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Dossier

Le changement, un défi perpétuel de recherche de nouveaux équilibres !

Quelques réflexions sur le changement

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Changements continus, changements ponctuels Changer, c’est passer d’un état A à un état B ou évoluer d’une situation A à une situation B. C’est se transformer ou vivre une transformation à petite échelle ou de manière plus symbolique. Certains changements se font donc tout au long de la vie et nous marquent plus ou moins. D’autres

changements sont plus ponctuels et

marquent des étapes. Ex. : le premier job, un engagement, un changement de cap, une séparation, …

Le changement comme un bouleversement, une transformation profonde Parmi ces changements ponctuels, certains font plutôt référence à des évolutions et d’autres, à des « révolutions », des bouleversements, des transformations profondes. Et lorsque l’on parle de la maladie ou de « l’arrivée de la vieillesse », il s’agit de transformations profondes et de bouleversements – qui concernent la personne ellemême mais pas uniquement. C’est tout un système qui va devoir évoluer – changer – s’adapter.

Le changement implique donc différents

éléments qui vont intervenir avant, pendant et tout autour du processus de changement. En vrac, nous pouvons nommer la recherche de nouveaux repères ; une acceptation de lâcher « l’ancien », le connu, la personne que nous étions avant et la manière dont nous fonctionnions avant. Le changement demande bien sûr de l’adaptation, parfois de nouveaux apprentissages, de nouvelles habitudes à mettre en place. Et le fait d’avancer vers l’inconnu, le nouveau, l’inexploré.

Mais pourquoi le changement peut-il parfois être si difficile à vivre ? Il y a une grande distinction à faire entre le changement choisi (ex. : un déménagement, le fait de devenir parent) et le changement subi (un licenciement, une maladie…). Même si les deux demandent une capacité à s’adapter à une nouvelle situation, à faire de nouveaux apprentissages, à trouver de nouveaux repères, le contexte sera totalement différent. L’un sera davantage vécu comme stimulant, l’autre pourra être assorti de souffrance, de stress, de perte de repères. Lorsque le changement est « subi » et soudain, il n’y aura pas eu de place pour la projection dans une nouvelle situation. De plus, notre cerveau n’aime pas le fait de devoir changer et trouver de nouveaux ajustements. Comme le dit Gerhard Roth, chercheur en neurosciences et philosophe : « La routine aide notre cerveau à économiser de l’énergie et d’un point de vue neurobiologique, cette mesure est non seulement utile mais nécessaire à la survie1 ».

Lorsqu’une situation change du tout au tout ou de manière plus discrète, nous devons donc lutter contre ces réactions naturelles de stress émises par notre cerveau. Le besoin de sécurité n’est plus assuré et en première réaction, cela peut provoquer de la panique.

1. https://www.sanitas.com/fr/magazine/vivre-ensemble-aujourd-hui/le-cerveau-adore-les-habitudes. html Heureusement, c’est aussi grâce aux innombrables connexions de notre cerveau que nous avons cette capacité d’adaptation. Pierre-Marie Lledo, également actif dans le domaine des neurosciences (neurobiologiste), rappelle que « Le cerveau se nourrit du changement, c’est une véritable fontaine de jouvence. Nous permettre de nous adapter à des ruptures est tout simplement sa raison d’être2 ». Cette adaptation ne sera pas la même pour chacun. Plus le cerveau aura emmagasiné d’expériences d’ajustements et de nouveaux apprentissages dans tous les domaines, plus la capacité de résilience pourra être mobilisée. Ce n’est donc ni une question d’âge, ni de métier, ni de milieu social.

Comment aider quelqu’un à vivre un changement ?

La courbe du deuil ou du changement Une des premières pistes consiste parfois à permettre à la personne de prendre conscience que le changement et l’adaptation à une nouvelle situation est un processus. Et comme l’expliquait Elisabeth Kubler Ross (psychiatre ayant développé le modèle de la « courbe du deuil ou courbe du changement »), la personne peut passer par

différentes phases et différentes émo-

tions, allant de la colère à la tristesse en un

2. Le cerveau se nourrit du changement. https:// www.lemonde.fr/economie/article/2018/04/22/lecerveau-se-nourrit-du-changement_5289025_3234. html

: https://attitudes-positives.fr/la-resistance-au-changement/ Source

premier temps pour se transformer, petit à petit, et laisser la place à l’intégration de la nouvelle situation.

Afin d’illustrer ces étapes du changement, je partirai du cas de l’annonce de la maladie. Mais « l’arrivée dans l’âge mûr ou la vieillesse » est également un moment de bouleversement ou de changement se matérialisant par exemple par l’entrée en maison de repos. La personne âgée et sa famille pourront également traverser ces phases « descendantes » et « ascendantes ». Et cela peut se manifester de beaucoup de façons différentes – plus discrètement ou plus visiblement.

Si je reprends l’exemple de l’annonce de la maladie, le patient tout comme son/ses proche(s) vont passer par différentes émotions ou réactions allant du choc de l’annonce à la tristesse que signifie par exemple la perte de l’état de bonne santé - même temporaire. Les émotions décrites par Kubler Ross sont : le choc, le déni, la colère (« ce n’est pas juste »), la peur (« qu’est-ce que je vais devenir, qu’est-ce que nous allons devenir ? ») et la tristesse liée à la perte de la situation d’avant.

