L'Univers. Histoire et description de tous les peuples

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BRÉSIL. 367 qu'il doit rendre , à remplacer ces jambières de graines retentissantes d ' h a o u a i , d o n t , au rapport de Thevet et de Lery, les anciens peuples de la côte animaient toujours leurs fêtes. Si la musique des Mongoyos est bi­ z a r r e , leur danse ne l'est pas m o i n s , et elle n'a de c o m m u n avec celle des Tupis que son étrange monotonie. C'est cependant celle que l'on remar­ que parmi les Coroados de M i n a s , avec lesquels ce peuple a plus d'une analogie. « Quatre individus , se t e ­ nant un peu p e n c h é s , s'avancent, e t , à pas m e s u r é s , décrivent un cercle en se t e n a n t les u n s derrière les a u t r e s . Tous répètent avec peu de m o d u l a t i o n s : Hoi, hoï, hé, hé, hé, et l'un d'eux accompagne ce cri du bruit de son ins­ t r u m e n t , qui est alternativement plus fort et plus d o u x , selon sa fantaisie, ou plutôt selon le mode que l'usage a consacré. Il paraît que c'est à la suite de ces danses g é n é r a l e s , où l'on doit s'enivrer fréquemment, que l'on voit commencer ces luttes difficiles, mais conservées d'âge en âge par la tradition d u r a n t lesquelles un t r o n c d'arbre est porté avec effort jusqu'à ce que l'on succombe à la fatigue, ou bien que l'on arrive à u n but désigné où les femmes attendent le vainqueur. Ces courses finissent quelquefois d'une ma­ nière funeste. L e s guerriers qui o n t couru n'hésitent p a s , quoique tout en sueur, à se précipiter d a n s quelque lac du voisinage, ou dans un fleuve, et il s'ensuit des pleurésies mortelles, auxquelles ils sont bien loin de pou­ voir remédier, car leur moyen curatif le plus efficace c o n s i s t e , comme chez les T u p i s , en fumigations de t a b a c . Si l'on ajoute à ce prétendu remède les paroles sacramentelles que p r o ­ nonce le Piaye de la t r i b u , et dont lui seul se reserve l'intelligence, on aura une idée complète de leurs pratiques (*) L'idole des Tupinambas, o u , si on l'aime mieux, l'instrument religieux de ces médicales. veront pas longtemps du sort que les blancs lui r é s e r v e n t , une insouciance toute caractéristique préside à la plu­ part des actions de la vie. Les fêtes jouent encore le plus grand rôle parmi eux, c'est peut-être même t o u t ce qui reste de leurs vieilles idées religieu­ ses; c'est du moins ce qui leur fait sentir encore leur nationalité prête à s'éteindre. Chez les Camacans, comme jadis chez les Tupinambas , on prépare le caouin par l'opération dégoûtante de la mastication ; m a i s , au lieu de le laisser fermenter dans ces longues jar­ res dont parle Lery, et que l'on dési­ gnait sous le nom de cunarins, c'est dans un tronc de b a r r i g u d o , creusé exprès pour cet usage, que la précieuse liqueur est déposée ; et ce qu'il y a de remarquable sans d o u t e , c'est que la nature du vase ne s'oppose pas à ce que le caouin soit chauffé. Sa partie inférieure est fixée dans un trou creusé enterre, etlefeu estallumé par-dessous. On s'est paré de brillantes peintu­ res, les hommes sont sillonnés de lon­ gues raies noires , les femmes se sont tracé a u - d e s s u s du sein des demilunes destinées sans doute à rappeler ces espèces de hausse-cols en o s , dont parle L e r y ; les t r o u s qu'on s'est faits aux oreilles ont reçu de longues plu­ mes bariolées ; ceux qui doivent con­ duire la danse se sont orné la tête de leurs diadèmes de plumes. T o u t à coup le son du maraca (*) se fait e n t e n d r e , et un b r u i t retentissant lui répond : c'est l'herenehedioca qui marque la mesure, et peut-être n'existe-t-il p a s , parmi les nations américaines, d'ins­ trument plus bizarre. Il se compose de sabots de tapir attachés en deux paquets à des cordons qui permettent de i'agiter, et il pourrait bien être destiné, par la n a t u r e même des sons

peuples , existe chez les Mongoyos , mais on le désigne parmi eux sous le nom de kekkiekh. Celle onomatopée se reproduisait dans une autre partie de l'Américpie, chez les habitants de la Floride, par exemple, dans la dénomination du chichi koueh, qui n'était autre chose que le maraca.

Dans le cas où la maladie résiste à ces étranges r e m è d e s , le patient reste abso­ lument dépourvu de tout secours. Sa m o r t n'en est pas moins accompagnée d'un deuil g é n é r a l , d u r a n t lequel on pousse d'horribles lamentations. Cette


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