GO ! — L'été 2017 en Nouvelle-Aquitaine

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GO!

l’été 2017 en

NOUVELLE-AQUITAINE


LA RÉGION,

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DÈS LE 2 JUILLET 2017 BORDEAUX / 1h03 POITIERS

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PARIS / 2h04 BORDEAUX

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36 POITIERS /

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ANGOULÊME

lgv-nouvelleaquitaine.fr 2

L’été 2017 en NOUVELLE-AQUITAINE


ÉDITO Adoptée en 2015, la réforme territoriale a fait passer le nombre de régions françaises de 22 à 13. Si l’ampleur de ce mouvement, fruit d’une passion française exacerbée pour les délices administratives, n’est pas encore totalement lisible, une chose est certaine : la vision de jadis s’est effacée au profit d’une dimension inédite. Dans le Sud-Ouest, l’Aquitaine, longtemps identifiée par sa façade atlantique et les méandres de la Garonne, a regagné l’allure du temps d’Aliénor, duchesse d’Aquitaine et comtesse de Poitiers. Comme quoi, passent les siècles et se réaffirment les équilibres. Résultat d’une fusion naturelle avec le Poitou, les Charentes et le Limousin, la NouvelleAquitaine est aussi vaste que l’Autriche. Voilà qui donne à réfléchir ! Toutefois, ne pas s’attendre à croiser un berger landais en Lederhose ni envisager le plateau limousin en possible Tyrol. Non, tout se remet en place en vertu des principes géographiques et historiques. Et c’est tant mieux, car, à réduire le Sud-Ouest à ses plages, on finit par ignorer la richesse d’un pays qui ne demande qu’à être à nouveau explorée. Telle est aussi l’ambition, modeste et subjective, de cette publication : partir à l’aventure dans une entité à la diversité insoupçonnée, où le poids de l’histoire cohabite harmonieusement avec les festivals d’aujourd’hui, où le patrimoine est tout sauf un vain mot destiné à appâter le touriste, où l’art se niche jusque dans des endroits inattendus, où la nature triomphe – 4 parcs naturels régionaux au menu ! —, où les savoir-faire d’antan (la céramique, la tapisserie) embrassent le futur, où la table vaut toutes les messes. À pied, à bicyclette, à cheval, par la route ou par le train, plus de 84 000 km2 s’offrent aux intrépides, aux amateurs de pierres, aux curieux de créations, aux amateurs de faune et de flore, aux gourmets, à tous les âges. Puisse la sélection établie par la rédaction du magazine JUNKPAGE susciter autant de désir qu’une invitation officielle sur bristol gaufré, doré à la feuille. L’été est là, la Nouvelle-Aquitaine n’attend que vous. Nulle crainte : son lion se montrera toujours bienveillant et protégera l’aventurier, le pèlerin et le visiteur. En un mot comme en cent : bienvenue !

Sommaire 4 LE TEMPS DES FESTIVALS 8 PARC NATUREL RÉGIONAL DES LANDES DE GASCOGNE 10 LES SITES PATRIMONIAUX 14 PARC NATUREL RÉGIONAL DU MARAIS POITEVIN 16 LA CARTE ET LE TERRITOIRE 18 LES LIEUX DE L’ART 22 PARC NATUREL RÉGIONAL DE MILLEVACHES EN LIMOUSIN 24 CITÉ DE LA CÉRAMIQUE — SÈVRES & LIMOGES 25 CITÉ INTERNATIONALE DE LA TAPISSERIE 26 PARC NATUREL RÉGIONAL PÉRIGORD-LIMOUSIN 28 LA GASTRONOMIE EN NOUVELLE-AQUITAINE

www.nouvelle-aquitaine.fr

En couverture : Immortels—L’envol, Compagnie ADHOK, 2016, dans le cadre du festival Mimos. Voir page 5. © Bruno Maurey

TITRE, un guide proposé par la rédaction du journal JUNKPAGE, été 2017. Une publication Évidence Éditions, SARL au capital de 1 000 €, 32, place Pey-Berland, 33000 Bordeaux, immatriculation : 791 986 797, RCS Bordeaux. Tirage : 40 000 exemplaires Fondateurs et associés : Christelle Cazaubon, Serge Damidoff, Vincent Filet, Alain Lawless & Franck Tallon / Directeur de la publication : Vincent Filet — vincent.filet@junkpage.fr / Rédaction en chef : Vincent Filet, Alain Lawless & Franck Tallon — redac.chef@junkpage.fr / 05 56 40 03 24 / Direction artistique & design : Franck Tallon, contact@francktallon.com /Assistantes : Emmanuelle March, Isabelle Minbielle / Rédaction : Marc A. Bertin, Anna Maisonneuve, Stéphanie Pichon, Jeanne Quéheillard, Joël Raffier / Secrétaire de rédaction : Marc A. Bertin / Administration : administration@junkpage.fr / 05 56 52 25 05 / Correction : Fanny Soubiran — fanny.soubiran@gmail.com Impression : Roularta Printing / Papier issu des forêts gérées durablement (PEFC) / Dépôt légal à parution — ISSN 2268-6126 / OJD : en cours. L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photographies, libellés des annonces fournies par les annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays, toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’information par le système de traitement de données à des fins personnelles sont interdits et donnent lieu à des sanctions pénales. Ne pas jeter sur la voie publique.


LE TEMPS DES FESTIVALS

CHARENTE 16 Pour les 1 000 ans de Cognac, la 23e édition du festival Coup de chauffe joue avec l’anniversaire de la ville. Quand le spectacle a rendez-vous avec l’Histoire.

BOUILLANT

De Cognac, tout le monde a forcément entendu parler (voire goûté) de son eau de vie mythique, du Mars Planète Danse, du Cognac Blues Passions, des Littératures Européennes Cognac ou encore du festival dédié au polar, mais connaissez-vous Coup de chauffe ? Organisé par le théâtre de l’Avant-Scène, il s’agit d’une manifestation culturelle entièrement gratuite dédiée aux arts de la rue. Durant deux jours, les troupes investissent la cité millénaire pour lui donner un nouveau visage où la joie, le drôle et le déluré, le disputent au bruyant et à l’insolent ! Ce festival bat son plein dans le centreville, littéralement transformé en scène à ciel ouvert. Chanteurs, danseurs, jongleurs, acrobates, poètes et clowns font chauffer la ville, en particulier la place François-Ier – vestige du « Petit Parc » des xve et xvie siècles, il s’agissait du parc d’agrément du château de Cognac à l’époque de François Ier et des Valois –, la cour du musée et le parc public (à l’origine deux parcs privés d’hôtels particuliers de Maisons de Cognac, construits à l’extérieur de la zone des remparts, à l’époque industrielle de l’essor du commerce du cognac), épicentres de l’effervescence. Suivant les invitations, le public traverse ces lieux chargés de sens et se retrouve embarqué au cœur du thème du temps. Un monde sonore et extravagant remplit la cité. Sinon, depuis 1995, plus de 400 compagnies y ont été accueillies, ce qui force plutôt le respect. Coup de chauffe,

du samedi 2 au dimanche 3 septembre, Cognac (16100).

www.avantscene.com

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CHARENTEMARITIME 17 Sans compétition ni statuettes d’or, le Festival du film de La Rochelle réunit chaque année cinéphiles accros et amateurs de passage. Pour fêter ses 45 ans, deux grands maîtres du cinéma sont célébrés : Alfred Hitchcock et Andreï Tarkovski.

ANTI-CROISETTE Prendre part au Festival du film de La Rochelle, c’est se lancer dans un marathon de projections de chefs-d’œuvre ou de découvertes, à deux pas du vieux port, dans un décor de vacances. Créé pour le public, et pour lui seulement, il fait partie de ces rendez-vous d’amoureux du cinéma, qui partagent pendant une semaine des grandes rétrospectives et des focus sur des pays, des ciné-concerts et des avant-premières. Cette année, après la projection en ouverture de Barbara de Matthieu Amalric, deux grands noms figurent à la programmation : Alfred Hitchcock et Andreï Tarkovski. Du premier, célébré pour ses thrillers au cordeau, le festival projettera, entre autres, tous ses films muets et ses réalisations anglaises. Le deuxième, resté célèbre pour Stalker et Solaris, aura droit à une intégrale de ses courts et longs métrages. Il y aura encore une troisième rétrospective, celle-ci consacrée à Michael Cacoyannis, réalisateur trop peu connu du fameux Zorba le Grec. Le festival ne s’arrête pas à ses plongées intenses dans les œuvres de cinéastes. Le programme foisonne, et promet de longues sessions en salles obscures. Et le plus dur ce sera finalement de choisir entre un gros plan sur la filmographie de Laurent Cantet ou un éclairage sur Volker Schlöndorff, un focus sur le cinéma israélien, un clin d’œil à Jean Gabin, les six portraits XL d’Alain Cavalier, ou une nuit entière avec Schwarzie. Ce qui est sûr, c’est que le grand écart cinéphilique aura lieu. Festival international du film de La Rochelle, du vendredi 30 juin au dimanche 9 juillet, La Rochelle (17000).

www.festival-larochelle.org

Danakil © Julie Arnoux

© Quentin Petit, La Charente Libre, 2016

© Festival du film de La Rochelle

BRÈVES FESTIVALS EN BREF

CORRÈZE 19 « Un bouillon de culture et quelques patates », telle est la recette que l’on mitonne à Chanteix pour le Festival aux Champs. Et ça fera 30 ans cet été.

PARMENTIER Quel peut être le lien entre têtes d’affiche, groupes locaux et régionaux, spectacles et célébration culinaire mais pas que de la pomme de terre ? Non, pas de plaisanterie, ni de canular. On sait certes les présidents corréziens facétieux, mais le Festival aux Champs, c’est autre chose. Attention ! Déjà, c’est 30 ans d’organisation de concerts à la campagne, un engament associatif important pour la musique et la chanson, une valorisation des talents locaux comme du patrimoine naturel et gastronomique. Pendant 4 jours, en août, entre vielles pierres et ardoises, au cœur du village de Chanteix (commune de 600 habitants). Et cela fait trois décennies que culture et musique en zone rurale font bon ménage, un sacré pari ! De Noir Désir, en 1987, à Casseurs Flowters, en 2016, nombreux sont les artistes et les groupes ayant fait halte à Chanteix. Pour cet anniversaire, la programmation mêle avec un bel éclectisme découvertes et noms reconnus, jugez en : Eskelina, Gauvain Sers, La Rue Ketanou (grands habitués présents pour la 6e fois), El Gato Negro, Barrio Populo, Initial Data, Sadoo, Georgio, Chinese Man, Rocky, Fifty Fifty, Akan Khelen, Trois Cafés Gourmands, Sadoo, Soom T, Danakil, Muyayo Rif. Placé sous le signe de Zapatatas, le Festival aux Champs c’est aussi un engagement bénévole très important (190) conférant à ce rendez-vous estival musical un caractère et un état d’esprit si particulier. Festival aux Champs,

du vendredi 11 au dimanche 13 août, Chanteix (19330).

www.tuberculture.fr


Les Vertus de la marionnette idéale © David Schaffer

Svetlana Alexievitch - D. R.

CREUSE 23

LITTÉRAIRE Il n’y a pas que dans les rues chic du 6e arrondissement qu’on fait sa rentrée littéraire. À Guéret, aussi, capitale de la Creuse, le mois de septembre rime avec rassemblement d’auteurs depuis que Pierre Michon, natif de la Creuse, et Hugues Bachelot ont eu l’idée de créer les Rencontres de Chaminadour. Ici, l’ambiance n’est ni au salon du livre, ni à la dédicace forcenée, mais à l’approfondissement et la lecture d’une œuvre par d’autres écrivains. L’an dernier, Mathias Énard était l’invité d’honneur pour évoquer Blaise Cendrars. Cette année, c’est Arno Bertina qui s’y colle, auteur de la galaxie Inculte, revue complice depuis longtemps des Rencontres, pour questionner et mettre en perspective les ouvrages de Svetlana Alexievitch. Du 14 au 17 septembre, tables rondes, ateliers, rencontres et lectures rendront hommage à la grande dame et croiseront le fil de cette littératuretémoignage. L’écrivain biélorusse qui renvoie les échos du réel et de l’histoire, entre journalisme et littérature, a reçu en 2015 le prix Nobel de littérature. Ses œuvres, toutes bouleversantes, prennent des années à émerger, alimentées par des témoignages fleuves d’anonymes qui peuplent l’ex-empire soviétique, de La Supplication, retour sur la catastrophe de Tchernobyl à La Fin de l’homme rouge, regard rétrospectif sur l’URSS. D’elle, Arno Bertina dit : « Svetlana Alexievitch est parvenue, à force d’obstination, à percevoir et à décrire cette lame de fond – en peu de livres. Pasternak disait qu’on ne voit pas plus l’Histoire en train de se faire, que l’herbe en train de pousser. Peut-être n’est-ce pas complètement juste, peut-être est-il donné à certaines œuvres d’être portées par le souffle des empires que l’on bâtit, ou par l’onde de choc de ceux qui s’effondrent sous nos yeux. »

DORDOGNE 24 Cela fait 35 ans que Périgueux devient chaque été le centre névralgique des arts du mime et du geste, le temps d’un festival aussi intense qu’international.

GESTUEL Créé autour de la figure du mime Marceau en 1983, Mimos ne s’est pas encroûté pour autant derrière le vénérable personnage. Ajoutant au début des années 2000 les « arts du geste » à son intitulé, l’un des plus vieux festivals du genre au monde s’attelle chaque année à devenir vitrine de ce qui se fait de mieux en Europe en termes de théâtre physique. Il bouscule la figure traditionnelle du mime et piste son renouvellement à travers des compagnies piochées dans toutes les disciplines : théâtre, cirque, danse. Sa directrice, Chantal Achilli, précise que cette « indisciplinarité » tient avant tout au fait qu’aucune catégorie institutionnelle n’existe pour estampiller le genre « mime ». Mais peu importe, ce qui réunit tous les ans 70 000 spectateurs dans l’enceinte de la capitale périgourdine, c’est le geste posé comme centre de la dramaturgie, moteur du mouvement et de l’intention artistique. C’est aussi la programmation très internationale, les rendez-vous de la critique chaque soir, le in et le off au chapeau dans la rue. Cette 35e édition a choisi comme thématique l’équilibre et le déséquilibre, avec un spectacle d’ouverture de funambule audessus de la ville (Johanne Humblet - Cie les Renards Pâles), sans attache ni filet, conçu spécialement pour Mimos. Tout au long de la semaine, en salle ou sur les places de Périgueux, les spectateurs croiseront des acrobates bavards sur vélo (Dad is dead), des danseurs de l’opéra convertis au mime (Stories Told in Act), le grand chorégraphe Josef Nadj en duo avec une violoncelliste (Penzum), un arpenteur de mât qui a besoin d’aide (Pelat), une conférence spectacle de Claire Heggen. Bref, un très grand déploiement de gestes et d’esthétiques.

Ky-Mani Marley - D. R.

La rentrée littéraire à Guéret est synonyme des Rencontres de Chaminadour, espace privilégié de discussion autour d’une œuvre littéraire forte. Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature, est au centre de cette 12e édition.

GIRONDE 33 Vingt ans d’activisme et d’engagement musical pour un événement qui depuis l’origine défend « la musique jamaïquaine, ses influences et son esprit », voilà le Reggae Sun Ska.

