Musique coloniale et société à Saint-Domingue dans la seconde moitié du XVIIIème siècle. Vol.1

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Durand Durand est une gloire de Paris mais sans doute à cette date une gloire vieillissante, car ses débuts datent de 1762 et ses apparitions à Saint-Domingue donnent une curieuse impression d'un artiste vivant sur son répertoire passé. Sur 14 œuvres dont nous ayons conservé la trace du rôle qu'il y interpréta, deux seulement ont moins de dix ans d'existence (deux représentations de La mélomanie). Son répertoire est toutefois intéressant à considérer car il puise presqu'uniquement dans le premier groupe en particulier dans Grétry et Monsigny. Durand participe à la seule représentation d'Aline reine de Golconde (Monsigny). On note cependant que, s'il le chante en concert, il ne joue pas Gluck. Peut­ être n'a-t-il pas trouvé de moyens musicaux suffisants pour monter ce qu'il a créé à Parisll? Ùllifill Un commentaire très voisin peut être fait pour Julien, qui cumule des rôles anciens avec un choix d'auteurs plus élevé que la moyenne de ses compagnons de scène. Grétry domine avec 9 œuvres, suivi de Monsigny. Duni est absent, en revanche on trouve Favart. Dans les auteurs du deuxième groupe, on remarque Rousseau, Gluck et Gossec, et dans ceux du dernier groupe Sacchini et Mondonville, c'est-à-dire à peu près le meilleur de l'époque. Durand et Julien sont donc deux artistes assez proches dans la pratique, même si le premier a dix ans de carrière de plus que le second. Mme Marsan L'artiste la plus célèbre du Cap a une réputation méritée. Quelle carrière ! 50 mentions en 6 ans. Elle sait tout jouer : Grétry (11 représentations), Monsigny (9), Dezède (3), Favart (2), Piis et Barré (2), mais aussi Gluck, Martini, Fridzeri et Oément (en créole). Comme cela était prévisible, car Mme Marsan est au Cap dans la ville avide de nouveautés, son répertoire est plus récent que ceux de Julien et Durand. Minette Autre gloire des scènes de Saint-Domingue, Minette a aussi un répertoire étendu qui comporte Grétry (6 représentations), Duni (4), Monsigny (3) mais aussi Piis et Barré, Martini, Gluck, Vachon et Vadé. On constate ici une différence sensible avec Mme Marsan dans la présence d'opéras-comiques en vaudevilles dans son répertoire. Il s'agit peut-être d'une concession au goût du public local car on voit bien, et l'écho de ses prestations le laisse supposer, qu'elle peut aussi tout jouer. Par contre, comme on l'a déjà vu, Minette ne joue pas en créole.

11 Voir infra (chap. 53) son portrait complet.

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