L'Univers. Histoire et description de tous les peuples

Page 3

BRÉSIL. se déclara, et que les vivres envoyés de Saint-Paul furent insuffisants. On vit se renouveler alors ce qui a eu lieu, en Amérique, dans tous les pays où les mines sont exploitées. Les colons, qui avaient pris en apparence le chemin le plus lent pour s'enrichir, furent pré­ cisément ceux qui marchèrent d'une manière directe a la fortune. Vers cette époque, toutes les denrées obtenues par l'agriculture se vendaient, dans l'étendue du m o t , au poids de l'or. U n alqueire de maïs coûtait de six à sept octaves en valeur métallique. La même mesure de farine de manioc trouvait des acheteurs à dix octaves. Une va­ che laitière, qui arriva une des premiè­ res dans ce pays où tant de bestiaux se sont multipliés, coûta deux livres de pépites; un porc se vendit dans la même proportion. Une livre de sucre était cotée à deux octaves. Il résulta de cet état de choses que les commerçants et les agriculteurs eurent bientôt à leur disposition des capitaux beaucoup plus considérables que ceux dont pouvaient disposer les mineurs eux-mêmes. P R O D U I T S D E S M I N E S . Comme dans tous les pays de mines qui font partie du Brésil, l'or de Goyaz est répandu à la surface de la terre, et s'obtient par le lavage des terrains aurifères. Selon Cazal, plusieurs mineurs, frappés de la diminution trop évidente des riches­ ses métalliques de la province, pensent que les vraies mines sont encore in­ tactes, et qu'il suffira, pour les décou­ vrir, de mettre les montagnes en ex­ ploitation. C'est une observation, sans aucun doute, qui n'échappera pas à la société anglo-brésilienne fondée de­ puis peu; et le pays de Goyaz doit conquérir de nouveau, en fort peu d'années, son ancienne réputation. Depuis quelque temps, du reste, la province de Goyaz attire singulièrement l'attention des spéculateurs étrangers. La beauté des diamants qui se trouVent dans le Rio-Cayapos et le RioClaro, ses cristaux et même ses pierres fines, les mines d'or inexploitées qu'on Suppose exister dans ses déserts, l'a­ bondance du minerai de fer, et peut*tïe même des autres métaux, tout

327

fait présumer que des richesses incal­ culables pourraient être déversées de cette province dans le reste du Brésil. Cependant, comme dans tous les pays de mines qui appartiennent à l'empire, les premiers travaux d'ex­ ploitation ont été plus considérables qu'ils ne le sont aujourd'hui. Peut-être seulement la contrebande était-elle moins active qu'elle l'est de nos jours. Ce qu'il y a de certain, c'est que l'im­ pôt connu sous le nom de quint n'a jamais été plus considérable qu'en 1 7 5 3 ; il se monta à cent soixante - neuf mille quatre - vingts octaves. Il est vrai qu'à cette épo­ que l'or se ramassait encore abon­ damment à la superficie de la terre, et sans exiger de grands travaux. Dixneuf ans auparavant, lors des grandes découvertes de Manoel Rodrigues, on trouva, entre autres richesses, un lingot qui pesait quarante-trois livres portugaises de seize onces, et qui fut offert en présent à don Joào V. Il disparut du cabinet d'histoire naturelle de Lisbonne lors de l'entrée des Fran­ çais. Depuis, d'autres découvertes im­ portantes du même genre ont été faites ; mais les habitants n'en ont pas moins senti la nécessité de se livrer à l'agri­ culture , et surtout à l'éducation des bestiaux. Quand on pense à l'immensité de ce territoire, à sa faible population , aux communications que peuvent ouvrir l'Araguaya, le Piloens, le Rio-Claro et le Cayàpos , on n'hésite pas à recon­ naître que cette immense province de­ vrait être, avec Alato-Grosso, le but des expéditions coloniales que médi­ tent la plupart des États européens. Il suffirait peut-être, pour les rendre avantageuses, de s'entendre avec le Brésil. D E S C R I P T I O N D U P A Y S . Goyaz est peu montueux ; la face du pays est ce­ pendant inégale. Quelques grandes fo­ rêts vierges s'élèvent sur les rives des fleuves ; mais , en général, la plus grande partie de la province est cou­ verte de cette végétation peu élevée, que l'on désigne sous le nom de carasquenos et de calingas, et qui caracté-


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.