Magazine no. 14 / Juin 2019

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N° 14 | juin 2019

MAGAZINE DE L’ARMÉE DU SALUT SUISSE

« NOUS NOUS SENTONS ENFIN À NOUVEAU EN SÉCURITÉ. »

Vanessa avec son fils | Page 18

ACCUEIL TEMPORAIRE Le plus important, c’est la sécurité des enfants | Page 4

CAMP D’ÉTÉ POUR TOUS Une semaine de vacances intensive | Page 8

MICHEL STEINER « Le droit au logement est un droit de base pour chacun. » | Page 20


ÉDITORIAL

Chère donatrice, cher donateur, Chaque nuit, plus de 1200 personnes trouvent refuge dans les foyers et hébergements de l’Armée du Salut Suisse. Certains arrivent l’estomac vide ou, par une nuit d’orage, cherchent une place au sec pour passer la nuit. D’autres ne sont pas capables de vivre de manière autonome, mais ont besoin d’une prise en charge et de l’environnement protégé d’un foyer. Aussi différents que soient les êtres humains et leurs besoins, ils ont tous besoin d’un lieu pour vivre et se sentir en sécurité. À l’Armée du Salut, nous sommes quotidiennement confrontés au sujet de l’hébergement. Cela nous tient à cœur et nous voulons en parler : dans les pages suivantes du Magazine, nous partageons certaines de nos expériences avec vous. Le récit de Vanessa Mägli et de son fils illustre combien les personnes que nous accueillons peuvent être différentes. Vous découvrirez aux pages 18 et 19 comment ils quitté une d’une vie aisée au Brésil pour atterrir au Foyer de passage de Berne. La structure Accueil familles, à Genève, accueille aussi des personnes en détresse. Il est question du bien-être des enfants : des familles sans domicile fixe y trouvent refuge pour les mois d’hiver. Aux pages 4 à 6, nous faisons le récit de tours de magie, de l’arrivée d’un nouveau-né et de la vie avec un pied dans la rue. « Le droit au logement constitue un droit de l’homme » : Michel Steiner, de l’association Schwarzer Peter, en est convaincu. Nous nous sommes entretenus avec le travailleur de rue de Bâle. Découvrez l’interview aux pages 20 et 21. Je vous souhaite une lecture passionnante et un été béni parmi vos proches. Philipp Steiner Responsable Marketing & Communication

IMPRESSUM Magazine des donateurs de l’Armée du Salut Suisse Parution deux fois par an (juin/décembre) Éditrice Fondation Armée du Salut Suisse, Dons, Laupenstrasse 5, case postale, CH-3001 Berne Téléphone 031 388 05 35 | dons@armeedusalut.ch armeedusalut.ch | CP Dons 30-444222-5 Rédaction Holger Steffe (chef Dons), Marco Meier (responsable rédaction), Gino Brenni, Valérie Cazzin-Bussard, Florina German, Sébastien Goetschmann, Angelika Hergesell, Livia Hofer, Nadia Shabani Traduction Service de traduction de l’Armée du Salut Concept et design Spinas Civil Voices, Zurich / Stefan Walchensteiner Mise en page Nadia Shabani | Imprimeur Stämpfli SA, Berne Fondateur de l’Armée du Salut William Booth Général Brian Peddle Chef de territoire Commissaire Massimo Paone Photo de couverture Ruben Ung | Photos Ruben Ung, Lin Geissler, Sébastien Goetschmann, Kathelijne Reijse, Stefan Rötheli, Lilian Salathé Studler, Werner Tschan, Michael Fritschi, Strausak Associés SA, Armée du Salut Suisse

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SOMMAIRE

4 Une maison et ses habitants À Genève, l’Accueil familles est une maison spécialement dédiée aux familles

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7 Le bidule 8 L’Armée du Salut apporte son soutien Des personnes handicapées et non handicapées passent ensemble une semaine de vacances extraordinaire. 10 Au pied de la lettre 11 Nous quatre 12 Pour se réjouir 14 La musique est… lumière 15 Du concret L’Armée du Salut offre un service d’habitat protégé à Amriswil et développe sa palette de prise en charge à Moutier

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17 Entre autres 18 Pour ceux que la chance a abandonnés Nouveau départ, nouvelle vie : récit turbulent d’une mère et de son fils 20 Que de questions ! Entretien avec le travailleur de rue Michel Steiner 22 À suivre Le restaurant du Centre-Espoir sera bientôt réaménagé

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armeedusalut.ch


UNE MAISON ET SES HABITANTS

Chercher des solutions ensemble : Jessica, cheffe d’équipe, discute avec une résidente.

LE PLUS IMPORTANT C’EST LA SÉCURITÉ DES ENFANTS Depuis 2016, l’Armée du Salut de Genève gère un accueil dédié spécialement aux familles sans abri, dans un abri de protection civile. Du 27 décembre 2018 au 30 avril 2019, l’Accueil familles a eu la chance de déménager dans une maison. En dehors des affiches sur le portail et la porte d’entrée de la maison sise au 58 de l’Avenue de la Roseraie, à deux pas des Hôpitaux Universitaires de Genève, peu de choses indiquent que c’est l’Armée du Salut qui gère l’établissement. Il faut dire que cet accueil temporaire unique en son genre, pouvant loger 19 personnes en situation précaire, a dû être aménagé en très peu de temps. « On a appris assez tardivement qu’on pouvait emménager dans cette maison, on a eu à peine un mois pour tout meubler, explique Jessica, cheffe d’équipe. J’ai été témoin d’un énorme élan de solidarité, des habitants sont venus apporter quantité de jeux, d’habits, de vaisselle, de meubles. Sans oublier les associations Carrefour-Rue, Emmaüs, la commune de Plan-les-Ouates et Armée du Salut brocki.ch, qui ont activement contribué à rendre la maison la plus accueillante possible. »

Il est un peu plus de 16 heures, les familles commencent à rentrer. En cet après-midi de vacances scolaires, un animateur de la Fondation genevoise pour l’animation socioculturelle (FASe) a emmené les enfants à la patinoire. « Nous avons la chance d’avoir quelqu’un dix heures par semaine pour sortir les enfants à la piscine, au musée, voir un match de foot, etc. », se réjouit Jessica. À leur retour, Tatjana, aide à la parentalité, sert le goûter puis organise des activités – jeux, bricolage, dessin – adaptées à l’âge des enfants. « Les activités sont aussi centrées sur le vivre ensemble, c’est un travail éducatif par le jeu », explique Tatjana, qui travaille dans le domaine de la précarité depuis quatre ans. « On apprend à respecter certaines règles, à mieux communiquer, à développer une bonne relation parents-enfants. Mon rôle est aussi de détecter les dysfonctionnements potentiels. »

Les quatre chambres, réparties sur deux étages, offrent un refuge sûr à sept familles, dont neuf enfants. Au rez-de-chaussée se trouvent les pièces communes : le salon, la salle de jeux et le bureau de l’équipe de l’Accueil familles.

