Q-zine Issue/Numéro 4

Page 1


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

Afro Design and contemporary Arts

N° 2

BLACK RENAISSANCE


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

editor’s note

édito

Dear readers,

Chère lectrice ou lecteur,

For this special issue, which marks Q-zine’s first anniversary, we wanted to collect and share mainly the stories of straight people about their trans, bisexual, intersex, lesbian, gay or queer loved ones. Too often we are written about as if we are our own people, completely apart from our straight mothers, cousins, brothers, and friends, as if these people are incapable of completely loving and growing with us. So to celebrate our first year of publication, we decided to create a space for the voices of our straight loved ones to claim us as their own. When their voices are silent, it is those that would have us disappear that seem to speak the loudest.

Pour ce numéro spécial qui marque le premier anniversaire de Q-zine, nous avons voulu recueillir et partager les histoires de personnes hétérosexuelles parlant de leur proches trans, bisexuel-le-s, intersexué/es, lesbiennes, gays ou “queer”. Trop souvent, nous sommes décrits comme étant des personnes à part, sans aucune affinité avec nos mères, nos frères et sœurs, nos ami/e/s et toute autre relation, comme si ces proches étaient incapables de nous aimer. Ainsi, pour marquer notre première année de publication, nous avons décidé d’offrir notre espace à nos proches hétérosexuel-le-s, afin de leur permettre de nous réitérer leur soutien et leur reconnaissance comme faisant partie des leurs. Parce que, lorsque leurs voix se taisent, ce sont celles de ceux qui voudraient nous faire disparaître, qui résonnent le plus fort.

But it is still difficult to ask loved ones to speak about us. As they struggle to understand our lives, to accept that the person they always called “sister” is now “brother” or “sibling,” to understand that a grandchild is now unlikely and that instead of a son-in-law they should expect a daughter-inlaw, they are bound to say things that hurt us and contradict the ways we have crafted (with much pain) to speak about ourselves. Still, we must all speak to each other with openness, love, and patience. Our silence will not protect us. We must find ways together to oppose the bigotry and violence that injure us all.

Bien sûr, il reste encore difficile de demander à nos proches de parler de nous. Mais, toujours est-il que nous devons faire preuve d’ouverture d’esprit dans nos conversations avec les autres, faire preuve d’amour et de patience. Notre silence ne nous protégera pas. Ensemble, nous devons trouver des moyens de nous opposer à la bigoterie et à la violence qui nous affectent tous et toutes. Nous avons reçu de nombreuses contributions émouvantes, drôles et pertinentes, des personnes LGBTQI elles-mêmes qui révèlent les nombreuses formes et les nombreux sens que l’idée d’une famille peut prendre, tout en nous rappelant la

As it turns out, our plans for this issue changed slightly along the way. We received many moving, funny, insightful contributions from LGBTQI people that remind us of the many shapes, forms, 1


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

and colours that family can take, that remind us of our remarkable ability to create new families when old families fail us or need time to understand. Of course, we could not exclude these stories.

remarquable capacité des personnes LGBTQI à se trouver de nouvelles “familles”. Ces contributions nous ont amené à réévaluer le but de ce numéro. Et bien sûr, nous ne pouvions exclure ces voix.

The result is something richer than we could have planned: a tapestry of the multitude of ties that bind us.

La combinaison de ces voix si diverses, débouche sur quelque chose de plus riche qui a d’ailleurs dépassé toutes nos attentes: un reflet de la multitude des liens qui nous unissent.

Dear readers, write! Chère lectrice ou lecteur, vos réactions sont attendues! Keletso Makofane Keletso Makofane,

Guest Editor

Rédacteur invité pour ce numéro.


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

Dear Reader Chères lectrices, chers lecteurs

Q-zine’s mission is to reflect the diversity of African LGBTI identities and viewpoints. We welcome articles on any aspect of LGBTI lives and experience and are open to all opinions that are respectful of difference and promote dialogue.

La mission de Q-zine est de refléter la diversité des opinions et des identités LGBTI Africaines à la fois sur le continent et depuis la Diaspora. Nous accueillons avec grand plaisir les articles sur n’importe quel aspect de la vie LGBTI et nous restons ouvert(e)s à toute opinion respectueuse des différences de ces expériences, et qui prompte un dialogue. Les opinions exprimées dans Q-zine et sur le site internet du magazine ne sont pas nécessairement celles de l’équipe de la rédaction ni celles du Réseau des Jeunes LGBTQ d’Afrique de l’Ouest (QAYN).

The views expressed in the magazine and website are not necessarily those of the editorial team or the Queer African Youth Networking Centre (QAYN). If there are viewpoints you disagree with, we invite you to add your comment below the article on the website or write to Q-Zine at contact@qayncenter.org so that we can all benefit from your voice and your engagement with the issues that affect the lives of LGBTI people in Africa.

Si vous êtes en désaccord avec un ou des articles de Q-zine, nous vous invitons vivement à partager vos commentaires, soit en écrivant directement sous l’article en question, sur le site internet ou en nous envoyant un courrier électronique à contact@ qayn-center.org . En partageant vos opinions, nous pourrons toutes et tous bénéficier de vos points de vue et de votre engagement sur les questions pertinentes à la vie LGBTI en Afrique et dans la Diaspora.

Editorial team/Equipe de la rédaction

Lead editor/Rédacteur en chef: John McAllister (Botswana) Guest editor, Issue 4 Keletso Makofane (South Africa/Afrique du Sud)

Photos & Art : Jabu Pereira, pp. 18, 19, 20, 42, 45, 51, 66, 80, 97 Anna Nagalo, pp. 52-64 Brian Nkoyooyo, pp. 70, 88, 91, 92-97 Mariam Armisen, pp. 65, 76, 78, 84, 86 Ina Sesgoer, pp. 10, 11, 13, 15, 16 John McAllister, pp. 25, 29, 39 StockEXCHG, pp. 24, 83 James Emery, p. 82 Mohzart, p. 109 gesielmac, p. 113

QAYN liaison/Contacte de QAYN: Mariam Armisen (Burkina Faso) Art director/directeur artistique: Kago Tlhomelang (Botswana) Rédaction/traduction: Bakah Aicha (Niger) Philippe Menkoue (Cameroon/Cameroun) Françoise Mukuku (DR/RD Congo) Charles Gueboguo (USA/Cameroon/Cameroun) Olakunle Oginni (Nigeria)

3


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012


T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

Issue/numéro 4 . July 2012


10. LOVE OVER DOGMA: The Story of Agnes A. L'amour pas la doctrine:

L'histoire de Agnès A.


T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

Issue/numéro 4 . July 2012


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012


T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

Issue/numéro 4 . July 2012


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

LOVE OVER DOGMA: The Story of Agnes A. By Jackson Otieno L’amour pas la doctrine: L’histoire de Agnès A. Par Jackson Otieno Most LGBTI individuals go through a period of confusion and reticence after they first sense their difference. Some accept themselves quickly, others take a long time, even a lifetime, but almost everyone sooner or later crosses over from silence and secrecy to affirming their non-heteronormative sexual orientation and identifying as bisexual, lesbian, gay, trans, queer, or whichever way they feel and act.

La plupart des personnes LGBTI traversent une période de confusion et de rejet après leur première prise de conscience de leur différence. Certaines s’acceptent assez rapidement, d’autres prennent du temps, parfois toute une vie, mais presque tout le monde, tôt ou tard, franchit le sceau du silence et du secret vers l’affirmation de leur orientation sexuelle en s’identifiant comme bisexuel (le), lesbienne, gay, trans, “queer” ou toute autre identification appropriée.

There are more allies all the time. Here is the story of one of them.

Sortir du placard au sein des communautés LGBTI peut avoir ses propres défis, tel que la biphobie contre les bisexuel (le)s, mais il est généralement plus facile que de franchir ce pas avec les ami(e)s hétéro, la famille et la société en générale. Dans la plupart des sociétés africaines, l’héritage colonial homophobe est de sorte que sortir du placard pour les personnes LGBTI est non seulement très

Coming out within LGBTI communities may have its own challenges, such as biphobia against bisexuals, but it is usually easier than coming out to straight friends, family and community. In most African 10


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

societies, the homophobic colonial legacy makes coming out not only more challenging socially and emotionally but exposes the individual to severe legal dangers as well.

difficile au niveau social et émotionnel, mais cela peut également exposer l’individu à de graves dangers juridiques.

Il y a de plus en plus d’allié(e). Voici l’histoire de l’une d’eux.

The resulting anxieties and contradictions can have very harmful effects on people’s mental and emotional well-being, especially when they lack a strong psychosocial support base. For most people, this support base is made up of a diverse network of family members, friends, co-workers, neighbours, and many others, but the LGBTI individual in a homophobic society is often cut off from many of these, or feels unable to be open even with close members of his or her support base.

Les angoisses et les contradictions résultant peuvent avoir des effets très néfastes sur la santé mentale et le bien-être général des personnes qui passent par cette étape; surtout quand ces personnes manquent un appui psychosocial solide. Pour la plupart des gens, cette base de soutien est constituée d’un réseau diversifié de membres de la famille, d’ami(e)s, de collègues, des voisin(e)s, et bien d’autres. Cependant, l’individu LGBTI dans

This makes heterosexual “allies,” as supportive straights are commonly referred to by LGBTI

activists, vitally important. They are ambassadors who help LGBTI people navigate an often hostile, sometimes dangerous, straight environment and who help heterosexuals understand that we are as human and as entitled to love and respect as anyone else. Luckily, there are more allies all the time. Here is the story of one of them.

une société homophobe reste souvent couper de cette base de soutien, ou se sent incapable de sortir du placard, même avec proches les plus intimes. Ce qui rend l’acceptation des allié(e)s hétérosexuel(le)s d’une importance vitale. Ces allié(e)s sont les ambassadeurs et ambassadrices qui aident les personnes LGBTI à naviguer un contexte hostile, parfois dangereux, d’un monde principalement hétéro. Ces allié(e)s aident les autres hétérosexuels à comprendre que nous sommes des êtres humains et en tant que tel, ont droit à l’amour et au respect au même titre que n’importe qui d’autre. Heureusement, il y a de plus en plus d’allié(e). Voici l’histoire de l’une d’eux.

Agnes Akama is a young heterosexual woman, sister, daughter, and aunt. She is a hair stylist who lives in Nairobi, Kenya, and works at a beauty salon specializing in dreadlocks. It is no surprise that she sports a neat set of short, thick dreads. Hers are dyed partially blonde. For the interview they are styled in bunches, and at face value they betray an outgoing, strong-willed person who seems playful and responsible, firm and rebellious, all at the same time. 11


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

Agnès Akama est une jeune hétérosexuelle, sœur, fille, et tante. Coiffeuse, Agnès est de Nairobi et travaille dans un salon de beauté où elle est spécialisée dans les dreadlocks. Il n’est donc pas étonnant qu’elle porte une coiffure de dreadlocks dans un style court, en tresses épaisses qui sont partiellement teintées blondes. Pour l’entretien de cet article, ces tresses sont coiffées en grappes, et donnaient à leurs propriétaire un l’air ludique d’une personne à forte volonté qui semble à la fois joyeuse et responsable, ferme et rebelle, tout en même temps.

Agnes is the youngest daughter in a family that holds firmly to traditional African and Catholic religious views. Growing up, Agnes was an ardent follower of Christian scripture. Throughout her teens and early adult life her mind was set on one purpose: joining a convent and becoming a nun. She still finds it a bit surprising that her parents approved of this, pointing out that it is hard for many African parents to accept that their daughter would rather be married to the church than settle down with a decent man, give them grandchildren and have a normal life as a woman and mother. Through the many Bible study and fellowship sessions she attended, Agnes was made to believe she was the sole spiritual guardian of her family and could not falter in this sacred duty.

Avec du recule, elle réalisa que Guillit n’avait pas soudainement changé.

As she looked back she realised that Guillit had not suddenly changed.

Agnès est la fille cadette d’une famille qui tient fermement à ses traditions africaines et ses pratiques catholiques. En grandissant, Agnès était une fervente adepte des écrits chrétiens. Tout au long de son adolescence jusque dans sa vie de jeune adulte, son esprit était fixé à un seul but: rejoindre un couvent et devenir une bonne sœur. Avec du recule, Agnès est maintenant surprise que ses parents étaient d’accord avec ce chemin qu’elle s’était tracé. Elle nous rappelle qu’il reste difficile pour de nombreux parents africains d’accepter que leur fille se marie à l’église à la place d’un homme décent, union qui leur donnera des petits-enfants et que leur fille remplira son devoir de femme et mère au foyer. A travers ses étude de la Bible et des formations aux quelles elle a participé, Agnès a été amené à croire qu’elle était la seule gardienne spirituelle de sa famille et ne pouvait pas faillir à ce devoir sacré.

But while Agnes was holding fast to this belief, her elder sister Guillit, the sibling she felt closest to, was struggling with other issues. She became withdrawn from the family and mostly kept company with a group of women who were suspected to be lesbians. She had always preferred dressing in trousers and men’s shirts. The family was deeply concerned and constantly forbade her to keep such company, but according to Agnes, this just made her sister “more and more withdrawn...” As time passed, Agnes became less and less devoted to Christian life as she went through lifechanging situations that saw her transform from the spiritual girl to a black sheep that knew no bounds in her fun-seeking behaviour. When Guillit finally explained to the family that she was sexually attracted to women, Agnes’ immediate reaction was one of self-blame. The first thought that came to her mind was that God was punishing her for abandoning the path she had earlier set in life. She even contemplated going back to the church. She prayed for a sign of what she should do to get her sister back. In search of answers, she went to pastors and preachers but all they could offer was the “pray-the-gay-away” message. She wasn’t

Mais tandis qu’Agnès traversait cette période encrée dans sa croyance, sa sœur aînée, Guillit, celle dont elle était la plus proche, était aux prises avec d’autres questions. Elle était devenue distance de la famille et fréquentait un groupe de femmes qui étaient soupçonnées d’être des lesbiennes. Guillit avait toujours préférée s’habiller en pantalon et chemise d’hommes. La famille était profondément préoccupée et lui avait interdit à plus reprises de continuer cette fréquentation, mais selon Agnès, ceci faisait que sa sœur “prenait 12


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

satisfied: “It was not for me to judge but to love,” she says. She even inquired about a family history of homosexuality: maybe there was a distant auntie or someone who was the same. For some reason she thought that knowing this would make Guillit’s revelation more bearable.

de plus en plus ses distances ...” Au fil du temps, Agnès était devenue de moins en moins dévouée à sa foi chrétienne due à ses expériences de la vie qui l’ont transformées de la jeune fille spirituelle au rebelle qui ne connaissait pas de limites dans ses quêtes du plaisir. Lorsque Guillit expliqua enfin à la famille qu’elle était sexuellement attirée par les femmes, la réaction immédiate d’Agnès était celle de l’auto-accusation. La première pensée qui lui vint à l’esprit, était que Dieu la punissait d’avoir abandonné sa foi chrétienne. Elle envisagea même de retourner à l’église. Elle pria pour un signe, de quelque chose que allait lui ramener sa sœur. Dans cette recherche, elle s’était tournée vers des pasteurs,

Agnes then set out on a fact-finding mission. She read all the books on homosexuality she could find. She attended meetings at various organizations that dealt with LGBTI issues. Finally she came to the conclusion that Guillit had simply been “born that way” and that it was not a “bad habit” that she could have “picked up” in school or elsewhere. As she looked back she realised that Guillit had not suddenly changed. Her sister’s

tom-boy demeanour had been evident from a very early age. In coming to terms with the situation, Agnes says that the most important thing was simply that she knew she loved her sister dearly and could never abandon her, no matter what. She says, “Guillit is my sister. She is special but she is my sister...”

mais tout ce qu’ils pouvaient lui offrir était le message “priez-pour-guérir-la-lesbienne”. Agnès n’était pas satisfaite: ”C’était pas ma place de juger mais d’aimer”, dit-elle. Elle a même exploré l’éventualité des antécédents familiaux: peut-être il y avait une lointaine tante ou quelqu’un qui a été lesbienne? Elle pensait que ceci rendrait la révélation de Guillit plus supportable.

Agnes also came to understand and accept what many people, including some of her other siblings, could not – that Guillit is not a lesbian but a transgender man.

Agnes commença donc son éducation. Elle lisait tous les livres qu’elle pouvait trouver sur l’homosexualité. Elle allait à des réunions de diverses associations locales qui travaillent sur les questions LGBTI. Enfin elle en arriva à la

These days Agnes and Guillit are closer than ever. Agnes admires the way her sister (as she still thinks 13


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

of Guillit) has managed to maintain relations with the family by being humble, loving, and patient even in the face of condemnation. Agnes has also become good friends with Guillit’s partner, Kaitlin: “Their place is my favourite hangout whenever I have free time.”

conclusion que Guillit avait simplement été “née de cette façon” et que ce n’était pas une “mauvaise habitude” qu’elle aurait pu “ramasser” à l’école ou ailleurs. Avec du recule, elle s’est rendu compte que Guillit n’avait pas soudainement changé. Sa sœur “garçon manqué” avait été toujours comme telle depuis un âge très précoce.

She recognises that Guillit is a man in his own eyes (and in Kaitlin’s) and supports this choice, but she still has trouble seeing her sister as a man. To Agnes, Guillit remains her sister. Agnes knows that one day Guillit may start taking hormones to help the body match the inner being, but this, she says, “is a scary fact.” It is “a bridge I haven’t yet thought of how to cross.” The one thing Agnes is sure of is that she will always support Guillit, even if she cannot agree with her sibling’s decisions.

En arrivant à cette conclusion, Agnès dit que la chose la plus importante était tout simplement la réalisation qu’elle aimait tendrement sa sœur et ne pourrait jamais l’abandonner, peu importait son orientation sexuelle. Elle dit, “Guillit est ma sœur. Elle est spéciale, mais elle est ma sœur ... “ En plus, Agnès est parvenue à comprendre et à accepter ce que beaucoup de gens, y compris certain(e)s de ses autres frères et sœurs, ne pouvaient - que Guillit n’est pas une lesbienne, mais un transgenre.

She chuckles at how her younger siblings and nieces always ask her, “Why does aunty live with another aunty and not uncle?” and says that, for her, it is important that they do not grow up with hate or prejudices, but for now she has to leave it to their parents to decide if, when, and how they will explain it.

Ces jours-ci Agnès et Guillit sont plus proches que jamais. Agnès admire la façon dont sa sœur (comme elle pense encore de Guillit) a réussi à maintenir des relations avec la famille en restant humble, affectueuse et patiente, même en faisant face à la condamnation. Agnès est également devenue bonne amie avec la partenaire de Guillit, Kaitlin: “Leur maison est mon endroit préféré à visiter chaque fois que j’ai du temps libre.”

Outside the personal and family space, Agnes has felt the effects of being a loving sister to a transgender man, or lesbian in the eyes of most people. She has herself been branded a “lesbian just like her sister”. She has had the most absurd questions put to her. Laughing, she gives one example: “Hasn’t her sister ever tried to make out with her?”

Elle reconnaît que Guillit est un homme à juste titre (et aux yeux de Kaitlin) et elle supporte ce choix, mais elle a encore du mal à voir sa sœur comme un homme. Pour Agnès, Guillit reste sa sœur.

The frustration in her face is evident. The level of ignorance she has to contend with every day has

Agnès a ressenti les effets d’être la sœur aimante d’un transgenre.

Agnes has felt the effects of being a loving sister to a transgender man. taken a toll on her. It is the same at work. When her boss found out through the grapevine that she has a “sister who dates girls”, he rushed to warn her that he would not “tolerate such behaviour” there. Many of her workmates cannot be convinced that she is straight, though she says she is less bothered by accusations against her than by the misconceptions about her sister. Still, Agnes

Agnès sait qu’un jour, Guillit pourra commencer à prendre des hormones pour réconcilier le corps à l’être à intérieur, mais ceci, dit-elle, ”est un fait effrayant.” Il y a “un pont, que je n’ai pas encore réussi à traverser.” Ce dont Agnès est certaine, c’est qu’elle sera toujours là pour Guillit, même si elle ne sera pas toujours d’accord avec les décisions de sa sœur. 14


T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

explains, “my own relationships have not been spared.” She says this in a joking manner, but the hurt must be real. She has been in relationships that were smooth until the man found out about her sister’s gender identity. As we laugh about the different reactions of the men she dated, what comes out is that for Agnes a “surprised” reaction is always better than a “shocked” one. Surprise leaves space for learning more before deciding how to react, but shock never leaves room for acceptance. One thing she is very comfortable with is her resolve never to tolerate a man who is intolerant. Bottom line for her: if a man cannot accept and appreciate her sister, “hit the road, Jack!” As family to an LGBTI individual, Agnes understands the importance of unconditional love and support. She has seen how a closed-minded approach only alienates the ones we love, and she has seen how love can overpower doubt, disappointment, tradition, and even dogma. She says, “Coming out to your family is important. You should not let them suffer the burden of suspicion.” She adds that concealing your sexual orientation may seem easier than losing favour with your family, but if they are already suspicious, they will only take your reticence as an attempt to hide something shameful. Finally, Agnes urges parents to get out of their traditional heteronormative “cocoons” and become more informed on sexuality and gender issues: “It could make all the difference in the mental and 1 social health of their children.”

Issue/numéro 4 . July 2012

Elle rit en ce rappelant comment ses jeunes frères et sœurs, nièces et neveux lui demandent toujours: ”Pourquoi tantie vivre avec une autre tantie et pas avec un oncle?” Elle dit que pour elle, il est important que ces enfants ne grandissent pas avec la haine ou les préjugés, mais pour l’instant elle laisse à leurs parents le soin de décider si, quand et comment ils vont expliquer l’orientation sexuelle et l’identité de genre de Guillit à leurs enfants. En dehors de sa lutte personnelle et familiale, Agnès a ressenti les effets d’être la sœur aimante d’un transgenre, ou lesbienne aux yeux de la plupart des gens. Elle a elle-même été accusée d’être une ”lesbienne toute comme sa sœur”. On lui a posé les questions les plus absurdes. En riant, elle donne un exemple: “est ce que sa sœur n’a pas déjà essayé de la draguer?” La frustration sur son visage est évidente. Le niveau d’ignorance dont elle doit faire face au quotidien a eu un ravage sur elle. C’est la même chose au travail. Lorsque son patron a su par la rumeur qu’elle a une “sœur qui sort avec d’autres femmes”, il s’est précipité pour l’avertir qu’il ne saura “tolérer un tel comportement” au travail. Beaucoup de ses collègues de travail restent convaincu qu’elle n’est pas hétéro, mais elle dit qu’elle est moins agacé par les accusations portées contre elle que par les idées fausses au sujet de sa sœur. Cependant, Agnès explique, “mes propres relations n’ont pas été épargnées.” Elle dit cela d’une manière plaisante, mais la douleur doit être réelle. Elle a eu des relations qui étaient correctes jusqu’à ce que


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

Jackson Otieno is a writer and human rights campaigner in Kenya. He has a BA in anthropology from the University of Nairobi and is a coordinator for PurpleHaze bisexual group. Jackson is passionate about human rights, politics and sports and his vision is to contribute to the creation of spaces for bisexuals and bisexual discussion by participating in the fight against biphobia and homophobia.

l’homme découvre l’identité de genre de sa sœur. En causant, nous rions des réactions différentes des hommes qu’elle a fréquentés. D’après Agnès, une réaction “surprise” est toujours mieux qu’une “choquante”. Selon elle, la surprise laisse de l’espace pour en apprendre davantage avant de décider comment réagir, mais un choc ne laisse jamais de la place pour l’acceptation. Une chose dont elle est très à l’aise est sa détermination de ne jamais tolérer un homme qui est intolérant. Son moto est si un homme ne peut pas accepter et apprécier sa sœur, ”prend la route, Jack!” Entant que membre de la famille d’une personne LGBTI, Agnès comprend l’importance de l’amour inconditionnel et le soutien total. Elle a vu comment une étroitesse d’esprit éloigne ceux et celles que nous aimons, et elle a vu comment l’amour peut vaincre le doute, la déception, la tradition, et même le dogme. Elle dit: ”Faire son “coming out” à votre famille est importante. Vous ne devez pas les laisser souffrir le fardeau de la suspicion”. Elle ajoute que la dissimulation de votre orientation sexuelle peut sembler plus facile que de perdre l’amour de votre famille, mais si elle a déjà des soupçons, elle prendra votre réticence comme une tentative de cacher quelque chose de honteux. Enfin, Agnès incite les parents à sortir de leurs cocons traditionnels hétérosexuels et de mieux s’informer sur les questions de l’orientation sexuelle et l’identité de genre: “Ceci pourrait faire toute la différence pour la santé mentale et sociale de leurs enfants.”

Jackson Otieno, résidant du Kenya, est un écrivain et défenseur des droits humains. Il a un baccalauréat en anthropologie de l’Université de Nairobi et est un coordinateur du groupe bisexuel, PurpleHaze. Jackson est un passionné des droits de l’homme, la politique et le sport et sa vision est de contribuer à la création d’espaces pour les bisexuel(le)s et des discussions entre bisexuel(le)s, tout en participant à la lutte contre la biphobie et l’homophobie.

16


T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

Issue/numéro 4 . July 2012


T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

Issue/numéro 4 . July 2012


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

Réussir à faire accepter ma différence à ma famille. Tel est la quête perpétuelle de ma vie. Je me prénomme Jean Paul, 24 ans, d’origine camerounaise.

To bring my family to embrace my difference is the perpetual longing of my life. My name is Jean Paul, 24 years old, from Cameroon. Let me tell you about my troubles with my family. They began after I met the first man in my life, from which moment my behaviour changed dramatically. I was 17 at the time, partying nonstop, with a phone constantly ringing, sometimes at impossible hours. Even worse, I have to confess that I became very arrogant and aloof towards my loved ones.

Mes déboires avec ma famille ont commencés juste quelques temps après que j’ai connu le premier homme de ma vie. Car, tout de suite il y a eu du changement dans mon comportement. A l’époque j’avais 17 ans, je sortais tout le temps, mon téléphone n’arrêtait pas de sonner et parfois à des heures impossibles et en plus, j’étais devenu très arrogant et distant envers les miens, dois-je l’avouer.

After some investigation, my family suspected that I was having sex with men. They did not have

Une quête perpétuelle, faire accepter ma différence

A Perpetual Longing: Bringing my Family Accept my Difference Par/by “Jean-Paul” Après quelques investigations, ma famille a découvert, preuve à l’appui, que je couchais avec des hommes. Puisqu’à l’époque, n’ayant personne à qui me confier, je rédigeais une espèce de journal intime sur un bout de papier que je déchirais bien évidement après.

to look far to find evidence of this. Feeling isolated and with no one to confide in, I had got into the habit of keeping a diary of a sort. I would write my thoughts on a piece of paper, which I would tear into pieces immediately afterwards. This was very therapeutic, but one day I forgot to do the last part of the ritual. Unfortunately a relative stumbled upon my note, and I was summoned to a disciplinary meeting. On the advice of some friends that I managed to contact via sms, I went to face my family determined to deny everything. Since I refused to confess, my family resolved to take me to a doctor who would examine my anus to confirm whether I had engaged in homosexual

Cela me soulageait beaucoup. Mais une fois, j’avais oublié de déchirer ce bout de papier, sur lequel est vite tombé un proche. J’ai été toute de suite convié à une sorte de conseil de discipline. Sur conseils de quelques amis que j’avais eu le temps de contacter par sms juste avant, au cours de ce conseil j’ai décidé de nier tout en bloc. Des résolutions avaient ainsi été prises 24


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

par les membres de ma famille. Ayant refusé d’avouer qu’il s’agissait bel et bien de moi, il a été décidé de m’emmener chez un médecin afin qu’il m’examine l’anus en vue de leur confirmer que j’avais déjà bel et bien eu recours à des pratiques homosexuelles.

practices. For some reason, this resolution was never put into practice, and we returned to our usual routines. However, my mother’s suspicions had now been aroused. By the way, my mother is a strong woman who has devoted her life to her household and children. My father left her a year after I was born, and I assume he has heard nothing of all this.

