REESEN 9 - Printemps 2023 - FR

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MAGAZ I N E LUX E M B O U R G EO I S

D E V OYA G E

France Luxembourg

Düsseldorf

Fleesensee

Vienne

Barcelone

Lisbonne

Majorque

Te l A v i v

San Francisco

Sölden

Côte d’Ivoire

ÉDITION FRANÇAISE


Découvrez nos plus beaux hôtels 5 étoiles et profitez d’un service de première classe tout au long de votre séjour. Informations dans votre agence de voyages, dans votre Luxair Travel Store ou sur luxairtours.lu


Il est parfois nécessaire de s’arrêter. Et même de faire un pas en arrière pour avoir une vue d’ensemble de la situation, pour définir précisément la direction à suivre afin de progresser et de rebondir. Voilà ce que nous avons fait avec REESEN. Vous vous souvenez certainement qu’à l’origine, le magazine REESEN était bilingue, français et allemand. Fin 2021, à l’issue de la crise sanitaire, nous avons estimé, qu’il était temps de le «rafraîchir», de le relooker. Nous avons alors adopté un format plus pratique, sélectionné un papier de qualité, privilégié les grandes images qui font rêver et les textes qui inspirent. REESEN est riche d’articles passionnants qui racontent des histoires inédites et originales, nos journalistes spécialisés dans le voyage ayant à cœur de partager leurs émotions, ressentis et analyses. Dans un premier temps, cette version nouvelle de REESEN était uniquement disponible en allemand. Nos lecteurs ont manifestement apprécié puisque nos abonnés nous sont restés fidèles. Avec ce numéro, nous lançons la deuxième phase du relooking de REESEN avec une édition en allemand mais aussi une seconde version du magazine, en langue française. C’est ça le Luxembourg: multiculturel et multilingue! Pour toucher tout le monde, il faut proposer des écrits dans deux, voire dans trois langues, comme nous le faisons déjà, depuis des années, avec notre magazine KACHEN. Voyager est l’un des plus grands plaisirs de la vie. Cela ne se résume pas à rejoindre une destination,

c’est vivre des expériences et s’enrichir de mille souvenirs. C’est s’évader du quotidien, découvrir de nouveaux horizons, s’initier à d’autres cultures... Qu’il s’agisse d’une courte escapade le temps d’un week-end ou d’un séjour de plusieurs mois, en sac à dos, peu importe, le voyage a le pouvoir d’élargir nos perspectives, de nous pousser à nous remettre en question et de façonner nos vies d’innombrables façons. Avec cette nouvelle édition de votre magazine de voyage haut de gamme, c’est le meilleur du monde que nous partageons avec vous. Dans ce numéro, nous avons réuni une série d’articles qui vous emmènent à la découverte de quelques-unes des destinations les plus époustouflantes. Des sommets enneigés des Alpes suisses aux plages baignées de soleil du Pacifique Sud, nous avons veillé à multiplier les plaisirs, les atmosphères et les panoramas. Notre équipe d’écrivains voyageurs expérimentés a parcouru la planète pour vous présenter les dernières tendances voyage. Ils partagent aussi, avec vous, des conseils d’initiés afin de vous aider à planifier votre prochaine aventure. Installez-vous confortablement dans votre fauteuil avec votre magazine. Voyageur chevronné ou néophyte, détendez-vous. Laissez-nous vous emmener «ailleurs», vous transporter en de superbes endroits, vous donner envie d’explorer le monde à votre tour. Nous nous réjouissons de partager avec vous des contenus passionnants et inspirants. Bon voyage en notre compagnie!

É D I TO R IAL

Le bonheur est un voyage, pas une destination!

Bibi Wintersdorf Rédactrice en chef & directrice de la publication

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LU X E M B O U R G DÜSSELDORF SÖLDEN FLEESENSEE VIENNE B A R C E LO N E LISBONNE FRANCE H ÔT E L D E R Ê V E M AJ O R Q U E T E L AV I V SAN FRANCISCO C ÔT E D ’ I VO I R E


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Route 3 Wiltz → Wemperhardt 43,2 km

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Vers le point culminant du pays Texte & Photos Ed Goedert

De nombreux lecteurs de mon livre sont emballés par le circuit n° 3, principalement parce qu’il permet vraiment de s’aventurer en terrain inconnu. Les conducteurs connaissent rarement les petites routes qui longent la frontière belge. Elles traversent des bourgades comme Basbellain et Hautbellain (Kierchen et Beesslek en Luxembourgeois). Ce parcours découverte vous charmera et vous pourrez affirmer fièrement que vous avez pu contempler le Luxembourg depuis les sommets. Bon voyage!

Notre parcours commence au monument national de la Grève à Wiltz, un endroit remarquable de cette jolie ville ardennaise. Le «phare» avec des œuvres de Lucien Wercollier, sculpteur de renommée internationale, a été inauguré le 30 septembre 1956. Erigé pour commémorer la grève de 1942 par laquelle le Grand-Duché de Luxembourg a protesté contre l’enrôlement de force de ses jeunes nés entre 1920 et 1924 dans l’armée allemande et qui a commence le 31 août 1942 dans l’usine de cuir «Idéal» à Wiltz, il honore également la mémoire des 21 Luxembourgeois exécutés par l’occupant allemand dans la suite de cet événement. Nous laissons cette

époque tragique derrière nous et rendons-nous à Winseler. Deux kilomètres après la sortie du village, une petite route nous conduit à Grummelscheid. Nous traversons l’ancienne ligne de chemin de fer Wiltz-Bastogne, reconvertie en piste cyclable fort fréquentée. Je regrette que cette voie ferrée ait été désaffectée après avoir rendu de bons et loyaux services de 1888 à 1967. Quand j’avais 11 ans, j’ai emprunté la ligne de l’Attert d’Ettelbruck à Pétange au sud du pays, un trajet d’une heure et demie. Je regrette aussi la ligne de la Sûre, qui menait d’Ettelbruck à Wasserbillig en passant par Echternach - le romantisme

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touristique et ferroviaire à l’état pur, sacrifié à une ligne d’autobus. Nous poursuivons notre route vers Schleif et Niederwampach jusqu’à Oberwampach. Ici, nous tournons à gauche, depuis les bords de la Wemperbaach, en direction d’Allerborn. Ce tronçon est particulièrement beau. La route commence par serpenter à travers des champs vallonnés, puis traverse un petit bois avant d’arriver à Allerborn. Toujours le long de la frontière belge, nous nous dirigeons, vers le nord, en direction de Troine-Route, puis vers Hinterhassel, une localité comprenant une poignée de maisons. Je dois bien avouer n’y être jamais allé avant mes trajets de reconnaissance pour mon livre. Peu avant cette localité, sur le chemin de champ goudronné, mon GPS me dit: «Bienvenue en Belgique!». Et, 100 mètres plus loin: «Bienvenue au Luxembourg!» La grande Europe... Un peu plus tard, nous atteignons Hoffelt. Pour le passionné de canaux que je suis, cet endroit revêt une importance particulière. En 1829, on a commencé la construction d’un tunnel pour un canal devant relier la Meuse à la Moselle. Hoffelt était la crête de ce canal, qui sur le sol luxembourgeois devait mener jusqu’à Wasserbillig en passant par la

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LUX E M B O U R G Wiltz et la Sûre. La galerie mesurait déjà 1.130 mètres, lorsque les troubles politiques ont éclaté en Belgique, en 1830. Un an plus tard, ce projet ambitieux était abandonné pour ne jamais être repris. Les amateurs de voies navigables observeront une minute de silence à sa mémoire dans la rue «Om Kanal» et pourront consulter les panneaux informatifs qui expliquent la construction du tunnel et l’impact que ce chantier a eu sur Hoffelt. Continuons notre excursion en direction de Hachiville, où une visite de la chapelle «Helzer Klaus» dont les origines remontent au 15e siècle, s’impose. Un peu plus tard, une petite route - ou, devrais-je dire, une piste - nous mène jusqu’à Biwisch, un petit village rural millénaire. À la chapelle Sainte-Agathe, nous tournons à droite en direction de Basbellain. Nous traversons alors la voie ferrée Troisvierges-Gouvy. Mon ami Arsène, ancien chauffeur de locomotives, me racontait qu’avec sa locomotive et trente wagons de coke, il pouvait rouler presque en roue libre de Hautbellain jusqu’à Dommeldange grâce à une légère pente ininterrompue sur toute la lon-

gueur du trajet. À Troisvierges, il freinait légèrement afin de permettre un changement d’équipe sans arrêter le train. Il fallait réaccélérer légèrement à Ettelbruck et, à partir du Dommeldingerberg, une deuxième locomotive venait «pousser» le train jusqu’à la gare de la capitale. Nous arrivons à présent à Basbellain, aussi appelé Kirchen. Le village doit son nom (Kierch signifiant église en luxembourgeois) au fait qu’il était autrefois le centre paroissial pour quatorze localités. À l’endroit où se trouve aujourd’hui l’église néogothique, des fouilles archéologiques ont montré que le site accueillait déjà une église il y a mille ans. Nous approchons lentement du point culminant du pays - du moins comme on nous l’a appris à l’école primaire: le Burgplatz de Huldange culminant à 559 mêtres. Or, il a été établi par la suite que le lieu-dit «Kneif», à quelques centaines de mètres de là, est avec ses 560,08 m le point le plus élevé du Luxembourg. Au centre commercial Massen de Wemperhardt, une autre surprise nous attend: la plus grande collection d’anciens tracteurs Steyr au monde. Un voyage qui ne vaut pas seulement pour les amateurs.

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D Ü S S E L D O R F

En collaboration avec

Avec le train direct des CFL, il n’y a que 4 heures confortables entre Luxembourg et Düsseldorf.

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EN BAS Düsseldorf sur les rives du Rhin vu de haut.

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Texte Stéphanie Krischel

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En train jusqu’au Rhin Photos Anne Lommel

Quels sont les trois mots-clés qui décriraient le mieux votre dernière escapade citadine? Pour nous, ce serait décontraction, Little Tokyo et étonnement. Notre destination était Düsseldorf. Nous nous y sommes rendus en hiver par le train direct de la CFL qui part de Luxembourg.

Cette métropole rhénane dont nous ignorions tout ou presque nous attendait à quatre heures de distance. À vrai dire, Düsseldorf mériterait de s’appeler Rheinstadt, tant le Rhin domine clairement le Düssel, le petit affluent qui serpente très discrètement à travers la ville. De plus, contrairement à ce que son nom allemand laisse entendre, Düsseldorf n’a rien d’un village. Un rêve éveillé Sans connaissances préalables et sans voiture, mais avec une Thermos de thé et un croissant frais dans nos bagages, Anne et moi commençons notre voyage à la gare de Luxembourg. Anne équipée de son appareil photo, moi de mon stylo et de mon blocnotes. L’horaire que nous avons choisi (peu avant 6 heures du matin) laisse présager un trajet sans

stress à pleine vitesse. Pas de bouchons, pas de voiture à gérer et pas de problème de stationnement à l’horizon. Nous discutons. Il fait encore nuit. L’excitation du départ est retombée. Si je n’avais pas succombé à l’appel du marchand de sable, j’aurais pu profiter de mon livre. Ou de mon ordinateur portable. Ou alors, comme j’aime le faire quand je suis pleinement éveillé, j’aurais pu admirer le paysage et rêver les yeux ouverts. Nous sommes tous deux impressionnés par le panorama qui défile derrière la fenêtre: vignobles à flanc de coteaux, châteaux et vieilles maisons à colombages s’enchainent. Sans oublier le Rhin. Après avoir traversé Bonn et Cologne, nous arrivons au terminus. Grâce à la liaison directe et à notre arrivée peu avant 10 h du matin, nous avons toute la journée devant nous.

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Le quartier de Little Tokyo Après avoir longé des librairies et des épiceries aux vitrines ornées de caractères japonais, puis des laveries et quelques restaurants asiatiques, nous rejoignons notre hôtel situé dans le quartier de Little Tokyo. Plus de 8 400 Japonais vivent ici, autour de l’Immermmanstraße et de la Klosterstraße. Il s’agit de la plus grande communauté japonaise d’Allemagne. Après la Deuxième guerre mondiale, l’industrie lourde de la Ruhr a attiré de nombreuses entreprises d’Extrême-Orient dans la cité rhénane. Depuis, quelque 600 entreprises japonaises se sont installées à Düsseldorf et dans les environs. Si vous aimez la culture extrême-orientale, n’hésitez pas à visiter le jardin japonais dans le Nordpark. Malheureusement, nous n’avons pas eu l’occasion de le faire lors de notre première visite de 2 jours et demi. Qui aurait pensé que le Japon était si proche du Rhin? Bling bling, fromage et briques Après l’enregistrement à l’hôtel, nous poursuivons notre découverte, à pied cette fois-ci, en direction du jardin d’Hofgarten, de la vieille-ville et du Rhin. Entre Hofgarten et la place Graf-Adolf, la Königsallee, ou allée royale, s’étire de part et d’autre du canal. Comme son nom l’indique, cette rue commerçante est destinée aux bourses royalement garnies. Malgré tout, la «Kö» est une très belle avenue où il fait bon flâner, en particulier le soir lorsque les vitrines brillent de mille feux. Non loin de là, dans le quartier de Carlstadt au sud de la vieille-ville, le marché couvert invite à remplir son panier de délices. Une grande agitation

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règne sous la halle: plus de 60 stands proposent du fromage, du poisson frais, des spécialités exotiques et régionales, des pains et pâtisseries tout juste sortis du four, de la charcuterie fine, des gourmandises sucrées et des fleurs. Le midi surtout, la foule se masse ici pour faire des emplettes, se restaurer, rencontrer des amis et papoter. En flânant dans les ruelles de la vieille-ville, on se croirait un peu à Amsterdam en raison des façades en briques aux entourages de fenêtres typiques. Avec nos nombreux détours et haltes touristiques, notre première journée dans cette ville méconnue est bien remplie. Vue panoramique et plaisirs gourmands En ce mois de décembre, alors qu’un vent frais nous chatouille le nez, la visite de la Rheinturm tombe à point nommé. Cette tour haute de 240,5 mètres se dresse juste à côté du Parlement de Rhénanie du Nord-Westphalie. Pour 10 euros par personne, il est possible de prendre l’ascenseur jusqu’à la plateforme panoramique située à 168 mètres. À raison de quatre mètres par seconde, nous progressons vers les hauteurs accompagnés de l’habituelle sensation de pression dans les oreilles. Au sommet, la vue dégagée est un régal pour les yeux (par beau temps, on peut même apercevoir la cathédrale de Cologne) et les tartes invitent à se régaler tout court. Si vous préférez les plats plus copieux, rendez-vous au restaurant à 172,5 mètres. En 72 minutes, il effectue une rotation complète autour de son axe!


D Ü S S E L D O R F À l’horizon, on aperçoit la tour du Rhin, haute de 240,5 mètres. Depuis sa plateforme d’observation, on peut même voir la cathédrale de Cologne lorsqu’il fait beau.

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Avez-vous déjà vu des mots croisés géants sur la façade d’une maison?

De là-haut, on distingue clairement le Medienhafen ou Port des médias qui jouxte la Rheinturm. Cet ancien port qui abrite désormais le siège de nombreuses entreprises des médias, de la communication, de la mode, de l’architecture, de l’art et de la culture est un chefd’œuvre architectural incontournable et un lieu de rencontre pour sortir le soir. De l’art sur place ou à emporter Avez-vous déjà vu des mots croisés géants sur la façade d’une maison? Ou des singes mangeant des bananes? À Flingern-Sud, sur la Kiefernstrasse, la Fichtenstrasse et alentours,

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les créations les plus colorées et les formes les plus extravagantes recouvrent les murs des bâtiments. Aujourd’hui considérées comme du Street Art, elles sont l’œuvre de squatteurs issus de l’ancienne gauche alternative. Du Street Art sur fond de politique, ça vaut le détour! Si, comme moi, vous craquez pour la mode de seconde main et les boutiques décalées, prolongez votre séjour à Flingern. L’Ackerstraße, la Birkenstraße et la Lindenstraße dans Flingen-Nord hébergent, par exemple, des boutiques telles que «Lieblingsstücke», «Elementarteilchen» ou «Koko selected» qui

proposent une sélection de pépites vintage, ou encore «Rikiki» qui vous permettra de meubler votre bureau autrement. Fantaisies urbaines Comme toutes les grandes villes, Düsseldorf compte également de nombreux musées. S’il avait plu pendant notre séjour, j’aurais jeté mon dévolu sur l’«Akki» (Aktion & Kultur mit Kindern). Ce musée pour enfants propose des expositions interactives d’un autre genre, accessibles de 5 à 105 ans! Et s’il n’avait pas fait si froid en raison de la saison, une virée à vélo se serait certainement imposée, sachant qu’il est possible de


D Ü S S E L D O R F À Flingern-Süd, il y a d’innombrables peintures de street art à admirer.

transporter le sien à bord du train direct moyennant un petit supplément. Pédaler le long du Rhin et découvrir la ville depuis le fleuve est certainement une expérience des plus plaisantes. L’été, les terrasses, les escaliers extérieurs et les pelouses verdoyantes invitent à se prélasser le long des rives. Et même à distance de l’eau, de nombreuses pistes cyclables sillonnent la ville. À la belle saison, nous aurions certainement troqué notre vin chaud contre une bonne pinte de bière sur la Bolkerstraße, accoudés au plus long comptoir du monde. «Iss, was gar ist, trink, was klar ist, sag, was wahr ist» (savoure ton plat, bois ton verre et dis

la vérité) peut-on lire en référence à Luther sur la façade de l’un des bars qui s’alignent le long de la rue. Intermède ferroviaire Après avoir bien profité de notre dernière matinée pour nous promener, faire des emplettes et manger, nous prenons le chemin de la gare vers 13 h. À notre arrivée, nous n’avions pas remarqué les casiers colorés à l’intérieur du bâtiment. Si vous voulez éviter de trimballer votre valise toute une journée, vous pouvez la déposer ici pendant 24 heures maximum. Après avoir acheté un dernier café accompagné d’un beignet au fromage blanc (voire deux), nous

nous installons confortablement à bord du train. En première classe, il faut réserver sa place, mais en deuxième, le placement est libre. Grâce à la liaison directe, nous partons un peu avant 14 h et arrivons avant 18 h à la garce centrale de Luxembourg. Pile à l’heure pour attraper la correspondance vers Mersch ou Ettelbrück où nos voitures nous attendent. Une fois rentrés à la maison, les gourmandises de la Carlplatz sont l’occasion de prolonger notre virée citadine. La ville nous a à la fois surpris et emballés. Nous y retournerons sans doute, si possible à la belle saison, afin de découvrir Düsseldorf sous un autre jour.

