REESEN 10 - Été 2023 - FR

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MAGAZ I N E LUX E M B O U R G EO I S

Luxembourg Biarritz

Rheingau

Pescara

Bosnie-Herzégovine Grenade Caraïbes

Obernai

Copenhague Tr a n s y l v a n i e

Andalousie

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É D I TO R IAL

Rien ne développe l’intelligence comme le voyage Émile Zola

Bienvenue dans notre édition estivale de REESEN, votre fenêtre sur le monde et le seul magazine du Luxembourg consacré au voyage. À chacune de ses pages, un nouveau paysage, une nouvelle culture, une nouvelle expérience se dévoile. Notre objectif est d’éveiller votre envie de voyager et de vous faire embarquer à bord d’un périple riche en découvertes. Des vignobles pittoresques du Rheingau à la culture bien vivante de Singapour, de la trépidante Copenhague au calme enchanteur de la Transylvanie, des plages idylliques de Biarritz et Pescara à des pays exotiques éloignés comme le Vietnam et le Maroc, notre édition estivale vous réserve de nombreuses sources d’inspiration. Pépite insoupçonnée à deux pas de chez vous ou contrée lointaine qui donne envie de voyager : chacune de ces destinations est la promesse d’aventures plus riches les unes que les autres, ainsi que d’histoires et d’expériences uniques. Nous espérons qu’elles susciteront chez vous le désir irrépressible de faire vos valises et de prendre la route. En chemin, n’oublions pas bien entendu notre cher

Luxembourg, un magnifique pays plein de charme qui n’attend que d’être redécouvert. Sachez toutefois que REESEN n’aspire pas seulement à vous présenter des paysages et des villes sublimes, mais cherche aussi à comprendre comment les voyages nous façonnent. Comment ils élargissent nos horizons, nous rendent tolérants, nous ouvrent à la nouveauté et, en définitive, contribuent à une meilleure compréhension entre les peuples du monde. Nous tenons également à vous remercier, fidèles lecteurs et lectrices, pour votre soutien sans faille et votre intérêt vis-à-vis de REESEN. C’est votre curiosité et votre désir d’en savoir plus sur notre planète qui nous motivent à continuer de compiler pour vous les récits de voyage les plus inspirants. Alors, installez-vous confortablement et accompagnez-nous dans cette escapade estivale à travers les pages de notre magazine. Nous espérons que vous aurez autant de plaisir à nous lire que nous en avons eu à concocter ce numéro. Sur ce, nous vous souhaitons un agréable voyage et un été radieux !

Bibi Wintersdorf Rédactrice en chef & directrice de la publication

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S O M MAI R E


LIVRES LU X E M B O U R G RHEINGAU OBERNAI BIARRITZ PESCARA C O P E N H AG U E H ÔT E LS D E R Ê V E B O S N I E - H E RZÉ G OV I N E T R A N SY LVA N I E GRENADE A N DA LO U S I E T E N DA N C E S MAROC CARAÏBES VIÊTNAM F I DJ I SINGAPOUR

S O M MAI R E

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L I V R E S 6

Le Routard

Le Routard

Beena Paradin Migotto

Expériences et microaventures en France

Les 50 voyages à faire dans sa vie

« Expériences et micro-aventures en France », édité par les Guides du Routard, est conçu pour les aventuriers en quête d’expériences uniques et d’aventures palpitantes à travers le pays. Il présente une multitude d’itinéraires et d’activités insolites à vivre en France, allant des escapades urbaines aux explorations en pleine nature. Chaque page regorge d’idées originales pour créer des souvenirs mémorables et découvrir des coins méconnus du territoire français. Les microaventures proposées sont accessibles à tous les niveaux, que vous soyez randonneur chevronné, amateur de sensations fortes ou simplement à la recherche d’une expérience différente près de chez vous.

À l’occasion de ses 50 ans, le Routard voit les choses en grand avec un beau-livre exceptionnel ! Les auteurs du célèbre guide nous confient tous leurs trésors et nous embarquent pour un tour du monde en version XXL des 50 plus beaux voyages de la planète. Sillonner les parcs nationaux de l’Ouest américain, découvrir les merveilles de l’Islande, aller au bout du monde en Patagonie, plonger au cœur des temples d’Angkor, remonter jusqu’aux sources du Nil, dévaler les pentes du Kilimandjaro, partir à la recherche des légendes écossaises ou de quelques îles secrètes en Grèce… 50 voyages tous plus exceptionnels les uns que les autres, sur tous les continents !

Spice Up : embarquez pour un voyage au cœur des épices

348 pages Éditeur Hachette Tourisme ISBN 978-2017188018

360 pages Éditeur Hachette Tourisme ISBN 978-2017171799

Rani, spécialiste reconnue des épices, recherche la personne idéale pour lui transmettre tout son savoir et ses connaissances sur ce monde enivrant. Elle lance un appel à candidature. Trois personnages aussi attachants que différents sortent du lot et nous font découvrir plus d’une vingtaine d’ épices, les meilleures associations possibles et une quinzaine de recettes. L’experte, Beena Paradin Migotto, propose une approche ludique et décomplexée pour partir à la découverte des épices et partage les possibilités infinies de combinaisons que chacun peut explorer pour transformer un plat ordinaire en aventure culinaire ! 360 pages Éditeur Flammarion ISBN 978-2080415110


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L’assistance médicale mondiale 24h/24 et 7j/7 est incluse automatiquement dans notre package de base. De plus, en cas d’un incident à l’étranger, vous pouvez en profiter dès le premier jour de votre adhésion CMCM. Envie de devenir membre? Rendez-vous sur www.cmcm.lu

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LUX E M B O U R G

Lazy Gardening : pour une vie florissante Texte Joscha Remus

Le Lazy Gardening, autrement dit le jardinage paresseux, s’est imposé comme une tendance bénéfique qui favorise le retour des herbes sauvages, des papillons et des abeilles dans nos jardins et nos paysages. La campagne « Méi net am Mee » (non à la tonte) du parc naturel de l’Our soutient ce nouvel art du retour maîtrisé à l’état sauvage.

Les parcs naturels du Luxembourg organisent régulièrement des randonnées, des excursions et des séances d’observation spectaculaires sur le thème des papillons. Par exemple, le Natur- & Geopark Mëllerdall propose une randonnée consacrée à ces délicats lépidoptères. À travers des paysages variés, à la faveur du micro-climat de l’Hëlt à Rosport, les participants croisent avant tout des argus bleus, l’espèce la plus représentée au Luxembourg, sur les versants sud et dans les vignes baignées de soleil. Le long d’une haie, des aurores et des citrons virevoltent. La

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sortie découverte « Fliegende Juwelen, die bunte Welt der Tagfalter » (trésors ailés, le monde coloré des papillons de jour) dans le parc naturel de l’Our offre l’occasion d’admirer les couleurs éclatantes des cuivrés de la bistorte, des petits nacrés et autres paons-du-jour. Le retour à l’état sauvage, une tendance séduisante et utile Les papillons, mais aussi les abeilles sauvages et les bourdons, sont indispensables à la pollinisation. En veillant à la diversité et en minimisant l’artificialisation, il est possible d’offrir des espaces nour-


LUX E M B O U R G Les syrphes sont des artistes aériens qui peuvent rester sur place en volant.

EN HAUT

EN BAS La faux connaît une nouvelle renaissance au Parc naturel de l’Our. Il est possible d’apprendre à la manier lors d’ateliers.

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LUX E M B O U R G Les bandes fleuries et les haies sont des oasis d’insectes importantes pour nos paysages cultivés. © Raymond Clement

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LUX E M B O U R G

Contrairement à ce que leur nom laisse supposer, les jolis papillons de nuit sont également en quête de nectar pendant la journée.

À GAUCHE

À DROITE Un bourdon pollinisateur au milieu d’une fleur de pavot.

© Raymond Clement

riciers à tous les petits ouvriers du jardin. Pour cette raison, le Lazy Gardening et le retour maîtrisé à l’état sauvage sont des tendances écologiques séduisantes qui permettent non seulement à la nature et à ses pollinisateurs, mais aussi à nous tous en tant que visiteurs des jardins et parcs naturels, de respirer à nouveau à pleins poumons. La paresse érigée en art Le parc naturel de l’Our soutient cette gestion de l’environnement respectueuse des plantes à travers des cours de fauchage et l’action « Blumme fir Bestëbser » (des fleurs pour les pollinisateurs). En vous rendant au parc naturel de l’Our pour découvrir ses jardins et paysages faussement négligés, faites un petit détour par le chemin de randonnée sonore d’Hoscheid pour profiter de la beauté des plantes locales. Un paisible sentier vous mènera jusqu’au parc naturel de l’Our. Le ravitaillement en boissons qui attend les visiteurs au village d’Unterschlinder est tout aussi décontracté. Les caisses remplies de boissons fraîches sont tout simplement plongées dans le Schlënner, le torrent bien frais qui traverse la localité. L’été en pleine nature au Luxembourg : une expérience aussi reposante que géniale ! insekten.lu

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LUX E M B O U R G

Route 8 Mertert → Stafelter 98,8 km

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LUX E M B O U R G

À travers le centre du pays Texte & photos Ed Goedert

De Mertert à Stafelter : voilà sans doute le tour le plus varié de mon livre. Nous nous rendons d’abord à Mertert, puis on traverse la vallée de la Sûre vers Manternach, Lellig et Mompach. Qui est déjà allé à Boursdorf ? Nous continuons vers la ville abbatiale d’Echternach et traversons le Mullerthal puis passons par le château de Meysenburg, un endroit rêvé et caché.

À Mertert, nous quittons la NI en direction de Manternach. Cette belle route nous fait traverser la vallée de la Sûre. Sur des routes sinueuses, nous traversons une nature luxuriante et des paysages doux. À Manternach, nous tournons à droite vers Lellig et prenons ensuite une route assez étroite vers Mompach. Des prairies et des pâturages à perte de vue jalonnent cette partie de l’itinéraire. De Mompach, nous continuons vers Boursdorf, un petit village rural probablement connu de très peu de personnes. Nous franchissons une petite colline et apercevons bientôt Dickweiler et − juste après − Osweiler. Voici maintenant l’une de mes routes préférées, d’Osweiler à Echternach par le Roudenhaff.

La route sinueuse nous conduit dans la vallée de la Sûre jusqu’à l’ancienne ville abbatiale d’Echternach. Garez votre véhicule et prenez votre temps, que ce soit pour une courte promenade autour du lac d’Echternach ou pour flâner dans cette belle petite ville. Elle me rappelle de nombreux souvenirs, car j’y ai fréquenté le Lyzeum classique de 1964 à 1970. En cours de sport, nous avions l’habitude de parcourir tous les chemins et les routes (par exemple vers l’Ernzerberg ou dans la Wollefsschlucht), des trajets que j’emprunte maintenant en voiture ou en moto. En sortant d’Echternach, une route escarpée nous mène à Mélickshaff, d’où nous traversons des prairies luxuriantes jusqu’à

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Berdorf. Dans cette région, les amateurs d’escalade en ont pour leur argent. Notre route passe maintenant par les classiques de la « Petite Suisse luxembourgeoise » : Berdorf, Vugelsmillen et Beaufort. L’itinéraire passe par d’impressionnants rochers en grès du Luxembourg, qui caractérise toute la région. À Beaufort, vous devez absolument visiter le château majestueux. Achetez peut-être aussi une bouteille du Cassero produit sur place, une liqueur très prisée à base de cassis. Profitez-en ce soir quand vous n’aurez plus à conduire. De Beaufort, nous retournons dans la vallée de la Sûre jusqu’à Dillingen, où nous prenons la direction de Diekirch. Après quelques kilomètres, nous tournons à gauche vers Bigelbach. Nous sommes maintenant sur l’une des rares routes mal entretenues de notre pays. Mais avant Bigelbach, nous sommes récompensés par une vue magnifique : le regard s’étend loin en Allemagne, puis Wallendorf et Härebierg au-dessus de Diekirch. Bigelbach lui-même est un petit village agricole joliment situé. Jusqu’à Eppeldorf, la route étroite

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serpente à travers les prairies et les pâturages, nous récompensant sans cesse de belles vues. La vallée de l’Ernz Blanche Nous atteignons maintenant la vallée de l’Ernz Blanche à Hessemillen. Dans ce moulin, mon ami et ancien voisin, Norbert Ketter, a organisé sa dernière exposition de photos avant de nous quitter pour toujours. À chaque fois que je passe ici, je pense à lui et aux beaux moments passés ensemble. Autour d’un verre de vin, nous avons discuté des photos en noir et blanc qu’il avait prises en Finlande, tandis que de la musique de Sibelius jouait en fond sonore... Nous suivons le lit de l’Ernz Blanche jusqu’à Reisdorf, où elle se jette dans la Sûre. Il y a une Ernz Blanche et une Ernz Noire. À l’école primaire, nous distinguions les deux embouchures par un petit truc mnémotechnique : l’Ernz Blanche à Reisdorf (Reis-weißblanc) et l’Ernz Noire à Grundhof (Grund-schwarz-noir). Une puissante allée d’arbres se dresse devant nous jusqu’à ce que nous atteignions Moestroff, d’où nous passons le château pour nous diriger vers le Hierzenhaff. Une route très étroite nous


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LUX E M B O U R G

conduit à Schroedeschhaff et Folkendange, un hameau composé de quatre maisons et d’une chapelle. Si vous regardez vers Stegen, vous pouvez encore voir des monticules artificiels dans les prairies à votre droite. Ce sont les vestiges de la piste de motocross où s’est déroulé le dernier Grand Prix de Luxembourg 500 cc. De Stegen, notre itinéraire varié mène à Angelsberg via Schrondweiler et Oberglabach. De là, nous nous rendons à Meysembourg : un magnifique château y évoque les contes de Grimm. On croirait presque voir Raiponce, avec ses cheveux d’or pendant le long de la tour... Après Angelsberg, nous empruntons une des allées bordées d’arbres les plus impressionnantes du pays. Typique du Luxembourg Nous arrivons à Schoos et au château de Fischbach, l’une des résidences de la Famille grand-ducale, et continuons via Weyer et Altlinster vers Luxembourg. Les collines verdoyantes, le Grünewald et les jolis villages sont particulièrement beaux dans cette section. Notre visite se termine au milieu de la forêt, au carrefour Stafelter. Ce circuit d’environ 100 km vous permet de voir et de découvrir de nombreux éléments typiques du Luxembourg : les paysages fluviaux de la Moselle, de la Sûre et de l’Ernz Blanche, le Mullerthal avec ses rochers impressionnants, les forêts denses et le paysage caractérisé par l’agriculture avec ses champs, ses pâturages et ses beaux villages.

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R H E I N GAU

Salles des trésors et caves d’artistes Texte Susanne Freitag

Le meilleur du Rheingau : des vignerons novateurs qui vont droit au but avec leurs concepts culinaires et leur sens artistique.

Il est des territoires auxquels Mère Nature a accordé toutes ses faveurs. Le Rheingau en fait assurément partie. À seulement quelques kilomètres de Wiesbaden au sud-ouest de la Hesse, l’une des meilleures régions viticoles d’Allemagne remporte tous les suffrages. Les visiteurs n’ont que l’embarras du choix entre ses 600 terroirs, dont certains peuvent se targuer d’une longue histoire. Toutefois, ils sont loin d’être poussiéreux, bien au contraire : grâce à des idées innovantes, les viticulteurs sont parvenus à proposer un assortiment dans l’air du temps et à familiariser un public plus jeune avec la tradition viticole. 1-0 pour le domaine Josef Spreitzer Citons notamment le domaine Josef Spreitzer à Oestrich. Les

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frères Andreas et Bernd Spreitzer, treizième génération d’exploitants, le dirigent ensemble depuis 1997 et savent parfaitement allier tradition et modernité. Visuellement parlant, on le remarque dès l’arrivée : sur la gauche se dresse une impressionnante villa Jugendstil aux accents baroques et sur la droite, une vinothèque moderne. La fondation du domaine remonte à 1641. Dans les profondeurs de l’ancienne cave voûtée de 1743, les breuvages les plus nobles reposent dans la « salle des trésors » à laquelle de rares personnes ont accès. 2.500 bouteilles de riesling, dont certaines datant de 1933, y sont conservées. L’étiquette emblématique de la maison Spreitzer, conçue par l’artiste Michael Apitz originaire de


R H E I N GAU Collaborateurs dans le Weinlounge 1141 au Draiser Hof.

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© Mediahsots

EN BAS Le domaine viticole Josef Spreitzer à Oestrich.

© Weingut Josef Spreitzer

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Un travail d’équipe : Bernd et Andreas Spreitzer dans la cave voûtée historique.

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© Weingut Josef Spreitzer

La vinothèque moderne du domaine viticole Josef Spreitzer.

EN BAS À GAUCHE

© Weingut Josef Spreitzer EN BAS À DROITE Joshua Josef et Andreas Spreitzer (de g. à d.) devant un tableau de terroir de Michael Apitz dans la vinothèque.

