2020 Rapport d'activité : Protéger le patrimoine pour construire la paix

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Rapport d’activité 2020

Protéger le patrimoine pour construire la paix



Rapport d’activité 2020 Agilité et réactivité au service du patrimoine en danger



TABLE DES MATIÈRES Introduction

5

Avant-propos  6 L’esprit ALIPH : action, action, action !   16

Nos projets

19

ALIPH dans le monde  20 ALIPH en chiffres  22 Plan d’action contre la Covid-19  26 Plan d’action en faveur de Beyrouth  30 Plate-forme d’apprentissage en ligne  34 Notre impact  36

Témoignages du terrain

41

La restauration du patrimoine yézidi : contribution à la stabilité et au retour des habitants du Sinjar (Irak)  43 Tombouctou : les manuscrits d’Al Aqib, des savoirs préservés (Mali)   57 Nos projets achevés  61

Notre vie quotidienne

81

Communication  82 Partenariats  86 Budget et financements  88

Notre gouvernance Notre éthique  92 Conseil de fondation  94 Comité scientifique  96 Comité des finances et du développement  97 Comité d’audit  97 Comité d’éthique, de gouvernance et de rémunération  97 Secrétariat  97 Soutenez ALIPH !  99

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INTRODUCTION

Avant-propos L’esprit ALIPH : action, action, action !


AVANT-PROPOS

Thomas S. Kaplan Président du Conseil de fondation

Durant les deux années qui ont suivi l’entrée en fonction d’ALIPH, le monde a connu d’importantes évolutions et d’inédites perturbations – permettant ainsi de tester l’audacieux concept de « multilatéralisme de projets » sur la base duquel la fondation a été créée. En 2019, ALIPH a marqué le paysage des organisations internationales en s’imposant comme un acteur central de la protection du patrimoine culturel. La jeune fondation genevoise, que j’ai l’honneur et le plaisir de présider depuis octobre 2017, a rapidement dévoilé son immense potentiel, en soutenant des dizaines de projets concrets de protection ou de réhabilitation de sites dans 15 pays en situation de conflit ou en sortie de crise, de l’Irak au Mali. L’année 2020 a été d’une tout autre nature. L’irruption de la pandémie de Covid-19 a entraîné d’incroyables défis et nous a tous confrontés à une réalité extrêmement difficile. Cette situation a également été synonyme de douleur immense et d’anxiété durable pour des millions de personnes. Lorsque nous nous penchons sur l’année écoulée, nos pensées se tournent en premier lieu vers ceux qui ont directement souffert de cette tragédie - tant sur le plan physique que moral. Que pouvait faire ALIPH tandis que le monde entier traversait cette éprouvante expérience – celle d’une urgence sanitaire associée à de lourdes conséquences économiques, sociales et culturelles ? En un mot : agir. Agir, encore et encore. Fidèle à notre credo et en cohérence avec notre approche axée sur l’impact concret de notre action – ce que notre Vice-président S.E. Mohamed Al Mubarak appelle « la méthode ALIPH » – la Fondation s’est rapidement mobilisée pour venir en aide aux opérateurs confrontés à la Covid-19, à chaque fois que cela pouvait être utile et faire la différence. Toutes ces initiatives ont rendu service à de nombreuses institutions patrimoniales, et tout particulièrement aux organisations modestes qui s’occupent du patrimoine culturel sur le terrain, et dont la survie même était menacée par l’effet de la pandémie sur leur activité et leur accès aux financements. Grâce à sa réactivité et à sa flexibilité, ALIPH a joué un rôle essentiel dans l’atténuation des conséquences désastreuses – et généralement négligées, compte tenu d’autres priorités à plus large échelle – de la pandémie de Covid-19 sur le secteur de la protection du patrimoine culturel et les moyens de subsistance de ses professionnels. Ainsi, en avril 2020, la Fondation a consacré une première enveloppe de 2 millions de dollars au financement de mesures d’urgence extrêmement concrètes (achat de masques, mise en œuvre de réglementations sanitaires, couverture de frais de fonctionnement, amélioration de l’accès à Internet, soutien à la numérisation des

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collections, formation en ligne, etc.), au profit d’une centaine de musées, d’institutions culturelles, d’associations de protection du patrimoine et de groupes d’artisans situés dans 37 pays particulièrement vulnérables. Les retours positifs et sans réserve reçus de la part de ces différents acteurs ont renforcé notre conviction quant au caractère décisif d’une assistance rapide et personnalisée pour faire face à ce nouveau type de « guerre ». Quelques mois plus tard, Beyrouth allait devenir le théâtre d’une nouvelle catastrophe, avec la double explosion qui a touché son port. Les images de demeures historiques, de musées, de monuments et de lieux de culte balayés par la conflagration ont choqué le monde entier et laissé une marque indélébile de tristesse dans les esprits de tous ceux qui chérissent tant cette magnifique ville. Cet événement est également devenu un symbole puissant, quoique tragique, d’un peuple frappé par une profonde et insoluble crise. ALIPH ne pouvait pas ne pas être aux côtés des habitants de Beyrouth, fiers et inventifs, héritiers d’une grande civilisation méditerranéenne, au carrefour de l’Orient et de l’Occident. En septembre 2020, grâce à un réseau éprouvé de partenaires locaux et internationaux, la fondation a pu soutenir la stabilisation et l’étanchéisation de plus de 30 demeures historiques, ainsi que la réhabilitation de plusieurs institutions culturelles et édifices religieux – dont le musée Sursock, le Musée national de Beyrouth, la cathédrale grecque-orthodoxe Saint-Georges ou encore la cathédrale maronite Saint-Georges. Autant de preuves tangibles de solidarité et sources concrètes d’espoir que notre Vice-présidente, Bariza Khiari, a fait valoir lors de sa visite au Liban, aux côtés du Président Macron, peu de temps après cet événement traumatisant. L’année 2020 a également été témoin de l’éclatement de nouveaux conflits durant lesquels le patrimoine culturel a constitué non seulement un dommage collatéral, mais aussi une cible effective. Ces guerres civiles et régionales rappellent que l’instrumentalisation du patrimoine à des fins politiques et militaires va bien audelà du terrorisme islamiste des deux dernières décennies, pour englober des phénomènes plus vastes et complexes, caractérisés par l’accent mis sur les revendications identitaires, les discours à somme nulle et l’exclusion systématique. Là encore, ALIPH s’est efforcée d’être à l’avant-garde de cette frontière émergente et hautement volatile de la conservation du patrimoine en danger. Pour mener à bien ces campagnes, la fondation a la chance de bénéficier de la sagesse et de l’expérience de dirigeants tels que S.A. le prince Badr bin Abdullah Al Saud, membre du Conseil de fondation et ministre de la Culture d’Arabie saoudite. Avec plus de 18 millions de dollars engagés sur quatre continents, y compris en faveur de la préservation de la majestueuse citadelle de Bala Hissar au cœur de Kaboul, en Afghanistan, 2020 s’est révélée être une année de consolidation et d’expansion pour ALIPH. Elle nous a permis de renforcer notre fonction centrale de financement de projets de qualité et qui font la différence, et de réagir à des besoins inattendus et négligés avec rapidité et efficacité. Il s’agit là d’une importante étape dans notre ambition de protéger le patrimoine pour construire la paix. Rien de cela n’aurait pu être accompli sans l’engagement sans faille de notre Secrétariat, le dévouement constant de notre Conseil de fondation, de notre Comité scientifique et de tous nos organes de gouvernance, et l’indéfectible soutien de nos États membres et partenaires privés. Comme toujours, le mérite revient en définitive aux véritables héros qui œuvrent dans l’ombre en faveur de la protection du patrimoine culturel : ces femmes et ces hommes dont la vocation est de sauver les trésors du passé, pour que notre présent soit solidement ancré et notre avenir toujours plus prometteur. Je tiens à faire part à tous de ma plus sincère gratitude et de ma plus grande admiration. Merci de contribuer avec tant de passion à cette fantastique aventure qu’est ALIPH et, à travers ce singulier voyage, à la protection et à la célébration de notre commune humanité.

Introduction  |  7


Bariza Khiari Représentante de la France et Vice-présidente du Conseil de fondation

La France attache une grande importance à la protection du patrimoine, car celuici est non seulement une source d’émerveillement et d’inspiration pour chacun, mais aussi un lien entre les générations, un héritage reçu de nos ancêtres que nous avons le devoir de transmettre à nos enfants, un lieu de rencontre et de dialogue entre peuples, cultures et religions. C’est un marqueur d’identité autant qu’un passeur d’idées, de savoirs et d’émotions. En 2020, cette priorité s’est traduite en France par l’aide apportée par les pouvoirs publics au secteur du patrimoine, particulièrement frappé par la crise de la Covid-19, comme l’illustrent les avancées notables du chantier de restauration de Notre-Dame de Paris, après le terrible incendie d’avril 2019, ou encore le succès de la Fondation du patrimoine. L’organisation internationale qu’est ALIPH est, dans les zones en conflit, l’expression de cette volonté de mettre le patrimoine au cœur des politiques de sortie de crise, de développement économique et social durable, de stabilité et de paix. A cet égard, l’année écoulée aura été décisive pour l’ancrer dans le paysage mondial du soutien au patrimoine, mais aussi de l’aide au développement et des politiques de réconciliation. Ainsi, en 2020, nous avons non seulement reçu un nombre croissant de demandes de financement pour des projets mis en œuvre sur tous les continents, témoignage de l’ampleur des besoins, mais aussi ouvert la discussion sur le patrimoine comme vecteur de développement et de paix avec des partenaires aussi déterminants que la Banque mondiale ou l’Union européenne. Et ce qu’ALIPH peut apporter au débat et à l’action de la communauté internationale, c’est à la fois une vision, une approche et une méthode. La vision, c’est celle de considérer que la protection du patrimoine peut être un moyen au service d’objectifs plus globaux de politique publique, comme la construction de la paix, sans pour autant négliger son importance en tant que tel, ce qu’il est, à savoir une nourriture essentielle à l’âme humaine, et pas moins dans les zones de guerre qu’ailleurs. Notre approche consiste en outre à faire de chaque projet de préservation ou de réhabilitation une occasion de transfert de compétences et de formation des professionnels locaux, de sensibilisation à la protection du patrimoine ou à la lutte contre le pillage et le trafic illicite de biens culturels, ou encore de dialogue entre experts, populations et communautés. Quant à notre méthode, c’est celle d’un multilatéralisme par la preuve, axé sur la priorité accordée au terrain, aux projets concrets et à la réactivité.

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Introduction  |  9



S.E. Mohamed Khalifa Al Mubarak Président, département de la Culture et du Tourisme – Abou Dabi Représentant des Emirats arabes unis et Vice-président du Conseil de fondation

La crise de la Covid-19 n’a pas connu de frontières. Depuis plus d’un an, la pandémie a changé le monde, faisant des ravages humains, affectant la vie quotidienne de chacun et provoquant une crise économique mondiale. Elle a également eu un impact sur notre capacité à protéger le patrimoine culturel au profit des générations actuelles et futures. La jeune organisation qu’est ALIPH, fondée seulement en 2017, a dû ainsi faire face, dès ses premières années d’existence, au défi exceptionnel des événements de 2020. Or, en tant qu’unique fonds mondial exclusivement consacré à la protection du patrimoine dans les zones de conflit, sa mission, vitale, ne pouvait être entravée, quelles que puissent être les circonstances. La résilience et l’engagement ont ainsi été les thèmes clés de 2020. En effet, en dépit des restrictions imposées par la pandémie pour travailler physiquement ensemble, sur le terrain, au plus près du patrimoine, les personnels, les institutions, les professionnels et les communautés ont veillé sans relâche à assurer sa conservation. Rapidement, ALIPH a soutenu la mise en place de mesures sanitaires en vue de garantir un accès sûr aux sites et aux collections, et de permettre ainsi la reprise des collaborations sur le terrain. Dans le même temps, les défis soulevés par la pandémie ont stimulé la créativité et l’innovation dans le domaine de la conservation du patrimoine, à travers notamment le développement d’outils numériques de suivi des projets et de nouveaux modèles de mise en œuvre d’initiatives de prévention et de restauration. Ces derniers mois, l’agilité a été l’inestimable principale caractéristique de l’action d’ALIPH, notamment en matière d’évaluation et de financement des projets. Cette qualité a permis à la fondation de répondre rapidement aux nombreuses situations d’urgence de l’année 2020, comme l’explosion du 4 août à Beyrouth, une tragédie qui a suscité solidarité et coopération. Malgré les difficultés soulevées par la Covid-19, 33 nouveaux projets de protection ou de réhabilitation ont été financés par ALIPH en 2020, illustration d’un engagement inébranlable en faveur du patrimoine menacé ou détruit par les conflits dans le monde. Si nombre d’entre eux sont situés au Moyen-Orient ou en Afrique, ALIPH soutient désormais aussi davantage de projets en Amérique du Sud et en Asie, mettant ainsi en évidence l’ampleur des besoins d’intervention post-conflit à travers le monde et la vocation internationale d’ALIPH, telle que consacrée dans la déclaration d’Abou Dabi de 2016. Ayant réussi à faire face à des circonstances aussi extraordinaires, il ne fait aucun doute qu’ALIPH est pleinement équipée pour aller de l’avant, avec ambition, quoi que l’avenir puisse lui réserver. J’ai hâte de pouvoir être le témoin de l’impact positif de son action sur les communautés et les nations dans les années à venir.