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Il est toujours là Texte Stefanie Bisping

Au cinéma, James Bond a fini par mourir. Toutefois, au sommet du Gaislachkogl à Sölden, l’agent 007 s’est offert une vie éternelle, figé dans le permafrost.

Il fait froid et sombre au cœur de la montagne. Depuis un mur vidéo, Sam Mendes s’adresse aux visiteurs assis sur des bancs en béton autour d’un braséro. Scènes d’action spectaculaires, gadgets techniques, lieux de tournage emblématiques... Pas de doute, il est bien question de Bond. James Bond. Nichée au sommet du Gaislachkogl, l’installation cinématographique «007 Elements» animée par le metteur en scène de «Skyfall» et de «Spectre» retrace à un rythme trépidant soixante années au service de sa Majesté. Murs de miroirs, musiques de Bond et scènes de films grandeur nature subliment les effets du cocktail d’action narré par Mendes et lui confèrent des dimensions gigantesques. Les photos de James

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Bond Girls et de méchants s’enchaînent à vive allure. Sur l’écran apparait Naomie Harris, alias Eve Moneypenny, qui présente les lieux de tournage les plus glamour: îles volcaniques japonaises, plages de sable blanc aux Bahamas, villes exotiques – sans oublier les massifs alpins. Dans la salle suivante, ces derniers se dressent majestueusement face aux fenêtres panoramiques. Les scènes de «Spectre» tournées autour du Gaislachkogl constituent la pièce maîtresse naturelle de l’exposition. Celle-ci revient également sur l’ultime chapitre de la saga. Mais contrairement à la fin du dernier film de Craig, 007 est bien vivant ici. Le bâtiment en béton à flanc de montagne permet d’admirer plusieurs lieux de tournage du


S Ö L D E N EN HAUT L’univers Bond hivernal de 007 Elements et du restaurant vitré Ice Q sont constitués de glace et de verre. L’ensemble séduit les fans de Bond et de la montagne - tout comme les gourmets.

© Rudi Wyhlidal

EN BAS En douze minutes, le téléphérique du Gaislachkogl atteint les 3.000 mètres depuis la station aval située à 1.363 mètres d’altitude, en passant par la station intermédiaire.

© Christoph Noesig

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Un seul Bond ne suffit pas: des séquences de films projetées sur des écrans géants projettent le visiteur dans l’univers de 007.

PAGE SUIVANTE Le bâtiment en béton à flanc de montagne permet d’admirer plusieurs lieux de tournage du film «Spectre».

© Kristopher Grunert

© Christoph Noesig


S Ö L D E N film «Spectre» perchés à 3.040 mètres d’altitude dans les Alpes de l’Ötztal. Ce spectacle, qui fait partie des rares expositions officielles consacrées à Bond (avec celle du Spy Museum de Washington D.C. et la collection de voitures «Bond in Motion» du London Film Museum), plonge les visiteurs au cœur d’une atmosphère digne des célèbres films d’espionnage. Autre caractéristique distinctive de «007 Elements», le bâtiment spécialement conçu pour Bond par l’architecte Johann Obermoser originaire d’Innsbruck, se trouve au cœur d’un décor de film original. Obermoser a utilisé le site d’altitude comme un fil conducteur esthétique. «Je voulais faire passer le panorama au premier plan et adopter le principe de l’iceberg pour que la montagne dissimule plus de choses qu’elle n’en dévoile», explique-t-il. Le contraste entre la clarté et l’obscurité, l’exiguïté et les vastes étendues, l’inclinaison à peine perceptible d’une pièce à l’autre (9 mètres de dénivelé), ainsi que la vertigineuse vue en surplomb, contribuent à la puissance de l’impact visuel. Obermoser a renoncé au chauffage et à la climatisation pour permettre aux spectateurs de ressentir le climat extrême des Alpes. Par conséquent, le musée séduit non seulement les fans de Bond, mais aussi les amateurs de montagne. Une salle expose des objets originaux de l’arsenal de Bond et de

ses collègues à double zéro. Le «pistolet d’or» brandi par le tueur à gages Francisco Scaramanga en 1974 trône dans une vitrine. Un écran tactile permet de le démonter virtuellement avant de visionner la scène correspondante. Le «Snooper Dog» utilisé en 1985 par le maître-armurier Q dans «Dangereusement vôtre» est également exposé, ainsi que la montre laser Omega indestructible avec laquelle Pierce Brosnan a éliminé son adversaire en 1995 dans «Golden Eye». D’autres gadgets appartenant à 007 ont également élu domicile au sommet de la montagne. Ainsi, un scanner sur lequel les visiteurs posent le bras parcourt les archives religieusement conservées au QG du MI-6: selon le résultat affiché à l’écran à l’issue du balayage présumé, l’«agent 002570» aurait quatre liquidations d’ennemis, quinze romances et neuf millions de livres de dégâts matériels à son actif. L’un des points d’orgue de l’exposition est l’avion original à bord duquel Bond traverse une grange dans «Spectre». Entouré de débris de bois, il est suspendu face au panorama alpin, tel un vestige figé de l’histoire du cinéma. «Mon objectif était de montrer toutes les facettes de Bond», explique Neal Callow, directeur artistique de tous les opus de Bond avec Daniel Craig et responsable du contenu de l’exposition. Afin que les scènes, le son et les objets exposés puissent faire pleinement

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effet, 25 personnes seulement sont autorisées à accéder au site toutes les huit minutes. L’emplacement évite également que les lieux ne se transforment en parc d’attractions, car l’installation située à 3.040 mètres d’altitude est uniquement accessible en téléphérique. Juste à côté, le restaurant gastronomique «Ice Q» offre une vue panoramique qui s’étend du Zugspitze jusqu’aux Dolomites en survolant les Alpes de l’Ötztal. En 2015, il a été transformé en clinique d’altitude dirigée par le Dr. Madeleine Swann pour les besoins de «Spectre». L’architecture froide et épurée de ce quadrilatère vitré ne pouvait pas être plus éloignée du style alpin traditionnel avec son bois sculpté et ses nappes à carreaux rouge et blanc. Elle offre un cadre idéal au Bond de l’ère post-moderne, dont la James Bond Girl ne se promène plus en bikini blanc à longueur de journée comme Ursula Andress et Kim Basinger, mais est dépeinte comme une universitaire diplômée bien plus habillée. En outre, le 007 d’aujourd’hui n’est plus seulement un dur à cuire, mais vulnérable et même mortel, une évolution que Neal Callow salue comme la «preuve de la maturité de Bond et l’aboutissement logique de son univers». À Sölden, toutefois, Bond a accédé à la vie éternelle. Et il le doit à une femme. Dans toute l’Europe, des repéreurs ont recherché un lieu

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de tournage capable de restituer la personnalité glaciale du Dr. Madeleine Swann, alias Léa Seydoux. «Ils sont venus plusieurs fois dans la région sans que l’on sache précisément pourquoi», se souvient Jakob «Jack» Falkner, directeur et copropriétaire de la compagnie de remontées mécaniques Söldener Bergbahnen. Un soir, une équipe complète accompagnée de Sam Mendes s’est installée sur la terrasse devant l’Hotel Central. «J’ai vite compris qu’ils étaient vraiment intéressés.» Il a également vite compris qu’il allait devoir se démener. «Les producteurs ne viennent pas jusqu’au petit gars des Alpes; c’est lui qui doit prendre l’avion pour les rencontrer à Londres.» , précise Jakob Falkner. Et c’est ce qui s’est passé. Dans sa valise, il avait de bons arguments. D’une part, l’esthétique post-moderne du restaurant de montagne «Ice Q» également conçu par Obermoser qui avait conduit la régisseuse générale Emma Pill jusqu’à Sölden. D’autre part, le téléphérique du Gaislachkogl avec ses stations également dessinées par Obermoser (dont la station centrale qui vient d’ouvrir cette saison) et la promesse de transformer les temps d’attente en phénomène historique. Sans oublier l’assurance de pouvoir loger les 500 membres de l’équipe pendant la haute saison. Cependant, son objectif ne se limitait pas


S Ö L D E N Retour à Bond: dans «Spectre», le Dr Madeleine Swann, alias Léa Seydoux, est enlevée début d’une course-poursuite haletante. © Jonathan Olley

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Les lieux de tournage de la course-poursuite alpine se trouvent à portée de vue de «007 Elements». © Jasin Boland

à faire venir l’équipe du film dans l’Ötztal. «Je leur ai dit que nous proposions d’excellents services, mais que nous voulions aussi concevoir un projet durable.» Falkner, véritable moteur du développement du tourisme dans l’Ötztal depuis longtemps, avait conscience de ce que la marque Bond pouvait impliquer: un rayonnement international et l’opportunité d’attirer à Sölden les randonneurs, skieurs et cinéphiles du monde entier – et ce, toute l’année. Craig et les deux tueurs qui surveillent Q dans le téléphérique du Gaislachkogl ont été les premiers à se présenter. Au cours d’une scène épique, Bond poursuit en avion les deux méchants qui

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foncent en voiture sur la route du glacier en contrebas de «007 Elements». La traque prend fin quand l’avion traverse une grange dans le village d’Obertilliach. Après une journée de travail éprouvante, Craig et l’équipe descendaient au bar de l’hôtel Berlang. Sigi Grüner, directeur de l’établissement, se remémore ces soirées avec plaisir. «C’était toujours très drôle», confie-t-il. Selon lui, Daniel Craig s’est montré poli et sympathique, il a été traité comme tous les autres et rien n’a fuité sur les prestigieux hôtes des lieux. En effet, Léa Seydoux, Ben Whishaw alias Q et Dave Bautista, le méchant du film, logeaient également ici. Au début, Craig, qui craignait

d’être assiégé par les fans, avait choisi cet hôtel parce qu’il pouvait rejoindre directement sa suite en ascenseur depuis le parking souterrain. «Mais les habitants de l’Öztal ne se souciaient pas plus de lui que des autres clients», raconte Grüner. Rapidement, l’équipe s’est mêlée aux hôtes qui étaient toujours ravis de croiser James Bond dans l’ascenseur. Avec sa femme Rachel Weisz, Craig avait loué la suite Gipfel dotée de trois chambres et d’un salon au quatrième étage. Depuis, elle a été renommée Suite James Bond et décorée d’objets-souvenirs. Nul ne sait en revanche si Craig a utilisé la baignoire installée au pied du lit dans l’une des chambres.


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Breviarium

TCHÉQUIE

Vienne ALLEMAGNE

Salzbourg

Innsbruck

AUTRICHE

Sölden HONGRIE

ITALIE

SLOVÉNIE

48° N 16° O www.007elements.soelden.com

À faire absolument Prendre les téléphériques du Gaislachkogl I et II pour se rendre à «007 Elements». L’installation peut être visitée tous les jours de 9h à 16h30. L’entrée coûte 22 euros, 17 euros pour les jeunes de 15 à 19 ans et 12 euros pour les enfants à partir de 8 ans. Il faut prévoir 1,5 heure pour la visite. Fermé entre la saison d’hiver et la saison des randonnées de fin avril à début juin et de début octobre à mi-novembre.

À éviter Descendre dans la vallée sans avoir pris un apéritif sur la terrasse d’Ice Q et goûté à son excellente cuisine. Et: mentionner la fin malheureuse de Bond dans la suite de «Spectre».

Trésors cachés Si vous avez toujours voulu dormir dans le lit de Bond, vous en aurez l’occasion à l’hôtel design et stylé Bergland. Cet établissement quatre étoiles plus dispose non seulement de la suite Bond louée autrefois par Daniel Craig et contenant des souvenirs, mais aussi d’un espace bien-être de 1.700 m2.

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© Serfaus-Fiss-Ladis Marketing GmbH, danielzangerl.com

Le plein d’aventures au cœur du Tyrol Convivialité, diversité, paysages à couper le souffle... Derrière le slogan «Hivers enchanteurs à Serfaus-Fiss-Ladis» se cachent trois villages de montagne du Tyrol offrant une foule d’activités hivernales de haut niveau. Soyons francs: le plus fantastique dans les sports d’hiver, c’est leur diversité! Les amateurs de sensations fortes dévalent des pentes ultra-raides sur des pistes parfaitement préparées. Les fans de poudreuse s’aventurent hors des sentiers battus. Les parents s’entraînent à faire des courbes parfaites dans la neige avec leurs enfants. Les vacanciers en manque de soleil se prélassent tranquillement en passant d’une terrasse de chalet à l’autre. Le reste de l’année,

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bon nombre de skieurs en herbe rêvent de leurs prochains cours de ski. Et de leur beau moniteur... Par conséquent, pour une station de montagne, difficile de répondre à toutes les attentes! À moins de s’appeler Serfaus-Fiss-Ladis. Située à une heure de voiture d’Innsbruck, la capitale régionale, cette destination de vacances idyllique est perchée sur un plateau baigné de soleil et parfaitement enneigé qui domine la vallée de l’Inn dans le Haut-Tyrol.

Elle attire les amateurs de sports d’hiver (et ceux qui souhaitent le devenir) grâce à son offre de loisirs qui compte sans doute parmi les plus variées de l’arc alpin. Que ceux qui s’imaginent une station de ski sans âme soient rassurés: Serfaus, Fiss et Ladis ont conservé tout le charme d’authentiques villages de montagne. En marge des remontées mécaniques, les vacanciers y profitent gratuitement d’un concentré des plaisirs du Tyrol.


Serfaus-Fiss-Ladis: avec ses kilomètres de pistes et ses longues soirées après-ski, vous ne vous ennuierez jamais! En matière de sports d’hiver, vous avez de quoi faire: à Serfaus-Fiss-Ladis, 68 remontées desservent 214 kilomètres de pistes offrant tous les niveaux de difficulté entre 1.200 et près de 3.000 mètres d’altitude. Voici un aperçu (subjectif) des trois meilleures descentes. Avec ses dix kilomètres, la Frommeabfahrt figure parmi les

plus longues pistes d’Autriche. Les grands dénivelés, c’est le pied! Avec une pente moyenne de 70 %, la Pezid-Vertikal ou la Direttissima ont de quoi impressionner. La 12er Sportiv, pour sa part, est un mix idéal entre défi sportif et aventure nature. Envie de nouveauté? Dans six Fun Areas, vous pouvez notamment vous envoyer en l’air. À l’écart des pistes, douze itinéraires vous invitent à enchaîner vos plus belles figures de freestyle. Après l’action, place à la détente! À Serfaus-Fiss-Ladis, tout le monde (avec ou sans skis) peut succomber aux charmes des chalets et des terrasses ensoleillées ou savourer un Kaiserschmarren, l’omelette de l’empereur. Déjeuner royal au Crystal Cube, lever de soleil dans un refuge isolé avec le Sunrise Hexensee ou dîner romantique grâce au Sunset Dinner Masner, à Serfaus-Fiss-Ladis, les délices gastronomiques atteignent des sommets!

P U B L I R E P O R TA G E

sentiers de randonnée hivernale ou des pistes de fond et de luge. On y trouve aussi des attractions à sensations fortes uniques dans les Alpes comme la piste de luge sur rails Familien-Coaster-Schneisenfeger de Serfaus qui fonce jusqu’à 40 km/h entre l’Alpkopf et l’alpage de Seealm Hog. Envie d’encore plus d’action? Dans ce cas, rendez-vous au Skyswing de Fiss ou sur le Fisser Flieger qui survole les montagnes du Tyrol.

serfaus-fiss-ladis.at

© Serfaus-Fiss-Ladis Marketing GmbH, Andreas Kirschner

Le monde merveilleux de l’hiver attend toute la famille au-dessus de la vallée de l’Inn «We are family!» est bien plus qu’un slogan. Depuis que les domaines de Serfaus et de Fiss-Ladis ont fusionné il y a plus de 20 ans, ils ont fait de ces trois mots leur crédo. Ces trois villages «remarquables» au sens strict du terme disposent de deux excellentes écoles de ski, ainsi que de trois espaces destinés aux enfants: Kinderschneealm et Murmlipark à Serfaus, et Bertas Kinderland à Fiss-Ladis. Dans une ambiance détendue, les petits y apprennent à faire du ski ou du snowboard et ce, dans leur langue maternelle. Serfaus-Fiss-Ladis a donc bien mérité son titre de domaine skiable alpin le plus apprécié des familles. Si le ski est un plaisir, l’aprèsski l’est tout autant. À Serfaus-Fiss-Ladis, les vacanciers disposent également de nombreuses activités de loisirs «sans skis», telles que des aires de jeu, des


F L E E S E N S E E

La seule vue des alpagas enchanteurs est une caresse pour l’âme.

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EN BAS La ferme d’alpagas de la famille Tönnessen est le point de départ de la randonnée.

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F L E E S E N S E E

Bien-être au naturel Texte Joscha Remus

Randonner en se déchargeant de tout, c’est tentant, n’est-ce pas? Ne pas avoir à décider soi-même de l’itinéraire, faire confiance à un autre pour garder le cap et imposer le rythme… Originaires des Andes, les alpagas semblent nés pour vous garantir une détente totale en vous ancrant dans le présent.

