Magazine No. 10 / juin 2017

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Nº 10 / juin 2017

DE L̓A RMÉE DU SA LUT

MAINTENANT, JE SAIS QUE JE SUIS APPRÉCIÉE Page 4

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FOYER LA RÉSIDENCE

NOUVEAU DÉPART À L’ARMÉE DU SALUT

PATRIZIA GUGGENHEIM

A petits pas vers plus d’autonomie

Sandra Iff s’épanouit

« Les uniformes de l’Armée du Salut fascinaient mon père. »


ÉDITORIAL

SOMMAIRE

Chère donatrice, cher donateur,

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Au soir d'une journée difficile, un homme m’a adressé la parole à la gare. Plongé dans mes pensées, je lui ai demandé ce qu’il voulait. Il souhaitait que je lui donne un franc pour pouvoir s’acheter à manger. Je lui ai répondu : « Je ne vais pas vous donner d’argent. Mais si vous voulez, je vous achète quelque chose à manger ». Nous nous sommes donc dirigés ensemble vers la sandwicherie la plus proche. Nous avons échangé quelques mots et je lui ai dit que l’Armée du Salut aidait les gens en difficulté. Chacun d’entre nous a certainement déjà vécu une situation comparable à celle-ci. Mais comment rencontrons-nous ces personnes ? Nous sommes souvent pressés et leur passons devant sans nous arrêter. Nous ne voyons pas la personne qui se trouve en face de nous. Et pourtant, un simple sourire suffirait pour témoigner à l’autre notre estime. Sandra rencontre elle-même des difficultés dans la vie. Malgré tout, il est important à ses yeux d’être là pour les autres. Découvrez aux pages 14 à 16 ce qui la motive à rendre visite à des personnes en marge de la société.

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Une maison et ses habitants

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Nous quatre

La Résidence : un lieu sécurisant où se reconstruire

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L’Armée du Salut apporte son soutien

Avec l’accompagnement à domicile, l’Armée du Salut conseille et soutient des personnes frappées par le destin

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Au pied de la lettre

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La musique est … encouragement

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Pour se réjouir

À Genève aussi, nombreux sont ceux qui cherchent un peu de compagnie, à manger et un lit chaud. L’Armée du Salut va répondre à ce besoin. D’ici 2019, elle va augmenter le nombre de lits grâce à un nouveau centre d’hébergement d’urgence. Rendez-vous à la page 22 pour en savoir plus sur le projet La Sécheron. Suite à un coup du destin, les choses de la vie quotidienne peuvent se transformer en obstacles insurmontables. Pages 8 à 10, découvrez la manière dont l’accompagnement à domicile de l’Armée du Salut aide à ouvrir le courrier. J’aimerais que nous accueillions chaque personne avec respect. En effet, Dieu est là pour tous les hommes, sans condition. À l'Armée du Salut, notre motivation consiste à rencontrer notre prochain avec amour. Soyez vous aussi un messager de cette estime de l’autre. Que Dieu vous bénisse

8 L’Armée du Salut apporte également un soutien à domicile.

Christoph Bitter Responsable Dons

armeedusalut.ch

IMPRESSUM Magazine des donateurs de l’Armée du Salut Suisse | Parution deux fois par an (juin/décembre) Editrice : Fondation Armée du Salut Suisse, Dons, Laupenstrasse 5, Case postale, CH-3001 Berne Téléphone 031 388 05 35 | dons@armeedusalut.ch | armeedusalut.ch | CP Dons 30-444222-5 Rédaction Christoph Bitter (responsable dons), Tamara Traxler (responsable rédaction), Florina German, Gino Brenni, Sébastien Goetschmann Traduction Service de traduction de l’Armée du Salut, Text Control SA Concept et Design Spinas Civil Voices, Zurich | Mise en page Nadia Shabani | Imprimeur Stämpfli SA, Berne Fondateur de l’Armée du Salut William Booth | Général André Cox | Chef de territoire Commissaire Massimo Paone 2


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De la rue à la cuisine de l’Armée du Salut : Sandra Iff a une nouvelle tâche

Du concret Nouveau Bureau social à Genève et programme d’occupation au Foyer « Die Brücke » à Liestal

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Que de questions !

Entretien avec Patrizia Guggenheim

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Entre autres

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A suivre

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Pour ceux que la chance a abandonnés

Plus de lits à l’Accueil de nuit à Genève

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À La Résidence, on apprend à vivre dignement malgré la maladie.

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En cuisinant pour les sans-abri, Sandra Iff a retrouvé une tâche. Patrizia Guggenheim maintient vivant l’héritage de son père, l’artiste Varlin. Photo de couverture : Christa Minder Photos : Lin Geissler, Werner Tschan, Ruben Ung, Christa Minder, Martin Heimann 3


UNE MAISON ET SES HABITANTS

« ICI, JE PEUX ME RECONSTRUIRE »

La Résidence de l’Armée du Salut à Lausanne est un établissement psycho-éducatif qui peut héberger 32 adultes, hommes et femmes. Etablissement dit à haut seuil de tolérance, il accueille avec bienveillance, même ceux dont les autres foyers ne veulent pas.

A la Place du Vallon à Lausanne, se dresse le bâtiment de La Résidence. A l’accueil, une affiche bien visible annonce qu’il y aura des interviews pour le Magazine des donateurs. De telles affiches ont été placées un peu partout dans le bâtiment. Monsieur Daniel Cabras, responsable du secteur logistique & promotion de la santé, a préparé au mieux cette journée particulière. Entré dans la grande salle à manger commune, on ressent déjà une certaine agitation. Un homme en training, ne cesse d’aller et venir, certainement intrigué par la mise en scène que prépare le photographe. « Nous avons averti tout le monde de ce qui se passe aujourd’hui », confirme Daniel Cabras. « Ce matin encore plusieurs résidents ont dit être d’accord de répondre à quelques 4

questions. » Les résidents, c’est comme cela que sont appelés les bénéficiaires de l’institution, présentent une importante fragilité psychique et des troubles de l’ordre de la schizophrénie. Des objectifs personnels et adaptés L’offre d’accompagnement est adaptée à chaque personne. Il s’étend de l’accompagnement holistique : biopsycho-social et spirituel, à la pension complète et à l’entretien du linge personnel, et des espaces privés et communautaires. « Souvent, les personnes qui arrivent ici se trouvent en situation de grande précarité, d’instabilité psychique. Certaines sont également dépendantes à l’alcool ou à d’autres drogues », explique