Cette décision n’ayant finalement pas été appliquée, tout est redevenu plus calme certes, mais, j’étais certain à partir de cet instant que ma mère se doutait de quelque chose.

After the initial turmoil, a sort of calm ensued in the family, but not in my life. I was living my sexuality in full bloom, flirting with guys, cruising the internet, having random hookups. Then one day I made the mistake of leaving my room with

En parlant de ma mère. Qui est-elle? C’est une femme forte qui s’est dévouée à son foyer et à ses enfants. Mon père s’étant séparé d’elle juste

y to

un an après ma naissance. Ce qui fait penser que mon père n’a véritablement jamais été au courant de l’incident précédent et de ceux qui vont suivre.

the computer open and my inbox on the screen. My older brother stumbled across this situation and not only read my emails himself, but also shared them with my mother and older sister!

Après cette période trouble, vint un moment d’accalmie à la maison, mais pas dans ma vie

So here I was again, summoned to another emergency family meeting. This time the results were inflexible, since they considered that they now had irrefutable proof that I was having sex with men. At the meeting and non-stop for days afterwards, I was verbally abused and harassed, so much so that I had to leave home for a while. When I ventured back, I told my mother I had only been chatting with white men in the hope that they would either send me money or take

Je vivais à fond ma sexualité. car, je continuais à draguer des mecs sur Internet, faisais des rencontres, etc. Je vivais à fond ma sexualité, jusqu’à ce qu’un jour, par erreur, mon frère ainé tombe sur ma boite email ouverte! Il 25


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

me to Europe, which had happened with some of my friends. I used our family’s precarious living conditions as my excuse. Now by chance, I had just started to get involved with a “Frenchie” who was showering me with gifts and money. With some of his money, I paid off

I was living my sexuality in full bloom. our bills, bought clothes for my younger brothers and sisters, plied my mom with gifts and even helped pay the rent. Suddenly I was the pride of my mother! She was full of my praises, and some neighborhood gossips began to question her about where all this money was coming from. Others pointed out to her that I was gay, but that didn’t seem to embarrass her anymore. But as they say, all good things come to an end. My “sponsor” decided to end our relationship for reasons I prefer not to mention. I then sank into an unprecedented depression. My future looked bleak. I almost abandoned my studies in the hope that I could join my lover in France where we would live happily ever after. I kicked myself over the fact that I should have invested my money more wisely. My mother noticed the changes and wanted to know what was happening. I confessed that my “sponsor” had stopped all communications. She promptly offered me money to call him, but I told her his number was disconnected. These exchanges made me feel that I had come out to her at last, though later events proved me wrong.

ne se gêna ainsi pas de lire mes emails et de les faire lire à ma mère et à ma sœur ainée! Et me voila à nouveau au centre d’un conseil de famille. Cette fois, les réactions sont plus violentes, car ils disent avoir des preuves que je couche avec des hommes! Traité de tous les noms ce jour et les jours suivants, je décide de quitter la maison familiale pour quelques temps. A mon retour, j’ai une discussion avec ma mère au cours de laquelle je lui confie que nos conditions de vie précaires me préoccupaient et que je causais avec tous des hommes blancs dans l’espoir qu’ils m’enverront de l’argent où alors me feront aller m’installer en Europe, comme certains de mes amis. Et comme par chance, je venais de faire la rencontre d’un “frenchie” qui me couvrait de cadeaux et d’argent. C’est alors que j’ai commencé à payer nos factures, habiller mes petits frères et sœurs, couvrir ma maman de cadeaux et parfois payer

In any case, life went on, and I regained control of things. I soon met an old white guy, but realized this wouldn’t take me anywhere. Things had changed. Men had become more suspicious and increasingly difficult to meet. I was forced to the painful realization that life wasn’t a fairy tale. I decided it was time to make a living for myself. I began to tutor younger students, but I also volunteered at a local association that works on HIV/AIDS prevention (Humanity First Cameroon). 26


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

There I met many inspiring people who undeniably influenced my life. I became a peer educator (still am), and the community life, especially the shared experience, really helped me get my life together. In the process I met someone who is now very dear to my heart. My boyfriend (let’s call him R). I became so enamored of this wonderful human being that I couldn’t be found at home anymore. I was always at his house. We became inseparable.

notre loyer. Je faisais désormais la fierté de ma maman qui ne tarissait plus d’éloges à mon égard au point où, quelques indiscrets se sont mis à lui demander d’où me provenait tout cet argent. Il y en avait même qui lui disaient parfois que j’étais surement gay, mais visiblement cela ne semblait plus la gênée du tout. Malheureusement, les bonnes choses ne durant jamais, mon “sponsor” français décida d’arrêter la relation pour des raisons que je ne peux évoquer ici. Alors, je sombre dans une dépression sans précédent dans ma vie. Le tableau de mon avenir devient tout sombre car mon bilan est négatif à tout point de vue. J’avais presqu’abandonné mes études dans l’espoir qu’il me fera aller le rejoindre en France et que nous coulerions des jours heureux dans sa demeure. Je n’avais pas non plus pensé à faire fructifier mon argent, en faisant des investissements par exemple.

This provoked the latest blow-up with my family. My relationship with R rekindled their suspicions, and my mother began to listen to gossip again. One night she suddenly accused me of being a sorcerer. She went even further, saying I did not deserve to be her child. I was the devil himself, and it was better that I leave her home. I thought better than to argue with her and withdrew into myself. I even thought about committing suicide. Had it not been for R and some other friends, I would not be here sharing this story with you.

Ma mère ayant remarqué que j’avais changé me demanda ce qui se passait. Je lui répondis que le monsieur en question ne donnait plus de nouvelles. Elle me proposa un peu d’argent pour que j’aille l’appeler, mais je lui répondis que son téléphone ne passait plus et à partir de cet instant je me disais intérieurement que je venais de faire mon coming-out auprès d’elle.

Life had such a bitter taste at this time. Comparing me to a witch because I preferred men! I could not believe it. What about my freedom as a human

I was forced to the painful realization that life wasn’t a fairy tale.

La vie continua. Je me repris en main. Je fis encore une rencontre d’un “vieux blanc riche” mais celle-ci ne me mena nulle part. Les temps avait changé, ces hommes étaient devenus plus méfiant et il n’était plus évident d’en rencontrer comme avant. Alors, je me suis rendis à l’évidence. La vie ne saurait toujours être un conte de fées et je décidais de vivre du fruit de mes efforts à partir de cet instant là.

being? What about the child that she had loved so dearly? What about the person who at one point was financially supporting the entire family? Then came the day when my older brother invited me to his house. We discussed my sexuality at length, and at the end of the conversation he said he understood me and promised to convince our mother to accept me for who I was. But his attempt was in vain; she wouldn’t hear anything concerning me. It was time for me to leave yet again. I had to squat with friends because R had gone back to his family in the meantime, and I couldn’t stay alone. I needed to have people around me.

Alors, je me mis à donner des cours de répétitions à des jeunes élèves et je me mis à adhérer également à une association de lutte contre le VIH et SIDA (Humanity First Cameroon) où je fis la rencontre d’une pléthore de personnes positives qui ont influencé indéniablement ma vie. J’y étais pair éducateur (jusqu’aujourd’hui d’ailleurs) et puis la vie en communauté m’aidait vraiment beaucoup surtout au niveau du partage d’expérience.

One day, I paid a visit to my eldest sister who was married by then and living with her husband. I had a good conversation with my brother-in-law, who 27


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

sounded quite gay friendly, but my sister, to my dismay, showed her true homophobia. She was completely closed to this side of me and, instead of trying to understand, bombarded me with nonsense such as “you will be wearing diapers one day” and “do you have both sexes?” and so on. She suggested that we go see a Catholic priest who could exorcise me. As calmly as I could, I declined, saying I didn’t need anything like that.

C’est alors que je fis la rencontre un être qui aujourd’hui m’ait très cher. Il s’agit de mon petit ami. Pour ne pas le citer, je l’appellerais R. J’étais devenu tellement épris de cet être au point que je ne restais plus chez moi. J’étais tout le temps chez lui. Nous étions devenus inséparables et c’est tout cela qui fut à l’origine du dernier cataclysme de ma vie. Notre proximité ayant éveillé des soupçons en ma mère qui se mit à nouveau à croire ce qu’on lui racontait sur moi. Un soir, elle me traita de tous les maux, de sorcier à sectaire. Elle alla jusqu’à dire que je ne méritais pas d’être son enfant, que j’étais le diable en personne, et qu’il valait mieux que je quitte sa maison. Je décidai de ne dire aucun mot et je me repliai sur moi. J’avoue que j’avais eu des envies de suicides à cette période. N’eut été l’aide de R. et de mes amis, je ne serai probablement plus de ce monde. La vie avait un goût des plus amers! Etre assimilé à un sorcier parce que je couche avec des hommes! Je n’arrivais pas à le croire! Et que faisait-elle de ma personne, de l’être humain que je suis avant tout? De l’enfant qu’elle avait toujours apprécié? De celui qui pendant une période, soutenait presque toute sa famille? Je n’en revenais pas.

I went back to the friends who had always been there for me, but later I fell ill. With no money of my own for treatment, I went to my brother. He helped with a few CFA, and I was admitted to

At last I recognized my dear mother again, the caring mother I had once had. hospital. I decided to inform my mother. At first, she refused to visit me but eventually changed her mind, though I deeply regretted her first visit. She spent the entire time insulting me, saying very hateful things. Yet for some reason, she returned, and this time she was affectionate. At last I recognized my dear mother again, the caring mother I had once had. My little sister who came with her begged me to return home, whispering to me that since I’d been gone, my mother had never stopped crying.

Puis, vint le jour où, mon frère ainé m’invita chez lui. Nous discutions longtemps de ma sexualité et à la fin il prétendit m’avoir compris et promis de convaincre ma mère de m’accepter tel que je suis. Mais, sa tentative auprès de ma mère fut vaine, car elle se braqua et voulait rien entendre me concernant. Je me résolu à vivre sans elle. Je squattais chez des amis vu que R était retourné vivre en famille entre temps et que je ne pouvais aller m’installer chez lui. Tout seul, j’avais besoin d’avoir du monde autour de moi.

So I returned to live at home again. I have let go of the past and chosen not to be bitter or hateful. Hate destroys one’s spirit. I just pray all the time to be financially stable, find some success in my life and make my family proud of me again. By becoming that person, I hope they will stop believing the cliché in Cameroon about gay people—that being gay is equal to being a failure.

Un jour, je décidai d’aller rendre visite à ma sœur ainé qui s’était mariée et avait aménagé avec

La vie ne saurait toujours être un conte de fées.

*Frenchie: slang for a French person. *Sponsor: Slang for anyone who takes care of another financially.

son mari entre temps. J’eus une discussion sur la question avec mon beau frère, qui me sembla assez “gay-friendly”, contrairement à ma sœur, qui à mon grand damne me montra qu’elle patente homophobe elle était. Très fermée sur la question.

“Jean-Paul” is the pseudonym of a young HIV/AIDS and human rights activist in Douala, Cameroon.

28


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

J’eus eu droit à des répliques du genre “mais tu vas porter les couches”, “as-tu deux sexes?”, etc. Elle m’invita à aller voir un prêtre catholique afin qu’il me “délivre” de ce mal, mais je déclinai son offre lui disant que je n’avais pas besoin de ça.

Je la retrouvais enfin, cette maman si attentionnée que j’avais toujours connue. Je suis alors retourné chez mes amis qui me soutenaient, mais quelques temps après je suis tombé malade. N’ayant pas d’argent pour me payer des soins, je suis allé voir mon frère ainé qui m’aida avec quelques CFA. Pendant mon hospitalisation, je pris sur moi d’appeler ma mère qui refusa dans un premier temps de venir me rendre visite mais qui finalement, s’amena un beau jour. Cette première fois, je regrettai qu’elle soit venue car durant tout le temps qu’elle passa auprès de moi, elle n’arrêtait pas de m’insulter et de me dire des méchancetés. Puis un autre jour, elle vint à nouveau me rendre visite et curieusement, elle était devenue très affectueuse. Je la retrouvais enfin, cette maman si attentionnée que j’avais toujours connue. Ma petite sœur qui l’accompagnait me confia qu’il fallait que je revienne vivre à la maison, car ma mère pleurait souvent aussi que je sois parti. Je suis alors rentré vivre dans cette maison familiale. J’ai fait le deuil de tout cela et choisi personnellement de ne détester personne car, la haine anéantit l’esprit. Je prie juste tout le temps de réussir dans ma vie afin que les miens soient fiers de moi et qu’ils arrêtent de croire à ce cliché qui veut que, être gay dans notre contexte social, voudrait dire qu’on a raté sa vie. *Frenchie: un Français dans le langage courant. *Sponsor: Dans le langage courant, toute personne qui apporte un soutien financier à une autre, est appelé “sponsor”. “Jean-Paul” est le pseudonyme d’un jeune militant pour les droits de l’homme qui vit à Doula, Cameroun. 29


L e n u m é r o s u r lnao s d ip ve r or s c iht eé s e t f a m i l l e s

These two images are about my parents’ reaction to my coming out. They are conservative, Christian people, and it’s been a crazy struggle. They have not accepted my sexual orientation, and I don’t see them doing so soon, but we have reached what I think of as a respectful equilibrium. It has taken years and lots of crying to get to this point.

I s si suseu/en/unm ué mréor o 4 .1 jJuul lll e2t0 1 22 012

Ces deux portraits parlent de la réaction de mes parents après mon coming out. Ils sont conservateurs, chrétiens. Ce fut une lutte folle. Ils n’ont pas accepté mon orientation sexuelle. Je ne pense pas qu’ils sont prêts à le faire dans un avenir proche. Mais nous sommes cependant parvenus à ce que je pense être un équilibre respectueux. Cela a pris du temps et beaucoup de larmes.


Th he e F F rr ii e en nd ds s ,, F Fa am m ii ll y, y, C Co om mm mu un n ii tt y y ii s ss su ue e T

I can’t really say I have a hometown. I grew up between places, always moving from town to town, school to school. I grew used to being on my own and watching people from a distance – an outsider.

i sI s u su ee / n/ n uu mm éé r or o1 4J .u iJeu l2y0 12 20 1 2

Je ne peux vraiment pas dire que je viens d’une ville donnée. J’ai grandi entre divers endroits, me déplaçant d’une ville à une autre, d’une école pour une autre. J’ai pris l’habitude d’être un solitaire, regardant les gens de loin- une étrangère en sorte.

I went to study art at university in a different city from where my parents lived at the time. During the first weeks, I found an image by one of the lecturing artists at our school and became obsessed with it. I constantly had the image in my head, thinking about it. It was a circular photograph by Jean Brundrit of someone’s hand and it said “we fuck like angels.” I loved the crudeness of it. I loved the attitude of it, and I realized that, though I had had a general idea of what a lesbian relationship was, I’d never really “gotten” it. That’s when I thought, this might be me, I might be gay, but instead of feeling terror, I went around excitedly, in a daze, trying to see myself through this new thing. I ran around with it, rewired my brain, reinvented myself, and I liked it. J’ai étudié l’art dans les universités de nombreuses villes où mes parents ont eu à vivre. Durant les premières semaines, dans l’une d’elles, j’ai découvert une oeuvre faite par l’un des enseignantsartistes de mon école, et ceAlle-ci m’a obsédé. J’avais constamment cette image en tête, je pensais à elle sans arrêt. Il s’agissait d’une photographie circulaire de Jean Brundrit qui représentait les mains de quelqu’un sur laquelle se trouvait une légende :“nous baisons comme des anges”. J’aimais le côté cru de ces propos, le côté arrogant qui entourait l’oeuvre. J’ai réalisé que bien que j’eus toujours eu une idée générale de ce qu’était une relation lesbienne, j’avais jamais vraiment “expérimenté”. C’est à ce moment que je me suis dit que ça pourrait être moi, il se peut que je sois gay. Mais plutôt que d’en éprouver de la terreur, je suis allée vers cette réalisation toute excitée, avec amusement, essayant de me retrouver dans cette nouvelle découverte. Je m’enfuis avec elle, je me suis réinventée, j’ai renovée mon cerveau, et j’aimais ça. One night I met a girl at the campus bus stop. She asked me on a date.I was terribly excited and terrified. We went to a movie, and I was very awkward, but we spent the whole night talking till the last bus came. She asked me to refer to her as him, or rather he did. I kept on getting the pronouns confused. Eventually I got it right. My first lesbian girlfriend ended up being a boyfriend, and this made me rethink my sexuality once again.


L e n u m é r o s u r lnao s d ip ve r or s c iht eé s e t f a m i l l e s

Une nuit, je rencontrai une fille à l’arrêt du bus du campus. Elle me donna un rencart. J’étais à la fois excitée et terrifiée. Nous sommes allées au cinéma et j’étais maladroite, mais nous avons passé toute la nuit à bavarder jusqu’à ce que le dernier bus vint à passer. Elle me demanda de la designer par “il”, ou mieux il me demanda de le faire. Je m’entremêlais toujours dans les pronoms personnels. Parfois, j’y parvenais. Ma première petite amie lesbienne fini par se transformer en mon petit ami, et cette situation contribua à m’amener à penser de nouveau à ma sexualité.

I s si suseu/en/unm ué mréor o 4 .1 jJuul lll e2t0 1 22 012

Une fois mes parents vinrent m impromptue, ma partenaire. J’avai mais là ils se mirent à me poser des oui à tout. Ils me firent retourner à s’arrangèrent à ignorer royalemen entre nous. Pendant ces visites, à prendre un café et pour une pe


Th he e F F rr ii e en nd ds s ,, F Fa am m ii ll y, y, C Co om mm mu un n ii tt y y ii s ss su ue e T

me render visite et rencontrèrent, is decidé de ne jamais leur en parler, questions. Je lâchai tout. Je répondis à la maison toutes les vacances mais nt ce nouveau fossé qui s’était crée , il arrivait que mon père m’invitait etite discussion. J’étais terrifiée par

i sI s u su ee / n/ n uu mm éé r or o1 4J .u iJeu l2y0 12 20 1 2

tout cela. Il ne parlait jamais directement à propos de cette “affaire de lesbienne”, comme il le désigna un jour. Il me dit qu’il a pensé me renier, mais que ce n’était pas ce qu’un chrétien était sensé faire. J’étais toujours en première année à l’université, et j’étais à sa charge. Je ne me suis jamais sentie aussi vulnérable, aussi seule, et aussi apeurée. Ma mère, quant à elle, se contentait de pleurer et de me dire quelle pécheresse j’étais. Je me sentais si coupable – non pas parce que j’étais gay - mais du fait de la blesser autant, du fait de n’avoir pas su l’empêcher de découvrir le pot-aux-rose.

My parents came to visit me and met my partner by accident. I had decided never to tell them, but now they were asking me questions, so I bit the bullet. I said yes to all of it. They made me come home every holiday but would mainly ignore this new rift between us. Every now and then my father would take me away to have coffee and a little chat. I was terrified of these. He never talked directly about “the Lesbian thing,” as he once referred to it. He said he had considered disowning me but decided this was not something a Christian should do. I was still in my first year of university, and he was paying for all of it. I have never felt so alone and vulnerable and scared before as then. My mother just cried and told me how sinful I was. I felt so guilty – not for being gay – but for hurting her like this, for letting her find out.

Depuis qu’ils le découvrirent, j’ai dû avoir nombreuses conversations, de luttes et de larmes à propos de cette affaire de gay. Ils ne veulent toujours pas entendre parler de mes relations amoureuses. Ils ne veulent pas me voir admirer les femmes. Ils suspectent toutes mes amies, et continuent de me demander quand est-ce que je me marierais à un homme. C’est comme si nous sommes parvenus à une impasse. Cependant je pense qu’éventuellement, ils seront, petit-à-petit, capabable de faire face à ma sexualité. Peut-être pas l’accepter, mais au moins la respecter… Since they found out, I’ve had to have lots of conversations and fights and tears about this gay thing. They still don’t want to hear about my relationships. They don’t want to see me looking at women. They’re suspicious of all my friends and still ask me when I’m getting married to some man. It seems like we are getting nowhere. Yet I think they will eventually, very slowly, be able to handle my sexuality better. Probably not accept it, but at least respect it …


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

Towards Full Acceptance Envers l’acceptance totale By/par Rowland Jide Macaulay I am writing this article to share my story with people who want to reconcile sexuality, faith, and family. It is a sequel to “My Father, My Faith and My Sexuality: The Dialogue” (in Q-zine’s first issue). Readers of that article will understand how much I have looked forward to visiting Nigeria again after years of estrangement. That long-postponed visit finally took place in January 2011, after a three year absence. This is the experience I want to share with you now.

J’ai décidé d’écrire ce papier pour partager mon experience avec ceux qui aimeraient réconcillier sexualité, foi et famille. Il s’agit de la suite de l’article: “Mon père, ma foi et ma sexualité: Pour un dialogue”, qui fut publié dans la première parution de Q-zine. Les lecteurs/lectrices de cet article comprendront à quel point je m’apprêtais à ma visite retour au Nigéria, mon pays natal, après plusieurs années d’éloignement. Finalement, cette visite mainte fois repoussée eut lieu en janvier 2011. C’est précisément l’expérience autour de ce retour que je voudrais partager avec vous maintenant.

Some background first. I came out as gay in 1994 after a troubled heterosexual life. My coming out was a disaster of, you might say, Biblical proportions. I was hated and denounced on mainly religious grounds, called a sinner, a defiler, an abomination, etc.

Tout d’abord un petit historique. J’ai fait mon “coming out” en tant que gay en 1994, après une vie hétérosexuelle bien agitée. On peut dire que mon “coming out” fut un véritable désastre, de proportion biblique. Je fus haï, traité de pécheur, d’abomination, etc., tout cela sur la base des considérations réligieuses.

When my family found out I was gay, many of my siblings stopped speaking with me. My mother was the only one who comforted me. With my father, it was three years of hell. I had to face the fact that I could lose him. I wondered, as a person of faith, what my heavenly Father would do if my earthly father could react with such hatred.

Dés que ma famille a su que j’étais gay, mes frères et soeurs cessèrent de m’adresser la parole. Ma mère fut la seule à être à mes côtés. En ce qui concerne mon père, ce fut trois années d’enfer endurées. Je dus faire face à la possibilité de le perdre. En tant que homme de foi, je m’inquiétais de savoir qu’elle pourrait être la réaction de mon père céleste quand mon père terrestre réagissait

Many people at the House Of Rainbow Fellowship in Nigeria (and a few more outside Nigeria) have met my Dad. He is a wonderful, typical Yoruba man, but when my “gay church” hit the headlines 34


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

in 2008, he was caught unawares in a Nigerian media frenzy that nearly crippled his reputation as a high-profile pioneer of African Theology.

avec une telle haine. Plusieurs membres de l’église House Of Rainbow Fellowship au Nigéria (et quelques uns en dehors du Nigéria) ont eu à rencontrer mon père. Il est merveilleux. C’est l’exemple type du Yoruba. Mais quand mon “église de gay” fit les gros titres des media en 2008, il fut surpris dans la furie des media nigérians lesquels ont presque entamé sa reputation: celui d’un des pionniers de haut rang de la théologie africaine.

I believed that I was wonderfully made, created in the image of God. My only answer was prayer and more prayer. “My Father, My Faith and My Sexuality: The Dialogue” (published in Q-zine Issue One) gives an account of the long healing process between my father and me, culminating in our reconciliation at a conference on faith and sexualities in South Africa in November 2009.

Je croyais que j’ai été crée merveilleusement à l’image de Dieu. Ma seule réponse fut la prière, et encore plus de prières. L’article précédemment cité (Q-zine Numéro Un) donne un compte rendu du long processus de guérisson qui dut s’établir entre mon père et moi. Ce qui finalement aboutit à une reconcilliation qui eut lieu au cours d’une conférence, sur le thème de la foi et des sexualités. Elle se tint en Afrique du Sud en 2010.

By 2011 we were ready to see each other in Nigeria again. As we sat down for lunch on Victoria Island in Lagos at the beginning of the year, my father announced, “I am pleased that I am having lunch with my gay son.” Even though I knew we were father and son again, I almost fell out of my chair.

I came out as gay in 1994 after a troubled heterosexual life. My coming out was a disaster.

J’ai fait mon “coming out” en tant que gay en 1994, après une vie hétérosexuelle bien agitée. On peut dire que mon “coming out” fut un véritable désastre.

This is what we all need to hear as we struggle with our relationships, especially with parents and families. If we are not loved at home, we can never find love abroad. But my experience shows that even if being LGBTI is poorly understood in Nigeria, one day those who reject us will accept and celebrate us.

Ainsi donc, en 2011 nous étions fins prêts de nous revoir de nouveau au Nigéria. Lors d’un déjeuner sur l’île Victoria à Lagos au début de l’année, j’entendis mon père annoncé: “je suis heureux de déjuner avec mon fils qui est gay”. Bien que je savais que nous étions de nouveau père et fils, je faillis tomber à la renverse. Je pense c’est ce dont nous avons tous besoin d’entendre pendant que nous traversons des moment difficiles dans nos relations à propos de notre orientation sexuelle, surtout les relations parentales et familiales. Si nous n’avons jamais eu cet amour parentale, il nous sera impossible de le trouver ailleur. Mon expérience montre que, bien que la réalité LGBTI est faiblement comprise au Nigéria, un jour viendra où ceux/celles qui nous rejettent viendront à nous accepter et à nous célébrer.

As far as I can remember, I have always been gay, but my first awareness of it was at about the age of seven. I was interested in being female. All the roles girls played were of great interest to me. I wanted a boy to cuddle me in games such as Father/Mother or Husband/Wife. I had no names to describe these feelings, but they were deeply rooted in my understanding and feelings. At 14 I experienced my first same-sex love, but with my upbringing, I could only react with confusion, guilt and personal rejection, feelings that followed me well into adulthood. Growing up in the 1980s in Nigeria, there were no visible gay role models to provide assurance or comfort.

35


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

Still, I am grateful for my upbringing in a traditional African Christian family with no shortage either of love or strict parenting. My only heartache was my sexuality, which, sadly, I could not share with anyone in my family or religious community. I was forced to carry the burden alone for most of my young adult life.

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été gay. Mais ma première prise de conscience à ce propos fut aux environs de sept ans. J’étais surtout intéressé par le fait d’être une femme. Tous les rôles sociaux joués par les petites filles étaient ceux qui attiraient mon attention. Je voulais qu’un garçon qui me prend dans ses bras au cours des jeux d’enfants de “Papa et Maman” ou “Mari et Femme”. Je n’avais aucun noms pour décrire ces sensations, mais elles étaient profondément ancrées dans mes sentiments et dans ma compréhension des choses.

In the mid 1980s, I went to the United Kingdom and plunged into a new environment with a strange culture, but I made my home in the Nigerian expat community. With strong Nigerian social customs, ethics, traditions and religious focus, it was like a replica of Nigeria. Except, of course, we were in the UK, surrounded by a much more diverse approach to both private and public lives that I could not ignore. I was a very confused young man. I spent most of my time praying for healing and deliverance from my homosexual feelings, yet the more I prayed the more confused I became.

À quatorze ans, je fis ma première experience homosexuelle. Mais avec l’éducation que j’ai reçu, je ne pus que réagir avec confusion, culpabilité et rejet envers moi-même. Ces sentiments m’ont suivi jusqu’à mon âge adulte. Dans les années 80, nous grandissions au Nigéria sans qu’il n’y ait des personnes ressources gay visibles qui auraient pu nous donner de l’assurance ou du réconfort.

I hoped my gayness would be cured when I married.

