Vivre Marseille 12

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12 LE MAGAZINE DES MARSEILLAIS —

ÉTÉ 2022 / NUMÉRO 12 — VIVRE MARSEILLE Le magazine des Marseillais — Trimestriel — Juin / Juillet / Août 2022

Le fabuleux destin de

Nouvelle formule

Margaux Keller Rue Saint-Jacques

Pointe-Rouge le quartier-village à redécouvrir

Marseille Connection entre saga et réalité Les secrets de la Grotte Cosquer

Top 10 Où faire la fête cet été ?

L 18911 - 12 - F: 5,00 € - RD



ÉDI TO

Plongez dans l’insouciance de l’été I

l fait beau et chaud sur Marseille. Les rues se parent de tenues estivales, on suffoque dans nos voitures et nous ne pensons tous qu’à une chose, qui s’étalera de samedi à la fin août : les vacances. Dans quelques jours, les écoles fermeront leurs portes et enverront les bambinos dans ces très longs congés annuels. Chacun attend avec impatience cette pause estivale pour se ressourcer après une année bien remplie. Jamais le temps ne nous a paru si long. Un mois de mai interminable, à nous mouvoir difficilement sous une canicule quasi inédite, et​à crouler sous​ moult dossiers à finaliser avant le départ. C’est le moment d’adopter un rythme de croisière estival. Ce douzième opus de votre magazine nous permet de pointer une nouvelle fois la chance que nous avons de vivre Marseille. Les anciens poncifs sur la ville, qui allèguent qu’il ne s’y passe rien l’été, ont fait long feu. Quand l’audace et l’inventivité des uns rivalisent avec la folie et l’espièglerie des autres, on sait que c’est gagné ! Notre top10 vous propose un parcours festif, volontairement non exhaustif mais très éclectique. Chacun de nous pourra s’y retrouver avec bonheur et puiser de belles surprises. Parce que la rentrée arrivera bien trop vite pour

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nous tous, prenons donc le temps de la pause avec une pensée POSITIVE. Pour​ le plaisir, prendre un bon apéro, savourer une bonne salade et un bon rencard. Pour le néocortex, insistons sur la virtuosité du lâcher-prise. Pour la sérénité, une gestion de notre flot de mots vis-à-vis des venimeux, des bileux, des véreux s’impose. Il est temps de nous laisser enfin aller... et hâler ! Où que vous soyez, quoi que vous fassiez, que pour chacun d’entre vous cette période estivale soit belle et bien sûr... un peu rebelle ! Bien à Vous.

Nadège Laurens-Paget Rédactrice en chef


Siège social 55, boulevard Pereire 75017 Paris RCS 517 815 908

RÉDACTION Vivre Marseille 106, chemin de la Colline Saint-Joseph 13009 Marseille

Gérant : Yann Crabé

Directeur de la publication Yann Crabé redac@vivremarseille.fr Rédactrice en chef Nadège Laurens-Paget nadege.l@vivremarseille.fr Direction artistique & Design graphique Grand National Studio hello@grandnationalstudio.com Secrétaire de rédaction Frédérique Jacquemin

PUBLICITÉ CMI Media Régions Stéphane Povinelli 68, rue Sainte 13001 Marseille 04 91 21 48 47 Distribution France MLP Numéro commission paritaire 1122 K 94048 ISSN : 2680-2236 IMPRIMERIE Rotimpress Girona, Espagne

Journalistes & photographes Alexandra Bischof Patricia Clerc Marine Conti Ilies Hagoug Tristan de La Fléchère Frédérique Jacquemin Élodie Lienard François Thomazeau

Photo de couverture © Laure Mélone

Administration et finance Marjorie Batikian marjorie@vivremarseille.fr

facebook.com/ vivremarseille

instagram.com/ vivremarseille

ABONNEMENTS Vivre Marseille marjorie@vivremarseille.fr

Le papier de ce magazine est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées. pefc-france.org

VIVRE MARSEILLE est édité par Capitale Publishing SARL de presse au capital de 5 000 €

La reproduction, même partielle, des textes, photos et illustrations est interdite sans l’autorisation de CAPITALE PUBLISHING. Le contenu des textes n’engage que la responsabilité de leurs auteurs respectifs.

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FORUM DES CARMES

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SOMMA I RE

Culture —

Appelez-là Boloniaise p. 12

© DR

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© Élodie Liénard

V I V RE M A RSEI LLE ÉTÉ 2022

Food —

Cureor on adore ! p. 52 Let the sunshine in & Mélissa p. 53

Les premières halles de Marseille ! p. 34 Féfé19 + Le Fioupelan p. 35

L’Alchimiste des jardins p. 54

Chaque grand artiste a ses secrets… p. 16

Nouveau Saison à Vauban p. 36

Marseille Connection une affaire qui dure p. 58

Amandine graphiste perfectionniste ! p. 16

La pâtisserie végétale p. 37

Enquête —

2 bonnes lectures estivales p. 14

2 bonnes lectures estivales p. 17 Tatoo À fleur de peau p. 18 Marseille, future eldorado du dessin animé p. 20

Les meilleures salades de l’été p. 42

Marseille connexion, une histoire qui dure p. 58

La Pointe Rouge p. 46

Portfolio —

Green —

Alain Chevallier, la photo comme art d’expression p. 70

La Grotte Cosquer p. 24

Le petit attirail + Mode d’emploi du PNC ! p. 50

Dans l’atelier d’Émilie Merchandin p. 28

Les Ruches sur le toit p. 51

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SOMMA I RE

© Laure Mélone

© DR

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V I V RE M A RSEI LLE ÉTÉ 2022

Top 10 — Les bons spot pour faire la fête cet été p. 76

Bien-être — Sound For Mind & Savon fun p. 84

Le Yoga kundalini p. 85 Wesak + Urban Trail p. 86 Jade Cartomancienne p. 87 L’instant Cryo p. 88 Beness, à base de CBD p. 89 Liquides imaginaires p. 90 Raw Beauty p. 94

Mode —

Fascinante Margaux Keller p112 Confidence d’un architecte : Renaud Tarrazi p. 116

By Elote p. 98

Mon Magasin en ville & JFRey p. 99 Maillot de bain Sudella p. 100

Dans l’appart’ de Nathalie Di Maiolo p. 120 Carnet d’adresses p. 126

La coque Française & Cacatoes p. 101

Escapade —

Blue Lobster p. 102 Genre p. 106

Un week-end à Cassis p. 128

Déco —

+

Si bien chez soi! p. 110

Le Marseille de… Titoff p. 130

Décostock & Madame Victoria p. 111

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Notre territoire est si précieux

Notre territoire provençal est doté d’un patrimoine et de ressources naturelles d’exception. Préserver l’une des richesses les plus indispensables à la vie est au cœur de notre raison d’être. En optimisant le cycle de l’eau, en produisant et en acheminant l’eau potable jusque dans les foyers et en traitant les eaux usées avant de les restituer au milieu naturel, nous contribuons à votre qualité de vie et à votre bien-être.

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PAYS D’ARLES

À IL 2 R AV 02 D’ E 2 BR M CE

S RT IC CE UBL S N P UE UE CO NE R IQ E R U JE TS D MÉ U S AR TS N CLE S R A CTA ION E IT SP OS P X E

CULTURE FFAITES AITES LE PLEIN DE CUL TURE PAYS DANS ANS LES 29 COMMUNES DU P S D’ARLES

ARLES BOULBON SAINTES-MARIES-DE-LA-MER SAINT-MARTIN-DE-CRAU -MARTIN-DE-CRAU SAINT-PIERRE-DE-MÉZOARGUES -PIERRE-DE-MÉZOARGUES ARGUES TARASCON ARASCON AUREILLE UREILLE LES BAUX-DE-PROVENCE UX-DE-PROVENCE UX-DE-PRO UX-DE-PR OVENCE EYGALIÈRES ALIÈRES FONTVIEILLE

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Culture ×

“La culture est ce qui fait d’une journée de travail une journée de vie.” Georges Duhamel, médecin, écrivain et poète français

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Appelez-la “Boloniaise” SKETCHBOOK. Boloniaise, alias « mr. boloniaise », « mr. bolon » ou encore « bolo », dessine depuis qu’elle a découvert les crayons et les feutres. Elle a suivi quelques cours de dessin, fréquenté une école d’art, tout en se nourrissant de mangas. Depuis toujours, elle dessine, affirmant davantage son style. Marseillaise désormais basée à Nantes, fan de cuisine italienne et japonaise, elle anime des ateliers et travaille sur ses propres productions, considérant le dessin comme un art de vivre. Depuis son enfance et des cours pris en dehors des heures de classe, jusqu’à une école professionnelle à Nantes, elle s’est fait la main - la gauche - et trace aujourd’hui son chemin. Boloniaise (Anna, de son vétitable prénom) a publié son premier album - Sketchbook #01 - il y a quelques semaines. Pas encore une histoire complète, mais des personnages dont elle connaît le background, prêts à devenir des héros dans son propre manga ou quand un scénario la séduira. La marseillaise a aussi participé à plusieurs festivals tels que la Japan Expo (Nantes et Marseille), le Hero festival ou encore la Foire de Marseille et le Festival international du Livre marseillais, où elle a animé des ateliers, ravissant les dessinateurs en herbe. Si on ne trouve plus le Sketchbook #01 de Boloniaise en librairie, il est toujours en vente sur le net, via les plateformes de librairie de type Cultura, Fnac ou Amazon (version papier et numérique). Pour la suivre sur Instagram et Twitter : @mr.boloniaise et @pizza_macchiato. PC

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PUBLI -IN FOR MATION

Marseille : vers la ville méditerranéenne durable de demain Paysage, climat, agoras... telles sont quelques-unes des spécificités des villes méditerranéennes. Des traits que l’on retrouve à Marseille, cité qui cultive un rapport inédit à son territoire. Vivre ensemble dans l’espace public : Voilà le marqueur de l’urbanité sur les rives de la Méditerranée. Au Sud de la grande bleue, ce brassage est le propre des médinas, ces centres historiques où bat le cœur des villes. Au Nord, ce rapport à l’espace collectif s’est longtemps effacé derrière l’emprise de l’automobile. Avec les dérives (pollution, nuisances, réduction de l’espace piéton...) auxquelles les villes tentent de mettre fin dans un contexte contraint par l’urgence du réchauffement climatique. Euroméditerranée développe un

modèle de ville durable méditerranéenne en associant dans son rôle d’aménageur, entreprises, centres de recherche, écoles/ universités, pôles de compétitivité, pouvoirs publics et habitants. Ainsi, chaque acteur peut contribuer à l’édification d’un modèle reproductible de ville méditerranéenne durable. Un espace public apaisé Ce changement de modèle se décline désormais à travers une recomposition de l’espace public privilégiant les transports collectifs et les nouveaux modes de

déplacement plus « doux ». C’est aussi le retour à la nature avec le végétal qui reprend toute sa place et « colonise » les anciennes friches industrielles, comme au Nord, avec la future coulée verte aménagée dans le lit retrouvé du cours d’eau des Aygalades. Quand la mer souffle le chaud et le froid La mer aussi apporte sa contribution à cette mutation : source d’énergie inépuisable, son eau alimente des boucles qui chauffent et refroidissent les nouveaux lieux de vie et de travail.

Charles André, responsable Développement urbain et Architecture à l’EPA Euroméditerranée « Marseille jouit d’un climat particulier qui implique le développement de formes urbaines adaptées à un contexte géographique extraordinaire. Euroméditerranée saisit l’occasion de tester de nouvelles manières de construire la ville en lien avec le climat. C’est par exemple un appel à profiter et valoriser les toits terrasses des bâtiments en les rendant accessibles pour des usages mutualisés, espaces « bonus » au-dessus des tumultes de la ville, tournés vers les paysages et la mer. C’est rendre confortables les espaces collectifs, paliers, jardins, terrasses… pour favoriser le bien vivre ensemble. C’est développer des logements traversants, ensoleillés, ventilés naturellement, ouverts sur le paysage et disposant d’un extérieur pour offrir des cadres de vie durablement agréables à vivre. C’est aussi employer de revêtements poreux afin de favoriser l’impact de la pleine terre dans la gestion naturelle de l’eau et le retour de la nature en ville… au profit des habitants… ».

À PROPOS D’EUROMÉDITERRANÉE Depuis 25 ans, l’Établissement Public d’Aménagement (EPA) Euroméditerranée conçoit, développe et construit la ville méditerranéenne durable de demain au cœur de la métropole Aix MarseilleProvence. Labélisé « ÉcoCité » depuis 2009, le territoire d’intervention d’Euroméditerranée de 480 ha est un véritable laboratoire d’expérimentation pour tester des solutions, services et dispositifs innovants qui feront partie intégrante de la ville de demain.

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© Paul Bourdrel

Mandol’in Marseille MUSIQUE. À Marseille, dans l’entre-deux guerres, la mandoline était l’instrument populaire par excellence : on trouvait ainsi un orchestre de mandoline par quartier. Il faut dire que c’est à Marseille, en 1921, que fut créée la première classe mondiale de mandoline en Conservatoire. 100 ans plus tard, c’est ici encore que ce petit luth à manche court retrouve une créativité, une vitalité et une modernité insoupçonnée sous l’impulsion de Vincent Beer-Demander, l’un des plus talentueux et créatifs mandolinistes, installé à Marseille depuis 20 ans. L’an dernier, il a décidé de redonner à cet instrument ses lettres de noblesse et sa popularité en créant le Mandol’In Marseille Festival. Il se tient en juillet dans différents lieux culturels de la ville, mettant à l’honneur cette « petite guitare » qui a tout d’une grande . FJ compagnievbd.org

Contemplations d’antan PEINTURE. Dans le cadre de la saison estivale et automnale (du 25 mai au 30 octobre 2022), le musée Regards de Provence propose la première rétrospective réunissant les deux peintres marseillais Antoine Ponchin (1872-1933) et Jos-Henri Ponchin (1897-1981), père et fils issus d’une famille d’artistes de quatre générations. FJ Exposition « Couleurs des Suds », jusqu’au 30 octobre museeregardsdeprovence.com 014


LA COMMANDERIE DE PEYRASSOL

© Photo : Christophe Goussard - Conception graphique © Constance de Courville

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© DR

Chaque grand artiste a ses secrets

Pour commander : asrdesign.fr Instagram : @mendomess

ENVOÛTANT. À 24 ans, Amandine Suteau Ruiz est une graphiste de talent avec pour source d’inspiration majeure quelque chose d’unique : son subconscient. Titulaire d’un master en graphisme digital, cette marseillaise a choisi de lancer sa propre entreprise : Mendomess. Avec une griffe bien à elle, la jeune femme propose des œuvres issues d’un mélange de personnages chimériques. « Je me base sur mes rêves, mes cauchemars et ma paralysie du sommeil. Je m’inspire beaucoup de la pop culture, du street art, du surréalisme, de l’onirique, de Dali, de Philipps, de Cavanna de Charlie Hebdo ou de pochettes d’albums… » explique-t-elle. À travers plusieurs techniques, la bombe aérosol, la peinture acrylique, ou encore le digital painting, l’artiste crée sur des murs, des portes, des chaussures, des vêtements, des planches de skateboard, ou encore des tableaux. Le côté assez urbain du trait d’Amandine, un peu décalé, rend chaque création unique. « Je peux aussi m’adapter au client selon la thématique qu’il souhaite, en joignant son univers avec le mien. » AB 016


Condensé de plaisir TRIOMPHE. “26 mai 1993, de Giovanni Privitera, relate à travers les yeux d’une famille cette journée si particulière, et si chère au cœur des Marseillais, que fut le match qui opposa l‘Olympique de Marseille au Milan AC en finale de Coupe d’Europe. Certes, on connaît la fin, il n’y a pas de suspense. Mais Privitera nous fait revivre l’incroyable ambiance, le stress, l’adrénaline et l’émotion de cette journée. AB. Éditions Melmat, 174 pages, 12€

Sauter le pas

© DR

MAGISTRAL. Avec « Sauter la flaque », Laury Garcia Haouji s’érige en écrivain de génie, recevant le prix d’honneur du Concours Renaissance 2021 de l’Académie Poétique et Littéraire de Provence. Mystère, démesure, couleurs, détresse… le roman nous transporte jusqu’à La Havane, où Anna, peintre, doit se réinventer dans un contexte de pénuries et difficultés économiques qui prive les peintres de leur matériel et fige le quotidien. Née dans les quartiers nord de Marseille, l’auteure a voulu transmettre son héritage méditerranéen, ses cultures, ses histoires, qui nourrissent depuis toujours son « goût pour la lecture et l’envie de raconter ». AB. Editions Baudelaires, 200 pages, 19€. 017


À fleur de peau

Quel est votre parcours ? Arrivé en France en 2000, j’entame une carrière d’artiste danseur qui me conduit sur les scènes et dans les institutions de Lyon, Cannes et Turin en Italie. J’entre ensuite au Ballet National de Marseille en 2007, sous la direction de Frédéric Flamant et Emio Greco. Ma carrière sur scène prend fin en 2020. Conscient depuis longtemps de ma nécessaire reconversion et considérant la pratique artistique comme le véritable fil rouge de mon existence, je me suis alors tourné vers l’art du tatouage, un projet professionnel ancien. Pouvoir transcrire mon art et mon univers sur la peau est un privilège et un challenge aussi ! Parlez-nous de vos inspirations, de votre style ? Je reste dans le réalisme, quelquefois très proche du dessin académique. Je puise mon inspiration dans des références artistiques classiques et baroques, dans les peintures comme dans la sculpture. Je suis passionné

© Sandra Manitch

Anton Zvir est né à Minsk, en Biélorussie, de parents danseurs. Il intègre l’école du Bolchoï à 9 ans. En parallèle, son grand père, artiste peintre, lui inculque l’art pictural. Anton possède un sens esthétique puissant, il a toujours peint et dessiné, changeant de support, tantôt la toile, tantôt la peau... Rencontre.

d’histoire de l’art et du travail des grands maîtres de la peinture. Je reste vraiment dans le réalisme sur le motif, tout en travaillant dans un univers qui m’est propre et qui fait appel à l’imaginaire. Par certains côtés, il peut se dégager de mes tableaux une atmosphère étrange, voire « inquiétante », toujours un peu nostalgique... l’âme slave !

mauvaises choses, qui peuvent déranger, choquer. Je n’hésite pas non plus à refuser des projets si je vois que la personne s’engage sur un terrain dangereux pour elle, vers des choix qu’elle peut regretter ou qui peuvent lui porter préjudice. Quand c’est mal réfléchi ou fait sur un coup de tête, ça ne va pas. C’est une question d’honnêteté et de professionnalisme.

Avez-vous déjà refusé de faire un tatouage à quelqu’un ? Des croix gammées m’ont été demandées, j’ai refusé. Tout comme les symboles porteurs de

Quelle est la grande tendance esthétique actuelle en matière de tatouage ? Le réalisme et le trash polka... ça vous étonne ? NLP

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Future eldorado de l’animation Ils sont irlandais, belges, italiens, anglais et sont venus à Marseille pour assister à un événement incontournable dans le domaine de l’animation : Cartoon Next. Par Marine Conti Photos Cartoonnext

E

n avril dernier, producteurs, studios et diffuseurs de toute l’Europe se sont donnés rendez-vous au World Trade Center de la cité phocéenne pour imaginer l’avenir du dessin animé. Un rendezvous qui s’y tiendra également en 2023 et 2024. La preuve que notre région est non seulement un vivier de jeunes talents mais aussi une future terre d’ancrage des productions d’animation. « La France est numéro 3 derrière le Japon et les Etats-Unis pour la production d’animations dans le monde. En Europe, nous sommes numéro 1 ! On est des champions ! » s’enthousiasme Chrystel Poncet, coordinatrice générale de Sud Anim, toute jeune association française du cinéma d’animation. « Sur le territoire de la région Sud, il y a aussi des champions ! Entre Avignon, Arles et Marseille nous avons un tissu très performant de productions et d’écoles. Deux de nos écoles figurent dans le top 10 mondial et envoient même des

étudiants aux Oscars : la Mopa et l’Ecole des nouvelles images. Les studios comme Pixar et Dreamworks viennent directement embaucher nos étudiants. Notre idée chez Sud Anim, c’est de fédérer tous les métiers de l’animation. Et notre défi, c’est de faire rester les talents pour ne pas qu’ils s’exportent à l’étranger. » Signe fort de ce potentiel, la Ville, la Métropole et la Région se sont d’ailleurs associées à l’évènement.