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S.A. le prince Badr bin Abdullah bin Farhan Al Saud Ministre de la Culture du royaume d’Arabie saoudite Représentant du royaume d’Arabie saoudite au Conseil de fondation

Ces deux dernières décennies, plusieurs événements internationaux ont fait vivre une effroyable tragédie à de nombreux et précieux sites patrimoniaux dans le monde. Dans notre région et au-delà, cette situation a entraîné d’importantes pertes dans les domaines des arts, de la littérature, des structures historiques, des traditions, du patrimoine, ainsi que de toutes les autres composantes qui forment ensemble la culture d’une société. Toutefois, nous, les êtres humains, sommes extrêmement résilients ; nous pouvons survivre à n’importe quel environnement et nous relever de presque toutes les difficultés. Et ce sont notre histoire, nos traditions et notre patrimoine collectifs, depuis des générations, qui nous permettent de nous redresser et d’aller de l’avant. Telle est la conviction fondamentale sur laquelle se fonde l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (ALIPH). Dans ma fonction de ministre de la Culture du royaume d’Arabie saoudite, j’ai encouragé les efforts pour documenter, préserver et faire mieux apprécier la richesse et la diversité du patrimoine et de la culture de notre pays. Nous avons le privilège de disposer des moyens nécessaires en la matière, le développement du secteur culturel constituant un élément essentiel du plan de transformation national de l’Arabie saoudite – Vision 2030. Les nations en situation de conflit ou en sortie de crise, elles, disposent de ressources limitées, ce qui les amènent souvent à accorder la priorité à d’autres besoins plus imminents de leurs concitoyens. Et leurs précieux moyens ne concernent ainsi que rarement la protection des sites patrimoniaux et des traditions, en dépit du caractère crucial de tels efforts. En tant que membre du Conseil de fondation d’ALIPH, au sein duquel je représente le royaume d’Arabie saoudite depuis 2019, j’ai vu cette alliance d’États souverains et d’acteurs privés engagés consacrer d’importants moyens à la protection du patrimoine dans les circonstances les plus éprouvantes et les zones de conflit les plus difficiles. J’ai également vu ALIPH aller audelà de son mandat principal dans les circonstances exceptionnelles de 2020. Son plan d’action contre la pandémie de Covid-19 et son soutien engagé envers le patrimoine du Liban, après la catastrophique explosion survenue dans le port de Beyrouth, sont deux exemples qui illustrent l’approche suivie par la fondation en vue de protéger le patrimoine. Ce n’est qu’en reconnaissant la diversité de sa culture et la complexité de son histoire que l’humanité évoluera collectivement. Au cours du siècle dernier, nous avons assisté à la naissance d’organisations multilatérales vouées à la paix dans le monde. ALIPH s’inscrit dans la lignée de cet héritage, et ce n’est qu’à travers le dialogue et la compréhension de qui nous sommes et d’où nous venons que nous pouvons espérer bâtir un monde plus tolérant, compréhensif et coopératif. La priorité immédiate d’ALIPH est de protéger le patrimoine mondial, mais son héritage de long terme sera celui d’une nation humaine qui a grandi ensemble en l’absence de conflit armé.

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Jean-Luc Martinez Président-directeur du Musée du Louvre Président du Comité scientifique

Le Comité scientifique d’ALIPH a concentré son expertise sur l’adaptation des actions d’ALIPH à la réponse aux urgences du patrimoine culturel dans les zones de conflit, où les risques sur les sites, musées et collections ont été accrus par la crise sanitaire internationale en 2020. Après l’explosion catastrophique du 4 août à Beyrouth, le Comité scientifique a accompagné les demandes des autorités libanaises face à l’urgence extrême du musée national de Beyrouth, du musée Sursock et des maisons historiques. Près de 20 projets ont été examinés dans ce cadre. Un mois plus tard, les premiers travaux étaient en cours, prouvant l’agilité de la méthode d’intervention d’ALIPH : financer des projets en s’appuyant sur une expertise locale et internationale. Le Comité scientifique encourage le développement des activités d’ALIPH vers des terrains où l’action est plus difficile, en particulier la Libye. ALIPH a pu financer en urgence la protection des sites majeurs d’Apollonia et Erythron-Latrun, en Cyrénaïque. Ces actions complètent des programmes de développement des capacités techniques des équipes libyennes, pour permettre la protection et la valorisation à long terme d’un patrimoine de l’humanité aujourd’hui menacé par ce conflit intérieur. Je remercie l’ensemble des membres du Comité scientifique pour la qualité de leur expertise, leur constance et leur réactivité, qui contribuent au succès des actions d’ALIPH sur le terrain.

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Valéry Freland Directeur exécutif

Aller sur le terrain, encore et toujours Rien ne vaut un déplacement sur le terrain pour mener à bien notre mission de protection concrète du patrimoine en danger. Aller sur les sites pour évaluer les besoins ou les projets en cours, rencontrer les populations, les autorités publiques ou religieuses, s’entretenir avec les professionnels et les opérateurs, locaux ou internationaux, sont les conditions indispensables du succès de notre action. A cet égard, en dépit de la pandémie, ALIPH s’est efforcée ces derniers mois de préserver des liens étroits avec les forces vives du patrimoine, que ce soit à travers son plan d’action pour lutter contre la Covid-19, qui lui a permis de soutenir les réseaux locaux, le contact permanent avec les acteurs des pays d’intervention, comme en Irak, au Yémen ou dans le nord-est de la Syrie, ou encore, malgré tout, le visage à demi couvert par un masque, des missions dans les pays en guerre ou en sortie de crise. Ainsi, nous nous sommes rendus au Mali, et notamment à Gao, en mars 2020 ; à Beyrouth, en septembre de cette même année, juste après l’explosion du port ; ou en mars 2021 en Afghanistan, où nous avons pu découvrir, émerveillés, la diversité et la profondeur historique du patrimoine afghan et l’ampleur de la tâche. Et à chaque fois, cette présence au plus près des besoins et des acteurs nous a confortés dans l’idée de l’attachement de chacun, à la fois charnel et spirituel, à son patrimoine. Je ne peux d’ailleurs m’empêcher de repenser ici au sourire de la gardienne de l’église Saint Antoine de Déddé, dans le nord du Liban, dont nous soutenons la restauration par l’Œuvre d’Orient, ou encore aux regards des enfants venus à notre rencontre sur le site du magnifique stupa bouddhique de Shewaki, réhabilité avec notre appui par l’association locale ACHCO (Afghan Cultural Heritage Consulting Organization). C’est pour cette femme, pour cette jeunesse, qu’ALIPH existe et que nous travaillons.

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L’ESPRIT ALIPH : ACTION, ACTION, ACTION !

L’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (ALIPH) est l’unique fonds mondial exclusivement consacré à la protection et à la réhabilitation du patrimoine culturel dans les zones en conflit ou post-conflit. Elle a été créée en réponse à la destruction massive du patrimoine culturel, qui s’est intensifiée depuis vingt ans, principalement en raison du terrorisme et des conflits au Moyen-Orient et au Sahel. L’alliance a été lancée en 2017 sous la forme d’un partenariat public-privé réunissant huit pays et trois donateurs privés. Installée à Genève, cette fondation de droit suisse dispose du statut d’organisation internationale. A la fin de l’année 2020, ALIPH avait engagé plus de 35 MUSD au soutien de plus de 100 projets dans 22 pays, sur 4 continents. ALIPH a pour priorité de soutenir des projets concrets et de terrain et de travailler le plus étroitement possible avec les autorités, les communautés et les acteurs locaux. L’esprit qui guide ALIPH se résume en trois mots : « action, action, action ! ». L’organisation est ainsi gérée en mode startup, sans que ni la qualité ni la rigueur ne soient compromises. Tous les projets sont en effet soigneusement examinés, dans le cadre d’appels annuels ou tout au long de l’année pour les mesures d’urgence, par le Secrétariat, le Comité scientifique et un réseau de 200 experts internationaux, avant d’être approuvés par le Conseil de fondation.

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NOS PROJETS

ALIPH dans le monde ALIPH en chiffres Plan d’action contre la Covid-19 Plan d’action en faveur de Beyrouth Plate-forme d’apprentissage en ligne Notre impact


ALIPH DANS LE MONDE

En 2020, ALIPH a étendu son action dans le monde, soutenant plus de 100 projets dans 22 pays, sur 4 continents.

BosnieHerzégovine

Liban Libye

Mauritanie

Pérou

Chili

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Niger

Côte d’Ivoire

Mali


Soudan

Palestine

Cambodge

Somalie

République Démocratique du Congo (RDC)

Turquie A propos du patrimoine syrien et nord-est de la Syrie

Géorgie

Afghanistan Irak

Yémen

Erythrée

Ethiopie

Nos projets   |  21


ALIPH EN CHIFFRES Vue d’ensemble 2018-2020 : appels à projet, aide d’urgence et plan d’action Beyrouth* Projets soutenus

Fonds engagés

47

14 239 531 $

17

2 318 532 $ TOTAL 33 947 614 $

6

TOTAL 109

16 024 251 $

39

2018

2019

2020

1 365 300 $

Plan d’action Beyrouth (2020)

* Les chiffres indiqués ici ne comprennent pas les projets soutenus dans le cadre du plan d’action Covid-19.

Appels à projets : augmentation constante du nombre de projets soumis et soutenus Propositions soumises 2018

Projets soutenus

5

1er appel à projets (2019) 2e appel à projets (2019) 3e appel à projets (2020) TOTAL

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50

13

76

20

102

33

228

71


Mesures d’urgence : faire face rapidement aux risques imminents 55 000 $ Fonds engagés * TOTAL 1 299 544 $ Projets soutenus TOTAL 21

321 197 $

1 6

923 347 $

14 2018 2019 2020 * Pour les projets décidés en 2018-2019, les montants indiqués comprennent les éventuelles augmentations de budget approuvées en 2020.

Appels à projets : montée en puissance des engagements financiers Fonds demandés 2018

1 310 300 $

1er appel à projets (2019)

34 838 149 $

2e appel à projets (2019)

34 437 635 $

3e appel à projets (2020) TOTAL

Fonds engagés*

6 306 714 $

51 295 886 $

9 435 940 $

13 276 584 $

120 571 670 $

30 329 538 $

* Pour les projets décidés en 2018-2019, les montants indiqués comprennent les éventuelles augmentations de budget approuvées en 2020.

Nos projets   |  23



2018–2020 : soutien à plus de 100 projets dans 22 pays sur 4 continents

26 9

10

$

6 5

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$

50  9 22

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6 164 $

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178 $

Nombre de projets

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$ 33 947 614 Nombre de projets

9 59

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Fonds engagés

61 808 $

11

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367 719

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18

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4

* Les pays qui ont reçu un soutien d’ALIPH pour la première fois en 2020. Les chiffres indiqués ici ne comprennent pas les projets soutenus dans le cadre du plan d’action Covid-19.


« Lorsque la pandémie a frappé, nous savions que nous devions aider immédiatement les sites du patrimoine culturel ainsi que les femmes et les hommes qui y travaillent. Notre flexibilité nous a permis de répondre à leurs besoins urgents et de débloquer des fonds dans un délai très court. » Rosalie Gonzalez, Chargée de projets, ALIPH

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PLAN D’ACTION CONTRE LA COVID-19 L’année 2020 aura été marquée par la pandémie de la Covid-19 et son impact dévastateur sur la vie de chacun. Le secteur du patrimoine culturel n’aura pas été épargné par cette catastrophe, qui a entraîné la fermeture de monuments, musées, bibliothèques et autres sites culturels et patrimoniaux dans le monde entier. Sans nul doute, ces lieux incarnent des identités et des histoires multiples ; ils sont aussi d’importantes sources d’emplois et d’activité pour les populations locales, experts, ingénieurs, architectes, maçons ou artisans notamment.

Par solidarité avec ces acteurs des pays particulièrement vulnérables, et pour contribuer à les aider à surmonter la pandémie, ALIPH a lancé en avril 2020 un fonds d’urgence contre la Covid-19, destiné à couvrir les coûts liés à la mise en place de mesures sanitaires (masques, gel hydroalcoolique, etc.), mais aussi certains frais de fonctionnement, compte tenu de l’impact de la crise sur les ressources des institutions patrimoniales. ALIPH a en outre financé l’acquisition de technologies de l’information et de programmes d’apprentissage en ligne afin de contribuer à combler la fracture numérique et de renforcer la résilience des opérateurs. Elle a également soutenu des projets de protection d’urgence du patrimoine ou générateurs de revenus. Ainsi, en 2020, ALIPH a engagé 2 MUSD en faveur d’une centaine d’opérateurs de pays en conflit ou particulièrement vulnérables. La fondation a ainsi soutenu directement 48 opérateurs du patrimoine, 43 autres l’étant indirectement à travers des partenariats avec de grandes institutions mondiales de la protection du patrimoine telles que : l’UNESCO, le Conseil international des musées (ICOM), le Prince Claus Fund, le World Monuments Fund, l’association Rempart, l’Aga Khan Trust for Culture et le Petra National Trust. Celles-ci ont eu un rôle décisif pour l’identification des bénéficiaires et l’affectation des fonds. En plus de ces efforts, des programmes de formation et des mesures de protection d’urgence ont été mis en place. Ainsi, l’Institut Archéologique Allemand (DAI) et le Centre français de recherche de la péninsule arabique (Cefrepa) ont coopéré avec l’Organisation générale des antiquités et des musées du Yémen (GOAM) pour renforcer la protection des collections de cinq musées yéménites et fournir des outils numériques et des formations à leur personnel. Le Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM) a en outre conçu des modules d’apprentissage relatifs aux premiers secours à apporter au patrimoine en zones de conflit. Enfin, le Prince Claus Fund a supervisé dix projets de premiers secours du patrimoine culturel et trois projets de réhabilitation en Afrique et en Asie. ALIPH a enfin créé une plate-forme d’apprentissage en ligne sur la protection du patrimoine culturel (https://elearning. aliph-foundation.org/).