Christine Mariethoz, responsable de l’équipe psychoéducative. « Au départ, nous mettons en place un concept de rétablissement adapté aux attentes et aux limites de la personne accueillie. Nous ne fixons donc pas d’exigences élevées, il faut déjà que le résident apprenne à vivre avec sa maladie, à l’accepter. Pour cela, chaque résident a un référent avec qui il fixe ses objectifs personnels ainsi que les étapes à mettre en place pour y parvenir, afin d’augmenter son autonomie. » Le personnel de La Résidence assure des suivis visant au respect du droit de la personne et au développement de nouvelles compétences. Mais aussi au maintien des acquis et à la réduction des risques concernant la consommation et les comportements, le tout dans un lieu sécurisant. « Il nous importe de cultiver l’espoir », conclut Christine Mariethoz. Malgré une légère hésitation, Caroline Blanchet, 54 ans, accepte de se confier : « Cela fait 11 ans que j’ai tout plaqué pour venir ici, afin de me reconstruire. Comme je suis de nature renfermée, le but que j’ai fixé avec mon référent est de tisser des contacts sociaux à

l’extérieur. Pour cela, je vais travailler un matin par semaine au CROEPI (ndlr : Centre Romand d’Orientation et d’Education Professionnelle des Invalides). J’y fais de la mise sous pli et du tricot. Les produits artisanaux sont ensuite vendus dans la boutique sociale La Lausanette », me dit-elle un brin de fierté dans le regard. Valoriser le libre-choix Le concept d’accompagnement de La Résidence est basé sur la libre volonté : le résident doit s’engager dans son propre processus de rétablissement. Les résidents peuvent, en principe, entrer et sortir nuit et jour à leur convenance. Une liberté grandement appréciée. « C’est cet aspect qui m’a fait choisir La Résidence », assure Marion. La jeune femme, atteinte de schizophrénie, est avenante, bien maquillée et elle prend soin de choisir ses mots. « Nous sommes libres de gérer notre temps comme nous le désirons, de participer aux ateliers comme ceux de cuisine, de jardinage, de musique ou aux sorties au bowling, au comptoir à Beaulieu, au musée, ... Notre famille peut aussi nous rendre visite autant de fois qu’elle le souhaite et dix

Pour Marion, la liberté dont elle bénéficie à La Résidence lui permet de retrouver une vie stable et autonome. 5


Daniel Cabras, responsable logistique & promotion de la santé, échange avec Jean-Jacques Meyer (d.), véritable mémoire vivante de l’établissement où il réside depuis 30 ans.

repas par année leurs sont même offerts. D’ailleurs on peut choisir celui de notre anniversaire », finit-elle par dire enthousiasmée. Bien que l’établissement offre une liberté importante, il y a tout de même des règles à suivre, comme l’inter-diction de détenir et de consommer de l’alcool et d’autres drogues dans le bâtiment. « Même si le Foyer ne vise pas l’abstinence, à moins que cela soit le projet d’un résident, cette règle fait sens avec notre concept psycho-éducatif. En plus, c’est un principe ancré dans l’Armée du Salut », affirme Christine Mariethoz. L’importance des valeurs Ces principes basés sur des valeurs chrétiennes comme la dignité, l’espérance, l’amour du prochain ou la justice, donnent à La Résidence une couleur particulière. « A ces valeurs, je voudrais ajouter celles de respect, de solidarité, de loyauté et d’écoute, qui me tiennent particulièrement à cœur », dit Franco Coluni, responsable du secteur accompagnement à La Résidence, depuis avril 2017. « Cet accueil bienveillant envers toutes les personnes désireuses d’être accompagnées doit être ce qui nous différencie d’autres établissements. Une de nos résidentes m’a dit qu’aucun foyer ne voulait l’accepter. Nous devons être là pour ces personnes. » Le service d’aumônerie fait aussi partie intégrante de l’offre d’accompagnement. Un établissement qui évolue « Aujourd’hui l’ambiance de la maison est calme et agréable », souffle Jean-Jacques Meyer. Ce monsieur de 6

82 ans, qui se déplace difficilement avec des béquilles, sait de quoi il parle. Le tuteur général l’a envoyé ici il y a 30 ans, et il a vu l’endroit changer. Il se souvient : « C’était une auberge sociale qui pouvait accueillir une centaine d’hommes, nous étions 3-4 par chambres. Le restaurant était public et une faune particulière, dont certains malfrats occupaient les lieux. Il arrivait régulièrement qu’il y ait des tensions voire des bagarres. Mais heureusement que les choses ont évoluées positivement », dit réjoui cet homme qui regarde volontiers des séries policières. Au chapitre des changements, un projet immobilier est en cours pour La Résidence et consiste en la construction d’un nouveau bâtiment à la place de l’actuel. « Dans ce contexte, nous pourrions envisager des espaces tels qu’une salle de spectacle, une salle de sport, des lieux de détente et de loisirs, ainsi qu’un petit restaurant », ajoute Luc Delbrouck, directeur de La Résidence. « Cela permettrait aux résidents de faire valoir leurs compétences, d’en développer de nouvelles, d’enrichir les relations sociales par le partage de ces espaces avec les habitants du quartier ou des associations, et de renforcer l’aspect inclusif. » « Cette opportunité favorisera aussi une meilleure intégration des bureaux administratifs dans le bâtiment », complète Jessica Cottet, responsable du secteur administration & finances à La Résidence. Texte : Sébastien Goetschmann | Photos : Werner Tschan


NOUS QUATRE

D A NIEL A M AUR

Membre de l’A rm ée du Salu t de Zuric h

WA LT ER SOMMER

Responsable de la paroisse salu tiste

de Coire

chrétienne, j’ai fait A la recherche d’une communauté tre la voie. Quand un pacte avec Dieu pour qu’il me mon mée du Salu t quelune connaissance m’a invi té à l’Ar e su que c’était là ma ques temps après, j’ai tou t de suit officier du Pos te de place. Depuis juillet 2016, je suis e). Notre « SuppenCoire (responsable de la paroiss du soir) réunit, une kasper » (repas communautaire qui espèrent trouver fois par semaine, des personnes es discuter et se send’au tres personnes avec lesquell lise combien chaque tir à la maison. Chaque fois, je réa lque chose à offrir à personne est précieuse et a que père et apprécie les autrui. Je suis moi-même grandls. J’aime aussi faire moment s passés avec mon petit-fi e pour le « Suppenla cuisine, ce qui est très pratiqu kasper ».

