Sang d'encre - 2009

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Nuit MorNe et Altérée La nuit douce exhale son souffle humide Les poils jaunes de la plaine me picotent les chevilles J’erre dans la bruine tiède Sous la lune pâle qui me murmure ses songes. Mon paletot déchiré par les ronces du temps Foule l’herbe aux pieds Taches de poison, Le délirium vient à moi comme un vieil ami. Un homme de paille me salue au passage Je lui emprunte son couvre-chef et sa pipe Les bouffées rouges et jaunes me réchauffent la barbe. Plus loin, un champ de tournesols fatigués, D’où la douce mélodie d’un piano discordant Émane telle la pluie sur un toit rouillé de terre L’air s’évanouit et je perds mon souffle le temps d’un soupir. Mon ombre semble vouloir me quitter Elle ondule vers les arbres nus et creux Qui abritent les songes des promeneurs sans âme Et de ceux qui cherchent leurs pas perdus. Je ne sais plus où je vais, mais je me sens chez moi Au milieu de cette mer verte ondulée par le vent. Je me couche, la fraîche sueur de la terre pénètre mes tissus La lune me regarde à nouveau Mais ne me parle point, elle m’a oublié. Je m’enfonce lentement dans les profondeurs nocturnes Et mon esprit se perd dans les méandres mélancoliques de mon ennui.

Alec Serra-Wagneur

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