Magazine No. 9 / décembre 2016

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Nº 9/ décembre 2016

DE L̓A RMÉE DU SA LUT

JE SUIS HEUREUSE QUE VOUS PENSIEZ À MOI !

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FOYER OBSTGARTEN

UN ANCRAGE SÛR À L’ARMÉE DU SALUT

PETER REBER

Une activité judicieuse et un toit

Peggy Campbell peut de nouveau rire

Un chansonnier aux textes profonds


ÉDITORIAL

SOMMAIRE

Chère donatrice, cher donateur,

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Le matin, lorsque, avant de me rendre au travail, je fais une première ballade avec mon chien, le firmament est souvent complètement dégagé. Il y a quelques jours, j’ai même aperçu une étoile filante. Elle brillait si fort : je n’ai pu faire autrement que de m’arrêter et d’apprécier ce moment. L’étoile de Bethlehem a-t-elle aussi pareillement brillé ? Je pense que son éclat était très particulier, car elle a guidé les orphelins d’Orient vers le Roi, notre Sauveur. Ne souhaiterions-nous pas parfois une étoile similaire qui nous montre le chemin ? Peggy Campbell a elle aussi cherché une telle étoile. Souvent, elle aurait souhaité disposer de quelque chose lui servant de boussole entre l’Amérique et la Suisse. Vous découvrirez en page 16 comment elle a finalement trouvé un ancrage sûr à l’Armée du Salut. Le destin difficile de certaines personnes les a menées au Foyer Obstgarten. Lisez en page 4 comment des personnes souffrant de troubles psychiques s’y épanouissent à nouveau. Parfois, c’est l’étoile qui doit aller vers les gens, parce qu’ils sont faibles et seuls. C’est ainsi que le cœur d’Arianne Andreotti brille pour d’autres personnes. A la page 10, vous apprendrez comment ses visites réchauffent des cœurs. Nombreuses sont les personnes qui trouvent un havre d’espoir, de tranquillité et de régénération à l’Armée du Salut. Avec l’aide de Dieu, nous voulons continuer à être là pour les autres et à briller, comme l’étoile de Bethlehem. Dieu nous a envoyé son fils pour Noël : Jésus-Christ est né. Il est le Sauveur pour tout le monde. Auprès de Lui, nous trouvons la vraie force et la vraie délivrance.

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Une maison et ses habitants

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L’Armée du Salut apporte son soutien

Etre là pour les personnes seules, c’est aussi possible en ligne.

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Au pied de la lettre

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Nous quatre

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Pour se réjouir

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La musique est … respiration

Au Foyer Obstgarten, on redécouvre des talents cachés.

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Je vous souhaite un Noël béni.

Christoph Bitter Responsable dons

armeedusalut.ch Au Foyer Obstgarten, les résidents apprennent à vivre avec leur maladie. Les animaux, comme l’alpaga Caramelita, et une occupation valorisante y contribuent.

IMPRESSUM Magazine des donateurs de l’Armée du Salut Suisse | Parution deux fois par an (juin/décembre) Editrice Fondation Armée du Salut Suisse, Dons, Laupenstrasse 5, Case postale, CH-3001 Berne Téléphone 031 388 05 35 | dons@armeedusalut.ch | armeedusalut.ch | CP Dons 30-444222-5 Rédaction Christoph Bitter (responsable dons), Tamara Traxler (responsable rédaction), Florina German, Sébastien Goetschmann, Elsbeth Cachelin Traduction Service de traduction de l’Armée du Salut, Text Control SA Concept Spinas Civil Voices, Zurich | Mise en page Nadia Shabani | Imprimeur Stämpfli SA, Berne Fondateur de l’Armée du Salut William Booth | Général André Cox | Chef de territoire Commissaire Massimo Paone 2


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Du concret

Un nouveau centre de distribution de nourriture et un nouveau logement d'urgence

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Pour ceux que la chance a abandonnés

Foyer de Zurich : la vie en communauté redonne la force de vivre à Peggy Campbell.

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Que de questions !

Peter Reber en discussion

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Entre autres

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A suivre

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Service de transport destiné aux proches des détenus

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L’Armée du Salut ouvre sa porte et son cœur aux personnes seules.

18 Peggy Campbell se remet au diapason de la vie.

Photo de couverture : Ruben Ung | Photos : Lin Geissler, Tina Steinauer, Ruben Ung, Werner Tschan

Peter Reber : les chansons sont mon journal intime. 3


UNE MAISON ET SES HABITANTS « Nous suivons les résidents, leur accordons la reconnaissance qu’ils méritent et les aidons à reconstruire leur estime de soi », dit Heinrich Bourquin, le directeur du Foyer Obstgarten.

OBSTGARTEN : UN LIEU OÙ LES RÉSIDENTS S’ÉPANOUISSENT À NOUVEAU Au milieu des pommiers, des lamas et des établis, les personnes atteintes de troubles psychiques trouvent une oasis de sécurité. Le Foyer Obstgarten de l’Armée du Salut leur offre une activité judicieuse et un toit. 34 hommes et femmes se réjouissent de pouvoir bénéficier d’une nouvelle chance dans l’institution salutiste, située dans la localité argovienne de Rombach. Ce matin, les choses suivent tranquillement leur cours au Foyer Obstgarten, à Rombach. Assise sur un banc devant l’institution de l’Armée du Salut, une femme d’âge moyen lit le journal. A l’abri de la galerie reliant les deux bâtiments principaux au pavillon, trois hommes se tiennent debout et font la causette. Comme il fait déjà plus froid le matin, ils ont enfilé une veste. En voyant leurs pieds chaussés de pantoufles confortables, on comprend qu’ils sont ici à la maison. « Etre chez soi » est d’ailleurs la devise du Foyer Obstgarten. « Des personnes qui souffrent de troubles psychiques ou qui viennent de faire une cure de désintoxication trouvent refuge chez nous » explique Heinrich Bourquin, directeur de l’institution. Il sait bien pourquoi c’est si tranquille ce matin. « Nos résidents sont occupés dans une structure de jour du lundi aprèsmidi au vendredi. Ils travaillent soit dans le jardin, soit dans la cuisine, soit dans l’atelier, ou alors ils sont occupés au nettoyage. Maintenant, à 11 heures, ils ont encore libre. » Bourquin pénètre dans l’entrée. Deux hommes y attendent déjà. Ils sont simplement assis là, tranquillement. D’autres résidents vont et viennent. « Ils attendent 4

certainement leurs médicaments ou bien déjà le repas de midi » ajoute le directeur. Pas assez malades pour la clinique Les 34 hommes et femmes résidant au Foyer Obstgarten ne doivent pas cuisiner eux-mêmes. Du fait de leur maladie, ils seraient dépassés s’ils devaient gérer eux-mêmes un ménage. « La plupart d‘entre eux ne sont pas assez malades pour être envoyés en clinique. Leur santé n’est cependant pas assez bonne pour leur permettre de mener leur vie de manière autonome » résume Heinrich Bourquin avant de grimper l’escalier menant au premier étage. Il y a toutefois des exceptions, comme on peut le constater dans la partie gauche de la maison : « nous nous trouvons ici dans la salle à manger de notre colocation à quatre. Ils cuisinent toujours ici, sauf le lundi. Ils font eux-mêmes leur lessive et leur ménage. » La visite de la maison faite de coins et de recoins se poursuit. Il y a des chambres à un et deux lits jusque sous les combles. Une année après la reprise de la direction de l’établissement par Heinrich Bourquin, on a procédé à