Les alpagas sont les animaux idéaux pour ralentir – et nous en avons tous besoin. Ce sont des compagnons vigilants qui transforment les stressés que nous sommes en randonneurs détendus. En randonnée, quand nos pensées partent dans tous les sens, les alpagas nous permettent de nous recentrer, intellectuellement parlant. Les alpagas évitent les divagations mentales dont nous faisons tous l’expérience en marchant. En se fiant à l’animal, on se déconnecte de toutes ces choses qui nous traversent constamment la tête. L’esprit se libère vraiment. Amis randonneurs, c’est l’occasion rêvée de vous retrouver et de profiter vraiment de l’instant présent. De

plus, à elle seule, l’observation de ces créatures envoûtantes, est source de béatitude. À seulement cinq kilomètres de la ville insulaire de Malchow en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, Penkow est une destination parfaite pour se déconnecter et décompresser. On y trouve un étang, une ancienne ferme et, à moins de deux kilomètres du centre, un golf et un château avec espace bienêtre où il fait bon se faire dorloter. Ce bien-être, vous pouvez également le trouver en randonnant avec les alpagas. L’excursion commence à la ferme des alpagas de la famille Tönnessen. Kerstin était professeure des écoles, Andreas

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F L E E S E N S E E

travaillait dans les médias. Tous deux adeptes de la randonnée en compagnie des alpagas, ils ont progressivement transformé cette passion commune en leur activité principale. Ce type de randonnée est également reconnu pour ses vertus thérapeutiques. Kerstin et Andreas ont même appris à leurs alpagas à prendre l’ascenseur, car ces animaux sont des visiteurs très utiles et forts appréciés dans les maisons de retraite et les hospices. Mais avant la sortie proprement dite, un petit tour de chauffe s’impose. Il est important de se renifler au préalable, de faire connaissance et d’établir ainsi une relation de confiance. Dans un paddock face à l’étable, nous commençons par nourrir les animaux à l’aide de fourrage enrichi. Ce complément à base de céréales est important, car les sols européens sont moins riches en minéraux que ceux des terres natales des alpagas dans les Andes. Les alpagas sont des animaux qui se protègent en fuyant le danger. Par conséquent, ils sont naturellement craintifs et peu enclins aux câlins. Ils se touchent très peu entre eux et se contentent de

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se frotter brièvement le museau de temps à autre. En dehors de cela, ils aiment garder leurs distances. C’est un avantage certain, car les alpagas ne sont jamais envahissants. Andreas nous livre d’autres informations intéressantes en chemin. Dans les Andes, les femelles alpagas ne lèchent pas leurs nouveau-nés pour les sécher. Étant donné qu’entre 3.500 et 5.000 mètres d’altitude, une fourrure mouillée condamnerait les petits à une mort certaine par les froides nuits de gel, les alpagas d’Amérique latine mettent bas uniquement l’après-midi, les jours ensoleillés. C’est passionnant: les petits sont donc toujours séchés par le soleil et le vent. Je caresse doucement le dos de Falcor, l’alpaga que j’ai choisi. Sa fourrure est très sèche car, contrairement à celle du mouton, la laine d’alpaga est dépourvue de lanoline, la graisse protectrice. Nous apprenons également que les alpagas ont été domestiqués il y a plus de 5.000 ans à partir des vigognes, leurs ancêtres sauvages. Leurs cousins lamas, en revanche, sont des descendants des guanacos. Les alpagas élevés par


F L E E S E N S E E Les alpagas ont été élevés à partir de la forme sauvage, la vigogne, il y a plus de 5.000 ans.

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F L E E S E N S E E

La beauté esthétique des animaux et leur nature calme et détendue facilitent l’arrivée dans le présent.

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F L E E S E N S E E l’Homme ne perdent plus naturellement leur fourrure et doivent être tondus une fois par an. Les vigognes sauvages dont descendent les alpagas se «tondent» toutes seules en courant simplement à travers des buissons qui accrochent leur laine au passage. Autrefois, les Incas récupéraient cette laine pour la transformer, comme on peut le faire avec du coton. Après nous être un peu familiarisés avec nos compagnons de voyage, nous leur passons un licol et formons une courte boucle avec la longe. C’est parti pour une balade à travers une nature sauvage et colorée, ponctuée de bleuets et de coquelicots! Ce qu’il y a bien avec cette randonnée, c’est qu’il n’est pas nécessaire de réfléchir à l’itinéraire. Il suffit de se laisser guider. On s’évite ainsi de rester les yeux rivés sur le GPS ou de chercher les panneaux indicateurs dans la végétation afin de se concentrer pleinement sur les animaux, le paysage et la marche. Chaque animal a son propre caractère. Il est nécessaire que l’homme et la bête s’accordent pour former une équipe. Falcor, mon alpaga à la toison hirsute qui doit son nom au dragon de l’«Histoire sans fin», est particulièrement sur ses gardes. Il ne se contente pas de gambader

à mes côtés. Au départ, il semble plutôt me jauger, avant de poursuivre sa route avec prudence et circonspection. Il faut dire que les alpagas sont les champions de l’observation. Le mien perçoit bien mieux que moi le bruissement d’une perdrix, d’un lapin ou d’une petite grue tapie dans l’herbe. Cela fait de lui un fantastique guide naturaliste et un explorateur-né. Nous flânons tranquillement le long de prés fleuris. En humant le doux parfum des hibiscus, j’éprouve rapidement un sentiment de connexion et je découvre un petit plaisir dont les alpagas raffolent. Les hibiscus et les roses sauvages, en particulier les églantines, sont un pur délice pour eux. Ils aiment tellement les jeunes pousses d’ortie qu’ils s’agenouillent pour les brouter, mais ils se laissent également tenter par l’achillée jaune ou blanche. D’un œil averti, Kerstin s’assure de l’absence de séneçon de Jacob le long du chemin. Cette plante toxique ne doit pas non plus se retrouver dans le fourrage des animaux. Falcor le hippie aime bien faire quelques réserves pour la route et prend parfois la pose devant mon objectif, une marguerite au coin de la bouche. La beauté de ces animaux et leur caractère débonnaire aident à s’ancrer dans le présent. Toutefois,

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F L E E S E N S E E

Il est également possible de passer la nuit au château de Klink, situé sur les rives de la Müritz.

comme nous le remarquons rapidement, il faut parfois se montrer un peu ferme, sans quoi ils se concentrent sur ce qui les intéresse le plus, à savoir brouter l’herbe le long du sentier. Quand Falcor lambine pour profiter du délicieux buffet offert par la nature, je tire donc un peu sur sa longe, mais je lui accorde tout de même des pauses. Sous un pommier, j’observe un alpaga nommé Lucifer qui se prend pour une girafe. Il se dresse habilement sur ses pattes arrière et tend le cou

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afin d’atteindre les feuilles et les bourgeons en hauteur. Au-dessus de nous, un milan royal se livre à des manœuvres acrobatiques. Sur un chemin de terre près du village, alors que nous passons devant un apiculteur qui s’affaire autour de ses ruches, tous les alpagas marquent le pas et regardent avec attention dans sa direction. Leur curiosité et leur prudence naturelles sont de retour. Les randonnées avec les alpagas ont également lieu en hiver. Les animaux sont alors proté-

gés par une épaisse fourrure et n’ont absolument pas froid. Les Tönnessen organisent aussi de l’alpaga-yoga et des randonnées thérapeutiques pour les personnes en burn-out. De plus, la petite boutique de la ferme propose toutes sortes de produits dérivés des alpagas. Pour finir, je vous recommande de visiter le splendide hôtel-château de Fleesensee et de vous rendre au château de Klink où vous pourrez prendre un bain rafraîchissant dans le lac Müritz.


F L E E S E N S E E

53° N 12° E

DANEMARK

SCHLESWIG-HOLSTEIN

Schwerin

MECKLEMBOURG-POMÉRANIE-OCCIDENTALE

Fleesensee Penkow POLOGNE

Breviarium

www.fleesensee-alpakas.de

BASSE- SAXE

BRANDEBOURG

À faire absolument Le château de Klink, sur les rives de la Müritz, est à ne manquer sous aucun prétexte. Un véritable château de conte de fées dans un cadre de rêve, où l’on peut également passer la nuit. À moins de cinq minutes à pied, une magnifique petite plage de sable, au bord du lac, attire les visiteurs. Le divertissement idéal pour l’été. La forêt «Affenwald» à Malchow et le magnifique Müritzeum promettent des émotions fortes. Un centre de découverte de la nature à Waren, où l’on peut notamment explorer le monde sous-marin de la région des lacs du Mecklembourg.

À éviter Même s’il est tentant de caresser la tête des adorables alpagas, il ne faut pas le faire. Les animaux n’aiment pas trop ça. Laissez la famille Tönnessen vous montrer quels animaux peuvent être caressés au cou. Il faut également éviter de toucher les pattes des alpagas et de surgir brusquement derrière eux. Les animaux pourraient alors se débattre avec leurs pattes et les bleus ne sont pas un bon souvenir.

Trésors cachés En revanche, la petite boutique de la ferme de la famille Tönnessen propose de beaux souvenirs, notamment de nombreuses surprises en douce laine d’alpaga. Les couettes moelleuses remplies de toison d’alpaga sont un secret d’initiés. Mais on y trouve aussi des petits cadeaux du Pérou et des produits à base de chanvre. Le chocolat au chanvre et les petits animaux en laine d’alpaga sont les préférés des enfants. Et pour ceux qui ont besoin d’un engrais longue durée pour le jardin, on trouve même de l’engrais d’alpaga doré.

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V I E N N E

Vienne, entre secrets et trésors Texte Joscha Remus

Dans l’idéal, j’adorerais passer un week-end par mois à Vienne pour admirer toutes ses splendeurs architecturales, goûter à tous ses délices et percer tous ses secrets. Chaque année, elle réserve son lot de nouveautés.

À Vienne, on va de surprise en surprise. Si vous avez déjà visité les principaux sites touristiques de la ville comme le château de Schönbrunn, la cathédrale Saint-Étienne, le château du Belvédère, l’opéra de Vienne, la chatoyante Hundertwasserhaus ou encore l’école d’équitation espagnole, il est temps de sortir des sentiers battus et de vous offrir une virée fastueuse. Vienne a plus de facettes que la plupart des autres villes européennes: aux attractions de la jungle urbaine se mêle une foule de merveilles extérieures et naturelles. Ce que j’aime à la belle saison, c’est admirer la ville au calme depuis les hauteurs, au cœur d’une nature paradisiaque, un bon verre

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de vin à la main. L’écrivain Karl Kraus a dit que les rues de Vienne sont pavées de culture, contrairement aux autres villes qui sont recouvertes d’asphalte. Je lui donne raison, car aucune autre métropole européenne n’associe aussi bien la culture et la viticulture que Vienne. Quelle autre cité peut se vanter de compter plus de 6 millions de mètres carrés de vignes? Si ce chiffre ne vous parle pas, cela représente l’équivalent de 857 terrains de football. Aujourd’hui, Vienne est la seule métropole au monde à accueillir une véritable activité viticole en ses murs. Selon le critique gastronomique Jürgen Dollase, sous le règne de Charlemagne, autour de l’an 800,


V I E N N E Outre le tourisme culturel, Vienne se prête également à d’innombrables activités de plein air.

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© Paul Bauer

EN BAS La ville de Vienne a pour particularité d’accueillir 6 millions de m2 de vignes sur son territoire.

© Peter Rigaud

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V I E N N E

La Grande Roue de Vienne, construite en 1897, est l’un des symboles de la capitale autrichienne. © Paul Bauer

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V I E N N E les vignerons étaient autorisés à vendre leur propre vin trois mois par an. À Vienne, la viticulture était déjà florissante au MoyenÂge. Chaque quartier possédait son propre vignoble, une tradition qui a disparu au fil du temps et de l’expansion de la ville. En 1784, l’empereur Joseph II a autorisé les débits de boisson. À l’époque, des brindilles de sapin guidaient les promeneurs jusqu’aux établissements servant du bon vin. La tradition des «Buschenschanken», les bars à vin locaux, était née. Leur credo: profiter des plaisirs de la nature en dégustant un bon cru face à une vue splendide. Une vue sur la ville digne d’un cinéma panoramique Sur ce, quittons la magnificence urbaine pour les plaisirs gourmands des collines. Depuis le terminus de la ligne de tramway D à Nussdorf, le sentier de randonnée Stadtwanderweg 1 mène à des points de vue féériques. Après avoir traversé les vignes et la forêt, vous arrivez au sommet du Kahlenberg, la colline chérie des Viennois. Pendant les mois d’été, le long de ce sentier, les Buschenschenken et autres Heurigen invitent à profiter des spécialités culinaires et des breuvages nobles de la région. La plate-forme d’observation de la Stefaniewarte perchée à 300 mètres d’altitude, offre une vue dégagée sur le bassin viennois, les magnifiques collines boisées et le Danube. Après un détour par la chaleureuse Josefinenhütte où vous attendent une station de recharge

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Vienne a plus de facettes que la plupart des autres villes européennes. © Paul Bauer

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V I E N N E Vue sur Vienne depuis les vignobles environnants. © Julius Hirtzberger

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pour vélos électriques ainsi que le Waldseilpark avec parcours d’accrobranche et tyroliennes pour les amateurs de sensations fortes, la crête en pente douce du Nussberg vous permet de revenir à votre point de départ. Mais pas si vite! Par beau temps, un arrêt à la Wieninger am Nussberg, un bar à vin doté d’une vaste terrasse naturelle offrant une vue spectaculaire sur Vienne, s’impose. Dans un théâtre de verdure, vous pourrez y déguster tous les délices régionaux que la famille Wieniger, Sigi Machatschek et leur équipe concoctent pour leurs convives, que ce soit une salade de courge aux pépins de grenade, une salade de courgettes aux champignons, un boudin de Mangalitza bio de la boucherie fine Thum ou des spécialités de fromage de la vallée de Paznaun. En guise de dessert, offrez-vous une glace au lait de brebis et une tarte au pavot. Et pour éliminer toutes ces calories, continuez votre promenade à Vienne: comme je l’ai dit, les attractions sont innombrables! Vienne la merveilleuse Une visite guidée de la ville, la nuit, m’a laissé une impression de beauté fantomatique, avec ses histoires

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de revenants et ses mystères qui font penser à Sigmund Freud. Peu le savent: Vienne abrite l’un des plus hauts immeubles en bois du monde, juste en face de la station Seestadt sur la ligne de métro 2, dans le 22e arrondissement de Vienne appelé Donaustadt. Le HoHo Wien est une tour hybride en bois qui culmine à 84 mètres. Seul le Mjøstårnet dans la vallée norvégienne du Brumund le dépasse. Anecdote intéressante, la façade ressemble à s’y méprendre à une gigantesque écorce d’arbre. La visite du Zauberkasten Museum m’a réservé une autre surprise: une fantastique excursion dans l’univers merveilleux de la magie. Malheureusement, ce spectacle est uniquement visible le premier dimanche de chaque mois. Malgré tout, les prestidigitateurs et magiciennes en herbe doivent planifier une visite car, outre les 3.000 boîtes de magie différentes qu’ils pourront admirer, ils découvriront les tours de magie les plus étonnants. Pour reprendre des forces, un grand classique reste une dégustation dans un café viennois. Dans mon top 3 figurent toujours le petit Café Jelinek avec son agréable poêle à bois, le Café


V I E N N E Au Café Sperl, vous pourrez déguster des gâteaux faits maison. © Peter Rigaud

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V I E N N E

L’impératrice Sisi résidait notamment dans le somptueux château de Schönbrunn. © Peter Rigaud

Sperl avec sa tarte maison et le légendaire Café Hawelka qui torréfie lui-même ses spécialités. Bien entendu, à Vienne, impossible de ne pas succomber au Tafelspitz et au Kaiserschmarrn. Si vous aimez les saveurs insolites, faites un petit tour dans le quartier Rothneusied au sud de la ville. Vous y trouverez une ferme avec un élevage d’escargots et un mets unique au monde: de la terrine d’escargots fondante au petit goût de noisette!

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Les secrets de l’impératrice Sissi Last but not least, j’avoue être un grand admirateur de l’impératrice Elisabeth, plus connue sous le nom de Sissi. Dans de nombreuses communes européennes, on trouve encore des endroits qui entretiennent la mémoire de cette fantastique femme. Dans un petit village de Transylvanie du nom d’Halmágy, j’ai même découvert une statue de Sissi, car la population hongroise la vénère encore de nos jours. À Vienne, tous ceux qui s’intéressent

aux secrets de cette personnalité culte doivent visiter le Sisi Museum au cœur de la Hofburg. Lorsque le temps est couvert ou froid, c’est le lieu idéal pour redécouvrir le mythe entourant l’impératrice. Autre fait méconnu: loin des clichés romantiques habituels, Sissi était la meilleure cavalière de son époque. Elle a remporté de nombreuses compétitions équestres en Angleterre et était admirée pour ses performances sportives, en son temps.


V I E N N E

Breviarium

TCHÉQUIE

Vienne ALLEMAGNE

Salzbourg

Innsbruck

AUTRICHE

HONGRIE

ITALIE

SLOVÉNIE

48° N 16° O www.wien.info

À faire absolument Déguster un mélange et une Sachertorte ou un Wiener Apfelstrudel dans un café viennois traditionnel. Si possible, assister gratuitement au Concert d’une nuit d’été de l’Orchestre philharmonique de Vienne à Schönbrunn. Visiter la Serre aux papillons et la Serre aux palmiers du château de Schönbrunn.

À éviter Rester à gauche sur les escalators. Les Viennois sont intransigeants à ce sujet. À Vienne, le mot d’ordre est: «on tient sa droite ou on double par la gauche». Ne pas respecter ce principe est considéré comme un faux-pas presque impardonnable. Si vous ne voulez pas passer pour un frimeur ou une frimeuse, évitez les mots Brötchen, Weinschorle et Tüte et employez plutôt les termes autrichiens Weckerl, Spritzer et Sackerl.