Nos projets   |  27


« C’est tout simplement une merveilleuse et grande nouvelle pour Blue Shield Pasifika. Ce sera notre toute première subvention internationale. » Elizabeth Edwards, secrétaire générale, Blue Shield Pasifika, Fidji

« Merci de nous aider dans la mission de sauvegarde et de préservation du patrimoine culturel de cette communauté ethnique, en soutenant le musée communautaire de Mulaló. » Esmeralda Ortiz Cuero, représentante du musée communautaire de Mulaló, Colombie


PLAN D’ACTION COVID-19

« Je voulais juste transmettre les remerciements des artisans et des apprentis que ce fonds d’urgence soutient. C’est tellement important pour leur artisanat, ce patrimoine et son avenir – donc un grand merci en leur nom pour tous vos efforts. » Richard Dwerryhouse, directeur national pour la Jordanie, Turquoise Mountain

Nombre total de projets

91

Nombre total de pays

37

Nombre total d’opérateurs

90

Nombre total de grands partenaires chargés de redistribuer les subventions

6

Fonds engagés

1 296 171 $ Nos projets   |  29


PLAN D’ACTION EN FAVEUR DE BEYROUTH Le 4 août 2020, une grande quantité de nitrate d’ammonium, stockée dans un entrepôt du port de Beyrouth, s’est enflammée, déclenchant une double explosion dévastatrice. Ces violentes déflagrations ont fait de nombreux décès et blessé des milliers d’habitants ; elles ont également provoqué d’importants dégâts structurels dans toute la capitale libanaise, y compris dans ses plus vieux quartiers, portant atteinte aux nombreux bâtiments historiques qui bordent ses rues au caractère unique. De nombreux musées, écoles, édifices religieux, bibliothèques ou maisons historiques figuraient ainsi parmi le patrimoine endommagé.

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« ALIPH a été la première organisation internationale présente à nos côtés. Je dois dire que nous avons été en mesure de conclure un accord, de mettre au point toute la logistique en un mois seulement ! Et nous venons de recevoir les fonds. C’était très rapide, très, très rapide. » Zeina Arida, directrice du Musée Sursock ALIPH a rapidement été l’initiatrice d’une « Déclaration de solidarité avec le Liban et de soutien à la réhabilitation du patrimoine culturel endommagé de Beyrouth », signée par plus de 40 ministères de la Culture, opérateurs du patrimoine, musées et organisations internationales du monde entier. Dans le prolongement de cette déclaration, le Conseil de fondation d’ALIPH a lancé un plan d’action en faveur de Beyrouth de 5 millions de dollars, afin de stabiliser et de réhabiliter ce précieux patrimoine. Mi-septembre 2020, ALIPH, ICOM et ICOMOS ont mené une mission conjointe à Beyrouth afin d’évaluer les dommages, de rencontrer les autorités nationales et locales, et de s’entretenir avec les acteurs du patrimoine et des représentants de la société civile. Pour mener à bien ce plan d’action en faveur de Beyrouth, ALIPH a travaillé en étroite coordination avec la Direction générale des antiquités (DGA) du Liban et divers partenaires internationaux et ONG locales. En six mois, ALIPH a ainsi financé 17 projets, pour un montant de 2,3 millions de dollars, portant sur la stabilisation urgente de plus d’une trentaine de bâtiments menacés d’effondrement ou la réhabilitation d’édifices remarquables et d’établissements culturels. En particulier, ALIPH a soutenu la stabilisation du Musée national de Beyrouth et du Musée Sursock, ainsi que la réhabilitation de la cathédrale grecque orthodoxe Saint-Georges, la cathédrale maronite Saint–Georges, et les bibliothèques nationale et orientale. Ces projets sont menés notamment par la Direction générale des antiquités du Liban, le Musée du Louvre, Arab Fund for Arts and Culture, le Musée Sursock, l’Ecole supérieure des affaires, la National Heritage Foundation (for Beirut Heritage Intiative Campaign), l’Institut français du Proche–Orient (Ifpo), Institut national du patrimoine, Prince Claus Fund, l’Œuvre d’Orient, Monumenta Orientalia, l’université Saint–Joseph, etc. Chacun de ces projets a contribué à la formation et à l’emploi. Nos projets   |  31


« Dès que nous avons appris l’explosion, nous nous sommes mobilisés afin de soutenir nos amis et collègues de Beyrouth. Il s’agissait non seulement de stabiliser rapidement une partie du patrimoine en danger, mais aussi de faire savoir au monde que la communauté internationale du patrimoine était à leurs côtés. » Alexandra Fiebig, Chargée de projets, ALIPH

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Projets soutenus

17

Evaluation urgente

2

Musées

4

Maisons historiques, villas et palais*

5

Etablissements d’enseignement

2

Lieux de culte

2

Bibliothèques

2

33 2 318 532 $

Nombre d’opérateurs et partenaires

Fonds engagés

* 35 bâtiments ont été stabilisé dans le cadre des cinq projets énumérés dans cette ligne.

Nos projets   |  33


PLATE-FORME D’APPRENTISSAGE EN LIGNE https://elearning.aliph-foundation.org/ La pandémie de Covid-19, en rendant plus difficile l’accès des experts et des professionnels internationaux aux terrains d’intervention, a contribué au développement de la formation à distance, transformant ainsi profondément les méthodes de transfert de compétences aux acteurs locaux. Naturellement, le secteur du patrimoine n’a pas été épargné par cette évolution : mieux encore, ALIPH a souhaité l’accompagner en développant une plate-forme d’apprentissage en ligne associant un grand nombre de partenaires et de spécialistes de ce domaine. ALIPH a ainsi lancé, au printemps et à l’été 2020, la première plate-forme d’apprentissage en ligne exclusivement consacrée à la protection du patrimoine dans les zones en conflit ou en sortie de crise. Ce nouvel instrument propose des liens vers des ressources de toutes natures, notamment des cours (MOOC), des tutoriels, des webinaires ou encore des conférences sur la protection du patrimoine, les conflits ou la consolidation de la paix. Ce référentiel classe ces ressources par thème, offre un bref résumé de leur contenu (avec traduction automatique en plusieurs langues) et permet d’y accéder directement. Les cours sont très variés : on relève notamment « The Palmyra Portrait Project : préserver le patrimoine culturel en temps de conflit », proposé par le Getty Research Institute ; « Lignes directrices pour l’élaboration d’une stratégie efficace de stockage des archives », de l’Institut allemand d’archéologie (DAI) ; « Trafic d’antiquités et criminalité liée à l’art », de l’université de Glasgow ; ou encore « Conservation architecturale et préservation historique », de l’Indian Institute of Technology, Kharagpour. Les cours et les programmes sont fournis par des institutions et des experts de premier plan, issus du monde entier, comme notamment : ICOMOS, ICCROM, le Musée du Louvre, le Getty Conservation Institute, Harvard University, The Antiquities Coalition, l’Open University, l’université de Naples, l’Université Numérique Francophone Mondiale (UNFM) ou encore le World Monuments Fund, etc. En novembre 2020, ce référentiel d’apprentissage en ligne comptait 100 entrées et, dans les six mois qui ont suivi, près de 2 000 utilisateurs y ont accédé, issus de plus de 100 pays, le Yémen et l’Irak figurant parmi les 20 premiers pays d’origine.

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« Notre objectif est de mettre ces ressources d’apprentissage en ligne à la disposition d’un nombre croissant de professionnels, et plus particulièrement dans des régions où l’accès à des structures d’apprentissage spécialisées est limité. Nous souhaitons permettre à ces praticiens de s’inscrire à une formation professionnelle en quelques clics, développer les compétences et une expertise là où elles sont les plus nécessaires, et contribuer ainsi à surmonter les effets négatifs sur le patrimoine des conflits prolongés et de l’insécurité. » Andrea Balbo, Chargé de projets, ALIPH

Quelle que soit l’évolution sanitaire dans les prochains mois, la transition vers la formation en ligne ou l’apprentissage mixte, en ligne et en présentiel, aura été largement engagée. C’est pourquoi, au-delà de la nécessité de surmonter la pandémie de Covid-19, ALIPH continuera à enrichir ce référentiel à travers l’agrégation de nouvelles ressources.


RÉACTIONS DE NOS PARTENAIRES :

« C’est fantastique ! Merci d’avoir créé une plateforme centralisée pour ces programmes - c’est un vrai service pour le terrain. J’espère que cela va encourager le développement de ressources supplémentaires pour combler les lacunes. » Daniel Reid, Whiting Foundation

« C’est une ressource absolument formidable pour le domaine, merci et félicitations ! ». Sanne Letschert, Prince Claus Fund

« ...c’est un travail incroyable, et la collection de cours paraît vraiment utile pour les organisations du monde entier. Félicitations ! Nous allons certainement le faire connaître à nos partenaires. » Anna Lauter, Gerda Henkel Stiftung Nos projets   |  35


NOTRE IMPACT PROTÉGER LE PATRIMOINE POUR CONSTRUIRE LA PAIX

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ALIPH : UNE AGILITÉ ET UNE RÉACTIVITÉ AU SERVICE DU PATRIMOINE ALIPH a été fondée à la suite de la destruction massive du patrimoine culturel au Moyen-Orient et au Sahel par le terrorisme et les guerres. Aujourd’hui, une grande partie du patrimoine de ces pays est en péril et, avec lui, la mémoire collective du monde. Mais cet enjeu n’est pas derrière nous : des conflits plus récents témoignent de la vulnérabilité du patrimoine ou de son instrumentalisation. Ce phénomène risque de durer avec la multiplication des conflits régionaux, des guerres qui s’éternisent et pour lesquelles la question identitaire est souvent centrale : le patrimoine est en effet l’un des principaux marqueurs de notre identité. La force d’ALIPH, c’est son agilité, sa capacité à intervenir rapidement, mise en évidence tout au long de l’année 2020. Ainsi, en avril, la fondation a lancé un plan d’action de 2 MUSD, qui a permis d’aider une centaine d’opérateurs du patrimoine, dans 37 pays vulnérables, à surmonter la crise de la Covid-19. Elle a aussi été l’initiatrice, après l’explosion du 4 août 2020, d’un programme de 5 MUSD en faveur du patrimoine de Beyrouth. Enfin, ALIPH a décidé de financer la stabilisation de l’arche de Ctésiphon (VIe siècle), au sud de Bagdad (Irak), la plus grande arche de brique construite avant l’époque moderne (775 000 USD), confrontée à un risque d’effondrement. Cette réactivité est rendue possible grâce à la cohésion de la gouvernance d’ALIPH, à la gestion dynamique de son Secrétariat d’une dizaine de personnes, à la disponibilité des fonds et à une collaboration étroite avec un large éventail de partenaires locaux et internationaux. De plus, en 2019 et 2020, le total des frais de fonctionnement d’ALIPH était inférieur à 10 % de ses dépenses totales, ce qui signifie que 90 % de son budget est consacré au financement de projets concrets et de terrain.

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LA PROTECTION DU PATRIMOINE : UN ENJEU DE LA GOUVERNANCE MONDIALE La question de la protection du patrimoine est de plus en plus prégnante dans les débats internationaux. Ainsi, en 2015, les Nations unies ont adopté l’Agenda 2030 pour le développement durable, dont le onzième objectif, consacré aux villes et communautés durables, invite à « renforcer les efforts de protection et de préservation du patrimoine culturel et naturel mondial ». En outre, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, le 28 mars 2017, la résolution 2347, qui porte exclusivement sur la protection du patrimoine et consacre son rôle dans la construction de la paix et de la sécurité. L’action d’ALIPH, axée sur des projets concrets et de terrain, participe à cette prise de conscience. Derrière le patrimoine des pays en guerre, il y a des hommes et des femmes qui vivent de cet héritage, mais aussi pour lesquels il est une part essentielle de leur identité. Ce patrimoine, parfois arme de guerre, peut ainsi être aussi un vecteur de paix : c’est ce à quoi travaille ALIPH. Et s’il n’est pas forcément la condition essentielle de cette paix, il ne peut y avoir de paix durable sans protection du patrimoine. A travers son action, ALIPH veille à favoriser les partenariats entre opérateurs internationaux et locaux, afin de renforcer l’impact de ses projets. Le patrimoine ne peut être durablement préservé que si les populations et communautés locales participent directement à un projet de protection ou de réhabilitation.