des transformations et à des rénovations. « Cela fait presque 20 ans de ça », se souvient l’officier de l’Armée du Salut. Depuis lors, beaucoup de choses ont changé. Le personnel d’encadrement est devenu plus nombreux, l’offre de prestationss’est étoffée avec la menuiserie et l’atelier. On a régulièrement dû déménager et modifier l’aménagement. Les familles d’animaux du Foyer Obstgarten ont grandi avec l’institution. Travail judicieux au lieu de la pression de la performance Le vaste pâturage avec les lamas et les alpagas se trouvent immédiatement derrière la maison. Il jouxte un petit bâtiment, dans lequel se situent l’atelier de menuiserie et la salle de fitness. « Les animaux sont particulièrement importants pour les résidents. Souvent ces derniers parviennent plus facilement à nouer contact avec eux qu’avec leurs semblables », rapporte Bourquin. Des lapins et, entre-temps, 60 poules vivent au Foyer Obstgarten. Les œufs et toutes sortes de fruits et de légumes approvisionnent le point de vente. Judith, l’épouse d’Heinrich Bourquin, est responsable du magasin. Elle dirige par ailleurs l’atelier d’artisanat. « Cela fait déjà trois ans que nous sommes présents dans le village avec notre ‹wörkschop› » se réjouit-elle. Ce qui caractérise le « wörkschop », c’est que le local de vente et le lieu de travail communiquent entre eux.

« Souvent les résidents parviennent plus facilement à nouer contact avec les animaux qu’avec leurs semblables. » Heinrich Bourquin, directeur du Foyer Obstgarten

Les clients voient en direct comment les résidents confectionnent des hôtels à insectes, décorent des cartes de

Les pommes du Foyer Obstgarten sont transformées en délicieux jus de pomme. Près de 6000 litres de jus de pomme ont été produits l’année passée. Noël ou tissent des tapis. « Je dois bien faire attention à la couleur des rubans, afin que la natte devienne régulière » explique Alfred avec professionnalisme. Depuis trois mois, il tisse son tapis de 120 cm sur 80, avec des pauses, bien sûr. « Chez nous la performance n’est pas au premier plan » explique Judith Bourquin. « Les résidents trouvent ici une occupation judicieuse. L’objectif est qu’ils puissent redécouvrir leurs compétences et les renforcer. » Alfred relate comment, jadis, il a étudié à l'EPF de Zurich et comment il a exercé la profession de bibliothécaire. Après s’être cassé la jambe et après le décès de son père, sa situation a commencé à péricliter. Depuis lors, il reçoit de temps à autre un « vaccin » et des médicaments. L’homme de 58 ans souffre d’une maladie psychique. Alfred se plaît bien au Foyer Obstgarten et aimerait y rester encore un moment. Il partage sa chambre dans le pavillon avec un autre résident. « Il faut aussi de la chance dans la vie » philosophe Alfred. Il se rappelle son arrivée au Foyer : « Mon frère m’avait

Les produits du « wörkschop » sont tous soigneusement confectionnés à la main. Un article particulièrement apprécié : la laine de lama et d’alpaga filée. 5


« Ici, nous pouvons tous apprendre les uns des autres » : Judith Bourquin, la responsable du « wörkschop », se réjouit du travail méticuleux d’Alfred lorsqu’il tisse un tapis.

accompagné pour effectuer la visite. Par chance, il y avait justement une place de libre » rayonne Alfred. Cela fait plus de deux années de cela. Pasquale s’épanouit Contrairement à Alfred, Pasquale a son passage au Foyer Obstgarten derrière lui. « Ce fut une bonne période, j’ai réussi à m’apaiser un peu » raconte l’homme de 36 ans. Plus jeune, il a souvent consommé de la drogue. Au cours de son adolescence déjà, une forme précoce de schizophrénie était apparue. « J’avais quand même réussi à terminer mon apprentissage de dessinateur technique » dit fièrement Pasquale. Depuis cinq ans, il habite désormais dans une colocation protégée à proximité du Foyer. Suite à son départ du Foyer, Pasquale a trouvé une occupation au « wörkschop ». « Auparavant, j’étais affecté au jardin et j’ai pu acquérir beaucoup de connaissances sur les plantes. J’utilise ce savoir aujourd’hui encore » confie-t-il. Dans la colocation, ils ont des plantes et, devant la maison, il y a un rosier qui pousse. L’occupation de Pasquale tourne aussi autour d’une fleur, comme il l’explique en parlant de sa vie actuelle. « Je roule des petits rectangles de papier en formant des entonnoirs. Je les colle ensuite en couches successives sur un carton ». Couche après couche, les pétales sont collés les uns dans les autres, jusqu’à obtenir une fleur en papier. « Ma fleur est déjà commandée, la cliente la veut en rouge vermeil » dit fièrement Pasquale. Il en montre quelques exemplaires qui pendent au mur.

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C’est la vie « Les fleurs en papier devaient servir de décoration pour notre café. Pourtant, elles ont été enlevées du mur pour être vendues. » Dans la partie avant du magasin, il y a un coin convivial prévu pour prendre le café. Le nom du café est « C’est la vie », ce qui est symbolique pour les personnes qui travaillent au « wörkschop » : « C’est la vie : les personnes que nous suivons doivent apprendre à vivre avec leur maladie. Il y a toujours une solution. Elles aussi peuvent encore faire quelque chose de leur vie » Judith Bourquin en est convaincue. Des menuisiers et des éducateurs spécialisés s’occupent des personnes employées au « wörkschop ». Ils les aident à redécouvrir leurs talents cachés. « Nos produits s’orientent donc aux compétences des personnes prises en charge. Certaines d’entre elles sont particulièrement douées pour la couture, d’autres ont un don artistique » dit Mme. Bourquin. Par ailleurs, on veille à utiliser des produits de saison, par exemple, lorsque l’on presse ou sèche des fruits provenant du Foyer Obstgarten. Ce qui est également important, c’est de satisfaire au mieux aux souhaits des clients. « Lorsque les personnes suivies constatent que les produits qu’elles ont confectionnés sont achetés, cela leur procurent un sentiment de reconnaissance. Un sentiment que nombre d’entre elles n’ont plus ressenti depuis belle lurette », résume Heinrich Bourquin. Texte : Tamara Traxler | Photos : Tina Steinauer