RASTAFARI Longtemps implanté dans le Médoc, le Reggae Sun Ska s’est déplacé depuis 2014 vers le campus universitaire de la métropole bordelaise, animant la torpeur du mois d’août avec un plateau plus riche que de raison, offrant toutes les déclinaisons musicales de la Jamaïque (ska, two tone, reggae, dub, dancehall). Le public ne s’y trompe pas, plébiscitant la manifestation, devenue le plus grand rassemblement européen du genre avec une fréquentation moyenne supérieure à 45 000 spectateurs ! Cette année, le Reggae Sun Ska célèbre ses 20 ans ; le bel âge, non ? Le plateau est donc à la mesure – copieux, touffu, généreux – avec plus de 60 artistes en 3 jours, au titre desquels : Toots & The Maytals, Keny Arkana, Tryo, Protoje & The Indiggnation, Harrison Stafford, Peter Harper, Patrice, Steel Pulse, UB 40, Danakil, La Rue Ketanou, Chronixx… Un savant mélange de valeurs sûres et de découvertes que l’on retrouve sur la scène Rebel, dévolue aux espoirs. Et, comme de bien entendu, pas d’édition sans la présence acclamée d’un représentant de la famille Marley : en 2017, place à Ky-Mani, emblème de ce que l’on peut sans se tromper nommer la « génération Sun Ska ». Hormis le banquet sonore, le Reggae Sun Ska c’est aussi la découverte et le partage autour d’animations, de conférences, de moments de détente, un rendez-vous accessible en tramway, avec un camping au cœur de la ville. Alors, que demander de plus ? Du soleil et de la ganja ?

Les Rencontres de Chaminadour,

Mimos,

Reggae Sun Ska,

www.chaminadour.com

www.mimos.fr

www.reggaesunska.com

du jeudi 14 au dimanche 17 septembre, Guéret (23000).

du lundi 24 juillet au samedi 29 juillet, Périgueux (24000).

du vendredi 4 au dimanche 6 août, Pessac (33600).

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©Juan Conca

D. R.

Rachid Ouramdane, Tenir le temps, 2016.

BRÈVES FESTIVALS EN BREF

LANDES 40 Mont-de-Marsan à l’heure flamenca, c’est 30 000 spectateurs et le plus grand plateau andalou hors Espagne. Depuis 30 ans que ça dure, Arte Flamenco n’a jamais tempéré ses ardeurs. Tant mieux.

DUENDE Aficionados de zapateado et de bailaoras, de cante jondo et de tocaores, pas moyen de rater la grande messe flamenca du Sud-Ouest. Chaque début d’été, depuis 30 ans, Montde devient la capitale du genre et rassemble plus de 30 000 spectateurs dans ce qui est devenu au fil des ans, le plus grand rendezvous de culture flamenca hors Espagne. Pas étonnant que chaque année, l’annonce de la programmation soit attendue par tout un milieu de passionnés. 2017 s’ouvrira par le Ballet Flamenco de Andalucía, représentant le plus important de l’art jondo depuis sa création en 1994, terreau de talents magnifiques tels qu’Israel Galván, Fernando Romero, Mercedes Ruiz. Le lendemain, la grande chanteuse Marina Heredia viendra faire vibrer le public avec toute la palette de son art dans un récital de corte clásico. Désireux de présenter une culture ancrée dans une histoire, Arte Flamenco n’en laisse pas moins la place à une approche plus contemporaine. En témoigne la présence de l’étoile montante Patricia Guerrero, avec son dernier spectacle très personnel, Catedral. D’autres viendront en famille, tel Pepe Habichuela, institution de la guitare flamenca, pour un récital musical entre oncles et cousins. Car à Mont-de-Marsan, la plupart des artistes portent en eux cette histoire et ces filiations. Peut-être est-ce pour cela que le festival se termine toujours par un grand gala-dîner où se mêlent les styles et les générations. À la manière d’une vraie fête de famille. Arte Flamenco,

du lundi 3 au samedi 8 juillet, Mont-de-Marsan (40000).

arteflamenco.landes.fr

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LOT-ET-GARONNE 47 Tout jeune festival du journalisme vivant, les Ateliers de Couthures façonnent en bord de Garonne une rédaction estivale, où évoquer les turpitudes du monde avec sérieux et convivialité.

REPORTER Il fallait l’inventer : le premier festival de journalisme, qui plus est vivant. En 2016, les revues 6 mois et XXI créent un événement inédit en France pour agiter une nouvelle manière de faire du journalisme et réunir auteurs, photographes, reporters du monde entier et lecteurs. Ils choisissent pour cela le tout petit village de Couthures-surGaronne, en hommage à un disparu, Philippe Chaffanjon, journaliste radio qui y avait une maison de vacances. La première édition se monte à l’énergie, sans subvention mais avec financement participatif. Résultat : 5 000 personnes s’y rendent, des grands noms tels que le dessinateur américain Art Spiegelman ou le photographe Olivier Jobard y interviennent, MC Solaar en est le parrain. Couthures-surGaronne devient l’écrin parfait de ce rendezvous effervescent et sans manière. La formule ne pouvait s’arrêter devant ce coup d’essai transformé. Laurence Corona, la directrice, repart en 2017 sur une édition dont les acteurs principaux ont changé : 6 mois et XXI partent vers d’autres horizons, laissant la place à un partenaire de taille, le groupe Le Monde et ses médias satellites. Pendant quatre jours, c’est toute une idée d’un journalisme vivant, proche du terrain, décidé à témoigner sur les thématiques de son temps, qui vient au contact des lecteurs, comme une grande conférence de rédaction partagée. Cette année, ils plancheront sur des thèmes tels que « Changer de vie », « Le laboratoire allemand », ou « La question de la vie animale », iront d’expositions en écoutes radiophoniques, de concerts en repas conviviaux. Et cerise sur le gâteau, la grande Barbara Hendricks jouera les marraines très haute Couthures ! Les Ateliers de Couthures, festival international du journalisme vivant, du jeudi 27 au dimanche 30 juillet, Couthures-sur-Garonne (47180).

www.les-ateliers-de-couthures.fr

PYRÉNÉESATLANTIQUES 64 Sous l’impulsion de Thierry Malandain, directeur du CCN de Biarritz, Le Temps d’aimer la danse est devenu une vitrine de la création chorégraphique du sud de la France.

BOLÉRO

Comme Sébastien Tellier, on peut « rêver de Biarritz en été », mais ce serait peutêtre passer à côté d’un autre menu plaisir… En effet, durant quelques jours, avant que l’automne n’efface le souvenir des vacances, Biarritz a le rythme dans la peau. Grâce au festival Le Temps d’aimer la danse, l’orgueilleuse station balnéaire plonge avec délice dans un vertige dédié au culte de Terpsichore avec de nombreux spectacles présentant plus d’une esthétique et plus d’un style chorégraphique. Classique ou contemporain, dans les théâtres ou les salles municipales, mais aussi, parfois, en plein air. Fenêtre originale sur les écritures du genre, Le Temps d’aimer la danse accueille de prestigieuses compagnies ; certaines tournant rarement en France. Toutes les audaces sont au rendez-vous de ce festival, qui s’attache à faire aimer avec générosité toutes les danses. En outre, pour parfaire cette immersion, des répétitions publiques gratuites sont également organisées ainsi que des animations dans les rues. Voilà 27 ans déjà que le festival prend le pouls de la danse d’aujourd’hui ; salutaire ambition de porter une telle vision polyphonique de la danse. Cette année, on peut dire que c’est l’énergie, récurrente et centrale, si bien partagée par les 27 compagnies invitées, qui laisse jaillir la pulsion contagieuse de danser le Temps d’aimer, à l’image de Tenir le temps, pièce de Rachid Ouramdane, créée en 2015 pour le festival Montpellier Danse, qui ouvrira les réjouissances plage du Port Vieux. Le Temps d’aimer la danse,

du vendredi 8 au dimanche 17 septembre, Biarritz (64200).

www.letempsdaimer.com


Yves Jamait © KB Studios

EXIGENCE

À moins de connaître par cœur les cartes d’état-major, il est n’est pas aisé de savoir placer Brioux-sur-Boutonne. Pourtant, dans ce village au sud des Deux-Sèvres, depuis presque 30 ans, juillet offre plus de réjouissances qu’il n’en faut pour combler l’exigeant appétit du festivalier. Créé en 1989, le Festival au Village a connu des débuts modestes en extérieur, de la cour d’une école aux halles municipales avant d’investir la place du Champ de Foire avec une programmation qui s’est énormément enrichie, grâce à la nomination, en 2003, d’un directeur artistique : Jean-Pierre Bodin de la compagnie La Mouline. Désormais, le Festival au Village quadrille la commune, de son église à sa Maison des Arts, tandis que fleurissent des chapiteaux et qu’une imposante scénographie s’organise sur la place du Champ de Foire comme dans les cours et jardins attenants. À ce jour, cet événement pluridisciplinaire d’envergure régionale accueille environ 50 spectacles et 35 compagnies – cette année, ce n’est pas moins de 37 compagnies ou groupes, 39 spectacles et 56 représentations – et, sacrée reconnaissance, elles sont nombreuses à demander à créer leur spectacle à Brioux. Le cru 2017 commencera le 7 juillet avec Desnos et merveilles, à la Grange des arts, par la compagnie Zigzags - Michel Arbatz et s’achèvera le 15 juillet avec une grande soirée de chanson française, « Le bar à Jamait », à laquelle participeront pendant 4 heures sur la même scène, outre Yves Jamait, Anne Sylvestre, Bernard Joyet, François Morel, Agnès Bihl, Nathalie Miravette ou Enzo Enzo. Festival au Village,

du vendredi 7 au samedi 15 juillet, Brioux-sur-Boutonne (79170).

festivalauvillage.free.fr

VIENNE 86 Amateurs d’opéra et grand public se retrouvent aux Soirées lyriques de Sanxay, dans le cadre d’un théâtre gallo-romain dont la qualité acoustique en fait sa réputation.

Dad is dead, Mathieu Ma Fille Foundation © Frédéric Joyeux

Cirque, théâtre, musique, danse, arts de la rue… chaque année, le Festival au Village invite à l’évasion le temps d’une semaine riche en émotions et en découvertes.

tefano Visconti - D. R.

DEUX-SÈVRES 79

HAUTE-VIENNE 87 30 ans après l’arrivée d’Annie Fratellini, le cœur de Nexon bat toujours au rythme des circassiens. Trois semaines durant, la Route du Sirque célèbre un art résolument contemporain, avec spectacles, concerts et stages intensifs.

MAGIQUE ACROBATE En préambule, un peu d’histoire. Le site gallo-romain de Sanxay, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Poitiers, compte parmi les sites archéologiques majeurs de l’antique province d’Aquitaine. Nichée dans un méandre verdoyant de la vallée de la Vonne, il s’étendait sur plus de 25 hectares et a été occupé du ier au ive siècle. Au tournant du xxie siècle, dans le cadre du programme « Défi-Jeunes », Christophe Blugeon, actuel directeur artistique du festival, lance le projet de réanimation du théâtre gallo-romain de Sanxay. Séduit par le charme évident et son acoustique exceptionnelle, il décide d’y programmer, chaque été, des opéras du grand répertoire. Dès 2000, année de la première édition (Rigoletto), le succès est immédiat. Le festival peut s’enorgueillir d’avoir reçu plus de 100 000 spectateurs en présentant notamment Carmen (2001), La Traviata (2002), Nabucco (2003), Tosca (2004), La Bohème (2005), Il Trovatore (2007), Le Requiem de Verdi (2008), Aïda (2009), Norma (2010), Madame Butterfly (2013) ou Turandot (2015). Aujourd’hui, les Soirées lyriques de Sanxay se hissent au même rang que les principales manifestations d’art lyrique en France telles que le festival d’Aix-en-Provence et les Chorégies d’Orange. Cette année, et c’est une première depuis la création du festival, Mozart s’invite avec trois représentations de La Flûte enchantée ! 60 musiciens, 50 choristes dirigés par Stefano Visconti, chef de chœur permanent de l’Opéra de Monte-Carlo, 15 danseurs et 12 solistes de renommée internationale sont attendus ! Un groupe de quinze danseurs traditionnels du Cambodge sera aux côtés des chanteurs.

Depuis 30 ans, Nexon est un magnifique terrain de jeux et d’expériences pour le cirque dont il accompagne la vitalité toute l’année. Annie Fratellini y démarra dès 1987 ses stages d’été, bien avant l’installation d’un Pôle national du Cirque. L’arrivée en 2014 de l’artiste jongleur Martin Palisse a encore changé le visage de Nexon, dont la Route du Sirque marque le temps fort et rassemble plus de 10 000 personnes dans ce petit village d’à peine 3 000 habitants. Ce festival se veut avant tout le lieu de la pratique et de la transmission, avec ses trois semaines de stage grand public et de masterclass pour professionnels. La programmation n’est pas en reste, avec 16 compagnies et 34 représentations. Une revue de cirque pleinement d’avant-garde qui n’oublie pas les frottements de génération. Pour les artistes historiques, le festival s’ouvrira sur la dernière création de Jérôme Thomas, maître du jonglage cubique, un opéra virtuose et minimaliste chorégraphié avec l’aide de Martin Palisse (Hip 127, la constellation des cigognes). En troisième semaine, les reconnus Lonely Circus joueront Masse critique, défi physique lancé à l’équilibre. Pour la relève, il faudra regarder du côté de Juan Ignacio Tula et Stefan Kinsman, jeunes prodiges de la roue Cyr, du Finlandais Jani Nuutinen, et son cirque « plus juste », d’Olivier Desheloir desperado d’un western vertical (L’Ouest loin) ou la compagnie La Quotidienne et son envol impossible (Vol d’usage). Et pour cette 31e édition, Martin Palisse a fait le choix d’une sélection musicale non moins d’avant-garde avec Aquaserge, L’Objet, Yeti Lane ou le collectif Catastrophe, qui clôturera l’édition sur une carte blanche sous chapiteau.

Les Soirées lyriques de Sanxay,

La Route du Sirque, du lundi 7 au samedi 26 août, Nexon (87800).

jeudi 10, samedi 12 et lundi 14 août, Sanxay (86600).

www.operasanxay.fr

www.sirquenexon.com/la-route-du-sirque-2017 L’été 2017 en NOUVELLE-AQUITAINE

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PARC NATUREL BRÈVES EN BREF RÉGIONAL

À cheval sur les départements de la Gironde et des Landes, s’étale le plus grand massif forestier d’Europe. Ici, aux portes de Bordeaux, dès 1970, les « Landes de Gascogne » ont été classées en parc naturel régional. Du bassin d’Arcachon au Pays de Buch jusqu’au sud de la Grande-Lande, il épouse les vallées de la Grande Leyre et de la Petite Leyre. À pied, à bicyclette, sur une monture ou en kayak, l’aventure prend toute sa mesure.