Des grands studios qui cherchent à s’installer chez nous Si notre région regorge d’un savoirfaire que l’on s’arrache dans le monde entier, c’est aussi grâce à un système vertueux de financement, mis en place depuis des années, qui permet de multiplier les écoles et les studios. De leurs côtés, les chaînes aussi ont l’obligation d’investir dans la production d’animation. « Il faut savoir qu’une série animée coûte très cher à produire : 7 millions d’euros pour une série classique ! Mais il 020

Chrystel Poncet, coordinatrice générale

n’y a pas de raison pour qu’on ne devienne pas un territoire de premier plan, tous les voyants sont au vert » nous assure Chrystel. De plus en plus, les studios parisiens cherchent à s’implanter dans notre région. Le studio « Tu ne nous as pas vu », lui, a prévu d’embaucher 50 personnes d’ici la fin de l’année.


Un nouvel élan à la filière de l’animation

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Un métier d’avenir pour notre territoire

RENCONTRE AVEC OLIVIER JEAN, DIRECTEUR DE COCORIBOU « Cocoribou, c’est une petite société de production familiale de motion design, que j’ai monté avec ma fille à Marseille en 2016. Notre métier c’est de créer des films, des séries ou des courts métrages. Je suis persuadé que d’ici quelques années Marseille va exploser. En ce moment nous travaillons sur trois projets : Professeur sapions, une série d’animation, Théo et Léonie, une série en 3D, et la 300ème tête, un court métrage. Ce sont des projets souvent issus d’adaptation, comme Professeur Sapions, adapté d’un podcast de reportage animalier pour enfant. C’est l’histoire d’un grand-père loufoque et aventurier qui parcourt la planète avec sa petite fille pour aller aider des animaux toujours très drôles. Notre ambition ? Devenir une structure de petite taille qui va faire le joint avec les gros studios. Quand ils embauchent pour deux ans, nous embauchons pour trois mois. Nous voulons faire émerger des projets qui sortent du sud et faire rayonner nos talents dans le monde ! »

Assises dans un coin du Cartoon Next, leur ordinateur sur les genoux, trois étudiantes répètent leurs pitchs. Cléa, Laura et Maëlle sont au lycée Marie Curie de Marseille, en troisième année de DNMA, un diplôme qui forme à l’animation. Devant un parterre de pros, deux d’entre elles doivent présenter un projet qu’elles travaillent depuis le début

« De plus en plus de studios parisiens cherchent à s’implanter dans notre région. »

Château de Sakamon

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de l’année. 50 étudiants ont été invités par le salon à y prendre part. « On est venues là pour voir les professionnels, proposer des idées de projets futurs ou des séries. On se fait des contacts et on assiste aux pitchs, c’est hyper intéressant ! ». Les trois jeunes femmes croient beaucoup en l’avenir de l’animation sur notre territoire. « C’est encore le début à Marseille, ce n’est pas très florissant. Nous allons très certainement devoir partir pour travailler, même à l’étranger, mais il semblerait que les opportunités commencent à arriver. On espère pouvoir revenir dans le sud d’ici 2-3 ans, quand le marché sera vraiment implanté et que l’on pourra trouver un emploi. »



La grotte Cosquer, réplique quasiment exacte -au demi millimètre près- de cette grotte sous-marine découverte entre Marseille et Cassis par Henry Cosquer dans les années 1980, a ouvert ses portes dans un écrin qui lui va comme un gant : la Villa Méditerranée.

Texte Marine Conti Photos Kléber Rossillon (sauf mentions)

© Kléber Rossillon

Le nouveau bijou de Marseille


véritable fonction. C’est désormais chose faite avec cette grotte, véritable invitation à l’aventure.

La grotte Cosquer, trésor de la région « On avait un trésor archéologique non visitable et menacé par la montée des eaux. Il fallait faire quelque chose pour le montrer au grand public », explique Fréderic Prades. Datée d’il y a 30 000 ans, la grotte Cosquer, découverte par hasard par le plongeur du même nom, est en effet une merveille de notre histoire. Immense, cette cathédrale sous-marine, située à 37 mètres de profondeur, est accessible après un passage dans un étroit et

interminable tunnel de 110 mètres de long. À l’intérieur, d’immenses stalactites et stalagmites, des draperies de pierres, mais surtout des peintures rupestres d’une beauté fascinante. Mains négatives, animaux gravés ou dessinés sur les parois, la grotte foisonne de représentations.

Du Megaceros aux pingouins géants « Ici, nous voyons essentiellement des animaux qui vivaient à l’époque du Paléolitique. Là, c’est un Mégaceros, un gigantesque cervidé. Il y a beaucoup d’animaux représentés sur les parois qui ne vivent plus à Marseille

© Kléber Rossillon

C’est un projet complètement fou de reproduire à l’identique une grotte préhistorique », s’enthousiasme Fréderic Prades, le directeur de la grotte Cosquer. L’expérience n’a été réalisée que trois fois dans le monde. C’est d’autant plus fou que pour les autres grottes on a construit un bâtiment sur mesure pour les accueillir. Ici, nous avons dû faire avec un bâtiment déjà existant : la Villa Méditerranée ». Créée pour Marseille Capitale Européenne de la Culture, la Villa Méditerranée cherchait depuis maintenant 9 ans sa vocation. Sa construction a coûté cher, son emploi était très critiqué, il fallait que la Villa regagne le cœur des Marseillais, qu’elle trouve sa

“ Des peintures rupestres d’une beauté fascinante.”

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“ La signification de tous ses dessins nous échappe encore complètement aujourd’hui. C’est un mystère...”

aujourd’hui, comme le phoque moine, qui est une spécificité de la grotte Cosquer. Il y a aussi des peintures de pingouins géants qui n’existent plus, ou de lions des cavernes ». Gabriel Beraha, spécialiste de la Préhistoire et chargé de médiation à la grotte Cosquer, nous plonge dans un univers captivant. « Ces dessins ne sont pas juste des représentations de ce que voyaient les hommes préhistoriques, ils sont aussi très artistique. Ici vous voyez, on a l’impression que les animaux flottent dans l’air. Il y a un message derrière tout ça, un art de la chasse, des codes, des règles de l’art. Mais la signification de tous ces dessins nous échappe encore complètement aujourd’hui. C’est un mystère qui nous reste à découvrir. »

Une scénographie à couper le souffle Si la grotte est une véritable prouesse technique, 95% de la grotte initiale étant reproduite à l’échelle 1, sa scénographie n’est pas en reste, digne d’un parc futuriste qu’aurait pu imaginer Spielberg. Passage par un club de plongée des années 1980, montée dans une cabine de plongée, sensation de partir sous l’eau, grotte semi-immergée et plongée dans l’obscurité, ou encore modules électriques individuels pour vous déplacer à travers la grotte... « On va orienter ces petits modules en fonction des

commentaires audios, des effets lumineux et des mises en scène pour que vous sachiez toujours où regarder, détaille Frédéric Prade, ça ne s’est jamais fait ».

Une vocation de sensibilisation Après la grotte, la visite se poursuit au troisième étage avec le centre d’interprétation archéologique : on retrouve les animaux croisés dans la grotte, mais cette fois reproduits en grandeur nature. On découvre aussi la raison de l’attrait des hommes préhistoriques pour la mer. Parmi les sujets abordés, celui sensible de la montée des eaux. Pourquoi la grotte est aujourd’hui sous l’eau alors qu’elle ne l’était pas il y a 30 000 ans ? « On va aussi avoir un théâtre optique qui va être l’un des plus grands au monde et on va sensibiliser le public sur la montée des eaux avec des techniques novatrices », poursuit le directeur. On a notamment un système vidéo qui permet d’avoir en instantané devant soi la baie de Marseille, et une évolution de la montée des eaux en vidéo, de 30 000 jusqu’à nos jours. » Pour lui, cette grotte, c’est un peu un rêve qui se concrétise : « Personnellement, quand la grotte a été découverte, ça m’a fait rêver comme un gamin. Cette histoire de trésor englouti, ça passionne tout le monde. Je suis certain que la grotte va faire rêver beaucoup d’enfants, mais aussi leurs parents et leurs grands parents ! » 0 26


grotte-cosquer.com



Texte Nadège Laurens-Pages Photos DR

Rêverie entre abstraction et figuration A 38 ans, Émilie Marchandin a toujours souhaité devenir peintre. Ancienne architecte d’intérieur, formée à la faculté d’Aix-en-Provence, elle est désormais une artiste accomplie. Rencontre.

Quel est votre bagage artistique ? J’ai fondé ma société d’architecture d’intérieure pendant 8 ans. Puis un jour, j’ai eu un déclic : j’ai décidé de me consacrer entièrement à la peinture, même si j’y suis allée progressivement. J’avais besoin de perfectionner ma peinture et ma technique, de nourrir mon vocabulaire visuel. J’ai pris le temps de me former grâce aux livres, à des cours, des vidéos et de très nombreuses études et tests.

Depuis quand la passion est-elle devenue un métier ? Qu’est-ce qui vous a poussé à croire en votre art à un moment de votre vie ? J’ai toujours porté en moi ce désir. C’était comme une vocation mais j’ai mis du temps à l’assumer. J’avais le cliché de la vie de misère des peintres qui ont la vie dure. Puis j’ai eu un déclic. Je suis partie en vacances dans un club et à chaque fois que je me présentais en tant que “Emilie, architecte d’intérieur”, 0 29

ça sonnait faux à l’intérieur. À mon retour de vacances, j’ai décidé de mettre tous les moyens en oeuvre pour réaliser ma conviction de toujours : être peintre. Dès lors, j’ai enfin été à ma place. Quel est le sujet principal dans votre travail ? Après avoir exploré les thèmes du Tarot, de l’Extase et de l’Eros, je me suis rendue compte qu’un thème faisait fil rouge dans mon travail


“L’art est un moyen très puissant de se connecter à notre humanité. L’art permet d’ouvrir des portes en soi. Il vient nous remuer et nous mettre en mouvement, en émotions...” support pour mes peintures. J’aime beaucoup peindre en musique. Certains musiciens m’évoquent un univers visuel. Sinon, je peins à la peinture acrylique. Tout d’abord, pour un aspect très concret, celui de la santé. Mais aussi parce que j’adore l’eau, c’est mon élément. La peinture acrylique a cette fluidité, elle me connecte à cet élément. Qu’est-ce que l’art pour vous ? À mon sens, l’art est un moyen très puissant de se connecter à notre humanité. L’art permet d’ouvrir des portes en soi. Il vient nous remuer et nous mettre en mouvement, en émotions. Il vient pousser une dimension qui dépasse la notion de survie et les besoins de base. Il permet d’aller au-delà, vers l’essence de toute chose et de nous connecter au présent, à la vie.

depuis mes premières créations un peu réfléchies, qui dataient du collège : le souvenir, la mémoire. À la faculté, j’avais fait mon mémoire de Master sur le devoir de mémoire. J’ai gardé ce thème du souvenir : le souvenir d’un moment, d’un rêve, d’un idéal. Racontez-nous l’histoire de vos choix artistiques... La vie est une source d’inspiration constante. Depuis très jeune, les images m’attirent, notamment les images de magazines féminins. Elles m’ont toujours fait voyager. Aujourd’hui je réalise mes propres shootings en fonction des univers qui m’inspirent et qui servent de 030

Quelle est la définition pour vous d’un artiste ? Chaque artiste est unique, comme chaque personne. C’est celui qui cherche, qui a besoin de créer pour vivre, exister et s’épanouir, sinon il s’éteint doucement. L’art fait partie de lui. Je crois même qu’il porte l’art en lui, comme si l’art avait décidé de l’élire pour s’y réfugier. Un artiste est celui qui crée l’oeuvre, les oeuvres, qui se pose et prend ce moment pour faire une réalité de la création qui habite son esprit. Vos recettes de l’imaginaire... Aujourd’hui, on a accès à tellement de ressources : lire, regarder des vidéos, écouter des podcasts, décou-


vrir les créations d’autres artistes sur les réseaux sociaux. Former son oeil, regarder aussi ce qui nous déplait et se demander pourquoi. Et nourrir encore et toujours ce puits d’inspiration. À force il déborde, il bouillonne et l’imagination apparaît en mélangeant tout ça. C’est le moment de saisir son pinceau ! Quel est l’apport de vos activités artistiques à votre vie ? L’art est ma vocation. J’en ai besoin, comme de respirer ou manger. On peut se dire que si je ne respire pas ou ne mange pas, je meurs, que c’est incomparable. Mais si je ne crée pas, je meurs intérieurement. Si je ne crée pas, il me manque quelque chose de fondamental. Je ne suis pas moi que quand je peins, mais si je ne

Après plusieurs années de réflexion, l’envie d’avoir ses propres photos de référence pour ses tableaux.

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“La peinture est devenue ma passion après avoir été ma conviction” chance de vivre ma conviction. La peinture est devenue ma passion après avoir été ma conviction, ma vocation même. Petite, je voulais que les couleurs explosent sur le papier, comme je les voyais dans ma tête, mais ça faisait surtout quelque chose de pas très joli, marronnasse. En grandissant, j’ai peint plus par conviction que par passion. Quand j’ai enfin compris et assumé cet appel intérieur, que je me suis intéressée à lui, là, la peinture m’a passionnée.

Ophélie, Ophelia Étude sur papier, acrylique.

peins pas, il me manque une partie essentielle. La peinture me permet de m’épanouir, elle a besoin d’exister hors de moi. Et quand je peins, c’est un moment hors du temps, de déconnexion et de flow. Chaque jour, j’apprends, je grandis, je me dépasse. L’art me maintient centrée et me permet d’incarner mes valeurs, de donner le meilleur de moi. Et

de partager, d’inspirer, de créer du lien avec de nombreuses personnes. J’aime beaucoup de choses, je suis très curieuse. Dès que quelque chose me passionne, en général, je m’y mets à fond. La vie est passionnante. Votre plus grande fierté ? De ne pas avoir trahi l’enfant en moi et de me donner chaque jour la 032

Parlez-nous de VOTRE Marseille. Est-ce une Ville inspirante pour vous ? J’adore Marseille. J’aime toujours la comparer à une personne difficile à connaître, qui ne se livre pas facilement et qu’il faut prendre le temps d’apprivoiser. Cette ville est secrète. Elle est authentique, rebelle. Souvent, l’été, notamment la nuit, je me balade pour la découvrir, comme une touriste. Pendant les ouvertures ateliers d’artistes, je découvre des lieux et des quartiers vraiment incroyables. Elle est immense et j’aime cette idée d’agglomération de villages, avec chacun son identité. Je suis de Saint-Barnabé et j’adore encore vivre dans ce lieu à l’esprit village, à taille humaine. À Marseille, il est impossible de s’ennuyer et d’en faire le tour ! Elle m’inspire beaucoup ! J’ai peint de nombreux tableaux sur Marseille. Élaborer ce Tarot de Marseille m’a fait redécouvrir ma ville, autant historiquement que certains lieux. Marseille, c’est à nous de la conquérir, ce n’est pas elle qui nous séduit. Et au final, c’est nous qui sommes conquis par sa force, sa beauté et sa singularité.


Food ×

“La gastronomie est l’art d’utiliser la nourriture pour créer le bien-être.” Theodore Zeldin, historien, sociologue et philosophe britannique

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NOUVEAU. « Amener un peu de chez nous chez vous », telle est la formule que Guillaume et Julien utilisent pour parler de leur nouvelle cave et épicerie fine ! Ce lieu dédié au plaisir des papilles a été pensé par le binôme Julien DiazGuillaume Bonneaud dans le prolongement du restaurant Saisons. Attachés aux valeurs de qualité et d’exigence, l’espace est surtout convivial, avec la volonté que l’on se sente invité, à l’aise, prêt à vivre une expérience gustative dans une atmosphère où le bois respire. À ce jour, la part belle est faite aux vins mais également aux spiritueux et à des bières locales. Niveau épicerie, on retrouve des produits italiens et corses, des pâtes (Gentile), du riz à risotto (Canaroli), du Pane Carasau, les chocolats de la Chocolaterie Françoise ou les Canistrelli des Goûters de Vané. Pour les apéros estivaux, on shoppe les charcuteries de la Famille Guidoni, les glaces de Sacha Copigneaux ou les yaourts de la Laiterie Marseillaise... C’est un parcours gourmand au cœur des saveurs du sud…. Derrière chaque produit sélectionné, on retrouve l’histoire d’une famille d’artisans qui, par amour, préservent un savoir-faire unique. Maintenant accordez, disposez, partagez et profitez. NLP

© WOW AGENCY

Pur plaisir

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Une halte au Café Jeanne

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SAIN. Depuis le mois de mars, Jeanne sert à ses clients des plats variés, cuisinés exclusivement avec des produits frais de saison. Avec Anne en cuisine, elles retravaillent régulièrement la carte pour proposer des plats travaillés et innovants. Laissez-vous tenter ! AB

La Corse à l’honneur

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AUTHENTIQUE. Marine et Mathieu ont ouvert La Rôtisserie de Marinette juste avant le printemps. Les spécialités ? Les viandes corses et surtout le porc ! Travers, porcelet à partager… Le tout dans un accueil chaleureux et familial « comme au village », aime préciser le propriétaire, originaire d’Ajaccio. L’établissement propose ainsi des produits-phares importés directement depuis l’île de Beauté, comme la célèbre saucisse de veau Abbatucci et le porc de Penta di Casinca. La carte est élaborée à partir de produits frais dans des assiettes copieuses. Coté boissons, le couple a lancé récemment ses propres bières, Libertà et Bella Ciao. Il est également possible de goûter les Capo-Spritz blancs et rouges ainsi que le célèbre muscat pétillant local Casanova. Et pour accompagner les journées ensoleillées de l’été, l’établissement lance des paniers pique-nique. Poulet rôti, charcuterie, salades en tout genre... “Garnis de produits qu’on ne trouvent pas dans les épiceries !” AB 035


Une cuisine colorée

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INVENTIF. Baigné de soleil, le Fioupelan sort du lot par son allure et sa cuisine de saison soignée. Installez-vous face à la Bonne-Mère pour un brunch, un déjeuner, un thé l’après-midi ou un apéro et un dîner le soir. AB

L’union sacrée du goût & du style

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BUZZ. Féfé est la gamme de cocktails prêts-à-boire élaborée par les barmen du Syndicat, qui démocratise les fameux cocktails du bar. SCH, c’est le rap français, Marseille, plus d’1 million d’albums écoulés, le 2ème artiste le plus écouté en France en 2021, une victoire de la musique en 2022, et surtout un univers où rien n’est laissé au hasard. Depuis 2015, celui qui se fait appeler « le S », référence à son patronyme Schwarzer et à la 19ème lettre de l‘alphabet à l’origine du nom de féfé19, s’est impliqué dans toutes les étapes de production, jusqu’à signer sa canette d’une rose qu’il a lui-même dessinée à la main. Une association évidente, fruit d’un partage de valeurs et de la volonté de démocratiser le luxe. Il est le premier artiste à lancer son hard seltzer en France. NLP

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drinkefefe.com


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© Julie Lagier

Nos Halles idéales

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NOUVEAUTÉ. Cet été, le cours d’Estiennes d’Orves accueille les Grande Halles. Une fierté pour Julien Fabre, cofondateur de ce « village dans la ville », qui prône l’art de vivre local. Nées autour d’une discussion entre amis, les Halles affichent une restauration variée et de qualité au travers de plusieurs échoppes. « Nous avons mis en synergie nos savoir-faire en nous inspirant de nos voyages, mais aussi de l’âme marseillaise que nous connaissons » déclare Julien Fabre. La Méditerranée et Marseille forment l’ADN de ce lieu. « Nous avons mis le doigt sur quelque chose dont la ville avait besoin. Le but était de placer en avant les influences gastronomiques qui sont celles de Marseille.» Les différents professionnels marseillais correspondaient forcément à la philosophie du projet. « Nous avons trouvé des locaux qui voulaient tenter l’aventure avec nous et nous avons inventé nos Halles idéales ! Marseille, c’est Marseille, il faut la sauce marseillaise ! » Le concept a mis du temps à naître dans la cité phocéenne. « Il a été évoqué par le passé mais, par manque de fonds ou d’idées novatrices, il n’a pas abouti. Aujourd’hui, les franchises ne sont plus recherchées, on veut voir du local, sentir l’ADN de la ville et de la Méditerranée. » AB


Un avenir végan gourmand, ça se façonne La pâtisserie végétale connaît un véritable engouement dans la cité phocéenne. Dans la lignée de quelques enseignes audacieuses qui ont osé le végétalisme (La Pépite, Oh Faon !), Marie Rebuffat a ouvert son antre tout aussi gourmand que végan à Mazargues. Rencontre.