Pour ceux qui n'ont plus de chez-soi. 7


L’ARMÉE DU SALUT APPORTE SON SOUTIEN

« JE SUIS L’INFIRMIÈRE DU CŒUR ! » L’Armée du Salut est proche des personnes seules et leur rend visite. Arianne Andreotti, membre de l’Armée du Salut à St-Aubin, se fait aussi un plaisir d’inviter des personnes chez elle. Sa porte est toujours ouverte, l’accueil chaleureux garanti. Un beau gâteau raffiné et coloré attend l’invitée, parfum melon-framboise – et surtout, pas trop sucré, comme constate Erika Dogan en le savourant. La dame est descendue de l’EMS de Fresens, où elle habite depuis quelques mois. Cet établissement situé au milieu de champs, en pleine campagne, se trouve dans un cadre magnifique, si on apprécie le calme et qu’on a l’habitude d’être seule. Mais les amis manquent à Erika Dogan, une citadine. Et parfois, le calme lui paraît presque oppressant. C’est pourquoi, cet après-midi, elle se sent la bienvenue chez Arianne Andreotti, souriante, vive, présente, et qui reçoit son invitée avec joie. Elle l’entoure, lui parle, prie avec elle et lui fait, le temps d’un après-midi, oublier les soucis. Inutile de sonner, entre seulement ! « Je ne peux pas faire beaucoup, mais recevoir, faire du thé et à manger, ça je peux ! » dit Andreotti. Sa porte – elle habite au cœur du village St-Aubin (NE) – est toujours ouverte. Certains passent pour faire coucou d’autres pour faire pipi. En hiver, on frappe à sa porte pour se réchauffer autour d’une bonne tasse de thé. Un soir – Arianne Andreotti, fatiguée, est déjà Un engagement actif : installée sur le canapé, en jogging. Le téléphone sonl’officière de l’Armée du ne. Une voisine demande : « Arianne, t’as pas quelque Salut Hedy Brenner ne chose à manger ? » Alors la dame de 64 ans se lève et rend pas seulement visite prépare à manger, sans hésiter. « On me connaît. Je aux prisonniers à Noël. suis celle de l’Armée L’année passée, l’Arméedu duSalut ! J’aime les gens, j’aime les écouter. Et je blague Salut a mené plus de 1 500 ! » Un jour, alors qu’elle rend entretiens.

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Les visiteurs oublient leurs soucis chez Arianne Andreotti.

visite à des personnes habitant l’EMS de Fresens, un monsieur la voit arriver et lui demande si elle est infirmière. Arianne Andreotti répond : « Pas tout à fait : moi, je suis l’infirmière du cœur ! » Rester en contact Il y a différentes facettes dans les visites : tout d’abord il s’agit de repérer des personnes seules ou souffrantes, de les inviter ou d’aller les voir. Arianne Andreotti cherche aussi à garder le contact avec des personnes qui participent plus aux activités de l’Armée du Salut. Elle trouve importante de soigner les relations et pour certains, dit-elle, cela consiste à mettre un petit commentaire sur facebook ou simplement cliquer « J’aime » sous leurs publications pour


Il y a toujours quelque chose à manger ou du thé de prêt chez Arianne Andreotti.

leur faire savoir qu’on pense à eux. « Facebook ? J’aimerais bien apprendre cela », dit Erika Dogan qui essaie depuis un moment de jeter un coup d’œil sur la tablette de son hôte. « Viens, je t’explique ! » dit la responsable des réseaux sociaux de l’Armée du Salut à St-Aubin. Les deux femmes se penchent sur l’écran et regardent des photos. Table ouverte pour tous Cui cui ! Deux calopsittes se font remarquer dans leur cage au salon. Arianne Andreotti, qui sait mettre l’ambiance, se tord de rire en racontant son aventure lorsqu’elle a voulu baigner ses oiseaux. On dirait qu’elle a entièrement gagné la confiance d’Erika Dogan qui remarque : « Entendre rire, ça me fait vraiment plaisir ! » Pourtant, l’oiseau préféré d’Arianne Andreotti n’est pas la calopsitte, mais l’aigle. Cet oiseau magnifique qui prend du temps pour soigneusement graisser ses plumes avant de rester en l’air pendant des heures. « Tout comme l’aigle, j’ai appris à attendre avant de me lancer », explique Andreotti, conseillère en relation d'aide thérapeutique agréée. Cela faisait longtemps qu’elle avait envie de mettre en place une offre de l’Armée du Salut pour les personnes seules. Et un jour, le moment est venu : deux fois par mois, une vingtaine de

personnes se retrouve pour un repas en commun dans les locaux de l’Armée du Salut de St-Aubin. Ces rendez-vous s’appellent « Table Ouverte » et il est toujours possible de rajouter une place si plus de personnes s’annoncent. Le but : créer des liens, des amitiés. Arianne Andreotti : « Erika, tu aimes venir aux repas de l’Armée du Salut ? » « Ah oui, je trouve ça dingue ! » répond Erika Dogan qui se réjouit de retrouver, mardi prochain, le groupe de « Table Ouverte »

« Facebook ? J’aimerais bien apprendre cela », dit Erika Dogan.

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Arianne Andreotti : « Des fois, je fais rire les gens sans même parler. »

autour de vol-au-vent. Le projet rencontre un grand succès : L’autre jour, quand on avait communiqué qu’une habituée de « Table Ouverte » était malade, un groupe est passé chez elle afin de prendre de ses nouvelles. En fin d’après-midi, Erika Dogan n’a pas encore envie de rentrer. Le moment d’adieu venu, elle s’arrête un moment devant la maison. « Je suis bien entourée » dit-elle, en souriant, avant de monter dans la voiture. Texte : Florina Germann | Photos : Ruben Ung

AU PIED DE LA LETTRE

Le Service des visites de l’Armée du Salut au niveau national Partout où l’Armée du Salut est présente, elle visite des personnes seules ou les invite. En faisant la lecture, en prêtant une oreille attentive ou offrant simplement une présence à l’autre, nous donnons du courage et nouons des contacts sociaux. Le Service des visites de l’Armée du Salut existe à plusieurs endroits en Suisse. Vous en saurez davantage sur l’Armée du Salut dans votre région en vous rendant à l’adresse : armeedusalut.ch.

Envoyé par Gabi W.

« Après avoir longuement lutté contre un cancer, notre frère, P. S., s’est finalement éteint cette année, entouré de ses frères et sœurs. Toute sa vie a été marquée par la drogue et l’alcool. Nous autres, ses sœurs, avons essayé de l’aider du mieux que possible durant toutes ces années. P. nous a toujours dit que l’Armée du Salut l’avait aidé lorsqu’il n’allait pas bien. Nous vous en sommes très reconnaissantes. »

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NOUS QUATRE

JA CQUES MI AGLIA

Responsable Développement Internat ional

durant mes études d’y Né en Afrique, j’ai toujours rêvé travail social, j’ai quitretourner. Après ma formation en comme on l’appelait té Paris pour me rendre au Zaïre, l’Ar mée du Salu t dans alors. Sur place, j’ai travaillé pour voir l’agriculture et le cadre d’un projet visant à promou loyé par l’ONG brit anl’apicul ture. Ensuite, j’ai été emp que démocratique du nique « Christ ian Aid » en Républi x de diriger le Ser vice Congo. Aujourd’hui, je suis heureu rnational » à l’Ar mée d’ét at-major « Développement inte chaque année environ du Salu t. Not re équipe encadre Asie, en Afrique, en 40 projets de développement en ue du Sud, principaleAmérique cen trale et en Amériq té, du travail social et men t dans les domaines de la san de la formation.