DEBORA GALEUCHET Stagiaire au Poste de l’Armée du Salut de Berne

Mes parent s sont actifs depuis longtemps au sein de l’Armée du Salut. Je suis donc plus ou moins « tombée dans la marmi te ». Après notre stage au Poste de Berne (paroisse salutis te), mon mari Stève et moi-même commencerons, en été 2018, notre formation pour devenir officiers de l’Armée du Salut. J’ai actuellement la responsabilité du projet Rahab, à Berne, une offre d’accompagnement pour les femmes travaillant dans le domaine de la prostitution. J’apprécie énormément le fait que l’Armée du Salut permette de vivre sa foi de manière très pratique et que l’engagement social y joue un si grand rôle. Personnellement, j’aime beaucoup lire, être dehors et passer du temps avec d’autres personnes.

ER

Je suis salu tis te et membre de la fanfar e traditionnelle du Poste. J’aime procurer de la joie aux personnes par notre musique. Je m'e ngage égalemen t pour les enfant les jeunes et pa s et rticipe à différen ts camps et au événements co tr es mme monitrice. Ce travail me particulièremen tient t à cœur. Je trou ve très importan passer du temps t de avec des enfant s et des jeunes les écou ter, de , de les prendre au sé rieux et de leur trer, pas le biais m onde diverses activ ités, le chemin la foi. Je suis m vers ariée et maman d’une fille adul te que de trois fils ai nsi adolescent s. M a famille fait pa l’A rmée du Sa rt ie de lu t depuis plus ieurs génératio suis tout nature ns , j’y llement restée.

THOM AS BAUMGA RT NER

Responsable des Foyers

de l’Armée du Salu t à Bâle

Avant mon entrée dans cette fonc tion de responsable, je connaissais à peine l’offre sociale, pourtant importante, de l’Armée du Salu t dan s ce domaine. Ceux qui profi tent du beau temps pou r se promener au bord du Rhin connaissent tous le Foyer pour hommes, à Bâle. Quand j’ai pris mes fonctions il y a deux ans, j’ai découvert que l’engag ement de l’Armée du Salu t pour les personnes qui en ont besoin va bien plus loin. Cela fait plus de cent ans que les collaborateurs de nos deux maisons s’inves tissent avec patience, passion et le savoir-faire nécessaire pour accompagner des personnes malmen ées par la vie, tout en comptant sur l’aide divine.

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L’ARMÉE DU SALUT APPORTE SON SOUTIEN

UNE MAIN POUR AIDER, UNE OREILLE POUR ÉCOUTER

Après une crise, beaucoup de choses peuvent devenir une charge : par exemple, ouvrir le courrier.

Gérer le courrier, sortir les poubelles et nettoyer l’appartement : après une crise, les tâches quotidiennes deviennent souvent une charge. L’Armée du Salut conseille et soutient des personnes frappées par le destin. Regula Schüpbach, assistante sociale, rend visite à une femme qui a récemment perdu son mari. La porte blanche du troisième étage s’ouvre au premier coup de sonnette. Foxy accueille Regula Schüpbach en sautant et en agitant la queue. La boule de fourrure lui tourne autour avant de retourner vers sa maîtresse. Anna Meier* porte des souliers de marche. « Vouliez-vous sortir votre chien ? », demande la visiteuse. « Non, nous venons de rentrer, Foxy et moi. Entrez seulement. » Il est presque quatre heures. C’est le quatrième rendez-vous de la journée pour Regula Schüpbach, qui se rend régulièrement chez Anna Meier depuis un an et demi. Les deux femmes prennent place au salon.

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Peur d’ouvrir les lettres De taille moyenne, la pièce est aménagée de manière pratique : un canapé en tissu, une table de salon, une étagère en bois, un petit lit pour Foxy, une télévision et quelques DVD. Regula Schüpbach est à peine assise sur le canapé que son hôtesse, âgée de 54 ans, commence : « Vous voyez cette lettre ? Je ne sais pas ce que je dois faire ! Je n’ai pas cet d’argent ! » Après une lecture attentive de la lettre, l’assistante sociale commence par rassurer sa cliente et lui expliquer de quoi il s’agit : le remboursement d’une prestation revendiquée par

* Pour cette histoire, nous avons modifié le nom et utilisé les photos d’une autre personne  afin de protéger la vie privée     de la personne concernée.


un office. Puis, elle se renseigne sans attendre par téléphone. « Ils vérifient le cas », rapporte-t-elle après avoir raccroché. « Il y a peut-être une erreur. ». Anna Meier en saura plus dans une semaine. Regula Schüpbach la soutient régulièrement pour s’occuper du courrier, des factures, ainsi que des démarches auprès des autorités. Ensemble, elles ouvrent encore deux lettres que Madame Meier avait peur d’ouvrir seule. L’une vient de son ancien employeur, l’autre, du service d’inhumation.

L’Armée du Salut n’a pas abandonné Anna Meier après le décès de son mari.

« Je nage un peu » Anna Meier (54 ans) « L’année passée a été difficile », raconte Anna Meier. Son regard vagabonde dans le salon, puis se pose sur l’étagère. Elle y a disposé l’urne de son mari, sa photo, une rose et une bougie blanche. « Une fois l’urne installée chez moi, j’ai enfin pu pleurer », raconte la veuve. Quand Herbert est décédé, dans un établissement de l’Armée du Salut, elle a d’abord continué à fonctionner et a même aidé à le mettre en bière. Les forces ont manqué après coup, mais Regula Schüpbach l’a soutenue dans ces heures difficiles et l’a accompagnée au crématorium pour y chercher l’urne. « Je suis extrêmement contente de recevoir l’aide de Madame Schüpbach. En ce moment, je nage un peu. »

L’Armée du Salut aide à briser le cercle vicieux L’Armée du Salut soutient des personnes qui ont perdu pied après une crise familiale ou la perte de leur emploi ou de leur logement. Des visites régulières leur permettent de partager les soucis avec un professionnel et de recevoir un soutien pratique. Pour offrir un accompagnement à domicile, l’Armée du Salut loue, si nécessaire, des appartements comme locataire principal. A Berne, ce sont 40 appartements. L’Armée du Salut reçoit jusqu’à trois demandes par semaine mais doit en refuser beaucoup vu le peu d’appartements libres disponibles sur le marché. Offre à : Berne, Amriswil (TG), Bâle, Reinach (AG)

