Supplément "Nous allons vous raconter l'eau"

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RC B 403 289 580 // crédit photo : Getty images // www.inoxia.com // Sept. 2014

supplément Junkpage


Introduction En tant qu’auteur, j’avais raconté pour le magazine Junkpage une promenade sur le thème des châteaux d’eau… Ce texte a donné l’idée à la Communauté urbaine de Bordeaux et à ses opérateurs des services d’eau potable et d’assainissement collectif, Lyonnaise des Eaux et la Sgac, de m’inviter à présenter les 12 sites ouverts pendant les Journées du Patrimoine qui se déroulent les 20 et 21 septembre. L’eau symbolise souvent une image de parfaite simplicité, comme s’il était possible de s’en suffire pour vivre : ne dit-on pas, que l’on pourrait se contenter « d’amour et d’eau fraîche » ? Ce qui surprend d’abord, quand on pénètre ces lieux dédiés au cycle de l’eau domestique et habituellement fermés au public pour la majorité d’entre eux, c’est cet incroyable décalage entre l’habitude si évidente de trouver de l’eau à nos robinets et la complexité du chemin qu’elle parcourt, de sa source à son retour au milieu naturel. Un chemin ultracontrôlé qui met en jeu à chaque étape l’intelligence de l’homme. Le patrimoine industriel et naturel lié à l’eau n’est pas seulement ancien : les bâtiments et leurs environs se construisent et se modifient avec l’évolution des connaissances et des besoins. Et, au-delà surtout de leurs fonctions techniques et du haut niveau d’ingénierie, chacun d’eux possède son étrangeté, sa fantaisie et son histoire. À l’occasion des Journées du Patrimoine, vous rencontrerez certains de ceux qui travaillent sur ces sites. Passionnés par « l’eau » et fiers d’être l’un des rouages de ce cycle vital, ils font des guides parfaits pour ces deux journées d’ouverture exceptionnelle.

Sophie Poirier auteure et chroniqueuse pour JUNKPAGE journaljunkpage.tumblr.com 2

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Le télécontrôle Ausone Bordeaux Visite : 1 h Le réservoir Paulin Bordeaux Visite : 30 min (couplée avec la visite du télécontrôle Ausone) La Maison de l’Eau Bordeaux (Espace pédagogique) Visite : 1 h 15 Le champ captant du Thil Saint-Médard-en-Jalles Visite : 1 h L’usine de potabilisation de Gamarde Saint-Médard-en-Jalles Visite : 1 h (couplée avec la visite du champ captant du Thil) Les sources de Fontbanne, l’usine de potabilisation Budos Visite : 1 h 15 L’usine de potabilisation du Béquet Villenave-d’Ornon Visite : 1 h L’espace pédagogique de la station d’épuration Louis Fargue Bordeaux Visite : 1 h 30 La station d’épuration Clos de Hilde Bègles Visite : 1 h 30 Le télécontrôle Ramsès Bordeaux Visite : 1 h 30 Le bassin de la Grenouillère Bordeaux Visite : 1 h 15 Le bassin de retenue des eaux pluviales Dinassac Blanquefort Visite : 2 h


12 sites pour mieux comprendre les services d'’eau potable et d’'assainissement collectif de la Cub

Ambès

Saint-Vincentde-Paul Saint-LouisParempuyre de-Montferrand Ambarèset-Lagrave Blanquefort

marde

Saint-Aubin-de-Médoc

p

4 5

Saint-Médard-en-Jalles Eysines Le Haillan

quet

on

Hilde

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Le Taillan-Médoc

Martignas-sur-Jalle Mérignac

Pessac

11 8

Bruges Le Bouscat

Gradignan

CarbonBlanc

Lormont Artiguesprès-Bordeaux Cenon

3 Bordeaux10 2 1 Talence

Bassens

Floirac Bouliac Bègles

9 Villenave- 7 d'Ornon

Supplément du journal JUNKPAGE, septembre 2014. Publication d’Évidence Éditions – 791 986 797, RCS Bordeaux ; 32, place Pey-Berland, 33000 Bordeaux | evidence.editions@gmail.com | journaljunkpage.tumblr.com | Directeur de publication : Vincent Filet, 06 43 92 21 93 | Rédactrice en chef : Clémence Blochet, clemenceblochet@gmail.com, redac.chef@junkpage.fr, 06 27 54 14 41 | Rédaction du supplément : Sophie Poirier | Design graphique du supplément : Poignée de main virile, www.poigneedemainvirile.com | Charte graphique & affiche de l’évènement : Inoxia, www.inoxia.com | Correction : Laurence Cénédèse, laurence.cenedese@sfr.fr | Impression : Roularta Printing, Roeselare (Belgique), roulartaprinting.be | Papier issu des forêts gérées durablement (PEFC) / Dépôt légal à parution – ISSN : en cours ; OJD : en cours. L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays, toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles sont interdits et donnent lieu à des sanctions pénales. Ne pas jeter sur la voie publique.

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Budos


LE TÉLÉCONTRôLE AUSONE

la surveillance du réseau d'eau potable Bordeaux S I T E 1

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En entrant dans ce jardin élégant, j’ai levé la tête sur ma droite, et, presque parallèlement au clocher de l’église Saint-Ferdinand, j’ai remarqué le château d’eau, puis, face à moi, en haut de la façade du bâtiment inauguré en 1857 sous Napoléon III, parfaitement conservé, le fronton sculpté représentant deux nymphes, utiles à glorifier ici, mesdemoiselles Abondance et Ressource. Me voilà dans les lieux. Sont exposées quelques pièces anciennes comme la première pompe activée par machine à vapeur (vapeur qui alimentait les bains des établissements Paulin jouxtant l’usine) et un antibélier (de taille moins imposante que celui de l’usine du Béquet). Cette traversée dans l’histoire est rapide, car, juste après les portes vitrées, on bascule directement au XXIe siècle dans la salle de télécontrôle Ausone, dévolue à la gestion des stocks et à l’alimentation en eau potable de la Communauté urbaine de Bordeaux.