Texte Alexandra Bischof Photos LVPJ Studio

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epuis l’an dernier, Marie Rebuffat est l’heureuse propriétaire d’une pâtisserie végétale à Mazargues. N’y sont vendus que des produits 100% végans, sans gluten, sans lactose et comportant un minimum de sucre. Des pièces pâtissières gourmandes, autant pour les yeux que pour les papilles, façonnnées à coups d’originalité et de créativité. Pour cette (presque) trentenaire, la pâtisserie est devenue très vite une vocation. « J’ai commencé ma carrière dans la restauration, où j’ai touché à tout : la cuisine, le service et la pâtisserie, dans laquelle me suis spécialisée par la suit. À Marseille, j’ai exercé en tant que cheffe pâtissière chez le chef-cui038

sinier Ludovic Turac, puis chez Vanessa Robuschi, cheffe du restaurant Question de goût. »

L’intolérance au gluten comme révélateur La découverte de certaines intolérances alimentaires a bouleversé son quotidien. « Lorsqu’on m’a découvert une intolérance au gluten et au lait de vache, j’en ai profité pour me former à la pâtisserie sans gluten et sans lactose. Un jour, je me suis retrouvée à vouloir acheter un gâteau confectionné en fonction de ces intolérances sans savoir où aller. J’ai imaginé que ce problème se posait pour beaucoup de personnes. » Pour continuer à



“ Les bienfaits sur l’organisme de ces pâtisseries sont reconnus. Elles sont plus digestes et provoquent moins de ballonnements.”

exercer son métier de pâtissière, la jeune femme a dû revoir l’ensemble de ses recettes pour proposer des gourmandises adaptées aux intolérants. « J’ai fait plusieurs essais pour trouver les bonnes doses et adapter les ingrédients, retravaillé les recettes habituelles et les bases pour cuisiner sans gluten et sans lactose. J’ai commencé en répondant à des petites commandes depuis mon domicile pour des amis. La demande a pris de l’ampleur et nous avons ouvert cet établissement il y a un an. » COUP DE CŒUR : LA TARTE CITRON-PASSION

Des pâtisseries beaucoup plus digestes

Probablement la douceur à ne pas négliger cet été : une douce crème de citron, alliée à l’acidité de la passion, avec une mousse noix de coco sublimée par un fin morceau de chocolat blanc. Le tout disposé sur un savoureux sablé.

« Mes premiers gâteaux étaient à jeter, les proportions ont été difficiles à trouver. Je vous confirme que tout est réalisable en pâtisserie végétal. Mais dans ma pâtisserie, je ne fais pas de brioche, ni de feuilleté et de pâte levée ou de pain, car sans gluten et lactose c’est assez compliqué. » Et pourtant, en dépit de ces manques, la pâtissière attire une clientèle variée, de tout âge, régulière, et surtout, qui ne connait pas forcément d’intolérance alimentaire. « Les bienfaits de la pâtisserie végétale sur l’organisme sont reconnus. Elle est plus digeste et provoque moins de ballonnements. Ce qui est étonnant, c’est qu’en consommant ce type de pâtisserie, certains découvrent qu’ils supportent mal 040

le gluten ou le lactose. » Et la pâtissière de poursuivre : « Des personnes sont vraiment malades à cause du gluten et du lactose. Il est important que des alternatives existent et soient accessibles à tous. Ce qui est bien, c’est qu’aujourd’hui les matières premières, comme les pâtes sans gluten, se trouvent au supermarché. » Autre élément important pour Marie dans


la façon d’aborder son métier, la saisonnalité. « Je travaille avec des fruits de saison et des entreprises locales. Chez moi, vous ne trouverez pas de fraisier au mois de janvier. Le chocolat que j’utilise est fabriqué en France et la plupart des produits qui entrent dans mes préparations sont issus de l’agriculture biologique, notamment la farine et les sucres. »

L’originalité s’impose quant à elle comme essentielle : « Nous essayons de sortir de l’ordinaire. Nous ne sommes pas une pâtisserie classique qui propose des choses que l’on peut trouver partout. Nous changeons la carte régulièrement et proposons un dessert différent tous les week-end. » Pour Marie, ces pâtisseries végétales constituent l’avenir et remplaceront peut-être, 041

à terme, la pâtisserie classique. « De grands chefs se penchent sur la question. Je pense qu’il y a quelque chose qui va se faire. Pour la planète aussi ce sera mieux ! » En attendant, la talentueuse jeune femme réfléchit à développer son activité. « Dans l’avenir, j’aimerais travailler avec des professionnels. Je me laisse le temps de voir en fonction de l’évolution des choses. »


© Pinkyone


Texte Élodie Liénard Photos DR

Les meilleures salades de l’été Colorées, fraîches, légères, équilibrées… L’été, c’est la saison de prédilection des salades composées. À la tête de bonnes adresses où elles occupent une place de choix, des restaurateurs marseillais nous livrent idées et astuces pour des salades réussies et follement savoureuses !

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La potatoes salad de La Fabriquerie

“ La Patatoes salad est LE souvenir culinaire de mon premier voyage au Japon ”

La salade César d’Inès Emsalem - L’Atelier Woodie C’est dans la boîte ! Le succès de la salade César de l’Atelier Woodie a commencé dans une boîte en bois. « J’ai lancé des boîtes gourmandes en livraison durant la crise du Covid. Comme ce fût un succès, je viens d’ouvrir une adresse à Marseille pour recevoir les clients sur place » explique la jeune cheffe d’entreprise. « La César est un best of, elle plaît beaucoup à notre clientèle féminine car elle est plus fraîche et légère que nos boîtes fromages et charcuterie. Son secret ? La sauce dans laquelle vous pouvez tremper tous les éléments de la salade ».

La salade César de l’Atelier Woodie

La Potatoes salad de Marine Crousnillonde - La Fabriquerie « La Patatoes salad est LE souvenir culinaire de mon premier voyage au Japon ! Je suis restée seule à la fin du voyage et cette salade était à la fois réconfortante et nourrissante. Je la trouvais dans les petites superettes ou les petits bistrots. Parfois, elle était même servie entre deux tranches de pain de mie et je me régalais de son côté sucré et acidulé, de son moelleux mêlé au côté croquant des pickles. Ce n’est pas typiquement japonais, même pas exotique, et pourtant c’est ce que j’ai retenu de ce voyage ». Au point que Marine l’a proposée à l’étal de La Fabriquerie, comme un test, avant qu’elle ne devenienne l’une des meilleures ventes ! De la « comfort food » parfaitement réalisée. Tout ce qu’on aime !

Le poké bowl hawaïen de Ziad Arfa - L’Acaï Bowl C’est la passion des voyages qui a poussé Ziad Arfa et Nicolas Capdeville à s’associer pour fonder la franchise Acaï Bowl en 2017. « Nicolas, triple champion du monde de bodyboard, a passé beaucoup de temps à Hawaï où il a découvert les poké bowls, célèbre plat hawaïen » précise Ziad. Convaincus par cette formule de 044


LES ALIMENTS LES PLUS TENDANCES DU MOMENT

salade aussi jolie à regarder que gourmande à savourer, les deux amis ont ouvert leur premier restaurant à Marseille. Puis un second, et une adresse à Mimizan sur la Côte ouest, et bientôt une autre à Aix-les-Milles. « Il y a d’infinies combinaisons avec le poké bowl. La seule règle : choisir des produits frais de saison, un féculent, des légumes et/ou des fruits, une source de protéine, et une marinade ou une bonne sauce.»

Laurent Blanchard, l’un des deux créateurs du bar à salades « Compose », nous dévoile leurs best-of : « Si notre concept, c’est que les clients créent leur salade unique parmi les 40 millions de combinaisons possibles, il y a quelques ingrédients particulièrement prisés en ce moment. Pour les bases de nos salades, le quinoa marche très bien, comme les lentilles. Ensuite, plus d’un client sur deux choisi l’avocat, qui a bonne réputation côté santé et se marie avec beaucoup d’ingrédients. Enfin, pour les sauces, la miel-moutarde, à la fois douce et relevée, plaît beaucoup ».

La salade Caprèse de Pierre-Antoine Denis Otto et La Cantinetta Pour le chef de ces deux adresses incontournables sur Marseille, le secret d’une bonne salade tomatesmozza réside simplement… dans le choix de la tomate et de la mozza !

Le poké bowl d’Acaï Bowl

La salade Caprèse de La Cantinetta

« Cette recette est l’une des plus simples de la gastronomie italienne. Ce n’est pas compliqué, je choisis juste les meilleurs produits. En saison, mes tomates viennent de chez Jamal Benhida, sur le marché du Cours Julien. Elles sont gorgées de soleil et pleines de goût ! Pour l’huile et la mozzarella, je me fournis chez Marc Montarello de la société Piment Rouge. Une mozza de vache bien crémeuse et une huile de la région de Syracuse, à base d’olives de variété Tonda Iblea récoltées à la main. Je n’ai jamais trouvé mieux ! Enfin, de la fleur de sel et quelques feuilles de basilic que je trouve à l’épicerie L’Idéal ». Le chef propose également une version revisitée de la Caprèse à base de tomates cerises crues, mixées et assaisonnées de sel, de poivre, d’huile d’olive et d’ail. Il ajoute sur cette purée des tranches de tomates fraîches, une buratta bien crémeuse et de la marjolaine. « C’est plus raffiné et tout aussi bon ! ».



‹ Fiona et Claire, Raisin Crème.

La Pointe Rouge, beaucoup plus que la plage Historiquement prisée pour son ambiance balnéaire, la Pointe Rouge est un quartier qui vit désormais en toute saison grâce à l’implantation de nombreux commerces dynamiques et d’une population plus jeune. Texte & Photos Élodie Liénard (sauf mention)

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es petits bateaux du port de plaisance attendent de sortir en mer tandis que les enfants de l’école de voile tirent des bords. Ambiance vacances certifiée. La Pointe Rouge, c’est tout simplement le quartier qui abrite la plus grande plage de sable de Marseille. Destination balnéaire historique des familles marseillaises, elle tire son nom de la présence passée d’une roche sédimentaire pointue et rouge foncé, recouverte depuis par le port de plaisance. Depuis des décennies, les jeunes des quartiers avoisinants passent ici une grande partie de leurs étés. Si les embouteillages estivaux sur la route à sens unique sont ici légion, la Pointe Rouge n’en reste pas moins attrayante, regorgeant de petits

restaurants « les pieds dans l’eau », de commerces de bouche et de spots conviviaux pour trinquer face à la baie.

Une transformation bien palpable Le quartier a beaucoup changé au fil des ans. Une évolution qui s’est intensifiée avec le phénomène de « gentrification » qui touche l’ensemble de la cité phocéenne depuis quelques années. « De nouveaux commerçants s’implantent, ce qui le rend le quartier dynamique », souligne Elsa Losa, dirigeante de la charcuterie-traiteur Chez Mère-Grand. Cette métamorphose a été accompagnée par les pouvoirs publics qui ont engagé un projet de rénovation ambitieux de la plage et de ses abords ces dernières années. Les 0 47

restaurants qui bordaient la mer ont été démolis dans le cadre de l’application de la loi Littoral. Ce sont désormais des concessions municipales et des installations démontables qui subsistent le long d’une nouvelle promenade piétonne en bois. « Les trottoirs ont été refaits et les aménagements de la plage apportent un vrai plus, même s’il y a encore fort à faire », précise Elsa Losa. Le télétravail a amené une nouvelle clientèle, des travailleurs qui fréquentent désormais le quartier en journée. « L’image de la Pointe Rouge s’est considérablement améliorée et nous sommes heureuses d’avoir implanté notre commerce ici, dans cette atmosphère de village », explique Fiona Barbieri, l’une des créatrices de Raisin Crème, commerçante amoureuse de son quartier, comme tant d’autres.


➀ NOS ADRESSES GROUMANDES PRÉFÉRÉES

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➀ Un bar : Le Bar des Amis BDA pour les intimes – et ils sont nombreux à venir trinquer face au coucher du soleil – est un bar culte du quartier repris par Yvan Sinko et sa femme Mélanie. Ouvert du matin au soir, il accueille aussi bien les lève-tôt pour un petit noir, que les adeptes de l’apéro avec vue. Côté restauration, une carte simple mais très bien réalisée avec des produits frais. Et le soir en fin de semaine, avec musique live et DJ’s, l’ambiance est à son comble !

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C’est en plein Covid que Guillaume Pintard a ouvert son comptoir de pizzas comme à Rome. Déjà propriétaire du restaurant L’Artisanale Pizzeria, rue des Goumiers, le passionné de culture et de cuisine italienne a rapporté les recettes les plus populaires de la péninsule italienne. Arancini, lasagnes, cannelloni, cannoli siciliens… Et surtout la pizza romaine, que l’on sert à la portion. Ici, les matières premières arrivent directement d’Italie et tout est fabriqué par Guillaume. L’enfant du quartier l’a vu beaucoup évolué, se « gentrifiant » progressivement tout en gardant son âme balnéaire. Une ambiance très « dolce vita », dans laquelle l’Alvéola se fond à merveille.

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➁ Un comptoir italien : L’Alveola

➂ Un glacier : Le Beluga

Une belle carte de 70 glaces artisanales dont certains parfums sont particulièrement originaux, comme la brousse aux navettes marseillaises ou le sorbet au melon de Cavaillon, réalisée à base de fruits frais par Saliha Rebou, artisan glacier. C’est l’adresse incontournable pour la glace d’après plage !

➃ Un caviste : Cave de la Pointe Rouge

Un très bel espace qui propose plus de 1000 références de vin, 200 spiritueux, des after-work en fin de semaine, et des dégustations de petites pépites très régulièrement. Incontournable !

➄ Un fromager : Raisin crème

Voici une bien jolie enseigne créée à la fin de l’année dernière par deux

jeunes amies trentenaires, Fiona Barbieri et Claire Deprez. Comme son nom l’indique, chez Raisin Crème on trouve des fromages et des vins. La sélection est saisonnière, originale et le plus souvent « direct producteurs ». Les jeunes femmes valorisent le terroir local. En témoigne ce petit chèvre de Trigance qu’elles font mariner dans une huile d’olive de Saint-Chamas à la bergamote (qui vient du jardin de la grand-mère de Fiona). Irrésistible ! Côté bouteilles, beaucoup de vins natures, à des prix largement abordables. Ne manquez pas leurs soirées dégustation et leurs initiations « accords vin/fromages ». 048

➅ Une boucherie charcuterie traiteur :

Chez Mère-Grand Après avoir tenu durant 12 ans le restaurant Chez Mère-Grand à Arles, Elsa et Maxime Losa ont voulu se rapprocher de la mer et s’offrir une activité professionnelle conciliable avec une vie de famille. Ils ont donc repris, voilà 7 ans, une boucherie du quartier. Venant de la restauration, le couple a beaucoup étoffé l’offre traiteur et la boutique s’est agrandie il y a trois ans pour proposer un gros corner épicerie fine, cave et fromagerie. Leur choix de produits est très exigeant. Aller à la découverte des meilleurs artisans est l’un des aspects du métier qu’ils préfèrent.


Green ×

“La nature agit, l’homme fait.” Kant, philosophe prussien, fondateur du criticisme et de la doctrine dite “idéalisme transcendantal.”

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La boutique écolo que l’on adore BIENVEILLANT. Cureor, c’est du vieux français qui signifie « celui qui cure dans le sens du soin ou celui du nettoyage. » C›est sur cette base du « consommer mieux et français » que Madeline et Lucas ont choisi de se lancer dans l’aventure de Cureor. Au cœur de la ville, cette nouvelle petite boutique propose essentiellement des produits polyresponsables et écologiques. « Notre sélection reste toujours fidèle à nos fondamentaux que sont la mise en avant de l’éco-consommation et l’artisanat local. De jeunes créateurs et des marques françaises qui partagent les mêmes valeurs que nous. À travers ce concept, nous touchons des gens qui veulent faire du bien à la planète, qui veulent s’engager dans une démarche écologique dans leur consommation », explique Madeline, ancienne communicante. Après le lancement d’une première boutique en ligne en août 2020, le concept s’est peu à peu développé et dispose d’une offre complète et très variée. « Nous avons des crèmes pour la vie de tous les jours, des sérums pour le visage, une gamme de produits bienêtre sans emballage et rechargeable. » AB

© DR

92 rue Sainte 7ème

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© Caroline Dutrey

Let the sunshine in SOLAIRE. Depuis 2019, Massilia Sun System crée des centrales photovoltaïques sur les toits de Marseille. L’entreprise solidaire et d’utilité sociale lance une levée de fonds citoyenne pour réaliser deux nouveaux projets dans la ville cet été à la Friche la Belle de Mai. L’idée : prouver que Marseille, avec l’un des meilleurs taux d’ensoleillement en Europe, peut renforcer son programme en énergie douce via le photovoltaïque, pas suffisamment exploité en France. Le collectif a été mandaté pour équiper les toits de la Cartonnerie, mais aussi celui de l’association de la Fraternité. N’oublions pas non plus le troisième projet pour un EPHAD situé à Aix-en-Provence. TDLF

Artisanat & environnement UNIQUE. Mélissa crée des bijoux contemporains dont la particularité et d’est fabriqué à partir d’argent et d’or recyclés ! L’artisane travaille avec des fondements singuliers comme le hasard, l’aléatoire ou l’accident, toujours en quête d’effets de matières ou de texture. AB © DR

melissacortese-joaillerie.com 0 51


Le Petit Attirail attire CONCEPT-STORE. Les clients se bousculent à la porte du concept store de Cédric Arneodo. En plein cœur du mythique quartier du Panier, centre historico-touristique de Marseille, « Le Petit Attirail » a ouvert ses portes au début du printemps. La boutique, qui fleure bon la Provence, met à l’honneur l’artisanat, le bio, le durable, les circuits courts et les productions locales. Produits d’hygiène/soin, épicerie, droguerie, kids et lifestyle. La sélection foisonne de petits articles originaux y découvrir ! Un lieu unique et atypique qui inspire le respect (notamment de dame Nature). Et pour ceux qui n’ont pas le temps de se rendre en crête-ville, sachez que vous retrouvez l’intégralité des articles, directement sur le e-shop. TDLF lepetitattirail.fr

Calanques mode d’emploi

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RÈGLEMENT. Victime de son succès, le PNC a décidé d’innover avec un accès sous conditions. Ses dix ans d’existence se fêtent en petit comité et l’accès à son plus célèbre site (la calanque de Sugiton) se fait désormais sur réservation et en jauge limitée. Objectif : enrayer la sur-fréquentation et limiter les nuisances. TDLF calanques-parcnational.fr 0 52


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L’union fait l’avenir PROTECTION. La récolte de miel est victime du réchauffement climatique et des pesticides. Pour préserver les pollinisateurs, l’apiculteur marseillais Fréderic Julien, membre du réseau de parrainage de ruches « un toit pour les abeilles , collabore main dans la main depuis 4 ans avec un agriculteur du Château de la Roque Forcade, Frédéric Maurizot. « J’ai installé un de mes ruchiers chez cet agriculteur qui a donné vie à des parcelles de plantes mellifères pour les abeilles dans sa plantation bio », explique-t-il. Une méthode qui permet également d’augmenter le rendement des agriculteurs grâce à la présence de ces pollinisatrices. Réduite de 50% par rapport à 2020, la récolte de miel constitue le thermomètre de la santé des abeilles, mais aussi le moteur de nos rendements agricoles. « En plus des problèmes de climat et de la présence des frôlons asiatiques à Marseille qui nuisent aux ruches, des produits néfastes sont utilisés et tous les pollinisateurs sont touchés. » Cette collaboration, au service d’une cause commune, est alors essentielle. AB 0 53



Texte Nadège Laurens-Paget Photos DR

La terre vénérable de nos jardins ! Frédéric Laïly et Alexa Stern, quadragénaires, sont tous deux à la tête d’une grande famille recomposée. Des cursus classiques : école de commerce pour Alexa, études de marketing puis un bac+5 en audit interne pour Frédéric. Diplômes en poche, ils intègrent une banque de la région . C’est parti pour un parfait « bouchons – boulot – dodo » ! 0 55