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LA PROTECTION DU PATRIMOINE : UNE CONTRIBUTION AU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET À LA PAIX Protéger le patrimoine, c’est lutter contre le trafic illicite de biens culturels, dont les revenus en font la troisième source de financement du terrorisme. ALIPH finance ainsi plusieurs projets qui visent à protéger du pillage des sites archéologiques, des lieux de stockage de biens culturels (comme dans le nord-est de la Syrie), ou encore les collections de plusieurs musées, comme en Côte d’Ivoire ou au Yémen. La réhabilitation du patrimoine favorise également le développement économique et social, la création d’emplois et la formation, objectifs qui participent aux politiques de stabilisation menées par la communauté internationale, notamment en Irak, au Mali ou en Afghanistan. ALIPH cofinance ainsi avec l’Inde un chantier important : la réhabilitation par l’Aga Khan Trust for Culture du fort Bala Hissar de Kaboul, en vue d’édifier un espace de promenade et de découverte de l’histoire de la ville pour ses habitants. Ce projet, mis en œuvre en lien étroit avec les autorités patrimoniales locales, va créer plus de 1000 emplois. La protection du patrimoine peut aussi contribuer au dialogue interculturel et interreligieux, dès lors que les populations ou acteurs locaux sont initiateurs du projet ou pleinement concernés par celui-ci. ALIPH a ainsi soutenu la réhabilitation du monastère de Mar Behnam en Irak, lieu de pèlerinage chrétien, sunnite et yézidi, qui a donné lieu à un travail exemplaire impliquant toutes les communautés. Protéger le patrimoine, c’est enfin œuvrer pour le développement durable, à travers notamment l’utilisation de matériaux locaux et le recours à des techniques traditionnelles. Ainsi, la réhabilitation du tombeau des Askia, au Mali, est l’occasion de développer l’exploitation d’un bois local et de préserver l’importante tradition du crépissage.

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TÉMOIGNAGES DU TERRAIN

La restauration du patrimoine yézidi, contribution à la stabilité et au retour des habitants du Sinjar (Irak) Azhar Al-Rubaie Tombouctou : les manuscrits d’Al Aqib, des savoirs préservés (Mali) Dédé Faconam d’Almeida Nos projets achevés



LA RESTAURATION DU PATRIMOINE YÉZIDI : CONTRIBUTION À LA STABILITÉ ET AU RETOUR DES HABITANTS DU SINJAR (IRAK) Azhar Al-Rubaie Azhar Al-Rubaie est un journaliste et photographe indépendant et un chercheur irakien. Ses écrits portent sur divers sujets, notamment la politique, la santé, la société, les guerres et les droits de l’homme. Ses articles sont parus dans VICE, Middle East Eye, Al-Jazeera, AlMonitor, The New Arab, The Arab Weekly, le site internet de la London School of Economics (LSE) et d’autres encore.

Près de six années se sont écoulées depuis la libération du district de Sinjar (département du gouvernorat de Ninive), qui a mis fin à l’emprise de Daech et à une campagne systématique de destruction menée contre la communauté yézidie. Le groupe terroriste a en effet détruit des temples et des centres religieux datant du XIIe siècle, composante essentielle du patrimoine de cette communauté. L’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (ALIPH), en collaboration avec des organisations locales, a joué un rôle de premier plan en finançant la réhabilitation de ce patrimoine et de mausolées, cruciaux aux yeux des Yézidis, notamment ceux de cheikh Hassan, cheikh Manad et Mam Rashan, situés à Sinjar, ainsi que le bois sacré de cheikh Bakr, à proximité de Bahzani, un village au nord-est de Mossoul. Témoignages du terrain  |  43


Les mausolée cheikh Hassan et cheikh Manad : la lumière au bout du tunnel L’appui à la reconstruction des temples et des mausolées yézidis a répondu à une demande forte des populations locales, exprimée dès la libération de cette région du contrôle de Daech, le 13 novembre 2015. Les rites religieux et les manifestations publiques pratiqués par cette communauté sont en effet étroitement liés à ces sanctuaires. L’ONG internationale Nadia’s Inititiative a ainsi remis en état le mausolée cheikh Hassan du village de Kabara, détruit par Daech en juillet 2015, ainsi que le mausolée cheikh Manad, situé à Gedala, à la suite de sa destruction le 14 août 2014. Le mausolé a été restauré en collaboration avec deux organisations de la société civile: Sanabel Future for Civil Society Development (Sheikh Hassan) and Nabu Organization for Awareness (Sheikh Mand). Ci-dessous, le mausolée cheikh Manad, situé dans le village de Gedala, détruit par Daech le 24 août 2014 (après sa restauration).

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Salah Hassan, coordinateur de communication chez Nadia’s Initiative, a ainsi précisé : « Les travaux de remise en état des mausolées cheikh Hassan et cheikh Manad ont commencé en novembre 2020 et se sont achevés en avril 2021, pour un coût total de plus que 85,000 USD. Malgré les défis posés par la pandémie de Covid-19 et le relief escarpé et difficile de cette région, nos efforts ont été couronnés de succès. Lorsque nous avons inauguré les deux mausolées, un grand nombre d’habitants de la région se sont rendus à la cérémonie, compte tenu de son importance religieuse pour la communauté yézidie. Et ils ont organisé des prières et les rites religieux qu’ils avaient coutume de pratiquer avant que Daech ne détruise les deux sites. » Nous avons croisé Kernos Qaru Omar, habitant du village de Kabara, lors de sa visite au mausolée cheikh Hassan. Il a affirmé : « J’ai ressenti un bonheur indescriptible en voyant le mausolée qui était en ruine se redresser à nouveau. Le message envoyé aux groupes terroristes extrémistes est clair : ils ont échoué à nous anéantir, malgré plusieurs tentatives, car nous sommes déterminés à survivre et à relever le défi. Je me souviens du jour où Daech a détruit le mausolée. Je me trouvais dans le camp de réfugiés, avec ma famille, lorsque la nouvelle est tombée. Nous avons tous pleuré, et aujourd’hui nous sommes témoins de sa reconstruction, tel qu’il était autrefois. »

Ci-dessus, le mausolée cheikh Hassan, situé dans le village de Kabara, détruit par Daech en juillet 2015 (après sa restauration).

Et Omar d’ajouter : « Nous venons au mausolée cheikh Hassan tous les mercredis pour prier, invoquer Dieu et allumer des cierges à l’huile d’olive bénite, afin de promouvoir l’amour et la paix au sein du peuple irakien. Nous venons également pour visiter les tombes non loin d’ici, pour partager la nourriture avec nos proches et nous entraider. Nous espérons que la campagne de reconstruction se poursuivra dans le district de Sinjar, et que les organisations nous apporteront leur appui afin que nous puissions retrouver pleinement notre vie d’antan et pratiquer en paix nos rites avec nos proches. »

Témoignages du terrain  |  45


Hussein Nayef Khodr, le responsable du mausolée cheikh Manad, qui réside à Gedala, m’a confié que les habitants revenaient progressivement depuis la reconstruction du mausolée : « Des dizaines de Yézidis sont revenus dans le district de Sinjar, et sont heureux de voir le mausolée rouvrir ses portes aux visiteurs et aux fidèles. » Il a ajouté : « Il m’était moins pénible de voir ma maison détruite, tant ce mausolée a une très grande importance pour nous tous. Lorsque Daech l’a fait exploser, un certain nombre de femmes, âgées de plus de 80 ans, qui ne pouvaient pas s’échapper dans la montagne, s’y cachaient. »

Ci-dessous, le mausolée cheikh Manad, situé dans le village de Gedala, détruit par Daech le 24 août 2014 (après sa restauration).

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Ci-contre, Hussein Nayef Khodr, responsable du mausolée cheikh Manad.


« Je veux que les personnes disparues et celles capturées par Daech dans des zones éloignées reviennent. J’ai perdu sept membres de ma famille. » Hussein Nayef Khodr, chef du temple cheikh Mand

Ci-dessous, le mausolée cheikh Manad, situé dans le village de Gedala, détruit par Daech le 24 août 2014 (après sa restauration).

Témoignages du terrain  |  47


Les travaux au mausolée Mam Rashan : reconstruire ce qui a été détruit par Daech

Avec l’appui du World Monuments Fund (WMF), l’Organisation yézidie de documentation (Eyzidi Organization for Documentation-EOD), en collaboration avec un réseau d’experts, a lancé un projet d’étude et de documentation de la région où se situe le mausolée Mam Rashan. Ces travaux ont commencé en septembre 2020 et se sont achevés en octobre de la même année.

La reconstruction du mausolée Mam Rashan se déroule en trois phases : recherche et évaluation (1-4 mois), restauration (5-14 mois) et finition (15-18 mois). Ces travaux sont supervisés sur le terrain par l’ingénieur Mirza Haju Murad et l’ingénieur, conseiller pour les affaires religieuses, Khairi Kdi, d’EOD, fondée en 2014, à la suite de l’extermination de la population yézidie. La mission de cette organisation est de documenter les actes d’extermination et les crimes, par le recueil de preuves, et d’encourager les habitants à retourner à Sinjar, maintenant que la zone est sécurisée.

Ci-dessous, les restes du sommet du dôme du mausolée Mam Rashan après sa destruction.

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Ci-contre, au sommet du mont Sinjar, le mausolée Mam Rashan, détruit par Daech en 2014 (avant sa restauration).


L’équipe d’EOD a ainsi conclu à la nécessité, après une enquête de terrain au mont Sinjar, de reconstruire le mausolée Mam Rashan. Selon Mirza Haju Murad, ingénieur chargé du projet de remise en état du mausolée : « Le WMF a fourni un appui suffisant pour que nous puissions finir toutes les étapes de restauration du mausolée, de la phase de recherche et d’évaluation, jusqu’à la reconstruction complète de l’édifice. Nous nous engageons à pleinement respecter la tradition religieuse pour la reconstruction de ce mausolée, notamment la forme de la coupole et autres détails cultuels. Bien que certains matériaux de construction essentiels soient modifiés, le modèle religieux et architectural du mausolée reste inchangé. Les matériaux utilisés autrefois étaient fabriqués manuellement, à partir de mortier de chaux et de plâtre, ainsi que d’autres pierres. En raison des progrès réalisés à l’heure actuelle, nous pouvons remplacer certaines matières par d’autres, de meilleure qualité. » Ci-contre, le lieu où les travaux de reconstruction ont été réalisés, dans le cadre de la restauration du mausolée Mam Rashan.

Témoignages du terrain  |  49


Nous sommes partis à la rencontre du religieux yézidi Kamal Bedley Juli, responsable du mausolée Mam Rashan. Deux fois par semaine, il faisait plusieurs kilomètres à pied pour se rendre sur le site détruit à l’explosif par Daech, en 2014. « Je n’ai jamais eu le sentiment de parcourir une grande distance, car je l’ai fait en étant au service de Dieu et de ma religion. Je suis heureux d’avoir été témoin de la reconstruction de ce mausolée et d’y avoir contribué. J’ai travaillé dans ce mausolée pendant 12 ans et il fait partie de moi. » Juli n’a pas quitté la région du Sinjar, une fois cette dernière envahie par Daech, le 3 août 2014. Il s’est, bien au contraire, porté volontaire pour combattre l’organisation et défendre sa communauté et ses lieux de culte.

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Ci-contre, le religieux yézidi Kamal Bedley Juli bénit la construction de la nouvelle salle d’accueil du mausolée Mam Rashan.

« Malheureusement, j’ai perdu mon cousin et son fils. J’ignore encore le sort de plusieurs de mes amis. Ce qui m’a fait le plus mal, c’est d’assister à l’explosion du mausolée, le 16 octobre 2014, depuis le mont Sinjar. Un sentiment de tristesse et une sensation de choc m’ont envahi quand j’ai vu le mausolée, que nous avons protégé depuis sa construction en 1844, partir en fumée entre les mains de Daech. Je remercie l’ensemble des organisations internationales qui ont œuvré pour la reconstruction des sites détruits. La restauration des temples et des mausolées sacrés joue un rôle primordial pour encourager les Yézidis déplacés à rentrer chez eux après avoir été chassés par Daech. Nous avons constaté aussi que les habitants de la région visitaient de plus en plus ces endroits sacrés, et cela nous fait plaisir. » Ci-contre, l’ingénieur Mirza Haju Murad montre deux photos du mausolée Mam Rashan, l’une prise avant sa destruction, l’autre après.

Kamal Bedley Juli, chef du sanctuaire Mam Rashan

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La ferme de cheikh Bakr Al Qatani renaît de ses cendres. « Nous sommes très heureux ! » témoignent les agriculteurs. À douze kilomètres au nord-est de Mossoul, nous atteignons la ferme de cheikh Bakr Al Qatani, à BaashiquaBahzani, où un bois sacré de 3 000 oliviers a été remis en état. Daech avait brûlé 800 arbres et endommagé 2 200 d’entre eux au cours des attaques survenues entre 2014 et 2016. L’olivier est un arbre sacré et cher au cœur des Yézidis, car ces derniers utilisent l’huile d’olive lors de leurs fêtes religieuses. Il constitue aussi le gagne-pain de 50 agriculteurs qui travaillaient auparavant dans la ferme. Le centre socio-culturel Lalesh a lancé le projet de réhabilitation de la ferme de cheikh Bakr Al Qatani. Les premiers travaux consistaient à nettoyer les arbres endommagés, à déraciner ceux qui étaient brûlés et à les remplacer par de nouveaux oliviers. Ensuite, une clôture a été dressée afin de protéger la ferme des animaux et du vandalisme. Nous avons rencontré Mumtaz Ibrahim, l’ingénieur agronome qui s’occupe de la ferme d’Al Qatani, qui a indiqué : « La réhabilitation de cette ferme s’est déroulée en trois phases : lors de la première, il s’agissait d’élever une clôture de 2 400 mètres de long. Ensuite, nous avons mis en place 200 mètres de canaux d’irrigation. Enfin, nous avons planté 1 185 arbres. »

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Photo de gauche et ci-dessus, les oliviers de la ferme de cheikh Bakr Al Qatani et les canaux d’irrigation.

