jardin, des fleurs parfumées, du lilas, du seringat. Mais le temps de Monsieur Henri est loin. Les bourgeons font aujourd’hui le tour du monde avant d’arriver dans votre vase… 90 % des fleurs vendues aujourd’hui en France sont importées de l’étranger, le plus souvent de pays en voie de développement, à grand renfort de CO2 et de pesticides pour les maintenir en vie, en passant par la Hollande. Leader en matière


de production horticole, le pays est devenu la plaque tournante de l’Europe en matière de commerce des fleurs. Elles y arrivent chaque jour du monde entier par containers réfrigérés pour repartir aux quatre coins de l’Europe. Or un bouquet de 25 roses importées produit autant de CO2 qu’un aller-retour Paris-Londres en avion !

Haro aux fleurs botoxés ! Alors que tous les secteurs de la production agricole se sont mis progressivement aux circuits courts, l’horticulture reste en retard. Avec le temps, le marché de la fleur est même devenu le symbole le plus absurde d’une mondialisation qui transporte des productions d’un bout à l’autre de la planète et remet en cause les solidarités locales. D’ailleurs, en 50 ans, le nombre d’exploitations horticoles en France a été divisé par dix. La conviction d’Hortense Harang est faite : « Les fleurs transportées congelées, botoxées, je me suis dit que ça ne pouvait plus durer. Il ne fallait pas seulement éveiller les consciences. Il fallait trouver des solutions et la difficulté, avec les fleurs, c’est la logistique du premier kilomètre… C’est là que le numérique apporte la solution. »

Les bouquets de Fleurs d’Ici prônent les compositions originales et colorées

Des fleurs Françaises Créée il y a 5 ans avec son associée Chloé Rossignol, Fleurs d’ici est « une entreprise de logistique animée par la technologie » selon sa fondatrice. L’idée est simple : proposer des fleurs 100 % françaises et de saison, des fleurs éthiques. L’approvisionnement, le transport et la logistique restent des défis permanents pour des produits aussi fragiles que les fleurs, surtout quand la promesse est de cueillir les fleurs 24 heures seulement avant qu’elles arrivent chez le client. Mais ça fonctionne ! L’entreprise qui compte aujourd’hui près de 40 salariés travaille avec un réseau 095


SU C C ESS STORY

Une autre Saint-Valentin Mais au-delà de la réussite logistique, Hortense Harang veut faire de la pédagogie. « Offrir des roses à la Saint-Valentin, c’est absurde, ce n’est pas du tout la saison. » Elle préfère conseiller des anémones, des mimosas, des renoncules. C’est pourquoi, les compositions de Fleurs d’ici ont leur propre signature. Réalisées sur le vif dans un style « jardin anglais », elles sont composées des plus belles fleurs de saison issues de petits producteurs français. Chaque bouquet composé des fleurs disponibles au moment de la commande est donc unique. Pas de nature domestiquée. La beauté est naturelle et les fleuristes partenaires sont tenus de respecter ce cahier de charges qui garantit une touche d’originalité aux bouquets de Fleurs d’ici.

Le futur

“Fleurs d’ici, c’est donner la puissance d’un Amazon à des fleuristes de quartier !”

fleursdici.fr

de 3.000 producteurs et de 1.000 fleuristes se veut donc une solution technologique au service de la filière horticole mais aussi une manière de montrer qu’une troisième voie est possible en donnant la puissance d’un Amazon à des fleuristes de quartier. Depuis, le succès ne se dément pas. Lauréate du prix BCG de l’économie sociale et solidaire en 2019, l’entreprise a réussi sa première levée de fonds l’année dernière et en prépare une nouvelle. De quoi donner le sourire à Hortense Harang quand elle sillonne à vélo (comme il se doit !) les rues du 5ème arrondissement où elle vit et celles du côté de Cité Griset où se trouvent les bureaux de l’entreprise. 096

Plus déterminée que jamais, Hortense Harang ne veut pas s’arrêter là. « On a fait le plus difficile avec les fleurs. On a réinventé le modèle du grossiste sans stock. L’idée est maintenant de dupliquer le modèle avec l’alimentaire et le textile. » Baptisé « Wetradelocal », l’interface de Fleurs d’Ici a en effet vocation à s’adresser à d’autres secteurs, comme la restauration, dont les acteurs misent sur la proximité. « Féministe tendance Simone Veil », elle a essuyé l’ironie de certains hommes quand elle s’est lancée dans l’aventure entrepreneuriale avec son associée : « Deux femmes qui font des bouquets… ils se sont fait plaisir » s’amuse-t-elle aujourd’hui. Si elle devait résumer son état d’esprit, ça serait « radicale et inclusive. C’est l’époque qui veut ça. » Radicale dans ses choix de vie, inclusive dans sa capacité à rassembler les autres autour de son projet, elle entend bien mettre sa réussite au service d’une influence plus large. A sa manière, elle continue de semer et de glaner...


Après les fleurs, Hortense va décliner son modèle dans l’alimentaire et le textile

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Sabrina et James revégétalisent la ville de l’intérieur Rendre la ville plus green est une volonté portée par de nombreux collectifs qui exercent majoritairement leurs talents dans l’espace public. Sabrina et James, fondateurs d’aKagreen, proposent eux de reverdir la capitale de l’intérieur en végétalisant les espaces de travail. Rencontre.

Texte Anne Thoumieux Photos aKagreen

Qu’est-ce qui vous a amenés à lancer aKagreen ? Sabrina : Passionnés de plantes, en 2016, nous constations déjà un besoin de retour au vert généralisé. Notre ambition était de reconnecter les citadins à la nature en leur livrant -à vélo- des plantes avec un accompagnement sur mesure. Aujourd’hui nous traversons deux crises majeures, l’urgence climatique et le déclin de la biodiversité. Elles sont sur le point de faire basculer l’équilibre de notre planète et le futur de l’humanité. Nous avons décidé de végétaliser les espaces de travail pour l’aspect bien-être, mais aussi afin de (r)éveiller les consciences environnementales. James : Pour nous, les plantes sont un excellent point de départ et ont plus que jamais un rôle à jouer 098

dans l’aménagement des espaces de vie. Nous avons ainsi développé des formules clés en main, pour se reconnecter au monde végétal. La majorité des bureaux ne sont pas très engageants mais ces espaces offrent l’occasion de transmettre notre passion. Quel est votre point de départ ? Sabrina : La découverte de la biophilie ! C’est le lien inné et vital que nous avons avec la nature. Pour nous, les plantes ne sont pas de simples objets de décoration, mais des êtres vivants qui ont des interactions avec les gens. Exit les plantes seules, punies dans un coin de la salle de réunion ou l’open space. Je suis convaincue que nos racines sont végétales et que nous sommes toutes et tous


© Geoffroy Lasne

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empaillés). Nos traitements sont 100% naturels, nos producteurs sont éco-certifiés garantissant une traçabilité et le respect du cycle naturel des plantes et nous favorisons les circuits courts. Notre devise : “Comprendre les plantes, c’est changer le monde” car nous sommes convaincus que comprendre c’est apprendre à aimer, et aimer c’est vouloir protéger. Sabrina : Nous avons fait le choix radical de l’hydroculture, une technique ancestrale qui offre une grande maîtrise de la consommation d’eau. Par ailleurs, nous défendons dans notre management des valeurs humaines fortes : diversité, parité, équité et respect. Nous croyons aux vertus d’une économie responsable, basée sur l’utilisation raisonnée des ressources. Nous sommes fiers d’être certifiés Bcorp car s’engager dans un modèle économique sociétal et environnemental positif est totalement en accord avec les fondements mêmes de notre projet.

Sabrina et James chez eux

“Le design végétal est pensé pour créer des interactions émotionnelles et sensorielles actives à travers les plantes, et avoir un impact positif stimulant.”

reliés au vivant, sous toutes ses formes. Aujourd’hui, la très forte urbanisation nous en a peu à peu éloignés. En cela, les villes doivent impérativement se réinventer, s’engager dans un écologie urbaine poussée et proposer rapidement des solutions pour se désurbaniser au profit du végétal. Quels sont les aspects écologiques de votre démarche ? James : Chez aKagreen nous avons des partis pris forts ! Nous sommes engagés et soucieux de notre impact, c’est dans notre ADN. Nous refusons d’installer des plantes artificielles ou « stabilisées » (l’équivalent des animaux 100

Quels sont les bénéfices de ces installations végétales ? Sabrina : Au départ, la plupart des entreprises nous consultent pour de l’ornemental, mais les impacts sur le bien-être sont rapidement pris en compte et valorisés auprès des équipes. Avec la crise sanitaire, les stratégies RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et QVT (qualité de vie au travail) sont devenues primordiales pour “réinventer” les bureaux. Les plantes sont une réponse facile et accessible avec un ROI (retour sur investissement) très intéressant. James : Après le télétravail, les entreprises veulent donner envie de revenir dans les bureaux. Les salariés accueillent toujours les plantes avec enthousiasme et curiosité, et questionnent nos « mains vertes » lors de leurs passages. Le pouvoir bénéfique des


Un salon d’attente «reverdi» pour l’Oréal

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L’open-space qui respire chez Pixelis

“Les plantes sont un point de départ pour se reconnecter à la nature et (r)éveiller les consciences.”

www.aka.green

plantes sur nous n’est plus à prouver, de nombreuses études confirment qu’elles ont un impact positif réel sur la créativité, le stress, la productivité... A nous d’adopter un comportement biophilique : prendre le temps d’observer la nature et les plantes, comprendre leur rôle, redécouvrir le temps long. Quels sont vos prochains projets ? Sabrina : Nous venons de lancer Green aKademy, un programme digital d’accompagnement et de formation pour répondre aux 102

enjeux environnementaux. Via notre application, les salariés apprennent à s’occuper des plantes eux-mêmes, et en équipe, pendant leurs heures de travail ! C’est un outil d’échange qui leur permet de devenir acteurs de la démarche avec du contenu éco-responsabilisant à appliquer au bureau ou à la maison. James : Nous souhaitons aussi lancer plus de chantiers d’agriculture urbaine comme celui que nous venons de finir à Paris dans le 19ème. L’enjeu était de ramener la campagne à Paris et sensibiliser à la protection de la biodiversité en ville. Haies comestibles, potagers, espaces détente, parcours pédagogiques et thérapeutiques sur tables potagères ont été mis en place, en sélectionnant les variétés pérennes à l’année pour reconstituer un petit écosystème pour accueillir insectes, oiseaux, papillons…


Enfants ×

“Les enfants adorent avoir peur et en même temps, avoir un sentiment de sécurité. Comme les insectes sont microscopiques, même si ce sont des parasites qui peuvent être dangereux, les petits ont l’impression qu’ils ne risquent pas grand-chose…” Stéphanie Fromentin du podcast Bestioles, p. 110

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Auparavant réalisatrice de documentaire, Perrine Beaufils a changé de vie à la naissance de son fils pour créer Bihan, une marque de linge de lit biologique et solidaire à la douceur incomparable. « Bihan » c’est le nom de votre marque, mais aussi celui de votre fils… Bihan en breton veut dire « petit ». C’est comme ça qu’on interpelle les enfants, mais ça se perd un peu aujourd’hui. On n’entend que les anciens utiliser encore ce genre de mots doux ! C’est comme ça que m’appelait mon père, et c’est comme ça que j’appelle mon fils. Il se nomme Gaetano, il a 4 ans, et son arrivée dans ma vie a été un déclic. Déjà avant Gaetano, j’avais du mal avec mon métier tel que je l’exerçais à l’époque. Difficile d’envisager le développement de projets sur plusieurs années sans avoir l’assurance qu’ils se concrétisent, difficile de partir en tournage plusieurs semaines d’affilée et quitter le bébé… J’ai décidé que la condition

Photos © DR

Dans de beaux draps !