Trésors cachés Par beau temps, admirer le coucher de soleil depuis le Kahlenberg constituera assurément le point d’orgue de votre visite. La ville scintillera alors à vos pieds, dans toute sa splendeur. Si vous aimez nager en été, la Krapfenwaldlbad – une piscine en plein air située dans le 19e arrondissement – offre également une vue fantastique sur Vienne!

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BAR C E LO N E

Profitez du coucher de soleil sur la plage et profiter de la douceur de vivre espagnole.

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EN BAS Les pistes cyclables sont parfaites pour admirer Barcelone et les nombreuses œuvres de Gaudí.

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BAR C E LO N E

Barcelone, pionnière sur le slow life Texte Sarah Braun

Saviez-vous que Barcelone était la meilleure ville du monde? Ce n’est pas nous qui l’affirmons, mais une très sérieuse étude du journal anglais Telegraph Travel, au terme d’une enquête fouillée, réalisée auprès d’une cinquantaine de villes à travers le monde. Différents critères ont été pris en considération parmi lesquels la qualité de l’air, le nombre d’espaces verts ou encore le sentiment de sécurité.

Si la distinction a de quoi faire rougir les Barcelonais, George Orwell, qui a vécu dans la capitale catalane en 1936 et 1937, était loin de partager ce point de vue. Il avait en effet alors déclaré que ces deux années avaient représenté «l’une des périodes les plus insupportables de (sa) vie tout entière.» Mais autres temps, autres mœurs, en quelques décennies la ville espagnole a su se réinventer et tirer parti d’un mode de vie plus slow. Barcelone, lieu de destination écolo? Mais complètement! Suivez-nous pour découvrir la ville sous un tout autre angle.

À bicyclette! Si Barcelone est connue pour son histoire et son passé, très riches, voilà dix ans, que la capitale catalane a pris le parti de se tourner vers l’avenir. La durabilité et la préservation de l’environnement sont, en effet, au cœur même de la politique urbaine. Certes les voitures sont encore légion, hélas, mais le vélo est en train de se faire une belle place au soleil. Barcelone dispose de plus de 250 kilomètres de pistes cyclables qui vous permettront de découvrir la ville et d’admirer les superbes œuvres de Gaudi, pour finir avec

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BAR C E LO N E

un joyeux pique-nique sur la plage et profiter de la douceur de vivre espagnole. Bilan carbone: zéro (ou presque); plaisir: 100! Si vous n’avez pas emporté votre deux-roues, pas de soucis: le «Bicing» est un service de location dédié aux habitants, qui s’adresse aussi aux touristes. Mode: la création espagnole pionnière européenne du slow life Il y a encore peu, la fast fashion avait envahi la plupart des artères commerçantes de Barcelone. Un constat sans appel qui a convaincu toute une jeune génération catalane, hyper dynamique, de lutter contre ce fléau écologique et sociétal, à l’instar de Slow Fashion Newt (@slowfashionnext sur Instagram), la plateforme pionnière dans le domaine de la mode, du développement durable et des affaires, fondée il y a plus de dix ans par Gema Gomez, ou de la marque Gaston in Barcelona (@gastoninbarcelona sur Instagram), fondée par la Française expatriée Marie Chaissac. El Born (ancien quartier mal fréquenté, devenu repaire des bobos grâce à la gentrification) compile ce que la création catalane fait de mieux. À visiter absolument, les conceptstores engagés et durables La Tercera et Capsule. Tant qu’à rester dans ce quartier, profitez-en pour essayer le Dr Stravinski, un bar à cocktails durable, où toutes les boissons sont artisanales (même le coca est local): on vous conseille plutôt de goûter l’une des délicieuses créations de Antonio et Alberto, les propriétaires, élaborées à partir d’alcools artisanaux.

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BAR C E LO N E Louez un vélo pour visiter les rues commerçantes avec leurs boutiques de mode durable.

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BAR C E LO N E

L’hôtel Barcelona 1882 offre une vue fantastique sur la Sagrada Familia en plein cœur du centre-ville.

Des hôtels responsables et durables Si les Airbnb pullulent dans la capitale catalane, notre choix s’est arrêté sur deux hôtels qui vous permettront de poursuivre l’expérimentation slow life. À commencer par EcoZentric, un deux étoiles sans prétention, mais avec tout le confort, qui vous donnera un petit goût de campagne en plein cœur de la ville. L’hôtel a pris ses quartiers dans un bâtiment centenaire

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où tout a été restauré ou recyclé: même les têtes de lit sont d’anciennes portes upcyclées! Autre choix, plus chic, l’hôtel Barcelona 1882, dont le rooftop entièrement végétalisé vous offrira une vue imprenable sur la Sagrada Familia! On a notamment apprécié ses collaborations avec plusieurs associations locales pour lutter contre le gaspillage alimentaire et ses nombreux labels, dont le Biosphère Responsible Tourism Certificate.

Un dernier conseil? Avec ses 300 jours d’ensoleillement par an, Barcelone est une destination de choix pour les Luxembourgeois, trop souvent en mal de ciel bleu. Pour autant, nous vous conseillons plutôt de vous y rendre au printemps ou à l’automne, afin de profiter de la tiédeur des journées sans suer sous un soleil de plomb (et choper un coup de froid sous la clim’).


CATALOGNE

BAR C E LO N E

Breviarium

FRANCE

Lloret de Mar

Barcelone

41° N 02° O www.barcelona.com/fr

À faire absolument On doit absolument mentionner l’implantation toute récente de la marque suédoise Lynk & Co, qui détonne dans le secteur automobile. Son neuvième «club» a ouvert ses portes à Barcelone en septembre dernier. Bien sûr, vous pourrez y essayer leur modèle unique, mais surtout, vous pourrez y passer un agréable moment dans ce concept-store d’un nouveau genre, conçu en collaboration avec le studio MASQUESPACIO, où on peut shopper une sélection d’articles durables made in Barcelona, siroter un café au bar, ou co-worker dans une salle folle qui ressemble à une piscine.

À éviter «Attention à ne pas vous perdre dans le parc d’attractions à taille humaine qu’est Barcelone», nous prévient Godefroy, ancien expatrié. En effet, s’il ne faut pas manquer de faire un tour dans El Gothic, l’illustre centre-ville gothique - «Walt Disney du touriste à Barcelone», plaisante-t-il encore - ne vous y attardez pas, «et surtout, n’y mangez rien»! Concentrez-vous plutôt sur les nouveaux quartiers cools: Gracia, El Raval (ses friperies!) ou El Poblenou, nouvel épicentre de la scène créative locale, à deux pas de la mer (et de ses plages moins fréquentées).

Tuyau secret Saviez-vous qu’à l’origine le nom «Barcelone» signifie «chantier naval». Cité balnéaire, Barcelone dispose également d’un petit port de pêche, complètement authentique, totalement méconnu du grand public. Et cela pour une bonne raison: il est fermé aux visiteurs… On salue donc l’initiative de deux biologistes marines qui ont eu l’idée géniale d’organiser des visites guidées des lieux, avec à la clé une dégustation des produits de la pêche, fraîchement débarqués des bateaux! Ça se passe uniquement sur inscription préalable: neon.ly/Barcelona.

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À la découverte de Lisbonne La capitale du Portugal est une terre de contrastes qui offre une foule de perspectives fascinantes. Texte Philine von Sell

Sur les bords du Tejo, la stèle monumentale de Padrão dos Descobrimentos commémore l’époque des Grandes Découvertes. Aujourd’hui, on peut dire que Lisbonne est une ville d’explorateurs faite pour les explorateurs, ce qui me convient parfaitement. En effet, à chaque fois que j’arrive dans une nouvelle ville, je me sens l’âme d’une exploratrice. Nous sommes ici pour photographier la nouvelle collection Été de Katharina Hovman et je déambule à travers la cité à la recherche de lieux insolites. Une fois de plus, je me dis que c’est un vrai privilège de pouvoir découvrir de nouvelles villes de cette manière. Je suis ravie quand vous vous intéressez à mes impressions et pouvez voir la ville à travers mes yeux. Toutefois, n’attendez pas que vous présente les attractions phares: vous les trouverez dans n’importe quel guide de voyage. Voyons voir, qu’est-ce que cette charmante ville a donc de si spécial? Je vais tenter

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d’apporter quelques réponses à cette question. Lisbonne ne compte que 600.000 habitants, mais l’ambiance qui y règne est celle d’une métropole cosmopolite. Je remarque immédiatement cette atmosphère internationale, les nombreuses nations et langues, l’hospitalité et l’ouverture sur le monde. De plus, presque tout le monde parle anglais. Balade sur trois roues Ici, la nostalgie et la modernité se côtoient de très près. Avec ses boutiques hippies, ses superbes marchés couverts, ses élégantes rues commerçantes et ses charmantes ruelles du vieux-centre, Lisbonne m’évoque le Berlin d’antan. Partout, on ressent l’effervescence des créatifs, l’envie de changement. Le lieu est donc idéal pour les nomades du digital et tous ceux qui aiment les voyages. Puisqu’on parle de voyages, je réserve chez Tuk Dreams les services du meilleur guide touristique


L I S B O N N E Lisbonne est une ville d’explorateurs faite pour les explorateurs. EN HAUT

EN BAS Le tuk-tuk permet de se déplacer en toute décontraction à Lisbonne.

© Philine von Sell

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L I S B O N N E

Lisbonne supporte la couleur ! Coucher de soleil sur le plateau de la fondation Champalimaud. © Philine von Sell

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L I S B O N N E Dans le look extravagant de Katharina Hovman, le long de l’Avenida Brasilia, sur les rives du Tejo. © Philine von Sell

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L I S B O N N E

Vue du Miradouro Nossa Senhora do Monte.

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De destination secrète à Mecque du tourisme Le vieux centre de Lisbonne est composé de trois quartiers: Alfama, Graça et le moins connu Mouraria. Alfama est le plus ancien d’entre eux. On y trouve encore d’antiques maisons le long de ruelles tortueuses et abruptes. Ici, les traditions séculaires sont encore perceptibles. Du moins de bonne heure le matin. En effet, à partir de 10 heures, des hordes de touristes envahissent le quartier. Cela vaut également pour son voisin Graça où les cafés, les restaurants et les bars se succèdent. Graça est également un aimant à touristes en raison de

ses points de vue, les célèbres Miradouros. On en dénombre deux dans les environs: Graça do Monte et, à seulement 5 minutes de marche, Nossa Senhora do Monte, le plus haut de Lisbonne. Il s’agit sans doute du spot à selfies le plus apprécié de la ville. Musique, gastronomie variée, cacophonie multilingue, bonne humeur, sans oublier une vue à couper le souffle sur tout Lisbonne et une délicieuse Caipirinha pour accompagner le coucher de soleil, c’est assurément «the place to be»!

L I S B O N N E

dont on puisse rêver: Oliver, le chauffeur de tuk-tuk. De bon matin, avant huit heures, il passe me prendre pour me conduire à travers la vieille-ville qui s’éveille doucement. Vous vous dites peut-être: des tuk-tuks? On est à Bangkok ou quoi? À Lisbonne, on ne se déplace pas plutôt à bord du célèbre tram? Tout à fait! Cependant, depuis un peu plus d’une décennie, les tuk-tuks font également partie du paysage. Les conducteurs connaissent leur ville par cœur et sont souvent de brillants conteurs. Mon Oliver a vite compris ce que je cherchais, ou plutôt ce que je cherchais à éviter. Je voulais me rendre dans des endroits où la plupart des touristes ne s’aventurent jamais. Au passage, si vous préférez découvrir une ville à pied, ne sous-estimez pas les côtes dans la vieille-ville de Lisbonne! Les tuk-tuks compacts parviennent à se faufiler dans les ruelles les plus étroites: vos pieds vous remercieront! Vous ne serez dérangés ni par le bruit, ni par les odeurs, car la plupart des tuk-tuks évoluent silencieusement et sans polluer l’air grâce à leur moteur électrique.

Modernité. Attractivité. Exposition. La vue dégagée dans le Parc des Nations aménagé pour l’Exposition universelle de 1998 contraste fortement avec l’ambiance médiévale de la vieille ville . En effet, le Parque das Nações est devenu un quartier résidentiel ultra-moderne surnommé «Expo». On y trouve encore des attractions datant de l’Exposition universelle, des centres des congrès impressionnants comme le Pavilhão do Conhecimento, ou encore l’Oceanarium connu dans le monde entier. Je suis particulièrement attirée par le légendaire funiculaire. Le trajet dure à peine 10 minutes, mais chaque seconde vaut le détour et dévoile une vue fantastique sur la skyline de Lisbonne. En tant que photographe, je me réjouis à l’avance, car je n’ai pas souvent l’occasion de shooter de si haut mes mannequins habillés par Katharina Hovman. Comme dans un rêve Jardins sauvages, sentiers sinueux, bâtiments abandonnés... À Tapada das Necessidades, Oliver nous fait découvrir un tout autre visage de Lisbonne. Les Lisboètes se retrouvent dans ce parc pour pique-niquer et les touristes s’y font rares. Lors de

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L I S B O N N E

Couleur tendance de l’été 2023: Amethyst - au Beachclub Casa Reia sur la Costa da Caparica. © Philine von Sell

Designed for Live & Travel – idéal pour une promenade dans le Parc des Nations, à ciel ouvert avec une légère brise. © Philine von Sell

notre séance photos, il est totalement désert. Un espace empreint de mélancolie et de romantisme avec ses poules, ses paons et ses canards en liberté, ses trois sublimes lacs et sa petite cascade. Ici poussent des cactus géants, des palmiers et autres espèces exotiques. Nous nous sentons comme dans un rêve au cœur de l’un des plus vieux jardins d’Europe. Il a été inauguré en 1604 et les bâtiments abandonnés qui s’y dressent témoignent également de son grand âge. Un endroit perdu au beau milieu de la

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ville. Une oasis. Et, pour moi, le décor idéal pour sublimer les couleurs chatoyantes de la collection de mode. Pour bien finir la journée Si Lisbonne attire autant les touristes urbains, c’est sans doute parce qu’on y trouve tout: escapades citadines et monuments, mais aussi plage et mer. L’époustouflante Costa Caparica, qui est l’une des plus longues plages d’Europe et offre des paysages fabuleux, se situe à seulement 30 minutes de route de Lisbonne. Juste en face

de la plage se trouve la Casa Raia, le beach-club le plus couru de la région. L’établissement est chic, les prix ne sont pas franchement abordables pour les familles, mais bon: il donne envie de s’asseoir pour siroter une coupe de champagne, puis de piquer une tête entre un déjeuner léger et un «Lillet Spritz» avant de sécher au soleil. Le plaisir à l’état pur. Après une journée bien remplie dans cette ville si riche, je reste assise là à regarder le soleil disparaître à l’horizon dans la mer avec une seule pensée en tête: Lisbonne, quelle agréable découverte!


L I S B O N N E

Breviarium

Porto

PORTUGAL

ESPAGNE

38° N 9° W

Lisbonne

www.visitlisboa.com

À faire absolument Louer un tuk-tuk old school, sympa et écolo avec guide. De quoi découvrir les hauts-lieux touristiques au plus près. Difficile de visiter une ville de manière plus personnalisée! www.tukdreams.pt/fr

À éviter Si vous aimez la foule et l’agitation touristique, ignorez ce conseil. À tous les autres, je ne peux que conseiller une chose: levez-vous de bonne heure, cela vaut la peine! Visitez la vieille ville non pas en journée, mais tôt le matin, quand elle s’éveille. À partir de 10 heures environ, il est préférable de passer son chemin.

Trésors cachés Découvrez la cuisine portugaise revisitée de la grande cheffe Marlene Vieira au «ZunZum Gastrobar» ou faites de formidables expériences gustatives au «Marlene». Ces deux établissements vous attendent sur les rives du Tejo. www.zunzum.pt/en www.marlene.pt/en/marlene

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C OV E R STO RY

France


C OV E R STO RY

À chaque région, ses trésors! Pour les Français, qu’on sait légèrement chauvins, mais aussi pour les touristes du monde entier qui y affluent chaque année, la richesse du terroir français réside dans sa diversité. Détailler les quatre coins de France mériterait un livre entier. Dans ce numéro, nous vous avons choisi de vous faire découvrir la côte ouest du pays pour arpenter les stations balnéaires de la Côte Fleurie au cœur de la Normandie, mais aussi la richesse des vignobles, du Bordelais jusqu’en Charente. Des voyages où il fera bon combiner culture, gastronomie et détente. Belle découverte de ces jolis coins de France!

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B O R D EAUX

Bordeaux: une ville qui se déguste Texte Marion Finzi

À l’image d’un grand vin qu’il faut prendre le temps d’apprécier, Bordeaux est une ville qu’il ne faut pas prétendre connaître à la première visite. Bordeaux se déguste lentement, à plusieurs reprises, avec ou sans repas, le jour et la nuit, en hiver et en été.

Le slogan «Bordeaux Ma Ville» brandi fièrement par les Bordelais sur les réseaux sociaux, résonnera aussi au fond de vous après un séjour dans la plus grande ville de Gironde. Et vous n’aurez vite qu’une envie, arpenter ses moindres recoins pour la connaître comme un local. Suivez le guide. La gastronome Pendant de nombreuses années, Bordeaux fut la première ville de France avec le plus grand nombre de restaurants par habitants. C’est dire si la gastronomie a son importance pour les Bordelais. Ils aiment sortir manger en extérieur, preuve en est les terrasses pleines à craquer sur les nombreuses

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places pavées du vieux centre-ville ou le long de la Garonne dans le quartier historique des Chartrons. Si vous avez un restaurant en tête, pensez toujours à réserver une table, notamment le weekend, au risque de finir par errer dans les rues, le ventre vide. On commence sans l’ombre d’une hésitation par «le ventre de Bordeaux» comme il se nomme lui-même, à savoir le marché couvert des Capucins, ou les «Capu» pour les locaux, qui existe depuis le 16ème siècle. Une institution! Au gré des étals des marchands, on s’arrête pour prendre le temps d’un petit-déjeuner composé… d’huîtres et d’un petit verre de vin blanc de Bordeaux bien sûr!