Bien entendu, je suis reconnaissant à mes parents de m’avoir éduqué dans le cadre d’une famille chrétienne africaine traditionnelle, où l’amour ne manquait, parsemé d’un contrôle parental stricte. Mon seul problème poignant fut ma sexualité, sentiments que je ne pouvais malheureusement partager ni avec ma famille, ni avec ma communauté religieuse. Je fus forcé de porter cette charge tout seul jusqu’à mon jeune âge adulte.

In 1987, I met the woman who would become my wife and bear me a son. In all this obscurity, I decided that I should marry this woman I had fallen in love with. I hoped my gayness would be cured when I married, and so in 1991 I stood at the marriage registry taking my wedding vows. I had no one to talk with. I could not approach the Nigerian community on such a delicate and, as I thought, shameful matter.

Dans le milieu des années 80, je partis pour la Grande Bretagne où je fus plongé dans un nouvel environnement avec une culture étrange. Mais je

Marriage, even fatherhood, needless to say, did not dissipate my feelings for other men. Nothing changed. I had only managed to join the hierarchy of married Africans. I had promised to satisfy, honour and cherish my wife, but married life soon became a nightmare. It took just three years before the relationship broke down. I hated myself more than anyone hated me. I had done what no one should ever do.

J’espérais que mon homosexualité serait guérie une fois marié. parvins à m’intégrer dans la diaspora nigérianne. Cette dernière était une réplique conforme du Nigéria, avec ses fortes coutumes sociales, son éthique, ses traditions et son point centré sur la réligion. La seule exception était, bien entendu, que nous étions en Angleterre. Cependant nous étions vivions dans un pays qui avait ses propres approches de la vie public et privée que je ne pouvais ignorer. J’étais un jeune homme très

My life felt like a bad dream and a plague on society, but all I could do was leave my community and religion behind and go in search of who I was, all the while with responsibility for a young life I had helped to create. At the time of my divorce, my son was just two years old. 36


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

The bitterest part was that the church and the religious community I had cherished and adored were the first to ostracise me. Indeed, the bitterness was too foul to swallow. This was the beginning of a love-hate relationship with Nigeria, Nigerians, and the church. My family’s discovery of my sexuality came later and was the worst of all. Both my father and my son turned against me.

confus. J’ai passé la plupart de mon temps à prier pour la guérison et la délivrance de mon homosexualité. Plus je priais, plus je devenais confus. En 1987, je rencontrai la femme qui allait devenir ma femme et avec laquelle j’eus un fils. Dans toute cette confusion, je décidai que je devais épouser cette femme dont j’étais tombé amoureux. J’espérais que mon homosexualité serait guérie une fois marié. Je n’avais personne avec qui discuter. Je ne pouvais pas m’approcher de la communauté nigérianne et discuter avec elle, de ce que je considérais comme une affaire délicate et honteuse. Ainsi, en 1991 je décidai de franchir le pas et de formuler mes voeux de marriage.

As a person of faith, my focus was always reconciliation, first with God and then with the people who mattered most to me. It took me several years to come out to my close family members, friends, and colleagues. Each step bears its own mark of pain and anguish. I was psychotic at one point. It was difficult for me to trust anyone. I was ill-treated from one African Christian community to another whenever it was discovered that I was gay.

Ni le mariage, encore moins la paternité, n’eût raison de mon attirance pour les hommes. Rien ne changeât. Je suis seulement parvenu à rejoinder la classe des hommes africains mariés. J’avais promis de satisfaire, d’honorer et de chérir mon épouse, mais la vie de marié eût tôt fait de devenir un veritable cauchemar. Il a fallu trois années pour que se brise notre relation. Je me détestais plus qu’aucun autre aurait pu le faire. J’avais fait ce qu’aucun autre n’aurait jamais fait.

Yet I knew I was a “child of the living God.” The more strongly I held on to this belief, the more I walked towards my healing. I also found a

At our Easter reunion he told me that he and his partner had discussed my sexuality and that he no longer had a problem with it.

Ma vie fut comme un mauvais rêve et je me sentais comme une peste pour la société. Tout ce que je pouvais faire était de laisser ma communauté et ma religion derrière moi, et aller vers la recherche de qui j’étais, tout cela en démeurant responsable de la jeune vie que j’avais contribué à créer. Au moment de mon divorce, mon fils n’avait que deux ans.

Christian community, the Metropolitan Community Churches (MCC) movement, that accepted and welcomed LGBTI people of faith. It was a joyful experience, and I revelled in this new community. But outside of it I still had to deal with discrimination, not only because of my sexual orientation but also due to racism.

Le côté amère de cette histoire était que l’Église et la communauté religieuse que je chérissais et adorais furent les premières à m’ostraciser. Bien entendu, l’amertume était très difficile à avaler. Cela fut le début de la relation de haine et d’amour entre moi et le Nigéria, les Nigérians et avec l’Église. La découverte de ma sexualité par ma famille vint plus tard, et ce fut le pire de tout, surtout quand mon père et mon fils se retournèrent contre moi.

However, my faith only grew stronger, and I had no intention of giving up. I knew there were many people like me, in Africa as well as in Europe. I went for further theological training with the MCC, and in 2006 I founded the House Of Rainbow Fellowship in my native country, the first Christian denomination to welcome lesbian, gay, bisexual, transsexual and intersex people in a country hostile to all of these.

En tant qu’homme de foi, mon point de focalisation fut toujours la réconciliation. Premièrement avec Dieu, ensuite avec les gens qui comptaient le plus 37


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

I spent the next two years in Nigeria building the House of Rainbow and, by September 2008, we were thriving. Indeed, we became a household name, but for all the wrong reasons!

pour moi. Cela me prit plusieurs années de faire mon coming out auprès des membres de ma famille proche, de mes amis et de mes collègues. Chaque étape porte ses propres marques de souffrances et de tourments. Jusqu’à un certain point j’étais psychotique. Il m’était difficile de faire confiance à quiconque. Je fus maltraité d’une communauté chrétienne africaine à une autre à chaque fois que mon homosexualité était mise à jour.

The hatred and insecurity these harmless initiatives created were intense. Some of us were threatened with death, and many of our members suffered rejection and violence. Some fled the country abroad. My home was vandalised, and my entire family were threatened for my actions. Leading religious leaders and politicians spoke of me with hatred and incredible malice. But we had grown a movement of LGBTI Christians in a hostile nation, and there was no going back.

Cependant, je savais que j’étais “l’enfant du Dieu vivant”. Plus je m’accrochais à cette idée, plus je m’avançais vers ma guérison interne. Je découvris également une communauté chrétienne, la Metropolitan Community Churches (MCC), qui acceptait et recevait les personnes LBGT chrétiennes. Ce fut une expérience heureuse et je me suis revellé dans cette nouvelle communauté. Mais en dehors d’elle, je devais toujours faire face à la discrimination, non seulement à cause de mon orientation sexuelle, mais également à cause du racisme.

At the same time, I got more involved with my father’s organisation, spent more time with him, and introduced as many of our LGBTI members to him as I could, so that he got to meet many LGBTI people. I became part of his daily life again, and he was my mentor and advisor on many issues, my first port of call when it came to challenging conservative theological rhetoric and getting political advice. I spent invaluable time with him, learning from his wisdom.

Malgré tout ma foi grandit et je n’avais aucune intention de laisser tomber. Je savais qu’il y avait plusieurs autres personnes comme moi, aussi bien en Afrique qu’en Europe. Je décidai de recevoir une formation théologique plus profonde avec

I also seized this opportunity to raise the issue of homosexuality and the church and to search for answers to the religious community’s exclusion of LGBTI people. I studied theological texts that spoke to the issues. I laboured intensely, debating these matters with my father, whom I respect dearly and consider a great thinker.

Il me dit qu’il a discuté de ma sexualité avec son partenaire et qu’il n’a plus de problème.

However, in 2008 I was forced to flee Nigeria. My father was the first to tell me it was time to leave the hostility behind. He even promised to clear up any mess I had to leave behind. I was amazed he was willing to help me in my dark moment.

la MCC. En 2006 j’ai fondé House of Rainbow Fellowship dans mon pays de naissance. Ce fut la première congrégation à recevoir des lesbiennes, des gays, des bisexuel/les, des transexuel/les et des personnes intersexes dans un pays hostile à toute cette réalité.

Our long dialogue paid off further when he agreed to attend the conference in South Africa that I wrote about in the first issue of Q-zine. At the conference, to my amazement again, he revealed a new openness to the inclusion of LGBTI people in the church.

Je passai les deux années suivantes au Nigéria à poser les fondements de la House of Rainbow et, en septembre 2008 nous prospérions. Bien entendu nous sommes devenus un nom de référence, mais pour toutes les mauvaises raisons!

But I had been forced to return to England shrouded with hatred, feeling cheated out of my mission. 38


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

La haine et l’insécurité dans laquelle cette initiative sans danger nous a plongé furent intenses. Certains d’entre nous furent menacés de mort, et plusieurs de nos membres ont soufferts le rejet et la violence. Certains se suicidèrent. Ma maison fut vandalisée. La vie de ma famille entière fut menacée à cause des actions que je posais. Les leaders religieux et politiciens parlaient de moi avec haine et une malice indescriptible. Mais, nous avons fait naître un movement chrétien LGBT dans une nation hostile, et il n’était pas question de faire marche arrière. Au même moment, je m’impliquai davantage dans l’organisation de mon père. Je passai plus de temps avec lui et lui présentai autant que possible les membres LGBTI de notre église, afin qu’il puisse être en contact avec plus de personnes LGBTI. Je devins de nouveau une partie de sa vie quotidienne, et il devint mon mentor et mon conseiller sur plusieurs sujets. Il devint aussi la première personne vers laquelle je me tournai quand vint le moment de remettre en question la rhétorique théologique conservatrice. Je passai des moments incalculables et j’appris de sa sagesse. Ce fut aussi l’occasion de saisir cette opportunité pour mettre à jour les problématiques de l’homosexualité et de l’Église, et de chercher des réponses sur l’exclusion des personnes LGBTI par les communautés religieuses. J’étudiai les textes théologiques qui parlaient à ce propos. Je travaillai intensement, discutant de ces questions avec mon père que je respecte profondément et considère comme un grand penseur. Malheureusement, en 2008 je fus forcé de fuir le Nigéria. Mon père fut le premier à me dire qu’il était temps que prenne les voiles. Il promit même de nettoyer mes salissures après moi. Je fus surpris qu’il veuille me venir en aide durant mes moments difficiles. Notre long dialogue finit par porter ses fruits quand il accepta de participer à la conférence en Afrique du Sud dont j’ai parlé dans le premier numéro de Q-zine. Au cours de cette conférence, une fois de plus à ma grande surprise, il se montra très ouvert à l’inclusion des personnes LGBTI dans l’Église. 39


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

Back in the UK, I embarked on a long journey to raise and address issues of discrimination based on sexual orientation and gender identity. It is no longer a Nigerian battle but one for the entire African continent, and I believe our persistence will pay off in the end.

To deny my gayness was to deny God

On returning to the UK, I also focused on rebuilding relationships with my family. It has not been easy, but with the grace of God, I have been making progress. I have a son who is now a grown man. For years he struggled to understand why his father was gay. The numerous headlines and snide remarks from the church and the Nigerian community did not help. He was desperate to understand, but he was surrounded by people sending messages of gloom and doom. Just before his 18th birthday, he told me he was ashamed I was gay and regretted any connection with me, that he was not proud to mention me or tell people we are related. This hurt me deeply, but whatever my son thought about me, I knew that to deny my gayness was to deny God. As a person of faith, I have to believe God will never give anyone a burden they cannot bear, yet my son’s statement made me almost lose patience with God. Nevertheless I have managed to stay firm in my spirituality and prayers. I believe my “investment” in faith must one day pay off, so I have rededicated myself to bringing the gospel of inclusion to everyone. In 2011, my son agreed to spend the Easter weekend with me. It was the first time we had seen each other in months, though we had spoken over the phone and I had written him a few letters, working towards understanding and reconciliation. At our Easter reunion he told me that he and his partner had discussed my sexuality and that he no longer had a problem with it. I have pondered what caused the sudden change of heart and must admit I was a little confused about it and the prospect of reconciliation after all this time. It was a shock that the most precious people in the 40


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

blessa profondément, mais je savais que quel que soit ce que mon fils pensait de moi, renier mon homosexualité était renier Dieu lui-même. En tant que homme de foi, je dois croire que Dieu ne donne jamais à personne un fardeau qu’il ne serait en mesure de supporter. Cependant les dires de mon fils me firent presque perdre patience contre Dieu. Néanmoins, je réussis à tenir ferme dans ma spiritualité et dans mes prières. Je crois que mon “investissement”dans la foi finira un jour par porter des fruits, aussi, me suis-je reengagé à apporter l’évangile d’inclusion pour tous.

world, my father and son, now both accepted me as a gay man, but what a wonderful shock! All I am sure of now is that it is never wise to allow the insecurity of our families to cause us to be estranged from them. Deep down, we will always be part of these families, and everyone knows that. Never give up on yourself or your family. Reconciliation is possible. We just have to be willing to pay the price towards full acceptance. Founder and pastor of Nigeria’s House of Rainbow Fellowship, Rev Rowland Jide Macaulay is one of the pioneers of LGBTI-positive Christian evangelism and pastoral care in Africa.

En 2011, mon fils a accepté de passer le weekend pascal avec moi. C’était la première fois que nous nous voyons depuis des mois, bien que nous nous parlions au telephone et que je lui ai envoyé quelques lettres, travaillant pour la compréhension et la réconcilliation entre nous.

Renier mon homosexualité était renier Dieu lui-même.

Durant notre rencontre pascale, il me dit qu’il a discuté de ma sexualité avec son partenaire et qu’il n’a plus de problème avec. J’ai essayé de comprendre ce qui a provoqué ce soudain changement d’attitude, et je dois admettre que j’étais un peu confus à ce propos, à la perspective de réconcilliation après tout ce temps. Ce fut un tel choc pour moi que les personnes les plus précieuses au monde, mon père et mon fils, m’acceptent désormais comme un homosexuel. Mais un choc agréable!

Mais je fus forcé de rentrer en Angleterre couvert de haine, ayant le sentiment d’avoir trahi ma mission. De retour en Grande Bretagne, je me suis embarqué dans un long voyage dans le but de mettre en lumière les questions de discriminations basées sur l’orientation sexuelle, le genre et l’identité. Ce n’est plus seulement une bataille nigérianne, mais une bataille pour le continent entier, et je crois que notre persévérance finira par payer à la fin. Une fois en Angleterre également, je me suis aussi focalisé à la reconstruction de ma relation avec ma famille. Ça n’a pas été des plus faciles, mais par la grâce de Dieu, je suis en plein progrès.

Tout ce dont je suis certain maintenant, c’est qu’il n’est pas sage de laisser les insécurités des membres de nos familles faire en sorte que nous nous en éloignions. Au plus profond nous serons toujours membre de ces familles, et tout le monde le sait. Ne jamais se décourager soi-même ou à propos de notre famille. La réconcilliation est possible. Nous devons juste accepter de payer le prix qui mènent vers l’acceptance totale par ces derniers.

Mon fils est maintenant grand. Pendant des années, il s’est battu pour comprendre pourquoi son père était gay. Les nombreux titres sacarstiques des media provenant de l’Église et de la communauté nigérianne n’ont pas beaucoup aidé. Il avait soif de comprendre, mais il était entouré de personnes qui bombardaient des messages sombres et tragiques.

Fondateur et pasteur de Nigeria’s House of Rainbow Fellowship [La maison arc-en-ciel de la Confrérie Évangéliste Nigériane], Rev Rowland Jide Macaulay est l’un des pionniers Africains à militer pour l’inclusion des questions LGBTI dans la foi évangéliste chrétienne en Afrique..

Juste avant ses 18 ans, il me dit qu’il avait honte que je sois gay et qu’il regrettait le fait d’avoir quelque connexion avec moi, et qu’il n’avait aucune fierté de me mentionner ou encore de dire aux gens que nous étions parentés. Cela me 41


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

LA BOULE DE CRISTAL The Mirror Ball By/par Yahya Mayet Je suis assis avec un sentiment de fierté, sur la banquette arrière de la voiture de mon frère: j’ai été jugé assez digne de partager sa compagnie et celle d’un de ses amis. C’était le début de l’été, je regardais par la fenêtre, avec un air doux de bonheur. Je suis forcé de sortir de ma rêverie par des rires provenant de l’avant de la voiture, je remarquai donc que mon frère et son ami riaient en montrant du doigt, un garçon dans la rue. Je suivi leur regard avec étonnement. En effet, dans la rue, il y avait un garçon qui portait des jeans moulants, avec une démarche presque féminine. Il avait des cheveux très noirs et de belles lèvres roses. Avec leurs fenêtres baissées et en criant, “Jou Moffie !!!”, mon frère et son ami jetta des canettes de boissons vides qui frappa le beau garçon. J’ai eu peur, je commenca à craquer. Malgré cela, Beau garçon maintient sa marche, il a un sens de la dignité et de force je ne sais pas. J’essaie de refouler mes larmes.

I sit with a sense of pride on the backseat of my brother’s car: I have been deemed worthy enough to be in his company, with his friend in the passenger seat. Its early summer, I gaze out of the window in mellow contentment. I break out of my reverie by a fit of giggling upfront; I notice my brother and his friend pointing to a boy across the street. I stare in wonder. He wears figure-hugging jeans, he walks with an almost feminine rhythm, he has perfect black hair and beautiful pink lips. The window is rolled down and empty soft drinks cans strike the beautiful boy with an added, “Jou Moffie!!!” I am scared, I begin to crack. Despite this, Beautiful Boy maintains his walk. He has a sense of Dignity and Strength that I don’t. I hold back my tears. The feel of the Kurta is like silk against my skin. It is my secret love affair to with the dress I never dare wear. It’s my Defiance; it’s my homage to the Beautiful Boy. I make my way toward the clustered group of children in the Madressah yard. I always found a sense of peace with Allah, I felt that someone out there was looking out for me and shared my secret. The boys are whispering, I move closer, “The Moulana told us that Moffies will be punished, they will be thrown from a mountain for all eternity.” I shiver inside; a piece of me cracks and falls off. I feel betrayed, I feel alone.

Dans la rue, il y avait un garçon qui portait des jeans moulants, avec une démarche presque féminine. La sensation de la Kurta est comme de la soie sur ma peau. Elle est mon histoire d’amour secrète avec la robe que je n’osera jamais porter. C’est mon défi, c’est mon hommage au Beau Garçon. Je fais mon chemin vers le groupe des enfants dans la cour de l’école Coranique. J’ai toujours trouvé un sentiment de paix avec Allah, je sentais que quelqu’un, quelque part, veillait sur moi et partagait mon secret. Les garçons chuchotaient,

“Just admit you are gay and like it up the bum,” the Bully taunts me repetitively. How does he see through me? Am I that obvious? What does GAY actually mean? What will my mum say? She is a religious teacher, she won’t understand. Am I more ashamed of being bullied or of the self denial? With a rush of hormones I am unwillingly 42


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

je me rapproche pour entendre, “La Moulana nous a dit que les “Moffies” seront punis, ils seront jetés d’une montagne pour l’éternité”. Je frissonne à l’intérieur, un morceau de moi craque et tombe. Je me sens trahie, je me sens seul.

thrust into puberty. I spend my days absorbed in books and scouring the library to fill this gap I am trapped in. I open the covers and I try mending the cracks. I remember reading a passage that became steadily more homoerotic, images of hard male bodies, cocks, nipples, and asses flashed through me, struck me. I raced to the bathroom to masturbate furiously, repeating a mantra that would stay with me throughout high school: “I am not gay, I am not gay, I am not gay.’ I climax and am thrown into an abyss of Disgrace. This pleasure is torture.

“Admets que tu es gay et qui tu aimes te le prendre dans le cul”, le petit tyran chantait de façon répétitive. Comment peut-il voir à travers moi? Suis-je si évident? Qu’est-ce que GAY signifie réellement? Que dirait ma mère, elle qui est enseignante coranique. Elle ne comprendra. Suisje plus honteux d’être victime d’intimidation ou de la négation de soi? Par une montée d’hormones, je suis involontairement plongé dans la puberté. Je passe mes journées absorbé dans les livres et à la bibliothèque à fouiner pour combler ce vide qui m’emprisonne. J’ouvre les livres et essaie de réparer les fissures. Je me souviens avoir lu un passage qui devient de suite homo érotique, des images de corps masculins durs, des pénis, des têtons et des fesses flasha devant mes yeux, me frappa. Je couru dans les toillettes me masturber furieusement en chantant un mantra qui resterait avec moi tout au long du lycée: «Je ne suis pas gay, je ne suis pas gay, je ne suis pas gay”. J’éjacule et me retrouve dans un abîme de honte. Ce plaisir est d’une torture.

He wears figure-hugging jeans, he walks with an almost feminine rhythm, he has perfect black hair and beautiful pink lips. féminine. “I am Gay,” the only words I text to my best friend situated in Johannesburg. I sit in my student apartment in Cape Town sweating profusely. This has come about after one nervous breakdown and two suicide attempts, just what the doctor prescribed? My phone beeps: Seriously? How could I not know, since I am your best friend? I am swimming in despair. The phone beeps again. I love you. I kick to the surface and breathe again.

“Je suis gay”, les seuls mots que j’envoi par sms à mon meilleur ami qui est à Johannesburg. Assis mon appartement d’étudiant à Cape Town, je transpirais à grosses gouttes. Cette réalisation est venue après une dépression nerveuse et deux tentatives de suicide, juste ce que le docteur a prescrit? Mon téléphone bip: “Sérieusement? Comment est-ce que je n’ai rien devine puisque je suis ton meilleur ami?” Je plonge dans le désespoir. Le téléphone bip de nouveau: “Je t’aime”. Je refais surface et respirer de nouveau.

My brother is going through a divorce; his ex-wife is spreading ‘rumors’ that I am gay. My world is filled with images of fists on my body, kicks to my groin, maybe a flaming torch or two carried by a Moulana, and for added measure an exorcism of sorts. I sit next to him wringing my hands and burst, “The rumours are true; I am Gay, I’m so sorry I didn’t mean to do this and hurt all of you.” He holds me and says, “You are an amazing person and the best brother I know, don’t worry, you can’t change this. Just don’t tell Mamajee (uncle) yet because we need to protect mum.” I rejoice, I was HELD.

Mon frère est en instance de divorce, son exfemme propage des “rumeurs” que je suis gay. Mon monde est rempli d’images de poings sur mon corps, de coups de pied dans l’aine, peutêtre une torche ou deux enflammées portées par un Moulana et pour la touche, un exorcisme de sorte. Je suis assis à côté de mon frère, tordant mes mains et éclata, “Les rumeurs sont vraies, je suis gay, je suis sincèrement désolé, je n’avais

SHE is sitting on the carpet of my room demanding to understand, demanding. I cannot lie, “ Its true Mum, I am Gay, He is my boyfriend.” She is still, her world has exploded, she shakes her head furiously, she utters a slight moan uttering just 43


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

pas l’intention de faire du mal ni de tous vous blessés”. Il me prend par les épaules et dit: «tu es une personne incroyable et le meilleur frère que je puisse avoir, ne t’en fait pas, tu ne peux pas changer cette situation. Ne dis rien à Mamajee (oncle) pour le moment, nous devons protéger maman “. Je me réjouis, j’ai été tenu.

one word again and again, “No...” She looks up at her son with eyes red and swollen from crying, his body shaking, bile rising in his throat, and says “We have never had this in our family, we have had drugs, and maybe I can help you with this, we just need to pray.” My brother is beside me as I cry years of frustration, denial, and complete aloneness. He answers for me, “Look at your son, who would CHOOSE to be this tortured, you just have to love him.” She still shakes her head in denial? “Will you marry him?” she asks. “In time I plan to, he is one of the only things, along with my best friend, that keep me afloat,” I answer through my tears. She continues to shake her head. I cannot be here. I race out of the house and drive in frenzy to my best friend’s house. She is confused as she opens the gate; I hug her and say, “I told her, it’s over.” I am in my pyjamas, and I fall to the ground, I grab my stomach and throw up. I am empty, I am...

ELLE est assise sur le tapis de ma chambre, exigeant une explication. Je ne peux pas mentir, “c’est la vérité, maman, je suis gay. Il est mon amant”. Elle est immobile, son monde a explosé. Elle secoue la tête avec fureur, pousse un léger gémissement, prononçant juste un seul mot, encore et encore, “Non...” Elle lève la tête vers son fils avec les yeux rouges gonflés par les larmes, son corps secouant, la bile montant dans sa gorge et dit: “nous n’avons jamais eu ça dans notre famille, nous avons eu des drogués--peutêtre je peux t’aider avec ceci, nous avons juste besoin de prier”. Mon frère est à mes côté, moi qui pleurais des années de frustration, de déni et de solitude complète. Il répond à ma place, “regard ton fils, qui CHOISIRA d’être aussi torturé, tu dois seulement l’aimer”. Elle secoue encore la tête dans le déni? “Tu l’épouseras?”, elle demande. “Avec le temps j’en ai bien l’intention, il est l’une des seules choses avec mon meilleur ami qui me maintiennent à flot.” Je réponds à travers mes larmes. Elle continue de secouer la tête, je ne peux pas être ici. Je cours hors de la maison et conduit dans la frénésie vers la maison de mon meilleur ami. Elle est confuse en ouvrant la porte, je l’embrasser et lui dit “Je lui ai dit, c’est fini”. Je suis dans mon pyjama et je tombe par terre, avec mon estomac dans mes mains et vomi. Je suis vide, je suis ...

“Just admit you are gay and like it up the bum,” the Bully taunts me repetitively. These are only a few of the memories that sit with me in my room. They are pieces of broken mirror; I pull them out now and then to find order and a sense of self. I finger the sharp edges at times, as they test the limits of my skin. I am yet to be ‘outed’ to the rest of my family, but I feel ready. I have a support system that cradles me now. I have a partner who truly sees me, cracks and all. I have a best friend of 10 years and her mother (my somewhat adoptive mother) who make me feel like part of an accepting family.

Ceux-ci ne sont que quelques souvenirs qui siègent avec moi dans ma chambre. Ils sont des morceaux de miroir brisé, je les sort de temps en temps pour essayer de trouver un ordre et un

My adoptive mother has embraced me without thought, she has welcomed both me and my partner, she has stood up against homophobia around her, but mostly she is a secure presence in my life. As for my biological mother whom I do love dearly, the journey is long and arduous. She still remains in denial, although she has ceased to question me when I spend the night at my partner.

“Admets que tu es gay et qui tu aimes te le prendre dans le cul,” le petit tyran chantait de façon répétitive.

As an interracial gay couple we still face some stares and some knee jerk remarks but we remain 44


T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

sens de soi. Je passe mes doigt sur les lames aiguisées, comme pour tester la sensibilité de ma peau. J’ai encore à faire mon “coming out” au reste de ma famille, mais je me sens prêt. J’ai un système de soutien qui me berce maintenant. J’ai un partenaire qui me voit vraiment, avec mes fissures et tous. J’ai une meilleur amie de 10 ans et sa mère (ma mère adoptive en sorte) qui me font me sentir comme une partie d’une famille d’acceptante. Ma mère “adoptive” m’a ouverte ses bras, sans pensée, elle nous a accueilli mon petit ami et moi, elle a résisté contre l’homophobie autour d’elle, mais surtout elle est une présence sécuritaire dans ma vie. Quant à ma mère biologique que

Issue/numéro 4 . July 2012

steadfast in our statement of love. We refuse to not hold hands to appease a heterosexual norm. Maybe there is another little boy out there that will look at me and see a possibility. The overwhelming bits of acceptance from people around me and the denial from others have fused in my mind an urgent need to validate my voice and make sure that LGBTI stories are heard and protected. I cannot fully know what lies ahead for me when the gates are opened to the rest of my religious family, but this is not as important as being WHO I am. For now, I sit in my room fitting these broken mirrored pieces into a sphere so that someday I can truly look at myself with all its edges and find the PERSON among all the cracks.