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uelques années plus tard, Alexa quitte son travail et se forme pour devenir naturopathe hypnothérapeute. Frédéric passe en 2020 un bac pro « conduites de productions horticoles (légumes, fruits, fleurs) » et se forme au « grand potager » du Domaine de Fontenille dans le Luberon. Loin du wifi et du tumulte ambiant, la seule connexion désormais recherchée est celle des saisons, avec un message clair : prendre soin du jardin pour qu’il prenne soin de vous. Pour ceux (et celles…) qui ne connaissent pas encore L’Alchimiste des jardins, pourriez-vous nous présenter votre concept ? Dans le contexte actuel de crise climatique, nous marchons tous les jours sur une solution à portée de nos mains. Le sol, cette fine couche de terre sur la surface du globe, est le principal puit de carbone terrestre qui permet de produire notre alimentation. Il est grand temps de s’y intéresser. Le concept de l’Alchimiste des jardins est très simple : agir pour le climat en créant des écosystèmes comestibles et apprendre aux clients comment s’en servir en mêlant jardinage et naturopathie. Quand on nous contacte, je me déplace dans un premier temps pour visiter le jardin, prendre les mesures, vérifier l’ensoleillement et la qualité du sol. Puis Alexa s’entretient avec les propriétaires pour dresser un bilan naturopathique de la famille et adapter le plan cultural à leurs besoins. Une fois validée, la création du potager, en bac ou en pleine terre, peut commencer. Il s’agit ici de

L’Alchimiste des jardins fredericlaily@lalchimistedesjardins.fr 1691 bd Marius Bremond, 13170 Les Pennes Mirabeau @l_alchimiste_des_jardins

préparer le sol, de tirer l’irrigation. La 3ème phase débute avec les semis et la mise en terre des plants potagers que nous réalisons nous-mêmes. Le potager se remplit ainsi au fil des saisons durant 11 mois de l’année. J’assure le suivi cultural une à deux fois par mois en fonction de la taille du potager, Alexa réalise un suivi naturopathique à chaque saison. « De la graine à l’assiette », c’est un savoureux mélange de jardinage et de naturopathie. Pourquoi avoir choisi ce nom ? Parce que nous avons envie de transformer… non pas le plomb en or, mais les pelouses en écosystèmes gourmands,. Et par la même occasion, les habitudes des propriétaires, en leur apprenant à consommer leur propre production, à réaliser un compost, à utiliser leurs déchets verts. Le jardin est notre pierre philosophale. Faire des potagers contribue à diminuer l’impact carbone. Pouvez-vous nous expliquer… C’est très simple. Le contenu de notre assiette a parcouru en moyenne 3 000 km avant d’être mangé. Un potager de 20m², bien conduit, peut produire sur l’année plus de 100 kilos de légumes, petits fruits… Une quasi autonomie pour une personne. En consommant la production de son propre jardin, on évite les émissions carbones liées à la culture (tracteur, électricité, bâche plastique) et au transport (bateau, avion, camion). Un potager permet également de stocker du carbone dans le sol. Plus de 90% de la masse des plantes est constitué de carbone issu de la photosynthèse (transformation du CO2 en sucre grâce à l’eau et l’énergie lumineuse). Quand la plante meurt, la matière organique est consommée par la vie du sol (champignons, bactéries, vers de terre, insectes…) et stockée sous forme d’humus, favorisant la fertilité. C’est pourquoi j’aime par-dessus tout transformer un gazon en potager. Alors que le premier est un véritable 0 56

désert écologique, qui consomme 10l d’eau par m² et pas jour, le second produit de la nourriture en stockant du carbone. Dans le contexte actuel, il n’y a pas photo. Dérouler des « tapis » comestibles, comment et pourquoi ? Les potagers que nous proposons, qu’ils soient en bacs ou en pleine terre, respectent un tracé de base qui possède des mesures spécifiques et un même schéma de plantation. Leur forme fait donc penser à un tapis. L’image du tapis fait référence à la trame utilisée pour « tisser » nos potagers, le fait qu’ils se déroulent est le fantasme ultime. Imaginez, si nous pouvions jeter en l’air un tapis magique qui se transforme en potager partout où cela est possible ? L’humanité ne pourrait plus jamais mourir de faim. Jardinage et naturopathie, l’évidence d’un lien ? La naturopathie fait le lien entre la nature et les Hommes. L’alimentation est un de ses piliers. D’ailleurs, Hippocrate affirmait dès le 5ème siècle av. J.-C. : « Que ton alimentation soit ta première médecine ». Les plantes sont nos alliées depuis toujours, elles sont d’ailleurs à l’origine de la pharmacopée actuelle. Avec Alexa, nous aimons beaucoup transmettre à nos clients l’importance de consommer des fruits et des légumes qui ont poussés sur un sol vivant. Ils nous garantissent un microbiote (vie bactérienne intestinale) équilibré, donc efficace pour rester en bonne santé. Quels sont vos prochains objectifs et vos souhaits pour le futur ? Continuer à dérouler des « tapis » comestibles pour les particuliers et démultiplier l’offre au sein des entreprises , qui, malheureusement, n’en font vraiment pas assez pour le climat. Pourtant, elles pourraient profiter de cette dynamique positive. Elles auraient tant à y gagner...


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French connection ›

ENQU ÊTE

MARSEILLE CONNECTION, UNE HISTOIRE QUI DURE Marseille a eu, et a encore, une réputation sulfureuse. À la fin des années 1990, l’auteur Olivier Boura en a fait un livre, « Marseille ou la mauvaise réputation ». 30 ans plus tard, cette image peu glorieuse lui colle toujours à la peau. La faute à qui ? En partie à ceux que l’on appelle les voyous. Les acteurs de ce monde plus ou moins discret, mais toujours hors-la-loi, qui organise des trafics en tous genres – la drogue en tête – et se nourrit de violence. French connection, massacre du Bar du Téléphone, assassinat du juge Michel, sont quelques-unes des étapes sanglantes qui ont jalonné cette histoire du crime dans notre ville au XXe siècle et par la suite. En route pour le côté obscur. Réalisée par François Thomazeau, Ilies Hagoug et Patricia Clerc Photos Voir mentions 0 58


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ENQU ÊTE

la French Connection a connu son « âge d’or » dans les années 1960, son histoire est beaucoup plus ancienne et permet de comprendre comment Marseille est devenue à cette époque la plaque tournante du trafic d’héroïne dans le monde. Dans les années 1930, soit plus de trente ans avant que le film de William Friedkin ne popularise l’expression « French Connexion », un procès retentissant va révéler l’importance croissante du trafic de stupéfiants en France. Un ancien employé des services secrets, Louis-Théophile Lyon, est arrêté en juin 1938 : il dirige un réseau d’importation d’héroïne avec l’aide d’un fils de bonne famille grec et d’un mystérieux diplomate péruvien. En 1935, déjà, le même Louis-Théophile Lyon est interpellé après l’explosion d’un laboratoire clandestin à Paris, puis libéré en raison de ses liens avec le contre-espionnage. Le « procès Lyon », qui fait les gros titres de la presse, met en lumière le rôle de plaque tournante 060

que joue Marseille dans ce trafic. Le nom du gangster le plus célèbre de la ville, Paul Carbone, est cité à plusieurs reprises. Ce même mois de juin 1938, 200 kilos d’héroïne sont saisis en gare de Marseille à bord d’un train en provenance de Turquie, destinés à un proche de Carbone. Ce dernier est alors, avec François Spirito (cf. fiche de la DEA), le « parrain » de la deuxième ville de France. Grâce à ses appuis politiques – ils sont les « agents électoraux » du premier adjoint populiste Simon Sabiani –, et à ses réseaux dans les messageries maritimes, le duo a mis en place une logistique de contrebande extrêmement efficace. Leurs relations au Proche-Orient, où ils se sont rencontrés, les poussent à s’intéresser à la drogue, produit d’importation des plus lucratifs. L’héroïne est encore raffinée sur son lieu de production, mais Carbone comprend l’intérêt d’installer des laboratoires dans le sud de la France. C’est ce qu’il fait à Bandol, où il confie la direction d’un labo clandestin à un pharmacien de ses amis, Dominique Albertini (cf. fiche de la DEA). La drogue raffinée par les Marseillais est destinée au juteux marché américain. Carbone et Spirito utilisent pour la convoyer les filières mises en place depuis le début du siècle pour la prostitution. Pour échapper au bagne, de nombreux voyous corso-marseillais se sont installés en Amérique, où ils font venir des « filles » pour les maisons closes locales. Ces mêmes filières, dont l’Espagne est souvent une étape, permettent également d’exfiltrer les gangsters en délicatesse avec la police. En 1940, les trafics de Carbone et Spirito changent de nature, d’autant qu’ils choisissent, avec Sabiani, de collaborer avec les Allemands. Mais l’infrastructure est en place pour un développement considérable du trafic de drogue après la guerre. Pendant le conflit, un autre malfrat marseillais, Jo Renucci, qui a choisi le camp allié, se lie d’amitié avec Lucky Luciano, le parrain de la mafia sicilienne. Tout est en place pour la French.


Pour échapper au bagne, de nombreux voyous corso-marseillais se sont installés en Amérique

Fiche François Spirito - extrait du livre mafia - bureau of narcotics - éditeur HarperCollins - 2007

Fiche Charles Albertini - extrait du livre mafia - bureau of narcotics - éditeur HarperCollins - 2007

« La » French ou « les » French ? La paix revenue et Carbone décédé – en 1943 – beaucoup de ceux qui avaient trempé dans la drogue d’avant-guerre reprennent leurs activités dans une relative impunité, certains d’entre eux ayant été utilisés (et le sont alors encore), par les services secrets français ou américains. L’opium finance en douce des opérations militaires françaises en Indochine tandis que les services américains emploient des figures du milieu corso-marseillais réfugiés sur leur sol, et ce malgré leurs activités pro-allemandes pendant l’Occupation. Étienne Leandri, Joseph Orsini, Auguste Ricord, Paul Mondoloni ou François Spirito ont collaboré avec l’ennemi à des titres divers et mis le cap sur le Nouveau continent. Ils vont devenir les chevilles ouvrières du trafic d’héroïne qui s’intensifie. Même ceux qui ont travaillé pour la Résistance, comme Jo Renucci, Marcel Francisci, Nick Venturi ou les frères Guérini, sont soupçonnés de profiter de leurs soutiens politiques pour s’enrichir grâce à « la poudre ». La French est née. La logistique est une chose, la qualité du produit en est une autre. C’est ainsi que l’on retrouve le pharmacien jadis embauché par Carbone, Dominique Albertini. Depuis les années 1930, ce dernier a formé son demi-frère, Joseph Cesari, devenu un orfèvre en la matière. L’héroïne transformée depuis la morphine-base importée de Turquie par « Jo le chimiste » est si pure qu’elle lui vaut le surnom de « Monsieur 98% » (le taux de pureté du produit transformé). D’autres raffineurs, comme Marius Pastre ou les frères Long, entretiennent la réputation d’excellence de l’héroïne marseillaise. Ce sont eux qui fournissent l’essentiel de la drogue convoyée par les filières imaginées trente ans plus tôt par Paul Carbone et désormais utilisées par des dizaines de bandes plus ou moins organisées. Plutôt que de LA French, il faudrait parler du phénomène au pluriel. 061


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Assassinat du juge Michel devant Le Corbusier le 21 octobre 1981

© Serge Assier

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Le principe est toujours le même : lever des fonds pour acheter la drogue – souvent auprès des grands noms du Milieu qui ne se salissent pas les mains –, trouver des commanditaires aux États-Unis, grâce aux contacts établis sur place, puis utiliser les bonnes filières et les bons passeurs. Parmi ces derniers, certains ont défrayé la chronique, comme l’animateur télé Jacques Angelvin, arrêté en 1962 à l’arrivée d’un paquebot à New York avec une Buick chargée d’héroïne – une opération sans doute pilotée par la filière Venturi-Francisci et qui inspirera le film Le Corniaud. Ou l’honorable capitaine Marcel Boucan, surpris aux commandes de son langoustier Le Caprice des temps avec, à bord, 409 kilos d’une héroïne convoyée pour le compte des jeunes loups de la French, Laufrancisrent Fiocconi et Jean-Claude Kella, financés par le célèbre Francis le Belge pour le compte du clan Genovese, l’une des grandes familles de la mafia new-yorkaise. Au début des années 1970, les autorités françaises et américaines prennent enfin conscience de l’ampleur du phénomène. L’office central de répression du trafic illégal de stupéfiants, puis la brigade des stups de Marseille, bientôt confiée au commissaire Marcel Morin, voient leurs effectifs renforcés. En une dizaine d’années, – malgré l’assassinat le 21 octobre 1981 du juge Michel, qui travaillait avec acharnement sur sur ces dossiers de drogue, – la French est démantelée, ses labos fermés, ses figures incarcérées. Le trafic de drogue, plus puissant que jamais, suivra désormais d’autres filières.

© DR

Le principe est toujours le même : lever des fonds pour acheter de la drogue

Héroïne convoyée par La French Connection

Face aux voyous, des policiers qui ont foi en leur métier

‹ Francis le Belge

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Parmi les policiers qui se battent et se sont battus contre ces trafics, Jeff Barbiéri a fait une vingtaine d’années à la brigade des stups. Il a vu la fin de la French Connection et le début d’une nouvelle ère, dans les années 1980-1990, une période charnière :

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celle de la fin des barons de la French (les Zampa, les Vanverberghe, les Imbert, les Cossu, les Hoareau, les Kella, etc.) et de l’arrivée d’un nouveau milieu, moins empreint de mysticisme. Barbiéri se voit comme « un flic pêcheur de gros poissons » et il en a témoigné dans plusieurs livres. « Je voulais attraper des méchants ». Telle est la phrase qu’il martèle comme une maxime. « Jeff », comme l’appellent ses collègues de la brigade des stups, est un bonhomme discret. Aujourd’hui retraité, installé dans une maison « au vert » où il rédige désormais des romans de fiction après avoir écrit sur sa vie. « Je suis né en banlieue parisienne dans une famille très classique », raconte cet homme qui n’était pas destiné à une carrière dans la police. « J’ai surpris mes parents quand je leur ai annoncé que je voulais être policier ». Son concours d’inspecteur en poche, et après des années formatrices à Paris à traiter d’affaires de jeunes ,« dures psychologiquement », Jeff se laisse tenter par Marseille par volonté de changement de décor. À la fin des années 1980, ça n’a rien d’une voie royale : « Les collègues me demandaient pourquoi j’avais demandé ma mutation là-bas. Marseille, c’était une ville d’Arabes, une ville où on ne voulait pas être flic ». Mais Barbiéri n’a pas ce genre d’à priori, il débarque à la « crim’» , est transféré au proxénétisme et découvre une ville, un milieu et une culture du travail différents, moins rigides. Voire, pour lui, un peu décevants : « Déjà, on nous demandait de faire du chiffre. Du coup, on faisait ce qu’on appelait des julots casse-croûte, des mecs qui avaient des copines qui tapinaient, mais qui n’avaient rien de proxénètes. Une fois, on a attrapé un mec qui construisait lui-même sa maison avec les sous que sa copine prostituée ramenait. On l’arrête, il reconnaît vite les faits, passe devant le juge qui lui demande ce qu’il fait dans la vie. Il répond la vérité, qu’il est maçon. Le juge demande à voir ses mains. En voyant ses mains d’ouvrier, il l’a immédiate064

« Nous avons dû simuler un contrôle de routine dans une boîte de nuit où un parrain qu’on voulait attraper avait prévu de tuer quelqu’un » ment remis en liberté ». Mais Jeff, lui, veut attraper des méchants, des vrais et les « mettre au ballon ». Il saisit donc l’opportunité de rejoindre la brigade des stups, une unité très soudée. « À ce moment-là, dans les grosses lignes, on passe à Marseille d’un ‘milieu’ corso-marseillais au ‘milieu’ des Arabes des cités. Non sans mal, avec violence et turbulence. Une fois, pour ne pas faire capoter une enquête, nous avons dû simuler un contrôle de routine dans une boîte de nuit où un parrain qu’on voulait attraper avait prévu de tuer quelqu’un. On l’avait entendu organiser ça sur les écoutes, mais on se devait de continuer l’enquête sans qu’il y ait de sang qui coule. » Aux Stups, Jeff Barbiéri attrapera bien quelques « méchants ». En point d’orgue de sa carrière, le moment où il passe les menottes à Antoine Cossu, mieux connu sous son pseudo de « Tony l’anguille » pour sa capacité à passer entre les mailles du filet (aujourd’hui retraité du monde des trafics, Cossu s’est reconverti dans l’écriture de polars). Barbiéri, lui, raconte dans ses livres ses années d’enquête et y


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‹ Tony l’anguille, figure du banditisme, arrêté à Marseille

‹ Jean-François Barbiéri

évoque les grands trafiquants d’hier et d’aujourd’hui. Sans jamais créer de mythe : « Il n’y a jamais eu de code d’honneur chez les voyous, estime-t-il. On parle de gens qui étaient prêts à tuer, à violenter pour faire de l’argent. » Ce qu’il appelle les « méchants ».

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Des « méchants » mystérieux, les tueurs du Bar du Téléphone C’est une rue tranquille bordée d’arbres, dans le quartier du Canet. Une rue en pente légère, avec des voitures garées sous ses arbres. Pas un chat, comme à l’écart de la ville, qui pourtant l’enserre, l’enferme, la réduit à un îlot qui semble surgi du passé. Cet air calme est des plus trompeurs. Le bar paisible qui s’y trouve, avec sa petite terrasse protégée par un muret et qui porte aujourd’hui le nom de L’Adriatic, est un monument de l’histoire criminelle marseillaise. Et même mondiale. C’est ici que, le 3 octobre 1978, a été 065


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© Serge Assier

Le massacre du Bar du Téléphone le 3 octobre 1978

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Dans l’histoire des faits divers, le massacre du bar du téléphone continue à garder une place bien particulière perpétrée la plus phénoménale des tueries de l’histoire de la voyoucratie planétaire : le « massacre du Bar du Téléphone ». Dix morts. Une fusillade dont on peut encore voir les impacts de balle sur le sol. « On n’a pas changé le carrelage », aime à répéter Zdravko, propriétaire des lieux quarante ans plus tard. Depuis, bien sûr, les attentats jihadistes, extrême-droitistes et de malades mentaux adolescents dans des lycées américains ont fait pire. Mais le grand banditisme, non. Le sinistre record tient toujours. Ce 3 octobre 1978, vers 20 h, trois hommes aux visages masqués par des bas, armés de pistolets et de fusils, pénètrent dans ce bar de quartier, à deux pas du cimetière du Canet. Là où sera enterré plus tard un certain Francis Vanverberghe, alias Francis le Belge. Les tueurs abattent toutes les personnes présentes, exceptée l’épouse du patron de l’époque, montée à l’appartement un peu plus tôt. Elle sera la seule rescapée du massacre. Lorsqu’ils arrivent sur les lieux, les policiers et les pompiers découvrent un spectacle macabre. L’un d’eux, interviewé par la télévision régionale France 3 le soir-même, dira qu’ils n’ont vu que trois victimes, les autres étant entassées derrière le comptoir. « Il y avait tellement de sang par terre qu’on en avait jusqu’aux chevilles », proclamait alors, non sans exagération, Christian Maraninchi, inspecteur au moment des faits. Dans l’histoire des faits divers, le massacre du Bar du Téléphone continue à garder une place bien particulière, supplantant dans la liste des historiens du crime le massacre de la Saint-Valentin à Chicago de 1929, où les hommes d’Al Capone avaient abattu « seulement » sept personnes. Au-delà du « record » macabre du nombre de morts dans une fusillade, la tuerie du Bar du Téléphone est restée dans l’histoire des faits divers parce qu’on ne sait toujours pas qui est le Al Capone marseillais, le commanditaire de ce massacre… Policiers et journalistes n’ont jamais réussi à élucider cette énigme avec certitude, donnant un

relief spécial à ce drame, bien plus mystérieux que la fusillade meurtrière marseillaise du 31 mars 1973, la tuerie du Tanagra, cet épisode de la guerre entre les clans de Zampa et du Belge, qui avait fait 4 morts. Si le massacre du boulevard Finat-Duclos a été un point culminant dans l’escalade du crime, peu de personnes savent encore aujourd’hui où se trouve l’ex-Bar du Téléphone. Son accès est devenu un labyrinthe au sein d’un quartier aujourd’hui isolé au milieu de la reconstruction anarchique de la ville. Pour ses patrons actuels, un couple de croates implantés à Marseille depuis une quarantaine d’années, et surtout pour leurs clients, beaucoup de policiers, le Bar du Téléphone est devenu, inconsciemment, un lieu de « pélerinage ». Quand bien même l’établissement s’appelle l’Adriatic et que ses murs sont couverts de posters de Rijeka, Zadar ou Dubrovnik… Parce qu’il est croate, Zdravko, le patron, a été surnommé « Skoblar », du nom du seul Croate célèbre de Marseille, Josip Skoblar, buteur de l’OM et Ballon d’Or européen en 1971. Derrière son comptoir, « Sko », comme l’appellent les habitués, est un barman à l’ancienne, à l’écoute de ses clients et qui sait remettre sa tournée. La tuerie qui s’est passée en 1978 dans son établissement, il n’en parle que peu, et seulement si on le questionne. Bien sûr, il n’a pas été témoin de l’affaire. Il ne vivait même pas en France à l’époque. Mais un lieu comme celui-ci se livre forcément petit à petit à celui et celle qui y sont tous les jours. Et « Skoblar » et son épouse sont devenus les dépositaires de la mémoire de l’événement. Entre un article de journal accroché au mur, les impacts de balles sur le carrelage et sa collection de couvre-chefs de policiers – français et étrangers – et d’écussons de divers services de police, l’Adriatic prend vaguement des airs de musée de province de la police. Un musée protégé par les fantômes d’un massacre, où l’on peut aller déjeuner à peu de frais sans savoir que l’on est dans un des saints des saints de l’histoire du crime. 067