Après cette phase descendante et une fois que la perte de l’ancien a pu être « pleurée », la personne entre dans une phase « ascendante », comme une remontée où la personne/ le proche commence ou recommence à voir plus loin, à composer avec cette nouvelle réalité.

Il s’agit bien sûr d’un modèle et il a déjà été adapté de nombreuses fois, enrichi d’autres approches. De plus, certains psychologues ou chercheurs le proposent également en forme de boucle, montrant qu’il y a parfois des allers-retours. Lorsque l’acceptation du changement est difficile, cela peut être parce que la personne est restée « bloquée »

dans une des phases. Certains besoins liés au changement n’ont pas trouvé réponse (sécurité, sens, reconnaissance…).

Tout un système qui va devoir évoluer

Comme on l’a vu plus haut, de nombreux courants ont travaillé et travaillent sur la thématique du changement – en fonction

des secteurs et des objectifs visés. Aujourd’hui, les neurosciences analysent en particulier le fonctionnement de notre cerveau face au changement. En sciences sociales, un des courants né vers les années 70 – et faisant suite à la pensée analytique – est la pensée systémique. Ce courant de la systémique est une deuxième piste qui peut éclairer le processus du changement et ses multiples effets. Dès les années 70, des chercheurs et psychologues ont formalisé l’évolution d’une pensée linéaire « cause-conséquence » vers une pensée systémique. « Tout est lié ». Et donc un changement individuel a des effets sur l’ensemble de l’entourage de la personne et dans des secteurs très variés auxquels on n’aurait pas pensé à première vue.

© Pixabay

Autant pour le patient que pour les proches, le surgissement de la maladie est un bouleversement, un « voyage vers l’inconnu » qui fait peur. Le patient et ses proches peuvent avoir l’impression d’être perdus, dépassés. Comme si la terre n’était plus stable sous leurs pieds. C’est l’émotionnel qui prend le dessus.

Stable malgré tout Dans ces moments de grande transformation, une piste peut consister à aider la personne à chercher ce qui est encore stable malgré tout. L’émotionnel laisse alors la place à la réflexion et donne une possibilité d’action par la suite. Les questions sont alors du type :

Sur quoi ai-je encore un peu de maitrise ?

Quelles sont mes ressources (mon réseau social, des expériences antérieures de moments difficiles et ce que j’ai mis en place pour les dépasser, mes qualités, mes savoirs, savoir-être, savoirfaire, …) ? Ces questions peuvent réellement être des points d’appui pour le patient mais aussi pour les proches. Une fois plongée dans ce

grand changement, il peut être intéressant également d’aider la personne à nommer des besoins qu’elle aurait – liés à ses émotions. La peur peut être liée à un manque de sécurité par exemple. Mais elle peut aussi être liée à un manque de reconnaissance ou de prise en compte de ce que la personne vit. Et s’il y a un manque de sécurité, de quoi la personne aurait-elle besoin pour se sentir un peu plus en sécurité ou un peu plus reconnue dans ce qu’elle vit ? Tout processus de changement ou bouleversement, comme nous l’avons vu, comporte des phases ou étapes. Certaines sont dans l’action (qu’est-ce que je peux faire dans cette situation ?), d’autres dans l’acceptation pour pouvoir lâcher l’ancien. C’est donc parfois accepter de « laisser partir » un proche. Accepter ce grand changement qu’est la vie : naitre, vivre, mourir. Ou alors accepter que la vie ne sera plus comme avant, qu’elle sera autre – et que peut-être la maladie fera partie de cette nouvelle donne. Quel que soit le changement, il y a toujours une phase de lâcher prise pour pouvoir passer à la suite et s’adapter au nouveau contexte. Et comme le dit Karine Aubry dans son article « S’adapter au changement de contexte » : « Parfois, s’adapter au contexte c’est lâcher le contrôle et attendre, exactement comme quand, sur votre ordinateur, un processus de mise à jour s’est enclenché et que vous n’avez plus la main sur rien3. » Comme si, malgré la rapidité de nos vies, le changement avait – pour être intégré – besoin de temps, le temps d’adaptation.

© Pixabay

Sources

Françoise Kourilsky, Du désir au plaisir de changer, 2014, 5e édition. Karine Aubry, S’adapter au changement de contexte, https://kolibricoaching.com/le-changement/sadapter-au-changement-decontexte/ https://www.sanitas.com/fr/magazine/vivre-ensemble-aujourd-hui/ le-cerveau-adore-les-habitudes.html – ITV de Gerhard Roth, chercheur en neurosciences et philosophe. https://www.lemonde.fr/economie/ article/2018/04/22/le-cerveau-senourrit-du-changement _5289025_3234.html – (ITV du neurobiologiste Pierre-Marie Lledo, Le cerveau se nourrit du changement.

Les formations chez Volont’R

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Témoignages de participants à la formation Accompagner les proches des patients malades et/ou en fin de vie

témoignages Étant nouvelle volontaire, j’ai encore beaucoup de choses à apprendre dans le relationnel mais je retiens de cette formation qu’en situation de souffrance, notre présence est déjà un cadeau ! Murielle, volontaire à Liège

Finalement, il n’y a pas de théorie. Tout dépend de la personnalité de chacun et du cœur que chacun met à son rôle. Maggy, volontaire à Liège

L’importance de regarder un mourant comme un vivant car c’est ce qu’il est, jusqu’à la fin. Amélie