© Susanne Freitag

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R H E I N GAU Walluf, représente la silhouette dorée des coteaux en pente douce du Rheingau. Le designer crée également les étiquettes du riesling Eintracht Frankfurt, une série de caricatures des célèbres joueurs du club de foot de Francfort (SGE). « En 2020, nous avons commencé par les portraits de joueurs légendaires. Depuis, nous avons croqué Uwe Bein, Bernd Hölzenbein, Jürgen Grabowski, Alex Meier, Alex Schur et Charly Körbel », explique Andreas Spreitzer. Le contenu est un riesling élégant et fruité aux arômes de pêche de vigne et de fruits tropicaux. Quand on lui demande quel est le club préféré des Spreitzer, la réponse ne se fait pas attendre : « Le SGE et aucun autre », annonce-t-il en riant. Manifestement, de nombreux autres viticulteurs du Rheingau partagent l’amour des Spreitzer pour le football. Il y a 18 ans, ils ont fondé ensemble le « Weinelf » ou « Onze du vin », l’équipe de football nationale des vignerons allemands. En 2014, elle a remporté le championnat européen en Suisse en battant la Hongrie 3 à 2 et en 2019, elle a fait match nul contre l’équipe du Vatican. Andreas Spreitzer est le manager de l’équipe. Il a cédé sa place de cadre de l’équipe européenne à son fils aîné Joshua Josef, digne représentant de la quatorzième génération. En 2020, pour les 30 ans de la réunification allemande, le domaine Spreitzer a créé un vin commémoratif en association avec le domaine de Pawis et le vignoble de Saale-Unstrut, tous deux membres

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de la Verband Deutscher Prädikatsweingüter (VDP), l’association des vins de prédicat allemands. L’étiquette du « vin de l’unité » a également été dessinée par Michael Apitz. Elle représente un vignoble abstrait aux couleurs nationales, réplique en miniature de son œuvre « Einheit – Wein und Gemälde » (Unité – Vin et Peinture), présentée au public en août 2020 à l’ambassade régionale la Hesse à Berlin. Dans l’élégante vinothèque de 140 mètres carrés, le regard est attiré par l’immense « Terroirbild » (Carte des Terroirs) d’Apitz. Celle-ci présente les principaux vignobles et les caractéristiques de chaque terroir. Pendant les Semaines du goût du Rheingau ayant lieu fin avril et les Journées portes ouvertes des caves à l’automne, la vinothèque avec son poêle à bois est un point de rencontre apprécié des visiteurs. Romantisme et rentabilité à la Draiser Hof Depuis 2015, un vent de fraîcheur souffle sur la Draiser Hof à Eltville-Erbach. Le baron Frederik zu Knyphausen a repris l’entreprise en tant que huitième génération et exploite conjointement l’hôtel et le domaine viticole autrefois séparés. Son objectif premier est de conserver le domaine au sein de la famille et de poursuivre son développement. « Le romantisme est indissociable de la rentabilité », précise l’ancien commercial qui a exercé à la Frankfurter Bankhaus Metzler et au sein d’une multinationale indus-

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trielle à Hambourg. Chez lui, pas de place pour le snobisme et l’immobilisme. « À la Draiser Hof, tout le monde met la main à la pâte », explique-t-il. Parallèlement, il consacre beaucoup d’énergie à des projets devant garantir aux visiteurs une « expérience authentique du vin ». La Draiser Hof propose deux concepts gastronomiques : au Weinbar 1818, les visiteurs peuvent déguster toute l’année de délicieux plats bistronomiques dans une ambiance raffinée et goûter à l’assortiment de vins. Installé dans le parc du domaine, le Weinlounge 1141 accueille quant à lui familles et amis en toute décontraction. Chaque juillet depuis 2005, le domaine organise le festival musical Heimspiel sous la houlette du frère de Frederik, le chanteur et compositeur Gisbert. Par ailleurs, en été, la Draiser Hof est l’un des sites qui accueillent le Rheingau Musik Festival, l’un des plus importants festivals musicaux d’Europe. Le baron Knyphausen organise en outre des « afterworks mousseuxyoga » sur la pelouse du domaine et des ateliers BBQ-vin dans la cour en hiver. Les participants peuvent passer la nuit dans le petit hôtel du domaine qui propose neuf chambres individuelles et une maisonnette au bord de l’étang. L’art s’invite dans la cave du domaine Georg Müller Stiftung Un joyau unique se cache dans une ruelle du paisible village d’Hattenheim : le domaine Georg Müller Stiftung. Peter Winter a repris l’an-


R H E I N GAU EN HAUT Le domaine viticole Baron Knyphausen au Draiser Hof à Eltville-Erbach.

© zu Knyphausen

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Vigneron de la 8e génération : Frederik Freiherr zu Knyphausen. © zu Knyphausen

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Une sculpture colorée de Sofi Žezmer dans la cave d’art. © Susanne Freitag

La famille Winter : Daniel Winter, Elvira, Peter et Katharina. © NN Fotografie

cien domaine viticole en 2003 et le dirige depuis avec son fils Daniel et sa fille Katharina. La spécialité de Daniel est l’achat et la vente de vins rares. « À l’occasion d’innombrables dégustations de vin avec ma famille et mes amis et grâce à des formations, j’ai appris à découvrir et à apprécier les breuvages nobles », confie-t-il. Dans la « salle des trésors » de cette cave vieille de plus de 260 ans, les conditions de conservation sont optimales. Le vin le plus ancien remonte à 1967.

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Le domaine dispose également d’une autre salle des trésors très spéciale : un escalier installé dans la vinothèque permet de rejoindre la cave des artistes de la Galerie Winter. Sur une surface de 1.400 mètres carrés, elle accueille des œuvres d’art contemporain regroupant des installations, des objets lumineux, des peintures et des sculptures réalisés par des artistes portugais, américains, japonais, coréens et allemands de renommée internationale. Au cours d’une

dégustation de vin déambulatoire, le vigneron raconte des histoires intéressantes sur les artistes et leurs œuvres. De plus, la cave est un lieu prisé pour les événements tels que les fêtes d’entreprise ou les mariages. Katharina Winter propose des séances de yoga avec dégustation de vin sous les voûtes de la cave. De plus, des soirées organisées plusieurs fois par an dans la salle des trésors mettent à l’honneur les millésimes rares et les vins de garde.


R H E I N GAU

Breviarium

50° N 8° E

RHEINGAU-TAUNUS

www.rheingau.com

Wiesbaden Eltville-Erbach Hattenheim Oestrich

À faire absolument Pendant les journées portes ouvertes en septembre et les semaines du goût organisées fin avril / début mai, il est possible de passer de domaine en domaine pour déguster des petits plats régionaux et des breuvages nobles dans les « auberges vigneronnes ».

À éviter Dans chaque village, vous trouverez au moins un kiosque de dégustation dans lequel les différents domaines proposent leurs vins en alternance chaque semaine. Une règle s’applique partout : ne commandez surtout pas un « huitième de vin », soit un verre de 12,5 cl ! Dans le Rheingau, on compte en « Piffchen », une unité de 10 cl.

Trésors cachés Pendant les semaines du goût et à partir du 1er septembre, une visite de la Revoluzzer Gartenhaus dans les vignes d’Hallgarten vaut assurément le détour. À l’endroit même où le démocrate et défenseur de la liberté Adam von Itzstein a fondé il y a 200 ans le Hallgarten Kreis, la première assemblée populaire constitutionnelle du pays, les visiteurs peuvent aujourd’hui déguster les vins du domaine Bibo Runge en profitant d’une vue magnifique sur le Rheingau. www.bibo-runge-wein.de

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O B E R NAI

Une équipe de rêve : Maxime Wucher, sa sœur Marie Wucher et son mari Cyril Bonnard dirigent Le Parc. C’est la quatrième génération de la famille à gérer l’établissement.

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EN BAS Malgré l’agrandissement et la modernisation, la maison a conservé son charme alsacien.

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Texte Bibi Wintersdorf

O B E R NAI

Le Parc : renaissance en Alsace Photos Nis&For

Sur les douces collines d’Alsace, non loin de Strasbourg, un bijou d’hospitalité vous attend : l’hôtel quatre étoiles Le Parc à Obernai. C’est une maison qui a connu une impressionnante transformation ces dernières décennies, un refuge dédié à la gastronomie et à la détente revitalisé par la nouvelle génération qui a transformé ma dernière visite en une expérience inoubliable.

Mon dernier souvenir du Parc remonte aux années 1990. À l’époque, c’était son excellente cuisine qui m’avait attirée, car le minuscule spa de l’hôtel était presque anecdotique. Aujourd’hui, le savoir-faire de l’hôtel repose entre les mains d’une nouvelle génération dynamique. Maxime et Marie Wucher, dont la passion innée pour l’hospitalité transparaît dans tous les recoins de la maison, ont repris l’établissement de leur père et sont la quatrième génération à le diriger. Ce dernier était un visionnaire qui a envoyé ses enfants étudier et travailler à l’étranger et leur a laissé le champ libre concernant le choix de leur profession. Un pari qui s’est avéré

payant car, après des années d’apprentissage et de pérégrinations, tous deux sont rentrés à l’hôtel familial avec une solide formation en poche afin de prendre sa suite. Il est évident que leurs idées innovantes et leur amour du détail ont fait souffler un vent de renouveau sur la maison, sans pour autant perdre des yeux son riche passé. Maxime Wucher en particulier a impulsé une nouvelle dynamique en concevant une expérience bienêtre extraordinaire avec le Yonaguni Spa, l’un des projets les plus ambitieux de France pour un hôtel familial indépendant avec un investissement de 11 millions d’euros. Cet investissement a porté ses fruits,

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O B E R NAI

EN HAUT À GAUCHE Des plats frais pour les visiteurs du spa au bar Yuzu.

Les salles de repos répondent à tous les souhaits.

EN HAUT À DROITE

car ses fruits, car le spa a rapidement reçu plusieurs distinctions aux World Luxury Spa Awards : Best Unique Experience Spa, Best Luxury Country Spa, Best Day Spa, etc. Cela vous donne une idée de ce à quoi vous pouvez vous attendre. Pour le Yonaguni Spa, Maxime Wucher s’est inspiré de ses voyages et ses découvertes. La légende des vestiges sous-marins de Yonaguni, dans l’archipel de Ryūkyū, au sud-est du Japon, a fortement influencé ses réflexions et fini par donner son nom au spa. Après plus de quatre années de recherche et de conceptualisation, le Yonaguni Spa a été esquissé par les architectes Constans et Siegrist à partir des idées de Maxime Wucher. Il est installé dans un nouveau bâtiment juste à côté de l’hôtel. Sur une surface de 3.500 m2, dont 2.500 consacrés exclusivement au bien-être, il dévoile un labyrinthe d’installations aquatiques et de salles diverses. L’espace baignade, qui couvre plus de dix univers sensoriels, occupe 330 m2 à lui seul dans une

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atmosphère unique. On y évolue à travers des canaux et on y plonge dans des bassins souterrains entouré de plus de 100 jeux d’eau. Le Yonaguni Spa est un chef-d’œuvre architectural, un hommage fascinant à la fusion harmonieuse entre la nature et l’architecture. En plus de ces installations aquatiques, le Yonaguni Spa propose également un sauna panoramique, un sauna noir, un hammam, un bain turc, une grotte glaciaire et des douces sensorielles avec cascades parfumées. Les espaces de repos comme la bibliothèque du spa, les alcôves de cocooning et la pièce Himalaya avec matelas à eau viennent parfaire l’offre. Petit aparté pour les amateurs de sauna : les Français, qui composent la majorité de la clientèle, se rendent au spa en maillot de bain. Le Yonaguni Spa est accessible aussi bien aux clients de l’hôtel qu’aux visiteurs externes. Le Yuzu Bar, le restaurant des clients du spa, complète l’expérience avec son buffet exotique préparé en direct sous les yeux des convives.


O B E R NAI Le labyrinthe aquatique imaginé par Maxime Wucher est absolument unique.

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O B E R NAI

Se détendre dans le bassin extérieur ou dans la piscine à débordement qui jouxte le labyrinthe aquatique.

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O B E R NAI À DROITE Le restaurant gastronomique du Parc.

© Bibi Wintersdorf

Le meilleur soufflé au chocolat du monde par Marie Wucher...

À GAUCHE

© Bibi Wintersdorf

Les restaurants du Parc sont dirigés par le chef Cyril Bonnard et son épouse Marie Wucher. Tous deux font profiter les gourmets de leur expérience acquise dans des restaurants réputés du monde entier. Cyril Bonnard est connu pour son approche créative de la cuisine française qui associe les techniques classiques à des arômes et des ingrédients modernes. Marie Wucher est une véritable artiste de la pâtisserie dont les desserts sont de purs chefs-d’œuvre. Elle a été formée dans certaines des meilleures écoles culinaires de France, dont la très réputée École Nationale Supérieure de Pâtisserie. La passion de Marie pour la pâtisserie

s’illustre dans chacun de ses plats et ses desserts sont à tomber. Son soufflé au chocolat est le meilleur que j’aie jamais mangé ! Cette cuisine moderne dans l’air du temps, la superbe palette de spécialités régionales et les mariages de saveurs subtils m’ont de nouveau séduite. De la cuisine gastronomique du restaurant au copieux petit déjeuner servi dans la salle Tomi baptisée en hommage à l’artiste alsacien Tomi Ungerer en passant par La Stub où vous pouvez goûter à des spécialités traditionnelles, vous ne serez jamais déçu ! Pour ma part, j’ai été absolument enchantée par cette nouvelle visite au Parc. J’ai eu l’im-

pression de retrouver un vieil ami qui a évolué au fil du temps sans perdre son identité. L’hôtel Le Parc n’est pas seulement réservé aux épicuriens et aux amateurs de bien-être. Il invite également ses hôtes à découvrir l’art de vivre à l’alsacienne. À l’occasion d’une sortie dans les superbes vignobles, d’une balade dans la magnifique vieille ville d’Obernai ou simplement d’une pause détente au spa ou dans l’une des élégantes chambres et suites de l’hôtel suivie d’une dégustation gourmande au restaurant, Le Parc est un lieu où l’on se sent vraiment bien accueilli. www.leparchotel.fr

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B IAR R I TZ

Biarritz, l’audacieuse Texte Sarah Braun

Depuis le milieu du XIXe siècle, Biarritz s’est imposée comme la capitale européenne du surf. Pour autant, on aurait tort d’y voir là son seul atout. Autrefois village de pêcheurs baleiniers, puis transformée en ville thermale par une certaine impératrice Eugénie, Biarritz se caractérise par une histoire riche qui a façonné les contours de cette ville au patrimoine architectural aussi éclectique que sublime.

Lorsqu’il foule le sol biarrot pour la première fois, Victor Hugo s’émeut de la beauté sauvage, brute et farouche de ses paysages, ses roches déchirées par les embruns, ses dunes et ses landes à perte de vue. Le poète visionnaire redoutait pourtant qu’elle « devienne à la mode » et perde de son charme et de sa fougue. Nous sommes en 1843 et Biarritz commence à peine sa mue, celle qui la conduira à devenir la destination hype que nous connaissons à aujourd’hui.

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Village de pêcheurs, Biarritz vit de la chasse à la baleine à partir du XIIe siècle et jusqu’à ce que les cétacés disparaissent au milieu du XVIIe siècle. La ville doit alors se réinventer et puise dans ce qu’elle possède de plus beau : l’océan. Les bains de mer étaient alors prescrits comme remèdes pour diverses affections : l’occasion était trop belle pour ne pas jouer cette carte. Dès 1784, les bains de mer attirent les foules. L’histoire aurait pu s’arrêter là, et Biarritz serait –


B IAR R I TZ Biarritz est connue pour son mélange de styles architecturaux. Le géographe Roger Brunet dit d’elle qu’elle est « un musée du kitsch balnéaire ».

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EN BAS La ville de Biarritz possède quatre kilomètres de côtes et six plages.

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Surplombée par la colline aux Hortensias, la Grande Plage à Biarritz est la plage principale de la ville, entre l’Hôtel du Palais et le Rocher du Basta.

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EN BAS L’Église Sainte-Eugénie est placée sous le vocable de Sainte-Eugénie, patronne de l’Impératrice Eugénie de Montijo, épouse de Napoléon III. Bâtie en pierres grises, elle domine le Port Vieux.

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peut-être – restée ce petit port de pêche et lieu de villégiature confidentiel très prisé des Espagnols. Justement. Eugénie de Montijo, née à Grenade, connaît bien Biarritz, elle y vient souvent nager avec sa mère et sa sœur. On dit d’ailleurs d’elle qu’elle est une nageuse intrépide. Elle manque de se noyer en juillet 1850, emportée par un courant au large. La jeune femme est secourue par deux Basques ; l’événement ne l’effraie ni ne la rebute. Elle voue à la cité balnéaire un amour sans bornes. Aussi, lorsqu’elle devient l’épouse de Napoléon III et par la même occasion l’impératrice Eugénie, elle choisit Biarritz pour lieu de villégiature estival. Le couple achète un terrain au cours de l’été 1854. C’est là que sera bâtie l’impressionnante Villa Eugénie dans laquelle le couple impérial passa presque tous ses étés. Hélas, il n’est plus possible de la voir : un incendie s’est déclaré dans les combles de la villa au cours de la nuit du 1er février 1903. Il n’aura fallu que trois heures aux flammes pour dévorer l’ensemble de la demeure et la réduire en cendres. La même année en septembre, Alfred Boulant, pro-

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Jusqu’au XVIIe siècle, Biarritz était un village de pêcheurs. Si l’on n’y chasse plus la baleine comme autrefois, on ne boude toutefois pas ce sport !

priétaire des deux casinos de la ville, achète les ruines de la Villa Eugénie et y fait construire l’Hôtel du Palais, aujourd’hui propriété du groupe Hyatt. Devenue cité huppée sous l’impulsion du couple impérial, la haute société investit Biarritz et chacun y appose sa pâte. À l’image de Bismarck, venu en 1865 pour y créer une entente entre les politiques françaises et russes, ouvrant ainsi la voie au tourisme international. Depuis, une Église Orthodoxe trône fièrement non loin de la Grande Plage. La ville connaît alors un développement urbain sans précédent avec la construction de nombreuses infrastructures balnéaires, de promenades, de palaces et surtout de villas. Seules les crampottes, ces maisons de pêcheurs typiques, attestent désormais du passé plus modeste de Biarritz. La plupart ont été détruites, mais on peut encore en admirer ; elles sont souvent transformées en bar ou en restaurant au bord de l’eau. Parmi les villas les plus majestueuses, l’iconique Villa Belza – œuvre de l’architecte Alphonse

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Du haut de ses 73m, le Phare de Biarritz (construit en 1834) domine le Cap Hainsart. Pour arriver tout en haut, il vous faudra gravir ses 248 marches.

