Mimi : moeurs guadeloupéennes

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MIMI

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la canne d'un m o u v e m e n t r h y t h m i q u e , les cultiv a t e u r s reprenaient le refrain : La, la, la, la, la, la ! Divant jou dans bras à li, ché ! Julien ne p u t s'empêcher encore une fois de regarder Mimi. Il fit passer dans ce regard t o u t e son âme, t o u t son cœur, t o u t l'amour enfin qu'il c o n centrait en lui; ses grands yeux noirs qu'il savait rendre si doux, si suppliants, cherchèrent timidem e n t Mimi, pour la supplier de lui faire grâce, de mettre un terme, en un mot, à tout ce qu'il souffrait pour elle et par elle... Mais Mimi, aussi pâle q u ' u n cierge, détourna insensiblement la t ê t e , puis la baissa vers le sol et d e v a n t ce regard si plein d ' a m o u r , d e v a n t ce sourire ineffable qui transfigurait le visage du jeune h o m m e , pour cacher son émotion et se donner une contenance, elle se m i t à effleurer la terre du bout de son ombrelle. Il était midi, la chaleur pourtant tempérée p a r la brise de l'est, se faisait pesante. Aussi Mme Minglèche, Mimi, Julien prirent congé des époux Gilot et de leurs travailleurs à qui Julien glissa une pièce de dix francs pour danser le soir, après leur besogne accomplie, une gaie et chaude bamboula à sa santé.


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