Alex (8 ans) me propose une partie de Mikado. L’instant d’après, les baguettes colorées se retrouvent éparpillées sur une table du salon. Nous les retirons une à une, en faisant attention à ne pas rompre l’équilibre fragile du jeu. À l’image

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de ces familles, qui retrouvent dans cette maison un peu de stabilité pour aller vers un avenir meilleur. Un heureux événement Ces jours-ci, l’espace jeu est encombré par un matelas supplémentaire. Le 30 janvier dernier, l’une des résidentes a mis au monde une petite fille, alors pour être au calme, elles ont été installées-là. C’est une veilleuse de nuit qui a accompagné la jeune maman à la maternité et qui est restée auprès d’elle durant l’accouchement. L’heureux événement apporte un souffle de gaieté dans la maison, et malgré des situations de vies difficiles, la petite fille est devenue une sorte de mascotte. Pranvera, albanaise d’origine, qui loge ici avec sa fille et son fils depuis début 2019, dorlote le bébé sous le regard bienveillant de sa mère, tout en répondant à mes questions. Un bénévole venu faire des tours de magie traduit du français vers l’italien et vice versa. « Ici je me sens bien, c’est tranquille, et il y a même de la joie », confie-t-elle, visiblement attendrie par la petite princesse qu’elle tient dans ses bras. Changement de lieu, changement d’atmosphère En semaine, la maison est ouverte de 16 heures à 10 heures le lendemain, et en continu les week-ends avec un repas le samedi midi. « Durant la semaine, certaines familles vont dans d’autres espaces pour les familles sans abri, et les enfants en âge d’être scolarisés vont à l’école pendant que leurs parents entreprennent des démarches pour trouver un logement ou du travail », explique Jessica. Dans l’ensemble, la cohabitation forcée est harmonieuse. « Les gens proviennent de cultures et de contextes différents, ce qui crée fatalement des tensions, indique Tatjana. Mais cela se passe plutôt bien, et le fait d’être dans une maison amène une autre dynamique par rapport à l’abri de protection civile, même si la promiscuité demeure en partie présente. » « Ici on a des fenêtres, des escaliers à monter, et non à descendre, ajoute Jessica. Cela améliore sensiblement la qualité de vie et la dignité de l’accueil. C’est aussi bien plus agréable pour nous qui accompagnons ces familles. » Qui dit cohabitation, dit répartition des tâches, et chacun fait sa part. En plus de laver leur vaisselle, les parents font le ménage une fois par semaine dans une des pièces de la maison. Certains donnent aussi un coup de main en cuisine, et les repas du samedi sont alors l’occasion de découvrir des spécialités d’ailleurs.

La maison offre un refuge sûr à sept familles. Le repas du soir est préparé grâce à des dons alimentaires.

Un lieu de répit Il est 19 heures, on commence à servir le souper au sous-sol. « Nous devons faire deux services car la salle à manger est trop exiguë », explique Jessica. C’est Lucien, auxiliaire, qui a composé le menu de ce soir : houmous, salade, poulet, légumes et gratin de cornettes. Les repas dépendent beaucoup des dons de la banque alimentaire Partage. À table, Stéphane, le père d’Alex, attend son morceau de pain pour commencer à manger. Il vit ici depuis fin janvier, avec sa femme et leur fils. « On est très bien, Alex est content, il a des amis avec qui

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Des ballons multicolores : les résidents envoient leurs espoirs et souhaits en voyage. Peut-être ceux-ci deviendront-ils réalité ?

jouer et l’école est toute proche, dit-il d’un ton reconnaissant. Cela fait quatre ans que nous sommes en Suisse. En Roumanie, la vie aurait été très dure pour Alex. » Puis, l’air plus grave, il avoue s’inquiéter de ce qui leur arrivera après le 30 avril, lorsque l’Accueil familles fermera. « Ma femme cherche à faire des ménages, et moi des déménagements, du jardinage, du travail en cuisine. » « C’est le début du chemin, dit Manuela, travailleuse sociale dans la structure. Les personnes qui arrivent ici sont souvent en situation de crise, à la rue. C’est un lieu de répit où les parents peuvent se poser et commencer à chercher des solutions, un travail, un logement. Nous les accompagnons dans les démarches administratives et nous les dirigeons vers les services compétents. » Tout en sachant que malheureusement tout le monde n’aura pas trouvé de solution à la fermeture de l’Accueil familles. L’important c’est la sécurité des enfants Les 11 personnes de l’équipe de l’Accueil familles et les 18 bénévoles qui fournissent une aide ponctuelle précieuse

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(préparation et mise en place des repas, animation d’activités avec les enfants, etc.) partagent tous la même préoccupation pour le bien-être et la sécurité des enfants. Pour Manuela, l’accent doit être mis sur la prévention. « Nous suivons temporairement des parcours d’errance, afin de poser les premiers pas vers une perspective d’avenir. Le but est que les enfants ne soient pas pris dans le même engrenage. » En observant ces mômes innocents, tout à leur joie de montrer à Jessica le tour de magie qu’ils viennent d’apprendre, on n’imagine pas un instant qu’ils puissent un jour dormir dehors. Texte : Sébastien Goetschmann | Photos : Ruben Ung, Kathelijne Reijse pour fondation sesam


LE BIDULE

ON POURRAIT PRESQUE SENTIR LE DÉPLACEMENT D’AIR QUI BALAIE LE VISAGE DU PILOTE DANS SA VOITURE DE COURSE. CELUI-CI NE VOIT PAS GRAND-CHOSE DU PAYSAGE IDYLLIQUE QUI DÉFILE, CONCENTRANT SON ATTENTION SUR LE PROCHAIN VIRAGE. DÉTERMINÉ, IL SE BAT AVEC UN RIVAL POUR CHAQUE CENTIMÈTRE – COMME LES PILOTES DE FORMULE E QUI TRANSFORMERONT LA VILLE DE BERNE EN CIRCUIT AVEC LEURS VOITURES DE COURSE ÉLECTRIQUES LE 22 JUIN PROCHAIN.

brocki.ch

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L’ARMÉE DU SALUT APPORTE SON SOUTIEN

La devise du camp : les uns avec les autres et les uns pour les autres. Le soutien mutuel est important afin que personne ne reste sur sa soif.