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EN BAS Construite entre 1880 et 1895, la Villa Belza est connue pour son style néo-gothique. Edouard VIII aimait venir y passer des soirées au temps où celle-ci avait été rebaptisée « Le Château Basque » par son propriétaire Grégoire Beliankine, beau-frère d’Igor Stravinsky.

Bertrand –, qui surplombe l’océan, majestueuse et fière avec son bâti rectangulaire et son donjon néo-médiéval. Cet édifice propice à la rêverie, aux contes et aux légendes est presque aussi connu que le phare de Biarritz et ses 248 marches. Par la suite l’Art nouveau également trouvera sa place dans le paysage architectural biarrot, avec le Casino Bellevue ou la Villa Cyrano, majestueuse elle aussi. À admirer également, les disruptives villas « Marrakech » et

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« Casablanca », d’influence mauresque, créées par Guillaume Tronchet en 1922. Elles ont toutes les deux accueilli de grands noms de la mode : Jean Patou a pris ses quartiers pour dessiner ses collections de mi-saison dans la Villa Casablanca, tandis que Paul Poiret a créé ses premières robes à taille haute, sans corset, dans la Villa Marrakech. Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls couturiers à avoir trouvé matière à s’inspirer à Biarritz. Coco Chanel y a en effet ouvert sa troisième boutique, sé-

duite par l’atmosphère sportive et BCBG de la ville, ainsi qu’un atelier de 60 couturières en 1915. La boutique existe toujours, mais elle a déménagé. Jeanne Lanvin également s’est amourachée de la ville : elle avait ses quartiers à l’hôtel Regina et y a dessiné son premier maillot de bain une pièce. Biarritz a toujours été la ville de toutes les audaces, bien avant qu’un certain Peter Viertel fasse importer de Californie la première planche de surf à Biarritz… Mais ça, c’est une autre histoire !


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1 Biarritz Forever Iconiques et rares, car produites en séries ultra limitées, les pièces de la marque Biarritz Forever ne se shoppent qu’à la boutique de l’Hôtel Silhouette. Des must have « locals only ».

2 Bookstore Biarritz En lieu de l’ancienne boutique Chanel se tient l’une des plus jolies librairies de France.Créée en 1970, elle mérite le coup d’œil avec son architecture british, façon The Shop Around the Corner.

3 Centro Biarritz Là où il faut être ! Du bon vin, des cocktails et des assiettes à partager dans un endroit ultra cool. Pensez à y faire un tour pour danser aussi !

4 AHPÉ Restaurant Un peu excentré, ce nouveau venu (Bib au Guide Michelin) a séduit sa clientèle grâce à « son chef exceptionnel, aussi sympa que doué ». Paroles de locale !

5 Hôtel de Silhouette Au cœur des Halles, ce tout nouvel hôtel séduit par son esthétique, sa situation et son brunch, à faire même si on n’y loge pas.

6 Villa Magnan Vivez un petit moment de rêve dans cette villa somptueuse. Une adresse confidentielle d’exception.

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Vue sur la ville de Pescara et son port.

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EN BAS Le coucher de soleil sur la promenade en bord de mer.

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Pescara, porte d’entrée des Abruzzes Texte Corie Bratter

Situées sur la côte adriatique de l’Italie, Pescara et sa région offrent une expérience complète aux voyageurs en quête d’une destination ensoleillée alliant mer, culture, histoire et nature. Pescara est souvent considérée comme la porte d’entrée des Abruzzes, une région méconnue mais fascinante.

Bien que souvent éclipsée par ses voisins plus célèbres, cette charmante destination a beaucoup à offrir aux voyageurs exigeants à la recherche d’une expérience italienne authentique. Des plages de sable immaculées et des montagnes escarpées aux villes historiques et à la cuisine alléchante, la province de Pescara est un joyau caché qui attend d’être découvert. Dans cet article, nous allons plonger dans les meilleures attractions, activités et trésors cachés qui font de Pescara et de ses environs une destination incontournable.

Pescara : plages et promenades Commencez votre séjour à Pescara en explorant ses magnifiques plages de sable fin qui s’étendent sur plusieurs kilomètres le long de la côte adriatique. Profitez du soleil, détendez-vous sur les transats et plongez dans les eaux claires de la mer. La promenade de Pescara, également connue sous le nom de « lungomare », est un endroit animé où vous pourrez flâner, faire du vélo et vous imprégner de l’atmosphère balnéaire. Elle s’étend le long de la côte sablonneuse, offrant une

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P E S CARA

EN HAUT À GAUCHE Le village de San Vito Chietino est connu pour ses belles cabanes de pêcheurs.

© Antonina Orlando

La cuisine authentique de la région : les arrosticini grillés.

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EN BAS AU MILIEU Une visite dans la ville historique de Chieti avec ses maisons médiévales est obligatoire.

© Walter Trabucco

vue panoramique sur la mer Adriatique. Découvrez le côté artistique de la ville au Musée d’Art Moderne Vittoria Colonna abritant une impressionnante collection d’œuvres d’art contemporain. Pour les passionnés d’histoire, une visite au Musée du peuple des Abruzzes offre un aperçu de la culture et des traditions locales. Les amoureux de la nature peuvent échapper à l’agitation urbaine en explorant la Pineta Dannunziana,, une forêt de pins sereine qui offre une retraite paisible à deux pas du centre-ville. Sinon, aventurez-vous sur la rivière Pescara, où vous pourrez pratiquer des activités telles que le kayak, le paddleboard et le vélo le long des rives pittoresques. La gastronomie abruzzaise La province de Pescara est réputée pour sa cuisine délicieuse et authentique. Ne manquez pas l’occasion de déguster les spécialités locales, telles que les « arrosticini », des brochettes de viande d’agneau grillées, ou les « maccheroni alla chitarra », des pâtes faites à la main servies avec une variété de sauces savoureuses. Visitez les trattorias et les restaurants locaux pour découvrir l’incroyable diversité de produits frais de la région, comme les fromages de brebis, les truffes et les vins locaux.

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© Antonio Petrongolo

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Goûtez absolument le vin de la région des Abruzzes.

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EN BAS À DROITE Une nuée de mouettes encercle la Torre del Cerrano au petit matin dans la province de Teramo.

© Antonina Orlando

Les villes historiques La province de Pescara regorge de villes historiques riches de culture et de patrimoine. À une courte distance en voiture de la ville de Pescara se trouve la ville historique de Chieti et son riche patrimoine culturel. Visitez le Musée archéologique national des Abruzzes qui abrite une impressionnante collection d’artefacts du passé antique de la région. Ne manquez pas la majestueuse cathédrale de Chieti, splendide

exemple d’architecture romane, et explorez les charmantes rues étroites de la vieille ville, bordées de bâtiments médiévaux et de cafés pittoresques. Pour un avant-goût des spécialités locales, laissez-vous tenter par une aventure gastronomique à l’Enoteca Regionale d’Abruzzo, où vous pourrez déguster des vins exquis et des plats traditionnels préparés avec des ingrédients locaux. Une visite à Chieti ne serait pas complète sans découvrir l’at-

mosphère animée du marché de rue hebdomadaire, où vous pouvez trouver des produits frais, de l’artisanat local et des spectacles de rue animés. Francavilla al Mare À quelques minutes en voiture au nord de la ville de Pescara se trouve la ville côtière idyllique de Francavilla al Mare. Connue pour ses plages de sable immaculées et ses eaux cristallines, c’est la destination parfaite pour les ama-

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P E S CARA L’église Santa Maria della Pietà avec le Gran Sasso en arrière-plan.

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© Walter Trabucco

teurs de soleil et les passionnés de sports nautiques. Prélassez-vous sur les rives ensoleillées ou participez à des activités telles que la voile, la planche à voile et la plongée avec tuba. Découvrez la riche histoire de la ville en visitant la Torre del Cerrano, une ancienne tour de guet offrant une vue panoramique sur la côte. Explorez le charmant centre historique, caractérisé par ses rues étroites, ses bâtiments de couleur pastel et ses places animées. N’oubliez pas de vous régaler des délicieuses spécialités de fruits de mer locaux dans l’un des restaurants en bord de mer, où vous pourrez déguster du poisson fraîchement pêché et d’autres spécialités régionales.

À DROITE Barrea avec le lac du même nom, formé en 1951 par le barrage de la rivière Sangro et utilisé pour la production d’électricité.

© Di Donato Arianna

Atri Pour un voyage dans le temps, rendez-vous à Atri, captivante ville perchée sur une colline riche en histoire. Promenez-vous dans ses rues médiévales ornées de palais élégants, d’églises et de charmantes boutiques d’artisanat. Visitez la cathédrale de Santa Maria Assunta, un joyau architectural doté d’une magnifique rosace et de fresques époustouflantes. Le Palazzo Ducale, un grand palais de l’époque de la Renaissance, mérite également d’être exploré pour sa remarquable collection d’œuvres d’art et son architecture splendide. Les amateurs de nature peuvent se rendre aux grottes de Stiffe à proximité, un fascinant

réseau de grottes souterraines ornées de stalactites et de stalagmites. Prenez part à une visite guidée pour en apprendre davantage sur la formation géologique de ces grottes et les légendes intrigantes qui les entourent. Sulmona Située dans la province de L’Aquila, mais facilement accessible depuis Pescara, Sulmona est une charmante ville renommée pour son riche patrimoine culturel et son artisanat traditionnel. Flânez dans les élégantes places et les ruelles étroites de la ville et admirez l’architecture médiévale bien préservée. Ne manquez pas l’imposant aqueduc de Sulmona, une

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EN HAUT À GAUCHE La Fontana Luminosa s’anime la nuit grâce aux jeux de lumière sur l’eau.

© Antonio Faricelli

merveille d’ingénierie qui remonte à l’époque romaine. Sulmona est célèbre pour ses amandes glacées, appelées confetti. Visitez l’une des confiseries locales pour assister au processus complexe de fabrication de ces dragées et dégustez une variété de saveurs. Pour une meilleure compréhension de l’histoire et des traditions de la ville, visitez le Museo Civico qui abrite une remarquable collection d’objets et d’œuvres d’art. La nature et les montagnes La province de Pescara offre également des paysages naturels d’une beauté exceptionnelle. Parc national des Abruzzes S’aventurer dans la nature sauvage et accidentée du parc national des Abruzzes est un must pour les amateurs de plein air. Cette vaste zone protégée abrite une gamme diversifiée de flore et de faune, notamment le majestueux loup des Apennins et l’insaisissable ours brun marsicain. Explorez le vaste réseau de sentiers de randonnée du parc qui vous mènera à travers des forêts luxuriantes, des lacs sereins et des panoramas montagneux à couper le souffle. Pour une expérience unique de la faune, participez à une visite guidée au cours de laquelle des gardes expérimentés vous aideront à repérer des espèces rares et vous donneront un aperçu des efforts de conservation du parc. Des installations de camping sont disponibles pour ceux qui recherchent une expé-

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rience vraiment immersive dans la nature, vous permettant de passer la nuit à la belle étoile et de vous réveiller aux sons enchanteurs de la nature sauvage. Les amoureux de la nature peuvent explorer le superbe parc national de la Majella, situé à proximité de Sulmona. Ce parc est un paradis pour les randonneurs et les amateurs de nature, il offre de nombreux sentiers à travers des paysages éblouissants, notamment des forêts denses, des sommets imposants et des cascades. Ouvrez l’œil : le parc abrite une faune diversifiée et notamment le majestueux chamois des Apennins ou encore les aigles royaux. Pescara et sa province regorgent de beautés naturelles, d’une histoire riche et d’expériences authentiquement italiennes. De l’animation de Pescara aux charmantes villes et paysages pittoresques alentour, il y en a pour tous les goûts dans cette destination enchantée. Que vous recherchiez la détente sur les plages de sable, l’immersion dans l’histoire et la culture ou l’exploration de la nature sauvage préservée, Pescara et sa province captiveront vos sens et vous laisseront des souvenirs inoubliables. Alors, préparez vos bagages et embarquez pour un voyage à la découverte des trésors cachés de Pescara, là où la mer Adriatique rencontre les montagnes accidentées, et où les traditions anciennes se mêlent harmonieusement aux délices contemporains. Bon voyage !


P E S CARA EN HAUT À DROITE La beauté

du paysage autour du lac de Scanno est à couper le souffle.

© Francesco Liberatore

La vallée des cent chutes d’eau avec vue sur les montagnes enneigées.

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© Angelo Di Pilla

EN BAS À DROITE Le paradis des randonneurs et des amoureux de la nature au milieu des forêts du parc national de la Majella.

© Milena Falcone

Depuis mars 2023, Luxair dessert Pescara en direct avec 2 vols par semaine !

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C O P E N HAG U E

Ode au port des marchands Texte Marc Dostert

Difficile de faire plus contrasté. Ici, les châteaux flamboyants côtoient une architecture moderne durable. L’écologie voisine avec un mode de vie libre. La street food rivalise avec les cuisines étoilées. Bienvenue à Copenhague !

La ville la plus cool d’Europe. À condition de la visiter en plein été sous 22 degrés et d’avoir quelqu’un comme Salomonsen. Au début, Salomonsen était un peu lourd et pénible, voire fatigant. Sans compter qu’il n’était pas bavard. Néanmoins, dans cette grande ville à laquelle le qualificatif de métropole villageoise siérait davantage, il a été mon fidèle et indispensable compagnon. Jadis, la capitale du Danemark se nommait Køpmannæhafn (le port des marchands). En l’an 1043... Pardonnez-moi, je m’égare : il s’agit d’une ode, pas d’un cours d’histoire. Il sera peutêtre question de politique... on verra bien. Cette ville portuaire du nord de l’Europe se distingue par

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son incroyable diversité et offre beaucoup à voir. Une commune hippie autonome vivant (presque) sans lois, une piste de ski avec mur d’escalade sur le toit d’un incinérateur de déchets, une jolie plage avec vue sur la Suède, l’éternelle première de la classe, un parc d’attractions au milieu de parterres de fleurs et de fontaines, des canaux propres bien utiles pour se rafraîchir, un immense marché de street food bio ouvert tous les jours, de splendides palais royaux alternant avec les lignes épurées du design danois, une scène culturelle et artistique qui n’a pas à rougir au niveau international et, tout près de là, les meilleurs restaurants du monde.


C O P E N HAG U E Le château d’eau Frederiksborg est situé sur trois petites îles à Hillerød.

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© Daniel Rasmussen

EN BAS Le design danois : fonctionnel, minimaliste et durable.

© Daniel Rasmussen

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C O P E N HAG U E

Les ponts pour piétons et cyclistes caractérisent le paysage urbain de Copenhague.

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© Daniel Rasmussen

Le Cirkelbroen (pont circulaire) relie deux quartiers depuis 2015.

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© Astrid Maria Rasmussen EN BAS À DROITE De nombreux espaces verts et parcs invitent à la promenade.

© Astrid Maria Rasmussen

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C O P E N HAG U E Rien d’étonnant donc à ce que Copenhague se soit classée plusieurs fois première des « villes où il fait bon vivre ». Toutefois, cela est principalement dû au fait que son organisation repose sur la fonctionnalité. Quand on évoque le design danois, on pense à des lieux de baignade abrités du vent ou à des bus portuaires stratégiquement localisés. L’architecture moderne locale profite avant tout à ses habitants et a été conçue sur mesure pour faciliter leur quotidien. Un métro automatique ponctuel accessible 24 h/24 et des centaines de kilomètres de pistes cyclables clairement séparées des conducteurs motorisés viennent compléter la symbiose perfectionniste de l’utile et de l’agréable. Sans Salomonsen, rien ne va plus Dans la capitale mondiale de la petite reine, depuis 2016, les vélos sont plus nombreux à circuler que les voitures au quotidien. Pas seulement par amour de l’environnement, non, mais tout simplement parce qu’ils permettent de parvenir bien plus vite à destination. Il y a plus de 50 ans déjà, les politiques ont perçu les avantages d’une telle planification urbaine. Premièrement, l’aménagement des infrastructures coûte moins cher. Deuxièmement, la pollution atmosphérique est réduite, ce qui fait également baisser

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C O P E N HAG U E

le coût de la lutte contre ses méfaits. Enfin, les cyclistes sont globalement en meilleure santé, ou plutôt moins souvent malades, et pèsent donc moins lourds sur la caisse de santé nationale. Miser sur les mobilités douces s’avère être une décision particulièrement judicieuse, même si la géologie très plate de l’île de Seeland sur laquelle Copenhague est bâtie tient naturellement un rôle important dans l’équation. Une ville chère, mais sexy Il convient de préciser que cette ville libérale et durable n’est pas franchement bon marché, en particulier lorsqu’on souhaite profiter des plaisirs de la grande cuisine. Toutefois, cela n’altère en rien le charme du « Hygge » qui règne ici. Ce terme désigne un mode de vie qui est la recette danoise du bonheur. Une sorte d’atmosphère chaleureuse et conviviale. Si j’étais une ville, j’aimerais être Copenhague. Si les températures y étaient agréables toute l’année, j’y emménagerais, je m’y offrirais un appartement doté d’une passerelle pour mon kayak, je dégusterais chaque jour un Smørrebrød bien garni et je nommerais probablement mon Salomonsen « Svenson », parce que je ne m’y connais pas et ça sonne nordique. Salomonsen était le nom de mon vélo. Ici, les vélos ont un petit nom. Plutôt cool, non ?