Mur d’écrans, ordinateurs, graphiques, cartes, horloge en temps universel, téléphones à portée de main : ici, pas de doute, on surveille, avec une vigilance absolue, tout le réseau d’eau potable. Lors de ma visite, on m’a expliqué toute la complexité de cette fine gestion des stocks d’eau – qui est une ressource naturelle, rappelons-le. Une gestion qui prend en compte nos besoins et nos façons de consommer. À titre d’exemple, comme nous prenons tous notre douche aux mêmes heures, disons


entre 8 h et 10 h le matin, il faut nécessairement un débit plus fort et une quantité d’eau suffisante à ce moment-là.

« La nuit, aux heures les plus silencieuses, des multitudes de capteurs écoutent les tuyaux… »

Le rôle des télécontrôleurs est ici de gérer les niveaux d’eau présents dans les différents ouvrages (réservoirs enterrés, châteaux d’eau) pour assurer le bon fonctionnement du service. Mais le télécontrôle Ausone, modernisé en 2012, est bien plus que cela. Il s’agit d’une véritable tour de contrôle de l’ensemble des installations d’eau potable, 24 h/24, chaque jour de l’année. Il assure une surveillance rigoureuse de tous les sites : les réservoirs, les points de distribution, les appareils de mesure qualité et quantité et les alertes intrusions signalant la moindre entrée. Pour piloter l’ensemble, six télécontrôleurs se relaient en trois-huit. Ils tiennent un journal de bord, Le Fil

LE TÉLÉCONTRÔLE EN CHIFFRES : 12 sources 90 forages 102 points de distribution 130 000 m3 par jour 3 000 informations parviennent quotidiennement au télécontrôle Ausone 1 télécontroleur présent 7j/7 et 24h/24. Télécontrôle Ausone 91, rue Paulin, Bordeaux. #télécontrôle #pédagogique

de l’eau, dans lequel ils consignent le moindre événement. Ils répondent également aux appels téléphoniques que nous passons en cas d’urgence le soir puis le week-end, et se chargent d’envoyer sur place les équipes d’astreinte qui vont intervenir sur le réseau d’eau potable. L’eau est contrôlée depuis son captage (extraction du sol) jusqu’au robinet du consommateur, et l’évolution des techniques favorise une surveillance de plus en plus pointue. Sachez qu’ici, la nuit, aux heures les plus silencieuses, des multitudes de capteurs écoutent les tuyaux à la recherche des fuites invisibles…

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le RÉSERVOIR PAULIN

Le stockage de l'eau potable en milieu urbain Bordeaux S I T E 2

Ce vaste réservoir enterré, situé en plein cœur de Bordeaux, possède un charme étrange. Parmi toutes mes visites, celle-ci a eu sur moi un effet indéniable. C’est assez normal : il suffit seulement de descendre quelques marches pour faire un voyage à la fois dans le temps et dans l’imaginaire… D’ordinaire, cet endroit, qui n’est que rarement accessible au public, est protégé par de nombreuses barrières de sécurité : manuelle, électrique, électronique. Toute intrusion est forcément repérée par le centre de télécontrôle Ausone. L’eau présente dans ce réservoir fait l’objet d’une surveillance extrême. Il faut dire que Paulin alimente en eau un tiers des Bordelais. Sous l’œil des caméras de sécurité, je suis arrivée dans un vaste jardin, j’y ai découvert des ruches (car ici on cultive la biodiversité), et je me suis dirigée

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jusqu’à ce qui ressemble à un haut tipi en métal. Il s’agit de l’entrée du réservoir et elle n’a, je vous l’accorde, aucun rapport avec une quelconque architecture napoléonienne, époque de conception du site. Pourtant, je me suis laissé faire… Quelques marches seulement, disais-je : et, tout à coup, je me suis retrouvée dans l’eau. Grâce au sas vitré, j’étais à l’intérieur du réservoir avec la tentation de chercher un poisson à travers l’eau translucide… Mais ce n’est évidemment pas un aquarium !


Arrivée de Saint-Médarden-Jalles (source du Thil) via l’aqueduc souterrain de 12 kilomètres, l’eau du réservoir Paulin est ensuite acheminée jusqu’à nos robinets. Elle aura bien sûr été traitée auparapour être « Et tout à coup, vant rendue potable ! vous êtes littéralement Cet ouvrage, inauguré en dans l’eau. » 1857, soit à la même période que l’usine de potabilisation de Budos, dispose d’une capacité de stockage de 13 000 m³. Ses voûtes en brique, soutenues par des colonnettes en fonte, qui, ainsi plongées dans l’eau et éclairées, dessinent une architecture élégante et donnent au lieu une dimension irréelle. On reste songeur quand on comprend à quel point cet endroit un peu magique revêt une fonction indispensable dans la distribution de l’eau de l’agglomération bordelaise.

LE RÉSERVOIR PAULIN EN CHIFFRES : 1857 : inauguration du réservoir 13 000 m3 de capacité de stockage 12 km c’est la longueur de l’aqueduc souterrain en provenance du Thil à St-Médard-en-Jalles qui permet d’alimenter en eau le réservoir. La Cub compte : 31 réservoirs enterrés 18 châteaux d’eau Tous ces réservoirs sont indispensables au stockage permanent de l’eau. Ils sont situés à des points géographiques intégrant la notion de pression, donc de puissance, nécessaire pour que l’eau circule ensuite dans le réseau avec un minimum de coût énergétique. Réservoir Paulin 91, rue Paulin, Bordeaux. #télécontrôleausone #aqueduc #réservoir

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la MAISON DE L'’EAU

UnespacepédagogiqueDEDIÉÀL'EAUETÀL'ENVIRONNEMENT Bordeaux S I T E 3

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Vous êtes peut-être déjà passés devant, sans bien comprendre pourquoi il y avait dans cette vitrine un robinet alors qu’autour il y a plutôt des boutiques de luxe ? C’est que l’eau a sa Maison, ici, cours Georges Clemenceau. Et ça, finalement, pensais-je, avoir une Maison, c’est très couture. La visite commence par une expérience singulière que vous n’avez sans doute jamais faite dans votre vie, d’autant plus dans une ville comme Bordeaux, où l’on goûte habituellement bien d’autres choses : être accoudé au comptoir d’un bar pour une dégustation d’eaux. L’occasion pour moi d’échanger avec le barman (en réalité, il s’agit d’un guide spécialiste) sur les caractéristiques intrinsèques des différentes eaux de consommation (eau du robinet, de source, minérale). Saurez-vous les

distinguer et les reconnaître ? Vous risquez d’être surpris du résultat… À l’étage, plusieurs salles pédagogiques. L’intérêt de cette visite, c’est qu’ici les explications sont contextualisées. En vrac, j’ai pu actionner le système de pompage d’un château d’eau, entendre parler pour la première fois d’un vrai Sage, découvrir les écogestes et être sensibilisée à la lutte contre le gaspillage ou me faire confirmer que


RONNEMENT le shampoing ne nettoie pas l’eau !