PROFITER DE L’ÉTÉ EN TOUTE DÉCONTRACTION Vivre quelque chose ensemble, être créatif et passer des moments spirituels dans la nature : au « Sommercamp für Alle» (camp d’été pour tous) de l’Armée du Salut, des personnes handicapées et non handicapées passent ensemble une semaine de vacances extraordinaire. C’est une après-midi estivale au « Sommercamp für Alle », on n’aspire qu’à une chose : se rafraîchir. Une excursion au Greifensee est prévue, avec baignade et grillades – un bon plan pour une journée torride. L’excursion constitue un vérita-

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ble défi logistique. Un véhicule de transport spécial a été organisé pour les utilisateurs de fauteuil roulant. Pour de nombreux participants, la baignade dans le lac représente un temps fort du camp. Les personnes souffrant d’un handicap peuvent


justement souvent se détendre et mieux se mouvoir dans l’eau. Quand, sous le regard de leur accompagnateur, elles se mettent à l’eau, c’est souvent une grande joie et un sentiment de légèreté qui les envahissent. Après la baignade, on se répartit en petits groupes à l’ombre et on apprécie le moment selon la devise du camp « mitenand und fürenand » (les uns avec les autres et les uns pour les autres).

« Pour ces personnes, le ‹ Sommercamp › constitue un temps fort de l’année. » Susanne*, accompagnante

De nombreuses amitiés sont déjà nées au « Sommercamp ».

Une bouffée d’air dans un quotidien strictement réglé La plupart des participants adultes sont déjà venus au « Sommercamp » en tant qu’enfants. Mark*, par exemple, depuis 1999. Pour des personnes extérieures, sa manière de se comporter est difficilement compréhensible. Ici, au camp, on le comprend, car on prend le temps de l’écouter attentivement. Si pourtant quelque chose reste incompréhensible, son accompagnant personnel se charge de « traduire ». « Pour ces personnes souffrant d’infirmité motrice cérébrale, d’épilepsie, de sclérose en plaques, du syndrome de Down ou d’un handicap mental, le camp représente un temps fort de l’année » nous confie Susanne, une accompagnatrice. « Leur quotidien en institution est souvent très structuré. Ici, au camp d’été, les règles sont moins strictes et chacun peut être lui-même. » Le déroulement de la journée est décontracté, la prise en charge est personnalisée. Surmonter ensemble les moments difficiles Nombre des accompagnants bénévoles participent aussi depuis de nombreuses années à la manifestation et forment une équipe expérimentée. Ils connaissent bien les participants et savent ce qui leur fait plaisir, ce qu’ils savent bien faire ou ce dont ils ont peur. Comme chez Annemarie*, qui vit avec un léger handicap mental. « Elle est une merveilleuse consolatrice », dit d’elle Hilde*, son accompagnante. « Chez certaines personnes, l’humeur peu parfois changer très vite : un mot de travers, et déjà les larmes coulent. Nous tentons d’intégrer ces phénomènes tout naturellement dans la vie du camp. Nous en parlons et nous nous réconfortons mutuellement. Dans de telles situations, Annemarie fait preuve de beaucoup de tact. »

Bon plan : baignade rafraîchissante dans le Greifensee.

Nouvelles amitiés et possibilités Réunir des gens avec leurs histoires uniques, c’est une partie essentielle de ce camp. C’est une bonne manière de faire de nouvelles connaissances, et parfois une porte peut s’ouvrir

* noms modifiés

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de manière inattendue. C’est ce qui est arrivé à Conny*, qui y participe cet été pour la deuxième fois : « J’adore faire la connaissance de nouvelles personnes ! » se réjouit-elle. Comme beaucoup de personnes ici, elle n’a pas eu la vie facile. En raison de son handicap physique, elle est dépendante d’un fauteuil roulant : « J’étais au bord du gouffre. Pourtant, Dieu avait d’autres plans pour moi. » Lors du camp, elle a rencontré une enseignante, qui cherchait une aide pour les devoirs surveillés pour sa classe et qui lui a immédiatement proposé de faire une journée à l’essai. Conny n’a pas dû

« Je suis arrivée ici avec mes soucis, et je repars chez moi avec le sourire. » Conny, participante réfléchir très longtemps et a accepté de relever le défi : « Grâce à mon attitude ouverte, je sais bien m’occuper des enfants. J’ai tout de suite su que c’était ça que je voulais faire. C’est ce que j’ai toujours voulu faire ! » Aujourd’hui, elle travaille à 40 % comme aide dans l’enseignement à l’école primaire. Trouver la force dans la foi Autrefois, Conny pensait qu’elle ne valait rien. Mais, aujourd’hui, elle est convaincue : « Dieu me confie de nouvelles tâches dans la vie. Je vis pour cela. » C’est aussi la raison pour laquelle elle se plaît au « Sommercamp » : « Je reçois ici une foi à laquelle je peux m’accrocher. Une foi que je peux mettre en pratique et que je peux intégrer dans ma vie. Je suis arrivée ici avec mes soucis, et je repars chez moi avec le sourire. » Texte : Livia Hofer | Photos : Werner Tschan

AU PIED DE LA LETTRE

Le « Sommercamp für alle » de l’Armée du Salut se déroule chaque été dans la Maison de jeunesse de Stäfa sous la direction de Charlotte et Hans Ulrich Hostettler. Ce camp est ouvert aux personnes de tous les âges, avec ou sans handicap. Le programme prévoit des activités créatives, des excursions dans la nature, des cultes et une communion joyeuse. Pour l’aide et les soins personnalisés, de nombreux accompagnateurs et accompagnatrices sont engagés. Afin de réduire les frais du camp au minimum, les accompagnants renoncent à toute rémunération : en fin de compte, le but est que toutes les personnes intéressées puissent se permettre de participer au camp.

Monsieur Cadalbert, via solidarite.armeedusalut.ch

Heureusement que l’Armée du Salut existe. Sinon on devrait l’inventer. Des personnes qui aident de façon désintéressée : merci ! J’ai moi-même été concerné : une fois en tant que personne touchée en recevant un repas, et une fois comme donateur, en donnant une pièce de cinq francs lors de la collecte de Noël.

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NOUS QUATRE

Sylvaine Mä gli

Michael Staïesse

en Responsable formation d’adultes Développement International Suisse alémanique, collaboratrice

Officier de l’Armée du Salut Poste de l’Arc lémanique

je n’hésiterais pas une Si ma vie était à recommencer, me je l’ai fait à l’âge de seconde à la reconsacrer à Dieu, com de ma vie. Elle m’a sion 12 ans. Cela a été la meilleure déci personnelle avec tion rela permis de vivre non seulement une aussi de le sers mai rist, mon Seigneur et Sauveur Jésus-Ch ère avec mon ffici qu’o tant vir au sein de l’Armée du Salut en nées pour la d’an e zain mari : service passionnant une quin (églises) et tes Pos des s jeunesse, une dizaine d’années dan moments les s dan lité fidé neuf ans en Haïti. Dieu a prouvé sa accordé a s nou et les difficiles qui semblaient insurmontab souveux bea plus Mes ! tant d’expériences passionnantes st et Chri r pou der déci se nirs sont d’avoir vu des jeunes pour le paro sa de s esse d’avoir part agé ensemble les rich ent. nous nourrir et grandir spirituellem

Lorsque j’ai ressenti l’appel à servir Dieu à plein temps, l’idée de le faire à l’Armée du Salut s’est peu à peu imposée à moi. Et cela dure depuis plus de 25 ans. Que ce soit à Genève, à Wichita (Kansas, USA ) ou à Lausanne, le Seigneur m’a permis de faire de belle s rencontres. Avec mon épouse qui part age la même vocation, je côtoie des populations venant des quatre coins du glob e et je suis témoin de l’action de Dieu dans la vie des gens. Une partie de mon travail actuel se déroule dans une structure d’hébergement d’urgence. La pauvreté y côtoie la richesse : celle du part age et de la diversité culturelle . J’apprends à me réjouir des petites victoires dans la vie des gens, à être une source d’encouragement, à communiquer aux gens la foi – en eux et en Dieu – qui rend les choses poss ibles.

