Mimi : moeurs guadeloupéennes

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MIMI

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n'était donc plus pour lui un objet de mépris et de dégoût, puisqu'il aimait, puisqu'il le laissait voir si o u v e r t e m e n t ? On le raillait; il le savait et n'en continuait pas moins à aimer Mimi de cet a m o u r étrange ou le désir de la possession dominait surt o u t . Voilà pourquoi, en présence de la jeune fille, il se sentait t o u t a u t r e , les paroles expiraient sur ses lèvres. Mimi, la première, rompit ce silence pénible. — Vous amusez-vous depuis ce m a t i n ? lui demanda-t-elle. — T o u t ce que je vois, t o u t ce qui se passe, mademoiselle, est nouveau pour moi, lui réponditil, et je m ' a m u s e beaucoup. — Vous n'avez presque pas dansé, objecta-telle. La bamboula de la Guadeloupe diffère-t-elle de celle d ' H a ï t i ? — Non. c'est à peu près la m ê m e chose; mais, vous v o y a n t seule, j ' a i préféré venir m'asseoir près de vous. — Vous êtes bien aimable, fit-elle en rougissant j u s q u ' a u blanc des yeux, mais pourquoi vous priver ainsi de l'agrément de la danse? — La danse? fit-il d'une voix basse et caressante. Vous voir, vous entendre, respirer le parfum p é n é t r a n t qui se dégage de t o u t e v o t r e personne, peut-il y avoir pour moi plaisir plus agréable ! — Vrai? dit-elle ingénument, tandis q u ' u n c h a r m a n t sourire s'épanouissait sur ses lèvres. — Pouvez-vous en douter? fit A r m a n d sur u n ton de doux reproche. Ne savez-vous pas, n'avez-


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