DANIEL SIMEONE

Responsable du Foyer Schlössli pour jeunes femmes

Mon travail, c’est également ma vocation : servir Dieu. Travailler à l’Armée du Salut est un privilège. Ici, je peux appliquer mes valeurs. Souvent, les œuvres d’entraide chrétiennes ne sont pas prises au sérieu x. Cette situation représente un défi pour moi. Je souhai te donc faire connaî tre l’Armée du Salut en tant qu’organisation compétente et professionnelle aux instances spécialisées et aux associations. Après tout, nous proposons de véritables alternatives aux personnes en détresse. J’ai connu l’Armée du Salut par ma femme, qui travaillait déjà au Schlössli.

A NNE B INDER

Responsable du

Baby Song à Bern

e

J’ai connu l’A rmée du Salu t il y a sept ans grâce au Baby Song. J’ai toujou rs aimé chanter av ec mes enfant s. Lorsque je renc ontre d’au tres m amans et enfant Baby Song, j’appré s au cie nos échanges et les moments pa sés ensemble. Le ss ré flexions chré tiennes nourrisse mon âme. Aujour nt d’ hui, je suis reco nnaissante de po partager mon ex uv oi r périence en tant que responsable groupe de Baby So d’un ng. Je peux égal ement apporter idées créatives da m es ns le groupe des femmes de l’A rm Salu t de Berne. De ée du temps en temps, je fais plaisir aux ticipantes avec m pares desser ts.

FR EDI FEUZ

Réceptionniste au Quar tier Général de l’Armée du Salu t Suisse

L’Armée du Salut fait partie de ma vie depu is mon enfance. Mes parents étaient tous les deux membres de l’Armée du Salut. Aujourd’hui, je travaille comme réce ptionniste au Quar tier Général à Berne. J’apprécie la dive rsité de mon travail : les appels téléphoniques, les cont acts avec les visiteurs et les collaborateurs, la gestion du courrier. Pendant mes loisirs, j’aime chanter. Je fais partie du chœur mixte de la paroisse salutiste de Bern e. De temps à autre, j’ose même un solo au culte. Joue r de la musique dans le Brass Band est également une activ ité qui me plaît beaucoup. J’aime aussi nager, surtout dans l’Aar en été !

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POUR SE RÉJOUIR

FAIRE PLAISIR AUX ENFANTS « Angel Tree » est une action de l’Armée du Salut très connue et appréciée aux Etats-Unis. En collaboration avec des entreprises et des personnes privées, on procède à l’achat de jouets puis à leur distribution à des familles socialement défavorisées. Rien qu’à Atlanta, ce sont chaque année 40 000 paquets qui sont distribués à des enfants. Pour la première fois, on a organisé un projet « Angel Tree » en Suisse. L’Aide aux réfugiés de l’Armée du Salut a recueilli les souhaits de jouets des enfants de réfugiés. Ensuite, les collaborateurs et collaboratrices de l’entreprise Hilti (à Buchs) ont acheté les jouets. Lors d’une fête de Noël avec biscuits et punch, les cadeaux ont finalement été remis à l’Armée du Salut. Un aspect important caractérise « Angel Tree » : les parents emballent eux-mêmes les cadeaux et les remettent à leurs enfants. L’année passée, 21 enfants ont eu le plaisir de recevoir un cadeau grâce « Angel Tree ». Les personnes dans le besoin apprécient Photo : Image symbole, particulièrement lesAdobe donsStock de chocolat 12


UNE ENTREPRISE OFFRE UN NOUVEAU DÉPART Bea L. a traversé bien des épreuves dans sa vie. Elle a passé son enfance dans une famille qui n’était pas la sienne. Les compliments et l’amour n’étaient pas de rigueur. Elle a abandonné l’école et, à 15 ans, s’est retrouvée dans la rue à se prostituer pour s’acheter de la drogue. Elle a deux enfants, mais ceux-ci ne vivent pas chez elle. Depuis peu, Bea habite au Foyer de l’Armée du Salut à Zurich. Aujourd’hui, elle a 28 ans et tente de reprendre sa vie en main. Prochain objectif : trouver un emploi fixe. Mais qui voudrait donner une chance à cette femme sans formation ? Cette question était l’objet de notre appel aux dons en avril. Une entreprise de Suisse centrale a été touchée par la candidature de Bea et nous a contactés : elle souhaite donner une chance à des personnes comme elle. Le programme d’insertion professionnelle « travailPLUS » de l’Armée du Salut a déjà pris contact avec cette entreprise. Nous nous réjouissons de pouvoir offrir, en collaboration avec les entreprises, un nouveau départ à des personnes qui n’auraient sinon aucune chance sur le marché du travail. travailplus.ch Photo : Fundraising

UN NOUVEAU CHEZ-SOI POUR DES PERSONNES EN DÉTRESSE A la mi-juillet, le Foyer de passage de Winterthour a étoffé son offre. Désormais, en plus de l’accueil de nuit, il offre un encadrement à long terme. Des personnes se trouvant dans des situations difficiles trouvent un nouveau « chez-soi » dans les étages supérieurs du site actuel. « Wohnen Plus » met à disposition dix places avec un encadrement 24 heures sur 24. Sept places sont déjà attribuées, majoritairement à des personnes qui dormaient le plus souvent au Centre d’accueil de nuit. La démarche consistant à placer les personnes revenant régulièrement au Foyer dans d’autres institutions n’a pas fonctionné. Désormais, « Wohnen Plus » leur offre un abri idéal. Ici, elles connaissent déjà le personnel d’encadrement et se trouvent dans environnement stable. Il est souvent difficile pour les personnes ayant des problèmes sociaux ou souffrant de dépendances d’accepter la nouveauté. Ici, la cuisine, la musique ou le sport leur apportent un changement bienvenu dans leur quotidien souvent sombre. Photo : Livia Hofer

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LA MUSIQUE EST RESPIRATION

Michel Sterckx Gestion de projet à l’Armée du Salut Suisse et musique (jazz, classique, cuivres, groupe de l’Armée du Salut TAKASA)

La musique est respiration – chant de louange En 1840, le compositeur Felix Mendelssohn Bartholdy a choisi un prélude fulgurant pour sa 2 e symphonie. Les trombones lancent un motif musical qui trace un fil rouge dans toute l’œuvre. Dans le deuxième mouvement, les chanteuses et chanteurs reprennent ce motif avec les mots « Alles, was Odem hat (alles, was atmet), lobe den Herrn » (Que tout ce qui respire loue l’Eternel ! Louez l’Eternel !). Le texte est tiré de la Bible, du Psaume 150. Il m’est difficile de mettre des mots sur ce que je ressens. C’est la raison pour laquelle je vous encourage à apprécier vous-mêmes la 2 e symphonie (« Chant de louange ») de Mendelssohn. Vous la trouverez facilement sur le portail vidéo Youtube. Le prélude énergique des trombones ne peut pas être ignoré. Dans le deuxième mouvement, le chœur fait son entrée après environ 25 minutes et chante de toute sa puissance. J’aime cette symphonie. Et j’aime ce début, entre autres parce que je joue moi-même du trombone. Et quel message ! Il est la base de la vie, le lien avec le créateur, la nourriture complète pour la vie intérieure. Lorsque j’entends cette symphonie (à plein volume, bien entendu), je prends conscience de ce que Dieu m’a donné :

la vie !