«

Le grand moment : la fabrication d’eau potable. Envisagée d’abord comme un jeu enfantin, cette expérience en laboratoire s’est révélée un plus pour Le shampoing dans comprendre la complexité de l’eau ne nettoie la potabilisation grandeur pas l’eau ! » nature. Également lieu de ressources documentaires (DVD, livres, ordinateurs pour une consultation sur place), la Maison de l’Eau accueille gratuitement tout au long de l’année les scolaires et le grand public (sur rendez-vous pour les groupes). N’hésitez pas à vous y arrêter, c’est une Maison pleine de bons conseils !

La maison de l’eau EN CHIFFRES : 25 000 personnes sensibilisées chaque année 4 animateurs pédagogiques. Sage : schéma d’aménagement et de gestion des eaux, qui, à l’échelle nationale, planifie des actions à tous les niveaux d’usage en vue d’une préservation durable de la ressource en eau. Autrefois, l’eau minérale (eau riche en minéraux, comme le magnésium ou le calcium, par exemple) se vendait en bouteilles de verre dans les pharmacies parce qu’elle jouait un rôle sur la « santé » (en fonction de la spécificité de l’apport). L’eau de source et l’eau du robinet sont neutres. Maison de l’Eau 35, cours Georges Clemenceau, Bordeaux. #pédagogie #dégustationd’eaux #expériences

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le CHAMP CAPTANT DU THIL Eau et biodiversité au cœœoeur de la ville Saint-Médard-en-Jallles S I T E 4

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Les sites liés au traitement de l’eau potable sont appelés des usines d’eau potable. Pourtant, même si l’eau passe effectivement par des usines pour être rendue potable, il faut, avant cela, aller la chercher à la source. Et là, il s’agit pour moi d’un véritable périple. Pour venir jusqu’au champ captant, il faut s’avancer dans la forêt du Domaine du Thil, puis passer à côté d’une villa qui fut autrefois le restaurant Moulin du Thil – et qui par sa position reculée servit de cadre idéal (à ce qu’on raconte) aux « aventures » nécessitant « la plus grande discrétion ». Le restaurant est fermé aujourd’hui et les seules désormais autorisées au butinage par ici sont les abeilles des ruches installées sur place. Très sérieusement, l’environnement naturel de ce site est préservé et constitue

un espace de protection de la biodiversité. « Allons jusqu’au regard n° 21 », m’invite mon guide du jour. Un regard, c’est le nom donné à ces petites bâtisses de pierre, sortes de maisons sans fenêtres (et sans habitants) qui permettent un accès direct au soussol. Ultraprotégé pour des raisons de sécurité évidentes (comme tous les sites du service de l’eau potable), le n° 21 m’a été ouvert exceptionnellement. La


«

source du Thil captée à cet endroit est acheminée via l’aqueduc du Taillan jusqu’au centre de Bordeaux. Descendre Allons jusqu’au dans cet ouvrage se fait regard n°21 » simplement, ça n’est pas très profond ; pourtant, l’eau y surgit et commence sa course en s’engouffrant dans la galerie souterraine. En visitant le champ captant, qui, avec ses 238 ha est le plus vaste de la Cub, j’ai découvert qu’au-delà de sa fonction purement technique, cet endroit protégé de toute activité industrielle, agricole et humaine est devenu, grâce à une gestion écologique, une zone libre de droit pour la nature. Les fauches sont tardives, les espèces rares identifiées… Une invitation à la contemplation.

LE CHAMP CAPTANT en chiffres : 14 000 m3 d’eau sont acheminés chaque jour par l’aqueduc du Taillan en provenance des sources du Thil et de Cantinolle vers le réservoir Paulin Histoire : l’aqueduc du Taillan, encore utilisé aujourd’hui, a été construit entre 1854 et 1857. Il avait pour fonction d’acheminer l’eau, provenant des sources du Thil et de Cantinolle, vers 400 bornes fontaines, cinq fontaines monumentales et cinq fontaines Wallace. L’association Cistude Nature s’occupe de la gestion écologique de Thil et Gamarde. Elle a relevé la présence de la Cistude d’Europe et du Damier de la Succise (n’ayez pas peur, respectivement, il s’agit d’une tortue et d’un papillon). Le champ captant du Thil Avenue de Gamarde, Saint-Médard-en-Jalles. #gamarde #captage #aqueduc #environnementnaturel #budos

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l'usine de POTABILISATION GAMARDe

Une usine de potabilisation au cœoeur de la nature Saint-Médard-en-Jallles S I T E 5

Il est des découvertes auxquelles on ne s’attend pas… Néophyte dans le domaine de l’eau, je n’imaginais pas une usine d’eau potable cohabitant avec les papillons et autres espèces plus ou moins rares et menacées. Pourtant, l’usine de potabilisation Gamarde à Saint-Médard-en-Jalles se trouve là, en plein milieu de la forêt, à proximité du champ captant du Thil. C’est à l’intérieur de ce bâtiment, devant la quantité d’appareils de mesure fixés au mur et accompagnée par mon professeur du jour, qu’a commencé pour moi l’aventure scientifique : – C’est quoi, un turbidimètre ? – Ça sert à mesurer la turbidité. – Et c’est quoi, la turbidité ? – Quand l’eau captée arrive dans l’usine, elle est trouble parce qu’elle contient à l’état naturel des matières en suspension. On procède à la

