Précis de législation et d'économie coloniale

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LES ANTILLES AVANT LE X I X

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SIÈCLE.

3 0 . On peut donc affirmer q u e la prospérité de nos Antilles fut u n e œ u v r e d'initiative privée é m a n a n t de toutes les classes de notre p o p u l a t i o n , bien plus qu'elle ne fut due à l'influence des c o m p a g n i e s . Ici vient se placer l o g i q u e m e n t u n e observation d'Adam Smith qui n'a pas moins bien j u g é nos possessions aux A n tilles q u e celles du Canada. « Le capital q u i a servi à améliorer les colonies à sucre de la F r a n c e , — d i t - i l , — et en particulier la g r a n d e colonie de S a i n t - D o m i n g u e , est p r o v e n u p r e s q u e en totalité de la culture et de l'amélioration progressive de ces colonies. Il a été p r e s que en entier le produit du s o l , et de l'industrie des c o l o n s , ou, ce q u i revient au m ê m e , le prix de ce produit g r a d u e l l e ment a c c u m u l é par une sage économie, et employé à faire naître toujours un nouveau surcroît de produit. Le capital qui a servi à faire naître et à améliorer les colonies à sucre de l'Angleterre a été en g r a n d e partie envoyé d ' A n g l e t e r r e , et ne peut n u l l e m e n t être r e g a r d é comme le produit seul du territoire et de l'industrie des colons. La prospérité des colonies à sucre de l'Angleterre a été en grande partie l'effet des immenses richesses de l ' A n g l e t e r r e , dont u n e p a r t i e , d é b o r dant pour ainsi dire de ce pays, a reflué s u r les colonies; mais la prospérité des colonies à sucre de la France est entièrement l'œuvre de la bonne conduite des colons, qui doit par conséquent l'avoir emporté de quelque chose sur celle des colons anglais ; et cette supériorité de bonne conduite s ' e s t , par d e s s u s tout, fait r e m a r q u e r d a n s leur m a n i è r e de traiter les esclaves. » On ne p e u t , dit à ce propos M. P. Leroy-Beau lieu (p. 162), mieux rendre justice à la vitalité des colonies d e s Antilles, 3 1 . Comme on le voit, celte prospérité ne fut nullement attribuée par Adam Smith a l'action des c o m p a g n i e s . Cellesci furent o p p r e s s i v e s , et entravaient l'initiative individuelle. La première constituée par R i c h e l i e u , la seconde par Colbert, toutes deux sous la dénomination de c o m p a g n i e des I n d e s , présentèrent le même caractère réglementaire et exclusif. Bien R.

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