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© Astrid Maria Rasmussen

C O P E N HAG U E

EN HAUT À GAUCHE Une fontaine du Maroc ou une sculpture du Japon : le parc Superkilen respire la diversité.

La place Karen Blixens est l’une des plus grandes places publiques du Danemark. Sous ses « collines » se trouvent 2.000 places de stationnement pour vélos.

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© Astrid Maria Rasmussen

EN BAS En été, les canaux d’eau propre sont surtout utilisés par les locaux.

© Astrid Maria Rasmussen

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C O P E N HAG U E

6 choses à faire à Copenhague En marge des attractions mondialement connues comme la Petite Sirène et le quartier portuaire pittoresque de Nyhavn, ces 6 destinations vous réservent une expérience qui vaut le détour.

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2 CopenHill La plus haute colline de ski artificielle en plein air de la planète. En plus de sa piste qui offre des sensations similaires à de la neige dure, l’usine d’incinération dispose également d’un mur d’escalade de 85 mètres et un bar rooftop.

3 Amager Strandpark La plus grande plage de Copenhague est facilement accessible à vélo depuis le centre. Cette zone de loisirs très fréquentée offre une vue sur le célèbre pont de l’Öresund. Il relie le Danemark à la Suède.

4 Ville libre de Christania La communauté alternative existe depuis 1971 et est tolérée par l’État danois. Cette zone controversée est appréciée par beaucoup, mais elle est aussi source de discussions. Les photos y sont (en principe) interdites.

5 Tivoli Gardens Le deuxième plus ancien parc d’attractions du monde (le plus ancien se trouve également à Copenhague) se trouve en plein centre-ville. On dit que Walt Disney y a trouvé l’inspiration pour son premier Disney World.

6 Curfew Un des meilleurs bars à cocktails. Inspiré de la prohibition des années 1920, l’entrée se trouve cachée derrière une fausse bibliothèque. Exceptionnellement, il est préférable de s’y rendre sans vélo.

C O P E N HAG U E

1 Broens Gadekøkken Outre Reffen - le plus grand marché de street food d’Europe du Nord - il y a Broens Gadekøkken. De grands chefs internationaux y sont invités pour présenter leur interprétation de la street food de classe mondiale.

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R ÊV E D E H ÔT E LS

Anantara Veli Maldives Resort Un bien-être paradisiaque

Hôtel Savoy L’un des joyaux des hôtels Rocco Forte

Maldives

Florence

Après une rénovation complète, l’Anantara Veli Maldives Resort, un établissement réservé aux adultes situé dans l’atoll de Malé Sud, a ouvert ses portes début décembre 2022 avec un nouveau concept. L’accent est mis sur six villas de piscine de plage flambant neuves, autant de villas de piscine de luxe au-dessus de l’eau, ainsi que sur le spa. Le designer new-yorkais Yuji Yamazaki a été chargé de la transformation. D’une superficie de 148 mètres carrés, les Beach-PoolVillas offrent un accès direct à la plage et un confort d’habitation individuel. Tous les séjours comprennent en outre une consultation au spa ainsi que des séances quotidiennes de yoga ou d’entraînement personnel, un cours de cuisine ainsi qu’une réduction de 20 % sur les soins au Balance Wellness by Anantara Spa.

L’hôtel Savoy, un hôtel Rocco Forte, bénéficie d’une situation exceptionnelle sur la Piazza della Repubblica, juste à côté de Santa Maria del Fiore, la cathédrale de Florence, ce qui en fait l’endroit idéal pour profiter de l’atmosphère florentine. Les 80 chambres et 30 suites, conçues par Olga Polizzi, s’inspirent de leur environnement et célèbrent la culture de la ville, l’histoire du bâtiment ainsi que ses hôtes célèbres. Décorées dans un style italien raffiné, les chambres offrent une vue enchanteresse sur le centre historique de Florence. Les jours de beau temps, les hôtes peuvent savourer les créations culinaires du chef Fulvio Pierangelini, « grand soliste de la cuisine italienne », sur la charmante terrasse qui donne sur la Piazza della Repubblica. bit.ly/savoy-florenz

anantara.com/veli-maldives

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R ÊV E D E H ÔT E LS

Das Graseck Meilleur hôtel de toute l’Allemagne

Verdura Resort Leading hotels of the world

Garmisch

Sicile

Ceux qui l’ont réellement vécu en ont décidé : les clients. DAS GRASECK mountain hideaway & health care se réjouit d’être le numéro un du TripAdvisor Travellers Choice Awards 2023 dans la catégorie Best of the Best en Allemagne. Cette distinction est à la fois un honneur, une joie et une motivation pour ce boutique-hôtel familial. C’est sur un véritable balcon ensoleillé, non loin de Garmisch-Partenkirchen, au cœur des Alpes de Haute-Bavière, que se trouve l’hôtel familial DAS GRASECK, un boutique-hôtel exclusif avec son centre de prévention médicale intégré. On y trouve le calme et l’isolement qui font facilement oublier le bruit et l’agitation du quotidien. L’arrivée est déjà une expérience - car le téléphérique du Graseck permet de monter à l’hôtel en quelques minutes.

Le Verdura Resort surplombe les eaux cristallines de la Méditerranée sur la côte sud de la Sicile. Niché dans un parc de 230 hectares, le resort dispose de 203 chambres et suites élégantes ainsi que de 20 nouvelles Rocco Forte Private Villas, situées sur une colline qui descend en pente douce vers la côte privée du resort, longue de plus de 1,8 km. Les restaurants et les bars du complexe célèbrent la cuisine méditerranéenne. Le SPA du Verdura est un sanctuaire exclusif avec une approche holistique de la santé et du bien-être. Sur place, on trouve des terrains de golf de championnat, des courts de tennis, une piscine à débordement de 60 mètres, un terrain de football et une salle de sport équipée. bit.ly/verdura-hotel

das-graseck.de

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B OS N I E- H E R Z ÉG OV I N E

À Sarajevo, un coup de canon signale la rupture du jeûne.

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EN BAS La mosquée cinq fois centenaire Gazi Hursrev-Beg trône au-dessus de la vieille ville de Sarajevo.

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B OS N I E- H E R Z ÉG OV I N E

Toute la richesse des Balkans Texte & photos Laurent Nilles

Un long week-end suffit pour tomber sous le charme de ce petit pays des Balkans. De la vieille ville ottomane de Sarajevo au célèbre vieux pont de Mostar en passant par les montagnes verdoyantes des Alpes dinariques, la diversité culturelle et géographique de la BosnieHerzégovine peut facilement se découvrir en quelques jours.

Sur les murs du Bastion Jaune de Žuta Tabija qui surplombe les toits de Sarajevo, des dizaines de curieux se sont massés. L’odeur gourmande du pain chaud flotte au-dessus des fortifications. Les spectateurs ont emporté avec eux de grands sacs plastiques remplis de boissons et de collations. Malgré tout, les Sarajlije, comme on appelle les habitants de la ville, font preuve de patience. C’est la période du Ramadan, le jeûne musulman : il faut donc attendre le coucher du soleil pour boire et se restaurer. Le signal de l’iftar, la rupture du jeûne, est donné par d’impressionnants coups de canon. Lorsque le canonnier coiffé du tradition-

nel chapeau de feutre rouge allume la charge de poudre noire, le claquement retentit dans toute la ville : les festivités peuvent commencer ! Dans la superbe vieille ville ottomane, des familles affamées envahissent les restaurants et les cafés pour commander des ćevapčići, des petites saucisses à la viande hachée, accompagnées de burek, des feuilletés fourrés à la viande, au fromage ou aux épinards. Les minarets sont décorés avec soin pendant le jeûne et les mosquées attirent de nombreux visiteurs à l’occasion de l’Aïd el-Fitr, le dernier jour du Ramadan. Pour la prière du matin, la mosquée Gazi Hursrev-Beg cinq fois centenaire

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B OS N I E- H E R Z ÉG OV I N E

accueille tellement de fidèles que ceux-ci sont contraints de s’agenouiller dans la cour du bâtiment sous la pluie battante vêtus de leurs plus belles tenues. Les stigmates de la guerre Un peu plus de la moitié des habitants de Bosnie-Herzégovine sont des Bosniaques de confession musulmane. Le reste de la population est constitué de Serbes orthodoxes ou catholiques. Un creuset de cultures qui se reflète également dans l’architecture hétéroclite de la ville. Après les Ottomans, les envahisseurs austro-hongrois ont particulièrement marqué la ville de leur présence sous la forme de somptueux bâtiments. En raison de cette diversité, Sarajevo est parfois appelée la Jérusalem des Balkans. Aujourd’hui encore, les bâtiments portent les impacts de balle, stigmates de la guerre qui a sévi au début des années 1990 et qui attestent que la cohabitation n’est pas toujours simple. À l’époque, les combats ont fait rage dans la majeure partie du pays. Le vieux pont de Mostar, vestige du centre historique qui avait été presque entièrement détruit, a retrouvé toute sa splendeur en 2004. Un symbole de la reconstruction. Même dans les villages de bergers reculés des Alpes dinariques qui comptent plus de moutons que d’habitants, on trouve peu de bâtiments de plus de 30 ans. « Pendant la guerre,

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B OS N I E- H E R Z ÉG OV I N E Les nombreuses boutiques d’artisanat traditionnel invitent au shopping.

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L’agneau grillé est une spécialité du petit village de Jablanica.

EN BAS À GAUCHE

EN BAS À DROITE Les cigarettes et le café font toujours partie intégrante du mode de vie balkanique.

PAGE SUIVANTE Le vieux pont est l’emblème de la vieille ville historique de Mostar.

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B OS N I E- H E R Z ÉG OV I N E

EN HAUT À GAUCHE Un sympathique chien de berger dans les Alpes dinariques.

Les hôtes sont accueillis avec un café fort.

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EN BAS La forge de la famille Jozeljic se trouve au milieu de la forêt.

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B OS N I E- H E R Z ÉG OV I N E les soldats ont tout brûlé sur leur passage et des villages entiers ont été rayés de la carte », raconte Hamdija, qui a pu s’enfuir et est revenu dans son village de montagne natal après la signature de l’accord de paix. Sa femme Hara n’aime pas se souvenir de cette période et préfère montrer son costume bosniaque traditionnel et les chaussettes en laine chaudes qu’elle tricote pendant l’hiver pour les vendre aux commerçants de la capitale. Pour ses invités, elle prépare un café turc corsé, comme le veut l’hospitalité locale. Car même si les immeubles d’habitation sont neufs et les monuments connus ont été reconstruits, la plupart des traditions anciennes, elles, ont perduré. Un artisanat médiéval C’est également le cas dans les forêts qui entourent Oćevija, un discret village situé au nord de Sarajevo. Dans la cabane sans fenêtres construite le long d’un petit ruisseau, la lumière entre à peine. Les murs intérieurs couverts de suie témoignent de siècles de flammes sur lesquelles les hommes de la famille Jozeljic forgent des objets en métal depuis des générations. Les méthodes n’ont pas changé depuis le Moyen-Âge : les peka, les marmites des Balkans, sont fabriquées sans électricité ni moteur ou autre outillage moderne.

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B OS N I E- H E R Z ÉG OV I N E

Comme autrefois, les peka, poêles balkaniques, sont fabriquées à la main.

L’immense marteau fixé à un manche long de plusieurs mètres et mu par l’eau du ruisseau est particulièrement impressionnant. À l’aide d’un levier, le forgeron peut ouvrir ou fermer l’arrivée d’eau et ainsi actionner le marteau grâce à la puissance de la nature. Sous l’effet d’une pression immense, le lourd objet s’abat sur

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le métal en fusion pour lui donner la forme souhaitée. Sur les douze forgerons autrefois en activité, il en reste encore trois. La concurrence chinoise nuit aux familles de forgerons installées ici depuis longtemps. Par ailleurs, en plus d’être pénible et particulièrement bruyant, le travail est très dangereux et la moindre seconde

d’inattention peut avoir de lourdes conséquences. Si vous avez envie de découvrir la culture et l’histoire locales, de randonner dans les montagnes sur les traces des bergers ou si vous vous intéressez à l’artisanat séculaire, la Bosnie-Herzégovine vous réserve de belles surprises. Alors, en route pour les Balkans !


B OS N I E- H E R Z ÉG OV I N E

Breviarium

CROATIE

BOSNIE-HERZÉGOVINE

SERBIE

Jajce Ocevija CROATIE

Sarajevo

43° N 18° E travel-bosnia.ba Mostar

MONTÉNÉGRO

À faire absolument La vieille ville de Sarajevo est un paradis pour les amateurs de shopping. Ici, les chaînes internationales habituelles sont rares, contrairement aux petits ateliers tenus par des familles d’artisans établies de longue date. Chez Muhamed Kalajdžisalihović (Sarači 15), vous trouverez des sandales traditionnelles, et chez Remzija Balagić (Čizmedžiluk 22), des brosses faites à la main. Vous pourrez également dénicher un petit souvenir chez les orfèvres spécialisés dans l’or et le cuivre. Réservez impérativement quelques heures dans votre programme pour faire du lèche-vitrines.

À éviter Même si Sarajevo invite à un séjour prolongé, la Bosnie-Herzégovine a bien plus à offrir. Par conséquent, ne limitez pas votre séjour à la capitale. Dans l’idéal, louez une voiture et faites un tour à Mostar (pour voir son vieux pont), à Jajce (petite ville pratiquement bâtie sur une cascade) ou dans les montagnes.

Trésors cachés Situé dans un cadre idyllique sur les bords du fleuve, le restaurant Inat kuća (Veliki Alifakovac 1, Sarajevo) offre une belle vue sur la mairie de style mauresque. C’est l’une des meilleures adresses pour goûter aux plats typiques du pays. Le week-end en particulier, l’établissement est très fréquenté : il est plus que recommandé de réserver.

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T R A N SY LVA N I E

Saveurs du monde – La Transylvanie Texte Joscha Remus

Sur cette terre qui s’étend au-delà des forêts, un univers gustatif surprenant attend les voyageurs : il se veut raffiné mais expressif, créatif et varié. Profitons de l’occasion pour nous régaler, car la Transylvanie est le paradis des plaisirs gourmands à en croire son nom roumain.

Cette région du massif des Carpates a plus d’un nom. La plupart d’entre nous la connaissons sous l’appellation « Transylvanie » ou « Région des sept citadelles ». Chaque année, les visiteurs sont de plus en plus nombreux à se rendre dans cette contrée enchanteresse qui s’étend au-delà des forêts. Non loin de cette région qui devrait accueillir à l’avenir le plus grand parc national d’Europe peuplé de bisons, d’ours, de loups, de cascades sauvages et de sublimes forêts naturelles, je me suis lancé dans un périple culinaire. Bienvenue au Jardin de l’Âme « Jardin de l’Âme » : tel est le nom donné par Corinna et Georg Pop à leur élevage de bufflonnes qui borde le petit village de Daneș,

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en plein cœur de la Transylvanie, à deux pas de la cité médiévale de Sighișoara. Ici, les bufflonnes broutent toute la journée un mets délicieux : de l’herbe bien grasse parsemée de plantes sauvages. Sauge, plantain, armoise et berce ne sont que quelques-uns des ingrédients qui donnent tout son arôme au lait de bufflonne de la famille Pop. Sur ces terres où prospèrent les plantes des Carpates les plus diverses, aucun panneau publicitaire n’est nécessaire. En automne, devant la grande porte en bois de leur maison, courges et potirons dévoilent leurs couleurs chatoyantes. En plus son onctueuse mozzarella, Corinna Pop propose en été de la glace à la vanille au lait


T R A N SY LVA N I E En Transylvanie, des milliers d’ours bruns vivent à l’état sauvage.

EN HAUT

EN BAS Le château-église de Biertan (Birthälm en allemand) est l’un des plus impressionnants des Carpates.

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T R A N SY LVA N I E


T R A N SY LVA N I E

EN HAUT À GAUCHE C’est au centre du village de Cund qu’István Varga fabrique le meilleur fromage à des kilomètres à la ronde.

© Joscha Remus

Depuis sa plus tendre enfance, Sofia monte les buffles d’eau femelles à la station de traite.

