L'Univers. Histoire et description de tous les peuples

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gnifique émeraude, d'une chrysolithe, ou même d'une aigue-marine qui dé­ passe les dimensions ordinaires, peut enrichir tout à coup celui qui l'a faite. Mais, dans ces contrées désertes, l'es­ poir de rencontrer un semblable tré­ sor est tout à fait semblable à celui qu'inspiraient à la population labo­ rieuse nos jeux de hasard , avoués na­ guère encore par le gouvernement ; c'est le quine à la loterie, qui a ruiné t a n t d'individus. Il ne faut pas oublier qu'à Minas, les chercheurs detopazes et d'améthystes sont souvent les hommes les plus pauvres, et qu'un homme qui iasse misérablement sa journée à laver e sable aurifère d'un ruisseau , doit se trouver heureux quand il a gagné une somme équivalente à vingt-cinq sous. Il n'en est pas de même des agricul­ t e u r s ; et, si leur fortune est médiocre, ils vivent au moins dans une sorte d'abondance. P L A N T E S U T I L E S . P a r la disposition du sol et la diversité de son exposi­ t i o n , le district de Minas-Novas pré­ sente une variété de plantes médicinales, plus grande peut-être que dans aucune a u t r e province. Les v e r t u s , plus ou moins énergiques de quelques - unes d'entre elles, ont été révélées aux co­ lons par les indigènes e u x - m ê m e s ; mais souvent aussi ces vertus ont été exagérées , ou bien leurs effets ont été observés sous l'empire de certains préjugés qu'il importe aujourd'hui de détruire. C'était donc un vœu fort sage que celui qui était émis dernière­ m e n t par un de nos voyageurs les plus accrédités, et qui consistait à ce que des botanistes éclairés fussent envoyés sur les lieux m ê m e s , nonseulement pour observer les végétaux signalés à l'intérêt public, mais pour constater leur action comme médi­ c a m e n t s , et pour recueillir les tradi­ tions qui en ont fait adopter l'usage. C'est le seul moyen d'obtenir une matière médicale complète du Brésil, à laquelle les naturalistes français et allemands ont si activement travaillé dans ces dernières années. T o u t le monde sait d'ailleurs que dans ces fo­ rêts désertes un champ immense est

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laissé à l'observation en cette circons­ tance. Ce ne sont pas seulement les Indiens qui ont enseigné les colons, et il est de tradition constante aujour­ d'hui , que c'est au guara , au loup du Brésil, que l'on doit la connaissance des vertus curatives de l'ipécacuana. S A U V A G E S D E M I N A S - N O V A S . Parmi les débris de nations indiennes qui errent encore dans les grandes forêts de l'Est, ou que l'on a commencé à réunir en villages, il faut compter sur­ t o u t , avec les Botocoudos, les Macunis et les Malalis. Les premiers nous ont déjà occupé lorsque nous avons décrit la côte orientale; les deux autres of­ frent quelques traits caractéristiques vraiment curieux à observer. Ainsi que nous l'avons déjà fait re­ marquer, ces deux peuples n'appar­ tiennent pas à la grande nation des T u p i s , qui dominaient la côte. Bien qu'ils se soient fait la guerre j a d i s , et qu'ils parlent un idiome différent, comme cela arrive si souvent aujour­ d ' h u i , sous l'influence brésilienne, ils ont formé une sorte de confédération, où l'on distinguait naguère quelques restes des P a n h a i n e s , des Copoxos et des Monoxos. Ils avaient d'abord formé un village florissant à Porto de S a n t a - C r u z , lorsqu'il y a une ving­ taine d'années une maladie épidémique enleva une partie de cette population naissante. Aujourd'hui la tribu des Macunis habite un lieu qu'on nomme Alto dos Bois, et elle est toujours en guerre avec les Botocoudos. Lorsque ces Indiens se présentérent, en 1787, dans l'aidée qu'ils occupent mainte­ nant , et où il n'existait que trois co­ lons, ils allaient complétement nus, et n'avaient aucune idée de la civilisa­ tion européenne. Depuis, ils sont entrés en de fréquents rapports avec les ha­ bitants de Minas , et ils ont été bapti­ sés; mais le respect vraiment religieux qu'ils conservent pour leurs ancêtres est sans doute la cause du peu de pro­ grès qu'ils ont fait dans l'état social. L e u r grossièreté frappe tous les voya­ g e u r s ; e t , bien qu'ils répètent machi­ nalement, soir et matin, leurs prières en portugais, on ne saurait dire qu'ils


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