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à 47 RDV : Cocanha, Boule à neige, IA404

RDV

EXCITANT OCCITAN

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COCANHA PUISE DANS LE RÉPERTOIRE TRADITIONNEL OCCITAN POUR PROPOSER UNE POLYPHONIE DANSANTE, HYPNOTIQUE, FÉMINISTE ET MILITANTE.

ans l’imaginaire populaire, le pays de Cocagne est un paradis terrestre éloigné des considérations matérielles. Une terre miraculeuse, un lieu hédonique, dont la bande son pourrait être la musique de Cocanha, le bien nommé duo polyphonique occitan constitué par Caroline Dufau et Lila Fraysse. La première est Béarnaise, la seconde Toulousaine et c’est dans cette ville qu’elles se sont rencontrées et ont décidé fin 2013 de lancer ce projet artistique couvé depuis par le chouette label Pagans (écurie de Super Parquet et San Salvador, deux groupes qu’on vous recommande chaudement). « Nous souhaitions puiser dans le répertoire traditionnel occitan dont nous sommes issues toutes les deux, explique Caroline. Lila est de culture languedocienne et moi de culture gasconne, il y a quelques subtilités entre les deux mais nous sommes d’une même grande famille dont nous revendiquons l’appartenance : l’Occitanie. » Un vaste territoire recouvrant historiquement une bonne partie du midi de la France. « C’est tout un patrimoine, des cultures et des langues que nous souhaitons faire vivre, annonce Caroline. La base de nos chansons est issue d’un travail de collectage d’enregistrements sonores et de textes anciens traitant de la vie quotidienne et des mœurs. Nous gardons la mélodie, en réadaptant bien souvent les paroles pour les moderniser, afin de redonner de la puissance désirante aux personnages féminins et retirer le fond misogyne qu’il peut parfois y avoir. Nous n’inventons rien : la culture de l’oralité a toujours offert un grand espace de liberté aux interprètes. » Lila et Caroline ont longtemps été accompagnées d’une troisième chanteuse (chronologiquement Gemma Cuni-Vidal, Lolita Delmonteil-Ayral et Maud Herrera), avant de revenir à deux depuis la sortie de leur dernier album Puput en 2020, comme originellement et en cohérence avec le minimalisme

Amic Bedel

de leur polyphonie : des voix complémentaires, portées par la pulsation des tambourins à cordes, des pieds et des mains. « Notre démarche est d’abord artistique mais elle est aussi doublement militante : féministe et linguistique, confesse Caroline. Une récente étude de l’Office public de la langue occitane révèle que celle-ci est en grand danger, avec seulement 7 % de locuteurs – dont deux tiers d’hommes –, là où il en faudrait au moins 30 % pour la sauver. » Un taux qui ne cesse de diminuer, « alors que huit personnes interrogées sur dix se disent favorables au développement d’une offre d’enseignement en occitan ». Caroline poursuit : « Il y a bien les écoles bilingues Calendreta, dont Lila est issue (l’équivalent de Diwan, avec un réseau de 64 écoles, trois collèges et un lycée, pour plus de 3 900 élèves scolarisés, ndlr), mais ce n’est pas suffisant face à un État français centraliste qui formate et uniformise. Le chant est notre outil pour faire que cela change, éveiller les consciences et amener une partie du public à s’y intéresser. C’est une porte d’entrée. »

Régis Delanoë

Le 10 décembre à La Carène à Brest dans le cadre du festival NoBorder

RDV «LES BOULES À NEIGE, UNE MACHINE À HISTOIRES»

L’AUTEUR ET METTEUR EN SCÈNE MOHAMED EL HATIB DISSÈQUE CET OBJET DE DÉCO KITSCH.

Écrire une pièce sur les boules à neige semble saugrenu. Comment se lance-t-on dans un tel spectacle ?

Je voulais trouver un moyen de travailler sur l’histoire populaire de l’art. Et puis un jour, en discutant avec l’historien Patrick Boucheron avec qui j’ai coécrit la pièce, on a commencé à échanger sur les boules à neige. On s’est rendu compte qu’à travers un objet cocasse, un peu kitsch, on pouvait s’interroger sur la valeur artistique d’un objet et sur le bon goût qui, rappelons-le, n’est qu’une notion relative. Nous sommes donc partis à la rencontre de collectionneurs de boules à neige et, là, nous avons découvert une formidable machine à histoires.

Que disent ces boules à neige sur nous et la société ?

Elles sont intéressantes car elles ont deux niveaux d’histoire. Tout d’abord, on peut les considérer comme de véritables archives documentaires : elles racontent un moment, elles décrivent un contexte, elle font part d’un paysage. Il existe par exemple des boules à neige du World Trade Center. Elles préservent quelque chose d’un monde qui n’existe plus. Et, d’un point de vue plus intime, les boules viennent souvent télescoper l’histoire personnelle des gens car cela réveille des souvenirs nostalgiques. Les boules ayant accompagné l’histoire du tourisme, cela permet de parler des vacances, des familles…

Est-ce une façon de réhabiliter cet objet ?

J’ai toujours cette volonté de porter une attention à ce que la société considère comme une forme mineure. Cela concerne souvent les cultures populaires. Certains sujets peuvent paraître moins nobles, mais tous méritent considération. Tout comme ces collectionneurs : leur engagement est extrêmement touchant, ils ont les mêmes névroses que n’importe quel collectionneur d’art pointu. Leurs collections ne sont ni plus vaines ni moins vaines qu’une autre. Cela permet de questionner le goût dominant et ce qui fait qu’un objet est considéré comme une œuvre d’art : les choses sont-elles dans un musée parce qu’elles sont belles ou sontelles belles parce qu’elles sont dans un musée ?

Recueilli par Julien Marchand

Du 15 au 22 décembre au TNB à Rennes

HUMANOÏDES AFTER ALL

DR

FIN D’ANNÉE CHARGÉE POUR LES TROIS MEMBRES BIONIQUES DU GROUPE QUIMPÉROIS IA404.

Déjà, évacuons la question du nom du groupe (« IA pour intelligence artificielle, notre première appellation, et 404 en clin d’œil parce que c’était une grosse galère de référencement »), ainsi que le fait que le trio joue masqué (« On souhaite se concentrer sur la musique »). Parlons projet artistique, donc. Celui d’IA404 est né à Quimper. C’est au Novomax qu’il s’est constitué, avec un premier concert en 2018 et la volonté immédiate des deux musiciens et de la chanteuse, mi-robots mi-humains, d’enchaîner les concerts. « On a monté ce groupe pour la scène, là où il prend toute son ampleur, même si on a sorti un premier EP en 2020 et qu’on s’apprête à en dévoiler un second. On a eu la chance d’être retenu pour un dispositif mis en place par la région Bretagne en partenariat avec les Trans à Rennes et Bonjour Minuit à Saint-Brieuc. » Un accompagnement qui a permis aux IA404 de laisser passer l’orage de la pandémie en multipliant les résidences et les actions culturelles. Manière de roder leur synth-pop d’inspiration James Blake et Son Lux pour enfin enchaîner les dates, dont une jolie aux Trans. R.D

Le 10 novembre aux Rendez-Vous Soniques à Saint-Lô, le 20 novembre au Novomax à Quimper et le 3 décembre aux Trans à Rennes