EN HAUT À DROITE

© Joscha Remus

La cabane à gibier du Resort Valea Verde se trouve au milieu d’une nature sauvage et fleurie. EN BAS

de bufflonne. Tous les enfants de la famille savent conduire les bufflonnes des pâturages jusqu’à la salle de traite. La procession qui descend nonchalamment de la colline est un spectacle impressionnant qu’on ne voit qu’en Transylvanie. Difficile de faire plus pittoresque ! István, le maître fromager À une petite demi-heure de voiture, dans le village de Cund, une autre merveille culinaire m’attend au détour de la forêt. Nichée entre de douces collines au cœur des vignes et des champs de tournesols, cette petite localité de 180 âmes héberge l’une des meilleures fromageries de Transylvanie. Dès le matin, les gens font la queue devant la petite fabrique de fromage (Manufactura de Branză) sur la place du village. Ici, talent et passion vont de pair. István Vargas propose constamment de nouvelles créations fraîchement découpées dans les meules, comme par exemple du fromage amer au poivre vert ou des spécialités onctueuses parfumées au tilleul, au chocolat ou au piment. Les visiteurs de ce village idyllique viennent souvent de loin pour acheter son fromage aux noix aromatisées au cognac affiné selon la méthode suisse. La réputation des extraordinaires compositions d’Ist-

ván n’est plus à faire depuis longtemps. En Transylvanie, le fromage aux noix marinées dans le vin était inconnu auparavant, car le marché local était dominé par le fromage frais comme le Telemea, la Urdă ou le fromage de brebis. Les fromages de montagne affinés, jusqu’alors considérés comme un produit typique des régions alpines, ont fait leur apparition dans l’arc carpatique. « Le fromage est le reflet de la qualité du lait », déclare István, tout sourire, en tendant à ses hôtes du pain frais et un divin morceau de fromage à la lavande. Un paradis au milieu des jonquilles et des orchidées Jonas et Ulrike Schäfer proposent également ces créations fromagères dans leur temple dédié à la gastronomie. Leur superbe Resort Valea Verde se situe à seulement quelques minutes de marche de la fromagerie. Ces deux éco-pionniers et gourmets offrent un écrin supplémentaire à toutes les merveilles culinaires de Transylvanie. Dans un cadre paradisiaque, leur soupe au céleri et à la truffe noire ou leur porc Mangalitza lentement braisé accompagné d’une purée de pommes de terre truffée offrent une véritable explosion de saveurs. Tous ces délices sont servis dans une ancienne cabane de

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T R A N SY LVA N I E

PAGE PRÉCÉDENTE Un moment fort : une

promenade en calèche à travers les magnifiques champs de tournesols de Transylvanie. (Ici, près de Johannisdorf)

chasse absolument charmante en lisière de forêt. La salle de restauration sur pilotis se dresse en pleine nature. Une calèche conduit les convives jusqu’à la cabane entourée de poiriers où les gourmandises sont servies dans de la porcelaine fine. On se croirait dans un conte de Grimm ! Alors que je pensais avoir atteint le Nirvana en dégustant une panna cotta transylvanienne aux baies sauvages marinées, je me retrouve à savourer un verre de vin, un élégant Negru de Drăgășani fruité, sur la terrasse en bois avec vue panoramique. Dans la douce lueur de cette fin d’été, bercé par le chant des verdiers et des chardonnerets, je hume le doux parfum des orchi-

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Tout est amené en calèche à la cabane culinaire sauvage, y compris les visiteurs.

dées et des jonquilles sauvages en guettant les chevreuils et les lynx dans les prairies fleuries qui bordent la forêt. Cette cabane de chasse gastronomique mérite pleinement le nom d’observatoire. En effet, on y aperçoit souvent des renards, des cervidés et des chats sauvages. À l’heure du dessert ou du dernier verre de vin, lorsqu’une libellule, un apollon rouge ou un paon-dujour vient se poser sur la terrasse, la carte postale est parfaite. Plongée dans un océan de tournesols Toutefois, le rêve est loin d’être terminé. Le lendemain, sous le ballet tournoyant des aigles, je remonte

dans la calèche et longe le village de Voivodeni à travers un océan de tournesols. L’occasion pour moi de passer en revue les saveurs et senteurs des derniers jours : la caille pochée au beurre truffé, les tranches de bœuf du soir grillées au feu de bois, la soupe de poisson transylvanienne à base de chevesne, d’esturgeon et de carpe fraîchement pêchés dans le torrent ou la truite arc-en-ciel truffée avec amour par Jonas Schäfer. Au milieu du champ de tournesols qui s’étire à l’horizon, toute cette beauté semble presque irréelle. Ici, au cœur de la Transylvanie, Vincent von Gogh aurait été fou de bonheur.


T R A N SY LVA N I E

Breviarium

UKRAINE

HONGRIE

Cund

MOLDAVIE

Voivodeni Daneș

TRANSYLVANIE

46° N 25° O

UKRAINE

visittransilvania.ro

ROUMANIE

SERBIE BULGARIE

À faire absolument Devant la manufacture de fromage d’István Varga à Cund, les habitants se retrouvent dès le matin. Une bonne occasion d’engager la conversation avec de vrais Transylvains. Ne vous inquiétez pas, István parle aussi l’allemand, l’anglais et quelques autres langues. Voici l’adresse : Manufactura de Branză, Str. Principală 137, Cund. Accès – En provenance du sud : par Dumbrăveni. En provenance du nord : Sortie Idrifaia, par la 151B. www.manufacturadebranza.ro

À éviter Il ne faut surtout pas se rendre dans l’arc des Carpates avec l’idée qu’il s’agit d’une région pauvre. La Transylvanie est étonnamment variée et invite à faire abstraction des stéréotypes habituels. Tant en ce qui concerne la richesse du patrimoine culturel que le stéréotype de Dracula. Les Transylvains ne vont pas dormir avec des guirlandes d’ail. Les Valaques non plus, d’ailleurs !

Trésors cachés Outre les promenades en calèche que l’on peut réserver chez Jonas et Ulrike Schäfer au Ressort Valea Verde, Strada Principală 119 à Cund, il faut aussi se renseigner sur l’éleveur d’ânes Christian Harfmann, qui propose également des hébergements, mais aussi des balades à dos d’âne. Le fromage de bufflonne présenté dans l’article est disponible chez la famille Pop dans la localité de Daneș (à quatre kilomètres de Sighisoara) - Strada Principală n° 804.

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G R E NAD E

La vue sur l’Alhambra depuis les collines du quartier de l’Albaicín est à couper le souffle.

EN HAUT

EN BAS Le Patio de la Acequí (« cour du canal d’eau ») réunit des éléments de l’architecture islamique et espagnole et relie la partie inférieure et la partie supérieure du jardin.

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G R E NAD E

Granada mi amor Texte Nikki Bonnal

Pour tout vous dire, je n’étais pas persuadée que l’Alhambra parviendrait à me séduire. Et pourtant, c’est ce magnifique monument qui m’a attiré à Grenade en ce morne week-end de mars. Même si le terme de week-end pour un vol un dimanche n’est pas vraiment adapté, mais c’est une autre histoire.

À mon arrivée à Grenade, je suis accueillie par une superbe météo printanière et l’équipe tout aussi charmante de l’hôtel. L’Alhambra Palace, dans lequel j’ai réservé deux nuits, jouit d’un emplacement fabuleux à flanc de côteau tout près de l’Alhambra. Il offre de vastes espaces, de vieux parquets en bois et des chambres rénovées. Si vous aimez les hôtels tendance avec canapés design et produits de beauté cultes, cette adresse n’est pas pour vous. Ici, l’atmosphère est feutrée, l’élégance authentique et chevaleresque, comme dans toute maison de tradition historique. Muni de mon billet d’entrée pour l’Alhambra (réservé plus de trois mois à l’avance !), je me mets en route le lendemain matin. Bien qu’il ne soit pas encore midi, les températures extérieures dépassent déjà les 20 °C. Comme me l’ex-

plique mon sympathique chauffeur de taxi, une telle chaleur est inhabituelle à cette période de l’année, même en Andalousie. « ¡No es normal! », ajoute-t-il. Toutefois, mon espagnol scolaire est insuffisant pour comprendre les explications suivantes au sujet du changement climatique. Je m’abstiens de lui dire que je suis ravie de découvrir sa ville natale en mars par des températures dignes d’un début d’été, au lieu d’attendre le printemps chez moi sous la pluie et par 7 °C. Mille et une nuits Même en arrière-saison, je croise des foules de visiteurs venus découvrir l’Alhambra. Cet ancien ensemble palatial érigé il y a plus de 1.000 ans et classé au patrimoine mondial depuis 1984 est l’un des monuments les plus visités au monde. Vous aimez l’art mau-

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G R E NAD E

resque ? Dans ce cas, plongez quelques heures dans un univers digne des 1001 nuits en parcourant la citadelle de l’Alcazaba, les palais nasrides et les jardins du Generalife. Succombez au décor enchanteur du Palais des Lions avec sa célèbre fontaine éponyme. Admirez les fresques et les mosaïques de style islamique aux formes parfaites et à la beauté infinie. En montant au sommet de l’impressionnante Torre de la Vela dans la partie ouest de l’Alcazaba, vous serez récompensé par une vue sublime sur les sommets enneigés de la Sierra Nevada. La magie des lieux est perceptible à chaque détour. Je me demande quel quartier de Grenade offre la meilleure vue sur la ville-palais ocre et décide donc de me lancer dans un voyage exploratoire le lendemain. La diversité de la vieille ville En soirée, je flâne en direction de la vieille ville et m’étonne de l’activité qui y règne un lundi soir. Mais après tout, en plus d’être une destination touristique prisée, Grenade est aussi une ville étudiante appréciée. Plus de 80.000 étudiants vivent dans cette cité de 240.000 âmes et contribuent à animer les étroites ruelles du centre historique la nuit. Je passe devant d’innombrables cafés de rue, terrasses et bars à tapas, que ce soit

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autour de la Plaza Nueva, de la cathédrale, de la Grand Vía, du Paseo de los Tristes ou, un peu plus loin, dans le quartier d’Alarcón. Ici, il est facile de lier connaissance et la maîtrise de l’espagnol est appréciable. Au passage, n’oubliez pas de lancer un « Vale » (l’équivalent de « OK ») au moins toutes les trois phrases : vous passerez presque pour un autochtone ! Le lendemain matin, je parviens à monter dans un taxi avant 10 heures. Ma destination : le monastère abandonné de San Miguel Alto perché sur une colline, depuis lequel j’espère obtenir le plus beau point de vue sur l’Alhambra. En partant de l’Iglesia San Salvador, je grimpe à pied les étroites ruelles qui mènent à l’Ermita. Les notes de saxophone qui montent de maisons délabrées, les graffitis qui recouvrent les murs d’anciens bunkers et les énergumènes que je croise m’indiquent clairement que ma destination du jour ne s’inscrit pas dans le programme de visite classique de Grenade. Alors que j’approche du point culminant de la Calle Patio de la Alberca qui mène à l’Ermita, je tombe sur un lieu vraiment spécial : un point de rencontre pour les jeunes, les amoureux, les artistes, les naufragés, les voisins et les amis. Je me sens privilégiée de pouvoir me mêler à eux alors que je suis arrivée là par hasard.


G R E NAD E Grenade est pleine de ruelles sinueuses et d’escaliers raides.

À GAUCHE

Il y a d’innombrables terrasses de cafés et des bars à tapas.

À DROITE EN HAUT

À DROITE EN BAS Avec ses maisons principalement blanchies à la chaux, le quartier de l’Albaicín est l’une des curiosités de la ville.

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G R E NAD E

Le Mirador de San Nicolás est peut-être le point de vue le plus célèbre de Grenade.

La vue est incroyable. Sur le coteau derrière l’église, quelques marginaux ont érigé une petite maison avec des meubles usagés et des tôles de fortune. L’un d’eux me fait un signe amical de la main. Je lui lance spontanément : « ¡Tienes la mejor vista del mundo! » C’est véritablement la plus belle vue au monde... Mon étape suivante est le Mirador de San Nicolás situé dans le quartier d’Albaicín classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Attendez-vous à faire la grimace, car vous aurez l’impression d’être sur la place Saint-Marc à Venise. On est loin de la destination secrète, mais la vue vaut le détour.

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Sur le chemin du retour en direction de la vieille ville, je remarque une porte en bois derrière laquelle je soupçonne une belle vue sur l’Alhambra. En effet, depuis la grande terrasse ensoleillée, l’Alhambra se dresse dans toute sa splendeur sur la colline qui me fait face. Le bar « El Huerto de Juan Ranas » ne pourrait pas être plus parfait : quelques tables de bistro, de grands canapés, des serveurs sympathiques et un petit bar avec son indispensable tireuse à bière. Je commande une Alhambra Cerveza bien fraîche, un gazpacho et des croquetas al jamón : le paradis sur Terre ! Ma petite escapade d’une journée,

qui a plus que surpassé mes attentes, touche à sa fin. En me promenant dans les venelles pittoresques bordées de maisons aux façades blanches et entrecoupées de places méditerranéennes fleurant bon la fleur d’oranger et le mimosa, je débouche sur la Plaza Nueva avant de rejoindre l’hôtel, puis l’aéroport. En guise de cadeau d’adieu, j’achète les célèbres Contes de l’Alhambra de Washington Irving. La lecture de ces magnifiques récits et de la description de la vue sur l’Alhambra en plein midi me parle presque plus que ma visite de ce joyau architectural, car je ne dois le partager avec personne cette fois-ci.


G R E NAD E

Breviarium

37° N 3° E andalucia.org/de/provincia-granada

FRANCE

Barcelone

ESPAGNE

MADRID

PORTUGAL

ANDALOUSIE

Grenade 04

À faire absolument Restez « cool ». Ne soyez pas trop impatients, vous êtes en vacances après tout ! Les Espagnols sont en général beaucoup plus décontractés que nous et Grenade ne fait pas exception. Et si vous devez attendre un peu plus longtemps au café, à l’hôtel ou au restaurant, profitez tout simplement de l’ambiance espagnole qui vous entoure !

À éviter S’IL VOUS PLAÎT, ne réservez pas votre restaurant pour 19h30 ou même 19h, à moins que vous ne souhaitiez être immédiatement démasqué comme touriste. Les Espagnols vont rarement au restaurant avant 21 heures ; il est assez habituel qu’ils y aillent à 22 ou 23 heures ! Et si (comme la plupart d’entre nous) vous avez un petit creux à partir de 18 heures, prenez la direction du bar à tapas et offrez-vous quelques délicieuses bouchées espagnoles, de préférence accompagnées d’un verre de vin blanc local, par exemple un Muscat d’Alexandrie.

Trésors cachés Visitez, de préférence au coucher du soleil, le monastère isolé de San Miguel Alto. Comme le chemin est souvent déjà le but, nous vous recommandons de monter à pied les ruelles escarpées depuis l’Iglesia San Salvador en direction de l’Ermita. Sur le versant derrière le monastère, une vue panoramique magnifique sur Grenade et son cœur, l’Alhambra, vous attend au-delà des collines.

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AN DALO U S I E

Chapelets et porcs à pattes noires Texte Stefanie Bisping

Les meilleurs porcs espagnols sont originaires de Jabugo, un village andalou. Grâce à eux, cette petite localité a remporté le titre de « Ville gastronomique espagnole » en 2023. Les alentours de Jabugo offrent d’autres merveilles, dont la Sierra de Aracena.

Miguel Prieto Moro aiguise son couteau. Vêtu d’une chemise immaculée agrémentée d’un nœud papillon et d’un tablier noirs, ce spécialiste de la découpe du jambon présente à table un aperçu de son art. Sa main gauche gantée repose sur le jambon retenu sur son support par le sabot. La droite tient le couteau. Il découpe une tranche et la dépose délicatement sur une assiette. « Portez-la à votre bouche, laissez-la trois secondes sur votre langue et attendez que ses arômes se développent sur votre palais », conseille-t-il. Quatre saveurs sont perceptibles. Les experts, quant à eux, en détectent jusqu’à sept. Du haut de ses 54 ans, ce maître espagnol de la discipline a déjà dé-

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coupé du jambon pour la maison royale. « Le jambon fait partie de notre vie, de notre culture, de notre ADN », expliquet-il. « Nous en sommes amoureux ». L’élevage traditionnel des animaux et le micro-climat distinguent également ce produit du jamón ibérico de la concurrence issu de l’ouest de l’Espagne. Ce jambon exceptionnel a valu à Jabugo le titre de Ville gastronomique espagnole en 2023. Six mois sous les chênes Le jambon a contribué à la réputation culinaire internationale de ce village de 2.300 âmes proche de la frontière portugaise. Dans les faits, il est si savoureux (et si cher) qu’il a son propre festival. Dans la pro-


AN DALO U S I E Ruelles étroites, maisons blanches : Almonaster la Real est un village andalou comme dans les livres d’images.

EN HAUT

© Stefanie Bisping

EN BAS Tranché très fin et au goût délicieux : le jamón ibérico de Jabugo.

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AN DALO U S I E

Vue sur la ville d’Aracena et les anciennes ruines du château sur la colline.