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

Yahya Mayet is a twenty-something South African working iin the management consulting Industry. He is passionate about LGBTI and childrens’ rights advocacy and is a mentor for the Helen Suzman Foundation Youth Development Programme, which he hopes will create a meaningful impact. He is supported by his loving partner Jonathan Bosworth and his adopted family Raysha and Kiara Singh

j’aime toujours tendrement, le chemin à traverser est encore long et ardu. Elle reste encore dans le déni même si elle a cessé de me questionner quand je passe la nuit chez mon ami. Entant q’un couple interracial gay nous sommes toujours confrontés à certains regards et certaines remarques blessantes, mais nous restons confiants dans notre déclaration d’amour. Nous refusons de ne pas nous tenir la main pour apaiser la norme hétérosexuelle. Peut-être il y a un autre petit garçon là-bas qui me regarde et voit une possibilité. Çes nombreux morceaux éparpillés d’acceptation de gens autour de moi d’un coté et le déni des autres ont tous deux fusionnés dans mon esprit ce besoin urgent de valider ma voix et de m’assurer que les histoires LGBTI sont entendues et protégées.

As an interracial gay couple we still face some stares and some knee jerk remarks but we remain steadfast in our statement of love.

Je ne peux clairement anticiper ce qui attend pour moi quand le reste de ma famille religieuse est informée, mais je pense que ceci n’est pas aussi important que QUI je suis. Pour l’instant, je suis assis dans ma chamber, occupé à recoller ces morceaux de miroirs en une sorte de sphère de sorte qu’un jour je puisse vraiment me regarder avec toutes ses angles et trouver la PERSONNE qui existait avant toutes les fissures.

Entant q’un couple interracial gay nous sommes toujours confrontés à certains regards et certaines remarques blessantes, mais nous restons confiants dans notre déclaration d’amour. Yahya Mayet est un jeune Sud Africain d’une vingtaine d’années qui travaille dans une boite de consultant en management. Il est passionné par les questions LGBTI et la promotion des droits des enfants. Il est tuteur au sein du programme de développement des jeunes de la Fondation Helen Suzman, qu’il espère apportera un impact signifiant dans la vie des jeunes participants. Yahya a le soutien de son compagnon, Jonathan Bosworth et de sa famille adoptive, Raysha et Kiara Singh.

46


T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

Issue/numéro 4 . July 2012


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

How to make spaghetti

Comment faire des spaghettis By/par Jennifer-Noxolo Musangi

“Marriage is important when you’re afraid, insecure or need something. It’s possible to be married just by being together.” -Tina Turner

“Le mariage est important quand vous avez peur de quelque chose, lorsque vous vous sentez en insécurité ou lorsque vous avez besoin de quelque chose. Cependant, il est possible d’être marié juste du fait de vivre ensemble”. – Tina Turner

I am sitting in our house. Wait, did I say “our?” No, my partner’s house. Not my partner. My lover’s house that we now share. Why is it so difficult for me to situate myself in relationship with the most queer person I know? Gender variant, brilliant, caring, hot etc. Did I tell you they are hot?

Je suis assise dans notre maison. Stop! Aije dit “notre” maison? Non, dans la maison de ma partenaire. Non, pas de ma partemaire. La maison de mon amoureuse que nous partageons désormais. Mais pourquoi est-il si difficile pour moi de me situer, alors que je suis en relation avec la personne la plus queer que je connaisse? Flexible dans les genres, brillante, attentionnée, excitante, etc., etc. Vous ai-je dit qu’elles sont excitantes? Eh bien! Je pense que nous sommes loin des définitions et des catégories. Nous nous identifions autrement. Polyamoureuses. Exclusives. Célibataires. Ouvertes. Compliquées. Nous sommes queers. Des personnes au corps de femme s’aimant les unes les autres intimement en Afrique. Non pas la partie africaine des Nations Unies qui trainent avec elle les fardeaux des guerres, des famines, du désordre à l’état primitif. Non plus celle touristique dans laquelle les Massaïs parlent le Zulu, et les lions vivent avec les courageux Américains dans la jungle. Non. Nous vivons dans cette Afrique où il est possible de posséder des maisons, des lits et des condoms. Celle dans laquelle la pauvreté est masquée dans les promesses non accomplies, dans les hypothèques annulées, dans les rappels de loyers, et dans lesquelles les familles vivent sous le contrôle des pillules offertes par les premiers organismes mondiaux aux gouvernements africains aux fins de contrôle des vies des hétérosexuels. Et donc, dans cette maison-là, j’écris ceci et je ne sais pas pourquoi Tina Turner trotte dans ma tête.

Well, I guess we are way beyond definitions and categories. We identify differently. Polyamorous. Exclusive. Single. Open. Complicated. We are queer. Female-bodied persons loving each other intimately in Africa. Not the UN part of Africa that carries the burden of war, hunger, houseflies and raw sewage. Neither is this the tourist Africa in which Maasais speak Zulu and lions live with one daring American in the jungle. No, we live in that Africa in which people can own houses, beds and condoms. Poverty hidden in unpaid bonds, cancelled mortgages, repossessed hire purchases and family planning pills donated by first-world organisations to our government to govern heterosexual lives. So, in this house I am writing this but I don’t know why Tina Turner is on my mind. I love Tina Turner. Not that way, but love her all the same. Tina Turner has sung and said so many things that I have bought into before, but this one thing about marriage…mmmmh! Let’s see. Yes, I am insecure. I need something. I am afraid. We live together. In our not being married, we are married I have been sitting by the sea watching the Indian Ocean which connects my adopted South African 48


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

home with my birth home miles away in Kenya. I know I share in this universe. This universe above and under waters. I know I belong.

J’adore Tina Turner. Pas de cette façon-là, mais je l’aime de la même façon. Tina Turner a chanté et dit tellement de choses avec lesquelles j’étais en accord, mais cette chose particulière sur le mariage… huuuuuuum! Voyons. Oui, je me sens en insécurité. J’ai besoin de quelque chose. J’ai peur. Nous vivons ensemble. Dans notre nonmariage, nous sommes mariées.

But why don’t I belong here exactly? My partner’s family (let’s just call this person I love a partner) has not made me feel this way. After all, they couldn’t make me feel unwelcome. In a circle of three – ok, that is a triangle – they can barely tell which of us is dating whom. Maybe to them queer people are a web of promiscuity that goes beyond understanding. I have been queer for a long time; straddling the continuum stretched over the weird to the fabulous through the different. I know families that have closed their Queer People 101: An Introduction courses long before they got the reading list. This one is not different.

J’étais assise face de la mer ragardant l’Océan Indien, lequel connecte l’Afrique du Sud, ma terre adoptive, avec ma terre natale à des milliers de kilomètres au Kenya. Je sais que je partage quelque chose avec cet univers. Cet univers par delà et sous les mers. Je sais que je lui appartiens. Mais pourquoi est-ce que je ne suis pas exactement d’ici? La famille de ma partenaire (appellons là seulement j’aime une partenaire) ne m’a pas aidé à me sentir comme à la maison. Après tout, elle ne pouvait pas faire en sorte que je me sente indésirée. Dans un cercle de trois – ok, c’est un triangle- il leur est impossible de distinguer qui parmi nous sort avec qui. Peut-être que pour cette famille, les personnes queer vivent dans un réseau de promiscuité qui dépasse l’entendement. J’ai été queer pendant très longtemps; connectant l’effet prolongé du bizarre au fabuleux en passant par le différent. Je connais des familles qui ont arrêté de prendre le cours intitulé: L’univers des queers 101: Introduction, bien avant qu’elle ait reçue la bibliographie indicative pour compléter la leçon. Cette famille n’est pas si différrente.

I am sitting by the sea writing a poem that is not a poem. My love r– who me and you are now calling partner – has come down to Port Elizabeth with a friend for a short holiday. Her/their family lives here. Surely we have to meet them. Who am I in this matrix? How am I to be introduced to a family that is still struggling to accept their own? A family that was introduced to another lover just slightly over three months ago? A family that has already met several others before me? Meanwhile most of my friends in Johannesburg believe that my PE trip is a meeting with the “in-laws.” I am battling with this. Not because I am the non-conforming type that has completely written-off marriage. I still believe marriage between/among queer people is not heteronormative and patriarchal. It is one way of stretching the boundaries of conformity. It is a sure way of messing up the system and pissing “them” off. I call it productive confusion. That’s just me. I am weird like that.

Je suis assise face à la mer, rédigeant un poème qui n’en est pas un. Mon amoureuse – que toi et moi désormais appelons partenaire- est arrivée avec une amie à Port Elizabeth pour de courtes vacances. Sa/leur famille vie là. Bien entendu nous devons la rencontrer. Qui suis-je dans cette matrix? Comment serai-je présentée à cette famille qui se bat encore pour accepter leur enfant? Une famille à qui fut présentée, il y a à peine trois mois, une autre amoureuse? Une famille qui a déjà vu plusieurs autres avant moi? Bienque, la plupart de mes amies à Johannesburg sont conavaincues que ce voyage à P.E n’est rien d’autre qu’un déplacement de routine pour que je puisse rencontrer ma “belle-famille”, je me bats encore avec toute cette situation. Non pas parce que je suis le type de personne non conforme

I am writing this non-poem as I walk down the sea side. A marked stranger in town. Mapped on an unfamiliar location called Dyke District. Notebook and pen in hand. A straight face in a queer body. Writing. Speaking. Pacing. Tiding. With the sea. There is something about the horizon There is something that reflects your soul When the sea is turbulent Its tides almost moving like your pulse Fast, skipping Way too fast for your blood 49


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

There is something about the horizon There is something that makes you forget When your life is turbulent Wrapping hands with a distant horizon Peaceful, unmoved Way too quiet for your grayness

qui a totalement déconstruit l’idée du mariage. Je continue de croire que le mariage entre/parmi les queers n’est pas hétéronormatif et patriarchal. C’est un moyen de renforcer les liens de la conformité. C’est un moyen certain de foutre le bordel dans le système, mais surtout de l’enrager. J’appelle cela une confusion productive. C’est juste moi. C’est ma façon à moi dêtre bizarre.

There is something about the horizon There is something that resonates with your future When your present seems turbulent Moving your life beyond the angry waters Propelled, focusing Way too hard on the promise above

J’écris ce non-poème tandis que je descends la côte. Une étrangère marquée dans la ville. Cartographiée dans une zone étrange appellée Dyke District. Bloc-note et stylo à la main. Une face hétéro dans un corps queer. Écrivant. Parlant. Marchant. Me rapprochant. Avec la mer.

There is something about the horizon There is something that creates a safe distance When the waters seem too disturbed to sit still Making the sky lifeless, ugly and gloomy Disengaged, disinterested Way too calm for the turbulent waters

Y’a un mystère dans l’horizon Y’a quelque chose refléchit sur ton âme Quand trouble est la mer Vagues bougeant presqu’au même movement de ton poult Vite, sautant Bien trop vite pour ton sang

And sooner or later you begin to write Writing your pain and the pain of your story Trying to undo the story they made of you

Y’a un mystère dans l’horizon Y’a quelque chose te fait oublier Quand trouble est ta vie Mains serrées avec l’horizon lointain Indifférent, dans la paix Bien trop calme pour grisaille tienne

And you write your story your own story Each word oozing with pain and hope Breaking your guts and nerves A pain you were taught so as to stop you Almost to stop you from existing Almost wishing you away erasing your desire And you begin to write as a collective Sharing your story from outside you For the story wraps your being

Y’a un mystère dans l’horizon Y a quelque chose resonne avec avenir tien Quand trouble semble ton présent Déplaçant ta vie au-delà des eaux en colère Propulsée, la fixant Bien trop durement vers les promesses au-delà

And sooner or later you own the story Warping it into an entry in your diary Defining yourself in each word Begin To Breathe Turbulence.

Y’a un mystère dans l’horizon Y’a quelque chose crée une sûre distance Quand trop trouble pour se calmer semblent eaux Rendant airs sans vie, laids et brumeux Désengagés, désintéressés Bien trop calme pour les troubles eaux

My partner’s (haha) family just left our house. I was never introduced as anything else in P.E. I was “chosen family.” This weekend my partner’s sister introduced me to her daughter as “[insert

Et tôt ou tard à l’écriture te mets Traçant peine et douleur ton histoire Essayant de défaire histoire à ton propos faite

50


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

Et tu écris histoire celle tienne Chaque mot irradiant peine et espoir Brisant tes goûts et tes nerfs. Une douleur si bien apprise au point de pouvoir t’arrêter Presque t’arrêter d’exister Presque souhaitant que disparaisses effaçant ton désire

name]’s girlfriend.” Queer silence speaks. And in that silence spaghetti stops being straight once in boiling water. That too bends. Denial warps into admitting. We are. We are here. Jennifer-Noxolo-Musangi’s previous life is a rumour. She is not entirely sure when/where she was born. Her family is divided on whether it was end of 1981 or mid 1982. Her mother, who used to be her sister, however, has successfully convinced her that she was born on Workers’/Labour Day in 1982. Jennifer reinvented herself at the age of 23 by getting a birth certificate claiming her Father’s Name was NOT APPLICABLE. She has since then overwritten her childhood and walks around the world caught-up between varied spaces of being. Jennifer is human and when the internet calls her anapolojetik, she has learnt to respond with a poem. If she were Nigerian, Jennifer would have been named Chi but she became Xhosa and was renamed noxolo by Igbo gods.

Et tu commences à écrire collectif Partageant ton histoire par devers toi L’histoire a emballé ton être Et tôt ou tard propriétaire de l’histoire tienne tu es La déformant dans une entrée de ton journal Chaque mot te définissant Commence Á Respirer Turbulence. La famille de ma partenaire (haha) vient juste de s’en aller de notre maison. Je n’avais jamais été présenté comme quelque chose d’autre à P.E. J’étais la “famille choisie”. Cette fin de semaine, la soeur de ma partenaire m’a présenté à sa fille comme la petite amie de “[insérer le nom]”. Le silence queer parle. Et dans ce silence le spaghetti cesse d’être droit une fois plongée dans l’eau bouillante. Ça se courbe également. Le dénie se contorsionne en acceptance. Nous sommes. Nous sommes là.

La rumeur n’est pas entièrement sûr de quand ni d’où Jennifer Noxolo Musangi est née. Certains disent que c’était fin 1981 et d’autres avancent mi 1982. Ce qui est sûr, c’est que sa mère, qui était sa soeur, reste convaincue que Jennifer est née le jour de la Fête du Travail en 1982. À l’âge de 23 ans, Jennifer se réinventa, changeant son acte de naissance, renia le nom de son père et entreprit un voyage autour du monde. Si elle était Nigériane, elle s’appellera Chi, mais elle est devenue Xhosa et a été rebaptisée Noxolo par les Dieux Igbo.

51


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

Fusion Afro-Asiatique Par Anna Nagalo


T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

Issue/numéro 4 . July 2012

Afro-Asian Fusion by Anna Nagalo

I’m a French-Burkinabé Fashion Designer, founder of the label Nagalo Créations, which is a young Parisian label of ready-to-wear and fashion accessories. My “Voltaic Collection,” from which most of these photos come, was inspired by AfroAsian influences that give an ethnic twist to the materials I use, such as “simili”, while adopting a style that is both urban and comfortable. In fall 2011 I also launched a new line, “Nagalo for Men.” This provocatively metrosexual line is mostly composed of harem pants, vests shirts, and, yes, skirts that enrich the world of Nagalo Créations while allowing the wearers to challenge conventional gender expressions through their fashion choices.


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

Je suis styliste Franco-Burkinabé, fondatrice de la marque Nagalo Créations, qui est une jeune marque parisienne de prêt à porter et d ‘accessoires de mode. Ma collection voltaïque d’où sont tirées certaines de ces photos, s’inspire de mes influences afroasiatiques qui apporte une touche ethnique aux matériaux comme le simili tout en adoptant un style à la fois urbain et confortable. Depuis l’automne 2011 j’ai également lancé une nouvelle gamme, Nagalo for Men. Cette ligne métrosexuelle de vêtements est composée principalement de sarouels et de gilets mais également de jupes, chemises---qui viennent enrichir l’univers de Nagalo Créations tout en défiant l’expression du genre à travers le choix vestimentaire.


T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

Issue/numéro 4 . July 2012


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

J’évolue dans le milieu de la mode Franphone depuis plus de 15 ans. Comme dans le milieu de l’art, celui de la création de mode amène les personnes appartenant à différents horizons y compris le milieu homosexuel a collaborer, se lier d’amitié, etc. Bien sûr que j’ai des collègues et ami(e)s gays africain(e)s. Ce qui me revolte et que je trouve insensé, c’est que certain(e)s d’entre eux/elles soient encore obligé(e)s de nos jours, en France, de se camoufler ou constamment justifier leur véritable orientation et/ou identité sexuelle pour se faire accepter par les proches ou la société. Voilà qui est inadmissible!


T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

I have been evolving in the Francophone fashion world for over 15 years. Like the world of art, the fashion world brings together people from all walks of life, including queer people, to collaborate, exchange, and become friends. It goes without saying that I have many colleagues and friends who are queer Africans. It is disgusting and unbelievable that some queer Africans in the fashion world are still forced, even today in France, to hide their sexualities or have to constantly justify their sexual orientation or gender identities to be accepted in their families or by society. I find this unacceptable..

Issue/numéro 4 . July 2012


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012


T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

Issue/numéro 4 . July 2012


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012


T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

Issue/numéro 4 . July 2012


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012


T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

Issue/numéro 4 . July 2012


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

Contact Nagalo Créations PAP Femme-Homme Sur-mesure et accessoires de mode Atelier couture et créations Tel : 06.76.28.25.46 http://www.nagalo-creations.book.fr Contact Nagalo Créations Ready-to-Wear for Men –Women and Accessories Couture and Styling Workshop Tel : +06.76.28.25.46 http://www.nagalo-creations.book.fr

64


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

Patrick believed that every boy had sex with another

Patrick croyait que tous les garçons avaient des rapports sexuels entre eux

By Peter Wanyama

I sat down ready to listen to the reality stories narrated by my close pal Patrick, amazing and exciting as always. On this particular afternoon, the breeze was fresh and gently blowing towards me. The birds were whistling calmly to beautiful tunes that reminded me of an old friend. The pure sight and aroma, the perfect serenity of roses, provided a calm and peaceful atmosphere.

Je me suis assis, tout prêt à écouter les histoires réelles racontées par mon pote Patrick, et comme toujours, histoires bien étonnantes et passionnantes. En cet après-midi particulier, la brise était fraîche et soufflait doucement vers moi. Les oiseaux sifflaient calmement de beaux airs qui me rappelaient un vieil ami. L’arôme dans l’air et la sérénité parfaite des roses fournissaient une atmosphère calme et paisible.

Nous formions un noyau parfait. J’ai allumé une cigarette et prit délicatement une bouchée. Auparavant, j’avais sournoisement volé du martini de l’étagère de mon père pour cette occasion. “Cette boisson nous sera très utile, au moins pendant un certain temps...” pensais-je. Nous formions un noyau parfait. Patrick, Jeymoh, et moi, nous mettions à siroter le martini. Ce moment était l’image même de notre longue amitié et sa complicité. Dans ce trio, il n’y avait que Patrick qui était non fumeur. Parfois, je me disais que nous soumettions vraiment, pauvre Paddy à beaucoup de stress avec les nuages de fumée autour de nous en permanence. Personne ne connaissait notre planque, qui s’est avérée être un espace sûr pour nous, du moins pour l’instant. “Puddley Prum, Puddley Prum, Puddley Prum, Prum, Prum, Prum ...” Chantait Patrick dans sa belle voix de ténor. Je me souvins immédiatement du chant des tambours que nous répétions pour notre prochain concert de Noël. En chantant cette chanson, Patrick ne faisait que susciter notre attention. Nous étions assis dans la cour de la maison d’une ferme où nous avions trouvé un coin confortable, isolé des regards indiscrets par trois vieilles 65


Le numéro sur nos proches et familles

I lit my cigar, gently giving it a try. I had earlier, cunningly, stolen some martini from my father’s shelf in the house bar for the three of us. We were bonded to the core. “This drink will serve us well, at least for a while…” I thought.

We were bonded to the core. Patrick, Jeymoh, and I sipped the martini all at the same time. This signified our long friendship and unity. It’s only Patrick out of the three of us who didn’t smoke at all. Sometimes I felt that we really subjected Paddy to a lot of stress due to the clouds of smoke that formed from our constant puffing. No one had ever discovered our hideout, which turned out to be a safe space for us, at least for now. “Puddley prum, puddley prum, puddley prum, prum, prum, prum…” Patrick sang sweetly in his baritone voice.

Issue/numéro 4 . julllet 2012

caisses en bois. Elles étaient stratégiquement placées pour servir de sièges. Cet endroit était notre terrain de rencontre habituel. Nous l’avons appelé “Coin de la liberté.”

Il se retourna timidement et regarda directement dans mes yeux et demanda, “Pits! Astu jamais embrassé ou couché avec un autre homme dans ta vie?” Patrick s’arrêta et toussa, nous poussant à nous tourner vers lui. Nous éclations de rire à l’unisson. Je le regardai avec un sourire espiègle et lui demanda expressément, «Ouais, mon frère, avec quelle sauce vas-tu nous nourrir aujourd’hui?” Il sourit en retour, mettant ses bras autour de nos épaules. Il s’asseyait toujours entre Jeymoh et moi.

I immediately remembered the carol of drums that we were rehearsing for the upcoming Christmas carol concert. In this case Patrick was just doing the usual thing of catching our attention.

Il toussa, se raclant la gorge des glaires qui avaient provoqué une voix rauque. Il regardait dans le vide au-dessus de lui. Pendant un certain temps, nous gardions tous le silence. Il était dans une pensée profonde qu’il n’était pas pressé de rompre.

We were sitting in the backyard of the farm house where we had found a comfortable but

Il se retourna timidement et regarda directement dans mes yeux et demanda, “Pits! As-tu jamais


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

obscure position that secured three old wooden boxes from prying eyes. They were strategically placed to serve as seats. This place qualified as our traditional common ground. We named it “Freedom Corner.”

embrassé ou couché avec un autre homme dans ta vie?” La question a été si vite posée, je pas eu de réponse immédiate. Je n’osais pas imaginer qu’il s’était adressé à moi directement. Je devins silencieux, me réajustant. Oui! J’avais eu plusieurs rencontres avec d’autres garçons. Nous avons même fait bien plus que d’échanger un baiser.

Patrick stopped and coughed as we turned to look at him. We laughed in unison. I looked at him with a cheeky smile and expressly asked him, “Yeah my bro, what stuff are you gonna feed us with today?” He smiled back, putting his arms around our shoulders. He always sat in-between the two of us.

Pendant un instant, je ne su pas si je devais partager cette vérité grue. En retour, je lui sourit et il l’a immédiatement pris comme une affirmation. Il savait que je n’avais pas à répondre avec des mots. Jeymoh timidement, regardait par terre, se concentrant sur une file de fourmis qui se déplaçaient dans un cercle. Elles étaient un spectacle magnifique à voir, captivant brièvement ma propre attention.

He sheepishly turned and looked directly into my eyes and asked, “Pits! Have you ever kissed or slept with another man in your lifetime?”

Ceci causa Patrick de serrer nos épaules et réveiller nos sens. Nous devenions alors tous nerveux. En réalisant cela, il caressait doucement notre dos pour nous mettre à l’aise.

He coughed, clearing his throat of the phlegm that caused a hoarse voice. He gazed at the empty space above him. We all remained silent for a while. He was in deep thought and he wasn’t in a hurry to speak out.

“Quand j’ai pensionnaire dans un internant exclusivement pour les garçons, ceci eu une grande influence sur moi, et façonna ma personnalité jusqu’aujourd’hui,” at-il commencé. “J’étais un mec très social et proactif.”

He sheepishly turned and looked directly into my eyes and asked, “Pits! Have you ever kissed or slept with another man in your lifetime?” The question came so fast, I had no immediate answer. I wouldn’t have imagined it being directed to me. I silently pondered to re-examine myself. Yes! I had had several encounters with other boys. We even did much more crazy stuff than just a kiss or sex.

“Nos dortoirs étaient surpeuplés avec des lits minuscules serrés les uns contres les autres. Chaque fois que vous dormiez, vous pouviez facilement sentir la chaleur du de votre voisin. En fait, il était courant de sentir l’autre corps se serrer contre le votre. Cette proximité avec les autres membres des dortoirs continua jusqu’à la dernière du lycée” at-il ajouté.

For a moment I didn’t know whether to affirm to this bare truth, but I smiled back and he immediately took it as an affirmation. He knew that I didn’t have to reply back in words. Jeymoh shyly looked down on the ground, concentrating on a trail of ants which were moving in a circle. They were a beautiful sight to behold. I didn’t mind looking at them either.

“Ceci m’excitais - dans certains cas, je pouvais sentir des caresses et des serrements qui me stimulaient sexuellement. Il nous arrivait parfois de mouiller nos lits. Je ne pouvais évidemment pas résister à la tentation de jouer à ce jeu. Ce qui arriva à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’il devienne une pratique normale. Elle suscita des sentiments que j’avais pour d’autres garçons.”

This caused Patrick to squeeze our shoulders tightly and our senses came back to his attention. We all became nervous. On realising this, he gently caressed our backs to put us at ease.

“Etant le garçon coquin que j’étais, je ne pouvais m’empêcher de jouer ce “jeu” partout. Chaque fois que je repérais deux de mes copains ensemble, je les serrer, veillant à ce qu’ils soient face à face. 67


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

“When I was enrolled in a boarding high school that was exclusively for boys, this greatly impacted on me, shaping my personality today,” he started. “I was a very social dude who was very proactive. My feelings were very much defined in my character even though I was almost a genius,” he continued,.

J’ai mis au point cet acte sans m’en apercevoir ; cependant je n’eu aucune plainte de quiconque. Peut-être que j’ai été très chanceux.” “J’ai fini par avoir des escapades sexuelles avec d’autres garçons - la plupart de mes copains. C’était une expérience vraiment passionnante. Il ne m’avait jamais traversé l’esprit que je pourrais éventuellement être gay, ou avoir une tendance homosexuelle. Je pensais que c’était juste un rite de passage.”

“Our dormitories were overcrowded with tiny beds closely packed together. Every time you slept, you could easily feel the warmth of another boy close to yours. In fact, you would feel the other body squeezing on you. This continued all the way to my fourth and final level of high school,” he added.

Patrick pausa pendant un temps, nous regarda sans bouger. Nous étions tous dans un état de confusion et d’émerveillement.

“I felt excited – in some instances I could feel fondles and squeezes and they stimulated me sexually. We occasionally wetted on our beds. I obviously couldn’t resist the temptation of playing into the ‘game.’ This happened over and over until it became a normal practice. It aroused the feelings that I had for other boys.

“Je savais que les hommes mariaient les femmes mariées. Je savais aussi que les garçons et les filles avaient des relations mais je ne me rendais pas ou ne voyais pas la différence. J’avais une petite amie très belle que j’adorais, mais dont je n’ai jamais été sexuellement par elle. Oh quel dommage! Oui, je l’aimais de tout mon cœur, mais je suppose que tout se ramenait à un amour platonique.“

Patrick paused for a while, staring at us motionlessly. We were all in a state of confusion and wonderment.

Patrick pausa pendant un temps, nous regarda sans bouger. Nous étions tous dans un état de confusion et d’émerveillement. Je m’identifiais tout à fait bien avec une grande partie de son histoire, mais j’étais ébloui par le courage de Patrick à afficher tout ceci.