ENQU ÊTE

Le bar du téléphone est devenu, inconsciemment, un lieu de pélerinage Aujourd’hui, une ville surveillée par les « Bacs » Dans ce monde hors le monde, où la violence s’érige en loi, la société tente de maintenir l’ordre et de faire en sorte que les citoyens ne soient pas en danger permanent. Au plus près du terrain, les policiers qui jouent le premier rôle sont ceux des Bacs, les « Brigade anti criminalité ». Marseille en possède trois, nous explique un ancien policier sous anonymat : Centre, Nord et Sud. « Ce sont eux les primo-intervenants. À ce titre, ils sont présents sur toutes sortes d’actes, y compris le terrorisme, mais leur mission est avant tout la lutte au quotidien contre la petite et moyenne délinquance. » Ces flics-là appartiennent à la DCSP (Direction Centrale de la Sécurité Publique) et « ils sont armés de pistolets automatiques et de HK

36, un fusil d’assaut, équivalent civil de la Kalach ». Qui sont-ils ? « Cela va du gardien de la paix à l’officier de police, jusqu’au commandant. Ce sont des volontaires qui doivent avoir de l’appétence pour la voie publique, pour les interpellations, mais aussi de la disponibilité et du sang-froid. Ce sont des « chasseurs » entraînés, sportifs. Et ce ne sont pas seulement des hommes, il y a aussi pas mal de femmes. » En équipes de 3, dans des voitures banalisées ou non, ils sont en tenue lorsque le véhicule est sérigraphié, bien que le plus souvent en civil. Il y a plusieurs dizaines d’équipes sur Marseille qui tournent jour et nuit. Leur rôle est capital et, « contrairement aux croyances bien ancrées, il n’y a aucune cité où les policiers ne vont pas », commente notre témoin. « Ils vont partout où il y a des trafics. Ils font des flags, mais des petits flags, pas des enquêtes au long cours. Ils suivent des enquêtes au quotidien, stups, cambriolages, etc. Mais on les retrouve aussi sur les manifs, sur le maintien de l’ordre. Ils sont très éclectiques dans leurs champs d’actions. » Si la récente affaire dite « de la Bac Nord » et le film qui s’en est suivit ont mis en lumière le travail des Bacs, pour notre témoin, la vision du public et celle du film sont un peu « réductrices ». Le film est certes réaliste dans les scènes d’action ou d’interpellations, mais « l’ambiance n’était pas si mauvaise que ça » au sein de ces équipes et avec la hiérarchie.

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Finalement, qui sont les voyous ?

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Entre policiers et voyous, il y a les avocats. L’un d’eux, Me Mathieu Croizet, qui a eu affaire à toutes sortes de clients durant sa carrière, essaie de répondre pour nous à cette question : existe-t-il finalement un « profil » du voyou ? « Il y a dans l’univers marseillais deux sortes de voyous, commence-t-il. Les vieux de la vieille et les nouveaux arrivants, ceux des quartiers dits non favorisés ». Dont le rapport à la violence serait différent. Pour illustrer cette dichotomie de la violence, il nous raconte : « À une


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Me Croizet

époque, mon cabinet était installé à Saint-Antoine, en zone franche. J’avais un associé avec qui on faisait des affaires italo-françaises. Un vendredi matin, on a vu débarquer des mecs armés qui nous ont mis en joue pour obtenir un dossier. Dans la salle d’attente, il y avait un client franco-marocain très poli, qui s’est levé et leur a expliqué que de toute façon, ils allaient mourir bientôt. Qu’ils pouvaient mourir seuls où choisir d’en entraîner un avec eux. Les types ont préféré partir. » À la violence brutale, aveugle, s’opposerait donc une violence raisonnée, qui se démontre aussi dans les rapports entre les avocats et leurs clients issus du banditisme : « Dans l’ancienne génération, il y avait toujours un respect. Ils savaient que si on les attrapait, ils allaient ‘prendre’. Sauf si nous, avocats, on arrivait à faire des miracles. C’est-à-dire, annuler des procédures. En général, ils payent, surtout les anciens, ils discutent mais ils payent pour le service qu’on leur rend. Mais ils savent que tu n’es pas un magicien... Les plus récents, si ça ne marche pas, ils demandent à être remboursés, c’est plus tendu... » Pour Me Croizet, l’avocat est aussi en porte-à-faux entre deux mondes. Il doit

faire attention, surtout quand un de ses clients se montre trop amical : « Une fois, raconte-t-il, je vais voir un client à Ajaccio. Il m’invite à dormir chez lui. Je lui dis que j’ai pris un hôtel. Il me répond de venir au moins manger le soir les farcis que sa femme a préparés. Impossible de refuser. Je vais donc manger les farcis. Mais à l’heure de partir, alors que je demande à être ramené, il m’explique qu’il a trop bu et que sa femme ne conduit pas, qu’il faut que je dorme chez lui... » Si cette anecdote témoigne d’une « vraie générosité, surtout chez les anciens », elle démontre aussi « qu’ils peuvent te mettre dans des situations ambiguës ». « La plupart, poursuit Mathieu Croizet, les Italo-Corses d’avant, mais aussi la majorité des Nord-Africains d’aujourd’hui, sont très convaincants. Et pas seulement parce qu’ils sont armés. Ils sont aussi charmants, polis, très attachés à la famille ». Ce qui ne l’empêche pas d’avoir vécu parfois des scènes qui ont pu le faire légèrement trembler : « Une fois, en Italie, un vieux Monsieur m’a parlé en italien. Si j’ai bien compris ce qu’il m’a dit, c’était : ‘Ce soir, je saurai qui vous êtes’. Je n’ai jamais su si c’était une menace implicite ou pas. Une autre fois, en période de Noël, un gars me dit : ‘Mangez un chocolat Maître’. Je le remercie et lui dit non. Là, il change de visage et me répond : ‘Vous allez manger un chocolat. Maintenant.’ Et j’ai mangé le chocolat... »

Et tout se termine à l’Institut médico-légal Qu’ils soient charmants ou violents, ou les deux à la fois, c’est bien souvent dans un casier de la « morgue », l’institut médico-légal, que finissent les professionnels du crime et des trafics. Une vingtaine par an dans l’agglomération marseillaise, plus du double si on élargit aux départements des Bouchesdu-Rhône et du Vaucluse. Le paradoxe final de ce récit qui nous aura mené des prémisses de la French jusqu’à la morgue est que le service de l’hôpital de La Timone à Marseille qui autopsie ces morts-là s’appelle... « l’unité du vivant ». 069


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La photo comme art d’expression


PORTFOLI O

L’instinct, le moment présent, l’improvisation sont les maîtres-mots qui guident Alain Chevallier. Sa sensibilité ne s’exprime pas avec les mots mais à travers ses clichés. Texte Nadège Laurens-Paget

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lain Chevallier est né et a grandi à Marseille. Il découvre la photo à 14 ans, et dès l'âge de 16 ans, décide de développer ses clichés. Fasciné par la magie de l’argentique et les images en noir et blanc révélées dans ses bacs, il bosse tout un été pour s’acheter un agrandisseur d’occasion et transformer la salle de bain en labo photo. "Je rends alors mes parents fous !" Les photos de Henri Cartier Bresson nourrissent son imaginaire et confirment son désir d’images. Il rêve de poésie, d’évasion et de devenir photoreporter pour parcourir le monde en quête d’aventures, de rencontres et de découvertes à faire partager. « Mon parcours pro en ayant décidé autrement, j’ai vécu mon aventure photo au coin de la rue ». À Marseille jusqu’à l’âge de 18 ans avant de partir tenter l’aventure à Paris, il découvre la capitale qui bouge dans tous les sens, fait 36 petits métiers, vit la grande vie et s’embarque en Italie, dans la ville de Ferrara. « À l’époque, je travaille comme assistant de production pour une petite marque de prêt à porter en pleine effervescence. Entre stylistes, artisans et belles matières, je découvre un monde où l’esthétique et la créativité deviendront vite pour moi des piliers incontournables ». 072

Après deux ans de connivence avec le monde de la mode, certaines marques le sollicitent pour les distribuer en France. Il décide de rentrer à Paris et commence à travailler comme agent dans le prêt à porter, puis dans l’accessoire et la maroquinerie, domaines dans lesquels il évolue aujourd’hui encore. « La photo me permet de m’exprimer en espérant créer de belles émotions, raconter une histoire mais surtout laisser libre court à l’inspiration de chacun ». Autodidacte avec la qualité suprême d’être curieux, il a testé, raté et usé de la « peloche » ! « L’expérience et la pratique m’ont formé loin des dogmes scolaires et universitaires et mes choix professionnels dans la mode et l’artisanat de luxe ont fait le reste ». Amoureux du jeu de « cache-cache » avec la lumière, et les contrastes, le sol est l'acteur principal en premier plan qui demeure sa matière de prédilection, sombre, profond, chargé. « Souvent, le genou à terre, j’essaie d’y capter la vibration laissée par une trace furtive d’une ombre ou d’une silhouette ». Il prépare une série de portraits en noir et blanc sur les artisans d’art, les personnages ou artistes atypiques à Marseille et dans la région, « j’ai très envie de rencontres insolites avec ces gens qui œuvrent, qui créent dans cette humanité en pleine révolution ».


‹ Alain Chevallier Retrouvez son travail chez Retine Studio, 85 rue d’Italie 6e jusqu’à fin juin.

Horizons, Marseille

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L’escalier, Marseille

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Ombres d’hiver, Mucem, Marseille

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La Maison du Bonheur, Marseille

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SÉLEC TI ON

TOP 10 NOS SPOTS OÙ FAIRE LA FÊTE Texte Tristan de La Fléchère

© Cézaire

L’été sera glamour, éclectique et musical ou ne sera pas… La grande saison a repris sur les chapeaux de roues (et de paille). Des apéros qui s’attardent en bord de plage, sur des roof-tops ou dans des salles mythiques où live et clubbing font bon ménage. Voici notre TOP 10 des incontournables de l’été à Marseille.


Bonbonne, c’est d’la bombe !

© Yohan Brandt

Bonbonne, label certifié de la night, va doublement rythmer les nuits marseillaises de notre été. Il investit pour la première fois le cadre idyllique de la plage, avenue Pierre Mendès, les vendredis et samedis pour une ambiance sunset so hype, de 20h à 2h. Chiccissime et chaleureuse, une soirée Bonbonne est toujours inoubliable. De l’autre côté de la ville, dès le 6 juillet, c’est au Baou que la fête s’installe sur la base d’une collab’ bien rodée et attendue des noctambules : Bonbonne x La Cocina Negra. Une kyrielle de DJ internationaux prestigieux va se succéder pour assurer l’esprit club électro recherché. Rendez-vous tous les mercredis de 19h à 2h.

So’chic au Sofitel

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Dantesque le Dantès cet été. Après l’inauguration en grande pompe le 1er juin de la Nuit by Sofitel avec le DJ Breakbot, le dancefloor continue de s’enflammer tout au long de la saison. Confortablement installé dans un fauteuil cosy, commandez un cocktail signature, dont le chef barman a le secret, et laissez le bon temps couler. Tandis que vous grignotez des tapas, votre esprit se détend et un délicieux bien-être s’empare de tout votre être : c’est l’effet booster du rythme imposé par la sélection aiguisée de DJ locaux. Avec sa vue imprenable au 7ème étage, en plein air, l’hôtel chic du Vieux-Port vous convie tous les jeudi soir au Dantès qui, au fil des étés, reste un incontournable de l’apéro marseillais. 077


SÉLEC TI ON

Utopia Festival : l’utopie électronique Un festival hors normes pour clôturer l’été. Bienvenue à l’Utopia Festival #2. La première cité idédiée aux Cultures Électroniques et aux Solidarités revient les 23 & 24 septembre pour se 2éme édition, toujours à la Friche la Belle de Mai ! Le festival, porté par le Cabaret Aléatoire, est une ode à “l’été indien idéal” après une saison des plus mouvementées. Au programme, pendant 2 jours et sur 45 000 m² : plus de 45 artistes qui se succèdent sur 7 scènes différentes, un toitterrasse, un marché responsable, des débats et bien d’autres expériences dont la cité idyllique vous illuminera de tous ses rayons cuivrés. Côté line up, Derrick Carter, Dj Rush, Manda Moore, Sixton’s Dj’s ou encore Under Black Helmet prendront le contrôle de la nuit pour le plus éclectique des festivals électroniques.

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utopiafestival.fr

Makeda : les nuits chez la “reine de saba”

© Lila Azeu

Il y a des clubs mythiques qui s’imposent été comme hiver. Le Makeda en fait partie. Niché au cœur du quartier de la Plaine, ses deux patronnes au grand cœur, Aude et Francine, vous attendent les vendredis et samedis de juillet, de 22h30 à 4h. Plus de 330 minutes pour se déhancher aux sons endiablés du Brésil, histoire de faire monter la température du dancehall de Jamaïque ou de la session génération 80’. Le rendez-vous des discophiles et autres nostalgiques adeptes d’une ambiance légère, de paillettes et de looks exubérants. Du voyage lointain à celui dans le temps, vivez la chaleur d’un pur moment de bonheur. lemakeda.com 078


Du monde au “Y a Degun” Musique, Art, Food et Sport culture seront au rendez-vous du nouveau festival Y’a Dégun. Une expérience musicale et authentique au cœur du domaine de La Roque (au Castellet). Les 15 et 16 juillet, côté scène : après les passages successifs d’Etienne De Crecy, Yuksek ou encore Breakbot, Le Pedre, Eklips, un proche de Daft Punk et JackLNDN prendront le contrôle des platines. Côté village : un show BMX Old School, des foods trucks, tatoueurs, barber et des fans de la pop culture californienne partout dans les vignes.

© Cézaire

yadegunfestival.com


SÉLEC TI ON

À contre-courant chez Acontraluz Les festivals électroniques du J4 s’annoncent fous. Le duo de DJ Zurichois Adriatique, cador de la techno, a décidé de venir enflammer le dancefloor marseillais le vendredi 26 aout. Le lendemain, place à un autre duo emblématique : Berlinois FJAAK nous fera vibrer jusqu’au bout de la nuit pour la closing. Une programmation ambitieuse composée des plus grandes stars, des valeurs montantes, mais aussi de belles découvertes et de nos artistes locaux. Une expérience extraordinaire qui allie musique, arts visuels et plastiques, à l’instar des mises en lumière des joyaux architecturaux de notre territoire phocéen.

© DR

acontraluz.fr


Discoplage Un spot face à la mer, un bar cubique blanc digne d’un film de Stanley Kubrick et une programmation aux petits oignons signée par le collectif Borderline. Christian Mellon et toute son équipe innove à nouveau cet été en s’installant sur la plage des Sablines (à deux pas de la plage des surfeurs) pour un apéro Sunset festif dont lui seul a le secret. Rendez-vous les jeudis et vendredis jusqu’au 26 août de 19h à 1h. Food, drink et musique pour un trio qui fera de vous le roi ou la reine de la rade de Marseille. N’oubliez pas non plus l’autre adresse fétiche de Borderline : l’îlot de la Corniche. Le Promontoire face à la Grande Bleue est ouvert tous les jours de 18h à 22h jusqu’au 30 septembre (176 corniche Kennedy). Le bar éphémère a d’ailleurs reçu le trophée du plus beau spot éphémère de France en 2021. Enjoy!

© Clara Lafuente

Facebook @soireeborderline

Jazz des 5 continents

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Sortons des clichés ! Non, le Jazz n’est pas ringard, loin de là. Preuve en est avec la 22ème édition du Jazz des 5 continents. Un véritable passeport sur le monde et un tremplin vers un voyage sonore qui ne laisse pas indemne. Année après année, le festival Marseille Jazz des 5 continents évolue, grandit et marque de plus en plus de son empreinte l’été marseillais. Rendezvous du 7 au 23 juillet pour des concerts live de la Vieille Charité, à l’Abbaye de Saint-Victor, en passant par le Mucem, le Théâtre Silvain et dans son fief du Palais Longchamp. Plus d’une vingtaine d’artistes du monde entier seront présents dont le mythique jazzman américain : Herbie Hancock (le 19), Tigram Hamasyan (le 13), la voix suave de la crooneuse Stacy Kent (le 16) et General Electrics en pré-clôture (le 23). À vous de faire votre sélection sans oublier les expos et les projections de films. marseillejazz.com 081


SÉLEC TI ON

La Dolce Vita de l’Intercontinental La saison s’annonce tricolore et transalpine sur la terrasse de « l’Inter » qui met l’Italie à l’honneur cet été. Face à Bonne-Mère, le 5 étoiles a sorti son four à pizza et sa Terrazza di Capian. L’Hôtel Dieu se met ainsi aux couleurs de la Côte Amalfitaine pour rendre l’été encore plus beau. Aux heures vespérales, vivez des moments conviviaux à l’ombre des oliviers et des citronniers. La carte de cocktails, variée et inventive, offre des saveurs fruitées qui promettent un ravissement prolongé. On s’installe confortablement dans ce cadre magique et on profite de l’ambiance, tous les jours de 16h à minuit. marseille-intercontinental.com

Double proposition sur les toits de Mars...

