Memoire HMONP LEA BILLOT 2017

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-Entre citoyens« Selon mon interprétation, la participation ne consiste pas du tout à entendre les desiderata des habitants, mais à modifier son architecture afin qu’elle réponde à leurs besoins réels, bien différents de leurs besoins créés. Il y a une dimension pédagogique dans le métier de l’architecte qui ne doit pas être occultée et qui nécessite un peu d’humilité... »19 En lisant cette citation, j’ai repensé à la polémique du linge aux fenêtres ou de la bataille écologique contre le sèche-linge. Nous ne devons pas interdire les habitants de mettre le linge aux fenêtres à sécher et les contraindre en créant le besoin du sèche-linge, parce que cela enlaidi nos bâtiments. Nous devons prendre conscience que nous n’avons pas répondu à une question simple du quotidien. Et ainsi la dimension pédagogique est double : je permets une pratique, en échange je reçois un enseignement. Il ne faut pas négliger l’expertise du profane. Être totalement libre de sa propre création, n’est-ce-pas contraire à la pratique de la profession ? La question de la liberté n’est-elle pas permise dans un cadre, celui des attentes de la société ? Ne pas tenir compte des contraintes n’est pas la solution pour gagner la liberté de création car elles sont sources du projet. L’architecte a besoin de repères, de règles, à suivre ou à contredire. Je vois le projet comme un point de croisement de toutes les contraintes, qui en se rejoignant ainsi en un centre, s’annulent alors. Le défis n’est pas de tenir un lieu esthétique au détriment des pratiques dans une volonté pédagogique du « bon goût ». Il se trouve plutôt dans le fait de voir cette pratique comme essentielle et esthétique et de l’intégrer au projet. En tant qu’architecte concernée par le bien vivre, je pense que nous devons nous faire un partenaire de l’usager. Il sait mieux formuler la qualité de l’usage et les vraies contraintes du quotidien qui contribuent à une plus grande qualité architecturale. Une qualité qui sera mieux reconnue par les utilisateurs s’ils ont participé à son élaboration. Participer, c’est aussi prendre une responsabilité dans le résultat, ainsi mieux accepté en cas d’échec que s’il est imposé. Il y a toujours un risque : faire du logement pour « tous et pour personne »20 ou subir les contraintes de l’accessibilité lorsqu’elles ne sont pas engagées en amont dans le projet. Maître de l’œuvre, oui, mais dans quelles mesures ? Où est la limite ? Difficile de dicter le comportement ou le mode de vie à quelqu’un qui est pourtant conscient de ce qu’il souhaite ou non. Et en même temps nous avons aussi ce regard d’expert sur un éventail plus large d’expérience et notre but n’est pas seulement de répondre 19 20

DECARLO Giancarlo Entretien avec Thierry Paquot BOUCHAIN Patrick «Construire Autrement» Actes Sud l’Impensé 2006 p57


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