Mimi : moeurs guadeloupéennes

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MIMI

sensations étranges, ces brûlures cuisantes, ces accès fous qui s ' e m p a r e n t de notre être, et le tord e n t , et le secouent, et le brisent, comme l'arbre b a t t u par l'ouragan. J'allais d e v a n t moi, oh ! pardon ! obtenant des femmes ce que l'on peut obtenir, riant q u a n d elles me disaient : je t ' a i m e ! insensible, indifférent, qui sait? peut-être même cruel et méc h a n t . J'allais un sourire de dédain a u x lèvres, sceptique, cynique, m e n t e u r . Mais je vous ai rencontrée, il s'est opéré en moi un effondrement. Votre regard, naïf et tendre, m ' a rendu meilleur; v o t r e bon sourire d'ange, a r a m e n é le c a l m e en moi ; vos paroles, comme un froufrou d'ailes, ont caressé d o u c e m e n t mon c œ u r ; v o t r e geste m ' a m o n t r é le ciel. J e me suis mis à vous aimer et je vous aime, Mimi... Mais c o m m e n t vous le dire, c o m m e n t vous l'exprimer? Notre p a u v r e langue h u m a i n e est impuissante à rendre t o u t ce que je ressens q u a n d je vous vois. Il lui prit la main, l'attira à lui, la c o n t e m p l a n t d'un air extasié. Elle s'abandonna sans prononcer une seule parole, tandis q u ' u n frisson lui courait par t o u t le corps. — Vous ne répondez pas, mademoiselle, dit A r m a n d avec tristesse? J e le vois, j ' a i eu le malheur de vous déplaire. Vous m'aviez donné la foi, vous me la reprenez. J ' a i cru un i n s t a n t au bonheur, et vous m'arrachez ma croyance. J e m e sent a i s redevenir bon, et vous me rendez plus méc h a n t que je n'étais. Mon c œ u r p r e n a i t déjà un nouvel essor et vous le replongez dans la désespérance. J e touchais au ciel, et v o u s me précipitez


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