Corinne Gyga x

Beat Habegger Chef du projet HandsOn

Cela fait deux ans que je travaille pour l’Œuvre sociale de l’Armée du Salut. J’y dirige le projet d’intégration dans le monde du travail HandsOn. Ce projet vise à intégrer le plus rapidement possible les réfugiés dans le marché du travail suisse. Celui qui travaille fait partie de la société ; celui qui, en Suisse, n’a pas de travail est souvent socialement isolé. C’est la raison pour laquelle je m’engage tout particulièrement pour l’intégration des migrants dans le monde du travail. La société en profite également, car les réfugiés peuvent vivre de manière autonome et n’ont plus besoin de l’aide sociale. Après la première année, 14 participants ont déjà trouvé le chemin du marché du travail. Dans le cadre de l’Œuvre sociale de l’Armée du Salut, je dispose d’une marge de manœuvre étendue et je parviens à faire évoluer les choses, ce que j’apprécie beaucoup !

Collaboratr ice

spécialisée Adm inis tration & Co Secrét ar iat terr mmunicat ion, itorial de jeunes se de l’A rmée du Salu t Le

s Maldives, printe mps 2017. Je suis allongée sur la pl vant mon bungal age deow, le soleil sur le visage, un rom passionnant entre an policier les mains. Tout à coup, mon natel fa j’ai reçu un e-mai it « bip » : l avec pour objet « Po ste vacant au Se territorial de jeun crétariat esse ». C’est ains i qu’a commencé du vaste monde en mon chemin tant qu’hôtesse de l’air à l’Armée du trouve passionnan Salut. Je t comme tout s’e st mis en place : c’e mon ami Jonas (q st par ui est aujourd’hu i mon mari) que premier contact di j’ai eu mon rect avec l’Armée du Salut en tant trice dans le cam que monip « Alive-Teens » en été 2013. Aujourd’ fait déjà deux an hui, cela s que je travaille au Secrétariat te jeunesse, où je pe rritorial de ux partager ma jo ie pour le travail tif, pour la format administraion des apprentis et, de temps à au passion pour la ph tres, ma otographie. J’aim e revenir sur ce m ma vie et voir com oment de ment tout s’est en chaîné.

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POUR SE RÉJOUIR UN DON À L’ARMÉE DU SALUT EN LIEU ET PLACE DE CADEAUX D’ENTREPRISE

Quelque 11 000 poules d’élevage en plein air, trois hectares de pâturages et bien 10 000 œufs par jour : trois chiffres impressionnants de l’exploitation familiale HühnerEi de Stephan Beutter. Mais qu’est-ce que les poules et les œufs peuvent bien avoir en commun avec l’Armée du Salut ? Depuis plus de dix ans, la famille Beutter soutient l’Armée du Salut par un généreux don à l’occasion de Noël. L’origine chrétienne de Stephan Beutter ressort lors de cette donation annuelle : l’entrepreneur envoie chaque année une carte de Noël à ses clients, dans laquelle il explique qu’il fait un don à l’Armée du Salut plutôt que de faire un cadeau d’entreprise à ses clients. Une petite attention est quand même glissée dans l’enveloppe : l’année dernière, c’était un petit sachet d’épices de l’Armée du Salut pour faire une bonne soupe d’hiver. Lorsqu’on lui demande pourquoi il soutient l’Armée du Salut et pas une autre organisation, Stephan Beutter répond : « Par sa mission, l’Armée du Salut vit l’Évangile et le met en pratique de manière optimale par son engagement social. Du fait de la large acceptabilité et de l’importante crédibilité de l’Armée du Salut, nous soulignons aussi notre engagement chrétien. » Il va de soi que nous nous réjouissons particulièrement d’un tel soutien !

huehnerei.ch Texte : Gino Brenni | Photos : Stefan Rötheli, augenweiden

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UNE PRIÈRE EN LIGNE POUR REPRENDRE DES FORCES Aujourd’hui, mon père avait à nouveau sa chimio. Priez pour qu’il aille bientôt mieux. 07:32

Cinq prières ont été faites pour votre sujet. 08:07

Celui qui a le cœur lourd ou qui cherche du courage et de l’espoir, peut, depuis le début de l’année, placer anonymement un sujet de prière sur le site Internet de l’Armée du Salut. Une fois le sujet publié sur notre mur numérique de prières, les personnes qui croient à la force de la prière peuvent prier pour ce sujet. D’un simple clic de souris, les souhaits sont symboliquement envoyés dans le monde.

Angelika Marti s’occupe du mur numérique de prières.

Secondée par une équipe d’aumôniers, Angelika Marti, collaboratrice de l’Armée du Salut, s’occupe de ce nouveau service. Ils examinent ensemble les sujets de prière et les publient ensuite. Celui ou celle qui ne veut pas que son sujet apparaisse sur le mur de prières peut aussi l’envoyer sans publication. Il sera alors transmis dans le groupe de prière interne à l’Armée du Salut. Dans un premier temps, Angelika Marti était sceptique envers l’idée d’une offre numérique de prière : « J’avais des réserves en raison de la superficialité et l’anonymat d’Internet. En fin de compte, mon travail vit des contacts personnels », dit-elle. Entre-temps, elle perçoit aussi les chances de cette nouvelle plateforme : « Je peux prier pour une personne sans savoir grand-chose d’elle. Cela libère de la coresponsabilité directe. » Par ailleurs, l’anonymat aide à surmonter la honte, que beaucoup de personnes peuvent ressentir dans des situations difficiles. Comment cela va-t-il continuer ? « Comme étape ultérieure, nous voudrions tenir au courant les personnes qui prient par e-mail. De plus, nous prévoyons une offre d’aide par le biais d’un formulaire de contact. Nous prévoyons aussi un chat de groupe par WhatsApp ainsi qu’un blog thématique », ajoute Angelika Marti. Vous aussi, donnez de l’espoir et de la force en priant, ou envoyez-nous vos préoccupations personnelles.

armeedusalut.ch/prier Texte : Gino Brenni | Photo : Pixabay/Pexels, Armée du Salut

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LA MUSIQUE EST… LUMIÈRE

TRANSMETTEZ LA LUMIÈRE [GÄND DAS LIECHT WITER] Paroles et musique : Markus Hottiger

1ère strophe Transmettez la lumière dans ce monde sombre. Transmettez la lumière là où l’amour manque. Transmettez la lumière là où l’on se hait. Là où l’on a manqué une bonne discussion.