(Que tout ce qui respire loue l’Eternel !)

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DU CONCRET

Winterthour NOUVEAU CENTRE DE DISTRIBUTION DE NOURRITURE Depuis mars 2016, les locaux de l’Armée du Salut de Winterthour se transforment chaque mercredi soir en un centre de distribution de denrées alimentaires. L’organisation « Table couvre-toi » lui livre de la viande, des produits laitiers, des légumes et du pain. Il s’agit de produits que les détaillants ou les boulangers de la région ne peuvent plus vendre. Les aliments offerts sont dans un état irréprochable, mais doivent être consommés rapidement. A Winterthour, le nombre de personnes ayant besoin de denrées abordables ne cesse d’augmenter. Un troisième centre de distribution s’est avéré nécessaire, raison pour laquelle « Table couvre-toi » s’est adressée à l’Armée du Salut. Stephan Knecht, officier et responsable du centre de distribution, confirme une demande croissante. « Le jour de l’ouverture, il y avait tout juste 50 personnes. Aujourd’hui, nous en sommes à près de 150 bénéficiaires par semaine. » Les personnes qui vivent avec le minimum vital reçoivent une carte de bénéficiaire par les services sociaux. « Il y a toujours des familles qui viennent », explique Stephan Knecht, « mais aussi des personnes qui élèvent seules leurs enfants ou des gens qui travaillent mais ne gagnent pas assez pour subvenir à leurs besoins. »

Malleray UN TOIT POUR TOI Depuis avril 2015, l’Armée du Salut de Malleray dispose d’un appartement de 5 pièces et d’une chambre dans les locaux de la communauté pour héberger des personnes dans le besoin. « Plusieurs personnes venaient demander de l’aide, soit de l’argent soit un endroit pour dormir, explique le responsable Yanick Termignone. L’Eglise baptiste nous a proposé de louer un appartement libre. Le séjour est limité à trois mois, mais nous sommes flexibles, il faut regarder au cas par cas. » L’offre est destinée à des gens pour qui le Service social n’entre pas en matière, comme le jeune de 18 ans mis à la porte par ses parents et qui a arrêté son apprentissage, ou le couple avec cinq enfants dont le père était en fin de droit de chômage. En plus du logement, une aide dans les démarches administratives comme la recherche d’appartement ou d’emploi, par exemple, est offerte. Les personnes qui en ont les moyens participent financièrement. « Les dons de particuliers aident à couvrir la location, ajoute Termignone. Nous avons aussi reçu un lave-linge et un bénévole est venu installer une douche. » Texte et Photo : Sébastien Goetschmann

Texte : Tamara Traxler | Photo : MAG

150 bénéficiaires par semaine

300 nuitées / mois

300 kg de nourriture par semaine pour les personnes démunies

6 pièces, soit 14 places au maximum

20 bénévoles âgés de 18 à 75 ans

20 h − 8 h : Horaire d’ouverture de la chambre dans les locaux de la communauté. 15


POUR CEUX QUE LA CHANCE A ABANDONNÉS

MISS MISSISSIPPI À LA RECHERCHE DE SA FAMILLE

Le Foyer de Zurich constitue un ancrage sûr pour Peggy Campbell.

Peggy Campbell n’avais jamais véritablement trouvé le bon cap entre l’Amérique et la Suisse. L’amour, les enfants et la maladie l’ont ballotée sans répit à travers la vie. A l’Armée du Salut, elle a enfin trouvé un ancrage sûr. « Ici, il y a toujours quelqu’un pour m’accueillir », dit Peggy Campbell en souriant. Durant de nombreuses années, elle s’est sentie abandonnée. Cela lui pesait de ne pas avoir de chez-soi. Ce toit, elle l’a trouvé au Foyer de l’Armée du Salut de Zurich depuis février. « Lorsque Madame Campbell est arrivée chez nous, elle nous a parue perdue et éteinte. J’ai senti que sa détresse était immense » Voici comment Andreas Fehlmann décrit sa première rencontre avec la femme de 64 ans. Il s’occupe de la rentière depuis ses premiers pas au Foyer. Depuis ce début, beaucoup de choses ont heureusement changé. Peggy Campbell a retrouvé sa joie de vivre. Elle compose des poèmes, elle chante, rit et bricole à nouveau. Elle participe à presque toutes les activités du Foyer. « Je suis content qu’elle aille de nouveau mieux. Surtout, lorsque je repense à sa maladie et à son parcours » ajoute Andreas Fehlmann en redevenant grave.

« Mon fils a grandi auprès d’une mère qui lui était étrangère. » Suite à un séjour en clinique psychiatrique, Peggy Campbell est arrivée au Foyer de l’Armée du Salut. Elle ne 16

pouvait plus vivre seule. « Elle ne prenait plus qu’irrégulièrement les médicaments contre sa maladie psychique » se souvient son assistant social. « La solitude lui a causé du tort. » Il y a de nombreuses années, elle avait quitté sont pays, l’Amérique, pour suivre son mari en Suisse. « Nous avions fait connaissance au parc national de Yellowstone » se rappelle Peggy Campbell en pensant à son grand amour. « Il m’a trouvé une place de fille au pair, nous nous sommes mariés et la venue de Daniel a couronné notre bonheur. » Malheureusement, leur union s’est défaite et Peggy Campbell est repartie aux EtatsUnis. Elle s’est remariée et a eu une fille. Elle n’est malgré tout pas parvenue à laisser simplement son passé derrière elle. « Je me rendais régulièrement en Suisse pour voir mon fils Daniel ». Elle s’est fait beaucoup de reproches, confie la femme de 64 ans. « Mon ex-époux s’était remarié. Mon fils a donc grandi auprès d’une mère de substitution. » En 2015, Campbell est retournée à Zurich, pour être enfin à nouveau plus proche de son fils. « La famille, c’est ce qui compte le plus pour moi » souligne-t-elle avec nostalgie. « Lors de mon enfance, j’ai pu faire tout


Lorsqu’elle coud, Peggy Campbell repense au passé.