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décantation par floculation et coagulation. Ensuite, un système de filtres, à sable puis à charbon, fait office de « passoire ». – Évidemment ! En réalité, cette visite m’a permis d’appréhender concrètement les expériences réalisées lors de mon passage à la Maison de l’Eau. J’avais vu comment quelques gouttes de floculant (un produit chimique) sous l’effet d’un mouvement de l’eau avaient rassemblé les matières en suspension sous la forme de flocons pour ensuite faciliter leur décantation. Ces amas presque solides sont plus faciles à séparer de l’eau. Rendue potable, l’eau va ensuite reprendre sa route jusqu’aux réservoirs de stockage, avant d’être distribuée à nos robinets.

couche perméable


che méable

« Devant la quantité d’appareils de mesure fixés au mur a commencé l’aventure scientifique »

Le sous-sol se divise en plusieurs couches géologiques. Les couches supérieures, le miocène et l’oligocène, sont rechargées par les infiltrations de pluie locale. L’eau de la couche géologique éocène provient du Massif central. Elle met parfois jusqu’à 25 000 ans pour parvenir jusqu’à nous. Histoire récente : Le service de l’eau de la Communauté urbaine de Bordeaux a connu, durant les mois de juin et juillet 2011, une pollution au perchlorate sur les ressources du Thil et de Gamarde. Conséquences de cette pollution : depuis juin 2011, le système d’eau potable de la Cub se voit privé de plus de 15 % de ses ressources. Usine de potabilisation Gamarde Avenue de Gamarde, Saint-Médard-en-Jalles. #paulin #traitementsdeleau #potabilisation #aqueduc #budos #maisondeleau

nappes profondes

couches imperméables

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les SOURCES DE FONTBANNe

L'eau à l'état brut et sa potabilisation Budos S I T E 6

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Si vous venez de Bordeaux, vous traverserez les forêts et les villages des Landes girondines. Sans le savoir, vous passerez au-dessus d’un ouvrage technique ancien et essentiel. Au point haut de la commune de Budos, vous apercevrez les ruines d’un château fortifié, vieux gardien de la précieuse ressource. Le guide pour cette visite vous accueillera à bras ouverts et vous entendrez dans le son de sa voix quand il vous dira « Bienvenue à Budos ! » qu’il ne s’agit pas d’une simple formule de politesse, mais d’une véritable invitation dans son royaume. Il est électricien : « Oui », précise-t-il, « électricien dans les eaux, en général ça fait rire ! » En visitant le lieu avec lui, on comprend pourtant que ça n’a vraiment rien d’une plaisanterie. Budos, c’est un peu l’endroit originel : le sous-sol regorge de nombreuses sources (merci, mère Nature) qui ressurgissent pile ici à travers le sol sableux. Un bassin a été construit afin de profiter de ces résurgences : l’eau « remonte » dans un débit

intense qui ne varie quasiment jamais. Ainsi canalisée, cette eau est dirigée dans le large tuyau de l’aqueduc. Exceptionnellement, j’ai pu descendre dans ce réservoir ouvragé (architecture identique à celle du réservoir de Paulin) assister à ce spectacle magique… L’effet de cascade et le bruit assourdissant, l’énergie ressentie et l’eau translucide : il y a quelque chose d’émouvant à être sous terre « au plus près du début de l’eau ». L’usine de traitement, le premier lavage à filtres, jouxte les sources. L’eau y fait un passage pour y être « nettoyée » puis elle est rejetée de nouveau dans l’aqueduc pour le vrai départ vers la grande ville. Les parties techniques de ces usines peuvent paraître visuellement assez simples : des tuyaux, des filtres, des bacs et des appareils de mesure… On comprend parfaitement la logique du circuit. Une des grandes problématiques du cycle de l’eau : que fait-on des


« L’effet de cascade et le bruit assourdissant, l’énergie ressentie et l’eau translucide… »

« déchets » issus de ce premier nettoyage ? Il s’agit principalement de matières organiques, les boues. Derrière l’usine, dans de grands bassins aux sols craquelés de paysage désertique, les boues humides sèchent jusqu’à devenir une sorte de poussière sablonneuse qui, mélangée à des déchets verts, sera recyclée en compost. Et, pendant ce temps, l’eau filtrée poursuit son chemin dans l’aqueduc…

AQUEDUC Ouvrage conçu entre 1885 et 1887 par l’ingénieur Wolf : cette canalisation enterrée va de Budos jusqu’à Villenave-d’Ornon. Le long de son parcours, au niveau de la surface, on peut repérer des regards, au milieu des vignes par exemple, ou des bosses étranges : l’aqueduc est là, et là, et là… et il va ainsi lentement et naturellement (gravitairement) pendant 42 kilomètres suivant une pente judicieusement étudiée jusqu’à l’usine du Béquet, où l’eau sera rendue parfaitement propre à la consommation (c’est-à-dire respectant les nombreux critères de potabilité fixés dans le Code de la santé publique). LES SOURCES DE FONTBANNE en chiffres : 42 km soit 15 communes traversées. 1,70 m de hauteur (au point haut de la voûte) et 1 m de largeur. 28 800 m3/jour de capacité 0,1 mm/m de dénivelé, soit 4 m du point de départ au point d’arrivée. Assurent 20% de la production journalière nécessaire au territoire, dont la consommation moyenne est de 130 000 m3/jour. Sources de Fontbane et usine de potabilisation, Budos. #béquet #sources #traitementsdeleau #potabilisation #aqueduc #budos

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l'USINE DE POTABILISATION Du béquet

Étape ultime avant l'arrivée au robinet Villenave-d'ornon S I T E 7

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Depuis Budos, j’ai suivi le chemin de l’aqueduc jusqu’à Villenave-d’Ornon. La « goutte d’eau », sortie des sources de Fontbanne et contrôlée un matin à 8 h, arriverait, elle, le lendemain soir au Béquet. Après son trajet de 42 km (un marathon), l’eau subit un second traitement d’affinage. Rendue potable selon toutes les normes fixées, elle est stockée sur place dans les deux bâches, en fonction des besoins en eau de Bordeaux et partiellement de la rive droite. L’usine de potabilisation du Béquet, que j’ai découverte, se situe dans un édifice construit en 1887 et classé aux Bâtiments de France. En passant sur la route de Toulouse, vous avez peut-être déjà remarqué cette façade en pierre surmontée de l’inscription gravée « Eaux de Bordeaux ».