© Adonia Verlag, CH-4805 Brittnau

Refrain Oui, allumez une lumière dans votre communauté. Qui illumine le monde dans lequel nous vivons. Oui, allumez une lumière dans votre communauté. Qui illumine le monde et dure à jamais.

Livia Imboden en année sabbatique après la maturité Voix : Livia Imboden, piano et voix : Daniel Imboden

La lumière, l’amour et la paix : voilà ce à quoi aspirent beaucoup de personnes de nos jours. La signification de la chanson de Markus Hottiger est importante et actuelle. Les paroles nous rappellent la mission concrète que nous avons en tant que chrétiens de transmettre la lumière et d’annoncer la gloire de Dieu. Je suis profondément touchée par la mélodie et les paroles – parce que c’est un grand souhait pour moi d’être une lumière dans ce monde et d’offrir ainsi la paix et la chaleur de Dieu à l’un ou l’autre de mes semblables. Accompagnée de mon père au piano, j’ai chanté la chanson et l’ai enregistrée afin que vous ayez aussi un peu de cette lumière chez vous.

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DU CONCRET

Moutier

Amriswil (TG)

VERS UN ACCOMPAGNEMENT À PLUS LONG TERME

GAGNER EN STABILITÉ GRÂCE AU « LOGEMENT ACCOMPAGNÉ »

En novembre 2018, le Poste de Moutier a achevé le réaménagement de sa chambre sociale pour un accueil qui ne sera plus exclusivement d’urgence. « La chambre de quatre lits a été transformée en deux chambres de deux lits avec cuisine annexe, ce qui nous permet d’augmenter significativement l’accueil, explique le capitaine Cyrille Court, officier du Poste. En effet, pour des raisons de sécurité, nous ne logeons pas ensemble deux personnes venues séparément. Avant, il nous arrivait donc de devoir refuser du monde parce qu’un lit était déjà occupé dans la chambre. » Les deux chambres actuelles sont équipées à l’identique : deux lits superposés, une armoire, deux petites tables avec deux chaises, frigo, micro-ondes, bouilloire électrique, un placard avec de la vaisselle pour deux. Le WC-douche est commun. Si la plupart des personnes accueillies sont envoyées par les services sociaux, le Poste offre également un hébergement gratuit de trois nuits à celles et ceux qui se retrouvent à la rue. « Le but de ces chambres et de l’accompagnement proposé est que ces personnes repartent avec de nouvelles perspectives, l’essentiel étant qu’elles se reposent. Nous ne sommes pas une solution, juste un passage vers un mieux. »

Disposer d’un chez-soi confortable ne va pas de soi. La violence domestique, la toxicomanie ou un coup du destin peuvent faire que quelqu’un ne puisse plus vivre chez lui. Tout le monde n’a pas les moyens ni la force de retourner de manière autonome à une situation d’hébergement stable. Le cœur de Silvia Meyer-Graap, la responsable du projet Logement accompagné de l’Armée du Salut d’Amriswil, bat pour ces personnes. Avec son équipe, elle permet aux personnes touchées de reprendre pied dans le quotidien – au moyen des offres de Logement accompagné et de Logement protégé. Un élément est déterminant dans ce processus, constate Madame Meyer-Graap : « Lorsque les gens remarquent qu’ils peuvent nous faire confiance, cela agit souvent comme un vrai miracle. » Le Logement accompagné de l’Armée du Salut est en réseau avec d’autres institutions sociales, et les résidents en profitent. Outre les offres d’hébergement, les résidents peuvent bénéficier de nombreuses possibilités de conseil, d’encouragement personnalisé et d’occupation externe. Les succès sont divers : une personne négligée peut retrouver une structure journalière, un chômeur de longue durée peut retrouver un emploi, ou encore une personne parvient à renouer des relations avec ses semblables.

armeedusalut.ch/moutier

armeedusalut.ch/wohnen-amriswil

Texte : Sébastien Goetschmann | Photo : MAD

Texte : Nadia Shabani | Photo : Pixabay

15.– la nuit, ménage et changement des draps hebdomadaire

6 années de Logement accompagné à Amriswil

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nuitées en novembre et décembre 2018

9

places d’hébergement

6

mois durée maximale de l’accueil

24

heures par jour de service de piquet

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SPINAS CIVIL VOICES

Pour ceux qui n’ont pas de chez-soi.


ENTRE AUTRES Avec MyHappyEnd à la foire Messe Zukunft Alter Avec la devise « Parce que le troisième âge a de l’avenir », la foire Messe Zukunft Alter a eu lieu en novembre dernier à Lucerne. Plus de 10 000 visiteurs se sont informés aux stands et ont écouté des exposés sur des sujets comme la santé, le logement pour les personnes âgées, la prévoyance, la succession et bien d’autres sujets encore. Sous l’égide de l’association MyHappyEnd, l’Armée du Salut, ainsi que beaucoup d’autres associations caritatives suisses, était représentée à cette manifestation. Au moyen de campagnes de sensibilisation, MyHappyEnd s’engage pour que le thème tabou du testament soit abordé plus souvent et plus ouvertement. Aménagé avec des meubles de la brocante de l’Armée du Salut de Kriens, le stand de la foire ressemblait à un salon accueillant. Des petits biscuits de Noël faits maison et du café invitaient à s’asseoir et à discuter, et à aborder des choses peu ordinaires comme la succession.

armeedusalut.ch/testament

Texte : Valérie Cazzin-Bussard | Photo : MyHappyEnd

Une lumière dans la Genève des démunis À Genève, le Phare propose depuis 2011 des repas chauds dans un lieu d’accueil et de rencontre, à l’ambiance multiculturelle. Au numéro 3 de la rue Jean-Jacques-de-Sellon, ils sont en moyenne entre 60 et 70 à profiter des repas de midi servis trois fois par semaine, les mercredis, jeudis et vendredis, et du copieux petit-déjeuner chaque samedi. Depuis janvier 2019, l’accueil de nuit y sert également entre 30 à 40 soupes tous les soirs, du lundi au vendredi. Les personnes en situation de crise, qui parfois dorment dans la rue et qui ont faim, y trouvent non seulement de la nourriture, mais aussi et surtout un espace d’accueil, de détente et d’échange. Au Phare, l’Armée du Salut leur offre une écoute attentive et des informations utiles pour répondre à leurs besoins immédiats, sans qu’il ne soit nécessaire d’entreprendre de lourdes démarches administratives.