© Eric Cuvillier

D’un côté, en haut de la Canebière, le complexe cinématographique et culturel d’un nouveau genre : Artplexe. Outre ses salles de ciné, ses expos et concerts live, c’est au restaurant « Les Réformés » qu’il convient de s’arrêter en début de soirée pour siroter un verre sur le toit terrasse. De l’autre, le rooftop des Terrasses du Port (quai du Lazaret, 2ème) et son joli palmarès pour cette 6ème saison : des milliers de cocktails shakés, plus de 500 couchers de soleil et de 90 artistes internationaux aux platines. Une terrasse by night sur la mer qui pourrait bien vous garder jusqu’au lever du soleil. lesreformes.fr et lesterrassesduport.com 082


Bien-être ×

“C’est par le bien être que se crée le bien être.” Proverbe chinois

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Éveillez votre conscience CONNEXION. Le yoga Kundalini a 5 000 ans et est le plus ancien yoga. Audrey Moore-Petoud, également comédienne, a ouvert les portes de cette discipline spirituelle puissante aux marseillais depuis le mois de septembre. Dans une ambiance apaisante, cette pratique fait travailler la respiration dans des postures assez toniques. Au milieu de chants de mantras et de méditations, les élèves se laissent embarquer et apprennent à revenir au centre d’eux même. «Ce yoga ramène à son Satnam, sa véritable identité. » Et les bienfaits sont immédiats. « J’ai découvert ce yoga à Ibiza. Il m’a personnellement bouleversée. Très vite, j’ai eu envie de le transmettre.» Pour les beaux jours, l’enseignante a développé un nouveau concept : un atelier en plein air accompagné d’un brunch le samedi. Passionnée de yoga depuis toujours, Audrey compte poursuivre son activité en organisant des retraites spirituelles mais également de la sonothérapie, un soin par le son, d’ici quelques mois. AB Les rendez-vous s’effectuent sur la page Instagram « the divine pratice ». Les cours se déroulent au Centre Puravida, chez Karma yoga et chez Mermaid. 084


Pop et fun

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RÉGRESSION. Installé à Marseille, Ageti France a créé une gamme de produits d’hygiène inédite, vendue exclusivement en pharmacie et parapharmacie : « Les Petits Bains de Provence ». De la Barbapapa à la pomme d’amour en passant par le berlingot, la marque propose une gamme ludique de gels douche et de bombes de bain aux senteurs gourmandes pour un retour en enfance garanti ! NLP

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Feel good music COCORICO. Elle est provençale et fait du bien aux méninges trop souvent chahutées par la vie assourdissante. Sound for Mind est la première plateforme de streaming bien-être made in Marseille. Un accès ludique à une bibliothèque de relaxation sonore. En quelques clics, vous plongez dans un voyage audio en pleine nature. Des sons réels enregistrés lors de voyages à travers le monde, remasterisés et sound-designés par le marseillais Jean-Claude Menghi et son acolyte Benoit Viguier. « Nous avons développé une technologie de sons spatialisés à 360° et en 3D. La musique vous transporte et vous enveloppe. Idéal pour couper et se déconnecter. » Pour aller plus loin dans ce partenariat avec l’environnement, les cofondateurs ont choisi d’héberger leurs serveurs informatiques chez un prestataire qui utilise une énergie 100% renouvelable. Une véritable petite pépite technologique qui soigne les maux par « l’émo-son ». Bravo ! TDLF


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Prendre soin de soi pour savourer l’été... EFFICACITÉ. Spécialisé dans le domaine de l’amincissement, L’instant Cryo by B a été lancé en 2020 par Barbara Adinany. Ici, deux méthodes sont proposées : la cryothérapie et la chromothérapie. Un mono concept dédié à l’amincissement et à la remise en forme par le froid grâce à une machine de Cyrolipolyse manuelle par plaques, par aspiration ou mobile. Une méthode douce, rapide, efficace, indolore et surtout définitive. « La cryothérapie fait perdre des centimètres dès la première séance. 6 séances suffisent pour traiter entièrement une zone et il n’y a pas d’effets secondaires.» La cryothérapie peut également être utilisée à des fins thérapeutiques : blessures musculaires, tendinites, inflammations, troubles du sommeil, anxiété etc. La chromothérapie, méthode à base de lumière, vient quant à elle travailler sur le mental et le physique. « Nous avons de supers résultats, cela traite même l’addiction alimentaire ! » Dans le cadre de ces deux techniques, Barbara Adinany place l’humain au centre de chaque séance et ça c’est fondamental. NLP linstantcryo.com 086


Savoir-faire pharmaceutique ATTENTE. Beness vient du diminutif de bene qui signifie bien-être en latin. Lorsque Marie Alberto, Docteur en Pharmacie depuis dix ans, a intégré l’équipe Beness, le défi était de taille : créer une gamme spécifique bien-être d’une qualité irréprochable, destinée à la vente en pharmacie. Pari gagné. C’est en s’appuyant sur les propriétés du cannabidiol que Beness développe des huiles broad-spectrum sublinguales et des tisanes sans THC ni fleurs de chanvre. La volonté de créer une marque de CBD pour les officines correspond à un marché en plein essor et un besoin croissant d’une clientèle en quête de naturalité. « Quand j’ai découvert toutes les vertus du CBD je me suis dit que c’était invraisemblable que ce ne soit pas davantage conseillé par les pharmaciens, cette molécule est vraiment intéressante pour les patients. Le but étant d’améliorer leur bienêtre, notamment sur le stress, le sommeil et la douleur » NLP

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beness.fr

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Pierres qui roulent COMBO. Allier l’art de la lithotérapie à la magie des huiles végétales. Voici le pari relevé par Wesak Paris. Après une carrière de commercial, le marseillais Jean-Pierre Guyon s’est lancé en septembre dernier dans la création d’huiles de soins associées à des pierres semiprécieuses pour véhiculer énergie vibratoire et bienfaits au corps. Applicable sur le corps, le visage et les cheveux, chaque élixir contient ainsi une pierre en infusion, comme l’obsidienne qui renforce l’intuition et la clairvoyance, ou le quartz rose, qui nourrit le sentiment d’amour inconditionnel. «Nous avons travaillé dur afin d’élaborer quelque chose d’unique. Une union d’énergies bienveillantes et lumineuses. » AB © DR

wesakparis.com

Urban Trail à la conquête de Marseille LÂCHER-PRISE. Allez, on enfile ses baskets. C’est la tendance qui explose cette année : le Trail Urbain. À Marseille, Éric Courbon, un ancien homme de radio et passionné de course à pied, vient de créer son propre club dans la ville, certainement la plus adaptée à cette nouvelle pratique. TDLF © DR

urbantrailclub.com 088


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Les images fusent et Jade nous livre des clés sur nous-même, nos proches...

La voyance qui vous fait du bien... AVENIR. La pratique des arts divinatoires a toujours été populaire à Marseille. Complexe et passionnante, la voyance s’érige depuis quelques années en véritable outil de bien-être. Pour Jade, voyante marseillaise depuis plus de 20 ans, le sud est un territoire imprégné de croyances. « C’est très réputé à Marseille ! » Un phénomène qui s’est accentué notamment depuis le confinement. « Les gens ont besoin de réponses. » Jade doit avant tout soutenir ses clients. « Nous pouvons être confrontés à des gens qui ne sont pas bien. C’est notre rôle d’être là. » Baignée dans ce milieu depuis l’enfance, Jade a toujours exercé avec le même support. « Mes cartes ont 32 ans. Quand j’étais rue de Rome avec ma mère j’ai bloqué sur ce jeu de cartes en vitrine. » Il est également possible de travailler d’autres cartes pour clarifier la consultation, comme le tarot de Marseille « qui aide à répondre aux questions. » Aujourd’hui, beaucoup de gens souhaitent se former. « Je donne des cours de cartomancie chez mes clients, chez moi ou bien dans ma boutique. » Une pratique dont il faut maîtriser tous les secrets, du socle à la préparation. AB 089


Texte Nadège Laurens-Paget Photos DR

Une énigme qui fleure bon la vie ! Marseillais et fier de l’être, designer de talent, Éric Di Méo a toujours ouvert les portes de ses mille vies grâce à la création. D’un souvenir lié au sel sur la peau après un bain de mer, il s’empare en 2011 des notes olfactives pour écrire le chapitre des parfums sacrés : les Liquides Imaginaires. Sa nouvelle trilogie, les Eaux des Bermudes, sortie au printemps, raconte une traversée périlleuse en mer, une narration parfumée envoûtante. Rencontre.

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parfument, ou embaument. Les Liquides Imaginaires composent un univers poétique et merveilleux à partir des plus belles matières de la parfumerie. Le parfum devient une énigme, un guide vers de lointains ailleurs, de nouveaux désirs, un au-delà sensuel. Il est aussi une expérience intime, qui sublime dans son ascension nos émotions. Le fantasme est bien là, per fumum, « à travers la fumée », et nous offre un monde rêvé, à portée de main. Aujourd’hui, la marque est distribuée à l’international et le groupe italien Nichebox est notre partenaire majoritaire.

Grande amphore en étain, gravée à la pointe de diamant.

Quelle est l’histoire des Liquides Imaginaires, et dans quelles conditions avez-vous entrepris de créer votre marque ? Les Liquides Imaginaires sont nés d’une exposition durant la Paris Design Week. Ils n’étaient pas supposés devenir une marque avant la rencontre avec mon associé David Frossard, spécialiste de la parfumerie de niche, qui m’a proposé une association. Les Liquides Imaginaires ont été conçus comme un hommage à l’inépuisable mythologie du parfum et sont inspirés par le creux des coupoles à offrandes, les flacons des apothicaires, les anfractuosités de la pierre et le nœud des racines où se logent les pluies. Ce sont des eaux symboliques qui se révèlent tour à tour bénéfiques, oniriques, ésotériques ou charnelles; elles aromatisent, 092

10 ans d’existence aujourd’hui, quel regard portez-vous sur le chemin parcouru ? J’ai toujours réussi à rester libre. Le vrai luxe n’est pas de ne plus avoir à faire ses comptes, mais de ne pas avoir à en rendre. De ne jamais craindre de repartir à zéro, d’emprunter un nouveau sentier, une nouvelle voie. De partir vers de nouvelles aventures, de garder sa liberté, son indépendance. D’avancer inconscient ou insouciant vers des terres inconnues. La vie continue, évolue, se poursuit et se découvre sans cesse. Depuis 2011, les Liquides Imaginaires se succèdent sous forme de trilogies, définissant chacune les contours d’un univers précis : comment et pourquoi ? Je suis très attaché aux symboles. Le chiffre trois incarne l’équilibre parfait. Tout comme le triangle, qui vers le haut évoque le feu et le masculin, vers le bas l’eau et le féminin. C’est le nombre parfait, celui qui associe le corps, l’âme, l’esprit, mais aussi le passé, le présent, l’avenir. Pour les Égyptiens, il est la terre, le ciel et le monde intermédiaire. Avec mes parfums je cherche à traduire le


© Laurent Dupont

“ Je suis très attaché aux symboles, le chiffre 3 incarne l’équilibre parfait ”

passage du matériel à l’immatériel, du visible à l’invisible, l’élévation. Il me permet en trois créations olfactives de construire un univers complet et équilibré. Quelles sont les senteurs qui vous inspirent, et pourquoi ? N’étant pas parfumeur mais concepteur olfactif, je n’ai pas le même rapport aux matières premières. Ce qui m’intéresse dans un ingrédient, une odeur, c’est sa symbolique. C’est ainsi que je le choisi et que je demande au parfumeur de l’installer au cœur de la composition olfactive. Mais j’avoue aimer les résines, les encens, les bois brûlés ou iodés, les notes mystiques. Qu’est-ce que les Liquides Imaginaires représentent pour vous ? Mon évasion par l’imagination,

mon élévation par leur invisibilité, ma passion par leurs narrations. Le monde du parfum a été une vraie révélation au point de lui accorder aujourd’hui la priorité dans ma vie professionnelle. Marseille pour vous… Être natif de cette ville est essentiel pour moi. On dit souvent qu’on aime ou qu’on déteste Marseille, une ville sans concession. À 18 ans j’ai détesté ma ville car elle n’offrait rien de positif ni de festif à ses jeunes. Je suis parti à Aix, la trahison suprême. Puis Paris, j’aggravais mon cas. Mais mon sang à toujours été salé et solaire et depuis trois ans j’ai un pied à terre face au Palais Longchamp (le bruit et la vue de l’eau toujours) 093

pour l’accès facile au TGV et pour les bons restaus du quartier. J’y ai retrouvé la vie que j’aimais mais en mieux, enrichie de l’énergie de nouveaux acteurs qui, pour certains, sont devenus des amis (en plus des anciens). Et ils m’ont convaincu de partir à l’aventure d’un nouveau lieu en centre-ville.

Pouvez-vous nous en dire davantage ? Je me suis associé avec deux acolytes pour ouvrir un glacierépicier à la rue d’Aubagne cet été : Mahboule. Un projet bien givré ! Parce que Marseille n’est pas une ville raisonnable, il qu’il faut toujours un brin de folie pour se lancer dans une nouvelle aventure. Surtout dans une actualité morose, rester un peu fada, c’est le b.a.-ba.


Ma Raw Beauty d’été Dans le monde de la cosmétique, le terme se répand comme une traînée de poudre de plante, traduisant cette tendance grandissante de s’en remettre à un produit naturel « cru » ou brut en tant que cosmétique à l’usage polyvalent. Directrice Recherche & Développement chez Aroma-Zone, la marseillaise Pascale Ruberti nous conseille quelques-unes de ces pépites naturelles à adopter dans le cadre de nos gestes beauté estivaux.

Texte Frédérique Jacquemin Photos DR (sauf mention)

I

l semblerait que l’univers de la cosmétique soit en pleine mutation, marqué par un retour affirmé à la simplicité et au naturel. La Raw beauty, « beauté crue », en est la pure démonstration. Une approche cosméto minimaliste qui s’inscrit dans la mouvance de la « slow cosmétique » en prônant l’usage de produits naturels bruts, dénudés de manipulation chimique, pour mettre leurs vertus à l’état pur au service de la peau et des cheveux. Exit les crèmes visage, démaquillants ou soins de nuit à la formulation complexe et aux composants douteux. La Raw beauty leur préfère la singularité et la simplicité d’un produit naturel unique (poudre de plante, hydrolat, huile essentielle ou végétale...) à usage multiple et gorgé d’actifs efficaces issus directement de la nature. À l’heure où 094

le « consommer moins et mieux » s’érige comme un modèle sociétal impérieux, les apparats dont se dote cette « beauté pure », saine, puisque 100% naturelle, mais aussi écologique et économique, séduisent toujours plus d’adeptes. Cheffe de file R&D chez Aroma-Zone, la marseillaise Pascale Ruberti le constate au quotidien : « L’attrait pour les produits cosmétiques complexes, même naturels, s’estompent clairement pour un retour à l’usage d’ingrédients simples, purs et minimalistes qui deviennent des cosmétiques finis à part entière. Il est palpable chez toutes les catégories d’âges et autant chez les femmes que chez les hommes ». La spécialiste de la beauté au naturel nous suggère quelques-uns de ces produits purs et green en guise de Raw beauty estivale.



© New Africa

Macérât huileux de Monoï : le raw hydratant d’après plage Soleil, vent, sel, chlore… L’été, peau et cheveux manquent d’hydratation, demandant à être nourris. Ce que fait merveilleusement ce macérât huileux, gorgeant l’épiderme de ses bienfaits sur fond d’odeur de fleur de Tiaré et de touché sec. À appliquer généreusement sur corps et cheveux après toute exposition.

Macérât huileux de Carotte : l’accélérateur du bronzage

Huile végétale de Karenja : l’amie des cheveux colorés

L’hydrolat de Menthe : le brumisateur rafraîchissant et apaisant

C’est l’allié au naturel des peaux qui peinent à bronzer (y compris de façon uniforme) grâce à sa richesse en provitamine A. On l’utilise aussi pur sur le visage pour un effet bonne mine ou en tant que soin après-soleil. Appliquer sur le corps ou le visage pour un effet naturel halé.

Bien que non reconnue officiellement sur la liste des filtres solaires autorisés, cette huile végétale offre une protection naturelle d’indice 17 (SPS). Riche en vitamine P, elle protège les cheveux colorés des dégâts du soleil. À appliquer sur la chevelure avant toute séance plage ou baignade.

Par fortes chaleurs, cet hydrolat se substitue idéalement aux brumisateurs d’eau thermale, offrant des vertus rafraîchissantes et tonifiantes à la peau, tout en régulant la transpiration excessive. À vaporiser sur le visage, mais aussi sur les jambes lourdes ou gonflées par la chaleur.

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Poudre de fève de café : l’exfoliant gourmand

L’huile végétale de Jojoba : la démaquillante simplicime

Exfoliez votre peau une fois par semaine pour vous parer d’un beau bronzage dans la durée. La poudre de fève de café est un excellent gommage au naturel à l’odeur gourmande, parfait aussi pour ôter la peau morte des pieds. On l’applique sous la douche sur peau humide, avant de faire des massages circulaires et de rincer.

Elle démaquille yeux et peau avec une efficacité et une facilité épatantes ! L’aspect huileux offert par cette galénique aimante maquillage et autres impuretés sans laisser de film gras sur la peau, qu’elle hydrate, régule et assouplit. À utiliser comme un démaquillant traditionnel via des cotons lavables et réutilisables.


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“La simplicité est la clé de toute véritable élégance.” Coco Chanel 1883-1971

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© DR

Témoignage de civilisations

byelote.com Boutique physique à Gardanne, 2 Impasse des Belles de nuit.

TRANSMISSION. By Elote, fondée par Pascale Charmet, propose des créations mexicaines uniques à caractère identitaire. L’aventure commence au Mexique en 2009 et 2011 : « J’y suis allée pour une mission humanitaire puis pour une donation dans différentes communautés, où j’ai rencontré ces femmes tisseuses ». Une révélation pour Pascale. « J’ai été prise de passion pour cette culture et le sens des créations. Il y a un travail, une trace du patrimoine. » La pièce phare, le Huipil, est tissée au métier ancestral durant 3 mois. « Dans chaque modèle, il y a ne iconographie particulière, une technique, du coton naturel et une teinture végétale. » Native de Marseille, Pascale souhaite véhiculer l’âme de sa ville. « Marseille est ancrée en moi dans le rapport avec les racines et l’authenticité. Le peuple mexicain est lui aussi très attaché à ses racines. C’est cette âme que je veux retrouver. » Pour la saison 2022, Pascale conseille la robe Sirena, confectionnée au métier à tisser à pédales. Une matière délicate, d’une grande finesse, et très symbolique. AB 098


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La plus solaire des associations HYPE. Pour cette saison estivale, des vents brésiliens et californiens soufflent sur Marseille avec l’association de Cacaotoès et Kulte ! Engagées et colorées, les marques marseillaises proposent une collection à la griffe du sud. La fusion excitante entre la chaussure de plage (mais pas que…) et le branché urbain. 8 coloris de sandales pour des créations qui puisent leur inspiration dans le quotidien estival, reflètant l’ambiance citadine relaxe marseillaise et s’appuyant sur la technologie exceptionnellement novatrice de Cacatoès en matière de fabrication de chaussures. Le petit plus ? Tout est recyclable et végan. AB mycacatoes.fr

La coque française en vogue

© DR

TENDANCE. Les marseillais Laurent et Joëlle Ansallem créent des coques et des chaînes pour mobiles. Des créations prisées, notamment grâce à des collaborations avec des marques comme Antik Batik. Retrouvez-les aux Galerie Lafayette, chez Mademoiselle Frojo, ô Sillage et Peau de vache. AB lacoquefrancaise.com


Fallait y penser ! SOUTIEN. Sauver les commerces et le centre-ville, tel est l’ADN de « mon magasin en ville ». Une marketplace lancée par Olivier Chlous et son fils pour aider les commerces à exister et à écouler leur offre d’invendus. Le site met aussi en réseau commerçants et clients au niveau national. Un beau projet ! AB © DR

mon-magasin-en-ville.fr

Des lunettes pour se prendre au jeu FUTURISTE. Le lunettier marseillais Jean-François Rey renouvelle sa collaboration avec le célèbre créateur de jeux vidéos japonais Hideo Kojima et lance une nouvelle collection capsule de lunettes au design singulier. Cette initiative pour le moins originale est née de sa rencontre avec Kojima, qui voue une véritable passion pour les lunettes du créateur. Au point qu’il a intégré plusieurs de ses modèles dans les personnages de son jeu Metal Gear Solid. Pour les collectionneurs d’accessoires atypiques et branchés ! NLP © DR

kojima-jfrey.fr Prix de vente : 390€ TTC 100


Plongez avec style ! FRAÎCHEUR. Passionnée de mode, Ninon Bertrant, 23 ans, tenait à créer une marque à l’image de sa ville natale. Avec une collection de maillots féminins colorés et simples, Sudella souhaite être l’incarnation de la femme marseillaise. « Avec l’envie d’entreprendre et de mettre en pratique ce que j’ai appris pendant 5 ans en école de commerce, je voulais quelque chose de local, de tendance, fabriqué en France et inspiré de notre magnifique région. » Une fois imaginées et dessinées, les pièces sont directement conçues au sein d’un petit atelier marseillais du 6ème. Autour d’une fourchette de prix raisonnable de 60€, la jeune créatrice propose une large gamme de maillots de bain de bonne qualité, responsable et pour toutes les femmes ! « Les tailles vont du S au L et s’adaptent facilement à tous les corps, par leur forme ! Les matières premières sont soigneusement sélectionnées auprès d’un fournisseur italien, tous les tissus sont certifiés par le label Oeko-Tex, Standard 100. » NLP

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www.sudella.fr



Sublimez votre été Blue Lobster est une marque de maillots de bain pour femmes fondée en 2003 par le marseillais Cédric Sarpi. Sa griffe ? Un style moderne et glamour avec un soupçon d’impertinence qui joue avec les variations de couleurs, les combinaisons, les imprimés. Des pièces indispensables et de saison. Texte Nadège Laurens-Paget Photos Blue Lobster

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nique. Voici le mot qui qualifie la marque de maillots de bain Blue lobtser. En proposant plusieurs formes colorées et différentes, cette enseigne marseillaise s’est forgée une clientèle solide. Inspirées des créations brésiliennes, les pièces sont entièrement conçues en France, pour un rapport qualité prix tout à fait convenable. Ce qui fait la popularité de Blue Lobster, c’est avant tout un concept particulier : le mix and match. Une technique découverte sur les plages du Brésil, qui fut pour Cédric Sarpi, dirigeant de la marque, une véritable révélation. « De 2005 à 2007, on est devenu spécialistes du mix and match. Les femmes brésiliennes ont une garderobe de maillots de bain. Elles mixent 103

les hauts et les bas, se changent, elles n’ont pas peur, c’est leur culture. En Europe on a du mal. » Avec Nicole Klein, son bras droit depuis 3 ans, Cédric Sarpi souhaite maintenir une certaine authenticité. Pour cela, il a développé un autre concept, tout aussi important : le bien-aller. « Il fallait devenir spécialiste du bien-aller. Il fallait qu’une cliente, quand elle vient chez nous, puisse se dire : je vais choisir ma ma forme et ma taille de culotte, et l’assortir avec un haut qui me correspond, me met en valeur, me maintient.»