“Being a naughty boy I extended this game everywhere. Whenever I spotted two of my pals together, I would squeeze them, ensuring that they are facing each other. I perfected this act without noticing or experiencing any complaint from anyone. Maybe I was very lucky…”

Les larmes ont commencé à couler librement sur les joues de Jeymoh. Patrick saisissait et étreignait Jeymoh. Je les rejoignais. Ces larmes étaient littéralement, des larmes de libération. Nous avions tellement de secrets, mais en même temps, nous partagions beaucoup de choses. “J’ai toujours cru que tous les garçons avaient des rapports sexuels avec d’autres jusqu’à tout récemment, quand j’ai découvert que c’est moi qui suis gay”, a conclu Patrick.

“I eventually engaged in sexual escapades with other boys – most of my pals. It was a really exciting experience. It never occurred to me that I could possibly be gay or sexually inclined to homosexuality. I thought that this was just a passage of life.” “I knew that men married women. I also knew that boys and girls had relationships, but still I didn’t realise or see the differences. I had a very beautiful girlfriend that I adored but never felt sexually attracted to. Oh what a pity! Yes, I loved her with

Patrick était un vrai héro qui a eu le courage de nous faire son coming out. Nous ne l’avions 68


T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

all my heart but I guess it all boiled down to the purity of friendship.” Patrick paused for a while, staring at us motionlessly. We were all in a state of confusion and wonderment. I knew I related quite well with a large part of his story, but I was amazed by the courage Patrick had displayed in bringing it out. Tears started flowing freely down Jeymoh’s eyes. Patrick grabbed and hugged Jeymoh. I joined them. These were literally tears of liberation. We kept so much from each other, yet we shared quite a lot. “I always believed that all boys had sex with each other until quite recently, when I discovered that I am the one who is gay,” Patrick concluded. Patrick was a real hero to muster the guts to come out to us. We did not bite him. On the contrary, we embraced and affirmed our commonality. This strengthened and united us even more. Peter Wanyama was born in Nakuru County in Kenya 35 years ago, was raised in a religious background, and received a good education. He accepted himself as a gay person in 2006 after the World Social Forum in Nairobi. Almost at the same time, he became involved in gay activism, his entry point being to address religious homophobia. Like many in the community have, Peter has faced homophobic violence; once, he was assaulted and left almost for dead. In September 2008 he became homeless but was rescued by good Samaritans. Peter has developed a passion for fighting for the rights of sexual minorities in Kenya. He has attended and facilitated various workshops and seminars and writes articles on topical LGBTI issues for an organization called Gay Kenya Trust.

Issue/numéro 4 . July 2012

pas mordue. Au contraire, nous nous sommes embrassés et affirmés notre point commun. Ce qui a renforcé notre lien et nous a unis encore plus. Peter Wanyama est né à Nakuru, une comté du Kenya il y a 35 ans. Il a été élévé dans une famille religieuse, avec une bonne éducation. Peter a accepté son orientation sexuelle en tant qu’une personne gay en 2006 après le Forum Social Mondial qui s’est tenu à Nairobi. Il s’impliqua presqu’immédiatement, dans l’activisme gay, son point d’entrée étant de contrer l’homophobie religieuse. Comme beaucoup de membres de la communauté gay du Kenya, Peter a fait face à la violence homophobe. Une fois, il a été agressé et laissé pour mort. En Septembre 2008, il devint sans-abri, mais a été sauvé par de bons samaritains. Peter a développé une passion pour la lutte pour les droits des minorités sexuelles au Kenya. Il a participé et animé des ateliers et des séminaires et écrit des articles sur les questions LGBTI pour une organisation locale, Gay Kenya Trust.


Relationship status: “it’s complicated”

Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

Statut matrimonial: “C’est compliqué”

By/par Liesl Theron

Sense of self: Cisgender partner’s sexual orientation

Sens de soi: L’orientation sexuelle des partenaires “cisgenres”

For cisgender people, becoming the partner of a transgender person radically complicates the experience of sexual orientation because being in a cisgender-trans relationship challenges gender norms and sexual identity expectations and queers both heterosexual and homosexual spaces.

Pour les “cisgenres”, le fait d’avoir pour partenaire un transgenre complique l’expérience de l’orientation sexuelle. La raison en est que la relation trans-cisgenre défie les normes liées au genre et les attentes en termes d’identité sexuelle, et en même temps complique à la fois la distribution spatiale hétérosexuelle et homosexuelle.

Cisgender is a term attributed to people who conform to, or agree with, the gender assigned to them by society (which matches with their sex at birth). The term is mostly known and used in the transgender community. It came to be used to eradicate the juxtaposing of transgender people against “non-transgender.” The use of “cisgender” steers away from the practice of contrasting transgender people against “normal” people.

“Cisgenre” est le terme qui est attribué aux personnes qui se conforment avec les assignements en termes de genre de la société dans laquelle elles vivent (et qui le plus souvent correspond au sexe biologique avec lequel elles sont nées). Le terme est davantage utilisé au sein de la communauté transgenre. Il a commencé à être utilisé aux fins d’éradiquer la juxtaposition normatives: personnes transgenres contre personnes “non-trangenres”. Le terme “cisgenre” permet d’oter ce contraste entre transgenres et les personnes “normales”.

For this contribution, I interviewed eight partners of transgender people. The interviewees are 70


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

of different ethnicities, language groups, and cultural and class backgrounds. They vary in sexual orientation and represent lesbian, bisexual, and heterosexual orientations. Here I present some lessons learned on the lived realities of cisgender partners and also share some stories of acceptance by the family members of people in cisgender-trans relationships.

Pour les besoins de ce papier, j’ai fait une revue de la littérature et interviewé 8 partenaires masculins identifiés comme des personnes transgenres. Les répondants sont de divers ethnies, groupes langagiers, culture et classe. En termes d’orientation sexuelle, ils sont également varies et représentent les groupes d’orientation sexuelle lesbienne, bisexuelle et hétérosexuelle. Ici, je vais discuter autour de certaines leçons apprises à partir de la réalité expérimentées par les partenaires “cisgenres”, mais aussi partager quelques histoires de vie à propos de l’acceptance par les membres des familles des personnes “cisgenres”étant en relation avec les trans.

The lived realities of cisgender partners of trans persons For transsexuals who decide to transition, it is a long journey, with many obstacles and turbulences amongst the joys. In most instances it takes a few years from a person’s initial moment of awakening to a point of satisfaction, and it takes a lot of energy and resources. The transition impacts on the life of the cisgender partner and on the relationship in its totality.

Les réalités vécues par les partenaires “cisgenres” des personnes trans Pour les trans qui décident de rentrer dans la phase de transition, cela tend à devenir un long voyage parsemé d’écueils et de turbulences entre les plaisirs. A plusieurs moments, il est démontré que cela prend un bon nombre d’années du point initial du réveil de la personne jusqu’à celui de la satisfaction. Cela demande également beaucoup de ressources et d’énergies. Le moment de transition a nécessairement un impact sur la vie du partenaire “cisgenre”, et dans la relation même dans sa totalité.

Giving and receiving support from partners in intimate relationships is loaded with confusion, assumptions and expectations, which few couples manage to negotiate and still remain in their relationship. According to Arlene Lev, an expert social worker, “some transgender people believe that partners should be totally supportive or it is not worth holding on to the relationship.”

Le fait de donner et de recevoir du soutien venant des partenaires dans les relations est chargé de confusions, d’attentes et de règles à suivre dont peu de couples parviennent à négocier avec success et à maintenir la relation. Certains répondants “cisgenres” ont mentionné un soutient inconditionnel.

As one of the cisgender partners I interviewed said, “I have this idea in my head that transsexuals, like artists, are supposed to be the struggling ones, and that their partners are supposed to be the stable, nurturing ones...” (Kayt in Cameron).

However, as Lev points out, “partners need time to adjust to the idea of having a transgendered wife, husband, lover or partner.” According to Lev, transitioning issues from the partners’ side often lead to neglecting the self, while attention is given to matters such as betrayal, fear of social ostracism, and an unknown future for themselves and their children. This can be a time of emotional distress.

“J’ai cette impression que les transexuels, tout comme les artistes, sont supposés être ceux qui se battent, et leurs partenaires, ceux qui sont supposés être stables, maternés…” (Kayt in Cameron).

Selon le très respecté et expert dans le domaine de la thérapie des trans, Arlene Lev: “Certaines personnes transgenres pensent que les partenaires devraient être totalement dévoués dans leur soutien, autrement cela ne sert à rien de

Supporting a trans partner who is going through a life event as all-consuming as changing gender 71


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

requires time and energy to be focused on the choices and challenges of the trans partner, leaving little energy to focus on the needs of the cisgender partner.

garder la relation. Cependant, les partenanires ont besoin de temps pour s’habituer à l’idée qu’ils ont un mari, une femme, un amoureux, un partenaire transgenre.” Selon l’expert toujours, les problèmes de transition, du point de vue des partenaires amènent ces derniers à se négliger, tandis que toute l’attention est focalisée sur les problèmes du partenaire trans en transition. Cet état de chose peut être un moment de détresse émotionnelle.

In many relationships couples struggle to find a balance between consolation and intimacy during the time when transitioning is central to the relationship. Transitioning, at the best of times, takes years, with many hours of waiting in queues at institutions to get documents such as drivers licenses, school records, and identity documents, and with numerous doctors’ and therapists’ appointments, and much reading and researching on the internet. Besides time to adjust, the two parties in the relationship need to negotiate and discover where they are willing to compromise and what will not be acceptable.

Soutenir un partenaire trans qui traverse un moment de vie aussi exigeant que le fait de changer de genre demande du temps et de l’énergie, afin de pouvoir se concentrer sur les choix et les defies du partenaire trans. Cela laisse peu d’énergie pour se focaliser également sur les besoins du partenaire “cisgenre”. D’après les experts, plusieurs couples luttent pour trouver l’équilibre entre la consolation et l’intimité durant le moment où la transition est capitale dans la relation. La transition, dans les meilleurs moments, peut prendre des années, avec plusieurs heures d’attentes dans les files au niveau des institutions afin de pouvoir obtenir des documents tels que: le permis de conduire, les relevés de notes de l’école, les pieces d’identités avec plusieurs rendez-vous chez les médecins, des douzaines de therapists. Il faudrait ajouter à tout cela des lectures et des recherches sur internet. En plus du temps de l’ajustement donc, il est aussi nécessaire que les deux partenaires dans la relation négocie et découvre ce sur quoi ils aimeraient faire un compromise, et ce qui pourrait ne pas être acceptable.

It is important to acknowledge that relationships where one partner comes out as being trans are challenged with uncertainty (from both partners) on many levels. Among the people that I interviewed, one heterosexual partner of a male-identified trans person questioned her own sexual orientation, confused between the gender of the person she is going to marry and her ability to recognise masculine identities in her partner before his transition to male. Another interviewee, Keketso, confirmed the same when she acknowledged her initial confusion that, as a heterosexual woman, she was attracted to her partner. It was difficult for her to say she was lesbian; she couldn’t get her head around it until, after a while, she learned he is trans and about to transition to male. Things fell more into place for her then. One cisgender partner supported her trans partner “no matter what” – but ended up leaving her home.

Il est important de reconnaître que les relations où l’un des partenaires finit par se découvrir officiellement comme trans sont empreintes d’incertitudes (pour les deux parties) à plusieurs échelles. Parmi les gens que j’ai interviewé, un partenaire heterosexual d’un trans s’identifiant comme male remettait en question sa propre orientation sexuelle, était confus au sujet du genre de la personne qu’elle allait épouser, et de son abilité à reconnaître une idendité masculine en son partenaire avant la transition en tant que homme. Une autre répondante, Keketso, le même état de chose quand elle a reconnu, en tant que femme hétérosexuelle, qu’elle était attirée par sa partenaire. Il lui était difficile de dire qu’elle

Due to not understanding “trans,” the wrong perception of her partner’s sexual orientation versus his gender identity by herself and her family was also the root of her loss of family when it became unbearable for her to stay in the house she called home.

72


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

Acceptance sometimes comes as a surprise

était lesbienne, jusqu’à ce qu’elle apprenne qu’il était un trans, et tout sur la transition de femme à homme. Keketso a également soutenu sa partenaires trans “en dépit de tout”- elle a fini par quitter sa maison familiale à cause de la pression de son entourage qui exigeait un terme à cette relation.

Some cisgender partners enter into relationships with their trans partners who already have family support and acceptance. This makes it easier for the cisgender partners to also be supportive. A very good example of a cisgender partner who realised her trans partner’s mother and whole family were “on board” is Ntombi. Not only was her partner’s mother involved in Ntombi’s choice of his new male name, she also spearheaded acceptance by the rest of the family. Whenever there were traditional family events like funerals Ntombi’s mother ensured that he was accepted in the male spaces during gender-segregated rituals.

L’acceptation arrive parfois comme une surprise Cerains “cisgenres”se mettent en releation avec des partenaires trans quand existent déjà un soutien et l’acceptation au sein des familles. Cette situation rend les choses plus faciles pour le partenaire “cisgenre”afin qu’à son tour qu’il puisse également s’impliquer dans le soutien à l’autre. Ntombi est un très bon exemple de ceui a été décrit plus haut. Non seulement la mère de sa partenaire était engagée dans son choix de son nouveau nom masculin choisi, mais elle était aussi à la tête du plaidoyer pour l’acceptation auprès de la famille. Partout où il y avait des évènements familiaux tels que les funérailles par exemples, elle s’assurait qu’il soit accepté au sein des groupes des hommes (au cours des pratiques rituelles coutumières qui exigent la séparation entre le genres).

“When it comes to funerals, men must be in a kraal, women must bring them food and raw meat. They don’t eat meat cooked in the house. So we’ll bring raw meat for them and they will braai it for themselves in an open fire outside. They eat certain parts of the meat when the animal has just been slaughtered, like the hearts, the liver. We eat tripe. No woman is allowed there, no woman is allowed to eat that meat. But he is! He’s so fortunate, he is.”

“Pour ce qui est des funérailles […] les hommes doivent être dans un Kraal, les femmes doivent leur apporter de la nourriture et de la viande crues. Ils ne peuvent pas manger de la viande cuite à l’intérieur d’une maison. C’est pourquoi nous le leur apportions et ils le préparent pour eux dans un grand feu à l’extérieur. Ils mangent certaines parties de la viande, comme le Coeur, le foie, quand l’animal vient juste d’être égorgé. Nous mangeons les tripes… Aucune femme n’est admise là-bas, aucune n’est autorisée à manger de cette viande. Mais lui si! Il est si chanceux de le pouvoir.”

Among the interviewee’s stories, one showed the possibility of support from the trans partner’s family catalysing support among the family of the cisgender partner. The trans person’s family decided to make a labola offer to the cisgender partner’s family, regardless of their acceptance of the cisgender-trans relationship. This turn of events could obviously lead to acceptance of the cisgender partner’s family. “Matome’s family is gonna send labola, then it is up to them [my family] to accept or not...” The more support structures exist around a trans person and their partner, the more likely a healthy relationship will carry on, taking care of other aspects of life. Another cisgender partner was surprised that her own children were so accepting. She said: I thought they were going to say, “Oh no! What are you doing?” but they were totally different. The children said, “it’s mommy’s life, as long as mommy’s happy.”

Parmi les histoires de vie des répondants, une a permis de montrer la possibilité d’un soutien venant de la part de la famille du partenaire trans comme catalyseur de soutien auprès de la famille du partenaire “cisgenre”. La famille de Matome a decidé d’offrir une dote à la famille de son partenaire “cisgenre”, en dépit du fait que cette 73


Le numéro sur nos proches et familles

These moments of joy are treasured and serve as a valuable contribution to the trans person’s transition. In the trans community there is a saying: “With each trans person at least another ten people transition.” And that is true. *Pseudonyms were used for all trans people and their cisgender partners. Liesl Theron is the founder of Gender DynamiX, a human rights organisation promoting freedom of expression of gender identity, focussing on transgender, transsexual and gender non-conforming persons. As a gender activist she is actively involved in the organised LGBTI sector of South Africa. Her work focuses on the intersectionality of gender and Other bodies. Her research as part of her Masters degree at the University of Cape Town explores the struggles, support and forming of identity of SOFFA’s (Significant Others, Family, Friends and Allies) of trans people.

Issue/numéro 4 . julllet 2012

dernière n’acceptait la relation “cisgenre-trans”. Ce type d’évènement pourrait probablement conduire à l’acceptation de la part de la famille du partenaire “cisgenre.” “La famille de Matome enverra ma dote, et après ce sera à eux [ma famille] de l’accepter ou non.” Il ressort aussi que plus les structures de soutien se font corps autour de la personne trans et de leur partenaire plus les relations amoureuses seront tenues. Un autre partenaire “cisgenre”fut surprise que ses propres enfants soient si favorablement ouverts qu’il dit: “Je pensais qu’ils allaient dire “Ah, non! Qu’estce que tu es entrain de faire?”Mais ils étaient totalement différents. Ils ont dit “c’est la vie de maman, du moment qu’elle est heureuse”.

Ces moments de joie sont des trésors et servent comme des contributions de valeurs dans la phase de transition de la personne trans. Dans la communauté trans, il existe ce dicton qui dit: “avec chaque personne trans, il existe encore au moins dix personnes en phase transitoire”. Et c’est vrai. *Les pseudonymes ont été utilisés pour toutes les personnes trans et leurs partenaires “cisgenres”.

Liesl Theron est la fondatrice de Gender DynamiX, une organisation des droits de la personne qui promeut la liberté d’expression de l’identité genre, avec un intéret particulier sur les transgenres, les transexuels et les personnes qui ne se conforment pas au genre. En tant que militante du genre, elle est activement impliquée dans le secteur LGBTI organisé d’Afrique du Sud. Son travail est centré sur l’intersectionalité du genre et les Autres corps. Ses recherches dans le cadre de son diplôme de Master à l’Université de Cape Town explorent les luttes, le soutien et la formation de l’identité des ASFAA (Autres Signifiant, Famille, Ami(es) et Alliés) pour les personnes trans.


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

75


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

Samira, an ally of young gays in Ouaga By/par Stéphane Ségara

Samira, une complice des jeunes gays de Ouaga par Stéphane Ségara Samira est une jeune fille de 30 ans, serveuse dans un bar dans la ville de Ouagadougou. Elle est une amie d’Ismaël, un jeune gay de 26 ans. Affectueusement surnommée Mira, nous connaissons Samira par le biais d’Ismaël. Il est de coutume qu’avec certains membres de la communauté gay de la ville, nous soyons invités à déjeuner chez Mira. Nous avons tendu notre micro à cette complice des jeunes gays pour comprendre sa vision sur les personnes LGBT. Elle a répondu à nos questions avec le plus de naturel possible.

Samira is a 30-year-old young straight woman who works as a waitress in a bar in the city of Ouagadougou, Burkina Faso. She is a good friend of Ismaël, a young gay man of 26. Fondly known as Mira, we know Samira through Ismaël. It has become a tradition for some members of the local gay community to lunch at Mira’s. For this special issue of Q-zine, we extended our microphone to Mira to hear her vision of LGBT people. She answered our questions in the most natural style possible.

Q: Hi Mira. Thank you for granting us few

Q: Bonjour Mira, merci de nous accorder

minutes of your valuable time to answer our questions. Can you introduce yourself to our readers?

quelques minutes de ton temps pour répondre à nos questions. Peux-tu brièvement te présenter à nos lectrices et lecteurs ?

A:

R:

Hi. I’m Samira, but everyone knows me as Mira. I am a waitress during the afternoons in a bar in Ouagadougou.

Bonjour! Je m’appelle Samira, mais tout le monde m’appelle Mira. Je travaille comme serveuse les après-midis dans un bar de la ville de Ouaga. Voilà!

Q: Mira, you are friends with a gay person,

Q: Mira, tu es amie avec une personne gay,

if not to say, with many gay people. How long have you known this community?

pour ne pas dire avec beaucoup de personnes

76


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

A:

gays finalement. Depuis combien de temps fréquentes-tu cette communauté?

Yeah, it’s true that I have some gay friends that I often hang out with at my place. I made their acquaintance through my good friend, Ismaël. I first met him one afternoon when he came to the bar where I work. We hit it off almost instantly. The moment I laid my eyes on him, I knew he was “like that.” Ismaël was really dolled up, like a real true “folle” (laughs). My coworkers started gossiping. But me, he made me smile. So I approached his table to serve him, and that’s how I first engaged with him. To begin with, I was worried that I would offend him. He actually wanted me to join him for a drink, but since I was working, I wasn’t allowed to. We then exchanged numbers, and when he took off, he left me a small tip. The next day happened to be my day off, so I called and invited him over for lunch. I was very curious to know what he was all about. He arrived at lunch with another friend of his, and we all just started chatting as if we had known each other forever. The topic was discussed, of course, and without any awkwardness. I was very curious to know more about them. From that day on we began hanging out regularly. It’s been nearly three years now.

R: Oui, c’est vrai que j’ai quelques amis gays

qui viennent chez moi très souvent. Je les ai tous connu à travers mon ami Ismaël. J’ai fais la connaissance d’Ismaël un soir quand il est venu au bar où je travaille et nous avons par la suite sympathisé. Quand j’ai vu Ismaël la première fois, tout de suite, j’ai deviné qu’il était « comme ça ». Il était sapé comme une vraie folle (rires…). Mes camarades serveuses ont commencé à jazzer. Mais moi, il me faisait sourire. Je me suis donc approchée de sa table pour le servir et c’est ainsi que je l’ai abordé. J’ai d’abord cru qu’il allait mal le prendre, mais il a été très courtois. Il a voulu que je vienne me joindre à lui pour prendre un verre mais comme j’étais de service, cela m’était interdit. Alors, on a échangé nos contacts. Et il m’a même laissé un petit pourboire à la fin. Le lendemain étant mon jour de repos, je l’ai téléphoné et invité à déjeuner chez moi. J’étais très curieuse de savoir qu’il était vraiment, donc j’étais très excitée de le revoir. Il est arrivé avec un autre ami à lui, et nous avons longuement bavardés comme si nous nous connaissions depuis toujours. Le sujet a été abordé sans complexe. Et moi j’étais très curieuse d’en savoir plus sur eux. C’est à partir de se moment qu’on a commencé à se fréquenter très régulièrement, depuis bientôt 3 ans.

Q: These days, what are your views about the gay community?

A: I judge no one. For me, we all have our lives

Q: Aujourd’hui, quelles sont tes impressions

and we must just respect other people’s choices. I have no problem with gays. In fact, I consider the young ones like my little brothers. Often I give them advice, especially to pay attention to their safety, as people do not always have the best intentions. It is true I cannot always understand their sexual orientation, but Ismaël has done his best to try to explain things. One thing is certain – I do not judge people. My main concern is that I am afraid for them, especially when they behave in a very obvious manner in public. Yes, in these moments they make people laugh, but once they turn their backs, those same people will insult them. I’ve heard so many hateful comments. Personally, I would love if people would just learn to respect the lives of others. I have gay friends, so I know they are not witches. They are not people with horns on their heads. They are like everyone else. In addition they are just nice, and I sometimes wonder if they are capable of hurting a fly.

vis-à-vis de cette communauté ?

R: Moi je ne juge personne. Selon moi, chacun

à sa vie et il faut respecter le choix des autres. Je n’ai aucun problème avec les gays. Je les considère même comme mes petits frères. Je leur donne des conseils pour qu’ils fassent attention à eux parce que les gens ne sont pas toujours sympas. C’est vrai que j’ai du mal à comprendre toujours leur orientation sexuelle. En tous cas, Ismaël a essayé de m’expliquer un peu. Une chose est certaine, moi je ne juge personne. Ma seule préoccupation est le fait que j’ai un peu peur pour eux, surtout quand ils se comportent de façon très efféminée en public. C’est vrai qu’ils font marrer les gens, mais dès qu’ils tournent le dos, on les insulte. J’ai beaucoup entendu de méchancetés sur eux. Personnellement, j’aimerai 77


Le numéro sur nos proches et familles

My straight friends have asked me to stop hanging out with gay people. But I think that’s so absurd! With my gay friends I always have the best of times. I love them so much!

Stéphane Ségara is a 23 year-old MSM from Burkina Faso, a peer educator with a background in communication. Stéphane is an active member of the MSM community in Ouaga. He is particularly passionate about the sexual health rights of MSM youth. He is currently the MSM Youth Project Coordinator at QAYN.

Issue/numéro 4 . julllet 2012

que les gens apprennent à respecter le choix des autres, car les gays que je côtoie n’ont rien de sorcier. Ce ne sont pas des gens qu’ils ont des cornes sur la tête. Ils sont comme tout le monde. En plus, ils sont si gentils. Je me demande parfois si ces gens-là peuvent faire du mal à une mouche. Mes autres amis hétéros me demandent d’arrêter de les fréquenter. Mais je trouve que c’est tellement absurde. Avec eux, j’ai toujours une ambiance joyeuse. Je les aime trop!

Stéphane Ségara est un jeune MSM de 23 ans, membre actif de la communauté MSM et pair éducateur. Il est passionné particulièrement pour la revendication des droits de santé sexuelle des jeunes MSM. Il est actuellement le coordinateur de la section jeunes MSM de QAYN au Burkina Faso. Stéphane a une formation en communication


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

79


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

My Best Friend Is Gay Mon meilleur ami est gay

By Idowu

Quand j’étais jeune, le terme “gay” m’était totalement inconnu. Je ne l’avais jamais entendu, et même si cela avait été le cas, il n’aurait sans doute rien signifié pour moi à ce moment-là. Mais, dès lors que je grandissais, cela commençait à se manifester, ce d’autant plus que l’homosexualité était devenue une réalité dans la société nigériane. Réalité à laquelle nous devions tous faire face, que cela nous eût plu ou non. Car les gays et les lesbiennes faisaient bel et bien partie de notre société.

When I was young, the term “gay” was unknown to me. I never heard it, and it would have meant nothing to me if I had. But as I grew older, it began to show up in the reality of Nigerian society, and we all had to face the fact, whether we liked it or not, that gays and lesbians are part of our society. I remember being amazed when the results of a research project by the International Center for Reproductive Health and Sexual Rights (INCREASE) estimated that the ultra-conservative northern part of Nigeria has more homosexual men and women than the southern part of the country. This continues to amaze me, knowing how religious this part of Nigeria is.

Pour la première fois de ma vie (aussi loin que je me souvienne) je suis tombé nez à nez avec un homme gay, et cette expérience a changé tout ce que je pensais savoir sur ce genre de personne.

All through my childhood and into my adulthood, I didn’t know any gay or lesbian person. I thought they were people who were afflicted by a demon sexually. I continued to think so right up until the time I graduated from university. Then, for the first time (to my knowledge) I came face to face with a gay man, and the experience changed everything I thought that I knew about such people.

Je me souviens avoir été stupéfait lorsque j’ai appris que les résultats d’un projet de recherche

Now I not only see that homosexuals are normal people like everyone else, I have come to believe 80


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

initié par le Centre international pour la santé reproductive et les droits sexuels (International Center for Reproductive Health and Sexual Rights – INCREASE -) estimaient que la région ultra-conservatrice du Nord du Nigeria comptait plus d’homosexuels (hommes et femmes) que la partie Sud du pays. Cela continue d’ailleurs de me surprendre, sachant à quel point cette région regorge de personnes très pieuses.

they could be some of the best people we will ever meet. If only we would give them the opportunity to be themselves without hiding the true nature of their sexual preferences. During my service year, my roommate, unknown to me at first, was gay. Jay (not his real name) became a very good friend. We shared everything. Jay was very religious but also very spiritual. He was very friendly and easygoing. If, like me at the time, you assumed gay people were satanic, you would never once think Jay is gay and, if you were told, you would argue against it to your last breath.