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AN DALO U S I E vince de Huelva, neuf villages disposent d’un label AOC attestant de l’origine de leur jamón ibérico. Celui-ci est associé à des exigences strictes : le jambon de Jabugo labellisé AOC peut uniquement être produit à partir de porcs ibériques élevés en plein air et nourris aux glands et aux herbes (ou autres aliments naturels) six mois de l’année. Chaque porc doit disposer d’au moins un hectare de prairie plantée d’un nombre suffisant de chênes-lièges et de chênes verts. Si les arbres sont moins nombreux, les porcs doivent profiter de deux hectares chacun. Il faut dire qu’ils parcourent jusqu’à quatorze kilomètres par jour pour dénicher les glands les plus gras. Ils en avalent douze kilos, complétés par cinq kilos d’herbes. Dès lors que leurs sabots sont usés, que leur chair est délicatement persillée et qu’ils affichent 160 kilos sur la balance, leur vie paradisiaque prend fin à l’abattoir. À Jabugo, contrairement à ce que la plupart des producteurs pratiquent ailleurs, la préparation ultérieure se limite à un peu de sel de mer, une bonne dose d’air et beaucoup de patience. Le jambon séjourne dans le sel de mer à raison d’une journée par kilo, puis il est suspendu et affiné pendant au

moins deux ans à une température comprise entre 15 et 16 degrés. Pendant cette période, les fenêtres de la salle d’affinage sont tantôt ouvertes, tantôt fermées en fonction de la météo et de l’humidité. Ensuite, chaque jambon est nettoyé à la main à l’huile végétale. Il se vend jusqu’à 18 euros les 100 grammes. Des villages blancs séculaires d’une grande beauté Situé dans la province de Huelva, le parc naturel Sierra de Aracena y Picos de Aroche est composé de 31 villages blancs typiquement andalous, ainsi que de forêts, de vallées et de montagnes. Avec leurs ruelles romantiques, leurs places accueillantes et leurs nombreux bigaradiers, ces hameaux sont particulièrement paisibles. Ils affichent une longue histoire : celle d’Aroche remonte à l’époque romaine, lorsque la ville d’Arucci Turóbriga à été fondée sous le règne de l’empereur Auguste. À Almonaster la Real, l’ancienne mosquée qui se dresse sur une colline témoigne de la domination arabe sur la péninsule ibérique. Au XIIIe siècle, les chrétiens portugais ont transformé la mosquée en église et le minaret en clocher. Aracena, la principale localité de la Sierra, possède une

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AN DALO U S I E

Les tachetés sont les meilleurs : des porcs de la race Manchados de Jabugo dans la chênaie, la dehesa. © Stefanie Bisping

immense grotte de stalactites renfermant un réservoir d’eau. Dans cette contrée, la patience est de mise. En hiver, il pleut souvent pendant des semaines. C’est peut-être ce qui a incité Don Paulino Díaz Alcaide, organiste de l’église d’Aroche pendant 61 ans décédé en 2013, à envoyer à 5.000 personnalités un courrier leur demandant de lui faire don d’un chapelet. Il souhaitait ainsi enrichir son rosaire. L’écho a été énorme : il a reçu des chapelets orthodoxes, indiens et africains en bois, en métal, en noix, en coquillages et en corail. Les 3.000 exemplaires ont été inscrits au livre Guinness des

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records en tant qu’unique musée du rosaire au monde. La collection est désormais conservée au musée archéologique d’Aroche. Des cochons sauvages nourris aux glands Les chênes-lièges et les chênes verts persistants qui façonnent ce paysage séculaire dépassent parfois les 500 ans. En raison de leur sobriété en eau, ils constituent une végétation idéale pour les dehesas, les pâturages aménagés au Moyen-Âge sur lesquels les porcs ibériques se nourrissent encore de glands de nos jours. Quand les Castillans ont repris le sud de la

péninsule ibérique aux Maures, ils ont planté des chênes et importé leurs cochons domestiques blancs. Ceux-ci se sont mêlés aux cochons sauvages locaux et ont ainsi donné naissance à la race originelle du porc ibérique. Autour de Jabugo, on voit aussi des porcs clairs à taches noires gambader dans les prés : ce sont les descendants du croisement d’origine appelés Manchados de Jabugo. Autrefois, en raison de leurs pattes claires, ils ne pouvaient pas être considérés comme des patas negras ou porcs à pattes noires. Aujourd’hui, ils fournissent la variété la plus chère de ce jambon haut de gamme.


AN DALO U S I E

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Jabugo ANDALOUSIE

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À faire absolument Goûter au jambon. À Jabugo et aux alentours, différentes excursions dans les élevages incluant la visite d’une manufacture de jambon et des dégustations sont proposées. Une sortie de deux heures et demie coûte 44 euros par personne. www.rutadeljamondejabugo.com

À éviter Demander du bacon au petit déjeuner. Cela serait considéré comme un sacrilège.

Trésors cachés L’ancien monastère Convento Aracena dans la ville de Sierra de Aracena a été converti en hôtel doté d’un patio romantique, d’un cloître et d’un rooftop – sans oublier un spa moderne. www.hotelconventoaracena.es

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T E N DAN C E S

Le rêve du all inclusive Texte Marie Tissier

Le Club Med a été le précurseur du concept dès les années 1950. Les vacances all inclusive haut de gamme rencontrent ces dernières années un vif succès. La pandémie a joué son rôle ainsi que les hausses successives du coût de la vie. Et les vacanciers luxembourgeois sont conquis.

Ici, on ne parle pas de la chaise longue sur laquelle on va déposer sa serviette à 6 h du matin pour être sûr d’avoir sa place autour de la piscine, ni des piña coladas qui n’ont de colada que les parois des verres… Ici, on parle de prestations haut de gamme. Du tout compris, du vrai. De l’intimité, de l’exclusivité. Une hausse de 20 % au Luxembourg « Cette branche du luxe, le all inclusive haut de gamme, connaît un véritable engouement depuis la fin du Covid, explique Lydia Heinisch, directrice de l’Union luxembourgeoise du tourisme. Je dirais que la demande a augmenté d’environ 20 %. » La professionnelle explique l’attrait de ces voyages tout compris par l’envie des Luxembourgeois de passer des vacances

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sereines. À l’heure où l’inflation est partout, sécuriser son budget, même élevé, est devenu un confort. Ce qui n’empêche pas les clients d’agrémenter leur séjour d’expériences uniques. Un exemple parlant « En ce moment par exemple, nous proposons une offre all inclusive haut de gamme en Afrique du Sud », commente la responsable. Et en effet, vous voilà bien plus que dans un all inclusive de club 4 étoiles : navette depuis et vers votre domicile, vol régulier, nuitées dans un Lodge (le Lakula Lodge) au milieu d’une réserve en all inclusive, 2 safaris par jour, le matin et l’après-midi, activités d’observation avec un guide spécialisé, repas, boissons (sélection du Lodge), guide locale anglo-


T E N DAN C E S phone et francophone, visite de la ferme durable, blanchisserie, wifi… tout est compris ! Joli programme ! Bien sûr, en cherchant un peu, on pourra aussi trouver des extras non compris, comme des camps mobiles. Mais la base du voyage est déjà extrêmement complète. « L’époque où les étoiles des hôtels étaient considérées comme seul critère est révolue depuis longtemps. Les nouveaux mots-clés sont ‘expérience’, ‘intimité’ et ‘durabilité’ », commente Lydia Heinisch. Les géants hôteliers l’exploitent Cette tendance, les géants de l’hôtellerie l’ont anticipée. Ainsi, le groupe Accor parie sur ce segment qui connaît la croissance la plus rapide du marché. En intégrant à sa collection « all inclusive » ses enseignes de luxe, comme Sofitel, Fairmont, Swissôtel, Mövenpick et Pullman, mais aussi en s’appuyant

sur les 20 ans d’expérience de l’enseigne Rixos dans le domaine du luxe tout compris, entrée dans son giron il y a peu. Marriott et Hilton se tournent aussi vers les Inclusive Resorts, où l’on trouvera des repas gastronomiques à la carte ou le service de majordome personnel. « Les gens recherchent l’absence de surprise », commente Brian King, l’un des responsables de Marriott International, qui explique préparer le premier forfait all inclusive Ritz-Carlton. Le groupe Hilton exploite déjà lui aussi une douzaine de resorts tout compris et, à la fin de l’année, le groupe Hyatt comptera plus de 45 complexes du genre, rien qu’au Mexique ! Le Club Med ne cesse d’élever ses exigences pour offrir de vraies expériences premium… Le All inclusive de luxe est donc la nouvelle tendance mondiale, et les Luxembourgeois l’ont adoubée.

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MAR O C

La tenue traditionnelle et les fusils d’époque sont également évalués par les jurés, en plus des compétences équestres.

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EN BAS Les participants s’élancent au grand galop sur le terrain pour démontrer leur savoir-faire.

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MAR O C

L’art équestre marocain Texte & photos Laurent Nilles

Inutile d’être fan de chevaux pour tomber sous le charme des compétitions équestres traditionnelles du Maghreb. Au Maroc, où plus de 6.000 cavaliers pratiquent la tbourida, il est particulièrement aisé de découvrir la coutume.

Fasciné, je me tiens immobile au milieu des nuages de poussière que soulèvent des milliers de sabots de chevaux, abasourdi par le claquement des armes anciennes, le nez empli de l’odeur âcre de la poudre. Un cavalier est allongé au sol, désarçonné par le fort recul de son arme. Sa monture prend le large et doit être rattrapée. Je n’ai pas encore compris ce qui vient d’arriver que le groupe suivant fonce déjà sur moi au grand galop. La piste ornée de drapeaux rouges et verts, les tentes nomades ivoire recouvertes de tapis berbères, le minaret immaculé d’une mosquée en arrière-plan

– tout cela contribue à une scène hors du temps qui rappelle les peintures orientalistes du XIXe siècle. Pourtant, je me trouve bien à Ziaida, un petit village dans l’arrière-pays de la région côtière de Casablanca, où j’ai aujourd’hui la chance d’assister à une traditionnelle tbourida. Ces compétitions équestres, dont les origines remontent au XVIe siècle, ont été inscrites au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO en décembre 2021. Les règles de la compétition Je suis arrivé il y a quelques heures, il était à peine midi. Il était donc beaucoup trop tôt, car les joutes

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MAR O C

ne doivent commencer qu’après la prière de l’après-midi en raison de la température accablante qui dépasse les 35 °C. J’accepte donc une invitation spontanée à partager un couscous. Ici, loin des centres touristiques de Marrakech et d’Agadir, la légendaire hospitalité marocaine est encore bien vivante. On se réjouit de l’intérêt des étrangers pour les coutumes locales et je passe donc beaucoup de temps dans les tentes des sorbas (les troupes de tbourida) où l’on m’explique les règles de la compétition en dégustant des olives et du thé à la menthe. Chaque sorba est composée d’environ 20 cavaliers qui, sous la direction de leur capitaine, le moqaddem, simulent un assaut donné par la cavalerie berbère. L’attaque doit être la plus synchrone possible. Les cavaliers galopent côte à côte en ligne droite, avant de tirer simultanément avec les vieux fusils à chargement par la bouche. En marge de la présentation, les chevaux berbères et arabes sont également examinés afin d’évaluer leur origine, leur stature, leur état de santé et leur prestance. Les costumes des participants, les ornements des selles et la qualité des mousquets utilisés comptent eux aussi dans la notation. Les derniers préparatifs Avec plus de 20 troupes venues démontrer leurs compétences, ce sont près de 500 chevaux qui doivent être nourris, abreuvés,

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MAR O C Des centaines de chevaux doivent être nettoyés et sellés avant le concours.

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MAR O C

Un passage réussi : les fusils tirent simultanément des boules de feu vers le ciel.

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Seuls les meilleurs des meilleurs peuvent concourir au Trophée Hassan II.

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EN BAS À DROITE Le moqaddem est le capitaine de l’escadrille.

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MAR O C brossés et sellés avant le départ. Les bottes sont cirées, les armes chargées, les turbans noués. Chaque capitaine présente à son équipe la tactique choisie et on prononce une courte prière. L’heure de la course a enfin sonné. Les spectateurs se pressent le long de la piste. Il n’y a pas de tribunes et il faut vraiment être aux premiers rangs pour voir quelque chose. L’une après l’autre, les sorbas prennent le départ et les cavaliers donnent tout pour leur représentation. Un véritable spectacle hors du temps ! Jusqu’au coucher du soleil, j’observe, captivé, les galops qui s’enchaînent et les balles luisantes qui tracent en direction du ciel sous les acclamations du public. Les meilleurs parmi les meilleurs Quelques jours plus tard, je me rends à Rabat, la capitale du pays. Ici a lieu la finale du Trophée Hassan II sous l’égide du roi du Maroc. Chaque année, la compétition la plus importante et la plus prestigieuse du pays attire des milliers de visiteurs enthousiastes à l’idée d’assister à ce spectacle unique. Seuls les meilleurs parmi les meilleurs, les vainqueurs des tournois de qualification régionaux, sont autorisés à participer.

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MAR O C

Les sorbas du sud du pays tirent vers le sol avec leurs fusils, juste devant les antérieurs des chevaux.

Le public averti célèbre bruyamment les représentations les plus réussies et critique la moindre petite faute. Celles-ci sont peu nombreuses : les mouvements des cavaliers sont parfaitement synchronisés, les tirs des vieux fusils semblent retentir à la milliseconde près. La tâche n’est certainement pas aisée pour les trois jurés qui doivent désigner les vainqueurs. Chaque région, chaque sorba a son propre style. Par exemple, alors que les cavaliers du nord et

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de l’ouest du pays tirent vers le ciel, ceux du sud font l’inverse et tirent en direction du sol, juste devant les chevaux. Cela m’impressionne tout particulièrement, car les montures continuent de galoper sans broncher à travers la fumée et la poussière soulevée par les balles. Une tradition unique Au Maroc, on dénombre plus de 300 sorbas officielles regroupant environ 6.000 chevaux. L’État soutient ce sport afin de préser-

ver la coutume au titre du patrimoine culturel national. Ainsi, les lauréats du Trophée Hassan II se voient remettre un prix équivalant à 150.000 €. Au XXIe, la tradition de la tbourida est vraiment unique : où ailleurs peut-on voir des cavaliers juchés sur des chevaux berbères pure race tirer avec d’antiques fusils ? Un conseil pour toute personne voyageant au Maroc : si vous avez l’occasion d’assister à un tel spectacle, ne passez surtout pas à côté !


MAR O C

Breviarium

33° N 6° O

visitmorocco.com

RABAT Casablanca

Ziaida

MAROC

ALGÉRIE

SAHARA OCCIDENTAL

À faire absolument Le plus simple pour découvrir la tbourida, c’est soit d’assister au Trophée Hassan II annuel, soit à l’occasion de tournois de qualification régionaux, soit lors de la grande finale à Rabat. Vous obtiendrez toutes les informations requises auprès de la Fédération Royale Marocaine des Sports Équestres. frmse.ma/fr/section/tbourida

À éviter Même si l’hospitalité est de mise dans la province marocaine et si les habitants seront ravis que vous vous intéressiez à leurs traditions, cela ne signifie pas pour autant que vous pouvez photographier à tout-va. Toutefois, quelques mots en arabe ou un sympathique guide local suffisent presque toujours à vous ouvrir les portes.

Trésors cachés Les compétitions équestres sont un conseil d’initié rarement mentionné dans les guides touristiques habituels. Même les voyages organisés ne proposent presque jamais d’assister à une tbourida. Si vous voulez toucher de près aux coutumes locales, essayez de repérer un moussem, une sorte de foire annuelle marocaine. Toutefois, bien souvent, seuls les habitants savent quand et où ils ont lieu. Avec un peu de ténacité, vous trouverez peut-être votre bonheur auprès de l’Office Marocain du Tourisme.

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CARAÏ B E S

Caribbean Magic – Sea You Soon! Texte Bibi Wintersdorf

Sept jours à bord du Nieuw Statendam de la compagnie Holland America Line, de Fort Lauderdale à Half Moon Cay et retour en passant par les Bahamas, la République dominicaine et les îles Turques-et-Caïques. Petit bilan de mon expérience.

Certes, au départ, j’étais sceptique. Il y a une trentaine d’années, ma participation à l’une des premières Päischtcroisières bien connues au Luxembourg m’avait coupé l’envie de remonter sur ces hôtels flottants all-inclusive. Depuis, j’ai toujours évité les croisières. Mais quand on m’a proposé une croisière de sept jours dans les Caraïbes au beau milieu du mois de janvier froid et brumeux du Luxembourg après deux années sans voyages en raison de la pandémie de Covid, comment aurais-je pu résister ? Au moment où je suis montée sur le Nieuw Statendam de la com-

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pagnie Holland America Line, je n’avais qu’une vague idée de ce qui m’attendait pour ma première croisière dans les somptueuses Caraïbes. Jour 1 – Un début prometteur Après l’atterrissage à Miami et le transfert de l’aéroport à Fort Lauderdale, la première surprise agréable ne se fait pas attendre : un embarquement bien organisé qui se déroule sans le moindre accroc, bien moins stressant que l’attente à l’aéroport. Alors que je m’éloigne des côtes de Floride, je suis déjà dans une ambiance luxueuse, totalement conquise


CARAÏ B E S Chiller devant une carte postale idyllique sur Half Moon Cay, l’île privée de Holland America. Presque surréaliste et d’une beauté kitsch !

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EN BAS Le Nieuw Statendam de la Holland America Line.

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CARAÏ B E S

Le phare à l’entrée du port de Nassau.

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CARAÏ B E S

EN HAUT À GAUCHE La statue de la reine Victoria dans le quartier gouvernemental de Nassau.

Le marché de paille dans le bâtiment historique de Bay Street est l’un des plus grands du monde et l’une des meilleures attractions des Bahamas !