Perrine Beaufils, de réalisatrice à créatrice de linge de lit

de ma survie en tant que jeune mère était de changer diamétralement, de me mettre en danger et d’envisager une carrière « de conviction ». Quelles sont les spécificités de Bihan ? Ce qui m’importait vraiment, c’est la traçabilité. Je voulais proposer un produit irréprochable. Je dessine les modèles entre chez moi, à Ménilmontant, mon quartier adoré et ma boutique-bureau rue de l’Orillon. La fibre de coton, certifiée GOTS, arrive en France, puis est filée et tissée en France, dans les Vosges. L’importation de balles de coton brut a une empreinte carbone beaucoup plus réduite que celle d’un produit fini. Il est teint en région lyonnaise, puis façonné entre l’Ile-de-France et le Pas-de-Calais. Le choix des couleurs est pensé pour être durable : pas de bleu ni de rose «layette», mais des couleurs qui peuvent être utilisées du bébé à l’adulte. On entend beaucoup parler d’engagement pour une mode durable, mais encore trop peu pour 104

le linge, alors qu’il est beaucoup plus consommateur de matière que le vêtement. Les pièces sont façonnées dans un atelier de réinsertion de SeineSaint-Denis : comment avez-vous rencontré cette association ? J’ai rencontré Mode Estime au tout début de Bihan. Je cherchais un atelier avec un projet social en région parisienne. Situé sur l’Ile-Saint-Denis, cette association d’insertion par la création textile m’a accompagnée. N’y connaissant rien, je me suis laissée guider par Alice, Mathilde et le chef d’atelier, Misbahou, pour leur savoir technique. Je dois dire que rien n’aurait pu être possible sans eux ! A quand Bihan pour les grands ? C’est la grande nouvelle de l’automne ! Bihan lance une gamme adulte pour le linge de lit, ainsi qu’une gamme de linge de table...

bihan.co


A la mémoire des enfants EXPO. C’est souvent compliqué de parler aux enfants des années sombres de notre histoire, et du concept du Mal. Heureusement certaines œuvres d’art permettent d’établir un premier dialogue comme ce travail du graffeur C215 en collaboration avec le Mémorial de la Shoah. L’artiste a rendu hommage aux petits Parisiens brutalement arrachés à leur enfance, raflés, déportés et parfois assassinés, en dessinant leurs portraits au pochoir sur les boîtes aux lettres du quartier où ils vivaient à l’époque entre l’Ile-Saint-Louis et la rue des Archives, la rue Pavée ou la rue des Tournelles. L’idée est ainsi de parcourir le « Pletzl », le surnom du quartier juif de Paris, carte en main, à la découverte des œuvres et des mémoires de ces enfants afin de se souvenir, pour que plus jamais cela ne se reproduise. MH « 11 400 enfants - Portraits par C215 » - Jusqu’au 1er décembre 2022 au Mémorial de la Shoah et parcours de street art dans le Marais

Pas pour les filles le skate ?! SAGA. Voici la suite des aventures de Simon, le lapin préféré des enfants et « bébé » de Stéphanie Blake, une américaine parisienne d’adoption ! Dans cet opus, elle démonte le machisme ordinaire qui voudrait qu’une fille, Lou, l’amoureuse de Simon, ne pourrait pas bien faire du skate. N’importe quoi !!! MH

© Mémorial de la Shoah - C215

SuperLou de Stéphanie Blake (l’école des Loisirs), 13€.

Inspiration de l’expo, le premier pochoir réalisé par C215: Simone Veil, enfant

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© DR

Les mini-stars ACTIVITÉS. Vous avez de piètres talents en tant que « planneur d’anniversaire » ? Voici une nouvelle qui devrait vous ravir : les 5 BAM de Paris (à Madeleine, Richer, Parmentier, Sentier et Etoile) proposent désormais les Kids Karaoké Party, dès 5 ans. Au programme, il y a d’abord une playlist « Top Hits Kids » spécialement concoctée pour les bambins avec des incontournables comme « Libérée Délivrée » de la Reine des Neiges. Et comme s’égosiller, ça donne soif, le prix de la session comprend des boissons soft, des bonbons et même un gâteau d’anniversaire à commander en amont (en supplément). On réserve la salle selon le nombre d’invités : la plus grande peut recevoir jusqu’à 30 personnes donc votre progéniture peut faire pleuvoir les invits ! Disponible les après-midis le samedi & dimanche - et tous les jours à BAM Madeleine. Prix : location de la salle, selon la surface + 25€ pour les 360 grammes de bonbon et 3 pichets de softs au choix. MH

Musicien en herbe

Photos © William Beaucardet

COURS. La Philharmonie de Paris propose plus de de 100 ateliers de pratique musicale différents : peutêtre l’offre la plus costaud de France ! Et il y en a pour tous les âges (bébés de 3 mois, enfants, adolescents, adultes), tous les goûts (musique classique, musiques traditionnelles, musiques actuelles, création en studio) et tous les niveaux du débutant au confirmé. Les séances sont ponctuelles, par cycles ou annuels. MH 106


© François Christophe - CMN

Un vol qui vient d’avoir lieu au château ! Les enfants doivent mener l’enquête, armés d’un carnet... et de quelques conseils de comédiens !

Sacré jeu ! ACTIVITÉS. Et si les monuments historiques parisiens se transformaient en un immense terrain de jeu pour les petits et les grands ? Ce fantasme devient réalité les 22 et 23 octobre lors de l’évènement « Monument jeu d’enfant », organisé par le Centre des monuments nationaux (CMN) ! Les familles sont ainsi conviées à mener une enquête auréolée de surnaturel à la Chapelle Expiatoire (Départ toutes les 30 minutes de 14 h à 16 h), observer les espaces « renversés » de la nef du Panthéon, essayer un atelier dorure à l’Hôtel de la Marine ou un escape game dans la maison des Jardies, où le fantôme farceur du jardinier de Balzac vous a enfermé (session de 45 min, départ toutes les heures de 14 h30 à 17 h30). La plupart de ces animations sont gratuites pour les enfants et très recherchées alors, petit conseil, faites un tour directement sur le site du lieu pour réserver avant de vous rendre sur place. 10 monuments participent au projet en Ile-de France : pour les découvrir tous, rendez-vous sur monuments-nationaux.fr 107


Apprendre le Vivant

A 30 minutes de Paris, Villages Nature® Paris propose une détox urbaine bienvenue au cœur de 250 hectares de verdure. Un bon plan pour les parents parisiens désireux d’accompagner leurs enfants vers la découverte du Vivant, avec des activités en extérieur comme en intérieur, et surtout en s’amusant : parce que la faune et la flore, c’est toujours plus rigolo en vrai que sur un écran, non ?

A partir de 504 € pour un cottage 4 nuits / 4 pers. 1, route de Villeneuve, 77700 BaillyRomainvilliers, 08 05 53 05 03 centerparcs.fr

© Center Parcs

Texte Marianne Hesse

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Les petits observateurs Première étape, on troque la voiture au profit des vélos pour découvrir le site. Ici, tout est prévu pour nous sensibiliser à vivre plus en accord avec la nature, à commencer par la gestion écologique de l’espace. « L’herbe n’est jamais coupée à moins de 10 cm de haut pour permettre le maintien de la microfaune (insectes et autres) si bien que nous avons énormément d’espèces qui vivent dans nos prairies. Nous sommes engagés dans le maintien de la biodiversité et la sauvegarde des espèces comme les Orchidées sauvages et nous participons à des programmes de réhabilitation de hérissons et d’oiseaux comme les rapaces », sourit Renaud Bertrand, responsable du département espace vert et biodiversité Villages Nature® Paris. Au cours de vos

balades, il y a donc de fortes chances pour que vous vous retrouviez face à ces bêbêtes, mais aussi des chevreuils, des canards, des grenouilles ou une des 11 variétés de papillons répertoriées sur le site ! Plus de 50 panneaux d’information sont disséminés dans les champs, la forêt ou à côté des cottages en pleine nature afin de les repérer et d’en apprendre plus sur la faune et la flore francilienne. Et n’oubliez pas de lever les yeux ! Le spectacle est également dans les airs avec une multitude de petits oiseaux, passereaux et autres bruants des roseaux, qui vivent ici grâce à des nichoirs installés dans chaque arbre des « Jardins extraordinaires », une succession de 4 magnifiques espaces verts sur le thème des quatre éléments. Le plus spectaculaire en automne ? Le jardin du feu avec sa

multitude de fleurs rouges, dont une grande variété de bruyères, qui allument le regard !

Les ateliers du Vivant… en famille ! Après cette grande balade, direction les ateliers pédagogiques où toute la famille peut mettre la main à la pâte et se créer des beaux souvenirs en commun. A la Ferme BelleVie, on découvre les animaux, et on apprend à devenir un apprenti fermier ou jardinier en permaculture. Mais notre coup de cœur va au tout nouveau atelier du pain, animé par Letizia, une passionnée de farines et de techniques de pétrissage (13,50 euros et 11 euros pour les moins de 12 ans). En 1 h 30, elle apprend aux enfants à partir de 4 ans et aux grands à fabriquer du pain, en partant de l’épi

© Center Parcs

© Center Parcs

L’atelier du pain

de blé. C’est à la fois très ludique et enrichissant : chacun comprend l’importance de la qualité des ingrédients et du savoir-faire du boulanger, ou le rôle du levain. A la fin, chaque membre de la famille repart avec sa miche, fabriquée de ses petites mains… et autant dire que les bambins comme les parents l’apprécient d’autant plus en la dégustant le soir-même dans leur cottage. Chacun est en effet équipé d’une cuisine, ce qui permet de diner tranquillement chez vous. Notre conseil si vous voulez rester en pleine nature ? Demandez les cottages les plus à l’écart de la Promenade du Lac où se situent les animations. Sur votre terrasse, vous pourrez profiter d’un tête-à-tête avec les étoiles en toute quiétude !

Caresses aux ânes à la Ferme BelleVie

© Center Parcs

© Center Parcs

Les “Jardins extraordinaires”

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Alerte aux minimonstres !

Poux, acariens et autres tiques assoiffées de sang humain envahissent le Muséum National d’Histoire Naturelle pour la nouvelle exposition intitulée « Mini-Monstres » ! Texte Estelle Surbranche Photos Bertrand Stofleth / MdC

L

a peur des insectes est plutôt répandue : d’abord parce que leur apparence est généralement plutôt répugnante, et ensuite car ils sont souvent porteurs d’infection. Alors les parents évitent généralement de les fréquenter… Mais c’est une autre histoire pour nos rejetons ! « C’est une attirance-répulsion » nuance Stéphanie Fromentin, créatrice du podcast pour les 5-7 ans « Bestioles, Les aventures du monde animal », « Les enfants adorent avoir peur et en même temps, avoir un sentiment de sécurité. Et comme les insectes sont microscopiques, même si ce sont des parasites qui peuvent être dangereux, les petits ont l’impression qu’ils ne risquent 111

pas grand-chose. Qu’ils finiront toujours par avoir le dessus. Dans le podcast, on ne nie pas le côté désagréable des insectes, mais on ne le met non plus en avant : c’est ça le secret ». Associé à ce projet de connaissances des insectes, le Museum National d’Histoire Naturelle va plus loin avec une expo qui met en scène 7 espèces et leurs fabuleuses capacités à l’honneur : le pou, la mouche, la tique, le moustique, la puce, la punaise de lit et l’acarien. Qui mieux que ce Museum pour parler en leurs noms ? Il possède l’une des 3 plus grandes collections naturalistes au monde avec 68 millions de spécimens, dont 20 millions rien pour que l’entomologie.