Tout au long de mon enfance et même dans ma vie d’adulte, je n’avais jamais connu de personne gay ou lesbienne. Je me disais toujours qu’elles étaient des personnes habitées par une sorte de démon sexuel. J’ai continué à le penser jusqu’à ce que j’obtienne mon premier diplôme universitaire. Puis, pour la première fois de ma vie (aussi loin que je me souvienne) je suis tombé nez à nez avec un homme gay, et cette expérience a changé tout ce que je pensais savoir sur ce genre de personne.

For the first time (to my knowledge) I came face to face with a gay man, and the experience changed everything I thought that I knew about such people.

Maintenant, je ne pense plus tout simplement que les homosexuels sont des gens normaux comme tout le monde, mais j’en suis venu à croire qu’ils pourraient bien être les plus belles personnes que nous pourrons avoir à rencontrer dans nos vies. Si seulement nous pouvions leur donner la possibilité d’être eux-mêmes, sans qu’elles n’aient à cacher leur vraie nature du fait de leurs préférences sexuelles.

But eventually, because I never saw Jay with girls, and perhaps because he was always so careful about his appearance, I began to suspect he might be gay. I told myself he couldn’t be, he was too nice, but the suspicion wouldn’t go away. I sensed there was something different about him.

Pendant mon année de service mon compagnon de chambre, sans que je ne le sache au départ, était homosexuel. Jay (c’est ainsi que je le nommerais ici) est devenu un très bon ami. Nous partagions tout. Jay était très pieux et très spirituel. Il était très sympathique et facile à vivre. Si, comme moi à l’époque, vous pensiez que les gays étaient des personnes sataniques, vous ne vous seriez jamais douté une seule fois que Jay était gay et, si d’aventure on vous le disait, vous le nieriez avec la plus forte énergie.

One fateful night, I summoned up the courage to ask Jay about his girlfriend. There and then he told me he was not into girls. I asked him why. He didn’t beat around the bush. His reply was direct and emphatic. He looked me in the eye and said simply, “I am gay.” To my surprise, when he told me about his sexual orientation, I realized it just did not matter to me at all. He was the same good person, and I still liked him. Before long, I had come to like Jay very much. I could not do without him. He was the center of my service year.

Finalement, à force de ne jamais le voir avec des filles, et peut-être aussi parce qu’il accordait toujours beaucoup d’attention à son apparence, j’ai commencé à soupçonner qu’il pouvait être gay. Toutefois, j’ai fini par me dire qu’il ne pouvait pas l’être parce quil était trop gentil, mais mes soupçons persistaient. Je sentais bien qu’il y’avait quelque chose de différent en lui.

Jay’s character spoke for him. His lifestyle was a copy of what I wanted in a friend. He was the exact opposite of what I had heard about gay people. There and then, my assumptions about gay people changed. I began to research into 81


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

Alors une nuit, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai demandé à Jay s’il avait une petite amie. Il m’a dit qu’il n’était pas intéressé par les filles. Je lui ai demandé pourquoi. Il n’a pas tourné autour du pot. Sa réponse a été directe et pleine d’empathie. Il m’a regardé droit dans les yeux et m’a simplement dit: “Je suis gay”.

what it actually means to be gay. I no longer relied on prejudices and rumours. There is much that we can learn from gays and lesbians if only we give them the opportunity to share their stories with us. I now know that gay people deserve the same rights as every other person in society. They need to be embraced and celebrated – celebrated for their sexual orientation and the gender with which they have chosen to identify. Africa should go beyond the outdated rhetoric of what it means to be “African” and include alternate sexual orientations and gender identities in “African being.” Idowu is a 28 year-old graduate of Chemical Engineering from the Federal University of Technology, Minna, Nigeria.

J’ai réalisé que cela n’avait tout simplement pas d’importance pour moi. Il était toujours la même bonne personne. À ma grande surprise, quand il m’a dévoilé son orientation sexuelle, j’ai réalisé que cela n’avait tout simplement pas d’importance pour moi. Il était toujours la même bonne personne, et je l’aimais toujours autant. Bien longtemps avant, j’en étais venu à aimer Jay. Je ne pouvais me passer de lui. Il était le centre de mon année de service.

Idowu est un jeune de 28 ans, diplômé en genie chimique de l’université fédérale de technologie de la region de Minna, Nigéria.

To my surprise, when he told me about his sexual orientation, I realized it just did not matter to me at all. He was the same good person

Le comportement de Jay parlait pour lui. Son mode de vie était la parfaite copie de ce que je recherchais en un ami. Il était tout le contraire de ce que j’avais déjà eu à entendre sur les gays. Du coup, mon opinion sur les personnes homosexuelles changea. Je me mis à faire des recherches pour savoir ce que cela signifiait vraiment d’être gay. Je ne me limitais plus simplement sur les préjugés, les stéréotypes et les rumeurs que l’on véhiculait sur ces personnes. Il ya tellement de choses que nous pouvons apprendre des gays et lesbiennes, si seulement nous leur donnions l’occasion de partager leurs histoires avec nous. Je sais maintenant que les personnes homosexuelles méritent d’avoir les mêmes droits que toute autre personne dans la société. Elles ont besoin d’être comprises et célébrées - célébrées pour leur orientation sexuelle et pour le genre auquel ils ont choisi de s’identifier. L’Afrique doit aller au-delà de cette rhétorique désuète à propos de la signification de ce qu’être “Africain” et intégrer la diversité sexuelle et les diverses identités de genre dans ce qu’ils appellent “la culture africaine.”

82


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

Rooibos tea

Le thé rooibos by Anthony Sedibo Phaladi

There are some things I could not possibly do without, and one of them is my daily afternoon rooibos tea. Serowe, where we live, is a small dusty town in the middle of Botswana that ought to be famous for its harsh weather but instead is famous for being the place where the “Buckingham Palace” of Botswana is located. The winters are frigid. I remember my years as a student, shivering, walking to school as a trail of warm steam escaped from my nostrils, robbing me of the warmth I so desperately needed. I have never been overseas, in fact I have only left Serowe once for a mandatory class excursion to Gaborone, the capital city. But I assume this is what it feels like to be abroad, where judging from what I have seen in the movies, it is always cold and snowing. Human beings were not meant to live at temperatures of 10 degrees. My mother in her infinite knowledge knew this, and that is why in the afternoon when I returned home from school, she would offer me a cup of rooibos tea to warm me up.

Il y a des choses dont je ne saurai me passer et l’un d’eux est mon thé rooibos des après-midi. Serowe, là où nous vivons, est une petite ville poussiéreuse au centre du Botswana qui aura du être connu pour son climat aride, mais qui est plutôt fameux parce qu’elle est la ville où se situe le “Buckingham Palace” du Botswana. Les hivers sont frigides. Je me souviens de mes années d’étudiante, frissonnante, j’allais à l’école suivi qu’une vapeur s’échappa de mes narines, me dépouillant de la chaleur dont j’avais désespérément besoin. Je n’ai jamais voyagé hors du pays. En fait j’ai été hors de Serowe qu’une seule fois, afin de participer à une excursion obligatoire de classe à la capitale, Gaborone. Mais je suppose que c’est que l’on ressent étant à l’étranger, où à en juger par ce que j’ai vu dans les films il fait toujours froid et il neige. Les êtres humains ne sont pas fait pour vivre sous des températures de 10 degrés. Ma mère, dans sa sagesse infinie savait cela et c’est pourquoi, enfant, lorsque je rentrais de l’école les après-midi, elle m’offrait une tasse de thé rooibos pour me réchauffer.

Serowe’s saving grace is that the summers are equally harsh, which I absolutely love. The afternoons are scorching hot, and no work can possibly be done. The only remedy is to spread a

La grâce salvatrice de Serowe c’est que l’été est également dure que l’hiver, au moins une chose que j’adore. Les après-midi sont torrides et aucun 83


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

cowskin mat under an Acacia tree, sip rooibos tea and slumber away. For a hot beverage, it is always refreshing, even in the 30-plus heat of Serowe.

travail ne peut éventuellement être fait. Le seul remède est d’étaler un tapis de peau de vache sous un acacia, siroter du thé rooibos et se laisser emporter par le sommeil. Pour un breuvage chaud, il est toujours rafraichissant même sous la chaleur étouffante de Serowe

My mother rarely said she loved me, but whenever we sat down together to have a cup of rooibos I felt loved. I was confident that even if I were to come home pregnant, she would not disown me or rant about the dishonour I was bringing on the family. I was secure in her love and I wanted – no, I was determined – to pass this type of love to my children.

Ma mère me disait rarement qu’elle m’aime, mais chaque fois que nous nous sommes assises ensemble pour pendre une tasse de thé rooibos, je me sentais aimée. J’étais convaincue que même si je tombais enceinte, elle ne me reniera pas ou ne se plaindra pas du déshonneur que j’apportais dans la famille. Son amour me mettait en sécurité et je voulais, non, j’étais déterminée à léguer ce genre d’amour à mes enfants. Les années passèrent, je grandi et ma mère décéda; mais son héritage d’amour vit toujours. Tout comme ma mère, je fis du thé rooibos pour mon enfant. Je le bois pendant que je discute avec Thato, la prunelle de mes yeux, le fruit de l’amour que Fred et moi partageons depuis notre mariage juste après avoir obtenu nos diplômes secondaires, il y a 18 ans . Thato est plus qu’un fils pour moi, il est la preuve que l’amour existe vraiment. Nous nous sommes rencontrés, son père et moi à l’école primaire et nous nous sommes aimés depuis ce temps, et maintenant à 17 ans, Thato est un témoignage de cet amour inconditionnel. Apres l’école, tout comme ma mère l’avait fait toutes ces années avec moi, je fais du thé rooibos pour Thato, pour le réchauffer en hiver et le rafraichir pendant la chaleur de l’été. Un aprèsmidi, j’avais pris ma première gorgée de rooibos, je la tournoyais doucement dans ma bouche. J’avais besoin de plus de sucre. Je tendais la main pour prendre la cuillère mais elle s’arrêta en plein air. Thabo avait fondu en larmes, hurlant comme un cochon sauvage qu’on étranglait à mort. Un sentiment de culpabilité me frappa. Pourquoi pleurait-il? Qu’avais-je manqué? Avaisje fait quelque chose de mal? Juste quelque seconds auparavant, nous étions en train de plaisanter. Je le taquinais sur le fait que je serais une belle-mère terrible; parce que je l’aime tellement que je ne pourrais certainement pas le 84


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

Years went by, I grew up, and mother passed away, but her legacy of love lives on. Just like my mother, I made rooibos tea for my child. I drink it while I chat to Thato, the apple of my eye, the culmination of the love that I and Fred have shared ever since we got married 18 years ago just after graduating from high school. Thato is more than a son to me, he is proof that true love does exist. His father and I met while we were in primary school and have loved each other ever since, and now, at age 17, Thabo stands as a testament of unconditional love.

partager avec une autre femme. Au Botswana, les femmes mariées sont connues pour leurs relations brisées avec leur bo-matswale, et je n’allais pas être une exception. Est ce qu’il pensait que j’étais sérieuse? J’étais certaine que je ne m’entendrais pas avec sa femme quand il se marierait finalement mais je n’allais pas être une mauvaise belle-mère. “Thato, qu’est ce qui ne va pas?” Demandais-je. Ressemblais-je vraiment à ce genre d’ogre qui rendrait la vie misérable à sa pauvre belle-fille juste pour lui montrer que son mari était toujours mon gros bébé? Il y a beaucoup de vieilles femmes autoritaire dans le village mais je ne me suis jamais vu comme étant l’une d’elles.

After school, just as my mother did all those years ago, I make rooibos tea for him, in winter to warm him up and to cool him down during the summer. One afternoon, I had taken the first tentative sip of my rooibos. I gently swirled it around my mouth. It needed more sugar. My hand reached out for the spoon but stopped in mid-air. Thabo had burst into tears, bellowing like a wild pig being choked to death. A pang of guilt hit my guts. What was he crying about? What had I missed? Had I done something wrong?

Il arrêta de sangloter, mais garda ses mains sur son visage. “Maman, il n’y aura pas de femme a qui tu t’en prendras…” Puis il sanglota encore plus fort. “Maman, je suis gay.” Je le fis se taire rapidement, pas certaine si je le consolais ou tout simplement essayais de le faire cesser ces sons insupportables. Je le pris dans mes bras. En ce moment, un film défila dans ma tête. Quels étaient les signes que j’avais ratés? Certes, Il avait beaucoup d’amies, mais je pensais que c’était parce qu’il était charmant, ‘un coureur’ comme le disent les jeunes de nos jours. Il aimait cuisiner, mais il faisait aussi du sport, et il n’a jamais vraiment été soucieux de la mode.

A few seconds ago we had been happily joking away. I was teasing him about what a terrible motherin-law I was going to be, because I loved him so much I couldn’t possibly share him with another woman. Married women in Botswana are famous for their fractured relationships with their bomatswale, and I was not going to be an exception. Did the boy think I was being serious? I was sure I would not get along with his wife when he finally got married, but I was not going to be evil to her. “What is wrong, Thabo?” I asked. Did I really seem like the kind of ogre who would make life miserable for his poor wife just to show her that her husband was still my big baby. There were plenty of bossy old women in the village, but I’d never seen myself as one of them.

Je pensais au mariage qui n’aura jamais lieu. Je suppose que je vais devoir trouver une autre excuse pour m’acheter une robe de marque et rendre les voisins jaloux… Mais attendez, peut-être qu’il épousera un homme. Un homme bien. Ou même un styliste qui me fera une belle robe à porter à leur mariage. Je serais la plus belle femme à son mariage.

He stopped sobbing, but kept his hands over his eyes. “Mama, there won’t be any wife for you to pick on …” Then he bellowed even louder. “Mama, I am gay.”

Je l’enlaçai très fort. Oui, je n’aurai jamais à le partager avec une autre femme. “Bébé, ça n’a pas d’importance”, je me suis entendu dire, “je t’aimerais toujours”. Et après tout si j’avais su qu’il était gay étant enfant, ne l’aurais-je pas aimé? Bien sûr que si, je l’aurais aimé et élevé exactement

I shushed him quickly, not sure if it was trying to console him or just get him to stop making those wretched sounds. I reached over him to give him 85


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

a hug, and as I did so, a movie montage played through my mind. What were the signs I had missed? He did have a lot of women friends, but I had thought it was because he was charming, a “player” as the kids say these days. He liked cooking, but he also played sports, and he certainly had never been very fashion-conscious.

comme je l’ai fait durant ses 17 années. “Quel que soit la personne dont tu tomberas amoureux et avec laquelle tu décideras de passer le reste de ta vie, il doit juste aimé boire du the rooibos, c’est tout” Il laissa échapper un autre cri affreux, cette fois-ci, un mélange de rire et de grognement de cochon.

I thought about the wedding that will never be. I supposed I would have to come up with another excuse to buy a designer dress and make the neighbours jealous ….

J’attrapai ma tasse et but une gorgée copieuse de thé rooibos. Rien n’avait changé. Il avait toujours besoin de plus de sucre.

But, wait, maybe he will marry a man. A good man. A designer even. To design a beautiful dress for me to wear at their wedding. I will be the most beautiful woman at his wedding.

Anthony Sedibo Phaladi vit actuellement à Nanjing, en Chine. Il a déjà contribué à Q-zine sous le nom de plume, Oscar Louw et Lebo Fraiser. Il a grandi par-çi et là mais appelle l’internet sa maison. Il est en train d’écrire son premier roman. Anthony dit que: ”Vivre c’est utiliser ses expériences pour conter une histoire”. Actuellement Anthony est à la recherche d’un emploi dans le secteur LGBTQI. Il est joignable sur Facebook. Vous pouvez aussi le suivre sur twitter @Sedi_nj. Cette histoire a été inspirée par sa mère.

I hugged him tightly. Yes, I will never have to share him with another woman. “Baby, it does not matter,” I heard myself saying, “I still love you.” And, after all, had I known he was gay as a child, would I have not loved him? Of course not, I would still have loved and raised him exactly as I have the past 17 years. “Whoever you fall in love with and decide to spend the rest of your life with, he must just love drinking rooibos tea, that’s all.” He let out another god-awful bellow, this time a mixture of laughter and a pig’s grunt. I reached over for my cup and took a hearty gulp of rooibos. Nothing had changed. It still needed more sugar. Anthony Sedibo Phaladi currently lives in Nanjing, China. He has previously written for Q-zine under the names Oscar Louw and Lebo Fraiser. He grew up here and there, but he calls the internet home. He is writing his first novel. He says “ Living is using your life to tell a story.” Anthony is currently looking for a job in the LGBTQQI sector and can be reached through Facebook. Please follow him on twitter @ Sedi_nj. This story was inspired by his mother.

86


T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

Issue/numéro 4 . July 2012


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

If people cannot be who they are, who must they become? Si les gens ne peuvent pas être eux-mêmes, qui peuvent-ils être?

By Vuyiseka Dubula

It was a cold spring day in a strange city – familiar but strange at the same time. Looking up to check the time for her next train, she saw two gay men passionately locking lips in public – jarring as the HIV POSITIVE t-shirt just after your HIV diagnosis. She had had friends, colleagues, comrades and family members who were heterosexual, gay, bisexual, transgender, lesbian and intersex – all fully human in her eyes. She considered this a “normal

C’était une froide journée de printemps dans une ville étrange - familière, mais en même temps étrangère. En levant les yeux pour vérifier l’heure de son prochain train, elle voit un couple homosexuel qui s’embrasse avec passion en public – l’image d’un T-shirt marqué séropositif flasha devant ses yeux. Pourtant, elle a des ami-e-s, des collègues, des camarades et des membres de sa famille qui sont hétérosexuel-le-s, homosexuels, bisexuele-s, transgenres, lesbiennes, tous qu’elle considère comme entièrement humains. C’est simplement qu’elle a l’habitude de voir ce genre d’affection qu’en privé et dans les relations hétérosexuelles.

She could not help but wonder how we can have these conversations in our homes without feeling like beating the hell out of the homophobic people, or bashing them before they say those words that make us angry.

Ces commentaires lui ont fait réaliser à quel point il reste très difficile d’avoir un dialogue sur l’homosexualité, même avec les personnes que l’on pensait connaître.

88


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

act” in private in heterosexual relationships. But this was in public. She could not help but stare and watch – as if watching a movie. But everyone else around her seemed not to see anything strange. They went on with their business as she missed her train, staring. She was in the middle of freedom – where white, black, gay, or not did not matter.

Mais ce qu’elle venait de voir, était en public et entre deux hommes. Elle ne pouvait s’empêcher de fixement regarder ce couple qui s’embrassait - comme si c’était un film. Par contre, les gens autour d’elle semblaient ne rien remarquer. Ils s’affairaient autour d’elle, pendant qu’elle rata son train, trop submergée à dévisager le couple en question. Elle était au milieu d’une zone libre- où être blanc, noir, gay n’avait pas d’importance.

She posted this experience on Facebook and one of her closest cousins (who hides her homophobia behind all the excuses under the sun – religion, race, science...) began to comment. She could not help but wonder how we can have these conversations in our homes without feeling like beating the hell out of the homophobic people, or bashing them before they say those words that make us angry, or unfriending them from our Facebook friends list.

Elle s’empressa de poster cette expérience sur Facebook et l’une de ses cousines proches (qui cachait son homophobie derrière toutes les excuses du jour - la religion, la race, la science ...) se mise à faire des remarques. Ces commentaires lui ont fait réaliser à quel point il reste très difficile d’avoir un dialogue sur l’homosexualité, même avec les personnes que l’on pensait connaître. Elle eu l’envie de barrer sa cousine de son Facebook. Néanmoins, elle décida de permettre lui de s’exprimer, même si elle avait peur que ces mots blessent ses proches LGBTI sur Facebook. Mais elle se disait que peut-être qu’en laissant sa cousine déverser ses propos homophobes, ceci fera la lumière sur ce qu’elle pense vraiment? Peut être que les paroles de cette mère de trois garçons révéleront quelque chose sur ce qui poussent certaines personnes à haïr leurs prochains à un tel point qu’elles se disent “la norme” et que les autres ne sont “anormaux”.

She decided to allow her cousin to speak, worried how far she might go, worried that she might hurt

As soon as someone hears that her sister is gay, the giggles start: “who is the man and who is the woman?” She wonders if this is why even our so-called “normal” heterosexual relationships are maladjusted.

Naïvement, elle avait l’habitude de penser qu’annoncer sa séropositivité à sa famille était la pire des choses que l’on pouvait dire à une famille, mais à son grand étonnement, elle découvrais qu’annoncer son homosexualité était pire. Etre gay est considéré comme un des pires crimes contre l’humanité. La plus part des familles vivent, entourées de bulles invisibles, protégées par le déni. Il y a trop de silence. Certaines familles vont jusqu’à tuer. Les propos de sa cousine reflétaient la haine contre les personnes homosexuelles,

the people that she cares about. Maybe getting inside the head of this mother of three boys would reveal something about what pushes people to hate others to a point where they think they are “normal” and others are not. Naively, she used to think that disclosing an HIV positive status to your family was the worst bomb you could drop on them, but to her amazement, it has turned out that being gay is worse. Being gay is viewed as the worst crime against humanity. Many heads turn. Families live in invisible bubbles of denial, and there is too much silence. Many go as far as killing.

Dès que quelqu’un apprenait que sa soeur est gay, les moqueries commencent: “qui est l’homme et qui est femme dans le couple?” Pourquoi devrions-nous questionner la structure d’un couple ?

What her cousin embodied was hate against homosexual people that was driven by fear, 89


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

misconceptions, and lack of facts. and mostly encapsulated by the Bible and racism, though not limited to this.

haine qui puise son origine dans la peur et les idées préconçues. Dès que quelqu’un apprenait que sa soeur est gay, les moqueries commencent: “qui est l’homme et qui est femme dans le couple?” Pourquoi devrionsnous questionner la structure d’un couple ? Pourquoi est-il si important de définir quels rôles tel ou tel joue dans un couple, quand nous savons ces rôles sociaux peuvent être déconstruits ? Chaque jour quelqu’un désobéit à l’ordre social. Elle se demande si c’est pour cette raison que les soi-disant relations hétérosexuelles “normales” sont inadaptées. De nos jours, les gens ont des enfants hors mariage. Apparemment, la société a évolué et elle a accepté cette nouvelle réalité, qui en fait elle est devenue une quasi normalité. Par contre, nous semblons encore loin d’accepter les homosexuel-le-s comme des êtres humains qui ont le choix de vivre librement dans une société égalitaire. Sa sœur, comme beaucoup de femmes homosexuelles, vit dans la peur d’être tuée dans les bidonvilles noirs d’Afrique du Sud. Quand l’on assume sa différence et qu’on refuse d’être dominée par la norme hétérosexuelle, on se retrouve isoler, marginaliser, pousser au suicide ou tuer afin de faire de vous un exemple et instiller la peur. Par conséquence, beaucoup de personnes homosexuelles vivent dans la clandestinité totale et la peur. Dans certains pays, elles ne peuvent pas accéder aux soins de santé et doivent constamment agir “normal” en public. Cette discrimination contre les homosexuels se glisse à travers les politiques judiciaires et de l’Etat.

As soon as someone hears that her sister is gay, the giggles start: “who is the man and who is the woman?” She wonders if this is why even our so-called “normal” heterosexual relationships are maladjusted. Why should we question each other about who should be what in a relationship, when all those constructions were made and can be broken? Disobeying social order is done every day. People have children out of wedlock. Seemingly, society has moved on and accepted it, actually this has become a norm, yet we seem too far from accepting gay people as human beings who have a choice to live freely in an equal society. Her sister, like many gay women, lives in fear of being killed in black townships of South Africa just because they are who they are. Those self-proclaimed social gatekeepers who in many cases are driven by patriarchal agendas with a clear hierarchy of social order and with clear prescriptions of who belongs in that line of order. If you do not get in the social box you are pushed out of the box, become isolated, driven to suicide or killed to teach you a lesson as a strategy to instil fear. As a result, many gay women and men live

She is reminded of the old Animal Farm story: all animals are equal but some animals are more equal than others.

Elle revient à ce geste d’affection en public du couple, qui semblait “normal” pour certains dans ce contexte. Mais elle se rappela d’une histoire ancienne sur des animaux de ferme: tous les

in hiding. In some countries they cannot access health care and constantly have to act “normal” in public. This discrimination against gay people creeps through to the judiciary and state policies.

Mais elle se rappela d’une histoire ancienne sur des animaux de ferme: tous les animaux sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres.

The public display of affection seemed “normal” for some but not for all and she is reminded of the old animal farm story: all animals are equal but some animals are more equal than others.

animaux sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres.

If gay people cannot be who they are who must 90


T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

they become? Who they will be will not be who they really are. Vuyiseka Dubula is a representative of people living with HIV in the South African National Aids Council and Chairperson of the Board of Directors in the Aids Law Project. She was elected General Secretary of TAC in 2008, which she joined in 2002 after learning her HIV positive status. Vuyiseka also worked for Medicines Sans Frontiers as a community mobilisation officer setting up adherence clubs for clients of antiretroviral treatment. She lives with her daughter and husband in Philippi, Cape Town.

Issue/numéro 4 . July 2012

Si les homosexuel-le-s ne peuvent pas être qui ils/elles sont, qui doivent-ils/elles devenir? La personnalité qu’ils/elles seront forcé-e-s de prendre, sera loin d’être la vraie. Vuyiseka Dubula est une représentante des personnes vivant avec le VIH au Conseil National du SIDA de l’Afrique du Sud et sert également comme présidente du conseil d’administration du AIDS Law Project. En 2008, Vuyiseka a été élue Secrétaire Générale de TAC, dont elle est membre depuis 2002, après avoir appris son statut seropositive. Elle a également travaillé pour Médecins Sans frontières comme coordinatrice de mobilisation de la communauté et à la mise en place de clubs pour les clients sous traitement antirétroviral. Elle vit avec sa fille et son mari à Philippes, à Cape Town.


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

Brayo’s Art L’art de

Brayo “Brayo Bryans” is a Ugandan artist and human rights activist / est un artiste ougandais qui milite pour les droits de l’homme.

Pride/Fierté Uganda Oil on canvas/peinture a huile sur toile A naked man stands alone, isolated because people make assumptions about his identity. He stands tall, with pride. He embraces both his Ugandan and gay identity. Un homme nu se dresse seul, isolé à cause des hypothèses sur son identité. Il se dresse avec fierté. Il assume pleinement son identité gay et ougandais.


T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

Issue/numéro 4 . July 2012

Sad Wedding, oil on canvas Triste Mariage, peinture à huile sur toile I made this painting after hearing about a gay man who had been forced into a heterosexual marriage. The man was deeply in love with his best friend but kept the relationship a secret. He agreed to get married to a woman because of pressure from his family, religious leaders, and the community, yet confided to a counselor that it was “killing him deep inside.” At the wedding the man’s boyfriend was best man. The woman and priest smile because they are upholding heterosexual “standards” in Uganda, but the two men, the groom and his true partner, are sad and disappointed. They are too honest to cheat, so their relationship is dissolved by the marriage.

Cette peinture raconte l’histoire d’un gay dont j’ai entendu parler. La peinture représente cet homme qui a été forcé à un mariage hétérosexuel, pendant qu’il était profondément amoureux de son meilleur ami, relation qu’il garda au secret. Il succomba à la pression familiale et religieuse et accepta de se marier à une femme même s’il confia à un conseiller que ceci le “tuait intérieurement.” Lors du mariage, le petit ami de l’homme était le garçon d’honneur. La mariée et le prêtre sourissent parce qu’ils promeuvent les normes hétérosexuelles Ougandaise. Par contre, les deux hommes, le marié et son véritable partenaire sont tristes et déçus. Ils sont trop honnêtes pour tricher, de sorte que leur relation est dissoute par ce mariage.