Ci-contre, un agriculteur fait venir l’eau des canaux jusqu’aux oliviers.

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« Les oliviers endommagés ont surtout besoin d’eau, mais il leur faut en moyenne trois ans pour pousser. » Ibrahim, ingénieur de la ferme

Ci-contre, les canaux de la ferme de cheikh Bakr Al Qatani.

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Chamel Sulaiman Murad Lasso, un agriculteur de 52 ans, évoque la spécificité des oliviers que Daech a brûlés quand le groupe s’est emparé, en 2014, du village de Bahzani : « Les oliviers de Bahzani sont parmi les meilleurs au monde ; leur résistance peut dépasser les dix ans sans qu’ils perdent leurs caractéristiques, comme le goût et la couleur de leurs olives. La réhabilitation de la ferme et la construction des canaux nous a permis de protéger les arbres et de les irriguer de manière plus efficace. Cette tâche prenait de longues heures autrefois ; aujourd’hui, elle s’effectue en trente minutes. » Et Lasso d’ajouter : « La restauration de cette ferme nous a changé la vie. Nous sommes tous ravis de voir nos arbres pousser à nouveau, et de pouvoir recourir à des méthodes de travail plus efficaces, grâce à l’investissement des organisations internationales. Ces oliviers font partie de notre identité et, de surcroît, embellissent notre région. » Le budget de ce projet est de 145 000 USD, alloués aux travaux de cette ferme, y compris sa réhabilitation en trois phases. La plantation des arbres a été effectuée du 13 au 25 février 2021, la construction de la clôture en septembre et octobre 2020. Quant aux travaux de mise en place des canaux, ils ont débuté en mars 2021 et sont encore en cours de réalisation.

Ci-contre et ci-dessus, des agriculteurs relient les oliviers récemment Chahd Khoury, la coordinatrice du projet de la ferme de cheikh Bakr Qatani au sein plantés aux canaux.

de l’association Mesopotamia, explique : « Grâce aux fonds des Fondations ALIPH et Saint-Irénée, deux phases de ce projet sont d’ores et déjà terminées, ainsi que 60 % de la construction des canaux, qui sera entièrement accomplie fin mai 2021. Grâce à cette aide, la situation des agriculteurs s’est nettement améliorée et plusieurs vont bénéficier de cette ferme. Ces arbres sont leur héritage, de père en fils. » Les habitants des régions libérées du joug de Daech, y compris ceux du Sinjar, continuent, avec le soutien des organisations internationales et locales, ce combat pour la reconstruction de leurs maisons et des mausolées détruits. De nombreuses personnes cherchent aussi à regagner les territoires libérés et à reprendre une vie normale.

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TOMBOUCTOU : LES MANUSCRITS D’AL AQIB, DES SAVOIRS PRÉSERVÉS (MALI) Dédé Faconam d’Almeida Dédé Faconam d’Almeida est journaliste et spécialiste en communication pour le développement au Mali. Elle collabore ainsi avec plusieurs médias locaux et internationaux. Les questions concernant les droits humains et la construction de la paix la passionnent. Elle dirige depuis novembre 2019 le cabinet de formations et médias Odeka. Dédé Faconam d’Almeida est également productrice et présentatrice TV.

Tombouctou. Au mois de mai, il fait déjà très chaud et la pénombre qui règne dans la salle des manuscrits contraste avec la lumière et la chaleur extérieure. Le sourire dans la voix, Mohamed El Moktar Cissé décrit sa richesse, transmise dans sa famille depuis des générations. « Nous avons ici des manuscrits vieux de plusieurs siècles. On y trouve de tout, des documents scientifiques aux récits historiques et, bien sûr, des milliers de livres religieux. Ils sont écrits dans différentes langues et sur divers supports, comme le papier, mais aussi le cuir… C’est notre bien le plus précieux », explique avec fierté le fils de l’imam de la grande mosquée séculaire qui se dresse majestueusement sur la place qui porte son nom, Sankoré. Les manuscrits, c’est l’âme de cette ville millénaire qui, au fil du temps mais surtout au gré de tous les peuples et des savoirs qui s’y sont croisés, est devenue et reste un haut lieu du patrimoine de l’humanité. Ces manuscrits, le monde entier en a entendu parler après la crise de 2012 dans laquelle ils ont failli disparaître. Face aux menaces destructrices des groupes extrémistes occupants de la ville, les familles détentrices des précieux documents les ont préservés comme elles ont pu. Les habitants de la « capitale du savoir » en ont sauvé des milliers, parfois au péril de leur vie… En janvier 2014, un an après la fin de l’occupation de la ville, la vieille bibliothèque Al Aqib, rattachée à la mosquée Sankoré, est la première à rouvrir et à remettre les manuscrits à disposition du public, explique son directeur. Mohamed El Moktar Cissé souligne qu’ils ont souffert des longs mois passés dans les cantines, alors qu’ils étaient déjà fragilisés par le temps. Après une première initiative pour « leur sauver la vie » comme il le dit, la famille « a écrit une lettre à l’association Archives Manuscrits et Livres Anciens (AMALIA) pour avoir de l’aide ». Le directeur de la bibliothèque se rappelle avoir exprimé dans son courrier l’urgence de mettre en place des mesures de conservation pour les quelque 4 000 manuscrits sous sa responsabilité.

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« Cette collection de manuscrits connaissait des conditions de conservation problématiques », explique Maria Luisa Russo, experte en conservation, gestion et mise en valeur des archives et des bibliothèques, présidente d’AMALIA. Son organisation, explique-t-elle, avec l’appui financier d’ALIPH, a mis en œuvre le projet, « qui visait à la conservation physique des manuscrits, c’est-à-dire leur nettoyage à sec, leur rangement dans des boîtes de conservation ainsi que, dans certains cas, des petites interventions de restauration des feuilles ». Elle poursuit : « Les opérations ont été entièrement réalisées sur place. Le tout ajouté au rangement de la pièce où sont gardés les ouvrages. Car il nous fallait aussi travailler sur l’environnement de la conservation. Cela a été possible grâce à la formation du personnel local, à qui nous avons transmis toutes les compétences pour faire le travail. » « Nous avons été séduits par l’approche du projet. Déjà, ils ont bien enquêté, avant même d’accéder à notre demande », se souvient Mohamed El Moktar Cissé. « Ensuite, nous avons bénéficié de formations sur les techniques de la conservation. Ça a tout changé, parce qu’avant on avait des méthodes vraiment rudimentaires : on mettait les manuscrits dans des cantines, on les sortait, on les étalait sur les tables et on les époussetait. Aujourd’hui, on a vraiment évolué  », se réjouit-il. L’opération de conservation, menée entre novembre 2019 et décembre 2020, était nécessaire et revêtait un double enjeu : préserver le contenu mais aussi le contenant. Le manuscrit en tant que bien culturel est avant tout un objet physique avec toutes ses spécificités. « Le texte, on peut le préserver au moyen de la numérisation. Mais le manuscrit physique, on ne peut le préserver qu’en ayant une action pratique sur le bien », souligne Maria-Luisa Russo.

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L’association AMALIA est essentiellement active au Mali et en Italie. L’action à Al Aqib a été appuyée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique du Mali et des contacts ont été pris avec le ministère de la Culture et d’autres départements pour garantir l’ancrage institutionnel du projet. Travailler sur les livres, imprimés ou manuscrits, est important non seulement pour le Mali mais aussi pour le monde entier. A travers ce projet, au-delà de la conservation des documents pour leur valeur historique, artistique et leur esthétique physique, il s’agit de « promouvoir le savoir, la connaissance de ce patrimoine, et pas seulement auprès du public académique : il est également essentiel de transmettre l’importance du rôle des bibliothèques et des livres au grand public, pour contribuer à l’éveil de la conscience civique. C’est pour cela que nous menons aussi des activités pour ouvrir ces espaces aux gens qui n’ont pas accès normalement à ce savoir, aux livres. C’est un ensemble d’actions de protection et de divulgation du patrimoine que dirige la mission d’AMALIA », explique Maria Luisa Russo. Pour Yéhia B., étudiant originaire de Tombouctou, avoir de nouveau accès aux manuscrits « est une chance incroyable ». Comme lui, de nombreux autres étudiants maliens mais aussi étrangers font le voyage pour pouvoir consulter ou même seulement voir les manuscrits de Tombouctou. « Le plus vieux des manuscrits date de 1621, c’est un ouvrage sur l’islam, explique El Moktar Cissé avec émotion. Savoir que je pourrai le transmettre à mon tour est une bénédiction. »

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NOS PROJETS ACHEVÉS

« En rejoignant ALIPH en septembre 2020, en tant que Directrice scientifique et des programmes, j’ai intégré un vaste réseau de partenaires et de collègues – dont certains avec lesquels j’avais déjà travaillé, et d’autres que je rencontrais avec plaisir pour la première fois. Le fait que 14 projets ont déjà été réalisés depuis la création d’ALIPH témoigne de la détermination, de la rigueur scientifique et de l’expertise de chacun d’entre nous. Au nom d’ALIPH, je leur exprime ma gratitude et les félicite tous ! » Maja Kominko, Directrice scientifique et des programmes

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Côte d’Ivoire Abidjan : protection in situ des collections du Musée des civilisations de Côte d’Ivoire Opérateur : Fondation Tapa Le Musée des civilisations de Côte d’Ivoire a perdu une partie de sa précieuse collection en 2011, à la suite des pillages engendrés par la crise politique de l’époque. Le projet a permis de renforcer la sécurité du musée, notamment celle des salles de stockage.

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Irak Hatra : évaluation des dommages et intervention d’urgence sur le site du patrimoine mondial de Hatra, après l’occupation de Daech Opérateurs : Associazione Internazionale di Studi sul Mediterraneo e l’Oriente (ISMEO), en coopération avec le State Board of Antiquities and Heritage (SBAH) Située dans une zone isolée de la steppe désertique du nord de l’Irak, dans le gouvernorat de Ninive, Hatra est l’exemple de ville parthe le mieux préservé. Elle a été occupée par Daech en 2014, et le site est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril depuis juillet 2015. Bien que la ville soit libre depuis avril 2017, aucune mission d’évaluation des dommages n’avait été effectuée avant celle de l’ISMEO. Pour évaluer les dommages que le site a subis, ISMEO a conduit une étude et a formulé des observations de terrain et s’est assuré de la sécurisation des décorations sculpturales endommagées.

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Khidr : réhabilitation du monastère de Mar Behnam Opérateurs : Fraternité en Irak, en coopération avec le Diocèse syriaque catholique de Mossoul et les autorités locales. Le monastère syriaque catholique Mar Behnam, à Khidr, à 35 kilomètres au sud-est de Mossoul, est l’un des plus anciens monuments chrétiens du pays. Le monastère date du IV e siècle, bien que certains bâtiments soient médiévaux. Le monastère est un lieu de pèlerinage pour les chrétiens, les musulmans et les Yézidis, ce qui en fait un symbole de la coexistence pacifique des communautés religieuses de la région à travers les siècles. Le monastère a été gravement endommagé par Daech en 2015, pendant une occupation qui a presque détruit la confiance entre les communautés musulmane, chrétienne et yézidie. En étroite collaboration avec le diocèse syriaque catholique de Mossoul et les autorités locales, le projet a permis de réhabiliter le monastère, en utilisant, dans la mesure du possible, des matériaux provenant de bâtiments historiques détruits. Il a impliqué les communautés chrétiennes et musulmanes, les aidant à rétablir la confiance entre elles.

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Sinjar : restauration de temples yézidis détruits par Daech Opérateurs : Nadia’s Initiative, en coopération avec l’ONG Nabo De nombreux temples yézidis du gouvernorat de Ninive, dans le nord de l’Irak, ont des origines qui remontent au XIIe siècle. Ils ont été détruits par Daech dans le cadre d’une campagne visant à éradiquer les Yézidis de la région du Sinjar. Les temples sont la propriété publique des membres de la communauté et sont des lieux identitaires importants. En coopération avec l’ONG locale Nabo, ce projet a permis de reconstruire le cheikh Mand dans le village de Gedala et le Malack cheikh Hassan dans celui de Gabara. Dans le cadre de ce projet, des matériaux locaux ont été utilisés et les techniques de construction traditionnelles, privilégiées, dans l’optique de soutenir également le développement durable de la région.

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Liban Beyrouth : évaluation technique des dommages et activités de premiers secours et de stabilisation pour environ 20 musées, bibliothèques et archives Opérateurs : Prince Claus Fund, en coopération avec le Bouclier Bleu Liban A la suite des dommages subis par une vingtaine de musées et de bibliothèques, Bouclier Bleu Liban a procédé à l’évaluation technique des bâtiments et a mis en place des protections temporaires sur les fenêtres et les portes afin d’éviter toute dégradation supplémentaire des locaux et des collections. Ce projet a également concerné l’étanchéisation de certains bâtiments historiques.