Adapté à tous

“Aussi répugnantes qu’elles soient, ces bébêtes peuvent aussi se révéler fascinantes, avec des facultés incroyables.”

Si le public privilégié sont les enfants de 7 à 12 ans, toute la famille peut profiter de ce parcours en 4 temps. « Le comité scientifique de l’exposition était constitué d’un parasitologue, un documentaliste spécialisé sur les insectes et un psychologue des émotions, et en particulier des phobies. Ce dernier a travaillé avec les scientifiques pour trouver des espèces qui restent ludiques, des idées attractives malgré le sujet épidermique. L’idée est de travailler sur la curiosité et la peur, sans aller trop loin », explique Aude Pinguilly, chef de projet sur l’exposition Mini-Monstres. Pour que le public et les enfants soient acteurs de l’expo, de nombreux dispositifs sensoriels ont été mis en place pour provoquer tout autant la peur que l’émerveillement

L’inversion des échelles Le visiteur pénètre dans l’exposition en se mettant à la hauteur du sujet puisque la première pièce montre les 7 espèces grossies entre 50 000 à 150 000 fois : du coup on a l’impression de devenir tout petit

et les mini-montres deviennent très, très grands à côté de nous. La première partie du parcours se nomme « notre corps est un écosystème » : en effet pour les 7 minimonstres, notre corps est un habitat. Ils se cachent dans notre peau, dans nos cheveux… et se nourrissent grâce à nous. Ils nous révulsent et pourtant on vit avec eux depuis des milliers d’années.

Des espèces aux superpouvoirs Aussi répugnantes qu’elles soient, ces bébêtes peuvent aussi se révéler fascinantes, avec des facultés incroyables. Par exemple, la mouche a une super vision avec 48 000 capteurs qui lui permettent de détecter les mouvements, des yeux perfectionnés qui voit à 360° ainsi que des pattes hyper collantes… L’expo les révèle sous forme ludique en étudiant ces mini-monstres transformés en sorte de Pokémon géant : le moustique se transforme en supercaptor, la puce en élastipod, la punaise de lit en vampinez ou le pou en accrocmèche…

Une initiation au protocole d’observation Heureusement, l’être humain aussi a des qualités extraordinaires, dont celle de pouvoir créer des outils ! Il a ainsi inventé le microscope pour observer ce qui n’est pas visible à l’œil nu. Depuis le XVIe siècle, les scientifiques observent les détails des corps des mini-monstres grâce aux loupes. La première date de 1670 : un Hollandais invente le microscope qui grossit 250 fois et l’homme comprend qu’il y a beaucoup de choses à découvrir autour de nous. A partir de là, ils ne feront que grossir… Si l’exposition ne présente pas ce tout premier microscope, elle en montre beaucoup dont un microscope à barillet de 1760 ! D’ailleurs, un atelier pédagogique propose aux enfants étudier euxmêmes les petites bêtes à l’aide de binoculaire [un instrument

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Des nouveaux Pokemons ? Non ! Un moustique qui se transforme en Supercaptor pour attirer l’attention des enfants !

Au Museum, la curiosité n’est jamais un défaut !

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MINI-MONSTRES

Prêt à regarderen face - et en très, très gros ! les mini-monstres ?

“A l’époque, les insectes étaient respectés comme des dieux avec des pouvoirs surnaturels !” d’optique - microscope, lunette, etc. à double tube, permettant la vision binoculaire].

Une invasion programmée La dernière partie de l’exposition est consacrée aux bons gestes à adopter face à ces mini-monstres. Le premier constat est qu’on devra a priori apprendre à vivre avec eux : ils sont visiblement ultra résistants, même aux pesticides que nous inventons, et puis ils jouent un rôle essentiel sur la planète comme pollinisateurs ou composteurs. Mais certaines

espèces peuvent être aussi invasives, et nuisibles car elles transmettent des maladies. Il faut donc les éviter. L’expo propose alors plusieurs activités aux enfants, comme un jeu pour comprendre comment la lente passe de tête en tête – et ainsi la déjouer. Sont également exposées des solutions plus naturelles pour éviter les poux, comme des vieux peignes à poux (et oui, ces objets existent depuis très longtemps !). Enfin l’expo se finit sur les croyances liées à ces mini-monstres : la légende de Pangu en Chine ou du géant chez les indiens Tlingit en Alaska par exemple. Croyez-le ou pas, à une époque dans ces contrées, certaines étaient respectées comme des dieux avec des pouvoirs surnaturels ! De quoi raconter de nouvelles histoires le soir aux Petits... 114

Au Muséum National d’Histoire Naturelle (du 22 Octobre 2022 au 23 Avril 2023), ouvert de 10h à 18h tous les jours sauf les mardis, le 25 décembre et 1er janvier En ligne sur : jardindesplantes deparis.fr/minimonstres Tarifs : 10 € / 7 € + Médiation : ateliers pédagogiques pour tous le mercredi, ainsi que le weekend et les vacances scolaires

« Bestioles », Les aventures du monde animal, tous les épisodes en écoute sur le site de Radio France


Bien-être ×

“Le vernis, on peut le taxer d’être superficiel, mais je crois qu’il est aussi une manière de s’exprimer.” Elise Khettat du studio Griffe p.120

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La base

© Clara Sorlin

MIXTE. Avec ce Baume Lacté, Dr. Hauschka réussit le pari d’une texture nettoyante huileuse qui restaure le film hydrolipidique de la peau, sans être grasse. Résultat, les femmes peuvent l’utiliser le soir en démaquillage – pas besoin de rajouter un produit à la suite - et les hommes pour nettoyer leur barbe. Pratique pour les petites salles de bains parisiennes ! ES Baume Lacté Nettoyant, 20, 40€

Envie de changement ? COIFFURE. Certains noms de professionnels se donnent sous le manteau, comme des secrets : celui d’Adrien Coelho est de ceux-là. Visagiste remarquable, il est l’un des rares élus à qui les stars comme Camilla Mendes (Véronica dans Riverdale) confient le changement de leur coupe de cheveux, et donc de leur style. « La même coupe ne peut pas vous aller toute votre vie », confie-t-il, « les traits changent avec le temps, s’affaissent, s’arrondissent, s’amincissent... Le mouvement et la forme de la chevelure doivent accompagner ces transformations de façon à mettre la femme – ou l’homme – en valeur ». Adepte de la morphopsychologie, il s’adapte aussi à la personnalité de la cliente. Résultat, son nouveau micro salon de coiffure, le Très Confidentiel, niché sous les arcades du Palais Royal, ne désemplit pas… et c’est grandement mérité ! ES Coupe à partir de 80€ 116


Un geste parisien MAQUILLAGE. Emblématique de la maison Chanel, la veste en tweed a été créée en 1954 par Coco, désireuse de « permettre aux femmes de bouger aisément, ne pas se sentir déguisée, ne pas changer d’attitude ou de manière d’être ». Cette philosophie résonne avec l’édition automne-hiver des 4 Ombres de la griffe : 4 couleurs pour habiller le regard dans une tonalité plus chic sans le travestir. Autre clin d’œil direct au fameux vêtement, les fards à paupières ont tous été imaginés avec un motif tweed embossé sur chacun de leurs boutons. Tropisme parisien oblige, à Vivre Paris, on y voit également le reflet en make-up du tressé des fameuses chaises de bistrot de la Capitale ! Ce sublime objet se dégaine en tout cas fièrement pour une retouche rapide entre deux rendez-vous, ou se collectionne, comme toutes les éditions limitées de la Maison. ES Photo Nora Hegedus

Les 4 Ombres tweed de Chanel, existent en 4 nuances (sur la photo, tweed « cuivre »), 78€ – édition limitée, disponible dans les boutiques Chanel. Merci à la maison Carette, 4 Pl. du Trocadéro et du 11 Novembre, Paris 16e

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Olivier Courtin

l’hydratation avec de la vitamine C et des acides hyaluroniques. Mais il est aussi important de stimuler la régénération cutanée au quotidien et via des cures : nettoyant enzymatique, cosmétiques à base de peptides pour stimuler les mécanismes naturels et protéger les terminaisons nerveuses, peeling AHA BHA...Enfin, il ne faut pas négliger de faire du sport, bien s’alimenter, s’accorder des pauses et des moments plaisir comme des massages...

Ancien chirurgien, auteur de nombreux livres sur le bien-manger et directeur général du groupe Clarins, le Dr Olivier Courtin a aussi fondé My Blend, une marque de cosmétiques high tech qui vient d’ouvrir sa première boutique dans le 3ème.

A l’approche de l’automne, quels sont les gestes « belle peau » ? Il faut prévenir la baisse d’énergie et préparer sa peau et son organisme au changement de saison. Pour renforcer son système immunitaire et booster son énergie et son éclat, ne pas hésiter à faire une cure de vitamine C aussi bien avec des compléments alimentaires que des cosmétiques à base de vitamine C, comme notre superserum Eclat myBlend.

© Fred Meylan

Quel est le principal souci de la peau des Parisiens et des Parisiennes ? La pollution, le stress et le manque de sommeil font que le principal problème des Parisien(ne)s est la peau terne et fatiguée, desséchée. Il faut d’abord aller chercher de l’éclat et de

Vous avez beaucoup milité autour des bénéfices d’une alimentation saine. Si vous aviez un conseil à nous donner pour cette saison ? En cette saison, nous avons la chance d’avoir beaucoup de fruits et légumes riches en vitamines, oligo-éléments et antioxydants, à choisir en production locale bien sûr. Évidemment, il est important de les varier. Et comme je le dis toujours, une assiette variée est une assiette colorée. Après je conseille de faire une cure d’un des compléments alimentaires myBlend, à choisir en fonction de votre préoccupation beauté : éclat, imperfections/detox ou nutrition/régénération. Toutes ces cures contiennent notre duo phare, baie d’argousier & inuline, particulièrement recommandé pour renforcer les défenses de l’organisme et le microbiote. ES

© Vinciane Lebrun

L’espace My Blend, rue Debeylleme

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© N. Breton

Les cancers sous la loupe EXPOSITION. Première cause de mortalité chez l’homme et deuxième chez la femme en France, le cancer est une maladie répandue, et pourtant, mal connue du public : rien que son évocation peut faire peur... La Cité des sciences et de l’industrie brise le tabou en programmant une grande exposition sur le sujet. Le parcours se penche d’abord sur ces maladies, puisqu’il y a plusieurs cancers et leur histoire qui a débuté il y a 500 millions d’années, puis « s’intéresse de manière privilégiée aux malades eux-mêmes ainsi qu’à celles et ceux qui les accompagnent » détaille Bruno Maquart, président d’Universcience. Un état des lieux des connaissances scientifiques actuelles est ensuite présenté, ainsi que les progrès des prises en charge. Enfin, l’exposition se conclut par un espace relatif à la prévention qui assure la transition avec l’après-visite en donnant des conseils pratiques : 4 cancers sur 10 pourraient être évités, si la prévention était améliorée. MH Cancers, jusqu’au 8 août 2023

De la santé mentale FESTIVAL. Du 7 au 9 octobre se déroulera au Ground Control (près de la Gare de Lyon), Pop & Psy, le premier festival pop de la santé mentale. Organisé par le Dr JeanVictor Blanc, médecin psychiatre, la Fondation Falret et la journaliste Florence Trédez, le programme comprend des tables rondes et talks psy, des ateliers... MH Entrée gratuite.


Les plus belles griffes de Paris ! Après 20 ans dans la communication digitale, Elise Khettat vient d’ouvrir Griffe, un studio de manucure branché spécialisé dans le nail art minimaliste. Bonus ! La manucure provoque en plus ici un bel impact sociétal puisqu’Elise emploie uniquement des nails-artistes sourdes.