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

Religion vs Sexuality, oil on Sexualité contre la canvas Religion, peinture à huile sur toile In this painting, the cross represents Christianity and the stars and moon represent Islam, the two major religions of Uganda. In Uganda, certain religious institutions have been strong proponents of homophobia and supporters of the proposed Anti-Homosexuality Bill. The black background represents the hatred that some religious leaders have for the LGBTI community. Instead of preaching love, compassion, and tolerance as the scriptures teach, they preach hate, intolerance and persecution. This painting represents the bondage of this type of perverted religion. It ties these two kuchus down.

Dans ce tableau, la croix représente le Christianisme et les étoiles et la lune représentent l’Islam, les deux grandes religions de l’Ouganda. En Ouganda, certaines institutions religieuses ont été des ardentes prometteuses de l’homophobie et partisantes du projet de loi contre l’homosexualité. Le fond noir représente la haine que certains chefs religieux ont envers la communauté LGBTI. Au lieu de prêcher l’amour, la compassion et la tolérance que les écritures saintes enseignent, ils sermonnent la haine, l’intolérance et la persécution. Cette peinture parle de l’emprise de ces types messages religieux. Ils emprisonnent ces deux “kuchus.”


T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

Issue/numéro 4 . July 2012

Queer Pride, oil on back cloth canvas

Fierté “Queer”, peinture à huile sur toile

I wanted to make something simple to showcase the importance of speaking up and speaking loudly. My inspiration was popular cartoons, and I made this picture while laughing and spending time with my friends at the gay rights organization where I work. This picture just says, “We will never stop being queer, and we are proud to be queer. We never chose to be queer. We were born this way.”

Je voulais créer une œuvre simple qui montre l’importance de s’exprimer et ceci avec vigueur. J’ai tiré mon inspiration des bandes dessinées populaires, peignant tout en riant et en passant du bon temps avec mes amis au siège de l’organisation LGBT où je travaille. L’illustration de la toile dit tout simplement, “Nous ne cesserons jamais d’être “queer”, et nous sommes fiers de l’être. Nous n’avons jamais choisi d’être “queer”. Nous sommes nés de cette façon.”


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

Halfway in the Closet, Acrylic on Barkcloth

À moitié dans le placard Acrylique sur toile d’écorce

This painting, featuring a pride flag obscuring the identity of a face, symbolizes the possible aftermath of the Ugandan Anti-Homosexuality Bill. This person is on the edge of the selfrealization that goes with coming out, but fear keeps him or her - like many kuchus – from being totally open.

Cette peinture, qui représente un drapeau de la fierté, masque l’identité de la personne porteuse, symbolisant la suite probable de la loi Ougandaise contre l’homosexualité. Cette personne est sur le point de s’auto identifiée, étape logique de la sortie du placard, mais la peur la garde - comme de nombreux “kuchus” - d’être entièrement visible.

The flag represents tension - the pride that comes with embracing one’s sexuality, but also the fear that motivates this person to stay hidden. The bracelet features the colors of the Ugandan flag.

Le drapeau représente la tension - la fierté qui vient avec l’acceptation de sa sexualité, mais aussi la peur qui motive cette personne à rester cachée. Le bracelet représente les couleurs du drapeau ougandais.


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

The Golden Child Un enfant en or

By/par Kunle

I live alone in a two-bedroom apartment, so I sleep in one of the bedrooms while my books sleep in the other – a library cum study. I do have the occasional friend stay over (two so far), not for the night but for weeks or months such as the one currently staying with me. He has just started work in the town where I live and has not found good accommodation; but my story is not about him.

Je vis tout seul dans un appartement de deux chambres, de ce fait j’en occupe une tandis que l’autre est destinée à mes bouquins – une sorte d’espace bibliothèque - bureau. J’ai souvent eu à y accueillir des amis occasionnels (on va dire exactement deux), non pas seuelement pour une nuit mais des semaines entières ou des mois, comme c’est le cas de celui qui est là actuellement. Il vient juste de commencer un boulot dans la ville où j’habite et ne s’est pas encore trouvé un bon logis. Mais mon histoire n’a rien avoir avec lui.

He went home to his family yesterday for the weekend and I went temporarily back to status quo ante. While doing my business this morning, I realized how much I had missed sitting on a dry toilet seat. (He usually bathes before me.)

Hier il s’en est retourné render visite à sa famille pour le weekend, et je me suis retrouvé temporairement dans ma situation initiale. Pendant que je vaquais à mes occupations ce matin, je me suis rendu compte combine ça me manquait le fait de pouvoir m’asseoir à même un siège de toilettes sec. (Il prend souvent son bain avant moi).

Sometimes, when friends are around, I miss being on my own – the quiet, doing my dishes when I want to, knowing I am entirely in control of how clean my house is and perhaps just knowing I am the king of my domain. But when the friends eventually relocate, I miss the companionship – someone to talk with, joke and laugh with, get angry at and later reconcile with; but I also remember they had to leave anyway.

Parfois quand je reçois des amis, le fait d’être seul avec moi-même me manqué énormémentle calme, le fait de faire la vaisselle quand je veux sachant que je suis complètement au contrôle de l’état de propreté de ma maison, et peut-être estce tout simplement le fait de savoir que je suis le roi des lieux. Mais arrivent que ces ces derniers s’en aillent, de rechef leur compagnie vient à me manquer – quelqu’un avec qui déblatérer, rigoler, se crêper le chignon pour ensuite se rabibocher; mais je dois bien me faire à l’idée que quoi qu’il en soit, ils ne sont là que pour un temps.

I think I am becoming quite comfortable with being lonely. I had not always planned to be alone. I planned to get married someday – although I had no age fixed for it. I designed the front page of my wedding invitation since I was about eight, and I have consciously tried to create some “mind 97


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

space”: for my would-be, though yet-unknown, significant other.

Je pense que je commence déjà à me faire également à l’idée de vivre en solitaire. Je n’ai jamais eu à le planifier. Au contraire, j’ai souvent carressé l’idée de me marier un jour- bien que je n’ai jamais songé à un âge fixé pour ce faire. Depuis l’âge d’environ huit ans, j’ai conçu les faire-parts de mon mariage, et j’ai essayé de créer consciemment une sorte “d’espace” pour mon compagnon à venir, quoique non encore connu.

I knew I was different, but hoped it was just a phase and would soon pass – although I did not discuss this with anybody. It wasn’t until

I think I am becoming quite comfortable with being lonely. I went to university that I first tried to discuss it with anybody – my best friend then, who was a rather radical Pentecostal – tongue-speaking and miracle-believing. My own enthusiasm about religion manifested itself in reading about Christianity – its historical and philosophical basis. Well, when I tried to tell him, I found I could not manufacture the word “homosexual,” so I told him in a lot of words that I thought I had a problem of being sexually attracted to the wrong people. We agreed I should seek some counselling, but I only told the counsellor the same thing. She prayed with me.

Je savais que je n’étais pas comme les autres, et je me disais que ce n’était qu’une étape de ma vie qui aurait tôt fait de passer- je me le disais, bien que n’en ayant jamais discuté avec quiconque. Bon on va dire, jusqu’à ce que j’arrive à l’université. C’est à ce moment que j’ai essayé d’engager cette discussion avec quelqu’unen l’occurrence mon meilleur ami d’alors- une

Je pense que je commence déjà à me faire également à l’idée de vivre en solitaire.

I stopped being very good friends with that best friend. We drifted apart, as people say. I didn’t try to tell another very good friend until a couple of years afterwards. This was after he wondered aloud if I had any fears, because I had never talked about things like that with him. I reassured him that I was as normal as every other person – having my own dose of anxieties into which I daily gazed in order to reassure myself of their reality. The example I gave was that I was afraid I might not get married like every other person. He probed till I told him I did not think I had “some of the basic requirements for a happy marriage”. He looked stupefied; he knew me as a calm, warm person whom most girls would love to date.

sorte de chrétien pentecôtiste radical, avec tout le folklore qui va avec- le parler en langue et la croyance aux miracles. Je dois aussi reconnoitre que mon proper enthousiasme en ce qui concerne la réligion est né de mes lectures autour de la réalité chrétienne, lesquelles avaient une base à la fois historique et philosophique. Cet ami là donc, quand j’ai essayé de lui en toucher un mot, je me suis rendu compte que je n’étais pas en mesure de formuler le mot “homosexuel”. J’ai dû faire recours à quelques acrobaties verbales pour lui dire que je pensais être attiré sexuellement par les personnes non adéquates. Nous sommes convenus que je me devais de chercher quelque avis d’expert, mais à la conseillère, je ne pus que repéter la même chose. Elle pria avec moi.

Later on, he brought the subject up again, and after I hesitantly groped for words, he suggested it might be better to just leave things as they were, since he doubted he would be able to make a significant difference even if I told him. I was grateful for this honourable exit, but also vaguely disappointed – I wondered if he suspected what I was trying to say and was also afraid. Needless to say, things did not go back to how they were and I soon drifted away again.

J’ai cessé d’être ami avec ce meilleur ami. Comme on dit souvent, chacun a pris sa route. Je ne me suis plus risqué à en parler à quelque autre meilleur ami jusqu’à encore quelques années par après. Ça, ce fut après qu’il s’est précoccupé de savoir si je n’avais pas une certaine frayeur à aborder de tels sujets avec lui. J’ai dû le rassurer que j’étais tout aussi normal que quiconque là dehors- ayant mes propres hauts et bas causés par l’anxiété et dans lesquels je me dois de faire 98


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

face pour affronter leur réalité. L’exemple que je suis parvenu à lui donner était que j’avais peur de ne pouvoir pas me marier comme les autres. Il me sonda jusqu’à ce que je lui dise que je ne pensais pas que j’avais “des prérequis de base pour faire un mariage heureux”. Il sembla stupéfait, me sachant un garçon plutôt très rangé, chaleureux, bref le genre de prince charmant dont toutes les filles rêveraient de sortir avec. Plus tard, il ramena sur la table le même sujet, et quand il vit que je balbutiais dans mes explications, il en vain à la conclusion qu’il serait peut-être préférable de laisser les choses en l’état. Ce d’autant plus qu’il ne pensait pas qu’il serait en mesure de faire une profonde difference même si je le lui avais dit clairement. Je fus soulagé

I often wonder if not feeling accepted enough to express such a basic part of myself was a factor in my repeatedly drifting away from close relationships, and if keeping myself to myself has morphed into a defence mechanism that I may never be able to do without. A few years later, while doing my internship I met two guys who were also doing their internship and with whom I became very good friends. They were very open with each other, but I think it was their unashamed closeness that I admired the most. Neither felt put down by seeking the other’s company or seeking the other’s opinion on issues.

I often wonder if not feeling accepted enough to express such a basic part of myself was a factor in my repeatedly drifting away from close relationships.

Je me suis souvent posé la question de savoir si ce ne serait pas le sentiment de ne pouvoir pas être totalement accepté, si je venais à me confier, qui était la cause de ces séparations à répétitions d’avec mes meilleurs amis.

It looked like the ideal relationship, but they were not gay – in fact, they both got married recently, although I know that does not necessarily mean anything. I was drawn to their friendship and later to their personalities, but I had learnt to be by myself. I tried not to appear dependent, tried not to go to their room excessively (they shared one) and always shook my head mentally whenever they said “us” to include me. But they adopted me and I was grateful, I stopped shaking my head and got comfortable to the point that I could tell them I did not think I was ever going to get married.

par cette conclusion honorable à laquelle nous sommes parvenus, quoiqu’un peu vaguement déçu. Je me demandais s’il n’avait pas déviné ce que j’essayais de lui laisser entendre, et en aurait peut-être eu peur. Nul besoin de préciser que les choses ne revinrent pas en l’état entre lui et moi, et une fois de plus je dus encore prendre ma route. Je me suis souvent posé la question de savoir si ce ne serait pas le sentiment de ne pouvoir pas être totalement accepté, si je venais à me confier, qui était la cause de ces séparations à répétitions d’avec mes meilleurs amis. Quid de ce sentiment de me replier sur moi-même comme mécanisme de défense et dont je n’arriverai plus à me départir? Quelques années plus tard, tandis que je je faisais mon stage d’entreprise, j’ai recontré deux autres garçons qui faisaient également leur stage d’entreprise et avec lesquels j’ai eu tôt fait de devenir bons amis. Les deux étaient déjà de bons amis, ils étaient très ouverts l’un à l’autre. Mais je crois que c’est surtout le fait qu’ils avaient une intimité amicale assumée que j’admirais le plus chez eux. Ils n’exprimaient aucune gêne dans

Then came the inevitable “why.” Perhaps I was tired of having kept it to myself for so long, or I sensed that they genuinely cared. For whatever reason that I cannot fathom, I was willing to tell them that night. But again the words got stuck in my larynx, so I typed “gay” on my phone and showed it to them. There was silence while a few tears spilled from my eyes – again I do not know why – but to my surprise the silence was broken by their expression of support and that “this did not change anything . . .” My cynical old self told me that only time would tell. We talked about it some more and about the fact that this was the first time I was telling 99


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

anybody about it. That first night, it was still my “it” – as distanced from me in reality as I could make it to be. They were curious about how long I had known, how did it start, had I tested it before, had I done it with a girl before, how could I be so sure? I was glad to answer all those questions. I think they unintentionally guided my first steps in changing it from an “it” to an integral part of me.

la recherche de la compagnie de l’un si l’autre venait à manquer, ou encore dans la recherche de l’avis de l’autre dans les préoccupations dont l’un pouvait faire face. Ça y ressemblait de près à la relation idéale, mais ils n’étaient pas gays- en fait les deux se sont mariés récemment, bien que je suis conscients du fait que cela ne veut absolument rien dire. J’étais éblouis et attiré par leur amitié et plus tard par leur personnalité, cependant j’avais déjà appris à être avec moi-même. J’essayais de faire bonne figure, ne pas paraître comme si je me reposais sur eux, ne pas trop me rendre dans leur chambre (ils paratageaient la même), et par dessus tout, toujours secouer ma tête mentalement en signe de négation à chaque fois qu’ils utilisaient le “nous” en m’y incluant. Mais ils m’adoptèrent et je leur en étais reconnaissant. Petit à petit j’ai arrêté de secouer ma tête mentalement, et j’ai

And yes, nothing changed, we are still very good friends. We continued to share beds – although we have not since they both got married! And we are still regularly in touch. We talk about my sexuality once in a while, but we talk about other things too. Recently, one of them asked if gay guys also had preferences. I said of course, before realizing that he must have thought that any guy would do for any gay guy, so I likened it to the traditional boy-girl relationship – most boys are attracted to girls, but would not have sex with just any girl. I think most of all I like that they do not pressurize me to do anything – like get married. I get that pressure from almost everybody else these days, now that I have reached “a certain age.”

Peut-être que je sousestime la sincerité de l’affection des gens, ou alors je suis tout simplement apeuré de faire face aux conséquences de l’abandon du confort illusoire de mon placard.

I often toy with the idea of telling my family members, my parents and my siblings – my father especially. They deserve to know – I think. I have always focused on my academic work (to the detriment of my social life) and I am doing fairly well. So they see me as a “good” son, almost perfect. I am often torn between the near-perfect image they have of me and the not-at-all-near-perfect

commencé à me sentir à l’aise avec eux au point de pouvoir leur réveler que je ne pensais pas que je me marierais jamais. Vint donc l’inévitable “pourquoi”. Peut-être étaitce la lassitude d’avoir gardé en moi cette vérité trop longtemps, ou alors je me suis dit qu’ils s’en moqueraient. Pour quelque raison de moi inconnue, j’avais envie de le leur dire cette nuitlà. Mais une fois de plus les mots me sont restés entravers la gorge, donc j’ai tapé le mot “gay” sur le clavier de mon téléphone et le leur ai montré. Ils sont restés silencieux tandis que quelques larmes tombaient de mes yeux- une fois de plus je ne sais pas pourquoi- à ma grande surprise le silence fut brisé par leur expression de soutien: “cela ne change rien…”

Perhaps I underestimate the sincerity of people’s affections or I am simply afraid of facing the consequences of leaving the illusory comfort of my closet. knowledge I have of myself. I wonder if their love is conditional on my remaining the golden child. Will it be removed when I cease to be so? Then I wonder if I am not being unfair to them by doubting their love. In the past I have tended to distance myself from them, telling myself this was to save them from the disgrace that would follow a public disclosure of my sexual orientation. But there was an element of fear too; my turning away was a defence against rejection by them. Later

Mon moi cynique me soufflé que seul le temps finira par tout réveler. Nous en avons discuté un peu plus, mais surtout autour du fait que c’était la première fois que je parlais du fait d’être comme ça autour de moi. Cette première nuit-là, c’était toujours mon le fait d’être “comme ça”- que je 100


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

I realized my aloofness must have caused them more pain. They did not understand the reason, so they must have attributed it to something about themselves.

brandissais comme si je voulais m’en distancer dans la réalité. Ils étaient curieux de savoir depuis combien de temps j’en étais conscient, comment ça commençait, si j’avais essayé ça avant, si jel’avais jamais fait avec une fille, comment est-ce que je pouvais en être certain. J’étais plus que heureux de répondre à toutes ces questions. Je pense qu’ils ont, sans s’en rendre compte, guidé mes premiers pas dans le déplacement mental du “être comme ça” vers l’acceptation intégrale de faire partie de moi.

Nowadays I would say I have a better relationship with them – not perfect – but I am no longer trying to run away. I am more sure of who I am. Perhaps we are colder when we are not sure of ourselves. I plan to tell them someday. I am not sure what deity I believe in anymore, but I do not think my faith will be misplaced if I hope that they will see beyond my sexuality when I tell them about it.

Et oui, rien n’a changé, et nous sommes toujours de très bons amis. Nous avons continué de partager les mêmes – bien que nous avons arrêté de le faire depuis qu’ils se sont mariés. Nous sommes toujours en contact régulier. De temps en temps nous parlons de mon orientation sexuelle, tout comme nous parlons d’autres choses. Récemment, l’un d’eux me demanda si les gays ont aussi des préférences. “Biensûr”, je répondis avant de réaliser qu’il a peut-être dû se dire qu’un gay va certainement avec le premier venu. J’ai fait la comparaison avec les relations filles-garçons: plusieurs garçons sont attirés par les filles, mais ils n’ont pas nécessairement des rapports sexuels avec la première venue. Je pense que ce qui m’a le plus intéressé fut le fait qu’ils ne m’aient pas mis la pression sur l’un comme sur l’autre – essayer de me marier ou d’avoir des rappports sexuels avec une fille pour voir. J’ai ce genre de harcélement de la part de tout le monde ces derniers jours maintenant que j’ai atteint un “certain âge”.

Often, I want to share it with others I am close to, but I wonder about the effects on the relationship. I am not socially rich enough to deliberately prune my hedge of friendship. Besides, my town is so small that such information would travel faster than light – or is this just my private delusion? Perhaps I am underestimating the sincerity of people’s affections or I am simply afraid of facing the consequences of leaving the illusory comfort of my closet. I wonder too if I could be as patient with others as I was with myself in coming to terms with my sexuality. Would I be able to see beyond their rejection to our innate ignorant pride that denies what it does not comprehend – and cope with it? After all is said, it does seem to me that while a healthy self-acceptance is necessary, it often requires the acceptance of at least a few significant others. But finding these accepting others can be a long and daunting journey.

Parfois je joue avec l’idée de tout réveler aux membres de ma famille, mes parents et mes frères et soeurs- surtout mon père. Ils méritent de tout savoir, du moins je le pense. Je me suis toujours concentré sur mon travail académique ( au détriment de ma vie sociale) et on va dire que je m’y prends plutôt bien. Aussi, me voientils comme un “bon” fils, Presque parfait. Parfois je suis déchiré entre cette image idyllique qu’ils ont de moi et de l’image non-idyllique que j’ai de moi. Je me demande si leur amour est lié au fait que je suis l’enfant d’or. Les choses vont-elles s’interrompre si je cesse de l’être?

Kunle is a Nigerian-based doctor doing a residency in psychiatry. He believes one of the things we need to do is to get homosexuality more talked about, either positively or negatively (although hopefully the former), so that it doesn’t remain the elephant in the room of African culture. Talking will allow for prejudices to be aired and more positive attitudes to emerge. Kunle looks forward in his career to working to increase the awareness of homosexuality and improving the quality of life of gay people in Africa.

Mais je me pose également la question de savoir si je ne suis pas injuste de douter de leur amour. 101


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

Par le passé, j’ai essayé de mettre une distance entre eux et moi, me disant que c’était pour les prémunir de la honte qui s’en suivrait si mon orientation sexuelle venait à être rendu public. Mais il y avait aussi un élément de crainte; ma prise de distance était une forme de défense par anticipation en cas de rejet de leur part. Bien plus tard j’ai réalisé que cette distanciation leur a peut être cause un peu plus de peine. Ils n’ont pas compris la raison, et je crois qu’ils ont dû l’attribuer à quelque chose ayant avoir avec eux. Aujourd’hui, je dirai que j’ai de meilleures relations avec eux –non pas parfaites- mais je n’essaie plus de m’en fuir. Je suis plus sûr de qui je suis. Peut-être que nous sommes plus froids quand nous ne sommes pas certains de qui nous sommes. J’ai l’intention de le leur dire un jour. Je ne sais plus en quelle déité je crois, mais je ne pense pas que ce serait déplacée d’avoir foi au fait qu’ils soi à même de voir par-delà ma sexualité quand je le leur dirai. Parfois également, j’aimerai le partager avec les autres personnes avec lesquelles je suis proche, mais je m’inquiète sur l’effet que cela pourrait avoir dans notre relation. Je ne suis pas assez riche socialement pour me payer le luxe de délibéremment tailler la haie de mes amitiés. Par ailleurs, je vis dans une si petite ville qu’une telle information ne manquerait pas de filer plus vite que la lumière- ou sont-ce juste mes propres désillusions? Peut-être que je sousestime la sincerité de l’affection des gens, ou alors je suis tout simplement apeuré de faire face aux conséquences de l’abandon du confort illusoire de mon placard. Je me demande aussi si je pourrais adopté la même attitude de patience vis-à-vis des autres comme je l’ai été avec moi quand il fallait négocier avec mon orientation sexuelle. Pourrais-je être en mesure de voir par-delà leur rejet, quelque chose qui s’apparenterait à notre orgueuilleuse ignorance à tous qui s’ingénie à nier tout ce qu’elle ne comprend pas- et surtout y faire face? De ce qui precède, il m’appert désormais que tandis qu’une acceptation saine de soi est nécessaire, cela demande aussi le plus souvent l’acceptation de la part d’au moins un petit nombre d’autres personnes important pour nous. Mais les trouvers, ces autres personnes-là peut être un voyage de longue et dure haleine. Kunle Oginni est un médecin nigérian basé faire une résidence en psychiatrie. Il croit l’une des choses que nous devons faire est d’obtenir l’homosexualité plus parlé, que ce soit positivement ou négativement (bien que j’espère que les anciens), de sorte qu’il ne reste pas l’éléphant dans la salle de la culture africaine. Parler permettra de préjugés à être diffusé et des attitudes plus positives à émerger. Kunle se réjouit de sa carrière à travailler pour augmenter la prise de conscience de l’homosexualité et l’amélioration de la qualité de vie des personnes homosexuelles en Afrique.

102


T ss i t,y Fias m s ui ley, C o m m u n i t y i s s u e Th he e D F ri iveenr d

l i v e / v i v r e , l o v e / a i m e r,

I s si suseu/ e n /unmuémr é or 4 o .3 JAupl yr 2 0 1 2

passion

A project of the queer african youth networking center Learn more about qayn www.qayn-center.org or by email at contact@qayn-center.org Sponsor q-zine Contact the lead editor: mkonommoja@gmail.Com Or qayn’s director: mariam@qayn-center.org Follow us Issuu: www.Issuu.Com/q-zine Website: www.q-zine.org Facebook: http://www.facebook.com/pages/Q-zine/ Twitter: @qayncenter

Un projet du réseau des Jeunes LGBTQ d’Afrique de l”Ouest Pour en savoir plus www.qayn-center.org ou par email au contact@qayn-center.org Sponsorisez q-zine Veuillez contacter le rédacteur en chef: mkonommoja@gmail.Com Ou la directrice de qayn: mariam@qayn-center.org Suivez qayn Issuu: www.Issuu.Com/q-zine Website: www.q-zine.org Facebook: http://www.facebook.com/pages/Q-zine/ Twitter: @qayncenter


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

Papa, si tu avais su que j’étais lesbienne, m’aimeras-tu pour autant aimer? Papa, If I was to tell that I am a Lesbian, Would You Still Love Me?

Par/by Françoise Mukuku Le jour où Sifa (appelons-là ainsi) m’a appelé pour de me dire qu’elle était avec sa sœur et qu’elles devaient à tout prix me parler, je ne saurais dire pourquoi mais j’ai su que nous n’allions pas parler du nouveau bar en vue, ni de qui est qui ou encore qui sort avec qui.

The day Sifa (well, let’s call her that) called me saying, “We are coming to see you”, somehow I knew we wouldn’t be talking about the latest hip bar, the latest hot woman or who was dating whom.

It all began when Sifa met another Congolese woman from abroad, on Facebook.

Pour la petite histoire, Sifa est une lesbienne de 36 ans, de forte corpulence, avec une voix grave, toujours à la dernière mode des jeunes artistes Hip Hop branchés. Sifa est une fille fascinante : Belle, toujours a fréquenté les stars de la

L’histoire commence après qu’elle ait rencontré une congolaise sur Facebook.

Sifa is what you can call one hell of a woman. A very tall, masculine woman with a big voice, she is always seen in the latest hip-hop fashions as seen in American music videos. Sifa is a 36-year-old lesbian, big, beautiful, and bold. She is well connected to the Congolese star system too, always hanging out with the most popular musicians. Some even ask her to look after their girlfriends/mistresses when they’re busy. She’s the sort of person who, shall we say, makes friends easily.

musique congolaise, qui d’ailleurs, très souvent lui laissent la garde de leurs maitresses quand ils ne sont pas disponibles…elle est le genre de personne qui fait facilement des ami(e)s. Orpheline de mère, Sifa est la fille d’un de ces hommes d’affaires Congolais qui a fait fortune 104


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

dans le commerce. J’ai rencontré Sifa il y a près de 5 ans aujourd’hui. Une amie commune, en apprenant que je militais pour les droits des personnes gays et lesbiennes, nous a mise en contact. En fait, nous nous étions croisées brièvement à l’école mais je ne me souvenais plus très bien d’elle.

An orphan, Sifa is one of the numerous children of a well-known merchant who had made a fortune in wholesale business. We first met five years ago through a mutual friend who linked us after she found out I was an activist for lesbian and gay rights. Actually, Sifa and I had met before, very briefly, during our school days, but I did not want to remind her of this past connection. I’m now getting to the real story. It all began when Sifa met another Congolese woman from abroad, on Facebook. Their friendship grew to a point where this woman decided to come back home after many years just to meet Sifa. The friendship turned into an intense relationship, which the woman’s family did not approve. The family went as far as to denounce Sifa to the police, claiming that she was recruiting under-aged girls to act in pornographic movies at her place.

“Cela me choque énormément qu’on me dise que j’ai sacrifié le bonheur de mes enfants contre ma fortune.” L’histoire commence après qu’elle ait rencontré une congolaise sur Facebook et qu’elles se soient liées d’amitiés au point que la fille en question ait décidé de venir en vacances au Congo, après plusieurs années à l’extérieure. Les deux entament alors une relation très intense que la famille de la fille n’appréciait guère. Cette famille décide alors de dénoncer Sifa aux services de renseignements sous prétexte qu’elle faisait du détournement de filles mineures pour tourner des clips pornographiques chez elle.

“It is very painful to hear people say that I offered my children’s soul to juju to become wealthy.” The day Sifa and her older sister paid me a visit, I was meeting the sister for the first time and seeing Sifa for the first time since she had had some surgery. The sister informed me that for the last two days, Sifa had been living with her because of a situation with her father. The sister had come to see me so that I would realize how serious the situation was. Their father had summoned them this same day to a meeting, so they came to beg me to accompany them. The sister argued that I was the only person who could speak to their father and tell him what was going on in Sifa’s head, and possibly in her body. (She had seen me speak in public meetings and thought her father would listen to me as well.) They even had a car waiting for me to me navigate, as painlessly as possible, Kinshasa’s traffic jams.

