Mimi : moeurs guadeloupéennes

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MIMI

dre, car tu ne m ' a p p a r t i e n s pas en réalité, car il m e semble enfin que je suis plus complètement à toi que t u n'es à moi. — P e u x - t u le dire, s'écria-t-elle sur un ton de doux reproche, ne suis-je pas tienne et cela du plus profond de m o n c œ u r ? A r m a n d , pour t o u t e réponse, posa ses lèvres sur celles de la jeune fille, mais si Mimi a v a i t pu lire en ce m o m e n t dans le c œ u r de celui qu'elle aimait, elle y a u r a i t surpris une satisfaction bien peu sincère, peut-être m ê m e de dépit. A r m a n d , nous l'avons déjà dit, n ' é t a i t pas de ceux qui se c o n t e n t e n t d'idéal ; il ne p o u v a i t ni ne voulait s'arrêter à u n e possession platonique. Ce tête-à-tête avec une jeune fille belle, pure, innocente, qui, au lieu de le cacher, a v o u a i t simplement son a m o u r , loin de désarmer les désirs d ' A r m a n d , les excitait au contraire. Il en a v a i t assez du rôle qu'il jouait depuis t r o p longtemps déjà ; il voulait en finir : il lui fallait un d é n o u e m e n t plus substantiel. A son t o u r , Mimi se sentait c o m m e bercée par les caresses que lui prodiguait A r m a n d ; ces caresses, d o n t le c h a r m e é t a i t pour elle de plus en plus doux, de plus en plus fort, de plus en plus pénétrant, la gagnaient invinciblement. Les deux jeunes gens étaient m a i n t e n a n t assis; les regards brillants de Mimi plongeaient d a n s les yeux d'Arm a n d , ils étaient si rapprochés que les b a t t e m e n t s de leurs cœurs se confondaient et que leurs lèvres se t o u c h a i e n t . Une molle langueur envahissait la jeune fille, et lorsque A r m a n d , avec une lenteur calculée, posa ses lèvres brûlantes de désir et de


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