DE PIN ET DE BRUYÈRE

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L’été 2017 en NOUVELLE-AQUITAINE

surnommée « la petite Amazone », la Leyre parcourt en effet le plateau landais sur près de 100 km avant d’aller mélanger ses eaux douces à celles salées du bassin d’Arcachon. Cette forêt galerie, constituée d’aulnes, de chênes et de saules, est peuplée d’insectes, d’oiseaux et de mammifères tels que libellules, martins-pêcheurs, hérons et ragondins, mais aussi la loutre, le vison d’Europe et la cistude… Un paradis à découvrir en canoë, évidemment. Au cœur du delta de la Leyre – membre du prestigieux club des zones humides labellisées « Ramsar », comme la baie du Mont-Saint-Michel, le delta du Danube, le lagon de Moorea ou encore le lac Titicaca –, la biodiversité fait bon ménage avec les activités traditionnelles (pêche, pisciculture, élevage) et touristiques. À chaque marée, ce grand puzzle de milieux naturels se découvre en de multiples pièces imbriquées, où s’étendent d’immenses étendues de roseaux ou de baccharis, accueillantes pour les oiseaux. À Louchats, le sentier des lagunes du Gât-Mort (espace naturel sensible) révèle l’intimité des lagunes d’origine glaciaire, typiques de la lande girondine. Vestiges de la lande originelle, elles font partie des éléments forts du patrimoine naturel et humain des Landes de Gascogne. Aux alentours du petit ruisseau le GâtMort, la forêt s’ouvre sur un espace de lande rase suffisamment vaste pour évoquer les paysages des siècles passés. La nappe phréatique, toute proche, permet à certaines de ces lagunes de maintenir toute l’année un niveau d’eau, n’excédant toutefois pas un mètre. Un parcours de 3 km jalonné de quelques observatoires permet une lecture d’ensemble de la végétation. Immanquable en tout point à qui souhaite traverser le miroir, l’écomusée de Marquèze reconstitue un authentique quartier de cette région au xixe siècle. Au départ de

l’ancienne gare de Sabres, un train historique conduit à un ensemble de traditionnelles maisons à pans de bois. Un patrimoine magnifiquement préservé, un splendide airial (une vaste pelouse ombragée de feuillus séculaires) et une collection d’objets d’époque méticuleusement collectés depuis plus de 40 ans lui valent aujourd’hui sont classement parmi les Musées de France. Fêtes et événements rythment le quartier tout au long de la saison, lui conférant une ambiance unique. Mais l’écomusée, c’est aussi le Pavillon de Marquèze qui héberge deux expositions plongeant le visiteur dans l’histoire des Landes de Gascogne. Question dépaysement, la réserve naturelle d’Arjuzanx n’est pas en reste avec ses 2 600 ha. Au programme : 3 km de sentiers de découverte balisés ; un espace d’activités nautiques (avec canotage, voile, paddle, location de canoës ou de bateaux à pédales) ; traversée du lac en bateau solaire ; baignade surveillée dans une eau de qualité exceptionnelle ; et surtout 6 points de vue pour mieux comprendre l’évolution du site, de son passé minier à la richesse de son patrimoine naturel actuel. Notable et essentielle curiosité, les Cercles. Issus des mouvements sociaux nés après la Révolution française, les Cercles sont des lieux de rencontre et de convivialité qu’affectionnent toujours les habitants du parc naturel régional des Landes de Gascogne. Certains – Captieux, Gajac, Lucmau – bénéficient de la marque « Cafés de Pays » : on peut y déguster des produits du terroir (foie gras, palombe, cèpes…), écouter un concert ou parler gascon. Parc naturel régional des Landes de Gascogne Maison du Parc, 33, route de Bayonne, Belin-Béliet (33830).

www.parc-landes-de-gascogne.fr

© Lydie Palaric

Il faut parfois savoir tourner le dos à l’océan Atlantique et ne pas céder à l’appel des plages de sable fin. Au contraire, il faut partir en quête de fraîcheur et de quiétude, sous cette canopée créée jadis par l’homme sur un territoire de marécages. Dans ce plat pays, la forêt n’est pas un vain mot, ni une impression. Simplement un paysage à perte de vue. Et quiconque croirait y trouver raison à monotonie serait dans l’erreur. Ainsi, au Teich, des milliers d’oiseaux migrateurs de près de 300 espèces viennent trouver refuge, à l’image des grues cendrées, dans la réserve ornithologique. Avec deux circuits balisés et une vingtaine de cabanes d’observation, le birdspotting y est religion. Non loin de là, à Audenge, l’exotisme est également au rendez-vous sur le vaste domaine de Certes et Graveyron (propriété du Conservatoire du littoral), qui, outre son statut de site migratoire d’importance internationale pour de nombreuses espèces d’oiseaux, regorge de trésors comme ses écluses, son troupeau de vaches bazadaises et de blondes d’Aquitaine ou ses brebis tarasconnaises. Et toute cette magie à proximité des parcs à huîtres ou de la dune du Pyla ! Plus au sud, Hostens. Empruntant le sentier des Demoiselles, le promeneur peut appréhender l’évolution d’un ancien site d’extraction de lignite (ce charbon utilisé pour le chauffage et pour produire de l’électricité), désormais reconverti en base de loisirs. Idéale destination pour les familles et les sportifs, ce domaine (classé espace naturel sensible) de 600 ha et 5 lacs est entièrement aménagé pour la découverte du milieu et la pratique des loisirs de pleine nature. Singularité de choix, s’il en est, le parc naturel régional des Landes de Gascogne peut s’enorgueillir d’être le seul parc en France traversé par une rivière de sa source à son embouchure. Affectueusement


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LES SITES PATRIMONIAUX

Aux confins de la Charente et de la Haute-Vienne, le site de Cassinomagus présente des vestiges gallo-romains remarquables dans un écrin paysager de 25 hectares.

SPQR

Le village de Chassenon a conservé de remarquables témoignages de l’époque galloromaine et plus particulièrement de l’antique Cassinomagus. Jadis nommés « thermes de Longeas », les thermes de Chassenon, en Charente limousine, figurent parmi les mieux conservés et les plus monumentaux de France. Ce sont des thermes doubles, à fonction hygiénique et curative, construits sur deux niveaux et sur une surface de presque 1,5 ha. Pendant 30 ans, entre 1958 et 1988, d’importantes fouilles s’y sont déroulées ; une période de dégagement du site où les archéologues ont mis au jour des trésors issus de l’Antiquité. Rien de surprenant puisque cette ancienne agglomération bordait la voie d’Agrippa reliant Saintes à Lyon en passant par Limoges. À partir de 1995, de nouvelles fouilles ont permis d’approfondir la connaissance des thermes et de préciser leur rôle. Ainsi ont été exhumés : un grand temple octogonal, dit de Montélu, un théâtre, la présence d’un aqueduc et de tout un réseau d’alimentation en eau. Cet ensemble remarquable, remontant à la fin du Ier siècle, classé monument historique et propriété du département de la Charente, permet de découvrir des salles souterraines, des chaudières, des piscines ou encore des salles chaudes et froides. Dès lors, oserez-vous barbouiller les murs d’enceinte d’un vindicatif « Romani ite domum » ? Juillet et août : ouverture tous les jours de 10 h à 19 h.

Thermes gallo-romains de Chassenon D29, Chassenon (16150).

www.cassinomagus.fr

CHARENTEMARITIME 17

CORRÈZE 19

Bâti au xve siècle, sur un éperon rocheux, le château de La Roche Courbon fut transformé en demeure d’agrément au xviie siècle par le marquis Jean-Louis de Courbon.

Dans un paysage de collines boisées dominant une vallée, Aubazine est un haut lieu de la vie monastique en Corrèze, dont le joyau est le canal des Moines.

D. R.

CHARENTE 16

D. R.

© Pauline Turmel

PATRIMOINE

SPLENDEUR HARDIESSE

Joyau de la noble Saintonge, niché au cœur de la vallée du Bruant, encadrée de falaises et bordée de marais, cet édifice monumental (monument historique privé et habité, entièrement meublé) est doté, entre autres, d’une façade à arcades Renaissance, d’un donjon du xve siècle, d’un escalier monumental, d’un cabinet de peintures sur bois, et d’une galerie à l’italienne. Plus grand château de Charente-Maritime, il faillit pourtant connaître un sort particulièrement funeste… Tombé dans l’oubli et en ruine, il sera sauvé grâce à l’appel de Pierre Loti (l’auteur du légendaire Pêcheur d’Islande), qui, en voisin rochefortais, militera pour sa réhabilitation. Depuis la terrasse Renaissance, un escalier conduit à de magnifiques jardins à la française, sublimés par une immense pièce d’eau, un verger comprenant de nombreuses variétés de fruitiers (pommiers et poiriers) en cordons et palmettes, ainsi que des arbres remarquables (érables champêtres, tilleuls, peupliers, chênes verts) offrant un vaste espace de balade poétique, s’achevant sur une magnifique perspective. En 2004, le château de La Roche Courbon a obtenu le label d’État « Jardins remarquables ». Chaque mois, une animation ludique, pédagogique, culturelle ou sportive met en scène le lieu afin que chaque visiteur devienne acteur et puisse vivre une journée entière au château s’il le souhaite. Jusqu’au samedi 30 septembre, ouverture tous les jours de 10 h à 19 h

Château de La Roche Courbon Saint-Porchaire (17250).

www.larochecourbon.fr

Perchée sur un promontoire, la commune d’Aubazine a toujours vécu au rythme de son imposante abbaye cistercienne du xiie siècle, qui a durablement marqué l’histoire du pays et inspiré la créativité d’une certaine… Coco Chanel qui y vécut durant son enfance. Cette église abbatiale est une réalisation cistercienne romane, qui ajoute à la qualité de son architecture celle de son mobilier : on peut y voir, notamment, une célèbre armoire liturgique, le tombeau du fondateur, saint Étienne d’Obazine, ainsi qu’une vierge de pitié du xve siècle. Rassemblés autour du jardin de l’ancien cloître, les bâtiments de l’abbaye proposent encore intactes la salle capitulaire et la salle de travail des moines. À quelques pas, dans un étroit et sauvage vallon, se dressent les vestiges imposants du monastère féminin de Coyroux, également fondé par Étienne d’Obazine. Ici, le patrimoine historique regorge d’autres sites pittoresques – le site de Roche Bergère –, toutefois, c’est bien le canal des Moines, magnifique ouvrage d’art, unique en Europe, classé au titre des monuments historiques depuis 1966, qui suscite l’admiration. En effet, dans un site dépourvu d’eau, la situation géographique du monastère nécessitait la construction d’un canal pour irriguer le vivier, les jardins et actionner trois moulins. Épousant les contours du versant rocheux et escarpé de la vallée du Coyroux, ce canal, long de 1 500 m, constituait un véritable défi et témoigne encore aujourd’hui du savoir-faire et de l’audace des moines pour contourner les obstacles naturels et enjamber les précipices. Abbaye d’Aubazine

Le Bourg, Aubazine (19190).

abbaye.aubazine.com

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Lascaux II © Denis Nidos - Conseil départemental Dordogne-Périgord.tif D. R.

DORDOGNE 24

Aux portes de la cité médiévale de La Souterraine, un donjon, qui jadis surplombait des marécages depuis asséchés, dresse toujours son imposante carrure.

MAJESTUEUX

Donjon du château des Vicomtes de la Marche (xiiie siècle), la tour de Bridiers appartient à un ancien siège fortifié de la vicomté de Bridiers. Inoccupé et laissé à l’abandon pendant près de deux siècles (aux xve et xvie siècles), le site subit de nombreuses dégradations. Classé au titre des monuments historiques depuis 1968, les premiers travaux de consolidation de la tour sont entrepris en 1982 et suivis de travaux de fouilles. Aujourd’hui, le site présente une enceinte pentagonale renforcée de trois tours d’angle et un donjon circulaire large de 20 m sur une hauteur de 30 m. Le donjon abrite une cave semi-enterrée et trois étages dont le dernier, à ciel ouvert, offre un panorama exceptionnel sur les environs et le jardin médiéval situé en contrebas. Les parties hautes du donjon (charpente et couverture) furent reconstruites, voûtées et ornées de quatre gargouilles en 1655. En sous-sol, la cave, éclairée par deux soupiraux et recouverte de terre battue, est aménagée d’un puits de 14 m de profondeur. L’éclairage du 1er niveau se fait par deux fenêtres équipées d’une traverse et de profondes embrasures agrémentées de coussièges. Une cheminée non saillante ornée de moulures occupe la partie est de la pièce. À sa droite, se trouve une porte menant aux anciennes latrines. Le plafond est formé d’une voûte d’ogive sexpartite. Les 2e et 3e étages ont la même disposition que le 1er étage. Le 2e étage est couvert d’un plafond et le 3e d’une voûte. Longtemps oubliée et recouverte de ronces, ruinée, la tour de Bridiers revit aujourd’hui et sert chaque été de décor à une gigantesque fresque son et lumière (traditionnellement le 1er week-end d’août). Ouverture : du samedi 1er au mardi 25 juillet, du mercredi 9 au jeudi 31 août, du samedi 2 au dimanche 17 septembre.

Tour de Bridiers

Bridiers, La Souterraine (23300).

www.lasouterraine.fr

CRO-MAGNON

Découverte en 1940 par 4 adolescents originaires de Montignac, un village de la vallée de la Vézère, la grotte de Lascaux resta ouverte au public de 1948 jusqu’à sa fermeture en 1963. En effet, le flot continu de visiteurs (en moyenne 1 500/jour) et le gaz carbonique issu de la respiration humaine commençaient à dégrader les peintures mettant en péril cet inestimable chefd’œuvre… Et ce n’est qu’en 1983 qu’un fac-similé à 90 % des fresques, « Lascaux 2 », ouvre ses portes. Aujourd’hui fermée, la grotte est étroitement surveillée afin de préserver ce site inscrit au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco car si ses peintures et ses gravures n’ont su faire l’objet d’une datation précise, leur âge, lui, est estimé entre environ 18 000 et 17 000 ans grâce à des datations effectuées sur des objets découverts dans son enceinte. Depuis décembre 2016 et l’inauguration du Centre International de l’Art Pariétal, « Lascaux 4 », on peut (re)découvrir tous ses trésors. Un chantier qui a nécessité plus de trois ans et demi de travaux pour une fascinante réplique grandeur nature reproduite au millimètre près ! Soit 8 500 m2, dont 3 000 m2 reproduits à l’échelle 1, proposant un parcours didactique. Hébergée dans un sobre bâtiment de béton et de verre tout en longueur, semi-enterré, qui s’inscrit telle une « faille dans le paysage », la réplique reprend les dimensions, reliefs et couleurs de la grotte originale. Avec « Lascaux 4 », l’objectif est d’assurer une « sanctuarisation totale » du site historique menacé paradoxalement par « Lascaux 2 », désormais uniquement réservé aux visites pédagogiques. Lascaux - Centre International de l’Art Pariétal

Avenue de Lascaux, Montignac (24290).

www.lascaux.fr

© Jean Bernard Nadeau

CREUSE 23

« Chapelle Sixtine de l’art pariétal », « Versailles de la préhistoire », « Altamira française »… comment ignorer la grotte de Lascaux, l’une des plus importantes grottes ornées du Paléolithique ?

GIRONDE 33 Au nord de la Gironde, du haut de son promontoire rocheux, l’imposante et majestueuse citadelle de Blaye domine l’estuaire de la Gironde.

FORTERESSE

Avec ses remparts et sa vue imprenable sur l’estuaire, la citadelle de Blaye offre une merveilleuse échappée belle. Ses vastes espaces verts ombragés sont idéals pour pique-niquer. Inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco en 2008, cette ancienne cité militaire imaginée par Sébastien Vauban, l’architecte de Louis XIV a gardé intact son charme archaïque. Aux férus d’histoire, la forteresse propose des balades dans les dédales de ses souterrains à la découverte de son évolution architecturale, du système défensif ainsi que du mode de vie d’une garnison au xviie siècle. Pour les flâneurs, les ruelles regorgent d’autres merveilles : des boutiques artisanales jusqu’au Conservatoire de l’estuaire et au musée d’archéologie, tout deux nichés dans l’ancienne prison de la Citadelle. Pour les esthètes, direction le couvent des Minimes qui a pour tradition d’accueillir des expositions temporaires de choix ! Juillet à septembre : ouverture tous les jours de 10 h à 18 h 30.

Office de tourisme de Blaye

rue du couvent des Minimes, dans la Citadelle

www.tourisme-blaye.com www.verrou-vauban.com « Paysages rêvés », jusqu’au mercredi 9 août,

couvent des Minimes. Exposition collective avec des œuvres de Babou, Pauline Bastard, Patxi Bergé, Roxane Borujerdi, Arnaud Claass, Anne Colomes, Marinette Cueco, Dewar & Gicquel, Maitetxu Etcheverria, Anne Garde, Thomas Lanfranchi, Nicolas Milhé, Maryvonne Rocher-Gilotte, Josef Sudek et Holger Trülzsch. Dans le cadre du cycle d’expositions « Dépaysements » initié par le Frac Aquitaine. L’été 2017 en NOUVELLE-AQUITAINE

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© Jérôme Morel

PATRIMOINE

LOT-ET-GARONNE 47

D. R.

Situé dans la commune de SaintFront-sur-Lémance, au nord-est du Lot-et-Garonne, près de Fumel, Bonaguil est-il le plus beau château fort de France ?

Le premier visage humain connu est une figure de femme, une petite tête sculptée en ivoire. Ce trésor datant de 25 000 ans a été découvert dans un hameau de Chalosse.