Texte Estelle Surbranche Photos DR

Comment l’histoire de griffe a-t-elle commencé ? J’ai d’abord lancé le rouge à ongles, une marque de vernis made in France, vegan et bio-sourcée en 2020. Pour moi, il était hors de question que ma marque n’ait pas un impact sociétal. Aujourd’hui ça me paraît compliqué de faire autrement que ça soit dans la beauté ou ailleurs ! Je me suis donc intéressée à la langue des signes et à la communauté sourde. Pourquoi cette communauté en particulier ? Parce que je trouve intéressant de lier le produit et la cause. Que ça soit pour le salon de manucure, Griffe ou pour la marque de vernis, tout tourne autour des mains et la langue des signes se parle avec les mains. D’ailleurs, ma tagline ou mon slogan si vous préférez, c’est « l’art de parler avec les mains »… Le vernis, on peut le taxer d’être superficiel, mais je crois qu’il est aussi une manière de s’exprimer. Via la marque a germé l’idée du studio Griffe pour vivre l’expérience du ver121

nis, et pouvoir ainsi créer des emplois pour les femmes sourdes. Je suis alors partie à la rencontre des personnes de cette communauté, car moi-même je n’en suis pas issue, pour voir si le principe était intéressant. Quand avez-vous commencé à travailler ensemble ? En janvier 2020, en coopération avec Pôle emploi et un centre professionnel, on a monté une formation dédiée pour 6 femmes sourdes que j’ai moimême suivie pour connaitre le métier. Puis j’ai ouvert le studio de manucure Griffe avec ces femmes … Est-ce que leur handicap a pu se révéler être un avantage dans ce métier ? Du fait de leur surdité, les filles ont développé une grande acuité visuelle. Elles sont d’une précision extrême dans leur travail… Ensuite elles utilisent leurs mains et leurs doigts en permanence pour communiquer donc elles ont une dextérité et une force, que par exemple, moi je n’ai pas. Ré-



“Nous avons une approche centrée sur la santé de l’ongle au naturel, avant le côté esthétique.”

Studio Griffe, 6 place de la Madeleine, Paris 8e Le rouge à ongles au Bon Marché ou lerougeaongles.com

sultat, leurs massages sont tout simplement incroyables.

ceintes qui n’aiment pas trop porter du vernis durant leur grossesse.

Au studio Griffe, vous avez une approche particulière de la manucure et de la pédicure ? Oui, nous avons une approche centrée sur la santé de l’ongle au naturel, avant le côté esthétique. Nous ne coupons pas toutes les cuticules. Elles ont une fonction naturelle de barrière et les ôter complètement ouvre la porte aux bactéries. On enlève seulement ce qui dépasse. Nous ne faisons pas les prestations de construction avec des gels, des capsules… En max, on fait du semi-permanent. En revanche, nous sommes spécialisés en vernis classique et en manucure japonaise c’est-à-dire un soin de l’ongle uniquement au polissoir. En travaillant la kératine de l’ongle, on fait ressortir sa brillance naturelle. C’est une manucure idéale par exemple pour les femmes en-

Alors on ne peut pas faire de nailart ici ? Si, nous faisons du nailart minimaliste. Tout est dans le détail : c’est par exemple une lunule dorée sur un ongle « nature », ou une french inversée…

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Vous avez ici des outils assez uniques… Pour les outils de manucure, j’ai tout sourcé en Angleterre. Les Anglais sont très en avance sur l’art de la manucure. Ils ont imaginé des outils qui ne font jamais mal et très faciles à manipuler. Quant aux produits, nous avons sélectionné le meilleur des autres marques : l’huile Camélia de Chanel, la crème pour les mains Holidermie… Notre angle, c’est d’être dans le respect permanent de l’ongle.


Mode ×

“Notre technique de coloration « matraque » le vêtement à 60° pour que la couleur soit fixée… Alors une fois qu’ils ont survécu à cette opération, ils peuvent survivre pendant longtemps au matraquage d’une famille entière !” Irène Cohen de Club Couleur p.126

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Les sacs “made in Paris” 100 couleurs. Sophie Lagreula crée des sacs personnalisables à l’envi et confectionnés à 100% dans la Capitale. Rencontre.

Quel est le signe de reconnaissance de « Sous les Pavés » ? Ce sont nos petites estampes en laiton, très souvent animalières, cobra, éléphant ou les scarabées, sur le devant des sacs. Nous avons une vingtaine de formats de sacs avec un best-of, le Mai Tai, un petit modèle. Mon principe, c’est de réaliser des formes de sacs simples, avec une très large déclinaison de couleurs. Les boutiques peuvent ensuite commander aux choix la forme, l’estampe, la bandoulière…. Sur notre site, les particuliers peuvent aussi personnaliser leur sac selon leurs envies.

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Vous avez lancé Sous les Pavés en 2008 avec une idée étonnante : faire un sac en serpillère ! Ça allait être les 40 ans de mai 68 et j’habite à Saint-Germain… Alors ça me paraissait rigolo de détourner un objet de torture de la femme en accessoire fashion ! La presse a adoré et le buzz a lancé la marque « Sous les Pavés »… Le Bon Marché nous a alors demandé de réaliser ce même modèle en cuir et il a été notre premier succès.

Passez voir Sophie dans son showroom sur RDV au 60 rue du cherche midi 6. A partir de 270€ - souslespaves-paris.com

Et vous réalisez tout à Paris ? Tout est très local ! Dans mon atelier du 6e arrondissement, je dessine les modèles puis je fais les cartonnages de sac [un carton pour chaque partie du futur sac]. J’y réalise aussi le premier prototype en cuir du modèle. Ensuite je fais forger dans le Marais un « outil » c’est-à-dire une sorte de presse qui va servir à couper le cuir. Enfin je fais fabriquer dans un atelier à Porte de 124

Bagnolet. Vivre à Paris, c’est important pour vous ? Oui, pour les rencontres, pour les sourcings des matières premières, pour nourrir sa créativité… J’habite vers le Pont-Neuf et j’adore me balader pour m’inspirer dans le centre de la ville. Je dis toujours « je préfère les arrondissements à un chiffre ! » (rires) MH


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Les équerres de Paris ACCESSOIRE. Gambettes Box, la box mensuelle de collants fabriqués en Italie et écoresponsable, s’associe à la maison parisienne Lancel pour créer deux modèles très mode, l’un à plumetis et l’autre à losanges, ainsi qu’un twilly. Ce foulard au format longiligne (et non pas carré) est à nouer au choix, sur son sac, en bandeau sur la tête, autour du poignet ou tout simplement autour du cou pour le laisser voler dans le vent de l’automne ! MH 16,50 € par mois

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Paula Miquelis, la fondatrice du Conscious Festival

La mode de demain FESTIVAL. Conscients de l’impact de cette industrie sur la constitution de la planète, de plus en plus d’acteurs de la mode sont en train d’effectuer leur transition écologique, que ça soit dans les matériaux utilisés ou la traçabilité des circuits. Grande messe tout à la fois festive et écologique sur le sujet, le Conscious Festival annonce sa seconde édition française, en simultané avec celle de Londres et Singapour, du 30 septembre au 2 octobre à Paris au Ground Control. Pendant ces 3 jours, le grand public pourra participer à des workshops, des concerts, des talks, assister à des défilés de mode et faire du shopping auprès de marques et d’entreprises engagées sourcées par la styliste et entrepreneuse Emy Venturini. Comme l’affirme Paula Miquelis, la fondatrice du festival, « green is the new black » : le Conscious Festival est donc obligé ! MH 1 25


Irène Cohen dans son quartier, le 7ème

Texte Estelle Surbranche Photos Club Couleur

Alerte à la couleur ! Déjà fondateurs de Bonton, la marque adorée des enfants parisiens trendy, Irène et Thomas Cohen se sont lancés un nouveau défi avec Club Couleur, un label d’upcycling par la couleur. Irène Cohen, directrice artistique de la marque, nous révèle ses secrets de fabrication !

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fonctionnel. Quand on a commencé en 2001, le choix était pauvre et très genré. Nous, on a voulu proposer un vestiaire pour enfant très coloré et qui se renouvelle par la couleur. Au fond, notre idée était super simple : dire qu’il n’y a pas que le rose et le bleu pour les enfants ! Le travail d’une collection par une teinte, et pas par un modèle, a toujours été dans notre manière de penser.

L’intérieur de la teinturerie Bonnin

“Vous n’imaginez pas le nombre de vêtements tout neufs, avec l’étiquette du prix encore fixée, qui dorment dans des entrepôts en France ou ailleurs !”

Après la vente de Bonton en 2018, qu’est-ce qui vous a poussé à lancer Club Couleur en 2021 ? Nous voulions monter un projet différent, avec des valeurs essentielles aujourd’hui, comme l’inclusivité et la responsabilité, au cœur de notre démarche. Aujourd’hui l’offre mode est déjà pléthorique : à quoi bon juste lancer une autre marque ? Il faut offrir aux gens autre chose que des vêtements. Et en toute sincérité, nous avions aussi envie de continuer le travail avec notre « famille » Bonton et les artisans que nous avons rencontrés sur le chemin. Je pense en particulier à la teinturerie Bonnin située à côté de Nantes. Notre nouvelle histoire devait donc aussi tourner autour de leur extraordinaire savoir-faire autour de la couleur. Votre histoire d’amour avec la couleur ne date pas d’hier : lorsque vous avez créé Bonton, vous aviez déjà le parti pris de mettre de la couleur dans le vestiaire enfant… Les bébés ont besoin d’un trousseau 128

Il y a encore beaucoup de teintureries dans l’hexagone ? Hélas, très peu… Peut-être 5 ou 6 en France. Et la teinturerie Bonnin est la seule à être experte en sur-teinture, c’est-à-dire apposer de la couleur sur des vêtements déjà confectionnés et finis avec des boutons, des coutures… Les autres teintureries sont plutôt spécialisées en teinture de tissus ou de fils vierges. Où est-ce que vous sourcez vos vêtements ? La durabilité est notre critère principal. C’est donc de la seconde main de très grande qualité : par exemple des vêtements non utilisés qui dormaient dans des stocks… Vous n’imaginez pas le nombre de vêtements tout neufs, avec l’étiquette du prix encore fixée, qui dorment dans des entrepôts en France ou ailleurs ! Nous achetons aussi des pantalons de peintre, des vestes d’artisan, ou des combinaisons de mécanicien chez les fournisseurs des artisans de France. On travaille également avec les fournisseurs de centres sportifs. Nous avons aussi sourcé des grossistes dans les produits du quotidien qui concernent la maison : les torchons, les sacs à pain, des nappes ou les serviettes de toilettes. Une fois que nous avons trié nos trouvailles, nous les passons en teinture… Enfin, on met aussi en avant des jeunes marques françaises, avec un état d’esprit similaire au nôtre : je pense par exemple à Kerzon qui fait du savon et des pro-


duits sains pour la maison… Notre principe est que nous ne vendons que la base nécessaire dans une garderobe ou dans la maison. Les vêtements Club Couleur, ce sont donc des basiques qu’on va garder toute sa vie ? Il y a des chances que vous les gardiez très, très longtemps ! Il est obligatoire qu’à la base, nos produits soient solides. Il faut un coton et des coutures de bonne qualité pour survivre à notre procédé de teinture. Cette technique « matraque » le vêtement à 60° pour que la couleur soit fixée… Alors une fois qu’ils ont survécu à cette opération, ils peuvent survivre pendant longtemps au matraquage d’une famille entière ! (Rires.) L’autre parti pris de Club Couleur est de proposer une très large gamme de tailles… On démarre au small et on va jusqu’au double XL, qui correspond à un 50. Nous voulions des tailles pour tout le

Quelques étapes de la coloration des vêtements sélectionnés par Club Couleur à la teinturerie Bonnin