B O R D EAUX La colonne commémorative des Girondins est classée monument historique depuis 2011. Symbole de la ville, elle se situe sur la place des Quinconces.

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EN BAS La place du Grand Théâtre, en partie piétonne. Vous pouvez y boire un verre en admirant les déambulations des touristes et des Bordelais.

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B O R D EAUX

La place de la Bourse et son miroir d’eau attirent de nombreux visiteurs, notamment en été où les enfants s’y rafraîchissent gaiement!

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B O R D EAUX Le quartier Saint-Michel, très couru des locaux, n’est pas encore très prisé des touristes. Et pourtant, outre sa place Saint-Michel où s’installe la célèbre brocante du dimanche, ses rues pavées regorgent de pépites bistronomiques portées par de jeunes chefs français pleins d’envie et de créativité. On court sans hésiter déjeuner chez La Gigi. Le vieux quartier du Parlement se découvre quant à lui à travers ses brasseries traditionnelles, repères des déjeuners dominicaux familiaux. Le quartier des Chartrons vous fera voyager avec ses nombreux restaurants internationaux. Direction l’Argentine, l’Italie, le Mexique... Bordeaux a d’ailleurs été plusieurs années de suite la première ville de France avec le plus grand nombre de restaurants internationaux par habitants. On dévore avec délice une viande à El Nacional. Et si on enjambait la Garonne pour passer rive droite? Là-bas aussi, le renouveau a eu lieu il y a déjà une dizaine d’années avec le réaménagement des quais et des anciens entrepôts militaires qui s’y trouvaient pour proposer un

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B O R D EAUX

lieu alternatif, communément appelé «l’écosystème Darwin». On y trouve du street art sur les murs d’un ancien musée, des activités sportives en plein été, un espace de co-working ou encore un restaurant. Le weekend on va bruncher en famille au Magasin Général, qui dispose d’un «coin jouets» canon pour occuper les plus petits. L’endroit est idéal pour faire traîner en longueur un dimanche et, en plus, c’est bon! S’évader le temps d’une soirée en mangeant des huîtres les pieds dans le sable en dégustant un Lillet Tonic bien frais, tout ça sans quitter Bordeaux? C’est ce qui vous attend aux Chantiers de la Garonne, ce bar-restaurant de la rive droite installé dans les anciens chantiers navals. La vue imprenable sur la rive gauche vaut le détour. Amusez-vous à trouver au loin l’église Saint-Michel, la cathédrale, la colonne des Girondins et tous les bâtiments historiques que vous avez pu apercevoir lors de votre visite de la ville. La maritime Car un Bordelais ne reste pas éloigné trop longtemps des plages de

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l’Atlantique ou du bassin, l’eau fait partie intégrante de la vie des habitants. Même au cœur de la ville, les points d’eau ne manquent pas avec de nombreuses fontaines historiques qui continuent de faire jaillir des jets d’eau, infatigables. Ne passez pas à côté de la sublime fontaine des Girondins, au pied de la colonne des Girondins, de la fontaine des 3 Grâces sur la Place de la Bourse, mais aussi des fontaines qui jalonnent la place Amédée Larrieu. Dès que les beaux jours pointent le bout de leur nez, le miroir d’eau en face de la Place de la Bourse se remplit de jeunes enfants, pieds nus et pantalon retroussé, qui pataugent gaiement dans ses quelques centimètres d’eau. Un vrai point de rafraîchissement lors des chaudes journées estivales que peut connaître la ville. Ce miroir, le plus grand au monde, a été conçu pour offrir un double effet visuel: tantôt miroir, avec le bâtiment de la Bourse dans son reflet, et tantôt brouillard. Il a été imaginé dans le cadre du réaménagement gigantesque de tous les quais au début des


B O R D EAUX Le pont de pierre et ses 17 arches est le premier pont de la ville, datant de 1822. Il enjambe la Garonne et permet de relier la rive droite à la rive gauche.

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B O R D EAUX

Le Bassin, ses dunes de sable, ses pinasses (bateaux de pêcheurs typiques) et ses bâtons, dits «pignottes», servant à signalant les parcs à huîtres.

années 2000, depuis la Place de la Bourse jusqu’au nouveau pont Jacques Chaban-Delmas au bout des «Quais Bacalan». Toute cette partie de la ville est d’ailleurs classée au Patrimoine Mondiale de l’Unesco. «T’as été à l’océan ce weekend? Ou sur le Bassin?». Voici LA pre-

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mière question posée autour de la machine à café le lundi matin car les Bordelais ne restent jamais très loin de leur cher Bassin. Par une belle journée ensoleillée, en hiver comme en été, on va sans hésiter se promener au cœur des nombreux villages ostréicoles qui jalonnent le Bassin d’Arcachon, pour faire le plein d’air

iodé, admirer l’eau, et flâner au-milieu des cabanes à huîtres en bois, colorées et si typiques. Le port ostréicole d’Andernos-les-Bains est idéal pour une balade. Lors de votre promenade au Cap Ferret, ne ratez pas le village du Mimbeau pour apercevoir la Dune du Pilat en arrière-plan!


B O R D EAUX

CENTRE-VAL DE LOIRE

AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

Breviarium

PAYS DE LA LOIRE

Cognac NOUVELLE-AQUITAINE

Bordeaux

OCCITANIE

44° N 0° W www.bordeaux-tourisme.com ESPAGNE

À faire absolument Bordeaux compte des pâtisseries emblématiques à tester impérativement le temps de votre séjour. On ne peut pas passer à côté du canelé: croustillant à l’extérieur et moelleux à l’intérieur, sa forme est inimitable. Baillardan, la Toque Cuivrée ou ceux de ma maman, tout le monde a son préféré, à vous de trouver le vôtre! Tester aussi sans attendre, les Dunes Blanches de Chez Pascal, des choux garnis d’une crème chantilly aérienne. Cette spécialité est beaucoup imitée mais jamais égalée, il faut bien l’avouer.

À éviter Surtout ne demandez pas une Évian au restaurant, sacrebleu! Ici, on boit l’eau minérale locale des Abatilles, puisée juste à côté de Bordeaux! Cette eau minérale, au packaging très original car il reprend les mêmes codes que les Vins de Bordeaux, est présente très fièrement sur presque toutes les tables des restaurants de la ville et du Bassin!

Trésors cachés Une fois à Bordeaux, seulement 20 minutes de train vous séparent de Libourne, de là allez découvrir le village médiéval de Saint-Emilion, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Arpentez ses petites ruelles pavées, et organisez une visite de cave dans un des châteaux Grand-Cru classé de SaintEmilion. Pour ceux qui aiment le Bassin, direction la Dune du Pyla, pour un verre ou un dîner le soir au coucher de soleil, à La Co(o)rniche. Situé en hauteur, il offre une vue imprenable sur tout le bassin, dans une ambiance estivale, romantique chic.

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N O R MAN D I E

Deauville possède une des plus grandes plages de sable fin de la côte, ornée de centaines de parasols de couleurs.

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EN BAS La célèbre et animée promenade des planches a vu défiler les plus grandes stars, françaises et internationales.

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N O R MAN D I E

La plage so chic Made in Normandie Texte Marie Tissier

C’est la côte la plus prisée de Normandie. Les plus grands auteurs, peintres, réalisateurs ont rendu hommage à son chic et sa beauté. Les stations balnéaires de la Côte fleurie regorgent d’activités et de trésors architecturaux. Deauville, à environ 5 heures de route du Luxembourg, en est le porte-drapeau.

Le temps d’un long week-end en amoureux ou d’une semaine de vacances en famille, la Côte fleurie est une destination idéale. Ici, pas le temps de s’ennuyer. Chaque saison a ses programmes. Voilà un petit aperçu de quelques moments que vous pourriez passer là-bas. Avant de partir Quelle ville choisir? Deauville? Oui, en amoureux ou pour un week-end c’est idéal. Cabourg et Trouville seront aussi de belles destinations. Pour des vacances plus conviviales, en famille, et aux tarifs un peu moins élevés, on choisira Vil-

lers-sur-Mer, Blonville-surMer ou Houlgate, dont les centres-villes sont plus petits mais les grandes plages très accueillantes. Si vous partez en dehors des grandes vacances, n’hésitez pas à prendre vos bottes, les balades sur la plage n’en seront que plus sympathiques. Et pas de panique: non, il ne pleut pas tout le temps en Normandie! La côte est souvent bien aidée par les vents qui poussent les nuages dans les terres. Il est donc très fréquent que la météo annonce de la pluie, quand en réalité on met ses lunettes de soleil en terrasse. Ne les oubliez pas non plus!

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N O R MAN D I E

Une promenade? Vous voilà arrivés. C’est le moment de se dégourdir les jambes. Vous avez le choix: les planches de Deauville, c’est LA promenade réputée à ne pas louper, en famille ou en amoureux. Les plus courageux pourront choisir de poursuivre leur petite marche durant 2km jusqu’à la plage de Benerville-sur-Mer. Pour les plus motivés, c’est Cabourg, qui détient le record européen de la plus longue promenade d’Europe, appelée Marcel-Proust. Vous voilà partis pour 3,6 km. N’oubliez pas de prévoir le retour! Et à Villers-sur-Mer, «la digue» s’étend sur moins d’un kilomètre, le long des petites cabines de plage blanches, des embruns et des mouettes. Deauville, le petit Paris Depuis la fin du XIXe, Deauville est la villégiature préférée des Parisiens. Son surnom n’est autre que «le 21e arrondissement de Paris». Considérée «snobe» par certains qui lui préfèrent sa voisine Trouville et son port de pêche plus populaire, Deauville offre pourtant une infinité de possibilités pour passer

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des moments magiques. La ville mélange les genres et offre le plus beau de la Normandie. Palaces (le Normandy, le Royal…), majestueux casino, boutiques de luxe à tous les coins de rue, stars américaines pour le festival du cinéma… mais aussi tous les petits plaisirs simples des stations balnéaires. Une journée de marché, de fruits de mer… Un matin d’été sur le marché deauvillais, Place Morny, on achète son fromage et ses légumes locaux, mais aussi un joli panama, des breloques chic ou un foulard de soie. Puis, une baguette encore chaude dans les mains, on s’installe en famille ou entre amis à la terrasse du Hibouville ou du Morny’s, devant les jets d’eau du rond-point pour siroter un petit apéritif. Puis direction Trouville: on traverse le pont des Belges, au-dessus de La Touques, petite rivière locale, et on arrive sur le port de pêche. Une envie de fruits de mer tout juste sortis des cales se fait sentir. On file Chez Alain, un des merveilleux poissonniers du réputé marché aux poissons de


N O R MAN D I E Sur les quais de Trouville, on peut déguster des fruits de mer au marché aux poissons ou acheter soles et maquereaux directement au bateau.

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N O R MAN D I E

De somptueuses villas Belle Époque longent toutes les plages de la Côte fleurie. Ici, à Villers-sur-Mer.

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N O R MAN D I E Trouville. Là, on déguste sur place huîtres, homards, crevettes grises, bulots, langoustines et autres délices de la mer, accompagnés d’un petit verre de vin blanc et de ce qu’il reste de notre baguette. Le service est drôle et accueillant, l’endroit est idéal pour un déjeuner iodé. Demain soir, on pourra même revenir sur les quais pour acheter du poisson directement aux pêcheurs, «au cul du bateau» comme ils disent ici. Pour digérer, après le petit pommeau offert par la maison, on se balade dans la piétonne rue des Bains, juste en face, au gré des boutiques de déco, des fleuristes et des brocs. Puis, on redescend vers la plage, une glace Martine Lambert à la main, pour un moment sur la promenade qui longe les magnifiques villas, derrière le casino. Pourquoi pas prendre un petit café au Galatée, le bar en plein milieu du sable? La plage, les rues piétonnes Il est presque 16 heures. Direction Villers-sur-Mer. L’immense plage familiale et ses cabines blanches, son

mini karting sans âge, son «club Mickey», son dinosaure végétal, son Paléospace et sa digue sucrée font de l’œil aux enfants. Pendant qu’ils profitent de la marée basse en construisant des barrages et en cherchant les crabes sous les cailloux, on s’éclipse pour un petit tour dans le centre-ville, à deux pas. Les rues piétonnes à colombages, le magnifique bureau de poste au style normand, les fleurs, la vie et cette odeur de vacances plongent les visiteurs dans une profonde détente. Ici, beaucoup se connaissent, les familles viennent depuis des générations. Après une petite pause à la guinguette de plage Little Manjo, on repart en famille. Ce soir, on a réservé pour les plus grands une promenade à cheval le long de la mer. Sous le soleil couchant du mois d’août, on croisera sur le sable de Deauville des petiseros, avec, au bout de leur longe, 4 ou 5 poneys de polo venus se détendre avant le match du lendemain. Le pays du cheval et du golf Car ici, c’est aussi le pays du cheval. Les courses tout au long

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N O R MAN D I E

Le Casino de Deauville est une institution. On peut y jouer, mais aussi s’y restaurer, danser et profiter des spectacles de son théâtre à l’italienne.

de l’année, le polo en août, les jumpings… Avec ses deux hippodromes, son pôle international du cheval, ses plages interminables et ses pâturages à perte de vue, Deauville est un des fleurons de l’équitation française. Autre activité reine: le golf. Avec pas moins de quatre golfs à Deauville et

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dans ses environs, les joueurs devraient trouver leur bonheur. Pour agrémenter en beauté ce petit séjour normand, quoi de mieux que la gastronomie! Avec deux restaurants étoilés à Deauville, et un, à Beuvron-en Auge, les fins gourmets ne seront pas en reste. Les nombreuses brasseries de la Côte

ont aussi leur réputation: à Trouville, l’îlot comprenant Les Voiles, Les Vapeurs, Le Central et Les Mouettes ne demande pas son reste. Ici, s’assoit le tout-Paris comme le tout-venant. Autres adresses prisées: Chez Miocque à Deauville, Le Mermoz ou La Digue à Villers-sur-Mer, Le Beau Site à Cabourg…


N O R MAN D I E HAUTS -DE-FRANCE

Trouville

Deauville Caen ÎLE-DE-FRANCE

Breviarium

Rouen Villers-sur-Mer

NORMANDIE

BRETAGNE

PAYS DE LA LOIRE

42° N 0° E

CENTRE-VAL DE LOIRE

www.normandie-tourisme.fr

À faire absolument Passer une journée à Honfleur. À quelques kilomètres au nord de Trouville, le magnifique port de pêche de Honfleur et ses rues pavées remplies de galeries d’art proposent un cadre idéal pour une journée au temps douteux, par exemple. Vous pourrez aussi apercevoir le Pont de Normandie, plus long pont à haubans d’Europe et 2e du monde (856 m). Aller découvrir le polo en août: les meilleurs joueurs du monde se rencontrent tout le mois, et les parties en semaine sont gratuites. Et bien sûr, manger du pont-l’évêque et boire du calvados!

À éviter Éviter les plages au nord de Trouville: la vue sur la zone industrielle et le port de commerce du Havre juste en face de l’estuaire de la Seine pourrait être déplaisante. Perdre patience trop rapidement quand vous cherchez une place de stationnement. Surtout un jour de marché à Trouville. Profitez de ces instants pour louer un endroit près de tout, sans avoir à prendre la voiture. Hôtels, locations, airbnb ne manquent pas.

Trésors cachés Les petits villages comme Beaumont-en-Auge ou Beuvron-en-Auge valent le détour. Vous passerez par la magnifique campagne remplie de vaches et de chevaux. N’hésitez pas à vous perdre dans l’arrière-pays. Les meilleurs endroits pour apprécier le coucher de soleil ne sont pas forcément les restaurants. Préférez une petite guinguette comme le Little Manjo à Villers-sur-Mer ou les bars sur la plage de Benerville-sur-Mer. Autorisez-vous un cocktail dans les palaces du coin! C’est toujours bien agréable de découvrir ces magnifiques lieux autour du piano-bar.

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C O G NAC

Les multiples charmes de Cognac Texte Martine Carret

Dans les boucles de la Charente, en France, des cépages d’ugni blanc s’épanouissent sur des terroirs baignés de soleil. Ici nait le cognac, eau-de-vie distillée dans d’ancestraux alambics en cuivre puis vieillie dans des fûts en chêne. Toute la région cultive un véritable art-de-vivre autour de cette boisson ambrée.

Nichée dans une boucle de la Charente, entre Angoulême et Royan, Cognac a prospéré dès le Moyen Âge, comme port saulnier, idéalement placé sur le fleuve pour exporter le sel. Né entre les murs du château en 1494, François 1er permit plus tard à la ville de devenir florissante en supprimant les impôts. Sa présence régulière dans la ville insuffla la création de jardins et le pavage des ruelles. Au XVIIe siècle, des marchands hollandais eurent l’idée de brûler l’eau-de-vie «brandewijn» extraite de l’ugni blanc. Ce «brandy» allait vite devenir célèbre dans le monde an-

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glo-saxon. En France, on l’appelle simplement «cognac». Bénéficiant d’une AOC, Appellation d’Origine Contrôlée, le cognac ne peut être produit qu’en Charente-Maritime, en Charente et dans quelques communes des Deux-Sèvres et de la Dordogne, soit une superficie de 79.500 hectares. C’est un géologue et paléontologue, Henri Coquand, qui inventa, en 1860, les noms des étages géologiques, coniacien, santonien et campanien. Ses travaux sont à l’origine de la définition en 1909 des six crus de Cognac: Grande Champagne, Petite Champagne, Borderies, Fins-Bois, Bons-Bois,


C O G NAC Le microscopique champignon, Torula cognasensis se nourrit exclusivement de vapeurs d’alcools. C’est lui qui teinte de noir les façades des belles maisons charentaises.