Un suivi qui comble une lacune Avant cette crise, elle réglait tout de manière autonome, précise l’aide-soignante de formation. Anna Meier a toujours beaucoup travaillé, pas seulement dans son métier, mais également dans la vente, dans une entreprise de peinture puis dans la construction. Des raisons médicales l’ont contrainte à cesser de travailler et toucher une rente. L’année passée, un accident et la rénovation de l’appartement qu’elle louait se sont encore ajoutés à sa situation. Avec son chien, elle a d’abord emménagé provisoirement dans le même foyer que son mari, mais cette solution ne pouvait convenir sur la durée, pour cette rentière énergique. Le directeur a donc demandé à l’accompagnement à domicile de l’Armée du Salut si un appartement était libre. Ce service remplit un vide. « Nous soutenons

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Anna Meier est très contente du soutien apporté par l’accompagnement à domicile : « L’Armée du Salut m’aide en attendant que mon ‹bateau› vogue à nouveau. »

des personnes qui sont passées par une crise sociale ou psychique. Pour être hébergés en foyer ou en clinique, ces personnes se portent malgré tout trop bien. Il peut aussi s’agir de mères célibataires ou de jeunes qui ont besoin de soutien temporaire. Le contact les aide à recouvrer leur stabilité au quotidien », explique Regula Schüpbach. L’assistante sociale de l’Armée du Salut ne limite pas son accompagnement à des visites,

mais prend également des nouvelles par téléphone ou WhatsApp. L’accompagnement à domicile a pour objectif de permettre aux personnes de récupérer un appartement en autonomie dans les deux ans. Texte : Tamara Traxler | Photos : Ruben Ung

AU PIED DE LA LETTRE

Envoyé par Katharina B.

« Je tiens d’abord à vous remercier chaleureusement pour votre gentille carte de remerciements. Je ne m’y attendais pas ! Vous savez, je renonce à de nombreuses choses ‹normales› pour pouvoir transmettre de telles sommes. Par exemple de belles vacances ! Depuis longtemps, mes ‹vacances›, ce sont chaque année 3 ou 4 cartes journalières du réseau Ostwind pour voyager en Appenzell. C’est aussi beau, même très beau ! L’humilité est aujourd’hui un mot un peu étranger. Même les personnes qui ont besoin d’aide doivent souvent encore l’apprendre. Moi, j’ai l’avantage de ne pas puiser ma valeur dans les biens matériels mais de lui, mon Dieu. Et il est toujours là, même en Appenzell ! »

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LA MUSIQUE EST ENCOURAGEMENT Markus Frei responsable de projet Armée du Salut Music & Gospel Arts

Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien. Psaume 23:1

Joyeux et rythmé, ce chant s’inspire du Psaume 23 et me rappelle que Dieu reste à mes côtés, quelle que soit ma situation. Tout ce que je vis de beau et de bon n’est pas une évidence mais un cadeau, que j’aimerais recevoir de sa main, avec reconnaissance. Précisément parce que j’ai pu expérimenter son soutien dans les moments les plus sombres de ma vie.

Everywhere that I go Israel Houghton, Cindy Cruse Ratcliff

Ce chant est tiré de l’album « Born to Praise », dont la sortie marque les 20 ans d’existence du groupe alive-teens. Plus d’infos sur ce chœur d’enfants et de jeunes : alive-teens.ch. 11


POUR SE RÉJOUIR

UN MUSEAU POUR BRISER LA GLACE A Bâle, le Foyer pour enfants « Holee » a accueilli l’été passé un nouveau membre dans son équipe. Son nom est « Mélange ». Elle a quatre pattes et sa propriétaire, Jasmina Pfister, l’emporte pour des raisons pratiques : ne pas devoir la faire garder ailleurs. Depuis les années 1970, les chiens sont impliqués dans le travail pédagogique, car ils peuvent briser la glace entre les enfants et les adultes ou aider des enfants timides à prendre confiance en eux-mêmes. « Mélange » est une camarade de jeux très prisée : les enfants lui lancent des bâtons, la caressent et la promènent. Les plus courageux se roulent même par terre avec elle. Stefan Wolf, directeur du Foyer de l’Armée du Salut, a surmonté son scepticisme initial. Il est aujourd’hui convaincu que ce chien est un réel enrichissement : « Pratiquant le jogging et me déplaçant aussi à vélo, je n’aime pas beaucoup les chiens. J’ai pourtant dû me rendre à l’évidence : les enfants, spécialement les petits, apprécient beaucoup ‹Mélange›. » Photo : pixabay

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« FRÈRE JACQUES » POUR RELIER LES CULTURES Six réfugiés afghans ont participé au camp de musique « Brassweek » de l’Armée du Salut, en automne passé. Des musiciens salutistes expérimentés ont aidé les six jeunes musiciens à découvrir les notes et des instruments inconnus. Des mélodies simples, mais jouées avec entrain, n’ont pas tardé à retentir à la Waldegg. Faire de la musique ensemble a permis de nouer des amitiés malgré toutes les différences d’âge, de capacités, de nationalité, de langue et de religion. Le groupe de réfugiés a récolté de chaleureux applaudissements lors du concert final. Depuis le camp, les jeunes hommes se réunissent le mercredi pour répéter sous la direction de la fanfare du Poste de Zurich Central. La suite du projet n’est pas encore claire, mais les rêves ont leur place. L’un des jeunes Afghan a exprimé son ambition de « jouer un jour dans la ‹grande› fanfare ». brassweekwaldegg.ch Photo : Armée du Salut

UN CYCLE DE SATISFACTION Les résidents der Foyer et Ateliers « Hasenberg » participent à un cycle perpétuel : celui de leur jardin bio. En hiver, du fumier bio prépare la terre pour la semence et la plantation des semis démarre peu à peu. Les premiers plants font leur apparition au début du printemps sur le marché spécialisé. On continue d’arroser et de soigner et la prochaine étape commence fin mai avec la première récolte. « Acheter à la ferme » : les amateurs de légumes y trouvent toutes sortes de tomates et de courgettes, des haricots, des salades et des choux-raves. Cette production bio jouit du dévouement des résidents. Pour Max*, le jardinage apporte davantage de joie et de satisfaction :

« Je peux voir le travail de mes mains grandir, de la graine au fruit, au rythme des saisons. Cela m’aide à rester jeune et me rend très heureux. » Les clients ne sont pas les seuls à profiter du jardin. La cuisine du « Hasenberg » se fait livrer directement les ingrédients qui servent à la confection de succulentes sauces tomate et de délicieux gratins et qui approvisionnent le buffet de salades quotidien. Max et les autres résidents profitent de la dernière phase du cycle – le repas – pour savourer les fruits de leur travail. Photos : Armée du Salut

* Nom connu de la rédaction

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POUR CEUX QUE LA CHANCE A ABANDONNÉS

« LA MAMIE DE LA GARE » Chaque mardi, Sandra Iff cuisine pour 30 personnes dans le besoin à l’Armée du Salut à Aarau.