Beyrouth : couverture urgente de toits de maisons historiques après l’explosion (2 projets) Opérateurs : Institut français du Proche-Orient (IFPO), en coopération avec la Direction générale des antiquités (DGA) du Liban ; la Fondation nationale du patrimoine pour l’initiative Beirut Heritage (Liban) et l’Ecole supérieure des affaires (ESA) Dans le cadre des efforts de stabilisation d’urgence des bâtiments historiques endommagés par l’explosion, ces deux projets ont fourni des couvertures temporaires (comme des bâches ou des tôles) pour 30 maisons historiques des vieux quartiers d’Achrafieh, Rmeil, Medawar et Saifi.

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Beyrouth : évaluation du projet de réhabilitation architecturale de la vieille ville de Beyrouth Opérateur : Ecole de Chaillot et Institut national du patrimoine (France) Après la destruction de la vieille ville de Beyrouth, une équipe de trois architectes et d’un ingénieur a été chargée d’aider la Direction générale des Antiquités du Liban à dresser un bilan des dégâts, à estimer les ressources nécessaires aux réparations et à contribuer à une stratégie de long terme, à travers des recommandations concrètes.

Beyrouth : stabilisation des objets en verre du musée d’archéologie Opérateurs : Institut national du patrimoine (France) et Université américaine de Beyrouth La collection du Musée archéologique de l’Université américaine de Beyrouth a été en partie épargnée par l’explosion, à l’exception d’une vitrine de la Galerie phénicienne qui contenait 74 objets en verre datant des périodes romaine et islamique. Une restauratrice de verre mandatée par l’Institut national du patrimoine et l’équipe du musée ont mené à bien une première stabilisation des collections. Ils ont mis en place un laboratoire de conservation d’urgence au sein du musée et identifié et trié tous les fragments. Lorsque cela était possible, ces objets ont été consolidés sur place.

Beyrouth : gestion et conservation des collections sur papier du musée Sursock Opérateurs : Institut national du patrimoine (France) et Musée Sursock L’explosion de Beyrouth a fait voler en éclats de nombreuses vitrines et cadres exposant des objets du Musée Sursock, endommageant 27 œuvres sur papier, dont des pastels, des dessins, des coupures de journaux, des lettres, des carnets et des photographies. Une mission d’urgence a été organisée avec une restauratrice de papier pour évaluer les pièces les plus endommagées et les reconditionner. Une dizaine de pièces graphiques ont fait l’objet d’une conservation d’urgence.

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Mali Tombouctou : préservation des manuscrits de la bibliothèque Al Aqib de la mosquée Sankoré de Tombouctou Opérateur : AMALIA La bibliothèque Al Aqib de la mosquée Sankoré, à Tombouctou, détient une collection unique de manuscrits, restée sur place lors des attaques de 2012. Le projet a permis d’améliorer les conditions de conservation de cette collection, grâce à la collaboration entre l’association AMALIA et le personnel de la bibliothèque. Les collections de manuscrits d’Al Aqib font également partie d’un projet de numérisation porté par la Hill Museum & Manuscript Library, et d’une initiative de recherche coordonnée par l’université de Hambourg.

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Niger Agadez : documentation et restauration de la vieille ville d’Agadez Opérateurs : Imane Atarikh, en coopération avec le Comité de gestion de la vieille ville d’Agadez et Iconem La ville d’Agadez, construite avant le XVe siècle le long des routes caravanières, conserve une riche tradition de styles architecturaux locaux. Le minaret de la Grande Mosquée est l’une des plus hautes structures en briques crues du monde, et les maisons en terre qui l’entourent sont décorées de formes et de motifs complexes uniques. Les effets combinés des troubles civils, qui ont donné lieu à des bombardements en 2013, et du changement climatique, qui provoque des inondations soudaines, ont mis cette architecture en grand danger. Ce projet d’urgence a permis de documenter et de restaurer la Grande Mosquée et les quatre maisons qui l’entourent, et d’offrir une formation à 30 jeunes afin que la communauté soit en mesure d’entretenir à l’avenir ces bâtiments.

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Syrie (nord-est) Raqqa : réhabilitation du Musée de Raqqa Opérateurs : la Guilde européenne du raid, en coopération avec l’ONG Roya Le Musée de Raqqa abrite une importante collection d’objets culturels et archéologiques datant de la préhistoire aux temps modernes. Il a subi d’importants dommages et, selon certaines sources, il a été pillé par Daech en 2013. La restauration du bâtiment du musée a été menée à bien en coopération avec l’ONG locale Roya. Un nouveau projet va permettre de procéder à la restauration d’une partie de la collection, afin que le musée puisse rouvrir dès que possible. Ce projet est soutenu par ALIPH, avec le concours financier de la principauté de Monaco.

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Gouvernorat d’Hassaké : stabiliser le site du palais historique de Tell Beydar et améliorer les conditions de conservation des artefacts Opérateur : Fight for Humanity Le site archéologique de Tell Beydar, situé dans le gouvernorat d’Hassaké, date de 2600 avant J.-C. Non seulement le site a été confronté à des menaces de fouilles illégales et de vandalisme, en raison du conflit, mais également aux risques climatiques. Une équipe composée d’acteurs locaux a mis en place des mesures de protection d’urgence, telles que le nettoyage et la stabilisation des murs, ainsi que la remise en état des installations destinées aux visiteurs. Le projet a également permis de renforcer la sécurité de l’entrepôt de Rimelan dans lequel les autorités locales stockent plus de 20 000 objets saisis à la frontière et provenant de la région (missions archéologiques et forces de sécurité). Cet espace de stockage a également été remis à neuf (nettoyage, aération, plomberie, électricité, fixation de caméras de sécurité) afin que les artefacts puissent être mieux protégés à l’avenir.

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NOTRE VIE QUOTIDIENNE

Communication Partenariats Budget et financements


COMMUNICATION : ALIPH FAIT LA UNE ! GALERIES

La Brésilienne Jaqueline Martins s'installe à Bruxelles p.5

Protecting Iraq's cultural he from the coronavirus pande

Abu Dhabi's Aliph Foundation has launched a US$1 effect of lockdown on communities who rely on cultura

Il Louvre e ALIPH si mobilitano per restaurare il Museo Nazionale di Beirut By Niccolò Lucarelli - 1 settembre 2020

CANADA

Temple of Maran in Hatra, Iraq. Courtesy ISMEO

ALIPH (International Alliance for the Protection of Heritage in Con�ict Areas) e il Musée du Louvre insieme per salvare il Museo Nazionale di Beirut. Con 200.000 dollari e l’invio di due squadre di esperti per dirigere i lavori

Montréal : le président du musée jette l’éponge

Olivia Cuthbert May 14, 2020

p.4

Lundi 21 septembre 2020 - N° 2012

The final stages of a major restoration project were almost comple

LIBAN

was reduced to rubble.

Beyrouth, premiers pas vers une lente reconstruction

In 2014, the faded mansion in Mosul, Iraq, had finally regained its

The shaded iwans lined with calligraphic script, painted al fresco h

p.8

carved in Mosul marble again made it among the finest examples house in a city known for its evocative architecture.

But not long after, ISIS overran Mosul and Tutunji House became a

before coalition air strikes destroyed its northern and western wing

Now, like much of Mosul’s proud heritage, it is waiting to be pieced from the rubble brick by brick.

DISPARITION

Stéphane Janssen, collectionneur boulimique p.4

Veduta aerea dell’area del porto dopo l’esplosione. AP Photo/Hussein Malla

9/21/2020

ArtDependence | ALIPH will Devote a First Envelope of 5 million Dollars to the Stabilization and Rehabilitation of Beirut’s Dam

In seguito all’esplosione del 4 agosto scorso che ha causato circa 150 vittime e danni per 4,6 miliardi di dollari al quartiere del porto e a quelli vicini, si compiono i primi passi per la necessaria ricostruzione

(/)

della città. Tra gli edi�ci danneggiati, anche il Museo Nazionale di Beirut.

MUSEO NAZIONALE DI BEIRUT: I LAVORI

Home (/) / Articles (/articles/) / ALIPH will Devote a First Envelope of 5 million Dollars to the Stabilization and Rehabilitation of Beirut’s Damaged Cultural Heritage

Sono iniziati il primo settembre i sopralluoghi per i successivi lavori di ripristino delle condizioni di

BELGIQUE

sicurezza al Museo Nazionale. L’esplosione di agosto, sulle cui cause non è ancora stata fatta piena luce,

Un masque maya restitué au Guatemala

ha infatti divelto quasi tutte le porte e le �nestre dell’edi�cio, così come ha danneggiato l’impianto

ALIPH will Devote a First Envelope of 5 million Dollars to the Stabilization and provvisoria. Per questo ALIPH (International Alliance for the Protection of Heritage in Con�ict Areas) e il Rehabilitation of Beirut’s Damaged Cultura Musée du Louvre si sono uniti nel fronteggiare l’emergenza, portando aiuto economico e specialistico al museo di Beirut. La Direzione generale delle antichità del Libano, nei giorni immediatamente successivi Heritage elettrico e il sistema di allarme e videosorveglianza. Attualmente, il Museo è costantemente vigilato dalla polizia per evitare furti o atti di vandalismo, ma questa può essere soltanto una soluzione

p.6

www.lequotidiendelart.com

2€

Mercredi 4 novembre 2020 - N° 2044

Es noticia

Coronavirus Madrid última hora

Restricciones Madrid

Zonas Madrid Covid

WhatsApp

Santo

Internacional

ONG

al disastro aveva censito i danni, stimandone l’ammontare in circa un milione di dollari. Quando

ALIPH : comment sauver le patrimoine des pays en guerre p.7

keltisch

Tuesday, August 25, 2020

tronomie tron AG

geleichte ststoffr ächen bakteriellen iene-Schutz

Following the explosion of 4 August and the damag it caused to museums, libraries, monuments an historic houses in central Beirut, the ALIP Foundation Board decided to allocate an init La memoria deldollars Beirutto histórico envelope herida of 5 million finance emergen Las explosiones del 4 de to agosto han destruido o dañado 652 de th l measures stabilize, protect, orgravemente rehabilitate Ahora se temen los estragos de las lluvias por el riesgo de derrumbe city’s cultural heritage. LA MIRADA DEL CORRESPONSAL

QUÉBEC

Assassinat d'un directeur du Musée national

Image courtesy to ALIPH Foundation

ÖFFNEN

p.4

Following the explosion of 4 August and the damage it caused to museums, libraries, monuments and his houses in central Beirut, the ALIPH Foundation Board decided to allocate an initial envelope of 5 million do to finance emergency measures to stabilize, protect, or rehabilitate thecity’s cultural heritage.

Aliph doubles its emergency funding for cultural sites in response to overwhelming need

MUSÉES

MENU

A total of $2 million will go to heritage sites affected by the coronavirus pandemic

https://www.artdependence.com/articles/aliph-will-devote-a-first-envelope-of-5-million-dollars-to-the-stabilization-and-rehabilitation-of-beirut-s-da

Gien lance son chantier de la Faïencerie

Vista aérea de los daños en el palacio y Museo Sursock. H. AL ACHKAR / GETTY

p.5

ROSA MENESES @rosameneses10

Vous êtes ici : Accueil » Infos des régions » D. A. Abidjan / Grands ponts » Abidjan » Côte d’Ivoire -AIP / Covid 19 : La fondation ALIPH lance un fonds d’urgence pour la protection

www.lequotidiendelart.com du patrimoine culturel

Domingo, 20 septiembre 2020 - 03:04

2€

Ver 1

Côte d’Ivoire -AIP / Covid 19 : La fondation ALIPH lance un fonds d’urgence pour la protection du patrimoine culturel ABIDJAN

Veinte años se prolongaron los trabajos de rehabilitación del Aná Museo Sursock, en Beirut, para borrar los estragos de la guerra civil en la que se sumergió el Líbano entre 1975 y 1990 y poder Nue polí reabrirlo al público. El 4 de agosto pasado, bastaron pocos segundos para devolver esta joya histórica a sus tiempos más oscuros. Las explosiones originadas en un almacén con 2.750 toneladas vidrieras coloreadas, descabalgaron cuadros, quebraron estatuas, rompie artesonados y lo cubrieron todo de cenizas y escombros.

 28/04/2020 à 10:35

El Museo Sursock data de 1912 y se alza, rodeado de jardines, frente al p erigió en el centro histórico de Beirut. Construido en 1860 por Musa Sur siempre ha sido una insignia del Beirut más cosmopolita. Los Sursock que atesoraron obras de arte durante tres generaciones. Nicolas Sursock para convertirla en museo.