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EN BAS D’origine toscane, cultivé en France depuis le Moyen-Age, le cépage ugni blanc est à maturité tardive. Il sert exclusivement à la production de vins, notamment de vins de liqueur.

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C O G NAC

Bâtie sur les berges de la Charente, la ville de Cognac était idéale pour l’exportation des fûts vers le Nouveau Monde ou vers des ports européens.

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C O G NAC Bois-Ordinaires «Bois à terroirs» en se basant sur la nature des sols. Chaque sol donnant évidemment des saveurs différentes aux grappes de raisins. La plus célèbre des eaux-de-vie À la réputation universelle, cette eau-de-vie de vin présente la particularité d’être distillée deux fois dans un alambic en cuivre charentais. L’assemblage des différentes eaux-de-vie provenant des six crus est un art subtil qui assure au cognac sa délicatesse et ses arômes. Le vieillissement du cognac dans des tonneaux en bois de chêne est contrôlé par un organisme, le Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC) qui appose des sceaux sur les tonneaux pour en certifier, des années plus tard, le vieillissement exact. Cognac VS (Very Special): cognacs dont l’eaude-vie la plus jeune a au moins deux ans. Cognac VSOP (Very Superior Old Pale: cognacs dont l’eau-de-vie la plus jeune a au moins quatre ans. XO (Extra Old): cognacs dont l’eaude-vie la plus jeune a au moins dix ans. XXO (Extra Extra Old): cognacs dont l’eau-de-vie la plus jeune a au moins quinze ans.

Dans les vapeurs de la distillation De novembre à mars, les distilleries imprègnent l’air de volutes parfumées, comme celle des Moisans, à Sireuil, à 15 km du centre ville d’Angoulême en serpentant par les petites routes de campagne. Le parcours guidé explique notamment «la part des anges», cette évaporation naturelle qui détrousse chaque année, chaque tonneau, par les douelles (pièces en bois du tonneau) ou la bonde de 6% de son volume. En 2023, une visite inédite est proposée: embarquement au port de Sireuil, ce qui permet de savourer le charme de la Charente, dépose au ponton de la distillerie, visite, dégustation évidemment, puis retour en bateau. Vénérable institution En cœur de ville de Cognac, un parcours de visite superbe, notamment en soirée avec une féérie lumineuse bleue, entraîne le visiteur dans les chais dont les murs sont décorés de noir par un microscopique champignon, Torula cognasensis, qui se nourrit exclusivement... de vapeurs d’alcools. C’est ici qu’est née, en 1715, la plus

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C O G NAC

vieille institution de cognac, la Maison Martell. Sur de grands écrans, des personnages défilent, racontant au fil des siècles leurs périples et les origines du mythique Martell Cordon Bleu créé en 1912. On découvre aussi l’archiviste de la maison, Géraldine Galland et Gérard Soulet, responsable de production de la tonnellerie Leroi qui explique comment sont sculptés à la main les tonneaux, si importants pour créer une osmose entre le bois de chêne et l’alcool. Expérience inédite Poussez la discrète porte du 32 rue de Boston, à 10 minutes à pied du centre ville. Vous allez découvrir la caverne d’Ali Baba et vous immerger dans un autre monde, une autre époque. À l’étage, le bureau du maitre de chais, et ses multiples éprouvettes. Une salle avec des armoires d’apothicaire remplies d’étiquettes raconte l’histoire de cette maison fondée en 1905 par un Norvégien, Thomas BacheGabrielsen. Apportée par le bois prédominant, une atmosphère chaleureuse se dégage de ce lieu hors du temps. La 4e génération Bache-Gabrielsen a créé une expérience inédite, baptisée Cellar Master Challenge (50€). Premier

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test, reconstituer une roue de 8 arômes (vanille, jasmin, poivre...) avec l’odorat comme seule boussole. Second test, tenter de reconstituer un assemblage de cognac réalisé avec trois crus par le maitre de chais. Là encore, le nez est l’unique élément qui permet de réussir - ou de s’approcher - à déterminer les pourcentages parfaits de chaque cru. Une expérience qui prouve à quel point le maitre de chais est un virtuose des sens et l’homme-clé d’une entreprise. S’il est déjà difficile de deviner quels sont les bons pourcentages de seulement trois crus, alors imaginez lorsqu’il s’agit d’assembler 80 ou 100 cognacs pour créer un spiritueux d’exception? Bien-être et détente Avec plus de deux hectares au cœur de la ville, l’hôtel de luxe, Chais Monnet & Spa impose sa monumentale présence, avec une architecture qui mêle agréablement modernité et respect de l’ancien (1838). Au spa, le soin signature «L’Arôme du Chai» est un hommage à la région: gommage des pieds au sel des Charentes et à l’huile de pépins de raisin, massage corps avec une huile «Perle de vigne» et soin visage (1h45).


C O G NAC Assembler un cognac est un art. Découvrir des saveurs fait partie des expériences incontournables pour tout visiteur de la région.

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C O G NAC

Le cognac est vieilli en fûts de chêne façonnés à la main par des tonneliers qui se transmettent leur savoir-faire de génération en génération.

La salle du restaurant Les Foudres, pourvu d’une étoile Michelin, a été créée dans l’ancien chai, véritable cathédrale de neuf mètres sous plafond. Subsistent encore trois authentiques «foudres» (tonneaux de 260 hectolitres chacun) tandis que d’autres en demi-lunes ont été spécifiquement créés pour la décoration. Surprenant, le lieu vaut autant le coup d’œil que le coup de fourchette. À découvrir aussi, l’animé Jazz Bar 1838, qui occupe l’ancienne tonnellerie.

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Des cognacs d’exception À Jarnac, ville située à 15 km de Cognac, la maison Delamain cultive sa discrétion et son raffinement en ne commercialisant que des cognacs XO. Depuis bientôt deux siècles, de génération en génération, les descendants Delamain cisèlent avec une infinie patience des cognacs prestigieux, en laissant l’horloge des ans patiemment faire vieillir l’alcool (XO et XXO) issu du cru unique Grande Champagne. Une des plus belles surprises est la visite des chais

dans une salle voûtée, qui ressemble à une crypte d’église gothique, salle dont l’histoire reste encore un mystère à ce jour. Le nez au-dessus de tonneaux dédiés à la visite, on hume les subtils parfums qui s’en évadent. Mention spéciale également à Rebecca Montgomery, guide passionnée, qui sait faire ressurgir de ces murs ancestraux, personnages et trésors du passé. La maison propose également un dîner qui associe mets/cognacs, le «Dîner Pairing After-Hours» qui se déroule dans le chai.


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100 % de détente garantie avec une immense piscine et les flammes dansantes des cheminées.

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EN BAS Velvet, le nouveau bar à cocktails à l’ambiance tamisée qui vous fait voyager dans les années 20.

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Texte Marion Finzi

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Home away from home Photos Corinthia London

Au cœur de Londres existe un lieu magique. Cette magie réside dans la chaleur, l’intimité, la générosité que l’on ressent une fois la porte de l’hôtel Corinthia London, franchie. Un lieu hors du commun pour vivre une expérience inoubliable dans une ambiance luxueuse et décontractée. Quand le luxe n’a plus rien à prouver…

Si les murs et les couloirs de l’immeuble situé à l’angle de la Northumberland Avenue et de Whitehall Place, au cœur du quartier résidentiel Saint-James, pouvaient parler… que nous livreraient-ils? Des histoires au cœur de l’Histoire. Tour à tour hôtel à la fin du 19e siècle, centre du MI6, immeuble réquisitionné par le gouvernement Churchill pendant la 1ère guerre mondiale. La conférence de presse du James Bond «Skyfall» a aussi eu lieu au sein même de l’hôtel, en hommage aux bandes dessinées dédiées aux aventures de James Bond par l’auteur Yaroslav Horak dans lesquelles ce bâtiment y est décrit comme le siège du MI6. Depuis 2011, l’édifice a été complètement rénové par la chaîne d’hôtel d’origine maltaise Corinthia, pour le métamorphoser en un hô-

tel 5 étoiles de luxe. 283 chambres, 51 suites et 7 penthouses pour combler les attentes de chacun. Franchir la porte du Corinthia London est la garantie d’oublier l’effervescence de la capitale londonienne pour revenir à l’essentiel, prendre le temps et découvrir l’excellence du service à l’anglaise qui allie tradition, confort, histoire et intimité. Attendez-vous à ne pas quitter ses murs le temps de votre séjour, tant ce lieu a à offrir. Car l’envie première de l’établissement est bien de créer un cocon pour ses clients, de leur offrir le sentiment d’être à la maison, tout en bénéficiant d’un service luxueux pour les chouchouter le temps de leur séjour. Le souci du détail est partout: des classiques de la littérature anglaise lus par des comédiens qui résonnent dans les toilettes à côté

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du lobby, un doux parfum dans les couloirs, des bouquets de fleurs fraîches, colorés et champêtres, disposés un peu partout, grâce au merveilleux travail de créations florales du fleuriste MacQueen installé dans l’hôtel. Tout cela apporte une touche vibrante, chaleureuse et personnelle au cœur du Corinthia London. L’afternoon tea Depuis la réception fleurie, quelques marches vous mènent dans la rotonde centrale, le lobby, où les clients sont invités à prendre le temps, pour le rituel de l’afternoon tea, servi tous les après-midis. Cette salle magnifique de forme arrondie est surplombée d’une coupole de verre au centre de laquelle a été placé le majestueux lustre Fullmoon réalisé par la célèbre cristallerie française Baccarat. Ce lustre illumine la pièce par ses 1.000 bulles de cristal transparentes et scintillantes. Un dernier petit détail attire l’oeil, une 1001e bulle de cristal mais de couleur rouge, en référence à la traditionnelle pampille octogonale rouge rubis qui signe chaque lustre Baccarat. Surtout, ce point rouge symbolise le cœur de l’hôtel, car c’est ici, assis confortablement dans les fauteuils en cuir, sirotant une tasse de thé Earl Grey, tout en observant la vie de l’hôtel, que vous prendrez le véritable pouls de ce lieu. Un pouls très mélodieux. Aux doux sons des chansons classiques interprétées par un pianiste, le ballet des serveurs occupe la scène. Ils apportent des mini-sandwichs salés, des scones juste sortis du four à recouvrir gé-

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néreusement de clotted cream et de confiture de rhubarbe-gingembre ainsi que le buffet roulant de pâtisseries qui finira de vous transporter dans un autre monde. Là où le temps s’est arrêté. Un voyage au cœur de l’assiette Le Corinthia London comprend, en son sein, 4 restaurants à l’ambiance radicalement différente pour vous faire vivre des moments culinaires uniques. Le Northall et sa cuisine européenne raffinée, dans une magnifique salle ronde. Le Kerridge’s Pub, géré par le célèbre chef étoilé Tom Kerridge qui a imaginé une carte des «classiques anglais» revisités à sa manière, à déguster dans un décor de pub moderne où vous aimerez vous enfoncer dans de confortables chesterfield. Coup de cœur absolu pour le restaurant «The Garden», situé dans une petite cour donnant sur l’extérieur et dont la décoration évolue au fil des saisons. En hiver, c’est un chalet avec sa cheminée, ses fourrures, sa raclette et son champagne. Dès l’arrivée des beaux jours, il nous emmène à Capri, avec son citronnier, ses rosés et sa carte estivale invitant à profiter de douces soirées printanières, en restant au cœur de l’hôtel. Le dernier né, le Velvet, est un bar à cocktails à l’ambiance speakeasy. Derrière son rideau en velours, vous pénétrez dans une atmosphère résolument années 20 avec des drapées de velours rouge aux murs, des canapés rouges et bleus et des lampadaires à franges pour une ambiance tamisée. Chaque soir à partir de 21h, les clients sont


R ÊV E D E H ÔT E L Dégustez les «classiques anglais» revisités dans le Kerridge’s Pub dans une ambiance de pub moderne.

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R ÊV E D E EN BAS L’oasis de bien-être «ESPA LIFE» assure un équilibre parfait entre le physique et le mental.

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À GAUCHE Laissez-vous surprendre par les chanteurs et pianistes en live, ainsi que par un merveilleux cocktail.

Corinthia London Whitehall Place London SW1A 2BD United Kingdom www.corinthia.com london@corinthia.com +44 20 7930 8181

invités à siroter les merveilleux cocktails préparés par les barmen maestro en écoutant un chanteur et pianiste en live. Vous oublierez être à Londres, vous oublierez être dans un hôtel, et pourtant une fois la soirée terminée, vous n’aurez qu’à emprunter l’ascenseur pour vous retrouver dans la douceur de votre chambre. Quel luxe. Un autre monde… souterrain Il suffit d’emprunter l’ascenseur, de descendre d’un étage pour se

retrouver dans un autre monde. Un monde de calme, de tranquillité, de repos pour oublier le stress extérieur et se retrouver soi-même. Dans ce Spa «ESPA Life» flambant neuf réparti sur 3 étages, de nombreux traitements sont proposés afin d’offrir l’équilibre parfait entre le physique et le mental, pour s’assurer que chacun ressorte de ce lieu, rasséréné. 17 cabines dédiés aux soins sont disponibles. Le dernier sous-sol accueille un

espace 100% détente et relaxation avec une immense piscine, un très grand sauna façon «amphithéâtre» entouré de baies vitrées, des hammams et des chaises longues pour se reposer tout en admirant les flammes de la cheminée danser devant vos yeux. Il vous faudra quelques instants pour vous extraire de cet univers et renouer avec la douce réalité des lieux. Celle à nulle autre pareille, créée par le Corinthia London.

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MAJ O R Q U E

Cala Figuera est l’un des plus beaux villages de pêcheurs de Majorque.

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EN BAS La porte historique de la ville Porta del Moll dans la vieille ville d’Alcudia.

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MAJ O R Q U E

Majorque, une île plurielle aux multiples visages Texte Nikki Bonnal

J’ignore quel type de voyage vous préférez, mais je suis à peu près certaine que pour vous également, le trio «découverte - plaisir détente» contribue à un séjour réussi. Autant le dire d’emblée: en matière de diversité, difficile de battre la belle île de Majorque. Elle séduit tout autant les adorateurs du soleil, les adeptes de nature et les fans de sport que les fins gourmets ou les amateurs de culture. Avec une superficie de 3.640 km2 (soit exactement 1.054 km2 de plus que le Luxembourg), les distances restent raisonnables et les possibilités de combinaisons sont nombreuses. En vacances, il est expressément permis de ne RIEN faire du tout (ou de chiller, comme disent mes enfants), de se reposer, de fréquenter le magnifique espace bien-être de l’établissement, de lire des romans d’amour ou policiers pendant des heures et de dîner en toute décontraction au restaurant chic de l’hôtel. Le summum du bonheur? Assurément, si c’est la définition que vous vous

en faites. Après tout, les vacances sont une affaire très personnelle et tout ce qui plaît, est autorisé. Toutefois, permettez-moi de vous suggérer d’autres possibilités de trouver le bonheur sur la plus belle île d’Espagne. Même si vous n’aimez pas spécialement marcher en temps normal (et je fais moi-même un peu partie de cette catégorie), cela vaut la peine d’essayer. J’ai déjà fait de nombreuses randonnées avec mon mari à Majorque, en particulier dans les montagnes de Tramuntana à l’ouest de l’île, et j’ai été conquise! Notre dernière randonnée, cet automne, nous a conduits de Banyalbufar à Port des Canonge à travers de magnifiques paysages boisés et rocailleux, le tout face à des vues splendides.

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MAJ O R Q U E

Le romantique chemin côtier de Sant Elm (pensez à réserver une table au restaurant Es Moli à l’arrivée!) qui mène aux ruines de l’abbaye La Trapa est également très chouette avec sa vue spectaculaire sur l’île de Sa Dragonera. Vous aimez vous cultiver pendant vos vacances? Dans ce cas, prévoyez de visiter l’Es Baluard Museu d’Art Contemporani dans le centre historique de la capitale, ainsi que les galeries d’art installées à Palma et dans de nombreuses autres localités majorquines. La Fundació Miró vaut également le détour, tout comme le château gothique de Bellver, un édifice unique du XIVe siècle offrant une vue somptueuse, situé à 3 km à l’ouest de Palma, ou encore l’ancienne abbaye Real Vartuja à Valdemossa et son musée consacré à Chopin. Autre haut-lieu culturel moins connu, mais tout aussi remarquable: le splendide Museo Sa Bassa Blanca, également connu sous le nom de Fundación Jakober. C’est un bâtiment impressionnant de style hispano-mauresque situé à 7 km à l’est d’Alcúdia. Ses vastes jardins abritent des collections et objets d’art contemporain uniques en provenance de divers continents, ainsi que d’exceptionnelles œuvres antiques (dont des portraits d’enfants du XVIe au XIXe siècle). Grâce à l’extraordinaire symbiose entre la nature,

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l’architecture et l’art, tous les sens sont en éveil à Sa Bass Blanca. Prévoyez d’y passer une journée entière si vous voulez tout visiter sans être pressé par le temps. Pour de nombreuses personnes, les plaisirs gourmands constituent aussi une véritable source de bonheur. Pour s’y adonner, il n’est pas impératif de réserver dans l’un des nombreux restaurants étoilés de l’île qui répondent aux exigences les plus élevées. Je pense bien plus à tous les petits restaurants authentiques que vous ne trouverez pas forcément dans les guides de voyage. L’un de mes préférés est le CANA TONETA à Caimari, au pied de la Tramuntana. Au menu: de délicieuses spécialités majorquines préparées avec des légumes frais de saison et une créativité certaine. Pour une véritable expérience gustative dans une atmosphère rock unique, le CLANDESTÍ TALLER GASTRONOMIC installé à l’abri des regards dans un ancien garage automobile ,vous attend dans la partie nord du centre de Palma. Préparez-vous toutefois à sortir votre portefeuille! Douze personnes au maximum peuvent prendre place le long du comptoir pour y déguster un menu innovant préparé avec passion et savoir-faire dans la cuisine ouverte. Spectacle garanti! Si vous souhaitez découvrir le sud de l’île et êtes prêt à vous éloigner


MAJ O R Q U E Depuis les ruines du monastère de La Trapa, on a une vue à couper le souffle sur l’île de Dragonera.