armeedusalut.ch/geneve Texte : Sébastien Goetschmann | Photo : Armée du Salut

Le projet « Leuchtturm » et la brocante d’Huttwil : un vrai succès Recycler, réparer et vendre : lorsque deux institutions de l’Armée du Salut travaillent ensemble, beaucoup de choses positives ressortent de leur travail. Le projet « Leuchtturm » et la brocante d’Huttwil (BE) illustrent parfaitement ce propos : au « Leuchtturm », des personnes socialement défavorisées et des demandeurs d’asile travaillent dans des domaines comme le pliage et l’emballage, recyclent les déchets électriques et électroniques, ou réparent des vélos reçus par la brocante pour que la brocante puisse les mettre en vente. Grâce à son bénéfice, la brocante finance des projets de l’Armée du Salut comme celui du « Leuchtturm ». Les deux institutions profitent l’une de l’autre : depuis sa création, la brocante a agrandi sa surface de vente d’environ huit fois et emploie désormais 15 personnes. Le « Leuchtturm » peut maintenant offrir des places de travail supplémentaires pour des personnes socialement défavorisées et planifie d’élargir son offre d’intégration à l’avenir. En raison de ces nombreuses interfaces, il est tout à fait judicieux que ces deux institutions se rapprochent au niveau organisationnel. C’est la raison pour laquelle le projet « Leuchtturm » a été intégré à l’Armée du Salut brocki.ch depuis une année.

armeedusalut.ch/leuchtturm

Texte : Angelika Hergesell | Photo : Leuchtturm

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POUR CEUX QUE LA CHANCE A ABANDONNÉS

Promenade dans le parc pour profiter du soleil : Vanessa et son fils apprécient leur nouvelle liberté.

« NOUS NOUS SENTONS ENFIN À NOUVEAU EN SÉCURITÉ. » « Pour mon fils de 11 ans, cela a été à la fois un choc et une aventure », raconte Vanessa Mägli. Ensemble, ils ont un long voyage derrière eux : quitter le Brésil pour revenir dans leur patrie suisse, via le Foyer de passage de Berne, avant de commencer une nouvelle vie. « Je suis une Suissesse des tropiques », explique Vanessa avec un sourire. La maman de 49 ans semble sûre d’elle et équilibrée : une femme avec les pieds sur terre. À première vue, personne ne devinerait qu’elle était encore dépendante de l’aide de l’Armée du Salut il y a quelques mois. Pourtant, après son turbulent retour de São Paulo, au Brésil, le Foyer de passage de Berne était le seul espoir pour elle et son fils de réussir un nouveau départ. Son histoire montre à quel point les personnes qui trouvent un toit dans un Foyer de passage de l’Armée du Salut, à court ou long terme, peuvent être différentes. Des biscuits contre le mal du pays Vanessa a passé la plus grande partie de sa vie à São Paulo. Lorsqu’elle avait 3 ans, sa famille a émigré dans la métropole brésilienne. Ici, tout était tellement différent qu’en Suisse : le

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climat, la langue, la ville immense. Vanessa a grandi à l’abri, est allée à l’école suisse et a étudié à l’université de São Paulo. Diplôme en poche, elle a pris pied dans le monde du travail et a même dirigé sa propre entreprise pendant un moment : sous le nom de « Dolce Mägli », elle vendait des milanais faits selon la recette originale suisse. C’est aussi à São Paulo qu’elle a fait connaissance de son mari ; peu après, ils ont eu le bonheur d’agrandir leur nid pour accueillir un fils. Malgré de nombreux beaux moments que la vie a réservé à Vanessa, elle a souffert du mal du pays. Et en tant que mère, elle s’inquiétait du bien-être de son fils, car le quotidien devenait de plus en plus dangereux au Brésil. « On ne sait jamais si l’on va rentrer vivant à la maison. » Beaucoup de personnes vivent dans la pauvreté à São Paulo : la criminalité est élevée, les attaques et les meurtres sont


quotidiens. « Les vitres de notre voiture étaient en verre pare-balles. Que l’on aille faire des achats ou se promener dans un parc, la peur est toujours là », raconte Vanessa. Pour son fils, elle souhaitait une vie en liberté, et pas dans une prison dorée. Quoi qu’elle tentait, Vanessa n’était plus heureuse au Brésil. Après 26 ans de mariage, il y a eu le divorce : elle et son mari avaient des conceptions et des besoins trop différents. Vanessa rêvait de retourner en Suisse, loin des problèmes de São Paulo. Elle a pris une décision et a réservé un vol pour Zurich, pour elle et son fils, sans billet de retour. Le Foyer de passage de Berne comme point de départ pour une nouvelle vie « Je suis une battante », raconte Vanessa. « Je voulais m’en sortir par mes propres moyens. Nous sommes arrivés à Zurich avec cinq valises, c’est tout ce que nous avions. » Mais où aller alors ? Sans un toit, tout commencement est difficile. Sa première étape la conduit à Berne, la ville où Vanessa est née et où se trouvait la maison de sa famille autrefois. Au service social, Vanessa et son fils entendent parler du Foyer de passage de l’Armée du Salut. Après un bon entretien avec le directeur de l’institution, tous deux emménagent dans une chambre dans la maison située à la Muristrasse. « Nous avons été accueillis très chaleureusement », raconte Vanessa. « Les collaborateurs m’ont aidé avec la recherche de logement et les

documents d’entrée en Suisse. » Tout le monde voulait donner un coup de main : les résidents ont joué au ping-pong avec son fils et regardé ensemble les matchs de la Coupe du monde de football. Vanessa a aussi soutenu les autres résidents avec ses connaissances et son dynamisme. Malgré tout, cette période n’a pas été facile, surtout pour le garçon de 11 ans : « À São Paulo, les pauvres et les riches sont clairement séparés ; au Foyer de passage, il n’y a pas de telles séparations. On vit de près les problèmes des autres résidents. Il n’y a pas eu que des beaux jours mais aussi des expériences qui ont été difficiles à assimiler pour lui », poursuit-elle. Après un mois au Foyer de passage, leur patience a payé : ils ont trouvé un appartement à Köniz. Nouveau départ réussi Pour les deux, le plus beau a été la nouvelle liberté dont ils profitent en Suisse : « Simplement pouvoir aller là où on a envie : cela était impensable à São Paulo. Je suis très reconnaissante envers l’Armée du Salut de nous avoir soutenus sur ce chemin. » Lorsque l’on demande à Vanessa si elle referait la même chose aujourd’hui, elle répond avec assurance : « Oui ! Tu décides ce que tu veux faire de ta vie. » Une aide simple pour des personnes sans logement Permettre à des personnes dans toutes sortes de situation de vie d’avoir un chez-soi : c’est un devoir central de l’Armée du Salut. Au Foyer de passage de Berne, on y contribue précieusement. Des victimes de violence domestique, des sans-abri, des touristes sans ressource ou des familles avec des problèmes de logement, comme celle de Vanessa Mägli : toutes ces personnes trouvent ici un logement pour une courte ou une longue durée, sans grand obstacle bureaucratique. Si nécessaire, quelqu’un peut venir demander de l’aide au milieu de la nuit ; les portes sont ouvertes 24 heures sur 24. La maison peut accueillir 50 personnes ; dans des situations d’urgence, comme un froid extrême, il est possible d’ajouter des lits. Les 12 collaborateurs soutiennent les résidents en fonction des possibilités dans leur recherche de logement et d’emploi, communiquent entre les bureaux sociaux ou les aident à trouver une place dans une autre institution. Faisant partie de l’Œuvre sociale de l’Armée du Salut, le Foyer de passage de Berne s’oriente aux valeurs de base chrétiennes et à la mission d’aimer son prochain.