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“L’avantage de travailler sur des stocks existants et avec une entreprise française, c’est que nous sommes sur des délais très courts qui nous permettent de suivre les tendances au plus près.” monde, pas juste des tailles du 34 au 40 comme beaucoup de marques de la grande distribution ! Vous vous êtes faits connaître avec vos modèles sportswear tie&dye qui ont été beaucoup copiés… Le tie&dye, c’est vraiment un savoir-faire de teinturier. Il donne une allure tellement différente à la couleur et au vêtement ! Pour Club Couleur en particulier, c’est de la teinture artisanale, ce sont donc quasi des pièces uniques : vous ne pourrez pas avoir deux fois le même. En plus, nous sommes soumis aux aléas des stocks de vêtements que nous trouvons : ils ne sont pas identiques à chaque fois. Club Couleur ne peut faire que des petites séries… Les autres, c’est différent. Comment choisissez-vous les couleurs que vous allez mettre en avant d’une saison à l’autre ? L’avantage de travailler sur des stocks existants et avec une entreprise française, c’est que nous sommes sur des délais très courts qui nous permettent de suivre les tendances au plus près. Ensuite, je bûche avec une styliste pour sentir les couleurs qui vont émerger. Il y a des couleurs éphémères, de couleurs de saison, des couleurs qui durent… La seule règle chez nous, c’est que toutes nos couleurs doivent marcher ensemble. On joue le

Retrouvez Clubcouleur.fr et aux Galeries Lafayette.

côté obsession chromatique mais dans la vraie vie, les gens aiment bien les mélanger. Cela permet de limiter les clashs de teintes ! Vous avez des couleurs « permanentes » ? Un rose poudre très clair, un peu comme un faux blanc. Il matche avec tout. On a aussi un bleu électrique : la nuance est très forte mais étonnamment, elle se marie aussi avec tout. C’est quoi vos projets pour la suite ? Nous aimerions bien travailler avec des labels partenaires. Aujourd’hui, la loi interdit aux marques de détruire les invendus comme ils le faisaient jusqu’à maintenant. Notre savoir-faire, c’est l’upcycling : nous leur proposons des solutions comme par exemple donner une autre vie à leurs invendus avec nos teintures. Avec Club Couleur, 130

il y a toujours une deuxième vie envisageable pour les vêtements… Parfois même une troisième vie ! Pour septembre, on sort par exemple une collection gris carbone avec nos propres invendus. Et puis peut-être un magasin au vu du succès de vos pop-up stores dans Paris… Nous adorons recevoir nos clients dans les magasins pour leur faire vivre une expérience. C’était déjà le cas avec Bonton où nous organisions quasi un évènement par semaine. Avoir notre propre boutique pour Club Couleur relève donc de la suite logique à nos yeux. Nous avons déjà un joli espace aux Galeries Lafayette. Et pour notre propre boutique, ce sera Rive Droite. On cherche encore la perle rare, un lieu qui nous fasse totalement rêver... en couleur !


Déco ×

“S’agissant des couleurs, j’ai opté pour des teintes joyeuses et plutôt pop qui en disent long sur notre vision d’un futur.” YuTyng Chiu de Komut p.148

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Genius Loci, L’Appartement d’Auguste Perret, 51, rue Raynouard, Paris 16e du 15 au 23 octobre 2022. geniusloci-experience.com

© DR

Chef d’œuvre d’art déco SUR LA COLLINE DE PASSY. Créé par Marion Vignal, Genius Loci est un programme d’expositions immersives dédié à la mise en lumière du patrimoine architectural. Pour cette seconde édition, les portes de L’Appartement d’Auguste Perret, un chef d’œuvre Art déco réalisé en 1932 par l’architecte pour son usage personnel au 7ème et dernier étage de son immeuble, ouvrent pour la première fois au public. Comme un dialogue à travers le temps, les œuvres et installations de 30 artistes invités célébreront ses grands thèmes d’inspiration - la lumière, la poésie, la musique mais aussi les chouettes et les anges ! Au centre du grand salon, l’architecte d’intérieur Pierre Yovanovitch y montre par exemple un fauteuil inspiré des chouettes, spécialement conçu pour l’occasion, tandis que la designer Constance Guisset dialogue avec le cercle blanc monumental dessiné au plafond par Auguste Perret via une paire d’appliques circulaires en bois et verre, sanglées aux colonnes en béton. Les visites sont gratuites et ouvertes à tous, sur inscription préalable. MH 132


© DR

En kit, et durable DANS LE MARAIS. Fondée en 2015 par Matthieu Bourgeaux et Vincent Quesada, TIPTOE a bâti sa renommée autour d’un pied de table modulable aussi pratique qu’esthétique, et désormais emblématique. Au fil des années, la marque a étoffé sa collection d’assises, de tables et d’autres mobiliers en suivant une ligne directrice rigoureuse en matière éthique et environnementale. Fabriquées, sinon en France, du moins en Europe à partir de matériaux de préférence recyclés, les pièces dessinées par le studio interne sont intemporelles, durables et livrées en kit pour limiter l’impact de leur transport. Ikea n’a qu’à bien se tenir ! Fort d’une notoriété grandissante, TIPTOE ouvre sa première boutique parisienne : l’espace épuré et minimaliste de 110 m² s’articule autour d’un salon, d’une salle à manger, d’un bureau et d’un bar. JE

Voyage, voyage

© Romain Ricard

SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS. Chanceux, les Parisiens ont l’occasion de repartir en vacances dès la rentrée – au moins dans leur future décoration ! Caravane, la marque ethnique chic, fortement inspirée par les voyages autour du monde, vient d’ouvrir son magasin-hôtel particulier. Une cour végétalisée puis 4 étages afin de s’inspirer d’ailleurs. MH 133


L’esprit de Paris Illustrateur, chineur, décorateur, auteur et grand amoureux de la ville Lumière, Marin Montagut partage sa vision d’un Paris idéal dans toutes ses créations.

Est-ce que le Paris d’aujourd’hui vous inspire aussi pour vos créations ? Bien sûr ! Moi ce que j’aime, c’est le mélange et m’imprégner de tous les quartiers… J’habite rive droite à Faidherbe et je travaille rive gauche, rue Madame, ce qui me permet de passer d’un monde à l’autre. Chaque arrondissement est un petit village, avec son caractère et sa propre personnalité. Vous aimez aussi beaucoup chiner… Je chine vraiment partout. Quand je voyage, le premier truc que je regarde, c’est où se passent la brocante et le marché aux puces ! Je chine à Paris ou en Normandie, où je vais quasi tous les week-ends. On retrouve une partie de mes sélections à vendre dans ma boutique, tous les lundis.

© Romain Ricard

Votre boutique est une sorte de magasin de bonbons pour adultes, qui permet de voyager dans un Paris ancien, qui n’existe plus vraiment… Oui, elle est inspirée des drogueries et des quincailleries de 1900, de mes ateliers mais aussi de mes intérieurs. Je voulais qu’on se sente un peu à la maison en rentrant dans cette boutique.

Vous avez créé une collection complète dédiée à Paris… C’est un hommage : j’ai réalisé un visuel que j’ai peint à l’aquarelle qui se nomme « Paris je t’aime » et je l’ai décliné sur un foulard, des coussins, un livre à secrets comme au XVIIIe siècle pour cacher ses mots doux. Je suis arrivé ici à 20 ans, j’ai eu le coup de foudre pour Paris et cette ville m’a accueillie les bras grands ouverts… Je voulais la remercier, et 134

lui signifier que la passion était toujours là après 18 ans. Et on peut aussi vous trouver jusqu’au 2 octobre au BHV Marais ? Oui ! Je suis l’invité d’honneur du BHV pour l’exposition « Bonjour Paris » : ils ont recréé ma boutique de la rue Madame. J’ai aussi invité beaucoup de marques que j’aime autour du thème de Paris et de l’artisanat « made in Paris ». ES


Un shoot de verdure

© Christophe Coenon

PLACE D’ITALIE. Dans une cour discrète, Rosalie, un charmant petit hôtel quatre étoiles vient de voir le jour. On y prend un shoot de green pour un verre ou le déjeuner avec le « Jardin Public » – une terrasse sur deux niveaux– accessible à tous… et réservé aux clients, derrière une porte dérobée, le « jardin secret » avec chaises longues et cours de yoga. MH

Le ciel pour limite

© Jérôme Galland

DANS LE 13e. A plus de 100 m de hauteur, blotti entre les 17ème et 27ème étages de l’une des fameuses Tours Duo « penchées » de Jean Nouvel, ouvrira cet automne le TOO Hôtel. La direction artistique et l’architecture intérieure de ce lieu unique ont été confiées à Philippe Starck qui a imaginé un cadre « entre rêve d’humanité et magie de la technologie », résolument moderne en accord avec l’esprit des Tours. Les chambres s’affichent à partir de 200 €, mais chaque Parisien pourra apprécier la vue époustouflante du TOO même sans y dormir. Sis au 25ème, un Restaurant, le Too, ouvert à tous, siège dans un impressionnant cube de verre de 6 mètres de hauteur. Et pour ceux qui aiment aller encore plus haut, au 27ème étage (à 120 mètres), on trouve le TOO TacTac, un Skybar de 350 m² dont 150m² de terrasse. Effet waouh garanti ! MH 135


Tête de chiens ! Niché dans une charmante cour du 7ème arrondissement, l’atelier de Sophie Lamare de « Les Potières sont dans la Cour » tourne à plein régime depuis que Sophie a eu l’idée de transformer la tête de votre chien en patère. Explications. Texte Estelle Surbranche Photos Alexia Silvagni & DR

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l a suffi d’une photo de Charlotte Gainsbourg sur les réseaux sociaux pour que tout s’enflamme pour Sophie : la comédienne y montrait un adorable porte-laisse en forme de la tête de sa chienne Daphné, un bull-terrier blanc. Les internautes s’enflamment : qui a fait cette merveilleuse petite sculpture ? Il s’agit de Sophie Lamare des Potières sont dans la cour, une toute jeune maison de céramique. Quand on rencontre Sophie, elle avoue toujours ne pas en revenir : « J’ai eu l’idée de ces patères et de ces boîtes à croquettes à Noël l’année dernière à l’occasion d’un magasin pop-up, et ça marche très, très bien. J’avoue que c’est assez vertigineux … J’ai même des demandes de l’international : du

coup, j’ai créé une section « I make your dog » sur notre site des Potières ». La liste d’attente pour faire tirer le portrait de son chien est aujourd’hui de 3 mois et risque de s’allonger : plusieurs célébrités ont déjà passé commande et ces patères sont en train de devenir un accessoire indispensable pour toutous branchés.