Deux sources d’inspiration : les voyages et les femmes Près de 250 références d’imprimés, de formes et de couleurs… Une créa-


“Chaque femme peut trouver chez nous son maillot, être différente et à la fois jouir de ce confort.” branché, il est surtout confortable tout en offrant liberté, allure et assurance . « Chaque femme peut trouver chez nous son maillot, les coupes sont étudiées pour respecter et mettre en valeur les morphologies de chaque femme. La cliente bien dans son maillot veut trouver la même forme, la même qualité, le même bien-aller avec l’imprimé ou la couleur de l’année. » À travers cette proximité développée avec ses clientes, Cédric ne cesse de s’adapter aux différentes tendances. « On va chercher à être universel sur des formes et c’est compliqué. On fait beaucoup de réglages sur des maillots, on fait des culottes évolutives, on pense toujours que vous évoluez aussi et que le maillot doit évoluer avec vous et vos envies, en début comme en fin d’été. »

Une technique particulière

Cédric Sarpi et Nicole Klein, une collaboration qui match !

tivité qui se puise avant tout dans les voyages. Pourtant, l’ADN de cette enseigne se veut également humain. « Ma première source d’inspiration est le voyage. Je voyage beaucoup. Même s’il faut faire 20 heures d’avion, cela ne me dérange pas. La seconde, ce sont évidemment mes clientes ! » Une inspiration qui transpire dans les diverses collections. « J’aime le côté exotique et méditerranéen. En voyageant, je rencontre des gens, je visite des musées, je vois des expositions, je découvre des cultures... J’aime l’Amérique du sud, le Brésil, mais je suis ouvert à tout. Je me nourris de ça. Les femmes aussi, car elles sont si riches et contradictoires. Je le pense et c’est sincère. » Si le maillot de bain Blue Lobster est 104

Le nom des pièces est relié aux thèmes et aux tissus en lien avec les lieux où sont réalisés les catalogues. Dans cet esprit, chaque pièce est originale, authentique. Une caractéristique qui naît dans la conception, avec notamment le placement des motifs. « Sur un maillot, on vient placer un motif qui évolue en fonction de la forme, de la culotte ou du haut et qui peut s’agrandir en fonction de la taille. Chaque maillot est unique, tout est surveillé, ciblé et on aime cet esprit-là. » Grâce à cette créativité débordante, le moindre modèle peut jaillir soudainement. « Dans la journée, on peut concevoir un modèle, monter un maillot de bain et l’imprimer pour le valider. Tout cela est très pratique. On peut également imprimer l’idée dans un coussin. On a des envies de couleurs. On découpe, on assemble et on arrive à placer, à bouger des choses. »


Une marque profondément marseillaise L’empreinte marseillaise est forte chez Blue Lobster. Ses boutiques se trouvent d’ailleurs à Marseille et ses alentours, et la femme marseillaise a évidemment toute sa place dans l’esprit de la marque. « La cliente marseillaise est pêchue, avec du caractère, vit dans une ville où il y a la mer. C’est une connaisseuse, une consommatrice, souvent bronzée avant d’autres et sympathique. Je suis marseillais donc je ne peux qu’aimer les marseillaises. » La nouveauté cette année : Blue Lobster prévoit un partenariat rémunéré avec My Calanques ! Un engagement citoyen et marseillais. « J’ai été choqué lors de la grève des poubelles. Quand il y a eu ce gros orage, on a assisté à un carnage sur les plages et dans la mer. Tous les marseillais se rappelleront de cette semaine qui a suivi l’orage. J’ai vu des gens courageux se démener pour les nettoyer. J’ai eu envie de faire quelque chose à mon niveau. Voilà comment et pourquoi nous sommes arrivés à cela. » Petit scoop : Blue Lobster prévoit de développer du textile de plage. À suivre. blue-lobster.fr

Une collection été 2022 mêlant féminité, grâce et élégance.

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L’androgyne qui casse les codes Fondée juste après le confinement de 2021 par les aixoises Jasmine Boutaghat Matagne et Romane Vianet, « Genre » est une marque de vêtements unisexe. Minimaliste, d’influence asiatique elle porte un message de liberté et surtout de bien-être.

Texte Alexandra Bischof Photos DR

P

ourquoi pas une jupe unisexe ? Pièce phare de sa première collection, ce vêtement symbolise parfaitement l’esprit de Genre : exprimer sa liberté et être qui on veut. Une attitude qui passe nécessairement par la tenue vestimentaire. L’objectif est avant tout de se démarquer dans une société où la mode est bien trop imprégnée par les stéréotypes. « J’ai souvent ressenti ce jugement sur la tenue. C’est un calvaire de choisir en fonction des gens, de se faire dicter ce qu’il faut porter. Chacun est libre », explique Jasmine, l’une des fondatrices de la marque.

L’expression de soi à travers le style « Porter des vêtements, c’est exprimer sa personnalité. J’ai toujours vu la mode comme un art, un moyen d’expression. » Inspirée des kilts et des tenues à Bali, cette jupe unisexe a pour but de démocratiser l’idée qu’un homme puisse porter ce qu’il veut. « C’est très difficile à accepter, mais nous avons été surprises par les 106

réactions de certains hommes qui l’ont mise. Cette coupe oversize peut convenir à tout le monde et se porter différemment. Un ami, qui était à la base réticent, s’est senti viril, beau. » La première collection de Genre, composée d’un blazer, d’un short et d’une jupe oversize, propose des habits mixtes, adaptables à tout style. « On peut exprimer sa personnalité avec la même pièce. Par exemple, trois personnes différentes ont eu appropriation différente et c’est intéressant ! » Les prochaines collections comporteront des pantalons, une grosse ceinture, des ensembles, des tee shirt, des pantalons brodés asiatiques et des habits pour la vie de tous les jours, « dans l’état d’esprit de Bali sur l’ouverture, l’acceptation. » Avec des matières 100% recyclées et des teintures naturelles, les deux créatrices promettent des pièces uniques de qualité.

Un projet né au bout du monde Si la production s’effectue au Portugal par soucis écologique de trajet plus court, l’inspiration et



les prototypes proviennent essentiellement de Bali, là où l’aventure a commencée. « Je suis partie avec Romane pour une mission humanitaire de 6 mois à Bali en 2019, pour travailler dans la scolarisation. Nous y avons fait pas mal de rencontres, nous avons découvert des

“Porter des vêtements, c’est exprimer sa personnalité ”

dessins, des hommes en jupe et l’envie de fonder notre marque est venue. » Pour ces étudiantes en droit, le changement de voie est devenu inévitable. « Nous sommes restées un an à Bali afin de créer et de développer notre collection. » Cette créativité, la jeune femme la doit avant tout à d’autres sources d’inspiration. « Je suis fan d’Ami, des gros pulls mixtes depuis toujours. J’adore Tara Jarmon, les silhouettes androg ynes et tout ce qui touche la mode asiatique évidemment, comme les kimonos, que j’aimerais développer. C’est une coupe qui plaît énormément. » Avec le succès de la marque en France, les créatrices n’excluent pas une exportation vers l’Asie et dans le monde.

La Provence dans le cœur L’ancrage provençal est puissant chez Genre. « J’aime cette région. Ici, nous créons, nous rencontrons, nous échangeons. C’est ici que nous nous développons. » Aix-en-Provence fut le premier lieu d’évènement de la marque. Une scène interactive hors du commun. « En janvier, nous y avons placé un modèle homme portant la jupe unisexe durant 4 heures. Nous arrêtions les gens et leur demandions leurs avis sur la vision d’un homme avec cette pièce, puis de coller un papier sur le modèle avec leur pensée. » Une expérience étonnante. « Nous avons pu échanger, discuter, parler de notre marque et nous avons eu de très bon retours et de beaux témoignages sur l’importance de l’ouverture d’esprit. » La jeune femme envisage de continuer à promouvoir l’identité de sa marque au travers d’autres évènements. « J’ai eu des discussions avec des influenceurs qui proposent de faire des spectacles de rue. J’ai prévu de mettre en place plusieurs cabines portables à Marseille, qui permettront d’essayer les collections et de les visualiser. »

Le chic de la touche du détail qui fait tout !

Les fondatrices Jasmine Boutaghat Matagne et Romane Vianet.

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Déco ×

“Les meilleurs designs sont ceux où les règles ont été enfreintes.” Nate Berkus, designer, décorateur d’intérieur et présentateur de télévision américain.

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© DR

Si bien chez soi ! maisondeco.com 116 Boulevard Notre Dame 13006 Marseille

HARMONIE. Ces destins qui se croisent sans vraiment se ressembler ont pour point commun la quête exigeante d’un chez-soi authentique et incarné. Chez Maison Déco, Jeremy, Adèle et Amir, comme Jacques trouveront le Graal : des produits décoratifs à la fois accessibles et à leurs mesures ! Des passionnés qui mettent en lumière et harmonie vos vies ! Si les murs sont empreints et spectateurs de nos quotidiens, avec Maison Déco, ils se parent de leurs plus beaux atours pour embellir et vous réjouir. Du béton à la chaux en passant par le Tadelakt, la gamme des murales décoratives joue la carte de la sensualité pour é(mer)veiller la vue autant que le toucher et ancrer la maison dans une ambiance aussi élégante qu’intemporelle. Les effets lumières, tels qu’Urban Lounge ou Moonlight, soulignent quant à eux le dynamisme tout comme le potentiel narratif et scénique des pièces à vivre. En réaffirmant son amour de la maison, de la créativité et du « faire », la marque prend un tournant véritablement sociétal qui va bien au-delà des tendances et de l’esthétisme. NLP 110


Décostock à Marseille SHOWROOM. Pas question d’acheter sans voir, toucher et tester ! C’est la philosophie du groupe Décostock qui passe de l’e-shop au showroom. 300 m², à deux pas de la Timone, dédiés à la déco, au mobilier de jardin, mais surtout au canapé personnalisable et écologique. Le fondateur, Tanguy Vandermersch, y met un point d’honneur, à l’image de son partenariat avec le fabricant Home Spirit, qui met en avant l’approvisionnement local des matières ou son bois certifié FSC forêts françaises et belges exclusivement. Côté catalogue, on aime le canapé moelleux en lin et coton bohème, la sélection « Mayor Tapizados » avec ses pieds en métal, et aussi la table XL « Hermosa » en bois pour la terrasse. Une chose est sûre, l’été sera beau… TDLF © DR

60 rue Jean Martin, 5ème

De l’utile à l’agréable OUVERTURE. Jean-Christophe et Audrey Philippe viennent d’ouvrir une bien jolie boutique dédiée aux arts ménagers, Madame Victoria. Sur 170 m² et 2 niveaux, des dizaines de références fun, des mini four à pizzas, le fameux moulin à poivre Peugeot d’1m10 ou encore notre coup de cœur, le toaster Smeg regriffé Dolce & Gabbana.

© DR

45 bd Édouard Herriot, 8ème


Texte Nadège Laurens-Paget Photos Laure Mélone

Fascinante Margaux Keller Sa signature est inimitable, Margaux Keller la star montante du design en France est l’enfant chérie de Marseille. Un parcours sans faute depuis sa formation à Paris, à la prestigieuse école Boulle. Une première expérience professionnelle chez Philippe Starck à la suite de quoi elle part en Italie à La Fabrica, la fameuse résidence de design du groupe Benetton. Au contact de son directeur artistique et mentor Sam Baron elle se forme et performe. En 2012, retour aux sources, elle revient s’installer à Marseille. Il y a 2 ans et demi, elle rencontre son associée Anais Fretigny, six mois plus tard Margaux Keller Collections est née. 112



Qu’est-ce qui vous a poussé à fais ce métier ? Dès l’âge de 7 ans j’avais ce goût, cette appétence-là, j’ai toujours aimé les activités créatives. J’étais toujours en train de bricoler, de faire des fleurs séchées, de tout bouger dans ma chambre, de peindre les murs - ce qui rendait dingue ma mère mais elle m’a toujours laissé faire - ma mère m’a très vite mise au dessin, elle-même était passionnée de peinture. Quel a été le déclic ? Je dessinais des meubles dans ma chambre, au lieu de jouer à la maman, je jouais à l’architecte d’intérieur : je découpais des catalogues de carrelage. Je me souviens de la maman d’une amie qui m’avait dit “Si tu dessines des meubles c’est que plus tard tu vas être designer.” C’est la première fois que j’entendais ce mot, j’avais 12 ans et je me suis dit ça claque ! Quand j’ai eu 15 ans, j’ai amené ma mère aux portes ouvertes de l’école Boulle. Je voulais quitter le lycée [lycée Sion, Marseille]. J’en avais marre de Marseille, je voulais découvrir, rencontrer, être à Paris, vivre au cœur du réacteur.

“Le fondement de notre marque est de valoriser le savoirfaire local, ça fait partie de notre ADN”

Vous avez quand même décidé de revenir à Marseille … Bizarrement, comme beaucoup de marseillais, on a un cordon ombilical qui tire. Pour poser mes valises, ce fût évidemment Marseille. Ce qui compte c’est de rester connecté au reste du monde sinon à Marseille on tourne vite sur soi-même. Parlez-nous de votre marque… Margaux Keller collection est une marque à part entière. L’idée était de faire les choses à ma façon, avec mes valeurs, avec mon éthique de travail qui s’est croisé avec les valeurs d’Anaïs. On a les mêmes envies pour cette marque, à savoir associer le travail d’un designer avec le travail d’un artisan. Le fondement de notre marque est de valoriser le savoir-faire local, ça fait partie de notre ADN. La Provence est vraiment une terre d’artisanat d’exception… Au début on a commencé à créer des pièces en racontant notre Sud et la façon dont on le vit, dont on l’aime. Justement en quoi le sud est-il inspirant pour vous ? Je pense que notre Sud est réconfortant, convivial, gai, et coloré. Il donne envie de sourire. Il est aussi vecteur d’émotion. Et pour moi c’est un élément fondamental. Ainsi, je m’attache à rendre l’objet attachant, on a alors envie de le garder et de le transmettre. La famille, l’héritage, la pérennité sont des valeurs très importantes dans le sud. Votre matière de prédilection ? Le verre soufflé parce qu’il y a une espèce de magie qui nous échappe, un truc que l’on ne comprend pas. Ce sable qui fait des bulles qui se cristalline dans le temps, c’est assez magique. Pour avoir eu différentes expériences sur ce travail, au Japon, en Italie, en France, c’est à chaque fois des manières différentes de travailler ce matériau. 114

Votre dernière collaboration avec Monoprix…. On a eu carte blanche, ça a été une belle opportunité créative. On s’est vraiment posé la question mais c’était une visibilité énorme pour notre jeune marque. Le deuxième point c’est la démocratisation ponctuelle et éphémère de mon travail. C’était super de pouvoir concevoir cette collection, à l’image aussi de tout ce qui m’inspire, le sud, les couleurs, les formes arrondies, les choses qui font sourire. Et les équipes Monoprix sont top, travailler avec eux a été un plaisir. A quoi attribuez-vous le succès ? Je n’en ai aucune idées (rires). Je pense que les gens ont besoin d’objets joyeux réconfortant, chaleureux et qui ne se prennent pas au sérieux. Des adjectifs qui correspondent bien à ce que les gens recherchent aujourd’hui. Des objets doudou. C’est aussi le résultat d’un travail que l’on construit avec la communication, soit une image de marque très forte et désirable, c’est une grande fierté. Quels sont vos projets ? On en a tout le temps. Même si on nous dit de ralentir on a envie de plein de choses. Je crois que c’est aussi le propre de la créativité ; vouloir explorer de nouveaux territoires. Le 21 juin sort notre capsule de l’été. Elle est incarnée par la couleur bleue azurée qui est notre bleu iconique, un bleu profond qui rappelle le fond des calanques de Sormiou. En septembre, on dévoilera notre série 7 qui compte de plus en plus de pièces de mobilier, étant passée à l’école Boulle c’est clairement mon cœur de métier. On aimerait aussi beaucoup qu’un jour nos objets puissent être montrés et vendus dans un écrin physique. On a vraiment besoin de créer du lien avec nos clients, avec les gens qui aiment la marque.


“Chaque objet naît d’un dessin. Une ligne noire, fine qui va déterminer l’âme de chaque pièce”.



Confidences d’un architecte... À la tête de Map architecture, Renaud Tarrazi réinvente le monde et le tissu urbain de demain. Il nous parle de liberté, de projets et de notre société. Un visionnaire, humaniste et imaginatif qui inspire…

Texte Nadège Laurens-Paget Photos DR (sauf mention)

L’architecture n’était pas seulement génétique : c’était surtout une vocation. « Mon père était architecte et je me suis toujours intéressé à ce qu’il faisait. Quand j’ai eu mon bac, il m’a déconseillé de faire ce métier donc je suis partie en Sciences économiques à Aix. J’ai vite compris que l’architecture était une voie que je voulais définitivement prendre. Je m’y suis donc très naturellement engagé avec passion et conviction. » explique Renaud Tarrazi. A la tête d’une des agences les plus importantes de la cité phocéenne, Map se caractérise surtout par sa notion forte du service. « Nous essayons de nous inscrire dans la durée, d’être au service de nos clients et de pas fonctionner en « one shot ». Nous nous situons dans quelque chose de durable. Depuis 2011 nous sommes dans le format Map. Nous avons fusionné 117

nos trois agences afin d’en créer une seule plus grande et de mieux nous structurer. Les grosses agences étaient plutôt parisiennes, et il n’y en avait pas à Marseille. » L’agence nourrit avant tout des objectifs et des ambitions. Une stratégie d’ampleur qui rejaillit dans la méthode de travail. « Dans l’agence, nous travaillons en mode atelier, ce qui m’intéresse c’est la démarche et non pas le dessin final. Ecoutez, comprenez, remettezvous en cause, plus que « c’est comme ça qu’il faut faire ! Nous travaillons pour clients et nous les entendons, les comprenons. Par exemple, nous avons beaucoup de concours en ce moment d’écoles. Nous réfléchissons en nous mettant à la place des enseignants et des élèves... En ce sens, on ne reconnait pas notre « empreinte », notre « signature » et c’est une volonté car le contexte influence considérablement notre projet. »


Un engagement pour une société inclusive Dès le départ ce qui l’anime est plus l’urbanisme que l’architecture. « J’aime l’idée d’organiser un espace avec du vide et du plein, un jardin, une vue, une placette… Toute cette échelle m’intéresse plus que l’objet en lui-même ». Récemment engagée dans l’habitat inclusif, l’agence travaille depuis peu sur un projet important et novateur avec une association. Il y aura une salle commune, un gymnase, une crèche, un restaurant commun animé ouvert au quartier. « L’inclusion est un vrai sujet. Nous collaborons avec API, qui a lancé une expérience d’une résidence avec des logements seront occupés par des personnes en situation de handicap. Tout cet immeuble est construit de manière expérimentale. C’est une

“ La partie artistique de l’architecte ne doit pas étouffer sa partie sociologique. »

grande première pour Marseille. Cet habitat inclusif, c’est l’aventure. L’établissement serait prêt pour fin 2024 ou 2025. » 30 logements sont prévus pour accueillir une trentaine de personnes. « Des gens vont être impliqué en travaillant dans ce foyer, ils seront formés pour gérer la difficulté. Il faudra que ce soit un lieu de rencontres. L’idée est de créer un univers le plus ouvert et libertaire possible tout en sécurisant les gens. » Un projet ambitieux, qui dessine probablement les contours de la ville de demain… « Nous sommes en plein dans la thématique ! La ville de demain est ouverte, multiple, avec des mélanges où l’on va retrouver du commerce, du bureau, du logement, de la verdure…Il s’agit d’un petit bout de la ville de demain : la ville inclusive. Ce type de projet peut également concerner les séniors. »

Une capacité d’anticipation Renaud Tarazzi a une conscience écologique forte, il est donc très exigeant sur cette science qui régit un équilibre meilleur entre l’homme et son environnement. Devenue de nos jours un effet de mode dans l’architecture, elle s’érige au sein de son agence comme un point clé, sinon prioritaire. « Chez Map, nous avons une personne qui ne gère que cette thématique. Nous avons des réflexions assez poussées sur l’eau, le tri, les transports, la mobilité etc. Il n’y a pas un de nos projets qui ne soit pas fondamentalement imprégné de tout cela. Nous sommes impliqués dans la démarche BDM (Bâtiment durable méditerranéen). Il y a un cahier des charges strict, des thématiques d’avenir. » Sur les tendances qui marqueront l’année 2022, l’architecte a une idée bien 118

➀ Une école dessinée dans un village va avoir une signature.