BEAUTÉ

D’abord, histoire d’éviter toute confusion, la splendeur en question souvent appelée « Dame de Brassempouy » ne doit être en aucun cas confondue avec la « Vénus de Brassempouy » (qui n’a pas de visage et de facture très différente). Ensuite, pour situer la qualité exceptionnelle de ce joyau, il est nécessaire de rappeler que les dessins de la grotte Chauvet – estimés, eux, datés de 35 000 ans av. J.-C. – ne représentent que des animaux… Cette inestimable miniature en ivoire de mammouth, de 3,5 cm environ, est désormais conservée à Saint-Germain-en-Laye, au Musée des Antiquités Nationales. Tel est le prix à payer pour sa fragilité, certes, mais demeure intact l’émerveillement de découvrir la reproduction de ce visage à la Maison de la Dame, située à quelques centaines de mètres de la grotte où elle fut découverte à la fin du xixe siècle. Le site préhistorique de Brassempouy, à environ 2 km du village, est niché dans les bois, à flanc de coteau et près d’un petit ruisseau, le Pouy. Il doit son nom de « grotte du Pape » à la proximité d’une ferme nommée « Au Pape », en bordure de la route de Gaujacq. Les fouilles s’y sont échelonnées sur deux périodes : 1880-1897 puis 1981-2004. Les collections présentées proposent un voyage dans le Paléolithique supérieur. Outre le plus vaste ensemble de statuettes féminines (la « Fillette », la « Figurine à la pèlerine », la « Figurine à la ceinture », la « Poupée »), trouvé en France, elles comptent des outils, des restes d’animaux, des gravures et des parures. Ouverture : du mardi 11 juillet au dimanche 27 août, de 9 h 45 à 19 h.

Maison de la Dame

404, rue du musée, Brassempouy (40330)

www.prehistoire-brassempouy.fr

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DÉFENSE

Classée monument historique, cette forteresse, référencée au titre des sites majeurs d’Aquitaine, s’élève sur un éperon rocheux entre les vallées de la Théze et de la Lémance. Son édification – du xiiie au xviiie siècle – en fait un ensemble unique en Europe, illustrant l’évolution des techniques de défense, du Moyen Âge à la Renaissance, jusqu’aux prémices des fortifications à la Vauban. Château de la « Bonne Aiguille » ou de la « Bonne Eau », Bonaguil sort de terre au temps de Louis XI, bâti, tel d’autres sites de la région, sur le modèle du château gascon. Un deuxième château fort, l’essentiel de ce qui subsiste aujourd’hui, ouvrage tardif qui achève sa construction quand Chambord débute la sienne ! Un troisième, enfin, grande demeure rustique à l’époque préromantique. Malgré sa situation paradoxale, entre Quercy et Périgord, loin des grandes voies de communication, son architecture magnifique, ses proportions gigantesques (le quart en plan de la cité de Carcassonne !) et son remarquable état de conservation ont provoqué l’admiration de Viollet-Le-Duc, Lawrence d’Arabie et même André Breton… De la barbacane à la cour d’honneur en passant par la grotte naturelle, et jusqu’au sommet du donjon, cet héritage du puissant, mystérieux et controversé seigneur Bérenger de Roquefeuil (1448-1530) offre un voyage dans le temps. Et s’il fallait un argument supplémentaire, les graffitis de la tour grosse, mots gravés dans la pierre ou écrits sur les murs, véritables témoignages de la vie quotidienne de l’époque, achèveront de convaincre les plus rétifs. Ouverture : juillet et août, de 10 h à 19 h.

Château de Bonaguil

Mairie de Fumel, Fumel (47500)

www.chateau-bonaguil.com

D. R.

LANDES 40

PYRÉNÉESATLANTIQUES 64 Quand la légende rencontre l’histoire, il y a de fortes chances que ce soit au Pays basque. Un rocher, une épée, un cheval, un héros, bienvenue à Atekagaitz, le « mauvais passage ».

ÉPIQUE

Itxassou, non loin de Cambo, ses succulentes cerises noires (que l’on peut déguster autrement que dans un gâteau basque) et son Pas de Roland. Oui, Roland le Preux, neveu de Charlemagne, marquis des Marches de Bretagne, entré au Panthéon après la sanglante bataille de Roncevaux, fatal combat contre une armée vasconne en représailles du pillage de Pampelune. Mais quel rapport avec le village de la province du Labourd, niché dans une courbe de la Nive, ce facétieux affluent de l’Adour ? Eh bien, c’est ici que trône LE symbole de l’affrontement entre Chrétiens et Musulmans (les Vascons ayant été remplacés par les Sarrasins dans l’éponyme Chanson de Roland) : un imposant rocher telle une porte de pierre. Le Paladin, trahi par son beau-père, l’infâme Ganelon, âme noire et rival haineux, l’aurait ouverte d’un simple coup de son épée mythique, Durandal. Chemin étroit, ancien passage pour les muletiers, le Pas de Roland connaît pourtant une autre origine, attribué à Veillantif, la monture du noble chevalier, qui l’aurait causé d’un vigoureux coup de sabot ! Une chose est sûre toutefois : la mythologie pyrénéenne s’est largement emparée de la légende de Roland. Les traces de son passage le long de la chaîne montagneuse, entre France et Espagne, y sont nombreuses : brèche de Roland, Saut de Roland, Pas de Roland… Et si vous n’êtes pas rassasié, il se murmure qu’un dragon aurait élu domicile au creux de la rivière. Le Pas de Roland Itxassou (64250)


D. R.

Qui soupçonnerait que la quiétude des Deux-Sèvres dissimule sous terre les plus anciennes mines d’argent visitables en Europe ? Exploitées du viie à la fin du xe siècle, elles ont connu un certain Charlemagne.

ALCHIMIE

C’était au temps glorieux des Carolingiens. Ici, deux siècles durant, on extrayait la galène et le minerai de plomb argentifère à destination de l’atelier monétaire qui frappait les monnaies royales. Des monnaies retrouvées dans toute l’Europe, attestant des grandes heures de cet atelier, et sur lesquelles figure d’un côté l’atelier où elles avaient été frappées : « Medolus », « Metulo », « Metallum »… Autant de noms qui renvoient à Melle. Tombées dans l’oubli après la fin de leur exploitation, les mines d’argent de Melle ont été (re)découvertes à la fin du xixe siècle. Au total, ce sont 30 km de galeries souterraines qui ont été recensés ! Désormais, le public peut en avoir un aperçu puisque la visite offre un parcours de 350 m dans ce milieu souterrain avec une mise en lumière et des ambiances sonores. La visite guidée, elle, développe la géologie, la minéralogie, les techniques minières, métallurgiques et la frappe de la monnaie. Ouvert en 1987, le site, propriété de la Ville et géré par une association, accueille environ 12 000 visiteurs chaque année qui, pour plus d’immersion encore, ont tout loisir d’une expérience dorénavant en 3D. À noter que l’on peut à loisir baguenauder dans le jardin « carolingien » attenant qui regroupe plus de 130 plantes alimentaires, médicinales, textiles et tinctoriales utilisées à l’époque médiévale. Ouverture : tous les jours jusqu’au 5 novembre

Mines d’argent des rois francs rue Pré du Gué, Melle (79500).

www.mines-argent.com

Au titre de l’impressionnant patrimoine roman poitevin, les précieux vestiges de l’abbaye Saint-Sauveur de Charroux rappellent qu’il s’agissait d’un des plus grands monastères.

SPIRITUEL Certes, il ne « subsiste » que la grande église du xie siècle, la tour-lanterne et la crypte, mais le voyageur se trouve bien en présence d’une des lieux de culte jadis les plus puissants et renommés jusqu’en Flandre. Édifiée à la fin du viiie siècle, placée sous la règle de saint Benoît, protégée par les souverains carolingiens, richement dotée, l’abbaye Saint-Sauveur devient rapidement un important centre monastique. Abritant de nombreuses reliques, dont une de la Vraie Croix, elle s’impose également comme lieu de pèlerinage sur le chemin de Compostelle Au xie siècle, le monastère connaît un grand rayonnement. La construction d’un vaste édifice est entreprise, associant une église avec nef, transept et chœur, à une rotonde. Cette dernière, particulièrement développée, est constituée d’une tour-lanterne octogonale entourée de trois déambulatoires (couloirs) circulaires ; la tour s’élève sur une crypte où sont déposées les reliques. Ce plan devait faciliter les processions autour des reliques. L’église, dont la longueur est estimée à 114 m, est précédée d’un clocher-porche. Au milieu du xiiie siècle, un monumental portail gothique est édifié. Las, la guerre de Cent Ans, puis les guerres de Religion, qui provoquent la dispersion des moines, mènent le bâtiment à la ruine. Cependant, la tour-lanterne dite « tour de Charlemagne » de la rotonde romane, des vestiges du cloître et la salle capitulaire sont sauvés de la destruction, ainsi que des sculptures du porche gothique. Prosper Mérimée en interdit la démolition et en assure la protection dès 1846. Léguée à l’État, elle devient monument national. Ouverture : Jusqu’au 31 août, tous les jours sauf le lundi, de 9 h 30 à 12 h 30 et de 14 h à 18 h 30. Du 1er septembre au 31 décembre, tous les jours sauf le lundi, de 10 h à 12 h 30 et de 14 h à 17 h 30.

Abbaye de Charroux

Place Saint-Pierre, Charroux (86250).

© Office deTourisme de Saint-Yrieix

D. R.

DEUX-SÈVRES 79

VIENNE 86

HAUTE-VIENNE 87 Entre patrimoine bâti et Maison de l’or, ce bourg médiéval offre un parcours culturel, économique et industriel, de l’époque gauloise à nos jours. Charme historique garanti pour une nouvelle ruée vers l’or.

AURIFÈRE

Le Chalard, petite commune du pays de SaintYrieix, doit son nom à la tour ou castellare, érigée en l’an mil sur le site d’un monastère détruit en 846 par les Normands. En 1088, saint Geoffroy s’installe en ermite, construit une petite église et fonde un monastère sous la règle de saint Augustin. À la guerre de Cent Ans, les Anglais fortifient le site, mais l’abbaye sera très endommagée. Fin du xviie, les moines quittent le prieuré vendu comme bien national à la Révolution. La « Maison des Anglais », la « Baille » avec ses tourelles et échauguettes, l’église romane et le tombeau de saint Geoffroy, les fresques, le cimetière de moines et ses pierres sculptées, le prieuré et sa salle capitulaire, le pont avec sa tour sont les vestiges d’une activité religieuse et politique intense. Se rajoute à cela une exploitation de mines d’or par les Gaulois au ve siècle av. J.-C. ; le complexe minier du Bourneix en 1982, puis AREVA ont repris l’affaire, produisant jusqu’à deux tonnes d’or par an. Depuis 2002, le site fermé est sous surveillance environnementale. Dans la Maison de l’or, matériel de la mine, objets anciens, photos, échantillons racontent le métal précieux à travers la géologie, les technologies d’exploitation et de traitement. Une histoire industrielle et économique se retrace, tandis que dans la rivière (l’Isle), circulent poussières et paillettes. Bienvenue aux chercheurs d’or avec leurs batées. Ils tamisent encore. Office de tourisme intercommunal du Pays de Saint-Yrieix 58, boulevard de l’Hôtel de ville, Saint-Yrieix (87500).

www.communaute-saint-yrieix.fr www.tourisme-saint-yrieix.com Des visites guidées du village et de la Maison de l’or sont proposées. Stages d’orpaillage, jusqu’en septembre.

www.abbaye-charroux.fr

L’été 2017 en NOUVELLE-AQUITAINE

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PARCSONO NATUREL TONNE RÉGIONAL

Au croisement des départements de la Vendée, des Deux-Sèvres et de la CharenteMaritime, s’étendent le Marais poitevin et ses milliers d’hectares qui se visitent toute l’année.

LA VENISE

VERTE

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L’été 2017 en NOUVELLE-AQUITAINE

vous reste plus qu’à choisir parmi la pléthore d’offres celle qui vous conviendra le mieux. Petit conseil toutefois. Si vous êtes un néophyte des lieux, que vous n’avez pas le pied marin, ou que l’art de la rame ne vous dit rien, mieux vaut opter pour un guide. Juché sur une barque légère (appelée plate), un batelier vous dirigera à travers ce dédale étonnant et vous pourrez ainsi apprécier parfaitement toutes les subtilités offertes par ce territoire d’exception. Pour les habitués des lieux ou les plus audacieux d’entre vous, vous aurez le loisir de manier votre embarcation en solo. Votre seul mentor sera votre sens de l’orientation et une carte détaillée des canaux. À vous de choisir ! À l’aube ou au crépuscule, en matinée ou en après-midi, d’une durée d’une heure, deux heures ou plus, les promenades guidées offrent en outre des thématiques ciblées sur l’histoire, l’architecture paysagère, la gastronomie ou la faune et la flore. Promenades insolites ou traditionnelles, les amoureux de fiction ne seront pas en reste avec la balade « Monstres légendaires du Marais poitevin ». Petits et grands navigueront au son de récits fantastiques peuplés de redoutable serpent ailé, de fée, de croquemitaine, de sorcier maléfique et de géant à l’appétit débordant. Bref, de tous ces êtres qui ont hanté l’imaginaire des Marais. Quel que soit votre profil, n’oubliez pas d’ouvrir bien grand vos yeux, vous débusquerez peut-être une poule de Marans, une oie, un canard, des cygnes, un colvert, l’un de ces poissons carnassiers, une sarcelle bariolée, un héron, une rainette, une loutre ou pourquoi pas l’une des soixantaines espèces d’odonates ! Parc naturel régional du Marais poitevin 2, rue de l’église, Coulon (79510).

pnr.parc-marais-poitevin.fr www.niortmaraispoitevin.com

© Région Nouvelle-Aquitaine - Francoise Roch

Situé à une heure de La Rochelle, du Futuroscope, du Puy du Fou et de Cognac, le Marais poitevin est un lieu unique en Europe. Labellisé « grand site de France » en 2010, ce territoire a rejoint un club très fermé qui compte parmi les membres de ce classement français : la montagne Sainte-Victoire si chère à Cézanne, la baie de Somme, le cirque de Navacelles, le massif du Canigó, les îles Sanguinaires, les gorges de l’Hérault, le Puy Mary, volcan du Cantal, le pont du Gard ou encore le Puy de Dôme, pour ne citer qu’eux. Autre décoration à son actif : le label « parc naturel régional » qu’il avait perdu et qu’il retrouve en 2014. Deux médailles qui révèrent une notoriété dépassant les frontières de l’Hexagone comme en témoignent ces chiffres de fréquentation qui donnent le vertige. Chaque année, 700 000 visiteurs affluent et s’émerveillent de ce panorama des plus fabuleux ! Du littoral ,avec la baie de l’Aiguillon et ces milliers d’oiseaux migrateurs en passant par le marais desséché truffé de petits ponts et d’écluses avenantes, le Parc Naturel Régional offre une mosaïque de paysages. Toutefois celui qui surpasse tous les autres par son renom se situe près de Niort. Il se prénomme la Venise verte. Ces marais mouillés font la renommée du Marais poitevin. Cette partie restée inondable déroule un paysage pittoresque façonné par l’homme depuis le xixe siècle. Véritable cathédrale de verdure, elle est traversée par des chemins d’eau, des lignes d’arbres et des prairies. Ce labyrinthe aquatique unique décline canaux bordés de frênes et de peupliers. Pour arpenter cette exceptionnelle nature, on peut opter pour une randonnée à vélo ou une visite de parcs animaliers mais le meilleur moyen reste encore la barque. Un incontournable vous dira-t-on ! Aventurier et téméraire ou plutôt prudent et rêveur, il y en a pour tous les goûts ! Il ne


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CARTE SONOET TONNE TERRITOIRES