Un tête-à-tête bien poilu Pour tous les clients, c’est le même rituel. Après une discussion avec Sophie, il faut envoyer 4 photos de son chien « la face, les deux profils, la nuque et aussi le corps s’il désire la boîte à croquettes. Je demande la couleur souhaitée au niveau de la base de la patère, selon le goût de la personne… et après il y a 2 à 136



LE NOUVEAU CONCEPT-STORE POUR ANIMAUX CHICS Les chiens et les chats les plus privilégiés de la Capitale connaissent cette adresse par cœur : Alpha Dog’s House est une pension de luxe « sans cage, ni grillage » pour les animaux dans le Gâtinais tenue par Virginie Barbarin. Forte du succès de son concept, cette dernière vient d’ouvrir une belle et grande boutique du même nom du côté des Tuileries. Vous y trouverez un service de toilettage (avec le shampooing canin australien Aesop Animals comme à la pension, tellement chic), un hôtel pour les chiens, une garderie pour les chats, un point de rendez-vous pour les balades en plein air avec les dogsitters Koffi et Flash… et évidemment plein d’accessoires au niveau du rez-dechaussée, avec des exclusivités comme les gamelles des Potières sont dans la Cour ou les médailles-bijoux d’Adeline Cacheux. 2 rue de l’échelle, Paris 1er

3 semaines de réalisation. En premier lieu, je sculpte l’animal et je le peins tout de suite après. Après il doit sécher longtemps avant d’avoir plusieurs cuissons » nous explique-t-elle. On ose la question qui fâche : est-ce qu’il y a des toutous qu’elle refuse de sculpter ? « Non… mais il y a des chiens plus difficiles à sculpter que d’autres. Quand l’animal est très poilu par exemple… Il n’y a aussi aucun intérêt à sculpter un chien dont on ne voit pas les yeux car on ne peut pas lui donner de person-

“Il n’y a aucun intérêt à sculpter un chien dont on ne voit pas les yeux car on ne peut pas lui donner de personnalité.” nalité… C’est la grande difficulté : saisir le caractère du chien. Mais j’adore faire ça : je suis complètement avec lui. Je regarde son regard, ses oreilles, son attitude, son énergie… Puis j’essaie de rendre tout cela dans ma sculpture. »

Une seconde vie Sophie est complètement dédiée à son œuvre et on pourrait croire qu’elle a derrière elle des années et des années de sculpture… Pas du tout ! Sophie Lamare a eu plusieurs vies professionnelles et les Potières débutent leur existence. « J’avais fait des études de sculpture à San Francisco lorsque j’avais 19 ans. Mais après j’ai travaillé dans la presse mode féminine en France pendant 30 ans : Glamour, Vogue, Elle… J’ai été aussi « scoot » pour une agence de mannequins c’est138

à-dire que je cherchais les futures tops. A un moment, j’ai senti que je m’amusais moins. J’ai alors passé un CAP de tournage c’est-à-dire de poterie, le soir, après le travail. Je me suis associée avec une amie d’enfance, Nathalie Bardoux et nous avons lancé « Les Potières sont dans la cour » il y 3 ans » se remémore-telle : « Les débuts ont été compliqués avec le covid mais depuis 1 an et demi, on tourne bien. Avec Nathalie, on se complète dans nos savoir-faire et en même temps, nous avons les mêmes passions pour les mondes enfantins, les animaux, les plantes et les insectes… En ce moment, nous réalisons des assiettes avec des mouches, des fourmis ». On saute sur l’occasion pour lui demander si un jour, elle ne pourrait pas s’arrêter à d’autres bébêtes, comme les matous. « C’est moins intéressant car le visage est assez plat, et leur personnalité plutôt introspective. On sent moins leur énergie que les chiens. Je pense que le prochain animal auquel je pourrais m’intéresser est le cheval. »

Les cours du jeudi Le chat de Vivre Paris n’aura donc pas son buste… mais peut-être peut-on tenter de le faire par nousmêmes ? Sophie et Nathalie donnent des cours de modelage et des cours de tour les jeudis après-midi. « Nous avons la chance d’avoir ce joli atelier d’artiste avec une pièce à côté pour un four et une cabine d’émaillage dans une cour dans le 7e … Alors on en profite ! » sourit-elle. Le prochain projet de Sophie concernant nos amis à 4 pattes ? « Des gamelles pour les chiens et les chats dans la toute nouvelle boutique pour animaux, Alpha Dog’s House (cf encadré)», et on a aussi repéré des mugs charmants à l’effigie de notre toutou préféré. Vous avez dit cadeau de Noël idéal ?


La vaisselle que Sophie réalise avec son associée Nathalie, sous le label «Les Potières sontdans la cour»

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Texte Marine Ker Photos Corinne Schanté-Angelé

Appart ement créatif Au cœur de Paris, à l’une des entrées du Jardin du Luxembourg, Marie et Frédéric vivent avec leurs deux enfants dans un appartement lumineux où ils mêlent objets et mobilier chinés ou trouvés dans la rue et leurs propres créations, dessins et sculptures.

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La salle à manger baignée de soleil donne sur la cour. Marie souhaitait un sol comme dans les musées, elle a opté pour un simple ragréage plus uni plutôt que pour un béton ciré. Autour de la table en chêne (Gesa Hansen), chaises (Ercol), chaise bleue (All Plastic Chair de Vitra) et fourmi d’Arne Jacobsen. Assiettes (Hélène Maury Céramiques).



Portrait de Marie, Fred et Eva devant le guépard d’Aurélie Alvarez qui veille sur la maison.

“On dirait un immeuble tout droit sorti des dessins de Sempé. A un angle de rue. La façade est délicate, la pierre de couleur douce.”

A

u commencement il y a un grand jardin public et une jolie rue mythique de Paris. A l’entrée du Jardin du Luxembourg, Marie et Frédéric Vidal se sont installés il y a quelques années dans un immeuble tout droit sorti des dessins de Sempé. A un angle de rue. La façade est délicate, la pierre de couleur douce. La cour de l’immeuble est fleurie, avec un garage ancien transformé en repère de cinéaste, deux gros chats qui quotidiennement s’y promènent, quelques bicyclettes. L’appartement de Marie et Frédéric se trouve au premier étage. On y grimpe d’un seul coup d’un seul, 142

on descend aussi sec au café d’en face. De l’intérêt de la vie parisienne. « Le nouveau patron du café est super sympa, le vin est bon, le spritz aussi, c’est un peu une deuxième maison ! », s’amuse Marie.

Au départ, l’art de Fred « C’est une vraie chance d’habiter à Paris si près des arbres, de profiter tous les jours des parterres de fleurs du jardin, de le traverser matin et soir en rentrant du boulot » confie Marie. Fred y a passé des centaines d’heures à pratiquer le tai-chi, sous les tilleuls, suivant consciencieusement l’enseignement de son maître chinois, Marie autant d’heures près de la Roseraie ou de la dalle. Fred a peint les arbres dans de grands carnets à dessin, faisant ressortir l’âme de cet endroit unique, le calme qu’inspire telle pelouse, le coin des pommiers, le buste de Baudelaire, les ruches et les apiculteurs en combinaison blanche. Frédéric dessine, peint, sculpte, depuis l’enfance. Dans sa famille, la nature comptait de manière simple et plus que tout. C’est de l’observation des végétaux, des oiseaux, des petites choses parfois délaissées du regard, qu’il a tiré ses œuvres, persévérant systématiquement dans une étude précise et exigeante. Dans chaque lieu où il a habité, il a posé ses pinceaux et ses plantes. Passant de toiles ultra grandes aux petits croquis, de l’encre au fusain, multipliant les carnets à dessin. C’est lui les livres d’art et les livres sur le corps et l’anatomie, la musique, les coquillages, les pierres, etc. « Avec Marie, j’ai dû élaguer un peu, beaucoup ! » sourit-il. Vivre à deux et trouver le juste milieu, tout un programme. Exit les grandes toiles qui ont pris la direction de la maison du Médoc où ils passent les vacances. « On a gardé à Paris les carnets, les feuilles, les formats plus petits. L’univers de Fred est multiple, foisonnant, ne se cantonne pas à un seul style. Récemment il a réalisé des portraits au fusain – vendus


➀ Dans le sa➀

lon qui donne sur le Jardin du Luxembourg, Fred et Marie ont rassemblé plusieurs pièces chinées : une table blanche up and down (L’œil du Perroquet), une table de jardin chinée aux Puces de Vanves et une table art brut réalisée dans un rondin de bois (Carole Korngold). Au mur fusains de Fred et sur la table, sculpture pied et main en terre cuite de Fred également.

➁ Portrait d’homme au fusain et série de natures mortes au lavis signées Frédéric Vidal (exposées chez Portobello).

➂ Au mur fusains (Frédéric Vidal), table art brut réalisée dans un rondin de bois (Carole Korngold), pied et pot à pinceaux (Astier de Villatte). 143


➀ Marie peint sur la table de jardin qu’elle vient de chiner aux Puces de Vanves. Au mur elle scotche temporairement quelques-unes de ses chaises et lampes (réalisées à la gouache). ➁ Coup de soleil pour le rideau de lin jaune sur la porte d’entrée en parfaite harmonie avec les pieds du tabouret chiné aux Puces de Vanves. Sac au crochet en ficelle (Monoprix). Sol en simple ragréage gris clair.

➂ La chambre des enfants donne sur le café d’en face. Vivant et joyeux !

“Je bouge toujours tout, j’ai du mal à laisser les choses où elles sont. Quand je change un objet ou un meuble de place, de l’énergie revient dans l’appartement.” chez Portobello, la belle brocante de la rue Notre-Dame-des-Champs » révèle Marie fièrement. Hier il peignait des dessins naïfs et colorés sur de fines pages ou un bout de carton. « Je les accroche, et les décroche, parfois l’un d’entre eux reste un certain temps » dixit Marie.

Le voyage intérieur Les plantes des jardinières, pâquerettes des murailles, agaves, plantes grasses, créent un front vert aux fenêtres de l’appart. Dans cet appartement végétalisé – comme on dit aujourd’hui – entre arrosage et coups de crayon, Marie a créé une atmosphère 144

simple. Le mobilier, la couleur sur les murs, la position des choses, c’est elle. Pas un jour – ou presque ! – sans que le canapé ne voyage, ou le bureau, ou le lit des enfants. « C’est mon boulot l’appart ! Je bouge toujours tout, j’ai du mal à laisser les choses où elles sont. Quand je change un objet ou un meuble de place, de l’énergie revient. Comme une coupe de cheveux ! Je suis quand même contente car certaines choses restent en place plus qu’avant ». Marie ressort un dessin d’enfance de Fred et le scotche à côté d’un dessin de leur fille Eva. Elle poursuit « Mon arrière-grand-mère était antiquaire, j’ai toujours entendu dire qu’il y avait du mouvement dans les meubles. Ma grand-mère aussi aimait le changement ». Insatisfaction, manque d’espace, envie d’ailleurs, goût du nouveau ? Un peu de tout


ça et changer les meubles de place permet de voyager en restant dans le même endroit. « J’écoutais une émission à la radio l’autre jour, l’invité parlait de voyage intérieur, l’idée me plaît. Et puis à Paris je regarde par la fenêtre, je sors dans les rues, je vois les gens, c’est une ville riche de mille vies, c’est intéressant ».

De l’aubergine au faux-blanc Dans la cuisine, elle se souvient avoir cassé un bout de mur juste avant la naissance de son fils. Pour que ce soit plus facile de circuler avec un bébé dans les bras. Rien d’autre n’a été transformé. L’appartement est tellement joli avec ses moulures, son poêle du XIXe siècle… Il est simplement passé par toutes les couleurs ! D’un aubergine Farrow & Ball à un rouge sombre de chez Ressources, pour revenir à quelque chose de plus doux et plus lumineux : un blanc qui n’en est pas un, teinté de mauve, qui se marie bien avec le drap en lin froissé bruyère de chez Merci. Un doux gris pour la salle à manger et la cuisine, et un craie pour le couloir.

Philosophique ! « Paris c’est tout un art de vivre et nous avons la chance d’habiter près d’un magnifique grand jardin. Avec les enfants, c’est quand même plus simple, ça donne de l’air ». Marie aime tout de Paris : de Barbès à Pigalle en passant par le 20e, le Marais, la rue des Plantes, les passages innombrables, les quartiers que l’on re-découvre. Récemment dans le 14e elle a trouvé une rue piétonne où chaque maison a sa propre glycine. « Les tons étaient magnifiques ».

Dans les rues du 6ème Dans la rue – puisque Paris est une fête – elle a trouvé des trésors. Sur le chemin de l’école, pluie battante, deux chaises aux lignes fines laquées bleu nuit, comme des voitures volées. Dans la même journée, une table basse triangulaire en tôle vert foncé. Un autre jour, deux pichets en grès très campagne, un haut tabouret, une

➃ Le poêle en

faïence du XIXe siècle a été superbement conservé. Pot à pinceaux et crayons (Astier de Villatte), poivrier italien ancien.