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Sandra Iff explique sa motivation ainsi : « Chacun et chacune peut prendre un nouveau départ. C'est ce que je veux transmettre aux personnes de la rue. »

Le plus grand souhait de Sandra est de travailler. Depuis un coup du destin, il est difficile pour cette mère de trois enfants de reprendre pied. Elle a trouvé de la convivialité ainsi qu’une nouvelle tâche à l’Armée du Salut d’Aarau. Sandra Iff porte des chaussures de sport blanches, des jeans à la coupe jeune et un tablier de cuisine jaune. Lukas Wittwer, officier de l’Armée du Salut, guigne pardessus son épaule pour voir ce qu’elle cuisine au Centre de rencontres « Archeträff » de l’Armée du Salut à Aarau. Sandra souligne ses mots par des gestes pendant qu’elle nous parle de sa vie. Agée de 44 ans, elle est mère de trois enfants aujourd’hui adultes. Sandra voit le fait qu’elle soit devenue mère jeune comme une bénédiction. Elle a été frappée par un coup du destin très tôt, ce qui l’a poussée dans une spirale négative. Le côté sombre de la médaille « Dans ma jeunesse, j’ai fait du sport de compétition et j'avais de grands objectifs », se souvient-elle. Ses problèmes de genoux ne l’arrêtaient pas, jusqu’à ce qu’elle doive être opérée d’urgence. Sandra avait alors 16 ans et faisait une formation de cuisinière. « Mon maître d’apprentissage m’a dit que je n’allais pas réussir si je manquais tout le temps. C'est comme cela que j’ai perdu ma place d’apprentissage à cette époque. » Le destin ne lui a pas laissé de répit. Peu d’années après, elle recevait le diagnostic de cancer de la peau. Sandra s’est enfoncée dans un gouffre profond. Elle abandonna ses rêves et s’abandonna elle-même. « Je ne veux rendre personne responsable de ma toxicomanie. Mais je me sentais souvent seule lorsque ma mère était au travail. Je traînais et je rencontrais des gens de la rue. Je cher-

chais de l’attention et j’ai sombré dans les drogues. » Puis Sandra est tombée enceinte. Ramona l’a sauvée « C'est d’attendre un bébé qui m’a sauvée », souligne la femme de 44 ans. Sandra a surmonté sa dépendance à l’aide d’un programme de méthadone. Elle s’est mariée et s’est occupée de la petite Ramona. Elle a ensuite eu deux autres enfants. Aujourd’hui, cela fait 24 ans que Sandra n’a pas touché à la drogue. Elle est toujours en contact avec les gens de la rue. « Je les écoute me raconter leurs soucis et je les encourage », explique Sandra. Quelques-uns la voient comme un modèle, car elle a réussi à se sortir de la drogue. A la gare, les jeunes l’appellent « la mamie de la gare ». « Les jeunes trouvent les drogues cool et essaient quelque chose ici et là. Beaucoup ne peuvent pas parler de leurs problèmes », explique Sandra. Elle est là et les écoute. C’est important pour elle de montrer aux jeunes ce qui se passe lorsqu’on tombe dans l'addiction. « La musique te fera du bien » Sandra connaît beaucoup d’histoires de gens de la rue. Pour presque tous, elle sait où le bât blesse. En comparaison, ses propres problèmes paraissent moindres à ses interlocuteurs. « Lorsque j’ai rencontré Sandra, elle n’allait vraiment pas bien », raconte l’officier de l’Armée du Salut Lukas Wittwer. « C’était il y a trois ans », ajoute Sandra. 15


« Lukas prête une oreille attentive. Peu importe les soucis que l’on a », explique Sandra Iff, qui apprécie l’aide de l’officier de l’Armée du Salut.

Elle craignait que le cancer soit revenu. Plusieurs fois par semaine, elle perdait connaissance et ne pouvait plus se souvenir de rien après. « J'avais l’impression de ne servir à rien. Parfois, ma fille me trouvait dans n’importe quel coin de l’appartement. » L’Armée du Salut l’a recueillie dans cette période difficile. A la gare d’Aarau, Marcel Bürgi, éducateur de rue de l’Armée du Salut, lui a glissé un de ses CDs dans la main. « Il m’a dit que la musique me ferait du bien. » Les chansons de l’éducateur de rue parlaient de la vie, de l’espoir et de Dieu. Les paroles ont été droit au cœur de Sandra. Marcel Bürgi a décelé sa passion pour la musique. Il a amené Sandra avec lui à l’« Arche », dans les locaux de l’Armée du Salut à Aarau. « A la cave, il y a un studio d’enregistrement. Nous y répétons avec le groupe de l’Arche », poursuit Sandra avec fierté. « Le groupe est composé de membres de la paroisse de l’Armée du Salut et de personnes de la rue. Dans le groupe, beaucoup de personnes retrouvent un esprit communautaire pour la première fois depuis longtemps », complète Lukas Wittwer. La deuxième famille de Sandra Sandra a aussi noué des contacts à l’Armée du Salut et a même trouvé un petit boulot. Chaque mardi, elle cuisine avec des bénévoles un souper pour 30 personnes de la rue. « L’Armée du Salut est un substitut pour moi », dit la mère sans emploi. Son plus grand souhait serait de travailler. Sans tâche, elle n’a aucune perspective. Ses évanouissements ne lui permettent pas de travailler régulièrement. Par bonheur, le cancer n'est pas revenu. 16

Toutefois, une maladie cardiaque héréditaire a été diagnostiquée chez Sandra. Depuis son divorce, elle dépend de l’aide sociale. « J’aide Sandra à répartir son budget correctement et je l'accompagne dans ses démarches administratives », explique l’officier de l’Armée du Salut argovien Lukas Wittwer, qui se réjouit de voir Sandra s’épanouir lorsqu’elle cuisine pour les sansabri. « L’Armée du Salut est ma deuxième famille », dit Sandra les larmes aux yeux. Texte : Tamara Traxler | Photos : Christa Minder

La femme de 44 ans chante de préférence des chansons en dialecte.