C’est ici que se trouve l’usine. Le rez-de-chaussée a été aménagé en plusieurs salles à vocation pédagogique : la maintenance et le matériel, une salle « patrimoine » avec des photos de châteaux d’eau, des explications relatives à la gestion de l’eau sur notre territoire. Une partie de l’installation technique reste apparente. À moitié en sous-sol, les moteurs et les tuyaux, dont le plus gros permet un débit de 1 000 m3/heure et pouvant monter jusqu’à 2 000 m3/heure :


l’endroit est appelé la « paillasse » par les techniciens, du fait des nombreux appareils de mesure « Le retour de bulle qui pour les contrôles des se produirait en cas paramètres d’arrêt brutal serait de qualité (pH, turbidité, hyperpuissant… » résiduels de chlore). Le clou du spectacle de la visite du Béquet est sans aucun doute la « charlate ». Ce mot, en jargon des métiers de l’eau, désigne un antibélier. Comme cela arrive dans les canalisations domestiques, des bulles d’air peuvent se produire : les tuyaux vont trembler avec un bruit sourd, évoquant des explosions. Ici, cet équipement permet de compresser l’air dans les tuyaux. L’air va ensuite jouer un rôle d’amortisseur pour protéger le réseau des variations brutales de pression. Cette énorme citerne fixée au sol

L’USINE DE POTABILISATION DU BÉQUET en chiffres : 2 réservoirs d’une capacité totale de stockage de 4 200m3. L’aqueduc (de Budos au Béquet) achemine en moyenne 24 000m³ d’eau par jour. L’usine du Béquet alimente environ 20 % des foyers de la Communauté urbaine de Bordeaux. Usine du Béquet Route de Toulouse, Villenave-d’Ornon. #usinedepotabilisation #espacepédagogique

est prévue pour l’encaisser. La charlate, scellée dans le béton, se trouve à côté d’un groupe électrogène conséquent capable d’alimenter l’usine en cas de panne. Tous les sites liés à l’eau, de la production à la distribution, du stockage au contrôle, sont prévus pour fonctionner dans toutes les situations et en continu.

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l'ESPACE PÉDAGOGIQUE DE LA STATION D’'ÉPURATION LOUIS FARGUE pour TOUT SAVOIR SUR LE TRAITEMENT DES EAUX USées Bordeaux S I T E 8

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La station d’épuration Louis Fargue à Bordeaux-Nord, qui traite les eaux usées des habitants de la Cub, n’a pas été conçue pour accueillir du public. En revanche, elle est dotée d’un espace pédagogique pour répondre à toutes les questions des curieux en matière de traitement des eaux usées et d’écogestes. Celui-ci propose deux sortes de scénographies : une mise en scène simple à base de panneaux d’information et d’écrans tactiles ; et une plus sophistiquée avec un décor en forme de tunnel. À l’intérieur, des pastilles lumineuses bougent au sol et réagissent à vos pas (vous devez ainsi chasser les « indésirables » de l’eau), un rideau de brume sert d’écran à la projection d’images sur les écogestes… La Palme d’or de la présentation la plus originale revient aux sculptures qui illustrent de façon créative les

différents objets que l’on retrouve dans les égouts ! Dans cette drôle de galerie d’art, j’ai découvert des totems conçus en téléphones portables, en jouets (dont beaucoup de petites voitures), en clés par milliers et même en dentiers… La visite de l’usine Louis Fargue à proprement parler se passe dans la salle de projection dédiée. Il s’agit d’une visite virtuelle qui s’effectue assis dans un fauteuil (rouge ou bleu), au cours de laquelle on est équipé de lunettes 3D.


ON L’expérience du film en relief vaut le détour. Chaque étape est ponctuée d’une question (buzzer intégré à l’accoudoir), avec résultat « Le film en 3D du quizz en explique l’ensemble direct, et donc compétition des processus entre les faupermettant de rejeter teuils rouges et les fauteuils dans la Garonne bleus ! Le film une eau propre. » d’animation se déroule sur un rythme soutenu. On ne s’ennuie pas et la visite est originale. Là encore, les amateurs en ingénierie trouvent de quoi étancher leur soif de connaissance.

LA STATION D’ÉPURATION LOUIS FARGUE en chiffres : 4121 km de canalisations d’assainissement en 2013 par lesquelles transitent les eaux usées et pluviales de la Communauté urbaine de Bordeaux. 470 000 équivalent-habitant = capacité de traitement de la station par temps de pluie. 370 000 équivalent-habitant = capacité de traitement de la station par temps sec. Assainissement = ensemble des moyens de collecte, de transport et de traitement des eaux usées et pluviales avant leur rejet dans le milieu naturel. Réseau unitaire = canalisations dans lesquelles circulent à la fois les eaux usées et les eaux de pluie, par opposition au réseau séparatif qui distingue les eaux usées des eaux pluviales. Station d’épuration Louis Fargue 88, cours Louis-Fargue, Bordeaux. #stationd’épuration #espacepédagogique

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STATION D'ÉPURATION CLOS DE HILDE QUEL AVENIR POUR NOS EAUX USÉES ? Bègles S I T E 9

Quand on passe par la rocade, la nuit, on aperçoit du côté de la Garonne un ensemble de colonnes éclairées de bleu, on croirait une mystérieuse piste d’atterrissage. Je l’ai toujours appelée l’usine bleue. À l’occasion de cette visite s’est ajouté plus particulièrement le plaisir lié à la curiosité la plus savoureuse : entrer dans un endroit familier au regard, mais pourtant inconnu et secret… À la pointe de l’innovation technologique, référence européenne pour ses performances, la station d’épuration Clos de Hilde dépollue les eaux usées de 410 000 habitants. L’effluent (nom donné à toute eau usée) arrive ici. Après un passage par les dégrilleurs (ce sont des grands tamis), l’eau filtrée une première fois est brassée par des agitateurs géants qui vont, grâce à l’ajout de floculant et de coagulant,