ce dont j’avais envie. On m’a encouragée à chanter et à danser. Pourtant, toutes ces années durant, ma mère m’avait caché quelque chose d’important. » Croire à nouveau à ses propres qualités Encore sur son lit de mort, sa mère avait refusé de faire un test ADN. Dix ans auparavant, lors d’un examen médical, Campbell en avait appris davantage sur ses origines. Selon son groupe sanguin, elle n’appartenait pas à la famille. C’est ce que son médecin lui avait dit. Le fait de ne pas connaître son identité exacte avait tourmenté Peggy Campbell depuis ce moment-là. Elle tente désormais de consigner son parcours de vie dans un livre et de le rendre ainsi concret. Elle doute cependant qu’elle y parviendra. « Il y a encore d’innombrables questions sans réponse dans ma vie, auxquelles Dieu ne répondra sans doute qu’à la fin, au ciel. » La foi et la vie en communauté

au Foyer donnent à Peggy Campbell la force de poursuivre son chemin. « Je trouve merveilleux qu’elle puisse à nouveau se focaliser davantage sur ses propres qualités. Et elle en a beaucoup » souligne Andreas Fehlmann, son référent. A ces mots, la rentière, un peu gênée, porte un regard sur ses mains habiles. Cela la dérange de recevoir des louanges. Plus tard, lors de la visite de sa chambre, elle montre encore fièrement les œuvres qu’elle a confectionnées de ses mains. Un merveilleux tableau en mosaïques pend au mur. Un plat en terre cuite façonnée de ses mains repose sur la table et un oreiller qu’elle a cousu elle-même orne son lit. A l’Armée du Salut, la maîtresse d’économie familiale diplômée a redécouvert son savoir-faire artisanal et sa voix merveilleuse. Miss Mississippi a retrouvé la joie de vivre A titre personnel, la comédie musicale présentée lors de la fête d’été du Foyer a constitué un temps fort. La petite estrade de la cour intérieure a rapidement été transformée en scène. Et au milieu de celle-ci : Peggy Campbell interprétant Miss Mississippi. Dans la comédie musicale parlant d’aspirations, de déceptions et de joie de vivre, la chanteuse talentueuse s’est glissée dans la peau du personnage principal. « Avant d’arriver chez vous, j’étais perdue et n’avais plus de toit. Vous m’avez redonné la joie de vivre » se réjouit Peggy Campbell. Son bonheur retrouvé lui donne le courage de formuler un vœu. « A Noël, je voudrais être auprès de ma fille, en France. J’aspirerais vraiment à la rejoindre pour quelques temps. » Texte : Tamara Traxler | Photos : Tina Steinauer

Cela aide de parler ensemble : l’assistant social Andreas Fehlmann y consacre volontiers du temps. 17


QUE DE QUESTIONS !

« CHANTER, C’EST UN PEU COMME PRIER »

Peter Reber est dans la musique depuis plus de 40 ans. Ses chansons trouvent leur inspiration directement dans la vie. Même durant les périodes difficiles, il a trouvé de l’inspiration et, en fin de compte, un sens à la vie.

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Vous avez déjà chanté avec nous pour la collecte des marmites et, à l’époque, vous aviez offert votre chanson de Noël « Fröi Di » (Réjouis-toi). Qu’est qui vous a incité à le faire ? L’Armée du Salut m’a toujours impressionné. Je trouve que les salutistes mènent leur vie de manière cohérente. Je trouve admirable qu’ils consacrent leur vie au service de leurs semblables. Ils ne font pas que parler, mais joignent l’acte à la parole. Par ailleurs, il y a 40 ans, j’ai fait une belle rencontre avec l’Armée du Salut lors de la période de Noël. Je l’ai consignée dans mon livre « Adväntsgschichte » (trad. : récits de l’Avent) *. Quelles sont encore vos attentes vis-à-vis de l’Armée du Salut ? J’ai écrit six chansons pour le Concours Eurovision de la chanson. J’ai eu beaucoup de plaisir à ce que l’Armée du Salut représente la Suisse. Ce fut une prestation bonne et amusante. Cela montre aussi que l’Armée du Salut vit avec son temps. Elle s’engage depuis de nombreuses années pour celles et ceux qui vivent en marge la société. Cette continuité est également importante. L’Armée du Salut doit simplement persévérer. Cela donne confiance. Le cœur de l’Armée du Salut bat pour les plus faibles de la société. A part la musique naturellement, qu’est-ce qui fait battre votre cœur ? La famille. A l’heure actuelle, il est important que la famille ne perde pas en importance. J’ai le sens de la famille. La plupart des choses que j’entreprends, je les entreprends avec mon épouse, ce qui est assez inhabituel dans mon métier. Nous voyons très souvent nos deux enfants. La cohésion est très importante. La famille constitue le fondement de la société. La famille comme ancrage, même dans la tourmente. Où puisez-vous votre force sinon ? Je crois que chanter, c’est un peu comme prier. On se confie, on reçoit éventuellement une réponse. Du public ou de sa propre conscience. Lorsque j’allais moins bien, j’ai continué à faire de la musique. Mais les périodes difficiles font simplement partie de la vie. Elles constituent le sel de la vie. Les difficultés doivent nous faire grandir, et non pas nous anéantir. Ce faisant, on a peut-être parfois besoin d’aide. Et celleci, l’Armée du Salut peut l’offrir. Qu’est-ce qui vous a particulièrement préoccupé pendant les périodes difficiles ? On doute peut-être de soi et on recherche un sens à sa vie. Je crois qu’on doit donner un sens à sa vie. J’ai constaté que j’aimais écrire des chansons qui accompagnent les gens dans des moments essentiels. Que ce soit lors d’un mariage, lorsque l’on joue « E Vogel ohni Flügel » [trad. : un oiseau sans ailes] ou lors d’un baptême sur l’air de « I wünsche dir » [Trad. : je te souhaite]. Lorsque je peux, de la sorte, participer à ces événements, cela donne un sens à ma vie. * Vous trouverez l’histoire à la page suivante. Le texte est paru dans le livre « 24 Adväntsgschichte zum Schmunzle u Nachedänke » de Peter Reber.

D’où vous vient l’inspiration pour composer des chansons aussi émouvantes ? Chez Peter, Sue & Marc, l’assemblage des trois voix m’a toujours beaucoup touché. Nous avons essayé beaucoup de choses. Nous voulions écrire nos propres chansons et ne pas seulement chanter des reprises. Plus tard, j’ai commencé à raconter ce que nous avions vécu en route. Les chansons sont mon journal intime. Elles racontent mes histoires personnelles ou des choses qui me passent par la tête. Ne se rend-t-on pas aussi vulnérable de la sorte ? Bien sûr. Evidemment, chaque artiste souhaite avoir un public. Nous avons réalisé quelque chose et souhaitons le montrer. C’est dans la nature humaine de vouloir se confier. En tant qu’artiste, mais aussi en tant qu’être humain, on ne peut s’accomplir qu’en étant prêt à s’ouvrir aux autres. Vous avez déjà mentionné votre livre de récits de l’Avent. Que signifie Noël pour vous ? Nous fêtons la naissance du Christ, ce personnage merveilleux, qui nous a montré l’exemple en vivant comme nous devrions vivre, ce que nous n’avons malheureusement jamais complètement réussi à faire. Pour moi, Noël est un point d’ancrage dans l’année, un moment d’introspection, durant lequel on peut se pencher sur le passé. J’écoute alors volontiers de la musique que je n’écoute sinon pas le reste de l’année. J’ai un vieux juke-box avec des 45 tours du Golden Gate Quartett ou de Mahalia Jackson. A Noël, il me faut un peu de nostalgie. Quel est votre chanson de Noël préférée ? Il existe beaucoup de belles chansons de Noël. J’apprécie tout particulièrement les chansons qui rendent Noël vivant. Les chansons qui racontent des histoires, comme « Little Drummer Boy » ou « Mary’s Boy Child Jesus Christ ». Mais aussi ma propre chanson « Chumm mir wei es Liecht azünte » (trad. : Mettons la lumière » me remplit de joie. Pourquoi justement cette chanson ? Nous célébrions une grande fête de famille chez ma sœur. A l’époque, ils tenaient un hôtel. Toute la famille s’y était retrouvée. Le lendemain matin, je me suis réveillé très tôt. Une mélodie ne cessait de me trotter en tête. Je suis descendu, il y avait un piano dans l’hôtel, et, en deux à trois heures, j’ai composé la chanson sur ce piano. Interview : Tamara Traxler | Photos : Werner Tschan