Passer le mobilier à la couleur Parfois Marie se met à rêver d’un lieu plus « neuf », où le parquet serait nickel, la cuisine aménagée, etc. Elle voudrait casser les cloisons et vivre dans un espace totalement ouvert. « Mais c’est impossible avec deux enfants, nous verrons plus tard », ajoute-t-elle. Bref, elle vit la maison plus comme un rêve que comme une réalité. Est-ce pour cela qu’elle s’est mise elle-même à peindre ? Peindre des chaises, l’une après l’autre comme un leitmotiv. Entrecoupées d’une lampe, d’une table, d’un tabouret. Restons dans l’univers de la maison. Dans ses sources d’inspiration, il y a Louise Bourgeois, un souvenir de vidéo où l’artiste parle des maisons qu’elle a collectionnées. La maison où l’on vit, dont on sort, comment on en sort et comment on y revient.

➄ Sculptures pied et main en terre cuite de Fred, plante grasse trouvée dans une serre du Parc Floral de Vincennes. Table et tabouret métal Puces de Vanves. Pichet en grès fleuri (du trottoir !).

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➀ Les tons de la

chambre sur cour sont clairs et doux (drap et taie d’oreiller en lin froissé Maison de Vacances, rideau Merci, coussin acheté au souk des tisserands à Tanger).

➁ Le petit bureau d’écolier d’Eva a été trouvé par hasard dans la rue. Au-dessus du bureau, on a encadré dans un cadre doré ancien un dessin d’Eva et accroché un ancien d’enfance de Fred. Linge de lit (Maison de Vacances) et petit coussin jaune (Merci). Petite chaise chinée aux Puces de Vanves. Panier (The Conran Shop). ➂ Le dessin est une affaire de famille ! Eva pose avec un grand dessin représentant un canard sous le ciel bleu ! 146


housse d’édredon Caravane, deux petits bureaux d’écolier années 50. S’entourer d’objets, trier toujours, vendre sur Leboncoin quand c’est trop, faire le vide pour faire venir le meilleur. « C’est une manière de vivre aussi dans une ville qui est dense et de m’y retrouver. Mais je crois que même dans une maison de campagne, je ferais pareil, j’ai besoin de faire des tris, de changer ». Bientôt un monsieur du Boncoin va sonner à la porte pour embarquer la chaise fourmi rouge d’Arne Jacobsen et un tapis kilim. Il faut juste garder un nombre de chaises suffisant pour faire un bon dîner de huit à dix personnes.

Recevoir dans un petit espace « Les invités restent souvent près de moi quand je cuisine, c’est le

meilleur endroit bien qu’il soit tout petit. Maintenant je passe la table de la cuisine dans le salon et la table du salon qui est petite dans la cuisine et nous dînons à la bougie avec vue sur le jardin, c’est la classe ! Sans blague, avec les livres, le grand miroir d’époque, j’aime recevoir ici. Fred sert le prosecco et que la fête commence ! ». Finalement la déco importe peu dans la maison, mais plutôt quelques objets importants, cette façon de se détacher, d’enlever du poids, c’est l’histoire d’un appartement, comme s’il avait une vie propre, humaine. Un appartement fait d’histoires. Comme une présence. Pourtant elle rêve comme Fred à d’autres vies. Un lieu où ils pourraient avoir un grand atelier pour travailler. Affaire à suivre.

“Dans la rue – puisque Paris est une fête – elle a trouvé des trésors. Sur le chemin de l’école, pluie battante, deux chaises aux lignes fines laquées bleu nuit, comme des voitures volées.”

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➃ Dans la grande étagère (String), coincé dans les livres, moulage en plâtre d’une tête sculptée et tout en haut chien en céramique (acheté chez Caravane, d’un artiste malheureusement inconnu).


Le design militant !

Installé temporairement au cœur de la cité fertile à Pantin dans un enclos ouvert, l’éditeur et fabricant de mobiliers engagés Komut, est entouré par les montagnes de rebuts du secteur tertiaire triés par la start up Lemon Tri. Pots de yaourts consommés ou vieux encadrements de fenêtres, Komut puise en partie dans les réserves environnantes pour transformer quotidiennement nos déchets en or… green ! Véritables explorateurs d’un monde nouveau et clean, YuTyng Chiu et Philippe Tissot, les cofondateurs de la marque, nous racontent l’envers des décors Komut !

Texte Juliette Le Lorier Photos Lucile Casanova

Comment est née l’idée de créer Komut ? P.T : J’ai longtemps travaillé à la réalisation de solutions en béton, un matériau qui consomme d’énormes quantités d’eau et de fioul. Déjà soucieux des problématiques environnementales, j’ai alors mis au point des robots susceptibles d’imprimer en 3D des moules à partir de déchets, plutôt que d’utiliser des moules « neufs » pour y couler le béton. Mais j’ai vite cerné les énormes potentialités de ces robots, au-delà de la confection de simples moules. Je me suis donc éloigné de l’univers du béton grâce, notamment, à ma rencontre déterminante avec YuTyng. Y.C : Je viens, quant à moi, de l’univers de la haute couture où j’ai 148

œuvré en tant que designer et directrice artistique. Déjà dans ce secteur, j’ai appréhendé tout le respect que l’on peut avoir pour la matière, mais j’ai aussi ressenti le besoin d’aller plus loin. L’invention de Philippe m’a donné envie de créer une marque de mobiliers quotidiens qui changeraient radicalement le regard des gens sur leurs propres déchets et qui valoriserait le geste du tri. Plutôt que de continuer à générer les déchets de demain, nous avons décidé de Komuter à 180°. Concrètement, comment les déchets sont-ils récupérés et transformés en meubles ? P.T : Nos mobiliers sont fabriqués à partir de différentes sortes de



“Les déchets que nous sourcons sont d’abord triés par couleur puis transformés en « broyats », c’est-à-dire en copeaux, avant d’être processés par nos robots qui impriment les chaises, les bancs, les tables…” raux dessinés par YuTyng. Nous fonctionnons avec trois robots « gloutons » que j’ai paramétrés et qui sont eux-mêmes issus du recyclage, après avoir été utilisés pendant des années dans d’autres industries.

Les bacs de déchets sourcés par Lemon Tri à la Cité Fertile

plastiques : Polypropylène, PETG, PET… Une partie des rebuts que nous récupérons, environ un tiers, sont sourcés directement à la Cité Fertile, grâce à Lemon Tri qui est l’un de nos fournisseurs. Mais nous travaillons en majorité avec des associations et institutions locales qui nous livrent des déchets qui auraient normalement dus être incinérés ou enfouis. Les encadrements de fenêtres, pots de yaourts, plateaux repas, barquettes … que nous sourçons sont d’abord triés par couleur puis transformés en « broyats », c’està-dire en copeaux, avant d’être processés par nos robots qui impriment les chaises, les bancs, les tables ou les parements mu1 50

Le design de vos pièces est-il contraint par le fait qu’ils sont fabriqués à partir de déchet ? Y.C : Si la matière première, comme le fonctionnement des robots qui impriment en 3D, ont un impact direct sur le design des pièces, j’ai souhaité miser sur la particularité des textures en créant des pièces et structures aux lignes fluides et organiques. Je puise mes inspirations principalement dans la nature : la forme des pièces s’apparente ainsi aux ondulations d’un tissu soulevé par le souffle naturel du vent. Il faut savoir aussi que, nous « ébavurons » c’est-à-dire que nous rectifions certaines imperfections - exclusivement à la main - , exactement comme c’est d’usage dans les grandes maisons de luxe : c’est pourquoi on parle d’artisanat numérique en ce qui nous concerne. Chacune de nos pièces est donc unique. S’agissant des couleurs, j’ai opté pour des teintes joyeuses et plutôt pop qui en disent long sur notre vision d’un futur où le monde entier aurait komuté. Les teintes varient sensiblement en fonction de la typologie des déchets utilisés : cela contribue aussi à cette notion d’unicité qui caractérise nos mobiliers et qui participe à la surprise du projet.


En quoi votre projet s’inscrit-il dans une démarche environnementale globale ? P.T : Nous avons réfléchi à notre impact à chaque étape de la production. Depuis la matière première, issue du recyclage, qui est sourcée localement et ne nécessite ainsi aucune extraction ni affinage ni même transport, jusqu’à la durabilité et à la fin de vie de nos pièces qui sont 5 à 7 fois plus épaisses que la normale, ce qui nous assure de leur solidité. Nos mobiliers peuvent être utilisés en intérieur comme à l’extérieur, et ils stockent en leur sein durablement du CO2 et des matières plastiques qui ne finiront pas dans les océans. Nos pièces sont par ailleurs fabriquées à partir d’une monomatière et nous bannissons l’assemblage ou l’agglomération de différents matériaux pour permettre une parfaite recyclabilité

À gauche, les déchets transformés en broyats, prêts à être «processés» par le robot imprimeur et transformés en meuble

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après un simple passage par la case broyage. La fabrication sur place, dans nos locaux, est aussi bien entendu la promesse d’un impact minimum. Y.C : Avec nos pièces, nous souhaitons aussi sensibiliser le plus grand nombre à la bonne gestion des déchets. Objets « étendards », les pièces que nous créons à partir de déchets domestiques comme les pots de yaourts occupent déjà certains espaces urbains : cela donne

“L’économie réalisée par la table « ParisLondres» correspond à 20 allers retours entre les deux capitales en train”

À droite, la collection de meubles imaginée par YuTyng Chiu, entièrement imprimée par des robots.

une valeur concrète aux gestes de tri que les gens effectuent quotidiennement ! C’est aussi pour ça que les noms de nos pièces indiquent l’impact carbone économisé avec leur production : par exemple dans la collection « Aller Retour », l’économie réalisée par la table « Paris-Londres» correspond à 20 allers-retours entre les deux capitales en train ! Depuis cet été, nous nous investissons aussi avec « un geste pour la mer », le programme créé par la fondation de la mer qui invite des bénévoles à nettoyer les plages et les littoraux lors de collectes organisées. Nous avons récupéré les rebuts repêchés en île de France pour créer, à partir d’eux, une collection dédiée d’assises et de tables basses.


À gauche, l’ordinateur imprime un objet imaginé par YuTyng Chiu.

Quels sont les développements que vous envisagez ? Y.C : Nous allons lancer prochainement une ligne d’accessoires pour ajouter du confort et une touche d’artisanat supplémentaire à nos meubles : des tapis et coussins. Ils seront évidemment aussi fabriqués à partir de matériaux issus du recyclage ou de rebuts de l’industrie de la mode et de l’ameublement. P.T : Notre vœu le plus cher est que le secteur du mobilier et de l’agencement intègre très rapidement cette notion d’urgence de la transition environnementale. Les principaux acteurs de ce marché sont des marques très polluantes et il serait dévastateur d’attendre 2050 pour qu’elles passent au zéro carbone. Monté en 12 mois, notre projet prouve que toutes les solutions techniques existent déjà et qu’il n’y a aucun défi technologique à relever : il suffirait d’un engagement écologique fort de la part des dirigeants des entreprises du secteur. Heureusement les consciences des clients s’éveillent et nombreux sont ceux qui demandent désormais des produits bas carbone et 100% circulaire, nous avons bon espoir que cette pression de plus en plus tenace provoque le changement !