Vanessa n’avait plus l’énergie de vivre constamment dans la peur.

armeedusalut.ch/loger Texte : Marco Meier | Photos : Ruben Ung

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QUE DE QUESTIONS !

« TOUTE PERSONNE DOIT POUVOIR PRÉTENDRE À UNE FORME DE LOGEMENT APPROPRIÉE. » MICHEL STEINER

La motivation de Michel Steiner : travailler pour et avec différentes personnes. Son point commun avec l’Armée du Salut.

Dans les rues de Bâle, Michel Steiner est régulièrement confronté à la pénurie de logements. Travailleur de rue pour l’association Schwarzer Peter, il s’engage pour les personnes qui n’ont pas de domicile fixe et apporte un soutien direct, sans bureaucratie, dans la rue. En parallèle, il est un acteur reconnu dans le monde politique. Monsieur Steiner, vous connaissez tant les rues de Bâle que les personnes qui y vivent. Qui sont ces personnes ? Aujourd’hui, ce sont souvent des personnes comme vous et moi, qui menaient une vie normale jusqu’à récemment. On ne

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devine pas leur situation par un simple regard. Auparavant, il s’agissait la plupart du temps de personnes dépendantes, mais la situation s’est extrêmement compliquée, et les problèmes sont plus vastes. Les personnes vivant dans la rue


sont d’âges et d’origines très différents. Cela peut toucher n’importe qui ! Comment expliquer ce tournant ? Le manque de logement à un prix abordable est l’une des raisons principales. Une personne qui habite dans une grande ville comme Bâle et dont le contrat de location est résilié n’a guère de chances de trouver un nouvel appartement aux mêmes conditions. Les rénovations et nouvelles constructions font augmenter les loyers dans les villes. Si la personne a déjà quelques dettes et ne peut pas compter sur le soutien de son entourage personnel, elle peut se retrouver à la rue très rapidement. Que doivent faire la société et la politique pour contrer cette évolution ? En premier lieu, reconnaître le problème de la pénurie de logements. Ensuite, créer de l’espace habitable à un prix abordable et le rendre accessible aux personnes concernées. Où se trouve la Suisse dans ce processus ? Le problème est-il reconnu ? On ne sent pas encore de véritable volonté de changer quelque chose. Au niveau national surtout, la prise de conscience manque presque complètement. Au niveau régional, c’est un peu différent. Dans les grandes villes et agglomérations, soit là où la pénurie est la plus forte, on est conscient du problème et on recherche des solutions. L’association Schwarzer Peter est un partenaire actif dans ce domaine. Vous travaillez vous-même dans la rue, mais aussi comme ambassadeur et expert en matière de pénurie de logements. Comment soutenez-vous les personnes concernées ? Nous passons environ un tiers du temps de travail en route, à l’extérieur, pour écouter, conseiller et apporter une aide immédiate. En parallèle, nous proposons un service de consultations hebdomadaire dans notre bureau. Les personnes qui ne disposent pas d’ordinateur personnel peuvent y traiter leur paperasserie, par exemple préparer une postulation ou gérer leur courrier administratif. Une personne sans adresse fixe peut également disposer d’une adresse de contact chez nous. Par ailleurs, nous effectuons un travail public considérable et nous engageons, dans le monde politique, pour les personnes qui n’ont que la rue pour logement.

base pour chacun. L’initiative a été clairement acceptée en juin dernier, avec une majorité de 57,4 %. Depuis, la balle est dans les camps politiques et administratifs, qui doivent élaborer des mesures concrètes. L’initiative est un instrument contraignant qui permet de faire avancer la réalisation. L’initiative est née d’une collaboration entre différentes organisations, dont l’Armée du Salut de Bâle. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette collaboration ? Nous sommes un groupe hétéroclite et formons ensemble le réseau « Netzwerk Wohnungsnot », en principe ouvert à n’importe quelle organisation. Nous organisons des séances régulières et y échangeons des pistes de solution pour combattre la pénurie de logements toujours plus grave à Bâle. C’est dans ce cadre que l’initiative a été lancée. Nous profitons mutuellement de nos expériences et dressons ainsi un tableau le plus complet possible de la situation. Les membres déposent et représentent, au sein de leur organisation, les leçons tirées de nos rencontres, afin de renforcer la perception et la compréhension de ce thème. Quel est votre rapport avec l’action de l’Armée du Salut ? Au niveau privé, aucun. J’ai surtout l’image de l’Armée du Salut présente pendant la collecte des marmites avant Noël. Notre collaboration m’a conduit à me rendre compte que l’Armée du Salut est une organisation qui s’engage de manière claire et nette pour les personnes. Pour moi, c’est la base de tout !

Michel Steiner a suivi une formation comme infirmier en psychiatrie et travaille depuis plus de dix ans dans les rues de Bâle, pour l’association Schwarzer Peter. Il a toujours vécu à Bâle et aimerait investir son énergie professionnelle dans cette ville. Sa motivation : travailler pour et avec différentes personnes. Il conclut : « C’est surtout un échange d’égal à égal. Et des petits pas, des résultats obtenus par notre travail. »

Texte : Marco Meier | Photos : Michael Fritschi, foto-werk gmbh

L’initiative « Droit au logement » est un exemple de ce travail politique au sein du canton de Bâle-Ville. Vous avez d’ailleurs été membre du comité d’initiative. De quoi parle-t-elle ? Chaque personne qui a ses papiers dans le canton de Bâle-Ville doit, par constitution, pouvoir prétendre à un logement raisonnable. Le droit au logement est un droit de

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À SUIVRE

Maquette du bureau d’architecture : nouveau restaurant polyvalent et plus vaste.