A stupa at Shewaki, Afghanistan, photographed in June 2020, that is being rehabilitated with funds from the Aliph Foundation. Work on the Shewaki site was interrupted by the coronavirus, but has now resumed. ACHCO

Melissa Gronlund

CULTURE Musique

Écrans

Livres

Th

July 30, 2020 Abidjan, 28 avr ( AIP) – La Fondation ALIPH a annoncé, mardi, le lancement d’un fonds d’urgence pour renforcer la protection du patrimoine culturel dans les zones en con�it et post-con�it, et aider les communautés concernées à surmonter les conséquences du COVID-19. La Fondation alloue une première enveloppe d’un million de dollars soit 500 millions FCFA pour aider les opérateurs locaux à couvrir leurs coûts de fonctionnement, de santé et de personne, l’acquisition d’outils informatiques et l’accès à des programmes de formation en ligne. Des projets urgents de protection préventive du patrimoine ou générateurs de revenus seront également soutenus, selon un communiqué transmis à l’AIP. Selon le directeur exécutif d’ALIPH, Valéry Freland, son organisation s’engage à travailler à la protection du patrimoine culturel dans les zones en con�it avec et pour les communautés. ” Derrière chaque monument, chaque site, il y a des hommes et des femmes qui subissent de plein fouet la pandémie”, a-t-il indiqué. Ce fonds exceptionnel a pour but de les aider à surmonter cette période di�cile et à se préparer à la relance, le moment venu, de notre travail commun de protection du patrimoine

The Aliph Foundation has doubled the amount of emergency funding allocated for its coronavirus relief call. The Swiss-based organisation, which helps safeguard world heritage sites that are in conflict or post-conflict areas, will give more than $2 million (Dh7.3 million), up from the $1m

pour le développement et la réconciliation, selon le directeur exécutif d’ALIPH.

it envisaged giving to cultural heritage sites that have been affected by the coronavirus

Dans le monde entier, la pandémie a en effet entraîné la fermeture de nombreux musées, bibliothèques et autres sites culturels et patrimoniaux, et souvent mis un terme aux

pandemic. These include more than 100 organisations in 60 countries, including the

travaux de réhabilitation.

National Museum of Mali, the Uganda Museum in Kampala, Corporacion Cultural Museo

ALIPH a été lancée en décembre 2016 à Abou Dhabi, en réaction à la destruction massive du patrimoine culturel du Moyen-Orient et du Sahel par la guerre et le terrorisme. Il

del Vidrio of Bogota and the Directorate of Heritage and Archaeology of Mosul.

s’agissait pour la communauté internationale de créer un nouvel instrument �nancier, agile et �exible, pour protéger le patrimoine dans les zones en con�its.

Patrimoine en danger

De Genè en aide

L’Alliance internati patrimoine dans le des projets de reco francs.

Aujourd’hui, grâce au soutien de ses donateurs publics et privés, ALIPH �nance près de 50 projets dans 14 pays sur 4 continents. (AIP) nmfa/ask

82  |  Rapport d’activité 2020

Pascale Zimmermann Corpata Publié: 16.09.2020, 16h25


eritage emic

3/19/2020

Au Mali, le tombeau des Askia, patrimoine mondial, va être réhabilité - Geo.fr

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1m fund to ease the al heritage sites Histoire (https://www.geo.fr/histoire)

Au Mali, le tombeau des Askia, patrimoine mondial, va être réhabilité Par GEO avec AFP - Publié le 12/03/2020 à 8h43 Mali

Suivre

China increases heritage protection efforts in conflict regions By Xu Keyue Source:Globaltimes.cn Published: 2020/1/17 1:16:49

ete when Beit Al Tutunji

L’agilité et la réactivité de la jeune fondation ne sont pas passées inaperçues en 2020. Au cours de l’année, plus de 150 reportages sur ALIPH ou sur les projets qu’elle soutient ont été publiés par les médias de presque tous les continents, que ce soit à la radio, à la télévision, dans la presse écrite ou sur le web.

former grandeur.

hallways and bas-reliefs People walk at a mosque in Naghshe Jahan Square in Isfahan, Iran, on July 17, 2019. of an Ottoman

Constructed between 1598 and 1629, Isfahan is now an important historical site, and courtyard one of UNESCO's World Heritage Sites. Photo: Xinhua/Ahmad Halabisaz © Getty

China is joining global heritage protection efforts in conflict regions amid rising Middle East tension, according to a multilateral alliance aimed at

an artillery encampment protecting cultural heritage.

gs.

The International Alliance for the protection of Heritage in Conflict Areas (ALIPH) told the Global Times at a press conference on Wednesday that

tombeau d back together, rebuilt China has provided the group with financialLe support globally des and isAskia à Gao (nord-est), un des quatre sites au Mali encouraging more expert guidance from Chinese professionals and inscrits au patrimoine heritage preservation institutions.

de l'Unesco, va être réhabilité, ont indiqué mercredi les autorités maliennes et une organisation de sauvegarde

Cultural heritage is often target during armed conflicts. Restoration en is anzone de con�it. des monuments important part of social and cultural countries 9/22/2020reconstruction in the Four weeks after blast, rehabilitation work begins at National Museum of Beirut | The Art Newspaper involved. Some countries, such as Iraq and Afghanistan, have suffered from decades of unrest and their culture andhttps://www.geo.fr/histoire/au-mali-le-tombeau-des-askia-patrimoine-mondial-va-etre-rehabilite-200218 heritage have been damaged, NEWS Freland. MUSEUMS & HERITAGE said ALIPH Executive Director Valéry

maged …

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Tensions in the Middle East escalated after the US targeted strike on January 3 killed Iranian Major-General Qasem Soleimani. Iran responded with missile strikes aimed at US bases in Iraq.

Four weeks after blast, rehabilitation work begins at National Museum of Beirut

The move sparked increased concern over the fate of the region's Louvre collaborates with Lebanon’s antiquities authority on repairs to cultural heritage.

doors, windows and security system

As China has advanced technology in bronze, pottery, porcelain, and temple restoration, ALIPH hopes professionals and related institutions cooperate with them to protect heritage sites in conflict areas, Freland NANCY KENNEY said.

31st August 2020 19:44 BST

Chinese authorities with the National Cultural Heritage Administration (NCHA) welcomed ALIPH members and took them to China's iconic Terracotta Warriors Museum in Xi'an, Northwest China's Shaanxi

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oral

Gerardo Vera

Emmy

/

Ganadores Emmy MENÚ

Más

ge nd PH tial ncy los he755 edificios de la capital clasificados como patrimonio.

Workers at the National Museum of Beirut beginning a rehabilitation project financed by Aliph and undertaken by the Musée du Louvre alongside the Directorate General of Antiquities of Lebanon

© © Julien Chanteau

Staff members from the Musée du Louvre and Directorate General of Antiquities of Lebanon today began overseeing work on a joint rehabilitation project at the National Museum of Beirut, which was heavily damaged in this month’s explosion in the city’s port area, the International Alliance for the Protection of Heritage in Conflict Areas (Aliph) reports.

storic ollars

The museum is 3km south of the port, and the blast on 4 August destroyed the museum’s windows and doors and caused serious damage to the security system. At least 180 people were killed and over 6,000 wounded in the city and countless buildings were leveled. https://www.theartnewspaper.com/news/four-weeks-after-blast-rehabilitation-work-begins-at-national-museum-of-beirut

a…

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comentario

álisis. Las cinco crisis del Líbano

evo gobierno. Emmanuel Macron redobla su presión para que la clase ítica del Líbano ponga en marcha reformas

de nitrato de amonio hicieron añicos sus cristales y eron vasijas, derrumbaron techumbres, estropearon

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Lorsque, début août 2020, le port de Beyrouth a été frappé par une double explosion, ALIPH a réagi non seulement en sa qualité de soutien financier, mais également en lançant la « Déclaration de solidarité avec le Liban et de soutien à la réhabilitation du patrimoine culturel endommagé de Beyrouth ». Rédigée en anglais, en français et en arabe, cette courte déclaration a été publiée deux jours après l’explosion et signée par plus de 40 ministères, opérateurs du patrimoine, musées et organisations internationales du monde entier. Grâce à ces partenaires, dans la semaine qui a suivi les terribles événements, près de 500 tweets ont été publiés sous le hashtag #BeirutHeritage, touchant plus de 3 millions de personnes. Cette déclaration a, en outre, fait l’objet d’articles dans des publications aussi variées que L’Orient le Jour (Liban), The National (EAU), The Architect’s Newspaper et Vogue. A Genève, courant décembre 2020, le drapeau d’ALIPH a fièrement flotté sur l’emblématique pont du Mont-Blanc pendant une semaine, attirant l’attention sur la mission de la fondation : « Protéger le patrimoine pour construire la paix ». C’était également le thème d’une série de courtes vidéos publiées tout au long de l’année, chacune mettant en avant des projets de réhabilitation soutenus par ALIPH à Raqqa (nord-est de la Syrie), Gao (Mali), Beyrouth, Khidr (Irak) et Abidjan (Côte d’Ivoire). Restez en contact avec nous en 2021, d’autres vidéos seront publiées !

palacio del mismo nombre que esta dinastía greco-ortodoxa rsock, el magnífico palacio de estilo veneciano-otomano k fueron una rica familia de terratenientes y mercaderes k legó a su muerte, en 1952, su casona a la ciudad de Beirut

héâtre

Mode

Société

Agenda

ève on vient e à Beyrouth

ionale pour la protection du es zones de conflit (ALIPH) soutien onstruction pour 4,5 millions de

aux

Notre vie quotidienne  |  83


COMMUNICATION : SENSIBILISATION DE LA RÉGION AFRIQUE DU NORD – MOYEN-ORIENT En 2020, ALIPH a développé ses contacts avec les femmes et les hommes qui œuvrent tous les jours pour protéger leur patrimoine, en vue de contribuer à la préservation de la diversité culturelle. Afin de mieux connaître chacun d’entre eux et d’approfondir le soutien apporté, le Secrétariat d’ALIPH a organisé une série d’événements – en présentiel et virtuels – pour fournir des conseils, répondre aux questions et assurer un retour sur les propositions de subventions en cours d’élaboration. L’accent a en particulier été mis sur le soutien aux opérateurs arabophones travaillant dans la région Afrique du Nord – Moyen-Orient. Ainsi, en mars 2020, juste avant que la Covid-19 ne soit déclarée pandémie mondiale, ALIPH a animé un atelier de deux jours à Barcelone sur le thème « Renforcer la société civile pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit », en coopération avec l’ONG espagnole Heritage for Peace. Cet événement, organisé par le Conseil espagnol de la recherche, a réuni des opérateurs du patrimoine d’Irak, de Libye, du nord-est de la Syrie et du Yémen, ainsi que des agences de financement internationales. En anglais et en arabe, les participants ont échangé des idées et des bonnes

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pratiques. Une session a été consacrée à la formation des participants à la rédaction de demandes de subventions via la plate-forme SmartSimple d’ALIPH. En outre, après l’annonce de son Fonds d’urgence contre la Covid-19, ALIPH a organisé avec Heritage for Peace un webinaire en vue d’aider les acteurs arabophones à postuler à ce nouveau programme. Près de 150 personnes, issues de 18 pays, dont l’Irak, la Libye et le Yémen, ont participé à cette rencontre virtuelle en arabe.


« Ces événements de sensibilisation en langue arabe ont été un merveilleux moyen d’apprendre à connaître les opérateurs locaux, qui travaillent sans relâche à la promotion du patrimoine culturel dans leur région. Ces contacts personnels sont précieux pour comprendre quelles initiatives doivent être prioritaires, et construire ensemble des projets solides susceptibles d’avoir un impact durable. » Mahdia Siari, Chargée de projets, ALIPH

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PARTENARIATS

Lancement de la réhabilitation du tombeau des Askia Le 10 mars 2020, à Gao, au Mali, N’Diaye Ramatoulaye Diallo, ministre de la Culture, et Valéry Freland, Directeur exécutif d’ALIPH, ont lancé, en présence de l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga et des représentants des autorités administratives et traditionnelles et de la société civile, le projet de réhabilitation du tombeau des Askia, mis en œuvre par la Direction nationale du patrimoine culturel du Mali (DNPC), avec l’appui de l’association CRAterre, et financé par ALIPH.

La principauté de Monaco, nouveau soutien d’ALIPH Le 22 avril 2020, Laurent Anselmi, conseiller de Gouvernement-ministre des Relations extérieures et de la Coopération de la principauté de Monaco, et Valéry Freland, Directeur exécutif d’ALIPH, ont signé un accord de partenariat aux termes duquel Monaco contribue au financement de deux projets soutenus par ALIPH et mis en œuvre par des opérateurs internationaux ou locaux : la réhabilitation du Musée de Raqqa (nord-est de la Syrie) et la rénovation de l’église Saint-Antoine de Deddé, ainsi que la conservation de ses peintures murales (Liban).


L’union fait la force : visite conjointe d’ICOM, d’ICOMOS et d’ALIPH à Beyrouth A la suite des explosions dans le port de Beyrouth en août 2020, MarieLaure Lavenir (ICOMOS), Peter Keller (ICOM) et Valéry Freland (ALIPH) ont effectué une mission conjointe à Beyrouth du 14 au 16 septembre. Ce déplacement a été l’occasion d’entretiens avec le ministre de la Culture, le Directeur général des antiquités (DGA) et les représentants de nombreuses institutions culturelles et de la société civile. Il a permis d’évaluer les besoins et de lancer plusieurs partenariats en vue de stabiliser des maisons historiques et de réhabiliter des musées, des bibliothèques et des édifices religieux.

Mobilisation renforcée d’ALIPH en faveur de Mossoul Le 21 octobre 2020, ALIPH a renforcé son partenariat avec les autorités irakiennes à travers deux contrats de coopération : le premier, signé par le ministère de la Culture, du Tourisme et des Antiquités d’Irak, le Musée du Louvre, la Smithsonian Institution, le World Monuments Fund et ALIPH, porte sur la réhabilitation du Musée de Mossoul ; le second, conclu entre le ministère irakien et ALIPH, consacre le soutien de la fondation à la réhabilitation de deux mosquées, de deux églises et d’une maison patricienne dans la vieille ville de Mossoul (projet « Mosaïque de Mossoul  »).