EN HAUT À DROITE

par le décor élégant et l’accueil chaleureux. Mon scepticisme s’est envolé et je suis déjà impatiente de découvrir la suite. Nous voguons vers les Bahamas. La mer est calme et le roulis à peine perceptible du navire est très supportable. Le dîner est servi sur le pont Lido (sous forme de buffet) ou dans la salle de réception, sans réservation. En raison de la présence de nombreux Américains à bord, il s’agit d’une formule à volonté. Après tout, si cela leur plaît… En tout cas, la qualité est au rendez-vous. Pour profiter d’une ambiance plus intime et plus exclusive, il est également possible de réserver une table dans l’un des six restaurants de spécialités moyennant un léger supplément. Nous avons l’embarras du choix entre le Rudi’s Sel de Mer (fruits de mer), le Canaletto (italien); le Pinnacle Grill, le Tamarind (asiatique) et le Nami Sushi.

positions sur le port. Le tourisme est l’une des principales sources de revenus de l’île et on peut donc réserver à tous les coins de rue un taxi ou une calèche pour faire le tour de la ville. Nous avons décidé de découvrir la ville à pied, soit 12 kilomètres au total ! Des bâtiments coloniaux historiques aux bars pittoresques, le véritable cœur de Nassau se dévoile sous nos yeux. Bien entendu, nous ne manquons pas de faire un tour le long du port à la découverte de ses maisonnettes colorées, ainsi qu’au célèbre Straw Market. Nous évitons uniquement la touristique Atlantis, bien que de nombreux visiteurs soient uniquement attirés par cette imposante oasis artificielle. En fin d’après-midi, nous remontons à bord du Nieuw Statendam épuisés, mais la tête pleine d’agréables souvenirs (et coiffée d’élégants chapeaux achetés au Straw Market).

Jour 2 – Nassau, Bahamas : bien plus qu’un paradis pour touristes Au lever du jour, le bateau accoste dans la capitale animée des Bahamas. Nassau est colorée, bruyante et chaotique. Les offres d’excursions en bus, en calèche ou en taxi sont nombreuses. Ceux qui ont omis de réserver une visite à bord sont submergés de pro-

Jour 3 – En mer Nous passons le troisième jour en mer, tandis que le navire nous conduit vers la République dominicaine. Nous ne nous ennuyons pas, car notre paradis flottant offre tout ce qu’il faut pour nous occuper : détente à la piscine, soins relaxants au spa, conférences et ateliers intéressants, démons-

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CARAÏ B E S

Le phare de Cockburn Town, à la pointe nord de l’île de Grand Turk.

trations culinaires… Sur le Nieuw Statendam, il est possible d’essayer une nouvelle activité tous les jours et d’échanger avec les autres passagers, ce qui crée un sentiment de communauté et de camaraderie. Le classique « dîner du capitaine » a été remplacé par des soirées « habillées » afin que nous puissions revêtir nos tenues de soirée. Jour 4 – Amber Cove, République dominicaine Le port suivant est Amber Cove en République dominicaine. Nous avons réservé une excursion un peu plus longue pour visiter le centre-ville de Puerto Plata et quelques-unes des attractions les plus prisées. Avec ses parasols colorés flottant au-dessus de la tête des visiteurs, la célèbre « Umbrella Street » est une attraction touristique appréciée des instagrameurs qui fourmille de touristes. Notre programme comporte également la Casa Museo Gregorio Luperón entièrement consacrée au héros national et ancien président Gregorio Luperón. Ce dernier a dirigé la reconstruction de la République dominicaine après l’annexion espagnole en 1863. Nous nous rendons ensuite à l’imposant fort San Felipe di Puerto Plata qui domine majestueusement l’Atlantique de-

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puis le XVIe siècle. Notre excursion se termine par la visite d’une rhumerie locale avec dégustation. Le rhum est généreux et chaleureux, à l’image des Caraïbes. Jour 5 – Grand Turk, Îles Turques-et-Caïques : un chapelet d’îles uniques Cap sur Grand Turk, le centre historique, culturel et économique de l’archipel des Turques. La visite que nous avons préalablement réservée nous fait faire le tour de cette île de rêve longue d’à peine 10 kilomètres sur 1,5 kilomètre de large. En dehors du symbole local, un phare majestueux qui surplombe les environs telle une balise en hommage à l’histoire et à la capacité de résistance de l’île, il n’y pas grand-chose à voir ici. Les eaux bleues et les plages de sable blanc dignes d’une carte postale sont omniprésentes. L’une des curiosités est la présence d’innombrables ânes à moitié sauvages qui peuplent l’île et se promènent partout le long des routes (quand ce n’est pas sur la chaussée). Jour 6 – Half Moon Cay : bienvenue au Paradis Le point d’orgue de notre croisière est notre dernière escale : Half Moon Cay, l’île privée de Holland America. Avec ses plages d’un blanc immaculé qui s’enfoncent dans des flots turquoise, ce lieu


CARAÏ B E S EN HAUT À DROITE Depuis les

remparts du Fort San Felipe à Puerto Plata, on surplombe l’océan.

Half Moon Cay ; l’île privée de Holland America ressemble à une carte postale idyllique.

EN BAS À GAUCHE

EN BAS À DROITE Umbrella Street, l’attraction touristique de Puerto Plata.

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CARAÏ B E S

USA

Fort Lauderdale Nassau

Half Moon Cay

BAHAMAS

Grand Turk

CUBA

Amber Cove HAÏTI

RÉPUBLIQUE DOMINICAINE

JAMAÏQUE

Visite de la passerelle de commandement et rencontre avec le capitaine Eric Barhorst.

semble tout droit sorti d’un rêve. Farniente à volonté, cocktails et barbecue, la vie ne pourrait pas être plus douce ! Pour terminer en beauté, nous avons l’occasion unique de nager avec des raies. Une attraction certes touristique, mais originale. Jour 7 – Retour à Fort Lauderdale Notre dernier jour à bord du Nieuw Statendam est marqué par un moment privilégié : une rencontre avec le capitaine et le chef cuisinier, suivie d’une visite exclusive

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des coulisses du paquebot. La passion et l’engagement de l’équipage sont perceptibles et contribuent à nous faire apprécier encore plus notre croisière. Pendant tout le séjour, les différents restaurants de spécialités du navire nous ont régalés. Chaque repas était un voyage culinaire en soi, de la cuisine française raffinée aux créations asiatiques relevées, le tout préparé et présenté de main de maître. Cette croisière à bord du Nieuw Statendam m’a offert

bien plus qu’un voyage : une mosaïque d’expériences, de cultures, de goûts et de moments inoubliables, loin de mon univers habituel, qui m’a définitivement réconciliée avec les croisières. Alors que le soleil des Caraïbes se couche sur notre dernier jour, je m’apprête à rentrer avec une foule de souvenirs en tête et le désir insatiable de reprendre la mer dès que possible.

www.hollandamerica.com



V I Ê T NAM

Vue arrière de Hô Chi Minh-Ville avec le pont de Cau Thu Thiêm.

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EN BAS Dans la métropole, les deux roues dominent la circulation.

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V I Ê T NAM

Des petits coins de paradis loin des klaxons Texte & photos Annette Frühauf

Hô Chi Minh-Ville bouillonne de vie. Les cyclomoteurs vrombissent jour et nuit dans les rues de cette métropole du Sud-Viêtnam. Nous vous présentons trois destinations pour une brève escapade sur les rives du fleuve Saïgon, sur les hauts-plateaux et dans la Golden Bay.

L’économie prospère à Saïgon, comme on nomme encore souvent cette cité de dix millions d’habitants qui a été la capitale du Viêtnam jusqu’en 1975. Ici, tout au sud du pays, l’économie qui se privatise de plus en plus n’est pas à la seule à se développer. Près de sept millions de deux roues (et la tendance va croissant) évoluent dans le centre-ville, chargés de familles entières ou d’objets encombrants tels que des réfrigérateurs, des échelles ou des bouteilles de gaz. Leurs klaxonnements incessants dominent le paysage urbain et saturent l’atmosphère. Les routes constamment embouteillées devraient prochainement se dégager grâce aux ef-

forts du gouvernement, mais en attendant, si vous cherchez le calme et souhaitez échapper à la « jungle urbaine », grimpez plutôt sur un bateau rapide à la Saigon Waterbus Station afin de rejoindre un petit paradis verdoyant à 20 minutes de distance. À l’ombre des arbres tropicaux, des pontons en bois mènent aux 35 villas et suites de l’An Lam Retreats Saigon River. Les oiseaux gazouillent gaiement, à l’abri de l’épaisse canopée. Une séance de yoga, une baignade dans la piscine ou un passage au spa tropical font vite oublier l’agitation des derniers jours. Le soir, les lanternes suspendues à la cime des immenses arbres diffusent une agréable lumière sur la terrasse en

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V I Ê T NAM

bois qui longe le fleuve. Des tapis de feuilles mènent au Mékong qui coule nonchalamment sous nos yeux. Le parfum des fleurs se mêle aux senteurs épicées qui montent de la cuisine. Au menu du jour : nouilles Viêtnamiennes avec du pak choï, du tofu grillé, de longs champignons enoki et de la coriandre, mais aussi des nems Cha giò farcis de vermicelles, de morilles, de carottes, de viande hachée et de sauce de poisson. Au-dessus des arbres qui dansent doucement sous le vent se dresse la terrasse de l’impressionnant bar. En plus d’un immense choix de whiskies, de cocktails internationaux et de bières locales, il propose bien entendu du café. Le mélange d’arabica et de robusta s’égoutte lentement à travers le filtre fin posé à même la tasse. La nuit, seul le bruissement des plantes sauvages qui enveloppent l’établissement tel un cocon traverse les moustiquaires blanches des chambres. L’An Lam Retreats Saigon River récemment rénové séduit avec son jardin tropical aux portes de Saïgon. Le Zen Cafe Lakeside nous attend à 300 kilomètres de l’ancienne capitale. Le vol jusqu’à la ville de Đà Lat, perchée à 1.500 mètres sur les hauts-plateaux du Sud-Viêtnam, dure moins de trois-quarts d’heure et coûte en-

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V I Ê T NAM Dans le jardin tropical de l’An Lam Retreats Saigon River, on peut trouver des cachettes partout.

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V I Ê T NAM

Les hautes terres de Đà Lat abritent de nombreuses plantations de café. Les fleurs d’arabica se transforment en baies rougeâtres jusqu’à l’automne.

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EN BAS La pagode Linh Phuoc est l’une des plus belles de la ville.

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V I Ê T NAM La vue du Zen Cafe Lakeside se pose sur le lac Tuyên Lâm.

viron 20 euros. Depuis l’aéroport de Liên Khuong, notre taxi longe des champs verdoyants, des plantations de café et des serres agricoles dans lesquelles poussent des fraises. Đà Lat est entourée de terres cultivées : la visite d’une de ces plantations vaut le détour, le Viêtnam comptant parmi les principaux producteurs mondiaux de café. Le marché du soir propose avant tout des spécialités culinaires : brochettes de légumes, fruits de mer, poisson et viande. En plus des fruits tropicaux comme l’ananas, le fruit du dragon et le durian, les petites fraises sucrées sont très appréciées. Le Zen Cafe Lakeside est constitué de deux charmants bâtiments pratiquement identiques édifiés sur une colline au-dessus du lac de Tuyên Lâm et presque entièrement dissimulés par une luxuriante végétation. Des chaises colorées et des fauteuils en osier trônent sur la terrasse où l’incontournable soupe Phô fraîchement préparée à partir de feuilles de périlla, de poulet et de nouilles de riz est servie le soir. L’anis étoilé, la cannelle cassia, le piment, le fenouil et le clou de girofle confèrent à ce plat traditionnel tout son exotisme. Le Zen Cafe Lakeside, avec vue sur le lac artificiel de Tuyên Lâm, propose des plats Viêtnamiens fraîchement préparés, ainsi que des cours de yoga à la demande. Lors d’une promenade en ville, l’opéra tout juste inauguré et le Lotus Café sautent aux yeux. L’archi-

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V I Ê T NAM

Au Fusion Resort Cam Ranh, tous les chemins mènent à la mer d’un bleu profond.

tecture des bâtiments est presque kitsch et n’est surpassée que par celle d’une maison « folle » dont les escaliers ne mènent nulle part. Le parc de loisirs « Tunnel Clay » est encore plus étonnant, il est apprécié par les touristes chinois en tant que spot photo. À une petite heure d’avion d’Hô Chi Minh-Ville, nous rejoignons le Fusion Resort Cam Ranh. Sur la côte, deux immenses arcs de triomphe accueillent les visiteurs de la Golden Bay, la Riviera Viêtnamienne. À 30 kilomètres de Nha Trang, dans la baie de Cam Ranh (sans doute la plus belle baie en eau profonde du Viêtnam), les complexes hôteliers se multiplient.

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Certaines tours dépassent déjà la cime des arbres. Une charmante allée bordée de palmiers mène au Fusion Resort dont les bungalows à deux étages se fondent à merveille dans le paysage côtier apparemment préservé. Ici, nous avons le choix entre une grande piscine dans le jardin tropical, la piscine à débordement avec vue sur la mer et une plage de sable blanc immaculée sur laquelle d’immenses vagues turquoise viennent s’échouer aujourd’hui. Les séances de yoga quotidiennes sont dispensées au bord d’un bassin où flottent des nymphéas. Un petit concert de coassements accompagne

le doux bourdonnement du bol tibétain. Les massages Viêtnamiens figurent également au programme de l’établissement et nous permettent de percevoir toute la légèreté de notre être. 30 minutes en taxi suffisent pour rallier la ville animée de Nah Trang avec ses bars de plage, ses boîtes de nuit et ses centres commerciaux. Au comble du bonheur, nous savourons pleinement notre séjour au paradis. Le Fusion Resort Cam Ranh séduit par son service et sa convivialité. Le murmure des vagues rythme les nuits. En journée, sa longue plage de sable fin attire irrésistiblement.


V I Ê T NAM

Breviarium

CHINE

Hanoï

LAOS

THAÏLANDE

10° N 106° E vietnam.travel

CAMBODGE

Viêtnam

Hô Chi Minh-Ville

À faire absolument Au Viêtnam, un massage est presque obligatoire. Le sentiment d’euphorie est inclus une fois par jour au Fusion Resort Cam Ranh.

À éviter Ne pas s’arrêter en traversant les rues. Cela perturbe les cyclomotoristes qui passent.

Trésors cachés La soupe Phô du Zen Cafe Lakeside est fraîchement préparée et servie avec des feuilles et des herbes comestibles.

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F I DJ I

Îles Fidji : un petit air de paradis Texte Annemarie Hastert

Ce joyau des mers du Sud à l’autre bout du monde séduit par ses chants sensuels, son légendaire « temps fidjien » et son inégalable hospitalité.

Il est temps de ralentir pour passer à l’heure fidjienne ! Avec REESEN, plongez au cœur d’une culture méconnue et d’aventures fascinantes. Quels que soient vos rêves, ces îles du Pacifique sauront les exaucer. Taveuni, spot de plongée spectaculaire au beau milieu d’une végétation luxuriante Une sortie sur le célèbre Great White Wall au cœur du Rainbow Reef est un summum pour les amateurs de plongée du monde entier. Dans ses profondeurs réputées, les parois blanches du récif scintillent. À vrai dire, la couleur des coraux mous qui y prospèrent va plutôt du lavande au violet foncé. Quoi qu’il en soit, la paroi est si abrupte que la lumière directe du soleil ne l’atteint pas, donnant ainsi l’impression aux plongeurs d’évoluer dans une eau bleu marine face à

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un mur couvert de neige immaculée qui s’enfonce jusqu’à 60 mètres sous les flots. Toutefois, cette expérience sous-marine mystique n’est accessible qu’à un moment précis de la journée. Les écoles de plongée connaissent l’heure exacte. Dans ce cas uniquement, le célèbre « temps fidjien » n’existe pas. Il faut dire que dans le Pacifique, le temps s’écoule moins vite. Dès notre arrivée, notre chauffeur autoproclamé FBI-Boy (pour Fijian Born Indian) nous a annoncé la couleur : « Vous avez une montre. Moi, j’ai le temps. » L’île est située exactement sur le 180e méridien. Dans le village assoupi de Waiyevo, une plaque indique où se situait autrefois la ligne de changement de date. Un pas à l’est de la ligne et vous retournez dans le passé. Un pas vers l’ouest et vous revenez dans le présent. Aujourd’hui, la ligne


F I DJ I Mon mari aime par passion plonger dans le monde sous-marin fascinant et intact des jardins de corail en fleurs.

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EN BAS Prenez le temps de découvrir toutes les beautés de la nature. Une flore et une faune incroyables vous attendent dans ce paradis des mers du Sud. Vivez l’ambiance de la jungle à l’état pur.

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F I DJ I

Un vrai point fort : des cascades dans le Bouma National Heritage Park sur Taveuni avec des piscines naturelles.

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À l’extrémité sud de la route principale qui traverse Nadi, le plus grand temple hindou au sud de l’équateur, un incontournable culturel, vous attend.

EN BAS À GAUCHE

EN BAS À DROITE Amoureux de la nature, faites vous plaisir avec une promenade dans le jardin du géant endormi.