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Le Parc naturel de Mondragó et ses magnifiques lagunes.

de la capitale d’environ une heure, je vous recommande de faire une halte au CASSAI Gran Café dans le joli et paisible village de Ses Salines. Dans ce restaurant de village décontracté et attrayant, doté d’une jolie cour intérieure, l’accueil est sympathique et la cuisine simple, mais très savoureuse. Autre adresse tout aussi recommandable: le CASSAI Beach House, son frère jumeau qui fait face à la mer dans le village de Colonìa de Sant Jordí.

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Complétez votre excursion dans le sud par une petite randonnée dans le Parc natural de Mondragó ou flânez dans les ruelles de la vieille ville de Santanyí pour y visiter la pittoresque Cala Figuera. Si cela vous semble trop ambitieux pour une sortie à la journée, réservez une chambre dans le petit hôtel design SA Creu Nova à Campos, ainsi qu’une table dans l’un des meilleurs restaurants de la ville, le Tess de Mar méditerranéen ou le Kairiku japonais.

Ceux qui connaissent déjà Majorque savent que cette destination vaut le déplacement en toutes saisons. Les recommandations suivantes devraient inciter les autres à partir à l’aventure pour découvrir TOUTES les facettes de cette île qu’on pense à tort bien connaître. Votre récompense: des paysages naturels somptueux, des criques romantiques, des spécialités culinaires variées, une scène artistique et culturelle florissante, des habitants sympathiques, sans oublier un climat au beau fixe!


MAJ O R Q U E

Breviarium

La Serra de Tramuntana Alcúdia Port des Canonge

Caimari

Benyalbufar

Sant Elm

39° N 3° E www.mallorca.com

Palma

MAJORQUE

Campos Santanyí Ses Salines Colonìa de Sant Jordí

À faire absolument Pensez à prévoir suffisamment d’eau et une collation lorsque vous randonnez. Marcher donne faim et les petits coins parfaits pour un petit-pique improvisé en pleine nature, face à une vue époustouflante, sont légion sur l’île. De plus, de bonnes chaussures de randonnée et une préparation minutieuse sont indispensables. Vous éviterez ainsi de faire le chemin du retour à la nuit tombée ou de crapahuter dans les montagnes majorquines sous l’orage. Procurez-vous un bon guide de voyage, tel que «Majorque: les plus belles randonnées sur la côte et en montagne» de Rolf Goetz aux éditions Rother ou «GR 221/SERRA DE TRAMUNTANA» aux éditions Triangle Postal.

À éviter Tout le monde sait que l’île de Majorque aux Baléares est très prisée des Allemands. La plupart des Luxembourgeois maîtrisent parfaitement cette langue. Malgré tout, vous devez résister à l’envie de commander automatiquement en allemand dans les boutiques ou les restaurants. Apprendre quelques mots d’espagnol (même imparfaits) est à la portée de tous et les Majorquins sont ravis quand on s’intéresse un peu à leur identité culturelle.

Trésors cachés Même si la majorité des touristes qui fréquentent Majorque sont attirés par la plage en été, les connaisseurs considèrent que l’automne est la meilleure saison pour s’y rendre. Cela n’a rien d’étonnant quand on sait que les températures peuvent encore atteindre 23-25 °C en octobre et que la température de la mer reste supérieure à 20 °C. Ouvrez l’œil pour profiter des promotions LUXAIR et réservez votre vol direct plusieurs mois à l’avance. De plus, les hôtels sont bien moins chers à la fin de l’été et a fortiori pendant l’automne. Ainsi, il vous restera suffisamment de budget vacances pour faire les boutiques, la fête et tout ce dont vous aurez envie!

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AV I V T E L

Tel Aviv: le Bauhaus à l’israélienne Texte Susanne Freitag

Promenade à la découverte des trésors architecturaux de la «Ville Blanche».

«Nous sommes passés maîtres dans l’art de tout modifier à notre goût», annonce Karl Walter, guide touristique à Tel Aviv. Cette déclaration pragmatique s’applique également au patrimoine le plus riche de la ville: les quelque 4.000 bâtiments de style Bauhaus et international auxquels Tel Aviv doit son surnom de «Ville Blanche». Avant d’être chassés par les Nazis, certains des architectes à l’origine de ces édifices érigés entre 1928 et 1945, parmi lesquels Arieh Sharon, Shmuel Miestechkin, Shlomo Bernstein et Zeev Rechter, étaient des disciples du légendaire mouvement Bauhaus à Weimar et Dessau. Leur leitmotiv consistait à proposer, à tous, des habitations simples et abordables, selon le précepte «La forme suit la

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fonction». Ce faisant, ils ont également dû tenir compte des spécificités climatiques de Tel Aviv. Le résultat de leurs réflexions: des bâtiments modernes à toit plat dotés de verrières verticales laissant entrer la lumière dans les cages d’escalier et de vastes balcons à clairesvoies horizontales. Pour ce qui est de modifier à leur goût, les habitants ont répondu présents. Au fil du temps, ils ont ajouté des climatiseurs, des surélévations ou des volets en PVC. Toutefois, en matière de rénovation, les différents propriétaires sont rarement parvenus à se mettre d’accord, si bien que de nombreuses façades se sont effritées et les magnifiques allées et jardins ombragés ont été laissés à l’abandon. Depuis 2003, ces maisons


AV I V T E L Contraste envoûtant: le ciel bleu et du Bauhaus blanc.

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EN BAS Vue sur la mosquée Al-Bahr à Jaffa et sur le front de mer de Tel Aviv.

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Sculpture environnementale de l’architecte israélien Dani Karavan, reflétant l’histoire et le paysage de Tel Aviv, dans le parc Edith Wolfson à Tel Aviv.

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AV I V T E L sont inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre de «phénomène unique de l’histoire de l’architecture moderne» sous l’appellation «Ville Blanche». Cela ne fait guère plus longtemps que les habitants ont commencé à prendre conscience de la valeur de leurs trésors architecturaux. La vie dans des monuments historiques «Nous vivons dans ces monuments historiques et nous devons nous adapter aux évolutions de notre temps», déclare Sharon Golan, directrice du centre architectural pour la protection des monuments installé dans la Maison Liebling. Elle a co-fondé le White City Center (WCC, www. whitecitycenter.org) qui a ouvert ses portes ici en 2019, à l’occasion du 100e anniversaire du Bauhaus à Dessau. Depuis, le bâtiment conçu par l’architecte Dov Karmi, en 1936, dans la rue Idelson, est le principal centre d’accueil des fans d’architecture qui peuvent y assister à des expositions, des conférences et d’autres événements culturels. En parallèle, le WCC se consacre à la recherche et au développement autour du Bauhaus. Pour Sharon Golan, la création de ce centre co-financé par le Ministère fédéral de l’environnement, de la protection de la nature et de la sûreté nucléaire en Allemagne est «une manière contemporaine d’aborder un monument et d’échanger afin d’initier un rapprochement entre Israël et l’Allemagne.» Le Bauhaus Center sur la rue Dizengoff est une autre destination prisée des amateurs d’architecture et de design. Les visiteurs

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AV I V T E L

peuvent y regarder un film sur la création de la Ville Blanche, découvrir des sacs et des mugs de designers israéliens et acheter des livres et des affiches sur le Bauhaus. Le Dr. Micha Gross, originaire de Suisse, dirige le centre et organise depuis 23 ans des visites guidées de la Bauhaus City. Le circuit comporte 13 arrêts au cours desquels Micha Gross livre des explications sur chacun des bâtiments. La municipalité de Tel Aviv propose également des visites de la White City: tous les samedis, les personnes intéressées peuvent se joindre à une visite gratuite en anglais. Le rendez-vous est fixé à 11h00 au 46 du boulevard Rothschild, à l’Office du tourisme de Tel Aviv. Si vous préférez visiter la ville en autonomie, empruntez un audioguide au Bauhaus Center. À Tel Aviv, vous risquez peu de vous perdre. Grâce à la clairvoyance de Sir Patrick Geddes, le premier urbaniste de la cité à la fin des années 1920, les promeneurs se repèrent facilement sur les grands axes qui traversent la ville du Nord au Sud parallèlement à la mer. Les rues et allées secondaires, quant à elles, courent d’Ouest en Est et font entrer une agréable brise de mer dans la ville. À quelques mètres seulement du Bauhaus Center vous attend la première pièce maîtresse architecturale qui constitue le cœur de Tel Aviv: la place Zina Dizengoff, qui doit son nom à l’épouse du premier maire Meir Dizengoff. Son ancien cinéma bâti par l’architecte Yehuda Magidovitch, en 1938, a depuis

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cédé la place au boutique-hôtel Cinema qui n’héberge pas seulement des amoureux du Bauhaus. Il y a quelques années, les bâtiments qui entourent la place ont été rénovés afin de leur rendre leur lustre initial. Le plan de 1934 est l’œuvre de l’architecte Genia Awerbuch, alors âgée de 25 ans, qui a doté toutes les maisons d’une façade uniforme rehaussée de balcons arrondis. Dans l’ancien cinéma Esther, les clients de l’hôtel peuvent admirer un monumental escalier en colimaçon, ainsi que des artéfacts et projecteurs cinématographiques hérités de la première fonction du bâtiment. Juste en face se dresse le Center Hotel de 1948, pour lequel l’architecte Haim Meshulam s’est inspiré des façades arrondies des autres bâtiments entourant la place Dizengoff. N’hésitez pas à faire un tour dans son jardin en terrasse qui offre une vue plongeante sur les perles architecturales. À moins de 10 minutes de marche en direction du boulevard Rothschild, la White Villa, un boutique-hôtel aux faux-airs de résidence privée, accueille ses hôtes. La propriété a été conçue par l’architecte Samuel Barkai comme un immeuble d’habitation urbain inspiré de l’œuvre du Corbusier. Sur et aux alentours du boulevard Rothschild, la prestigieuse avenue qui s’étire du théâtre national Habima au Nord jusqu’au quartier branché de Neve Tzedek au Sud-Ouest, sont concentrées les stars de l’architecture Bauhaus, telles que la Maison Rubinsky des architectes L. Kranowski et


AV I V T E L Le boulevard Rothschild à Tel Aviv.

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La porte de la foi dans le parc Abrasha à Jaffa, Tel Aviv.

E. Marcusfeld qui symbolise la naissance du «Bauhaus israélien». Érigée en 1935, elle a été rénovée en 2008. En contrepoint à la devise initiale du Bauhaus, elle regorge de marquises, de fenêtres rondes et de terrasses arrondies sans véritable fonction pratique. Après les immeubles jumeaux de la Maison Yitzhaki dessinés en 1935 par Pinchas Hitt et édifiés au 89-91 du Boulevard Rothschild, admirez l’Engel House de Ze’ev Rechter qui trône depuis 1922 au numéro 84. Il s’agit du premier édifice de Tel Aviv bâti sur pilotis afin d’assurer une bonne circulation de l’air.

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Pour ce qui est de la restauration de nombreux bâtiments de la Ville Blanche, Tel Aviv peut remercier une femme: la conservatrice du patrimoine et architecte Nitza Metzger-Szmuk qui a fondé un service dédié à conservation des monuments au sein de l’administration municipale en 1990. C’est également elle qui a contribué à l’inscription de la Ville Blanche au patrimoine mondial de l’UNESCO. «Je suis arrivée au bon moment avec les bonnes connaissances et suffisamment de patience», se souvient-elle. «À l’époque, les habitants de Tel Aviv se mo-

quaient encore des touristes du Bauhaus.» En 2003, en tant que membre du comité consultatif du White City Center (WCC), Metzger-Szmuk a ouvert son propre bureau d’architecte spécialisé dans la conservation du patrimoine. En marge de la rénovation des bâtiments historiques, elle crée également de nouveaux espaces résidentiels. «La vie évolue et nous avec», déclare-t-elle. Selon elle, seule l’atmosphère de Tel Aviv doit être préservée: «L’esprit de la ville, le sentiment de liberté et d’ouverture, est encore plus important que l’architecture.»


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Breviarium

Nazareth

Tel-Aviv

Jérusalem

JORDANIE

32° N 34° O

ÉGYPTE

visit.tel-aviv.gov.il

À faire absolument Les touristes qui souhaitent non seulement visiter la ville, mais aussi séjourner quelques jours dans l’un de ses monuments historiques, peuvent descendre dans l’un des hôtels de style Bauhaus, tels que le Poli House Hotel des années 1930 sur Magen David Square ou le cinéma-hôtel de la place Zina Dizengoff mentionné plus haut. Vous trouverez une liste d’hôtels sur le site Internet du Bauhaus Center (www.bauhaus-center.com).

À éviter Si vous souhaitez vous rendre à Tel Aviv, ne vous laissez pas décourager par les mesures de sécurité et contrôles drastiques à l’entrée sur le territoire. Le vol retour est plus simple et plus rapide: à l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv, de nombreuses procédures, dont l’enregistrement des bagages, sont automatisées. En outre, les passagers ne doivent passer les contrôles de sécurité qu’après l’enregistrement en ligne ou en libre-service. En général, il est possible d’effectuer la plupart des démarches nécessaires au voyage en ligne ou par voie électronique.

Trésors cachés Pour obtenir un aperçu gastronomique de la ville, un petit détour au marché du Carmel sur Magen David Square s’impose. Il s’agit du plus grand marché aux fruits et légumes de Tel Aviv. Comme dans un bazar oriental, des stands colorés débordant d’épices, de fruits et de légumes côtoient des boutiques vendant des kippas, des tee-shirts et des chaussures. Au milieu de tout cela, le Humus vous réserve le meilleur houmous de Tel Aviv. Dans ce restaurant simple, une Thora et d’anciens écrits exposés derrière une vitrine témoignent du passé du bâtiment, lorsqu’il était encore une synagogue.

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F RAN C I S C O SAN

Dans les pas des hippies Texte Stefanie Bisping

San Francisco est la ville d’adoption de nombreux super-riches, car la vie y est douce, mais chère. Dans l’ancienne métropole hippie, la nostalgie de cette période de paix, d’amour et de Flower Power est forte. Un «Love Tour» en combi VW permet de faire un petit saut dans le passé.

«Here comes the sun» des Beatles résonne dans les haut-parleurs. Ce petit coup de pouce tombe à point: le brouillard matinal commence à s’éclaircir au-dessus de San Francisco. Entre les harmonies, Allan Graves distille des informations sur sa ville. Ce guide touristique né au Costa Rica des amours d’un Canadien et d’une Nicaraguayenne, a passé presque toute sa vie dans cette cité qu’il aime tout autant que la musique de l’époque hippie. Les vieux combis VW sont une autre de ses passions. Son Bulli flanqué des portraits de Janis Joplin et Carlos Santana et d’une photo du Golden Gate Bridge grimpe la côte abrupte de Russian Hill à

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faible allure. À travers les rues latérales, on aperçoit la baie et même l’île d’Alcatraz qui se détache dans la brume. Une fois le sommet atteint, l’antique véhicule profite de la gravité. Avec entrain, il dévale la pente sinueuse de Lombard Street pendant qu’Otis Redding chante «Sittin’ on the Dock of the Bay». Dehors, les passants nous saluent et attrapent leurs smartphones pour photographier notre minibus. Les participants du «Love Tour» ne viennent pas seulement admirer des attractions touristiques: le «Sunshine» en est une à lui seul. Au volant, Allan présente le lycée fréquenté par Joe DiMaggio, légende du baseball et mari de Marilyn Monroe,


F RAN C I S C O SAN À bord du bus VW «Sunshine», année de construction 1976, les touristes deviennent euxmêmes une attraction.

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EN BAS San Francisco est aussi particulièrement diversifiée sur le plan architectural: le Palace of Fine Arts renvoie visuellement à l’époque des Grecs et des Romains.

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F RAN C I S C O SAN

Le Golden Gate Bridge enjambe la baie de San Francisco depuis 1937 et fait partie des attractions emblématiques de la Californie.

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F RAN C I S C O SAN les tramways qui ont échappé au feu et à la destruction lors du grand tremblement de terre de 1906, ou encore le site considéré comme le meilleur endroit des États-Unis pour faire des rencontres: une pelouse le long de Marina Road envahie de tapis de yoga pendant l’été. Rien d’étonnant à ce que ce quartier soit l’un des plus chers de cette ville hors de prix. C’est au tour de Scott McKenzie de donner de la voix. «If you’re going to San Francisco, be sure to wear some flowers in your hair», chantonne-t-il. Comme si tout était aussi simple! Allan Graves n’est pas seulement guide: il dirige aussi les «Love Tours». Il a étudié les relations internationales et travaillé dans la finance et la technologie. «Comme tout le monde à San Francisco», confie le quadragénaire en riant. Alors qu’il s’ennuyait, sa vie a pris une tout autre tournure. «Ma fille est partie à l’université, mon chien est mort et ma copine m’a quitté. J’ai alors envisagé de revenir à mes premières amours.» Pour lui, il s’agissait des véhicules anciens. Allan a commencé à repérer des

minibus VW des années 1970 et a réfléchi à ce qu’il pouvait en faire. Il a fait des recherches sur les circuits touristiques en Bulli à San Francisco, en Californie, puis dans le monde entier. Et n’en a trouvé aucun. Avec son frère, il a commencé par acquérir le combi «Love» avec boîte automatique datant de 1982, suivi d’un deuxième acheté aux enchères, le «Sunshine» sorti en 1976. Ils ont installé des toits panoramiques et demandé à l’artiste Madison Tomsic de décorer les minibus de motifs iconiques. Allan a ensuite suivi une formation de guide. En 2014, toujours avec son frère, il a lancé les «Love Tours». Un an plus tard, leurs excursions hippies en bus étaient déjà devenues un job à plein temps. Rapidement, l’entreprise a acquis six autres combis aménagés et emploie désormais vingt personnes. Des tours en VTT électrique Les touristes qui préfèrent filer cheveux au vent seront comblés avec Nick Hormuth. Ce guide âgé de 37 ans propose des visites de la ville en VTT électrique afin d’affronter sans effort ses collines

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F RAN C I S C O SAN

Un paysage urbain brumeux sous un coucher de soleil doré.