Lancement d’un partenariat entre l’Alliance des civilisations (UNAOC) et ALIPH Le 10 décembre 2020, Miguel Moratinos, ancien ministre espagnol des Affaires étrangères et haut représentant de l’Alliance des civilisations (UNAOC), et Valéry Freland, Directeur exécutif d’ALIPH, ont signé un protocole d’accord (MOU) en vue de renforcer la coopération entre les deux institutions. En particulier, celles-ci sont convenues de soutenir des projets concrets en vue de contribuer, dans les zones en conflit et en sortie de crise, à la diversité culturelle, au dialogue interculturel et interreligieux, et à la paix.

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BUDGET ET FINANCEMENTS Les données financières en bref Subventions approuvées (2020)

17 854 234 USD Total des subventions (2018-2020)

35 243 785 USD Contributions reçues (2020)

1 075 036 USD Dépenses* de fonctionnement (2020)

2 021 615 USD

* Montant établi sur la base du taux de change moyen CHF/USD de 2020.

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Nos soutiens ALIPH est financée par les membres de son Conseil de fondation, Etats ou donateurs privés, ainsi que par plusieurs autres acteurs.

Etats membres France Emirats arabes unis Arabie saoudite Koweït Luxembourg Chine Maroc

Membres donateurs privés Thomas S. Kaplan Fondation Gandur pour l’art

Pays hôte Suisse

Donateurs publics et privés Principauté de Monaco The Andrew W. Mellon Foundation Lionel Sauvage Family Foundation

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NOTRE GOUVERNANCE

Notre éthique Conseil de fondation Comité scientifique Comité des finances et du développement Comité d’audit Comité d’éthique, de gouvernance et de rémunération Secrétariat Soutenez ALIPH !


NOTRE ÉTHIQUE Le travail d’ALIPH est guidé par les valeurs fondamentales suivantes : la protection du patrimoine la diversité culturelle et religieuse l’éducation et le renforcement des capacités l’égalité des sexes la cohésion sociale et la coexistence pacifique le développement local durable la paix et la réconciliation la solidarité internationale

Ethique et financements L’objectif d’ALIPH est de financer des projets concrets et viables sur la durée. La fondation porte naturellement une attention particulière à l’intégrité et à la transparence de la gestion des projets qu’elle finance. C’est ainsi que, avant la signature d’une convention de subvention, les bénéficiaires potentiels font l’objet d’un processus rigoureux de diligence financière raisonnable (« due diligence »). ALIPH s’est par ailleurs dotée en 2020 d’une politique d’achats fondée sur la mise en concurrence des prestataires de services.

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Notre gouvernance  |  93


CONSEIL DE FONDATION MEMBRES VOTANTS Président : M. Thomas S. Kaplan

Vice-présidente : Mme Bariza Khiari

S.E. Sheikha Hussah Sabah Al-Salem Al-Sabah

S.E. Martine Schommer

M. Jean Claude Gandur

Mme Mariët Westermann

(donateur privé)

(Koweït)

(donateur privé)

(France)

(Luxembourg)

(personnalité qualifiée)

MEMBRES SANS DROIT DE VOTE

M. Marc-André Renold (Suisse)

M. Ernesto Ottone Ramírez (UNESCO)


Vice-président : S.E. Mohamed Khalifa Al Mubarak

S.A. le prince Badr bin Abdullah bin Farhan Al Saud

M. Wen Dayan

M. Mehdi Qotbi

M. Richard Kurin

Pr. Markus Hilgert

(Émirats arabes unis)

(Chine)

(personnalité qualifiée)

M. Jean-Luc Martinez (Président du Comité scientifique)

(Royaume d’Arabie saoudite)

(Maroc)

(personnalité qualifiée)

M. Valéry Freland (Directeur exécutif)

Notre gouvernance  |  95


Comité scientifique 6

Président : M. Jean-Luc Martinez (France), président-directeur du Musée du Louvre

6

M. Mounir Bouchenaki (Algérie), conseiller spécial de la Directrice générale de l’UNESCO et de l’ICCROM

6

6

6

Mme Amel Chabbi (Émirats arabes unis), responsable de la section conservation du département de la Culture et du Tourisme - Abou Dabi (depuis avril 2021) M. Wang Chunfa (Chine), directeur du Musée national de Chine de Pékin M. Laith Hussein (Irak), directeur du Conseil d’État irakien des antiquités et du patrimoine (SBAH) (depuis septembre 2020)

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6

M. Patrick Michel (Suisse), maître d’enseignement et de recherche, Institut d’archéologie et des sciences de l’antiquité de l’université de Lausanne (depuis avril 2021)

6

Pr. Claudio Parisi Presicce (Italie), directeur des musées archéologiques et historico-artistiques de Rome (depuis avril 2021)

6

Pr. Eleanor Robson (Royaume-Uni), professeure d’histoire du Moyen-Orient ancien, University College London (depuis avril 2021)

6

M. Samuel Sidibe (Mali), directeur général du parc national du Mali

6

Mme Bahija Simou (Maroc), directrice des Archives royales du Maroc


Comité des finances et du développement 6

Président : M. Richard Kurin (Etats-Unis)

6

S.E. Saood Al Hosani (Émirats arabes unis), sous-secrétaire du département de la Culture et du Tourisme - Abou Dabi

6

Mme Irene Braam (Etats-Unis), directrice exécutive de la Bertelsmann Foundation (Amérique du Nord) Inc. (depuis avril 2021)

6

6

Mme Deborah Stolk (Pays–Bas), directrice de Helicon Conservation Support B.V. M. Valéry Freland, Directeur exécutif d’ALIPH

Comité d’audit 6

Président : M. Jeffrey D. Plunkett, J.D. (Etats-Unis)

6

M. Abderrazak Zouari (Tunisie), professeur des universités et ancien ministre du Développement régional

Comité d’éthique, de gouvernance et de rémunération 6

Président : M. Jean Claude Gandur

6

Pr. Markus Hilgert

6

M. Marc-André Renold

Secrétariat 6

M. Valéry Freland, Directeur exécutif

6

Mme Maja Kominko, Directrice scientifique et des programmes

6

M. Othman Boucetta, Chargé de mission auprès du Directeur exécutif (depuis mai 2021)

6

M. Andrea Balbo, Chargé de projets

6

Mme Sandra Bialystok, Responsable de la communication et des partenariats

6

Mme Olivia de Dreuzy, Chargée de mission auprès du Directeur exécutif (depuis juin 2021)

6

Mme Alexandra Fiebig, Chargée de projets

6

Mme Rosalie Gonzalez, Chargée de projets

6

Mme Leilani Olson, Responsable développement des financements et des relations institutionnelles (jusqu’à mai 2021)

6

M. Laurent Oster, Responsable administratif et financier

6

Mme Mahdia Siari, Chargée de projets

6

Mme Laura Willis, Assistante de direction (jusqu’à mai 2021) Notre gouvernance  |  97


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SOUTENEZ ALIPH !

Quel que soit votre pays de résidence, vous pouvez apporter une contribution directe à la mission d’ALIPH. Si vous êtes résident de l’un des pays suivants, vous pouvez bénéficier d’une DÉDUCTION FISCALE : Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Croatie, Espagne, Estonie, Etats-Unis, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Suisse et Royaume-Uni. POUR FAIRE un don en ligne et pour toute autre information, veuillez scanner le code QR ou vous rendre à l’adresse suivante : www.aliph-foundation.org


COLOPHON Rédacteurs : Sandra Bialystok, Valéry Freland Assistance rédactionnelle : Olivia de Dreuzy Conception graphique : EyeTalk Communication – www.eyetalkcomms.com Traductions : Sara Heft Correctrices : Colette Stoeber (English); Céline Genevrey, Véronique Danis (French) Photos : ALIPH remercie tous ses partenaires qui ont fourni des photos de leurs projets. Les photos de cette publication ont été autorisées par leurs propriétaires à but non commercial. Toutes réutilisation, copie ou distribution doit faire l’objet d’un consentement écrit préalable des propriétaires. Les photos suivantes ont été reproduites avec l’autorisation des photographes indépendants et des bénéficiaires d’ALIPH :

Couverture (Dans le sens des aiguilles d’une montre, depuis en haut à gauche) © ACHCO © ALIPH © ALIPH © Première Urgence Internationale © DAFA © Turquoise Mountain © DNCP (Mali) © CRAterre, Thierry Joffroy © ALIPH – Thomas Raguet © WMF © ACHCO © ALIPH

Couverture intérieure © The Palestinian Museum

Table des matières © Sanid Organization for Cultural Heritage

Page 5 © EFEO Bourdonneau

Page 9 © G. Tomljenovic

Page 10 Colonne de gauche (de haut en bas) © Karamoja Museum and Cultural Centre © Vidrio Museum © Yemeni Ministry of Culture © Archive, National Museum of Bosnia and Herzegovina - Damir Šagolj Colonne du milieu (de haut en bas) © Sanid Organization for Cultural Heritage © ALIPH © The Palestinian Museum © Vidrio Museum

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Colonne de droite (de haut en bas) © The Palestinian Museum © Julien Chanteau © Julien Chanteau © CC 3.0 © ALIPH

Ethiopie : © French Embassy in Addis Abiba Somalie : © Horn Heritage Yémen : © GOAM, Mohanad al-Sayani Erythrée : © Pontificio Instituto di Archeologia Cristina Afghanistan : © UNESCO Irak : © ISMEO

Page 17

Pages 24-25

© EFEO Bourdonneau

© EFEO [GrezProdCunin]

Page 18

Pages 26-27

© The Palestinian Museum

© The Palestinian Museum

Pages 20-21

Pages 28-29

Cambodge : © EFEO [GrezProdCunin] Pérou : © Dana-Echevarria Chile: © Centro Latinoamericano del Vitral Mauritanie : © CC 3.0 Mali : © Michele Cattani Côte d’Ivoire : © Fondation Tapa Libye : © Mission archéologique française en Libye Bosnie-Herzégovine : © Archive, National Museum of Bosnia and Herzegovina Dejan Kulijer Liban : © ALIPH Niger : © Imane-Atarikh Turquie : © WMF RDC : © Comité consultatif national pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé A propos du patrimoine syrien : Valery Sharifulin/TASS – Getty Images Soudan : © BIEA Géorgie : © International National Trusts Organisation (INTO) Palestine : © Universita degli Studi della Campania Luigi Vanvitelli

Colonne de gauche (de haut en bas) © Bureau for Rights-Based Development © Karamoja Museum © Mesopotamia Heritage Colonne du milieu (de haut en bas) © Karamoja Museum © Sanid Organization for Cultural Heritage © L. Kanceljak Colonne de droit (de haut en bas) © Sanid Organization for Cultural Heritage © Sanid Organization for Cultural Heritage

Page 14

Pages 30-31 (de gauche à droite) © Live Love Beirut © Ifpo © Ifpo

Pages 32-33 (de gauche à droite) © Dia Mrad © Julien Chanteau © Yasmine Dagher © Live Love Beirut


Page 35

Pages 68-69

Pages 86-87

(de haut en bas) © Andrew Wilson/Manar al-Athar © W.L Walton, British Library, 1839-1846 © ALIPH © Shutterstock - Dalius Juronis © ALIPH – Thomas Raguet

Toutes les photos, sauf en haut à droite © ALIPH - Azhar Al-Rubaie En haut à droite © WMF

1e colonne (de gauche à droite) © CRAterre © ALIPH – Thomas Raguet © Julien Chanteau 2e colonne (de gauche à droite) © Michele Cattani © ALIPH 3e colonne Toutes les photos © ALIPH Column 4 (de gauche à droite) © ALIPH © Xavier de Lauzanne © Fraternité en Irak

Pages 70-71

(de gauche à droite) © ALIPH – Antoine Tardy © Iconem

(Dans le sens des aiguilles d’une montre, depuis en haut à gauche) © Ifpo © Ifpo © Dia Mrad © Youssef Kassar

Pages 38-39

Pages 72-73

(de gauche à droite) © LarkAbroad © Aga Khan Cultural Services 2020

© Marianne Gharzouzi

Pages 36-37

Page 40 © CRAterre, Thierry Joffroy

Pages 43-55 Toutes les photos © ALIPH - Azhar Al-Rubaie

Page 74 Toutes les photos © AMALIA

Page 75 Toutes les photos © Imane-Atarikh

Pages 76-77

Pages 88-89 © Aga Khan Cultural Services 2020

Pages 90-91 © ALIPH

Pages 92-93 © Consultancy for Conservation and Development (CCD)

Toutes les photos © AMALIA

Toutes les photos, sauf en bas à droite © Xavier de Lauzanne En bas à droite © La Guilde Européenne du Raid

Page 60

Pages 78-79

Page 96-97

© Fight for Humanity

Toutes les photos © Fight for Humanity

© ALIPH – Thomas Raguet

Pages 62-63

Page 80

Page 98

Toutes les photos © Fondation Tapa

© ALIPH

© ALIPH

Pages 64-65

Pages 84-85

Toutes les photos © ISMEO

En haut à gauche, en haut au milieu © ALIPH Toutes les autres photos © Turquoise Mountain

Pages 56-59

Pages 66-67 Toutes les photos © Fraternité en Irak

Pages 94-95 © CRAterre, Thierry Joffroy


JUIN 2021

Chemin de Balexert 7-9 1219 – Chatelaine – CH +41 22 795 18 00 www.aliph-foundation.org contact@aliph-foundation.org Suivez-nous sur :


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