➁ Un projet emblématique de l’agence portant sur l’inclusion des personnes en situation de handicap. ➂ Village des marques, avec une très forte empreinte écologique.

➃ Le siège de Queshua près de Chamonix, très élégant, tout immergé dans la végétation.

précise. « La mode aujourd’hui c’est d’être de plus en plus contextuel, de ne pas réfléchir pour sa forme mais la façon dont le projet va rayonner et dialoguer avec ce qu’il y a autour. Le contexte donne une capacité à s’approprier l’espace. L’esthétique toujours très présente ne peut cependant pas contraindre l’usage, ni le sacrifier. La partie artistique de l’architecte ne doit pas étouffer sa partie sociologique ! » Une vision qu’il partage également au sujet de l’avenir de sa profession. « Je souhaiterais que l’on ait plus de latitude, moins de règles, et plus de confiance dans le bon sens. Très souvent, la règle va à l’encontre de la logique. A l’avenir, il doit y avoir plus de confiance dans les architectes et une plus grande responsabilité de chacun. Il faut aussi des structures qui soient plus encadrées. » Marseillais de naissance et de cœur la ville le cicérone forcément mais intelligemment :« Je connais tellement Marseille, je la pratique tellement que peut être qu’elle m’inspire moins que les autres villes. Mais en en même temps, ce n’est pas Marseille qui m’inspire mais le quartier, la rue, le site que je vais investir plus que la ville de Marseille elle-même. »


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Lumineuse & harmonieuse Généreux et chaleureux, le style de Nathalie Di Maiolo est plus une façon de vivre qu’une apparence. Cela donne une maison élégante, pure et noble qui lui ressemble fortement ! Dans une ambiance Hygge, notre amphitryonne nous parle de son goût pour les couleurs, le mélange de styles et l’ouverture qui caractérisent son univers. Texte Nadèhe Laurens-Paget Photos Le Collectionist

Tout m’a conduit à la décoration. » Après une longue carrière dans la restauration, Nathalie a choisi de se reconvertir dans la décoration « J’ai toujours eu le souci de l’accueil et du bien fait. Aujourd’hui, j’arrive dans les appartements, je casse tout, je refais tout et je revends clés en main. Une activité qui se marie très bien avec ma vie de famille, puisque je suis maman solo avec deux enfants, ça me laisse plus de temps. Toujours en pointe, je suis les tendances déco, je fais Maison et Objets, m’éternise à l’Isles sur la Sorgues ou chine à Fifi Turin. À l’avenir , j’aimerais mettre mes conseils au service de personnes qui investissent dans un nouveau refuge, où qui ne savent pas trop par où commencer. Avec mon associée, on souhaite aussi partir au Portugal et au Maroc d’ici la fin de l’année pour créer 1 20


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“ Ma maison était une ruine, j’ai gardé le bâtiment existant et j’ai fait de l’authentique.” des objets uniques et faire des ventes privées . » Une vie effervescente et fonctionnant à l’instinct, qu’elle a choisi d’appliquer aussi pour sa demeure, en alliant la lumière au confidentiel, le contemporain à l’ancien.

Des choix audacieux « Ma maison était une ruine, j’ai gardé le bâtiment existant et j’ai fait de l’authentique : j’ai conservé des poutres, j’ai mis des interrupteur prises vintages... À l’étage, j’ai installé des poutres et j’ai fait des soubassements pour garder le coté ancien. » Pour concevoir un lieu d’exception, Nathalie a su allier les bons matériaux et les services d’Olympe Zographos, une architecte marseillaise avec qui elle avait déjà collaboré auparavant, lorsqu’elle pos-

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sédait le restaurant « Chez Carmine ». « C’est une des meilleure selon moi. Elle ne suit pas la tendance mais la devance ! Elle a le coup de crayon et le goût, sa touche est élégante, chic et personnelle. » Nathalie cultive volontiers le mélange des genres, en associant, par exemple, des matériaux modernes tels le marbre, le verre et des pièces vintage colorées ou ses luminaires art déco.

De l’importance de la lumière Elle aime la lumière. Alors en arrivant dans cette maison, elle a fait installer de grandes baies vitrées. « J’ai fait appel à Monsieur Sori, qui fait des dimensions hors normes. C’est un vrai fabricant, un des seuls de la région. Il fait des chantiers exceptionnels. Et j’aime beaucoup Tom Disckson, qui est l’un de mes préférés


en matière de design luminaire. » Fils conducteurs de sa décoration, les luminaires jouent un rôle clé dans le charme du lieu. « Vous choisissez votre luminaire et après vous choisissez le reste ! » Ses préférés sont les appliques suspension qui viennent de chez « Pure

Inspiration » sur les conseils avisés de Jean-Pierre Elleni, véritable artiste de la lumière, ou de chez Atelier 159, précurseurs dans leurs choix. « Ce qui fait l’âme, c’est la luminescence et les éclairages qui créent une atmosphère. Les gens se sentent bien chez nous. Quand on met de l’amour dans les choses, il y a de l’énergie et de bonnes ondes. » Par ce jeu de lumières et d’ouvertures se dégage une ambiance lénifiante. L’aménagement et l’agencement de l’appartement donnent un ensemble à la fois chic et cosy. Cet endroit se prête parfaitement au cadre familial. Un point essentiel pour cette mère de famille aimante, généreuse et affectueuse. « Je désirais une pièce à vivre où l’on rit, danse et partage. Prendre mes repas sur une grande table. Il fallait de l’espace, nous cuisinons beaucoup en famille et j’adore recevoir. J’ai trouvé ma cuisine chez Sinibaldi et pris le marbre de mon plan de travail chez Gambini à Aubagne. J’y ai découvert des couleurs incroyables

➀ La cuisine est signée par Sinibaldi ➁ Multi-Lite Suspension Laiton de chez Atelier 159. ➂ Espace à vivre chaleureux, canapé de chez Ausshi. ➃ Entrée, carrelage de chez Mattout. ➄ Double douche à l’italienne de chez Richardson. 123


➀ Umasqu Modern de chez Jeanne et Charlotte

➁ Chambre de Victoria, applique Jielde de La Maison marseillaise

dont j’ignorais l’existence ! J’ai installé la piscine près de l’intérieur, je voulais avoir un œil sur les enfants quoi que je fasse dans la maison. » L’harmonisation des espaces est habile et surprenante. À la fois colorée, moderne et vintage, chaque pièce détient un charme particulier . « J’aime oser les couleurs. À l’étage les couleurs vertes, bleues et roses relient les chambres d’enfants. Dans le salon et l’entrée, je reste plus sobre. J’aime celles de chez Ressources, la conseillère est formidable, elle donne de vrais conseils d’association avec la tapisserie, les hauteurs, les volumes, le mobilier. »

pique, est le cadeau de mes chers amis pour mes 50 ans. L’œuvre de mon ami et artiste Lionel Scoccimaro m’est très précieuse, il y en trois dans le monde. La mosaïque Little Carmine me rappelle tant de souvenirs, mon père s’appelant Carmine… Parmi mes objets favoris, il y a ce Charles Eams de 1967, mon année de naissance. Mon oncle avait une école de prothèse dentaire où trônait ce fauteuil. Chez lui, c’était la maison de mes rêves, ce fauteuil m’a renvoyé à mon admiration pour sa réussite sociale. L’avoir acheté est un clin d’œil à ma famille. »

Une histoire gravée dans tous les recoins

Marseille ville de trésors

En ce qui concerne l’ameublement, les critères de la propriétaire sont précis. « Je voulais de l’intemporel et du noble dans le style de Charles Eames et Djacobsen. » Ici, tous détails ont un sens, un lien sentimental. « Tout dans la décoration me renvoie à quelque chose. J’ai acheté ma tapisserie chez Seriès, le tapissier ressemblait fortement à mon père, qui était lui aussi peintre tapissier. Ma petite table chinée par Rachel, d’Espace aty-

Femme de goût et déterminée, Nathalie Di Maiolo sait précisément où répondre à ses envies en matière de déco. «J’aime bien chiner, notamment chez Rachel, place Lulli. Elle a un espace atypique où elle vend des tables basses. Pour des choix pointus en décoration, je vais chez By Mamé, Atelier 159, Maison Empereur. J’aime aussi énormément Audrey Colombani et Jessie Hessman chez Aussih. Le savoir-faire marseillais est exceptionnel, on a des pépites ! »


DeBonneville-Orlandini Nosta Quand la musique est bonne 210x280 VivreBordeauxMarseille.indd 1

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C A RNET D ’ A D R E S S E S

Food

La Rôtisserie de Marinette 47 rue de Suez 13007 Marseille Le Santa Giulia Rue Emile Zola 85 13009 Marseille Chez Jeanne 23 rue Glandeves 13001 Marseille La cave Arsouille 74 rue Emile Zola 13009 Marseille L’Atelier de Saisons 6, bd Vauban 13006 Marseille

Green

Bien-être

Marie Rebuffat Pâtisserie 50 Rue Emile Zola 13009 Marseille

Mélissa 37 rue du docteur François Morucci ou bien 108 de la rue Breteuil 13006 Marseille

L’instant Cryo by B 41 Bd Edouard Herriot 13008 Marseille

La Pépite 145 rue Sainte 13007 Marseille

Le Petit Attirail 2 Rue Puits du Denier 13002 Marseille

Au Faon 6 Rue Edmond Rostand 13006 Marseille

Top 10

Le Beluga 59, av de Montredon 13008 Marseille 04 91 33 95 92

Le Baou de Marseille 1 Av. de l'Argilité 13016 Marseille

Compose 8, bd Notre Dame 13001 Marseille & 331, avenue du Prado 13008 Marseille

L’Atelier Woodie 3, bd de la Corderie. 13007 Marseille 06 22 88 54 69 atelierwoodie.fr

L’Alveola 39, avenue de Montredon. 13008 Marseille 04 91 34 95 10 lalveola.com

La Fabriquerie 71, avenue de la Corse. 13007 Marseille 07 67 17 35 95.

Le Bar des Amis 23, av de la Pointe Rouge 13008 Marseille 04 91 96 17 62

L’Acaï Bowl 10, rue Davso 13001 Marseille 04 91 59 05 31 acai-bowl.fr

Chez Mère Grand 53, avenue de Montredon 13008 Marseille 04 91 73 31 24

Otto 150, rue Jean Mermoz 13008 Marseille 04 91 71 16 52 restaurantotto.fr

Raisin crème 16, avenue des Goumiers 13008 Marseille 09 88 50 73 08 raisincreme.fr

La Cantinetta 24, cours Julien 13006 Marseille 04 91 48 10 48 restaurant lacantinetta.fr

Cave de la Pointe Rouge 83, avenue de la Pointe Rouge. 13008 Marseille 04 91 72 30 53.

Bonbone Beach 201 Av. Pierre Mendès France 13008 Marseille Hôtel Dieu Intercontinental Marseille 1 Pl. Daviel 13002 Marseille Sofitel Marseille Vieux-Port 36 Bd Charles Livon 13007 Marseille 04 91 15 59 00 Le Makeda 103 Rue Ferrari 13005 Marseille Rooftop Les Réformés 125 La Canebière 13001 Marseille 09 71 16 35 90

Déco

Madame Victoria 45 bd Édouard Herriot 13008 Marseille Espaces atypiques 22 rue Lulli 13001 Marseille Ausshi 9 Rue Châteaubriand 13007 Marseille Sinibaldi 146 rue Paradis 13006 Marseille Atelier 159 135 rue Breteuil 13006 Marseille Granit et marbres Gambini 545 avenue du Garlaban 13420 Gémenos Jeanne et Charlotte 4 Mnt d’Eoures 13011 Marseille Maison Empereur 4 Rue des Récollettes 13001 Marseille By Mamè 5 avenue de Hambourg 13008 Marseille

Le Rooftop des Terrasses R2 9 Quai du Lazaret, 13002 Marseille

Ressource 88 rue Grignan 13001 Marseille

La Maison Marseillaise 38 Rue Francis Davso, 13001 Marseille

Sori 7 All. De la Palun 13700 Marignane

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× “Qui a l’habitude de voyager sait qu’il arrive toujours un moment où il faut partir.” Pablo Coelho

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Des vignobles, du soleil, la mer, son petit port, ses pêcheurs… Cassis n’a pas que l’air d’une carte postale, c’est un petit écrin de paradis à tout juste trente minutes de Marseille. De Port Miou au cap Canaille, en passant par la plage de la Grande Mer ou du Bestouan, la cité cassidène s’impose comme une porte d’entrée du Parc national des calanques et de la Provence intérieure… Laissez-vous guider !

Un week-end à Cassis Texte Tristan de La Fléchère Photos Voir mentions

Les Roches Blanches

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J

QUAND JE SUIS À CASSIS, JE :

© Duchy

e dors et je me fais chouchouter aux Roches Blanches. Comme Winston Churchill, Edith Piaf et plus récemment l’équipe du XV de France de rugby, nous faisons le choix des Roches Blanches. Dans un style années folles qui s’inscrit dans la lignée des hôtels mythiques de la Riviera en leur donnant tout leur caractère, cette ancienne maison de maître a été transformée en hôtel en 1920. Un hôtel « les pieds dans l’eau », doté de deux piscines, avec son jardin en restanques, ombragé de pins Le port de Cassis

parasol face à la méditerranée et au majestueux Cap Canaille. Le luxueux spa Sisley, imaginé par Monika Kappel, compte quatre cabines de soin et un élégant hammam en mosaïque. What else ? 36 chambres et suites, un restaurant de haut vol « Rocco » esprit sixties et un jardin sur mer sous une pergola en bois végétalisée. On adore son chef Alexandre Auger (issu du Meurice à Cassis) et son « Loup Bar » pour déguster un ceviche. Comme le tout nouvel espace convivial dédié à la pétanque et à l’apéro de 16h à 21h. Glamour, mythe et modernité sont ici les valeurs sûres d’un séjour détente tout en élégance. roches-blanches-cassis.com

… m’installe sur les pierres plates de la Presqu’ile. Le spot idéal pour flâner sur des rochers plats. Étaler sa serviette et profiter du farniente sous le soleil. Les plus courageux tenteront de sauter de plusieurs mètres dans la mer. Les plus gourmands rejoindront la Plage Bleue, son restaurant et sa piscine pour enfants. Les plus pieux se rendront à la chapelle Notre-Dame de Bon Voyage où les marins se rendaient pour demander la protection divine. Enfin, les sportifs choisiront l’option randonnée ou escalade dans ce fief de la « grimpe ».

© Evan De Sousa

© D. Delmas

La Villa Madie

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… vais au marché. Les mercredis et vendredis. Producteurs et primeurs proposent, en plein centre-ville, des fruits et des légumes, des fromages, de la charcuterie, des poissons et autres produits de la mer. Mais c’est aussi un véritable marché provençal avec ses vêtements, accessoires, du linge de maison, des ustensiles de cuisine et des produits issus de l’artisanat local.

… dîne à la villa Madie. Face au Cap Canaille, un restaurant gastronomique (double étoilé Michelin). Ou à la Brasserie du Corton, au choix. Tous deux jouissent d’un point de vue exceptionnel et sont dotés d’une terrasse surplombant la mer. lavillamadie.com


LE MA RSEI LLE D E …

Titoff

Détente et détonnant, 100% pur jus Marseille, Titoff, de son vrai nom Christophe Junca, a la gouaille, le talent et la sympathie des gens d’ici.

D’

SES ADRESSES Pour dîner Le Nulle part Ailleurs j’adore c’est de l’ordre de l’affectif et très bon Ce sont les mecs les plus accueillants du monde. 18 Quai de rive neuve 13007 Marseille Pour déjeuner La piscine sur le VieuxPort on y mange très très bien et face à la Bonne Mère et si on est souriant, on est bien reçu. 148 quai du port 13002 Marseille

© Stéphane Kerrad

abord repéré par Jean-Luc Delarue qui le produit lors de ses débuts parisiens, Titoff est ensuite mis en scène par Dominique Farrugia et devient une véritable star de l’humour dans les années 2000. Titoff, c’est son personnage de marseillais insouciant et détaché, dont l’humour peut ébouriffer. Derrière son apparente nonchalante se cache un grand perfectionniste et ce n’est toujours pas bien compris ! « Ce que j’aime bien, c’est le côté second degré, ça permet de dédramatiser. Ça m’a d’ailleurs inspiré dans mon métier. En revanche, Marseillais, on souffre de ce vieil à priori de fainéant depuis le film de Pagnol. On en rit, on exagère, mais malheureusement certains ont vraiment pensé que j’étais un « branleur ». Pourtant, pour le coup, je me suis quand même bien bougé dans ma vie ! ». Pour lui, Marseille est un art de vivre. « Vous savez, dans tous les pays latins c’est ainsi et je trouve qu’il y a actuellement une très belle énergie. Prenez Soprano, Akhenaton et Jul, ils sont de vrais stakhanovistes, des modèles de réussite. En revanche Marseille au volant, c’est compliqué! À la première queue de poisson je sais que je suis arrivé chez moi et ça arrive rapidement, au bout de 5 minutes en général quand je rentre de Marignane. Un sujet dont il rit mais la sécurité routière est un thème grave auquel il est très sensible. Le film Cavalcade dans lequel il interprète

magistralement un jet-setter qui finit sur un fauteuil roulant à la suite d’un accident de voiture l’a profondément marqué. Un été dans sa région, «de toutes façons on est en vacances à Marseille. J’aime bien aller du côté de Porquerolles ou Hyères je vais peutêtre aller en Corse ». Pour la rentrée c’est enfin la reprise de son spectacle, « Optimiste » dans lequel il brosse un portrait sociétal complet : actualité, famille, télé… Rien n’est épargné dans cette revue des petits et des grands moments du quotidien, truculent! Il travaille sur l’écriture d’un film et rempile avec bonheur (et le notre) aux grosses têtes sur RTL. 130

Pour prendre l’apéro À vrai dire, ce que j’aime c’est rentrer dans n’importe quel bar au hasard et commander une bonne Momie, nous les Marseillais on peut parler à un lampadaire ! Pour se détendre Le Tuba aux Goudes est un paradis, le concept d’être sur les rochers est juste magique ! 2 Bd Alexandre Délabre 13008 Marseille À connaitre Viva samba on y trouve le top du déguisement. Une fois on s’est déguisé en famille Hulk, on a bu du Jet 27 toute la nuit. 5 cours Lieutaud 13006 Marseille


© Rémi Bénali

Cet été, à partir du 2 juillet : ETEL ADNAN JAMES BARNOR JULIEN CREUZET CYPRIEN GAILLARD MARIA HASSABI SKY HOPINKA ARTHUR JAFA PRECIOUS OKOYOMON RACHEL ROSE WU TSANG luma.org/arles @luma_arles

Et toujours : CHARLES ARSÈNE-HENRY KERSTIN BRÄTSCH ÓLAFUR ELÍASSON LIAM GILLICK DOMINIQUE GONZALEZ-FOERSTER KONSTANTIN GRCIC CARSTEN HÖLLER KOO JEONG A HELEN MARTEN PHILIPPE PARRENO TINO SEHGAL RIRKRIT TIRAVANIJA FRANZ WEST 35 Avenue Victor Hugo, 13200 Arles


Vivre_Paris_2204-633-5-210x280_BLEU_DE_CHANEL_France.INDD 1

12/05/2022 17:34


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