Musique coloniale et société à Saint-Domingue dans la seconde moitié du XVIIIème siècle. Vol.1

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inchangés). De la même façon, les prix sont à peu près uniformes sur l'ensemble des spectacles lorsqu'il s'agit de prix à la soirée. Deux gourdes (16 E et 10 sols) pour une loge, une gourde pour le parterre. Lorsqu'il est indiqué le prix demandé aux libres de couleur est d'une demi-gourde aux places réservées. Les abonnements en revanche sont plus diversifiés, très chers aux Cayes (sans explication plausible) et très bon marché à Léogane où le spectacle semble avoir été tenu à bout de bras par son directeur-propriétaire Labbé ; nous manquons d'informations sur la proportion d'abonnés, d'après les informations trouvées dans la presse ceux-ci semblent avoir été souvent de mauvais payeurs. Avec les chiffres donnés plus haut, le spectacle du Cap, par exemple, était équilibré avec environ 800 abonnés (tarif homme seul). On peut remarquer la hausse importante à Port-au-Prince dans les deux dernières années, traduction probable des difficultés financières et confirmation de la moins bonne santé économique du spectacle de Port-au-Prince par rapport à celui du Cap. Les entreprises des spectacles brassent donc des sommes importantes, mais leur comptabilité précise reste opaque. Sur le papier, les éléments en notre possession laissent toutefois penser que les spectacles étaient en principe des entreprises rentables. Les différents échecs ou faillites ont peut-être été le lot de mauvais gestionnaires, plus que la conséquence d'une viabilité impossible. Cest ce qui ressort de l'examen de deux carrières réussies dans ce domaine, comme on peut le voir maintenant. 522 Profils d'entrepreneurs Le premier personnage au sujet duquel nous avons des informations assez diverses n'est pas un entrepreneur de spectacle mais un acteur économique tout aussi vital pour ceux-ci, un propriétaire de salle : François Mesplès. 5221 François Mesplès François Mesplès est né le 20 juin 174122 à Valence près d'Agen, d'une famille très pauvre, dont le père a des titre seigneuriaux. Il mène d'abord une vie de commis jusqu'à son départ pour Saint-Domingue en 1762 où la vente d'une pacotille achetée à crédit lui permet de débuter un enrichissement qui fera de lui un négociant fortuné dans les années 70. Le Gouverneur d'Ennery lui confie la tâche de faire construire une salle de spectacle sur une concession de son choix avec, s'il le souhaite, un prêt de 40 000 E. Les conditions de la concession attribuée le 26 septembre 1776 sont révélatrices et contraignantes. La première 22 Ces informations autobiographiques sont tirées de Fouchard J., op. cit., p.4S-59. Je n'ai pas retrouvé le texte de Mesplès au CAOM. Une identification postérieure à la thèse a été faite grâce à Jacques de Cauna à travers L'Eidorado des Aquitai11s, Gasco11s et Basques aux lies d'Amériq,œs ((XVIIe et XV/Ile siècles), Biarritz, Atlantica, 1998, p. 284 et sqq.) Le dossier Mesplès est au CAOM, dossier indemnité et G2 24 (succession F. Mesplès).

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