DU CONCRET

Genève COORDONNER L’AIDE AUX DÉMUNIS

Liestal (BL) EMBLÈMES SUISSES SUR DES SERVIETTES

Depuis début janvier, Genève possède son Bureau social de l’Armée du Salut. Avant, de nombreuses personnes s’adressaient aux gens de la paroisse salutiste de Genève 2 pour recevoir de l’aide. Il a donc été décidé de créer le Bureau social pour coordonner cette aide. Comme l’offre est toute nouvelle, il faut premièrement la faire connaître et constituer une « clientèle ». « Pour le moment, j’ai eu des dizaines d’entretiens et de visites ponctuelles et trois personnes suivies régulièrement », explique Olivier Demarchi, Directeur du Bureau social. « Les cas sont divers, de la personne en conflit relationnel qui a besoin d’écoute, à la personne en situation de surendettement avec qui il faut établir et tenir un budget. » Le Bureau social, Rue de la Faucille 2, partage les mêmes locaux qu’une autre offre de l’Armée du Salut, travailPLUS Genève. « Deux des personnes que je suis régulièrement en viennent. travailPLUS, les aide à s’insérer sur la marché du travail : entraînement au travail, bilan de compétences et places de travail structurées. »

Au Foyer de l’Armée du Salut « Die Brücke », les résidents trouvent un nouveau chez-soi et une occupation valorisante. Dans un petit atelier, trois hommes font des estampes de plus de 40 motifs différents sur des serviettes. « Nous imprimons des emblèmes suisses comme le Cervin ou le Pont de Lucerne », explique Stefan Inniger, directeur du Foyer. Les résidents créent des serviettes personnalisées à la demande des clients. Les serviettes peuvent aussi être décorées avec des logos d’entreprise ou d’association. Les serviettes sont embellies à la main, au moyen d’une presse. Stefan Inniger explique que l’objectif est d’occuper les résidents de manière valorisante et de telle sorte que ceux-ci aient du plaisir à la tâche. Cela encourage la fiabilité, le travail d’équipe, mais aussi l'habileté manuelle. Le Foyer « Die Brücke » offre à ses résidents une autre structure de jour, qui gère un projet de pompes. Les résidents y fabriquent des pompes à pédale qui seront utilisées pour irriguer des champs dans des pays en voie de développement.

Texte : Sébastien Goetschmann | Photo : Armée du Salut

Texte : Tamara Traxler | Photo : Stefan Inniger

132 ans déjà que la paroisse salutiste existe à Genève

30 000 serviettes imprimées pour le jubilé de la Journée mondiale de prière Suisse

770 entretiens offerts dans les Bureaux sociaux de Suisse romande en 2016

40 motifs différents

5 minutes à pieds depuis la gare Cornavin

7 stands de marché par an 17


QUE DE QUESTIONS !

MON PÈRE, LE PEINTRE PATRIZIA GUGGENHEIM MAINTIENT VIVANT L’HÉRITAGE DE SON PÈRE. ELLE S’OCCUPE DES ARCHIVES ET DES EXPOSITIONS DE TABLEAUX DE L’ARTISTE ZURICHOIS VARLIN. ELLE S’EST CHARGÉE DE CETTE MISSION DÈS L’ÂGE DE VINGT ANS.

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Varlin, votre père, a peint un tableau de la taille d’un mur d’une brigade de l’Armée du Salut pour l’Expo 1964 à Lausanne. Comment est-ce arrivé ? Mon père a toujours été fasciné par les personnes en uniforme. Il s’intéressait à ce qui se cachait derrière l’uniforme, la personne avec toutes ses facettes. Les salutistes sur le tableau de l’Armée du Salut sont tous des personnalités qui ont choisi une voie qui n’était peut-être pas la plus facile. Cela l’a fasciné. A-t-il trouvé ce qui se cachait derrière l’uniforme de l’Armée du Salut ? Je crois que oui. Ils ont longtemps servi de modèles dans son atelier du Neumarkt à Zurich. Ma mère leur parlait alors que mon père les peignait. Ce sont des gens avec une histoire toute particulière qui se consacrent à l’Armée du Salut. Je ne me souviens pas de tous mais il y avait également un homme parmi eux qui était alcoolique autrefois. Cela intéressait mon père et il tenait à le savoir, sinon il n’aurait pas pu le peindre. Il avait besoin de cet échange. Outre des individus en uniforme, votre père peignait également souvent des gens quelque peu hors normes comme des clochards. Qu’est-ce qui a éveillé son intérêt pour eux ? Il aimait les gens ordinaires car ils avaient tant de choses à dire. Un jour, il a dit : « Après l’âge de 70 ans, on ne devrait plus se préoccuper de gens normaux mais seulement de décalés et de détraqués. » Il se mettait à la recherche de figures marginales et il accueillait même parfois les clochards dans son atelier. Ils pouvaient s’y réchauffer ou y passer la nuit. Il lui arrivait de les peindre.

VARLIN «Die Heilsarmee» 1963/64 © 2017, ProLitteris, Zurich

Comment votre père est-il entré en contact avec ces figures marginales ? Il s’est toujours levé à 7 heures du matin. Il se rendait alors immédiatement au buffet de la gare pour tout observer. Après son café, il faisait sa tournée des rues de Zurich. L’Armée du Salut était présente au Niederdorf. C’est là qu’il a rencontré de nombreuses personnes intéressantes. Il abordait facilement les gens et il commençait immédiatement à peindre dès son retour à l’atelier. Votre père ressentait une puissante envie de peindre. Il laisse une multitude de dessins et de peintures à l’huile. Qu’est-ce qui vous a poussée à vous consacrer à son héritage ? J’avais 12 ans lorsque mon père est mort. J’avais déjà remarqué à l’époque que je devais soutenir ma mère lorsque tous les marchands d’art venaient à la maison. Je claquais souvent la porte et j’étais folle de rage. Je ne voulais pas que les tableaux de mon père quittent la maison ! Plus tard, ma mère a conçu un catalogue des œuvres de Varlin avec un éditeur. Cela n’a malheureusement pas abouti. J’ai tapé sur la table et j’ai dit que quelque

Annonce d’événement Le tableau de l’Armée du Salut de Varlin sera exposé à Berthoud (BE). Une exposition de ses œuvres aura lieu au Musée Franz Gertsch du 2 septembre 2017 au 4 mars 2018.