Peter Reber (67 ans) marque la scène musicale suisse et internationale depuis plus de 40 ans. Avec Peter, Sue & Marc, il a fourni des chansons à succès pour le Concours Eurovision de la chanson. Des milliers de textes et de mélodies sont issus de sa plume. Ses chansons en dialecte ont acquis une notoriété immense. En 2016, il a obtenu le Swiss Music Award pour son œuvre complète. Peter Reber habite avec sa famille à Berne, dans une maison intergénérationnelle.


RÉCIT DE L'AVENT

«

À l’Armée du Salut » Peter Reber

Ça s’est passé en décembre. C’est la première fois qu’il neigeait autant à Munich et je faisais la tournée des radios, dont la Bayerischer Rundfunk, avec mes amis Sue et Marc. En Suisse, nous avions déjà beaucoup de succès, mais en Allemagne, personne ne nous connaissait. Notre accompagnateur de la maison de disques voulait nous initier à la culture locale et nous a accompagnés pour prendre le repas de midi dans un restaurant munichois. Le local était plein à craquer et nous étions très contents, installés devant notre bouchoyade, notre jarret de porc, notre choucroute et notre chope de bière, quand deux femmes de l’Armée du Salut, trempées jusqu’à la moelle et armées d’une guitare, ont passé la porte. À moitié gelées, elles se frottaient les mains, après avoir passé un long moment au coin d’une rue et essayé de réchauffer leur casserole à dons avec leurs chansons. Mais, au bout d’un moment, elles eurent sans doute assez de ce temps de chien et décidèrent de déplacer leur activité dans la « Knödelstuben ». Quand elles ont commencé à chanter, personne ne les écoutait et, en toute sincérité – bien que l’Armée

du Salut ait quelques bonnes voix – ces deux soldates, que j’appellerais plutôt des anges, avaient de petites voix. Nous nous sommes regardés tous les trois, nous nous sommes levés, nous avons désarmé les deux soldates de l’Armée du Salut et les avons assises sur nos chaises. Naturellement, le petit local étant plein à craquer, ce changement n’est pas passé inaperçu. Les gens se demandaient ce qu’il se passait et regardaient. Là, nous avons commencé à chanter : des gospels, des spirituals et d’autres chansons moins chrétiennes. On entendait plus une mouche voler dans le local et, après quelques chansons, nous avons envoyé les deux femmes – enfin réchauffées et rassérénées – faire le tour du local avec leur boîte à pièces. Et le public du local ne s’est pas laissé prier. Lorsque nous nous sommes rassis, un voisin de table m’a dit: « Si vous continuez comme ça, vous finirez par enregistrer un disque, un jour. » Mais, à ce moment précis, notre assiette de bouchoyade, que la serveuse avait gardé au chaud, nous était plus importante que n’importe quel disque.

Paru dans: « 24 Adväntsgschichte zum Schmunzle u Nachedänke » Peter Reber | Weltbild Verlag Olten | ISBN 978-3-03812-674-4 20


ENTRE AUTRES ENGAGEMENT AU « CHUENISBÄRGLI » (ADELBODEN) En janvier, la Coupe du monde de ski alpin aura de nouveau lieu à Adelboden. Près de 30 000 spectateurs se rendent chaque année dans l’Oberland bernois. Pendant la Coupe du monde de ski, l’Armée du Salut d’Adelboden prend en charge des personnes alcoolisées. Elle leur offre des places dans ses locaux pour dégriser et pour passer la nuit. En outre, des équipes patrouillent pour aider les personnes dans la rue. Certaines d’entre elles ont perdu leurs affaires ou demandent simplement leur chemin. D’autres ont tellement bu qu’elles ne sont plus en état de conduire pour rentrer chez elles. C’est ici qu’intervient l’Armée du Salut. Elle soutient ainsi le travail des services de secours. Au centre sanitaire, la place, souvent limitée, est nécessaire pour les personnes devant recevoir des soins médicaux. L’Armée du Salut collabore depuis deux ans avec les services de secours locaux. Photo : weltcup-adelboden.ch

CRÈCHE VIVANTE À NEUCHÂTEL Chaque année, durant la période de l’Avent, les Postes de Neuchâtel, Saint-Aubin, Fleurier et des Ponts-de-Martel, avec l’aide de la Maison du Devens à Saint-Aubin, unissent leurs forces pour mettre en place une crèche vivante. Une journée durant, l’âne, le bœuf et des moutons côtoient ainsi Marie et Joseph en costume d’époque, accompagnés par les bergers et les fameux mages. La population est invitée à venir voir la crèche en vieille ville de Neuchâtel, mais également à participer. Une animation musicale est proposée, sous l’intitulé « Venez chanter Noël ! » avec des chants connus que tout le monde peut reprendre en chœur. « Cela conclut bien la collecte des marmites, dit Jean Volet, du Poste de Neuchâtel. Nous montrons que nous ne sommes pas là uniquement pour remplir nos caisses, mais que nous offrons aussi un moment de convivialité. » Photo : Sébastien Goetschmann

UN PÈRE RETROUVÉ Durant la Seconde Guerre mondiale, l’épouse de Kaspar L. a retrouvé son père grâce à l’Armée du Salut. Pour cette raison, Kaspar L. fait partie de nos donateurs depuis des années. Dans une lettre manuscrite, il nous raconte l’histoire de sa femme. Elevée par sa grand-mère, elle a grandi en ex-Yougoslavie. Après le décès de sa mère, son père a émigré en Autriche pour trouver du travail. Chez sa grand-mère, elle a grandi dans un climat de violence, nous confie Kaspar L. dans sa lettre. Lorsque la Seconde Guerre mondiale a éclaté, elle a fui en Autriche, seule. Arrivée sur place, la jeune femme, alors âgée de 15 ans, s’est directement adressée à l’Armée du Salut. Grâce à notre aide, elle a pu retrouver son père ! Depuis plus de 125 ans, l’Armée du Salut aide des personnes dans le monde entier à retrouver leurs proches. armeedusalut.ch/service-des-recherches Photo : Image symbole, Adobe Stock 21


À SUIVRE

LE BUS ROULE AUSSI POUR ELGA

La cheffe de projet, Renate Grossenbacher, est ravie du service de transport de « Angehört ».