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F RAN C I S C O SAN L’ancienne île-prison d’Alcatraz, mondialement connue, située dans la baie de San Francisco.

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abruptes. Son petit Bike Shop équipé d’une platine et décoré de sombreros est la pièce maîtresse de l’entreprise fondée huit ans plus tôt. Nick accompagne pratiquement toutes les visites pour montrer aux participants tout ce que les locaux apprécient, de «La Palma Tortilla Factory» dans le quartier de Mission orné de fresques murales en passant par Bernal Hill et sa vue imprenable sur Frisco. Sur Union Square, Allan Graves désigne une boutique Louis Vuitton fermée depuis peu et se plaint de Chesa Boudin, le procureur général destitué en juillet dernier. Ce diplômé de Yale et d’Oxford né en 1980 a aboli la détention préventive dès lors que les personnes incriminées ne présentent pas de danger pour la communauté, car il ne croit pas en l’incarcération. Ses parents étaient membres de l’organisation radicale Weather Underground. En 1981, après avoir participé à New-York à un braquage au cours duquel deux policiers et un vigile ont été tués, ils ont été condamnés à plusieurs décennies de prison. Chesa Boudin, petit-fils de l’avocat Leonard Boudin qui a notamment défendu le gouvernement révolutionnaire cubain, s’est présenté aux élections de 2019 dans le but affiché de mettre fin aux détentions de masse et de s’attaquer à la racine de la criminalité que sont la toxicomanie, les troubles psychiatriques et les problèmes sociaux. Au début de

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la pandémie, il a libéré près de la moitié des détenus de la ville. Dès lors, le reste de ce pays amoureux de la loi et de l’ordre a commencé à considérer avec effroi ces «fous de l’Ouest». Les habitants de la ville ont eux-mêmes fini par trouver que les choses étaient allées trop loin et ont voté à 55 % contre Boudin à l’été 2022. Contrastes sociaux La Californie accueille la majorité des milliardaires vivant aux États-Unis. La plupart des super-riches californiens vivent à San Francisco, la patrie de Facebook, Twitter, Uber et autres entreprises technologiques florissantes. Le magazine Forbes a recensé 39 milliardaires parmi les 880.000 habitants. D’autres en ont même dénombré 41, voire 77. Seule New-York, pourtant dix fois plus peuplée, en compte plus. Les habitants de San Francisco dépensent, chaque année, cinq millions de dollars pour les sans-abris qui y sont particulièrement nombreux. Les sans domicile fixe permanents seraient plus de 8.000, un autre record moins reluisant. La sono diffuse «All you need is love» tandis qu’Allan bifurque sur Tenderloin. «Ici, il n’y a rien de particulier à voir», prévient-il. Malgré quelques galeries et fresques murales réalisées par des artistes renommés, le quartier a plutôt tendance à échapper à la gentrification. De nombreux SDF se sont installés dans quelques rues qui entourent cette


F RAN C I S C O SAN Les cartes postales nostalgiques d’autrefois ornent aujourd’hui les murs de la ville colorée.

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Des façades victoriennes sur fond de San Francisco postmoderne: les «painted ladies» soignées font partie des hotspots photographiques de la ville.

artère routière. Selon Allan, les trois-quarts sont d’anciens enfants placés en familles d’accueil. À leur majorité, quand ils ne rapportent plus d’argent à ces dernières, ils se retrouvent à la rue. Toutefois, les lacunes du système social au Pays de la Liberté ne sont pas les seules responsables. La vie est chère à San Francisco: même pour un petit appartement, le loyer s’élève facilement à trois mille dollars. Pour cette raison, les chauffeurs Uber (qui sont plus de 50.000 à embouteiller les rues)

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doivent multiplier les courses. Les SDF bénéficient de deux repas par jour et, s’ils le souhaitent, d’un hébergement pour la nuit. Mais cela ne suffit pas à améliorer leur condition. Ils sont «like a rolling stone», soupire Allan en référence à la chanson de Bob Dylan. Sur le Love Tour, le chemin qui mène au Golden Bridge est également ponctué de romances. En 1940, Frida Kahlo et Diego Rivera se sont mariés pour la deuxième fois à la mairie, la deuxième plus vaste du pays avec sa coupole

qui dépasse de 35 cm celle du Capitole de Washington. C’est là aussi que Marilyn Monroe et Joe DiMaggio se sont unis en 1954 pour quelques mois. À l’origine, ils voulaient organiser la cérémonie à l’église Saint-Pierre-et-Paul de Washington Square, explique Allan. Mais le prêtre leur a dit qu’ils étaient déjà mariés et qu’ils feraient mieux de retourner avec leurs conjoints respectifs. Alors que nous traversons le quartier verdoyant du Presidio, une ancienne base militaire reconvertie


F RAN C I S C O SAN en parc abritant des maisons ainsi qu’un musée consacré à Walt Disney et Star Wars, le soleil perce à travers le brouillard. Derrière les piliers et tourelles orangés de ce pont inauguré en 1937, on peut même apercevoir des pélicans et, à proximité des rives, des phoques haletants. Le circuit se termine au son d’«Hotel California» dans le quartier d’Haight-Ashbury, la Mecque de la culture hippie des années 1960. Épargné par les incendies après le grand tremblement de terre, il abrite encore des maisons du XIXe siècle. Avec leurs boutiques et cafés joliment rénovés en rez-de-chaussée, elles laissent entrevoir que beaucoup d’eau a coulé dans la baie de San Francisco depuis le Sommer of Love. Jimi Hendrix habitait autrefois dans Haight Street. Juste en face, Janis Joplin avait élu domicile dans une maison rose sur Ashbury Street au 365. Le fondateur des Hell’s Angels et Jerry Garcia, leader du groupe Grateful Dead, étaient leurs proches voisins. L’actuelle propriétaire a fait installer une clôture pour maintenir les pèlerins et les hippies à distance. Le panneau accroché à une maison sur Haight Street est encore plus clair: «Hippies use back door», peut-on y lire. «Hippies, passez par la porte de derrière». Aujourd’hui, Haight-Ashbury appartient aux hipsters.

Comme un serpent dans la verdure: les méandres de la célèbre Lombard Street.

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IDAHO

NEVADA

UTAH

Sacramento San Francisco Las Vegas CALIFORNIE

Los Angeles

37° N 122° W www.sftravel.com MEXIQUE

À faire absolument Visiter la ville en compagnie de locaux passionnés qui en connaissent tous les détails. Le «Love Tour» de deux heures à bord d’un combi VW a lieu quatre fois par jour et coûte 75 dollars par personne (sanfranciscolovetours.com). Les minibus peuvent accueillir jusqu’à 6 passagers. Ensuite, enfourchez un vélo électrique: le «Mighty-Local Electric San Francisco Bike Tour» dure 3 heures et demie et coûte 79 dollars par personne (https://sfbiketours.com).

À éviter Repartir sans assister à un match de NBA des Golden State Warriors ! Depuis l’ouverture du Chase Center qui a coûté 1,6 milliard de dollars en 2019, l’équipe de la superstar Stephen Curry a quitté la ville voisine d’Oakland pour retrouver San Francisco. Un match de basket de cette équipe fait partie des expériences les plus authentiques qu’on peut faire ici.

Trésors cachés Posez vos valises au cœur de la ville, mais loin du tumulte: à portée de vue du Golden Gate Bridge, passez la nuit au «Lodge at the Presidio», un boutique-hôtel historique de 42 chambres situé dans le parc national du Presidio, sur une ancienne base militaire du XIXe siècle. L’établissement est situé au calme dans un beau parc et permet de rejoindre à pied le restaurant Session de George Lucas, la légende du cinéma. On y sert de délicieux burgers ou un steak cuit à la perfection accompagnés de vins provenant de Skywalker Vinyards, le domaine viticole de Lucas, situé un peu plus au nord à une quarantaine de minutes de voiture. Le père de «Star Wars» utilise le restaurant à l’occasion pour des projections privées.

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OREGON



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Les masques secrets de la Côte d’Ivoire Texte & Photos Laurent Nilles

Sociétés secrètes, cérémonies mystérieuses, esprits et magie: en Côte d’Ivoire, les danses masquées sont plus qu’un simple folklore. Les nombreux groupes de population de ce pays d’Afrique de l’Ouest sont fiers de leurs traditions séculaires, même si elles sont loin d’être toutes ouvertes aux visiteurs étrangers...

La fascination pour les masques africains ne me lâche plus depuis que j’ai pu en admirer un florilège antique dans une galerie d’art bruxelloise il y a quelques années. Vendus en Europe en tant qu’objets d’art luxueux, convoités par les collectionneurs privés et les musées, les masques demeurent des composantes importantes de la culture vivante et du tissu social dans de vastes régions d’Afrique de l’Ouest et de Centrafrique. Afin de pouvoir me faire ma propre opinion, je décide donc de me rendre en Côte d’Ivoire. J’ai l’occasion de voir mon premier masque quelques jours plus tard dans un petit village du peuple gouro à l’occasion d’une démonstration de danse zaouli. Quel spectacle! Le roulement rythmé des tambours, la poussière sou-

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levée par les danseurs masqués, les spectateurs médusés... cette scène hors du temps dépasse mes espérances. Apparue dans les années 1950, cette danse figure déjà au patrimoine culturel mondial de l’UNESCO. Contrairement au zaouli qui se veut avant tout divertissant, la plupart des masques ont une dimension sacrée. Pour les Sénoufo disciples du Poro, une religion ouest-africaine séculaire, ils incarnent divers esprits et ne doivent être vus que par les initiés (l’initiation dure 21 ans). Mon voyage se poursuit donc dans la «région du Poro» au nord du pays. Chéri Mimi, mon guide local, me conduit tout d’abord dans un village qui semble désert à notre arrivée. Même le chef du village est introuvable. La clé de


D’ I VO I R E C ÔT E Rencontre avec une zaouli. Elle sert surtout à se divertir.

EN HAUT

EN BAS Le Wambele, l’un des plus importants masques des Sénoufos, salue les anciens du village.

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Le masque de guerre des Guéré est censé donner du courage aux guerriers du village.

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D’ I VO I R E C ÔT E En Afrique de l’Ouest, les anciennes coutumes ont résisté à l’évangélisation et à la mondialisation.

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Les masques portant des chapeaux à plumes pleurent la mort d’un initié de la société secrète de Poro.

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PAGE SUIVANTE La danse du masque de Zaouli, pleine d’énergie, est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2017.


D’ I VO I R E C ÔT E ce mystère? Tous les hommes se sont rendus dans la Forêt Sacrée pour assister à une cérémonie initiatique dont l’accès est strictement interdit aux non-initiés. Nous patientons donc pendant quelques heures. Peu avant le coucher du soleil, nous assistons au boloye, une danse initiatique acrobatique au cours de laquelle les jeunes danseurs masqués enchaînent les saltos, toujours plus haut. Ce faisant, ils tiennent dans leurs mains de petites baguettes de bois qu’ils ne doivent surtout pas briser ou faire tomber, au risque d’être rétrogradés dans le processus initiatique. Dans la hiérarchie du Poro, le boloye occupe une place plutôt mineure et peut donc être exécuté sans souci devant des spectateurs. En revanche, l’accès aux autres masques est beaucoup plus compliqué: en amont de mon voyage, Chéri Mimi a dû négocier pendant plusieurs mois avec les sages du village afin qu’ils m’autorisent à assister à l’une des légendaires cérémonies de wambele. Un honneur tout particulier! Les masques wambele sont particulièrement respectés et on peut même dire qu’ils sont craints. Avec leurs deux visages inversés, ils symbolisent l’opposition entre le Bien et le Mal. Les esprits des wambele sont censés protéger, mais ils peuvent aussi punir. Ma dernière rencontre avec les traditions du Poro a lieu par hasard, quand je croise sur ma route un groupe de personnes masquées

brandissant des armes factices en bois et coiffées de plumes. On me raconte que ces masques sont en route pour pleurer la mort d’un initié du Poro. Malheureusement, je ne peux pas m’attarder, car j’ai rendez-vous avec les Dan dans les montagnes à l’ouest du pays. L’après-midi suivant, quand les tambours annoncent l’arrivée des masques, les villageois se rassemblent rapidement. La bonne humeur est de mise, les femmes sont vêtues de blanc, tout le monde danse et chante. Le chef du village prend tout de même le temps de me livrer quelques explications: «Les masques gueblin dansent pour célébrer une récolte abondante ou pour protéger le village de la maladie.» Peu de temps après, quand les masques masculins déferlent sur le village juchés sur des échasses à trois mètres de haut, les spectateurs se dispersent joyeusement dans toutes les directions afin de ne pas être frappés par l’une des lourdes jambes de bois. Les masques féminins, en revanche, évoluent avec grâce sur le sable de la place du village, tels un contrepoint apaisant à la course frénétique des échassiers. Deux jours plus tard, je rends visite au peuple guéré. Celui-ci fait la distinction entre les masques de danse, comme le souriant douhe peint en rouge, et les masques messagers, tels que le gambiela dont la forme évoque une tête de chien. Mais ceux qui

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Le masque d’ambassadeur Gambiela se rend dans d’autres régions du pays pour représenter les Guéré lors de festivals interculturels.

m’impressionnent le plus, ce sont les masques guerriers: des monstres effrayants armés de lances et crachant de la fumée qui, en cas de conflit, doivent donner du courage aux guerriers du village. À Kondé Yaokro, un village baoulé (l’ethnie la plus nombreuse du pays), j’ai l’occasion d’admirer les célèbres masques goli à l’œuvre à la fin de mon voyage. Les kplé kplé ronds surmontés de cornes ont une fonction d’éclai-

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reurs et devancent les autres masques. Ensuite, place à la danse du kpan, un masque féminin rouge important qui représente la déesse de la Forêt Sacrée. Au passage, les masques goli sont dépourvus d’ouvertures qui pourraient permettre aux danseurs de voir ce qu’ils font: «Ce n’est pas indispensable, car les danseurs sont guidés par l’esprit des masques», m’explique l’une des personnes présentes alors que je m’étonne de ce détail.

Les masques et les esprits sont encore bien présents ici en Afrique de l’Ouest où les anciennes coutumes ont résisté à l’évangélisation et à la mondialisation. Conscient d’avoir obtenu un mince aperçu de cet univers mystérieux sans toutefois avoir pu aller au fond des choses, je prends le chemin du retour en direction du Luxembourg. En me promettant de revenir un jour pour parfaire mes connaissances.


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BURKINA FASO

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Breviarium

MALI

GUINÉE

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GHANA

LIBERIA

Abidjan

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À faire absolument La richesse culturelle de la Côte d’Ivoire se trouve principalement dans des petits villages isolés qui ne sont pas mentionnés dans les guides touristiques habituels. Il n’existe pas non plus de calendrier fixe pour les nombreuses cérémonies et danses masquées, car elles sont généralement organisées spontanément. On ne peut savoir quand et où qu’en échangeant personnellement avec les autochtones. Un bon guide local vaut ici son pesant d’or et est presque indispensable. Je peux personnellement recommander Francis Mak (+225 075 8787025).

À éviter Dans les petits villages en particulier, mais aussi dans les villes de taille moyenne, il est encore courant aujourd’hui que les visiteurs extérieurs se présentent d’abord au chef traditionnel de la cité ou au maire. Un petit cadeau d’accueil est le bienvenu et ouvre bien des portes. Si l’on commence sa visite ou que l’on prend des photos en public sans cette formalité préalable, on risque d’être perçu comme un intrus et, dans le pire des cas, on peut même avoir des problèmes avec les autorités.

Trésors cachés Si l’on parvient à se rendre dans le nord aride du pays, on trouve, au milieu des rues poussiéreuses de Korhogo, une oasis inattendue mais très bienvenue au Le Savanna (+225 0707 860817), un restaurant à la française proposant des cocktails rafraîchissants, des interprétations créatives de plats traditionnels et un service aimable. On peut y reprendre des forces pour la suite du voyage, au cours duquel on bénéficie rarement des standards de confort occidentaux.

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En juin, le voyage continue Ne manquez aucun numéro – abonnez-vous à REESEN! abo@reesenmag.lu reesenmag.lu 11, Um Lënster Bierg L-6125 Junglinster +352 28 99 01 11 ISSN: 2658-977X © Luxe Taste & Style S.à r.l. 4a, rue de Consdorf - L-6230 Bech Rédaction redaktion@tasty.lu Annonces sales@tasty.lu

Directrice de la publication & rédactrice en chef Bibi Wintersdorf Responsable de rédaction Eva Juncker Directeur artistique Marc Dostert Graphistes Enia Haeck, Cédric Libar Relecteure Fabrice Barbian Journalistes Ed Goedert, Stéphanie Krischel, Stefanie Bisping, Joscha Remus, Sarah Braun, Philine von Sell, Marion Finzi, Marie Tissier, Martine Carret, Nikki Bonnal, Susanne Freitag, Laurent Nilles Digital Content Manager Yannick Burrows Digital Content Officer Elodie Pereira Finance & logistique Maurizio Maffei Imprimeur johnen-print Luxembourg


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