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rassembler les déchets organiques pour faciliter leur récupération sous la forme de boues solides. L’eau clarifiée continue son voyage et son traitement avant de retourner « propre » à la nature. Chaque coupole bleue de la station Clos de Hilde abrite une étape de dépollution. Le labyrinthe de canalisations est en sous-sol. À noter : au milieu du parcours, une sorte de « yourte » sert d’espace pédagogique. L’endroit, dont l’esthétique a été pensée par l’architecte Jean de Giacinto, est fascinant. Il permet notamment d’entrevoir que le cycle de l’eau intègre des questions plus larges que la seule consommation. Dans l’avenir, l’enjeu des stations d’épuration reposera sur la valorisation des déchets issus du traitement pour qu’ils deviennent utilisables comme produits ou sources d’énergie. À titre d’exemple, les sables qui


sont charriés par les eaux de pluie sont lavés puis valorisés afin d’être recyclés en matériau pour les routes. Autre exemple : quand les boues « Entrer dans fermentent, un endroit familier au elles produisent du biogaz stocké regard, mais pourtant sur place dans inconnu et secret… » les gazomètres. Ce biogaz constitue une source d’énergie pour chauffer le site lui-même. En outre, un projet d’injection dans le réseau de gaz de la ville a été conçu pour alimenter 4 000 habitants des communes de Bègles, Villenave-d’Ornon, Talence et Gradignan. L’objectif pour Clos de Hilde : devenir un site carbo-neutre d’ici à 2019.

LA STATION D’ÉPURATION CLOS DE HILDE EN CHIFFRES : 410 000 équivalent-habitant = capacité de traitement de la station. 10 000 tonnes de boues produites par an 25 millions de m3 d’eaux usées épurées avant rejet en milieu naturel en 2013. La station est capable de relever jusqu’à 14 000 m3/heure en pointe lors de grands événements orageux ou pluvieux. Clos de Hilde rue Louis-Blériot, Bègles. #stationdépuration

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le TÉLÉCONTRôLE RAMSÈS La lutte contre les inondations Bordeaux S I T E 10

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Pour cette visite, je me suis rendue au 53, cours Louis Fargue, à Bordeaux. Je suis entrée dans la salle de contrôle de tous les problèmes liés aux eaux pluviales, et donc à la météo. Le phénomène des inondations fait l’objet à la Cub, depuis 1982, d’un plan de lutte spécifique et performant. Certains s’en souviennent peut-être… Fin 1981, quatre jours de pluies intenses frappent l’agglomération. Six mois plus tard, le 31 mai 1982, un orage centennal s’abat sur une bande fine du territoire. Il tombe à cet endroit localisé 80 mm d’eau en 1 h 05. Deux jours plus tard, la même zone vit un orage décennal : 40 mm en 1 h. Devant l’ampleur des inondations, le conseil de la Cub décrète un investissement massif dans la lutte contre les inondations pour éviter que les mêmes effets ne se reproduisent. Il faut dire que l’agglomération est un vaste amphithéâtre de 90 000 ha, dont 15 % des terres environ sont situées en dessous du niveau de la Garonne. À partir de 1983, des équipements

de protection et de lutte contre les inondations sont donc construits. La Cub construit des conduites forcées d’évacuation en Garonne, aménage des stations de pompage et créé des collecteurs sous la rocade, des bassins de retenue le long de la voie ferrée de la ceinture et des bassins enterrés en ville pour stocker et évacuer les eaux de ruissellement. Voici quelques-unes des informations que l’on découvre en visitant le télécontrôle Ramsès mis en service en 1992 pour surveiller 24 h/24 les installations dédiées à la lutte contre les inondations. Il assure le rôle de gestion, en continu, de l’ensemble des ouvrages de stockage et de pompage. Il travaille en anticipation, grâce aux prévisions météo et à l’estimation des débits et volumes à gérer toutes les 5 minutes. Ce sont plus de 10 000 données traitées en temps réel et transformées en informations visuelles, géolocalisées et en scenarii d’aide à la décision pour


« Évacuez en priorité les ouvriers dans les chantiers, ensuite fermez les vannes pour piéger l’eau et remplir les bassins ! »

gérer les épisodes pluvieux. Incluse dans ce tableau de bord géant, qui emplit tout un mur, la carte radar du front de pluie…

Ici, j’ai aussi pu découvrir ce qui se produit en situation A (A comme Alerte) avec le retour en images sur un épisode récent, celui du 26 juillet 2013, jour de cet orage hyperviolent qui a frappé Bordeaux. J’ai pu revivre la procédure mise en œuvre : évacuer en priorité les ouvriers dans les chantiers, ensuite fermer les vannes pour piéger l’eau et remplir les bassins, démarrer les groupes électrogènes pour vérifier et envoyer immédiatement du personnel en cas de dysfonctionnement. Tout doit être opérationnel en cas de crise. Plus d’un milliard d’euros investis pour ce haut niveau de protection (la Cub se place juste après Paris) font aujourd’hui de Ramsès une véritable référence

LE TÉLÉCONTRÔLE RAMSÈS EN CHIFFRES : 42 pluviomètres retransmettent les données en temps réel au centre de télécontrôle Ramsès. En 2013, il y a eu 16 orages majeurs (passage en situation A). L’intensité de celui du 26 juillet a été bien supérieure à l’orage de référence de juin 1982. Ramsès 53, cours Louis-Fargue (entrée : rue Jean-Hameau), Bordeaux.

mondiale en matière de lutte contre les inondations et de gestion des eaux pluviales. Dans un futur proche, il intégrera non seulement les impératifs de lutte contre les inondations, mais aussi de limitation de l’impact des pollutions sur le milieu naturel et d’optimisation de la consommation énergétique des installations. Il prendra aussi en compte les informations en continu pour agir sur le système : stockage dans les bassins ou les collecteurs, modifications du fonctionnement des stations d’épuration, basculement des eaux usées d’un bassin de collecte à l’autre…

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le BASSIN DE LA GRENOUILLÈRE La dépollution des eaux de pluie Bordeaux S I T E 11