« Rien n’est plus comme avant depuis que mon fils purge sa peine à Thorberg (BE). Je suis l’un de ses derniers contacts avec le monde extérieur. » Dans la mesure du possible, Elga* rend visite à son fils une fois par mois dans la prison bernoise. Elle est reconnaissante à l’Armée de Salut de proposer l’offre « Angehört » (accompagnement des proches de détenus ) dans le canton de Berne. Grâce à celle-ci, cette femme, qui est mère d’un délinquant, se sent comprise : « ‹Angehört › sait à quel point les proches de détenus sont durement touchés. Nous ressentons le mépris et sommes souvent rendus coresponsables du crime. » « Angehört » aide les personnes confrontées à cette situation difficile. Cette offre, qui existe depuis 2016, fournit également aux familles des renseignements sur les heures de visite, sur les directives et les dispositions concernant les visites aux détenus ou les audiences. Renate Grossenbacher, cheffe de projet, est ravie qu’une navette soit en service : « Une équipe de bénévoles propose un service de transport permettant aux proches des détenus de se rendre à la prison de Thorberg, qui est difficilement accessible en transports publics. » En plus de l’extension du projet « Angehört » à toute la Suisse alémanique, Renate Grossenbacher a un souhait qui lui tient à cœur : « J’aimerais organiser chaque année la semaine de vacances pour les mères célibataires et 22

* Nom connu de la rédaction.

leurs enfants. Les femmes dont les époux sont en prison bénéficient alors d’une pause salutaire. » Le Service des prisons de l’Armée du Salut s’occupe depuis 90 ans des détenus et de leurs familles. En 2015, l’équipe du Service des prisons a rendu visite à 61 familles. Les prisonniers ont eux-mêmes reçu 1566 visites. armeedusalut.ch/prochesdedetenus Texte : Elsbeth Cachelin | Photos : Werner Tschan

À « Angehört », les proches des détenus peuvent dire ce qu’ils ont sur le cœur.


PLAN DE SUCCESSION

IL N’EST JAMAIS TROP TÔT Nous sommes nombreux à différer la rédaction de notre testament pendant de longues années. Mais presque personne n’en parle ouvertement. Et fatalement, le fait de formuler ses dernières volontés et de les coucher comme il se doit sur le papier reste bien souvent au stade de la bonne résolu­ tion. L’Armée du Salut vous propose un soutien compétent dans ce domaine. « Il est étonnant de voir tout ce qu’il faut avant que quelqu’un se décide à rédiger son testament. » Un phénomène que connaît bien Daniel Wittwer, qui officie depuis 15 années comme conseiller neutre dans le domaine de la succession, entre autres pour l’Armée du Salut. Souvent, seul un événement personnel survenu dans l’entourage, comme un conflit autour d’un héritage ou un décès, pousse enfin la personne à rédiger son propre testament. Au plus près des attentes du client Conseiller financier et spécialiste en assurances indépendant, Daniel Wittwer sait par expérience que ses clients ont souvent une idée précise de ce qu’il doit advenir de leur succession. Mais la loi n’autorise pas à faire tout ce qu’on veut en la matière. « Le sujet est complexe, et il existe certains obstacles à éviter », explique D. Wittwer. «Mais c’est précisément pour cela que nous sommes là. Nous aidons les personnes à rédiger le testament le plus proche de leur idée personnelle tout en restant dans le cadre des dispositions légales. » De la documentation pour faciliter l’entrée en matière La planification successorale est une affaire très personnelle. Les recommanda-

Cela vaut la peine de réfléchir en amont à ce qui doit advenir de sa propre succession.

tions générales et les guides constituent une bonne entrée en matière pour avoir un aperçu général du sujet. Mais ils ne vont pas dans le détail des situations de départ, qui sont le plus souvent très variables. C’est pourquoi Daniel Wittwer conseille instamment d’adapter le testament personnel aux besoins individuels et aux circonstances. Un service adapté à chacun Le conseiller en succession Daniel Wittwer est fasciné par son activité, d’autant plus qu’elle lui permet d’appréhender la personne dans sa globalité et de prodiguer des conseils propres à chaque cas de figure. Il arrive aussi parfois qu’il faille rendre un service qui sorte du cadre habituel. Comme lorsqu’il a organisé la mise à disposition d’un fauteuil roulant pour un client d’un certain âge, ayant de la peine à se déplacer, afin qu’il puisse aller consulter le notaire. Malheureusement, ce fut la dernière fois que cet homme quitta sa maison. D’une manière générale, D. Wittwer

recommande à chacun de régler au plus tôt sa succession. « Il n’est jamais trop tôt, mais il pourrait être trop tard. »

Votre testament – les clés de la réussite y Réfléchissez à ce que vous souhaitez et ne souhaitez pas pour votre succession. y Faites un tour d’horizon de votre situation patrimoniale actuelle. En font partie, outre les liquidités et les titres, également les biens fonciers, les polices d’assurance ou les collections par exemple. y Pensez à qui sera la personne de confiance et compétente, chargée de répartir votre succession selon vos souhaits (exécuteur testamentaire). y Contactez le service de conseil en succession de l’Armée du Salut pour un premier entretien gratuit.

Guide gratuit Je commande le guide gratuit de l’Armée du Salut intitulé « Vos volontés comptent » comprenant des check-lists utiles. Nom :

Prénom :

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Code postal, localité :

E-mail :

Téléphone durant la journée :

Envoyer à : Armée du Salut Suisse, Nathalie Schaufelberger, Laupenstrasse 5, 3001 Berne ou par courrier électronique à testament@armeedusalut.ch 23


L’ARMÉE DU SALUT AIDE EN PROPOSANT : Une oreille attentive Tout commence par une personne sensible et prête à écouter une autre personne ayant besoin d’aide. Nos 10 Bureaux sociaux et nos 56 paroisses accueillent les personnes en détresse pour les écouter et les aider. Un endroit pour dormir Perdre pied fait souvent perdre le toit également. Nos 14 foyers d’habitation, 6 centres de passage, 4 établissements médico-sociaux et 5 foyers d’accueil temporaire hébergent chaque nuit plus de 1200 personnes. En outre, nous disposons également d’un foyer pour jeunes et de 5 foyers pour enfants. Des tables garnies Le problème d’une personne en détresse est souvent simplement la faim de nourriture ou de compagnie. Nous invitons volontiers des personnes à partager le repas (repas de midi pour enfants, fêtes de Noël, déjeuners contact pour dames). Du réconfort Notre action est marquée par notre relation avec Dieu que nous aimerions faire connaître à notre entourage. Par exemple lors des cultes organisés chaque dimanche dans nos 56 paroisses salutistes. Notre Service de soins psychiatriques à domicile et notre Service des prisons sont des offres précieuses pour les personnes en détresse.

CHARTE DE L’ARMÉE DU SALUT L’Armée du Salut est un mouvement international et fait partie de l’Eglise chrétienne universelle. Son message se fonde sur la Bible. Son ministère est inspiré par l’amour de Dieu. Sa mission consiste à annoncer l’Evangile de Jésus-Christ et à soulager les détresses humaines en Son nom, sans distinction aucune.

Fondation Armée du Salut Suisse | Laupenstrasse 5 | Case postale | 3001 Berne | Téléphone 031 388 05 35 Fax 031 382 05 91 | dons@armeedusalut.ch | armeedusalut.ch | CP Dons 30-444222-5


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