Mimi : moeurs guadeloupéennes

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MIMI

cin, et Mme Minglèche t o m b a à genoux, suffoquée p a r ses larmes. Après le long évanouissement du premier jour, Julien, en o u v r a n t les y e u x , distingua d'abord, deb o u t à son chevet, un h o m m e d o n t le visage lui é t a i t inconnu et qui t e n a i t une de ses mains dans les siennes. A côté de cet h o m m e d o n t il cherchait, mais en vain, à s'expliquer la présence, il a p e r ç u t sa t a n t e , penchée vers lui, avec Mimi. A cette v u e , un sourire de douce joie s'esquissa sur ses lèvres. Il v o u l u t parler, déjà il o u v r a i t la bouche, mais l ' h o m m e d o n t la présence à son chevet le préocc u p a i t si fortement, qu'il le m o n t r a i t des y e u x a u x d e u x femmes comme pour savoir le b u t de sa présence, lui fit signe de se taire. Sans se rendre c o m p t e de l'étrange a s c e n d a n t que l'inconnu exerçait sur lui, il obéit, non sans toutefois regarder Mme Minglèche et Mimi qui lui r é p é t è r e n t l'ordre du m é decin. La n u i t du lendemain, le mal suivit l e n t e m e n t sa m a r c h e ; couché sur le dos, en proie à une soif inextinguible qu'il fallait à c h a q u e i n s t a n t apaiser, Julien p u t enfin, affaissé par la souffrance, reposer un m o m e n t , Profitant de cet i n s t a n t de répit, Mme Minglèche s'endormit dans une berceuse et Mimi roulant d o u c e m e n t un fauteuil près du lit, se constitua garde-malade. P r ê t a n t l'oreille, elle e n t e n d i t Julien se plaindre, m u r m u r e r des m o t s entrecoupés, puis t o u t à coup, elle l'écouta dire, d'une faible voix, de cette voix de m a l a d e qui fait si mal à entendre, l'Amitié, cette poésie d ' E d o u a r d Grenier, « qui rappelle les pures beautés d ' A n d r é


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