Le jour où elle et sa sœur que je rencontrais pour la première fois, sont venues me voir a la maison donc, je voyais Sifa pour la première fois après son opération chirurgicale. J’apprend par la sœur que Sifa vit chez elle depuis deux jours et qu’elle l’accompagnait afin que je sache que la situation était sérieuse. Convoquées par leur père ce jour-la, le but de leur visite chez moi était de me demander de les accompagner à cette convocation pour mieux expliquer à leur père ce qui se passait dans la tête (et dans le corps) de sa fille, Sifa. Elles avaient mise une voiture à ma disposition pour me permettre d’avoir un trajet aller-retour plus ou moins agréable dans les embouteillages de Kinshasa.

In this whole experience, what really touched me the most was the sincerity of this well-known businessman, whom I was meeting for the first time. The still fit, sixty-year-old man greeted me in his well-decorated living room and proceeded to serve me water and snacks.

Dans toute l’histoire qui suit, ce qui m’a le plus touché dans l’entretien avec le père, cet homme d’affaires dont toute la ville avait entendu les exploits mais que je n’avais jamais vu, était 105


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

sa grande sincérité devant une situation qui le dépassait complètement.

“Did you see what just happened?” he asked me. I could not understand what he meant by that. “Did you see how Sifa helped to start the generator? Before you got here, all the men in the house were desperately trying to figure out how to fix the generator. She gets here and in no time the thing is working again,” said the proud father.

Cet homme d’une soixantaine d’années, encore en pleine forme malgré son âge, me reçu dans son salon particulier où il me servi lui-même de l’eau et amuse-gueule. -As-tu vu ce qui vient de se passer ? (je ne comprenais pas le sens de sa question)

Then I got it. When we arrived in this imposing house, there was no electricity, and all the men of the house were trying to get the generator started without success. Then came Sifa and her knowledge of all things electrical; in no time she started the generator.

-As-tu vu comment tous ces hommes se sont battus pour allumer le générateur d’électricité? et c’est Sifa qui vient de leur montrer comment le faire fonctionner ? En effet, j’étais arrivée dans une grande demeure complètement plongée dans le noir et d’où on entendait que les arguments des gardiens, chauffeurs et autres travailleurs de la maison qui essayaient de faire fonctionner le générateur.

Her father went on to tell me about how he built his wealth, step by step, with a lot of personal sacrifices. Growing up with a widowed mother, Sifa’s father recalled eating the same meal many days in a row, selling matches from town to town, using public showers at train stations to take his only shower of the day, until becoming the leading supplier of freight containers in the entire Congolese state.

Son père a commencé par me raconter l’histoire de sa fortune, comment il l’avait amassé petit a petit, à force de sacrifice. Lui qui grandi auprès d’une veuve et qui mangeait le même poisson pendant deux jours, me raconta comment il avait vendu des allumettes de ville en ville, avait pris, pendant plusieurs années l’unique douche de sa journée dans les gares de train, jusqu’à devenir un jour le premier fournisseur de container de l’état Congolais.

He continued, “For the African that I am, it is very painful to hear people say that I offered my children’s soul to juju to become wealthy, even though I had them before my fortune. I already have a daughter who is not well. She has what they call ‘collepsie.’ She sleeps more than average people do. I had to send her to Europe for care and to avoid gossip. Now, my other daughter, Sifa, tells me she feels like a man in a woman’s body!”

« Pour l’africain que je suis, cela me choque énormément qu’on me dise que j’ai sacrifié le bonheur de mes enfants contre ma fortune. Ces enfants sont nés avant que je ne sois riche. J’ai déjà une fille malade. Elle fait une collepsie. Elle dort plus que la normale. On m’a traité de tous les noms à cause de sa condition et j’ai du l’envoyer à l’étranger pour des soins appropriés. Et Maintenant mon autre fille, Sifa, me dit qu’elle se sent homme dans son corps ! »

I could hear the pain coming straight from the bottom of his heart. It was also the cry of a father who had just been forced to pay $5,000 to the police so that they would not jail his daughter. And this was not the first time he had to pay the police. It might not be the last either. He told me that even if he loved all his children, he felt that it was about time for Sifa to leave the family and think about alternatives in her life because her current choices were costing the entire family dear.

Ce cri de cœur venait d’un homme qui venait de payer 5000 Dollars américains pour qu’un groupe de policiers et agents de renseignements Congolais n’amène pas sa fille, toute juste sortie de l’hôpital dans un lieu inconnu. Ce n’était pas

So here I found myself in the middle of this family drama because Sifa’s older sister had promised 106


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

la première fois qu’il faisait un tel geste, et même s’il aimait ses enfants, tous avec leurs qualités et leurs défauts, il se disait qu’il était temps que cette situation avec Sifa cesse. Il avait donc chassé Sifa de la maison et lui avait coupé de tous les vivres jusqu’à ce qu’elle lui dise qu’elle était l’alternative de ce comportement qui privait la famille entière d’une revenue substantielle.

their father she would find a person who could explain Sifa’s sexual orientation and show him that Sifa wasn’t the only one. For Sifa the important thing was that I should convince her father that homosexuals could live happy lives, that they were as capable as anyone else of providing for themselves and that they did not have to rely on their family’s financial support.

Je me trouvais donc au milieu de ce drame familial, car la sœur ainée de Sifa avait promis de trouver quelqu’un qui parlerait à leur père, lui expliquerait l’orientation sexuelle de sa fille et lui prouverait qu’elle n’est pas la seule. Sifa, elle-même tenait à ce que leur père sache que les gens comme elle, peuvent vivre heureux. Qu’ils peuvent subvenir à leur besoin financier afin de ne pas vivre toute leur vie aux crochets de leurs parents. Me faisait-elle si confiance que ça ?

I felt humbled by Sifa’s trust, but my friendship with her really started when I offered her a position in the NGO that I manage. Later, I learned that I had been very instrumental in sparking her interest in LGBT activism. Part of our work is to sensitize the thousand lesbians and queer women who use the center, dreaming of going to Europe or the US to live their sexuality openly. I constantly bring to their attention that no matter the context, gays face challenges everywhere. I usually argue that it is up to the LGBT and queer Congolese to fight for their rights and to stand up against police extortions that ruin their lives and rob their families. It is up to them to challenge the police arrests and rapes in prisons and to take on the system that forces us to leave schools because of our real or perceived sexual orientation or gender identity.

C’était la première fois que je rencontrais une homosexuelle qui avait autant de soutien familiale. Ma relation avec Sifa, comme je l’ai dit au début, remonte à 5 ans. Nous sommes devenues collègues quand je lui avais récemment offert un travail dans l’ONG que je dirige. On peut dire que j’étais un peu son guide dans l’activisme LGBT. A la centaine de lesbiennes et alter sexuelles qui rêvaient toutes de vivre leur vraie sexualité en Europe ou aux USA, je répétais sans cesse que nous sommes congolaises et c’est dans notre pays que se trouve notre vie. Que nous devrions nous battre pour vivre en paix. Pour ne pas payer ces amendes policières qui nous pourrissent la vie et qui forcent nos familles à s’endetter. Pour ne pas subir ces détentions et ses viols dans les prisons du Congo. Pour ne pas se sentir forcer d’abandonner l’école quand nos camarades de classe, nos professeurs et les administrations scolaires ne nous acceptent pas tels que nous sommes et nous forcent au changement.

These are some of the same arguments I presented to her father as well As for Sifa, who still dreams of going to live in the US, I have been asking her to reconsider her situation. She is worried that police extortion will ruin her father. I asked her to channel her anger, frustration, rage, and disappointment towards the struggle for gay rights in the Democratic Republic of Congo.

This is the first time I have met a homosexual who has so much support from her family. Meanwhile, I begged Sifa’s father to take back his daughter because she needs his understanding, love, and support to live as a lesbian in Kinshasa. Since this family mediation five months ago, Sifa has returned to her father’s home, after three months of self-imposed exile to clear her mind,

C’est aussi ce que j’ai expliqué au père de Sfia. A Sifa qui rêvait toujours d’aller vivre aux Etats-Unis, je lui ai demandé de considérer que même là-bas, 107


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

les gays et lesbiennes avaient leurs problèmes. A elle qui se faisait du souci de ce que la police et autres extorqueurs allaient nuire à la fortune de son père, J’ai conseillé de prendre toute sa rage, sa déception et de les diriger vers la lutte pour les droits humains en République Démocratique du Congo. A son père, je l’ai supplié de reprendre sa fille, qu’elle avait besoin de sa protection et son amour chaleureux pour vivre « sa vie » à Kinshasa. C’était la première fois que je rencontrais une homosexuelle qui avait autant de soutien familiale.

and her father has shown his interest in becoming a spokesperson to support my organization to conduct similar family mediations. This is the first time I have met a homosexual who has so much support from her family. Whenever I think of this story, an image of a poster in my office comes to mind. It is a beautiful image of a a mother who is smiling at her child. The caption reads: “Mom, if you knew I was gay, would you still have loved me?”

Depuis cette médiation familiale il y a cinq mois, Sifa est rentrée chez ses parents, mais après avoir passé 3 mois, en dehors de Kinshasa pour se changer les idées. Son père a promis de se rendre disponible pour des émissions publiques où l’on aurait besoin de témoignage de parents sur la vie de leurs enfants homosexuels.

Françoise Mukuku is an activist and independent consultant at Amazone Consultancy in Kinshasa, Democratic Republic of Congo. The firm works across the whole of Central Africa. Françoise specializes in research, communication, training and events planning. You can learn more about Amazone Consultancy here: www.amazoneconsultancy.com

Peut-être qu’un jour, nous lui demanderons aussi de contribuer financièrement à notre action ? Chaque fois que je repense à cette histoire, c’est l’image d’une affiche que j’ai au bureau qui me revient. Au dessus d’une belle photo d’une mère qui sourit a son petit bébé, il est tout simplement écrit: “maman, si tu savais que j’étais gay, m’aimeras-tu de la même façon?

Francoise Mukuku est une activiste et consultante indépendante évoluant au sein Amazone Consultancy, un cabinet de consultance basé à Kinshasa en République démocratique du Congo mais qui travaille à travers toute l’Afrique centrale. Françoise est spécialisée dans la recherche, la communication, la formation et l’organisation d’évènements. Visitez le site d’Amazone Consultancy: www.amazoneconsultancy. com

108


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

Till My Blood Runs Dry Tant que mon sang coule

Par Ropta

I could see my brother clearly even though all the other dancers blended, intoxicated by Taarab music till they cast all distinctions aside and swayed in motions that could blister the eyes of the onlooker. I could see him twisting his head back like a flamingo as he tried to reverberate his buttocks to the gentle seduction of the song. But his buttocks were not the overwhelming swell-ness of a mother of five selling tomatoes in a market, covered constantly with a leso. His buttocks were squashed as if a thief came in and ran away with all the buttock juice. They resembled two loaves of bread that had been laid under stones. Seeing him embarrass himself like that made me wish to kill him, and I thought of dancing my way to him, my hands held out, and how I would grapple his throat as he turned to face me, holding his hands to his knees, swaying his body from side to side. I wondered how it would be. My hands itched.

Je pouvais bien voir mon frère bien que tous les autres danseurs faisaient un, enivrés par la musique Taarab au point qu’ils éliminaient toutes distinctions et tanguaient de sorte à donner le tournis aux spectateurs. Je pouvais le voir tourner sa tête en arrière comme un flamant rose tout en bougeant ses fesses à la douce séduction de la chanson. Mais ses fesses n’étaient pas l’irrésistible rondeur d’une mère de cinq enfants qui vendait des tomates au marché couvert constamment avec un leso. Ses fesses étaient écrasées, comme si un voleur s’était enfui avec son contenu. Elles ressemblent à deux miches de pain qui avaient été passées sous des pierres écrasantes. Le voir se ridiculiser de la sorte me donna envie de le tuer, et je pensais danser vers lui, les bras tendus, à la manière dont je saisirais sa gorge au moment où il tournerait sa tête vers moi tenant ses mains sur ses genoux, balançant son corps de gauche à droite. Je me demandais comment ça serait. Mes mains me grattaient.

I had no love for him. At least not in my mind (that died when I repeatedly found notes missing from my wallet till I had to sleep with it, its leather prickling my skin at night) and not at all in my heart (the way he danced and his disgusting buttocks had set that on fire and left only ashes). What love was left was in the blood, and that is strong and almost permanent, unless one drains all your blood away.

Je n’avais aucun amour pour lui. Du moins pas dans mon esprit (cet amour mourra lorsque je me suis rendu compte que je perdais constamment des monnaies de mon portefeuille au point où j’étais obligé de dormir avec mon portefeuille, le cuir picotant ma peau dans la nuit) et certainement pas dans mon cœur (la manière dont il dansait, 109


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

He wiggled his way back to me, grinning, his pot-belly swinging up and down, like a gob of fat sliding off the edge of a pan. I could see the crow’s feet round his eyes and the greying hair, and that his teeth were full of tartar. I calculated my dental cover and wondered if I had enough left to include him.

avec ses fesses dégoûtantes qui mettaient le feu à tout, ne laissant que cendres sur son passage). L’amour qui restait était dans le sang, et celaci était trop fort et quasi permanent, sauf si l’on vidait tout mon sang. Il se tortilla vers moi, souriant, son gros ventre balançant de haut en bas comme une goutte de graisse glissant sur le bord d’une casserole. Je pouvais voir la patte d’oie autour de ses yeux, ses cheveux grisonnant et le fait que ses dents étaient pleines de tartre. Je calculais ma couverture dentaire et me demandais s’il m’en restait assez pour le couvrir.

“Why are you so uptight?” he squeaked, and a wave of hate flooded me. “You need to relax and make friends. No wonder you are so alone. No one would want to be friends with a weirdo like you.” That is true. I only talked to him and my boss. And my cat, though it had not been seen for three days, and I was already thinking of purchasing a goldfish. He had clapped eagerly at the idea and said he knew “just the thing” and that “fish was so in, especially the large aquariums with seven fish in the different colours of the rainbow.” I only shook my head this way and that and changed the TV channel.

“Pourquoi es-tu si tendu?” Il couina, et une vague de haine m’envahit. “Tu as besoin de te détendre et te faire des amis. Pas étonnant que tu sois seul. Personne ne voudrait être ami avec quelqu’un d’aussi bizarre que toi.“ Vrai. Je ne parlais qu’à lui et à mon patron. Et à mon chat, mais que je n’avais pas vu depuis trois jours et je pensais déjà à acheter un poisson rouge. Il sauta sur cette idée avec son enthousiasme habituel, et dit qu’il connaissait “juste la chose“et que “le poisson était très tendance, particulièrement le grand aquarium avec sept poissons dans les différentes couleurs de l’arc-en-ciel“. Je bougeai seulement ma tête par-ci et là et changea la chaine de télé.

Let us make one thing clear. He does not live with me, though he comes often, sometimes at night, sometimes during the day. I have told him where I keep the keys so that he can walk in anytime. He keeps his wigs at my house. I do not know where he lives, and I do not know what he eats, but somehow he keeps walking each day with a big pot-belly. I think Jesus was thinking of him when He told the disciples not to worry so much about what they will eat or where they will live.

Mettons une chose au clair; il ne vit pas avec moi, même s’il est souvent chez moi, parfois la nuit, d’autre, dans la journée. Je lui ai dit où je cache les clés pour qu’il puisse rentrer à n’importe quel moment. Il garde ses perruques chez moi. Je ne sais pas où il vit ni ce qu’il mange, quel qu’il en soit, son gros ventre ne fait que pousser. A y réfléchir, je pense que Jésus pensait à lui quand il ordonna à ses disciples de ne pas trop se soucier de ce qu’ils vont manger où de l’endroit où ils vont vivre.

My brother is a lily of the field. But I know he spends a lot of time under the bridge. We call it the bridge because we do not know what to call it. What do you call a road that goes over another road? Those Chinese constructors are an amazing race. Beneath the bridge, held up by giant pillars much, much wider than my two arms outstretched, is a place of total peace. At night it is totally dark. The wide roundabout weaves cars in and out without their lights spoiling the darkness. Apart from Fridays. That is when it glitters, car lights blending

Mon frère est une fleur de lys des champs. Par contre, je sais qu’il passe beaucoup de temps sous le pont. Nous l’appelons le pont parce que nous ne savons pas comment l’appeler. 110


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

and intertwining in a kaleidoscope tapestry. My brother knows the drivers to pick like the back of his hand. They are driving alone, and they slow down, leaving a wide gap between their car and the one ahead, and then they turn to look outside and gently nod. My brother skips merrily to the car and jumps in.

Comment appelleriez-vous une route qui passe sous une autre? Ces constructeurs chinois sont d’une espèce incroyable. Sous ce pont donc, soutenu par des piliers géants, plus larges que mes deux mains tendues, se trouve un endroit de paix totale. La nuit elle est totalement sombre. Au grand rounpoint, les voitures s’entrecroisent sans que leurs phares ne gâchent l’obscurité. A part les Vendredis. Nuits où les phares de voitures se mélangent et s’entrelaçent dans une danse colorée. Comme le dos de sa main, mon frère sait quels conducteurs choisir. Ils conduisent seuls et ralentissent laissant un grand écart entre leurs voitures et celle de devant, puis ils dirigent leur regard la fenêtre, hochant doucement la tête. Mon frère saute aisément vers son client et monte à l’intérieur.

I know because I have been under the bridge with him. Don’t get me wrong, I am not a hooker, but I like witnessing. I am like an unblinking star up above in a clear night sky, noticing everything that goes on at night, taking it all in and recording it permanently. One day I was with him under the bridge, he looked like a woman. He had on lipstick and long, luxuriant hair that cascaded down his back like a black waterfall. He told me it was real human hair from Brazil, and I wondered about those Brazilian women selling their hair, and I wondered if in Brazil there were ranches where women were kept for mass production of real human hair. He had on boots that squeezed his fat feet as tight as if they were caught in a trap. There was a red line at the edge where the boots ended, where the blood had been squeezed. He did not act as if he was in pain however.

Je sais tout ceci parce que j’ai été sous le pont avec lui. Ne vous méprenez pas, je ne suis pas un prostitué, mais j’aime être témoin. Je suis comme une étoile dans un ciel de nuit claire remarquant tout ce qui se passe la nuit, prenant tout et l’enregistrant permanemment sans ciller J’étais un jour sous le pont avec lui, il ressemblait à une femme. Il avait du rouge à lèvre et des cheveux longs et lisses qui tombaient en cascade dans son dos, comme une chute d’eau noire. Il me dit que c’était de vrais cheveux naturels originaire du Brésil. Je me demandais si au Brésil il y avait des fermes où les femmes étaient gardées pour production des cheveux naturels. Il avait des bottes qui pressaient ses gros pieds comme s’ils étaient pris dans un piège. Une line rouge entourait le bord des bottes, là où le sang avait été pressé. Mon frère en était insouciant.

He told me that he had just pooped on the road under construction above. He had scooped a bit of gravel and made his call of nature and rapidly covered it up, knowing that the next day the Chinese would lay tarmac over the gravel and he would have made his own personal contribution to the road, and one day, thirty

Il me dit qu’il vient juste de faire caca en dessus de nous, sur la route en construction. Il avait creusé un peu de gravier, fit son appel de la nature et le couvrit rapidement sachant que le lendemain les chinois mettrait du goudron sur le gravier et qu’il aurait apporté sa contribution personnelle à la construction de la route. Et un jour, trente 111


Le numéro sur nos proches et familles

Issue/numéro 4 . julllet 2012

years from now, he would point a withered hand at that spot, telling a new generation of children exactly where he left his poop.

ans après, il pointera une main fané à cet endroit racontant à une nouvelle génération d’enfants exactement où il a laissé sa merde.

His clients are many but not an exciting kind. Shifty-eyed men, the kind to have left pregnant clueless wives at home. Some are covered with mud spots, all the way from their shoes to their shoulders, and it makes you wonder where they have been. Sometimes they pick their nose and stretch out arms marked with bruises. My brother tells me they are farmers from upcountry bringing their potatoes to the Nairobi markets and heading back home, but of course not without a little taste of him.

Ces clients sont nombreux sans pour autant être excitants. Des hommes aux yeux sournois, le genre à avoir laisser des femmes enceintes désemparées à la maison. Certains sont couverts de taches de boue des épaules aux chaussures , et l’on songe d’où ils viennent. Parfois ils mettent le doigt dans le nez ou tendent des bras marqués de contusions. Mon frère me dit que ce sont des agriculteurs de l’intérieur du pays qui amènent leurs pommes de terre aux marchés de Nairobi; mais bien sûr, qui avant de rentrer chez eux, leurs faut leur petit gout de lui.

I just sigh and let him be. Listen:

Je soupire juste et le laisse tranquille. Ecoutes :

There is a mall just after the bridge, about five storeys high and with a 24-hour supermarket, selling everything from ice-cream to quails’ eggs to ready-made food. Up above that is a bar, where you can sit under the stars and stare at the road, cars and everything else from up above. My brother always insists that I take him there, but I always refuse. I know he just wants to eat my money, and I always tell him angrily that he should ask one of the men he sleeps with, that since he is a brand, he could as well include beer and icecream as part of his fee.

Il y a un centre commercial juste après le pont, à cinq étages qui a un supermarché ouvert 24h/24 vendant du tout, de la glace aux œufs de caille, aux plats déjà préparés. Au-dessus, il y a un bar où tu peux t’assoir sous les étoiles et regarder la route, les voitures et toutes les autres choses qui passent. Mon frère a toujours insisté pour que je l’amène la bas mais j’ai refusé à chaque fois. Je savais qu’il voulait juste dépenser mon argent, et comme toujours, je lui disais en colère, de demander à l’un de ses hommes. Puisqu’il est une marque, il pourrait tout simplement inclure prix d’une bière et de la crème glacée dans ses honoraires.

So this one day, he had not called me for three days, and I did not mind for he was always like that, making disappearing acts and only appearing when he had money issues. But on the third night, I could not sleep. It was as if someone with daggers for shoes was walking all over me, and I stood upright in the dark, trembling. I stood for about ten minutes before it hit me that it was not yet the dead of night. People were still moving about. I put on my jacket, stepped out and boarded a matatu to the bridge.

Donc, un de ces jours, je n’entend pas parler de lui pendant trois jours. Ça ne m’avait pas dérangé puisqu’il était toujours comme ça; à disparaître et réapparaître seulement quand il avait des problèmes d’argent. Mais ce troisième jour, je ne puis dormir. C’était comme si quelqu’un avec des chaussures en poignard me marchait dessus, et je me mis debout, tremblant dans le noir. J’étais debout pendant presque dix minutes avant de réaliser que ce n’était pas encore le milieu de la nuit. Les gens étaient encore dehors. Je mis ma veste, sorti et monta dans un matatu qui allait vers le pont.

When I reached our spot, he was not there. It was silent and eerie, and the invisible man with dagger shoes began walking all over me again. I held my arms over my head and pressed my forehead on one of the pillars, and found myself crying. That was when my heart confessed, overcoming the

Lorsque j’arriva à notre coin, il n’était pas là. C’était 112


Issue/numéro 4 . July 2012

T h e F r i e n d s , F a m i l y, C o m m u n i t y i s s u e

sensibilities of my mind. I loved him, I needed him, I wanted him so bad.

silencieux et mystérieux, et l’homme invisible aux chaussures en poignard commença à nouveau à me marcher dessus. Je pris ma tete dans mes mains et pressa mon front contre l’un des piliers, et me surpris à pleurer. C’est alors que mon cœur avoua, surmontant les sensibilités de mon esprit. Je l’aimais, j’avais besoin de lui, je le voulais tant. “Pisses”

“Pee.” It was him standing next to him, and his eyes were dancing with glee. “Where have you been?” I asked. “Pee, my brother,” he repeated. “Pee under the bridge and leave your mark on the road. It is exciting.”

C’était lui, debout à côte de moi et ses yeux dansaient de joie.

And I did, and felt a thrill as the fluid rushed out, something naughty in me, long dormant, awoke, and it added a glint to my eye (or so my brother said).

“Où étais tu passé?” demandais-je “Pisses, mon frère” répétait-il. “Pisses sous le pont et laisse ta marque sur la route. C’est excitant.“

“Are you okay?” he asked. Et je le fit, et senti une excitation pendant que le liquide se ruait dehors, cette vilaine chose en moi, dormant pendant longtemps se réveilla et ajouta une lueur dans mes yeux (d’après mon frère).

And I told him how much I was worried about his silence, but he pooh-poohed the idea with a flurry of his elegantly manicured fingers and said something about business being good. Then he turned to me and said, “Let me buy you a beer, my brother. Let us go to the bar at the mall.”

“Tu vas bien ?“ Il demanda. Et je lui dis combien son absence m’avait m’inquiété, mais il brossa cette confession d’un geste vague de ses doigts élégamment manucurés et mentionna quelque chose à propos des affaires qui marchaient bien. Puis il se tourna vers moi et dit : “laisses moi te payer une bière mon frère. Allons au bar du centre commercial.“

Ropta is a 27-year-old, gay Kenyan man, with an 8-5 job, which he loves spicing once in a while with hiking, jogging, cycling and mountain-climbing. Mostly he writes and read lots of books. He says, “I hope one day to get an audience for my stories. As for now I will just write.”

Ropta est un jeune gay de 27 ans du Kenya. Il a un travail aux horaires de fonctionnaire qu’il adore pimenter de temps en temps avec des randonnées, du jogging, le cyclisme et l’alpinisme. Quand il ne s’adonne pas à ses activités en plein air, Ropta écrit et lit des livres. “J’espère un jour avoir une audience pour mes histoires. Pour le moment je me contente d’écrire“ dit-il.

113


T i véerros i st yu ri snsouse p r o c h e s e t f a m i l l e s Lh e en D um

I s s uies /snuuem o é4r o . j3u lA l lpe rt 2 0 1 2 / néur m

or u missions pe i

ssue on oun A ri

n

T nnov tors

l i v e / v i v r e , l o v e / a i m e r,

passion

There is a saying that poverty breeds innovation. Perhaps this could also be said of injustice. As human beings, our will to survive against all odds is one of our most distinct characteristics. For people who face oppression, discrimination, and limited visibility, staying merely alive is an everyday achievement and many people manage to go even further, finding astonishing ways to rise above these limitations. Because people are silenced does not mean they are mute, because they are ignored does not mean they are inactive/dormant or unaccomplished. The fifth issue of Q-zine is proud to showcase LGBTI and queer African innovators and creators who are making their visions a reality. We are looking for young LGBTI and queer people in Africa and the Diaspora who are moving, shaking, setting trends and making a difference in their lives and in their communities. Young LGBTI and queer Africans, both on the continent and in the Diaspora, who are artists, writers, bloggers, poets, singers, dancers, musicians, scientists, entrepreneurs, designers, photographers, film makers, journalists, teachers, activists, or innovators in any other creative field are all welcome to the celebration.

Please share your story with us. We are excited to profile our young leaders in multiple formats – essay, profile, interview, video, poetry, photography, painting, drawing, or any combination.

Let’s show our talents in all their queerness. Bring the best, brightest, and most creative works and ideas of LGBTI and queer Africans to share with the world!

Text submissions should be between 500 and 1,500 words. Art submissions (photos, paintings, drawings, video) should include a brief (100-300 word) commentary and a caption for each artwork submitted. Submissions can be made online at: http://www.qayncenter.org/call-for-submissions or to the editors at: mkonommoja@gmail.com or abataylor@gmail.com or charles.gueboguo@gmail. com

DEADLINE FOR SUBMISSIONS: JULY 31, 2012


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.