C A RNET D ’ A D R E S S E S

Culture

Musée d’Orsay Entrée par le parvis, Esplanade Valéry Giscard d’Estaing, 75007 Paris musee-orsay.fr 01 40 49 48 14 Palais Galliera Musée de la mode de la Ville de Paris 10 Avenue Pierre Ier de Serbie, 75016 Paris Musée des Arts Décoratifs, Musée Nissim de Camondo, École Camondo, Ateliers du Carrousel, 107 rue de Rivoli, 75001 Paris Centre Pompidou Place Georges Pompidou, 75004 Paris Virage 26 rue Hélène François Missoffe, 75017 Paris Musée Carnavalet Histoire de Paris 23 rue de Sévigné, 75003 Paris

Food

Peppe 61 rue des martyrs, 75009 Paris Oh My Dog ! 35 rue Richer, 75009 Paris

Poly 53 rue des Gravilliers, 75003 Paris Janet By Homer 13 rue Rambuteau, 75004 Paris Nhome 41 rue de Montpensier, 75001 Paris Brasserie d’Aumont (Le Crillon – ouverture en octobre) 10 Place de la Concorde, 75008 Paris Magma 9 rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris Arboré (Royal Madeleine) 29 rue de l’Arcade, 75008 Paris Braise 19 rue d’Anjou, 75008 Paris Géosmine (ouverture en octobre) 71 rue de la Folie Méricourt, 75011 Paris

Eataly 37, rue Sainte Croix de la Bretonnerie, 75004 Paris Mamiche 45 rue Condorcet, 75010 Paris et 32 rue du Château d’Eau, 75010 Paris Milligramme 3-5 rue du Plateau, 75019 Paris

Enfants

Mémorial de la Shoah 17 rue Geoffroy L’Asnier, 75004 Paris 01 42 77 44 72 memorialdelashoah.org Bihan Paris 11 rue de l’orillon, 75011 Paris Muséum d’Histoire Naturelle Galerie de Géologie et de Minéralogie – Jardin des Plantes Accès par le 18 rue Buffon ou le 36 rue Geoffroy Saint-Hilaire, 75005 Paris

Omar Dhiab (ouverture fin septembre) 23 rue Hérold, 75001 Paris

Bien-être

Momen 133 Boulevard Hausmann, 75008 Paris

Ground Control Gare de Lyon 81, rue du Charolais, 75012 Paris

Le Petit Rétro 5 rue Mesnil, 75016 Paris

Très Confidentiel 44 - 45 Galerie Montpensier, Jardin Du Palais-Royal, 75001 Paris 01 42 97 43 98 06 61 52 84 33

Cova Paris 1, rue du Pont Neuf, 75001 Paris

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Cité des sciences et de l’industrie 30 avenue Corentin Cariou 75019 Paris cite-sciences.fr La maison MyBlend 23 Rue Debelleyme, 75003 Paris

Déco

Tiptoe 14 rue du Temple, 75004 Paris La Maison Caravane 27 rue Jacob, 75006 Paris BHV Marais, 52 Rue de Rivoli, 75004 Paris Marin Montagut, 48 Rue Madame, 75006 Paris TOO Hôtel, restaurant, TacTac Skybar 65, rue Bruneseau, 75013 Paris toohotel.com Rosalie Au 8 bis avenue de la Sœur Rosalie, 75013 Paris Alpha 2, rue de l’Échelle, 75001 Paris

Escapade

Le domaine de la Corniche 5 Rte de la Corniche, 78270 Rolleboise 01 30 93 20 00 domainedelacorniche.com


× “À quelques heures de la capitale, cette grande échancrure alpine qui s’étire au sud de la Suisse est ensoleillée près de 300 jours par an.” Lucas Lahargoue à propos du Valais en Suisse, p. 158

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Photos © Stephen Zambaux

Un beau tableau dans le 78 A DEUX. En recherche d’une escapade romantique à moins d’une heure de Paris, et à des tarifs raisonnables ? Vivre Paris a dégoté la perle rare avec le Domaine de la Corniche, un hôtel de charme non loin de Giverny. Les légendes locales sur sa construction en 1908 diffèrent. Certains assurent qu’il a été bâti par le roi belge Léopold 2 pour sa maitresse Blanche de Vaughan. D’autres garantissent que la première propriétaire était la baronne de Wülf, une demi-mondaine qui y recevait ses amants parisiens. Dans tous les cas, ce petit château a donc l’habitude d’accueillir les passions les plus brulantes ! Aujourd’hui, il a été divisé en 18 chambres toutes différentes, autant en taille qu’en décoration. Au rez-dechaussée, le bar, ainsi que le restaurant gastronomique, Le Panoramique, jouissent d’une vue époustouflante sur la vallée de la Seine. Les gourmands adoreront les menus « surprise » en 5 et 7 temps de Gaëtan Perulli, le chef puriste des saveurs, mais également le petit déjeuner aussi pantagruélique que délicieux préparé par la brigade étoilée. Les sportifs profiteront de la piscine ou d’une belle balade le long des falaises de craie. Les hédonistes ne manqueront pas un tour au Spa Cinq Mondes attenant à l’hôtel. Enfin les artistes dans l’âme tenteront eux d’immortaliser le visage de leur amour – ou le magnifique paysage ! – dans un tableau peint au couteau grâce au cours de peinture de Michel Valt, un artiste local ( 2 heures - 50 €/ personne). Une jolie escapade avec un rapport qualité-prix très bien placé ! ES Le domaine de la Corniche, 143 euros (nuit + petit déjeuner inclus) pour 2 156

Le domaine propose 18 chambres dans l’hôtel historique, mais aussi des mini-suites dans un autre bâtiment à l’écart dans le Parc. Un détail à connaître ? Le mini-bar est inclus dans le prix de la chambre - tout est à volonté dans votre frigo !


La piscine avec sa belle vue sur la campagne du Vexin

Un dessert imaginé par Gaëtan Perulli

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Texte Lucas Lahargoue Photos Voir mentions

Valais : un automne sous le soleil suisse

Le grand glacier d’Aletsch

© Valais/Wallis Promotion - Pascal Gertschen

Que faire en Valais ? À quelques heures de la capitale, cette grande échancrure alpine qui s’étire au sud de la Suisse est ensoleillée près de 300 jours par an. En automne, c’est un terrain de jeu sans fin pour les amateurs de sport, de patrimoine ou de gastronomie. Du grand glacier d’Aletsch aux vignobles surplombant Sion, en passant par le Cervin ou les Dents du Midi, voici une poignée d’expériences à vivre dans le canton du Valais, en attendant que l’hiver ne pointe son nez !


© Litescape Media

des ponts suspendus qui se balancent. Trois heures et demie d’effort suffisent pour arriver au bout de ce parcours sportif, en équilibre dans un milieu de rocailles. Frissons garantis ! Après tant de suées, pause détente. La station de Loèche-les-Bains abrite les plus grands bains thermaux d’Europe. Que vous soyez en couple ou en famille, trois heures de barbotage dans les piscines extérieures, les bains à bulles et autres toboggans de cette destination thermale d’altitude vous remettent d’aplomb.

La station de Loèche-les-Bains

Mêler l’effort au réconfort Le Valais est la plus grande région viticole de Suisse. En automne, les paysages changent de couleur. Les vignes revêtent des ocres et des bruns qui paraissent dorés sous les rayons du soleil. Le domaine des Celliers de Sion se visite facilement sur des vélos électriques. Une application mobile permet d’errer en autonomie entre les parcelles d’Humagne, de Petite Arvine ou de Pinot Gris plantées en terrasses, en surplomb de la vallée du Rhône. Juste en face, à Thyon, c’est aussi en e-bike que l’on pédale à travers les pâturages, pour un tour gourmand dans le Val d’Hérens. Dans la roue d’un guide qui connaît cette vallée par 159

© Celliers de Sion

D

irection les sommets. Le Rhône qui traverse tout le Valais se faufile au pied de hautes montagnes. 45 sommets dépassent les 4 000m d’altitude. 680 glaciers dévalent les pentes dont le grand glacier d’Aletsch qui coule sur 20km. C’est le plus grand des Alpes ! Il fait partie d’une région classée à l’Unesco depuis 2001. Un itinéraire de randonnée écume ces paysages grandioses. Pendant quatre jours, chaussures aux pieds, bâtons en main, on traverse des ponts suspendus, on pénètre dans la réserve naturelle de la forêt d’Aletsch, et on dort dans des auberges de montagne authentiques en plein coeur des montagnes. De l’autre côté du canton, au départ de la Région Dents du Midi, un trek de 70km sillonne le massif du Chablais. Il relie Champéry au petit village lacustre de Saint-Gingolph en quatre jours. Les décors sont époustouflants et les journées de marche se terminent dans des refuges pleins d’âme, où l’on sent battre le pouls de la montagne. Mais pas besoin d’être aventurier au long cours pour profiter du Valais en automne. Dans la Gorge Alpine de Saas-Fee/ Saastal, une via ferrata aligne des câbles en acier, des échelles, des tyroliennes ou

© My Leukerbad AG

La Région Dents du Midi

Le domaine des Celliers de Sion

45 sommets dépassent 4 000 m d’altitude dans les Alpes valaisannes


© Gornergrat Bahn - Christian Pfammatter

Rand’eau resto

© Etienne Bornet

Le Gornergrat qui permet d’accéder à Zooom the Matterhorn

Plusieurs TGV Lyria quotidiens circulent entre Paris-Gare de Lyon et la Suisse (liaisons directes sur Genève, Lausanne, Bâle et Zurich). tgv-lyria.com Ensuite, il faut emprunter un Intercités pour le Valais, direct ou avec changement. Les départs sont nombreux, et réguliers cff.ch

SE RENSEIGNER valais.ch suisse.com/automne

BOOKER TOUTES LES EXPÉRIENCES valais.ch/shop

Le Valais est riche d’un patrimoine naturel et culturel encore bien vivants

Le château de Stockalper

© Suisse Tourisme / Jan Geerk

Y ALLER

coeur, on fait halte dans les meilleures adresses pour un repas en quatre temps. Apéritif dans un restaurant d’alpage, plat du jour dans un établissement familial… chaque étape permet de découvrir un plat local, typique de la région, et fait de produits locaux. Depuis le village de Veysonnaz, c’est à pied que des « Rand’eau resto » suivent le cours des Bisses, jolis canaux historiques d’irrigation, creusés à flanc de relief pour diriger l’eau des torrents vers les vignes ou les vergers. Au hameau de Planchouet, une pause déjeuner permet de reprendre des forces grâce à trois plats aux saveurs 100 % locales. La balade se termine à Nendaz, toujours au son de l’eau qui coule dans ces paysages enchanteurs. 160

Un canton de nature… et de culture Rendez-vous en fond de vallée. Après ces balades gastronomiques en pleine nature, le digestif se sirote à Martigny. Depuis 1889 la distillerie Morand y récolte les fruits du coin pour élaborer des sirops et spiritueux. Son eau-de-vie de poires Williams est célèbre, et conclut à merveille un repas automnal en Valais. Ensuite, pour les amoureux des chiens, une visite chez Barryland s’impose : c’est l’unique musée consacré aux chiens St-Bernard où l’on peut les admirer dans un parc. A l’autre bout du canton, dans la commune de Brigue, le château de Stockalper est aussi immanquable. Cet impressionnant palais hérissé de trois hautes tours à bulbes témoigne de la richesse d’un homme. Kaspar Stockalper était l’une des fortunes du pays au XVIIe siècle. Son château est parfaitement conservé et se visite jusqu’à la fin du mois d’octobre. Mais en Valais, le patrimoine n’est pas qu’ancien. Sur les hauteurs de Zermatt, le Gornergat, ce train à crémaillère historique et écologique permet de se hisser jusqu’à 3 100m d’altitude. Apparait alors le centre de découverte multimédia « Zooom the Matterhorn » inauguré en 2021. Périscopes, images 3D, et vols virtuels en parapente permettent d’approcher le Cervin au plus près. Une incursion dans l’environnement direct de ce sommet mythique. L’une des images de la Suisse éternelle.


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