CENTRE-ESPOIR : REPENSER UN RESTAURANT EN LIEU DE VIE L’année dernière, le Centre-Espoir fêtait ses 30 ans. Depuis 1988, cette institution genevoise accueille des personnes à l’autonomie réduite en raison d’une grande fragilité psychique. Depuis la construction du centre, les méthodes d’accompagnement et d’encadrement ont beaucoup évolué pour répondre aux besoins différenciés de ces pensionnaires exceptionnels tout au long de leur parcours psychologique. En revanche, les espaces – cuisines, restaurant, aires communes adjacentes – n’ont jamais vraiment été rénovés ou réaménagés. La partie restauration a donc été entièrement repensée afin de proposer un espace commun plus ergonomique, plus convivial et plus polyvalent. Point fort du projet, le restau-

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rant s’agrandira en s’ouvrant sur une belle véranda. La surface ainsi gagnée permettra davantage de modularité, avec une zone de service à table, une autre pour les adeptes du libre-service et une aire de détente. L’habitat, privé ou institutionnel, a pour fonction première d’offrir un « chez-soi », un lieu d’appartenance et d’autonomie, voire un refuge contre les agressions extérieures. À cet égard, l’environnement physique peut avoir une influence positive sur l’évolution psychologique. Le projet du Centre-Espoir fait donc appel aux connaissances actuelles en matière de design, d’éclairage, de coloris et de matériaux pour promouvoir une architecture à l’image de l’Armée du Salut : une architecture favorisant l’inclusion.

armeedusalut.ch/centre-espoir Texte : Philippe Vuichard | Photo : Strausak Associés SA


PUBLIREPORTAGE

Savoir que tout est réglé ! Elisabeth Bucherer* n’a plus de famille. Elle a fait appel à un expert indépendant de l’Armée du Salut pour planifier sa prévoyance et sa succession. Comment la consultation en matière de prévoyance et de succession a-t-elle eu lieu ? Lorsque j’ai lu l’annonce concernant la planification de la prévoyance et de la succession dans le magazine des donateurs de l’Armée du Salut, je me suis inscrite. Avec un expert de l’Armée du Salut, j’ai pu ensuite régler une chose après l’autre. Vous avez réglé vos dernières affaires. Qu’est-ce qui vous a poussé à faire cela ? Tout d’abord, mon grand âge. À 87 ans, j’ai conscience que le jour où je ne pourrais plus décider moi-même peut arriver. Pareil pour le jour de mon décès. Pour moi, c’était important de décider moi-même de la planification en matière de prévoyance et de succession. D’autant plus que je n’ai plus de famille. Je ne voulais pas encombrer mon cercle d’amis avec cela.

Quelles étaient vos attentes à ce sujet ? Ce n’est pas facile de parler de ses dernières affaires, en raison de ses sentiments et du sujet. C’est pourquoi, en plus des connaissances professionnelles du conseiller, ce sont ses valeurs chrétiennes qui sont importantes pour moi. Cela crée une base de confiance.

Vous avez décidé de prendre un conseiller de l’Armée du Salut. Pourquoi ? J’ai beaucoup de souvenirs joyeux des Flambeaux de l’Evangile, les scouts à l’Armée du Salut, auxquels j’ai participé dans mon enfance. De plus, j’aime la façon pratique dont l’Armée du Salut œuvre pour le bien et aide les personnes défavorisées.

Information : Valérie Cazzin-Bussard Tél. 031 388 06 39 prevoyance@armeedusalut.ch armeedusalut.ch/prevoyance *Afin de protéger la personne citée, le nom a été modifié et la photo représente une autre personne.

Cette confiance s’étend-elle aussi à votre testament? Je suis convaincue que le montant que je laisserai à l’Armée du Salut (du moment qu’il reste quelque chose) sera utilisé de façon consciencieuse et utile. Vous avez aussi établi un mandat pour cause d’inaptitude et des directives anticipées ? Ici aussi, la confiance joue un rôle, car je n’ai plus de famille. Avec le conseiller de l’Armée du Salut, j’ai pu remplir le mandat pour cause d’inaptitude et les directives anticipées. De plus, il m’a aidé à trouver une personne de confiance à qui je pouvais transmettre ma procuration. J’ai aussi donné mes instructions concernant mes dernières volontés. Quel a été l’effet de régler tout cela ? Je suis soulagée et rassurée ! Je voulais savoir que tout est en ordre et ne plus remettre cette question à plus tard. J’aurai été embarrassée de laisser des incertitudes ou du désordre derrière moi.

PRÉVOYANCE ET SUCCESSION : NOUS VOUS AIDONS VOLONTIERS Comment pouvons-nous vous aider lors de l’établissement de votre plan de prévoyance ou du règlement de votre succession ? Je commande la brochure explicative gratuite « Vos volontés comptent » Je souhaite un entretien personnel sur les questions de prévoyance et de succession (1er entretien gratuit). Merci de m’appeler. J’ai une question / une autre préoccupation à soumettre à l’Armée du Salut. Merci de m’appeler. Nom :

Date de naissance :

Prénom :

E-mail :

Rue et n° :

NPA / localité :

Téléphone et moment approprié pour appeler : Prière d’envoyer à : Fondation Armée du Salut Suisse, Valérie Cazzin-Bussard Laupenstrasse 5, 3001 Berne ou prevoyance@armeedusalut.ch


VOICI COMMENT NOUS AIDONS CEUX QUI SONT EN DÉTRESSE Une oreille attentive Tout commence par une personne sensible et prête à écouter une autre personne ayant besoin d’aide. Nous proposons 29 offres sociales pour les personnes en détresse et les accueillons dans nos 55 paroisses salutistes. Un endroit pour dormir Perdre pied fait souvent perdre le toit également. Nos 10 foyers d’habitation, 4 centres de passage, 4 établissements médico-sociaux et 7 foyers d’accueil temporaire hébergent chaque nuit plus de 1200 personnes. En outre, nous gérons également 4 foyers pour jeunes et enfants. Des tables garnies Le problème d’une personne en détresse est souvent simplement la faim de nourriture ou de compagnie. Nous invitons volontiers des personnes à partager le repas (repas de midi pour jeunes et moins jeunes, fêtes de Noël, déjeuners contact pour dames). Du réconfort Notre action est marquée par notre relation avec Dieu, que nous aimerions faire connaître à notre entourage. Par exemple lors des cultes organisés chaque dimanche dans nos 55 paroisses salutistes. Notre Service de soins psychiatriques à domicile et notre Service des prisons sont des offres précieuses pour les personnes en détresse.

DÉCLARATION DE MISSION DE L’ARMÉE DU SALUT L’Armée du Salut est un mouvement international et fait partie de l’Église chrétienne universelle. Son message se fonde sur la Bible. Son ministère est motivé par l’amour de Dieu. Sa mission consiste à annoncer l’Évangile de Jésus-Christ et à soulager, en son nom, sans distinction aucune, les détresses humaines.

Fondation Armée du Salut Suisse | Laupenstrasse 5 | Case postale | 3001 Berne Téléphone 031 388 05 35 | Fax 031 382 05 91 | dons@armeedusalut.ch | armeedusalut.ch CP Dons 30-444222-5 | IBAN CH37 0900 0000 3044 4222 5


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