DEUXSÈVRES79

Parc naturel régional Marais Poitevin

8 Sanxay

35 Poitiers

VIENNE86

38 Niort 22 Melle

CREUSE23 12 Guéret La Souterraine 33 Mout 24

14 Charroux Brioux3 sur-Boutonne

1 La Rochelle

CHARENTEMARITIME17 25 Trizay

CHARENTE16

17 Saint-Porchaire 10 Cognac

HAUTEVIENNE87 23 Chassenon 36 Limoges 7

31 Angoulême

30 Au 28 Beaumont-

Nexon 19 Saint-Yrieix Chanteix 9

DORDOGNE24

27 Bordeaux

GIRONDE33

Tulle

18 Montignac

29 Montbazillac

6 Pessac

26 Meymac

13 Aubazine

Périgueux 4 15 Blaye

CORRÈZE19

Couthure-sur-Garonne 5 37

Parc naturel régional Périgord-Limousin

16 Fumel

Montflanquin LOT-ET47 GARONNE

Parc naturel régional Landes de Gascogne

Agen 34 Sabres

LANDES40

2 Mont-de-Marsan

LES SITES PATRIMONIAUX

21 Brassempouy Biarritz 11

32 Orthez 20 Itxassou PYRÉNÉES ATLANTIQUES64

16

L’été 2017 en NOUVELLE-AQUITAINE

Pau

13

Abbaye d’Aubazine

14

Abbaye de Charroux

15

Citadelle de Blaye

16

Château de Bonaguil

17

Château de La Roche Courbon

Le Bourg Aubazine19

Place Saint-Pierre Charroux86 Blaye33

Mairie de Fumel Fumel47

Saint-Porchaire17


LES LIEUX DE L’ART LES FESTIVALS 1

Festival international du film de La Rochelle

25

Abbaye de Trizay

26

Abbaye Saint-André Centre d’art contemporain Place du Bûcher Meymac19

du vendredi 30 juin au dimanche 9 juillet La Rochelle17

thier-d’Ahun

ubusson

-du-Lac Parc naturel régional Millevaches en Limousin

3, allée de Chizé Trizay17

2

Arte Flamenco

27

CAPC musée d’art contemporain

3

Festival au Village

28

Centre international d’art et du paysage

4

Mimos

29

Château de Monbazillac

30

Cité internationale de la tapisserie

31

FRAC Poitou-Charentes,

32

image/imatge - centre d’art

33

La Bergerie

34

La Forêt d’art contemporain

35

Le Confort Moderne

36

Musée national Adrien Dubouché Cité de la céramique – Sèvres & Limoges

5

du lundi 3 au samedi 8 juillet Mont-de-Marsan40 du vendredi 7 au samedi 15 juillet Brioux-sur-Boutonne79 du lundi 24 juillet au samedi 29 juillet Périgueux24

Les Ateliers de Couthures, festival international du journalisme vivant du jeudi 27 au dimanche 30 juillet Couthures-sur-Garonne47

6 7 8 9

Reggae Sun Ska

du vendredi 4 au dimanche 6 août Pessac33

La Route du Sirque

du lundi 7 au samedi 26 août Nexon87

Les Soirées lyriques de Sanxay jeudi 10, samedi 12 et lundi 14 août Sanxay86

Festival aux Champs

du vendredi 11 au dimanche 13 août Chanteix19

10

Coup de chauffe

11

Le Temps d’aimer la danse

12

du samedi 2 au dimanche 3 septembre, Cognac16 du vendredi 8 au dimanche 17 septembre Biarritz64

Île de Vassivière Beaumont-du-Lac87 Monbazillac24 Rue des Arts Aubusson23

63, boulevard Besson Bey Angoulême16 3, rue Billière Orthez64

18, rue de la Bergerie Mouthier-d’Ahun23 Écomusée de Marquèze Sabres40

185, rue du Faubourg du Pont Neuf Poitiers86

8bis, place Winston-Churchill Limoges87

37

Pollen

38

Villa Perochon Centre d’Art contemporain Photographique

Les Rencontres de Chaminadour

du jeudi 14 au dimanche 17 septembre Guéret23

7, rue Ferrère Bordeaux33

25, rue Sainte-Marie Monflanquin47

64, rue Paul-François Proust Niort79

Lascaux - Centre International de l’Art Pariétal

22

Mines d’argent des rois francs

19

Le Chalard et Maison de l’or

23

Thermes gallo-romains de Chassenon

20

Le Pas de Roland

21

Maison de la Dame

18

Avenue de Lascaux Montignac24 Saint-Yrieix87 Itxassou64

404, rue du musée Brassempouy40

Rue Pré du Gué Melle79

D29 Chassenon16

24

Tour de Bridiers Bridiers La Souterraine23

L’été 2017 en NOUVELLE-AQUITAINE

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CHARENTE 16 Il ne faut pas croire qu’Angoulême puisse se réduire au rang de « capitale française de la bande dessinée », son FRAC mérite largement le détour.

FRAC POITOUCHARENTES Après avoir quitté l’Hôtel Saint-Simon qu’il occupait dans le quartier piéton du Vieil Angoulême depuis 1985, le FRAC Poitou-Charentes s’est restructuré sur deux nouveaux sites afin de conduire au mieux ses missions de collection, de diffusion et de médiation de l’art contemporain. Ainsi, Angoulême accueille les expositions, le centre de documentation et l’administration, tandis que Linazay abrite les œuvres de la collection, tout en aménageant des espaces d’expérimentation et d’exposition dévolus à des expositions temporaires. À Angoulême, dans un bâtiment signé par l’architecte Jean-Marie Mandon, la collection réunit à ce jour 801 œuvres de 326 artistes français et étrangers, reflétant l’actualité et la diversité des enjeux et des pratiques artistiques, avec une attention portée, dès les années 1990, aux artistes émergents. Réflexions sur le statut de l’œuvre, de l’objet et de l’image, œuvres historiques et icônes actuelles dialoguent : de Marcel Duchamp à Bruno Peinado, via Raymond Hains, Martin Kippenberger, Paul McCarthy, Claude Lévêque, Xavier Veilhan ou Ugo Rondinone… Volontiers prospectif, ce fonds témoigne de la recherche et de la réflexion que mènent les artistes sur le monde d’aujourd’hui. Particulièrement représentatif de la création artistique internationale de ces trente dernières années, il réunit des ensembles d’une grande cohérence dans des domaines de la peinture, du dessin, de la sculpture, de l’installation, de la photographie, de la vidéo ou du film avec son espace dédié à l’image en mouvement, The Player.

© Grégory Ecale

Trésor au cœur de la Saintonge, l’abbaye Saint-Jean l’Évangéliste de Trizay abrite un centre d’art contemporain où dialoguent monument roman et artistes d’aujourd’hui.

L’ABBAYE DE TRIZAY

À VOIR « Faits alternatifs »,

Prieuré dédié à Saint-Jean l’Évangéliste, fondé à la fin du xie siècle, Trizay dépendait de la puissante abbaye bénédictine de la Chaise-Dieu en Auvergne. Entièrement restauré dans les années 1990, c’est un des monuments les plus énigmatiques de la Saintonge. L’église, dont subsiste le chevet, est conçue sur un plan octogonal exceptionnel. On peut aussi y admirer la salle capitulaire avec ses arcs polylobés et ses belles croisées d’ogives du xiiie siècle, le cellier, le vaste réfectoire avec ses peintures murales et, à l’étage, les dortoirs des moines ornés de fresques, les vitraux contemporains de Richard Texier et du Père Kim En Joong. Situé à 900 mètres de l’abbaye, les Jardins de Compostelle, parc floral d’inspiration hispano-mauresque, surplombent sur 2 hectares le lac du Bois Fleuri. Création du paysagiste rochefortais J.-F. Galinet, ils forment une promenade de six séquences paysagères – roseraie, source, nymphes, grand canal, broderies et cloître – avec bassins et jets d’eau. Posé au milieu des champs et dominant l’Arnoult, cet ensemble abrite depuis 2003 un centre d’art contemporain qui présente toute l’année des expositions (une par trimestre) tant de peintures que de sculptures d’artistes de renommée mondiale (Frédéric Benrath, Titus Carmel, Richard Texier, Père Kim En Joong, Hassan Massoudy, Jean Balitran, Fidel Bofil, Délos...). À VOIR « Marie-Noëlle Fontan, Laurence Innocenti, Florence Rondel »,

Du mardi au samedi et chaque premier dimanche du mois, de 14 h à 18 h.

Du 1er mai au 31 octobre : tous les jours de 10 h à 13 h et de 14 h à 19 h.

jusqu’au dimanche 3 septembre.

du samedi 1er juillet au jeudi 31 août.

FRAC Poitou-Charentes,

Abbaye de Trizay

www.frac-poitou-charentes.org

www.abbayedetrizay17.fr

63, boulevard Besson Bey, Angoulême (16000).

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CHARENTEMARITIME 17

L’été 2017 en NOUVELLE-AQUITAINE

3, allée de Chizé, Trizay (17250).

Jacobsen © CAC Meymac

LES LIEUX DE L’ART

Homeland © Lahouari Mohammed Bakir,2011

SONO ART TONNE

CORRÈZE 19 Sis dans l’aile sud et la tour de l’abbaye Saint-André, au cœur du centre historique de Meymac, le Centre d’art contemporain promeut brillamment les arts plastiques.

CENTRE D’ART CONTEMPORAIN MEYMAC

Fondé en 1979 par Caroline Bissière et Jean-Paul Blanchet, deux passionnés d’art contemporain convaincus que la culture devait accompagner le quotidien même dans un contexte rural, le CAC Meymac s’est installé dans un espace patrimonial exceptionnel. Sa mission ? Promouvoir et diffuser la création contemporaine, principalement dans le domaine des arts plastiques. Toutefois, s’il conçoit des expositions temporaires, il ne constitue pas de fonds. Dans le cadre singulier de cette ancienne abbatiale bénédictine – remarquée par Prosper Mérimée pour la qualité de son architecture, elle est alors classée monument historique en 1840, avant d’accueillir l’école de Meymac, la poste, la colonie de vacances de la ville de Dieppe, l’Office de Tourisme et le musée Marius Vazeilles –, aux portes du plateau de Millevaches, la programmation a pris de l’ampleur au fil de la restauration du monument. Désormais, le bâtiment totalement réaménagé est adapté à la présentation de la création contemporaine, disposant d’une surface d’exposition de 900 m2. Après une longue phase de restauration, l’ensemble se voit gratifié en 1992, à l’initiative du Centre d’art contemporain et du Ministère de la Culture, d’une sculpture monumentale de Robert Jacobsen, installée dans les jardins de l’abbaye. Juste retour des choses pour l’artiste danois, grand prix de la Biennale de Venise 1966, qui, dans les années 1950, envisageait d’acquérir l’abbaye Saint-André pour la transformer en résidence d’artistes. Ainsi, le CAC Meymac conjugue émergences et pointures de l’art contemporain, artistes internationaux et intergénérationnels. À VOIR « Un monde in-tranquille »,

du dimanche 9 juillet au dimanche 15 octobre. De juillet à mi-septembre (hormis le week-end du patrimoine) : du mardi au dimanche, de 10 h à 13 h et de 14 h à 19 h.

Abbaye Saint-André - Centre d’art contemporain Place du Bûcher, Meymac (19250).

www.centre-art-contemporain-meymac.com


À dix kilomètres de Bergerac, en plein Périgord pourpre, à flanc de coteau, Monbazillac domine la vallée de la Dordogne. Ici, l’art contemporain est chez lui. D. R.

CREUSE 23 Pépinière ou havre pour artistes ? Seule certitude, la Bergerie est à l’affût des talents de Creuse ou d’ailleurs quelles que soient leurs pratiques.

LA BERGERIE Il faudrait une bonne fois pour toutes tordre le cou aux clichés qui ont la vie dure. Non, la Creuse n’est pas ce prétendu désert culturel, loin de la civilisation. Pour exemple, la résidence d’artistes Chamalot est un véritable lieu de création, au même titre que la Métive. D’ailleurs, le village de Mouthier-d’Ahun compte en plus de ce généreux projet de lien social et d’action culturelle, un autre lieu atypique, la Bergerie, preuve éclatante de la vitalité en territoire rural. À deux pas de l’abbaye bénédictine (aux boiseries sculptées, considérées comme un pur chef-d’œuvre d’art baroque) du Moutier-d’Ahun, en bordure de la Creuse, la Bergerie (une ancienne grange entièrement réhabilitée) est une galerie d’art atypique qui accueille des créateurs, reconnus ou non. Ici, le mot d’ordre demeure aussi simple qu’inchangé : la culture pour tous ! Et, surtout, sous toutes ses formes sans cloisonnement des pratiques : musique, littérature, peinture, sculpture… Chaque été, des expositions d’art plastique et de photographie y ont lieu. Tout aussi immanquables, les spectacles des « vendredis de la Bergerie ». L’entrée y est gratuite, et chacun donne ce qu’il veut à la fin du spectacle, au chapeau. Ambiance garantie ! À VOIR « Nuances et lumières de la Creuse », Gisèle Bonême-Lorain, jusqu’au dimanche 30 juillet.

« Atonalités cristallines », Dziki Véronique Missud, du jeudi 3 au lundi 28 août.

« La forêt des curios », Alice & Alain Freytet, du jeudi 31 août au dimanche 17 septembre.

La Bergerie

18, rue de la Bergerie, Mouthier-d’Ahun (23150).

www.labergerie-expo.fr

CHÂTEAU DE MONBAZILLAC Les palais connaisseurs en apprécient le vin blanc liquoreux, mais savent-ils tous les trésors que recèle le château du xvie siècle ? Classé monument historique, le bâtiment présente une architecture unique, mélange de systèmes défensifs médiévaux et d’élégance de la Renaissance. Propriété de la Cave de Monbazillac, il s’y tient un programme culturel annuel en accès libre, constitué d’expositions, de rencontres et d’une résidence d’artistes en partenariat avec les « Résidence(s) de l’Art en Dordogne » et l’Agence Culturelle Dordogne-Périgord Depuis 2007, au cœur de cette vallée où la rivière se confond avec les bastides, les canaux, les lavoirs, les moulins, les séchoirs, les gabarres et le vignoble, l’association Les Rives de l’Art organise la biennale épHémères, conviant des artistes à créer des œuvres in situ pour donner à voir autrement quelques sites emblématiques de cette vallée. Noble adéquation entre art contemporain et patrimoine qui intéresse bien sûr les artistes, suscite la curiosité du public et constitue l’originalité du parcours. Pour cette 6e édition, les 7 artistes invités – Elvire Bonduelle, Christophe Doucet, Jean-François Noble, Laurent Perbos, Benoît Schmeltz, Elsa Tomkowiak et Rainer Gross – posent un regard aiguisé, curieux et sensible, révélant des lieux familiers et les faisant vivre ou revivre autrement. Au château de Monbazillac, épargné par les affres de l’histoire, le temps ne semble pas avoir de prise. Entre mémoire et création, avec « Fugit tempus », Rainer Gross évoque ce mystère et incite à la réflexion, à la contemplation. À VOIR Biennale épHémères 2017, 6e édition, jusqu’au 30 septembre

De juillet à septembre : du mardi au dimanche, de 10 h à 19 h 30, sauf septembre, 19 h.

Château de Monbazillac Monbazillac (24240).

chateau-monbazillac.com

Naufus Ramirez Figuero © Arthur Pequin

Rainer Gross, Fuga Mundi Abbaye de Noirlac, 2010 © Rainer Gross

DORDOGNE 24

GIRONDE 33 Depuis 1973 et l’exposition « Regarder ailleurs », le CAPC s’est inscrit parmi les plus grands musées d’art contemporain. Son écrin naturel l’y destinait peut-être.

CAPC MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN D’abord, au risque d’énoncer une terrible banalité, comment ne pas s’émerveiller devant le monument, une fois la porte franchie ? Installé dans l’ancien Entrepôt Lainé de denrées coloniales, réaménagé par les architectes Denis Valode, Jean Pistre et Andrée Putmann, le CAPC Musée d’art contemporain impose une forme naturelle de respect et exerce une réelle séduction. Pionnier en termes de lieux dédiés à l’art contemporain (pour mémoire, le centre Pompidou fut inauguré en 1977, les FRAC n’apparaissent qu’en 1982). Outre les expositions présentées, qu’elles soient thématiques ou monographiques, consacrées à la création émergente ou aux artistes « établis », le CAPC veille depuis l’origine à circonscrire la pluralité des disciplines (photo, vidéo, installation, sculpture, dessin, peinture, dispositif sonore). Sa collection permanente, elle, s’incrit parmi les plus riches de France : plus de 1 300 œuvres de 200 artistes. Au regard de l’histoire de l’art en France, on ne compte plus les expositions qui y ont fait date (« Keith Haring », « Mario Merz », « JeanPierre Raynaud », « Daniel Buren », « Gilbert & Georges », « Présumés innocents », « Jim Shaw »). Depuis 2015, le CAPC propose également un programme de résidences d’artistes et commissaires d’exposition ; une effervescence contribuant ainsi à faire du lieu un espace de création et d’innovation artistique. Quant à sa bibliothèque (accessible sur réservation), elle permet également l’accès à la consultation de plus de 40 000 ouvrages. À VOIR « Oscar Murillo », jusqu’au dimanche 27 août. « Linnaeus in Tenebris », Naufus Ramírez-Figueroa, jusqu’au dimanche 24 septembre.