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Expérience plutôt réservée aux amateurs de sensations fortes… Parmi toutes les visites, j’appréhendais un peu celle-ci : la descente dans le bassin de la Grenouillère. Quand je l’évoquais auprès de mes divers guides-employés de l’eau, chaque fois on me répondait : “La Grenouillère, c’est quelque chose…” De quoi installer une légère tension, car, si même les gens du métier en restaient encore étonnés, c’est que c’était vraiment quelque chose… Et descendre à 24 mètres de profondeur dans un réservoir humide et sombre, vous verrez (si vous osez), ça a effectivement l’allure d’une aventure… Je m’y suis rendue en tramway. On est en pleine ville, à Bordeaux, et pourtant, l’air de rien, quelques minutes plus tard, me voilà en combinaison de plastique, bottes aux pieds et casque bleu siglé « L’Eau de La Cub » sur la tête, en train de descendre les (nombreuses)

marches de l’impressionnant ouvrage. Avant qu’on ne m’ouvre cette lourde porte, qui évoque l’entrée dans un sousmarin, j’ai éprouvé une légère appréhension… Et j’ai pénétré, en toute sécurité, dans l’un des lieux les plus étonnants de ce patrimoine industriel ! L’atmosphère est forcément lourde et moite dans ce bassin de 60 mètres de diamètre dans lequel j’ai pu marcher, mais qui se remplit d’eau quand les pluies s’intensifient, et dont il faut gérer par conséquent le niveau


des eaux pluviales. L’endroit, d’un point de vue du volume, ressemble à une nef d’église souterraine. C’est un moment troublant que « La sortie vers d’être là pour la lumière du jour deux raisons : à cause de vous paraîtra soudain l’imposante architecture lointaine... » et parce que la sortie vers la lumière du jour m’a paru soudain lointaine… À la surface, au niveau de la salle des pompes, une maquette toute en transparence et interactive permet de comprendre parfaitement plusieurs situations de niveaux d’alerte. Grâce à elle, on visualise très bien le mécanisme à l’intérieur duquel on s’est trouvé. Ici, l’effet vortex entre en jeu dans la dépollution des eaux de pluie. Cette rotation à vitesse accélérée, grâce à la pente par laquelle les eaux pluviales arrivent, favorise le dépôt vers le sol de toutes les matières en suspension. L’eau « du haut » devenue

LE BASSIN DE LA GRENOUILLERE EN CHIFFRES : Avec un diamètre de 60m et une profondeur de 24m ce bassin peut stocker et dépolluer 65 000m3 d’eau de pluie. Bassin de la Grenouillère Avenue Émile-Counord, Bordeaux. #dinassac #gestionpollution #luttecontreinondations #espacepédagogiqueLouis-Fargue #centretélécontrôleRamsès

propre s’écoule par l’intérieur du bassin et file vers la Garonne. L’eau sale et chargée part dans les tuyaux vers la station d’épuration Louis Fargue, la seule à traiter à la fois eaux pluviales et eaux usées. La Grenouillère et ses deux bassins concentriques, sous leurs airs de crypte étrange, jouent un rôle essentiel dans la lutte contre les inondations.

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le BASSIN DE RETENUE DE DINASSAC

comment la protection simultanée des usagers et de la biodiversité devient possiblE... Blanquefort S I T E 12

Voici typiquement le genre de paysages que l’on aperçoit sans bien savoir de quoi il s’agit… On comprend évidemment que c’est un plan d’eau, mais il a l’air tellement protégé, et surtout, il semblerait qu’il n’y ait aucune présence humaine visible, un peu comme pour les châteaux d’eau : on ne voit jamais personne entrer ou sortir. Alors, c’est quoi cet étang protégé derrière des grillages où personne ne va ? Dinassac, construit en 2001, est un bassin de retenue ; dans le processus de prévention des inondations, les bassins à l’image de celui-ci sont essentiels. Ils contiennent de l’eau en permanence, mais peuvent en recevoir encore davantage, jusqu’à 110 000 m³. Reliés au réseau général, fermés par des vannes, ils servent, en cas de pluies intenses, à désemplir les tuyaux, qui seraient trop vite saturés. Ils retiennent momentanément ce

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trop-plein. L’impression qu’il ne se passe rien autour est bien sûr une illusion… Le statut d’espace clos a favorisé l’épanouissement de la nature. À l’abri, la faune et la flore reprennent leurs droits, et certaines espèces réapparaissent ou trouvent ici un refuge pour se reproduire. Il est exceptionnel de pouvoir marcher autour du vaste plan d’eau. Comme d’autres sites naturels, par exemple les berges de la jalle dans le domaine du Thil ou le bassin du Chêne vert, Dinassac est géré de manière écologique,


ce qui explique, par exemple, que les abords du lac ne soient pas tondus à ras tel un golf, mais ressemblent davantage à une prairie sauvage. « Cette gestion Le tas de bois raisonnée implique mort à l’entrée du chemin sert de rester vigilant sur aux insectes ; les espèces invasives » des haies et des saules ont été plantés pour leur rôle de nourriture, de protection visuelle et d’écran au vent. Cette gestion raisonnée implique de rester vigilant sur les espèces invasives et envahissantes, qu’il s’agisse des lapins, dont les terriers trouent dangereusement le sous-sol, ou de la « JUSSIE », qui colonise le plan d’eau. L’efficacité de Dinassac ne doit pas être gênée. Le matin de ma visite, j’ai eu la chance de voir s’envoler de beaux spécimens (de libellule déprimée et de héron pourpré !) depuis ce qui se révèle être un véritable îlot de quiétude, dont on ne soupçonne pas un instant l’utilité…

LE BASSIN DE DINASSAC EN CHIFFRES : Une capacité de 110 000m3 Depuis 2013, le bassin de Dinassac est l’un des 10 sites du service de l’assainissement géré de manière écologique. 154, c’est le nombre de bassins de retenue gérés pour le compte de La Cub, soit une capacité de stockage de 1.9 millions de m3. Partenariat : Avec la Sepanso, fédération des Sociétés pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest. Bassin de Dinassac Avenue du Port-du-Roy, Blanquefort. #bassinretenue #environnementnaturel #lutteinondations #eauxpluviales