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chose devait se produire. À 20 ans, j’ai décidé de m’occuper personnellement de l’héritage de mon père. À quels défis avez-vous été confrontée lorsque vous avez repris l’héritage de votre père ? Lorsqu’on voit les œuvres sous forme de photos, il m’arrive d’en avoir assez de les voir. Je repense à l’époque à laquelle nous étions en train de créer le catalogue des œuvres. Nous avons archivé chacune de ses 1400 peintures à l’huile et nous avons ajouté une description à chacune d’elle. Je me demandais à l’époque si cela en valait vraiment la peine. Mais dès que je regarde quelques originaux, j’y reprends du plaisir. Et je me dis : « OK, je continue ! » Quel rôle joue l’art dans votre vie d’une manière générale ? J’adore contempler des œuvres d’art. J’aime tout ce qui a trait à l’esthétique. J’ai participé à la restauration de deux églises historiques à Soglio et à Bondo dans les Grisons. J’y ai pris beaucoup de plaisir. Nous avons rénové avec discrétion : l’un des clochers a été uniquement nettoyé et préservé. Nous ne l’avons pas repeint. Il est maintenant possible de voir les couleurs et les traces laissées par les siècles. Mon père m’a transmis l’amour de l’art et de la patine.

Fille d’un artiste, à quoi ressemblait votre enfance ? Nous avons beaucoup joué à des quiz d’art par exemple. Il s’agissait de deviner qui était l’auteur d’une œuvre présentée dans un livre. Varlin m’a lu de nombreux livres mais il aimait aussi faire le pitre. Il ne pouvait s’empêcher de faire des sottises. Il trébuchait à dessein, se relevait et éclatait de rire. Tout le monde se disait : « Oh, quel pauvre homme ! » Mais je savais très bien qu’il ne faisait que s’amuser. Je crois que c’est la raison pour laquelle le couple qu’il formait avec ma mère fonctionnait si bien. Elle était en effet de 28 ans sa cadette. Interview : Tamara Traxler | Photos : Martin Heimann

Patrizia Guggenheim, 51 ans, gère l’héritage de son père, l’artiste Varlin. Né Willy Guggenheim, il a laissé des dessins, des correspondances et 1400 peintures à l’huile. L’une de ses œuvres les plus connues illustre une brigade de l’Armée du Salut. Varlin a réalisé le tableau de cinq mètres par deux mètres à l’occasion de l’Expo 1964 à Lausanne. Sa fille, assistée de son époux, s’occupe des archives Varlin et coordonne les expositions. Patrizia Guggenheim est historienne de l’art. Elle réside à Zurich et à Bondo (GR) avec son mari et ses quatre filles.

Pour ceux qui n’ont pas de chez-soi. 20


ENTRE AUTRES L’ARMÉE DU SALUT EN PRISON Le musée de l’Armée du Salut présente actuellement « L’Armée du Salut en prison ». Cette exposition porte sur le Service des prisons qui soutient également les proches des détenus. Elle revient également sur l’époque où des membres de l’Armée du Salut furent emprisonnés. Les autorités genevoises ont par exemple gardé la capitaine Charlotte Stirling derrière les barreaux du château de Chillon pendant 100 jours, en 1888. L’exposition aborde ensuite un chapitre sombre de l’histoire française, auquel l’Armée du Salut a contribué à mettre un terme. L’engagement de salutistes a ainsi permis la fermeture du bagne de Guyane. La dernière thématique, « Art en prison », expose des dessins et peintures réalisés en milieu carcéral. Lieu : Musée de l’Armée du Salut, Laupenstrasse 5 (accès dans la cour), 3001 Berne Durée de l’exposition : 1er mars 2017 – 16 février 2018 Heures d‘ouverture : Ma – Ve : 9 h – 17 h, samedi sur demande entrée libre Photo : Alexander Egger

Evénements 6 octobre, 19 h : projection du film « Thorberg » avec son réalisateur, Dieter Fahrer 14 décembre : Marlise Pfander, ancienne directrice de la Prison régionale de Berne, lit des histoires sur le thème « Noël en prison ». Entrée libre à tous les événements. Informations actuelles : musee.armeedusalut.ch.

EUROVISION-EMIL JOUE TOUJOURS DE LA MUSIQUE Emil Ramsauer est le participant le plus âgé de l’histoire de l’Eurovision Song Contest. Il a participé au concours international en 2013 comme membre du groupe Takasa, de l’Armée du Salut. Aujourd’hui âgé de 99 ans, Emil fait de la musique tous les jours avec sa femme, pour leur propre plaisir. Regula joue du piano, Emil cinq instruments différents. Ils se produisent une fois par semaine dans un EMS, mais l’agenda d’Emil Ramsauer n’est pas rempli que de musique. Il fait régulièrement office de taxi pour ses voisins et dit lui-même aimer rendre service à son entourage. Source : ats Photo : Simon Opladen

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À SUIVRE

Vieux, provisoire et exposé aux courants d’air : l’Accueil de nuit déménagera en 2019 dans un bâtiment neuf, plus grand et surtout plus adapté.

UN REFUGE AU CŒUR DE GENÈVE Plus de chambres et plus de lits pour davantage de possibilités : l’Armée du Salut a besoin d’un nouveau bâtiment pour continuer sa mission auprès des personnes en détresse. Le nombre de lits aura plus que doublé lorsque le nouvel Accueil de nuit à Genève sera prêt. Un nouveau bâtiment est en train d’être construit au quartier Sécheron afin d’accueillir jusqu’à 90 personnes, 365 jours par an. L’Armée du Salut devra encore patienter, le projet de construction se terminant en 2019. La baraque en bois, qui héberge du monde depuis des dizaines d’années, est en effet pleine à craquer. Nuit après nuit, l’Armée du Salut doit orienter vers d’autres lieux des personnes à la recherche d’un endroit pour dormir. Le bâtiment délabré ne répond d’ailleurs plus du tout aux prescriptions en matière de sécurité et d’hygiène. Rien d’étonnant vu qu’il a été construit dans les années 1950 pour héberger provisoirement des travailleurs immigrés. Le nouveau bâtiment du Sécheron, moderne et équipé pour les handicapés, permettra à des hommes, des femmes et des 22

familles de trouver refuge à quelques pas de la gare de Genève. Les personnes qui n’ont pas d’endroit où dormir pourront s’y reposer, prendre une douche, se rafraîchir et y rester jusqu’à 10 jours. Le nouveau concept comprend également une pièce de lecture ainsi qu’une grande salle à manger. L’Armée du Salut servira à ses hôtes une soupe chaude le soir et un déjeuner le matin. Ceux qui le souhaitent pourront se faire conseiller pour des questions sociales. A Genève, l’Armée du Salut jouit d’un excellent réseau et connaît bien cette ville. Elle sait en principe qui peut aider pour quel besoin et se réjouit d’autant plus de continuer sa mission sociale à Genève dans un bâtiment adapté. Texte : Florina German | Photo : MAD


PUBLIREPORTAGE

VOS VOLONTÉS COMPTENT Régler ses dernières volontés de manière autonome ; ce n’est pas un rêve, c’est faisable. Grâce à un plan individuel de prévoyance et de succession. Emil Lehmann* (56 ans) et Luise Auberson* (74 ans) ont tous deux fait appel aux conseils professionnels en matière de prévoyance et de succession de l’Armée du Salut. de formuler mes intentions au personnel médical ou au personnel soignant, qui doit décider des traitements que l’on doit m’administrer? Je suis content d’avoir défini la bonne voie pour moi grâce à mes directives anticipées.