De juillet à septembre : du mardi au dimanche, de 10 h à 18 h, sauf les mercredis, 20 h. Le musée est ouvert les 14 juillet et 15 août de 11 h à 18 h.

CAPC musée d’art contemporain 7, rue Ferrère, Bordeaux (33000).

www.capc-bordeaux.fr

L’été 2017 en NOUVELLE-AQUITAINE

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ART

© Philippe Fangeaux

D. R.

PYRÉNÉESATLANTIQUES 64

LANDES 40 La plus grande forêt artificielle d’Europe abrite depuis huit ans un musée évolutif à ciel ouvert. À ce jour, cet écrin exceptionnel compte un peu moins d’une vingtaine d’œuvres.

Étendu sur trois départements (Gironde, Landes et Lot-et-Garonne), le vaste massif rafle la palme d’or des plus grandes forêts artificielles d’Europe ! Amorcée dès le xviiie siècle pour arrêter la progression des sables et assécher les sols de marais, la plantation d’essence de pin maritime se multiplie progressivement sur l’ensemble du territoire jusqu’à constituer près d’un million d’hectares, soit 58 % des forêts d’Aquitaine. Désolée par les deux intempéries qui ont tour à tour ravagé une part importante du Sud-Ouest (la tempête du siècle en 1999 et la tempête Klaus dans la nuit du 23 au 24 janvier 2009), cette forêt de Gascogne est devenue l’écrin d’un projet de revalorisation qui s’est construit autour d’un parcours d’art contemporain. Les œuvres pérennes qui en jalonnent le territoire composent une collection enrichie chaque année de nouvelles créations. En vélo ou à pied, pour une heure ou cinq, vous pouvez préparer votre excursion à leur rencontre à travers bois, chemins, routes et communes sur le site www.rando-landesde-gascogne.com À VOIR

Nouvelles venues cet été à la Forêt d’art contemporain : Ello Apollo de Marine Julié (Luxey) et Couleurs de Philippe Fangeaux (Le Barp).

La Forêt d’art contemporain

Écomusée de Marquèze, Sabres (40630)

www.laforetdartcontemporain.com

D. R.

LA FORÊT D’ART CONTEMPORAIN

En plein Béarn, le centre d’art image/itmage est entièrement dédié à la promotion et à la diffusion de l’image contemporaine dans son acception la plus large.

LOT-ET-GARONNE 47 Perchée sur une colline surplombant la vallée de la Lède, entre Agenais et Périgord, Monflanquin abrite l’association Pollen.

POLLEN

Appelé « la petite Toscane » par Stendhal, le département du Lot-et-Garonne foisonne de bourgades pleines de charme. Parmi elles : Monflanquin. Classée parmi les plus beaux villages de France, cette cité du Moyen Âge a gardé son plan caractéristique en damier et sa place aux arcades. Aux détours de ruelles étroites, on trouve la structure Pollen. Depuis 26 ans, cette pépinière créative accueille de jeunes plasticiens de toutes nationalités. Venus réaliser un projet spécifique, ou poursuivre leur pratique personnelle, ces artistes posent leurs valises durant trois mois. Durant leur séjour de résidence, ils vont aussi à la rencontre des habitants et d’un public éclectique. Expositions, rencontres, animations pédagogiques menées par la médiatrice, tout est fait pour que l’art contemporain ne soit plus cette chose étrange qu’on dévisage avec un œil inquiet. À VOIR « Terres fabuleuses », Sarah Maso, du mercredi 5 juillet au jeudi 31 août.

Entrée libre du lundi au vendredi de 9 h à 12 h et de 14 h à 17 h.

Pollen

25, rue Sainte-Marie, Monflanquin (47150)

www.pollen-monflanquin.com

IMAGE/IMATGE Qui sait ? Certains se souviennent peut-être encore des exploits de l’Élan béarnais sur le parquet mythique de la Moutète… Toutefois, si la ferveur sportive s’en est allée vers les lumières paloises, Orthez offre d’autres atours tout autant réjouissants. Ainsi image/imatge, ambitieux projet artistique, construit autour d’artistes utilisant l’image. Né au début des années 1980, porté par une association d’amateurs et de passionnés d’images fixes et mouvantes, image/imatge a indéniablement contribué au développement culturel de son territoire. La structure s’est professionnalisée la décennie suivante en missionnant, quelques mois par an, Dominique Piollet puis JeanMarc Lacabe à la direction artistique des Rencontres photographiques. Si ces dernières se sont arrêtées en 2003, les missions se sont recentrées sur un travail de fond et une présence annuelle de la création contemporaine à Orthez. À image/imatge, photographes certes, mais aussi plasticiens, vidéastes, adeptes de l’installation ou du multimédia interrogent, interpellent ou simplement abordent les images comme vecteur de création. Bien que la photographie ait depuis longtemps une place prépondérante, la structure se définit davantage comme un centre de l’image contemporaine que comme un centre dédié à la photographie. Son soutien à la création contemporaine passe par un travail mené avec les artistes, émergents ou reconnus, via la production d’œuvres et d’éditions ou parfois en les accueillant en résidence courte. À VOIR « Face à l’aura - une méditation photographique »,

jusqu’au samedi 16 septembre. Du mardi au samedi de 14 h à 18 h 30, le mercredi matin de 10 h à 12 h.

image/imatge - centre d’art 3, rue Billière, Orthez (64300)

www.image-imatge.org

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L’été 2017 en NOUVELLE-AQUITAINE


D. R.

Maud Faivre, Les_Villes Invisibles

D. R.

HAUTE-VIENNE 87

DEUX-SÈVRES 79

VIENNE 86

Les héritiers d’Ernest Pérochon, Prix Goncourt 1920, pouvaient-ils se douter que leur legs à la ville de Niort serait transformé en centre culturel photo ?

Ce n’est pas parce que le Confort Moderne est actuellement en travaux et que l’ensemble de ses espaces est fermé au public qu’il faut oublier ce trésor poitevin.

CACPLE CONFORT VILLA PÉROCHON MODERNE C’est en mars 2013 que le Centre d’art contemporain photographique (CACP) a ouvert dans l’ancienne maison de l’écrivain Ernest Pérochon (1885-1942). S’il existe en France plus d’une cinquantaine de centres d’art contemporain conventionnés par le Ministère de la Culture, seulement six sont spécialisés dans la photographie : le Jeu de Paume à Paris, le Point du Jour à Cherbourg (Manche), les centres de Lectoure (Gers), Douchy-les-Mines (Nord), Pontault-Combault (Seine-et-Marne) et la Villa Pérochon à Niort ; l’unique en Nouvelle-Aquitaine. Splendide demeure patrimoniale, à deux pas de la gare, en plein centre-ville, située en face du Musée Bernard d’Agesci, la Villa Pérochon est gérée par l’association Pour l’instant, organisatrice des Rencontres de la jeune photographie internationale, qui depuis 23 ans ont placé Niort dans le peloton de tête des manifestations de première envergure consacrée à l’image. Avec sa vaste galerie et son grand jardin clos, qui offre un magnifique espace d’exposition à ciel ouvert, le lieu est un incontournable. Considérant la photographie à la fois comme un médium de l’art contemporain et comme une pratique sociale, la Villa Pérochon a opéré un choix double : la promotion des jeunes artistes et une approche culturelle de la réalité, qu’elle soit sociale, environnementale ou tout autre. Parce que l’image occupe une place de tous les instants dans notre quotidien, cette place nécessite éducation et réflexion. À VOIR « Les villes invisibles, Maud Faivre », jusqu’au 21 octobre. Du mardi au samedi, de 13 h 30 à 18 h 30, sauf les jours fériés.

Villa Pérochon – Centre d’art contemporain photographique 64, rue Paul-François Proust, Niort (79000).

www.cacp-villaperochon.com

S’il est bien une friche artistique pionnière en France, gérée par la même association qui œuvre depuis le début des années 1980 dans le domaine des musiques actuelles et de l’art contemporain, alors le Confort Moderne n’a aucune leçon à recevoir. Dans ce lieu de création et de diffusion, on trouve : une salle de concerts, un club, deux espaces d’exposition, une fanzinothèque, un espace d’accueil, un disquaire, une boutique, un restaurant, un bar, des locaux de répétition, des ateliers, des espaces de résidence, des bureaux et même un jardin ! Et plutôt que de faire passé table rase, l’ancien entrepôt, réaménagé en 1985, fait l’objet d’une réhabilitation complète menée par l’architecte Nicole Concordet ; d’ailleurs, les plus hardis sont conviés à de régulières visites de chantier. Dans l’intervalle, jusqu’à la réouverture, les activités (concerts, expositions, ateliers) se poursuivent hors les murs et dans la Maison de Chantier construite pour l’occasion (ouverte en juin 2016). Ainsi, à la Fanzinothèque Moderne (158, Grand’Rue), espace éphémère, on retrouve outre la fanzinothèque, un espace d’exposition, un salon de lecture, un magasin de disques, une librairie et un atelier de sérigraphie. On trépigne d’impatience, en songeant non seulement au nouvel outil, mais aussi au retour, le printemps prochain, du fabuleux festival Less Playboy Is More Cowboy, explosif laboratoire d’échanges entre les milieux de la musique, de la scène, de l’exposition et de l’image. À VOIR less playboy is more cowboy,

du vendredi 22 au samedi 23 septembre, musée Sainte-Croix et planétarium du Lieu Multiple.

Le Confort Moderne

185, rue du Faubourg du Pont Neuf, Poitiers (86000).

À la frontière de la Creuse et de la Haute-Vienne, le centre d’art de Vassivière vous transporte dans un lieu magique.

CENTRE D’ART DE VASSIVIÈRE Les revues AD et Vanity Fair le rangeaient récemment dans son top 50 des lieux à voir au moins une fois dans sa vie ! Et il est vrai que ce Centre international d’art et du paysage vaut le détour ! On y accède à pied, en petit train (payant) ou plus insolite encore en bateau navette (gratuit). En famille, en duo ou en solo, ce cadre idyllique regorge de merveilles. Pour les amateurs de randonnées comme pour les flâneurs du dimanche, cette île située sur un lac gigantesque réunit une forêt, un parc, un château, un restaurant et un centre d’art contemporain. Le Bois de sculptures se parcourt jour et nuit tout au long de l’année. Pour motiver les réticents, on peut même s’essayer au parcours d’orientation, ou opter pour une chasse au trésor. Dans ce havre paisible, on peut grimper au sommet d’un phare et découvrir la Licorne Eiffel de Yona Friedman (une œuvre qu’on ne peut voir que de ce point de vue !). Là-bas, les vaches limousines broutent à côté d’un sous-marin, les rois de la planche à roulettes peuvent tourbillonner sur un skate-park fluorescent et les gourmets se ravitailler en produits du Limousin. Et pour parfaire votre expédition, n’oubliez pas d’aller jeter un œil au centre d’art ! À VOIR « Transhumance »,

jusqu’au dimanche 5 novembre, une exposition-parcours d’œuvres du centre national des arts plastiques au pays de Vassivière (Centre international d’art et en extérieur à Beaumont-du-Lac, Gentioux Pigerolles, La Villedieu, Nedde, Peyrat-le-Château et Saint-Amand-le-Petit). Avec les œuvres de Mona Hatoum, JeanMichel Othoniel, Yona Friedman, Dora Garcia, Felix Gonzalez-Torres, Marie-Ange Guilleminot, Dominique Petitgand, Roman Signer, etc. Ouverture : juillet et août, tous les jours de 11 h-13 h et 14 h-19 h.

Centre international d’art et du paysage Île de Vassivière Beaumont-du-Lac (87120).

www.ciapiledevassiviere.com

www.confort-moderne.fr

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PARC NATUREL RÉGIONAL

Situé sur les contreforts du Massif central, au cœur des hautes terres de la Montagne limousine, le parc naturel de Millevaches en Limousin déroule ses plus de 3 000 km2 entre les départements de la Corrèze, de la Creuse et de la Haute-Vienne. Deuxième PNR en territoire limousin, sa nature forte et préservée en fait une destination de choix.

LE PETIT CANADA

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il figure parmi les plus grands lacs limousins. Lieu de villégiature et de découvertes, ses plages de sable fin et ses ports de plaisance regorgent d’activités nautiques. Autre site notable, la tourbière du Longeroux, milieu biologique d’intérêt européen, situé à 900 m d’altitude sur les communes de Meymac, Saint-Merd-les-Oussines et Chavanac. Elle occupe une vaste dépression de 250 ha, où la multitude des sources et des ruisselets ont donné naissance à la Vézère. Par sa superficie, la diversité de sa flore et de sa faune et ses paysages insolites, c’est un des fleurons naturels du plateau de Millevaches. Deux sentiers permettent de découvrir ce milieu biologique, paradis des loutres. Forêt domaniale de 10 ha, les majestueux Douglas des Farges, plantés ou semés en 1895, occupaient jusqu’au début des années 1960 une surface plus importante qu’à l’heure actuelle. L’ONF a fait cesser la coupe et a racheté le terrain en 1962 et l’on peut jouir de la présence de ces géants de 50 m. Au pied du massif des Monédières, voici le vaste cirque de Freysselines. Taillé dans la roche granitique, frontière naturelle entre plateaux et montagne, c’est un véritable sanctuaire de la lande : bruyères, fougères, genêts, myrtilliers et framboisiers forment un cœur végétal d’une rare diversité. Mitoyenne entre la Corrèze et le Puy de Dôme, la vallée du Chavanon présente un véritable intérêt d’ordre paysager, géologique, écologique et botanique (flore exceptionnelle avec mélange d’espèces montagnardes et atlantiques). Son belvédère offre une vue sur les monts d’Auvergne voisins. Le parc naturel de Millevaches en Limousin, c’est aussi un patrimoine bâti et culturel remarquable : des constructions en pierre de taille souvent agrémentées de décors (symboles religieux ou simples motifs), des ponts, des moulins, des fontaines qui parsèment les paysages. Ces éléments

architecturaux sont l’histoire de la Montagne limousine ; pour chacun une anecdote pourrait être contée en occitan, la langue du pays qui elle-même est une part du patrimoine. L’agriculture et l’artisanat tiennent encore un rôle primordial dans l’économie du territoire et rythment la vie du plateau. L’élevage ovin et bovin (la fameuse race limousine) est l’activité principale, mais on observe également des productions maraîchères de plus en plus fréquentes malgré le climat parfois rude. Comme souvent, il existe plus d’une façon pour découvrir les paysages du plateau de Millevaches. À pied, en vélo, à cheval ou même en âne. De nombreux circuits de randonnées sont aménagés dans le parc naturel : du GR 440 et sa boucle de 185 km sur le plateau aux sentiers de découverte. Parmi ces derniers, la Rigole du diable, à Royère de Vassivière, où, selon la légende, le randonneur peut voir la trace du sabot de Belzébuth sur l’une des immenses pierres, et le Mas d’Artiges, où la Creuse prend sa source. Le long de ces 11 km, on aperçoit le tilleul de Sully (en référence au duc de Sully, ministre de Henri IV) ainsi que la ligne de partage des eaux séparant les bassins Adour-Garonne et Loire-Bretagne ; un cours de géographie in situ ! Parc naturel régional de Millevaches en Limousin Maison du Parc, 7, route d’Aubusson, Millevaches (19290).

www.pnr-millevaches.fr

© CRT-Limousin - Jean-Luc Kokel

Quelques chiffres en préambule ? Le parc naturel de Millevaches en Limousin couvre 314 000 ha, oscille entre 400 et 1 000 m d’altitude et possède 14 sites labellisés Natura 2000. Il est composé de 7 ensembles paysagers : la vallée de la Vienne, le mont Gargan, le massif des Monédières, les sources (celles de la Vienne, du Taurion, de la Vézère et de la Dordogne, mais aussi la tourbière du Longeroux, la plus grande du Limousin, à 15 km au nord-ouest de Meymac, exceptionnel réservoir de biodiversité), le haut plateau creusois de La Courtine, la vallée de Haute-Corrèze avec le point culminant du parc, le mont Bessou à 976 m, et le plateau d’Eygurande. Voilà qui donne toute sa (dé)mesure. Le territoire tire sa richesse d’un environnement naturel diversifié : des sols granitiques aux milieux tourbeux, des petits ruisseaux aux grandes rivières — d’ailleurs, l’eau, sous forme de lacs et de sources, y est omniprésente, donnant même son nom au parc, celui des « mille sources » dérivé du celte mille vacuas —, des prairies aux forêts. La faune y est remarquable : chat forestier, truite fario, papillons rares, moules perlières, azuré des mouillères, linotte, circaète Jeanle-Blanc, lézard vivipare ou encore la loutre d’Europe, choisie comme emblème du parc. C’est aussi une étape appréciée par les oiseaux migrateurs. On y recense 12 espèces, dont la pie-grièche écorcheur, l’engoulevent d’Europe, l’alouette lulu, la grue cendrée. La flore, elle, offre une grande diversité : landes à bruyères, sphaignes ou drosera n’en sont que quelques exemples. En forêt, feuillus et sapins offrent encore une hétérogénéité des paysages. L’automne venu, cèpes et autres girolles viennent agrémenter de leurs parfums les plats régionaux. Parmi les endroits à découvrir, le lac de Vassivière. D’une superficie de 1 000 ha,


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© Musée national - Adrien Dubouché

© Musée national - Adrien Dubouché

© Musée national - Adrien Dubouché

CITÉ DE LA CÉRAMIQUE

Céramiques et porcelaines invitent à l’expérience émerveillée de l’histoire des civilisations, de la culture des techniques et des savoir-faire artisanaux et industriels, des innovations contemporaines, des formes utilitaires et des courants artistiques.