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F I DJ I de date officiellement reconnue se situe à l’est des Fidji. La région de Taveuni comptant parmi les plus pluvieuses au monde, cette île-jardin vert émeraude se distingue par une flore abondante et des forêts tropicales millénaires. Tous les après-midis, les gouttes de pluie crépitent sur les feuilles des arbres. Aussi, pour partir à l’assaut des célèbres trois chutes de Tavoro, préférez le matin. Vous ne résisterez pas à l’envie de vous baigner dans le premier bassin, celui où Brooke Shields s’est dévêtue dans le film « Le Lagon bleu ». Au sommet, une vue inoubliable sur des plages de sable blanc scintillant le long d’une eau cristalline récompensera vos efforts. Viti Levu : expériences insolites sur l’île principale Le marché local animé de Nadi est la plaque tournante majeure du Pacifique Sud. En outre, Nadi abrite le plus grand temple hindou de l’hémisphère sud. Toutefois, seuls les Hindous sont autorisés à pénétrer à l’intérieur du temple Sri Siva Subramaniya richement décoré. Pour finir, visitez le « Garden of the Sleeping Giant », un parc national hébergeant notamment une riche collection d’orchidées. Parcourir le jardin du géant endormi au pied du plateau Nausori, en voilà une expérience grandiose ! La capitale, Suva, vous séduira avec ses bâtiments administratifs de style colonial situés à deux pas de Queen Elizabeth Drive. Renseignez-vous à l’avance pour connaître l’heure précise de la relève de la garde du Palais présidentiel qui a lieu la première semaine du mois. Le musée Vale Ni I Yaya Maroroi inauguré en 1955 héberge des expositions culturelles et présente des objets historiques dont certains ont plus de 3.700 ans. De la découverte de l’Océanie par

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F I DJ I

James Cook à l’intégration des Fidji dans l’Empire britannique en passant par l’histoire du cannibalisme, tout y est documenté. Pour ma part, je garderai toujours en mémoire la rame de l’HMS Bounty, un trois-mâts de l’amirauté britannique dont l’équipage s’est mutiné en 1787 au cours d’un voyage dans les mers du Sud, ainsi que l’histoire tragique de Thomas Baker. Ce missionnaire anglais a été tué en 1867 par des partisans de la religion fidjienne, avant (semble-t-il) d’être dévoré dans le village de montagne de Nabutautau. Les semelles de ses chaussures, en partie déchiquetées et mordillées, ainsi que sa Bible sont exposées au musée derrière une vitrine. Pour les historiens, il demeure toutefois compliqué d’établir la véracité des faits. Plongée au cœur de la captivante culture indigène Les traditionnelles cérémonies de bienvenue et d’adieu sont particulièrement envoûtantes : drapés dans leurs tenues de guerriers, les autochtones exécutent des mélodies sensuelles sur le lali fidjien, un tambour en bois, se servent d’un coquillage pour faire de la musique ou escortent leurs hôtes tels des VIP jusqu’au Vilavilairevo, la cérémonie du feu. Cette démonstration unique de marche pieds nus sur des pierres brûlantes fait écho à un rituel ancestral. La dégustation du lovo constitue le point d’orgue de la culture fidjienne. La cuisson de ce plat dans un four en terre est précédée de la cérémonie du kava. Le kava (yaqona), la boisson nationale, est produit à partir de racines de poivrier séchées et broyées, infusées dans de l’eau. Cette cérémonie traditionnelle dirigée par le chef du village fait partie de la culture fidjienne depuis la nuit des

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F I DJ I Qu’y a-t-il de plus beau que de se réveiller avec une telle vue panoramique sur Nanuya Levu ? Cette vue à un million de dollars garantit une décélération immédiate.

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F I DJ I Préparation de la boisson nationale fidjienne, le kava, également appelé poivre de l’ivresse. Mais ne vous inquiétez pas, vous ne tomberez pas dans un état d’ivresse en le goûtant.

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EN BAS La cérémonie du kava est aujourd’hui volontiers célébrée par les Fidjiens dans un cadre convivial avec les touristes.

temps. Elle a lieu sur une natte tressée rectangulaire dans le « bure » du chef, une hutte traditionnelle recouverte de feuilles de palme. Toute personne entrant dans cette habitation doit revêtir le « sulu », la tenue nationale composée d’une jupe drapée en coton épais. Devant le « tanoa » (bol en bois utilisé pour boire le kava), une cordelette tressée en « magimari » (fibres de coco) est déposée à la place du chef. Des villageois, dont certains arborent des tatouages traditionnels, sont assis dans la pièce. Le

kava est pressé à l’aide d’une botte de raphia. Une personne verse de l’eau tiède sur les racines de kava broyées. Dès que le breuvage couleur ciment est prêt, il est filtré. Pour finir, on frappe la botte de raphia derrière l’épaule droite afin de la débarrasser des restes de racines de kava filtrés. Le responsable du service propose le breuvage préparé au chef, puis aux convives. Chaque convive doit taper dans ses mains, saisir le bol en criant « Bula » (« Santé », dans ce contexte, sinon « Bonjour, bien-

venue »), boire le contenu d’une seule traite et rendre le bol en disant « Vinaka vakalevu » (« Merci beaucoup »). Le chant d’adieu « Isa lei » me fait venir les larmes à chaque fois. Mais je promets aux autochtones de revenir et je prends congé en les gratifiant d’un « Au loloma ni iko », une phrase qui signifie « Je vous aime tous » dans la langue fidjienne. Tous les globe-trotters devraient inscrire les îles Fidji sur leur liste de vœux, car les souvenirs sont des joyaux qui ne peuvent pas être volés.

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F I DJ I

Breviarium

VANUA LEVU

TAVEUNI

FIDJI

17° S 178° E fiji.travel Nadi

VITI LEVU

Suva

À faire absolument Vous pouvez vous rendre seul ou en groupe sur les îles Fidji qui ne sont touchées ni par la malaria, ni par la fièvre jaune. Nous avons opté à trois reprises pour un voyage individuel organisé par nos soins. Promenez-vous dans des paysages préservés et plongez dans des eaux limpides aux infinies nuances de bleu. Dégustez le lovo traditionnel accompagné d’une gorgée de kava.

À éviter S’y rendre pendant la saison des cyclones du Pacifique Sud. Évitez donc généreusement les mois de décembre à avril. Ne regardez pas l’heure. Prenez votre temps et profitez pleinement du « Fiji-time ».

Trésors cachés Une île privée est le cadre idéal pour ralentir et décompresser. Elle promet de purs moments de bien-être. Réservez les services d’un chauffeur ou d’un guide local qui vous fera découvrir les splendeurs naturelles de l’île. Il pourra également vous en dire plus sur l’histoire unique et la vie des peuples indigènes. Vous disposez de plusieurs options pour vous rendre aux Fidji : via Dubaï et Auckland, Dubaï et Brisbane, au départ de Hong-Kong ou de Los Angeles, avec plusieurs compagnies aériennes (Emirates / Air New Zealand ou Lufthansa / Cathay Pacific).

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Stand de vente de satay au hawker center Lau Pa Sat. Ces brochettes de viande se vendent comme des petits pains !

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EN BAS Au hawker center Lau Pa Sat, les tables sont prises d’assaut chaque soir par les locaux, les « expats » et les touristes.

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Une certaine idée de l’excellence culinaire… Texte & photos Philippe Bourget

Singapour : de la cuisine de rue des hawker centres aux restaurants étoilés et bars à cocktails posés au sommet des gratte-ciel, la citéÉtat a élevé l’art de la table au rang de motif de voyage. Une évidence pour cette métropole multiculturelle, qui plus est engagée sur la voie d’une production locale décarbonée.

Lau Pa Sat, 20 h, un vendredi soir. La foule est dense dans ce hawker centre planté à deux pas des buildings du New Financial District, un des cœurs business de Singapour. Les queues s’allongent devant le florilège de comptoirs de cuisine locale, chinoise, coréenne, vietnamienne… réunis sous l’architecture victorienne de ce food court. Odeurs grillées, salées, sucrées… Sous les gros ventilateurs brassant l’air lourd de la ville ainsi qu’à l’extérieur, les tables sont prises d’assaut. Pas de service, chacun emporte ici sa commande et va s’installer où il veut – où il peut ! Le tout dans une ambiance bruyante et joyeuse, celle d’une

cité-État prospère qui n’a visiblement pas de bleus à l’âme. Lau Pa Sat, hawker centre historique Lau Pa Sat est réputé, entre autres, pour ses satay, de petites brochettes de viande marinée au goût épicé. Ce hawker centre, littéralement « centre de colporteurs » - parce que jadis des marchands ambulants qui tractaient leur cuisine sur une charrette ont été invités à se regrouper en certains lieux - est historique. En acier, de forme octogonale, il a été construit dans les années 1830 et parfaitement restauré depuis. Une exception culinaire ? Pas le moins du monde. Il existe une centaine de

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hawker centres à Singapour. Tous sont les gardiens du temple d’une tradition de rue où chacun aime venir avaler à toute heure un bol de soupe de nouilles, un chicken rice ou des Indian rojaks, ces succulents beignets de pâte, de crevettes et de pommes de terre. Culture peranakan À chacun sa spécialité. Les hawker centres sont en effet l’expression de la diversité ethnique de la ville. Celle-ci est peuplée d’une majorité de Chinois issus de toutes les régions, mais aussi de Malais, d’Indiens, d’Indonésiens, de Coréens… et de Singapouriens descendants des premiers colons chinois venus de Malaisie au XVIe siècle, imprégnés d’une culture typique que l’on appelle peranakan. Le hawker centre Tiong Bahru Market, dans le quartier éponyme au sud de la ville, ne désemplit pas non plus les week-ends. Sous sa belle rotonde, il accueille une clientèle de Singapouriens fans de ses wanton mee (nouilles aux œufs et raviolis farcis), chwee kueh (galettes de riz et radis cuits) et autres petits pains fourrés au porc. Gâteau d’huîtres au Maxwell Food Center ! Dans Little India, Tekka Centre est l’un des épicentres de la cuisine populaire du sous-continent. Cet espace, moitié centre commercial, moitié marché alimentaire et ani-

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mal, abrite au sous-sol plusieurs stands de restauration. Outre les Indian rojaks, chacun peut venir y déguster sur le pouce, au milieu d’une clientèle ethnique, les célèbres dums briyani, plats de viande accompagnés de riz épicé. Chinatown, immense enclave urbaine formée de quatre secteurs différents, abrite aussi ses îlots de street food communautaires. Au Maxwell Food Centre, les étroits stands aux enseignes lumineuses criardes attirent employés du quartier et familles. Plusieurs fois primés, ils excellent dans le chicken rice et le shepherd’s pie and devil’s curry, un genre de hachis parmentier très relevé. Impossible, aussi, de passer à côté du comptoir où l’on sert le fuzhou oyster cake. Dire que ce gâteau… d’huîtres est excellent suscitera sans doute une curiosité légèrement circonspecte. Ex-étoilé le moins cher du monde Le Chinatown Complex possède quant à lui une aura qui dépasse les frontières. Ce food court a connu la célébrité lorsque le guide Michelin a décerné en 2016 une étoile au Hawker Chan, un comptoir-restaurant connu pour son bak chor mee, des nouilles au poulet à la sauce soja. L’étoilé connu alors pour être le moins cher du monde a certes perdu sa distinction, mais cela aura mis ce grand complexe de restauration sous les feux des


S I N GAP O U R L’hôtel Marina Bay Sands et son célèbre toitpiscine, ainsi que la corolle ouverte du Art Science Museum, icônes de Marina Bay, vus depuis le sommet du building CapitaSpring.

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Le restaurant La Dame de Pic, de la chef française Anne-Sophie Pic, a redonné ses lettres de noblesse culinaires au mythique hôtel Raffles.

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© La Dame de Pic

Anne-Sophie Pic, la cheffe la plus étoilée au monde, a obtenu une étoile Michelin en 2022 pour La Dame de Pic.

EN BAS À GAUCHE

© Hublot EN BAS À DROITE Arômes, saveurs, goûts intenses… la cuisine d’Anne-Sophie Pic marie avec talents les produits asiatiques et ceux venus de France.

© La Dame de Pic

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S I N GAP O U R projecteurs. Pas moins de 260 stands se partagent ses allées, de quoi combler les estomacs les plus difficiles. Parmi les meilleurs chefs de la planète… Puisque l’on parle du guide Michelin, Singapour peut se vanter d’abriter aussi, à l’autre bout de l’échelle, certaines des meilleures adresses gastronomiques d’Asie. Sa prospérité, le niveau de vie élevé d’une partie de ses habitants et sa culture internationale suscitent depuis longtemps l’intérêt d’investisseurs. Hôtels et restaurants de luxe ont fleuri un peu partout, attirant les meilleurs chefs de la planète. Pas moins de 42 établissements possèdent une étoile Michelin dont, depuis 2022, La Dame de Pic, à la carte signée de la cheffe française Anne-Sophie Pic au sein du célébrissime hôtel Raffles. Sept adresses possèdent deux étoiles, tandis que les restaurants Odette, Zen et Les Amis tiennent le haut de l’affiche, avec trois étoiles. Plus haute ferme urbaine au monde Sans nécessairement viser un restaurant étoilé, on trouvera aussi à Singapour mille adresses de cuisine fusion et de bars à cocktails, à la déco lounge et design, toutes inspirées de la diversité culturelle de la ville. Au sommet d’un gratteciel, ou sur un emplacement stratégique d’un quartier branché, les tentations sont nombreuses. Au 51e étage du récent building CapitaSpring, dans Central Business

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L’Oasia Hôtel, un building « green-green » dans le quartier central de Tanjong Pagar. Sa façade jardinée évolue au fil des années.

Dans sa ferme hydroponique Sprout Hub (appelée aussi City Sprouts), Zac Toh, le fondateur, développe une agriculture urbaine locale et durable.

District, les restaurants Kaarla et Oumi incarnent cette tendance. Cuisine australienne pour le premier, japonaise pour le second, ils travaillent des produits issus du jardin voisin, Sky Garden, présenté comme la plus haute ferme urbaine au monde ! Légumes, fruits, aromates… 130 variétés poussent à 280 m d’altitude, avec vue plongeante sur les supertankers mouillant dans la baie. Transition écologique Cet exemple illustre le virage vert d’une ville qui s’est engagée à

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réduire sa consommation énergétique par une compensation très show off de ses émissions de carbone. Le « tigre asiatique », 6 millions d’habitants, leader de la finance et du commerce maritime, a pris le pari de mener de front croissance économique et transition écologique. Tout nouvel immeuble de bureaux doit ainsi compenser en espaces verts la surface perdue au sol. On ne compte plus les étages-jardins, les micro-fermes d’altitude, les murs végétaux... Citons l’Oasia Hôtel, dont la façade jardinée verdit de-

puis son ouverture, en 2016. Ou l’hôtel ParkRoyal Collection Pickering, « forêt » verticale aux jardins suspendus dans les étages. Dans une ville où 10 % de la superficie est vouée à l’agriculture, les fermes hydroponiques (Sprout Hub) et les restaurants « de la terre à l’assiette » (Kaarla et Oumi, mais aussi, par exemple, Open Farm Community) se multiplient. Telle est Singapour, une mégapole multiethnique championne des cuisines du monde et éprise, par nécessité autant que par souci d’image, de développement durable.


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Breviarium

1° N 103° O visitsingapore.com

MALAISIE

SINGAPOUR Central Catchment Nature Reserve Little India Chinatown

Katong-Joo Chiat

Lau Pa Sat Sentosa

À faire absolument Le voyage culinaire se double d’une immersion culturelle inédite. Katong-Joo Chiat est le quartier de tradition peranakan. Dans les maisons colorées des shophouses, on peut découvrir des broderies de perles et des spécialités de bouche, comme le Kueh Salat, gâteau de riz à la noix de coco et au pandan (chez Rumah Bebe). Chinatown accueille sans surprise des temples bouddhistes et des échoppes médicinales. Little India déborde de boutiques de tissus et de centres ayurvédiques. Kampong Glam, enfin, quartier malais, est empreint de culture musulmane. Les visiteurs affluent dans les shophouses de mode et de déco tandis que d’autres convergent vers la mosquée Masjid Sultan.

À éviter Si l’on aime les côtes plutôt sauvages et les horizons maritimes vierges, on se dispensera d’aller à Sentosa. Véritable parc balnéaire, cette île reliée à la ville par un monorail aligne sa débauche d’hôtels, de beachbars, d’espaces de loisirs (indoor diving, kids areas…), un shopping mall (avec Universal Studios), un golf, des condominiums… Le tout dans un décorum aseptisé et high-tech qui gomme la naturalité originelle de l’île. Quant aux plages, la plupart sont artificielles et donnent sur les porte-containers croisant au large…

Trésors cachés Malgré son incroyable densité, Singapour abrite des espaces verts qui sont autant d’aires de respiration dans « l’enfer urbain ». Autour du MacRitchie Reservoir, Central Catchment Nature Reserve est ainsi le plus grand espace chlorophyllé de Singapour. Au programme : des chemins de randonnée, la forêt, une tour d’observation et des singes en liberté… Dans la baie, Singapour égrène aussi plusieurs îlots prétextes à des escapades. Lazarus Island dispose d’une plage en forme de conque parfaite. Kusu Island abrite des tortues de mer et un beau temple chinois. Pulau Ubin, enfin, protège encore son kampong (village) comme autrefois.

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En octobre, le voyage continue Ne manquez aucun numéro – abonnez-vous à REESEN ! abo@reesenmag.lu reesenmag.lu 11, Um Lënster Bierg L-6125 Junglinster +352 28 99 01 11 ISSN : 2658-977X © Luxe Taste & Style S.à r.l. 4a, rue de Consdorf - L-6230 Bech Rédaction redaktion@tasty.lu Annonces sales@tasty.lu

Directrice de la publication & rédactrice en chef Bibi Wintersdorf Directeur artistique Marc Dostert Graphiste Enia Haeck Relectrice Lara Alloggio Journalistes Joscha Remus, Ed Goedert, Susanne Freitag, Bibi Wintersdorf, Sarah Braun, Corie Bratter, Marc Dostert, Laurent Nilles, Nikki Bonnal, Stefanie Bisping, Marie Tissier, Annette Frühauf, Annemarie Hastert, Philippe Bourget Digital Content Manager Yannick Burrows Finance & logistique Maurizio Maffei Imprimeur johnen-print Luxembourg



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