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le CYCLE DE L'EAU DE LA CUB Site 2

Site 3

LE réservoir paulin

Site 1

LE télécontrôle ausone

STOCKAGE Sauvegarde de la biodiversité Usine de potabilisation TRAITEMENT

LA maison de l'eau

Télécontrôle eau

ENTRETIEN RÉSEAU

Protection de la ressource

DISTRIBUTION

ANALYSES

Eau potable

5 8 7 2 0m

3

CAPTAGE

Site 5 Site 4

LE champ captant du thil 28

l'usine de potabilisation de gamarde

Site 6

sources de fontbanne


anne

Site 12 Site 10

le télécontrôle ramsès

le bassin de retenue de dinassac

Site 11

le bassin de la grenouillère

Télécontrôle assainissement et pluvial

Sauvegarde de la biodiversité

REJET AU MILIEU NATUREL

ENTRETIEN RÉSEAU

Eaux pluviales

COLLECTE DES EAUX USÉES ET PLUVIALES

TRAITEMENT DES EAUX USÉES ET PLUVIALES Station Eaux usées

d’'épuration

Surveillance de la qualité ANALYSES de l’eau Eaux dépolluées

Site 9 Site 7

l'usine de potabilisation du béquet

Site 8

l'espace pédagogique de la station d'épuration louis fargue

la station d'épuration clos de hilde 29



LES PARTENAIRES :

organisation politique ou religieuse. Ses revendications sont construites et portées par des militants

La Fédération départementale

bénévoles, aux compétences complémentaires, dont l’action

des AAPPMA de Gironde

est motivée par le seul intérêt général.

La Fédération a été créée en 1913 sous

Naturalistes, environnementalistes, juristes, généralistes ou

le nom de « Fédération de pêche de

spécialistes, « simples » amoureux de la nature, tous œuvrent

Guyenne et de Gascogne ». Elle compte

à un même objectif : faire évoluer notre société vers un

aujourd’hui environ 30 000 adhérents.

modèle qui permette de satisfaire les besoins humains tout

À l’échelle départementale, la Fédération de Gironde œuvre,

en protégeant ce patrimoine commun vital qu’est notre

en travaillant en relation avec les associations agréées pour

environnement.

la pêche et la protection du milieu aquatique (Aappma)

À l’occasion des Journées du Patrimoine, le grand public

locales et avec ses nombreux partenaires, à l’accomplissement

pourra découvrir le bassin de Dinassac, géré de manière

de ses missions reconnues d’intérêt général, à savoir : pro-

écologique depuis 2013 grâce à un partenariat entre la

mouvoir et développer le loisir pêche, ainsi que protéger les

Sepanso et la Sgac, opérateur du service de l’assainissement

milieux aquatiques et piscicoles.

collectif de La Cub.

LES ORGANISATEURS : Cistude Nature

L’eau de La Cub

Cistude Nature est une association

La production et la distribution d’eau potable ainsi que le

agréée de protection de la nature et

service d’assainissement des eaux usées, qui portent, depuis

d’éducation à l’environnement. Outre

le 1er janvier 2013, la marque L’Eau de La Cub, sont de la

une activité d’expertise, l’association

compétence de la Communauté urbaine de Bordeaux.

propose des activités pédagogiques, en

Celle-ci a délégué, en 1992, à la Lyonnaise des eaux les inves-

particulier sur le site du champ captant

tissements et l’exploitation (captage, stockage et distribution)

de Thil-Gamarde.

du service public d’eau potable, de 23* de ses 28 communes.

Ces animations, conçues sous la forme d’une découverte

Elle a confié, en 2013, à la Société de gestion de l’assainisse-

active des milieux naturels présents, sont l’occasion d’aborder

ment de La Cub (Sgac), filiale de la Lyonnaise des eaux, la

différents thèmes liés à l’écologie et au développement

collecte et le traitement des eaux usées de 27**

durable. Elles peuvent se dérouler sur la journée (avec

de ses 28 communes, et la gestion des eaux pluviales

la possibilité de pique-niquer sur le site) ou sur la demi-

urbaines de l’ensemble de son territoire.

journée. Les animations pédagogiques sont adaptables en

À l’occasion de l’événement « Nous allons vous raconter

classe. Cistude Nature organise aussi des sorties de décou-

l’eau », L’Eau de La Cub propose un programme de visites de

verte pour les adultes.

sites représentatifs du service de l’eau potable et de

L’événement « Nous allons vous raconter l’eau » sera l’occasion

l’assainissement collectif de La Cub. Animées par les femmes

pour l’association de présenter, aux côtés des opérateurs du

et les hommes qui en assurent la gestion au quotidien,

service de l’eau de La Cub Lyonnaise des eaux et sa filiale,

ces visites sont l’opportunité de valoriser le patrimoine

la Sgac, la mise en œuvre, depuis six ans, du plan de gestion

aquatique de la collectivité, d’illustrer concrètement ses

écologique du champ captant des sources du Thil.

évolutions au fil de l’histoire et de faire prendre conscience à chacun de la nécessité de le préserver.

La Sepanso

* Hors Ambarès-et-Lagrave, Artigues-près-Bordeaux, Bassens, Carbon-Blanc et Martignas-sur-Jalle.

La Société pour l’étude, la protection

** Hors Martignas-sur-Jalle.

et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest (Sepanso) est une association créée en 1969, reconnue d’utilité publique en 1982, sans but lucratif, indépendante de toute

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INFOS PRATIQUES : Renseignements et inscriptions 05 57 57 29 51 eaucub.fr

PLACES EN NOMBRE LIMITÉ. INSCRIVEZ-VOUS VITE ! Clôture des inscriptions sur Internet vendredi 19 septembre à 12h Les déplacements entre les sites sont à la charge des visiteurs sauf pour la visite des sources de Budos pour laquelle les organisateurs mettent en place, deux fois par jour, un déplacement en bus au départ du site du Béquet à Villenave d’Ornon. Note : en cas de mauvaises conditions météorologiques,et pour des raisons de sécurité, certaines visites pourront être modifiées ou annulées, notamment celles concernant les ouvrages de lutte contre les inondations.


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