LE KAOLIN ET LE MONDE C’est à l’aventure de la céramique que nous convie le musée Adrien Dubouché, avec 16 000 pièces de l’Antiquité à nos jours, et la production porcelainière de Limoges en toile de fond. L’appellation « porcelaine de Limoges »1 a fait de Limoges une des villes françaises les plus connues au monde. Grâce à la découverte du kaolin à Saint-Yrieix-la-Perche, en 1768, question porcelaine blanche, la France et l’Europe pouvaient enfin rivaliser avec la Chine et l’Orient. L’acquisition du gisement par le roi de France en 1769 contribuera à la notoriété d’une fabrication qui couvrira des tables prestigieuses. Après la Révolution, les manufactures se développent et la porcelaine blanche de Limoges est largement diffusée. C’est donc à l’évidence que le premier musée de Limoges, fondé en 1845, se spécialise dans la céramique grâce à l’engagement d’Adrien Dubouché. Directeur du musée de 1865 à 1881, il se consacre à son développement en exposant des collections et en fondant une école des arts décoratifs pour former des artistes pour une industrie porcelainière en pleine expansion. Les deux établissements nationalisés en 1881 s’installent en 1900 dans deux bâtiments mitoyens2 toujours présents. En 1994, l’école nationale des arts décoratifs de Limoges rejoint le campus3. Depuis 2012, rénovation et agrandissement4 du musée réunissent les deux bâtiments conservés dans leur caractère initial, grâce à une nouvelle entrée et un espace d’accueil lumineux. À côté des premières vitrines simples et fonctionnelles des salles historiques, la scénographie5 en crée de nouvelles dans les secteurs contemporains. La signalétique6

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appuyée par une typographie en porcelaine accrochée sur des supports métalliques impose sa présence avec élégance. Une didactique chronologique et thématique accompagne le visiteur. La « mezzanine des techniques », à la jonction des bâtiments, ouvre et ferme la marche. Outils, échantillons de matériaux, maquettes de fours, machines à broyer, presser, filtrer, calibrer, illustrations, émaux, application de motifs, tables de travail, donnent une représentation des techniques d’extraction et de traitement des matières premières, de la préparation des pâtes et des fabrications. La variété du matériau, de la terre cuite à la faïence, du grès à la porcelaine jusqu’aux céramiques techniques, démontre la complexité d’une production et de ses champs d’application, parfois à des fins utiles plus que décoratives. La « galerie historique » transporte le visiteur de l’Antiquité au xviiie siècle. Fonds d’archéologie locale et pièces ethnographiques antiques et majoliques ont un but encyclopédique. La porcelaine de Chine occupe une place majeure. Les liens entre Orient et Occident sont activés à travers les porcelaines Ming ou les céramiques d’Iznik, les Kakiémon japonaises, les porcelaines de Chantilly ou de SaintPorchaire. Ce qui replace les manufactures de Limoges dans un large contexte. Les « céramiques du xixe siècle », dans le second bâtiment, racontent l’histoire des courants artistiques et des rivalités industrielles. Impressionnisme, orientalisme, japonisme, art nouveau sont présents dans des vitrines dont le verso permet un zoom sur une production particulière. Ce parti pris scénographique donne au visiteur une

approche plus scientifique des objets. Se dégage peu à peu la place qu’occupent les artistes face à ce médium, et l’affirmation des céramistes « indépendants » comme en témoigne la collection de grès des artistes de la Borne. La fin du parcours est dédiée à la porcelaine de Limoges. Des conques blanches servent d’écrin pour retracer son histoire. Premières manufactures et apogée industrielle, prouesses techniques et choix artistiques, mutations économiques, évolutions des techniques, créations contemporaines sont portées à la connaissance du spectateur à travers un florilège de services de table ou de pièces uniques qui font état d’une actualité renouvelée de cette production. Fin du parcours. Le visiteur reste le plus souvent pantois devant la variété des formes, le raffinement des motifs et la virtuosité des mises en œuvre. Pris d’une curiosité fébrile, il aspire à revenir. À Limoges, il a vu le monde. Jeanne Quéheillard 1. Par décision du tribunal de commerce de Limoges parue en 1962, l’appellation « de Limoges » ne s’applique qu’aux porcelaines fabriquées et décorées dans la préfecture de la Haute-Vienne. 2. Pierre-Henri Mayeux, architecte. 3. Bâtiment conçu par l’agence LAB.F.AC (architectes Nicolas Michelin et Finn Geipel). 4. Boris Podrecca, architecte. 5. Zette Cazalas, architecte-scénographe. 6. Conception Atelier graphique ter Bekke & Behage, fabrication Merigous.

Musée national Adrien Dubouché Cité de la céramique – Sèvres & Limoges

Le musée est ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 10 h à 12 h 30 et de 14 h à 17 h 45. 8bis, place Winston-Churchill, Limoges (87000).

www.musee-adriendubouche.fr


CITÉ DE LA TAPISSERIE

Nef, Salon xviiie ©Éric Roger © Cité Internationale de la Tapisserie

© Cité Internationale de la Tapisserie

Au cœur du Sud creusois, la Cité internationale de la tapisserie Aubusson vous invite à un voyage fantastique à travers six siècles de création.

LES RICHES HEURES DES TISSERANDS Son excellence et son savoir-faire sont reconnus mondialement. En 2009, l’UNESCO inscrivait la tapisserie d’Aubusson sur la liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Sous l’impulsion de ce label s’initiait alors le projet d’une Cité internationale. Elle voyait le jour sept ans plus tard, en juillet 2016, au sein de l’ancienne École nationale d’art décoratif. Derrière son immense façade qui rappelle la trame multicolore du métier à tisser, un espace entièrement réhabilité de 5 000 m2 se déploie. Plus qu’un musée, ce complexe culturel abrite une plateforme de création contemporaine et d’innovation, un centre de formation dispensant un brevet des métiers d’art « Art de la lisse », une pépinière art textile / art tissé, le premier centre de ressources sur la tapisserie en Europe sans oublier un vaste espace d’exposition de 1 200 m2. Ce dernier dessine un parcours immersif et interactif dans l’univers tissé. Les tapisseries du monde et leurs techniques sont à l’honneur de la première section. Ce préambule déroule un périple à travers différentes expressions textiles issues de collections prestigieuses. Une bonne occasion de peaufiner son lexique composé de tapisseries murales, tapis de haute-lisse, broderie sarrasine, tapisserie à l’aiguille, moquette mécanique,… avant de se plonger dans le quotidien de la communauté professionnelle de la tapisserie d’Aubusson qui œuvre depuis plusieurs siècles. Vient le chapitre phare de ce parcours

permanent. Il se prénomme la Nef des tentures. Conçue comme un véritable spectacle grâce à des décors en trompel’œil, la scénographie modulable permet de prendre conscience des grandeurs comme aussi du lien étroit qu’entretient cet art avec l’architecture. Dans cet espace régulièrement renouvelé de 600 m2 et de 7 m de hauteur, on peut contempler la très rare pièce intitulée Mille fleurs à la licorne suivie par une kyrielle d’autres. Parmi elles, Les Chasses princières mises en regard avec une gravure de Stradanus (1523-1605) dont elles tirent l’une des scènes, des prêts exceptionnels, des nouvelles acquisitions, des œuvres récemment restaurées et aussi des pièces du fonds d’Aubusson à l’instar de cette création baptisée Les dés sont jetés et signée Le Corbusier. Du xviie siècle jusqu’à nos jours, cette galerie parcourt six siècles de créations et se conclut avec des artistes tels que Jean Arp, Alexandre Calder, André Bloc, Victor Vasarely. Ces peintres, sculpteurs et architectes se sont aussi frottés à ce médium merveilleux en créant des maquettes de tapisseries destinées à être tissées à Aubusson. Témoins de cette contemporanéité immuable et d’un intérêt toujours renouvelé pour ce savoir-faire ancestral, ces enfantements se perpétuent encore aujourd’hui comme l’illustre le dernier volet dédié à la création contemporaine. Les œuvres présentées sont notamment issues des appels à projets lancés chaque année depuis 2010 dans le cadre du Fonds

régional pour la création de tapisseries contemporaines. Cet été, cet espace célébrera « Aubusson tisse Tolkien ». Réalisé en partenariat avec le Tolkien Estate, le projet inédit vise la réalisation d’une série exclusive de treize tapisseries et d’un tapis inspirés de l’œuvre graphique du Seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien (1892-1973). La première étape de cette entreprise au long cours (elle se conclura dans quatre ans) se dévoile cet été avec l’exposition du making-off. Pour la création contemporaine, il faudra pousser sa route un peu plus loin pour l’exposition hors les murs qui se tiendra dans les salles du Centre culturel et artistique JeanLurçat à Aubusson. Pour la première fois, l’ensemble des pièces du fonds contemporain sera de sortie avec notamment Leo Chiachio et Daniel Giannone, Nicolas Buffe, Benjamin Hochart, Olivier Nottellet, Cécile Le Talec, Marc Bauer, Mathieu Mercier et Pascal Haudressy. Anna Maisonneuve Cité internationale de la tapisserie Juillet et août : 10 h-18 h, tous les jours sauf le mardi, 14 h-18 h. Septembre à juin : 9 h 30 et 14 h-18 h, sauf le mardi. Rue des Arts, Aubusson (23200).

www.cite-tapisserie.fr

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PARC NATUREL RÉGIONAL

Aux marches du Massif central et tourné au sud vers la douceur Aquitaine, le parc naturel régional PérigordLimousin enjambe la Dordogne et la Haute-Vienne. À l’ouest de Limoges, il offre un territoire préservé, aux dimensions humaines et au riche patrimoine.

CHABATZ

D’ENTRAR !

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industriel. Les nombreuses vallées du Périgord-Limousin ont favorisé une économie liée à l’énergie hydraulique et des centaines de moulins et forges ont animé les cours d’eau jusqu’à la fin du xixe siècle. Églises et chapelles (le Périgord-Limousin possède un remarquable ensemble d’églises romanes) forment également des trésors d’architecture sur les chemins du parc. Façonnée autant par le mode de vie et les activités économiques que par la géologie, l’architecture rurale se marie harmonieusement au paysage. Quelle que soit l’époque de construction, cette unité tient à l’implantation du bâti en fonction de la topographie et à l’emploi de matériaux locaux, simples, tels que la pierre, le bois et la terre. Plusieurs ambiances paysagères et patrimoniales coexistent en PérigordLimousin. La richesse géologique du territoire se dévoile dans les constructions de granit, calcaire, schiste. Annexes de la maison du PérigordLimousin ou créées çà et là pour les besoins de l’activité, les humbles « architectures-outils » remémorent l’économie d’autrefois. Parmi elles, les clédiers (séchoirs à châtaignes), utilisés par les habitants du PérigordLimousin pour faire sécher les récoltes et ainsi les conserver et les consommer tout l’hiver. Croix, fontaines, murets de pierres sèches ponctuent également l’espace, les terres agricoles et les croisées de chemins du Périgord-Limousin. C’est dans ce patrimoine vernaculaire que s’inscrit et se perpétue l’identité du territoire. Les pratiques cultuelles liées à l’eau, notamment le culte des « bonnes fontaines », forment une des fortes particularités du territoire. Pour une meilleure appréhension, le parc naturel régional Périgord-Limousin peut être « découpé » en quatre zones. Le Bocage limousin, joyeux paysage où domine le vert. L’eau est ici reine. De nombreux prés et pâturages, à l’indéniable intérêt écologique, accueillent la célèbre race bovine limousine qui enchante le bocage

avec sa robe aux couleurs chaleureuses. Deux grands massifs composent le bocage : le massif de Cognac-la-Forêt et la forêt de Rochechouart. Le Massif des Feuillardiers, qui, entre prairies, taillis de châtaigniers, rivières et étangs, abrite le point culminant du parc : Le Puyconnieux à Dournazac. Les plateaux jumilhacois et les vallées de l’Isle. Cette entité s’organise en vastes plateaux et vallées étroites offrant une variété remarquable de milieux. Au bord des rivières, les prairies humides lovées dans les fonds de vallées accueillent une grande richesse du patrimoine naturel du parc, dont le cincle plongeur qui saura satisfaire les observateurs les plus patients. C’est aussi ici, sur la commune de La Coquille, que le parc a élu domicile, près de l’étang de la Barde. Attraction indéniable : Jumilhac-le-Grand et son majestueux château, où l’on peut découvrir toute une activité liée à l’orpaillage ! Les vallées périgourdines, dont les nombreuses pelouses calcaires offrent, le printemps venu, le spectacle des orchidées (plus d’une trentaine d’espèces recensées) ainsi que d’autres plantes moins spectaculaires mais très rares. La coexistence de milieux très humides, comme les rivières et les prairies qui les bordent, et de milieux très secs, pelouses et plateaux calcaires, favorise dans ce terroir une diversité faunistique, floristique et paysagère exceptionnelle. Enfin, la villeporte de Brantôme, autrement appelée « la Venise du Périgord », est la fierté de cette partie du parc avec son abbaye, son clocher et son curieux pont coudé sur la Dronne. Parc naturel régional Périgord-Limousin Maison du Parc, La Barde, La Coquille (24450).

www.pnr-perigord-limousin.fr © CRT-Limousin - Malika Turin

Avec Angoulême à l’ouest, Limoges au nordest et Périgueux au sud, le parc naturel régional Périgord-Limousin est à cheval sur deux régions naturelles : la Haute-Vienne, au nord, dans le Limousin, située en totalité dans le Massif central ; et la Dordogne, au sud, correspondant approximativement à la région naturelle du Périgord, en Aquitaine. Forêts de châtaigniers (l’arbre devenu emblème du parc), rivières aux eaux vives, bocage limousin, vallées périgourdines (couvrant le Haut Périgord et une partie de l’est du Périgord Vert), plateaux calcaires parsemés d’orchidées au printemps, il offre une mosaïque de paysages surprenants où se développent une faune (16 espèces de chauve-souris, 110 espèces d’oiseaux et des visons d’Europe) et une flore variées et abondantes comme les landes à bruyère, notamment la bruyère ciliée. Au titre des nombreuses découvertes : circuits de randonnée, orpaillage, châteaux poétiques, forteresse de troubadour comme le château de Lastour avec ses nombreuses fêtes médiévales, moulins à huile ou encore le célèbre cratère géant laissé par une météorite de 1 500 m, il y a 200 millions d’années, l’astroblème de RochechouartChassenon, surnommé la « météorite de Rochechouart ». Terre de tradition aux savoir-faire originaux (couteau de Nontron, gants de cuir à SaintJunien, porcelaine à Aixe-sur-Vienne, artisanat et vannerie du châtaignier...), le parc naturel régional Périgord-Limousin est également un lieu de fête et de convivialité (carnaval des Soufflets, fêtes du cèpe, du bois, de la châtaigne, festival de bandas, fête Legend Air). Musées, églises et châteaux (citons, au cœur des monts de Châlus, le bourg des Cars qui abrite les vestiges d’un fastueux château du xvie siècle, bâti par la famille Pérusse des Cars, importante lignée de seigneurs limousins) ainsi que la route Richard Cœur de Lion témoignent d’une histoire riche et parfois mouvementée tout autant que les vestiges d’un très grand patrimoine


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SONO GASTRONOMIE TONNE

EXTENSION DE

ALOSE

Sa pêche a été de nouveau autorisée et régularisée en 2016 dans la Garonne, la Dordogne, l’Isle et la Dronne où elle était interdite depuis 2013 pour des raisons sanitaires. L’alose se mange à la bordelaise (sauce au vin), farcie à l’oseille ou grillée. Inconvénient : beaucoup d’arêtes. Avantage : vous en mangez une fois dans l’année et vous passez l’hiver sans rhume et sans carte vitale. Cette grosse sardine, si riche en oméga trois, formule ô combien magique de la nourriture santé, devrait faire la une des magazines féminins plus souvent.

