Memoire HMONP LEA BILLOT 2017

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Au cours de cette pratique, je prends également conscience que notre rapport au site se perd durant toutes les phases intermédiaires du projet. Nous le découvrons lors de la visite de concours, invités par la maîtrise d’ouvrage à prendre conscience de ses dimensions, de son orientation, de ses points de vue, de ses voisins, de son histoire, de ses enjeux mais aussi de son atmosphère. Il devient source de conception, inspiration première en entrant en dialogue avec le programme. Notre travail est alors de mettre en lien : un besoin et un lieu. Ce n’est que bien plus tard que nous le retrouverons et qu’il sera alors notre paysage. L’histoire avec le site commence par nos premières intuitions. Nous projetons une ligne, une silhouette. Tout le travail alors se fait à partir de relevés. Digestion, conception, notre projet s’intègre minutieusement dans son contexte. Et le temps de la redécouverte arrive dans le monde du chantier où le lieu n’est plus figé, supportant l’agitation du changements… Dans le cas où nous construisons du neuf, c’est un peu intégrer de la vie humaine sur place. En rénovation, nous transformons la perception. Le visiteur, lorsque le projet est réussi, sera capable de comprendre le processus complet et l’histoire chronologique du lieu. La distance se fait entre l’architecte et le site au moment de la conception, mais pour le public, c’est la phase du chantier qui est une rupture temporelle et physique. Il est un moment de fracture dans la ville, dans le quartier, dans une parcelle et dans les habitudes de chacun. Bien qu’il annonce un changement optimiste par l’arrivée d’un projet, l’image de cette phase n’est pas toujours positive. Il peut constituer une privatisation d’usage ou une gêne dans environnement immédiat, en créant changement de déplacement et des nuisances visuelle et sonores. J’ai remarqué en effet lors de cette mise en situation professionnelle, l’intérêt du public pour le chantier. Les journaux locaux racontent son avancement, la mairie publie les dépenses, les commérages expriment l’atmosphère qui l’entoure. Aujourd’hui nous essayons de rendre le chantier plus ouvert et plus instructif. Les barrières pleines de chantier s’ouvrent par endroits pour laisser les passants devenir des spectateurs de cette agitation. Les non-initiés fascinés par les perspectives du futur projet, présentes sur les panneaux,donnent leurs avis. La ville de Bordeaux, grande ambassadrice actuellement de la transformation de son tissu urbain, a bien compris cet enjeu et offre à voir à ces habitants un ballet de grues de jour comme de nuit avec l’idée de l’artiste Jean François Buisson . Fière de son renouveau, elle cherche à mettre le chantier plus comme un événement que comme un traumatisme. Cette quête de la sensibilisation est poussée très loin par certains architectes, qui travaillent avec les futurs usagers mais aussi les futurs voisins à accueillir le projet en douceur. Patrick Bouchain et son réseaux Construire, organisent de nombreux évènements au cœur de cette phase longue et inconnue pour le public.


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