Monsieur Lehmann, qu’est-ce qui vous a poussé à établir un mandat pour cause d’inaptitude ? Emil Lehmann : Une expérience personnelle dans mon cercle de connaissances. Cette expérience m’a incité à régler dans un mandat pour cause d’inaptitude la personne qui devait décider à ma place, si je devais être incapable de discernement ou de déplacement et si, de ce fait, je ne devais plus être en mesure d’exercer mes droits civils. Pour moi, il est rassurant de savoir qu’une personne de confiance, en l’occurrence ma sœur, sera là pour moi et prendra les décisions si je ne suis plus capable de le faire moi-même.

Madame Auberson, y a-t-il une raison particulière qui vous a poussée à rédiger votre testament justement maintenant ? Luise Auberson : Je voulais le faire depuis bien longtemps déjà. En raison de la complexité de la matière, j’ai toujours remis cela au lendemain. Je suis désormais soulagée d’avoir pu régler les choses qui étaient importantes à mes yeux, grâce à un soutien professionnel compétent. Et c’était en fait bien plus simple que ce que je pensais.

Parallèlement, vous avez rédigé des directives anticipées ? En quoi cela a-t-il consisté ? J’ai une idée assez claire de mes intentions en matière de mesures de maintien en vie. Si je ne suis plus en mesure

Informations : Valérie Cazzin-Bussard Tél. 031 388 06 39 prevoyance@armeedusalut.ch armeedusalut.ch / prévoir * Pour protéger la sphère privée des personnes mentionnées, les noms et les photos ont été modifiés.

Vous avez été conseillée par un spécialiste indépendant de l’Armée du Salut. Quelle influence cela a-t-il eu sur votre testament ? Vous voulez parler du montant que je léguerai à l’Armée du Salut ? Cette possibilité de prendre en compte des organisations caritatives a été abordée de façon brève et neutre. En tant que donatrice de longue date, pour moi, il est depuis longtemps clair que je souhaite également soutenir l’Armée du Salut après ma mort. En complétant les « Dispositions en cas de décès », vous avez donné des instructions claires pour les dispositions à prendre pour votre dernier voyage. Combien cela vous a-t-il pesé ? Lorsque mon mari est décédé, j’ai dû prendre d’innombrables décisions, bien que je n’étais émotionnellement pas en état de le faire. J’ai voulu épargner cela à mes proches. Je suis pour la clarté, même si le sujet est difficile. Car la dernière chose que je souhaite, c’est qu’il y ait des différends autour de mes « dernières volontés ».

PRÉVOYANCE ET SUCCESSION : NOUS VOUS AIDONS VOLONTIERS Comment pouvons-nous vous aider lors de l’établissement de votre plan de prévoyance ou du règlement de votre succession ? Je commande la brochure explicative gratuite « Vos volontés comptent » Je souhaite bénéficier d’un entretien personnel sur les questions de prévoyance et de succession (1er entretien gratuit). J’ai une question/une autre préoccupation à soumettre à l’Armée du Salut. Veuillez me rappeler. Nom :

Date de naissance :

Prénom :

E-mail :

Rue et n° :

NPA / localité :

Téléphone et moment approprié pour appeler : Prière d’envoyer à : Fondation Armée du Salut Suisse, Valérie Cazzin-Bussard Laupenstrasse 5, 3001 Berne ou prevoyance@armeedusalut.ch 23


L’ARMÉE DU SALUT AIDE EN PROPOSANT : Une oreille attentive Tout commence par une personne sensible et prête à écouter une autre personne ayant besoin d’aide. Nos 10 Bureaux sociaux et nos 56 paroisses accueillent les personnes en détresse pour les écouter et les aider. Un endroit pour dormir Perdre pied fait souvent perdre le toit également. Nos 14 foyers d’habitation, 6 centres de passage, 4 établissements médico-sociaux et 5 foyers d’accueil temporaire hébergent chaque nuit plus de 1200 personnes. En outre, nous disposons également d’un foyer pour jeunes et de 5 foyers pour enfants. Des tables garnies Le problème d’une personne en détresse est souvent simplement la faim de nourriture ou de compagnie. Nous invitons volontiers des personnes à partager le repas (repas de midi pour enfants, fêtes de Noël, déjeuners contact pour dames). Du réconfort Notre action est marquée par notre relation avec Dieu que nous aimerions faire connaître à notre entourage. Par exemple lors des cultes organisés chaque dimanche dans nos 56 paroisses salutistes. Notre Service de soins psychiatriques à domicile et notre Service des prisons sont des offres précieuses pour les personnes en détresse.

DÉCLARATION DE MISSION DE L’ARMÉE DU SALUT CHARTE DE L’ARMÉE DU SALUT L'Armée internationaletetfait faitpartie partiededel’Eglise l'Eglise chrétienne universelle. message se fonde L’Armée du du Salut Salut est est un un mouvement mouvement international chrétienne universelle. SonSon message se fonde sur la sur la Bible. Son ministère est motivé par l'amour Saconsiste mission àconsiste à annoncer l'Evangile de Jésus-Christ à Bible. Son ministère est inspiré par l’amour de Dieu.de SaDieu. mission annoncer l’Evangile de Jésus-Christ et à soulageretles détressesen humaines en sans Son nom, sans distinction soulager, Son nom, distinction aucune, aucune. les détresses humaines.

Fondation Armée du Salut Suisse | Laupenstrasse 5 | Case postale | 3001 Berne | Téléphone 031 388 05 35 Fax 031 382 05 91 | dons@armeedusalut.ch | armeedusalut.ch | CP Dons 30-444222-5


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