BRÉJAUDE

Les habitants du Limousin se demandent aujourd’hui comment cette soupe de légumes où la rave est indispensable et la carotte déconseillée a pu se voir attribuer le statut d’« immangeable » en deux générations. C’est une soupe à la graisse, certes, mais l’hiver on trouve aisément l’occasion de la brûler. En ville aussi d’ailleurs où les gens courent par tous les temps. Très rare au restaurant, la bréjaude… Surtout pour la Saint-Valentin. Il faut dire qu’il y a de la couenne. De la quoi ? De la couenne. Allez, vous me ferez un semimarathon fluorescent !

CACAHUÈTE

Le « cacao de la terre », d’origine mexicaine, se cultive dans les Landes, seul endroit d’Europe assez sablonneux pour ce faire. C’est à Soustons que la cacahuète se récolte en mai et c’est partout et toute l’année qu’elle se picore.

CAGOUILLES

Les escargots, ou petits-gris, aussi rapides soient-ils, sont traditionnellement capturés après les orages. Les guetteurs les plus fervents se trouvent en Saintonge, Aunis et Poitou et s’appellent eux-mêmes les

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cagouillards et sans le moindre complexe. L’élevage de ce mollusque nomade qui ignore la marche arrière est intensif en Charente. On l’ébouillante ou le fait griller ou le braise, on le persille et on le suce sans faim. À SaintSauveur-d’Aunis, une confrérie les fête chaque premier week-end de septembre. Le bobard à ne pas croire : la cagouille se bonifierait au contact de la terre imprégnée de cognac ! C’est bien connu, les maisons de cognac versent leur précieux spirit au bord des fossés pour parfumer les escargots…

CONFIT

Oie, canard, poule. La grande gloire du Périgord, des Landes et du sud du Lotet-Garonne. Une merveille antique qui se conserve à volonté et se sert avec des pommes de terre persillées idéalement agrémentées de cèpes à la saison. Une raison pour planifier l’annexion du département du Gers.

COUILLES DE MOUTON

Dans certaines régions on appelle cela les animelles, les amourettes, les frivolités. À Limoges, on dit couilles de mouton et en langue d’oc, colhas de motou. Faire dégorger à l’eau froide vinaigrée, blanchir à l’eau bouillante salée, couper en fines lamelles et faire sauter. Un twist de citron, une persillade, et voilà. Un régal pour la Frairie des petits ventres, fête qui égaye le quartier de la Boucherie à Limoges le troisième vendredi d’octobre.

CROUSTADE

Il s’agit d’un croustillant aux pommes ou aux pruneaux des confins de l’Occitanie, arrosé d’armagnac, d’une légèreté à peine croyable. Les successions de couches de pâte (feuilletée) doivent être si fines que

les ateliers ad hoc ressemblent à des sécheries de linge. Les restaurants n’en font plus sinon avec une pâte industrielle que ce dessert des desserts ne mérite pas. Quelques pâtissiers et pâtissières insistent pour garder et passer la main. God bless them.

ENTRECÔTE ET CONFUSION

Bordelaise. Ou à la bordelaise. Deux choses différentes trop souvent confondues. Les cartes des restaurants se trompent une fois sur deux. L’entrecôte bordelaise est accompagnée d’une sauce au vin montée au beurre, longue et sophistiquée qui fut inventée à Paris et que l’on appelle aussi parfois « entrecôte Bercy ». L’entrecôte à la bordelaise est plutôt coupée épaisse et une fois grillée aux sarments de vigne, recouverte d’un hachis d’échalotes, de persil et de moelle. Ce délice fut inventé dans les chais du Médoc pendant les vendanges. Nul ne sait au juste quand.

ESCAUTON

Cette bouillie de maïs landaise est l’antinouilles-minute par excellence. En voie de disparition, et pour cause : nul n’a plus de telles grands-mères. Elles faisaient bouillir de l’eau, du sel, de l’huile ou de la graisse de canard, versaient en pluie de la farine de maïs et touillaient l’ensemble pendant une heure et demie sans interruption. C’était leur yoga, éviter les grumeaux. Si vous arrivez intact à la fin du processus (c’est du Jules Verne, la lave jaune bout et vous explose à la figure, il faut utiliser une longue spatule, une armure, des lunettes de soudeur), versez le tout dans un moule et attendez que ça refroidisse. C’est bon et végétarien.

Confit - D. R.

Cagouilles - D. R.

Bréjaude - D. R.

Alose - D. R.

QUI SE MANGE

Cacahuétes - D. R.

L’EXCENTRICITÉ

De la frontière espagnole aux confins de la Touraine, du Berry, de l’Auvergne et de l’Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine ne manque pas de mets bizarres, dangereux, rares et… végétariens


Farci - D. R. Lièvre à la royale - D. R.

Le farci justifie l’avènement de la NouvelleAquitaine. Le farci peut être le meilleur plat végétarien qui soit ou d’une fadeur impossible. Enrobé de chou, le farci est poitevin ou limousin. Dans les deux cas, il peut abriter quelques dés de lard et abandonner son statut d’icône inconnue du végétarisme. Sinon, il est charentais avec épinards, chou, blettes, oignons, oseille, salade, persil, poireaux. Amalgamé, se mange froid. Ennemi du mou s’abstenir. Manger avec des radis pour croquer dans quelque chose.

FARCIDURE

Ou poule sans os ou poule seize ou colombette ou mounassou ou chien d’Égletons. L’onomastique du plat préféré de François Hollande1 est comme on le voit sujette à de fortes variations, du Quercy aux bords de la Dordogne. Certains l’appellent même du côté des Deux-Sèvres la farcitude. Il s’agit d’un mélange de blancs de poireaux, blettes, persil et oignons hachés avec des pommes de terre râpées genre pommes Darphin. Après assaisonnement, l’ensemble amalgamé est grillé ou poêlé.

GÂTEAU AUX CHÂTAIGNES

Les châtaignes se cueillent dans toute la région ou presque avec mention pour le Limousin, le Périgord et le Pays basque. La castagne est donc un dénominateur commun. Avec elle, et depuis très longtemps, on fait de la farine, du pain, des soupes, des veloutés, des gâteaux et des cochons. Penchons-nous sur le gâteau justement et particulièrement sur celui qui figure dans Les Plats qui font péter2. L’auteur supplée la châtaigne par le marron

Piment - D. R.

Escauton - D. R.

Croustade - D. R.

FARCI

mais restons amicaux avec nos invités. 500 g de fruit, 125 de chocolat, 120 de beurre, 15 de sucre en poudre, 100 de sucre glace, 2 pincées de cannelle moulue. Surtout ne pas oublier : servir froid.

LAMPROIE

Elle est « à la bordelaise » ou pas du tout. On la trouve dans l’estuaire de la Gironde entre janvier et mai. On la cuisine avec du vin rouge et des poireaux. Certains l’aiment cuite dans du blanc doux. Ni chair, ni poisson, la lamproie est tout simplement un parasite. Il vaut mieux ne pas chercher à savoir à quoi elle ressemble. La préparation est longue, salissante et requiert la capacité annuelle à se transformer en poissonnier-charcutier. Une fois en boîte, la lamproie se bonifie comme un vin de garde. Réussi, ce plat est le meilleur des salmis, des matelotes, des civets, on ne sait plus trop. Elle rend les Girondins fous depuis l’Antiquité.

LIÈVRE À LA ROYALE

Autre bel exemple d’endurance que ce lièvre qui gambade de table en table et de recette en recette un peu partout de Chambord à Lascaux depuis la Renaissance. Les chefs sont rares à se lancer dans la course tant c’est long et compliqué. Il peut être servi comme un brouet qui se mange à la cuillère (la recette du sénateur Couteaux) ou en roulade, ou galantine, recette encore plus sophistiquée qui comprend du foie gras. Certains se sont amusés à reconstituer la forme du lièvre aux aguets avec cette dernière préparation. Dans tous les cas, il faut compter deux jours de travail minimum, laps de temps entrecoupé de plages de repos rongées par l’anxiété. Le royal lièvre demande tellement d’ingrédients, de soins et d’investissement que le rater est un

drame dont on ne se remet qu’avec peine si on s’en remet un jour. Si vous n’avez pas trois bouteilles du même bon vin rouge, une pour aller dans, l’autre pour aller et la troisième pour vous consoler en cas d’échec, ce n’est même pas la peine. Une des gloires de la cuisine poitevine et plus généralement française.

MIQUE

Cette boule de pâte à pain (farine de froment, œuf, lait, matière grasse et levure) se cuit doucement dans un bouillon approprié. Originaire de Corrèze, elle vient du MoyenÂge et a fait florès dans le Quercy, le Limousin, le Sarladais. Cette mie cuite ne doit pas l’être à moitié. Partagée, elle ne s’appelle pas la mimique et n’a rien à voir avec l’expression « soupe à la grimace ».

OMELETTE DE PETITS POISSONS D’EAU DOUCE

Cela se mange dans la Vienne. On peut utiliser le vairon, le gardon, le goujon, l’ablette et autres petits poissons. Plus le poisson est petit, moins le plat sera étrange pour les néophytes. Faire frire les poissons des deux côtés et verser les œufs qui seront battus au dernier moment. Une menace de punition efficace pour les enfants difficiles, un petit déjeuner pour les pêcheurs des bords de la Dive.

PIMENT

D’Espelette. Cette fierté du Pays basque est très parfumée mais pas très forte. Elle titre 4/10 sur l’échelle de Scoville, comme un poivre tout bête. Le piment d’Espelette colore légèrement les plats et, avant d’être moulu, sert parfois d’élément de décoration dans les cuisines. Nul piment au monde n’a inspiré plus de carte postale. L’été 2017 en NOUVELLE-AQUITAINE

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Pouce-pied - D. R.

Tarte aux noix - D. R.

Safran - D. R.

Truffes - D. R.

SONO GASTRONOMIE TONNE

Si on a de la chance, on en voit parfois sur la Côte basque. On l’appelle aussi percebes de l’autre côté. C’est le nec plus ultra de l’expérience océanique. Ce planctophage est fragile et de plus en plus rare. On peut aussi se contenter de le regarder sur les rochers battus par les eaux du golfe de Gascogne. Taras Grescoe, auteur du Pique-nique du diable3, en donne une description graphique : « on dirait des phallus d’extraterrestres d’un minable porno de science-fiction ». Il faut goûter (cru) une fois. Et puis basta.

PRUNEAUX À L’ARMAGNAC

Ce dessert qui se déguste après le café peut empêcher de prendre la route mais ne jamais oublier le trésor diététique qu’est le pruneau. Délaissés, les fruits confits dans l’alcool sont une alternative au gros gâteau. En Charente, on met les abricots, les griottes et même les clémentines à macérer dans du cognac. Faire gonfler les pruneaux une nuit dans le thé de votre choix. Les mettre dans un bocal avec 2/3 d’alcool et un 1/3 de sirop de canne. Un peu de vanille. À redécouvrir les jours de fêtes.

ROGNONS DE PONT-L’ABBÉD’ARNOULT

Un haricot de Charente-Maritime. L’empereur des haricots. À côté du rognon de Pontl’Abbé-d’Arnoult, le fayot se barre, le lingot est démonétisé, le coco voit rouge, le michelet

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L’été 2017 en NOUVELLE-AQUITAINE

Sanguette - D. R.

POUCEPIED

est renvoyé aux livres d’Histoire ; quant au tarbais, le fameux tarbais, le cher tarbais, le très cher tarbais, il fait demi-tour. Le rognon de Pont-l’Abbé-d’Arnoult est au cassoulet, cette célèbre spécialité bordelaise4, ce que Spirit of Ecstasy est à l’industrie automobile.

SAFRAN

Le point commun entre l’Iran, le Cachemire et le Périgord noir. Ici tout est excentrique. La couleur mauve de la fleur, celle rouge foncée des stigmates qui donnent le précieux filament, le prix cent fois plus élevé que celui de la truffe (il faut 200 000 fleurs pour donner un kilo de filaments) et les arnaques industrielles qui s’ensuivent. Doit s’acheter en filament sinon autant utiliser un colorant qui sera moins cher. Donne des champs sublimes à voir.

SANGUETTE

Ou sanquette. La sanguette ne peut se manger qu’après avoir saigné un canard (ou poulet) à domicile. On recueille le sang, le mélange à un hachis d’oignons, d’échalotes, d’ail, de persil et on verse le tout bien assaisonné sur une tranche de gros pain préalablement frotté à l’ail. On attend quelques minutes et on fait cuire les tranches sur les deux faces. Vous déglacez la poêle au vinaigre (oui, balsamique, si vous voulez), vous versez sur le pâté de sang et faites le selfie qui vous fera perdre vos amis de Facebook. En Guyenne et Gascogne, on fait cuire cet appareil comme une omelette noire que l’on poivre puissamment. Le comte Dracula, dit-on, détestait ce plat qu’il trouvait trop cuit. D’une richesse nutritionnelle inestimable.

TARTE AUX NOIX

Un mystère que cet irrésistible étouffechrétien. Comment se fait-il que les Périgourdins et les Corréziens osent le servir à la fin d’un menu où figurent foie gras, omelette aux truffes, confit de canard aux pommes sarladaises, plateau de fromages ? Et comment se fait-il que pas une bouchée de ce délicieux gâteau ne reste dans l’assiette quand le café fume sur la table ?

TRUFFE

« Méfie-toi d’une jeune fille qui n’aime ni le vin, ni la truffe, ni le fromage, ni la musique. » Colette.

TXORO

Une soupe de poissons basque qui ridiculise la bouillabaisse marseillaise ? Plus modestement, le txoro est la version océanique d’un exquis plat méditerranéen. Exit les poissons de roches. Bienvenue grondin, congre, merlu, langoustines, moules, lotte, vives, un peu de fenouil. Jamais de poissons gras et surtout jamais de saumon. Jamais ! Tout est dans le bouillon et dans la cuisson. Son élaboration prend une demijournée et bien sûr les recettes varient hectomètre par hectomètre d’Anglet à Hendaye. Pour la rouille, indispensable sur du pain toasté, ne pas hésiter à faire preuve d’imagination avec œufs durs, anchois, etc., à votre goût ! Joël Raffier 1. La Cuisine de la République, Françoise Branget, Le cherche midi, 2011. 2. Les Plats qui font péter, 36 recettes propres à incommoder vos ennemis et à éloigner les fâcheux, Patrice Caumon, Éditions de l’Épure. 3. Éditions Noir sur Blanc 4. Dixit un personnage de Voyage au bout de la Nuit par L.-F. Céline.



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